A MES PAROISSIENS

.1

Chers souscripteurs de , je viens vous offrir ce petit ouvrage; vous avez voulu quil vit la lumière, vous avez cru que mes recherches sur les antiquités de votre paroisse avaient quelque mérite je nai pu résister à vos désirs ) et ce livre, consacré à votre pays, imprimé à vos frais, est vraiment le fruit de votre affection pour moi. Ce volume renferme lhistoire dun curé de Gioux dans des temps reculés; sa bonté pour sa paroisse vous ravira, le bon- heur dont jouissaient alors les religieux habitants deoioux vous prouvera que la félicité, même teaiporelle, ne peut venir que de la piété. Cest nue histoire conservée par la tradition que je désirais bien vous raconter; jai lu des notes de mes prédé- cesseurs avant la révolution, qui en parlaient; de vieux ma- nuscrits me lont apprise en partie; jai comblé les lacunes, complété par limagination des choses quon ne voyait que dans lombre; cette histoire, je crois, vous édifiera. Il y a aussi la légende du château de Cubeyne qui pourra vous intéresser. La liste des curés et vicaires de Gioux depuis le xv siècle vous sera sans doute agréable Jaurais désiré trouver sur chaque village lin plus grand

-

Document 0

II 11111! 11111 1M III II 111111 0000005603619 - VI - nombre de pièces antiques, mais jai fait tout ce qui a été pos- sible; je remercie à cette occasion M. Reby, maire de la com- mune, et les famillesquimontprocur&ou confié de vieux papiers avec bienveillance. Deux cartes ornent votre livre, lune décrivant la paroisse de Gioux telle quelle est actuellement, lautre nous reportant au xv" siècle, et reconstruisant à nos yeux les villages dé- truits et les châteaux tombés. La première. est prise sur le cadastre, la deuxième faite daprès mes recherches, toutes deux dessinées par M. Augste Bôuarneaux, de , dont la mort prématurée, à dix-huit ans, a consterné tous ses amis et atterré son bon père. Ses études brillantes à Paris, son érudition précoce, sa modestie et son bon coeur ont rendu sa mort bien regrettable. A loccasion de ce livre quil désirait tant voir paraître, il est de mon devoir de lui payer ce tribut dé mes regrets. Je vous livre donc cet opuscule, chers souscripteurs, rece- vez-le avec amitié comme je; vous loffre.

j Labbé A: RAMADE.

Giox,!" Juillet 1606. -

M

L I

TIN MOT DE PRÉFACE

Mes recherches sur cette paroisse ne remontent pas au-delà du xvi siècle. Tout ce que jai recueilli vient, ou des registres de la paroisse, ou des notes qui mont été fournies par diverses familles; sans cloute, ce travail est peu de chose eu lai-même, bien quil mait assez coûté; mai il ne laisse pas que davoir son importance, car, dans quelques années, il ne serait plus facile, les vieux papiers se détruisant tous les jours, et les traditions anciennes se perdant insensiblement.

RECHERCHES

SUR LA PAROISSE DE GIOUX

()

PAR M. A. RAMADE

Curé de Qioux

Gioux, compris dans la province de La Marche, était de la séné- chaussée de Guéret, de ta généralité de Moulins, de larchiprétré dAn- busson et de lofficialité de Chenerailles. Nons avons une liste des curés et des vicaires qui sy succédèrent à partir du xvt° siècle, époque la pins reculée où nous puissions remonter, liste offrant toutefois des lacunes regrettahles, tes registres de la paroisse ayant été mutilés ou perdus en partie. Nous ferons des observations que nous auront four- nies soit les registres eux-mêmes, soit la tradition locale, soit des papiers anciens trouvés dans de vieilles familles.

Ànoées. Curés, \îjcnires, 1556 Dé Un vieux papier, daté de 4.56, porte quun Meallel. M. de Mealtet, prêtre, curé de Gioux, était te- nancier du ténementde Seigloux (Gradeix), fonds de lordre de Malte, sous la régence de M. Ch. de Châslus, Chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, Commandeur à Fenicrs.

1617 lazard. ii nexiste aucun registre paroissial jusquà lannée 1653, jai trouvé néanmoins des extraits Années. Curés.

1617 Lauzrd dactes datés de 1617, 1649 et 1663, qui nous donnent le nom des curés de Gioux en ces années. Pierre, lus de Jean de ilonteix de Malleval, furbaptisé le xx6 nov. 4617; son parrain Pierre Bourjade, marraine Silvâne de Ronteix (1). Lsuzsiw, curé de Gioutx.

Marie tut baptise 4e xxii septembre 4719; son parrain Jean de Ronteix, marraine Marie Dumas. LAUZARD, curé de Gionix.

1633 binas J Extraict du reg. des Fans baptismalles de la paroisse de Gioulx, sans y ajouter ni diminuer. xxi Août 1633, a été baptisé Mathieu, fils à Français de Ronteix et Marie Bourjade; son par- rain Mathieu ...... la marraine Marie Bouligaud. Me Jehan Humas, curé de Gioulx., Délivré par. moy soubsigné, 24 juin 4657, M Jeban de Laseoux, vicaire de Gioulx.

1658 1 Grau- 1 Dolas- 8 xbre 9 658, baptême de Marie Lôuis, dAn- chier . toux. gioux; sou parrain Me Léger Gourdy, prestre, marraine Marie Labrebis.

26 xbre 1658, baptême de Marie Blanche, du bourg; son parrain M e Jean Blanche, presire, marraine Marie Lefaure.

18 9bre 1658, baptême de Jean Blauchou, du bourg; son parrain Me Jean Mouliéras, notaire royal aux Farges, la marraine Berte Daure, de Poulain.

(4 )Dans les actes, pièces anciennes, nous mettrons toujours lorthographe originale. - Il -

Années. Curés. Vicai,

1659 Gran- Les registres sont perdus depuis I 659 jusquen t hier: I 6797laeune regrettable. Cétait à cette époque quexistaient sans doute des actes qui pouvaient donner des renseignements précieux sur les an- ciennes familles et suries choses de Gioux.

1(363 Id. Daprès une pièce ancienhe (Pidcesjusticatives, ontrt &mariage de Jean de Mouliéras, des Éargesf, on voit que M. Gianehier était curé de Gioux en 1663, et M. de Lascoux vicaire, ou plutôt prêtre de la Communauté de Gioux, comme il est lit dans lacte.

1,679 i • Cetteannée, il veut 38 baptêmes, 26 sépultures. La population de la paroisse était alors à peu près au même chiffre que celui de notre temps, 5 mars 1679, baptême de Léger_Counny, fils légitime à Jean et Francoise Grellet, métayers à Ronteix; son parrain Léger Grellet, marraine Dame Antoinette Granchier, soubsigné. ITANSSARD, curé.

• En cette année, une grande mortalité frappa la famille Mouliéras des Farges. 22 avril 4679, hyers décédat Jean Mouliéras des Farges, àgê denviron 36 ans, après avoir satisfait au précepte pascal, et encore recea le .St-Viatique et Extrèrne-Onet. et sêtre encore confessé deux ou trois jours avant sa mort. 26 avril 4679; sépulture de Léonard Mouliéras, âgé de 9 ans. 2 mai 1679, sépulture de Jean Moulièras, âgé de 3 ans. 9 mai 4679, sépulture de Marie Mouliéras, âgée de 5 ans. 25 octobre 1679, sépulture de Gabrielle Mou- liéras, âgée de 30 ans. - 12 -

Azuéc,. Curés. Vka ires.

Formule des actes de ce temps. 1{yers decédat Jean Rouceau de la Pouge, âgé denviron 65 ans, et aujourdhui 2 nov. 4679, après midy, a esté eusevely en présence de Pierre, son fils, Jean Lefaure, dit Bouinon, Francoisllouceau, dit Pagot, et P, Martellan, qui nont seu signer. Il receu il y al jours le sacre- ment de lExtrême-Onction, il avait Tcceu le St- Viatique trois jours auparavant, en foy de quoi jai signé. IJANSSARD, curé de Gioulx.

Au milieu des actes de septembre, il y a cette note intercalée Contresigné par moy, visiteur, 16 juillet 1679. BONNET, visiteur.

1680 Actes quimontrentia ferveur des chrétiens de lancien temps à Gioux.

La nuict de devant hyers décédat Françoise de Poulain, âgée de 47 ans, communiée et mise enExtrème-Onction il y a 42 jours, etcommuniée et confèssée trois jours auparavant sa mort, et aujourdhuy 18 Février 4680 a esté ensevelye en présance dEsticnne Roux, son gendre, Léonard Pariehe et Louis Dejoux qui nont son signer.

Avant hyers décédat Gilberte Miguet, femme du défunt Léonard Rousseau, de Villecrouseix, gèedenvirou 50 ans; elle avait deux fois dans un mois receu la communion, sestait confessée et communiée huict jours avantdécéder, aujourdhuv Il mars 4680 a esté ensevelye en présance de P. Levacher, L. Brillant, Léonard Talabot, qui nont sen signer. - 13 -

A anée,. Curéi. Vicairi

1680 !bnurJ llyers décédat Marguerite iPiarron, lèmme h Pierre Rousseau de la Pouge, âgée de 18 aas,et aujourdhuy 29 xbre 1680, n esté ensevelyc en présence de son mary, Jean Sabot, etj:Rouceau dit Pagot, qui nont seu signer de ce enquis; elle receu tous les sacrements dans sa maladie et ensuite encores deux fois confessée. HANSSARD, curé.

Deux actes de mariage où servent de témoins deux prêtres de la paroisse: Ce 27 février 1680, après les fiancailles et les publications des bans de mariage entre Léonard Lecardeur, fils à Pierre, et Louise Petit de Lascoux, et entre Marguerite Laschamps, fille à Jean et défunte Françoise Letellier du Mazet, tous deux de cette paroisse, au prône des messes de paroisse, sçavoir la Ve le 44, les fiançaille le 45, la -28 le 48, la dernière le 25 du présent mois, moi soussigné, Curé de cette paroisse, les ay mariés et leur ay donné la bénédiction nup- tiale suivant la forme prescrite par notre mère Ste-Eglize, en présance dtknnet Lasehamps, âgé de 68 ans, pèrede ladicte épouze, qui nous a dit êtrcâgéedeplus de2âans, etde messire Léonard de Lascoux, prestre, chanoine, âgé de 50 ans, soubsigné, voisin dudit époux, qui nous a certi- fié ledit époux estre âgé de ,plus de quinze ans, et sest soubsigné; P. Lecardeur, âgé de 44 ans, D. Léonard Magniac, âgé de 60 ans, qui ont déclaré ne savoir signer.

Le 4 juin 1680, mariage entre Silvain Martel- [au dHyveriièresse et Aritoinette Bouteras de Meallet, âgée de 18 ans, en présance de Pierre e

- 4% -

Anuée,. Cnré,.

1680 Ilanssar Martellan frère, LaurentBlanchon, âgédb 40 ans, voisin des parties, des deux mères, les quels témoins hommes et femmes, aussy bien que la dicte épouse, ont déclaré ne savoir signer, et en- core ès-prézencc de Me Jean Blanchon, prestre, àgé de 90 ans lequel sest soubsigné. IIÂN5SÂRD, CUF.

Àujourdhuv, 15 septembre 4680, a esté haptizé Jean Lenoir, fils légitime de Léonard et Marie Penny, dicte Lecler, demeurant au Nonsalier, a esté son parrein Me Jean Feydeau, marreine dame Geneviève Feydeau qui se sont soubsignés; ileiaquit il y a six jours. Geneviève FEYDEAU, Jean: FEYDEÂU; r de La Valette, - llsrsstttn, curé de Gioulx.

Dans le corps des actes : 6juillet 4680, con- tresigné par moy, visiteur. F. MÂTRBYRON DE LA CUAPELLU, Curé de Saint-Yrieix, prêtre indigne (sic).

16811 .Id. Tous les actes de celte année sont écrits de la main du vicaire.

4octobre 4684, mariage de Claudie Datfeuille, du village des Trois-Fonts, paroisse de Gioulx. MATHIVETÇ vicaire de Gioulx.

