Le château de

Situé au pied de la Montagne Noire, dans le sud du département du , le château de Massaguel domine la rive gauche du ruisseau d’une vingtaine de mètres. Il est implanté en position de vigie, à l’entrée de la vallée du Sant, laquelle permet de traverser le massif du nord au sud. Le village se trouve au sud du château ; une place les sépare aujourd’hui.

Fig. 1. Le château (à droite) est situé à proximité de l’église et du village.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 1 La généalogie des seigneurs et propriétaires

La première mention d’un mas à Massaguel date de 1152, dans un contrat de mariage entre Pierre de et Diaz de Faberzan1. Le mas appartient alors à la famille de : Pierre de Puylaurens et ses frères Isarn et Bégon seigneurs de Dourgne en sont les co- propriétaires. Les Rousseau, qui portent le titre de seigneur de Massaguel, apparaissent dans les textes pour la première fois en 12262. Il est probable qu’un premier château existait à Massaguel à cette époque mais les textes n’en font pas mention. Le château n’apparaît dans les textes qu’en 1433, au moment où il est acheté par Hugues de la Roque ou de la Tour, écuyer. En 1498, Jean Daucet ou de Dolcet en est propriétaire et rend hommage au roi représenté par le sénéchal de Toulouse pour sa seigneurie de Massaguel. Dans la première moitié du XVIe siècle, le château passe aux mains de la famille de par mariage. En 1548, Jean de Lautrec est seigneur de Massaguel. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, sa troisième fille Marguerite épouse Jacques de Nadal, dont la famille est originaire du Sidobre. Jacques se converti au calvinisme en 1563 alors que son frère Jean dit « La Crouzette » devient un des chefs du parti catholique. Au cours des guerres de Religion, le château devenu une place forte des protestants fait l’objet de luttes répétées entre les deux camps. En 1580 et en 1595, Massaguel figure parmi les places tenues par les Huguenots3. Le fils de Jacques, Jean II, porte le surnom de « Massaguel » ; il épouse le 1er mai 1619 Marguerite de Loubens. Il participe aux secondes guerres de Religion dites « guerres des Rohan » qui ravagent le Languedoc après l’assassinat d’Henri IV. Il vit dans la sphère très proche du Prince Henri de Rohan, chef général des églises réformées de dans le Haut et Bas Languedoc. Jean II meurt à Massaguel en 1649.

Le château reste la propriété des Nadal jusqu’en 1664. François, le dernier des Nadal n’ayant pas de descendant, fait don de tous ses biens et de son château à son neveu Jean-François de Saint-Jean, fils de Louise de Nadal et de Thimoléon de Saint-Jean, famille de noblesse militaire qui possédait la baronnie de Moussoulens près de Montolieu (Aude). La seigneurie est

1 CAMPECH (S.), L’occupation du sol du piémont nord de la Montagne Noire, p. 86, d’après H. G. L., t. V, col. 1150. 2 FABRE DE MASSAGUEL (J.), « Le château de Massaguel », la Revue du Tarn, hiver 1975, p. 424. L’historique présenté ici reprend le travail de Jacques Fabre, propriétaire, qui a pu étudier les archives du château. 3 FABRE DE MASSAGUEL, op. cit., d’après A. D. Tarn, C 1184, 1185 et 1186.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 2 alors composée des métairies du Ségarès, du Mazet, de la Combe, de la Jasse, d’En Pagès d’En Franc et de Naumas. Alexandre de Saint-Jean de Thurin, le fils de Jean-François épouse Anne Duthil, fille d’un conseiller au Parlement de Toulouse. Il possède entre autres « les métairies du Ségarès, du Mazet, de la Combe, de Naumas, de Fournès, de la Jasse, d’En Franc, d’En Pagès, des bois partie haute futaie et partie taillis, trois moulins, un four banal ». Le 30 décembre 1768, le fils d’Alexandre de Saint-Jean, Jean-François, vend la seigneurie de Massaguel aux sieurs Jean-Jacques et Jean Fabre, père et fils aîné, négociants- drapiers à Dourgne, pour la somme de 202000 livres. La vente recouvre le château, les droits seigneuriaux, les moulins à blé du Fauret et du Pouzadou, le moulin à foulon du moulin Blanc, tous situés à Massaguel et les métairies précédemment citées. Jean Fabre de Massaguel épouse Marie de Pagan dont il aura 8 enfants. Il est alors seigneur de Massaguel et co-seigneur de Dourgne et d’. Il mène une vie de propriétaire terrien et abandonne l’activité textile. « Il gère ses domaines divisés en 16 métairies d’une superficie total de 1000 hectares environ 4» réparties non seulement à Massaguel mais aussi à , Dourgne, , Saint-Avit, et . Après la Révolution, Jean Fabre et son fils Jean-Jacques sont emprisonnés pendant un an entre 1793 et 1794. À leur sortie de prison, ils retrouvent leurs biens.

