CONSEIL GENERAL FINISTERE

LA CHAPELLE SAINT-ROCH

EN (Finistère)

Site n°29.102.011

D.F.S. DE SONDAGE

Par

Ronan PERENNEC

CONSEIL GENERAL DU FINISTERE

SERVICE DEPARTEMENTAL D'ARCHEOLOGIE

2002 -SOMMAIRE-

Table des illustrations P- 2

Fiche signalétique P- 3

Circonstance de l'intervention P- 6

Localisation et contexte historique P- 6

Modalités de la fouille P- 70

Le sondage P- 70

> Description stratigraphique P- 15

> Interprétation P- 17

Conclusion P- 21 • TABLE DES ILLUSTRATIONS -

Extrait de la carte IGN et tracé de la troménie de Landeleau P- 4

Extrait du plan cadastral P. 5

Réseaux routiers et chapelles P- 7

Plan de l'édifice en 1903 p. 9

Cadastre de 1836 : plan d'assemblage P- 11

Cadastre de 1836 : feuille du lieu-dit Saint-Roc'h P- 12

Plan d'implantation du sondage P- 13

Plan du sondage et coupe stratigraphique P- 16

Planches photos P- 23 LOCALISA HON DE L'OPERA TION

Site n° : 29.102.011 Département : FINISTERE Commune : Landeleau Lieu-dit ou adresse : Le Moulin neuf Année cadastre : 1955 Section (s) et parcelle (s) : D3, 618. x= 151.25 y = 2 379,06 Altitude : 80 m.

IDENTITE DE L'OPERATION

Autorisation n° : 2002/069 valable du : 01/06/02 au 28/06/02 Nature : Sondage TITULAIRE (Nom et Prénom) : PERENNEC Ronan Organisme de rattachement : Service départemental d'archéologie du Finistère Propriétaire du terrain : Monsieur Raymond CARER. Protection juridique : non Surface fouillée : 35 m2 Fouille menée jusqu'au substrat : oui, partiellement.

RESULTATS SCIENTIFIQUES

Mots-clés : Chapelle, placître.

- Chronologie : Epoque moderne (?) - XXe s. - Vestiges immobiliers : murs, talus. - Vestiges mobiliers :

Lieu du dépôt du mobilier : Dépôt de Fouilles - des fonds documentaires : SDA - Le Faou.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU DFS

Année : 2002 Auteur : (Nom et Prénom) : PERENNEC Ronan

Titre : La chapelle Saint-Roch en Landeleau (Finistère) Sous-titre : DFS de sondage. Nombre de volume(s) : 1 Nombre de pages : 27 Nombre de figures :13 Extrait de la carte IGN (0617 Est et 0618 Est) et tracé de la troménie de Landeleau d'après Joël HASCOET eus

Extrait du Plan cadastral LANDELEAU, section D3, feuille n° 2 Mise à jour 1955 Ech. 1/2000è 6

1) Circonstance de l'intervention

M. Joël Hascoët, étudiant en ethnologie travaillant sur la troménie de Landeleau, a informé fin 2001 la mairie du risque de destruction des vestiges de la chapelle Saint-Roch, quatrième station de cette troménie. Mme Claire Arlaux, conseillère municipale chargée du patrimoine, a aussitôt alerté le Service Départemental d'Archéologie du Finistère, et le Service Régional de l'Archéologie.

Le propriétaire du site, M. Raymond Carer, envisageait en effet la construction d'un garage, et surtout un aménagement paysager qui aurait entraîné l'arasement du placître de la chapelle, seul vestige visible de celle-ci.

Contacté par le Conservateur Régional de l'Archéologie, M. Carer a accepté de différer les travaux en attendant que l'on puisse bénéficier de plus amples informations sur le site, avant d'en envisager les modalités de protection.

Une étude documentaire réalisée par M. Joël Hascoët en janvier 20021, n'a pas permis d'estimer l'ancienneté de l'édifice : les mentions faisant état de la chapelle ne sont pas relevées avant la fin du XIXe s, début du XXe s.

Il a donc été décidé, fin mai 2002, de procéder à un sondage d'évaluation, afin de mieux appréhender l'état de conservation des vestiges, et leur ancienneté.

2) Localisation et contexte historique

L'emplacement de la zone de fouille se situe au nord-est du bourg de Landeleau, près du lieu-dit « Moulin neuf », il s'agit de la parcelle 618, section D3 du cadastre de 1955 (Cf. plan p 5). Les coordonnées Lambert sont : x = 151, 25 ; y = 2 379,06. L'altitude est d'environ 80 m. La chapelle de Saint-Roch était située à proximité immédiate de l'Aulne, qui délimite les communes de Landeleau et Cléden- Poher (Cf. photo 1 p 23). La rivière était guéable à Moulin neuf, et permettait l'accès à la rive opposée vers Cléden-Poher, Kergloff, Carhaix.