Sépulture dun prêtre Lan de grâce 684 , 18e jour du mois de nov. est décédé au illaé de la Pouge, dans la co ait niou denotn sainte mère Eglize, M Jean

n - 15 -

Année,. Coré,. Vicaires.

1681 Manchon, prstre comniùnaliste de la présente paroisse, âgé de 90 ans, après avoir esté con- -fess&etrcçu M Saint Viatiqucet Extrême-Onction, -dont le corps a esté enterré dans lesglize de Gioulx, ce 19 novembre, ce que M Jean Blan- chon, neveu dudit défunt, qui assiste au coifroy a signé, et AnnetLegrand, autre tesmoing, aussi neveu du défont, a déclaré ne savoir signer. MÂTHIVET, vicaire de Gioulx. 1.682 Tissu 1683 Id Le 26 aoust 1683, se sont présentés Yves Feydeau s de Noncelier, et Marguerite Grau- chier, tous deux habitants la ville de Feflctin, pour demander la bénédiction nuptiale, après la publication des bans et la.dipense de consang. au 3 degré, laquelle, je soussigné, leur ai donné par délégation spéciale du s Bot, curé de Beaiimot, lequel. en foi de la dite députation a signé lacte avec les témoins au bas soussignés Claude Feydeau , sieur des Coupres , Gilho. l)ugros, mère de lépouse, Anthoysne Tissier, Louise Granchier, soeur de lépouse-. Ànthoysne JouahIÀIr4, vicaire de Giôulx.

Le 5 jour docth. mil six çenls huictante trois, en léglise dé St-Pierre-de-Gioulx, a été baptisé par moy, vicaire de la dite paroisse, Pierre, fils de -Pierre, de Ronteix, et dAnne 5Rouceaù, deMalleval. Le parrin Pierre Martel- ln, la marraine Mgte Granchier, femme de no- ble Yves de-Feydeau,• èeigneur de Ronteix, Non- celier, -etc. - - - - JoUhtI)AIN, vicaire.

1684: Id. Id. l actes do cette année sont signés jounnAiri, vicaire. --

- 16 -

Ànnes. - Curé,. 1685 Tissier. Ce M. Béraigne, était neveu de M. Tissier, - tous deux de . (Voyez Pièces justifica- (ives, article Poulins.

1686 1 Id. Id. 1687 Id. Id. Un testament reçu par M. Tissier, curé de Gieux, à Villecrouseix. (Nous rapportons cette pièce à larticle.)

Le 9septembre 1687, Bourdanchon, curé de Poussangues, visiteur.

1688 Id. Id Autre testament reçu par M. Tissier au Bon- neix. (VoÎr le village du Bonneix.)

1689 Pendant ces quatre années, si M. Béraigne 1.690 Id. était vicaire de Gioux, il na signé aucun acte 1691 des registres 1692

1693 Id. flous M. Moussard, de Felletin, était neveu de M. Tissier. Sur la couverture du registre de 1693 est cette note Le huistième feuvrier, mon neveu M: Mous- sard acommencé àme servir de vicaire. Je lui ai donné dabord 46 livres et 5 sols; - de plus, 12 sols pour son voyage de Tarnac. Notes sur la fin du registre Il me reste à dire 48 messes pour M des Farges, mon neveu en dit trois par semaine à commencer la 4 0 semaine après la Pentecôte. - Je dois dite pour les fon- dations douteuses 104 messes, Suivent ces mots en gros caractères Jésus, mon espoir. - 17 -

- Années. Cura. Vicaires.

1694 âssier, Sallaii. Un seul acte de cette année a été si gné par -droun, M. Sallandrouze, vicaire de liions; tous les au- tres ont été signés par M. Tissier.

1695 Les registres de ces années sont signés par 1696 Id. M. Tissier. 1697

1698 Id. Le registre dc cette année est perdu. 1699 Id. Lacour. Lacune regrettable dâns les registres de 4700 jusquen 1719.

Jai trouvé une quittance de dtmes pour •Meallet, datée de 1110, signée par Tissier, curé de Gioux.

1719 Candi Quelques actes sont signés par M. Lacour, prêtre de Felletin.

- 1720 Id 17 mars 4720. Sépulture de M° Antoine Cou- dort, prêtre et curé de Gioux (sans désignation dâge), dans léglise de houx, par M. Lamou- reux de Lacour, prêtre, en présence dHélias, prêtre conamunalistc du moutier de Felletin, des sieurs Coudert et Grellet, frère et beau-frère du défunt, et un grand nombre dhabitants de Gioux. Id. Lanou- ter ayril ton La cou r 1721 Id. flonjas- LI SuD.

2

- 48 -

Années. Curés Vicaires

.1722 Fanon- Iteby. Le 19 avril 1122, il y n un acte sign La- Itili de. moureux dit Lacour. Cette correction a été pro- bablement faite postérieurement. On peut facile- ment remarquer le changement du De en Dit, très-reconnafssable par lencre et lécriture dif- férente. kux années suivantes lon voit quelques signa- tures Lamoureux de Lacour. Dès Iorsje raisonne ainsi Si lacorrection du nom venait du curé lui-même, elle aurait été maintenue plus tard; cette rectification nest donc la suite que dc quelque idée dun vicaire on curé postérieur par des motifs quil est difficile dapprécier en notre temps.

5novembre 17e2, un acte signé Rsnt, vi- caire de Gioux. A la tin du registre, au dernier acte signé de lui, ce vicaire a mis en gros caractères : flic fi- fol» facit asznus enilfrq. septing. veqesim. 2e.

- Là fidiL lannée 4729.

172.3 I Id. M. Lacour met dans une interligne des actes de cette année Du 7 février an 47 mars, les fonctions ont été faites par M. de Myomandre, prêtre de Felletin.

7janvier 173. Baptême de Jacques, Fils de Gabriel Peton, tapisiér, et de Jeanne Lerons- seau domiciliés à Itonteix.

Jai trouvé dans un autre acte de cette année, ou années suivantes, le nom dun àutre tapiùiel, domicilié à La Pouge. - 19 -

Aunée,. Curé,. Vicai, 1723 Lance-- Lettre trouvée sans siqnatvre et sans date, Lacenr. en très—mauvais état.

A M. le Docteur en théologie, M. DELÂCOUR, curé de Gioux, visiteur de RArchiprétrie de Chirouze. Monsieur, jai retiré vos pièces des mains de votre procureur, que vous recevrez par le présent porteur, telles..quelles mont été remises. Pour parvenir à la dissolution des fiançailles parde- vant notaire, il faut ou la présence des parties, ou une assignation donnée. On a passé pardessus, pour éviter de nouveaux frais et des retarde- ments co(iteux... -

1724 Id. .1125 Id. 1726 Id. ]727 Id. Une sépulture du Montfranc, paroisse de , faite LGioux, lacte portant queléglise et le cimetière de lallouaille, étaient interdits.

1728 1 Id Tous les actes, depuis 1729 jusquà 1734; sont jusquà 1734 écrits et signés en entier par M. Lamoureux de Lacour, curé de Gioux.

17341 Id Mariage à Gioux de deux nièces de M. La- moureux de Lacour, domiciliées-à Gioux Juin 1734. Mariage de Marie Lamoureux, domiciliée à Gioux, et de Cl. Aupierre, de Mou- tier-Rozeille. Août 1734. Mariage de Catherine Lamoureux, domiciliée à. Gioux, et de G. Moussard, de Felletin. / - 2f) -

nées. Curés 1735 laum Sépulture de flua 1g Le Granchier de Ronteix, jnsqnà reoï 4 ans, dans la 1è place (sic) de la nef de l.é- 1738 Iao,tt ;tise de Gioux.

Les actes en entier, depuis 4734 jusquen 1738, ont écrits et signés par M. Lamoureux de scour.

1139 Id. 27 avril 4739. Mariage de Marie Lamoureux, iomicitiée à Gloux, avec M. Georges Villard, marchand tapissier de ?etletin.

1140 Id Les actes de ces deux années sont sans excep- 1141 tion écrits de la main de M. Lamoureux, curé de Gioux.

1742 Id

1143 Id

1144 Id 1745 Id Y746 Id En 4746, fut mariée Mln Valérie Lamoureux, domiciliée à Gieux, à M. Jean Faurais, du mou- tier de Feltetin.

1141 Id

1748 Id Les actes de cette année sont presque tous écrits par M. Ducheyron, vicaire; ceux, en petit nombre, qui sont écrits par M. Lamoureux ont presque illisibles. Le bon curé sapprochait à grands pas du tombeau. - - 21 -

Aunées. Curés. Vicaire4. r 1748 Lanicu- Arland, Depuis juillet 1748 jusquen novemb., Ni. Ar- rtox taud fut vicaire de Gioux. Laceur.

Id. Id. Lamou- Vicaire régent depuis novembre 1748. La po- reux, sition de M. Lamoureux de Lacour, curé de Gioux, devenait sans doute plus critique.

1749 Laruou- M. Lamoureux de Lacour mourut-il cette an- A r eu x . née, ou se retira-t-il à Felletin? Sil mourut, il ne fut point enterré à Gioux, car les actes nen font nulle mention.

li avait été curé de Gioux pendant vingt-neuf ans.

29 novembre 1749. Acte de baptême dun en- fant naturel duMascrépaux.Cest le premier quon trouve dans la paroisse depuis le commence- ment des registres quon possède.

M. Lamoureux a été curé de Gioux depuis 1748 jusquen 177e.. La tradition en parle comme dun prédicateur remarquable. Il aurait été vicaire de Beaumont. Jai devant moi les registres de la confrérie des Pénitents blancs de Notre-Dame de Sainte-Espérance, et je vois que, vicaire de Beaumont de Felletin, M. Lamoureux a prêché souvent dans la chapelle de Sainte-Espérance, notamment en 1734, 34, 35 et 36. Les actes des registres de Gioux, depuis 1749 jusquen 4774, sont tous écrits de la main de M. Lamoureux, mais sans ordrè, sans propreté. Avait-il des vicaires? Cest ce quil est difficile à savoir. A son décès, nous verrons un M. de la Porte signer comme vicaire de Gioux.

- -

Années. Curés.

1771 Lamou- Dans tous les actes de 1749 à 1771, il ny a Tee rien de remarquable et qui vaille la peine dêtre

cité. t On y parle cependant quelquefois de la lhmille de Sarrazin, de Ronteix. Dans un baptême (mai 1775), marraine, D11 Claire Valérie de Sar razin de Pradinas.

8 janvier 1771, a éié enterré dans le coeur (sic) de léglise de Gioux, à onie heures du ma- tin, M e Jean Lamoureux, docteur en théologie, curé de Gioux, âgé de 66 ans, lequel curé, muni des Sacrements de lÉglise, était décédé le jour précédent au bourg; furent présents MMe, Boulanger, curé de Pigerolles;Delaporte, vicaire de Gioux; Sarciron, Barjon, Jourdain, Mergoux, bourgeois de Felletin. DESTROF, curé de Crose:

1711 Id. 12 mai 4771. Baptême de Léonarde Dupéry, av fil. du Mas. Parrain, M. François Dauryat, prieur de Forgeas, curé de Gionx, docteur en lUniver- sité de Toulouse; marraine, dame Léonarde Lemasson, veuve de M. Joseph de M.yomandre, écuyer.

1712 1 Id. Registres de ces deux années perdus. 1 7:73 Id. 1774 Id, (flue- titan. 1775 Id. Id. Id. 1776 Id.

