Histoire De Seine-Et-Marne
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A Simone, mariée avec moi depuis vingt-trois ans pour le meilleur et pour le pire, qui hélas ne nous a pas épargné. A Olivier, notre fils aîné, étudiant en histoire et qui fera sans aucun doute en professionnel ce que son père faisait en modeste amateur. A Jean-Louis et Sylvain, nos autres fils, « des enfants qui ne seront jamais comme les autres, des enfants pas tout à fait pareils » qui malheureusement ne liront jamais ce livre mais qui nous donnent leurs rires, leur joie, et leur amour. Et à la mémoire de tous les nôtres, trop tôt partis, mais qui vivent toujours en nos cœurs. Couverture : Tableau de Huescar 1986. Place du Châtel à Provins, marché début xixe siècle. R.C. PLANCKE HISTOIRE DE SEINE-ET-MARNE Vie paysanne du Moyen-Age au début du xxe siècle agrémentée de 360 illustrations Editions Amatteis 7 7350 Le Mée-sur-Seine 1986 Remarque préliminaire Sous de nombreuses illustrations vous trouverez la mention « cité depuis ou cité dès » ; la date indique que le nom de la localité est mentionné dans des archives pour la première fois, cette année-là. Ce qui ne veut pas dire qu'elle n'existait pas avant. Est-il utile de préciser qu'il n'y a des cartes postales que depuis la fin du xixe siècle, et si des chapitres traitant de notre histoire départementale antérieure à cette époque sont illustrés de cartes postales beaucoup plus tardives, c'est qu'il y a un rapport (plus ou moins lointain) entre le texte et l'illustration. Le nom du canton, pour chaque commune citée correspond à celui du début de siècle. P réface Il y a quatre ans Monsieur Plancke publiait aux Editions Amatteis son livre La Vie Rurale en Seine-et-Marne. Montrer aux Seine-et-Marnais par des cartes postales retrouvées les racines rurales de chacun d'entre eux. Ce projet était ambitieux mais remarquablement illustré, il était rendu simple. Aujourd'hui, l'auteur nous propose son Histoire de Seine-et-Marne sous-titrée La Vie Paysanne. Ici, apparaît la vie du paysan au travers des âges. Représentation, que l'auteur a voulue sans prétention, des difficultés, des joies et des rythmes de la vie des ancêtres des Seine-et-Marnais. Ainsi, chacun pourra mieux comprendre aujourd'hui l'environ- nement dans lequel il vit en reconnaissant les traces laissées par ce passé. La Seine-et-Marne deviendra ainsi plus familière aux nouveaux venus parmi ses habitants. Terre d'accueil, ce département chargé d'histoire retrouve sa tradition. Le Crédit Agricole par ce parrainage souhaite confirmer sa volonté de rester la banque de la Seine-et-Marne. François BONGARD Président du Conseil d'Administration de la Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel de la Brie 001 - Liverdy (Canton de Tournan). La Grande Rue, avant 1906. A l'époque, le village a 508 habitants. Dans le fond, la voiture de livraison d'un boucher. A droite, un gamin joue au cerceau avec un cercle de tonneau. (Collection Amatteis). 6 002 - Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux (Canton de la Ferté-sous-Jouarre). Ferme de Montplaisir vers 1914. La commune (SANCTUS JOHANNES de GEMELLIS) est citée depuis 1172. Le hameau des Deux-Jumeaux n'est cité qu'en 1249. La ferme de Montplaisir ne figure dans les archives qu'en 1538. Le cliché de cette carte a été pris avant 1914, elle a été envoyé par le soldat Prat (S.P. 56) le 29 avril 1915, en repos ici. Le temps lui durait que cette guerre finisse au plus vite. En 1913, la ferme Montplaisir appartient à Billard, son fermier est Margotteau. (Collection Amatteis). Présentation E pays briard n'a longtemps été qu'une immense forêt souvent marécageuse, patiem- ment gagnée à la culture, par un défrichement progressif et la création d'un réseau de ruisseaux destinés à évacuer les eaux excéden- taires et à drainer les sols. Cette conquête agricole a commencé à l'ouest avant l'ère chrétienne. Les défrichements n'ont été d'abord que des clairières qui se sont lentement élargies pour finir par se rejoindre. Les ceintures boisées qui entouraient primitivement les terres de culture se sont progressivement amenuisées pour être enfin dépecées 7 par de larges trouées. Il en subsiste des lambeaux, hélas menacés, sous la forme de longues files de beaux arbres, de bois et de boqueteaux épars. L'horizon des terres cultivées reste le plus souvent limité par des lisières boisées que l'aurore ou le crépuscule voilent d'une brume bleutée. Rappelons que, pendant plusieurs siècles, la forme typique de l'établissement agricole briard était la ferme carrée, ceinte de murailles parfois garnies de tourelles, entourée de fossés comme de petites forteresses. De place en place s'agglomèrent des villages ou des hameaux de maisons basses, habitées par des tâcherons, des manouvriers, des artisans, des bûcherons, des vignerons qui furent toujours un sous-prolétariat agricole, et aussi par des bricoliers, mi-ouvriers agricoles mi-exploitants, les gros cultivateurs restant le plus souvent en dehors de l'agglomération. Dans les vallées, la grande exploitation fait place à la petite culture. Ce petit peuple de paysans et d'artisans se groupe dans des villages échelonnés à flanc de coteaux ; certaines de ces localités sont 003 - Médaille d'argent au nom de Roveca, 004 - Demi sol mérovingien, frappé à Lieusaint. trouvée à Lizy-sur- Ourcq (S.etM.) (Collection Amatteis). (Collection Amatteis). 