LeMonde Job: WMQ0601--0001-0 WAS LMQ0601-1 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3130 Lcp: 700 CMYK
LE MONDE INITIATIVES Emplois temporaires (CDD, intérim, etc.) en % des emplois salariés a Le bilan de 12 10 la décennie sociale 8 6 a Emploi : 10 pages 4 2 d’annonces classées 0 1983 1991 1998
55e ANNÉE – No 16779 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MERCREDI 6 JANVIER 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Insécurité : le mauvais chiffre de 1998 L’effet euro b Les crimes et délits ont augmenté de 2,7 % durant les onze premiers mois de l’année, selon la police et la gendarmerie b Après trois ans de baisse, la délinquance s’accroît, notamment a Le Japon redoute chez les mineurs b M. Chirac presse M. Jospin de faire face à une situation « très préoccupante » une forte hausse DURANT les onze derniers mois commencée en 1994 : en 1998, le de 1998, la délinquance dans l’Hexa- chiffre devrait atteindre environ de la monnaie gone a augmenté de 2,7 % par rap- 20 %. a L’aventure port à 1997. Ces chiffres des crimes Recevant, lundi, les vœux du gou- des Onze et délits enregistrés par la préfec- vernement, Jacques Chirac a jugé de l’embryon ture de police de Paris, la direction « très préoccupante » cette situation, a centrale de la sécurité publique en mettant le gouvernement devant A Paris, Deuxième volet de notre enquête sur province et la gendarmerie natio- ses responsabilités. A l’évidence, le l’embryon qui, à la neuvième semaine, at- nale marquent une augmentation président est informé de ces statis- son premier ministre teint 30 mm de long, et quelques jours sensible après trois années de tiques alarmantes, encore confiden- proposera un contrôle plus tard, devient fœtus. p. 12 baisse, en 1995, 1996 et 1997. Cette tielles. Jean-Pierre Chevènement, hausse, qui mesure l’activité de qui a repris, lundi, ses fonctions au quelque 7 000 services de police et ministère de l’intérieur, avait remis des fluctuations de gendarmerie à partir des procès- au premier ministre, à la fin de la se- a Cuba : embargo verbaux de police judiciaire, est iné- maine dernière, une note sur ce su- dollar-euro-yen assoupli galement répartie sur le territoire. jet, longue d’une trentaine de pages. La préfecture de police, à Paris et en A Strasbourg, trois jeunes gens a Première journée Les Etats-Unis devaient annoncer mardi petite couronne, et la gendarmerie, ont été condamnés à des peines de en charge des zones rurales ou péri- prison – huit mois dont quatre des « mesures de soutien à la population urbaines, ont plus été touchées que ferme pour deux d’entre eux, dix euphorique dans cubaine », notamment des services pos- la sécurité publique, compétente, mois dont cinq ferme pour le troi- taux et un renforcement des liaisons aé- elle, dans les villes de province. A sième – par le tribunal correction- les places financières riennes. p. 32 l’exception notable de novembre : nel, à la suite des incidents violents ce mois-là, la sécurité publique y a qui ont eu lieu dans le Bas-Rhin européennes enregistré une hausse de plus de pendant la nuit de la Saint-Syl- a Elf : l’impunité 7 % des faits constatés par rapport à vestre. Lire pages 2, 3, 16 1997. La délinquance des mineurs et nos nouvelles pages d’Alfred Sirven poursuit son explosion statistique, Lire page 6 « Bourse » Alfred Sirven, l’homme-clé de l’affaire Elf, n’est réellement recherché qu’en Suisse. Les 35 heures Le mandat d’arrêt international délivré Querelle de clocher autour d’une fresque de Néron ou Vespasien contre lui devrait être diffusé dans les se- ROME, Alexandrie, Carthage, Beyrouth, Jé- Cet avertissement n’a pas découragé ses col- firme-t-il, un « caprice » d’artiste incorporant maines à venir. p. 9 rusalem ou Arles ? Laquelle de ces cités est re- lègues. En août 1998, après qu’on eut évoqué des merveilles de la Jérusalem d’Hérode. face aux juges et notre éditorial p. 14 présentée sur une fresque colorée découverte Londres, un archéologue italien proposait la Dans cette course aux interprétations, il faut à Rome dans un cryptoportique appartenant candidature de Beyrouth, suggérant que le désormais compter avec un outsider : Arles. LA MISE en place des soit au palais de Néron (64-68 après J.-C.), soit pont ne bordait pas un fleuve, mais la Médi- Son conservateur des musées, Claude Sintès, a 35 heures et les horaires de a Zones franches : à des superstructures de l’époque de Vespa- terranée. « Cette proposition était assez exci- clame être sûr «à 80%»que la ville dépeinte travail des cadres soulèvent de sien (69-79) ? Depuis que cette peinture a été tante, note Hélène Eristoff, du Centre d’étude est en fait « Ar-Lath ou Arelate » qui, en celte, nombreuses questions juridiques. un constat brutal dévoilée, en mars 1998, chacun rivalise d’éru- des peintures murales romaines (CNRS-Ecole désigne « la ville située face aux marécages ». Il Pour la première fois en France, un dition pour localiser ce panorama grandiose et normale supérieure). Mais elle ne tenait pas reprend à son compte une hypothèse formulée dirigeant d’entreprise, le PDG Deux ans après leur création, l’inspection se l’approprier. Dernier candidat en date, la compte des fouilles récentes », qui montrent par un amateur italien, Feruccio Lombardi, d’une filiale de Thomson CSF, de- générale des affaires sociales dresse un ville d’Arles, dont le conservateur en chef du qu’il n’y avait pas de théâtre à l’emplacement mais admet que quelques détails « clochent », vra répondre devant un tribunal de grande instance d’« exécution piètre bilan des « zones franches ur- musée affirme que le plan correspond au des- correspondant à celui de la fresque. Mais que ce qui ne le surprend guère, les géomètres ro- sin de cette cité ceinte de murailles surplom- faire de toits à bulbe de facture plutôt orien- mains étant volontiers approximatifs. Pour- d’un travail clandestin ». Le pro- baines », dont l’existence pourrait être re- bées de tours aux toits en forme de campa- tale ? quoi ont-ils représenté une ville aussi mo- cureur de la République de Ver- mise en cause par le gouvernement. p. 8 niles, bordée par un pont et agrémentée d’un Aussi ne s’étonne-t-elle pas que certains deste ? « Il s’agit sans doute d’une portion d’un sailles estime, comme l’inspection théâtre et d’un temple dédié, semble-t-il, à aient pensé à Jérusalem. Eric Lewin Alschuler, ensemble plus vaste, avance Claude Sintès. Un du travail, que faire effectuer des Apollon. de l’université de Californie, à San Diego, peu comme si ne subsistait de la fresque de la heures supplémentaires non dé- a L’appel du préfet Dès le mois d’avril 1998, Nicholas Purcell, du vient de proposer dans Nature du 24 décembre gare de Lyon que le panneau dépeignant Péze- clarées peut être assimilé à du tra- Saint John’s College d’Oxford, avait pris les de- 1998 une carte de la Ville sainte avant la des- nas. » Et d’ajouter que les interprétations vail dissimulé, au même titre que d’Ile-de-France vants en donnant son interprétation de truction du second temple en 70 après Jésus- concurrentes « ne s’appuient sur rien ». le travail au noir. D’autre part, la l’œuvre dans la revue Nature. « Il est difficile de Christ, qui présenterait « plusieurs simili- En février, le surintendant de Rome, qui a la signature dans les banques d’un Dans un entretien au Monde, Jean-Pierre faire la relation avec la topographie de la Rome tudes » avec la fresque. Répliquant dans le charge des fouilles, doit présenter au Louvre accord sur les 35 heures par une Duport affirme que l’Etat doit aider la ré- antique, qui ne devait acquérir de tels murs qu’à même numéro, Nicholas Purcell ne nie pas les dernières recherches sur la fresque mysté- seule organisation, le SNB-CGC, gion à « tenir son rang dans la compéti- la fin du troisième siècle de notre ère », estimait que la conquête de la Judée ait pu inspirer des rieuse. Peut-être aura-t-elle, d’ici là, suscité de relance la question de la représen- tion internationale ». p. 11 le chercheur, qui ne voyait rien dans la fresque fresques illustrant la puissance de l’Empire ro- nouvelles vocations. tativité syndicale. qui corresponde aux autres grandes cités ro- main. Mais, assure-t-il, le temple ne ressemble maines. pas à celui d’Hérode. Cette fresque est, af- Hervé Morin Lire page 15 a Football : Blatter, seul maître du jeu 1989, l’année Une exception L’idée d’un Mondial tous les deux ans, avancée par le président de la FIFA, ne de- vrait pas s’appliquer avant 2008. Cet épi- dans le jazz sode prouve le pouvoir de Sepp Blatter qui a changé le monde sur le monde sportif. p. 23 AU DÉBUT de 1989, une seule devenus communistes sans avoir chose était sûre : ce serait l’année été consultés, mais un ordre auquel a La fraternité, du bicentenaire de la Révolution les chancelleries s’étaient habituées française et on pouvait compter sur parce qu’il assurait à l’Europe une prochaine utopie la République pour le fêter avec stabilité comparable au « concert faste. On ne manquerait pas de dis- des nations » du congrès de Vienne. Une Europe privilégiant les services vitaux cours et de parades en l’honneur Dix ans plus tard, le Vieux de santé et d’éducation « en créant les des droits de l’homme et de la dé- Continent est encore à la recherche mocratie. Mais qui se doutait que d’une nouvelle organisation. Le conditions d’une réelle égalité dans leur de Berlin-Est à Varsovie, de Prague modèle existe. L’Europe commu- accès », telle serait, selon Jacques Attali, à Moscou, et jusqu’à Pékin, le mes- nautaire a réussi à transcender BLOSSOM DEARIE la prochaine utopie. p. 13 sage de 1789 allait servir de drapeau l’hostilité héréditaire entre les Etats. à des peuples réclamant la liberté Officiellement, elle se propose d’ex- ELLE ne fait pas partie de ces jusqu’à lui ériger une statue en po- porter à l’Est la prospérité qu’elle a chanteuses à voix qui sont l’ordi- a Art : faire ses courses lystyrène sur la place Tienanmen, produite à l’Ouest et les méca- naire de l’amateur de jazz. Mais cette lieu symbolique du pouvoir du plus nismes de solution des différends vieille dame est une musicienne hors Il suffit d’oublier les grands noms pour grand parti communiste du fondés sur la négociation et le pair, pianiste de formation classique, trouver dans les galeries d’art parisiennes monde ? Qui prévoyait qu’à la fin compromis qu’elle applique depuis et son timbre si singulier est devenu des œuvres contemporaines à moins de de l’année un ordre international des décennies. Pourtant, hors les familier aux plus jeunes grâce à la 5 000 francs (762,25 euros). Guide vieux de quarante ans se serait ef- bonnes paroles, elle reste timorée. publicité de Calvin Klein pour son fondré avec l’ouverture du mur de Elle ne s’est pas préparée à accueil- parfum Obsession. Londres et New shopping. p. 28 Berlin ? lir ces « frères séparés » qui se re- York ont redécouvert Blossom Dea- Cet ordre portait un nom : Yalta, vendiquent de la même culture rie, qui fait salle comble. Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, à la suite de la conférence qui avait mais qui, pendant quarante ans, ont 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; réuni en 1945 Staline, Roosevelt et vécu une autre vie. Elle hésite de- Lire page 27 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, Churchill pour sceller le sort de vant l’obstacle, pose des conditions 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, l’Europe. On l’appelait aussi – légitimes aux yeux des écono- International ...... 2 Tableau de bord ...... 19 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; « guerre froide » pour signifier que mistes, déplacées pour ceux qui es- Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; France ...... 6 Aujourd’hui ...... 23 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. l’antagonisme entre les deux blocs péraient des retrouvailles enthou- Société ...... 8 Abonnements...... 24 ne devait pas déboucher sur un siastes entre les deux parties d’une Carnet...... 10 Météorologie, jeux .. 26 conflit ouvert, à cause de la dissua- même famille. Régions...... 11 Culture ...... 27 sion représentée par les arsenaux Horizons ...... 12 Guide culturel...... 29 nucléaires concurrents. Un ordre in- Daniel Vernet Entreprises ...... 15 Kiosque...... 30 juste qui laissait dans la sphère so- Communication ...... 18 Radio-Télévision ...... 31 viétique une moitié des Européens Lire la suite page 14 LeMonde Job: WMQ0601--0002-0 WAS LMQ0601-2 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3132 Lcp: 700 CMYK
2 INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999
MONNAIES Le premier ministre pone en difficulté et tenter d’éviter taire tripolaire (euro, dollar, yen). pendance du Japon à l’égard des international, rendue nécessaire par japonais, Keizo Obuchi, commence, la marginalisation du yen face au b LE SURSAUT du Japon pour faire Etats-Unis ne le place pas en posi- l’ampleur de la crise asiatique, est mercredi 6 janvier à Paris, une visite dollar et à l’euro. M. Obuchi vient du yen une monnaie internationale tion de revendiquer un statut inter- pour l’instant au point mort malgré dans trois pays européens pour ras- défendre auprès des dirigeants eu- semble tardif. Et ce projet difficile à national pour sa monnaie. b LA RÉ- de nombreuses propositions et la surer sur l’avenir de l’économie nip- ropéens l’idée d’un système moné- réaliser en période de crise. La dé- FORME du système financier persistance des menaces. Le Japon veut sauver le yen face à la puissance de l’euro et du dollar Le premier ministre japonais commence à Paris une tournée européenne pour promouvoir un système monétaire international « tripolaire ». Malgré la crise, la refonte des mécanismes financiers mondiaux est toujours en gestation
TOKYO gouffre et une Bourse inquiète de la taire international (FMI). Au fil de sident français pour le Japon pour accord de libre-échange favorisant fiscal n’est pas encore adéquat. En de notre correspondant montée du yen par rapport au dol- ce processus, Tokyo espère pro- apporter son appui à cette « diplo- les transactions en yens. Mais l’idée outre, l’ambition de Tokyo de faire Ce n’est pas un premier ministre lar qui entame la compétitivité des mouvoir une internationalisation matie du yen » et se faire l’avocat est accueillie sans enthousiasme à du yen une devise internationale triomphant, « caracolant » à la tête entreprises nippones à l’extérieur. du yen qui deviendrait la monnaie auprès des dirigeants européens Séoul. intervient alors que les banques ja- d’un pays en expansion qui La première mission de M. Obuchi pivot de l’Asie. Les dirigeants japo- d’un système monétaire tripolaire. En dépit de l’importance régio- ponaises sont contraintes à « ra- commence, en Europe sera donc de rassurer sur nais se sont aperçus que la margi- Le Japon, la grande puissance en nale du yen, son internationalisa- mener de la toile » à l’étranger en mercredi l’avenir de l’économie nippone. nalisation de leur monnaie, prise en Asie, entend apparaître assumer 6 janvier à Pa- La seconde sera d’assurer la sur- étau entre le dollar et l’euro, va dé- ses responsabilités dans la région, à ris, une visite vie du yen en proposant à ses inter- tourner les investisseurs des em- commencer peut-être par celle de « M. Yen » s’inquiète dans trois pays locuteurs la création d’une « nou- prunts en yen ou de la Bourse de l’avoir laissée dans une dépen- européens velle architecture monétaire Tokyo et que les entreprises nip- dance excessive du dollar. Au- d’une hausse trop rapide de la nouvelle monnaie (France, Italie mondiale » par la mise en place pones seront plus vulnérables aux jourd’hui, dit-on à Tokyo, un ac- et Allemagne). d’un système de change qui, tout fluctuations des parités. « L’idéal, a croissement de l’utilisation du yen Le vice-ministre japonais des finances, Eisuke Sakakibara, est Keizo Obuchi en respectant le principe de flotte- déclaré M. Obuchi dans son dis- dans les transactions commerciales préoccupé par une appréciation trop rapide de l’euro face au yen et vient davantage en voyage de ment des monnaies, permettrait de cours du Nouvel An, serait un par- et financières contribuerait à stabi- au dollar, qui serait négative pour l’économie mondiale. « Il existe « promotion ». On ne peut certes limiter les fluctuations des parités tage des responsabilités mondiales liser les économies asiatiques. L’in- des inquiétudes sur une forte progression de l’euro face au dollar et au plus qualifier de « marchand de grâce à un mécanisme de concerta- entre trois monnaies. » ternationalisation du yen serait en yen », a indiqué M. Sakakibara, dans un entretien publié, mardi transistors » – expression du géné- tion trilatérale nippo-euro-améri- Selon le Nihon keizai, quotidien outre l’aboutissement du vaste 5 janvier, par le quotidien Nihon Keizai Shimbun. « Notre tâche dans ral de Gaulle dans les années 60 – le cain comportant une réforme du des milieux économiques, M. Obu- programme de déréglementation l’immédiat est de faire face à un possible renchérissement excessif de chef de gouvernement de la se- fonctionnement du Fonds moné- chi compterait sur l’amitié du pré- du système financier japonais (Big l’euro qui pourrait intervenir d’ici au milieu de cette année », a affirmé conde puissance économique Bang). l’homme qui a été surnommé « M. Yen ». Pour M. Sakakibara, « il est mondiale. Mais l’économie nip- Le sursaut nippon est cependant crucial de garantir la stabilité des trois monnaies que sont le yen, le dol- pone continue à aller mal. Et en dé- « Une opportunité pour le système monétaire » tardif. Et l’ambition de Tokyo lar et l’euro ». Le yen, qui se traînait, il y a six mois, à ses plus bas ni- pit des congratulations officielles, – faire de yen une monnaie inter- veaux face au dollar depuis huit ans est revenu, mardi, au plus haut le lancement de l’euro sème l’in- La naissance de l’euro va nationale – est plus difficile à réali- depuis deux ans. « Il serait souhaitable de discuter d’un nouveau cadre quiétude à Tokyo. Les dirigeants « rééquilibrer les relations moné- La faible part du yen ser qu’elle ne l’était il y a une di- pour coordonner les politiques de chacun, ce qui serait plus solide que le taires internationales » et devrait système actuel d’interventions coordonnées ponctuelles », a-t-il ajouté. nippons se sentent mal à l’aise, à la PART DES MONNAIES DANS zaine d’années lorsque l’archipel traîne. Ils sont conscients d’avoir pousser l’Europe à peser sur la LES RÈGLEMENTS COMMERCIAUX était au faîte de la puissance. Mais raté le coche de l’internationalisa- reconstruction du système mo- MONDIAUX ses dirigeants d’alors avaient craint nétaire international, a déclaré, tion de leur monnaie et craignent YEN DOLLAR l’impact négatif d’une internatio- tion suscite le scepticisme. Pour ef- raison de leur problèmes internes. qu’elle soit marginalisée entre le lundi 4 janvier, le commissaire nalisation du yen sur les exporta- fective qu’elle soit la A ces questions de technique fi- dollar et l’euro. européen, Yves-Thibault de Sil- tions. Et surtout peut-être la perte déréglementation du système fi- nancière s’en ajoutent d’autres : les La politique menée par M. Obu- guy, chargé des affaires moné- 5% de contrôle de leur monnaie. Au nancier n’est pas aussi rapide que équilibres géopolitiques. Certains chi depuis son accession au pou- taires. La place de l’euro va aug- 48% plus fort de la flambée du yen en certains le souhaitent. Le marché experts japonais en sciences poli- voir en août (programme de re- menter dans les transactions été 1995 (lorsque le dollar valait des changes a été libéralisé mais ce- tiques soulignent la dépendance du commerciales et financières et dressement du système bancaire, 32% 80 yens), la question de l’interna- lui des obligations manque de sou- Japon vis-à-vis des Etats-Unis en décision méritoire de nationaliser pourrait atteindre, selon les ex- tionalisation du yen refit briève- plesse et de liquidités. Et le régime matière de sécurité. Celle-ci ne la banque Nippon Credit, plan de perts, quelque 30 %, a-t-il fait va- 15% ment surface. Aujourd’hui, le Ja- place guère Tokyo en position de relance d’un montant record) tarde loir lors d’un entretien accordé à pon est talonné par l’urgence. Mais revendiquer un statut international à se concrétiser. Et l’économie nip- la chaîne LCI. « Nous devons re- la pente est plus difficile à remon- La confiance des grandes pour le yen. Si la monnaie unique pone ne se dégage pas de la « dé- prendre le dialogue avec les Amé- AUTRES DEUTSCHEMARK ter. Alors que l’euro est lancé, le yen européenne apparaît effective- prime », bien que l’on puisse espé- ricains sur un pied plus d’égalité reste peu utilisé comme monnaie entreprises nippones ment comme un puissant ancrage rer poindre une reprise à l’été. Mais pour essayer de trouver des systèmes permettant d’obtenir une meil- de compte (moins que le mark) et monétaire, les Etats-Unis ont-ils in- d’ici là, de mauvaises surprises ne leure stabilité internationale », a t-il poursuivi. « La naissance de l’euro les facturations libellées en yens Beaucoup des grandes sociétés térêt à voir une autre monnaie se sont pas à exclure avec des compa- est une opportunité pour l’Europe de participer à la reconstruction du sont rares, excepté en Asie. japonaises ont adopté, lundi poser en concurrent du dollar ? gnies d’assurance au bord du système monétaire international, qui en a bien besoin », a-t-il ajouté. Sans doute les crises financières 4 janvier, l’euro comme monnaie L’Europe dispose d’une indépen- de la région et les rancœurs qui s’y de référence de leurs échanges dance stratégique vis-à-vis des manifestent à l’égard du FMI avec l’Europe tout en poursuivant Etats-Unis que le Japon est loin PROFIL l’économie nippone. Et dans une action présentée conjuguées à l’impact de l’euro leurs affaires comme d’habitude d’avoir. Dans son cas, il est vrai- comme décisive, il a nationalisé en décembre 1998 la concourent-elles à créer un envi- et en assurant qu’elles ne seraient semblable que Washington saura UN « BŒUF EMPESÉ » Nippon Credit Bank criblée de dettes. Las !, la popula- ronnement favorable à la proposi- pas affectées par le lancement de faire sentir sa tutelle (comme ce fut rité du chef du gouvernement ne décolle pas. Les mi- tion japonaise. Tokyo conduit en la monnaie unique européenne. toujours le cas dans le passé) le jour MAIS DÉTERMINÉ lieux d’affaires doutent toujours de sa capacité à sortir outre une diplomatie active dans la Le géant électronique Sony Corp. où, à ses yeux, les Japonais iront le pays de la récession (le PIB à chuté de 3 % en 1998). région pour mettre en œuvre une et le contructeur d’ordinateurs « trop » loin avec le yen. Qualifié de « pizza froide » par la presse américaine, Et la population, pour la première fois victime du chô- aide de 30 milliards de dollars des- Fujitsu Ltd. ont déclaré utiliser Un test de la dépendance japo- Keizo Obuchi, soixante et un ans, n’était pas l’homme mage, continue à souffrir du « blues nippon ». tinée à son redressement financier. l’euro comme monnaie de la naise sera la réaction de Washing- que les Japonais, déprimés par la crise, attendaient. Alors, cet homme d’appareil, entré en politique à Ce programme, dont les prêts sont comptabilité de toutes leurs fi- ton si Tokyo commence simple- Jugé terne et triste, homme de coulisses, sans compé- l’âge de vingt-six ans, en héritant du mandat de dépu- libellés en yen, pourrait-il amorcer liales européennes, y compris ment à diversifier trop fortement tence économique, le ministre des affaires étrangères té de son père et qui a fait toute sa carrière dans une internationalisation de fait de celles situées en territoire britan- en euros ses réserves en devises d’Hashimoto était le moins populaire de trois candi- l’ombre de l’ancien premier ministre Takeshita, conti- la monnaie nippone ? Les échanges nique. Pour le constructeur auto- (qui sont actuellement à 90 % en dats à la sucession du premier ministre, après l’échec nue de manœvrer en coulisses pour asseoir son pou- importants entre le Japon et le reste mobile Toyota, l’apparition de dollars). La Chine d’autre part, aux du Parti libéral démocrate (PLD, au pouvoir depuis voir. Il prépare pour son retour au Japon un remanie- de l’Asie (bien qu’ils aient diminué l’euro n’aura pas d’autre consé- ambitions hégémoniques régio- quarante ans) aux élections partielles de juillet 1998. ment ministériel, grâce auquel il intègrerait dans son en raison de la récession, l’archipel quence que de diminuer le nales évidentes, verra-t-elle d’un Conscient de ses faiblesses, M. Obuchi s’est qualifié cabinet des membres du Parti libéral. Même si demeure le premier partenaire de nombre de monnaies dans les- bon œil la consécration internatio- lui-même de «bœuf empesé » et de « M. Ordinaire ». M. Obuchi n’a pas encore convaincu, c’est un homme celle-ci), les crédits commerciaux et quelles il devra traiter. Le Japon nale du yen ? Les Japonais ne Mais il a mis en garde : « On dit que je suis un homme qui a fait preuve de méthode et de détermination, de les programmes d’assistance (le Ja- est le quatrième partenaire peuvent en tout cas entreprendre la très, très ordinaire. On dit que je suis doux et bon par sa capacité à manœuvrer dans des situations délicates. pon est son premier bailleur d’aide commercial de l’Euroland, même longue marche de l’internationali- nature... mais je veux que vous compreniez que je suis Ce qui laisse certains espèrer que cet appartchik du au développement dans la région) si le Japon n’entre que pour 5,32 % sation de leur monnaie sans une un homme qui fait ce qui doit être fait. » Sur le terrain PLD sera, à l’image de Mikhaïl Gorbatchev, l’homme sont libellés en yen. Ils concourent dans les échanges commerciaux concertation renforcée avec les Eu- de l’humour, il a contre-attaqué en lançant : « Les piz- de la perestroïka à la japonaise. à donner une assise régionale à la avec les pays de la zone, soit loin ropéens. zas, ça se réchauffe ! » Sur le plan économique, il a an- monnaie nippone. Tokyo a d’autre derrière la Grande-Bretagne noncé un plan de relance au montant record pour Jean-Baptiste Naudet part proposé à la Corée du Sud un (17,01 %) et les Etats-Unis (14,12 %). Philippe Pons La réforme du système financier international se fait toujours attendre...