17217. Cuilhon. Subrang M. Dauryat permuta avec Ni. Guilhon, curé de Chambon. - 23 -

À rinées. Cur&. Vicair

1171 Gnilhon Snbrai Le nom de M. Subrange, vicaire, paratt dans le registre de 4777 depuis le 2 avril.

1771 Id liozon. Le nom de M. Boxon, comme vicaire de Giojux, paraît depuis le 18 septembre 4777.

Les actes de janvier et février 1778 étaient mis sur la lin du registre de 1777 avec cette note de M. Guilhon Les actes ci-dessus ont été mis sur les registres de 1777 parce que les neiges excessives ont empesché de pouvoir se procurer des registres pour 4778. 1178 1179 Id. Les registres de ces années sont perdus. 1180 Il 781

1782 1 11d. 19mars 1782,:à 9 heures du soir, à la maison .curiale, est décédé et a été. inhumé le surlende- main dans le.cimetière,au pied de la croix, J.-B. Guilhou, prêtre gradué, curé de Gioux, âgé de 56 ans, en présence de MMOS Tixier, curé de Saint-Quentin, Bculanger, curé de Pigerolles, Lombardy, curé de Ta Nouaille, et plusieurs de ses parents.

1183 Depuis, 1783 jusquen 1788, tous les actes, à à lexception . de quelques-uns, sont écrits de la ,rnain.de.M. Chauviac. - 24 -

Années. Curés.

1188 Chàuvia Cette année il fut donné une mission à Gioux, daprès lacte suivant: 24 octobre 1788, a été inhumé Ambroise David, marchand de croix et de chapelets k la suite des missions. dIvoi.eu- Sologue, 54 ans, décédé an bourg.

A la fin de la mission de Gioux, on vola les vases sacrés de léglise; arrivé à la Giounne, dit la tradition, cette rivière se déborda et noya le voleur dans ses flots. On trouva les vases sacrés sur le rivage.

Août 4788. Baptême de Jean Keby,deMalval; parrain, M. Gourdy, prêtre-professeur au collège dEymontiers.

1189 Id. 1190 Id. Gaspary

1191 Id. Id. M. Chauvine, curé de Gioux, émigra cette année en société de M. labbé Gourdy, dllyver- nèresse, professeur, comme nous le voyons plus haut, au collège dEymoutiers.

1192 Ducyrix Prêtre assermenté.

À partir de janvier 4793, les actes sont faits par des agents municipaux.

Deux feuillets annexés aux registres de la paroise de !année 1 8U, indiquent les actes de baptême de Gioux faits de 4793 à 1803 par le vénérable M. Roudier, vicaire de Felletin. mnée. Curée. 1804 !ont- Avant la révolution, curé de , curé U21iCr. de Gioux en 1804, y resta jusquen 1830, année où il fut nommé curé de Gentioux.

1830 lalirou. Nommé, en 1843, curé de Saint-Armand-Jar- toudeix.

1843 Lassai- En 1851, curé de Saint-Quentin, où il est go e. mort en 4862.

1851

D

L VILLAGES DE GIOUX

LEURS ANTIQUITÉS

ACTES ET FAITS QUI LES CONCERNENT PARTICULIÈREMENT

LE BOURG DE GIOUX. (106 habitants.)

Le bourg na guère augmenté de population depuis trois cents ans, deux ou trois maisons nouvelles seulement ont été construite, les autres ayant été rebâties pour la plupart sur lemplacement des anciennes. Les pins anciennes familles du bourg, sont: Manchon, Laselxanips, dont il est question au xvit siècle; ensuite viennent Mouliéras, Dupéry, Lefaure, Gourdy, Cherninade et Michcllon. Ce bourg, placé sur une éminence, couronné de son église, est assez gracieux; il domine, de ses vingt maisons assez bien bâties, le coteau au bas duquel coule la Giounne.dé DeIéglise, isolée et à couvert dcsvents -de louest par des tilleuls Sully (1) remarquables par leur grandeur et ,leur conservation, on aperçoit à lhorizon le Puy-de-Dôme et le Mont-dOr, qui apparaissent en découpures bleues. Lancienne cure était parfaitement située, bien bâtie et bien distri- buée pour le temps, possédant un superbe jardin. Nous navons aucune

(4) Les paysans arrachent es arbres que M. de Sully, surintendant des finances sous Henri 1V, avait fait placer le long des grands chemins et près des églises. Ils appelaient cela couper un Rosny. (Mémoires de labbé de Marottes.) LIS

- 8 - donnée sur sa construction, il est de tradition quelle fut bâtie ou du moins reconstruite Sons M. Lamoureux de Lacour. Elle fut vendue dans la rvolution et ne fut pas rachetée ensuite par. la commune; malgré sa vieillesse, elle nest point tombée, elle était bâtie solidement, cétait un logement propre et spacieux. Dans ce presbytère sont morts, depuis 1680, MM. Coudert, Lamoureux et Guilbon, curés de Gioux. Elle fut tendue en 1793 comme bien natio- nal àM. Dupeyrix des Farges; il la revendit ensuite à Giatoux,.jour- nalier, pour lasommede 4,4 00 fr. Lécurie du presbytère futcédée par lui à son frère, labbé Dupeyrix, ancien curé de Gioux, qui en: fit une maison quil habita, et qui maintenant appartient à la famille Grellet.

ÉGLISE DE GIOUX.

Je nai rien trouvé sur la fondation de cette église; elle parait dater du nue siècle. La boiserie du choeura été faite en 4857, mais les dé- tails de scupiture ne sont pas finis comme dans la boiserie primitive. -. Avant la révolution, le chapitre de Moutier-Roseille, qui levait des dtmcs dans la paroisse de Gioux, ôtait obligé dentretenir le choeur de léglise. Les deux chapelles ont étébàties postérieurement, comme il est facile de le voir par les voûtes à nervures ogivales qui diffèrent de la voûte de]a nef à plein-cintre. Lon enterrait dans léglise, comme cétait lusage avant 1789, les personnes les plus considérables. On enterrait dans la chapelle de Saint- Léonard, mais je nai pas vu dacte qui lit mention dune sépulture dans la chapelle de la Sainte-Vierge. Le petit cimetière au chevet de léglise, était destiné aux fermiers de Ronteix, de Malval, du Mascré- paux et de Pradinat, qui appartenaient aux seigneurs deRonteix,

Il fut fait, en 1783, des réparations à !église; voici despièces à lap- pui. (Les réparations se montaient m 2,785 fr.) VISITE DcxtunT. - Lan 478, le 9 décembre, en vertu dordres 4e Imm

- -

M. lintendant de la généralité de Moulins, nous, Gilbert Michaux, de Grandcliamp, entrepreneur des travaux (lu roy, demeurant au Mou- tier d, nommé doffice par M. de Château-Favier, son délégué à Aubusson, sommes transporté au bourg et paroisse de Gioui, à lef- fet de procéder à la visite et réception, sil y a lieu, des outrages faits à léglise paroissiale, où étant, après que lassemblée des habitants, propriétaires, dûment avertis du jour de notre transport, a été convo- quée à la manière accoutumée, et après avoir pris communication du devis des réparations dont est question, avons procédé à la susdite visite en présence de Me Joseph Sauviat, curé, lilanchon, etc. Ayant examiné avec attention les ouvrages, les avons trouvés bien condition- nés, suivant les règles de lart, excepté ceux compris dans Je détail 1° Il sera repassé une troisième couche en huile de peinture à la porte dentrée de léglise. Il sera posé deux arraynès en fil de fer aux deux chapelles. 3b Les deux planchers de la tour commencés seront finis 4° Les trois échelles pour monter dans la tour seront fournies. 50 La chapelle de Saint-Léonard sera reblanchie en entier. 6° Le benetier, près la petite porte, sera mis en son lieu et place. 7° Tonte la partie qui concerne le vitrage na pas été exécutée. 8° Le siège du confessionnal de Saint-Léonard sera changé. 9° Le tableau représentant le baptême de N.S. aux fonts sera changé. 40° La cuvette des fonts baptismaux na pas été rétamée. 41° Les quatre verrouils, dont deux à la tour, et deux à la grande porte ne sont pas encore près. - 420 La serrure du cimetière ainsi que le verrouil sera posé. 43° Toute la peinture et dorure portée au devis sera ...... Le reste manque.

Trois cloches ornaient le clocher, deux ont été cassées dans la ré- volution. Elles étaient primitivement dans des fenêtres du pignon de la façade de léglise le clocher nayant été construit quen 1740, lentrepreneur avait été Brousse, de Crochant. - Il y a au dessus du - 30 - choeur une petite cloche de cent livres environ M. Pumas, curé de Gioux, en avait été le parrain.

Y avait-il des prêtres communalistes dans léglise de Gioux? Ceci parait probable, daprès lacte de sépulture de J. Manchon de la Pouge, et le contrat de Moulliéras des Farges, où parissait comme témoin M. Pelascoux, prêtre. J. Blanchon et Delascotn sont qualifiés de communalistes de léglise de Gloux.

Les chanoines de Moutier-Roseille et ensuite ceux di&uhussou, lorsque la prévôté dti chapitre de Moutier-Roseille fut transportée à Noire-Dame-du-Mont à Aubusson, levaient des dîmes dans 1a paroisse.

Les chanoines dè Felletin, le château de Maslaurent, le château de Ronteix et celui dÀrfeuille levaient des dîmes et avaient des rentes sur différents villages. Les curés de Gioux avaient je reste, voici quelques pièces à lappui Je chanoisue soubsigné, confesse avoir reçu de Mathieu de Rolltejx de Malleval, paroisse, de Saint-Pierre de Gio,i!x, la quantité de huit septiers seigle qui métaient dûs pour ma part, et portion, de la mon- tagne en qualité de chanoisne.

Felletein, O janvier 1662. . DBCLUYS, çhanojsne. Je consens à ce que dessus en qualité de syndic. GARREAU, syndic de Moutier-Roseille.

Jai reçu de François Rousseau la quantité de onze septiers seigle pour partie des dlmesdç la Pouge. pour 174, Aubusson, ier juin 1725., . Dz CousoRT, chanoisne

z - 31 - Je soussigné, reconnais avoir reçu de F. Rousseau et autres de la Pouge vingt septiers de blé pour la dixme de 1748; pour partie des grains que le chapitre dÂubusson doit délaisser chaque année à la cure de Gioux. -

15 décembre 1748. LANOUREUX DE Lscoun, curé de Cieux.

Je certifie que Léonard Jourdain, notre sacristain, & reçu des habi- tants de Bonneix, paroisse de Gioux, la quantité dun septier bled-seigle due annuellement de rente directe et solidaire à la communauté de Sainte-Valérie du Mouthier de Eclletin, laquelle est échue dans son cartel de la présente année 1780, dont quittance. ARTAUD, prêtre, syndic.

J! y Savait des fondations qui dataient de loin, puisquen 1693, M. Tissier, curé de Gioux, en regardait plusieurs comme douteuses.

VILLAGE DE POULNS. (A 500 mètres du bourg. • 500 habitants.)

Ce village, presque au niveau de Felletin, est un des plus chauds de la paroisse. Jusquau xvr siècle les curés de Gioux y faisaient leur demeure; une maison y porte encore le nom de maison de la cure. Ce village, Parsa température élevée par rapport au bourg, devait convenir aux curés, préférablement à Gioux plus populeux, plus exposé aux scandalesdes cabareM. Nous navons pu trouver aucune pièce remarquable sur les antiquités du village, ni sur le château des Angles qui était proche et dont voici la tradition. Le château du Maslaurent nexistait pas encore; les Angles étaient en guerre avec le château de Saint-Quentin; par des ballistes, des pierriers, des machines de guerre, le château des Angles ou de la Crolle, comme quelques-uns voudraient lappeler, fut renversé; de - dessus la montagne de la Brousse qui le domine, les partisans de Saint-Quentin,par le moen de leurs engins, le rasèrent compléteunent. Ce château était placé en face de la Giounne. Sur une petite esplanade, on voit de nos jours des amas confus de pierres qui.désignent encore des murs, les contours du château et dautres bâtiments. Plus bas que les ruines de cet ancien château coule une source dune limpidité extraordinaire, dont leau est légère comme du gaz,gaz, froide comme la glace; on lappelle Io Sourço de lés Fodds, la source des Fées. Perpendiculairement sous cette source sont des rochers dun seul bloc de cinquante pieds de hauteur, ces rochers sont remarquables par leur granit sans rainure ni interruption de continuité, lisses comme sils étaient taillés, droits M élancés; leur pied est coupé pour élargir la voie romaine. Le chemin quon appelle route de César est véritablement une voie romaine. Sous les ruines des Angles, au bas des rochers, ou voit des soutènements de cette route en pierres brutes, par assises superposées ce retraite, sans ciment, solides comme les ouvragés des Romains. La route a été ruinée, les soutènements pour la plupart se sont affaissés et ont roulé sur la proclivité du terrain jusque dans la rivière, mais se sont conservés dans deux ou trois endroits, et lon peut par ces parties juger des contours de la route. Sous les ruines des Angles, il y a un sotitènement denviron vingt-cinq pieds de long et dix-huitpieds de haut; les rochers sont coupés au bord de la route. Un autre soutènement remarquable est près du moulin du Merle.