Aujourd’hui, le château est toujours la propriété de la famille Fabre5. Il est inscrit sur la liste supplémentaire des Monuments historiques depuis 1972 (arrêté du 4 août). Sont inscrits : les façades et toitures du château et des communs, le portail d’entrée, l’escalier intérieur, la salle à mange, le grand salon et le salon de musique au 1er étage avec leurs décors.

4 FABRE DE MASSAGUEL, op. cit., 1975, p. 428. 5 Tous mes remerciements aux propriétaires actuels, Monsieur et Madame Jean Fabre, qui ont bien voulu m’ouvrir les portes du château et me donner accès à quelques pièces d’archives.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 3 État actuel

Le château se structure autour d’un bâtiment principal en L, couvert par un toit à longs pans dissymétriques, flanqué de trois tours rondes aux angles qui ont perdu leur partie sommitale. L’aile sud, couverte par un toit à longs pans et croupe, s’élève sur un étage de moins que le corps principal. Un petit corps de bâtiment accolé à l’angle du corps principal et couvert par un toit à un pan occupe l’angle nord-ouest de la cour. Sur l’aile occidentale, un avant-corps (A)* abrite le grand escalier en pierre. Il est flanqué au sud d’une tourelle sur trompe.

Fig. 2. Plan schématique des toitures du château et de l’avant-cour (d’après un relevé du S.D.A.P.).

Fig. 3. Vue aérienne du château et de l’avant-cour (Collection particulière).

* Les majuscules renvoient au plan p. 7.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 4 Fig. 4. Vue de la façade sud.

Fig. 5. Vue de la façade nord.

Au nord, le château est précédé par une avant-cour fermée par des bâtiments qui abritent d’anciennes dépendances agricoles (étable, grange, etc.). Un four à pain (détruit) se trouvait dans la partie est. L’angle nord-est est encore occupé par une tour d’angle qui comporte en partie basse une archère-canonnière. L’accès à la cour se fait par un portail et une porte piétonne.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 5 Fig. 6. Vue de l’avant-cour. Fig. 7. Vue de l’avant-cour, le portail d’entrée et la tour d’angle.

Fig. 8. Vue des corps de bâtiments de l’avant-cour depuis l’extérieur.

L’étude du château présentée ici constitue une première approche de l’évolution générale de l’édifice qui n’avait pas encore fait l’objet d’une analyse architecturale6. Cette première investigation permet d’appréhender les grandes phases d’évolution du site, intervenues entre le XVe siècle et la fin du XVIIIe siècle7.

6 L’étude s’inscrit dans le cadre de l’inventaire mené sur l’ensemble de la commune. Voir la bibliographie commentée succinctement en fin d’article. 7 Je tiens à remercier Maurice Scellès, Conservateur du patrimoine, pour ses conseils avisés et son œil averti.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 6 Une construction du XVe siècle

