océan indien [ acoua [ antsiraka boira

la nécropole aux perles océan indien [ mayotte acoua [ antsiraka boira

la nécropole aux perles [ photographie de couverture Perles en pâte de verre et en coquillage, vestiges probables d’un pagne. [ sépulture 15, octobre 2013

Perles en pâte de verre et en coquillage mises au jour sur le site d’Antisaraka Boira. [ sépulture 01, novembre 2012

ne première édition est toujours un événement. les acteurs de l'archéologie et du patrimoine à Mayotte. Des 4 UPour accompagner la participation de Mayotte aux actions de sensibilisation du public scolaire en lien avec le Journées nationales de l’archéologie, manifestation fruit Vice-Rectorat de Mayotte sont mises en œuvre à l'occasion de d’un partenariat entre le ministère de la Culture et de la ces journées. L’accès de tous à la culture est une mission Communication et l’Institut national de recherches archéolo - prioritaire de la DAC pour laquelle l'éducation artistique et giques préventives (Inrap), la Direction des affaires culturelles culturelle est un des leviers essentiel. de la Préfecture de Mayotte (DAC) édite cet ouvrage destiné à enrichir la connaissance de l’histoire du 101 e département La recherche archéologique à Mayotte a débuté il y a presque et de son peuplement. quarante ans avec les travaux des chercheurs H. T. Wright et C. Allibert. Depuis lors, les fouilles menées ont révélé des Ce rendez-vous proposé à tous, simples curieux ou passion - vestiges exceptionnels et des découvertes aussi inédites que nés, doit être l'occasion d'une rencontre et d'un partage avec les milliers de perles exhumées à Acoua ou le cristal de roche trouvé à Dembéni. Le site d’Acoua, sujet de cette publication, du patrimoine archéologique. Instrument privilégié de connais - fait l’objet depuis 2012 de fouilles programmées qui ont sance des civilisations passées, l’archéologie à Mayotte n’en 5 permis la mise au jour des vestiges d’un village médiéval et est qu’à ses débuts. Gageons ensemble que la terre de Mayotte d’une nécropole datée du XII e siècle. Baptisée “la nécropole ait encore beaucoup à raconter… aux perles”, Antsiraka Boira a révélé un patrimoine remarqua - ble qui nous renseigne sur les représentations sociales et Bonne lecture. culturelles et l’intégration de Mayotte au grand commerce de l’océan Indien. Jacques Witkowski Préfet de Mayotte L’État et le Conseil général conduisent conjointement, avec l’aide précieuse de chercheurs, d’archéologues, d’associations et de bénévoles, une politique de recherche et de sauvegarde par aussi exercer ses remarques sur le type de sépulture et sur Claude Allibert le mode d’ensevelissement. De surcroît, pour le cas précis professeur émérite des universités du site d’Antsiraka Boira, les milliers de perles associées, ancien vice-président de l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) grâce aux nouvelles analyses physico-chimiques, fourniront Paris, avril 2014 / [email protected] avec précision leur secteur de fabrication et permettront ainsi de définir les “rails” de circulation commerciale dans l’océan Indien.

C’est dire combien le travail minutieux de Martial Pauly révèle toute son importance pour le début du deuxième millé - naire EC. Grâce à ce chercheur passionné, ces madiniki vato (petites pierres) n’auront donc de “petite” que leur taille. Les leçons qu’elles apportent et apporteront encore seront 6 archéologie à Mayotte jusqu’à une époque récente d’une toute autre dimension. L’comptait surtout sur l’étude des filiations culturelles établies sur la typologie des poteries, la datation C14, les traces de diffusion des plantes non indigènes et, dans les nécropoles, sur l’étude anthropologique, morphologique, voire patholo- gique des corps relevés. Aujourd’hui, et surtout dans les cas où du mobilier a été trouvé lors de la fouille, il est possible d’aller plus loin.

Aux études précédemment évoquées sont ajoutées, entre autres, les analyses ADN. L’anthropologie culturelle peut par Lorsqu’en septembre 2012, il fut décidé avec Édouard Jacquot, Martial Pauly conservateur de l’archéologie, d’ouvrir un sondage sur quel- responsable du chantier archéologique, ques mètres carrés, à l’emplacement présumé de sépultures doctorant en archéologie (Institut national des langues et civilisations orientales, Paris) repérées l’année précédente, nous étions loin d’imaginer que Mayotte, avril 2014 / archeologiemayotte.over-blog.com nous allions y découvrir un site d’envergure dont la richesse cul - turelle fournirait une moisson de renseignements inédits sur le passé médiéval de Mayotte.

À la suite des trois campagnes de fouilles de 2012 et 2013, c’est une portion d’une vaste nécropole remontant aux XII e- XIII e siècles qui a pu être étudiée. Les rites funéraires mis en évidence témoignent d’un syncrétisme culturel qui docu- mente de façon inédite les origines multiples de la société es plus belles découvertes archéologiques sont mahoraise. 7 Lsouvent inattendues. C’est une autre manière de dire qu’en archéologie, on ne trouve que rarement ce que l’on Cet ouvrage présente un premier aperçu de ces recherches cherche… et offre au public la possibilité de découvrir, notamment, ces milliers de perles en provenance d’horizons lointains qui Il en est ainsi des découvertes archéologiques réalisées à paraient les défunts, il y a neuf cents ans, sur cette île de Mayotte parmi le cadre idyllique des cultures tropicales du pla - Mayotte, entre Afrique et Madagascar… teau d’Antsiraka Boira, sur la pointe Kahirimtrou à Acoua, véritable jardin d’Éden surplombant le lagon et animé par les chamailleries permanentes des roussettes et les acrobaties des makis (lémuriens) sautant d’arbre en arbre. les patrimoines cachés

Aperçu de la fouille d’une sépulture d’adulte. [ sépulture 08, mai 2013

L’ARCHÉOLOGIE

Sur les traces du passé

11 L’archéologue est un scientifique à la recherche du passé de l’humanité. Sur le terrain, il pratique la fouille pour en retrouver des traces matérielles. Professionnel ou bénévole, il doit être formé, expérimenté et toujours autorisé par l’État.