DEPUIS le début de la crise asia- ment de la monnaie unique ne pables des turbulences : c’est leur vastatrices des monnaies, les diri- centres off-shore. Le président de b Coopération plus étroite tique, qui a dévasté les pays d’Asie, constitue pas une menace pour le libéralisation trop rapide, prônée geants de l’Association des nations la Bundesbank, Hans Tietmeyer, a entre les différentes institutions : s’est propagée à la Russie et au dollar, si le gouvernement améri- depuis des années par les tenants d’Asie du sud-est (Asean) réflé- été mandaté par ses pairs pour exa- la rapidité de la propagation de la Brésil et a provoqué un ralentisse- cain poursuit une politique budgé- de l’orthodoxie financière et qui a chissent à la création d’une mon- miner la façon dont peuvent coo- crise et la nécessité d’y répondre ment marqué de la croissance taire qui maintienne le billet vert permis des flux gigantesques de ca- naie commune pour « restaurer la pérer les organismes de surveil- quasi-instantanément a montré les mondiale, les grandes puissances attractif pour les investisseurs pitaux spéculatifs et volatils. La rus- confiance, relancer la croissance et lance et le secteur privé pour limites de la coopération entre les n’ont cessé de décortiquer les étrangers. Par contre Tokyo, dont le ticité des systèmes bancaires et la promouvoir la stabilité financière définir ces nouvelles règles. Il de- institutions de Bretton Woods (FMI failles d’une planète financière délabrement économique est collusion constatée entre le pou- dans la région ». vrait rendre ses conclusions lors du et Banque mondiale). De même, dont le fonctionnement leur a patent, craint d’être le « dindon de voir et le monde des affaires dans Les institutions de Bretton G7 du 20 février. aucune coordination n’a eu lieu échappé. la farce » et plaide pour une coopé- certains pays émergents a fait le Woods et le G7 planchent égale- b Bonne gouvernance : il s’agit entre le FMI et la Banque des règle- La perspective de l’euro a permis ration monétaire renforcée. reste. ment sur les différents chantiers de d’un des points-clé de la prévention ments internationaux, pourtant d’amortir le choc en Europe en des- Depuis des mois, le diagnostic Depuis l’automne, les proposi- la réforme du système financier in- des crises. L’effort doit porter sur chargée de surveiller les mouve- sinant une zone de stabilité salu- des causes de la crise est unanime tions de remèdes n’ont pas manqué ternational : l’adoption par les pays du respect ments de capitaux. taire. Pour les Américains, le lance- et désigne les marchés comme cou- pour tenter de remettre de l’ordre b Modernisation des marchés d’un environnement juridique et b Implication du secteur privé : et apprivoiser la volatilité des mar- de capitaux : l’une des pistes suivie des règles de transparence en ma- il a alimenté sans retenue la créa- chés qui déstabilise les monnaies. pour améliorer le bon fonctionne- tière économique et statistique, sur tion de bulles financières dans les Mais pour l’instant, aucune déci- ment des flux est d’une part de sur- l’éradication de la corruption et le pays en développement. La ques- sion n’a été prise, comme si le veiller étroitement le volume de bannissement de la collusion entre tion de l’aléa moral, c’est-à-dire la calme relatif retrouvé et la menace l’endettement à court terme, les gouvernements et les milieux mise à contribution du secteur pri- d’une implosion mondiale écartée d’autre part d’élargir la mission d’affaires. vé dans la prévention et la résolu- par le sauvetage momentané du FMI à la surveillance de tous les b Adaptation du FMI : afin de tion des crises est l’un des points Brésil, il n’y avait plus urgence. mouvements de capitaux. Cela rendre l’action du FMI plus effi- que les organismes multilatéraux En attendant l’émergence du sys- passe également par une meilleure cace, la France, à laquelle se sont vont devoir résoudre par une meil- tème financier du troisième millé- information de la part des institu- ralliés les membres de l’Union eu- leure coordination en amont des naire, chacun avance ses solutions. tions publiques et privées (les ropéenne, a proposé un renforce- crises. Lundi 4 janvier, dans un point de banques mais aussi les assurances, ment du « gouvernement » de l’ins- Mettre la communauté interna- vue paru dans le Financial Times, le les fonds de pension, les fonds d’in- titution en transformant le Comité tionale au diapason d’une même financier George Soros – qui sait de vestissement), la supervision du intérimaire, organe consultatif règle du jeu n’est évidemment pas quoi il parle puisque son fonds spé- secteur financier non-bancaire, la biannuel de vingt-quatre membres facile. L’Allemagne, qui exerce de- culatif a perdu des millions de dol- mise en place d’infrastructures fi- représentatifs des pays membres, puis le 1er janvier la présidence de lars en Russie et en Malaisie – pré- nancières juridiques et sociales mo- en un conseil politique décision- l’Union européenne et celle du G7 conise de transformer le FMI en dernes dans les pays en développe- naire dont le rythme des réunions aura un rôle décisif à jouer. une Banque centrale mondiale. ment et le respect des règles s’adapterait aux problèmes du mo- Pour échapper aux fluctuations dé- financières internationales par les ment. Babette Stern LeMonde Job: WMQ0601--0003-0 WAS LMQ0601-3 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3133 Lcp: 700 CMYK
INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999 / 3 Les Danois moins méfiants vis-à-vis de l’euro STOCKHOLM vises étrangères et à augmenter les de notre correspondant taux d’intérêt pour défendre la cou- en Europe du Nord ronne. Ces remous, cumulés aux « Je crois que le mieux pour le Da- contrecoups des crises asiatique et nemark, pour l’emploi et pour notre russe, ont-ils inquiété les Danois ? société de bien-être serait qu’un jour A moins qu’ils n’aient plus prosaï- nous rejoignions l’euro. » Exprimant quement réalisé que leurs vacances son « point de vue personnel » lors à l’étranger seraient plus coû- du traditionnel discours télévisé du teuses ? Toujours est-il que le vent premier ministre, vendredi 1er jan- a tourné. vier, le social-démocrate Poul Ny- Depuis 1993, il existe un consen- rup Rasmussen n’a pas fait mystère sus parmi la classe politique, en de ses préférences. Le message majorité favorable à l’euro, selon n’est pas nouveau en soi. Ce qui lequel tout abandon d’une des l’est, en revanche, c’est qu’une ma- exemptions sera soumis au préa- jorité de Danois semblent penser la lable à l’approbation populaire. La même chose que lui. Sept des huit question est désormais de savoir sondages effectués depuis octobre quand une telle consultation pour- 1998 donnent l’avantage aux parti- ra avoir lieu. Au début de l’été, la L’Allemagne accueille le successeur du deutschemark sans de l’euro : 48 % sont désormais plupart des observateurs esti- pour, 42 % contre et 10 % indécis, maient que le pays attendrait la selon la dernière enquête d’opinion Grande-Bretagne et la Suède avant avec une grande sérénité en date, publiée le 31 décembre. Un de s’y risquer. « Le gouvernement revirement de tendance étonnant, doit être très sûr de lui, car si le FRANCFORT thie. 56 % des gens, selon un der- seur du deutschemark « est sur le la nouvelle monnaie. Aucune per- lorsqu’on se souvient de l’hostilité “non” l’emporte, le Danemark sera de notre correspondant nier sondage, seraient désormais meilleur chemin pour devenir une sonnalité n’était présente lundi exprimée il y a encore quelques bloqué pour dix ans au moins », esti- « Der Euro ist da », clament les favorables à son introduction, monnaie de réserve mondiale ». matin à la Bourse de Francfort mois par la majorité des Danois. mait alors Karsten Sjkalm, cher- banderoles disposées au cœur de alors que les opposants sont res- Die Welt, quotidien pro-européen pour assister aux premières cota- C’est en partie à cause de cette cheur à l’Institut danois des affaires la Bourse de Francfort. L’euro est tés longtemps majoritaires. conservateur, observe que « l’euro tions, alors que Dominique opposition que la population du internationales. Un avertissement là et les Allemands, pourtant ré- Les nombreuses émissions télé- a fêté une entrée réussie sur les Strauss-Kahn est venu encourager royaume avait dû s’y reprendre à qui vaut encore aujourd’hui. De- putés sceptiques à l’égard de la visées consacrées au sujet sou- marchés financiers internatio- les professionnels parisiens de la deux fois pour adopter par référen- puis l’automne, le premier ministre monnaie unique, semblent vivre lignent avec une belle unanimité naux » et bénéficie « d’un bonus de finance. C’est le commissaire eu- dum le traité de Maastricht, jugé a fait preuve de prudence en assu- les premiers jours de cette nou- la très bonne tenue de la monnaie confiance », alors que la Frankfur- ropéen, Yves-Thibault de Silguy trop fédéraliste. Et encore ne dit- rant que le référendum n’aurait pas velle ère européenne avec une européenne vis-à-vis du dollar, ter Allgemeine Zeitung reste plus qui est venu jouer à Francfort les elle finalement « oui », en 1993, lieu avant 2001. Il faut, a-t-il dit, que grande sérénité. La journée du apportant un début de réponse au mesurée et parle d’un lancement « M. Euro ». qu’à une version du texte purgée de s’instaure d’ici là « un large débat lundi 4 janvier, présentée comme souci, quasi existentiel en Alle- « sans difficulté ». Les nouveaux dirigeants se quatre thèmes alors tabous dans le national sur le pour et le contre » de cruciale, s’est passée dans le magne, d’« un euro aussi fort que le concentrent sur la présidence alle- royaume : monnaie unique, dé- l’Union économique et monétaire calme. Le soir, certains com- deutschemark ». L’évolution de la UNE PRUDENTE RETENUE mande de l’Union, commencée le fense commune, citoyenneté euro- (UEM). mentateurs parlaient même de Bourse ne peut que calmer les es- La classe politique affiche, de 1er janvier, et dont ils tiennent à péenne et coopération judiciaire. Certains sont toutefois pressés « Traumstart », un départ de rêve, prits ; les principales actions se son côté, une prudente retenue. faire un succès. Le chancelier Une version agréée auparavant par d’aller plus vite et s’appuyent sur pour une devise en passe de rem- sont bien comportées lundi. L’in- Elle se passionnait davantage, en Schröder, qui était toujours lundi les partenaires européens de Co- l’évolution de l’opinion publique placer le très populaire deutsche- dice des valeurs allemand, le DAX, cette rentrée politique de janvier, à Marbella, où il a dîné avec le penhague, qui se voyaient ainsi ac- pour plaider leur cause. Ainsi la mi- mark. a progressé de 5 %. pour le projet du gouvernement chef du gouvernement espagnol corder quatre exemptions. Résul- nistre de l’économie, Marianne Jel- Les premiers pas de l’euro, dont Lundi, la presse avait retenu son d’accorder la double nationalité José Maria Aznar, a réaffirmé dans tat, le Danemark est, avec la ved, membre du Parti radical, allié la parité avec le mark (1 euro vaut souffle. Mais la monnaie unique aux enfants d’immigrés, contre le- le magazine Der Spiegel sa volonté Grande-Bretagne, la Suède et la aux sociaux-démocrates au gouver- un peu moins de 2 deutschemarks, est revenue en force mardi matin quel s’érigent les partis de droite. de boucler, d’ici à mars, la réforme Grèce, l’un des quatre pays nement, a-t-elle prôné une consul- à 1,95595 deutschemark) rend les à la « une » des quotidiens. « L’eu- A l’instar du ministre des finances, du financement de l’Union, en ob- membres de l’Union européenne tation « bien avant 2001 ». Mais son calculs mentaux bien moins ro démarre comme une monnaie Oskar Lafontaine, qui avait préfé- tenant une baisse de la contribu- (UE) à ne pas faire partie de la zone opinion reste très minoritaire parmi compliqués qu’en France, ont-ils forte », se réjouit la Süddeutsche ré rester en vacances plutôt que tion allemande. Il a brandi en cas euro, bien qu’il respecte les critères la classe politique. Techniquement, rassuré les Allemands ? Le nombre Zeitung, qui constate que « les de participer, jeudi 31 décembre, à d’échec la menace d’un report de de convergence économique pour y l’adhésion à l’euro pourrait se faire des consommateurs qui se sont adaptations techniques à la nou- la cérémonie de lancement de l’élargissement de l’Union ou de la accéder. rapidement. La couronne danoise lancés dans des achats libellés en velle monnaie européenne se sont l’euro à Bruxelles, ce qui lui a valu fin de certains programmes de co- Comment expliquer la volte-face est déjà attachée à la nouvelle ver- euros est comme ailleurs très mar- déroulées sans anicroche et parfois une salve de critiques, les hommes hésion. actuelle ? Dès l’automne 1998, les sion du système monétaire euro- ginal. Mais au fil des enquêtes plus rapidement que prévu ». Pour politiques ne se sont pas précipi- Danois purent constater les pre- péen, le SME bis, ce mécanisme de d’opinion, l’euro gagne en sympa- le quotidien bavarois, le succes- tés pour célébrer l’avènement de Philippe Ricard mières conséquences d’une non- régulation des taux de change pour adhésion à la monnaie unique. Leur pays hors zone euro. Copenhague devise, la couronne, fut secouée fait d’ailleurs tout pour que sa de- lors de la crise boursière mondiale. vise suive au plus près la monnaie Les investisseurs internationaux dé- unique. Le chef du gouvernement espagnol décolle dans les sondages laissèrent le royaume, forçant sa MADRID nistre plus décontracté, chaleureux et à la temps, au lieu d’avancer les élections, ait an- banque centrale à vendre des de- Antoine Jacob de notre correspondante moustache subtilement éclaircie. Les balbutie- noncé qu’il respecterait le calendrier prévu Est-ce le premier « effet euro » sur la poli- ments de la paix au Pays basque, l’euro et l’an- pour l’an 2000. L’année qui vient, il est vrai, se- tique espagnole ? Au moment où, galvanisée nonce de la baisse des impôts (une valeur sûre) ra difficile pour les socialistes, avec l’annonce par l’euro, la Bourse de Madrid s’envolait, lundi ont fait le reste. Bref, s’il y avait des élections de nouveaux procès sur les GAL, ces comman- 4 janvier, le chef du gouvernement, José Maria aujourd’hui, le PP l’emporterait sur les socia- dos antiterroristes de libération responsables Aznar, l’homme qui a porté son pays dans le listes, par 6,8 % d’avance. de vingt-huit assassinats dans les milieux groupe de tête de la monnaie unique, décollait basques radicaux du sud de la France dans les littéralement dans les sondages. Et ce pour la SATISFACTION DES ÉLECTEURS années 80, dont le premier, cet été, s’est soldé première fois en deux ans de mandat. Ainsi, dans un récent sondage du quotidien par la condamnation de l’ex-ministre de l’inté- Les difficultés de M. Aznar à acquérir dans El Mundo, José Maria Aznar l’emporte person- rieur socialiste, José Barrionuevo. Par ailleurs, l’opinion publique une « visibilité » à la hau- nellement de plus d’un point (un record) sur la justice s’intéresse aussi au scandale des teur des succès enregistrés par son gouverne- l’inséparable troïka socialiste : le charismatique fonds dits « réservés » du ministère de l’inté- ment ou son parti (le Parti populaire, conserva- ex-premier ministre Felipe Gonzalez, l’intellec- rieur, au temps des socialistes. Une vraie teur) sont connues. On le disait méfiant, secret, tuel candidat aux prochaines élections, José bombe à retardement. assez autoritaire. En un mot, avec une image Borrell, ou le populaire secrétaire du parti, Joa- Enfin, dernier cadeau de bonne année à leur aussi rigide que la moustache drue lui barrant quin Almunia. Mieux, les électeurs trouvent le premier ministre déjà comblé, les Espagnols le visage, le président du conseil avait du mal à gouvernement plutôt très bien, 30 % des élec- l’ont placé deuxième, derrière le juge Garzón, passer. En quelques mois, tout s’est pourtant teurs socialistes étant de cet avis. On ne lui re- dans la liste des hommes de l’année pour 1998. corrigé. proche sérieusement qu’une chose : avoir, dans Il surpasse un astronaute, deux joueurs de ten- Le virage au « centre », amorcé cet été, avec un excès d’américanophilie, approuvé sans mot nis et même le populaire latin lover d’Holly- la mise à l’écart des plus voyants chiens de dire les bombardements en Irak. wood, Antonio Banderas, nouveau Zorro à garde conservateurs, et l’attitude résolument On comprend, dans ces conditions, que le l’écran. Et battre Zorro, ça c’est vraiment un plus ouverte au dialogue de l’équipe au pou- nouveau centriste mais toujours prudent chef exploit. voir, y ont été pour beaucoup. Mais aussi le du gouvernement, tirant les enseignements du « relookage » discret, opéré sur un premier mi- désastre essuyé par Jacques Chirac en son Marie-Claude Decamps Plus de trois mille sans-abri cet hiver à Stockholm
STOCKHOLM extraordinaire pour ces questions », place par le gouvernement pour nue plus égoïste, moins respon- de notre correspondant écrivait l’universitaire Hans Sward, sortir le pays de la crise écono- sable. Dans certains quartiers, des en Europe du Nord dans un quotidien, le 3 janvier. mique du début des années 90. Les habitants s’opposent à l’ouverture Les manifestations sont rares en Les organisations caritatives es- secondes se retrouvèrent à la rue de foyers pour exclus. Pour beau- Suède. Il faut la fermeture d’une timent à trois mille cinq cents le quasiment du jour au lendemain, à coup de Suédois, c’est à l’Etat et grosse usine, le ras-le-bol des im- nombre de personnes sans loge- la suite de la réforme du secteur non à eux-mêmes qu’il revient de pôts ou un crime raciste pour faire ment à Stockholm. Elles seraient psychiatrique. Fermer des instituts s’occuper du quart-monde. A quoi descendre les gens dans la rue, la mille à Göteborg et plus de huit spécialisés pour réintégrer leurs cela sert-il sinon de payer tant plupart du temps en petit nombre. cents à Malmö, les deux autres patients dans la société : tel était d’impôts ? Cette mentalité est tou- Le 30 décembre, une trentaine de principales villes du pays. La ma- l’objectif du gouvernement. Mais tefois en train d’évoluer, comme le personnes rassemblées devant le jeure partie d’entre elles trouvent sa mise en pratique fut loin d’être montre une participation accrue Parlement de Stockholm dénon- toutefois refuge dans différentes réussie et elle coïncidait en outre des jeunes aux œuvres caritatives. çaient ainsi « ces politiciens qui fer- institutions. « A Stockholm, environ avec les fortes réductions budgé- « Beaucoup de gens savent main- ment les yeux » sur les problèmes quatre cents personnes se retrouvent taires. L’Etat et les communes tenant ce que ça veut dire de vivre des sans-abri et des exclus. dehors la nuit sans savoir où aller », n’étaient plus en mesure d’assurer dans des conditions sommaires », L’ambiance était plutôt bon en- calcule Lennart Eld, qui dirige un l’impressionnant service social des constate Jessica Blom, une béné- fant, avec distribution aux pas- foyer de l’Armée du salut dans la décennies précédentes. vole qui offrit un Noël décent à sants de petits pains briochés et de banlieue de la capitale. Ce sont des sans-abri de Malmö. Organisa- café par des sans-abri eux-mêmes. elles qui frappent à sa porte, si DE L’ÉTAT AU PRIVÉ tions non gouvernementales et as- En cette fin d’année, les médias elles peuvent payer 40 couronnes « Le peuple suédois croyait que sociations religieuses d’entraide s’étaient penchés sur cette catégo- (4,26 euros) la nuit. On les croise son niveau de bien-être ne serait ja- n’avaient pas pignon sur rue du rie pour constater, une fois de aussi à la gare ou à bord des bus mais remis en cause... », note Stina temps du welfare flamboyant or- plus, que leur situation avait empi- de nuit. Dahlgren, fondatrice dès 1951 chestré par le pouvoir social-dé- ré. Mais le phénomène « ne dispa- Selon M. Eld, l’état de santé des d’une association caritative pour mocrate, qui revendiquait alors le raît pas après Noël, lorsque les télé- sans-abri s’est dégradé au fil des les exclus et les personnes seules, monopole de l’action sociale. Au- visions ont rangé leurs caméras. La années. Aux alcooliques de na- Fatimaunionen. « Lors de la dé- jourd’hui encore, certains élus société doit continuer à œuvrer tout guère ont succédé les toxicomanes pression des années 30 aussi, la si- communaux continuent à voir au long de l’année pour résoudre ce et les personnes souffrant de tuation était dure, mais on savait d’un mauvais œil ce genre d’initia- problème », selon Uno Svedin, troubles psychiques. Les premiers comment se débrouiller. C’est beau- tives privées. La crise économique membre de l’association Nouvelle furent délaissés par les services so- coup plus difficile aujourd’hui d’ac- a toutefois fini par les rendre in- Communauté, à l’origine de la ma- ciaux, contraints de réduire leurs cepter la pauvreté, après avoir vécu contournables. nifestation. « Les autorités et les activités et leur personnel à cause dans l’opulence », explique cette chercheurs montrent un désintérêt d’un vaste plan d’austérité mis en septuagénaire. La société est deve- A. J. LeMonde Job: WMQ0601--0004-0 WAS LMQ0601-4 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3134 Lcp: 700 CMYK
4 / LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999 INTERNATIONAL Les sénateurs divisés sur la forme du procès Clinton Touché par l’affaire Le chef de la majorité républicaine du Sénat, Trent Lott, devra convaincre les extrémistes de son parti d’en finir au plus vite avec l’affaire Lewinsky en préférant le vote d’une censure à une tentative de mener à son terme la procédure de destitution Mandelson, Les républicains au Sénat américain sont divi- vembre 1998, entame sa session, mercredi sentiment de deux tiers des sénateurs, soit d’une motion de réprimande condamnant la sés sur la forme et la durée du procès du pré- 6 janvier, avec le procès en tête d’affiche au 67 voix, alors que les républicains ne dis- conduite de Bill Clinton. Ce scénario bénéfi- Tony Blair sident Clinton, qui devrait débuter en fin de Sénat. Les sénateurs conviennent qu’un vote posent que de 55 sièges contre 45 pour les cie du soutien du leader de la majorité répu- semaine devant la Chambre haute. Le nou- destituant M. Clinton est quasiment exclu. démocrates. Les sénateurs abandonneraient blicaine au Sénat, Trent Lott, pourtant issu veau Congrès, issu des élections de no- Une destitution doit en effet recueillir l’as- la procédure de destitution pour débattre des milieux ultraconservateurs. contre-attaque WASHINGTON réussisse, et il fera un triomphe ; le Parti républicain et l’opinion soignée. Il a eu le soutien des ad- pleine affaire Lewinsky à la fois LONDRES de notre correspondant que le procès s’enlise, et beaucoup publique.En homme du Sud, il versaires farouches de l’avorte- son dégoût devant la conduite du de notre correspondant Alors que les parlementaires re- lui en tiendront rigueur. aime à apporter à ses administrés ment, les « pro Life ». président et son impartialité. Il a Fidèles de la méthode Coué, les tournent au Capitole après les Car le sénateur du Mississippi les largesses de Washington, ce Blanc du « Sud profond », il a représenté au Sénat la nouvelle conservateurs veulent y voir le fêtes de fin d’année et que va re- est une personnalité complexe. Il qui explique par exemple qu’il soit aussi, du moins jusqu’à ce que la vague, qui se disait révolution- signe d’un « effondrement progres- sait un jour rompre le consensus favorable à toujours plus de dé- presse s’en empare et le naire, et que Newt Gingrich avait sif » du gouvernement travailliste PORTRAIT national et dénoncer les bombar- penses militaires − pour les arse- contraigne à faire marche arrière, menée victorieusement à l’assaut – que les sondages n’indiquent dements de l’Irak par son propre naux de sa circonscription avant maintenu des relations avec une de la Chambre en 1994. Mais, mal- pas. Les supporteurs de Tony Blair Un ultra-conservateur président − avant d’être contraint tout −, alors qu’il prêche organisation exclue pour « ra- gré une tendance à parler un peu estiment plutôt qu’il s’agit d’une qui sait de reculer piteusement –, et un constamment en faveur de cisme » par la Conférence pour trop, et un peu trop fort, il a jus- ferme tentative de reprise en main néanmoins passer autre négocier avec ses adver- « moins de gouvernement ». C’est l’action politique conservatrice, le qu’à présent su se montrer plus par le premier ministre. Vendetta des compromis saires politiques un accord sur un à ce titre qu’il s’est opposé aux Conseil des citoyens conserva- habile que l’ancien président de la ou coup de balai, une chose est thème qu’il exècre, le salaire mini- projets de lois sur la limitation du teurs (CCC). Il est ainsi apparu à la Chambre des représentants. sûre : la démission, lundi 4 janvier, mum ; bon fonctionnement du Sé- financement des partis politiques tribune de cette sorte de Ku Klux Cette fois, il sait qu’il joue en- de Charlie Whelan – troisième vic- prendre la procédure de jugement nat oblige. C’est par lui que passe- ou pour faire payer les fabricants Klan en complet veston pour dire core plus gros et que ses pires en- time de l’affaire Mandelson-Ro- de Bill Clinton, tous les yeux de ra, ou ne passera pas, la solution de cigarettes. qu’il « représentait les vrais prin- nemis risquent d’être cette droite binson en dix jours – fait plutôt Washington se tournent vers que la plupart espèrent. Si les sé- L’analyse de ses votes montre cipes et la vraie philosophie » et il a ultra qu’il a si longtemps cultivée. désordre pour la nouvelle année Trent Lott, le chef de la majorité nateurs démocrates sont relative- Et il sait que celle-ci, fanatisée travailliste et témoigne de la per- républicaine au Sénat. C’est en ef- ment unis en faveur d’une censure contre le président, ne le lui par- sistance des querelles intestines fet à lui qu’il revient de ramener le du président, il faudrait aussi, Nouvelle rumeur sur le passé du président américain donnera guère. Mais le risque profondes entre les « anciens » et calme parmi ses troupes, alors que pour que le compromis négocié d’une nouvelle défaite électorale les « modernes » de ce parti. «Les le poids de l’histoire passe de la entre Trent Lott et Tom Daschle, Selon des informations publiées par The Star, un magazine améri- de son parti en 2000 a, jusqu’à complots et contre-complots qui se Chambre des représentants à la son homologue démocrate, soit cain grand public, un garçon de treize ans aurait fait l’objet d’un test présent, été suffisant pour le faire succèdent au cœur du gouverne- Chambre haute du Congrès. acceptable, qu’il recueille l’aval de recherche génétique afin de déterminer si Bill Clinton est son réfléchir. Reste à savoir si sa déter- ment, ironisait, lundi, Mike Russel, C’est sur cet homme discret, or- d’une majorité de républicains. père. L’enfant, Danny Williams, est le fils d’une prostituée noire de mination tiendra ou fondra face un politicien indépendantiste donné, très conservateur, qui sait l’Arkansas, Bobbie Ann Williams, qui affirme avoir eu Bill Clinton aux coups de boutoir de cette mi- écossais, donnent à l’équipe Blair combiner un esprit des plus parti- KU KLUX KLAN EN COSTUME comme client à de nombreuses reprises, à l’époque où celui-ci était norité extrémiste. l’allure d’une véritable cour médié- sans et un sens du deal de couloir, Agé aujourd’hui de cinquante- gouverneur de l’Arkansas. vale. » que retombera la responsabilité sept ans, Trent Lott a été durant le D’après le quotidien New York Post, Mme Williams aurait passé un Patrice de Beer Charlie Whelan était le conseil- du déroulement de la dernière Watergate le plus jeune membre accord avec le Star et réservé ses déclarations à son journaliste ve- ler de presse du chancelier de phase de cet engrenage qui pour- républicain de la commission judi- dette, Richard Gooding, celui qui avait rendu publique, en 1996, la a La Maison Blanche a écarté, l’Echiquier, Gordon Brown. Il est rait conduire à la destitution du ciaire de la Chambre lors de l’en- relation de l’ancien conseiller de Bill Clinton, Dick Norris, avec une lundi 4 janvier, l’éventualité d’un soupçonné – « à tort », jure-t-il – président. quête contre Richard Nixon, dont prostituée, le forçant ainsi à la démission. Selon Richard Gooding, la report du discours sur l’état de d’avoir causé la chute de Peter Qu’il cède à ses penchants – et à il fut l’un des farouches défen- mère et l’enfant sont tenus cachés dans un endroit secret dans l’at- l’Union, le traditionnel exposé de Mandelson, l’ancien puissant mi- ses amis de la droite chrétienne –, seurs. Il en a gardé un souvenir tente des résultats d’un test ADN. La Maison Blanche s’est refusée, politique générale, qui sera pré- nistre du commerce extérieur au- et le procès risque de s’éterniser, qui, comme chez nombre de ses jusqu’à ce jour, à tout commentaire sur cette affaire. senté par le président Bill Clinton to-éjecté du gouvernement le souillant encore plus l’image, non amis, s’exprime dans un désir − devant les deux Chambres du 22 décembre après que la presse seulement de M. Clinton, mais du plus ou moins rentré − de re- Congrès réunies le 19 janvier. «Le eut révélé l’emprunt secret de Sénat et de tout le monde poli- vanche. Il a ensuite été Chief Whip des positions systématiquement écrit des éditoriaux dans sa revue, président est très concentré sur la 3,5 millions de francs (530 000 eu- tique ; que ses instincts à éclipse (chargé d’assurer la discipline) de conservatrices, même s’il a aidé Citizens Informer. préparation de son discours sur ros) qu’il avait contracté auprès de de leadership impartial et d’effica- son parti à la Chambre avant de le Bill Clinton à faire passer le traité Baptiste et avocat, comme Bill l’Etat de l’Union. Il a prévu de le son richissime collègue des postes, cité l’emportent, et qu’il parvienne devenir au Sénat, où il a été élu en sur l’interdiction des armes Clinton, il a montré qu’il savait se présenter le 19 janvier et, à ma Geoffrey Robinson (également à convaincre une majorité de ses 1988. Il sera donc soumis à réélec- chimiques contre l’avis d’autres battre, au couteau si nécessaire, connaissance, personne au Congrès démissionnaire le même jour). Se- amis de se rallier au compromis tion en l’an 2000, ce qui explique républicains. Chrétien ultra- pour enlever de haute lutte les ne nous a approché ou demandé lon le Mirror du mardi 5 janvier, négocié avec les démocrates, et peut-être son désir d’en finir au conservateur, il a affirmé récem- postes qu’il guignait. Mais la res- d’en modifier la date », a déclaré c’est le propre frère de M. Brown l’affaire pourrait être enlevée en plus tôt avec une affaire Clinton ment que l’homosexualité était semblance s’arrête là, et Trent lundi le porte-parole de la Maison qui aurait révélé discrètement à un quelques jours ou semaines. Qu’il qui empoisonne les relations entre une maladie et qu’elle devait être Lott n’hésitait pas à exprimer en Blanche, Joe Lockhart. journaliste l’existence de l’em- prunt secret qui causa la chute de Tansu Ciller, comme un poisson M. Mandelson. « FAISEUR D’IMAGES » Ancien rival de Tony Blair à la direction travailliste et ennemi ju- dans les eaux troubles ré de Peter Mandelson, lui-même considéré comme le « toutou » du premier ministre, Gordon Brown, de la politique turque qui doit régulièrement proclamer sa loyauté vis-à-vis du « patron » ALORS QUE le premier ministre Parlement ». A eux trois, les partis tant elle apparaît douteuse à turc désigné, Yalim Erez, mettait la de Tansu Ciller, Mesut Yilmaz et beaucoup, se retrouve aujourd’hui dernière touche à son cabinet, qui Bülent Ecevit contrôlent 297 des considérablement affaibli par le devait être composé des trois par- sièges parlementaires, ce qui leur départ − exigé par Tony Blair, dit- tis de la coalition actuelle, Tansu donne une marge considérable, la on − de son conseiller de presse. Il Ciller, dirigeante du Parti de la majorité requise pour le vote de est vrai qu’à quarante-quatre ans, juste voie (DYP), a lancé, lundi confiance étant de 276 voix. dont cinq au service de M. Brown, 4 janvier, une attaque de dernière Accusée de corruption, critiquée Charlie Whelan était, pour le mi- minute qui menace de détruire cet pour son alliance avec les isla- nistre des finances, beaucoup plus édifice politique délicat. mistes et ses liens avec l’extrême- qu’un simple porte-parole, un Mme Ciller a pratiquement cla- droite, Tansu Ciller a néanmoins « manipulateur de grande classe, qué la porte au nez de M. Erez, un démontré, à plusieurs reprises, son qui savait “vendre” son ministre à de ses anciens proches collabora- habileté à manœuvrer dans les la presse », reconnaissent ses en- teurs, lorsqu’il est venu demander eaux troubles de la politique nemis. « Qui vit par l’image meurt la coopération du DYP. Elle a en- turque. L’arrivée de Yalim Erez au par l’image », ironise encore Mike suite relancé l’idée d’un gouverne- premier plan de la scène politique Russel. Avant de devenir ministre ment minoritaire formé par Bülent la menaçait directement, ce qui l’a en 1997, Peter Mandelson, qu’on Ecevit, dirigeant du Parti démocra- poussée à agir. L’ancien président appelait alors « le prince des té- tique de gauche (DSP), qui serait de l’Union des chambres de nèbres », assumait la même fonc- soutenu de l’extérieur par plu- commerce semble en effet être le tion de faiseur d’image auprès de sieurs partis et dirigerait le pays candidat choisi par l’« establish- Tony Blair... jusqu’aux élections, prévues pour ment » pour prendre en mains les Mais, au-delà de l’importance le 18 avril. Tansu Ciller avait pour- rênes de la droite centriste, une démesurée prise ces dernières an- tant très récemment rejeté cette place que Mme Ciller et Mesut Yil- nées par tous ces jeunes sorciers hypothèse. maz se disputent âprement depuis de la communication dans la poli- Ce revirement surprise de l’an- des années. tique britannique – une soixan- cien premier ministre (1993-1996), Le programme de réformes am- taine d’entre eux seraient au- qui fut ensuite la partenaire privi- bitieux proposé par Yalim Erez jourd’hui régulièrement appointés légiée de l’islamiste Necmettin Er- avait alimenté les soupçons de sur fonds publics par les différents bakan dans son gouvernement l’opposition – les islamistes et le ministères –, la bataille des « spin- (1996-1997), a été accueilli favora- parti de Mme Ciller – qui craignait doctors », les faiseurs d’images, re- blement par M. Ecevit, vétéran de que, une fois en place, son gouver- couvre sans doute des rivalités po- la gauche nationaliste qui, à l’âge nement ne tente de retarder les litiques plus sérieuses. de soixante-quatorze ans, ne voit élections anticipées, avec l’accord La nomination, lundi, par le pre- pas d’un mauvais œil l’idée de re- du chef de l’Etat et de l’armée, qui mier ministre de deux personnali- venir au pouvoir. Bülent Ecevit, souhaitent éviter un succès électo- tés qui lui sont totalement dé- qui a récemment échoué dans sa ral des islamistes. Ceux-ci ont ce- vouées – Lord Falconer et Dawn tentative de former un gouverne- pendant, pour l’instant, refusé de Primarolo –, pour remplacer res- ment, a cependant précisé que ce soutenir la proposition de Mme Cil- pectivement Peter Mandelson à la mandat étant actuellement entre ler. tête du projet-phare des célébra- les mains de M. Erez, il ne pouvait Les 35 millions d’électeurs turcs tions du millénaire – le Dôme de rien faire tant que le président de devront choisir, le 18 avril, parmi Londres – et Goffrey Robinson au la République, Suleyman Demirel, vingt et un partis alignés sur un poste de trésorier-payeur général, ne lui avait pas repassé le flam- bulletin de vote qui mesure ainsi démontre que Tony Blair entend beau. 86 centimètres... Les fonction- garder en main le ferme contrôle naires et employés de l’Etat qui de la politique gouvernementale. VINGT ET UN PARTIS EN LICE souhaitent se lancer dans la car- Au moment où de plus en plus de Tansu Ciller a également obtenu rière politique doivent soumettre voix, au sein de la gauche travail- le soutien – crucial – de son rival leur démission avant le 11 janvier liste, dénoncent la dérive droitière conservateur, Mesut Yilmaz, diri- pour être éligibles. Faute de pro- du gouvernement, où certains, geant du Parti de la mère patrie gramme politique et d’idées nou- comme John Prescott, vice-pre- (ANAP), qui contrôle 137 des velles, les diverses formations sont mier ministre et allié du chancelier 550 sièges à l’Assemblée nationale. actuellement à la recherche de Gordon Brown, évoquent « les va- Après sa discussion avec Mme Cil- candidats médiatiques suscep- leurs » du travaillisme, sous-en- ler, M. Yilmaz a déclaré que « pour tibles d’attirer l’attention d’élec- tendu « à l’ancienne », Tony Blair la première fois, il semble que nous teurs désillusionnés. se rebiffe. soyons arrivés à un consensus sus- ceptible d’obtenir la majorité au Nicole Pope Patrice Claude LeMonde Job: WMQ0601--0005-0 WAS LMQ0601-5 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3135 Lcp: 700 CMYK
INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999 / 5 La violence religieuse, politique et mafieuse Déportations et assassinats de dissidents en Irak devient incontrôlable au Pakistan WASHINGTON. Le département d’Etat américain a fait état lundi « d’arrestations massives et de centaines d’exécutions sommaires de dissi- dents » chiites dans le sud de l’Irak et les banlieues chiites de Bagdad au Le Pendjab est le théâtre privilégié d’une lutte endémique entre groupuscules extrémistes cours des six semaines écoulées. Informé par des mouvements chiites d’opposition que Washington considère comme crédibles, le porte-pa- L’année 1999 a commencé dans la violence au quée. La province du Pendjab est un lieu privilé- mafieux. Les mesures antiterroristes du gouver- role du département d’Etat, James Rubin, a précisé que « des centaines Pakistan, où seize chiites ont été tués, lundi gié de conflits sanglants, qui ne sont pas exclu- nement ne peuvent remédier à cette situation, de personnes ont été tuées dans des opérations conduites directement par 4 janvier, lors d’une fusillade dans une mos- sivement religieux, mais aussi politiques et alors que le pays est en quasi-banqueroute. Qoussaï Hussein », un des fils du président irakien. Selon M. Rubin, cette répression « a atteint son point culminant en novembre » dernier. Il a aus- NEW DELHI comme tels, sont morts en déten- si affirmé qu’avaient été déportés vers Bagdad plus de 2 000 civils habi- de notre correspondante Le Pendjab, une région de conflits sanglants tion, et les tribunaux militaires ont tant à la lisière des marais du sud de l’Irak, en particulier des femmes,
en Asie du Sud déjà envoyé à la mort deux « sus- des enfants et des vieillards. Sept villages auraient été détruits par les Gilgit CHINE Une tentative d’assassinat du ATTENTAT CONTRE pects ». Depuis le retour de la dé- forces irakiennes dans cette région. FRONTIÈRE LE PREMIER premier ministre, Nawaz Sharif, DU NORD-OUEST CACHEMIRE mocratie, en 1988, c’est la troisième M. Rubin a réaffirmé la volonté des Etats-Unis de faire respecter les MINISTRE seize morts lors d’une fusillade Peshawar fois que Karachi est soumis à ce ré- « zones d’exclusion aériennes » dans le nord et le sud de l’Irak. Une dans une mosquée chiite, deux AFGHANISTAN gime, et nul ne croit qu’une solu- autre source militaire américaine, anonyme, a indiqué lundi que des pendaisons en une semaine à Kara- FUSILLADE DANS tion soit en vue. avions de chasse irakiens se sont approchés des limites des zones d’ex- ISLAMABAD UNE MOSQUÉE chi après des procès expéditifs : le La lutte politique et mafieuse qui clusion et y ont même pénétré brièvement ces derniers jours. – (AFP.) Lahore Pakistan débute l’année comme il RÉPRESSION oppose, dans cette ville de tous les Quetta avait fini 1998, dans une violence de MILITAIRE trafics, le MQM (parti des musul- plus en plus incontrôlable. Multan mans venus d’Inde, lors de la parti- L’ONU « indignée » par les attentats L’attentat perpétré lundi 4 jan- BALOUTCHISTAN PENDJAB PAKISTAN tion, en 1947) à l’une des forma- vier par quatre jeunes gens à moto- IRAN tions qui en sont dissidentes, le cyclette contre des fidèles chiites INDE MQM-Haqiqi, largement soutenu, SIND contre deux de ses avions en Angola qui priaient dans la mosquée de sinon créé par le pouvoir, pour Karamdad Koreshi, petit village de Hyderabad contenir les revendications des Mo- NEW YORK. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est déclaré « indigné », la province centrale du Pendjab (Le hadjirs (réfugiés), dépasse de loin lundi 4 janvier, par le deuxième attentat perpétré contre un de ses Karachi Monde du 5 janvier), risque de re- 200 km de simples mesures de répression. avions en Angola (Le Monde du 4 janvier). Il a réclamé une « coopération lancer la lutte que se livrent depuis Mer d'Oman C’est un problème politique qui ne immédiate et entière » du gouvernement angolais et de l’Unita, le mou- plusieurs années, surtout dans trouvera de solution que politique. vement d’opposition de Jonas Savimbi, pour la recherche d’éventuels cette région, les groupuscules ex- Devant l’effondrement des insti- survivants, Les deux appareils, emportant respectivement quatorze et trémistes sunnites et chiites. Cette Les musulmans pakistanais tutions politiques, judiciaires et po- huit personnes, ont été abattus, les 26 décembre 1998 et 2 janvier, dans attaque, qui rappelle celle du licières, la corruption généralisée et le centre du pays. 11 janvier 1998 contre un cimetière b LES SUNNITES : majoritaires contrer l’islamisation grandissante, le mépris de la loi à tous les ni- En dépit des appels du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, et chiite, qui avait fait vingt-quatre dans une population à 97 % au bénéfice des sunnites, instaurée veaux, beaucoup de Pakistanais en d’une résolution votée jeudi par le Conseil, aucune équipe de secours morts, est survenue alors même musulmane, les sunnites sont par le général Zia-ul-Haq viendraient presque à regretter les n’a encore pu se rendre sur les lieux. 1 000 « casques bleus » sont char- que les tribunaux antiterroristes traversés par plusieurs courants (1978-1988). régimes militaires qu’ils ont coura- gés de surveiller l’application des accords de paix de Lusaka de 1994, au- mis en place par le gouvernement extrémistes, alimentés par des écoles b LES MOHAJIRS : constituant geusement combattus. Triompha- jourd’hui ouvertement violés par les deux parties. Des membres du pour tenter de mettre fin à ces religieuses (madrassa) dont certaines environ 60 % des 12 millions lement élu en février 1997, Nawaz Conseil ont proposé l’évacuation de cette mission de l’ONU. – (AFP, luttes sectaires venaient de ont été financées par l’Arabie d’habitants de Karachi, les mohajirs, Sharif n’a fait que renforcer ses Reuters.) condamner à mort quatorze mili- saoudite qui, au début des années 80, ou réfugiés, sont des musulmans pouvoirs, et il est sans aucun doute tants. Parmi eux figurent huit sun- voulait faire pièce au regain venus d’Inde lors de la partition, en le premier ministre le plus puissant nites, accusés d’un attentat, en fé- d’influence de l’Iran sur les chiites. 1947. Ils vivent surtout dans la de l’histoire du Pakistan. Mais, pa- Un ministre finlandais démissionne vrier 1997, contre le centre culturel b LES CHIITES : ils constituent province du Sind, dont Karachi est la radoxalement, le pays n’a jamais iranien de la ville de Multan (huit environ 20 % des musulmans capitale, et luttent pour la été aussi mal. morts, dont un diplomate iranien) pakistanais. Ils ont relevé la tête, à la reconnaissance de leur spécificité et Evitée de justesse grâce au sou- après une privatisation frauduleuse et six chiites, condamnés pour l’at- fois sous l’influence de l’Iran et pour davantage de pouvoirs. tien des Etats-Unis – inquiets de la taque d’une mosquée sunnite, en possible dérive islamique radicale STOCKHOLM. La plus grosse privatisation de l’histoire de la Finlande septembre 1996, qui avait fait vingt- d’un pays aujourd’hui puissance s’est soldée, lundi 4 janvier, par le renvoi du PDG de la société concer- deux morts. gré les mesures antiterroristes, qui du pays, qui vit depuis décembre nucléaire –, la banqueroute du Pa- née et la démission du ministre des communications. Le conseil d’ad- Radicalisés par la guerre en Afg- donnent à la police presque tous 1998 quasiment sous un régime de kistan pourrait de nouveau se pro- ministration de Sonera, plus gros opérateur téléphonique du pays, a hanistan, à laquelle aurait participé les droits, la violence au Pendjab a loi martiale, après que les violences filer si des mesures économiques renvoyé son PDG Pekka Vennamo pour avoir acquis indirectement plus de 20 000 jeunes Pakistanais y fait plus de 1 100 morts en 1998, et y ont fait près de 1 000 morts en sévères n’étaient pas prises. Mais 25 000 actions de la firme, en plus des 20 000 qui lui avaient été accor- ayant appris le maniement des rien ne permet de penser que les 1998. Depuis la dissolution de l’as- on voit mal un gouvernement dé- dées. Le ministre conservateur Matti Aura avait maintenu sa confiance armes – souvent gardées à la faveur choses puissent s’améliorer. semblée provinciale et les larges considéré, et dont la seule préoc- au dirigeant controversé, jusqu’à ce qu’il reconnaisse, lundi, l’avoir du laxisme du gouvernement –, les pouvoirs donnés par le gouverne- cupation semble être de survivre, « mal jugé ». L’affaire tombe mal pour le gouvernement de coalition groupuscules extrémistes se livrent « SUSPECTS » ment d’Islamabad à l’armée, des di- s’attaquer à des maux structurels. gauche-droite, à deux mois des législatives. L’opposition centriste a ac- une guerre ouverte mêlant poli- La situation n’est guère meilleure zaines d’arrestations ont eu lieu. cusé le ministre d’avoir « bradé » les 20 % des parts de l’Etat dans Sone- tique, religion et banditisme. Mal- à Karachi, la capitale économique Plusieurs suspects, ou considérés Françoise Chipaux ra, dont la vente a rapporté plus de 7 milliards de markka (environ 1,2 milliard d’euros). – (Corresp.)