Le corps de logis principal en L flanqué de trois tours semble remonter au XVe siècle. Il met en œuvre un plan cohérent, souvent adopté à cette période. Les niveaux inférieurs abritent encore des éléments épars de cette campagne. Au rez-de- chaussée, l’encadrement en grès de la porte d’accès à la tour nord-est (B) est terminé par une arête chanfreinée, formant un motif en accolade sur le linteau. La grande cheminée voisine, adossée au mur oriental, à hotte droite et arc de décharge en arc surbaissé (C), pourrait lui être contemporaine, tout comme la grande salle qui l’abrite. À l’extérieur, la tour est flanquée d’une tourelle qui pourrait être une ancienne latrine. La tour d’angle nord-ouest a conservé ses quatre archères-canonnières en partie basse8 qui permettaient de battre le fossé qui ceinturait le château. La porte du rez-de-chaussée de la façade nord est ornée de moulures caractéristiques de la seconde moitié du XVe siècle (D).

Fig. 9. Plan du rez-de-chaussée (dessin S.D.A.P.).

8 Les archères-canonnières, ne sont visibles que depuis l’extérieur, elles ont été obturées à l’intérieur.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 7 Fig. 10. Vue de détail de la porte dont le cadre est orné Fig. 11. Vue de la cheminée à hotte droite. (C). d’un chanfrein et d’une accolade (B).

Fig. 12. Vue depuis l’extérieur d’une des archère-canonnière de la Fig. 13. Vue de l’ébrasement intérieur de l’archère-canonnière de la tour nord-ouest. tour d’angle de l’avant-cour.

Fig. 14. Vue de la façade nord. Fig. 15. Vue de la porte à l’encadrement mouluré de la façade nord (D).

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 8 Le corps de logis en L définissait une cour au sud-est. L’ensemble était très probablement isolé de la basse-cour par un fossé qui en faisait le tour9. La basse-cour, se trouvait elle-même défendue en partie par la tour ronde qui subsiste à l’angle nord-est de la cour et qui conserve une archère-canonnière de même type que celles que l’on voit dans les tours d’angle du château.

Fig. 16. Vue de la tour d’angle de l’avant-cour.

Un premier réaménagement dans le premier quart du XVIIe siècle

La création d’une galerie traversante

Au rez-de-chaussée, le château conserve une galerie, d’une largeur de 3 m environ, qui le traverse du nord au sud (E). Elle a été ajoutée dans un second temps. La toiture dissymétrique de l’aile ouest traduit bien cette adjonction (voir fig. 2 et 3). Aujourd’hui couverte d’un plafond, la galerie était voûtée à l’origine ; certains piliers engagés qui supportaient les voûtes sont encore en place et l’arrachement d’un voûtain se voit encore à l’extrémité sud de la galerie. La galerie était partiellement ouverte à l’est par des arcades en brique qui ont été obstruées depuis. L’arcade la plus au sud se distingue encore nettement sous les enduits (F). Elle est couverte par un arc plein cintre orné d’une moulure en quart de rond et d’une clef moulurée et saillante.

9 Jacques Fabre de Massaguel cite un dénombrement des biens d’Alexandre de Saint-Jean de Thurin dans lequel le château est sommairement décrit comme étant formé « (…) de tours avec murs et fossés de tous côtés (…) », op. cit., 1975, p. 427.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 9 Fig. 17. Vue générale de la galerie (E).

Fig. 18. Vue d’un ancien pilier engagé en pierre de taille Fig. 19. Les sommiers des voûtes de la galerie subsistent au dessus des pilastres engagés. subsistant à l’angle sud-ouest de la galerie.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 10 Fig. 20. Vue d’une des anciennes arcatures en brique (F).

Le mur ouest de la galerie, est ouvert par un beau portail de style Renaissance (G). Construit en pierre de taille de grès10, il est couvert par un arc en plein cintre à large chanfrein et motif saillant à la clef. Il est surmonté par un entablement à triglyphes et métopes portant lui- même un fronton. Des pilastres pourvus de chapiteaux à oves encadrent le portail. Une autre petite porte de même style, au décor plus sobre, existe au sud du portail. Le portail principal ouvre sur le grand escalier, logé dans l’avant-corps central de l’aile ouest, qui conduit au premier étage.