Acoua - Antisiraka Boira, aperçu du chantier archéologique. [ octobre 2013 Une recherche scientifique associés qui reflètent son identité culturelle et la société vivante Contrairement à une image populaire du métier, l’archéologue à laquelle il appartenait. Si l’on doit pour cela découvrir le ne cherche pas de trésors, mais des connaissances. Il étudie squelette, noter sa position et prélever des échantillons, les la vie et les morts des populations qui nous ont précédées, ossements humains sont fréquemment réinhumés à l’issue de ainsi que leur environnement, à travers les vestiges qui se sont l’étude. conservés, enfouis ou engloutis. Le sol conserve en effet des traces oubliées de l’occupation du territoire, à des époques Un travail de terrain anciennes, ou plus récentes : aujourd’hui même le XX e siècle L’archéologue se documente d’abord, dans les archives et est concerné par l’archéologie. dans les bibliothèques, prospecte le terrain, sur terre, sur mer Il travaille avec une méthode scientifique, pour mettre au jour, ou dans les airs, pour détecter d’éventuels vestiges. Lorsqu’il enregistrer, décrire et interpréter ces éléments. Avec l’aide fouille ensuite le sol, il utilise des outils comme le pinceau, d’autres spécialistes, il les rassemble et formule prudemment la truelle, la pelle, manuelle ou mécanique, pour découvrir des idées qui feront progresser la recherche sur les sociétés structures et objets. Les couches traversées sont détruites au 12 humaines. fur et à mesure de la fouille. Toutes les informations doivent donc être enregistrées à cette Une démarche éthique étape, sinon elles seront perdues définitivement. Il étudie la L’archéologie intervient dans le but de sauvegarder le patri - nature, la fonction, l’organisation et bien sûr la datation de tous moine qui peut être menacé par des travaux mais aussi par ces éléments. L’archéologue sauvegarde enfin ces informa - l’érosion et de faire progresser la connaissance de l’histoire. tions dans un rapport, et confie les objets archéologiques à Ainsi, lorsque l’archéologue fouille une tombe, c’est avec une institution chargée de les conserver et les restaurer. respect pour les morts et les croyances. Il s’agit de redonner une identité à un défunt, son genre, son âge au moment de la mort, et la date à laquelle il est mort, Travail de relevé d’une sépulture. mais aussi de comprendre sa sépulture, les objets et les gestes [ sépulture 12, octobre 2013 Une activité encadrée par la loi Lorsqu’on fouille, l’information archéologique est donc retirée du sol et sauvegardée dans un document. Ce travail doit être parfait. Quel que soit le propriétaire du site, la connaissance du patrimoine appartient en effet à tous les citoyens. C’est pourquoi l’archéologie est encadrée par la loi, en le code du patrimoine (livre V). Les services de l’État en assurent le contrôle scientifique et technique, et s’assurent que les interventions de terrain ne sont réalisées que par des archéologues compétents.

Un véritable engagement L’archéologue s’engage toujours par vocation. Il affirme sa compétence par son expérience et la reconnaissance de ses 13 pairs, qu’il exerce son métier dans le cadre d’un emploi dédié ou bénévolement. Il parcourt souvent le terrain par ses pro - pres moyens, explore le territoire, rencontre ses habitants et réalise des découvertes. Il travaille parfois dans le cadre d’une institution dont il assure les missions, ou dans une association, cadre d’initiative qui a beaucoup fait pour le développement de l’archéologie à Mayotte. C’est dans le cadre de la Société d’histoire et d’ar - chéologie de Mayotte (Sham) qu’ont été réalisées depuis 2005 les recherches de Martial Pauly à Acoua.

LES FOUILLES

Archéologie de la période médiévale à Acoua

15 Depuis 2006, plusieurs campagnes de fouilles archéologiques menées à Acoua ont permis de documenter l’ancien village (Agnala M’kiri, XI e-XV e siècles) et un lieu d’inhumation (Antsiraka Boira, XII e-XIII e siècles).

Vue du village et de la baie d’Acoua depuis le mont Madjabalini (363 mètres). ACOUA Petite Terre BAGAMOYO

Grande Terre

0 2,5 5 kilomètres

16 Au nord-ouest de Mayotte, Acoua est l’un des villages de l’île de parler kibushi (malgache).

Le village Aperçu de la fouille tée à Acoua dès le XI e siècle et s’intensifie à de l’enclos villageois e (XII e-XV e siècles), partir du XII siècle, période où la conquête de Le site archéologique d’Antsiraka Boira n’est Acoua - Agnala M’kiri terres agricoles semble se développer sur l’île pas isolé : il s’agit d’une zone funéraire associée Au premier plan, on distingue la porte étroite autour de petites communautés villageoises. du village, au sol couvert de grandes dalles, à l’ancien village d’Acoua, qui occupait alors adaptée aux passages répétés des Au début du XIII e siècle, un village de quatre troupeaux, notamment de zébus, dont le quartier d’Agnala M’kiri (“La forêt de la mos - l’élevage hectares est entouré par un vaste enclos pas - quée”), également fouillé entre 2006 et 2012 se généralise au XII e siècle. toral. Il s’agit d’un mur peu élevé, construit en [ septembre 2012 [Pauly, 2013]. L’occupation humaine est attes - moellons de basalte hourdés à la chaux coral - lienne, dont une porte a pu être fouillée en 2011 Céramique décorée par Ce sont des petites localités rurales comme et 2012. impression d’un coquillage celle-ci qui ont perduré au cours des siècles et (XI e-XII e siècles) 17 On retrouve également une petite mosquée, [à gauche] Ce décor est caractéristique formé la trame des principaux villages actuels bâtie vers 1200, dont le plan et les techniques des traditions de céramique des premiers de Mayotte. niveaux d’occupation à Acoua. de maçonnerie évoquent les constructions Le passé est donc juste sous nos pieds. Face médiévales swahilies en pierre de corail et Céramique mahoraise à l’urbanisation contemporaine et à l’arrivée à décors modelés qui témoigne, sans doute, d’une influence (fin XIII e-XIV e siècles) des techniques modernes du bâtiment, l’ar - grandissante de l’islam, relayé par les cités- [à droite] Ce type de décoration, rencontré chéologie permet de sauvegarder les vestiges également à Kilwa (Tanzanie), traduit une États swahilies en pleine expansion. L’habitat influence culturelle swahilie plus marquée : de cette histoire. est quant à lui caractérisé par l’utilisation de c’est également au cours du XIV e siècle que l’habitat de pierre se développe à Acoua. matériaux périssables, l’architecture de pierre ne se développant à Acoua qu’à partir du XIV e siècle.

