Rapport d’expertise :

Commune de () Observations et avis du BRGM à la suite d’un affaissement et sur la stabilité d’un réseau de galeries souterraines. BRGM/RP-60758-FR Janvier 2012

Cadre de l’expertise :

Appuis aux administrations  Appuis à la police de l’eau ❑

Date de réalisation de l’expertise : 13 janvier 2012

Localisation géographique du sujet de l’expertise :

Auteurs BRGM : V. Bault

Demandeur : Préfecture de la Somme (BIRDSC)

Commune de Pierregot (Somme). Observations et avis du BRGM à la suite d’un effondrement.

L’original du rapport muni des signatures des Vérificateurs et Approbateurs est disponible aux Archives du BRGM. Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2008. Ce rapport est le produit d’une expertise institutionnelle qui engage la responsabilité civile du BRGM.

Ce document a été vérifié et approuvé par :

Approbateur : Nom : Maton Daniel Date : 26 janvier 2012

Vérificateur :

Nom : Christian Mathon Date : 26 janvier 2012

Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2008.

Mots clés : expertise – effondrement – cavités souterraines - galeries souterraines – souterrain refuge – muche –risque naturel – Pierregot – Somme – Picardie.

En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :

Bault V. (2011) – Commune de Pierregot (Somme). Observations et avis du BRGM à la suite d’un affaissement et sur la stabilité d’un réseau de galeries souterraines, Rapport final. Rapport BRGM/RP- 60758-FR. 37 p., 14 ill., 2 ann.

© BRGM, 2012, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM.

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Commune de Pierregot (Somme). Observations et avis du BRGM à la suite d’un effondrement.

Synthèse

Contexte :

Date de la formulation de la demande d’expertise au BRGM : 12 janvier 2012 Demandeur : Préfecture de la Somme (BIRDSC) Nature de l’expertise : Diagnostic et préconisations suite à un effondrement sur la commune de Pierregot (80). Situation du sujet : Grande rue (D11), à l’angle de la maison sise au n°11 (ancien café de la Montagne). Date d’occurrence ou de constat : soirée du 11 janvier 2012 Nature de l’intervention du BRGM : Le BRGM est intervenu le 13 janvier 2012 avec plusieurs membres du GIEOS, dont M. Daniel Deschamps et M. Bernard Petit, en présence de M. Daniel Sauvet, Maire de la commune, d’un représentant du Conseil Général de la Somme, de M. Sylvain Buschinski, propriétaire de la maison voisine (ancien café de la Montagne), et de plusieurs journalistes.

Faits constatés :

Selon les bases de données du MEDDLT gérées par le BRGM, www.bdmvt.net et www.cavité.net, la bibliographie et les renseignements recueillis lors de la visite du BRGM du 13 janvier 2012, plusieurs mouvements de terrain ont déjà eu lieu sur la commune de Pierregot. Un réseau très développé de galeries avec 45 chambres a été décrit et topographié sommairement par M. Vasselle en 1945 peu avant la condamnation des accès.

L’effondrement s’est produit dans la soirée du mercredi 11 janvier 2012, affectant la chaussée et le caniveau, à l’angle de l’ancien café de la Montagne.

Lors de l’intervention du GIEOS et du BRGM, le trou dans la chaussée, de forme pseudo- circulaire, mesurait 1 m sur 0,7 m en surface. Il impacte le caniveau et la chaussée de la Grande rue et donne accès à une cavité qui s’étend sous la chaussée et une partie du trottoir. La cavité est en partie comblée par les produits effondrés et sa profondeur est comprise entre 3,2 m et 6,2 m. La zone de vide s’étend sur 1,4 m sous le trottoir en direction de la maison voisine (ancien café de la Montagne), située à 2,3 m de l’excavation. Les fondations de l’habitation ne sont pas visibles dans la cavité. Les canalisations d’eau potable et le réseau téléphonique traversent la cloche d’effondrement. Aucune fuite n’a été remarquée sur le réseau d’eau. La cavité fait apparaitre les limons sur une très faible épaisseur (quelques dizaines de cm) puis la craie altérée. Au droit de l’effondrement, une poche d’argile grise se distingue notamment sur la paroi est alors que la paroi sud est constituée de remblais formant une cheminée. L’hypothèse d’un ancien accès au souterrain a été avancée par le GIEOS.

Le 13 janvier 2012, le GIEOS a déblayé une partie des terrains effondrés afin d’accéder à un réseau de galeries souterraines. Une inspection rapide du réseau souterrain a été réalisée. La

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majeure partie du réseau, constitué de chambres simples ou doubles distribuées autour de couloirs, s’étend en direction du sud depuis l’effondrement. L’extension globale du réseau de galeries est encore indéterminée, de nombreux couloirs et chambres étant condamnés par des effondrements. Les galeries et chambres de ce réseau souterrain ont été creusées dans la craie blanche, pauvre en silex et très friable. Le plancher des galeries se situe à environ 8 m de profondeur et la hauteur des galeries et chambres n’excède pas 2,5 m. La hauteur de recouvrement, composé de craie friable, de craie altérée puis de limons sur une faible épaisseur, serait d’environ 5,5 m. Cependant de nombreuses remontées de toit impactent ce réseau souterrain et la hauteur de recouvrement serait alors moindre.