DÉPÊCHES Aung San Suu Kyi est de plus en plus isolée par la junte birmane a CONGO : Le corps d’un expatrié français de 27 ans a été découvert lundi 4 janvier à N’Kayi, une ville du sud du Congo-Brazzaville, dans les BANGKOK opposante de faire le jeu des « néo- le dialogue, peuvent en tirer quel- centre et minorités. locaux de l’entreprise dont il était le directeur financier, révèle Le Dau- de notre correspondant colonialistes » et l’a assimilée à un ques conclusions. La première est Le prochain test pourrait être, phiné libéré dans son édition de mardi. Thierry Teissedre, originaire des en Asie du Sud-Est « traître ». L’éventualité d’un dia- qu’il faudra du temps et beaucoup dans la deuxième quinzaine de jan- Avenières (Isère), a été retrouvé assassiné par une mission de reconnais- Comme chaque semaine, ces der- logue entre les militaires et d’énergie pour convaincre la junte vier, une visite d’Alvaro de Soto, le sance dépêchée par sa firme, une filiale des Grands Moulins de Paris. Le niers temps, Aung San Suu Kyi s’est Mme Suu Kyi n’a donc jamais paru si que sa politique actuelle ne la mène représentant spécial de Kofi Annan, pays est en proie depuis décembre à une recrudescence des combats rendue à Rangoun, lundi 4 janvier, éloignée. Même si leur pays est au nulle part. En outre, aucune réu- qui s’est déjà rendu à Rangoun meurtriers entre, d’un côté, l’armée et les miliciens Cobras du président date du 51e anniversaire de l’indé- bord de la banqueroute, les géné- nion ne peut avoir lieu sur le sol fin octobre après une rencontre en Denis Sassou Nguesso, soutenus par des soldats angolais, et, de l’autre, pendance de la Birmanie, au siège raux ne manifestent pas le moindre birman. La troisième est qu’il faut Grande-Bretagne entre Britan- les miliciens de l’ancien premier ministre Bernard Kolélas. – (AFP) de son mouvement, la Ligue natio- signe de vouloir partager le pou- associer à toute initiative des mino- niques, Thaïlandais, Japonais, Amé- a ISRAËL : la Knesset a adopté, lundi 4 janvier, la loi organisant des nale pour la démocratie (LND), voir. rités ethniques qui, pour l’essentiel, ricains, Australiens et Philippins. élections générales anticipées le 17 mai. Les députés ont voté la proposi- pour y distribuer du riz aux nécessi- entretiennent une paix armée et Une autre occasion devrait être tion en dernière lecture par 85 voix pour, 27 contre et 1 abstention. «La teux. La raison de ce geste : donner MINORITÉS ETHNIQUES bien précaire avec la junte de Ran- fournie par l’assemblée d’Interpol, quatorzième législature est dissoute », a proclamé le président du Parle- l’impression que la LND vit encore Les gouvernements occidentaux goun. Depuis sa naissance, l’Union prévue à Rangoun du 23 au 26 fé- ment, Dan Tikhon. Le scrutin aura lieu avec un an et demi d’avance sur alors que, sous forte pression des et asiatiques qui, avec l’aide de birmane, que les militaires ont re- vrier. la date normale de novembre 2000. – (AFP.) militaires, elle se vide de son sang. l’ONU et de la Banque mondiale, baptisée Myanmar en 1989, est mi- a 46 000 ressortissants de l’ex-URSS ont immigré en Israël en 1998, Certes, si des élections libres cherchent depuis octobre à rétablir née par les heurts entre Birmans du Jean-Claude Pomonti contre 54 000 l’année précédente, a indiqué un rapport officiel publié avaient lieu en Birmanie, le Prix mardi. Selon l’Agence juive, organisme paragouvernemental chargé de Nobel de la paix 1991 l’emporterait l’immigration, les nouveaux arrivants d’ex-URSS (surtout de Russie et haut la main, comme en 1990. Mais d’Ukraine) ont représenté 80 % du total des immigrants arrivés en Israël il en est moins question que jamais Des prêtres chinois seraient soumis à des tortures sexuelles en 1998. En tout, 769 000 ressortissants de l’ex-URSS sont arrivés en Is- et la junte au pouvoir, le Conseil raël depuis 1989. – (AFP.) pour la paix et le développement DES PROSTITUÉES auraient tuées » dans sa chambre d’hôtel. rapporte que « même ceux qui ré- a CHINE : une centaine d’ouvriers en retraite qui manifestaient lundi (SPDC), démantèle avec succès la été recrutées dans des prisons Selon Fides (agence de la sistent reçoivent constamment des 4 janvier dans la province de Wuhan, dans le centre du pays, ont été ar- LND. Arrestations, placements en chinoises pour tenter de compro- Congrégation du Vatican pour visites de filles qui cherchent à em- rêtés par la police et certains ont été passés à tabac, selon une organisa- résidence surveillée et démissions mettre des prêtres de l’Eglise ca- l’évangélisation des peuples), plu- brasser le prisonnier (...). Si vous hé- tion hongkongaise des droits de l’homme. Les retraités protestaient forcées de centaines de membres tholique « clandestine » (8 mil- sieurs prêtres auraient été vic- sitez un instant, affirme un témoin, contre les retards dans le versement de leurs pensions mensuelles. – ont défait le réseau de la Ligue. lions à 10 millions de fidèles selon times de « tortures sexuelles », la photo prise par la caméra donne (Reuters.) C’est la réponse des militaires à la les estimations) qui se distingue dans la province du Hebei, au sud l’impression que vous avez couché a BELGIQUE : des sans-papiers s’enduisent d’excréments afin d’évi- campagne menée par Mme Suu Kyi, de l’Association « patriotique » de Pékin, où la répression antireli- avec ». ter leur expulsion de Belgique, ont reconnu, lundi 4 janvier, le parquet l’an dernier, en faveur d’une réu- des catholiques de Chine contrô- gieuse serait l’une des plus sévères Les autorités chinoises ont dé- de Bruxelles et une source proche de la gendarmerie, à la suite d’une nion des élus de 1990, membres de lée par le régime (4 millions), non du pays. L’agence cite le cas de Li menti ces informations, mardi polémique soulevée par le journal Het Laatste Nieuws. Celui-ci a révélé la LND dans leur immense majori- reconnue par le Vatican. Cette in- Qinghua, 31 ans, prêtre du district 5 janvier. Un responsable des af- qu’en décembre le parquet a visionné vingt vidéos de rapatriement for- té. formation a été publiée, lundi de Yixian, arrêté le 15 novembre et faires religieuses de la préfecture cé de personnes sans papiers ; certaines montrent des sans-papiers nus, Cette entreprise s’accompagne 4 janvier, à Rome. Elle rejoint celle enfermé dans une prison du Xus- de Baoding a affirmé qu’il était douchés et savonnés de force. Selon le porte-parole du parquet, il arrive de rassemblements contre l’oppo- qui fait état, dans le New York hui, près de Baoding. Selon « impossible de faire changer d’opi- que des demandeurs d’asile déboutés s’enduisent de leurs excréments sante et d’attaques verbales de plus Times du 5 janvier, de l’arrestation l’agence vaticane, « le personnel nion des religieux dissidents avec pour entraver leur expulsion, ce qui rend une douche nécessaire. – en plus vives à son égard. Le géné- à Shanghaï d’un dissident, féminin de la prison, composé de des prostituées ». Par ailleurs, des (AFP.) ral Than Shwe, président du SPDC, convaincu de proxénétisme après prostituées, cherche par tous les sources de Hongkong viennent de a ROUMANIE : Les mineurs en grève depuis lundi ont menacé le gou- a accusé, sans la nommer, la célèbre la découverte de deux « prosti- moyens possibles à avoir des rap- rapporter le cas du Père Wang vernement, qui refuse de négocier, de descendre sur Bucarest. Menés ports sexuels avec lui », sous le Zhongfa, dans la province de Zhe- par Miron Cozma, le leader syndical qui avait dirigé les sanglantes ma- contrôle d’une caméra. Il s’agit de jiang, à qui on interdit de se nifestations dans la capitale en 1990 et 1991, les quelque 15 000 grévistes « lui faire confesser par le chantage rendre, avec ses fidèles, au cime- de la Vallée du Jiu (centre) demandent l’abandon du programme gou- ses contacts avec d’autres prêtres de tière où est enterré un prêtre mort vernemental de fermeture des mines non rentables. – (AFP.) l’Eglise clandestine et à l’obliger à en détention en 1955. s’inscrire à l’Association des catho- Avec l’Eglise catholique clandes- liques progouvernementale ». tine, les Eglises « domestiques » (obligées de se réunir dans des « UNITÉ SPÉCIALE » maisons privées), proches des mi- L’agence Fides affirme que « de- lieux protestants évangéliques, SPORTS puis quelques années, le gouverne- sont devenues les « cibles privilé- ment de la province d’Hebei a ins- giées » de la répression, selon Athlétisme, Cyclisme tallé à Xushui une “unité spéciale” Eglises d’Asie, l’agence des Mis- Football, Rugby, Tennis... pour faire “changer leurs idées” sions étrangères de Paris. Dans un aux prêtres ». Elle rapporte des té- document sans précédent, publié moignages de prêtres emprison- dans la province du Hunan en août RÉSULTATS, RECORDS nés, soumis à la « pression des 1998, leurs responsables ont lancé prostituées, qualifiées de personnel un appel au gouvernement pour et PALMARÈS
féminin de service, qui cherchent à lui demander de faire cesser toute 2,23 F/mn avoir un rapport sexuel avec vous, violation des droits religieux. en vous adressant des mots doux, accompagnés de gestes ». Fides Henri Tincq 3615 LE MONDE LeMonde Job: WMQ0601--0006-0 WAS LMQ0601-6 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3136 Lcp: 700 CMYK
6 FRANCE LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999
SÉCURITÉ Le président de la Ré- tation des vœux du gouvernement. en assurant que son inquiétude re- selon les chiffres provisoires établis par rapport à 1997. b L’ÉLYSÉE a pré- publique est revenu sur les pro- Trois jours après avoir évoqué le pro- joint celle du premier ministre et de par les services de police et de la gen- paré, depuis plusieurs mois, cette of- blèmes liés à l’augmentation de l’in- blème lors de ses vœux du 31 dé- son ministre de l’intérieur. b LA DÉ- darmerie. Globalement, pour les on- fensive sur l’insécurité. De son côté, sécurité, lundi 4 janvier, lors de la cembre, le chef de l’Etat a jugé la si- LINQUANCE des mineurs a, à nou- ze premiers mois de l’année, les faits le gouvernement réfléchit au renfor- cérémonie traditionnelle de présen- tuation « très préoccupante », tout veau, fortement augmenté en 1998, délictueux sont en hausse de 2,7 % cement de sa politique en la matière. M. Chirac et M. Jospin rivalisent face à la délinquance des mineurs Le chef de l’Etat a fait part, lundi 4 janvier, de sa préoccupation devant l’augmentation du niveau de la délinquance et en particulier de celle des mineurs. Le premier ministre n’entend pas laisser au président de la République l’initiative sur ce terrain
LE CHIFFRE, confidentiel encore, décembre, ils marquent cependant propres préoccupations et celles du tielles des Français. Il faut le re- nourrit toutes les inquiétudes. Du- la première hausse des crimes et dé- gouvernement en disant cela. Ce sont connaître : nos compatriotes sont trop rant les onze derniers mois de 1998, lits enregistrée après trois années de des domaines où la mobilisation de souvent confrontés à l’insécurité dans la délinquance enregistrée dans baisse (1995, 1996, 1997) et ramènent tous est nécessaire dans l’intérêt de la leur vie quotidienne. C’est inaccep- l’Hexagone a augmenté de 2,7 % par ainsi la statistique globale au niveau France et des Français. » table. » rapport à 1997. Une statistique alar- des années du début de la décennie. En fait, M. Jospin n’est pas surpris Ainsi, l’action gouvernementale mante, faite de voitures brûlées ou Cette hausse, qui mesure l’activité de l’angle d’attaque choisi par le pourrait être placée en 1999 sous le de chauffeurs de bus agressés, de de quelque 7 000 services de police chef de l’Etat. Lui-même s’est alar- double signe de la lutte contre le violences quotidiennes aussi, et dont et de gendarmerie à partir des pro- mé, tout au long de l’automne, de chômage et l’insécurité. Mais pour y se saisissent déjà Jacques Chirac et cès-verbaux de police judiciaire, est cette délinquance quasi quoti- parvenir, le premier ministre doit Lionel Jospin pour alimenter l’une inégalement répartie sur le terri- dienne. Les agressions répétées trancher un débat qui, pour l’ins- des luttes sourdes que sécrète la co- toire. La préfecture de police, à Paris contre des chauffeurs de bus dans la tant, divise la gauche. Il s’agit du habitation au sommet de l’Etat. et en petite couronne, et la gendar- banlieue parisienne à la fin sep- traitement à réserver aux jeunes dé- Ces 2,7 %, le président les a en merie, en charge des zones rurales tembre, puis la succession des voi- linquants qui, protégés par la loi, ré- tête lorsqu’il reçoit le gouverne- ou péri-urbaines, ont plus été tou- tures brûlées à Toulouse, début dé- cidivent et contribuent à entretenir ment, à l’Elysée, lundi matin 4 jan- chées que la sécurité publique, cembre, l’ont convaincu de la un mauvais climat dans les cités. En vier, pour la traditionnelle cérémo- compétente, elle, dans les villes de nécessité d’agir. Il s’en est entretenu 1997, M. Chevènement proposait nie des vœux. Ce jour est aussi celui province. Ainsi, la hausse moyenne régulièrement avec M. Chevène- « le retour au regroupement des mi- du grand retour du ministre de l’in- mensuelle a varié entre 1 % et 3 % à ment qui, bien que convalescent, a neurs délinquants dans des structures térieur, Jean-Pierre Chevènement, Paris et en zone de gendarmerie, été très actif. A la suite de ces dis- closes » afin « d’écarter les petits convalescent depuis le mois de sep- alors qu’elle n’était que de 0 % à 1 % cussions avec le premier ministre, le noyaux durs de multirécidivistes ». A tembre, à la suite d’un accident opé- en sécurité publique. A l’exception ministre de l’Intérieur a régulière- l’époque, confronté au refus ratoire. Tout est réuni, donc, pour notable, toutefois, de novembre : ce ment demandé des documents à d’autres membres de son gouverne- que la sécurité des Français de- mois-là, la sécurité publique y a en- son cabinet pour, finalement, rédi- ment, le premier ministre n’avait pas vienne le principal sujet du débat registré une hausse de plus de 7 % ger une longue note à l’attention de voulu suivre les suggestions du mi- politique. Dans son propos, le pré- des faits constatés par rapport à M. Jospin, qu’il lui a remise à la fin nistre de l’Intérieur. Celui-ci revient sident de la République juge « très 1997. La délinquance des mineurs de la semaine dernière. à la charge dans sa note. Et il sait préoccupante » la montée de la vio- poursuit l’explosion statistique rés par la Coupe du monde de foot- plémentaire de plaignants. Long d’une trentaine de pages, ce que cette fois, il a toutes les chances lence en France. Elle ne touche plus commencée sous le gouvernement ball a provoqué une explosion des Malgré tout, la tendance est là, document constitue un véritable d’être entendu. Ce qui, pour la uniquement, assure-t-il, les quartiers d’Edouard Balladur en 1994, et pour- vols à la tire. La grève du zèle obser- mauvaise, et le chef de l’Etat insiste. plan d’action que M. Chevènement gauche, représenterait sur ce dossier sensibles et leurs auteurs, ajoute-t-il, suivie en 1995, 1996 et 1997. Cette vée par les officiers de police pour Il souhaite une « réponse globale », se propose de mettre en œuvre un changement culturel comparable sont de plus en plus jeunes. année encore, le chiffre devrait at- protester contre la fiscalisation de qui « implique que chaque membre pour tenter d’endiguer le fléau. Son à celui qu’elle a tant de mal à assu- Sur ces deux points, M. Chirac est teindre la moyenne enregistrée au leurs primes a pu en partie favoriser du corps social assume sa part de res- application permettrait de donner mer dans le dossier sur l’immigra- bien renseigné. Les chiffres ont été cours de cette période de quatre un regain de délinquance. A l’in- ponsabilités et que les pouvoirs pu- corps au souhait exprimé par tion. obtenus à partir des statistiques de ans, soit environ 20 %. verse, la possibilité offerte aux Pari- blics, toujours mieux coordonnés, M. Jospin, le 24 octobre 1997, à l’oc- Mais M. Jospin semble décidé à la préfecture de police à Paris, la di- Bien sûr, des causes conjonctu- siens de déposer une plainte dans soient efficaces dans leur action ». casion d’un colloque gouvernemen- passer aux actes. Et puis il sait que, rection centrale de la sécurité pu- relles peuvent expliquer ces mauvais tous les commissariats de la capitale Puis, ayant dit ce qu’il avait à dire, tal consacré à la lutte contre la délin- depuis l’Elysée, M. Chirac veille. blique en province et de la gendar- résultats. Le ministre de l’intérieur à toute heure du jour et de la nuit, M. Chirac se fait tout à coup plus quance. « Après l’emploi, assurait merie. Encore provisoires en explique qu’à Paris par exemple, l’af- ce qui n’était pas le cas auparavant, conciliant : « Je sais, Monsieur le pre- alors le premier ministre, la sécurité Jean-Michel Aphatie l’absence des éléments du mois de flux de touristes et d’étrangers atti- a sans doute entraîné un afflux sup- mier ministre, que je rencontre vos est l’une des préoccupations essen- et Pascal Ceaux L’offensive soigneusement Les auteurs de violences dans le Bas-Rhin écopent de peines de détention ferme STRASBOURG cool, mais Frank a résumé : « Je ne pourquoi il s’est mis en tête de casser enfant, a déjà écopé de cinq mois de préparée de Jacques Chirac de notre correspondant régional sais pas pourquoi j’ai fait ça, c’est un Abribus. « C’était n’importe prison avec sursis pour violence ; Tandis que les incidents conti- comme ça. » quoi ! », dit-il. Et, surtout, il n’a pas cette fois, il a agressé, sous l’emprise AUDITIONS de professionnels, Dans ses deux derniers numéros, nuent à Strasbourg et dans sa péri- Grégory, dix-neuf ans, sans em- su dire au tribunal ce qu’il comptait de l’alcool, trois policiers d’une bri- discussions avec des élus, lectures le journal du groupe RPR de l’As- phérie – quatre-vingts véhicules ont ploi, vit chez ses parents. Interpellé faire de ses journées s’il était remis gade anticriminelle en les traitant de de rapports, relais parlementaires : semblée nationale teste ses lec- été incendiés, depuis la nuit de la pour avoir cassé la vitre d’un Abribus en liberté. « fils de putes » dans le quartier du les premières interventions du chef teurs sur le sujet. Dans sa livraison Saint-Sylvestre, dans le Bas-Rhin –, à Koenigshoffen, faubourg de l’ouest Les cinq autres prévenus, qui s’en Neuhof, au sud de l’agglomération de l’Etat sur l’insécurité et la délin- de décembre, le journal consacre huit jeunes gens ont comparu de- de Strasbourg, il a donné un coup de étaient pris, eux aussi, aux forces de strasbourgeoise. quance des mineurs, à l’occasion un article aux mesures prises par le vant le tribunal correctionnel de la tête à un policier après que celui-ci, l’ordre, ont demandé le renvoi de Jonathan, vingt ans, n’était pas en des vœux du 31 décembre 1998, chef du gouvernement britannique, capitale alsacienne, lundi 4 janvier. raconte-t-il, l’a « provoqué » en lui l’audience, comme le permet la pro- état d’ébriété, mais il détenait puis lundi 4 janvier, devant le gou- Tony Blair, en matière de lutte Sur la cinquantaine de personnes in- donnant des tapes sur la figure. Ce cédure de comparution immédiate. 4 grammes de cannabis. Sous vernement, ont fait l’objet d’une contre la délinquance des mineurs : terpellées depuis le 1er janvier, trente geste d’« énervement » explique la Jacques, vingt ans, déjà condamné à contrôle judiciaire après avoir purgé préparation soignée. Elles en an- modification du traitement pénal et une sont mineures, dont deux en- sévérité du tribunal, qui a prononcé six mois de prison pour vol, s’est at- un an de prison, il a appelé sa bande noncent d’autres. Depuis le mois qui leur est applicable, rétablisse- fants de douze ans ; un seul ado- une peine plus lourde – dix mois de taqué, à Haguenau, à un fourgon de à la rescousse lorsque la police l’a ap- d’octobre 1998, la dernière recrue ment du couvre-feu pour les mi- lescent, âgé de seize ans, a été main- prison, dont cinq fermes – que celle police à coups de pierre et de ca- préhendé à La Meinau, quartier sud de l’Elysée, Valérie Pécresse, neurs de moins de dix ans, respon- tenu en détention. demandée par M. Wagner (six dont nettes de bière. Steve, vingt-deux de Strasbourg. Il va être jugé pour conseillère d’Etat, travaille sur ce sabilisation des parents d’enfant « C’est sévère pour une première trois). Lui non plus, il ne sait pas ans, peintre en bâtiment et père d’un rébellion et détention de stupéfiants. sujet (Le Monde du 2 décembre délinquant récidiviste. Le journal condamnation, mais cela s’inscrit Murat, vingt ans et déjà condamné à 1998). Elle a notamment fait plan- oppose cette politique à celle du dans un contexte de violences ur- un an de prison pour vol, et son ami cher le groupe des dix députés RPR gouvernement de M. Jospin, qui, baines », a répété, tout au long de Un an de prison pour l’agresseur d’un chauffeur de bus de dix-neuf ans, qui porte le même coordonnés par Henri Cuq, à l’oc- souligne-t-il, « refuse toute modifi- l’audience, Pierre Wagner, substitut prénom, ont offert une « résistance casion d’un dîner à l’Elysée, fin oc- cation de l’ordonnance de 1945 du procureur de la République. Un homme de vingt et un ans a été condamné, lundi 4 janvier, à violente », en les menaçant d’un tobre. Elle s’est également entrete- concernant les sanctions applicables Frank, dix-huit ans, sans profession, un an de prison ferme par le tribunal correctionnel de Saint- gourdin en bois taillé, aux deux poli- nue de ces questions avec plusieurs aux mineurs », « compare les maires et Michael, vingt et un ans, travail- Etienne pour avoir frappé le conducteur d’un autobus avec une ciers qui voulaient les verbaliser personnalités, dont l’ancien mi- qui ont pris des arrêtés similaires [le leur intérimaire, ont été les premiers batte de base-ball, le 30 décembre, au Chambon-Feugerolles parce qu’ils n’avaient pas attaché la nistre de l’intérieur Jean-Louis De- couvre-feu] à des pourfendeurs de à payer cher leur errance de la nuit (Loire), dans la banlieue stéphanoise. ceinture de sécurité de leur voiture. bré. la liberté individuelle » et refuse la du 31 décembre au 1er janvier : huit Le jeune homme était entré dans l’autobus et avait brisé une « Vous ne faites pas la loi, ici on est au Alerté dès l’automne sur une « mise sous tutelle des allocations so- mois de prison, dont quatre fermes, vitre avant d’assener un coup de batte au chauffeur, qui, souffrant Neuhof », leur avait dit Murat. hausse des chiffres de la délin- ciales ». L’offensive est donc prête. pour avoir tenté d’incendier une ca- d’un hématome, s’est vu prescrire un jour d’arrêt de travail. Le par- Tous ont été maintenus en déten- quance, M. Chirac entendait bien Il ne reste plus qu’à attendre une mionnette à Schweighouse-sur-Mo- quet avait requis deux ans fermes pour violences aggravées avec tion provisoire jusqu’aux comparu- faire de ce thème une des batailles nouvelle flambée de violence. der, dans le nord du département. Ils arme sur agent chargé d’une mission de service public. Jugé en tions, prévues dans les six semaines. de la cohabitation. Il a été encoura- ont expliqué qu’ils avaient été entraî- comparution immédiate, le jeune homme a été écroué à l’issue de gé dans cette voie par ses nom- Pascale Robert-Diard nés, qu’ils étaient sous l’effet de l’al- l’audience. Marcel Scotto breux interlocuteurs politiques, très sensibles aux préoccupations de leur électorat. A Matignon, où Vingt ans d’embrasements sporadiques barrage routier provoque l’on disposait des mêmes chiffres, plusieurs nuits d’émeute dans son le danger d’une offensive politique b 1981. A Vénissieux (Rhone), la supermarché est pillé. Plusieurs quartier d’origine, la de M. Chirac sur cette question cité des Minguettes s’embrase, à médias évoquent alors l’« intifada Plaine-du-Lys, à n’avait pas échappé à Lionel Jospin, l’occasion de « rodéos » en des banlieues ». Dammarie-les-Lys. Pendant la fragilisé par l’absence de Jean- voiture. Les acteurs principaux b 1991. Le gouvernement d’Edith nuit de la Saint-Sylvestre, Pierre Chevènement. Invité de sont de jeunes immigrés que la Cresson doit faire face à un 53 voitures sont incendiées à France 2, jeudi 8 octobre, en pleine révolte pousse hors des tours phénomène de contagion. Des Strasbourg. grève des transports en commun, bétonnées de cette ville incidents, plus ou moins violents, b 1998. En octobre, des scènes de après l’agression de chauffeurs de construite à la va-vite dans les ayant toujours pour acteurs des pillage ont lieu place de la bus par des mineurs, le premier mi- années 70. Dans les médias, on jeunes issus de l’immigration, se Nation, à Paris, d’où démarre le nistre s’était montré très ferme à parle de l’« été chaud des produisent, au printemps 1991, premier cortège du mouvement l’égard des auteurs, en dénonçant Minguettes », qui a marqué le dans les cités HLM situées à la lycéen de l’automne. Après une leur attitude « autodestructrice » : début du mouvement des beurs. périphérie des grandes villes, série d’agressions contre les « Ces actes seront sanctionnés, ils le b Juillet 1988. Une soixantaine de notamment Sartrouville, agents de la RATP et de la SNCF, sont. Il n’y a pas d’impunité », avait- jeunes du quartier des « 4 000 », à Mantes-la-Jolie et Les Mureaux une grève paralyse les bus et la il martelé avant d’en appeler à la la Courneuve (Seine-Saint-Denis), (Yvelines), Toulouse, ligne D du RER à Paris. En « responsabilité » des parents (Le incendient des voitures, brisent Saint-Etienne, Carpentras. décembre, à Toulouse, le décès Monde du 10 octobre 1998). des vitrines et s’en prennent aux b Novembre 1995 : la violence d’un jeune de dix-sept ans tué par A ses conseillers et à ses inter- policiers, auxquels ils attribuent touche des quartiers difficiles un policer qui tentait de locuteurs politiques, le chef de la responsabilité de la mort d’un jusqu’alors restés calmes. A Laval l’interpeller pour un vol de l’Etat demandait alors de lui sou- des leurs, après un accident de (Mayenne), des incidents éclatent voiture donne lieu à de violents mettre des propositions de ré- moto alors qu’il tentait après la mort d’un jeune d’origine affrontements. A Strasbourg, en ponses à la question particulière de d’échapper à une patrouille. marocaine dans le commissariat dépit d’une présence policière la délinquance des mineurs. Parmi b Octobre 1990. A Vaulx-en-Velin de la ville. massive et d’une vaste opération les pistes de réflexion qui lui ont (Rhône), des émeutes se b 1997. La mort d’un jeune de de prévention, les affrontements été proposées figurent l’abaisse- produisent après la mort seize ans, tué par la police, le de la Saint-Sylvestre, guettés par ment de la majorité pénale des mi- controversée d’un jeune motard 17 décembre 1997, à les médias, se renouvellent : une neurs ou la responsabilisation ac- poursuivi par la police. Des Fontainebleau (Seine-et-Marne), quarantaine de véhicules sont crue des parents d’enfant voitures sont incendiées et un alors qu’il tentait de forcer un incendiés. délinquant. LeMonde Job: WMQ0601--0007-0 WAS LMQ0601-7 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3137 Lcp: 700 CMYK