La nécropole La commune d’Acoua comprend actuellement deux villages : Le plateau d’Antsiraka Boira se situe entre les villages Acoua et Mtsangadoua. Mtsangadoua 1

D

C d’Acoua et de Mtsangadoua sur la pointe Kahirimtrou, Ce C Antsiraka Boira toponyme, qui signifie en shi-maoré, là où « l’on n’appelle per- Pointe Agnala Kahirimtrou M’kiri sonne », fait référence à une croyance selon laquelle le lieu serait hanté par les djinns (des esprits pour les musulmans). Plage de ACOUA Les habitants des localités proches avaient l’habitude de leur Vato Madiniki apporter des offrandes, au pied d’une grande pierre sacrée. L’existence d’une occupation ancienne a quant à elle été mise

C

C

D en évidence en 2005 par des prospections archéologiques. Le 1 site comporte de nombreux tessons de céramique, fait habituel 0 500 m 1 kilomètre à Mayotte, mais aussi des pierres dépassant légèrement du sol, qui pouvaient indiquer des tombes. centaine de mètres carrés. On procède par sondages sédi- 19 Les fouilles archéologiques menées sur la bordure occidentale mentaires destinés à décaper la surface de la terre végétale pour du plateau, en surplomb de la plage de Vato Madiniki, ont en faire apparaître les structures, dresser leur plan et en explorer effet révélé une zone funéraire située à distance du village, certaines, l’objectif étant d’étudier un échantillon qu’on appelle en archéologie une nécropole. Il s’agit de la pre - représentatif de la population défunte. mière fouillée en Grande Terre. Dès le début de l’opération, est apparue une concentration éle - Quatre campagnes de terrain ont été réalisées, en septe - vée de sépultures par inhumation. Au cours des trois premières bre 2012, mai et octobre 2013 et mai 2014, couvrant une campagnes, une quarantaine a été identifiée, et une douzaine fouillée : deux d’adultes et dix d’enfants. Les secondes semblent Acoua - Antsiraka Boira : s’organiser autour des premières, peut-être une manifestation vue aérienne de la zone de fouille. [ octobre 2013 de l’importance de l’ancestralité. Architecture et mobilier funéraires 1

Si les défunts ne semblent pas reposer selon une orientation privilégiée, l’ar - chitecture funéraire rappelle cepen- dant la tradition musulmane, avec des dalles disposées de chant (c’est-à-dire sur leur tranche), qui délimitent le contour rectangulaire des tombes, comme observé sur le site de Bagamoyo en Petite Terre. Le choix des matériaux varie d’une sépulture à l’autre : en basalte, en corail 20 ou encore beach-rock (conglomérat marin). Le lit de sable sur lequel repo - sent les défunts, et le gravillon coral- lien qui remplit fréquemment la fosse sépulcrale, soulignent un fort rapport à la mer, tout comme le mobilier funé - raire : dépôts retrouvés en place, comme ces tritons-conques musicales, des tri - dacna, une céramique complète remplie de gravillons coralliens. On trouve enfin des coupelles, probables brûle-parfums. 2 Limites du sondage de 2012

Limites des opérations de mai et octobre 2013 1

SP 38

SP 26 Sépulture Galet/pierre plate polie 3 4 SP 37 Bloc de corail Gravillon corallien 2

Dalle de basalte Gravillon corallien entourant la sépulture 08 SP 36 SP 35 Dalle de grès marin (beach-rock) Rocher en place SP 34

SP 26 SP 28 SP 24 SP 32 SP 27 SP 25

SP 23

SP 22 SP 33

Relevé de la nécropole : SP 31 SP 30 campagnes de fouille SP 29 SP 21 archéologique 2012-2013

SP 16 SP 15

SP 03 SP 08 SP 17 SP 12 SP 11 SP 19 SP 04 SP 02 SP 09 SP 13 SP 14 SP 10 SP 01 SP 05 SP 20 0 1 2 3 mètres SP 18 SP 07 SP 06 © M. Pauly / ArmenFactory 3 4 sépulture 01 sépulture 02 sépulture 03 sépulture 05

L’anthropologie funéraire 0 10 20 30 40 50 centimètres

Cette science de terrain étudie ce qu’il reste du corps humain longtemps après la mort, le squelette et les gestes qui se rapportent à sa mise en terre. Elle apporte ainsi de nombreuses informations sur les pratiques et les croyances d’une société disparue. Sur la nécropole d’Acoua, Antsiraka Boira, les corps eux-mêmes présentent un état de conservation variable. Si les sujets immatures sont généralement très altérés, les adultes ont pu être mieux étudiés. Dans la sépulture 08, on remar-que ainsi que la décomposition du corps s’est produite dans un espace non colmaté, sans doute en position primaire, même si l’on reste attentif en pareil contexte aux signes qui indiqueraient une inhumation secondaire, d’un corps décomposé hors

de la fosse. © M. Pauly / ArmenFactory sépulture 08 sépulture 12 s e r

À Antsiraka Boira, les défunts, comme cet adulte, t è m i t n e

étaient couramment accompagnés d’objets du c

0 quotidien et de parures. Les archéologues n’en 5 0 retrouvent que les parties dures. Les matières 4 0

périssables se sont décomposées dans la terre 3 au cours du temps [ sépulture 08, mai 2013 0 2 0 1

Perles d’un collier de cou 0

Des perles en verre et en coquillage appartenant à un long collier 1 de cou ont été retrouvées éparpillées du cou du défunt jusqu’à sa hanche. Les sépultures d’Antsiraka Boira livrent fréquemment ce type de colliers de cou, y compris pour les jeunes enfants. 1

Perles appartenant à une probable ceinture ou cache-sexe 25 Remarquablement conservées, ces perles encore alignées appartiennent à une ceinture de perles en coquillage que le défunt portait autour de la taille. À Antsiraka Boira, les enfants étaient 2 également couramment inhumés avec des pagnes brodés de perles.