Diagnostic du BRGM :

Nous sommes ici en présence d’un fontis occasionné par la ruine d’une galerie ou d’une chambre souterraine. L'encaissant, formée de limons, de craie blanche friable, ainsi qu’une poche d’argile s’est effondré. La zone effondrée reste très instable et peut être amenée à évoluer rapidement, notamment en cas de conditions météorologiques défavorables. Une aggravation de l’effondrement pourrait mettre en péril la stabilité de la maison voisine (ancien café de la Montagne).

Le déclencheur des effondrements est souvent l’eau (eaux météoriques, fuites, etc.), mais les cavités souterraines anthropiques de la région sont très souvent naturellement instables (fluage, dégradation naturelle des caractéristiques mécaniques de leurs encaissants) et un effondrement ne nécessite pas obligatoirement l’intervention d’un facteur exceptionnel pour se produire. Aucune fuite n’a été notée sur les réseaux d’eau par la Mairie et lors de l’intervention du BRGM. Le mois de décembre a été particulièrement pluvieux et des déversements d’eaux usées non contrôlées (vidange d’une fosse septique) dans le caniveau avaient lieu, d’après le propriétaire de la maison sise au n°11 (ancien café de la Montagne), lorsque le sinistre s’est produit. De plus, une forte odeur d’eaux usées était perceptible dans la cavité lors de l’intervention du GIEOS et du BRGM.

Concernant le réseau souterrain, de nombreuses cloches de fontis impactent le toit des galeries et des chambres et la majeure partie du réseau ne présente pas un état de stabilité satisfaisant à court terme. L’extension globale du réseau de galeries est encore indéterminée, de nombreux couloirs et chambres étant obturés par des effondrements.

Recommandations du BRGM :

Compte tenu des observations faites, le BRGM recommande : - de laisser en place les barrières de sécurité afin d’interdire l’accès à la zone impactée et de maintenir l’interdiction de la circulation sur la D11, tant que des travaux de nature à assurer la stabilité du terrain n’auront pas été réalisés. L’excavation devra être recouverte et les eaux de ruissellement déviées, afin notamment d’empêcher les eaux pluviales et de ruissellement de se déverser dans la cavité et d’engendrer une aggravation de l’effondrement ; - de faire réaliser, dans les délais les plus brefs, une campagne d’investigations spécifiques permettant de définir l’ampleur des vides au droit de l’effondrement et de palier aussi rapidement que possible au défaut de stabilité constaté en confortant la zone effondrée.

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Cette campagne d’investigations complémentaires sera confiée à un bureau d’études spécialisé qui en définira la nature et le volume (il conviendrait de laisser accessible l’ensemble du réseau souterrain dans l’optique d’une surveillance régulière). La présence d’une maison en bordure immédiate de la rue impose l’excavation des matériaux en place puis un remblaiement des vides, avec des matériaux inertes et adaptés au contexte, entre des murs de contention ; - dans l’attente des travaux, une surveillance réguilère de la maison et de la cave devra être mise en place (au moins 1 fois par jour). En cas d’évolution du phénomène et notament d’apparition de désorordres (de type fissuration) sur la maison voisine ou la cave attenante, M. le Maire devra prendre les décisions qui s’imposent afin d’assurer la sécurité des habitants.

Concernant l’ensemble du réseau souterrain, son développement sous le domaine privé pose le problème de la sauvegarde des personnes et des biens. Le BRGM préconise : - d’effectuer un lever topographique du réseau accessible, afin de déterminer l’étendue des cavités et le volume des vides, ainsi qu’un diagnostic de stabilité avec localisation précise des instabilités : en effet, la trop faible épaisseur du recouvrement (environ 5,5 m) au-dessus des vides ne permet pas au phénomène d’auto comblement par foisonnement des matériaux éboulés d’arrêter la progression des effondrements, vers la surface ; - une campagne d’investigations spécifiques pourra également être réalisée, notamment à proximité des galeries effondrées afin de détecter la présence ou non de salles et de galeries souterraines non connues et le cas échéant leur extension. Cette campagne d’investigations complémentaires sera confiée à un bureau d’études spécialisé qui en définira la nature et le volume. Il pourra s’agir d’une campagne de mesures microgravimétriques couvrant notamment la Grande rue (D11), de l’église à l’ancienne mare, ainsi que les rues adjacentes d’En-Bas (D11E) et Sanier (sondages de contrôle des anomalies à prévoir) ou directement de sondages destructifs – à maille très resserrée - avec enregistrement des paramètres de la foration. En cas de détection de vides, une inspection (vidéoscopique puis éventuellement spéléologique) s’imposera afin de définir exactement le volume et l’état de stabilité des vides ; - une inspection visuelle régulière des salles et galeries ainsi que de la surface devra être mis en place à long terme notamment au droit des cloches de fontis, s’il n’est économiquement pas envisageable de les remblayer. Ces recommandations supposent la mise en place d’un accès sécurisé au réseau souterrain.