D'une manière générale on constate d'ailleurs l'existence d'une chapelle à proximité immédiate de chaque point franchissable de l'Aulne : c'est le cas pour la chapelle du manoir de Pratulo (accès Landeleau-Spézet), la chapelle Saint-Roch (Landeleau- Kergloff-Carhaix, Landeleau-Cléden-Poher), celle du Penity-Saint- Laurent2 (-Carhaix), et celle de Saint-Nicodème (Plouyé-Carhaix).

1 Joël Hascoët « La chapelle Saint-Roch sise à Moulin neuf - Landeleau » document dactylographié, 22 janvier 2002. 2 Le passage de Pénity-Saint-Laurent, seul pont existant, devait être pour cette raison assez important (l'un des axes Landeleau-Carhaix par exemple), et susceptible de drainer un nombre plus important de voyageurs ou de marchandises. Vers Plouyé

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Chapelles et réseau routier : quelques éléments Fond de carte IGN De même les anciennes routes importantes, parfois distinctes de nos routes modernes plus rapides, apparaissent-elles par le biais des chapelles qui les parsèment. L'axe Plouyé-Carhaix longe ainsi les chapelles de Saint-Salomon, de Saint-Nicodème et de Saint-Nicolas. L'itinéraire Collorec-Carhaix passe quant à lui par celles du Penity-Saint-Laurent, de Notre-Dame de Bon secours, de Saint- Languis, l'église tréviale de Kergloff, et par la chapelle Saint-Roch, sise en Cléden- Poher, face au Moulin du Roy. Une partie de ce grand axe peut être empruntée sur le trajet Landeleau-Carhaix, passant par la chapelle Saint-Roch en Landeleau et celle de la Trinité, puis celles de Notre Dame de Bon Secours, Saint-Languis , Kergloff, Saint-Roch, etc. (Cf. carte p 7).

Rarement à l'écart de tout axe de circulation et loin d'être disséminées au hasard dans la campagne, ces chapelles contribuaient à structurer le paysage : lieux de prières et de pardons, elles étaient aussi des centres de perception d'offrandes et de redevances...

Dans ce contexte le cas de Saint-Roch est intéressant, et ce d'autant plus que cette petite église constituait la quatrième station de la troménie de Landeleau3. Sans entrer dans le détail de ce que sont les troménies, il suffira de rappeler l'origine pré-chrétienne de ces rituels circumambulatoires4 pour présumer de l'ancienneté d'un culte à Saint-Roch.

Malheureusement la documentation subsistante ne permet pas de remonter l'histoire de la chapelle au-delà des années 1858-1859, époque où l'édifice menaçant ruine est réparé.

En 1937-38, les statues sont transportées au Pénity-Saint-Laurent. En novembre 1938, suite à une demande du maire de Landeleau, le préfet autorise la vente de la chapelle ruinée et le terrain attenant, décision entérinée par le conseil municipal en mars 19395.

Il faut dire qu'elle avait déjà disparu depuis plus d'une dizaine d'années en 1938 pour Joël Hascoët, qu'elle était « désaffectée en 1926 pour Couffon et Le Bars »6.

La chapelle va ensuite servir de carrière de pierre, fournissant le matériau nécessaire à la construction d'une maison particulière et à la réfection de routes.

Avant notre intervention il ne subsistait donc aucune substruction visible de l'édifice, le terrain ayant de surcroît été nivelé. En revanche, le placître de la chapelle restait bien visible sur trois côtés, délimité par un talus parementé ou une murette de pierres soutenant les remblais constitutifs d'une terrasse artificielle.

3 Voir le tracé de celle-ci p 4. 4 Voir à ce sujet les différents travaux de Donatien Laurent, CRBC, UBO Brest, en particulier sur celle de . 5 Les rares références historiques sont extraites de Joël Hascoët, op. cit. 2002, p. 1 et 2. 6 J. Hascoët, op. cit. p. 2 ; René Couffon et Alfred Le Bars : Diocèse de et de Léon, Nouveau répertoire des églises et des chapelles, Quimper 1988 (réédition), p. 155. L'inventaire de ces mêmes auteurs fait apparaître la désaffection ou la ruine de très nombreuses chapelles dans les années 1920-1930 sur Landeleau et les communes limitrophes, dont au moins trois pour la seule commune de Landeleau ! «w? f". V- 'Si-> ^¿flHiCfi [ ¡¿pîw 'Uffuiliv^a-^l ! (UU'iiH