A la fia du volume on trouvera une pièce qui a été insérée en 4864 dans le journal Les Veillées Chrétiennes, et où je ressuscite les person- nes et les choses du château des Angles, en embellissant la tradition par limagination.

Les familles les plus anciennes de Poulies, sont: Jean de Poulins, dont il est question en 4612, Legrand, Petit, Lejeune. - 33 - Voici une pièce assez curieuse sur le nom de Jean de Poulies: Me Denis Lefaure, controileur des exploits du i%Ionteil-le-Yjcomte, demandeur contre Îean de Pdlaiii, parois de Gi&ux, défendeur; Dit tour objets et iep6hés à léiicoitr dAntoine 1éraigne, habitant deèÀttè ville; â le nôhimé Jean Legrand, soi-disant Jean de Poulain, dit Legrand, habitantdudit lieu de Po ulain, pEétendus téiiioins pfliduits par le défendeur; - P Qu12 la déposition dudit Béraiûe est toute supictè; puisque pou ouvoir p&rtèi un téinoignÀge &3haid et sincère dd fait dont il sagit il faudrait être origidàire du lieu de Poulain, ou du moins y avoir demeuré un tènps considMâble, et ledit Bétaigne ayant toujours fdit sa résiddicé en cett ville, il est dins lin&Fiice de ceux dont est question, dautant mieux 4uè la plupart dèsdomicifiés sont dans cette igûoraiiie, le demandeur dvra hih se cbntenter de cés rcproèkes contré ]édit Béraigue, pUisquils sont plus que suffisants pour faire rejeter sa déposition, il ne veut point en dire davantage, et il gârde le silence pour certaines éonidérations

E à légard dé Jean Legrand,Legrand, qui à prié lé nom dè Jc$ dePdutàin, ditLegraùd, il est notoire què cest un homme fédii.t à la meùdieitê qui a été mendié et acheté par le défSideur et que è prétéuldu téiiiôin tait ce i:juon veut exiger de lui jusquà chang& de nom comme il d-fait, caril est connu quil sappelle Jean Legrand; et quil ny adans le village de Poulain dautre Jeandê Poûlaih4e le défendeur,, ldéel Si le fait qiil amis en avant était 4éritaBle, il lui aurait été facile dé lerouvèi" pû plusieurs persôhues de sdii villdge les plus solvables et dignes de foi, sans sadresser à deux seuls témoins, lun é&aujcr ét lautré un mendiant et l& dernier dii viilagé. Cette seule réfleioû iuffirait gâtis autre`re ,rchd pdiirôbeiu le "éjèt des ditég dépositions. Signé: LuFÂunE. Signifié etiIillécôpieÇ M. Att. Tixi&r, procufeur, Il may 4796.

Daprès cette pièbe, I un Legrandde Poulies voulait se faire appeler Jean de Poulinà comme sonvoisin, qui seul pouvait revendiquer ce titre.

o

40 - 34 -

Suit la réponse à cette piècé datée du 15 may 1690. Enqtieste faite aujourdhuy 45 may 1696 par devant flous soussignés à la requeste de Jean de Poulain, habitant (le Poulain, paroisse de Giens, contre M. .Lefaure, du Monteil-le-Vicomte, suivant lassigna- tion donnée aux témoins cy-après Antoine Bénigne, habitant de cette ville de Felletin, âgé de 50 ans,. témoin assigné à la requeste de Jean de Poulain par exploit de Ro- chelTort dont il nous a exhibé la copie, lequel après avoir prêté serment a dit quil fréquentait fort souvent le village de Poulain, quil y avait eù plusieurs affaires avec les habitants de Gioux, quil est à sa con- naissance pour lavoir même oui dire à M. Louis Tissier, curé de ladite paroisse, son frère, que dans ledit village il y a deux laboureurs (lui se nomment Jeande Poulain, et que lun deux est nommé. Jean de Poulain dit Legrand ;ce qui distingue leur maison et leur famille est que ledit Jean de Poulain à la requête duquel il a été assigné se nomme Jean de Poulain simple, sans surnom. Jean de Poulain, fils à Anne, habitant de Poulain, âgé de 50 ans, autre témoin assigné à la requête que dessus a déposé quil n une parfaite connaissance que dans son village il y a une maison dont le maître ?appelle Jean de Poulain dit Legrand, qui est fils dautre Jean. appelé Legrand laîné, quil a vu et conhu, et qui , est mort depuis quinze ou vingt ans; quil y aune autre maison dans le village dont le maître sappelle Jean de Poulain seulement, lequel Jean de Poulainjils à Pierre, est celui qui est emprisonné à la requête de M.. Lelaure. Jean de Poulain, , demandeur contre M. Denis Lefaure, défendeur, dit pour réponse aux faits de reproches proposés par M. Lefaur&contre les témoins dudit de Poulain, que: I. Le témoignage produit par Antoine Béraigne, lun de ses témoins est sincère et doit être reçu,quoique ledit Béraigne ne soit pas habitant de Poulain, puisquon voit ordinairement que les personnes qui ont des affaires ensemble quoique de divers endroits ne laissent pas de se connaître et savent entreux le nom de leur famille avec dautant plus de raison que léloignement qui est entre. Poulain et cette ville de Felletin nest pas fort grand, que même ledit Béraigne est presque tous les jours dans la paroisse de Gioux pour avoir quelque petit

0 -. 35 - commerce avec les paroissiens de la cure qui est desservie par son frère. 2. Quil na point dohné dargent à son second témoin pour déposer en faits calomnieux, et il est constant que le défendeur na pas bien pris garde lorsquil a avancé que ledit Legrand avait changé de nom puisque lenquête fait- voir le contraire. Cest un méchant reproche et fort inutile de dire que lon se sert dun homme qui nest pas riche pour porter taux témoignage, puisque lon ne trouvera jamais que les gens qui ne sont pas dans la fortune soient exclus de porter témoignage à la vérité, et par conséquent il y a lieu de soutenir que son enquête est dans les formes, et que foy y doit être ajoutée.

Signé: IIOCREPPORT.

Le village de Poulins payait une fondation aux curés de Saint-Filon. Jai reçu des habitans de Poulain sept cartes davoine, mesure ancienne, pour la rente de lannée mil six cents cinquante trois. GnouLorq, prestre. -

Ce village devait aussi une rente de 5 livres de bled au collége de Felletin.

N. Petit, curé de Clairavaux, avait un frère à Poulins daprès cette lettre adressée à M. Tissier, curé de Gioux Monsieur, Neust été que jay grand mal à mes mains je me fusse donné lhon- neur de vous aller voir pour vous assurer de mes respects et pour vous prier davoir la bonté, si faire se peut, de vouloir prester trois émines de bled à mon frère de Poulain, et je vous les payerai ou les feray rendre; ce serat de la façdn quil vous plairat et à votre volonté et re- quelte, espérant cette grâce de vous, agréez, sil vous plaif., que je me dise, - Monsieur, Votre très-humble et très-obéigsanj serviteur. L. Ptrrr, curé de Clairayaux. 36 La voie romaine dont nous avons parlé, vient de la commune de Crase, longe la rivière au-dessous de Poulains, passe au moulin des Farges, monte dans les bruyères au-dessus dAngioux. Allait-elle à à Limoges Ou à Tulle? Selon M. Maurice krdant, de Limoges, une voie romaine Mettait en comuniation Loges avec Augustonemetum, Ci promut en Auvergne; le chemin au-dessous de Poulain serait pro- b!emcnt un, tronçon de cette voie. A en croire dautres, cette voie juignit Clermont à TiIIe

MAISONNIÉRES. (Au nord du bourg, à 600 mètres.

Au village deMaisoenières, qui nexiste plus, vivaient au xv siècle les demoiselles de la Lune, remplies de charité, dintelligence, et exerçant mn assez grande influence dans la paroisse. Plusieurs papiers en mauvais état nous ont permis de voir quelques lignes qui parlaient de ces demoiselles; nous nous servirons aussi de ta traditipn. loçte. dans ce • que noffl, aUns dire. Le village de Maisounières placé entre le bourg et la Valette sur une petite élévation, était composé dune huitaine de maisons, granges et, autres dépendaçes .nécessaires . à,tagçiçui,ture ., On voit encore des ruines, des pans de murs, à es, carrés de jØins où croit lherbe, qui distingue cette place des environs couverts de bruyère. La solitude règne où il y a trois cents ans régnait la vie agricole.. Pauvre terre, comme les changements y arrivent! . La solitude se peuple, il est vrai, mais souvent aussi où la vie exisfait, le mouvement cesse, et les troupeaux iennent brouter lherbe au lieu où fut un vil- lage et quelquefois une ville. • Dominant les maisons dû village, une maison surmontée dune tour se mirait dans le petit ruisseau qui coulait au bas de la vallée. Les demoiselles de la Lune étaient de petite noblesse ou peut-être dune bourgeoisie ancienne, et tenajent.un certain . rang dans la paroisse, vivaient avec les familles tic Rontgix, de Malval, de Cubeyne; leur charité était profonde comme leur piété. Le village de Maisonnières prospérait à lombre de leur bienfaisance. Elles étaient deux soeurs qui navaient jamais voulu se séparer. La plus jeune, Silvane, avait trouvé souvent à se marier, mais elle navait jamais voulu quitter sa soeur qui sappelait Marguéite. Marguerite était plus pieuse, si cela sepouvait, que sa soeur; elle avait Voulu préhdre lhabit des épouses dé Jésii-Christ, mais sur le. joint de le faire, le coeur lui avait tant saigné à la veille de quitter ce village chéri, cette Saison où étaient morts ses àieùx. quelïe se jeta dans les bras de sà soeur et lui dit au milieu de ses larmesSilvane, tu as reffié pout moi tout èiigagéincnt dans 16 monde, je bd te quitterai point. - Bonne Marguerite! Nous laissons aux coeurs sensibles lintelligeiice et lappréciatin de celte amitié sainte. Depuis ce moment, une joie douce régna à Maisonniére, les mois étaient des jours; ces moissons qui remplissaientle vallon ces prai- ries que traversait le ruisseau, ces bois qui couvraient la montagne entre Maisonnières et Ilyvernèresse, les chants des bergers, et plus que cela, les pauvres à secourir, les pleurs à sécher, faisaient de la vie de ces deux demoiselles une vie de piété et de bonheur. Maismajntegant. tout est enseveli dans la terre. Dieu a enterré le castel comme sont enterrés les corps de ses mattresses dans léglise de Gioux; mais les vertus pratiquées dans cette demeure sont dans la mémoire de la postérité et récompensées par le ciel-. Un jour, une dame (le Ronteix, en reconnaissance de ce pré son mari, captif à létranger, avait- été délivré par saint Léonard, fit construire dans léglise de Gioux la chapelle consacrée à ce saint. Les demoiselles de la Lune voulurent , faiM htir, en Mde une, pàrèilie éhâ- pelle consacrée à la sainte Vierge. Un autel de pierre séleva- bientôt sou s un e voûte semblable à celle de saint Léotiard iifleTiere dôrée s fut platée; il, y a quelques années, on a trotiGé le débris dd cettd statue. Ces demoiselles de la Lune qui avaient lesteâtS dMaWôniiièiés de la Valette, dllyvernèresse, moururent et furent enterrées dans la chapelle de la sainte Vierge, par 1W Jehan de. Meallet, duré de Gioit L&villaè def%JaisotinièfS, soit paf dés niladiês épidèmi lqui ce, uii incendie, ou des raisons inconnues, disparut : de la sutfadédij sol; et e versIan 4658 il nn st pluSquetion dàns .teg ahteWdeWctjrès. - 38 -

MALVAIJ. (AI kiloiiiètre du bourg.—i1 habitants.)