10 Comme une grande partie des murs de l’étage de soubassement, les blocs du portail sont rubéfiés.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 11 Fig. 21. Vue du portail principal de la galerie (G). Fig. 22. Vue du portail secondaire (H).

Fig. 23. Vue de détail d’un chapiteau à oves du portail central. Fig. 24. Vue de détail de la clef de l’arc du portail central.

Un premier grand escalier rampe sur rampe

L’aménagement de la galerie a été conçu en lien avec la création du grand escalier en pierre rampe sur rampe à mur d’échiffre logé dans l’avant-corps de l’aile ouest. L’escalier conserve des chapiteaux à oves et un garde-corps à balustres qui témoignent de son origine du début du XVIIe siècle. Le palier qui communique avec la galerie est encore voûté d’arêtes reposant sur des piliers engagés, de même type que ceux de la galerie.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 12 Fig. 25. Le grand escalier, vue du pilastre surmonté d’un chapiteau Fig. 26. Vue de détail du chapiteau. ionique à oves.

Une entrée monumentale originale

Ainsi, peut-on restituer tout un dispositif d’entrée pour lequel il a fallu reprendre en sous- œuvre le château du XVe siècle. La galerie voûtée, ouverte à l’est sur la cour par des arcades en brique présentait un beau portail Renaissance par lequel les arrivants rejoignaient le grand escalier en pierre pour atteindre le bel étage. Ce dispositif, remarquable, est caractérisé par un style Renaissance que l’on retrouve sur d’autres éléments du château et qui peuvent se rattacher à la même campagne de travaux. C’est le cas notamment de la tourelle sur trompe à l’angle sud-ouest de l’avant-corps de l’aile ouest et la porte condamnée dont on ne voit plus que la partie haute sur la même aile. Elle est couverte par un arc en plein cintre qui présente un motif feuillagé à la clef et elle est encadrée par des dosserets surmontés de chapiteaux (en mauvais état). La demi-croisée à bossage vermiculé visible au deuxième étage de la façade nord pourrait être contemporaine de cette campagne, à moins qu’elle ne soit la marque unique d’une campagne un peu antérieure.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 13 Fig. 27. Vue de la porte située sous la deuxième Fig. 28. Vue de la voûte d’arête et du chapiteau ionique à oves situé sur le premier palier volée de l’escalier. de l’escalier.

Fig. 29. Vue de la rampe du grand escalier.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 14 Fig. 30. Vue de la tourelle sur trompe à l’angle de Fig. 31. Vue de la porte à demi enterrée. l’avant-corps ouest abritant le grand escalier.

Fig. 32. Façade nord, vue de la demi-croisée à bossage vermiculé.

Cette campagne de construction pourrait être attribuée à Jean II de Nadal, l’un des chefs locaux du parti protestant, personnage d’influence, actif dans la première moitié du XVIIe siècle et proche du prince Henri de Rohan.

Bien qu’utilisé en remploi dans une église largement reconstruite au XIXe siècle, le portail oriental de l’église paroissiale offre quelques similitudes avec la campagne de travaux du début du XVIIe siècle au château. L’encadrement de la porte est couvert par un arc plein cintre et la date de 1619 est inscrite sur la clef de l’arc. Le porche est soutenu par deux colonnes monolithiques galbées, surmontées de chapiteaux ioniques à oves.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 15 On peut poser l’hypothèse de l’aménagement d’un portail à l’église paroissiale à l’occasion des noces entre Jean II et Marguerite de Loubens, la même année.

Fig. 33. Vue du portail de l’église paroissiale ; la date de 1619 est inscrite sur la clef de l’arc.

Enfin, dans un contexte un peu plus élargi, cette campagne de travaux peut être rapprochée des nombreux hôtels particuliers construits à Castres entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle par les magistrats de la chambre de l’Édit et par les marchands enrichis par le commerce du drap. Le dispositif de la tourelle d’angle sur trompe, par exemple, se retrouve fréquemment dans les riches demeures castraises.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 16 Les Fabre au château dans le dernier tiers du XVIIIe siècle

Un texte des archives du château décrit l’édifice à la fin du XVIIe siècle comme étant formé de « murs avec tours et fossés de tous côtés, consistant en salles, chambre, galerie, cuisine, greniers, caves, offices, plus la basse-cour hors le fossé où sont les écuries du côté du septentrion avec deux petites tours, une de chaque bout et un verger dans lequel il y a un pigeonnier, une loge pour la volaille, une grange à foin et des étables pour les chevaux »11.