Enfin, il est important de rappeler que le Code de la Santé Publique (Article L1331-1-1) indique : « les immeubles non raccordés au réseau public de collecte des eaux usées sont équipés d'une installation d'assainissement non collectif dont le propriétaire assure l'entretien régulier et qu'il fait périodiquement vidanger par une personne agréée par le représentant de l'Etat dans le département, afin d'en garantir le bon fonctionnement. ». Ainsi tout déversement d’eaux usées dans le milieu naturel sans traitement préalable permettant de satisfaire la réglementation en vigueur est interdit.

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Commune de Pierregot (Somme). Observations et avis du BRGM à la suite d’un effondrement.

Sommaire

1. Contexte ...... 11

2. Situation du site ...... 13

2.1 CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ...... 13

2.2 CONTEXTE GEOLOGIQUE ...... 14 2.2.1 Contexte géologique régional ...... 14 2.2.2 Contexte géologique local ...... 14

2.3 CONTEXTE HYDROGEOLOGIQUE ...... 16

3. Faits constatés et éléments recueillis...... 17

3.1 INFORMATIONS SUR LA COMMUNE ...... 17

3.2 INFORMATIONS RECUEILLIS SUR LE RESEAU SOUTERRAIN ...... 18

3.3 DESCRIPTION DU PHENOMENE ...... 19 3.3.1 Effondrement ...... 19 3.3.2 Réseau souterrain ...... 25

4. Diagnostic ...... 29

5. Recommandations ...... 31

6. Bibliographie ...... 33

7. Annexes ...... 35

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Table des illustrations

Illustration 1 – Localisation de la commune de Pierregot dans le département de la Somme...... 13 Illustration 2 – Contexte géologique et hydrogéologique et localisation des mouvements de terrain et des cavités recensés – Extrait de la carte géologique harmonisée du département de la Somme (© BRGM et IGN)...... 15 Illustration 3 – Effondrement en surface...... 17 Illustration 4 – Localisation des anciennes entrées et des effondrements...... 19 Illustration 5 – Cavité effondré sous la route D11...... 20 Illustration 6 – Localisation et plan schématique de l’effondrement...... 21 Illustration 7 – Coupes A et B de l’effondrement...... 22 Illustration 8 – Localisation des coupes A et B...... 23 Illustration 9 – Canalisations, poche d’argile et cheminée...... 24 Illustration 10 – Chambre avec petite porte...... 25 Illustration 11 – Vaste chambre...... 26 Illustration 12 – Galerie souterraine...... 26 Illustration 13 – Inscriptions et dates...... 27 Illustration 14 – Présence de paille dans une chambre...... 27

Table des annexes

Annexe 1 Demande d’intervention de la Préfecture de la Somme...... 35 Annexe 2 Plan approximatif des souterrains de Pierregot – Vasselle 1945 ...... 37

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1. Contexte

Un effondrement survenu le 11 janvier dans la soirée a impacté la chaussée de la départementale D11, devant la maison sise 11 Grande rue (ou D11) à Pierregot. Cet effondrement, d’un mètre de diamètre en surface et d’environ 10 m de profondeur, donne accès à des galeries. A la demande de la Préfecture de la Somme (Annexe 1), le BRGM est intervenu avec le GIEOS le 13 janvier 2012 dans le cadre de ses opérations d’ « appui aux administrations » afin de donner un avis sur l’origine du phénomène, d’estimer l’extension et la stabilité du réseau souterrain et d’évaluer les risques encourus par les personnes empruntant cette route et par les bâtiments situés à proximité. Ce rapport d’expertise présente le contexte géologique de la commune et rassemble les observations recueillies par le BRGM et le GIEOS lors de la visite du 13 janvier 2012. Des recommandations sont formulées concernant la mise en sécurité du site.

Le présent rapport est public et pourra être consulté dès que les décisions administratives liées à ce sujet seront entérinées (quatre exemplaires sont envoyés à la préfecture de la Somme et deux autres archivés au BRGM – SGR Picardie et à Orléans). La page de synthèse en début du rapport, comme le rapport lui-même, pourront être accessibles à la consultation publique via les sites de consultations, papiers ou numériques, au BRGM.

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Commune de Pierregot (Somme). Observations et avis du BRGM à la suite d’un effondrement.

2. Localisation du site

2.1 CONTEXTE GEOGRAPHIQUE

La commune de Pierregot est située dans le département de la Somme, sur l’arrondissement d’ et le canton de Villers-Bocage, à 14 km au nord/nord-est d’Amiens. La commune s'étend sur 2,5 km² et comptait 251 habitants lors du recensement.

Illustration 1 – Localisation de la commune de Pierregot dans le département de la Somme.

La commune de Pierregot se situe dans la région amiénoise, sur le plateau picard. Ce plateau crayeux est fortement entaillé par de nombreuses vallées sèches. La longueur de ces vallées peut atteindre une dizaine de kilomètres. L’altitude de la commune varie entre 95 et 135 m. Aucun cours d’eau pérenne ne s’écoule sur la commune, la rivière de l’Hallue et le Moulin se situent à 6 km à l’est du village.