3 Fusaïole 3 Cette fusaïole (leste de fuseau pour le filage) a été retrouvée sous les phalanges de la main droite du défunt. Elle illustre la coutume funéraire pratiquée à Antsiraka Boira, d’inhumer les défunts accompagnés d’objets du quotidien. 2

sépulture 08 26 27

Récipient céramique Ce petit modèle (11 centimètres de diamètre à l’ouverture) a été retrouvé dans le remplissage supérieur de la fosse d’une sépulture d’enfant. Rempli de gravillons coralliens, ce vase a sans doute été laissé lors des funérailles. Il porte, sous la lèvre, un décor composé d’impressions de coquillage, motif caractéristique de la production céramique locale durant la période médiévale (autour de 1200). [ sépulture 09, mai 2013 28

Conque musicale Un des deux tritons percés servant d’instrument de musique. Découvert dans le remplissage supérieur d’une sépulture, il avait été laissé en offrande. C’est un rare témoignage de l’usage de conques musicales durant les funérailles. [ sépulture 10, octobre 2013 . 29

Fusaïole Une fusaïole est un petit disque utilisé comme volant d’inertie à un fuseau pour le filage de fibres végétales comme le coton. Ici, il est en céramique (diamètre 28 millimètres) et décoré de motifs géométriques. Cet objet (XII e siècle), témoin de l’artisanat domestique, se retrouve couramment parmi les sites archéologiques médiévaux de Mayotte. C’est toutefois la première fois que cet objet est retrouvé en contexte funéraire, ici placé dans la main droite du défunt. [ sépulture 08, mai 2013

0 1 2 3 4 5 centimètres 30 Coupelles à bord dentelé Plusieurs exemplaires ont été retrouvés dans le remplissage supérieur de la fosse d’une sépulture. La fonction exacte de ces coupelles, uniquement rencontrées à Mayotte parmi les sépultures musulmanes les plus anciennes, n’est pas connue : brûle-parfum ou lampe à huile de mosquée réutilisée pour accompagner certains défunts ? Également rencontrée à Bagamoyo (Petite-Terre), cette pratique disparaîtrait à partir du XIII e-XIV e siècle. [ sépulture 12, octobre 2013

31

0 1 2 3 4 5 10 centimètres

LES PERLES

Des témoins du quotidien à travers l’espace et le temps

33 Vestiges de colliers, ceintures ou pagnes de perles brodés, ces témoins rares de l’habillement des populations médiévales éclairent leur univers symbolique et esthétique, mais aussi les liens de l’île avec le grand commerce de l’océan Indien.

Alignement conservé de perles en verre. [ sépulture 01, novembre 2012 Les deux tiers des tombes fouillées à Antsiraka Boira com- - les perles étirées (drawn beads) sont les plus nombreuses : portaient des perles (à ce jour près de dix mille), les sépultures très petites (quelques millimètres), elles sont réalisées à les plus riches en comptent plusieurs milliers (plus de deux partir d’un tube de verre étiré sur une tige métallique puis mille deux cents pour l’enfant de la sépulture 15). Ces perles sectionné pour obtenir des perles de formes irrégulières cylin - sont, pour la grande majorité, réalisées en pâte de verre, pré - driques. Cette technique d’origine indienne est principalement sentant des couleurs, tailles et formes variées. Les quantités employée par les ateliers d’Asie du sud-est (notamment en de perles retrouvées à Acoua sont de loin les plus importantes Thaïlande, Malaisie et Indonésie), c’est pourquoi elle carac - de toute la région sud-ouest de l’océan Indien, avec la nécro - térise les perles “indo-pacifiques” [Francis, 2002]. pole de Vohémar au nord-est de Madagascar. Ailleurs, les - les perles enroulées (wound beads) confectionnées en enrou - décou-vertes se résument pour la période médiévale à une lant la pâte de verre autour d’une tige métallique. La perle poignée de perles. Ainsi, par les quantités de perles retrouvées obtenue présente une forme sphérique ou biconique avec un et leur diversité, Mayotte dispose d’un site d’envergure inter - aspect en spirale. Cette technique est principalement employée nationale pour la connaissance de ces objets archéologiques. par les ateliers de l’Inde du nord-ouest et du Sindh 34 (Banbhore/Daybul) au Pakistan, et éventuellement de Chine Les perles retrouvées à Acoua sont connues pour la plupart [Cayron, 2006:18-19]. sur d’autres sites de la région. Leur principale période de dif - fusion est datée entre 1100 et 1250, leurs provenances sont Ces deux techniques très anciennes développées dès l’Anti- multiples et souvent lointaines. L’étude technologique et phy - quité en Inde (sur le site indien d’Arikamedu, par exemple) se sico-chimique de ces perles permettra d’éclairer leur long sont diffusées à l’Asie du sud-est au cours du premier millé - voyage, sur les routes commerciales qui reliaient, à la période naire de notre ère. Réalisées en très grandes quantités par ces médiévale, les continents et les îles de l’océan Indien. ateliers de verriers, ces perles étaient un produit d’échange Les deux techniques couramment employées à cette époque très prisé, notamment pour le marché africain où elles étaient pour la confection des perles en verre sont représentées dans acheminées par les marins islamisés (arabo-persans) mais le corpus d’Antsiraka Boira : aussi austronésiens au moment de l’apogée de l’empire du Damas Ispahan Bagdad Kaifeng