Ce village anciennement appartenait à deux familles de RonteÏx et - Ilourjade. Feuille trouvée dans les papiers de la famille de Ronteix Le xx septembre 16142; mon frère Annet est allé à Paris, y a demoré jusquau xx6 may 4650, quil es désédé de se monde à lautre. Le bon Dieu aye sa povre aine. Le jour de Notre-Dame de mars 1654, mon frère Jehan es désédé de se monde à lautre; le bon Dieu aye sa povre ame. Le xx inay, ma fille Marye es désèdé de se monde klantre. Le hou - bon Dieu aye sa povre ame. Ce mémorial des pertes dune famille a quelque chose de pieusement tùuchant.

Le x6j may 4638-fut reçu par W Mouliéras, le contrat de mariag entre Jean Martellan dIlyvernèresse et Marie de Ronteix de Malval, au bourg de Gioux, en la maison de Jean Lefaure, en présence. de jo Jean Duinas, curé de Gioux, •M Jean Blanchon, prétre, dHyver- nèresse, Pierre de Ronteix, curé de , et François de Ronteix, (le Malval.

Une lettre de Marie de Ronteix t son oncle, curé de Sermur, en 4649 La bénédiction de Jésus à mon cher oncle. Je reçus avec bien de la joie votre lettre datée du mois daoust, depuis nous avons échappé une grande misère, notre bon père a failli mourir, mais la divine Pro-. vidence la retiré des portes de la mort pour notre consolation e bonheur. Remerciez bien Jésus pour nous, vos prières seront meilleures que les nostres. La misère (lu temps est grande, ce nest pas que je veuille, me plaindre, car la Providence ne nous donne que ce que nous, méri- tons; je bénis Dieu en tout. Bien de nouveau dans la famille, je vous dirai que le neveu Martel- L- .-

--39 - lan est en diffèran avec M. notre Curet; voilà trois ans passés quil est collecteur porte-bource; un jour comme il tirait ses comptes, quelques- uns de la paroisse allèrent se plaindre; M- le Curet ayant reçu la plainte, va chercher Martellan qui était devant léglise pour lever ses deniers, M. le Curet le prend à la cravate, le neveu le repousse sans le battre, lui voulut remettre la bburce; M. le Curet la refusé cocon- fession, lui, ayant demandé un billet, il ne veut le lui dohner..... Le reste manque. -

Malval payait des rentes à la communauté de Beaumont. - Me Biaise Hélias, premier syndic de la communauté de Beaumont, de Felletin, demandeur, contre François et Léonard de Konteix, hé- ritiers et bien tenants de Pierre dè Ronteix, conclut à ce quils payent 35 livres pour rentes. lJtus, syndic de Beaumont.

Malval payait une rente au collége de Felletin. Jai reçu des habitants de Malaveix une émine bled-seigle, mesure ancienne, quil devait au colège de Felletin. 8 octobre 1669. Rnnv, fermier du colège de Felletin.

LE MAS. (A 1 kilomètre au nord-est.-15 habitants.)

M. Lemasson, du Mas, domicilié à Felletin, possédait cette pro- priété; il y avait une maison de plaisance dont on voit encore des vestiges et quon appelait la grande maison.

Vente du domaine de Gioux par M. de Myomandre, neveu et hér tier de. M. Lewasson, en 1791. LI

- 40 - te, en un pdt quarteron de Cejien qui consistait, connu parle F1 c fonds et héritages incultes depuis longtemps, appelé autrefois le domaine de Gioux, composé de masures, danciens bàtiments, pré, pàturags, terres, moyennant 4,000 fr fut vendu , à P. Veut et Bian. chon, de Polis.

26 juillet 4792. Une affiche fut placée à la porte de léglise de Gioux annonçant que, le 30 juillet, par devant le directeur du district de Felletin, il serait procédé au bail du domaine du Mas, appartenant à M. Myomandre fils aîné, émigré.

Les plus anciennes familles de ce village, après M. Lemasson, sont Dejou, Bontemps, Dupery, Lascoux,

JE BRNND. (A k kigrètreç1,3i bourg.—

Suivant un papier terrier de 1586, ce village payait des rentes au chàteau dkrfeuille. (Voir les pièces justificatives.)

Ce village payait des dlmes aux chanoines dÀubusson. Reconnais avoir reçu dAntoine Quentin, du Bouneix, quinze bois- seaux seigle, mesure de cette ville, Qompte sur la dixme du village.

11 may 1705.

G0ÙBERT, prèvost d!Àubusson.

Une citation, en 1790, contre ce village, de la part du chapitre dÀubusson. (Voir les pièces justificatives.) Ce til1 payait. 4s rentes, a 4çEffiss Un état de ces rentes, sans date. 44 r État de ce pie chacun doit aux dames religieuses de , à rente, au village du, Bon. nc.ixi pour chacun an La veuve lie Louis Yendeoux doit ...... 45 sols. 8 .dexirs. Antoine Durand doit ...... 15 8. La veuve de Léanard Lhote doit ...... 4 8 Jean L.çnq!ç doit...... Antoine ikee.t doit ...... - .. . t. ,. 3 . g Léopard Jassoneix doit ....-...... t.... I 7 Jean Gonrdy, du Mascr4pu;, doit...... 42 6 Léonard Sily&n doit, ...... 4 4 M Rbrçi, de, Fe1l,eti doit,...... 6

Le Bonneix payait aussi une rcnte.à Fe)letiù. Je soussigné reconnais avoir reçu des habitants tenanciers et cote- nauciers duJknneix, paroisse de Gioux, un septier de bled, mesure ancienne, quils doivent de rente annuelle à la communauté ecclésias. tique du moutier, qui est échue dans mon rôle de 4785. Felletiu, 13 février 1786. CoLsoN, prêtre.

Une rente au collége de Felletin. Je soussigné, principal et rcceveur du collége de Felletin, reconnais avoir.rcça des habitants du Bonneixde rente solidaire, on boisseau de hJed . seigle, mesure ancienne, dont; quittance pour 1785. Au. culiQe de Feiletia; 22 novembre 1785. Bnmv, principal.

En 4792, une citation fut donnée pour-la rente du collége. (Pièces justificatives.)

Testament reçu par ui curé de Gioux en 4662.

Je soussigflé, quré. à» Giou11 ayant, été appeJ 1 ppuradminstrerles Sacrements à Léonarde parut, demeurant au Bonneix, layant trouvé - - en son lit malade, toutes fois en son bon sens et entendement, et après lai -avoir administré les Sacrements de Pénitence, Eucharistie et Extrême-Onction, elle ma requis vouloir prendre son testament et der- nière volonté, après sêtre munie du signe de la croix, recommandé son âme à Dieu, à la sainte Vierge, à son patron, son auge gardien, a prié les habitants du Bonneix de vouloir lui donner un tombeau de ceux du village, dautant quelle nétait native de la paroisse, ce quils lui ont accordé, et pour les frais funèbres, sen est remise à la disposition dAnne Carodé, quelle constitue pour son héritière irrévocable, suivant et conformément à la coutume de la Marche, le tout sans contrainte et - induction de personne, et veut que le présent testament révoque tous les autres testaments, codiciles, donations; - Fait au Bonneix, en présence de Léonard Lefaure, et L. Vendeoux, qui nont pas signé. - - - - L. Tissina, curé de Gioux.

.Dépenses mortuaires pour un François Vendeoux, éitees dans un inventaire dune veuve Vendeoux.

De mesme lui sera alloué la somme de quarante livres quélle aurait payés pour lenterrement de feu François Vendeoux, son mari, services dudit enterrement dans léglise paroissiale de Gioux, par le sieur Curé et prestres, quatre- services qui sont huictaine, quinzaine, quarantaine et bout de lan, --pour la bière, - pour réfection corpo- relle de la parenté et voisins qui- auraient assisté au dit enterre- ment, ainsi pie de louable et ancienne coutume; et le tout suivant la quittance quelle représente, signé de Lascoux, viquaiie, Manchon et autres, en date du 16mai 4666, cy ...... Xh. livres.

Les anciennes familles du Bonneix sont Verdcoux, Pioche, Durand Lhote. - -

Àn xvr siècle existait Al. LéSard, notaire royal au Bonneix. - 43 -

:RONTEIX. (A 700 mètres du bourg, au midi-12 habitants.)

Je nai rien trouvé de remarquable sur cc château. seigneurial. En 16,18, Granchier était seigneur de Ronteix, Gioulx et Noncetier. En 4633, de Feydeau. En 1700, le marquis de Sarrasin, qui possédait aussi les châteaux de La Roche et du Babouteix. Malval, le Mascrépaux et Pradinat, villages de la paroisse, étaient des propriétés de Renteix.

HYVETtNÈR.ESSE. (A 2 kilomètres du bourg, à lest.. 51 habitants.)

Ce village payait unerente au collège de Felletin. Reçu des habitants dflyvernères trois quartes de bled, quils devaient au colége de Felletin de lannée présente. Faict 3 nov. 4669. REBY, fermier du colége.

Une rente à la marquise de la Gorsse. Les habitants dH yvernéresse, vous paierez à M. Lemasson, la rente que vous me debvez, jusquà ce que je laurai remboursé de ce quil, ma donné sur la dernière rente. - Vous irez toujours moudre à mon: moulin; parce que je me suis réservé ce dri?it.

A la Corsas, 12 juin 1700. . La Marquise de Li GonssE.

Je soussigné, curé de Gioux, confesse avoir reçu des habitants dHyvernéresse, 18 séptiers de bled, mésure deFelletin, pour le dixmc 4e 4689. L. Tissiun, curé de Gioux. - -

Il y aeti à Ilyvernèresse deux prêtres de la famille Gourdy Léger Gourdy, en 1653; Léonard Gourdy, en 1788, professeur au collège dEymoutiers, et qui émigra avec M. Chauviac, curé de Gionx, en 1793. Les anciennes familles sont: Gourdy, Marteltan et Elanchôn.

VILLECROUSEIX. (42 kilomètres du bourg, au midi. 33 habitants.)

En 4683, il est question dun F. Lombard, seigneur de Villecrouseix 25 octobre 1683.— Dans léglise de Gidux a été baptisé François, fils de Léonard Vendeoux et de Léonarde Lecouturier, de Villectoiiscix, lequel naquit byer; le parrain F. Lombard, seigneur de Villecrouscix, bourgeois dAubusson, la marraine Silvane Lecouturier. JouRnÀxN, vicaire de Gioux:

Un testament Le 26 août 4687, je soussigné, curé deGioux, appelé pour adrni - nistrer les sacrements à Math. le Couturier, où étant, après lui avoir adruinistréles Saceementsde Pénitence, Eucharistie et Extrême-Onction, il ma requis vouloir lui recevoir son tètament et dernière volonté, et après avoir fait le signe dè la croix; recommandé son âme i Dieu, a dit vouloir estre enterré dns le tombeau dss ancêtres, et pour lé frais funèbres; il sen est mis à la volonté et dévotion de Fraseoise Lecouturier, quil constitue héritière dé tous ses biens meubles et immeubles quil peut avoir dans la maison de ses père etmère; lequel a déclaré estre sa derniêrei volonté, sans contraincte, suggestion ni impulsion quelconque, et révoque tous testamens, coddicillcs, et veut que le prèsant soit sa dernière volonté, et veut quil ait son effet en la meilleure forme, suivant et conformément k la coutume de la Mùche. En-présence dHenry Blànehon et dÀndHeù Bardalot, qui! nont pas signé.

L. TI5SIER, curé de Gioux. 45 -

ANGJATJX. (A 8 kiiom. du bourg, au midi-47 habitants.)

Ce village sécrivait anciennement Ânzioux ses anciennes familles étaient Louis, Courcellas.

Un soldat de milice Les collècteurs de Œioux ont remontré que lès hâbitants ont reMsé dé nommer un so!dafde milice; nous, commissaire subdélégué, avons nomma doffice René Piaron, dbmeurah( à Anziuux.