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Plan de l'édifice par TOSCER, 27 mai 1903. Cependant, la chapelle était connue, en particulier grâce à un plan de l'intérieur assez détaillé, réalisé par Toscer le 27 mai 1903 (Cf. p 9)7. Elle se présentait comme un édifice de plan rectangulaire. Celui-ci était éclairé par une grande verrière côté est, et par deux baies latérales, à la jonction nef-chœur, matérialisée par un chancel de bois. L'accès s'effectuait par deux portes situées l'une dans le mur gouttereau sud, l'autre dans le pignon ouest. Toscer signale six statues disposées le long des murs nord et est, plus deux autres à l'extérieur, dans des niches ménagées dans le mur de chevet.

3) Modalités de la fouille

L'opération s'est déroulée sur trois jours, soit du 11 au 13 juin 2002. Confiée au Service Départemental d'Archéologie, elle a été réalisée par Ronan Perennec et Bertrand Grall. Dans la mesure de leurs disponibilités, des bénévoles ont apporté leur soutien à cette intervention : il s'agit d'Olivier Robin, Joël Hascoët, Claire et Philippe Arlaux. Qu'ils soient d'autant plus remerciés que leur présence a permis la fouille manuelle d'une zone relativement étendue en un temps assez court.

Le décapage de la terre végétale et d'une partie des remblais a été effectué par M. Jean-Jacques Corvest de Plounévézel. La fouille à proprement parler s'est effectuée manuellement.

Le financement a été pris en charge par le Département du Finistère et par le Service Régional de l'Archéologie pour ce qui concerne les terrassements.

Les relevés de terrain ont été effectués par B. Grall, les mises au propre et les clichés photos par R. Perennec.

Le niveau de référence de la fouille a été pris sur le parement sud-est de l'une des structures mises au jour, le mur M1.

4) Le sondage

Le cadastre de 1836 conserve la trace de la situation de la chapelle. Elle figure sur le plan d'assemblage, sans son enclos (Cf. p 11) mais dans son environnement : position par rapport aux chemins, à l'Aulne, etc.

Sur la feuille de détail de la section D, « plan du lieu-dit Saint-Roch », elle est placée précisément dans son enclos, correspondant à l'actuelle parcelle 618 (Cf. p 12). L'édifice y apparaît de taille modeste : environ 12,50 x 7,50 m.

Nous avons choisi d'installer le sondage perpendiculairement à l'église, grâce au guide fourni par le plan cadastral de 1836.

7 J. Hascoët, op. cit., p 6.

12 Emplacement du sondage : 13

Sur le plan cadastral de 1836

1 828

618

i>.

Ech. 1/250è h 926

N Sur le plan de TOSCER

m*- : Accès probables à l'enclos

618 : Numérotation actuelle des parcelles Il consiste en une tranchée de 1,60 m de large sur 22 m de longueur (Cf. plans p13 ; photo 2 p 23), implanté sur toute la longueur du placître pour deux raisons :

* La première était de vérifier l'existence possible d'une zone cimetériale autour de l'édifice. S'appuyant sur la Bible (en particulier l'épisode de Tobie, pieux fossoyeur gagnant la grâce de Dieu en ensevelissant les morts au risque de sa propre vie) et sur Saint-Augustin, dont les écrits ont eu une grande influence tout au long du moyen-age, les clercs n'ont cessé de rappeler depuis l'époque carolingienne le devoir qu'a tout chrétien d'ensevelir les morts.8 Le lieu d'inhumation habituel était l'église ou le cimetière paroissial. Cependant, pour Hincmar de Reims au IXe s, toute chapelle en milieu rural devait avoir « un atrium où les pauvres* qui ne peuvent pas porter leurs morts plus loin, pourront les ensevelir »9.

De par sa position près d'un passage sur l'Aulne rejoignant, dans une autre paroisse, un axe de circulation important ; la chapelle Saint-Roch pouvait donc se retrouver dans la situation d'accueillir les corps de pauvres du quartier ou d'autres paroisses (inconnus décédés accidentellement par exemple).

D'autre part, il n'était pas non plus à exclure que du fait de son rôle dans la troménie de Saint-Thélau, cette modeste chapelle ait pu paraître attractive, et qu'on ait donc parfois choisi de s'y faire inhumer.

La question de la présence ou non d'un cimetière autour de l'église ne semblait pas anodine concernant les mesures à prendre touchant la destruction projetée de l'enclos.