À la suite de la vente du château par Jean-François Saint-Jean aux sieurs Jean-Jacques et Jean Fabre, une troisième grande campagne de travaux s’applique à moderniser la demeure. C’est à cette époque que le château adopte un plan en U. Au rez-de-chaussée sont construites les quatre voûtes reposant sur un pilier central pour soutenir la terrasse et l’aile sud. Au même niveau, la voûte de la galerie est détruite pour laisser place à un plafond à solives. Des arcs doubleaux sont construits pour porter les murs de refend des niveaux supérieurs. Une poutre vient s’insérer dans le fronton principal du portail Renaissance.

Fig. 34. Vue de la voûte sud-est de l’étage de soubassement.

Le premier étage ne conserve pas d’aménagement antérieur à cette date12. Les trois salles de réception en enfilade sont aménagées dans l’aile nord. Elles sont aujourd’hui identifiées d’ouest en est comme salle à manger, salon et salon de musique. Réaménagées suivant le confort de l’époque, les murs sont recouverts de lambris d’appui et les sols sont pourvus de parquets. Des gypseries ornent les dessus de portes et les trumeaux de cheminées. Le thème des Quatre

11 FABRE DE MASSAGUEL, 1975, d’après les archives du château. 12 Le premier étage n’a pas été visité à l’occasion de l’étude.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 17 saisons agrémente le salon, et des instruments associés à la manière de trophée, le salon de musique.

Fig. 35. Plan du 1er étage, (dessin : S.D.A.P.)

Fig. 36. Vue du salon.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 18 Fig. 37. Le printemps. Fig. 38. L’été.

Fig. 39. Vue d’un des panneaux du salon de musique.

Les ouvertures de cette campagne de travaux sont caractérisées par des encadrements de grès couverts par des arcs segmentaires, pourvus parfois de clef saillante et débordante. À l’extérieur, tout porte à croire que les Fabre ont manqué de moyen pour achever les travaux : les tours rondes sont couvertes par de simples toit à un pan et l’aile sud ne semble pas avoir été achevée, comme le laisse à penser les pierres en attente sur l’aile ouest et l’importante souche de cheminée implantée sur le refend.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 19 Fig. 40. Sur la façade sud, les encadrements des baies ont été refaits au XVIIIe siècle. L’aile a perdu un étage, ce dont témoigne la souche de la cheminée.

Un trumeau du salon, orné d’un profil de Louis XV permet de dater la campagne de travaux entre l’acquisition des Fabre en 1768 et la mort du roi, en 1774.

Fig. 41. Vue de détail du profil de Louis XV dans le salon.

La cour a été réaménagée au XVIIIe siècle, au moment où le château est transformé en une demeure de plaisance. La fonction défensive a été abandonnée et des dépendances ont été aménagées. Au nord, des bâtiments qui abritent les dépendances définissent une avant-cour. Le corps ouest présente des encadrements d’ouvertures en grès et en pierre de taille avec des linteaux en arcs segmentaires qui pourrait dater du XVIIIe siècle. Le portail d’entrée est composé d’une porte piétonne et d’une porte charretière autrefois fermée par des vantaux de bois.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 20 Fig. 42. Vue de la façade du corps de l’avant-cour. Fig. 43. Vue de la façade du corps de l’avant-cour.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 21 Au XIXe siècle, un projet de restauration resté sans suite