8 005 - La Gaule Indépendante. (Collection Amatteis). devenues bourgs et marchés ; l'un de ces foyers locaux, Coulommiers, s'est haussé jusqu'à la dignité de petite ville. La Gaule, au moment de la conquête romaine, était en grande partie couverte de forêts dont les vainqueurs défrichèrent de larges étendues. Ce furent les ordres religieux qui recueillirent les débuts de la civilisation romaine après la chute de l'Empire romain. Grâce aux monastères nombreux sur notre sol, les défrichements des forêts s'intensifièrent tandis que l'agriculture prenait un nouvel essor : dans les siècles qui suivirent le règne de Clovis, les communautés religieuses continuant l'œuvre agricole des Romains. Les Bénédictins puis les Templiers devinrent possesseurs de grands domaines dans la Brie. Ils y exercèrent leur influence créatrice et attirèrent autour d'eux une population toujours plus nombreuse. Ce défrichement dura plusieurs siècles. C'est en 1225 seulement qu'il fut accompli autour de Vernou-sur-Seine et de Rozay. Les terres défrichées se partageaient par moitié entre les religieux et les 9 concessionnaires, accomplissant le travail pour le compte de la congrégation. Parfois, l'autorisation d'édifier un village sur ces terres nouvelles était accordée : c'était la création des « villes-neuves » qui sortirent du sol un peu partout en Brie, surtout dans la seconde moitié du xiie siècle et la première du XIIIe. Chez les Gaulois, les villes proprement dites n'existaient pas alors que les maisons isolées étaient très répandues, construites à la lisière des bois en cours de défrichement et sur le bord des cours d'eau qui servaient alors de voies de communication. Les notables gaulois y vivaient entourés de leurs gens (serviteurs et guerriers) se livrant à l'élevage, à la chasse, à la pêche, à la culture... et à la préparation de la guerre. Au contraire, les Romains aimaient les grandes agglomérations et les villes. C'est aux coutumes latines ainsi qu'aux besoins nouveaux, nés d'une propriété croissante, que les villes-neuves durent leur origine, souvent créées d'un commun accord entre les pouvoirs civils et religieux. Par exemple en vertu d'une convention passée entre le Chapître de Notre-Dame de Paris et son chanoine, ce dernier s'engagea à construire à partir du mois d'octobre 1234 une ferme sur la partie 006 - Vernou-sur-Seine (Canton de Moret-sur-Loing). La Ferme de Champroud avant 1914. Cet ancien fief est cité dès 1249 (CAMPI ROTUNDI). En 1913, sa propriétaire est la veuve Dauvin qui posséde aussi la grande maison et la basse-cour, soit trois des quatre grosses fermes de Vernou. Son fermier est le fils Mireux. (Collection Amatteis). 10 récemment défrichée à Vernou, ferme qui comprenait une habitation avec tourelles, une grange, un pressoir, avec cour et grand verger, le tout clos de mur de six mètres de haut et d'un périmètre de deux cent soixante-treize mètres, enceinte percée d'une porte et d'une poterne surmontées de greniers vastes et solides. Depuis très longtemps, Paris a beaucoup d'influence sur notre région, non seulement comme le principal marché des produits naturels de la Brie : céréales, farine, viandes, produits laitiers, bois, pierres de construction, mais dès le XIIIe siècle, il est devenu pour elle une source de capitaux en quête de terres fertiles, considérées comme le meilleur et le plus honorable des placements. Ce furent d'abord, les communautés ecclésiastiques parisiennes, puis la bourgeoisie, celle des riches marchands et des hommes de loi, enfin la noblesse de cour qui garnirent la Brie de sa parure de châteaux, dont le plus bel exemple reste Vaux-le-Vicomte. Après la Révolution, ce fut à nouveau la grande bourgeoisie, la noblesse d'Empire puis les grandes fortunes issues des milieux d'affaires, de l'industrie. A la suite de la guerre de 1914-1918, qui ruina pas mal de familles « traditionnelles », la terre passa parfois dans des mains enrichies lors du conflit, quelquefois d'origine étrangère. Voulez-vous des exemples sur la propriété de la terre ? Voici Grisy-Suisnes en 1824. Fermes Propriétaires Chapelle Saint-Martin Général marquis Lelièvre de la Grange du Château Baron de Cussieux fils du marquis de la Grange Chevrette Héritiers du marquis de la Grange Solaire Domaine de la Couronne Fermeté Collège des catholiques irlandais 007 - Grisy-Suisnes (Canton de Brie-Comte-Robert).