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2.2 CONTEXTE GEOLOGIQUE

2.2.1 Contexte géologique régional

La région appartient à la grande plaine crétacée de la bordure septentrionale du bassin parisien. Le substratum est composé d’une série crayeuse à silex du Sénonien inférieur et de l’extrême sommet du Turonien. Le plateau crayeux amiénois est recouvert d’un manteau limoneux qui s’étend également sur les versants de la région. Les limons de l’Amiénois entrent dans la catégorie des sols bruns.

2.2.2 Contexte géologique local

D’après la carte géologique au 1/50 000 d’Amiens (BRGM (1972) – feuille n°46), le substratum est composé de la craie d’âge Coniacien moyen à supérieur et Santonien inférieur, recouverte par diverses formations (Illustration 2). La craie blanche coniacienne (c3-4Cr) affleure essentiellement sur le versant des vallées. Assez ferme et constituant des ensembles homogènes, elle renferme de fréquents silex noirs et tuberculés. Ces derniers sont assez gros dans la partie inférieure et souvent disposés en lits successifs rapprochés. Dans la partie supérieure de la formation, ils sont de taille plus petite et répartis dans des lits plus espacés. En général, l’épaisseur de la craie du Coniacien moyen à supérieur varie entre 30 et 45 m. Lorsqu’elle n’a pas été érodée, la craie du Santonien inférieur (c4Cr) peut reposer sur la craie du Coniacien. Elle se présente comme une craie blanche, pauvre en silex. A 10 ou 20 m au-dessus d’une base assez tendre, s’individualise une série de bancs plus fermes. La craie blanche se délite souvent en plaquettes au voisinage de la surface et devient localement beige jaunâtre et un peu induré sur 1 à 2 m de haut.

Présents localement, les sables et grès mamelonnés du Sparnacien (Thanétien – e4SpSG) reposent en discordance sur la craie santonienne (sud-est de Rubempré). Sur les plateaux et certains versants, les formations résiduelles à silex (RS) constituent généralement la couverture la plus ancienne de la craie. Les limons loessiques (OE) des plateaux se sont mis en place au Quaternaire lors des variations climatiques liés aux glaciations. Ils recouvrent la craie et masquent souvent les formations résiduelles. Ces formations limoneuses sont en général peu épaisses mais peuvent néanmoins parfois atteindre 7 à 8 m. Les colluvions limoneuses et crayeuses (C) correspondent aux matériaux remaniés sur les versants ainsi qu’aux formations de remplissage des vallons secs.

D’après la notice de la carte géologique d’Amiens, ces formations géologiques ont localement été exploitées par le passé pour différents usages. Les limons constituent la « terre à brique » qui était autrefois extraite pour la briqueterie. La craie était exploitée pour deux types d’activités. Taillée dans le sous-sol et séchée dans les galeries avant leur utilisation, la craie du Coniacien était particulièrement recherchée pour la construction. Si la plupart des carrières étaient actives au Moyen-âge, certaines seraient romaines.

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La craie était également utilisée pour l’amendement. De nombreuses « marnières » étaient ouvertes dans la craie pour l’amendement des sols limoneux. A Pierregot, la carte géologique d’Amiens mentionne l’existence d’une carrière à ciel ouvert au nord du village, dans la craie du Santonien.

Illustration 2 – Contexte géologique et hydrogéologique et localisation des mouvements de terrain et des cavités recensés – Extrait de la carte géologique harmonisée du département de la Somme (© BRGM et IGN).

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2.3 CONTEXTE HYDROGEOLOGIQUE

La nappe de la craie constitue l’aquifère le plus important de la région. Elle est alimentée directement par les précipitations. La piézométrie suit globalement la topographie de la région et les écoulements des eaux souterraines se font depuis les plateaux vers les vallées sèches et humides (Illustration 2). Au droit du village de Pierregot, les eaux souterraines s’écoulent vers sud-est et l’Hallue. D’après les dossiers de la Banque de données du Sous-Sol (BSS) et les cartes piézométriques régionales, les niveaux piézométriques s’établissent entre 55 et 65 m de profondeur, soit entre 45 et 55 m d’altitude.

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3. Faits constatés et éléments recueillis

Le BRGM est intervenu le 13 janvier 2012 avec plusieurs membres du GIEOS, dont M. Daniel Deschamps et M. Bernard Petit, en présence de M. Daniel Sauvet, Maire de la commune, d’un représentant du Conseil Général de la Somme, de M. Sylvain Buschinski, propriétaire de la maison voisine (ancien café de la Montagne), et de plusieurs journalistes. L’effondrement impacte le caniveau et la chaussée de la Grande rue ( D11), devant la maison sise au numéro 11, appelée ancien café de la Montagne (Illustration 3Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Il donne accès à une cavité qui s’étend sous la chaussée et une partie du trottoir. L’emprise de la cavité a été balisée sur la chaussée et le trottoir. La départementale D11, reliant Amiens à Pas-en-Artois, est empruntée par environ 3 à 4 000 véhicules par jour. Une déviation a été mise en place, dès l’entrée du village, afin qu’aucun véhicule ne circule sur la zone impactée. L’enjeu immédiat en termes de sauvegarde de biens est la chaussée ainsi que les bâtiments se situant à proximité.