30˚N Basra Le Caire CHINE MONDE MUSULMAN Ormuz Guangzhou Daybul Qalhat Jedda Nadiya Pagan La Mecque

15˚N Shihr CHOLA Aden Calicut Angkor Le système-monde afro-asiatique, Tanjore du XI e au XIII e siècle Kedah «Cœur» Océan du système Mogadiscio Indien équateur30˚E 45˚E 60˚E75˚E 90˚E Jambi 105˚E 120˚E Shihr Principaux centres du commerce médiéval Palembang Mers et océans SRIVIJAYA parcourus

Kilwa Principales routes maritimes dont, au Sud, Dembéni la route maritime Mahilaka 15˚S austronésienne directe vers Madagascar et l’Afrique australe Sofala Route terrestre de la soie 01 000 2 000 kilomètres Mapungubwe © M. Pauly / ArmenFactory, d’après Ph. Beaujard, 2012. Srivijaya (Sumatra). Produit d’exportation courant, les appella - il est alors possible de déterminer des familles de perles selon tions “trade wind beads” (grains de mousson) ou “perles indo- leur composition chimique et par là, leur provenance. pacifiques” les désignent dans les publications [Francis, 2002]. Si les principaux centres de fabrication étaient situés dans la Ces perles sont bien décrites sur les principaux sites archéo - région du Golfe persique, l’Inde et l’Asie du Sud-Est, quelques logiques d’Afrique orientale : Kilwa en Tanzanie, Shanga et sites d’Afrique orientale produisaient sporadiquement des Manda au Kenya, certaines ont été retrouvées jusqu’aux sites perles en verre à la période médiévale. Des preuves de cette Sud-Africains de Mapungubwe et de K2 (vallée du fleuve activité ont été mises au jour à Shanga (Kenya, archipel de Limpopo) où elles avaient été acheminées depuis le site Lamu), Mkokotoni (Tanzanie, Zanzibar), Mahilaka (au nord- côtier de Chibuene (Mozambique, au sud de la baie de Sofala). ouest de Madagascar) mais aussi à l’intérieur du continent afri - D’autres perles rencontrées à Antsiraka Boira, comme les petites cain parmi les sites de la vallée du Limpopo (Mapungubwe et perles translucides de la sépulture 08 n’avaient encore jamais K2) où les perles dites indo-pacifiques étaient refondues pour été décrites en Afrique orientale et pourraient suggérer une réaliser des grandes perles d’apparat ( garden roller ). 36 arrivée directe depuis l’Asie orientale via la route maritime austronésienne qui traversait en direct l’océan Indien en reliant Plus rarement, des perles confectionnées à partir de coquil - l’archipel indonésien à Madagascar, et aux Comores… lages ou de la coquille d’escargot achatina ont été mises au jour. Leurs centres de fabrication sont connus en Afrique de De récentes études sur la composition chimique des pâtes de l’Est ou des polissoirs à perles (bead grinders) et des ébau- verre [Wood, 2011, Coloman et al. , 2011] ont montré la diver - ches sont décrits parmi les principaux sites swahilis (Shanga, sité des provenances de ces perles circulant à l’époque Manda, Kilwa). Certaines parures de perles avec assemblage médiévale. Les laboratoires utilisent des techniques non des - de disques (comme la ceinture de perles de la sépulture 08) tructives comme l’analyse par spectrométrie Raman pour rappellent la technique employée en Afrique pour confec- déterminer les composants chimiques employés dans la fabri - tionner des parures de perles taillées dans la coquille d’œuf cation des perles. Ceux-ci variant selon les zones de fabrication, d’autruche. Grande Comore Canal du Mozambique

M’bachile SOMALIE Mogasdiscio OUGANDA Merka COMORES équateur 35˚E 40˚E 45˚E 50˚E Barawa Lac KENYA Anjouan Victoria Shanga Archipel de Lamu Domoni Manda Mwali Mjini Sima Gedi Mohéli

Mombasa 5°S Mayotte Pemba Acoua Zanzibar Bagamoyo

Dembéni TANZANIE Mafia Kilwa 0 50 100 kilomètres 10°S

Lac COMORES Merka Principaux sites Les principaux sites ZAMBIE Malawi Mayotte archéologiques archéologiques médiévaux Irodo du sud-ouest de l’océan Indien. Mahilaka Vohémar Shanga Site archéologique où l’on a découvert 15°S de grandes quantités Mozambique Langany de perles Kingany Sainte Sites swahilis MOZAMBIQUE Marie où la production de perles en coquillage est attestée 20°S Sofala

Shanga Sites où une production Chibuene MADAGASCAR de perles en verre Mapungubwe est attestée K2 © M. Pauly / ArmenFactory 0 500 kilomètres 25°S

Les perles en coquillage Disques Plus rares que les perles en verre, ces De diamètre n’excédant pas les 8 millimètres, contrairement aux perles tubulaires, ils présentent deux perles fabriquées à partir de coquillages faces lisses. Ils étaient en effet obtenus à partir d’une coquille (escargot achatina) travaillée soit avec une scie se retrouvent à Antsiraka Boira parmi cloche, soit par abrasion. Cette technique est les sépultures les plus anciennes. On comparable à celle employée en Afrique pour fabriquer des perles à partir de la coquille d’œuf d’autruche. rencontre alors trois familles de perles en coquillage utilisant des techniques de fabrication différentes. Tubulaires Elles se présentent sous la forme de cylindres dont la longueur ne dépasse pas les 5 millimètres et dont le diamètre varie entre 4,5 et 7 millimètres. Ces perles présentent toujours une face striée 40 consécutive à la technique de façonnage où une matrice cylindrique était divisée par perforage pour obtenir deux perles.