* La seconde était de retrouver les limites exactes du placître. Si celles-ci sont bien matérialisées sur trois côtés, il n'en est rien côté sud. La terrasse à peu près plane (légère pente ouest-est) que constitue la parcelle 618 se confond à cet endroit avec la parcelle 926. Cette dernière, de niveau avec la parcelle 618 dans sa partie ouest, accuse une pente forte vers l'est et le nord-est.

D'après certains témoins l'accès principal à l'enclos s'effectuait de ce côté. Une autre entrée était utilisée dans l'angle nord-ouest du placître : s'agit-il ici d'une porte ou d'une brèche dans le mur de terrasse ? (Cf. plan p 13).

8 Cécile TrefFort : « L'église carolingienne et la mort », Presses Universitaires de Lyon, 1996, p. 21-27. 9 Hincmar de Reims : « Des églises et des chapelles » (857-858), cité par Cécile TrefFort : « Du cimiterium christianorum au cimetière paroissial : évolution des espaces funéraires en Gaule du Vie s au Xe s », dans Archéologie du cimetière chrétien, Actes du 2eme colloque A.R.C.H.E.A., lleme supplément à la Revue Archéologique du Centre de la , Tours 1996, p. 59. 15

A) Description stratiaraphigue

Cf. coupe stratigraphique et plan du sondage, p 16.

Pour une plus grande facilité de description, le sondage a été divisé dans sa longueur en quatre zones distinctes :

Zone 1 : une couche de terre végétale , U.S. 01, assez épaisse (plus de 20 cm) recouvre une couche d'argile jaune limoneuse 02. Cette U.S. n'est pas anthropique : il s'agit de l'argile naturelle, précédant l'altération du substratum schisteux 03.

Zone 2 : terre végétale 01 sur argile jaune limoneuse 04 et restes mal conservés d'une murette 05 de petites dalles de schiste (Cf. photo 2 p 23, photo 3 P 24). Ces couches de remblai recouvrent : au nord, argile brun jaune 24, au sud, terre brune 06. Cette occurrence résiduelle de 01 englobe un éboulis 07 constitué de dalles de schiste plates épandues comme pourrait l'être un dallage grossier (Cf. photo 3 p 24). Couche 14 d'argile brun jaune contenant de très nombreux fragments d'ardoises de toiture, et des morceaux de tuiles faîtières. Couche 16 d'argile brun jaune + plaquettes de schiste, sur rocher dégradé 22 ( = 03).

Zone 3 : La séquence stratigraphique est très proche de celle de la zone 2 (les deux séquences ont été relevées à l'intérieur de l'enclos, hors chapelle). La terre végétale 01 est présente sur l'ensemble de la zone, peu épaisse, et pelliculaire dans la partie nord : U.S. 25 d'argile jaune + pierres qui doit correspondre à un talus délimitant l'enclos. La limite nord de ce talus est constituée d'un muret de soutènement 11, pouvant correspondre à un parement de talus. Toutefois dans la partie sondée ce muret, dont la maçonnerie n'est pas très soignée, est nettement plaqué contre la paroi, et semble plutôt correspondre à une reprise après un éboulement (Cf. photos 9 et 10 p 27). Remblai d'argile brun-jaune 04, identique à celui de la zone 2, argile brune + gravillons 08/12, englobant deux éboulis 09 et 10. Argile brun-jaune + petits cailloux + fragments d'ardoises (13), absolument similaire à l'U.S. 14 de la zone 2. La fouille s'est interrompue sur le niveau 13.

Zone église : Terre végétale 01 sur remblais d'argile jaune et brun- jaune 17 (avec couche d'ardoises intermédiaire). Epaisse couche d'ardoises 23, côté nord.

Ces remblais recouvrent un sol résiduel 20 dont seules quelques dalles de schiste bleu subsistent (Cf. photo 5 p 25). Le soubassement de ce dallage est constitué d'une couche d'argile brun-jaune à la surface plus ou moins rubéfiée, 19. Cette U.S. repose sur un remblai 21 d'argile jaune limoneuse mêlée de terre végétale, qui recouvre le rocher dégradé 22/03. Coupe stratigraphique et plan du sondage 17

Les deux murs limitant la nef sont apparents sous le remblai 04 des zones 2 et 3, et la terre végétale 01 (Cf. photos 4 p 24, 5 et 6 p 25, 7 et 8 p 26).

