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La comédie des erreurs Jackie Brown de André Roy

Number 91, Spring 1998

URI: https://id.erudit.org/iderudit/23645ac

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Publisher(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital)

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Cite this review Roy, A. (1998). Review of [La comédie des erreurs / Jackie Brown de Quentin Tarantino]. 24 images, (91), 50–50.

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This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Jackie BrOWn de Quentin Tarant»in o amateurs enragés (toujouts cette bêtise des tueurs), Tarantino modifie son observation, dévie sa perspective: leur parole ne porte plus sur la violence, leur parole est la violen­ ce même — et c'est ainsi qu'un Tarantino se rapproche petit à petit d'un Scorsese. Loin d'être une suite d'anecdotes comme dans son précédent film, Jackie Brown se concen­ tre sur les personnages plutôt que sur les vedettes. Cette comédie des erreurs (car tout le monde veut tromper tout le monde) se veut plus une étude de caractères qu'un film criminel. Un peu de mélancolie, un brin de désespoir s'y glissent, grâce, particulière­ ment aux deux acteurs et , les deux amants Jackie et Max. Leur passion à tous deux n'est pas sans beauté, ten­ due entre les liens de l'honneur et la réser­ ve de la complicité; elle s'avère d'autant et Samuel L. Jackson. plus surprenante et révélatrice que les autres protagonistes, Ordell (Samuel L. Jackson), sa petite amie Melanie () et son homme de main, Louis Gara, sont des êtres mous, amoraux, ne sachant que faire de leur temps. Avec eux tout un climat d'atten­ LA COMÉDIE DES ERREURS te et de vide existentiel se crée, stigmatisé par une caméra statique, des prises de vues PAR ANDRÉ ROY sèches et une photographie aux couleurs saturées. Les personnages ne sont donc plus uniquement des modèles destinés avant tout n saura gré à Quentin Tarantino de Niro, époustouflant en débile profond), et à faire rire. Cheap, ils le sont sans nul doute, O nous surprendre, de ne pas être là la police. La scène est ainsi vue à la troisiè­ mais tous ne sont pas touchés par la veule­ où on l'attendait. Après et me personne, puis par les yeux de Gara, rie et l'insanité; certains y échappent (com­ , deux films monstrueux, je puis par ceux de Max Cherry (Robert Forster me Jackie et Max), même s'ils ne se mon­ veux dire maniaques, fascinants, aux éclats qui fait un retour sur les écrans en prêteur trent ni toujours honnêtes ni constamment violents de poésie barbare — sans parler ici sur caution) qui est de mèche avec Jackie. loyaux. Disons que cette fois Tarantino se de leurs références intempestives au ciné­ D'ailleurs, Jackie Brown reprend à quelques veut moins rusé que ses personnages. ma — , ce réalisateur virtuose, à la fois raf­ exceptions près la structure même du film Il y a donc une dose de sérieux dans ce finé et vulgaire, fait acte de bravoure au ris­ de Kubrick (trois bandits, deux policiers et film, qui brode encore une fois sur des êtres que de décevoir ses fans. Mais, pourtant, un amant). Hommage donc à ce cinéaste des minables et des thèmes triviaux (fascina­ après le long détour (le film fait 155 minu­ extrêmes, ce troisième opus tarantinien ne tion pour les armes, par exemple). Quentin tes) que constitue_/

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