FRANCE LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999 / 7 L’élection du président de la région Rhône-Alpes Une prime au départ volontaire pour les agents hospitaliers plonge la droite dans un imbroglio imprévisible LES AGENTS hospitaliers qui souhaitent cesser leur activité avant la retraite bénéficieront d’une « indemnité volontaire de départ ». Prévu de longue date par le gouvernement (Le Monde du 29 juillet), ce pro- jet s’est concrétisé avec la publication, au Journal officiel du 30 dé- Les gaullistes soutiendront, au premier tour, l’UDF Anne-Marie Comparini cembre, d’un décret et d’un arrêté précisant les modalités et le mon- tant, qui ne pourra excéder 300 000 francs bruts (environ La droite RPR et UDF hostile à tout accord avec Mme Comparini contre celle de Charles Millon, accord ne lève cependant aucune des incerti- 45 731 euros). Les agents susceptibles de prendre leur retraite dans les le Front national s’est mise d’accord, lundi 4 jan- lors du premier tour de l’élection du prochain tudes d’un scrutin qui sera placé sous la surveil- deux ans suivant la date de leur démission n’y auront pas droit. Le vier, pour soutenir la candidature de président de Rhône-Alpes, jeudi 7 janvier. Cet lance directe des états-majors nationaux. montant de cette prime de départ est fonction de l’ancienneté du bé- néficiaire : douze mois de traitement brut indiciaire ou du salaire brut FIXÉE au jeudi 7 janvier, l’issue les voix de la gauche pour conserver 35 élus FN, en mars 1998, M. Millon celui, plus petit, des indépendants, entre cinq et quinze ans de services publics effectifs ; seize mois entre de l’élection du prochain président à la droite la région tout en faisant table, en revanche, sur le soutien, et en présence de son lieutenant quinze et vingt ans ; vingt mois entre vingt et vingt-cinq ans ; vingt-six du conseil régional de Rhône-Alpes battre M. Millon, le mouvement de au premier tour, de quelque 43 élus RPR Alain Mérieux, également mois entre vingt-cinq et moins de trente ans de services. Les agents demeure toujours incertaine. Face à Philippe Séguin recherche au de droite. Mme Comparini, elle, peut proche de Jacques Chirac, l’ancien intéressés doivent s’adresser à la Caisse des dépôts et consignations, Charles Millon, candidat à sa suc- contraire une solution excluant aus- espérer les voix des 10 élus du ministre de la défense a indiqué gestionnaire du fonds chargé de financer cette prime. cession après que sa précédente si bien l’appoint de l’extrême droite groupe UDF et des 8 RPR. A qu’il ne pratiquera pas « la politique élection a été annulée par le Conseil que l’entente, même tacite, avec la gauche, le socialiste Jean-Jack du pire ». DÉPÊCHES d’Etat, le RPR et l’UDF préparent majorité. En outre, après neuf mois Queyranne s’est dit « prêt à être Il a ajouté qu’il ferait « tout pour a CONJONCTURE : le moral des ménages a légèrement baissé en l’événement chacun de son côté. de crise, la géographie politique des candidat si la gauche se réunit ». que la région reste à droite, mais pas décembre, selon « l’indicateur résumé » publié, mardi 5 janvier, par Lundi 4 janvier, Philippe Lange- élus régionaux, compliquée par les Dans cette hypothèse, qu’il a évo- avec un candidat qui aura fait un l’Insee (qui prend en compte les opinions favorables et défavorables nieux-Villard, président du groupe relations de personnes, ne permet quée mardi sur France 2, le secré- tour de piste ». L’hypothèse « Gas- des ménages sur leur situation financière). Le solde des réponses est RPR du conseil régional, a certes d’exclure aucune hypothèse. Dans taire d’Etat à l’outre-mer devrait re- con » pourrait alors resurgir, bien négatif de 11 points, contre – 10 points au cours de tous les mois pré- annoncé, dans un communiqué, ce contexte, le désaccord de fond cueillir les voix des 60 élus de que M. Millon l’ait qualifiée, mardi cédents depuis juillet. En janvier 1998, le solde était négatif de que, « dans un souci d’union », les entre le RPR et l’UDF rend la situa- gauche, voire celle du savoisien. matin, sur RTL, de « complètement 23 points. huit membres de son groupe sou- tion imprévisible. Un tel paysage à l’issue du pre- ridicule ». Le RPR pourrait aussi a CGT : Bernard Thibault, futur sécrétaire général de la CGT et tiendront « au premier tour » la can- Au premier tour, le FN, divisé mier tour ouvre de multiples possi- proposer la candidature de Gérard membre depuis décembre 1996 du comité national du Parti didature d’Anne-Marie Comparini. entre une majorité de mégrétistes bilités pour le second. D’abord, Ducarre, membre du RPR mais pré- communiste, reconnaît dans un entretien au mensuel Liaisons so- Proche de Raymond Barre et ad- et une minorité de lepénistes, de- parce que nul ne sait quelle sera, sident du groupe ORA. Ni l’une ni ciales, mardi 5 janvier, qu’une « part non négligeable des responsables jointe au maire de Lyon, vrait présenter la candidature de alors, l’attitude du FN, même si l’autre ne devraient cependant être de la CGT ont un engagement au PCF », mais juge que le cordon ombi- Mme Comparini avait déjà été choi- Denis de Bouteiller. Le durcisse- chacun, à droite comme à gauche, en mesure de réunir 79 voix, soit la lical avec le PCF est rompu, « sans doute plus » qu’on peut « l’imagi- sie par l’UDF, le 15 décembre, pour ment des partisans de Bruno Mé- est convaincu qu’il finira par soute- majorité absolue nécessaire pour ner ». M. Thibault signale aussi que les militants CGT « sont capables être sa candidate. gret, qui ne veulent pas donner nir M. Millon. En second lieu, moins être élu au deux premiers tours. En de prendre le stylo » pour signer des accords avec le patronat, mais L’annonce du RPR constitue un prise à l’accusation de complaisance le score initial de Mme Comparini se- effet, dans ces hypothèses, des voix « tout dépend du rapport de force, de la réalité vécue par les salariés ». changement de cap : jusqu’à à l’égard de la droite, rend peu pro- ra élevée, plus le RPR sera tenté de UDF, mais aussi, au RPR, celle de a CHÔMEURS : plusieurs dizaines de chômeurs ont occupé, lundi présent, le parti gaulliste plaidait, bable, même s’il ne peut être totale- trouver une solution alternative, le Marie-Thérèse Geffroy – l’une des 4 janvier, les locaux de la direction départementale du travail à Li- comme Démocratie libérale, en fa- ment exclu, un vote du FN dès le cas échéant en concertation avec trois élus de droite à n’avoir pas vo- moges (Haute-Vienne), avant d’être expulsé par les forces de police. veur de la candidature du doyen premier tour pour M. Millon. Elu M. Millon. Lundi soir, devant ses té pour M. Millon en 1998 – de- Une cinquantaine de chômeurs et militants d’associations contre le d’âge de l’assemblée régionale, avec les voix de 58 des 61 élus de partisans rassemblés dans le groupe vraient faire défaut. chômage ont aussi envahi, lundi, le siège de la fédération du PS à Bor- Pierre Gascon (DL), fidèle de droite et du chasseur, et celles des Oui à Rhône-Alpes (ORA) et dans Un faible score de Mme Comparini deaux. Ils réclamaient une prime de fin d’année de 3 000 francs (envi- M. Millon (lire ci-dessous). Mais elle rendrait également difficile un dé- ron 457 euros) et le relèvement des minima sociaux au niveau du est tout sauf un ralliement à la stra- sistement, au second tour, du candi- SMIC. tégie proposée par l’UDF. Le porte- Avertissement de longue date dat de gauche, qui serait arrivé en a TEMPS D’ANTENNE : une décision du Conseil supérieur de parole du groupe RPR, Emmanuel tête. Bernard Soulage, président du l’audiovisuel, publiée par le Journal officiel (daté 4-5 janvier), pré- Hamelin, a pris soin de préciser que Dans une note en date du 3 décembre 1997, intitulée « Réflexions groupe socialiste, précise en outre cise le temps d’antenne accordé en 1999 aux formations politiques re- l’engagement de son parti aux côtés sur les régionales », Marie-Thérèse Geffroy, maire (RPR) du 5e ar- que la majorité ne pourrait accepter présentées au Parlement (5 h 20, réparties comme suit : PCF : 25 min ; de Mme Comparini ne vaut que pour rondissement de Lyon, avait attiré l’attention de la direction de son une solution alternative à droite PS : 150 min ; RPR : 112,30 min ; UDF : 75 min ; DL : 37,30 min) ainsi le premier tour, et ne préjuge en parti sur la façon dont Charles Millon préparait, en toute liberté et que si celle-ci exclut M. Millon et les qu’aux organisations syndicales et professionnelles nationales (huit rien de sa position aux éventuels sans que le RPR n’ait la volonté de s’y impliquer, ces élections régio- membres de son exécutif. Enfin, il heures, réparties comme suit : 50 min pour la CFDT, la CGC, la CFTC, tours suivants. « On se réserve le nales. « Charles Millon, écrivait-elle à l’adresse de Philippe Séguin, a sera sans doute difficile de la CGT, l’UNSA, FO et la FSU, la CGPME, la FNSEA, l’UNAPL, le Me- droit de choisir un autre candidat au décidé souverainement de conduire la liste de la majorité régionale. convaincre M. Millon, s’il obtient def et l’UPA). deuxième » ou au troisième, a-t-il Même si l’on peut penser que, comme président sortant, il peut légitime- plus du double des voix de a BOURGOGNE : le préfet de la région Bourgogne et du départe- indiqué. ment prétendre à cette charge, il est étonnant pour ses alliés qu’à aucun Mme Comparini, de jeter l’éponge au ment de Côte-d’Or, François Lépine, a déposé devant le tribunal La précision n’est pas de pure moment il ne fasse référence à un accord préalable que pourraient lui milieu de la bataille. Le mois de administratif de Dijon un recours pour vice de forme sur la légalité du forme. D’abord, parce qu’un désac- avoir apporté les autres composantes de sa majorité (...). Très habile- mars 1998 a déjà prouvé à quel budget adopté le 14 décembre par le conseil régional. La majorité de cord de fond sur la stratégie de- ment, Charles Millon désigne lui-même dans le Rhône la tête de liste du point il tient à la présidence du droite et le président Jean-Pierre Soisson s’étaient abstenus afin meure entre le RPR et l’UDF. Alors RPR [Alain Mérieux], donnant l’impression d’avoir carte blanche, ceci conseil régional de Rhône-Alpes. d’éviter que leur budget ne soit adopté avec des voix du Front natio- que le parti de François Bayrou est alors que le Rassemblement doit désigner ses têtes de liste départemen- nal. Le vote négatif de la gauche avait permis à M. Soisson de mettre disposé à accepter, le cas échéant, tales lors du conseil national du 13 décembre 1997. » Cécile Chambraud en œuvre la procédure dite du « 49-3 régional ». Le RPR renonce provisoirement à la candidature « institutionnelle » du doyen d’âge, Pierre Gascon
LYON tribunal correctionnel de Grenoble à 15 000 francs de notre correspondant régional d’amende pour abus de confiance – le parquet a aus- En annonçant, lundi 4 janvier, le ralliement, «au sitôt fait appel a minima de cette peine – ont rendu premier tour », des huit conseillers régionaux du problématique la candidature du doyen d’âge de l’as- groupe RPR de Rhône-Alpes à la candidature semblée. Il est reproché à M. Gascon d’avoir suscité d’Anne-Marie Comparini (UDF-FD), Philippe Lange- auprès d’une association grenobloise la création d’un nieux-Villard a surpris ses collègues de l’UDF. La réu- emploi fictif dont le bénéficiaire fut pendant six ans nion de l’intergroupe UDF-RPR du conseil régional un adjoint de M. Carignon. Enfin, au cours des neuf n’était prévue que dans la soirée de mardi. Provisoi- derniers mois, cette personnalité, connue pour son rement du moins, cette annonce anticipée du pré- passé de résistant, n’a, à aucun moment, émis la sident du groupe RPR, décidée, en liaison avec la di- moindre critique à l’encontre de l’alliance de fait rection nationale du mouvement gaulliste, comme conclue par M. Millon avec le FN. un gage de bonne volonté, met fin au projet de « can- didature institutionnelle » du doyen d’âge de l’As- TRAVAIL DE PERSUASION semblée régionale, Pierre Gascon (DL). « La solution Gascon était sans issue. Elle était desti- Cette solution avait été retenue dans un premier née à occuper le terrain », commente avec satisfaction temps par la direction du RPR, consciente que le rap- le président du groupe UDF, Dominique Chambon. port de forces entre la droite et la gauche – soixante Elle aurait constitué, selon cet élu, « une déclaration et un sièges chacune – n’avait pas évolué depuis le de guerre immédiate pour les élections européennes et 20 mars 1998 et qui s’attache à récuser dans un même pour L’Alliance », que préside Philippe Séguin. En mouvement toute compromission avec le Front na- fait, le RPR n’a pas renoncé à une candidature de tional et toute forme de front républicain. L’UDF ju- M. Gascon aux deuxième ou troisième tours de scru- geait « inacceptable » cette initiative du RPR. tin. Cela sera fonction du résultat obtenu au premier Agé de soixante-dix-sept ans, M. Gascon fut le pre- par Mme Comparini. mier adjoint d’Alain Carignon, maire (RPR) de Gre- A deux jours du scrutin, celle-ci ne dispose que noble de 1983 à 1995. A ce titre, il épousa la politique d’un capital théorique de dix-huit voix. Il lui reste à conduite par ce dernier, condamné pour corruption vérifier que le travail de persuasion entrepris depuis par la cour d’appel de Lyon à cinq ans de prison dont plusieurs semaines par les état-majors nationaux du quatre fermes. Aujourd’hui encore, M. Gascon figure RPR et de l’UDF auprès des conseillers du groupe de parmi les soutiens actifs, à Grenoble, de l’ancien mi- M. Millon – Oui à Rhône-Alpes – a pu porter ses nistre des gouvernements de Jacques Chirac et fruits. d’Edouard Balladur. Les récents démêlés judiciaires de M. Gascon, condamné en décembre 1998 par le Claude Francillon
COMMENTAIRE L’embarras de la droite et, no- lables qui contrôlent au- tamment du président de L’Al- jourd’hui la seconde région liance pour la France, Philippe française. INCONTRÔLABLES Séguin, provient du fait qu’elle Pour tenter d’en sortir, le RPR ne tient pas directement les ma- privilégie toujours, en dépit de Opportunément servie par nettes. Malgré les appels à l’aide son ralliement « au premier l’une des composantes de la de certains de ses représentants, tour » à la candidature d’Anne- gauche « plurielle » – les Verts – elle n’a pu empêcher qu’à la fin Marie Comparini, proche de Ray- qu’elle raille le plus volontiers, de 1997, M. Millon compose lui- mond Barre, la « solution institu- la droite tarde à sortir de l’inex- même l’essentiel des listes de tionnelle » qui consiste à s’en re- tricable guêpier rhônalpin. C’est droite dans les huit départe- mettre au doyen d’âge, Pierre un écologiste opiniâtre, en ef- ments de Rhône-Alpes. Gascon. Le mouvement gaulliste fet, Etienne Tête, qui a obtenu, C’est ainsi qu’en guise de « re- veut ainsi éviter à tout prix le 11 décembre 1998, l’annula- nouvellement », de parfaits in- l’élection d’un candidat de la tion de l’élection de Charles Mil- connus, qui n’avaient de compte droite républicaine avec tout ou lon à la présidence du conseil ré- à rendre à aucun mandant, se partie des voix de la gauche, afin gional de Rhône-Alpes. Tout est sont retrouvés en bonne place de ne pas offrir à M. Millon le donc à refaire et, jeudi 7 janvier, sur les listes de « Oui à Rhône- prétexte qu’il attend pour appa- jour du scrutin, l’opposition na- Alpes ». Pourvus d’un titre de raître comme le seul garant de la tionale sera jugée sur sa capacité vice-président et des menus « vraie » droite. Au risque même à se débarrasser de celui qui, avantages – indemnités complé- de faire réélire le président inva- pour sauver un siège de pré- mentaires, voiture avec chauf- lidé. sident, n’a pas hésité à pactiser feur – qui accompagnent la avec le Front national. fonction, ce sont ces incontrô- Jean-Louis Saux LeMonde Job: WMQ0601--0008-0 WAS LMQ0601-8 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3138 Lcp: 700 CMYK
8 SOCIÉTÉ LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999
VILLE Un rapport de l’Inspection nement Juppé. Quelque 8 900 em- 1998. b CETTE APPRÉCIATION, confir- litique de la ville. b MARTINE AUBRY cinq ans. b A BORDEAUX, ville dont générale des affaires sociales analyse plois y auraient été créés en 1997, mée par un autre rapport de l’Inspec- et Claude Bartolone, ministres char- l’ancien premier ministre est le maire, en termes très critiques l’efficacité 31 000 bénéficieraient d’exonéra- tion générale des finances, remet en gés de la ville, devraient en tenir la zone franche a bénéficié d’un trai- des 44 « zones franches urbaines » tions, pour un coût atteignant 1,5 mil- cause l’une des pièces-maîtresses de compte pour la renégociation des tement particulièrement bienveillant créées à la fin de 1996 par le gouver- liard de francs (228 658 530 euros) en la « géographie prioritaire » de la po- avantages fiscaux, consentis pour sans résultat probant pour l’emploi. Un rapport officiel dénonce l’échec des « zones franches urbaines » Les mesures fiscales dérogatoires décidées par le gouvernement Juppé en 1996 pour favoriser l’activité économique dans les quartiers difficiles n’ont créé que peu d’emplois, coûtent cher et profitent surtout aux entreprises existantes C’ÉTAIT la grande innovation (ZFU) lui offraient un terrain de « Si l’idée première était de rete- de la politique de la ville du gou- choix. En juillet 1998, mission était 44 zones franches urbaines nir une délimitation incluant un peu vernement Juppé, celle qui devait confiée aux deux inspections gé- RÉGION PARISIENNE CALAIS Beau-Marais LILLE sud, faubourg de Béthune de foncier libre autour des quartiers faire pénétrer des entreprises – et nérales des affaires sociales et des d’habitat social pour y accueillir des donc des emplois – dans les cités- finances d’évaluer les dix-huit pre- BONDY CLICHY- AMIENS Quartier nord ROUBAIX TOURCOING entreprises, souligne l’IGAS, elle a Quartier SOUS-BOIS - Alma-Gare, Fosse-aux-Chênes, Cul-du-Four dortoirs. En décembre 1996, les miers mois d’exercice des ZFU, nord MONTFERMEIL en réalité permis d’inclure des quar- Les Bosquets LE HAVRE Mont- « zones franches urbaines » avait d’en mesurer le coût et les effets Gaillard, La Forêt-Bois- SAINT-QUENTIN Vermandois tiers où les entreprises ne faisaient introduit, pour la première fois, un sur l’emploi. « Les premières don- de-Bléville, Mare-Rouge nullement défaut », parfois « prati- mécanisme de discrimination po- nées disponibles (...) donnent lieu à CHARLEVILLE-M. Ronde-Couture quement dépourvus d’habitants »... OCTEVILLE- sitive à vocation économique dans des appréciations contradictoires », REIMS Croix-Rouge CHERBOURG CREIL les quartiers réputés difficiles. soulignait la lettre de mission du Les Provinces EMPLOIS NON PÉRENNES Deux années plus tard, un rapport gouvernement. Plateau- METZ Borny-Hauts Dans ces conditions, l’effet Rouher de Blémont que l’inspection générale des af- CHAMPIGNY-SUR-MARNE- « emploi » en zones franches a CHENNEVIÈRES-SUR-M. faires sociales (IGAS) vient de pré- « DISPOSITIF ATTRACTIF » Le Bois-l'Abbé DREUX Plateau est : STRASBOURG surtout prolongé un dynamisme senter au gouvernement pourrait Le rapport très documenté de Chamards, Croix-Tiénac, Neuhof préexistant. Environ 8 900 emplois Lièvre-d'Or, Le Moulec, MEAUX remettre en cause l’une des réali- l’IGAS confirme les appréhen- GARGES-LÈS-GONESSE- MULHOUSE auraient été créés en 1997, mais Haricot, Feilleuses Beauval, sations les plus abouties de la sions. Délimitations fantaisistes SARCELLES Les Coteaux 31 000 bénéficient des exonéra- Dame-Blanche nord et ouest, La Pierre- LE MANS SAINT- « géographie prioritaire », sur la- des périmètres concernés dictées la Muette, Lochères MONTEREAU- Collinet tions. « Les données concernant la Les Sablons DIZIER BELFORT quelle s’est construite la politique par des impératifs politiques, effet FAULT-YONNE pérennité des emplois en zone Le Vert-Bois Les Résidences de la ville depuis quinze ans. d’aubaine fiscale pour les entre- MANTES- ZUP de Surville franche sont particulièrement LA-JOLIE BOURGES CHENÔVE Dernier avatar en date du « ci- prises déjà existantes, faibles créa- Le Mail rares », regrette, par ailleurs, Le Val-Fourré Quartier nord : VAULX-EN-VELIN blage » sur les quartiers en diffi- tions d’emplois et impact nul sur Chancellerie, Gibjoncs, Grappinière, l’IGAS. Ainsi, à Grigny (Essonne), GRIGNY Turly, Barbottes culté, les 44 « zones franches ur- la « mixité urbaine » dans les quar- La Grande Petit-Pont il s’agit majoritairement de baines » sont, depuis le tiers visés : le constat est brutal. Borne SAINT-ÉTIENNE contrats à durée déterminée, Montreynaud changement de gouvernement, « La conjonction d’une fiscalité CENON- FLOIRAC- d’une durée moyenne d’un mois, LORMONT - VALENCE placées sous haute surveillance. très privilégiée et de l’exonération « parfois de deux jours », selon une BORDEAUX NÎMES Fontbarlette, Le Plan Martine Aubry, en charge de la de l’essentiel des cotisations sociales Hauts-de-Garonne, ZUP Pissevin, étude réalisée par l’agence locale Bastide ville, a exprimé dès juillet 1997 ses rend le régime financier applicable LES MUREAUX Valdegour de l’emploi d’Evry sur l’ensemble réticences à l’égard de cette « poli- dans les zones franches particulière- Cinq quartiers-ZAC du Roplat NICE des embauches des jeunes en diffi- L'Ariane tique-ghetto de subvention parti- ment attractif pour les entreprises », MONTPELLIER culté suivis par la mission locale La Paillade culière ». Une manière de signifier souligne l’IGAS, qui critique avec DÉPARTEMENTS D'OUTRE-MER depuis la création de la zone que la gauche, après avoir généra- force un dispositif juridique insuf- franche. Guyane : St-Laurent-du-Maroni : lisé, à l’aube des années 1980, la fisamment contraignant, favori- Charbonnière, centre bourg ; Cayenne : village Pour ces piètres résultats, le politique de discrimination posi- sant le cumul des exonérations et chinois, quartiers sud. coût global des zones franches est tive pour traiter les quartiers en la délocalisation de zone franche à Guadeloupe : Martinique : Fort- PERPIGNAN MARSEILLE LA SEYNE- important : 1,5 milliard en 1998 difficulté, pourrait réviser sa zone franche. Autre vice de Pointe-à-Pitre : Les de-France : Dillon. Le Vernet Nord littoral : Plan-d'Aou, SUR-MER (228 658 530 euros). Il est surtout conception et ses méthodes. forme : les exonérations bénéfi- Abymes ; Basse-Terre : Réunion : St-Denis : La Bricarde, ZUP de Berthe fortement inflationniste, puisqu’il Rivière-des-Pères, Chaudron, Moufia, La Castellanne Les « zones franches urbaines » ciant aux entreprises nouvelles centre-ville. Cerf. a déjà doublé entre 1997 et 1998. Du fait de l’augmentation linéaire des exonérations de cotisations comme à celles qui préexistaient, tions et révisions politiques dès vitalisation urbaine » (ZRU) consi- sociales, ils devraient « large- qu’elles procédent ou non à des l’élaboration des textes, en 1996, la dérées comme les plus en ment » dépasser, selon le rapport, embauches, les contreparties en délimitation des sites n’a, souligne difficulté et ne sont pas, non plus, deux milliards de francs dès 1999 termes d’emploi sont « ténues, la- le rapport, fait l’objet « d’aucune systématiquement classées en (304 878 048 euros). cunaires et peu vérifiables ». Quand rationalité ». Première aberration, « zone urbaine sensible » (ZUS). Un tel tableau risque de rendre il y a création d’emplois, la les critères retenus – caractéris- Résultat, des sites en grande diffi- difficile la préservation du statu contrainte de 20 % d’embauches tiques de la population, taux de culté comme le quartier de La Noé quo. Martine Aubry avait assuré, locales n’impose aucune condition chômage, potentiel fiscal des (7 879 habitants) à Chanteloup- en juillet 1997, qu’elle ne remet- de statut et de durée du travail. communes – l’ont été sur la base les-Vignes ont été éliminés. En re- trait pas en cause les zones Plusieurs Urssaf ont ainsi signalé à du recensement de 1990. En outre, vanche, ont été inclus des ZAC, franches même s’il convenait la mission le cas d’employeurs les sites en zone franche ne corres- voire « des quartiers d’habitat rési- « d’éviter l’utilisation abusive de cet s’acquittant de cette contrainte en pondent pas aux 38 « zones de re- dentiel ». effort financier de l’Etat ». L’IGAS employant une femme de ménage propose un retour au droit, un deux heures par semaine... renforcement des obligations des Deux constats conjoints entreprises en matière de création SEUILS CONTOURNABLES d’emplois, la suppression d’exoné- Les seuils d’effectifs prévus pour Pour se faire une doctrine sur le sort à réserver aux quarante- rations aberrantes comme celles certaines exonérations sont aussi quatre zones franches urbaines, le gouvernement dispose de deux dont bénéficient les professions li- aisément contournables. L’IGAS rapports : celui de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) bérales (120 millions de francs en cite le cas d’hôtels du groupe Ac- dont Le Monde révèle le contenu et un autre, émanant des inspections 1998, soit 18 292 682 euros). Les cor qui en ont bénéficié, celui d’un générales des finances et de l’administration, dont Le Canard enchaîné difficultés récentes du gouverne- groupe hospitalier dans la zone a publié les grandes lignes dans son édition du 30 décembre. La date ment à redéfinir la carte des zones franche de Garges-lès-Go- de remise des travaux, qui devaient être conjoints, était fixée au d’éducation prioritaires (ZEP) ne nesse - Sarcelles, qui, ayant modi- 30 novembre 1998. sont pas, toutefois, de bon pré- fié opportunément sa structure ju- L’inspection générale des finances a respecté ce délai et a remis, dé- sage. Et les élus concernés, dont ridique, profite d’un allègement but décembre, au gouvernement un rapport plus succinct qui ne tient une moitié environ sont à gauche, des charges patronales de 4,5 mil- pas compte d’études émanant des préfectures, de l’Insee et de l’Une- ne laisseront pas facilement s’en- lions de francs (68 5975,6 euros), dic. La rapporteuse de l’inspection générale des affaires sociales, Béa- voler les avantages dont bénéfi- ou encore le cas de cabinets de trice Buguet, signale, dans l’introduction de son rapport, qu’elle n’a cient des entreprises implantées SOS-Médecins, implantés dans de pas pu, pour cette raison, s’associer à la remise du document et dans certains de leurs quartiers. nombreuses zones. qu’elle a poursuivi pendant quelques jours ses travaux. Pour l’instant, Occasion de nombreuses tracta- le gouvernement n’a rendu public aucun de ces deux rapports. Christine Garin Les mauvais résultats de Bordeaux, la plus étendue des zones franches
LA ZONE franche de Bordeaux est à la fois la plus étendue de et couvre 800 hectares contre 189 indicateurs : le revenu et le produit bénéficie, dans le rapport de l’Ins- toutes, la moins crédible au regard en moyenne pour les 44 zones. Pré- fiscal par habitant. Mais en cumu- pection générale des affaires so- des indicateurs censés mesurer dif- vue au départ sur 586 hectares, elle lant deux autres indicateurs – le ciales (IGAS), d’une attention parti- ficultés économiques et pauvreté, avait, au fil des tractations, gagné taux de logements sociaux et le culière. Il faut dire que la ville et l’une des moins efficaces, enfin, quelque 230 hectares. Avec celles de nombre de bénéficiaires de l’aide d’Alain Juppé, chef du gouverne- en termes de résorption du chô- Strasbourg et de Chennevières-sur- personnalisée au logement (APL) –, ment quand s’est opéré le décou- mage. Marne, elle compte aussi parmi les elle devient la championne des dix page des zones franches en 1996, Elle s’étend sur quatre communes plus favorisées au regard de deux plus favorisées de l’ensemble. Ce cadeau offert, à l’époque, au premier ministre par le maire de Sept ans de « géographie prioritaire » sociétés et, pendant un an, d’une Bordeaux a-t-il été payant ? En réa- partie des charges sociales lité non. Le taux d’activité sur la b Alain Juppé, alors premier b Si la droite l’a mise en œuvre, patronales. zone franche de Bordeaux, qui ministre, annonce, le 18 janvier l’idée de soutenir la création b Les 44 zones franches (38 en couvre aussi les communes de Ce- 1996, la création d’une trentaine de d’activités par des mesures fiscales métropole, 8 dans les DOM) sont non, Lormont et Floirac – trois « zones franches » à fiscalité dérogatoires a été préparée par la officiellement désignées le communes socialistes –, est sensi- dérogatoire. Il donne ainsi suite à gauche avec la loi d’orientation sur 26 décembre 1996. Les entreprises blement plus élevé que dans l’en- un projet du candidat Chirac à la ville (LOV), adoptée en 1991 : de moins de 50 salariés y semble de la communauté urbaine l’élection présidentielle. 546 « zones urbaines sensibles » bénéficient de plusieurs types (60,2 % contre 55,3 %). Mais le chô- b Pièces maîtresses du pacte de prévues par la LOV sont créées en d’exonération accordée pendant mage des jeunes de moins de relance pour la ville, mis en 1993. Les entreprises y sont cinq ans : dispense d’impôt sur les 25 ans atteint 35 % dans certains œuvre par Jean-Claude Gaudin exonérées de taxe professionnelle. sociétés (dans la limite de quartiers et le chômage de longue alors ministre (UDF) de b La loi Pasqua sur 400 000 francs de bénéfice par an), durée y est plus élevé qu’ailleurs. l’aménagement du territoire, de la l’aménagement du territoire de taxe professionnelle et de taxe Or, malgré « un nombre élevé d’im- ville et de l’intégration, les zones franchit une nouvelle étape en foncière sur les propriétés bâties plantations d’établissements dans la franches doivent beaucoup au 1995 en créant les « zones de (TFPB), allégement des charges zone franche en 1997 », souligne modèle anglais des enterprise redynamisation urbaines » (ZRU). sociales patronales (de 43 % à 11 % l’IGAS, le chômage des jeunes y a zones, créées par Margaret Dans les 350 quartiers du salaire brut) pour tous les moins diminué que dans le reste de Thatcher en 1981. Cette politique a sélectionnés, l’exonération de la salariés en contrat à durée la communauté urbaine. Quant au toutefois été abandonnée taxe professionnelle est déterminée et indéterminée. Un chômage de longue durée, il s’est outre-Manche dès 1991 en raison compensée par l’Etat. Les cinquième des embauches doivent accru, depuis janvier 1997, dans la de son coût élevé et de sa faible entreprises sont, en outre, concerner les habitants du zone franche. efficacité. dispensées de l’impôt sur les quartier. Ch. G. LeMonde Job: WMQ0601--0009-0 WAS LMQ0601-9 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3139 Lcp: 700 CMYK