Illustration 3 – Effondrement en surface.

3.1 INFORMATIONS SUR LA COMMUNE

Les bases de données du MEDDLT, gérées par le BRGM, www.bdmvt.net et www.cavité.net ne font mention, sur la commune de Pierregot, d’aucun mouvement de terrain mais de la présence d’un réseau très développé de galeries avec 45 chambres situé près de l’église ainsi que d’un ouvrage civil à l’angle de la rue Sanier et de Grand rue (Illustration 2).

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Les bases de données du MEDDLT font état de nombreuses cavités souterraines sur les communes voisines. Elles recensent, dans un rayon de 3 km autour du village de Pierregot : - à Rubempré : un ouvrage civil ; - à : une cavité indéterminée à l’église, un ouvrage civil dans le village, un ouvrage civil au lieu-dit Motte du guet (anciennement chateau de l'Evêque d'Amiens) ; - à Molliens-au-Bois : des galeries et deux ouvrages civils.

Lors de la visite du BRGM, M. Daniel Sauvet, Maire de la commune, a fait état d’un effondrement survenu à Pierregot en 1963, sur la D11 à environ 100 m de l’actuel sinistre, en direction d’Amiens (sud-ouest).

Enfin, la région est propice aux effondrements ou affaissements de terrain compte tenu de la présence de nombreuses cavités souterraines d’origines diverses (marnières, souterrains refuges, caves,…). De plus, la région a été fortement impactée par les deux guerres mondiales.

3.2 INFORMATIONS RECUEILLIS SUR LE RESEAU SOUTERRAIN

Le réseau souterrain recensé dans la base de données du MEDDLT n’est actuellement pas accessible et reste peu connu. Une étude sur les muches du canton de Villers-Bocage (Petit, 2002) décrit sommairement ce souterrain d’après les observations réalisées peu après la seconde guerre mondiale et peu avant la condamnation de ses accès. A noter toutefois que de nombreux éboulements interdisaient l’accès à certaines parties du réseau souterrain. Ainsi, M. Vasselle a dressé un plan approximatif du réseau souterrain en 1945 (Annexe 2). D’après ce plan, ce vaste réseau comporte 2 galeries en croix permettant l’accès à 45 chambres simples ou doubles. Il s’étend sous la Grande rue (D11) et les bâtiments entre l’ancienne mare, à l’intersection de Grande rue et de la rue Festonval, à l’intersection de Grande rue et de la rue d’en Bas. L’entrée se faisait, a priori, à une trentaine de mètres au sud de l’église, à proximité de l’ancien café de la Montagne (Illustration 4). Le souterrain a été ré-ouvert durant la première Guerre mondiale par les anglais. L’accès se faisait alors grâce à une communication, située à 10 m de profondeur, entre un puits à eau et une salle souterraine. En 1944, deux accès ont été aménagés par les habitants afin de se protéger des bombardements. L’un a été creusé à proximité de l’entrée d’origine présumée et l’autre, servant de sortie de secours, dans la Grande rue. Ces entrées ont été comblées début 1945. Le plan de M. Vasselle de 1945 fait également mention d’effondrements dans une propriété privée de la rue Sanier et dans une pâture à 100 à 150 m au sud-est. Une entrée aurait également existé dans une dépression au nord du village (feuille 000A01 parcelle 309)

Le puits à eau utilisé par les anglais pour accéder au souterrain est actuellement comblé. D’après les informations recueillies lors de la visite du BRGM du 13 janvier 2012 et le plan de M. Vasselle de 1945, l’ouvrage civil, mentionné dans la base de données du MEDDLT et situé à l’angle de la rue Sanier et de Grand rue, correspondrait à cet ancien puits permettant l’accès aux souterrains. Un puits est également enregistré à cet endroit en BSS (00463X0005/P). Son niveau d’eau était à 65,2 m de profondeur, soit 55,8 m d’altitude, en mai 1962, mais il est indiqué comme étant rebouché depuis novembre 1965.

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L’effondrement de 1963, impactant la D11 à environ 100 m de l’actuel sinistre en direction d’Amiens, serait survenu à proximité de l’ancienne mare. D’après le plan de M. Vasselle de 1945, une galerie se poursuivrait sous la route jusqu’à la mare et desservirait plusieurs chambres. Ce sinistre pourrait donc être la conséquence de l’effondrement du toit d’une galerie ou d’une chambre.

? 1963

emprise du réseau souterrain connu

ancienne entrée

puits d’accès

ancien effondrement

effondrement 2012

Illustration 4 – Localisation des anciennes entrées et des effondrements.