Le mur sud M1, d'une largeur de 0,70 m, présente un retrait d'aplomb Mib,s d'une dizaine de cm de largeur. Le mur, construit en moellons, présente un parement sud fait de pierres de taille importante, contrairement au parement intérieur, qui repose sur le retrait d'aplomb Mibls (Cf. photos 4 p 24, 5 p 25). Le sol mis au jour affleurait 26 à 28 cm sous le retrait d'aplomb Mib,s, qui a donc toujours dû être apparent. Par ailleurs on a recueilli dans le remblai 17, contre la maçonnerie, des fragments des enduits peints qui recouvraient le parement interne du mur.

Il ne subsiste qu'une seule assise de Mi. Celle-ci repose directement sur la couche 16 de la zone 2. Mibls, à l'intérieur de l'édifice, présente quant à lui une élévation d'une quarantaine de cm, fondée sur le rocher dégradé 22 (Cf. photos 5 et 6 p 25).

Le mur nord M2, construit lui aussi en moellons, est plus large que le précédent (0,90 m), sans retrait d'aplomb. A l'intérieur de l'édifice, une structure 18 lui est accolée, à l'est du sondage. Sa construction présente les mêmes caractéristiques que celle des deux murs, exception faite de l'usage de dalles de schiste bleu, ponctuellement (Cf. photos 7 et 8 p 26). Elle se présente sous la forme d'une maçonnerie rectangulaire d'environ 0,65 m x 0,80 m. Des pierres accolées à son parement est, dans la coupe, laissent supposer l'existence d'une autre structure accolée, sans certitude toutefois. Cette structure 18 repose sans aménagement de fondation sur le remblai 21.

B) Interprétation

Phase I

L'altération du socle schisteux (u.s. 03-22) présente un double pendage ouest- est et sud-nord.

La fouille de la partie nord du sondage (zone 3) n'ayant pas été effectuée jusqu'au rocher, on ne peut qu'estimer son niveau d'affleurement en fonction de son pendage observé dans l'église d'une part, et du niveau du terrain au nord du mur de l'enclos, d'autre part. Le dénivelé supposé entre les deux extrémités de la tranchée (u.s. 03 en zone 1) parcelle 828 au-delà des limites de l'enclos au nord-est est de l'ordre de 3,10 m à 3,20 m.

La stratigraphie de la partie sud du sondage (zone 1) ne présente aucune trace d'action anthropique. L'argile naturelle est encore présente sur le rocher, ce qui n'est plus le cas en zone 2. 18

Phase 11 ?

On a noté la présence de fragments d'ardoises de toiture dans l'u.s. n° 16, sur laquelle le mur M1 est bâti. On peut y voir les traces fugaces d'un bâtiment (chapelle ou oratoire) antérieur à la constitution de l'enclos de Saint-Roch. Une telle construction n'aurait pas manqué d'être détruite jusqu'aux fondements lors des travaux de terrassements, qui se sont accompagnés de creusements dans toute la partie sud du placître actuel. Pour autant, le nombre de fragments observés ne nous paraît pas suffisamment significatif de l'existence d'un établissement antérieur a celui qui a été mis au jour.

La situation géographique de Saint-Roch, en limite de frontière paroissiale et sur un axe de circulation plaide davantage en faveur de l'hypothèse d'une petite chapelle que son statut de station de la troménie. Une stèle, une croix, peuvent suffire dans ce cas, ou même un arbre, comme c'est le cas pour le « chêne de saint Thelo ». Mais l'archéologie n'est actuellement pas en mesure de documenter davantage les débuts de l'implantation religieuse à Saint-Roch...

Phase III

L'installation de la murette 05 n'a nécessité aucun terrassement, si ce n'est un aplanissement local afin de positionner convenablement les pierres de construction. On notera que son implantation s'est vraisemblablement faite à un endroit ou la déclivité du terrain naturel était plus marquée.

L'intérieur de l'enclos a quant à lui été recreusé, comme en témoigne l'absence de l'argile naturelle en zone 2. La couche d'argile + plaquettes de schiste 16 qui constituait le niveau de circulation extérieur de l'enclos est composée des matériaux constitutifs de la couche d'altération du rocher, ce qui tend à prouver que la surface rocheuse a été soigneusement aplanie. Le niveau de circulation obtenu, peu épais et de même composition que le substrat, offrait une assise suffisamment fiable pour que les bâtisseurs n'aient pas jugé utile de descendre les fondations de Mi jusqu'au rocher (Cf. photo 6 p 25).