Aubussou, 23 janvier 1691. DELÀ Piounr

(4 6. kilo in. :du .bourg, au.midï.-94 habitant&)

Les anciennes familles de ce village sont Miguet, Redon, Gounny. - -

Renouvellement de la ferme du Seigloux (commanderie de Feniers) en 4772. Ce..jour4hui,,2L:décembrer 4-7I72;apr.ésmid».pardevant;Je-!notajre royal de la sénéchaussée de la Marche et dbiLimousin;et.commissair iomm&pour,le renouvellement duterrier- de laicommanderie de Fe- niers;soussigné. présents, les témoins:bas-nommés; .furent: présents -efr leurs: personnes. Jean Louis. possédant les, biens de4euiJeaùiBard.y Barih...Tatoux-; 1L, Crose, Françoise Levacher; •veuve , dekonaid.P4s richon, Michelle Dumas, veuve de L. Reynaud,;F,.Btaton possédant les biens de Jean Miguet Jean, Môùly, possédaifll lès biens L de J. Brousse, Mich. Gounny, tous-dèI-iétatdelbonreurs, habitants et teancierg du village de Gradeix, paroisse de Gioux en Marche. Lesquels, de leur - gré et libres volontés, conjointement et solidai- - 46 - rement, tant pour eux que pour les autres tenanciers et cotenanciers du village dici absents, auxquels ils ont promis faire agréer ces pré- sentes, si besoin est, Ont reconnu et déclaré tenir, porter et posséder à la suite de leurs auteurs, de Marie-Louis-Alexandre de Létrange, chevalier de lordre de Saint-Jean de .Jérusalem, commandeur de Feniers, demeurant or- dinairement au château de Masniac o& il y paroisse, dici absent,! mais M. J. Lami, son procureur doffice, pour lui présent, habitant du bourg de Villefert, stipulant et pour lui acceptant savoir est ledit vil- lae du Gradeix en toute directe féodalité et justice haute, moyenne et basse, ensemble le Puy appelé du Seigloux; ledit village composé de maisons, granges, estables, airiaux, jardins, chenevières, denviron quarantejournaux de prés, quarante septérées de terres chaudes, et den tout trois cent septerées de pachers, champs froids. Le Puy du Seigloux se confronte ès-village de Méalet, Le Rieux, Habas, Chissac,. Gradeix, et ledit village de Gradeix se confronte aux villages de Cru- chant et de la Clidelle, moyennant cinq sous tournois, vingt septiers bled, avoine quatre septiers, vinade, cinq paires de boeufs, cinq gellines; quand ils porterdnt le bled, ledit seigneur doit leur donner du pain pour leur dtner.

LES FARGES. (A 4 kilom. du bourg, du sud-ouest. 117 habitants.)

Ce village était dabord trS-petit; il ny avait que deux maisons, la famille Moulliéras et Levacher. Assis dans une plaine fertile et chaude, il est maintenant composé de vingt-cinq maisons. Sest-il augmenté de lancien village des Trois- Fonts, la-t-il absorbé, ou sans cet accroissement, ce village a-t-il prospéré à cause de la fertilité du terrain et de la salubrité tempérée de lair? Ceci est difficile à savoir. Un contrat dè mariage en 1663 donne quelques renseignements sur ce village: (Voir aux pièces justificatives.) - 47 -

LES TROIS-FONTS.

Ce village, aetuellemint détruit, était situé entre les Farges et le château de Cuheyne. Actes qui concernent ce village Lan de grâce 1682, 49 janvier, a été baptizé dans lesglize de Gioulx par moy vicaire soubsigné, Martial, fils de Léger Vacher et Française Thouny. Le parraina esté Martial Vacher, la marraine,Ânne Thouny, du village, des Trois-Fans, présente paroisse. MTnIvET, pbt, vicaire susdit.

Lan de grâce 4682 , mariage de Pierre Masnyac et Louise Courcellâs; 1111e de défunt Courcellas et Claudie Noudy, du village des Trois-Fons, paroisse de Gioulx; témoins, Antoine Leclerc et Léonard Carbonnet, de Clairavaux; Jean Noudsr et Pierre Giron, habitant des Trois-Fans. MÂTnIvET, vicaire de Gioulx.

Le château de Cubeyne était placé sur Le bord du ruisseau qui con- fine au territoire de Pigrolles; on voit encore nue petite élévation formée de pierres et de briques, débris de cette ancienne habitation; on trouvera à la fin du volume une petite composition où je fais re- vivre la légende et la tradition de cc vieux ehàteau.

MATJGENOUEIX. (4 8 kilom. du bourg, au midi. 44 habitants.) Les anciennes familles de ce village sont Louis, Cotton, Gourgaud.

CRUCHÂNT. (A 6 kilom. du bourg, au sud-ouest. 80 habitants.)

Les anciennes familles sont 2. Brousse, Relias, D.elaporte, marchand tailleur, Tatou.•

-

THEFFOIJX. (A 2 kilom. du bourg, au sud,-46 habitants.)

Anciennement Theffol. Ss anciennes familles: Rousseau, Giron..

CIUSSAC. (A 2 ki1o. du outg, ii ùd.-7 hiftt.)

Ses anciennes familles sont Levacher, Giron, Paiiche, marchand tailleur. . . . .

t 1 LA, (jJLTII$ELL

La:,Clidellâ a été rïun9é atïillage de Chissac, ce qui ne [orme plus aujourdhui quun seul et même village sous le nom de Chissac. Anciennes familles Périchou, Hélias, Canard. -r .. .

•-.rg.,l uu.JtI • I., ., .1 LE MAZET. (A 2 kilôm. du bourg,, ausud-est[ 46 habitants.)

Les ftèIb Ss âfiil d dk illâgb tôtii Ï€ti1; doliturier, Mealieton. En 4683, un -Léonard Meallcton,,décéda à 108 -ans. Lacte est écrit par M. Jotirdain, vicaire de Gioux.

Les anciennes familles sont Legrand, Durand. t& iIlg pt&it des dfi frMMkiirMVV 6 novembre 1710. Fiacre Legrand, vous donnerez àM: le dUrd& - 49 -

Eeanmont, à Felletin, trois septiers cinq quartons, mesure de la ville, que vous me restez sur le dixme de Meallet, dont je me tiendrai quitte en me portant le présent billet. Au Mas-Laurciit. La Marquise de Li Gonssn.

Fonds de lordre de Malt/je (langue dAuvergne), commanderie de IPeniers le village de Meallet, tenancier du Seiqioux, en la paroisse! de Geaulx.

Personnellement estably, vénérable personne, M0 Léonard de Mealet, preshtre, paroisse de Geaulx, diocèze de Limoges, lequel de son gré et voulonté, tant pour luy que pour ses aultres et consorts a recognu et confessé, tenir, pourter et procéder en tout droiet de directe sei- gneurie, féodalité et justice, droict de vestir et investir de 1W noble Charles de Chaslus, chevalier de Saint Jehan de Jérusalem, commun- den de Feniers, absent; M. Jehan Giry, presbtre, son procureur, illic présent, et acceptant, à savoir : tenir le ténement de Seigloux, en partie avec les habitants de Gradeys et de la Clidelle, moyennant argent, sept sous; seigle un .septier; avoyne deux septiers, le tout mesure de Felletin; gelline une. Paict à Feniers, en présence de M. Léonard Loys et Gonuot, presbtre dudit Feniers, tesmoigats. Le 28 juincg, lan 1556. Rot, notaire royal.

LE MASCRÉPAUTX.. (A 2 kilom. du bourg, à louest. 61 habitants.)

Anciennes familles Plègellate, Gourdy. Ce village payait des rentes au collége de Felletin, daprès un reçu de dix septiers de bled en 1722, de M. Magnados, prêtre régent au, collège de Felletin.

4 - 50 -

PRADINAT. (A 2 kilom. de Sioux, au nord-ouest. 32 habitants.)

Anciennes familles Pinand, Rousseau et Plègellate, menuisier. En 4755, une demoiselle Sarrasin portait le HOffi de ce village Demoiselle Claire-Valérie de Sarrazin de Pradinat.

LA VALETTE. (A 2 kilom. du bourg, au nord. 40 habitants.)

Anciennes familles Vareilles, Lavergne. Ce village sest agrandi dune grande partie de Maisounières.

LASCAUX. (A 2 kilom. du bourg, au nord-ouest. 70 habitants.)

Anciennes familles Laubard, Petit. Il y avait une chapelle entre Lascaux et La Pouige.

LA PODGE. (A 2 kilom. du bôurg, au nord. 45 habitants.)

Anciennes familles Rousseau, Blanchon, Malaure. Au xvir, siècle, deux familles de ce village sadonnaient à la tapisserie. - 51 -

UN ANCIEN CUBÉ DE (HOUX

LÉGLISE 13E GIOTJLX

QuOvons-novs prétendu feint eu eonstr"ieaut dea Leu, pIeu au Dieu lu ciel? Cest pour rarucuer lhomme A la Divinité, et ranim e r aL relu ni aissance (Saint Am&roise.)

Dans la haute Marche, sur- Iasuper6cie dune montagne qui regarde les crêtes bleues du Puy-de-Dôme et du Cantal, existe un bourg du nom de Gioux, quon écrivait anciennement Gioulx. Ce bourg aux pre- mières années du xir siècle étaiteoniposé dune douzaine de maisons. Localité bien modeste, cependant elle domine les villages dalentour par la croix qui sélève sur son église; tous les hameaux qui laper- çoivent se mettent sous sa protection; ce petit bourg prend lautorité dun roi, préside à la vie, à la mort, et devient le maUre des fermes, des villages qui le cerclent à lentour. Voulez-vous entrer dans léglise, circuler autour de ce temple ageste qui nexcitera guère votre admiration, mais qui inspire la piété par sa simplicité et sa solitude ? A lentrée, un bénitier ancien offre h la main son eau bénite et salutaire. Une petite chapelle renferme une statue de la sainte Vierge, assez informe et sans art bien prononcé et bien remarquable, mais I idée quelle représente frappe le coeur, et on sagenouille devant la reine des anges et le refuge des pécheurs. Lautel où lon célèbre les mystères divins est simple, agreste comme la campagne ; des chandeliers de bois doré, une lampe argentée, sans sculpture et sans ornements; un encensoir qui repose sur les marches de lautel, voilà le sanctuaire du Dieu vivant. Une chaire — 52 — unie et sans dorure sélève au milieu du teniple, cest de ce lieu élevé que partent les instructions, les avertissements au peuple, cest de la chaire que le prêtre se communique aux âmes pour former une union intime avec elles, et les attirer à Dieu dont il est le ministre. On croirait peut-être que les paysans nont aucun amour pour la parole qui instruit, qui remue, qui entraîne; au contraire, léloquence est un don si sublime que le peuple des campagnes aime quon le fasse pleurer, quon entraîne sou esprit, et quon lélève au-dessus de lui- même. La parole de Dieu annoncée par son ministre est le plus ferme appui de la religion et de sa conversation dans les coeurs: Fides ex auditu, et Jans le plus petit temple chrétien voyez des larmes furtives se verser; les victoires remportées par léloquence dans les églises de campagne sont aussi sérieuses et importantes que celles qui sont rem- portées dans les basiliques. Il faut, il est vrai, que la parole soit adaptée au peuple, mais ceci nexclut pas la sublimité des sentiments ; on peut instruire, persuader, gagner les Ses avec la simplicité du langage et les mouvements oratoires qui naissent de la nature et.des choses dites, tout en restant dans la grandeur de la religion et le respect dû à la présence de Dieu. Nous croyons fermement que dans ces temps de foi, venaient autour de la chaire des chrétiens dociles et fervents. Il y avait deux cimetières, lun grand, un peu éloigné de léglise, et un autre moindre derrière le chevet de léglise, destiné à certains villages. Sur la façade du monument sont deux fenêtres qui renferment deux cloches. Léglise est séparée du bourg, et sélève àune certaine distance comme une sentinelle avancée.