Annulaires Elles se présentent sous la forme d’anneaux très fins, lisse sur les deux faces, et dont le diamètre n’excède pas les 4 millimètres. Ces perles utiliseraient les mêmes matériaux et techniques que pour les disques. La fabrication des perles

Si aucune ébauche de perles en coquil - Les deux étapes lage n’a été découverte à Mayotte pour de fabrication de perles tubulaires en coquillages attester d’une production locale, celles- ci sont abondantes parmi les sites archéologiques de la côte africaine swa - hilie, très probable origine des perles en étape 1 coquillage retrouvées à Antsiraka Boira. Réalisation d’une matrice cylindre à partir d’une coquille épaisse abrasée dans un polissoir.

41 Exemple de polissoir à perles mis au jour à Dembéni.

étape 2 Division par perforage de la matrice pour obtenir deux perles tubulaires (diamètre de 5 millimètres), puis perçage des perles pour le passage du lien.

Les perles en pâte de verre

Perles étirées (ou “drawn beads”)

Les trois quarts des perles découver- tes à Antsiraka Boira sont des perles Perles jaunes et noires en pâte de verre opaque “indopacifiques” produites selon la et étirée. [ diamètres de 3 à 5 millimètres technique de l’étirage. Celle-ci per- [ sépulture 02, septembre 2012 met d’obtenir de nombreuses perles aux formes irrégulières en fractionnant, à chaud, un long tube de verre étiré sur 44 une tige métallique. Perles de couleur rouge brique, en pâte de verre opaque et étirée. Ces perles, également connues sous le nom Les perles étirées, de pâte souvent de “mutisalah”, caractérisent les ateliers indiens opaque ou plus rarement translucide, et ont connu une très large diffusion dans l’océan Indien. [ diamètres de 4 à 6 millimètres présentent une grande variété de [ sépulture 10, octobre 2013 couleurs (jaune, bleu turquoise, rouge brique, noire). Les perles en verre noir opaque sont les plus fréquentes à Antsiraka Boira (56 % des perles en verre). Elles étaient généralement cousues sur les pagnes des défunts : la sépulture 15 en a livré plus de 1 700. Perles enroulées (ou “wound beads”)

Plus rares à Antsiraka Boira, on rencontre des perles en pâte de verre enroulée dont l’origine précise n’est pas encore connue (Moyen-Orient, Inde ou Chine ?). Les perles enroulées d’Antsiraka Boira sont en grande majorité réalisées à partir d’un verre noir et opaque. Plus rarement, des perles enroulées de couleur rouge brique ont été rencon - 45 trées, suggérant peut-être une origine indienne.

Perles enroulées en verre noir opaque. [ diamètre de 7 millimètres [ sépulture 01, novembre 2012 Parure d’adulte (XII e siècle)

Long collier de perles en pâte de verre et en coquillage (longueur conservée 90 cm). [ sépulture 08, mai 2013

Ceinture de perles en coquillage portée au niveau des hanches (largeur de 40 centimètres). [ sépulture 08, mai 2013 Les perles sont des objets régulièrement rencontrés parmi les Ainsi, lorsque les observations sur site le permettent (concen- sites archéologiques médiévaux de l’océan Indien. Mais les tration des perles au niveau du cou, alignements de perles archéologues ont rarement la chance de pouvoir étudier des conservés), il est possible de restituer fidèlement certains parures de perles complètes. À Antsiraka Boira, il est possible colliers. Cette démarche n’a pas été réalisée pour les perles de connaître précisément les types de perles en circulation à retrouvées au niveau du bassin des squelettes, initialement une époque donnée ainsi que les préférences pour l’élabora - brodées sur des pagnes, et présentées ici “en vrac”, à tion des parures, témoignant ainsi de l’univers symbolique et l’exception de la ceinture de perles de la sépulture 08 esthétique de cette population. ci-dessous. Parure d’enfant (XII e-XIII e siècles)

Long collier de perles en pâte de verre (longueur 120 centimètres). [ sépulture 15, octobre 2013

Perles en pâte de verre du pagne. [ sépulture 15, octobre 2013

Parure d’enfant (XII e-XIII e siècles)

Long collier de perles en pâte de verre (longueur 124 centimètres). [ sépulture 10, octobre 2013

Perles en pâte de verre et en coquillage du pagne. [ sépulture 10, octobre 2013

LES ACTEURS

Un chantier vivant

53 Une fouille archéologique fait intervenir aussi bien des chercheurs professionnels que des bénévoles qui travaillent en partenariat avec les institutions culturelles (Préfecture et Conseil général).

Acoua - Antsiraka Boira : aperçu de l’équipe de fouilles (mai 2013). Générique de l'opération Les bénévoles de la Société d’histoire et d’archéologie de Mayotte. Le site d’Acoua, Antsiraka Boira, fait l’objet, depuis 2011, d'opé - [ mai 2013 rations de fouilles programmées autorisées et financées par l’État à travers la Direction des affaires culturelles de Mayotte. Ces travaux se déroulent dans le cadre associatif de la Société d'histoire et d'archéologie de Mayotte (Sham), avec le support Salariés / techniciens : de l'association Archéologies. Association Archéologies : Delphine Dumarché (archéologue), Morgane Legros (technicienne de fouille) SRA/DAC-OI : Georges Lemaire (ingénieur-topographe). Responsable d’opération : Martial Pauly (Société d’histoire et d’archéologie de Mayotte) Étudiant stagiaire en archéologie : Arthur Leck (étudiant en Licence d’archéologie, Paris-1) 54 Anthropologie funéraire : Marine Ferrandis (association Archéologies) Bénévoles : Aïcha Abdallah, Marine Allemand, Brigitte Baconnier, Razak Bankole, Geoffrey Claud, Philippe Dumarché, Raftandjani Conseil scientique et technique : Djihadi, Ahamed Doulhikifli, Marylise Gendrot, Assinani Kassim, Patrice Courtaud (Pacea/CNRS) Guy Langlais, Arnaud Lebossé, Céline Leroy, Djamila Madi, Jeanne Pages, Madi Ounaïda, Said-Djibril Madi-Tchama, Robert Suivi du projet : Manceau, Sade Mari, Stéphane Nielsen, Hanessati Soufou, Céline Deroin, Chloé Lesschaeve (DAC Mayotte) Halima Toybou, Limouandjilati Ymamou, Nawa Ymamou.