3.3 DESCRIPTION DU PHENOMENE

3.3.1 Effondrement

Les coordonnées de l’affaissement en Lambert II étendu, d’après la localisation sur la carte IGN à l’échelle 1/25 000, sont les suivantes : X= 603 115 m Y= 2 556 338 m Z = 121 m

Cet effondrement s’est produit dans la soirée du mercredi 11 janvier 2012, sur la chaussée et le caniveau, à l’angle de la maison sise au 11 Grande rue (ancien café de la Montagne). Le

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propriétaire de l’habitation du 11 Grande rue est sorti afin d’empêcher un riverain de vidanger sa fosse septique dans le caniveau. Il a alors découvert un trou sur la chaussée en bordure du trottoir, dans lequel s’écoulait les eaux usées et donnant accès à une cavité se prolongeant sous la route.

Le soir même, la Mairie a été prévenue et les pompiers du GRIMP sont intervenus sur place. D’après les observations des pompiers, la cavité mesurait jusqu’à 8 m de profondeur et se prolongeait par des galeries et des salles souterraines. Le jeudi 12 janvier 2012, La Mairie a constaté que le toit et les murs de la cavité s’étaient en partie effondrés.

Lors de l’intervention du GIEOS et du BRGM, l’effondrement mesurait 1 m sur 0,7 m en surface (Illustration 3). Il impacte le caniveau et la chaussée de la Grande rue et donne accès à une cavité qui s’étend sous la chaussée et une partie du trottoir (Illustration 5). Le GIEOS a procédé à des relevés afin de dresser un plan de cette cavité (Illustration 6, Illustration 7 et Illustration 8). Sa profondeur au droit de l’excavation est d’environ 6,2 m ; le haut du tas de limons et de craie effondrés est lui profond de 3,2 m. Toutefois la cavité est en partie comblée par les limons et la craie effondrés. Le trottoir est affouillé sur 1,4 m en direction de la maison voisine (ancien café de la Montagne), située à 2,3 m de l’excavation. Les fondations de l’habitation ne sont pas visibles dans la cavité (Illustration 5). Les canalisations d’eau potable et le réseau téléphonique traversent la cloche d’effondrement (Illustration 5). Aucune fuite n’a été remarquée sur le réseau d’eau. Une forte odeur d’eaux usées était perceptible dans la cavité. Une des canalisations d’eau est protégée par un tubage métallique de gros diamètre, ce qui permet de supposer que cette zone instable avait déjà pu être identifiée lors de l’installation des canalisations.

Illustration 5 – Cavité effondré sous la route D11.

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source : GIEOS Illustration 6 – Localisation et plan schématique de l’effondrement.

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source : GIEOS source : GIEOS Illustration 7 – Coupes A et B de l’effondrement.

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source : GIEOS Illustration 8 – Localisation des coupes A et B.

La cavité fait apparaitre les limons sur une très faible épaisseur (quelques dizaines de cm) puis la craie altérée. Au droit de l’effondrement, une poche d’argile grise se distingue notamment sur la paroi est (Illustration 9). Lorsqu’une poche d’argile était découverte durant le creusement de souterrains, elle était contournée afin d’éviter qu’elle se vide dans la galerie ou la chambre.

La paroi sud est constituée de remblais formant une cheminée (Illustration 9). L’hypothèse d’un ancien accès au souterrain a été avancée par le GIEOS.

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argile craie

remblais

Illustration 9 – Canalisations, poche d’argile et cheminée.

L’habitation, appelée ancien café de la Montagne et sise au 11 Grande rue, a été construite en 1870 d’après le propriétaire. Celui-ci a acheté cette maison il y a 2 ans et l’occupe depuis 1 an. Aucun désordre n’a été noté sur l’habitation par le propriétaire et le BRGM (fissures, difficultés à ouvrir et fermer les portes et fenêtres…). Pour information, un expert est venu sur place le 13 janvier 2012 afin de réaliser un diagnostic sur la maison suite à ‘effondrement.

La cave voûtée en briques et sol en terre possède un soupirail au niveau de la route. Les 2 murs de la cave sont bombés vers l’intérieur et fissurés. D’après le propriétaire, l’état de la cave n’a pas évolué récemment.

Enfin, l’assainissement sur la commune est non collectif. L’évacuation des eaux usées de la maison s’effectue vers un puits situé à l’arrière de la maison.

Le GIEOS est repassé sur place le samedi 21 janvier et a constaté de nouveaux effondrements dans la cavité : l’accès aux galeries était comblé et la cavité s’était affouillée en direction de la maison. D’après le GIEOS, une partie des fondations de l’habitation était alors visible. D’après les renseignements recueillis sur place par le GIEOS, un riverain a fini de vidanger sa fosse septique dans le caniveau et la cavité après la visite du GIEOS et du BRGM du 13 janvier 2012.

Pour information, le BRGM avait demandé oralement à la Mairie et au Conseil Général de la Somme de recouvrir le fontis et de mettre en place une déviation des eaux de ruissellement en amont du caniveau, afin notamment d’empêcher les eaux pluviales et de ruissellement de se déverser dans la cavité.

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3.3.2 Réseau souterrain

Le 13 janvier 2012, le GIEOS a déblayé une partie des terrains effondrés afin d’accéder aux galeries souterraines. Une inspection rapide du réseau souterrain a été réalisée par le GIEOS et le BRGM. Pour information, le réseau souterrain est peu ventilé et le taux d’oxygène y est bas.