Les déblais obtenus lors des creusements ont servi à combler le terrain à l'autre extrémité, de façon à le rehausser pour lui donner son aspect actuel de terrasse artificielle. Des traces de ces remblaiements sont observables dans l'église, avec les u.s. 19 et 21 (remblais d'argile jaune limoneuse semblable à l'argile vierge, mais mêlés de terre végétale). Le talus nord de l'enclos (u.s. n° 25), large d'un peu plus de 2m, et parementé côté nord, avait la double fonction d'assurer la clôture du placître, et de servir de talus de soutènement des terres apportées lors de la construction de l'enclos.

Tout comme la murette 05, le mur sud de la chapelle, Mi, a été implanté à une rupture de pente, dont les constructeurs ont profité pour enterrer la chapelle : le niveau du sol intérieur est plus bas de 0,40 m que le sol de circulation extérieur au sud. Cela suppose la descente au moyen de deux marches, dispositif non porté sur le plan de Toscer.10

La maçonnerie de Mi n'a, faute de temps, pu être démontée. Cependant il est peu probable que le retrait d'aplomb de Mib,s appartienne à un mur antérieur réutilisé. Les étapes de creusement/remblaiement à l'extérieur de l'édifice, comme à l'intérieur de celui-ci, permettent à notre avis d'écarter cette hypothèse. L'homogénéité de construction comme la pente du terrain font qu'il est plus vraisemblable d'y voir un renfort et un « habillage ». Renfort car ce dispositif est destiné à donner une meilleure assise à la maçonnerie, à un endroit où le sol intérieur est très en contrebas par rapport aux assises extérieures ; « habillage » car si le rocher friable a été taillé à la verticale, il était naturel de le protéger et d'assurer son maintien, afin d'éviter qu'il ne se délite.

L'épaisseur importante du mur M2, au nord, peut s'expliquer par la façon dont il est fondé. On a déjà noté la similitude de stratigraphie de part et d'autre de la chapelle, dans l'enclos, et l'homogénéité des murs. Nous n'avons pu vérifier les fondations de M2, mais il est possible que comme M1 posé sur la couche d'installation 16, ou la structure 18 sur la couche 21, il soit lui aussi installé sur des remblais, et non sur le rocher. Or la couche 21 est une couche d'argile, donc nettement plus meuble que la couche 16 supportant M1.

L'épaisseur du mur M2, nettement plus importante que celle de M1 a donc peut- être eu pour finalité de permettre d'asseoir de façon stable une maçonnerie non fondée sur le rocher11. En tout cas, la séquence stratigraphique conservée ne permet pas d'envisager des datations différentes pour les deux murs gouttereaux de la chapelle.

La structure 18 accolée à M2 est de dimensions modestes (62 x 70 à 80 cm). Il pourrait s'agir là d'un socle de statue. L'emplacement en est porté sur le plan de Toscer, au n° 2. Elle y est décrite ainsi : « vierge-mère assise portant un enfant Jésus mutilé, sur le bras gauche. Couronnée, bandeau dans les cheveux, écrase un serpent à figure et buste humains, tenant une pomme de la main gauche ». Cette statue est au nombre de celles qui ont été transférées au Pénity-Saint-Laurent. Rien ne permet de savoir si ce socle a été réalisé en même temps que le mur nord de l'église ou après, et dans ce dernier cas si un laps de temps important s'est écoulé entre les deux travaux, ou s'il a au contraire été très bref.

De même la présence de pierres dans la paroi du sondage, accolées au parement est de la structure 18, donnait l'impression d'un prolongement vers l'est (autre structure). Il n'a faute de temps pas été possible de le vérifier.

10 Celui-ci est en effet une illustration de l'état de la chapelle en 1903, mais n'est pas un relevé précis de géomètre, même s'il a été levé à l'échelle. 1 Un tel mode de construction paraît aujourd'hui pour le moins étonnant, sinon aberTant. Rappelons que les fondations de Ml ne sont pas totalement fondées sur le dur, alors que le terrassement nécessaire n'aurait pourtant été que de quelques centimètres... L'abbatiale romane de Landévennec fournit d'autre part un exemple frappant d'édifice important, aux élévations considérables, mais dont certains murs ou piliers sont posés sur des remblais, pratiquement sans fondations. C'est le cas de quelques piles de la nef, notamment du côté sud ; c'est aussi le cas des absides du chevet de l'église ! Le sol de circulation à l'intérieur de l'église (le seul que la fouille ait permis de mettre en évidence) était constitué de dalles de schiste bleu.

L'état d'arasement des maçonneries ne permet pas de repérer d'éventuelles interventions de consolidations ou de reconstruction. En revanche le matériel recueilli fournit des indications sur les toitures. Les ardoises mises au jour, chevillées côté nord, cloutées côté sud, évoquent une reprise partielle de la couverture, pouvant correspondre à la campagne de travaux du XIXe s. De nombreux fragments de tuiles faîtières ont par ailleurs été découverts dans les niveaux de destruction, dans l'église comme dans le placitre (u.s. n° 14, 06, 12...).