Il a été envisagé un temps de restaurer le château dans le style néogothique. Des avant- projets pour chaque façade sont conservés au château. L’auteur, anonyme, proposait de rétablir la tour d’angle manquante, de construire un chemin de ronde porté par des mâchicoulis et couvert par une toiture en poivrière sur chacune des tours. L’avant-corps occidental aurait été surmonté de deux niveaux se terminant en une plate-forme pourvue de mâchicoulis, créneaux et merlons et pourvu d’une guette. Des toitures d’ardoise à forte pente auraient été restituées sur l’ensemble de l’édifice. L’aile sud aurait retrouvé l’étage manquant, et l’aile nord quant à elle, se voyait adjoindre un grand escalier extérieur à double volée qui permettait de conserver l’utilisation de la galerie basse tout en ouvrant sur les salles de réception de l’étage. Selon une conception acquise au dernier tiers du XIXe siècle, le projet se proposait d’allier à l’exubérance des parties sommitales de l’architecture de la fin du XVe siècle des croisées néorenaissance. La campagne de travaux du XVIIIe siècle n’aurait cependant pas été reniée puisque les baies de cette période étaient conservées dans les parties inférieures.

Fig. 44. Projet de restauration de la façade ouest. Fig. 45. Projet de restauration de la façade est.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 22 Fig. 46. Projet de restauration de la façade nord. Fig. 47. Projet de restauration de la façade sud.

Un projet de jardin inabouti a même été proposé en 1910 par le paysagiste de Toulouse J. Labelle.

Fig. 48. Projet d’aménagement du jardin daté de 1910.

Sonia Servant

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 23 Chargée de l’inventaire du patrimoine, CAUE du Tarn Juillet 2008 © CAUE du Tarn, © Région Midi-Pyrénées-Inventaire Général

Crédits photographiques : © CAUE du Tarn, © Région Midi-Pyrénées-Inventaire Général, ADAGP - Fig. 1, 6, 7, 10, 16, 18 à 23, 26 à 31, 33, 35 à 3, 42, 43 photos de Philippe Poitou, photographe du Service de la connaissance du patrimoine, Région Midi-Pyrénées. - Fig. 2, 4, 5, 8, 11 à 15, 17, 24, 25, 32, 34, 40, 41, 44, 45, 46 photos de Sonia Servant.

Mission d’inventaire du patrimoine – CAUE du Tarn 24 Bibliographie

FABRE DE MASSAGUEL (Jacques), « Le château de Massaguel », dans la Revue du Tarn, hiver 1975, p. 421-435 et « Le château de Massaguel (Tarn) », Vieilles Maisons Françaises, janvier 1976, p. 30-33. Propriétaire du château dans le troisième quart du XXe siècle, Jacques Fabre a retracé une précieuse généalogie des propriétaires à partir des archives conservées in situ.

Dossier du Service de la conservation des Monuments historiques « Le château de Massaguel », dossier rédigé à l’occasion de la demande de protection M.H. Le dossier, non signé, reprend pour l’essentiel le travail de Jacques Fabre. Il met l’accent sur le caractère remarquable de la galerie du rez-de-chaussée.

CROS (Philippe), « Massaguel », Châteaux, manoirs et logis, le Tarn, 1999, p. 188-189. Dans sa notice succincte, Philippe Cros évoque une campagne de construction à la Renaissance et une autre au XVIIe siècle. Les photographies aériennes présentées dans l’ouvrage sont utiles pour appréhender le plan général.

CAMPECH (Sylvie), L’occupation du sol du piémont nord de la Montagne Noire, enquête archéologique et documentaire, mémoire de maîtrise d’archéologie, sous la direction d’Y. Bruand et G. Pradalié, Université Toulouse-Le Mirail, 1988. L’auteur étudie l’occupation du sol au Moyen Âge. Elle s’est attachée à rechercher les premières mentions du château, des seigneurs et du village.

Documents graphiques

Archives du château : Plan d’adaptation dressé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle d’après le compoix de 1470. Projet de restauration du château, 4 dessins aquarellés, non datés, non signés. « Projet de parc pour la propriété de Massaguel (Tarn), appartenant à Monsieur Fabre de Massaguel, dressé par J. Labelle, paysagiste à Toulouse, 1910 ».

Service départemental de l’architecture et du Patrimoine, : Plan du rez-de-chaussée et du premier étage, non signé.

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