En octobre 2013, dans le cadre de la convention “Culture-Justice”, le chan - Contrôle scientifique et technique : tier archéologique a également accueilli des jeunes du Dago Tama placés Édouard Jacquot, conservateur du patrimoine (DAC Mayotte) sous main de justice. 55 56

Des références Society of Africanist Archaeologists, 2011, p. 68-81. « The Rock Crystal of , Mayotte, Mission report 2013 », Histoire de l’océan Indien médiéval Nyame Akuma , vol. 80, Calgary (Alberta), Society of Africanist BEAUJARD Ph., Les mondes de l’océan Indien , Paris, Armand Colin, Archaeologists, 2013, p. 59-72. tome II, 2012, 800 p. WRIGHT H. T., « Early seafarers of the Comoro Islands : the Dembéni phase of the IX th -X th centuries AD », Azania , vol. XIX, Nairobi, Journal Archéologie de Mayotte (période médiévale) of the BIEA, 1984, p. 13-59. ALLIBERT C., Archéologie du VIII e au XIII e siècle , Fondation pour l’étude de l’archéologie de Mayotte, dossier n° 1, Paris, Inalco, 1992, 44 p. Archéologie de l’Afrique orientale ALLIBERT C. ARGANT A. & J., « Le site de Bagamoyo, Mayotte », Études CHITTICK N., Kilwa : an Islamic Trading City on the East African Coast , océan Indien , n° 2, Paris, Inalco, 1983, p. 5-40. 2 volumes, Nairobi, BIEA, 1974. « Le site de Dembéni, Mayotte, Archipel des Comores », Études océan Manda, excavations at an Island Port on the Kenya Coast , Nairobi, Indien , n° 11, Paris, Inalco, 1989, p. 63-172. BIEA, 1984, 258 p. COURTAUD P., CONVERTINI F., Rapport de fouille sur le site de Bagamoyo HORTON M., MIDDLETON J., The Swahili, The Social Landscape of a (Mayotte, Petite-Terre, commune de Labattoir – Plage des Badamiers) , Mercantile Society, The People of Africa , Oxford, Blackwell, 2000, 282 p. 58 document final de synthèse d’évaluation archéologique, MCC/SDA, École nationale du patrimoine, DRAC de La Réunion, Collectivité ter - HORTON M., Shanga, the archaeology of a Muslim trading community ritoriale de Mayotte/DAC, CNRS/ UMR 5809, Université de Bordeaux on the coast of East Africa , Londres, BIEA, 1996, 458 p. 1, laboratoire d’anthropologie, Afan, 2 vol., 2000, 130 p. SINCLAIR P., Space, Time and Social Formation : a territorial approach LISZKOWSKI H. D., Répertoire des sites archéologiques de Mayotte , to the archaeology and anthropology of Zimbabwe and Mozambique Saint-Médard-en-Jalles, Sham, 1997, 63 p. c. 0-1700 AD , Uppsala, Societas Archaeologica Upsaliensis, 1987, PAULY M., « Acoua-Agnala M’kiri, Mayotte (976), archéologie d’une 204 p. localité médiévale (XI e-XV e siècles EC.), entre Afrique et Madagascar », PRADINES S., Gedi, une cité portuaire swahilie, Islam médiéval en Afrique Nyame Akuma , n° 80, Calgary (Alberta), Society of Africanist orientale , Institut français d’archéologie orientale, 2010, 302 p. Archaeologists, 2013, p. 73-90. « La diffusion de l’islam à Mayotte à l’époque médiévale », Taarifa , n° 4, Archéologie / Histoire de Madagascar revue des Archives départementales de Mayotte, 2014, p. 63-89. ALLIBERT C., Étienne de Flacourt, Histoire de la grande île de Madagascar , PRADINES S., « Dembéni, Mayotte (976), archéologie swahilie dans un Paris, Inalco-Karthala, 2007, 713 p. département français », Nyame Akuma , vol. 77, Calgary (Alberta), ALLIBERT C., RAKOTOARISOA J.A. (dir.), Vohémar, cité-État malgache , Études océan Indien , n° 46-47, Paris, Inalco, 2011, 409 p. Des liens RADIMILAHY C., Mahilaka , Studies in African Archaeology, vol. 15, Uppsala, 1998, 293 p. COLOMBAN Ph., « Des perles de verre pour dater l’occupation du site VERNIER E., MILLOT J., Archéologie malgache, comptoirs musulmans , archéologique de Mapungubwe hill (Afrique du Sud), un des centres catalogue du Musée de l’Homme, Paris, 1971, 180 p. “urbains” des royaumes de Monomotapa » VÉRIN P., The history of civilisation in north Madagascar , A. A. Balkema, [ cnrs.fr/inc/communication/direct_labos/colomban3.htm Rotterdam, Boston, 1986, 431 p.

Perles de l’océan Indien Des sites CAYRON J. G., Stringing the past, an archaeological understanding of early Southeast Asian glass bead trade , Diliman, University of Philip- Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) pines Press, 2006, 92 p. [ inrap.fr COLOMBAN Ph., PRINSLOO L. C., TOURNIER A., « A Raman spectroscopic study of the glass trade beads excavated at Mapungubwe hill and Société d’histoire et d’archéologie de Mayotte K2, two important archaeological sites in southern Africa, raises [ archeologiemayotte.over-blog.com questions about the last occupation date of the hill », Journal Archaeological Sciences , 2011, p. 3264-3277. Center for Bead Research 59 FRANCIS P., The Bead Trade, 300 B.C. to the Present , Universty of [ thebeadsite.com Hawai’i Press, 2002, 307 p. WOOD M., « A Glass Bead Sequence for Southern Africa from 8 th to the 16 th Century AD », Journal of African Archaeology , vol. 9, 2011, p. 67-84.