Phase IV

La destruction de la chapelle s'éffectue en plusieurs étapes :

- L'exploitation future des matériaux est préfigurée par la vente des arbres de la chapelle: en 1896, pour aider au financement de l'église paroissiale, les arbres des enclos de l'église et des chapelles sont vendus. Saint-Roch en fournit 20 (Hascoët, p 2).

Effondrement de la toiture. L'U.S. 23, à l'intérieur de l'église contre le mur M2, est une couche d'ardoises pure témoignant de cet état de fait. Cependant cette couche d'ardoise est très localisée. Il est donc fort probable qu'après cette première dégradation, les ardoises en bon état aient été récupérées. La présence discontinue d'ardoises dans l'U.S. 1412, dans la partie sud du placître, jusqu'à la murette 05, peut corroborer l'idée de leur transport, quelques unes ayant pu tomber à ce moment. Cependant les ardoises présentent dans les u.s. 13 et 14 peuvent aussi n'être qu'un témoignage de travaux portant sur la couverture au XIXe s.

Les remblais d'argile brun-jaune attenants aux murs de la chapelle attestent un démontage systématique des maçonneries. Celles-ci servent de carrière de pierres, et seul le liant d'argile est délaissé (U.S. 24 côté sud, 04/24 côté nord).

- Enfin, l'empierrement 07 n'a rien d'un dallage. Les dalles qui le composent proviennent en fait de la murette 05. Le fait qu'elles soient, étalées à plat sur plusieurs mètres s'explique probablement par l'emploi de moyens mécaniques (tracteur, bulldozer) plutôt que de moyens manuels, lors de la démolition de la murette, littéralement poussée à l'intérieur du placître. Avec les remblais postérieurs (même phase de comblement), le nivellement de l'enclos sera effectif, et aucune structure de la chapelle ne sera plus visible13.

La fouille a fait apparaître la souche d'un jeune arbre, dans la partie sud de l'enclos, à 70 cm au nord de la murette 05. Il s'agit là d'une pousse ayant démarré

12 Et de même dans l'U.S. 13, au nord de la chapelle, mais en nombre encore moins significatif. 13 Celle-ci était détruite depuis longtemps : seul un pan de mur subsiste en 1942 (Hascoët, p. 3), ainsi que l'emplacement en creux de la chapelle, alors que le nivellement du terrain n'est réalisé qu'en 1966 (information M. et Mme Carer). après l'abandon de la chapelle, (pendant son exploitation en tant que carrière ?), et antérieurement au nivellement général du terrain. Ce nivellement est semble t-il à mettre à l'actif du père de M. Carer, à la fin des années soixante. Il en est d'ailleurs de même de la réfection du muret nord 11.14

Conclusion

Cette intervention a bien permis de confirmer ce que l'examen visuel du site laissait entrevoir, à savoir la création d'une terrasse artificielle sur un terrain en pente.

Les restes de la chapelle, comme les limites exactes de son enclos ont été retrouvés, dans un état de conservation correct, même si les structures sont très arasées. L'édifice était centré dans un placître aux dimensions modestes (environ 20 m x 22,5 à 30 m). En effet, bien que le talus nord, du fait de son rôle de soutien de terrasse, soit beaucoup plus large que la murette sud (2,20 m contre 0,70 m), l'espace utile intérieur de l'enclos est identique, au nord comme au sud de l'édifice.

Aucune inhumation n'a été mise au jour. Si l'on ne peut en déduire l'absence d'ensevelissements dans l'enclos, puisque l'on raisonne sur un seul transect, et que la zone d'inhumation traditionnelle ( partie est de l'enclos, au chevet de la chapelle) n'a pas été sondée, on peut en revanche écarter l'hypothèse d'un lotissement funéraire important autour de l'édifice. Si sépultures il y a, il semble bien qu'il faille considérer qu'elles aient été relativement anecdotiques, et que l'attractivité de l'église paroissiale n'ait pas été mise en question. Ces données ne valent bien sûr que pour l'époque moderne, puisque les éventuels niveaux antérieurs, s'ils subsistent encore partiellement, n'ont pas été fouillés. L'appellation de « cimetière de St Roch » donnée à l'enclos dans les matrices cadastrales de 1836 peut aussi bien provenir d'un terme générique que du souvenir d'une réalité concrète.