SOCIÉTÉ LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999 / 9 Suspect principal de l’affaire Elf, Alfred Sirven Sécurité routière : selon M. Gayssot, on ne pourra plus « faire sauter » les PV n’est pour l’heure recherché qu’en Suisse INTERROGÉ après que quatre-vingt-onze personnes (dont la moitié étaient âgées de moins de vingt-cinq ans) ont trouvé la mort dans des accidents de la route durant le week-end du Nouvel An, le ministre de l’équipement, des transports et du logement, Jean-Claude Gayssot, a La demande d’arrestation doit être diffusée bientôt dans le monde entier indiqué lundi 4 janvier sur Europe 1 qu’il faut « obtenir » de nouveaux comportements des auteurs d’infractions au code de la route, mais Après la mise en évidence, par Le Monde, de re- les réponses des autorités policières et judi- Suisse. Sa photographie doit être diffusée pro- aussi « des autorités ». Evoquant la pratique consistant à « faire sau- tards inexplicables dans l’engagement des pour- ciaires attestent qu’à ce jour, M. Sirven, en fuite chainement, en France et à l’étranger (lire aussi ter » des procès-verbaux, le ministre a affirmé qu’« il faut considérer suites contre le principal suspect de l’affaire Elf, depuis 1996, n’est réellement recherché qu’en notre éditorial page 14). que c’est fini et bien fini ». M. Gayssot, qui fera une communication sur la sécurité routière mer- L’INTROUVABLE Alfred Sirven, peller le fuyard de l’affaire Elf. «Si tique ignore cette qualification pé- suspect avait vraisemblablement credi au conseil des ministres, a annoncé la tenue en février d’un considéré comme le personnage la personne visée ne commet aucune nale. Un complément d’information quitté son territoire pour une desti- comité interministériel consacré à ce sujet. Il a rappelé que son projet central de l’affaire Elf, a-t-il bénéfi- infraction dans ces pays, ou n’est pas fut donc réclamé aux juges français, nation inconnue. En France, M. Sir- de loi destiné à lutter contre les grands excès de vitesse prévoit un cié d’une série de négligences pro- l’objet, par hasard, d’une vérification afin de déterminer si le suspect ven avait été convoqué par la bri- renforcement des sanctions. « Si l’on est pris deux fois dans l’année à cédurales pour échapper, depuis d’identité, il n’y a aucune chance pouvait être poursuivi au regard du gade financière le 6 août 1996, mais plus de 50 km/h au-dessus de la vitesse prescrite », la contravention l’été 1996, aux recherches annon- qu’elle soit interpellée », a expliqué droit suisse. Force est de constater il avait prétexté un déplacement pourra être transformée en « délit » avec « possibilité d’emprisonne- cées ? Après l’évocation, par Le au Monde un responsable policier. que ces précisions, auxquelles était professionnel pour se soustraire à ment », a-t-il précisé. En 1998, le gouvernement s’était fixé pour ob- Monde, des retards subis par la dif- Seule la diffusion internationale, via pourtant suspendue l’exécution de ce rendez-vous (Le Monde du jectif de diviser par deux, en cinq ans, le nombre de morts sur les fusion des mandats d’arrêt visant Interpol, d’une « demande d’arres- la « demande d’arrestation », furent 10 août 1996). Seules quelques routes. l’ancien directeur des « affaires gé- tation » du suspect aurait pu dé- longues à venir : le juge Eva Joly ne vagues vérifications avaient été en- nérales » d’Elf-Aquitaine (Le Monde clencher les recherches requises. A les communiqua que le 16 mars treprises par la suite, à une époque du 5 janvier), les autorités judi- ce jour, aucune directive de ce type 1998. où M. Sirven fréquentait pourtant Les épreuves du baccalauréat 1999 ciaires et policières ont dénié toute n’a en réalité été adressée à l’orga- encore le territoire français. Inexpli- responsabilité fautive dans l’enchaî- nisation policière internationale – « PERMIS D’ÉTABLISSEMENT » cablement, il fallut attendre le mois nement de circonstances qui a per- pas même sous la forme d’une «no- Dans l’intervalle, M. Sirven avait de mai 1997 pour que son interpel- débuteront le 14 juin turbé et ralenti l’engagement effec- tice rouge », à l’inverse de ce que profité de ce répit providentiel pour lation apparaisse comme une prio- tif des poursuites contre M. Sirven. nous indiquions hier. se faire attribuer un « permis d’éta- rité. POUR LES SÉRIES générales, les épreuves du baccalauréat 1999 Chargé d’ordonner la diffusion des Pour des motifs justifiés par les blissement » à Genève, au mois Les services de police manquaient commenceront dans la matinée du lundi 14 juin avec la philosophie et mandats d’arrêt, le parquet de Paris premiers éléments de l’enquête, les de juillet 1997. Lorsqu’un journal toutefois d’éléments concrets pour se poursuivront jusqu’au 21 juin, selon le Bulletin officiel du 24 dé- a assuré avoir pleinement rempli sa juges français avaient, dans un pre- suisse, Le Nouveau Quotidien, en fit rendre ces investigations efficaces. cembre. Pour les séries technologiques, elles auront lieu du 14 juin mission en ordonnant la diffusion mier temps, privilégié la piste helvé- la découverte, quelques mois plus Dans un rapport du 9 décembre après-midi au 22 juin. Les écrits du baccalauréat professionnel auront des deux mandats délivrés par les tique pour retrouver Alfred Sirven. tard, l’Office cantonal de la popula- 1998 remis à la DCPJ, le chef de la lieu du 22 au 25 juin. juges Eva Joly et Laurence Vichniev- Mme Joly avait ainsi émis, le 5 mai tion répondit, fort logiquement, que brigade financière a communiqué, Les résultats du premier groupe d’épreuves seront connus à partir du sky – le premier au mois de mai 1997, un premier mandat d’arrêt à M. Sirven avait répondu aux condi- pour la première fois, certains dé- 2 juillet pour le bac technologique, et à partir du 5 juillet pour le bac 1997, le second au mois de mars son encontre, dans le texte duquel tions exigées et qu’au moment de tails précis et des photographies ré- général. Dans toutes les académies, le second groupe d’épreuves de- 1998 – à l’encontre d’Alfred Sirven. elle relevait que, selon diverses sa demande, son « dossier de police centes du suspect de l’affaire Elf, as- vra être terminé le 9 juillet. L’épreuve anticipée de français, que Les autorités policières, auxquelles sources, « l’intéressé se trouverait [était] vide ». Il ne se remplit donc sortis d’une « demande de diffusion passent les élèves de première et qui comptera pour le bac 2000, est incombe l’exécution de cette diffu- toujours en Suisse ». M. Sirven rési- qu’au printemps suivant : le nom de générale nationale » des deux man- fixée au 15 juin. Le brevet des collèges aura lieu, lui, à partir du 28 juin. sion, affirment elles aussi avoir fait dait en effet à Genève depuis 1992, l’ancien homme fort d’Elf fut alors dats d’arrêt. Cette date marque le diligence. Il reste à comprendre où, disposant d’un titre de résident, en inscrit au fichier suisse des per- point de départ de véritables re- DÉPÊCHES quand et sous quelle forme lesdits sa qualité de dirigeant de la filiale sonnes recherchées au mois de mai cherches réclamant l’assistance des a ÉDUCATION : des enseignants du collège Jean-Monnet de Flers mandats ont effectivement été dif- Elf-Aquitaine International (EAI), et 1998. autres services de police et de gen- (Orne) ont protesté, lundi 4 janvier lors d’une assemblée générale, fusés. possédait un domicile dans la sta- Dans l’intervalle, les juges pari- darmerie pour retrouver M. Sirven. contre l’accueil dans leur établissement d’une élève portant le voile is- Au terme de vingt-quatre heures tion huppée de Crans. Diffusé dans siens avaient ajouté un second Plusieurs sources policières et judi- lamique. La collégienne, âgée de douze ans, a été inscrite en sixième à de polémique feutrée, une consta- l’Espace Schengen – avec les ré- mandat d’arrêt au précédent : daté ciaires ont indiqué au Monde qu’en dater de la rentrée des vacances de Noël, après avoir essuyé un refus tation s’impose : soupçonné d’avoir serves précédemment exposées –, du 30 mars, il était cette fois relatif à toute logique, les mandats d’arrêt d’inscription dans le même établissement en septembre. Depuis, elle œuvré au détournement d’au ce mandat avait en outre été trans- l’enquête consacrée à Roland Du- seraient « très prochainement » dif- avait suivi des cours par correspondance jusqu’à ce que le rectorat de moins un milliard de francs mis à l’Office fédéral de la police mas et à son ancienne compagne, fusés dans les 177 pays affiliés à In- Caen demande à la direction du collège d’inscrire l’élève, conformé- (152,5 millions d’euros), au travers suisse, puisque la Confédération Christine Deviers-Joncour. Le par- terpol, afin de résoudre cette ment à la loi. d’un réseau de comptes bancaires helvétique n’appartient pas à l’Es- quet de Paris et la direction centrale contradiction flagrante : alors que a POLICE : un gardien de la paix du commissariat de Bourg-en- en Suisse, l’ex-bras droit de Loïk Le pace Schengen. Mais la rédaction de la police judiciaire (DCPJ), cor- diverses sources le signalent depuis Bresse (Ain) est décédé après s’être tiré une balle dans la tête avec Floch-Prigent n’est l’objet de re- de ce mandat – étrangement libellé respondant français d’Interpol, en des mois tantôt en Asie du Sud-Est, son arme de service, dimanche 3 janvier, à deux pas de l’hôtel de po- cherches hors des frontières fran- « mandat d’arrêt international », ont assuré la diffusion dans les tantôt en Afrique ou aux Etats-Unis, lice. Agé de trente-huit ans, marié, il était affecté à la brigade anti- çaises que dans ce seul pays. Les au- acte inexistant dans la procédure mêmes conditions qu’auparavant : M. Sirven n’est aujourd’hui recher- criminalité (BAC). Fonctionnaire particulièrement bien noté par ses torités françaises ont certes diffusé française – était entachée de plu- la fiche au nom de M. Sirven ne fut ché dans aucune de ces trois ré- supérieurs et très apprécié de ses camarades, il n’avait jamais laissé une fiche au nom de M. Sirven dans sieurs irrégularités. La magistrate en adressée qu’à la Suisse et aux pays gions du monde. entrevoir de signes de dépression, selon ses proches. Tout juste avait- les pays liés par les accords de coo- rédigea donc une nouvelle version, de l’Espace Schengen. Si bien que il, récemment, confié à ses collègues avoir l’intention de demander un pération de Schengen – soit dans datée du 13 juin 1997. seules la justice et la police helvé- Hervé Gattegno changement de service. – (Corresp.) une partie de l’Union européenne –, Mais cette deuxième mouture ne tique ont entrepris, à ce jour, de mais la sémantique est trompeuse : satisfaisait pas les autorités suisses. réelles recherches pour localiser cette « diffusion » n’a nullement M. Sirven y était visé pour des faits M. Sirven. Ces efforts sont restés provoqué la mise en œuvre de de « complicité et recel d’abus de vains. La Suisse a, depuis, informé réelles investigations en vue d’inter- biens sociaux » : or, la justice helvé- les juges Joly et Vichnievsky que le Ancien maire (PS) de Vitrolles, Jean-Jacques Anglade comparaît devant le tribunal de Paris ONZE PERSONNES, soup- près de 1,5 million de francs rait simplement servi d’« apporteur çonnées d’avoir participé à un sys- (228 000 euros environ) de fausses d’affaire » en mettant en relation tème présumé de fausse factura- factures. Soit trois fois la somme Jean-Claude Alcaraz et la mairie de tion à la mairie de Vitrolles entre reçue par le percepteur de Vitrolles Vitrolles. 1990 et 1995, en paiement des concessions de A raison de 1 000 francs comparaissent panneaux publicitaires. Parmi les (152,43 euros) par panneau concé- depuis le lundi principaux bénéficiaires de cette dé, cette intervention, dont un col- 4 janvier de- manne figurent le club de handball laborateur de M. Alcaraz conteste vant OM-Vitrolles, qui perçoit à deux re- la réalité, rapporte tout de même à la trente et prises la somme de 118 600 francs Daniel Préveaux, une commission unième (18 079 euros) ; l’Association de 66 000 francs (10 061 euros) par chambre du d’études économiques des indus- an, pendant cinq ans. Qui plus est, tribunal cor- tries du livre, du papier et de la pour mener à bien son affaire, il rectionnel de Paris. Parmi les pré- communication (AEEILPAC) créée s’est associé à la société Méditerra- venus figure Jean-Jacques Anglade, par la puissante Fédération des in- née Consultant, dirigée par Guy- ancien maire (PS) de cette ville dustries du livre (FILPAC), pour un Noël Abraham, ancien directeur de nouvelle des Bouches-du-Rhône total de 400 000 francs (60 970 eu- cabinet de Jean-Jacques Anglade et aujourd’hui dirigée par le Front na- ros) ; l’Association pour la majorité conseiller technique à la mairie de tional, poursuivi pour « trafic d’in- présidentielle (APMP) et l’Associa- Vitrolles au moment de la signa- fluence » et pour « faux et usage de tion pour la démocratie socialiste ture de la convention avec Expo- faux ». en Europe (ADSE), qui reçoivent Publicité. Par le biais de factures L’affaire a été mise au jour inci- respectivement 11 860 francs fictives, il reverse à cette société la demment au cours d’une commis- (1 807,92 euros) et 231 790 francs moitié de sa commission. sion rogatoire visant, en 1995, la (35333,84 euros). Les 600 000 Pour justifier les 400 000 francs gestion de l’office HLM des Hauts- francs (91 463,44 euros) restants (60 975,60 euros) perçus par l’an- de-Seine, dans le cadre de l’affaire correspondent à des surfactura- tenne vitrollaise de l’AEEILPAC Didier Schuller. En perquisition- tions pour l’achat fictif de matériel dont il était le responsable, Domi- nant les locaux de la SARL CPA et informatique et au paiement d’ho- nique Ceran fait état de la fourni- de la société Expo Publicité, diri- noraires aux sociétés qui auraient ture à la société Expo-Publicité de gées par Jean-Claude Alcaraz, les servi d’intermédiaire entre Jean- quatre études. Or, les deux pre- enquêteurs mettent la main sur des Claude Alcaraz et la mairie. mières avaient été commandées factures douteuses portant sur un par des comités d’entreprises, marché de panneaux d’affichage « APPORTEUR D’AFFAIRE » l’AEEILPAC se contentant de les re- publicitaire concédé par la mairie Tout ce beau monde se retrouve vendre à la société de M. Alcaraz. de Vitrolles. aujourd’hui sur le banc des préve- Surtout, les enquêteurs n’ont pas Chacun des panneaux concédés nus aux côtés de Jean-Jacques An- retrouvé les deux dernières études devait être facturé 4 500 francs glade et d’anciens responsables de prétendument menées (« La Presse (686,25 euros) par an aux sociétés la mairie de Vitrolles, pour ré- écrite à l’aube du XXIe siècle » et de M. Alcaraz. Un montant normal pondre du délit de « faux et usage « Les Autoroutes de l’informa- pour une commune de trente mille de faux », seuls les faits antérieurs tion »), ni même le double des fac- habitants. Lors de la signature de la au 11 juillet 1992 étant couverts par tures. « Notre association a été vic- convention, en mars 1990, et d’un la prescription. time d’un vol sans effraction », avenant en septembre 1993, la Jean-Claude Tapie, ancien pré- justifie Dominique Ceran. somme est finalement ramenée à sident de l’OM-Vitrolles, ne se sent Pourtant, Jean-Claude Alcaraz 1 500 francs (228,75 euros). «On en rien concerné par cette affaire. lui-même nie avoir jamais m’a fait comprendre que, pour ob- « Je n’ai aucune idée des tractations commandé des études à l’AEEIL- tenir le marché, je devais reverser la entre la mairie et Expo-Publicité, in- PAC. « Je me suis contenté d’honorer différence à des associations para- dique-t-il. Dans mon esprit, cette so- les factures présentées par les asso- municipales », explique aujourd’hui ciété intervenait dans le cadre du ciations envoyées par la mairie de Jean-Claude Alcaraz, poursuivi Club-Entreprises qui participe à Vitrolles », dit-il. Jean-Jacques An- pour « corruption active ». « A notre financement. » Daniel Pré- glade devait avoir l’occasion, mardi chaque fois je me suis insurgé, mais veaux, gérant de la société Daniel 5 janvier, de donner sa version des finalement j’ai accepté. » Préveaux consultant (DPC), ne faits. Pendant trois années, l’entrepre- comprend pas plus ce qu’il fait de- neur consent ainsi à payer pour vant un tribunal. A l’en croire, il au- Acacio Pereira LeMonde Job: WMQ0601--0010-0 WAS LMQ0601-10 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 09:56 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3140 Lcp: 700 CMYK
10 / LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999 CARNET
AU CARNET DU « MONDE » Décès – Mme Georges Dethan, – Mme Rolf Liebermann, – Isère. Remerciements née Françoise Ogliastro, son épouse, Naissances – Mme veuve Pierre Andréani, son épouse, M. Franz Liebermann, On nous prie d’annoncer le décès de – La famille Moch sa mère, Mlles Béatrice et Colette Dethan, son fils, remercie tous ceux qui ont témoigné – Paris, 31 décembre 1998. Mme Régina Hrynkowski, ses sœurs, M. Marc Piollet, M. André PAQUET, soutien et affection durant ces deux sa compagne, Et toute la famille, années marquées par la disparition de me son beau-fils, Mai NGUYEN M. et M Séraphin Istria, ont la tristesse de faire part du décès de ont la tristesse d’annoncer le décès qui a été maire de sa commune et Maximiliano COLOMA M. et Mme Michel Coullomb, (Proveyzieux) pendant dix-huit ans. Nuje, me survenu le 2 janvier 1999, à Paris, ont réuni le Chili, la France et le Vietnam M Lydie Andréani M. Georges DETHAN, dans sa quatre-vingt-neuvième année, de pour donner vie à et M. Raymond Dollo, chevalier de la Légion d’honneur, le 4 janvier 1997. ses sœurs et beaux-frères, officier de l’ordre national me Florence, Philippe, Emmanuelle, Jean- Rolf LIEBERMANN, – M René Grégoire, Enzo, Salvador, Xuân. du Mérite, commandeur de la Légion d’honneur. Marie-Antoinette et Pierre Partensky, Lila, Christophe, Anne, Sophie, Béryl et conservateur en chef honoraire André, Barbara, Djamila et Dror, ses Andréa, Dominique et Jacques Barnaud, des archives du ministère Une cérémonie a eu lieu dans la plus leurs enfants et petits-enfants, le 17 mars 1997, parrains et marraines, lui ouvriront ses neveux et nièces, des affaires étrangères, stricte intimité. Les familles Bonnard, Peissel, Viallon, d’autres portes sur le monde. Tous les membres de sa famille, membre correspondant de l’Institut, et ont l’immense chagrin de faire part du Magnard, 39, boulevard de Montmorency, 5, rue Burq, décès de er ont la douleur de faire part du décès de survenu le 1 janvier 1999, dans sa 75016 Paris. Bernard, 75018 Paris. soixante-seizième année. me Guy ANDRÉANI, M Jean PEISSEL, le 21 décembre 1998. journaliste La cérémonie religieuse sera célébrée née Thérèse BONNARD, – Gif-sur-Yvette, le 23 décembre 1998. – Le président du conseil à la radio-télévision allemande, le mercredi 6 janvier, à 14 heures, en d’administration, chevalier des Arts et Lettres, l’église Saint-Eustache, Paris-1er. à l’âge de quatre-vingt-treize ans. Alléluia, Alléluia ! Le directeur, Anniversaires de décès Et les personnels de l’Opéra national de survenu le 2 janvier 1999, à Marseille. La cérémonie religieuse sera célébrée 142, rue de Courcelles, Paris, – Il y a un an, le 5 janvier 1998, Oriane 75017 Paris. le mercredi 6 janvier 1999, à 9 h 30, en est née. La cérémonie religieuse sera célébrée ont la tristesse de faire part du décès, l’église Sainte-Elisabeth, à Lyon-4e. le 7 janvier, à 14 heures, en l’église de Sa- survenu à Paris, le 2 janvier 1999, de Michèle Merci. ri di Porto-Vecchio, suivie de l’inhuma- L’inhumation aura lieu au cimetière de – Catherine Trautmann, ministre de la disparaissait tragiquement dans la vallée tion dans le caveau familial. culture et de la communication, Rolf LIEBERMANN, Jallieu, à Bourgoin. De mamanbelle Germanangue, administrateur du Théâtre national des Fonds-de-Cervières, près de François Barré, directeur de heureuse grand-mère, Cet avis tient lieu de faire-part. de l’Opéra de Paris Briançon. Et de toute ta famille, l’architecture et du patrimoine, de 1973 à 1980. L’ensemble du personnel de la – Les professeurs Patrice Queneau et Mme veuve Pierre Andréani, Sa maman n’oublie pas. à tes parents, direction de l’architecture et du 8, rue Scribe, Hervé Decousus, 1, rue Papety, patrimoine, Philippe et Elodie 13007 Marseille. 75008 Paris. Les docteurs Guillaume Clavreul, rendent hommage à la mémoire de Dominique Mille, Patrick Michaud, GUERIN-LAVIGNOTTE. Mme Régina Hrynkowski, – Le 5 janvier 1989, il y a dix ans, Balgerhauptstr. 19, Patrick Mismetti et Daphné Juillard- 76532 Baden-Baden. Pierre DUSSAULE, – Le Comité artistique, Delsart, Denis SAINSAULIEU Le docteur Olivier MONOD, sous-directeur des Bâtiments civils Henry Racamier, et le conseil L’ensemble de l’équipe soignante du Me Jean GALLOT, et des palais nationaux, d’administration de l’Association service de médecine interne et nous quittait. Mme Jean DUCAMP, – M. et Mme H.-P. Bazin puis sous-directeur Orcofi pour l’opéra, la musique et les thérapeutique et de l’unité d’oncologie M. et Mme Jérôme MONOD, et leurs filles, des Monuments historiques arts, du CHU de Saint-Etienne, Ceux qui l’aiment pensent à lui. Me Michel DUCAMP M. et Mme J.-L. Borloo et des palais nationaux, de 1962 à 1982, ont la grande tristesse de faire part du ont la tristesse de faire part du décès du et Mme DUCAMP, et leurs enfants, décès, le 2 janvier 1999, de M. et Mme Guillaume MONOD Mme L. Bazin décédé le 2 janvier 1999, et s’associent à professeur Bruno PERPOINT, – Pour le onzième anniversaire du ont la joie d’annoncer la naissance de leur et son fils, la tristesse de sa famille et de ses proches. Rolf LIEBERMANN, médecin des Hôpitaux décès de arrière-petit-fils, petit-fils et fils, font part du rappel à Dieu de leur tante et président du comité artistique. et professeur de thérapeutique grand-tante, à la faculté de médecine de Saint-Etienne, – Patrick et Anne-Marie Hald-Garnier, Yvan, Par sa profonde connaissance de l’art e son fils et sa belle-fille, M Georges SCEBAT, Mlle Suzanne BAZIN, musical et par le rayonnement de sa survenu le dimanche 3 janvier 1999, dans avocat à la Cour, ont la tristesse de faire part du décès de le 9 décembre 1998, à Paris. directeur de recherche honoraire personnalité, Rolf Liebermann a été à sa quarante-neuvième année. chevalier de la Légion d’honneur, au CNRS, l’origine de nombreuses commandes officier de l’ordre national Gabriel GARNIER, d’opéras et de la création en France et La cérémonie religieuse sera célébrée du Mérite, Anniversaires de naissance le 3 janvier 1999, à l’âge de quatre-vingt- en Europe d’œuvres musicales le mercredi 6 janvier, à 10 h 30, en officier du Mérite sportif, six ans. le 27 décembre 1998, à Château-Thierry, contemporaines majeures sous l’égide l’église Saint-Charles, à Saint-Etienne. – Joyeux anniversaire à tous les deux dans sa quatre-vingt-unième année. de l’Association Orcofi pour l’opéra, la pour vos trois quarts de siècle, La cérémonie aura lieu le mercredi musique et les arts, depuis 1986. Elle lui une pensée est demandée à tous ceux qui 6 janvier, à 10 h 30, en l’église Notre- Les près Bordez, est infiniment reconnaissante de l’action – Le président, l’ont connu et aimé. Papa et Maman Dame d’Auteuil, 1, rue Corot, Paris-16e, et 02 Nesles Nouveau, déterminante qu’il a ainsi menée. Et l’ensemble de la communauté sera suivie de l’inhumation dans le caveau 9, place Sainte-Cécile, universitaire de l’université Paris-IV- d’Agnès et Michel, de famille au cimetière des Batignolles. 81000 Albi. 48 bis, avenue Montaigne, Sorbonne, Conférences Grand-pa et Grand-ma, 75008 Paris. ont eu la tristesse d’apprendre le décès de d’Hélène, Elisabeth, Vincent, Laura, Ni fleurs ni couronnes. – Le Centre d’éducation permanente de Marc, Judith, – Les présidents, (Le Monde du 5 janvier.) l’université Paris-I - Panthéon-Sorbonne Jo et Colette, Les administrateurs, M. Gilbert PICARD, professeur honoraire organise, dans le cadre de l’université per- de Lucien, Danica, Pierre, Lucienne, Paul, – Sa famille et ses amis, Les membres de la commission sociale, manente, des cycles de conférences en me de l’UFR d’art et d’archéologie, Thérèse, Claude, Janine, Claudette, Sa gouvernante, Les cadres de direction, – M André Ménard, histoire de l’art et archéologie. Marie, Yves, Anne, Chantal, Joëlle, font part du décès du Le personnel des institutions de retraite son épouse, survenu le 21 décembre 1998. Par exemple : « Architecture et mo- Cécile, Cathou, Gilles, Jean-Pierre, et de prévoyance Carcept, Carcept- Ses enfants et petits-enfants, dernité en France du XIXe siècle », Gilles, Thierry, Olivier, Maurice. docteur Georges BENYAMINE, Prévoyance, Association Alexandre- ont la tristesse de faire part du décès du « Céramiques et sociétés en Grèce an- chevalier de la Légion d’honneur, Dumas, cienne », etc. Rendez-vous le 23 mai 1999. croix de guerre 1939-1945. ont la tristesse de faire part du décès de général André MÉNARD, – Gisèle Coupat, commandeur de la Légion d’honneur. Christiane Pinquier, Pour obtenir des renseignements M. Claude GOUENARD, Jérôme et Frédérique Pinquier et complémentaires, veuillez contacter : chevalier de la Légion d’honneur, Les obsèques ont été célébrées le Adrien, Sylvie Sourmail, téléphone : vice-président de la Carcept, 4 janvier 1999, dans l’intimité familiale Clément Pinquier et Zélig Bourgeau, 01-40-46-28-57. Fax : 01-43-54-66-91. la plus stricte. ont la tristesse de faire part du décès de Centre d’éducation permanente, 1, rue survenu dans sa soixante-deuxième Victor-Cousin, Paris-5e. année, le jeudi 31 décembre 1998, des Cet avis tient lieu de faire-part. Jean-Maurice PINQUIER, suites d’une longue et douloureuse maladie. survenu à Paris, le 27 décembre 1998. – A l’occasion du quatre-vingt-dou- – Jacques Migozzi, zième anniversaire de Pierre Mendès son fils, Les obsèques ont eu lieu dans la plus France, M. Jean Lacouture tiendra une – Le conseil d’administration, Sa belle-fille, stricte intimité. conférence sur le thème « Mendès Et les membres de la Société française Ses petits-enfants, France, le négociateur », lundi 11 janvier d’étude du Seizième Siècle Sa famille, « La vie est un long travail 1999, à 18 heures, dans les locaux de ont la grande tristesse de faire part du ont la profonde tristesse de faire part du entre le hasard et soi. » l’Institut Pierre-Mendès-France, 52, rue décès de leur collègue et ami, e décès de du Cardinal-Lemoine, Paris-5 . Tél. : 01-44-27-18-81. Jean JACQUART, me Mme Carmen MIGOZZI, – M Geneviève Thiebaut, professeur émérite à l’université M. et Mme Alain et Nicole De Brus, Paris-I - Panthéon-Sorbonne, M. et Mme Jean-Louis Thiebaut et Colloques vice-président de la SFDES, survenu le 25 décembre 1998, dans sa quatre-vingt-septième année. Gisèle Peyon, M. André Thiebaut, – Un colloque sur « deux grands survenu le 24 décembre 1998. e ses enfants, maîtres sprirituels du XX siècle » est or- La cérémonie religieuse a été célébrée ganisé par l’Association des amis de Le service religieux aura lieu le le 30 décembre, en l’église de Bry-sur- ont la tristesse de faire part du décès de Pierre Teilhard de Chardin et par l’Asso- mercredi 6 janvier 1999, à 10 h 30, en Marne. ciation des amis de Maurice Zundel, le sa- l’église Saint-Paul-Saint-Louis, rue Mme Albert THIEBAUT, medi 16 janvier, de 10 heures à 18 heures, Saint-Antoine, Paris-4e. 1 bis, villa Florian, née Marie-Louise MOREAU, à l’Institut catholique de Paris, 21, rue 94160 Le Perreux-sur-Marne. d’Assas. Avec la participation de Ambassade de France en Tanzanie. survenu dans sa quatre-vingt-douzième Mgr André Dupleix, du Père Bernard de – Mme René Larre, année, le dimanche 3 janvier 1999. Boissière, du docteur J.-P. Dumoulin, de son épouse, René Habachi, Claire Lucques et Remo Marjorie Larre Gullett, – Caroline Corre, La cérémonie religieuse sera célébrée Vescia. Bénédicte Larre, Julie et Sébastien, le jeudi 7 janvier, à 8 h 30, en l’église Inscriptions : 01-43-31-18-55. Virginia Larre, Alexandre et Catherine Nabokov, Notre-Dame de Boulogne-sur-Seine. ses enfants, Saskia, Constantin et Pierre, Christopher Dubais, ses enfants et petits-enfants, Communications diverses son beau-fils, M. et Mme Hugues Dumond, – Granges-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Kieran, Zoé, Romain, Hector, leurs enfants et petits-enfants, – Au CBL, 10, rue Saint-Claude, Pa- me ses petits-enfants, Mme Roland Dachy, M. et M Salah Ourabah, ris-3e, jeudi 7 janvier, à 20 h 30 : Michèle La famille Larre, ses enfants et petits-enfants, leurs enfants et petits-enfants, Tauber chante pour « Le Monde Yddish » Ses parents et alliés, M. et Mme Brot-Moisset et leur fils, M. et Mme René Bonnal, (éditions L’Harmattan), de C. Dobzynski. ont la tristesse de faire part du décès de ainsi que sa famille et tous ses amis, leurs enfants et petits-enfants, Tél. : 01-42-71-68-19. ont le chagrin d’annoncer la mort de M. et Mme Jacques Tosquelles et leurs enfants, M. René LARRE, M. et Mme Michel Tosquelles SOLDES Marie-Claire NABOKOV, Mois du blanc commandeur de la Légion d’honneur, née BROT-MOISSET, et leurs enfants, inspecteur général des finances, Les familles Alvarez, parents et amis, A la boutique NOËL ancien directeur du Trésor, le 3 janvier 1999, à Verderonne. ont la douleur de faire part du décès de ancien directeur général de la Banque jusqu’au 31 janvier, La cérémonie religieuse sera célébrée me des règlements internationaux, M Hélène TOSQUELLES, du lundi au samedi, en l’église de Verderonne (Oise), née ALVAREZ, de 10 heures à 19 heures. le mercredi 6 janvier, à 13 h 30 et sera suivie de l’inhumation au cimetière de survenu à Monaco, le 1er janvier 1999. survenu à l’âge de quatre-vingt-six ans. Linge de maison brodé : Verderonne. nappes, sets de table, draps, Les obsèques seront célébrées le Les obsèques religieuses ont eu lieu, éponges, peignoirs, accessoires. vendredi 8 janvier, à 15 heures, en « Le Boulanc », 2, rue du Château, lundi 4 janvier 1999, à Granges-sur-Lot. l’église Notre-Dame, à Oloron-Sainte- 60140 Verderonne. 1, avenue Pierre-Ier-de-Serbie, Marie (Pyrénées-Atlantiques). Le présent avis tient lieu de faire-part. place d’Iéna, Paris-16e.
Un avis ultérieur annoncera une messe – Paris. Grenoble. en sa mémoire, qui sera célébrée en l’église de Neuilly-sur-Seine. Anne Brenier, Jean Bardin, (2,23 F/mn) Ariel et Philippe Tibi, 3615 LEMONDE leurs enfants, Simon et Adrien, rubrique VOL LES PUBLICATIONS Elsa Texier-Solal, Irène Dalban, DU Monde Et ses amis, ont la douleur de faire part du décès de leur mère, grand-mère et arrière-grand- mère, Un ancien numéro Mme Adrienne NAQUET, chevalier de la Légion d’honneur, Retrouvez survenu le 3 janvier 1999, dans sa quatre- vingt-treizième année.