Les galeries et les chambres ont été creusées dans la craie blanche très friable à rares silex. Le plancher du réseau s’établit vers 8 m de profondeur au droit de l’effondrement et est en grande partie recouvert d’éboulis crayeux.

Vers le nord, l’effondrement permet l’accès à une petite galerie qui débouche sur une salle. En direction du sud, s’étend un réseau souterrain très développé constitué de chambres simples ou doubles (Illustration 10 et Illustration 11) distribuées autour de couloirs (Illustration 12). Selon les estimations du GIEOS et du BRGM, il existe beaucoup plus de 45 chambres et des galeries secondaires recoupent les 2 galeries en croix cartographiées par M. Vasselle en 1945. D’après les évaluations du GIEOS et du BRGM, la chambre la plus importante mesure approximativement 8 m sur 3 m. Du fait de l’étendue de ce réseau, il n’a pas été réalisé de relevé topographique lors de la visite du 13 janvier 2012.

De nombreux fontis impactent le toit des galeries et des chambres. Ainsi, les couloirs principaux sont obturés par des effondrements. L’étendue de ce souterrain ne peut être évaluée du fait de ces nombreux effondrements pouvant masquer de nouvelles chambres et couloirs.

Illustration 10 – Chambre avec petite porte et diaclase argilisée dans l’angle supérieur droit de la photo

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Illustration 11 – Une chambre.

Illustration 12 – Galerie souterraine.

Des traces d’outils sont visibles sur les parois. De nombreux aménagements sont présents, tels que des niches pour les lampes, des emplacements des encadrements de portes. Des indices permettent d’affirmer que ce souterrain a été occupé : patine sur les parois, inscriptions gravées ou à la suie, présence de paille. Quelques dates inscrites sur les parois ont pu être relevées : 1671, 1763, 1780, 1784, 1918 (?), 1944 (Illustration 13).

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Illustration 13 – Inscriptions et dates.

L’architecture et les aménagements de ce souterrain sont caractéristiques des muches connues dans la région : creusé au XVIIème siècle, ce souterrain a pu servir de refuge (muche) lors des invasions espagnoles et des 2 guerres mondiales, ainsi que de grenier à grains, comme en témoignent les inscriptions et la présence de paille (Illustration 14).

Illustration 14 – Présence de paille dans une chambre.

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4. Diagnostic

Nous sommes ici en présence d’un fontis occasionné par la ruine d’une galerie ou d’une chambre souterraine. A cet endroit, l'encaissant est constitué d’une craie blanche friable affectée par une poche d’argile (dissolution). La zone effondrée reste très instable et peut être amenée à évoluer rapidement, notamment en cas de conditions météorologiques défavorables. Une aggravation de l’effondrement pourrait mettre en péril la stabilité de la maison voisine (ancien café de la Montagne).

Le déclencheur de ce type d’effondrement est souvent l’eau (eaux météoriques, fuites, etc.), mais les cavités souterraines anthropiques de la région sont très souvent naturellement instables (fluage, dégradation naturelle des caractéristiques mécaniques de leurs encaissants) et un effondrement ne nécessite pas obligatoirement l’intervention d’un facteur exceptionnel pour se produire. Aucune fuite n’a été notée sur les réseaux d’eau par la Mairie et lors de l’intervention du BRGM. Le mois de décembre a été particulièrement pluvieux et des déversements d’eaux usées non contrôlées (vidange d’une fosse septique) dans le caniveau avaient lieu, d’après le propriétaire de la maison sise au n°11 (ancien café de la Montagne), lorsque le sinistre s’est produit. De plus, une forte odeur d’eaux usées était perceptible dans la cavité lors de l’intervention du GIEOS et du BRGM.

Les souterrains refuges du moyen-âge, appelés aussi « muches » sont très répandus dans la région et le réseau souterrain dont il est question ici présente toutes leurs caractéristiques.

Cet important réseau souterrain est constitué de plus de 45 chambres simples ou doubles distribuées autour de couloirs. La majeure partie du réseau souterrain accessible s’étend en direction du sud et probablement sous la Grande rue (D11). Du fait de l’étendue de ce réseau, il n’a pas été réalisé de relevé topographique lors de la visite du 13 janvier 2012.

Les galeries et chambres de ce réseau souterrain ont été creusées dans la craie blanche, pauvre en silex et très friable. Le plancher des galeries se situe à environ 8 m de profondeur au droit de l’effondrement et la hauteur de recouvrement est d’environ 5,5 m, en dehors des zones affectées par des remontées de voûte. En effet, de nombreuses cloches de fontis impactent le toit des galeries et des chambres et la majeure partie du réseau ne présente pas un état de stabilité satisfaisant à court terme. L’extension globale du réseau de galeries est encore indéterminée, de nombreux couloirs et chambres étant obturés par des effondrements.