Les différences relevées dans la largeur des maçonneries des murs sud et nord s'expliquent probablement par le traitement inégal de leurs fondations. Le mur sud est en partie assis sur le rocher, ce qui ne semble pas le cas du mur nord. Bien que cela ne puisse être démontré, on pourrait voir là une cause du délabrement de l'édifice, les murs ouest et sud étant fondés sur le dur (zones décaissées), à la différence semble t-il des murs nord et est, implantés selon toute vraisemblance sur des remblais. Lors du tassement de ceux-ci, les maçonneries ont pu prendre de la gîte et se désolidariser des murs stables. En 1858, le conseil paroissial signale « que le mur de la chapelle dédié à Saint-Roch était considérablement lézardé et le bout du levant de la chapelle, où se trouve la maîtresse-vitre, visiblement inclinée en dehors et qu'ils présentent un état de danger imminent qu'ainsi il est urgent de descendre

14 Communication orale de M. et Mme Carer. tout le bout du levant et le mur du midi ainsi que le toit dont le bois à grand besoin d'être remplacé »15

Même si ces déductions peuvent paraître hasardeuses, il est tentant de faire le rapprochement, ne serait-ce qu'à titre d'hypothèse de travail, entre la gîte du mur est et la façon dont il a pu être bâti (fondations n'atteignant pas la roche, et insuffisamment larges pour compenser cet état de fait).

Les lézardes du mur sud, signalées en 1858, peuvent s'expliquer par des infiltrations d'eau. La même délibération fait état de l'urgence qu'il y a à intervenir sur la couverture du bâtiment. Les travaux sur les toitures déduits par la fouille (ardoises cloutées près du mur sud uniquement, ardoises chevillées au nord), pourraient donc dater précisément de 1859.

Même si quelques fragments d'ardoises de toitures ont été mis au jour dans un niveau (U.S. 16) antérieur au mur sud de l'église, il nous paraît hasardeux d'en conclure sur cette seule base l'existence d'une chapelle ou d'un oratoire antérieur. Le sondage effectué n'apporte pas de preuve de la possible présence d'un bâtiment qui, en admettant qu'il ait existé, a été détruit par le nouvel aménagement de l'enclos et la construction de la chapelle actuelle16.

Celle-ci se présente comme un bâtiment homogène : l'état d'arasement des vestiges ne permet pas de déceler de campagnes de reconstruction. De même un seul niveau d'occupation a été mis en évidence, à l'extérieur comme à l'intérieur de l'édifice, sans que l'on en connaisse la durée d'utilisation. Les éléments de datation recueillis pendant la fouille sont tous contemporains ou postérieurs à la destruction de la chapelle : monnaie de 1854, faïence, porcelaine, verre à bouteille, grès. On n'a donc aucun élément permettant de caler chronologiquement la construction. Tout au plus peut-on signaler, sans que cela constitue bien sûr la preuve de quoi que ce soit, que dans les communes limitrophes, Collorec, Plouyé, Cléden-Poher et sa trêve de Kergloff, la majorité des édifices signalés par Couffon et Le Bars, pour lesquels on dispose d'une datation, sont attribuables aux XVIe s - XVIIe s.17

La destruction est mieux connue : désaffectée en 1926, en ruine en 1938, la chapelle sert de carrière de pierres, puis le terrain est nivelé en 1966.

Ces quelques renseignements obtenus ne sont pas à négliger, dans la mesure où l'on ne connaissait pratiquement rien de cette chapelle. Pour autant, le sondage s'avère décevant : mise au jour d'un édifice et de son placître à occupation unique, non datée précisément, mais probablement construit aux XVIe s - XVIIe s. ; site qui, de par son rôle dans la troménie et sa situation géographique, offre toutes les garanties d'une occupation antérieure, mais dont on a cependant peu de chances de retrouver la trace après les travaux d'époque moderne.

15 Délibération du conseil paroissial, Joël Hascoët, op. cit., p.2. 16 Les seuls endroits où l'on puisse espérer remonter chronologiquement au-delà de cette phase d'occupation sont les parties remblayées au nord et à l'est de l'enclos. 17 R. Couffon, A. Le Bars, op. cit. p. 62, 69, 140, 141, 312. 23

Photo i : Vue d'ensemble sur l'Aulne depuis la chapelle Saint-Roch.

Photo 2 : Vue d'ensemble du Sondage, prise du sud. Au premier plan, les vestiges de la murette nord 05.

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Photo 5 : Elévation de Ml et Mlbis'. Vue prise du nord. Sous l'ardoise, restes du dallage de schiste bleu de la chapelle (u.s. n° 20).

Photo 6 : Mur Ml. Vue prise du sud. 26