Afan Association pour les fouilles archéologiques nationales BIEA British Institute in Eastern African CNRS Centre national de la recherche scientifique DAC Direction des affaires culturelles Inalco Institut national des langues et civilisations orientales MCC Ministère de la Culture et de la Communication SDA Sous-direction de l’archéologie Sham Société d’histoire et d’archéologie de Mayotte UMR Unité mixte de recherche 1 exposition 7 bâches

60 L’exposition se décline en 7 panneaux en couleur imprimés sur bâche PVC et munis d’œillets pour l’accrochage. Formats : 0,8 m par 1,20 m (vertical) Les établissements scolaires ou tout organisme public sou - haitant emprunter l'exposition sont invités à se rapprocher de la Direction des affaires culturelles de la Préfecture de Mayotte.

• Direction des affaires culturelles de la Préfecture de Mayotte BP 676 - Mamoudzou Tél. : 02 69 63 00 48 @: [email protected]

61 Crédits À la découverte du patrimoine archéologique de Mayotte

© Mayotte, mai 2014 Cette troisième édition de la collection “Patrimoines cachés” accompagne pour la première Direction des affaires culturelles de la Préfec- fois une exposition consacrée à l’archéologie. Présentée au Comité départemental du tourisme ture de Mayotte. Tous droits de reproduction (CDTM) pour les Journées nationales de l’archéologie, cette exposition voyagera dans les et d’adaptation réservés pour tous pays. écoles, collèges et lycées de l’île et permettra au jeune public de découvrir et de s’appro- prier le patrimoine archéologique de Mayotte. La Direction des affaires culturelles de la Société d’histoire et d’archéologie de Mayotte Préfecture de Mayotte s’attache à travers la réalisation d’outils de médiation – édition de ISBN : 978-2-9548985 livrets, expositions et mallettes pédagogiques – à contribuer à la connaissance et à la transmission de l’histoire de Mayotte, indispensable richesse pour les générations futures. Textes C’est avec chaleur et sincérité que je remercie tous les bénévoles qui ont participé au chan - tier archéologique d’Acoua depuis 2012 : Martial Pauly, responsable du chantier archéologique, © Martial Pauly et Édouard Jacquot doctorant en archéologie, pour son investissement personnel ; ceux qui ont animé ces pre - mières Journées nationales de l’archéologie (association des Naturalistes de Mayotte, équipe de la DCP du Conseil général, CDTM pour son accueil) ; et, enfin, Éric Gintrand pour la réali - Photographies sation de cette publication. J’adresse également mes remerciements à Édouard Jacquot, conservateur de l’archéologie à la Direction des affaires culturelles de Mayotte, pour son indé - all © Martial Pauly / DAC Mayotte ; sauf, fectible soutien et sa pugnacité à promouvoir l’archéologie à Mayotte. page 13, Édouard Jacquot / DAC Mayotte Clotilde Kasten (reproductions interdites sans les accords des directrice des Affaires culturelles de la Préfecture de Mayotte auteurs). © La photographie aérienne du site d’Antsi- Direction des affaires culturelles raka Boira a été réalisée par Jérôme Mathey Préfecture de Mayotte et son multicoptère. BP 676 - 97 600 Mamoudzou tél. : 0269 63 00 48 www.dronego.fr [email protected] Des bénévoles au service de l’archéologie mahoraise

Les fouilles archéologiques à Acoua se déroulent dans le cadre associatif de la Société d’histoire et d’archéologie de Mayotte (Sham), association loi 1901 fondée en 1990 par Henri édition, formation, conseil Daniel Liszkowski, pour poursuivre les travaux de recherche débutés à Mayotte durant les 6, Zirarouni - 97 680 - Mayotte années 1980 par Claude Allibert (professeur émérite des universités, ancien vice-président tél. : 06 39 20 49 60 et 02 69 60 20 98 de l’Institut national des langues et civilisations orientales). armen .edition @gmail .com La Sham est un acteur privilégié au côté des Services culturels de Mayotte, avec lesquels elle collabore en participant à la réalisation de la carte archéologique de Mayotte, en étant associée au chantier des collections du futur musée, et en menant des opérations archéolo - giques sur l’île en connexion avec les autres équipes de recherche de l’océan Indien. Depuis 2011, la Sham est représentée à la Commission mahoraise du patrimoine et des sites (CMPS). Les campagnes de fouilles archéologiques à Antsiraka Boira, sous la direction de Martial Pauly, réunissent des membres bénévoles de la Sham, des étudiants stagiai res ainsi que des archéologues et techniciens sous contrat. Ces actions ont été rendues possibles grâce au soutien de la Direction des affaires culturelles de la Préfecture de Mayotte, sous la direction de Clotilde Kasten, à qui nous sommes très redevables.

Écolabel Forest Stewardship Council Ce document est réalisé avec du papier provenant Société d’histoire et d’archéologie de forêts gérées durablement et imprimé de Mayotte selon les normes ISO 9001 – 2008.

BP 11 - 97 670 Coconi

achevé d’imprimer, en mai 2014, [email protected] sur les presses de Précigraph (Île Maurice)

les patrimoines cachés

Acoua - Antsiraka Boira, au nord-ouest de Mayotte, acoua [ antisaraka boira est la première nécropole médiévale (XII e-XIII e siècles) la nécropole aux perles fouillée en Grande Terre. Les pratiques funéraires documentées

archéologie sur ce site archéologique, témoignent d'un syncrétisme culturel

qui rappelle les origines multiples de la population de Mayotte.

Certaines sépultures, fouillées en 2012 et 2013, ont ainsi livré

des milliers de perles africaines et asiatiques qui composaient

la parure des défunts. Cette découverte exceptionnelle

est un témoignage précieux des échanges lointains

dans l’océan Indien médiéval et de l’univers symbolique

et esthétique d'une société passée.

Cet ouvrage, réalisé avec le soutien de la Direction

des affaires culturelles de la Préfecture de Mayotte

(ministère de la Culture et de la Communication),

propose un premier aperçu de ces découvertes.