2,23 F/mn vous manque ? Une messe sera dite en la salle de 2,23 F/mn cérémonie du centre funéraire nos offres d’emploi intercommunal, à la Tronche, le jeudi (Commande et envoi à domicile) 7 janvier, à 10 h 15, suivie de l’incinéra- tion dans l’intimité. QUIZ : testez vos connaissances et gagnez L’urne sera inhumée au cimetière de des billets d’avion ou des guides de voyage 3615 LEMONDE 3615 LEMONDE Saint-Sulpice-les-Rivoires. LeMonde Job: WMQ0601--0011-0 WAS LMQ0601-11 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3141 Lcp: 700 CMYK
11 RÉGIONS LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999 L’Etat veut aider l’Ile-de-France à « tenir son rang » international Dans un entretien au « Monde », le préfet de région, Jean-Pierre Duport, définit les orientations de l’Etat pour le prochain contrat de plan. Il estime que, dans sa fonction d’entraînement économique, la métropole « ne peut pas avoir des îlots de richesse et de pauvreté qui s’ignoreraient » « Vous avez transmis, lundi Des écarts de richesse accrus entre 1982 et 1996 » Les esprits ont considérable- proche raisonnée et cohérente des raient à l’image internationale de 4 janvier, à Jean-Paul Huchon, ment évolué dans les dernières an- équilibres territoriaux à l’intérieur l’Ile-de-France. On ne peut pas président du conseil régional, le PIB PAR HABITANT (moyenne France métropolitaine = 100) nées. Nous sommes loin du temps de l’Ile-de-France. Les conseils gé- avoir des îlots de richesse et de document sur la “stratégie de 1982 1996 où Parisiens et provinciaux se néraux souhaitent participer à ce pauvreté qui s’ignoreraient. l’Etat en Ile-de-France” qui va complaisaient dans la discussion débat, nous trouverons les moyens – Dans la négociation qui va servir de base aux négociations sur “Paris et le désert français”. La de faire place à cette revendica- s’engager, pour tenter de déga- du contrat de plan 2000-2006. très large majorité de nos conci- tion. Il faut savoir que le contrat de ger une position commune, les Vous y décrivez “une région af- toyens acceptent ce rôle de métro- plan Etat-région précède toutes les élus ont-ils l’assurance d’être faiblie par ses contradictions”: le pole, car ils savent qu’elle n’em- autres démarches : c’est lui qui entendus par l’Etat ? gouvernement vous a-t-il suivi pêche pas le rayonnement des peut ensuite être décliné en – L’objectif fixé par le gouverne- sur ce diagnostic ? capitales régionales. La politique contrats d’agglomération et de ment est d’essayer d’aboutir – J’ai été entendu, parce qu’il est de décentralisation de l’enseigne- pays, et non le contraire. en avril, avec le conseil régional, à vrai qu’à côté des atouts de la ré- ment supérieur et de la recherche a – Comment allez-vous faire un document d’orientation gion – puissance économique, été un succès. Le pourcentage des admettre à tous les élus d’Ile-de- commun. Celui-ci constituerait la rayonnement politique et culturel, chercheurs en Ile-de-France est France, de l’ouest en particulier, base sur laquelle sera élaboré le pôles de développement à fort po- passé en quelques années de plus tentiel comme la Défense, Roissy de 50 % à 40 %. Le rééquilibrage est et Saclay... – il existe des difficultés significatif, mais il faut être attentif Un volet sécurité importantes, qui se traduisent par Ile-de-France : 145 Ile-de-France : 153 au phénomène de vieillissement, une forte ségrégation sociale et Moyenne autres régions : 88 Moyenne autres régions : 87 pour préserver le dynamisme des Le gouvernement a donné un avis favorable à l’inscription d’un vo- une qualité de vie dégradée. La dé- 76-83,9 84-88,9 89-105,9 106-153 équipes de recherche franciliennes. let sécurité dans le futur contrat de plan Etat-région. L’Ile-de-France – Dans le contrat de plan qui est la première région à avoir mis en œuvre, dès 1998, un « plan régio- sindustrialisation a entraîné depuis Source : Insee 1975 une diminution de 40 % des s’achève, les priorités accordées nal pour la sécurité ». Le document contractuel pour la période 2000- effectifs de ce secteur. celles qui pourront faire l’objet – Il est faux de penser que la po- à certaines opérations, comme 2006 devrait donc pérenniser les actions engagées dans les lycées et – L’Ile-de-France n’en de- d’un financement, qu’elles soient litique d’aménagement du terri- les deux lignes souterraines dans les transports, avec un renforcement de la présence humaine, meure pas moins la région la proposées par la région, par le re- toire se trouverait d’autant mieux construites dans Paris intra-mu- en particulier dans les gares. Du personnel de sécurité et des gar- plus riche de France. A-t-elle be- présentant de l’Etat, ou, le plus que l’Ile-de-France se porterait ros, ont été très contestées. diens pourront également être embauchés par les offices d’HLM. soin d’être aidée par l’Etat dans souvent je pense, par les deux. mal. Au contraire, j’ai toujours Quelle leçon en tirez-vous ? Sans attendre le nouveau contrat de plan, le projet de budget de la le cadre du prochain contrat de – Le président de la région a pensé que ce qui arrive de bon à – Nous souhaitons dorénavant région pour 1999 prévoit de consacrer 300 millions de francs (45,7 mil- plan, à la même hauteur que les cité le chiffre de 42 milliards de l’Ile-de-France peut – et doit – être donner une priorité encore plus lions d’euros) à ces actions. Le préfet de région, Jean-Pierre Duport, autres régions ? francs (6,40 milliards d’euros), bon pour la France. Paris est une grande aux transports collectifs. Il précise toutefois que la sécurité reste de la « responsabilité de l’Etat ». – Aucune région, même si celle- simplement pour le volet trans- métropole, c’est d’ailleurs un des y aura un véritable effort pour les ci dispose du PIB le plus élevé, ports du contrat de plan. Où atouts de la situation de sa région liaisons entre banlieues, avec la n’est exempte de difficultés. L’Ile- trouver ces ressources nou- en Europe : cette vérité sera mieux réalisation de tangentielles en cette réaffirmation d’une priori- contrat de plan. Je réunirai pro- de-France devra donc bénéficier velles ? admise si les habitants d’Ile-de- grande couronne et du réseau Or- té au rééquilibrage de la région, chainement la conférence régio- des aides de l’Etat dans les do- – Plusieurs solutions ont été France reconnaissent que cette bitale autour de Paris. Le finance- vers l’est et le nord ? nale d’aménagement du territoire, maines où le gouvernement, en ac- évoquées : vignettes pour l’usage “métropolisation” doit être raison- ment de la modernisation des uni- – Je reste très préoccupé des dé- qui devra faire la synthèse des cord avec le conseil régional, des voies rapides, péage urbain, née ; c’est-à-dire que l’objectif versités sera un autre élément séquilibres dans les localisations réactions. Il n’est pas question que considère qu’il y a nécessité d’agir. nouvelle taxe sur l’essence... J’ex- n’est pas un développement quan- important de la négociation, mais d’activités entre l’est et l’ouest de l’Etat impose ses orientations aux Le gouvernement n’a pas encore prime le souhait qu’elles soient titatif, mais qualitatif. il y aura également le soutien aux la région. Le fait d’être attentif aux élus. Pour autant, le contrat de fixé d’enveloppe financière pour toutes étudiées, au même titre que » L’Ile-de-France doit tenir son petites et moyennes entreprises, la difficultés de l’est de l’Ile-de- plan, ce n’est pas, non plus, l’Etat l’ensemble des contrats de plan, et l’obtention des fonds européens. rang dans la compétition interna- politique de la ville, le financement France ne veut pas dire que l’on ne qui vient financer les seules priori- encore moins la part qui reviendra – Votre idée de renforcer Paris tionale face à Tokyo, Londres et du logement social et de la fera rien pour l’ouest. Mais la prio- tés régionales : un bon contrat, à l’Ile-de-France. Tout cela ne sera et l’Ile-de-France dans leur fonc- New York, voire Francfort. C’est culture... rité reste bien la lutte contre la c’est la rencontre de deux volon- rendu public qu’en juin, au plus tion d’entraînement écono- pour cela que, dans la stratégie de – Comment allez-vous inté- fracture sociale et territoriale. Si tés, l’expression d’un projet parta- tard. C’est alors que pourra s’enga- mique n’est-elle pas surpre- l’Etat en région, nous n’oublions grer, dans votre négociation on veut valoriser les atouts de l’Ile- gé. » ger la préparation du contrat de nante de la part d’un ancien pas le rôle de la place financière de avec les élus, la meilleure répar- de-France, il ne faut pas que des plan lui-même, qui permettra de patron de la Délégation à l’amé- Paris : nous devons y être parti- tition territoriale des activités clivages internes mettent en péril Propos recueillis par déterminer de manière partena- nagement du territoire et à l’ac- culièrement attentifs (Le Monde du souhaitée par le gouvernement ? sa cohésion. Des réactions vio- Christophe de Chenay riale, parmi les actions prioritaires, tion régionale (Datar) ? 1er janvier). – Nous réfléchissons à une ap- lentes de certains quartiers nui- et Béatrice Jérôme Les préfets engagent avec les exécutifs régionaux une intense période de concertation LE GOUVERNEMENT entend tions de l’Etat aux vingt-six exé- Mme Voynet n’a pas, pour au- dissiper les craintes des présidents cutifs régionaux. De façon plus tant, donné un feu vert total aux de région, exprimées cet automne, discrète, le 23 décembre, une documents préfectoraux. Ses ser- de ne pas être suffisamment en- lettre signée de Dominique Voy- vices ont privilégié les projets de tendus par l’Etat dans la prépara- net, ministre de l’aménagement financement de l’Etat en région, tion des contrats de Plan Etat-ré- du territoire et de l’environne- « créateurs d’emplois effectifs », gions. Contrairement à ce qui ment, a validé les « projets de conformes à l’exigence d’un déve- avait été prévu cet été, Lionel Jos- mandat de négociation » des pré- loppement durable. Certains pré- pin n’a pas donné de mandat im- fets. Les représentants de l’Etat fets qui faisaient droit aux reven- pératif aux préfets lors du comité ont été autorisés à adresser leur dications des élus consultés interministériel d’aménagement copie aux exécutifs régionaux, ou- favorables à « toujours plus de du territoire, le 15 décembre 1998, vrant ainsi une période de concer- routes » ont été priés de revoir à la pour qu’ils adressent les proposi- tation qui durera jusqu’en juin. baisse la liste des priorités. L’Etat pourrait ne pas dégager davantage de moyens que pour les contrats précédents, alors que les Lille se dote d’un nouveau besoins de financement seront sans doute plus importants. Le gouvernement précisera, courant boulevard périphérique février, le montant de l’enveloppe allouée aux contrats. La four- APRÈS cinq années de travaux, le nouveau boulevard périphérique est chette se situera vraisemblable- de Lille s’ouvre à la circulation, mercredi 6 janvier. Sa mise en service ment entre 80 et 100 milliards de s’effectuera en trois phases successives, jusqu’à fin mars. Deux milliards francs (12,2 et 15,2 milliards d’eu- de francs (305 millions d’euros) ont été investis (27,5 % Etat, 27,5 % ros). Le 14 janvier, Lionel Jospin conseil régional Nord-Pas-de-Calais, 27 % département du Nord et 18 % recevra les vingt-six préfets de ré- communauté urbaine de Lille), pour cet ouvrage long de 3,3 kilomètres gion et leur exposera la «mé- et de deux fois cinq voies sur sa section principale. Il permettra d’absor- thode », qui devra être empreinte ber les cent vingt mille véhicules qui, chaque jour, empruntent le sud de du souci de la « plus large concer- Lille, provoquant de nombreux bouchons. Cet équipement relie direc- tation possible », selon Matignon. tement les autoroutes A 1 (Paris) et A 25 (Dunkerque) à la voie rapide Fin avril, une première synthèse urbaine qui mène jusqu’à Roubaix et Tourcoing. Cette réalisation per- des besoins exprimés par les élus mettra d’importants projets d’aménagement à l’est de l’agglomération, locaux sera remise aux services de zone jusqu’ici coupée de la ville par l’ancien périphérique. – (Corresp.) Mme Voynet. Les collectivités territoriales et DÉPÊCHES les représentants de l’Etat dans les a INTERCOMMUNALITÉ : le Conseil national des villes (CNV) a régions entament parallèlement la rendu un avis prudent sur les orientations des futurs contrats de ville discussion sur les nouveaux sché- (2000-2006) et sur les communautés d’agglomération. Le CNV, qui mas de services collectifs, prévus comprend vingt-cinq élus sur quarante membres, dont les vice-prési- par le projet de loi, dont la dis- dents sont Laurent Cathala, député (PS) et maire de Créteil (Val-de- cussion commencera le 19 janvier Marne), et Gilles de Robien, député (UDF) et maire d’Amiens (Somme), à l’Assemblée nationale. Sur les met notamment le gouvernement en garde contre « toute précipita- sept schémas, celui qui concerne tion » dans ses projets, estimant que « l’intercommunalité fonctionne dé- les nouvelles technologies de l’in- jà bien dans certains cas et ne se décrète pas d’en haut ». formation et, surtout, celui de la a NORD : le projet SOLEIL d’un nouvel accélérateur de particules, santé connaissent des retards im- gelé depuis plus d’un an par le gouvernement, « reste d’actualité », portants – dus aux difficultés liées a déclaré, lundi 4 janvier, Michel Delebarre, président (PS) du conseil à leur élaboration – qui inquiètent régional Nord-Pas-de-Calais. Citant un courrier du ministre de l’éduca- plus d’un responsable. Enfin, dé- tion nationale, de la recherche et de la technologie, Claude Allègre, an- but février, Mme Voynet rencontre- nonçant avoir demandé à ses services « un complément d’études », ra les présidents de région M. Delebarre a réaffirmé la candidature de Villeneuve-d’Ascq (Nord) membres de l’Association des ré- pour l’implantation de ce synchrotron. gions de France, toutes étiquettes a LOIRE-ATLANTIQUE : le conseil municipal des Sorinières a déci- politiques confondues, à l’exclu- dé, mercredi 30 décembre 1998, de reporter d’une année la facturation sion de ceux élus avec les voix du de la collecte des déchets ménagers en fonction de leur volume qui de- Front national. Pour leur témoi- vait entrer en vigueur le 1er janvier (Le Monde du 3 décembre 1998). Ce gner de son attention et de son nouveau mode de facturation a suscité une vive opposition d’une par- écoute... tie de la population. B. J. LeMonde Job: WMQ0601--0012-0 WAS LMQ0601-12 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 09:39 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3142 Lcp: 700 CMYK
12 / LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999 HORIZONS ENQUÊTE
ONGTEMPS, le mys- les sculpteurs morphologiques des tère a résisté à la insectes et des mammifères science. Comment parlent la même langue. Et que le d’un œuf, cellule bestiaire peint par Jérôme Bosch, unique, émerge la étranges amalgames de poisson et complexité du vi- de rat, de chien et d’oiseau, ne vant ? Quelles forces peut exister que dans un monde président au dé- imaginaire. L Car la vie, une fois pour toutes, veloppement em- bryonnaire, à la genèse des formes semble avoir inventé un seul sys- de l’espèce ? Les oursons, à la nais- tème pour organiser la complexité. sance, ne sont que « des boules de Mêmes briques de départ, même chair. Ils prennent forme sous les schéma général d’organisation... coups de langue de leur mère », D’où viennent alors les diffé- affirmait Pline l’Ancien. Plus tard, rences, qui ont produit au cours de bien plus tard, Claude Bernard l’évolution l’immense diversité des écrivait : « La morphologie vitale, formes animales ? De quelle voie nous ne pouvons guère que la improbable, après quels détours, a contempler puisque son facteur émergé la spécificité morpholo- essentiel, l’hérédité, n’est pas un élé- gique de l’homme ? Affaire de ment que nous ayons en notre pou- rouages biochimiques, mais aussi voir. » Aujourd’hui, la biologie d’espace-temps. « Il semble que apporte une certitude : l’embryon jouer sur le temps du développement est le seul maître de son architec- soit une des stratégies les plus effi- ture, et son devenir est à la fois caces pour créer des formes nou- programmé par ses chromosomes velles », estime Alain Prochiantz, et influencé par son environne- directeur du laboratoire de déve- ment. loppement et évolution du sys- Paroi utérine, deuxième semaine tème nerveux (CNRS, Ecole nor- de gestation. L’hôte, solidement male supérieure). implanté dans la matrice nourri- cière, n’est encore qu’un amas de FFAIRE de hasard, égale- cellules. Dans deux mois à peine, ment. Dans la boîte à outils mêlant dans un subtil agencement A du vivant, les gènes du d’organes et de matière plus de développement sont certes rangés deux cents types cellulaires diffé- selon une hiérarchie bien précise. rents, il aura réalisé sa destinée Mais à chaque niveau de ce grand biologique. Il aura forme humaine. Meccano subsiste un degré de A vingt jours, l’embryon mesure liberté. Selon les espèces, les gènes 2 millimètres de long. A ce stade, interagissent différemment entre c’est sûr, il ressemble plus à une eux, changent de fonctions, s’asso- cacahuète brûlée qu’à son papa. cient pour donner d’autres combi- Mais patience ! Au sommet de la naisons. Bref : pour retrouver cacahuète, le tube neural se bour- l’expression chère au biologiste soufle déjà pour former le cerveau. François Jacob, l’évolution « bri- Une semaine plus tard, 35 gram- cole », et réoriente sans cesse mes tout compris, tête démesurée l’embryogenèse vers des solutions et longue queue de vertèbres, nouvelles. Voilà comment, peut- quatre bourgeons de membres... être, les petits os de la mâchoire Le doute n’est plus permis : il y a des reptiles, devenus inutiles chez de l’animal dans cette ébauche-là. les mammifères, ont été réem- Au vingt-cinquième jour, le cœur ployés à la confection d’une se met à battre. oreille. Ou comment une nageoire Sixième semaine (8 millimètres latérale de poisson est devenue de long) : les yeux sont bien une patte de souris. visibles, des trous latéraux A la lumière de ces récentes annoncent les oreilles. Septième Les chemins de l’espèce découvertes, le pouvoir de la géné- semaine (15 millimètres de long) : tique paraît désormais sans la colonne vertébrale est formée, conteste. C’est à un gène unique, le cœur a ses quatre cavités, Commence alors un prodigieux L’AVENTURE DE L’EMBRYON était pas destiné. Comme si une dit-on, que l’on doit d’avoir le l’appareil urinaire est en place. ballet, dont les étapes – gastrula- erreur d’aiguillage avait boule- cœur à gauche et le foie à droite. L’embryon fabrique environ tion, neurulation, organogenèse – versé les chemins bien tracés de C’est à une poignée d’entre eux 100 000 cellules par minute. Neu- se succèdent, étonnamment sem- l’organogenèse. Eurêka pour le que serait liée la taille de nos vième semaine (30 millimètres de blables, chez le tétard, le poulet et chercheur : les gènes mutés, qu’il excroissances – doigts, orteils, et long) : ses doigts et ses orteils se le petit d’homme. Pour ce dernier, A vingt jours, l’embryon baptisa « gènes du développe- tutti quanti. Mais que les antiré- mettent en éventail. S’il est mâle, c’est dès la deuxième semaine que ment », devaient en temps normal ductionnistes se rassurent : les ses organes génitaux commencent les cellules se répartissent en trois mesure 2 millimètres. contrôler l’anatomie des différents gènes du développement n’ex- à apparaître. Quelques jours de couches superposées. Très vite, ces territoires embryonnaires de la pliquent pas, à eux seuls, la logique plus, et l’embryon devient fœtus. « feuillets primordiaux » se Il ressemble drosophile – ordonnant à d’autres des formes du vivant. Tous les organes sont présents courbent, se plissent, s’enroulent gènes de fabriquer ici une patte, là Comme un individu dépend de (mais non fonctionnels, à l’excep- les uns sur les autres. Du feuillet à une cacahuète brûlée une antenne. Lewis venait de trou- sa nature et de sa culture (de l’inné tion du cœur). Le squelette, encore externe (l’ectoderme) naîtront la ver le sésame de la fabrication du et de l’acquis), la morphologie cartilagineux, est au complet. Les peau, le cerveau et l’ensemble du au sommet boursouflé vivant. Mais il fallut attendre qu’adoptent les organismes au traits du visage se modèlent. Dès système nerveux, du feuillet trente ans, et les formidables pro- cours de leur développement lors, le petit corps blotti dans le interne (l’endoderme), les sys- qui annonce le cerveau. grès de la biologie moléculaire, résulte d’interactions entre les ventre maternel ne connaîtra plus tèmes digestif et respiratoire. Du pour vraiment s’en convaincre. gènes et l’environnement des cel- de grandes transformations. Gran- feuillet intermédiaire (le méso- Une semaine plus tard, « Nous n’avons pas encore lules. Ainsi plumes, écailles, dir, découvrir le monde in utero, derme) émergeront les muscles, les décodé le scénario complet du déve- glandes et dents proviennent telle sera désormais sa principale os et l’appareil circulatoire. il pèse 35 grammes, loppement de la drosophile, mais je toutes du même tissu épithélial, occupation. Dans le même temps, les cellules pense que nous en avons éclairci dépendent toutes du même réper- Tous les manuels résument amorcent leur différenciation. avec sa tête démesurée, plusieurs aspects essentiels », com- toire génétique. Leur destinée, dis- aujourd’hui ces étapes, immua- Toutes contiennent toujours l’inté- mente aujourd’hui Christiane tincte selon l’espèce et la région bles, de l’embryologie. Pourtant gralité du programme génétique quatre bourgeons Nüsslein-Volhard (Institut Max- embryonnaire, n’est réalisée que – on l’oublierait presque –, pour du petit être à venir, mais chacune Planck de Tübingen, Allemagne), grâce à l’« induction » exercée par parvenir à cette connaissance, il se met à jouer sa propre partition, de membres et une longue qui a partagé le prix Nobel de les tissus voisins. Jeux de l’espace, aura d’abord fallu inventer une à n’exprimer qu’une partie de ses médecine 1995 avec Edward Lewis du temps, du hasard, du milieu... discipline : la tératologie, science gènes, fabriquant ici de l’hémoglo- queue de vertèbres. et E. Wieschaus pour ses travaux Et s’il existait, encore, d’autres des monstres biologiques, dont bine, là des protéines de la peau. sur les gènes du développement. pistes ? Si une loi physique s’expri- Geoffroy Saint-Hilaire et son fils Chacune, hier encore semblable Au vingt-cinquième jour, Un Nobel pour une mouche ? Oui. mant par vagues, dont on soup- Isodore entreprirent au XIXe siècle aux autres, initie son histoire indi- Car les gènes du développement, çonne le rôle dans la formation des la description systématique. En viduelle. Les unes s’allongent, se le cœur se met à battre... la science ne cesse de le confirmer tourbillons ou des cristaux de mettant en lumière les « ratés » du ramifient, et acquièrent soudain le depuis dix ans, commandent sen- neige, avait ici aussi son mot à développement, ces précurseurs pouvoir de propager un influx ner- plus fines observations, les théo- développement embryonnaire, siblement de la même manière dire ? De récents travaux menés en firent apparaître en creux les règles veux, les autres se chargent de fila- ries les plus élaborées, ne parve- qui, d’une masse gélatineuse, fait l’élaboration de l’insecte, de la France, au laboratoire de géné- normales de l’embryogénèse. ments élastiques et deviennent des naient pas à résoudre le grand émerger des formes raffinées, pro- grenouille ou de l’homme. Ils tique et physiologie du développe- D’autres savants, non contents fibres musculaires. Certaines mystère. Quelle instance préside cède bien par différenciation suc- déterminent les axes antéro-posté- ment (CNRS-université Aix-Mar- d’observer, se mirent ensuite à restent prudemment accolées, au destin des cellules embryon- cessive de parties nouvelles, il rieur et dorso-ventral du jeune seille-II), vont timidement dans ce fabriquer leurs propres créatures. d’autres amorcent d’audacieuses naires ? Pourquoi, à la même implique également un message de embryon, puis ses segments suc- sens. En étudiant la segmentation Pour découvrir enfin, en ligaturant migrations. Il en est qui se multi- espèce, la même forme est-elle préformation inscrit dans le pro- cessifs. Lorsque ses membres se de l’embryon de poulet, les cher- des œufs de grenouille, en section- plient furieusement, il en est qui se toujours attribuée ? Quel chef gramme génétique. Le facteur développent, ils guident les cel- cheurs ont montré que celle-ci nant des ébauches de triton ou divisent à peine. Il en est même, et d’orchestre veille-t-il à ce qu’une métaphysique qu’Aristote évo- lules à leur emplacement définitif. impliquait un gène particulier, d’oursin, en observant ensuite le non des moindres, qui se suicident cellule du tube neural devienne un quait déjà, cette « cause finale » Lorsque se précise le contour des s’exprimant par vagues succes- devenir des fragments, la première en masse. La « mort cellulaire pro- neurone et non un cheveu, à ce grâce à laquelle l’œuf de grenouille formes, ce sont eux, encore, qui sives. Avec une périodicité d’exac- loi de l’embryogénèse : la « totipo- donne invariablement une gre- dictent aux tissus le moment où ils tement quatre-vingt-dix minutes, tence » cellulaire, pouvoir qu’ont nouille et non un poisson ou une doivent arrêter de se multiplier. calquée sur le temps de formation les cellules, lorsqu’elles sont sépa- Quel chef d’orchestre veille-t-il à ce que poule, existe donc. Et il est désor- des segments. rées les unes des autres durant les mais strictement explicable en E cette famille d’archi- Vague après vague, ainsi se seg- stades les plus précoces du déve- nous ayons le nez au milieu de la figure termes physico-chimiques. D tectes, les plus universels mente peut-être le futur petit loppement, d’engendrer chacune Autour des années 60, dans son sont les « homéogènes », d’homme... Ainsi s’approche-t-on, un organisme complet. C’est le cas et non l’omoplate soudée au tibia ? laboratoire californien, le généti- qui gouvernent l’emplacement des peut-être, de la théorie suggérée pour les cellules humaines dans les cien Edward Lewis s’absorbe dans organes. A quelques différences par le zoologiste écossais D’Arcy trois jours suivant la fécondation, Il y a vingt ans à peine, la contemplation des mouches. Il près, ils ont même été retrouvés Thompson, l’un des esprits scienti- période durant laquelle se forment les cultive par milliers. Et certaines, chez les végétaux. Et ils vont fiques les plus étonnants – et les les vrais jumeaux. les biologistes n’en savaient rien encore observe-t-il, présentent vraiment jusqu’à fonctionner chez une plus méconnus – de ce siècle, dont Singulière puissance, absolue et d’étranges mutations. Celle-ci pos- espèce qui n’est pas la leur ! Walter l’œuvre maîtresse, Forme et crois- si fugitive ! Car, très vite, comme sède une paire d’ailes ou de pattes Gehring, bricoleur de génie géné- sance (1917), employait à plaisir la ne tardèrent pas à le découvrir les grammée » (apoptose) est en effet que nous ayons le nez au milieu de supplémentaire, celle-là a des tique à l’université de Bâle spirale logarithmique, la série de explorateurs du vivant, la partie ne indispensable au développement la figure et non l’omoplate soudée pattes à la place des antennes, (Suisse), en a fait récemment Fibonacci et le nombre d’or. Mais reproduit plus le tout. L’embryon embryonnaire, tant pour faire dis- au tibia ? Il y a vingt ans à peine, cette autre encore des yeux à la l’expérience : il a introduit dans un le mystère demeure quand, de devient alors incapable de régéné- paraître les tissus ancestraux qui les biologistes n’en savaient rien place des ailes... Point commun à embryon de drosophile, à l’empla- temps à autre, la morphogenèse rer un territoire perdu, de résorber n’ont plus de fonction dans encore. toutes ces monstruosités : les cement présomptif d’une patte, un produit la fulgurante beauté d’un un membre présomptif surnumé- l’espèce (la queue chez l’embryon La réponse est venue d’une organes en surnombre sont tou- gène de souris indispensable au visage ou d’un corps. raire. Bien qu’aucun organe humain) que pour sculpter les simple mouche du vinaigre, la jours parfaitement normaux. Sim- développement de l’œil. Le résul- n’apparaisse encore, le destin des détails morphologiques (les doigts désormais célèbre drosophile. Et, plement, ils ne sont pas à la bonne tat fut un œil surnuméraire sur la Catherine Vincent cellules qui le composent est de la main). avec elle, la fin d’une controverse place. Comme si certains groupes patte de la mouche. Un œil de Dessin : Peter Sís scellé. Elles ont trouvé leur voca- C’est ainsi que se sont affirmées, qui avait opposé pendant deux de cellules, pendant que l’embryon mouche, pas de souris, mais dont tion, et sont désormais « détermi- depuis le début du siècle, les avan- siècles les « préformationnistes » prenait forme, s’étaient mises à le maître d’œuvre génétique pro- PROCHAIN ARTICLE : nées ». cées de l’embryologie. Mais les et les « épigénéticiens ». Si le fabriquer un organe qui ne leur venait d’un rongeur. C’est dire que Les chemins de la perfection LeMonde Job: WMQ0601--0013-0 WAS LMQ0601-13 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 08:45 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3143 Lcp: 700 CMYK
HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999 / 13
La prochaine utopie par Jacques Attali RÈS de la moitié des on retenait l’un ou l’autre, le débat réjouit de voir augmenter de 50 % limite leur droit de se soigner en chroniques, se battre contre le deux domaines déterminants de enfants qui naîtront en sur leur part dans le revenu natio- les dépenses de téléphones por- fin de vie. Ni qu’on réduise le droit traité d’Amsterdam, ni contre l’avenir, où se jouera la compétiti- P France cette année nal changerait de nature. tables et on se plaint quand les aux études de leurs propres petits- l’équilibre budgétaire ; c’est refu- vité des nations. seront encore vivants Car – il faut s’y faire – dans nos dépenses de santé augmentent de enfants. Ils se soigneront et paie- ser toute contrainte imposée sans Telle sera demain la principale quand commencera le XXIIe siècle. sociétés, ces dépenses ne peuvent 3 %. On freine la croissance des ront le prix qu’il faut pour envoyer raison sur la part des soins et de distinction, radicale, profonde, Aucun de leurs enfants ne sera qu’augmenter, en valeur absolue dépenses de santé en imposant leur progéniture dans les meil- l’éducation dans le revenu natio- entre la gauche et la droite. Elle plus au travail ; plus de la moitié et en pourcentage, pour de des quotas globaux et on refuse de leures écoles ; les autres seront nal. suppose de considérer, à droite, la de leurs petits-enfants et de leurs bonnes raisons : on vit plus vieux combattre les gaspillages indivi- contraints de ne pas utiliser tous On pourrait très bien imaginer vie comme une propriété privée, arrière-petits-enfants seront et les savoirs deviennent plus duels des médecins, alors qu’il les progrès disponibles. On ne dis- une société qui accepterait qu’il appartient à chacun d’entre- encore à l’école ou à l’université. riches. Et, comme on ne peut faudrait faire exactement l’in- tribuera pas à tout le monde cer- consciemment que cette part aug- tenir et de valoriser. Et à gauche, Telle est l’extraordinaire prédic- automatiser les soins et l’éduca- verse : interdire aux médecins, tains médicaments ; on ne permet- mente, en valeur absolue et en comme la finalité même de toute tion qu’on peut faire au vu des tion au rythme où on automatise individuellement, de gaspiller tra pas à tous d’avoir accès aux valeur relative, au rythme du pro- activité sociale. tendances les mieux établies : les autres services, il est tout à fait mais leur permettre, collective- études les plus sophistiquées. grès thérapeutique et du savoir, Aux Etats-Unis, où le pire côtoie notre société sera durablement normal qu’augmente leur part ment, d’utiliser tous les progrès On présentera ainsi le principal sans que cela soit une catastrophe. toujours le meilleur, on a bien dominée par l’épargne des grands- dans le revenu national. Cette qu’ils génèrent. dilemme de demain : augmenter Se soigner et se former seraient compris que l’éducation et la parents et la consommation des croissance est même un signe de Cela s’explique par la nature les dépenses d’éducation et de même alors vécus comme des acti- santé sont les deux gisements petits-enfants. bonne santé économique, car il est vités socialement utiles, qu’il majeurs de progrès scientifique, Cela devrait nous conduire à sain de consacrer de moins en conviendrait de rémunérer. Qui se économique et social du siècle remettre en cause toutes les moins d’argent à des ordinateurs, Augmenter les dépenses d’éducation et soigne ou se forme ne serait donc prochain. On y accepte (sans le fausses évidences dont se nourrit des téléviseurs, des réfrigérateurs, pas compté comme chômeur ou financer pour autant par l’impôt) aujourd’hui le débat public. Et dont la production est de plus en de santé, c’est réduire la rentabilité du capital. invalide mais comme accomplis- que l’économie s’y oriente, pour le d’abord celles concernant la pré- plus performante, et d’en consa- sant une tâche utile à la collecti- plus grand bien de l’industrie et tendue limite à imposer à la crois- crer de plus en plus à d’autres ser- Les réduire, c’est condamner la société vité : quand un citoyen est en des consommateurs solvables. sance des prétendus prélèvements vices, plus vitaux. bonne santé, c’est toute la collecti- En Europe, l’unification moné- obligatoires, dont les deux pre- Tant que la médecine sera effi- à n’être plus qu’un rassemblement inégal vité qui s’en trouve mieux ; de taire obligera vite à harmoniser les mières composantes seront cace, c’est-à-dire tant que l’espé- même, quand il se forme, c’est services publics et conduira, si l’on demain l’éducation et la santé. rance de vie augmentera et que la toute la collectivité qui s’améliore. n’y prend garde, à réduire massi- Il est au cœur de la pensée douleur en fin de vie diminuera, la profonde du pouvoir dans nos santé, c’est réduire la rentabilité Une telle société, où le progrès vement les dépenses de santé et unique que de considérer ces croissance des dépenses de santé sociétés, dominées par les vieux du capital. Les réduire, c’est technique aura radicalement d’éducation pour contrôler le coût dépenses comme une engeance, sera une bonne nouvelle. De riches, ce qui s’exprime par la condamner la société à n’être plus transformé le commerce, la du travail. L’Europe aura ainsi, une catastrophe ; leur nom même même, tant que le niveau culturel priorité donnée à la lutte contre qu’un rassemblement inégal. banque, l’industrie, pourrait sans le décider, choisi la voie du fonctionne comme un repoussoir : et professionnel d’un pays s’amé- l’inflation sur celle contre le chô- Telle est la vraie pensée unique : consacrer la moitié de sa richesse pire. Il serait pourtant conforme à « prélèvements » renvoie à Shylock liorera avec la croissance du bud- mage et par la prééminence des celle qui sert à imposer aux nationale à permettre à ses son génie de privilégier ces ser- et « obligatoires » à quelque extor- get de l’enseignement, la crois- fonds de pension. Or la rentabilité pauvres des contraintes que les membres de vivre un siècle entier vices vitaux en créant les condi- sion dictatoriale. En réalité, ces sance des dépenses d’éducation du capital que gèrent ces fonds riches refusent de s’appliquer à sans douleur, en actualisant sans tions d’une réelle égalité dans leur dépenses ne sont pas toujours restera justifiée. pour le compte des plus riches est eux-mêmes. Elle conduira à cesse ses connaissances. La part accès. financées par l’impôt, mais Dans quelques pays, les grevée par les dépenses de santé l’euthanasie implicite de presque du revenu national consacrée aux Cela sera peut-être, sous le nom souvent par l’assurance volon- dépenses de santé et d’éducation et d’éducation. On les verra donc tous, au nom du respect de grands « dépenses vitales » anciennement de Fraternité, la prochaine utopie. taire. Quand elles le sont par augmentent de 10 % par an sans s’efforcer de plus en plus de limi- équilibres que les plus riches nommées « prélèvements obliga- l’impôt, il est le résultat d’un vote que cela soit nécessairement res- ter ces dépenses. Naturellement, n’auront pas à maintenir. toires » y deviendrait alors un cri- démocratique. Un nom plus exact senti comme une tragédie. Dans la lorsqu’elles sont faites par les Sortir de la pensée unique, ce tère de progrès de la civilisation. Jacques Attali, conseiller serait : « services démocratiques » plupart des autres, dont la France, autres. Car les plus riches n’accep- n’est donc pas, comme le croient De plus, cela orienterait le progrès d’Etat en disponibilité, est pré- ou encore : « dépenses vitales ». Si tout semble aller à l’envers : on se teront évidemment pas qu’on certains en mal de combats ana- technique et l’industrie vers les sident d’une société de conseil. Retraités, il faut changer de logique Constitution : un article par Jean Tsuk de trop par Carmenza Charrier terme, il est inévitable qu’il devra consacrer à ce partage, retraite de leurs aînés, qui s’ajou- risque de contribuer plus aux pro- a République chez les Etats intéressés, un stade de que le taux d’imposi- si ces deux catégories de personnes tera au coût de préparation de leur blèmes qu’à leur solution. On peut peut conclure civilisation inférieur à celui de la tion des revenus pro- jouissent d’un niveau de vie égal, propre retraite. Et comme les aussi imaginer que l’activité profes- des accords avec République, postulat qui pouvait A « droits acquis » par les anciens sionnelle se prolongera jusqu’à 65 «L gresse en fonction de comme c’est le cas actuellement. des Etats qui surprendre de la part d’un peuple l’âge du contribuable. Aucune autre Difficile d’imaginer un scénario cotisants sont censés absorber la ou 70 ans : en France, une telle poli- désirent s’associer à elle pour déve- qui a fait de l’égalité plus qu’un solution n’évitera l’explosion des d’explosion sociale programmé moitié des richesses produites par tique irait à l’encontre de toutes les lopper leurs civilisations » (article 88 principe, un dogme. régimes de retraite. avec plus d’inéluctabilité. les actifs, les cotisations servant à tendances récentes observées au de la Constitution du 4 octobre En admettant que la formulation Tous les trois ou quatre ans (1991, Rien ne sert de fantasmer sur les préparer les retraites des jeunes ne niveau des employeurs aussi bien 1958). malheureuse fût dépourvue de 1995 et 1998), les experts révisent vertus des fonds de pension par seront ni capitalisées ni réparties. que des intéressés et augmenterait La révision de la Constitution exi- mépris et simplement chargée de fortement à la hausse leurs prévi- capitalisation, dont l’appréciation Car le système est programmé pour sans