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5. Recommandations

Compte tenu des observations faites, le BRGM recommande : - de laisser en place les barrières de sécurité afin d’interdire l’accès à la zone impactée et de maintenir l’interdiction de la circulation sur la D11, tant que des travaux de nature à assurer la stabilité du terrain n’auront pas été réalisés. L’excavation devra être recouverte et les eaux de ruissellement déviées, afin notamment d’empêcher les eaux pluviales et de ruissellement de se déverser dans la cavité et d’engendrer une aggravation de l’effondrement ; - de faire réaliser, dans les délais les plus brefs, une campagne d’investigations spécifiques permettant de définir l’ampleur des vides au droit de l’effondrement et de palier aussi rapidement que possible au défaut de stabilité constaté en confortant la zone effondrée. Cette campagne d’investigations complémentaires sera confiée à un bureau d’études spécialisé qui en définira la nature et le volume (il conviendrait de laisser accessible l’ensemble du réseau souterrain dans l’optique d’une surveillance régulière). La présence d’une maison en bordure immédiate de la rue impose l’excavation des matériaux en place puis un remblaiement des vides, avec des matériaux inertes et adaptés au contexte, entre des murs de contention ; - dans l’attente des travaux, une surveillance réguilère de la maison et de la cave devra être mise en place (au moins 1 fois par jour). En cas d’évolution du phénomène et notament d’apparition de désorordres (de type fissuration) sur la maison voisine ou la cave attenante, M. le Maire devra prendre les décisions qui s’imposent afin d’assurer la sécurité des habitants.

Concernant l’ensemble du réseau souterrain, son développement sous le domaine privé pose le problème de la sauvegarde des personnes et des biens. Le BRGM préconise : - d’effectuer un lever topographique du réseau accessible, afin de déterminer l’étendue des cavités et le volume des vides, ainsi qu’un diagnostic de stabilité avec localisation précise des instabilités : en effet, la trop faible épaisseur du recouvrement (environ 5,5 m) au-dessus des vides ne permet pas au phénomène d’auto comblement par foisonnement des matériaux éboulés d’arrêter la progression des effondrements, vers la surface ; - une campagne d’investigations spécifiques pourra également être réalisée, notamment à proximité des galeries effondrées afin de détecter la présence ou non de salles et de galeries souterraines non connues et le cas échéant leur extension. Cette campagne d’investigations complémentaires sera confiée à un bureau d’études spécialisé qui en définira la nature et le volume. Il pourra s’agir d’une campagne de mesures microgravimétriques couvrant notamment la Grande rue (D11), de l’église à l’ancienne mare, ainsi que les rues adjacentes d’En-Bas (D11E) et Sanier (sondages de contrôle des anomalies à prévoir) ou directement de sondages destructifs – à maille très resserrée - avec enregistrement des paramètres de la foration. En cas de détection de vides, une inspection (vidéoscopique puis éventuellement spéléologique) s’imposera afin de définir exactement le volume et l’état de stabilité des vides ; - une inspection visuelle régulière des salles et galeries ainsi que de la surface devra être mis en place à long terme notamment au droit des cloches de fontis, s’il n’est économiquement pas envisageable de les remblayer. Ces recommandations supposent la mise en place d’un accès sécurisé au réseau souterrain.

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Enfin, il est important de rappeler que le Code de la Santé Publique (Article L1331-1-1) indique : « les immeubles non raccordés au réseau public de collecte des eaux usées sont équipés d'une installation d'assainissement non collectif dont le propriétaire assure l'entretien régulier et qu'il fait périodiquement vidanger par une personne agréée par le représentant de l'Etat dans le département, afin d'en garantir le bon fonctionnement. ». Ainsi tout déversement d’eaux usées dans le milieu naturel sans traitement préalable permettant de satisfaire la réglementation en vigueur est interdit.

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6. Bibliographie

Chrétien P. avec la collaboration de Féret M.J., Guionie P., Izac J.L., Jegou J.P., Joublin F., Kiefer C., Nail C. et Robelin C. (2006) – Picardie – Nappe libre de la craie – Campagne et carte piézométriques « basses eaux » 2005. Rapport final. BRGM/RP-54285-FR, 63 pages, 7 annexes. Chrétien P. avec la collaboration de Sallier V. (2007) – Picardie - Nappe de la craie – Cartes piézométriques hautes eaux 2001-2002 et moyennes eaux 1960-2007. Rapport final. BRGM/RP- 55971-FR, 72 pages, 6 illustrations, 2 annexes. Dupuis C. et Kuntz G. (1972), Carte géologique au 1/50 000 d’Amiens, feuille n°46, BRGM Ed. Petit B. (2002) – Somme – Les muches dans le Canton de Villers-Bocage, 95 pages, 2 annexes. Roux J.C et Plat R. avec la collaboration de Leroux E., Ricour J. et Waterlot G. (1962), Données géologiques et hydrogéologiques sur le territoire de la feuille topographique au 1/50 000. Amiens – 46.Rapport BRGM. 77 pages, 3 figures.

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7. Annexes

Annexe 1 Demande d’intervention de la Préfecture de la Somme.

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Annexe 2 Plan approximatif des souterrains de Pierregot – Vasselle 1945

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