Il LE PRESBYTÈRE

Ma maROn à in seul étage était couverte caL chuume, ce qui lui donnait un air do calme et de r et ii eilleme n t (Le Vicaire de Wakefield.)

Le presbytère nétait pas dans le bourg, il était placé à cinq cents mètres environ de léglise, dans le village de Poulins. Dans un vallon - 53 - qui descendait dans le feuillage des bois ; solitaire et pensive, cette maison de paix et de prière se recueillait dans lombre et la solitude. Lhabitation était chaude, abritée du vent du Nord; un petit jardin aux allées de buis, aux murailles blanches auxquelles étaient appuyées des ruches qui chantaient leurs chanson de travail au soleil des beaux jours, un kiosque de verdure doù lon voyait couler au bas de la montagne la limpide et coureuse rivière dela Creuse. Cétait vraiment la solitude pieuse du curé de campagne; quelques maisons de cultiva- teurs honnêtes et pacifiques composaient ce village. Pourquoi les curés de Gioulx avaient-ils quitté le bourg pour venir habiter Poùlins? Le bourg de Gioulx perché sur la montagne était plus froid t moins tranquille; cétait sans doute la raison de cette anomalie, la demeure du curé est à côté de son église. Le hou M. Gallard, curé de Gioulx, passait sa vie prier, à couver- t i r ses paroissiens et à lire des livres pieux et théologiques. Les appartements sont peu nombreux, il y en n assez pour prier et écouter les prières des pauvres. Voilà le bureau de M. Gallard, où la plupart du temps sa plume écrit des choses saintes et touchantes pour la conversion des pécheurs, et où quelquefois, franchissant les choses de la terre, de la vie réelle, sou imhginatiou sélance dans la vision du bonheur ilti ciel. Ses livres sont rangés sur leurs tablettes, cest avec eux quil con- verse dans les loisirs de son ministère amis sincères et discrets, morts g chéris qui linstruisez en le divertissant parfois. Pères de lÉ lise, prédi- cateurs, ascétiques, po3tcs mArne etlittérateurs, bonne bibliothèque; un seul regret laccable, cest de ne pouvoir laugmenter. Oh! largent quon dissipe en orgies, en débauches, en luxe effréné et immoral, comme il lemploierait volontiers à acquérir les trésors de lesprit, le testament des pensées des hommes les plus illustres! Ses livres lui paraissent peu nombreux: Là est la table où il reçoitquelques confrères, quelques paroissiens, qui viennent animer et réjouir sa solitude; elle est frugale et modeste, mais le coeur y préside et fait une fête de ces agapes sans fast. La est le foyer où les longues soirées dhiver se passent dans des causeries douces et chrétiennes quand la neige tombe à gros flocons, que le feOEpêtllle dans lâtre, la gatté sélève comme la flamme dans l compagie des pères de famille qui vieinent jouir de la cpnversation - - de. leur pasteur. Oh! bon coin de feu, le voyageur fatigué le pauvre, le voisin malheureux viennent sasseoir à ta douce chaleur; celui qui y préside est le ministre dun Dieu de paix et de charité. Le rossignol chautedans un buisson du jardin, allons lécouter. Dans cette campagne, point de bruit ; cette heure du soir, tout est calme; seul, le chantre ailé du printemps élève ses accents harmonieux; il chante à la verdure, à la rivière qui coule, à la lune qui fait paraltre son disque pâle et mélancolique, à Dieu son créateur. Chante, notre artiste ailé: la musique ne fait point retentir le salon du prêtre, cest un luxe trop cher pour lui, mais il vient técouter, ce prêtre, dans les silencieuses heures de la nuit, et son coeur excité par tes mélodieux chants sélève jusquau trône de Dieu.

•v:rsi•IE DE LA PAROISSE

lis pasteur fidûle sapplique k CDII tait re sou trou - peau, jaloux quil est de le conduire dans ira ,oie, de In justice ni de Ilquité. (Saint Crégofre de Na:iessse.)

Allons visiter cette paroisse froide et abrupte de Gioulx, suivons les pas du bon curé Gallard. Il y avait une vingtaine de villages disséminés dans le périmètre de la paroisse, composés de petites maisons propres, construites en granit du pays, taillé finement, ce qui donnait un air de confort et même de richesse k ces habitations. La bruyèrè odorante et fleurie dans la hello saison remplissait lespace dun village à lautre; quand on avait fran- chi des labdes assez sauvages, on arrivait dans loasis du hameau; là des terres cultivées, des prairies, des pâturages, quelques bosquets contentaient loeil et émouvaient le coeur à laspect de cette nature simplé et naive. Le paysage était ravissant, en un certain sens, dans ces montagnes: un horizon heurté, des élévations rocailleuses taillées coinS par la main de lhomme, des arbres fleuris remplissent lair de lits - parfums; les frênes au beau et vert feuillage, les chêhes aux feuilles déntelées, le hêtre touffu, étaient remplis doiseaux bavards, qui tantôt voltigeaient sur les branchés, tantôt descendaient chanter sur le bord des ruisseaux aux eaux courantes et claires comme du cristal de roche. La paroisse était, pour ainsi dire, divisée en deux zones de climat les villages de la plaine, qui sétendaient vers la ville et semblaient fuir lùpreté du froid de la montagne; les villages du haut, qui mon- taient dans les nues, cherchaient la pureté de lair, et sinstallaient sur des élévations pittoresques; la Giounne, comme un ruban bleu, partageait la paroisse, la montagne et la plaine. Sur les hauteurs étaient les villages de Thiflol, le Nazet, Méallet, aux terres fertiles, aux prairies verdoyantes et aux bosquets nom- breux; Gradins, Cruchamp, Mojonoucix, Auzioux, plus sauvages et moins boisés, qui depuis la Toussaint jusquen mai portent le deuil de la nature une nappe de froide neige. On apercevait les tours du château de Cubeyne, et les Trois-Fonts, qui paraissaient regarder le castel et le saluer comme de bons serviteurs quils étaient, Les Farges, au-dessous, cachaient leurs deux maisons sous le feuillage. On aper- cevait non loin de là Ronteix etMalleval. Au bas de la paroiSe se dessinaient en couleurs plus vives, dans tin terrain plus clair et plus fertile, les divers hameaux ou villages le J3onneix, Mascrépaux, Maisonnières, Pradinas, la Valette, Lascoux, la Pouge, Hyvernèress et le Mas. Tout riait, tout chantait. Les habitants de ces hameaux jouissaient, pour la plupart, dune modeste aisance; la concorde et lunion ser- raient les liens de cette tranquille société. A la campagne, tout est paisible les champs, les bois, lhorizon, tout cela parte, sanime, tait rêver et réjouit le coeur; alors lhomme chante et envoie à cette nature lexpression de son bonheur e chansons rustiques et prolongées. Le curé était chez lui dans ces maisons de village. La bonhomie, la naïveté de ces âmes le remplissaient dune douce joie; il voyait avec plaisir Inquiétude de ces bonnes gens. Ces hommes, il est vrai, pas- saient la vie en se laissant aller à la paix et à linsouciance, mais le curé sanctifiait cette paix et la consacrait par la pratique sincère de la religion. Il y avait bien, dans ces sentiments naïfs et pacifiques des paysans,. - i6 légoïsme et la finesse. Le paysan est tin, il ne se livre quaprès de longs délais, il craint toujours dêtre trompé; accoutumé à vivre de peu, surtout dans ces temps anciens, si on lui retirait une partie de ses biens, que deviendrait-il? Cette finesse est un sentiment de pré-t caution que lui donne le sens intime. Le paysan est égoïste, il ne sat- tache à rien quà ses terres: ces champs, ces prés sont sa vie, son bonheur; test lit son royaume, ses boeufs sont ses laboureurs chéris, les oiseaux même lui appartiennent et semblent faire partie de sa pro- priété; il adore de loeil, vénère de la main sa récolte, ses arbres; quand il regarde son domaine étendu sous les rayons du soleil, il se sent heureux. Quest léclat de lor, les tendresses du coeur en compa- raison de ce coin de terre qui lui appartient? On se fait un plaisir de montrer le bétail, les champs à labbé Gal- lard. Tout ce peuple était satisfait quand le curé donnait des signes dapprobation et de plaisir ; le pasteur gagnait la confiance de ces Aimes quand il vantait la tenue des champs, sémerveillait de ce luxe de prairies, de bois, et de hi richesse des viliages. Ce bon curé donnait des avis, des conseils pieux qui entraient dans les âmes au moyen de la confiance quil excitait. Dans lintervalle dun village à lautre, il sarrêtait au murmure du ruisseau, au chant diversifié du peuple des oiseaux; sur un siége de de mousse, il lisait les prières liturgiques de son bréviaire qui glori- fiaient la splendeur de la nature qui lentourait (Vous avez visité, mon Dieu, la terre dIsraël; vous lavez enivrée • de votre rosée, vous lavez comblée de toutes sortes de biens. Le fleuve qui arrose la terre du peuple de Dieu a été rempli deaux abondantes; vous avez , fait produire à cette terre la nourriture des •habitants; enivrez-la toujours par des irrigations bienfaisantes, fer- tilisez ses germes, elle se réjouira de la rosée qui la rend féconde. • Les champs seront remplis par labondance de toutes sortes de fruits. Les pâturages seront engraissés, les collines se revêtiront dallégresse; les béliers, chargés de riches toisons, seront envi- ( rounés dune multitude de brebis; les vallons produiront une grande abondance de froment, ils élèveront la voix et chanteront lhymne de vos louanges. t Eau et rosée, bénissez le Seigneur; tous esprits de pieu, bénissez le Seigneur. Lumière et ombres, foudres et nuages, bénissez - 57 - • le Seigneur. Que la terre bénisse le Seigneur, quelle le loue et leialte dans tous les siècles. Montagnes et collines, bénissez le Sel- t gneur. Prêtres du Seigneur, bénissez-le. Vous tous, serviteurs du t Seigneur, bénissez-le. Cette promenade, cette visite du curé de campagne était une vérita- ble idylle en action.

M IV

UNE FAMILLE SAUVÉE

Je pleure, mes Frères, je pleure avec vous.

(Saint Cyprien.)

M. Gallard, visitant quelques-uns de ses villages, rencontra un usurier de 1?clletin qui prêtait avec aménité, mais népargnait pas les malheureux débiteurs qui étaient en retard. Les soi-disant banquiers du peuple, prêteurs détat, portent la douceur sur leur figure, mais, dans lâme, ils nont aucune charité pour leur prochain; sangsues inexorables, ils réduisent sans remords à la mendicité les pauvres gens, et tout en suivant en apparence tes droits stricts de ta justice, ruinent ceux qui, par incurie ou nécessité, laissent accumuler les intérêts, et qui sont obligés de livrer leurs terres à défaut de payement. M. Lebon, la joie au coeur, la gaîté sur le visage, comme un homme à qui rien ne manque, qui na aucune préoccupation pour les affaires ou la santé de personne, ne vit point le curé avec plaisir : légoïsme craint la charité chrétienne, le coeur dur séloigne du coeur affec- tueux. - 14. Lebon, ne çenez-vous point de chez ce malheureux père Maury? - Jen viens, en effet, monsieur le curé; cest pénible pour moi, mais je suis obligé de le forcer au payement; je lai averti avant que la saisie se fasse - Vous aurez pitié de lui, vraiment? - 58 -