doute le taux du chômage. gée pour la ratification du traité paternalisme, la référence à «la sions sur les déficits futurs des dans le temps suivrait celle des exploser par la logique d’une arith- Ce conflit entre générations d’Amsterdam devrait être l’occa- communauté » pouvait renvoyer au régimes de retraite. Les gouverne- marchés financiers : le choc démo- métique démographique que les concerne des individus jouissant sion de s’interroger sur la perti- contexte bien précis de 1958 et à la ments Rocard, Balladur et Jospin graphique aura lieu, déjà, à partir responsables publics n’ont pas eu le d’une grande variété de situations nence dudit article 88. Il y a de quoi décolonisation. A partir du moment ont été ou sont face à des constata- de 2005, quand les actifs nés pen- courage d’affronter à temps. économiques. Il y a des retraités s’étonner : le dernier « toilettage » où, en 1995, tout rappel de la situa- tions identiques : les hypothèses totalement démunis et ceux qui de la loi fondamentale, lors de servant de base aux calculs anté- cumulent les pensions de retraite l’adoption de la loi constitution- rieurs se sont révélées trop opti- L’imposition à un taux progressif avec des patrimoines personnels. nelle du 4 août 1995, qui fit dispa- Même si la doctrine mistes ; il faut revoir la copie – en Dans ces conditions, une seule raître les articles 76 à 87 (relatifs à la l’occurrence, augmenter les cotisa- en fonction de l’importance des revenus solution s’impose à l’horizon. Il communauté française) et les n’a pas relevé tions des actifs et redéfinir à la faudra à l’avenir moduler l’imposi- articles 90 à 93 (qui servirent à la baisse les prestations des retraités – avait constitué une révolution. tion des revenus et des fortunes en mise en place des institutions), ne l’incongruité pour rétablir par un savant dosage fonction de l’âge et de la situation s’est pas intéressé à cette formula- les conditions d’un équilibre futur. La progressivité en fonction de l’âge de famille des contribuables. Les tion. de l’article 88, Difficile de croire que tant personnes âgées, sans dépendant à Le libellé de cet article est pour- d’experts éminents œuvrant sous s’imposera en vertu de la même logique leur charge, seront mises à contri- tant surprenant et à même de cho- il convient, les auspices du commissariat du bution plus lourdement que les quer ceux qui voudraient se donner Plan se soient trompés avec tant de de justice sociale titulaires des mêmes revenus et les la peine de le lire. Cette disposition par pudeur, régularité... La vérité est que, à propriétaires des mêmes patri- est un reliquat de notre histoire aucune époque, il n’est politique- moines qui appartiendraient aux coloniale. Elle avait pour objet de de le supprimer ment acceptable de regarder les dant le baby-boom de l’après- On peut aussi fantasmer sur un catégories d’âge où l’on cumule les régler la question du Laos et du chiffres en face, car ils signifient la guerre de 1945 commenceront à renversement de la pyramide des activités productrices de richesses Cambodge pour leur permettre de faillite programmée de l’ensemble prendre leur retraite. A partir de âges grâce à un recours massif à et les besoins familiaux. maintenir avec la France des liens tion d’alors était effacé, le texte pre- du système français des retraites. cette date, et aussi longtemps que l’immigration : l’Europe devrait L’imposition à un taux progressif qui se situeraient dans le cadre du nait une autre dimension. La for- Alors, les rapports sont basés sur les projections démographiques accepter de devenir un nouveau en fonction de l’importance des droit international. mule lapidaire – isolée sous le titre des hypothèses que chacun sait permettent de prévoir l’avenir, le melting-pot pour les arrivants de revenus avait en son temps consti- Le projet de Constitution fut exa- XIV portant sur « les accords d’asso- d’avance entachées d’un excès nombre de sortants du marché du tous horizons. Mais il faudrait que tué une révolution. La progressivité miné par la commission constitu- ciation » – claironna alors, impu- d’optimisme, pour justifier le tour travail dépassera celui des nou- le niveau d’éducation des nouveaux en fonction de l’âge s’imposera en tionnelle du Conseil d’Etat les 25 et dente, la prétention d’ériger la de vis supplémentaire que l’on veaux entrants. venus soit adapté aux exigences de vertu de la même logique de justice 26 août 1958. Le texte préparé par le France en parangon de civilisation. considère situé à la limite du sup- Dans toute l’Europe vieillissante, nos économies, de plus en plus sociale. rapporteur était alors ainsi for- Toutefois, si cela ne suffisait pas à portable – en attendant la pro- la première moitié du XXIe siècle dominées par la technologie : en mulé : « Il peut être formé entre la condamner cette disposition jamais chaine révision des prévisions... sera caractérisée par un double far- réalité, l’afflux des Albanais, République et les Etats qui mani- utilisée, sa localisation dans la Les rapports se sont fondés tour deau posé sur les épaules des Kurdes, Sri Lankais chassés par les Jean Tsuk est ancien chef festent la volonté de s’unir à elle une Constitution le ferait, elle, sans à tour sur la supposition que jeunes : celui des pensions de conflits dans leur propre pays d’entreprise. association d’Etats libres en vue de appel. Tenu d’insérer dans la loi fon- l’allongement de la durée de vie développer leurs civilisations » damentale les dispositions relatives allait se ralentir ou que le nombre (art. 73). La commission d’étude du aux Communautés européennes en de chômeurs allait tomber à 5 % de AU COURRIER DU « MONDE » l’enseignement de la philosophie 15 décembre 1998). Les ensei- Conseil d’Etat ne s’y montra pas préalable à la ratification du traité la population active, ou encore à dans les lycées en disant que c’est gnants de philosophie, jeunes et favorable pour des questions de de Maastricht, le constituant fixa, 9 % à partir de 2005, comme prévu RÉPONSE « à l’âge des grands rêves, des spé- moins jeunes, qui travaillent politique générale liée au statut de en 1992, la place qu’il attribuait à dans les calculs qui viennent d’être À ROBERT PIROT culations folles, des ébranlements de souvent dans la révolte ou dans le certaines colonies sur le point de l’Europe aux articles 88-1, 88-2, 88-3 publiés. On préfère ignorer Dans le numéro du 16 décembre l’âme que la philosophie est le plus désespoir, n’en seront en tout cas cesser de l’être. Dans tous les cas, la et 88-4, qui « dérivent » ainsi de qu’aucun des plans contre le chô- 1998, Le Monde a publié la réaction ardemment attendue » ? Il ne fait guère touchés. Ainsi voit-on, avec discussion portait sur le contenu de l’article 88. Le passage du titre XIV mage échafaudés au cours des d’un lecteur, Robert Pirot, aux pro- ainsi, on peut le craindre, que ren- désolation, se laisser aller à des la disposition, l’accord n’étant pas de l’article 88 au titre XV pour les trente dernières années n’a eu le pos récents de Claude Allègre, forcer l’image de la philosophie dérapages de moins en moins fait sur la création d’une commu- articles relatifs aux Communautés succès escompté. dont vous vous faisiez l’écho dans comme discipline « de luxe » qui contrôlés un ministre, dont les nauté ou d’une association d’Etats européennes et à l’Union euro- Il y a, en revanche, peu de raisons votre numéro du 4 décembre (le sous-tend le discours du ministre. premières initiatives avaient pour- libres. péenne ne parvient pas à atténuer de douter des dernières projections ministre disait : « Des cours sur la S’agissant de Thalès, il aurait été tant pu éveiller beaucoup de sym- L’avant-projet diffusé en vue du l’ambiguïté créée par la filiation qui chiffrent le seul déficit des drogue, la violence : la situation plus pertinent, je pense, de rappe- pathie. conseil des ministres du 3 sep- numérique. régimes de retraite publics à dans les quartiers difficiles et la ler que celui-ci savait montrer, Jacques Brunschwig tembre 1958 prévoyait à l’article 88 : Même si la doctrine n’a pas relevé 280 milliards de francs (42,68 mil- morale civique sont plus importants « quand il le voulait », qu’il ne Antony (Hauts-de-Seine) « La République ou la communauté l’incongruité de l’article 88, même si liards d’euros) à l’horizon 2040 que la philosophie »). manquait pas de sens pratique peuvent conclure avec des Etats des les partenaires de la France et ceux – soit à un chiffre comparable au La lettre de M. Pirot, avec toutes (Aristote, Politique I, chap. 11). MÉCÈNE GÉNÉREUX accords comportant la mise en qui concluent des accords avec elle total du produit de l’impôt sur le ses excellentes intentions, me S’agissant de Claude Allègre, on Je m’étonne que le président de commun de certaines compétences veulent bien l’ignorer, il convient, revenu. A ce chiffre himalayen paraît ressembler au pavé de préférerait inviter notre ministre à la République n’ait pas soufflé à pour développer leurs civilisations. » par pudeur, par bienséance, de le devrait s’ajouter le déficit prévisible l’ours. Passe encore qu’il attribue à se rendre compte que la philoso- son ami François Pinault une idée A l’issue de la réunion, le gouverne- supprimer. Le conserver serait don- des autres régimes de retraite. Socrate, plutôt qu’à la « petite ser- phie pourrait avoir son mot à dire géniale : reverser aux Restos du ment avait effacé le caractère égali- ner raison et une arme à ceux qui, à La réalité est que l’on s’achemine vante thrace » dont parle Platon, à propos de la drogue, de la vio- cœur le montant économisé en taire du texte en adoptant le libellé l’étranger, brocardent une suppo- vers une société où le nombre de les railleries que valut à Thalès sa lence, de la morale civique, et échappant à l’ISF. (...) Quelle plus qui devait figurer dans la Constitu- sée arrogance française. personnes qui créent des richesses chute dans un puits ; passe encore même de la situation dans les belle manière de façonner une tion du 4 octobre 1958 : « La Répu- sera sensiblement égal à celui des qu’il applique à Thalès ce que Pla- quartiers difficiles. image de mécène généreux et sen- blique ou la communauté peuvent allocataires des régimes de retraite. ton dit en général du philosophe, Claude Allègre peut bien s’écrier sible à toutes les misères... Com- conclure des accords avec des Etats Carmenza Charrier est Chaque actif devra partager les « chantre de la vraie vie des dieux et maintenant, avec des trémolos ment ne pas y avoir pensé ? qui désirent s’associer à elle pour maître de conférences de droit richesses qu’il crée avec un inactif, des hommes heureux », mais croit-il dans la voix : « Enseignants, je suis Paul Wagret développer leurs civilisations. » public à l’université René-Descartes- et c’est la moitié de ses revenus vraiment venir au secours de des vôtres ! » (Le Monde du Saint-Raphaël (Var) Ainsi rédigé, l’article 88 postulait, Paris-V. LeMonde Job: WMQ0601--0014-0 WAS LMQ0601-14 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3144 Lcp: 700 CMYK
14 / LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999 HORIZONS-ANALYSES 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Toc du top par Bertrand Poirot-Delpech, de l’Académie française Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 COMMÉMORATION et compétition sont Rien ne prouve que le progrès des morts au tern et Rosencrantz, Hamlet cahoterait. Sans Internet : http : //www.lemonde.fr les deux mamelles de la modernité. Dès que volant ne découle pas davantage de la course Sganarelle, pas de Dom Juan. Sans la tirade de se calme la célébration des anniversaires et aux scores, réputée positive et partout vantée Flambeau sur les « petits », les « obscurs », ÉDITORIAL des millésimes, c’est la course aux palmarès, au nom de l’émulation planétaire. A-t-on ana- que vaudrait L’Aiglon ? aux records. La bataille pour le classement lysé l’influence sur les fautes de conduite Avec leurs jardiniers bien-disants et leurs masque la lutte des classes. Hommes poli- meurtrières, des publicités en faveur de vi- hallebardiers bourrus, Giraudoux et Anouilh Une ténébreuse affaire tiques et artistes ne rêvent plus que de coller tesses par ailleurs interdites, et des prouesses ont réhabilité le chœur antique dans sa aux commentaires sportifs en se « hissant en de « Formules 1 » ? compassion versatile. Le lampiste qui agite ’EST un fait in- d’imprudence, ne s’y fait remar- haut du tableau », en « caracolant en tête » L’obsession de la gagne et la manipulation son fanal bicolore au bout du quai, le sort du croyable, mais c’est quer par aucune activité délic- des sondages et des parades. des performances sont passées du sport à spectacle et celui du monde sont suspendus à C pourtant un fait dé- tuelle et prend garde à éviter les L’avant-dîner télévisuel n’offre de choix l’économie, puis à la politique. Le retour de son balancement plus qu’aux cocufiages du sormais établi et re- contrôles d’identité. Enfin au- qu’entre des finales en tout genre. Marignan, Jean-Pierre Chevènement place Beauvau est chef de gare. connu par les administrations cune « demande d’arrestation » quelle date ? Qui sera président ? Qui devien- apprécié en heures d’arrêt cardiaque, en jours Dans l’euphorie de l’après-guerre, et jus- concernées depuis que Le Monde n’a, pour l’heure, été internatio- dra Miss Mise-en-plis ? Les chiffres pleuvent, de coma, en hausse de popularité. Les leaders qu’il y a encore peu de temps, la scène savait du 5 janvier s’en est inquiété. La nalement diffusée via Interpol, les cadrans s’agitent, les enveloppes se dé- consultent leur pourcentage de notoriété avec fêter ses champions de la discrétion, loin des France, sa justice et sa police ne seule procédure qui pourrait dé- collent, les candidats transpirent, embrassent la même fébrilité que, naguère, leur rang de hiérarchies clinquantes et des autocélébra- se sont toujours pas donné les clencher, à l’échelle planétaire, les gosses, pleurent sur le quart-monde... jus- sortie à l’ENA, tout en sachant que l’habileté à tions. Deux de ces serviteurs nous ont quittés moyens de rechercher, de trou- les recherches nécessaires en qu’à ce que le verdict tombe : l’élu est..., the séduire les médias a vicié la sélection par les la semaine dernière, à quelques heures d’in- ver et d’interpeller l’homme-clé vue de son interpellation. winner is... Le monde est enfin en ordre, puis- concours. Une bonne vingtaine d’énarques tervalle, et ont illuminé de leur effacement de l’affaire Elf, Alfred Sirven. M. Sirven coule donc des jours qu’il paraît rangé selon les mérites, devant pensent avoir raté leur carrière parce qu’ils ne une fin d’année vouée à la frime. L’un, Paul Cela fera bientôt quatre ans et tranquilles en Amérique du huissiers et politologues. On peut passer à sont pas devenus président de la République. Puaux, avait mis sa fierté à seconder son demi qu’a été ouvert, le 18 août Nord, en Afrique ou en Asie du table ! Les ambitions de servir l’Etat se sont dégra- maître Jean Vilar, à l’ombre des murailles 1994, le premier volet judiciaire Sud-Est, à l’abri des sommes ver- Hélas ! à l’heure des nouvelles, les statis- dées en minauderies de starlettes, maquillées d’Avignon. L’autre, Hubert Deschamps, hono- d’un dossier gigogne qui, au fil tigineuses dont on lui attribue le tiques reprennent leur ronde, lugubre cette à l’année. rait la tradition des seconds rôles dont on se de ses développements, a mis au détournement vers des paradis fois : cinquante tués sur les routes en une nuit Paradoxalement, le monde du théâtre ré- souvient mieux que des premiers parce qu’ils jour le plus énorme scandale po- fiscaux. En effet, dans ces trois de réveillon ; des dizaines d’accidents sur les siste mieux à la hantise d’un vedettariat tou- y font passer, en quelques répliques, tout un litico-financier hexagonal, tant continents évoqués par diverses pistes de ski ; nombre doublé des automobiles jours plus artificiel. Sans doute parce qu’on y univers intime, en l’occurrence la poésie co- par les sommes détournées, les sources comme ses refuges pos- en feu. Une pensée unique quadrille aussitôt connaît depuis plus longtemps, en vérité de- casse d’une fraternité blessée. réseaux partisans impliqués, les sibles, les justices et polices lo- les esprits : ces records négatifs tiendraient à puis toujours, les faux semblants de la rampe. A l’heure des hits et des tops en toc, ces re- pratiques de corruption généra- cales ne sont aujourd’hui saisies la nature humaine, intrinsèquement violente, On y sait qu’il n’y a pas de petits rôles, seule- tours en coulisse sur la pointe des pieds, quel lisées et les enjeux géopolitiques d’aucune requête française. Evi- donc justiciable d’une répression renforcée. ment de piètres interprètes. Sans Guildens- souffle d’air pur ! Quelle leçon de noblesse ! où s’emmêlent diplomatie oc- demment, maintenant que la culte et manne pétrolière. Et cela nouvelle de cette impunité de fait quatre ans et demi que fait est publique, cet oubli sidé- M. Sirven, homme d’argent et rant va être réparé. Mais, entre- d’influence, a pu tranquillement temps, le mal est fait. par Jean-Pierre Cagnat organiser sa fuite, utiliser ses Dans une chaîne de responsa- Projet de célébration de l’an 2000 protections, effacer ses traces. bilités dans laquelle il nous faut Des réactions du parquet de bien inclure aussi bien les juges Paris et de la police judiciaire à d’instruction chargés du dossier nos informations, il ressort donc judiciaire que les policiers char- que, aujourd’hui encore, alors gés de l’enquête de terrain, le ré- que son rôle central dans l’af- sultat est là, stupéfiant : cette in- faire Elf est bien établi, M. Sir- compréhensible absence de zèle ven n’a aucun souci à se faire. Il dans la recherche du principal n’est actuellement officiellement suspect jette un discrédit sur les recherché à des fins d’interpella- investigations menées dans l’af- tion, hors de France, que dans faire Elf, atteint leur rigueur et un seul pays, la Suisse, dont il est mine leur cohérence. La légitimi- pourtant avéré qu’il l’a quitté de- té du combat contre la corrup- puis plus d’un an. La justice tion, dont nous avons toujours française s’est seulement écrit dans ces colonnes qu’elle contentée de le signaler aux était plus ample et plus pro- pays européens appartenant à fonde que ce qu’admettent à de- l’espace Schengen, ce qui, mi-mot les dirigeants du pays, concrètement, signifie qu’il ne ne saurait souffrir de tels man- risque rien s’il n’y commet pas quements.
0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment Rédacteurs en chef : Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan Médiateur : Robert Solé Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président
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Le Monde est édité par la SA Le Monde Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 985 000 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. – formule qui fera école dans ception... de Berlin-Est. En Europe mans, Slobodan Milosevic a ras- d’autres pays du camp socialiste – de l’Est, pour employer la manière semblé plus d’un million de per- ILYA50 ANS, DANS 0123 1989, l’année pour préparer le passage au multi- forte, il faut avoir l’appui de l’URSS. sonnes pour chanter le partisme et à la démocratie. En Or celui-ci fait défaut. M. Gorba- nationalisme serbe au cœur du Ko- qui a changé août, Tadeusz Mazowiecki devient tchev a d’autres ambitions que de sovo, peuplé à 90 % d’Albanais dont Hausse de l’indice des prix de détail le premier chef de gouvernement maintenir par la violence des sa- il avait supprimé le statut d’autono- de l’Europe de l’Est qui n’appar- trapes impopulaires. En juin, il s’est mie quelques mois avant. C’était le L’INDICE des prix de détail des indice des prix de détail n’est pas le monde tienne pas au Parti communiste. engagé avec Helmut Kohl à signal de la dissolution de la Yougo- 34 articles à Paris a continué à un indice du coût de la vie. En de- Partout, le carcan imposé par Sta- « contribuer à surmonter la division slavie et d’une nouvelle guerre bal- monter en décembre. Il est passé hors du chauffage, de l’éclairage et Suite de la première page line commence à craquer. La Hon- de l’Europe » et il a besoin du sou- kanique qui dure encore au Kosovo. de 1 870 à 1 928, soit une hausse de du savon, il ne tient compte que grie opte pour des élections libres et tien financier du chancelier pour ré- La guerre en Yougoslavie a été 3,1 % en un mois. L’indice du des denrées alimentaires. Et en- Elle s’interroge sur ses limites, ouvre sa frontière avec l’Autriche. former l’économie de son pays. Les une épreuve de vérité que l’Europe chauffage et de l’éclairage est res- core laisse-t-il de côté les légumes. une question incongrue « avant » C’est un lieu de passage idéal pour chars soviétiques restent dans leurs unie, celle qui se construit patiem- té stationnaire à 1 423. La hausse Or, on sait que les prix de ceux-ci puisque la frontière de la Commu- les Allemands de l’Est qui, selon casernes. Le 9 novembre, le mur de ment depuis une quarantaine d’an- est imputable à celle des denrées non seulement n’ont pas monté, nauté européenne était fixée par le l’expression de Willy Brandt, Berlin est ouvert. Des millions d’Al- nées, n’a pas passé avec succès, alimentaires dont l’indice est pas- mais même ont fortement baissé « rideau de fer ». « votent avec leurs pieds ». Des di- lemands de l’Est passent à l’Ouest moins par faiblesse que par imma- sé de 1 873 à 1 924 et à celle du sa- depuis la fin de 1947. Au début de 1989, c’est d’Union zaines de milliers d’entre eux es- pour contempler ce qu’ils n’ont ja- turité. Mais elle n’a pas détruit l’ac- von. Parmi les denrées alimen- L’indice d’autre part ne reflète soviétique que partent les premiers saient de rejoindre la République mais vu qu’à la télévision puis quis ; elle n’a pas replongé l’Europe taires, la viande de porc et les pas le mouvement des prix réels. Il signaux laissant entrevoir un ébran- fédérale en se réfugiant dans les rentrent chez eux. « Nous sommes le dans ses vieux démons. Elle peut œufs ont baissé, mais le sucre, est calculé d’après les prix taxés lement de l’ordre de Yalta. A Mos- ambassades ouest-allemandes de peuple », scandaient les manifes- même contribuer à la prise de l’huile et le chocolat ont monté. lorsque ceux-ci sont encore en vi- cou, on lance la campagne pour les Prague, de Varsovie ou à la repré- tants de Berlin-Est, Dresde, Leipzig. conscience, trop lente sans doute, De décembre 1947 à décembre gueur. On le voit donc monter élections au Congrès où, pour la sentation permanente de Bonn à Désormais, ils crient : « Nous que les Européens ne sauraient s’en 1948, l’indice des prix de détail est lorsque tel ou tel prix taxé, qui première fois, il y aura des candi- Berlin-Est. Alors que le régime est- sommes un peuple. » L’unification remettre constamment à Washing- passé de 1 354 à 1 928, soit une avait été maintenu très bas, est re- dats libres, extérieurs au tradition- allemand s’apprête à fêter, en octo- allemande est en marche et rien ne ton pour assurer la sécurité du hausse de 42 %, alors que de dé- levé, ou lorsque telle ou telle den- nel « bloc des communistes et des bre, en présence de M. Gorbatchev l’arrêtera, ni la colère de Margaret continent et régler des problèmes cembre 1946 à décembre 1947, elle rée est libérée et passe d’un prix sans-parti ». C’est aussi en URSS, à le 40e anniversaire du « premier Thatcher, ni les marchandages so- surgissant à leur porte. avait été de 56 %, de décembre fictif au prix du marché. Mais cela Kiev, qui n’était pas encore la capi- Etat des ouvriers et des paysans sur viétiques, ni les manœuvres de En 1991, le président américain 1945 à décembre 1946 de 74 % et ne veut pas dire que les prix véri- tale d’une Ukraine indépendante, le sol allemand », l’exode massif de M. Mitterrand. George Bush avait promis un de décembre 1944 à décembre tables ont monté. que, douze mois après, l’ordre de ses citoyens est un désaveu cin- « nouvel ordre mondial » que les 1945 de 62 %. Depuis décembre Yalta agonise. Le 6 décembre, Fran- glant. RÉVEIL DES NATIONALISMES Etats-Unis, surtout parce qu’ils 1944, elle est de 526 %. Marcel Tardy çois Mitterrand y rend visite à Mik- Débordés par les manifestations Le président de la République se restent la seule superpuissance, ont Il importe de remarquer que cet (6 janvier 1949.) haïl Gorbatchev, moins sans doute pacifiques, les dirigeants commu- méfie de ce qu’il appellera à propos tendance à vouloir définir seuls. pour s’assurer du soutien du pré- nistes est-allemands n’ont le choix de la Yougoslavie « les bonheurs Malgré la fin de la division de l’Eu- sident soviétique contre la réunifi- qu’entre la répression et la capitula- dangereux ». Car la fin de la guerre rope, la Communauté a continué 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS cation de l’Allemagne que pour se tion. Quelques années plus tôt, ils froide, la chute du dernier empire depuis 1989 à s’occuper d’abord Télématique : 3615 code LEMONDE convaincre qu’il ne faut plus n’auraient pas hésité, ils auraient du XXe siècle, la disparition d’un d’elle-même. Elle s’était fixé un Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC compter sur l’URSS pour s’y oppo- noyé la révolte dans le sang, comme principe de coercition dans la vie in- grand objectif, la création de la ou 08-36-29-04-56 ser. en 1953 à Berlin-Est, comme en ternationale ont ouvert la boîte de monnaie unique, dont le projet Le Monde sur CD-ROM : 01-44-08-78-30 Entre-temps, il s’est passé des 1956 à Budapest ou en 1968 à Pandore des nationalismes. L’abcès avait été relancé juste au moment Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 événements inouïs. Les Polonais, Prague... Comme les dirigeants de fixation reste purulent dans les où l’Allemagne se réunifiait. Elle l’a qui se battent depuis près de dix chinois qui, quelques mois aupara- Balkans. A côté des manifestations atteint. Pour réussir dans ses ambi- Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr ans pour imposer un syndicat libre, vant, ont envoyé la troupe et les de liberté, 1989 en a montré les pré- tions, elle doit regarder au-delà de ont montré la voie : dès février, ils chars contre les étudiants de la mices. Fin juin, à l’occasion du ses propres limites. Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 ont organisé une « table ronde » place Tiananmen, sous la réproba- 600e anniversaire de la défaite du entre le parti unique et l’opposition tion internationale unanime, à l’ex- Champ des Merles contre les Otto- Daniel Vernet LeMonde Job: WMQ0601--0015-0 WAS LMQ0601-15 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3145 Lcp: 700 CMYK
15 ENTREPRISES LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999
SOCIAL La mise en place de la ré- tieux juridiques qui font passer au cord de branche sur les 35 heures. Les vité syndicale, car le SNB-CGC devra de Versailles pour « travail clandes- duction du temps de travail modifie second plan la compétitivité de l’en- autres syndicats refusent la remise démontrer qu’il n’est pas qu’un syn- tin ». C’est, semble-t-il, la première de nombreux pans du code du tra- treprise ou l’emploi. b DANS LES en question d’un nombre important dicat catégoriel. b CHEZ THOMSON fois en France que des magistrats as- vail. Les accords de branche ou d’en- BANQUES AFB, un seul syndicat, le de jours de congés. Cette signature CSF, le PDG d’une filiale comparaîtra similent la pratique des heures sup- treprise donnent lieu à des conten- SNB-CGC, a signé lundi 4 janvier l’ac- relancera le débat sur la représentati- devant le tribunal de grande instance plémentaires à du travail clandestin. La réduction du temps de travail se heurte à plusieurs obstacles juridiques Un dirigeant de Thomson CSF est poursuivi pour « travail clandestin » pour ne pas avoir déclaré d’heures supplémentaires. Dans les banques, la signature d’un accord par une seule organisation relance le débat sur la représentativité syndicale COMMENT calculer les horaires ficiel le 31 décembre 1998 pour mo- accord contesté par quatre syndi- sur le travail dissimulé – nouvelle des cadres ? Qu’est-ce qu’un syndi- difier le statut des agents et cats sur cinq ? L’affaire est d’autant dénomination du traval clandestin cat représentatif ? Quel est le rôle permettre à ceux-ci de travailler à plus complexe que la représentati- depuis la loi du 11 mars 1997 – est du comité d’entreprise ? Un salarié temps partiel comme le prévoyait vité de ce syndicat de cadres dans utilisé dans ce contexte. Cet article qui refuse une diminution de son l’accord sur l’emploi du 31 janvier les autres catégories de personnel stipule que « la mention sur le bulle- temps de tra- 1997 contesté devant la justice par n’est pas évidente. Présent dans les tin de paie d’un nombre d’heures de vail accompa- la CGT (Le Monde du 24 septembre grandes banques, le SNB-CGC travail inférieur à celui réellement ef- gné d’une 1998). Chez Vivendi, le tribunal de l’est-il suffisamment dans l’en- fectué constitue (...) une dissimula- baisse de sa- grande instance, puis la cour d’ap- semble de la profession pour que sa tion d’emploi salarié ». laire peut-il être pel de Rennes ont donné raison à seule signature engage l’ensemble Cet article était destiné à lutter licencié ?... FO, qui contestait la mise en place des 200 000 salariés ? contre le travail non déclaré, mais Parce qu’elle locale d’un accord-cadre au motif Si les autres syndicats de- certains inspecteurs du travail et concerne des que le comité d’établissement mandent au ministère du travail apparemment certains magistrats pans entiers du n’avait pas été suffisamment infor- une enquête sur la représentativité l’étendent aux heures supplémen- code du travail et relance la négo- mé sur les conséquences de l’appli- du SNB, celle-ci prendra au moins taires. « La portée de cet article n’a ciation collective dans les branches cation de l’accord (Le Monde du dix-huit à vingt-quatre mois. La po- pas encore été bien perçue. On et les entreprises, la mise en place 15 décembre 1998). lémique pourrait relancer le débat s’aperçoit qu’elle est très considé- des 35 heures soulève de nom- L’accord signé lundi 4 janvier sur la représentativité syndicale. rable », analyse Maître Henri, avo- breuses questions juridiques. Offi- entre l’Association française des Martine Aubry, ministre de l’em- cat spécialisé dans le droit du tra- ciellement, le gouvernement reste banques (AFB) et un seul syndicat, ploi, veut absolument éviter d’ou- vail. « La question est de savoir serein. Il estime que les problèmes qui plus est, catégoriel, le Syndicat vrir cette boîte de Pandore. La rai- quelle type de justice on veut. Est-il sont quantitativement marginaux national de la banque-CGC (SNB- son est évidente : environ 40 % des vraiment raisonnable d’assimiler des et seront en partie résolus par la se- CGC) va ouvrir la porte à de nou- accords sur les 35 heures sont si- cadres de Thomson-CSF payés plu- conde loi prévue pour la fin de veaux débats (lire ci-dessous). Pour gnés grâce au mandatement, cette sieurs centaines de milliers de francs 1999. Mais, sur le terrain, ces pro- ête applicable à toute la profession, technique qui permet à un salarié à des travailleurs turcs du Sentier », blèmes relèguent au second plan un accord de branche doit être de signer au nom d’une organisa- s’interroge son confrère Gille Bé- les questions a priori plus impor- étendu par le ministère du travail. tion syndicale, même s’il n’en est peut qu’amener à contester la re- Mais les contentieux touchent lier. M. Rocquemont risque jusqu’à tantes de l’emploi ou de la compéti- Martine Aubry, qui a refusé pas le représentant dans l’entre- présentativité de ces nouveaux dé- l’ensemble des aspects liés au 200 000 francs d’amende, voire une tivité de l’entreprise. d’étendre l’accord signé par trois prise. Remettre en question la re- légués sans lesquels la mise en temps de travail. Le cas le plus peine de prison avec sursis. Si la A EDF-GDF, il a fallu la publica- syndicats (FO, CFTC, CGC) dans la présentativité effective d’une des place des 35 heures serait encore spectaculaire concerne Thom- peine infligée n’est pas uniquement tion d’un décret paru au Journal of- métallurgie, peut-elle étendre un cinq confédérations syndicales ne plus laborieuse. son CSF. Depuis mars 1996, une ins- symbolique, nul doute qu’elle susci- pectrice du travail traque les dépas- tera de très vives réactions dans les sements d’horaires des cadres de milieux patronaux. Thomson-Radars et contre-me- Chez Thomson-CSF, une autre Un seul syndicat bancaire a accepté de signer l’accord sur les 35 heures sures (RCM) qui travaillent dans affaire illustre les difficultés de la l’établissement d’Elancourt (Yve- réduction du temps de travail. Chez L’ASSOCIATION française des banques (AFB) fériés et 9 jours à la disposition du salarié (dont 8 grande flexibilité dans l’organisation du temps du lines). Malgré un accord survenu Thomson Airsys, malgré un accord s’était promis d’avoir un accord de branche sur existaient déjà dans la branche). Le SNB regrette travail (annualisation du décompte), en particulier entre temps (Le Monde du 10 octo- Robien, les dépassements d’ho- les 35 heures avant la fin de l’année 1998. Elle n’a que les jours fériés entrent dans le calcul des sur le calcul des heures supplémentaires, sans ac- bre 1996 et du 31 janvier 1998), la raires restaient fréquents. Par « sou- que quelques jours de retard sur son calendrier : contreparties à la réduction du temps de travail. corder une réelle diminution du temps de travail au plainte a suivi son cours. ci d’apaisement », la direction a ac- le SNB-CGC, deuxième syndicat de la branche, a niveau de la branche et sans aucun effet sur l’em- Comme le procureur de la Répu- cordé en décembre aux signé le projet patronal lundi 4 janvier. Le patro- SALAIRE MAINTENU ploi ». Ils veulent étudier « l’utilisation du droit blique du tribunal de grande ins- 2 700 salariés une prime de nat bancaire devra se contenter d’un accord para- Mais il rappelle que les salariés sont assurés de d’opposition », qui permet à des syndicats de faire tance de Versailles n’a pas classé 2 000 francs. Dans un tract, la phé par ce seul syndicat, alors qu’il souhaitait voir le niveau de leur salaire maintenu. Surtout, annuler un accord signé par une organisation mi- l’affaire, Bernard Rocquemont, qui CFDT s’est félicitée fin novembre avoir deux, voire trois signataires. « nous avons voulu limiter les pertes d’emplois noritaire, mais fait l’objet d’un débat juridique était à l’époque PDG de Thomson- d’avoir obtenu cette prime en Ce texte constituera le cadre dans lequel les quitte à avoir moins de jours de congés que ne l’au- dans ce cas précis. RCM, comparaîtra le 1er février de- échange de l’arrêt des procédures banques AFB appliqueront la réduction du temps raient laissé espérer les 35 heures », explique Les non-signataires veulent également tenter vant le tribunal pour répondre de juridiques qu’elle avait lancées. Un de travail à partir du 1er janvier 2000. Chaque en- M. Létang. Il se félicite en outre de la généralisa- de convaincre le ministère du travail des déséqui- plusieurs infractions dont, l’« exé- donnant-donnant qui ne devrait treprise doit ouvrir une négociation dans les six tion du compte épargne-temps à toutes les libres de l’accord. Sur ce plan, l’AFB et le SNB ne cution d’un travail clandestin », pas laisser l’administration du tra- mois qui viennent. « L’accord repose sur un équi- banques. doutent pas que leur accord puisse être étendu à conformément à l’article L324-10 vail indifférente. libre des positions ; il constitue un cadre favorable L’accord prévoit aussi que les entreprises toute la profession par le ministre, même si le du code du travail. C’est, semble-t- aux salariés et un dispositif adapté aux entre- ouvrent des négociations sur une réduction du SNB n’est pas majoritaire. Pour au moins deux il, la première fois que cet article F. Le prises », revendique l’AFB, qui a eu bien du mal à temps de travail supplémentaire correspondant à raisons. La première est la représentativité de ce faire accepter par tous ses membres les dernières 12 jours de repos (contre 11 jours avant les der- syndicat. Avec 26 % des suffrages, il talonne la concessions nécessaires pour obtenir la signature nières concessions de l’AFB). Il limite enfin le première organisation, la CFDT. Le SNB est Nouvelle jurisprudence pour absences exceptionnelles du SNB. Celle-ci a également fait l’objet d’un dé- contingent d’heures supplémentaires à certes affilié à la Confédération générale des bat serré au sein du SNB. 120 heures en 2000 (+30 heures par accord d’en- cadres, mais il est représenté dans tous les col- La Cour de cassation a modifié sa jurisprudence concernant l’ab- Jean-Claude Létang, président du syndicat, es- treprise). Pour les salariés au forfait, la branche lèges de salariés : il est devant la CFTC parmi les sence exceptionnelle d’un salarié pour un événement familial tel que time finalement que l’accord garantit « un mini- accorde automatiquement trois jours de repos employés (moins de 10 % de la profession) et nu- le décès d’un proche, le mariage ou la naissance d’un enfant. Selon mum convenable pour les petits établissements ban- supplémentaires. Au final, l’AFB et le SNB affir- méro deux parmi les gradés (plus de 75 % de la l’article L.226-1 du code du travail, « tout salarié bénéficie, sur justifica- caires », qui n’ont pas de représentants syndicaux ment que la durée annuelle de référence du tra- profession). La deuxième raison est que la tion et à l’occasion de certains événements familiaux, d’une autorisation et dont les dirigeants étaient les plus opposés à vail (1 610 heures), celle au-delà de laquelle sont branche va plus loin que d’autres dans les avan- exceptionnelle d’absence ». Le nombre de jours accordés est de quatre l’accord. Il consolide certains avantages de la calculées les heures supplémentaires, est moins tages accordés aux salariés. Même si pour les em- pour le mariage du salarié, de trois pour la naissance de son enfant, convention collective, dénoncée par l’AFB en fé- importante que dans les accords signés dans le ployés de banque, habitués à une convention col- d’un jour pour le décès de son père ou de sa mère... vrier 1998. En particulier, M. Létang constate que textile, la métallurgie ou le bâtiment. lective très favorable – en vigueur jusqu’à fin 1999 La Cour déclare que désormais ces journées d’absence n’ont pas à 17 jours de congés supplémentaires (s’ajoutant Les quatre syndicats non signataires (CFDT, – l’accord paraît peu progressiste. être nécessairement prises le jour de l’événement. Cette décision a été aux 25 jours légaux et au 1er mai) seront assurés CFTC, CGT, FO) défendent eux que « cet accord rendue le 16 décembre 1998 sur un conflit entre un salarié de Michelin par la branche. Ces 17 jours comprennent 8 jours n’est pas équilibré ». Il permet « d’instaurer une Sophie Fay et sa direction concernant le mariage d’un enfant. Le 19 mars 1997, la Cour avait rendu un jugement inverse dans une affaire similaire.
TROIS QUESTIONS À taires de l’accord que le nouveau antérieur, oui, puisqu’il réduit des Le SNB-CGC est-il représenta- texte remplace s’y oppose. Au ni- jours de congés qui sont des avan- 3 tif ? JEAN-EMMANUEL RAY veau d’une branche, trois syndicats tages incontestables. Mais il s’agit Pour les cadres, oui. Pour les signataires peuvent, par exemple, vraisemblablement d’un texte qui autres catégories de personnel, Vous êtes professeur de droit s’opposer à un accord signé par un se substitue à l’ancien, en l’oc- un arrêt de la chambre sociale 1 du travail à l’université Paris-I. syndicat représentant 80 % des sa- currence la convention collective, de la Cour de cassation a précisé A quelles conditions des syndicats lariés, ce qui n’est pas le cas dans en cours de dénonciation. Dans ce au printemps 1998 que le SNB- peuvent-ils s’opposer à un accord les entreprises. Autre condition cas, l’accord peut être moins favo- CGC devait faire la preuve de sa signé par d’autres organisations pour s’opposer au texte : il faut rable que le précédent. Il restera représentativité, basé sur son au niveau d’une branche profes- que le nouvel avenant réduise ou toujours plus favorable que le audience, le nombre de ses sionnelle ? supprime un ou plusieurs avan- code du travail qui aurait été ap- adhérents... Si les autres syndi- La loi du 31 décembre 1992 a in- tages individuels ou collectifs. pliqué aux salariés à partir du mo- cats la contestent, le ministère diqué qu’un accord, même signé ment où la dénonciation de la du travail peut diligenter une par un seul syndicat, qui plus est L’accord signé par l’Associa- convention collective devient ef- enquête. minoritaire, est valable. Pour s’y 2 tion française des banques et fective, en l’occurrence le 1er jan- opposer, il faut qu’une majorité le SNB-CGC peut-il être contesté ? vier 2000. Mais l’affaire est nou- Propos recueillis par arithmétique des syndicats signa- Si c’est un avenant à un texte velle et complexe. Frédéric Lemaître Renault, grand gagnant de la reprise du marché automobile
APRÈS une forte baisse en 1997 dèles chez tous les grands construc- voiture la plus vendue en France, du usine dans le nord de la France. (– 19,7 %), les immatriculations de teurs, le renouvellement du parc de monospace Mégane Scénic (ventes Même si, en chiffres absolus, les voitures particulières ont connu une voitures achetées au début des an- en hausse de 25 %), et de la Kangoo ventes de Mercedes (groupe Daim- progression de 13,5 % pour l’année nées 1990 ainsi que la baisse des expliquent cette performance. Peu- lerChrysler) restent modestes, à 1998, avec 1 943 601 véhicules im- prix de vente ont contribué à dépas- geot, avec sa 206, finit l’année en 37 021 unités pour l’année, le matriculés. Selon le Comité français ser sensiblement les prévisions. force (+ 24,9 % en décembre, + 14 % constructeur allemand enregistre la des constructeurs d’automobiles Cette reprise devrait néanmoins se sur l’année) tandis que Citroën, plus forte hausse du marché, avec (CCFA), cette amélioration s’ex- ralentir puisque le CCFA prévoit un avec 9 % de croissance en 1998, s’es- des ventes en augmentation de plique par « la croissance, bonne et peu moins de deux millions d’im- souffle en décembre (– 8,4 %) dans 40,9 %. Les excellents résultats de la régulière du marché qui témoigne en matriculations pour 1999. l’attente de nouveaux modèles. Mercedes classe A expliquent ce cela de la restauration de conditions Les grands gagnants de cette em- Nissan, quant à lui, affirme être boom, malgré la déception causée saine ». C’est le premier redresse- bellie sont les marques françaises, en tête des constructeurs nippons, par la Smart. Seulement 713 exem- ment « naturel » des ventes depuis qui détiennent 57,2 % du marché avec 27 879 véhicules particuliers plaires de cette petite voiture ur- l’abandon des primes gouverne- national à fin 1998, contre 55,9 % à vendus (+ 10,5 %). Le constructeur baine construite en Lorraine ont été mentales ("balladurettes" puis "jup- fin 1997. Renault a ainsi accru ses japonais, qui dément tout projet de immatriculés depuis son lancement pettes"), qui avaient gonflé artifi- immatriculations de 20,6 %, une fusion ou d’alliance avec Renault en octobre 1998 et 1 805 ciellement les ventes jusqu’en croissance supérieure à celle du (Le Monde du 5 janvier), devancerait commandes ont été reçues. septembre 1997. groupe PSA Peugeot-Citroën ainsi Toyota, qui mise cependant à Le lancement de nouveaux mo- (+ 11,9 %). Les succès de la Clio II, long terme en construisant une Emmanuel Paquette LeMonde Job: WMQ0601--0016-0 WAS LMQ0601-16 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3146 Lcp: 700 CMYK
16 / LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999 ENTREPRISES La Dresdner Bank Le succès de la monnaie unique dope les Bourses de l’Euroland filialise Les investisseurs anglo-saxons ont commencé à réquilibrer leurs portefeuilles, essentiellement constitués ses participations de titres américains, vers les actions et les obligations du Vieux Continent industrielles Même si les Bourses européennes semblaient volumes de transactions bien supérieurs aux chait, lundi en fin de journée, un gain de zone euro étaient bien orientés : Amsterdam marquer une pause, mardi 5 janvier, après attentes. L’absence de problèmes techniques 6 %. Les marchés de l’Europe du Sud se sont progressant de 3,82 %, Bruxelles de 3,74 % LA TROISIÈME banque privée l’euphorie de la veille, la journée du lundi 4 lors de la phase de basculement et la force de plus particulièrement distingués avec des et Helsinki de 4,86 %. A Paris, le CAC 40 a ter- allemande filialise une partie de janvier restera dans les mémoires. Les mar- la monnaie européenne face au dollar ont progressions de 6,39 % à Milan et de 6,21 % miné sur une hausse de 5,20 %, la plus forte son portefeuille de participations, chés d’actions ont salué l’arrivée de l’euro en fait s’évanouir les derniers doutes sur la à Madrid. A Francfort, l’indice DAX a gagné enregistrée en une journée depuis le 12 octo- pour 25 milliards de marks s’offrant des hausses spectaculaires dans des monnaie unique. L’indice EuroStoxx 50 affi- 5,67 %. La plupart des autres marchés de la bre 1998 (+ 5,51 %). (12,7 milliards d’euros, 83,7 mil- liards de francs). Elle imite ainsi la LES BOURSES de la zone euro les dernières inquiétudes qui concer- Deutsche Bank, première banque marquaient une pause, mardi matin 5 Un début d'année en fanfare naient la mise en place de nouveaux mondiale depuis le rachat de janvier, après le vent d’euphorie qui INDICE CAC 40 INDICE DAX 30 INDICE IBEX 35 circuits de règlements interbancaires l’américain Bankers Trust. Dresd- avait soufflé la veille. La Bourse de de la Bourse de Paris de la Bourse de Francfort de la Bourse de Madrid en Europe. Le chevauchement des ner détient des participations Francfort a ouvert sur un recul de anciens et des nouveaux circuits 4 400 4 147 5 290 11 000 10 447 dans le constructeur automobile O,44 %. Pour leur le 4 janv. 6 000 le 4 janv. le 4 janv. (dont le système Target) faisaient BMW, l’assureur Allianz et le réas- première journée 4 200 10 500 craindre le pire : un mauvais achemi- de cotations en 4 000 nement des sommes laissant des sureur Munich Ré. Par ailleurs, 5 500 10 000 Bernhard Walter, président du di- euro, les places trous dans la trésorerie des banques. 3 800 boursières de 9 500 Mais tout s’est finalement bien dé- rectoire de la Dresdner Bank, a 5 000 estimé, dans un entretien au quo- l’Euroland ont fait 3 600 9 000 roulé. Si les banques raisonnent dé- Frankfurter Allgemeine Zei- tidien preuve d’une 3 400 8 500 sormais en euro, ce n’est pas encore tung du lundi 4 janvier, que «rien éclatante vigueur 4 500 le cas de leurs clients : les trésoriers ne pouvait le mettre sous pression » alors que la 3 200 8 000 des entreprises. Sur le marché des pour conclure d’éventuelles al- Bourse de Londres clôturait sur un lé- 3 000 4 000 7 500 changes, ces derniers voulaient en- liances. ger recul de O,O5 %, affectée par la core traiter la parité du dollar contre non-particpation du Royaume-Uni à 2 800 3 500 7 000 le franc, ne pouvant pas encore s’ha- 1998 99 1998 99 1998 99 l’Union monétaire. Source : Bloomberg bituer à la nouvelle parité euro contre Bouygues Les marchés de l’Europe du Sud se Les Bourses de Madrid et de Paris ne sont plus très loin de leur plus haut niveau historique, alors que la Bourse dollar, qui inverse le sens de l’opéra- sont particulièrement distingués. de Francfort n'a pas complètement effacé les effets de la tourmente boursière de cet été. tion, constate Bernard Paget, de la L’indice des valeurs vedettes ita- banque du CIC Paris. réorganise liennes a bondi de 6,39 %, tandis que naie européenne a terminé la journée Les raisons ne manquent pas pour américains, vers les actions et les obli- L’autre souci des intervenants fi- celui de la Bourse de Madrid grimpait à 1,1812 dollar, soit une hausse de près expliquer cette euphorie sur les mar- gations de l’Euroland attiré par la nanciers était le changement de di- de 6,21 %, le marché de Lisbonne se de 1,25 % par rapport à son cours fixé chés financiers. Traditionnellement, persective de pouvoir travailler sur mension du marché monétaire. Jus- le capital de la Saur contentant d’une hausse de 4 %. A jeudi. Les rendements des emprunts le mois de janvier est propice aux une zone protégée des turbulences qu’à présent, ce marché était régi par Francfort, l’indice DAX a gagné d’Etat émis à dix ans en France et en Bourses. « Au debut de l’année, les in- monétaires. un indice au jour le jour, le TMP (taux LA RÉORGANISATION de la 5,67 %. Les autres Bourses de la zone Allemagne, qui évoluent en sens in- vestisseurs font généralement preuve Enfin, les investisseurs qui ne moyen pondéré) étroitement enca- Saur a commencé. La filiale de euro ont été bien orientés, celle verse des prix des obligations, ont at- de plus d’audace et d’optimisme », s’étaient guère montrés actifs au dré par la Banque de France. Désor- Bouygues a lancé une augmenta- d’Amsterdam progressant de 3,82 %, teint, lundi, des niveaux planchers à note un gérant. L’arrivée de l’euro cours des deux dernières semaines mais, il sera conditionné par un indice tion de capital de 1 milliard de Bruxelles s’appréciant de 3,74 %, Hel- 3,76 %. Ceux des obligations à dix ans amplifie ce phénomène. D’abord, de décembre, afin de faciliter la tran- fixé par les banques commerciales francs (154,8 millions d’euros), qui sinki de 4,86 %. Seul le petit marché italiennes et espagnoles se sont situés pour les opérateurs qui devaient s’ha- sition informatique, ont pu réaliser des onze pays de la zone euro, l’Eo- a été souscrite, « dans l’attente du du Luxembourg a terminé sur un re- également à leurs plus bas, respecti- bituer à traiter en euros, « il est plus leurs opérations, le basculement à nia. Un changement qui pourrait mo- choix définitif d’un partenaire in- cul de 1,6 %. vement à 3,93 % et 3,89 %. Témoin de facile de prendre ses repères à l’achat l’euro s’étant parfaitement réussi. difier les conditions de financement à dustriel », par un fond d’investis- A la Bourse de Paris, l’indice l’intérêt des investisseurs internatio- qu’à la vente », note le responsable A Paris, Dominique Strauss-Kahn, court terme des établissements, es- sement qui souhaite garder l’ano- CAC 40 a terminé la séance de lundi naux pour les obligations de la zone informatique d’une banque de mar- le ministre de l’économie a trouvé le time Daniel Gautrot, responsable de nymat. Il détiendra 13 % du sur une hausse de 5,20 %, à 4 147,50 euro, l’écart de rémunérations entre ché. Ensuite, les investisseurs anglo- temps, lundi, de visiter le centre de la trésorerie au Crédit lyonnais. capital. En parallèle, Bougyues et points. Cette hausse est la plus forte les titres européens et les titres améri- saxons ont commencé à réquilibrer contrôle de la Bourse de Paris pour EDF ont remis à plat leurs rela- enregistrée en une journée depuis le cains s’est élargi, passant de 0,84 % à leurs portefeuilles, jusqu’à présent féliciter les équipes de la SBF. La nuit Joël Morio tions. 12 octobre 1998 (+ 5,51 %). L’envolée 0,99 % pour les échéances à dix ans. essentiellement investis en titres de lundi à mardi a permis de dissiper et Enguérand Renault EDF international a échangé ses des cours s’est faite dans un volume 22,7 % détenus dans Saur interna- d’échanges important. Plus de tional, filiale chargée du dévelop- 1,9 milliards d’euros (12,53 milliards pement à l’étranger, pour 14 % de de francs) ont été échangés. « Ce vo- « Le dollar européen » n’émeut pas Wall Street Saur, ce qui lui permettra d’avoir lume est trois supérieur à celui enregis- une participation plus liquide et tré lors de la première séance de l’an- WASHINGTON plique Wayne Angell : « Quand tant de banques naies, d’économies. » L’ancien secrétaire au travail enfin rémunératrice. née 1998 » s’est félicité la Société des de notre correspondant centrales à travers le monde ont leurs réserves en Robert Reich pense que « l’euro rendra l’économie Cette réorganisation est le pré- Bourses Françaises (SBF). La naissance du « dollar européen » n’a pas fait dollars, il est normal qu’une tendance à la diversifi- européenne plus efficace, permettant plus de fusions lude à l’entrée d’un partenaire de Les marchés obligataires de l’Euro- sauter l’applaudimètre à Wall Street. C’était « Bu- cation se développe. C’est ce qui se passe depuis juil- et la création de plus de grandes sociétés globales. « long terme » dans la Saur. EDF, land ont été également à la fête, no- siness as usual », selon Webb Hays, vice-président let. » La BCE aura plus de liberté de faire baisser les taux, les américains Enron et GPU, et le tamment grâce à la bonne tenue de de la United Bank. L’impact de l’arrivée de l’euro moins de comptes à fournir aux gouvernements et britannique Anglian Water sont l’euro, même si le volume des tran- avait déjà été anticipé. « On n’attendait rien de « UNE MONNAIE COMME LES AUTRES » sera plus préoccupée par le contrôle de l’inflation sur les rangs. sactions est resté modeste. La mon- spectaculaire. Les choses se sont passées en dou- L’administration américaine s’est voulue rassu- que par la création d’emplois ». ceur », a ajouté Wayne Angell, de Bear Sterns. rante : « L’euro sera une monnaie comme les L’emploi, c’est la faiblesse de l’économie euro- Tous deux sont d’ex-gouverneurs de la « Fed », la autres. Comme nous l’avons souvent dit, ce qui est péenne. Pour des raisons différentes du profes- Banque de réserve fédérale. Wall Street a terminé bon pour l’Europe est bon pour les Etats-Unis, et une seur Reich − qui craint que « la nouvelle efficacité la séance pratiquement inchangée (+ 0,03 % de Europe forte, c’est bon pour nous », a déclaré lundi de l’euro se manifeste plus en termes de politique fis- hausse). au Monde le secrétaire au Trésor Robert Rubin. Et cale stricte que de garantie de l’emploi » –, Steve « Nous saluons le lancement de l’euro, mesure si l’euro a pris un bon départ, il ne faut pas s’em- Slicer, de Lehmann Brothers, critique une Europe historique qu’ont prise onze nations européennes en baller : « Ce n’est pas sur cela que nous devons « qui n’a pas créé le moindre emploi dans le secteur marche vers une union économique et monétaire mettre l’accent. Notre priorité doit être de remettre privé depuis les années 70 ! Si vous n’y parvenez pas, plus aboutie », a déclaré le président Bill Clinton, notre maison en ordre. » Et le porte-parole de la vous ne pourrez pas créer de revenu, vos dépenses qui a accepté deux euros tout neufs. « Les Etats- Maison Blanche d’affirmer que l’euro ne saurait exploseront, vos revenus chuteront et vos déficits dé- Unis sont depuis longtemps partisans de l’intégration menacer la suprématie du dollar dans les transac- passeront vite les 3 % de votre PIB. Si vous n’êtes pas européenne, et nous admirons les progrès soutenus tions internationales. capables de faire les réformes de structure qui s’im- que l’Europe a faits dans la prise de décisions bud- Ce n’est pas l’avis de Fred Bergsten, de l’Institut posent, en particulier en ce qui concerne la flexibilité gétaires souvent difficiles, qui ont rendu possible international d’économie, pour lequel « l’euro du marché du travail, l’Europe deviendra, avec ses cette union. » L’opinion publique américaine, en commencera à faire concurrence au dollar comme problèmes, le boulet de l’économie mondiale ». revanche, s’est profondément désintéressée de ce principale monnaie de référence aussitôt que la Vu des Etats-Unis, la naissance de l’euro rend que les Européens qualifient de révolution tran- Banque centrale européenne (BCE) et la nouvelle un peu plus modeste. Le ralentissement de la quille. Cela ne fait que quelques jours que les monnaie auront fait la preuve de leur crédibilité, ce croissance, la baisse pour le septième mois consé- journaux en parlent et, pendant trop longtemps, qui devrait se produire assez rapidement ». Ancien cutif de l’indice de la production industrielle, les les Etats-Unis ont vécu à l’écoute d’un point de patron de la Fed, Paul Volcker s’attend à ce que méga-fusions en cours ou même l’impact de ces vue britannique dont le scepticisme ne cadrait cela se produise bien plus tard. Et, dans un édito- sociétés virtuelles apparues grâces à Internet guère avec ce qui se préparait sur le Vieux rial publié le jour de la Saint-Sylvestre, le New comme Amazon. com, paraissent au moins aussi Continent. N’empêche, industriels, hommes d’af- York Times a prudemment fait la liste « des pro- importantes aux économistes et financiers améri- faires et financiers qui traitent avec le marché eu- messes et des périls de l’euro ». cains qui, dans leur grande majorité, ne se préoc- ropéen ont tourné la page et ne peuvent que se Pour Webb Hays, l’euro apportera une valeur cupent guère de ce qui se passe en dehors de leur réjouir de ce qui est, pour eux, une simplification ajoutée, ce qui explique qu’il se renforce par rap- grand et beau pays. bienvenue. Même si le quasi-monopole interna- port au dollar, « déjà légèrement surévalué » : tional du dollar est battu en brèche, comme l’ex- « Auparavant, il fallait traiter avec tant de mon- Patrice de Beer Le billet vert conserve de nombreux atouts
LES MESSAGES de félicitations l’attrait sans égal du billet vert sur la sont aujourd’hui américaines. La s’établit à 4 % aux Pays-Bas mais frôle adressés par la Maison Blanche aux scène financière mondiale. La Maison deuxième est que Washington, grâce les 20 % en Espagne ; la richesse par gouvernements européens pour le Blanche sait que l’euro menace cette à une politique de réduction des dé- habitant se situe à 33 038 euros au succès du lancement de l’euro ne facilité de paiement. Les Japonais, penses, a renoué avec les excédents Luxembourg, mais à 8 998 euros au doivent pas faire illusion. L’inquié- gros acheteurs de bons du Trésor budgétaires : elle dispose ainsi d’un Portugal. En dernier lieu, en cas de américain, ont désormais la possibili- outil de relance économique dont conflit monétaire avec les Etats-Unis, ANALYSE té de les troquer contre des emprunts sont privés les gouvernements euro- il n’est pas sûr que les Européens Malgré les débuts d’Etat européens d’aussi grande qua- péens. Ces derniers continuent tant prennent aisément le dessus. Les lité. Un tel mouvement de bascule – bien que mal à assainir leurs finances Américains disposent en la matière prometteurs de l’euro, qui a commencé à se produire lundi – publiques : mais la France, par d’une expérience et d’un savoir-faire il serait prématuré provoquerait une remontée des taux exemple, dans le meilleur des scéna- inégalés. Surtout, il reste à démontrer d’enterrer le dollar d’intérêt aux Etats-Unis et une baisse rios de croissance (+3 % par an pen- qu’en cas de crise aigüe sur le change, des rendements en Europe : un mau- dant trois ans), enregistera encore un les Européens parviendraient à s’en- vais coup pour l’économie améri- déficit budgétaire de 0,7 % en 2002. tendre et à exprimer une position tude était perceptible, lundi 4 janvier, caine, une excellente nouvelle pour La troisième est qu’aux yeux des in- commune : au vu du compromis la- à Washington. Tandis que le secré- celle du Vieux Continent. vestisseurs internationaux, les Etats- borieux et bancal trouvé pour doter taire américain au Trésor, Robert Ru- Il serait toutefois prématuré d’en- Unis ne forment pas seulement une l’euro d’un porte-parole, il est permis bin, a jugé que « l’avènement de l’euro terrer le dollar. Pour au moins quatre zone monétaire unifiée mais aussi un d’en douter. Les petites phrases de souligne le besoin d’une politique raisons. La première est que l’écono- bloc économique homogène : même M. Rubin risquent, longtemps en- économique saine aux Etats-Unis », mie des Etats-Unis, en dépit de ses politique fiscale, même réglementa- core, de peser davantage sur les mar- son adjoint Lawrence Summers s’est déficits commerciaux, apparaît glo- tion du marché du travail, taux de chés financiers que celles des diri- empressé d’affirmer que le statut de balement en bien meilleure santé que chômage et niveaux de vie sem- geants européens. La grandeur d’une monnaie de réserve du dollar n’est son homologue européenne : après blables d’un Etat à un autre. Il n’en va monnaie se mesure moins à l’aune de pas menacé. Les Etats-Unis vivent au- huit ans de croissance forte, son dy- pas de même dans l’Euroland, où les ses performances financières qu’à dessus de leurs moyens : leur balance namisme reste grand et son taux de conflits de politique économique celle de la puissance politique de courante enregistre des déficits crois- chômage plus de deux fois inférieur à risquent fort de ressurgir dès que l’eu- l’Etat qui l’utilise. A cet égard, l’Eu- sants (4,4 milliards de dollars en 1991, celui observé sur le Vieux Continent. phorie du lancement de l’euro sera rope a encore de gros progrès à ac- 230 milliards de dollars en 1998), dont Sans compter l’envergure de ses en- retombée. Une étude récente de l’In- complir. le financement ne posait jusqu’à treprises : treize des quinze premières see rappelle l’importance des dispari- présent aucun problème en raison de capitalisations boursières mondiales tés européennes : le taux de chômage Pierre-Antoine Delhommais LeMonde Job: WMQ0601--0017-0 WAS LMQ0601-17 Op.: XX Rev.: 05-01-99 T.: 09:06 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:100 No:3147 Lcp: 700 CMYK
ENTREPRISES LE MONDE / MERCREDI 6 JANVIER 1999 / 17
Total veut renforcer En permettant à EDF de se diversifier, le gouvernement ses positions facilite une éventuelle ouverture du capital dans le pétrole iranien Juridiquement, l’établissement public pourrait être transformée en société anonyme Le projet de loi sur la modernisation du service pu- présente l’essentiel. Si l’on délivre l’entreprise du d’une façon sûre à une structure de droit privé. La blic de l’électricité permet à EDF d’offrir des presta- principe de spécialité, on remet en cause à terme possibilité de se diversifier débouchera donc peut- De nouveaux appels d’offres sont en cours tions globales, dès l’instant que l’électricité en re- son statut d’établissement public et on la conduit être pour EDF sur une ouverture de capital.
La seule major occidentale présente en Iran DANS L’ANALYSE du projet de de s’engager juridiquement et sa puissance dérogatoire à autre contraire, ampute l’établissement loi sur la modernisation du ser- d’être responsable. Pour une per- chose que ce pourquoi il a été public de perspectives de déve- IRAN vice public de l’électricité, qui sonne physique, cette capacité est constitué. loppement, comme celles des té- AHWAZ ouvre le secteur à des concurrents générale. Mais lorsqu’il s’agit lécommunications pour EDF, d’Electricité de France, on évoque d’une personne morale – comme PRINCIPE DE SPÉCIALITÉ alors même que des entreprises SITES fréquem- une société –, s’impose le principe Le principe de spécialité est privées viennent les concurrencer. IRAK EXPLOITÉS ment l’ana- de spécialité. Il signifie que la per- donc une règle juridique automa- Il faut pourtant garder à l’esprit OU VISÉS Abadan PAR TOTAL lyse écono- sonne morale n’est dotée de la ca- tiquement attachée au statut juri- que le principe de spécialité de- mique pour pacité que pour réaliser l’objet so- dique de l’établissement public. meure un effet juridique mécani-
KOWEÏT savoir s’il cial que les statuts ont fixé. L’idée qui la justifie est que le mo- quement attaché à la forme même IRAN est justifié Lorsqu’il s’agit d’un établissement nopole dont il peut jouir ne doit de l’établissement public. Dès ou non de public, le principe de spécialité développer ses effets que pour un lors, si l’on en délivre l’entreprise, permettre à prend une tout autre ampleur. Les objet très précis. Si l’entreprise on remet en cause à terme son SOUTH PARS SIRRI l’entreprise notions d’établissement public et publique en sort, elle pourrait statut d’établissement public et publique, jusqu’ici monopolis- d’entreprise publique ne se re- être tentée d’utiliser alors des on la conduit d’une façon sûre à BAHREIN tique, de faire pleinement concur- couvrent pas nécessairement. Le pouvoirs à d’autres fins que celles une structure de droit privé. Ainsi, ARABIE NORTH rence aux nombreux entrants. terme d’entreprise publique qui avaient justifié leur attribu- l’amenuisement du principe de SAOUDITE FIELD Après avoir, dans un premier évoque simplement que l’Etat tion. C’est pourquoi le phéno- spécialité d’EDF conduit en DOHA QATAR GOLFE temps, défini assez strictement contrôle celle-ci, mais cela peut mène de diversification des activi- germe à la transformer en une ABOU DHABI D'OMAN l’activité d’EDF, le projet de loi s’opérer par exemple par la maî- tés d’EDF et de GDF a été simple entreprise publique, par 100 km ÉMIRATS ARABES présenté le 9 décembre au conseil trise du capital social dans une apprécié sévèrement par les avis exemple une société anonyme OMAN UNIS des ministres permet à l’entre- structure de société anonyme de du Conseil de la concurrence du contrôlée par l’Etat. Le cas de LIMITE DES EAUX TERRITORIALES CHAMP D'HYDROCARBURE prise d’offrir des prestations glo- droit privé. Le terme d’établisse- 10 mai 1994 et du Conseil d’Etat France Télécom montre qu’après bales, dès l’instant où l’électricité ment public désigne plus précisé- du 7 juillet 1994, en ce qu’il donne ce premier mouvement, et pour en représente l’essentiel. ment un organisme intégré dans un avantage concurrentiel injusti- de toutes autres raisons, l’ouver-