- M. le curé, les temps sont mauvais, jai besoin de veiller k ce quon me paye; il faut que je vive. — \r005 vivez.., mais le père Maury ?... — Il a sa femme alitée, ses deux enfants en bas-âge, mais je nen suis pas la cause. — Il travaille avec courage; donnez-lui du temps. — Ah! ils mont touché, mais quy faiFe? — Du temps, des remises... - Cest bon à dire, mais je ne veux rien perdre. - Âme dure et sans sentiments chrétiens! Mais il fuit, ne mécoute pas; homme de boue, matière, insensibi- lité! Si je pouvais venir en aide à cette famille? Ma bourse est à sec; peut-être trouverons-nous quelque moyen... réfléchissons... Que le ramage de ces oiseaux est agréable; asseyons-nous dans ce bocage, peut-être une idée nous viendra. Voyons, irai-je chez le père Maury? Si M. Lebon est dur, faut-il que je le devienne? Ne puis-je pleurer avec eux pour les consoler? Allons... il ne sera pas dit que jaurai fui la maison de ce malheureux. Ainsi parlait M. Gallard. Poursavoir la désolation dun débiteur de campagne poursuivi ri- goureusement, il faut Connattre le peu de ressources que fournissent les champs en pareille situation. La terre donne la nourriture, les troupeaux lhabillement au labourent, mais largent est fort rare; dans -lés villes, le commerce a des bonheurs, des chances, des gains mat- tendus; on trouve à sexonérer si lon est dans une position gênée; niais à lacampagne, toutes ces facilités manquent, les coeurs des voi- sins sont durs et égoïstes, ils ne veulent point exposer le peu dargent quils ont pouf secourir un ami la pauvreté rend méticuleux et sans générosité; les ressources dun petit domaine ne suffisent quaux lue- soins ordinaires, Ø ne peuvent suffiredans les cas extraordinaires; Là maison était dans les larmes, car on savait que le créancier im- pitoyable ne les ménagerait point. Les enfants cherchaient à consoler ic père; la mère sanglotait. Quand le curé entra dans cette chaumière de La Pouge, ce fut comme un rayon de soleil; les yeux des enfants mouillés de larmes se séchèrent, la mère arrêta ses sanglots. Le pèle Maury était tapissier, quelques familles de ce village de La Ponge et des villages environnants vivaient de cette industrie;, et les marchand - 59 - de la ville de Felletin leur fournissaient de louvrage; dans ces temps éloignés de nous, cette branche de commerce avait une grande impur- lance dans la ville voisine: Le pauvre curé fut sincèrement affligé à la vuede cette joie. Je le savais bien, pensa-t-il, que je les consolerais, mais que cette joie va leur être cruelle dans un moment! Sa figure se rembrunit, et lallé- gresse de la chaumière le remplissait de regret. il parla affectueuse- ment à cette famille désolée, samusa du babil des enfants, sinforma avec intérêt de la position de la malade, cl reculait le pus longtemps quil pouvait le moment de communiquer son insuffisance à les secourir. P jeta les yeux au ciel comme pour se plaindre de sa détresse, et ses regards sarrêtèrent sur un tableau qui le frappa; les rayons du soleil du soir jetaient un doux éclat sur ce tableau peint à lhuile; le regar- dant de plus près, lui qui était connaisseur, vit que cétaitun tableau de prix. - Doù vient ce tableau? - 0e nos ancêtres. u y a bien longtemps quil est dans la maison. Le curé le fait essuyer et lexamine avec soin. Le bâron des Angles passait en ce moment au village, il est informé de la présence de labbé Gallard, il vient le saluer, considère le tableau et en offre mille francs. - Joie de la famille, ravissement du curé, qui remercie le ciel de ce bonheur. Le curé, an milieu du tumulte et des transports de joie, regagne son presbytère. Que la soirée est belle, que la nature est riante! Labbé Gallard a ramené la joie chez les pauvres. Quel est le plus heureux en ce moment de M. Lebon, de Sardanapale, de Midas, on du bon énré?

D -60-

V j

ENTRETIEN DU CURÉ AVEC LUI-MÊME

Remptisex votre ministUe. (saine Faut à Ti,not/i., oh. 9.)

Le curé de Gioulx se rendait compte de ce quil faisait et de ce quil devait faire pour opérer le bien- Nous allons transcrire ses notes, et nous verrons sa religion sans faste, mais sincère et profônde. Pourquoi Dieu ma-t-il mis à la tête de cette paroisse? Cest pour sauver des âmes rachetées de son sang. Je suis le lieutenant de Dieu, lauxiliaire du ciel; ces mots en disent assez pour me convaincre • de limportance de ma mission. Que ferais-je? • Il me faut le secours de Dieu, il faut prier. Le courtisan regarde t comme un grand bonheur de pouvoir visiter son prince, dé lui parler; le prêtre peut, quand il lui platt, parler à son Dieu. « Comme la lampe allumée perpétuellement devant lautel, je voudrais t être sans cesse en adoration devant Jésus; mais cela nétant pas possible, je me tiendrai toujours en union intime avec lui le matin, t le saint sacrifice me remplira de joie; il me semblera voir comme saint Jean Chrysostome, les anges mentourer et adorer avec moi la Sainte-Eucharistie. Dans te cours de la journée, lirai visiter mon t Dieu, et lorsque le jour finira, je penserai avec délices au sacrifice du lendemain; tous les moments de la journée seront ainsi remplis • ou par la possession, ou par lattente de mon divin Jésus. « Cet amour de Dieu me donnera la charité, pour mou prochain. t Quelque amertume dont mon coeur soit abreuvé en voyant tes scan- • dales, je détesterai le péché, mais jaimerai le pécheur. Dans mes t aumônes, ma bienveillance, ma Patience, je veux montrer que je suis t le père de ma paroisse. • Quand je recevrai à la confession tes pauvres âmes, que ma dou- t ceurles console, que je nelesrebute jamais par lapparence de lennui, - 61 -

e du dégoût, de a sévérité ou de laigreur. Je me représenterai comme étant lhomme de Dieu pour laver en son nom les fautes des • hommes; mon âme se remplira de joie quand je verrai une âme • revenir à Dieu, me rappelant cette belle parole de lÉvangile : i Il y aura au ciel plus de joie pour un pécheur converti que pour quatre- vingt-dix-neuf justes qui auront persévéré. Est-ce que même je ne rendrais pas quelques services matériels mes paroissiens? Je ne serai pas riche, mais sils ont besoin dun « morceau de pain, je le partagerai avec eux. Jaimerai à prêcher; pauvres âmes que je nourrirai de ma parole! e Je veux faire cette parole la plus simple possible, condenser dans t des mots naturels et faciles k comprendre les beautés de la religion, je ferai cette parole tendre comme celle dun père k ses enfants. Mon e Dieu, purifiez mes lèvres comme celtes du prophète Isaïe, et que découlent delles des fleuves de charité, de paix et de grâce, qui t attirent k moi les! coeurs de mes paroissiens, pour vous les donner t ensuite ces coeurs, ô mon Dieu, ces pauvres âmes Lavenir mapparatt sous des couleurs riantes;! je veux faire de e cette paroisse un petit royaume, où tous les coeurs seront à Dieu, et • où je me reposerai dans la paix. Bonne solitude, bonne campagne, je vous aime, je vous salue de la main, et mon coeur vous t embrasse,

VI

LE CHÂTEAU DES ANGLES

Heureux le ]abonreur qui est satisfait de sa for" Lune: lui seul jouit de tous les trésors de la sature. (Oesener.)

Le château des Angles, dans la paroisse de GlouIx, était placé près du village de Poulins, sur léminence qui surplombait la voie romaine qui conduisait de Clermont à Limoges. Cette route, datant de deux mille, ans, offre encore aux regards des curieux des assises énormes de pierres brutes et sans ciment qui soutiennent le terrain. Comme un - 62 - serpent qui étend ses anneaux au soleil dans une plaine solitaire, la voie romaine longeait la rivière et la suivait dans son cours jusquau dessous du village dAnzioiix, doù elle montait sur les hauteurs pour joindre Limoges. Des tours élevées dominaient la vallée, des meurtrières nombreuses annoncaient le château fortifié; mais en ce moment il était en paix; plus tard, les hobereaux du voisinage le renverseront dans leur jalouse fureur. M.Gallard allait rendre visite à M. le baron des Angles, il était parti de Pou]ins à cette heure du jour où notre âme sélève si facilement et si pieusement vers Dieu : cétait au lever du jour, laurore paraissait sur le sommet du Mazet, une fratcheur agréable se répandait dans la vallée, des soupirs imperceptibles du. vent agitaient les feuilles des arbres, les oiseaux se réveillaient en secouant leurs ailes et regardaient du haut de leur nid la face riante du matin; mais le soleil séleva bientôt comme le roi de la nature; ce soleil, image de celui qui la créé, répand ses rayons bienfaisants sur toute la nature, les oiseaux célèbrent ce nouveau jour. Labbé Gallard rencontra le père Latin, qui était fermier des pro- priétés du Mas et dune partie de Loulins, qui appartena kent au baron; il labourait déjà une terre qui nétait pas éloignée des Angles. - Monsieur le curé, vous allez rencontrer M. le baron, déjà à son travail de peinture. - Cest une belle occupation, père Lalin. - Je ne puis vous contredire, monsieur le curé, dautant plus que jaime beaucoup M. le baron et sa famille, M. le chevalier et damoi- selle Claudie. M. le baron a mis mon fils au collège, cest bien de la bonté de sa part. Ceci ne ma point fait plaisir dabord; nous sommes une famille de laboureurs depuis un temps bien ancien, nous sommes fermiers du château depuis cinq générations. Je voulais que Jules suivit létat de ses pères; il est vrai que son frère Paul est un bon compa- gnon qui ne laissera pas les champs sans culture, mais Jules a un si bon coeur, il est si intelligent, sesyeux sont doux comme ceux de sa pauvre mère. - - Jules se fait grand. Le voyez-vous souvent? - Jules aura dix-huit ans à la Saint-.Michel, mon bon .monsieur. Je le vois souvent aux vacances, mais M. le baron le fait étudier et la- - 63 - mène avec lui dans ses promenades, nous ne le voyons donc pas aussi souvent que nous le voudrions; il est en ce moulent au château. Mais si je ne le vois pas toujours, je chante en labourant, et il mentend. M. le baron a de bonnes intentions pour mon fils, mais il me semble que quand on quitte létat de ses pères, cela porte malheur. Je crains quil ne soit pas heureux avec son éducation; jai tant vu dans les envi- ions du château de beaux messieurs et de belles madames se promener si tristement, être si maigres et si désolés! Tenez, jai peur que cela narrive à Jules. - Il ne faut pas avoir dinquiétude, père Lalin; M. le baron aime vo tre [ils, il lui procurera une position avantageuse et ne labandonnera vas. - Je sais quil ne labandonnera pas, mais sera-t-il aussi heureux que nous? Nos jours sécoulent sans inquiétude et si agréablement. Voyez le matin, on se réyeille au point du jour, tout sanime à la terme et dans les métairies, notre bétail se réjouit de la renaissance du jour, les oiseaux viennent se poser et chanter sur les arbres qui entourent notre maison. Quand nous avons labouré, nous rentrons à la ferme; vous noyez que nous sommes fatigués, oh! non; lhabitude, monsieur labbé, !habi bde I Nous dtnons du lait de nos troupeaux, du miel de nos ruches, de ce pain que nous avons fait produire à la terre, dun morceau du porcque nous avons engraissé, des fruits des arbres quont plantés nos aïeux. Si vous connaissiez les plaisirs du travail de la campagne pendant la belle saison, et le bonheur du repos pendant lhiver pour le laboureur? Mon pauvre Jules sera-t-il aussi heureux que nous? Labbé Gallard quitta ce bon laboureur, en étant presque de son avis. Lindustrie, les lettres ont quelque chose dhonorifique et de res- pectable dans une société, mais lagriculteur nest-il pas plus heureux que les savants et ies industriel5? Sans pensées qui lenhalnent et le tourmentent, il passe la vie sans compter les jours, et il sourit à la mort quand elle arrive, car son âme est en paix.

n VII

VISITE AU BARON DES ANGLES

Le prêtre doit être comme Melebisedeck, san père et sans mère, cest-à-dire quon ne doit pas chercher en lui la noblease do sang, mais léclat don moeurs et lexcellence des vertus. Saint ,Ambroise.)

• Le baron des Angles était un homme denviron quarante-cinq ans, à la figure franche; ouverte, un peu pâle. Il habitait avec sou fils le che- valier, qui aimait les armes, et sa fille Claudie, quil initiait aux arts et aux lettres. Cétait tin peintre de talent, un antiquaire. Les Angles étaient le séjour béni de la poésie et du travail. Parcou- rant les salles, labbé Gallard voyait que tout semblait attendre la palette ou la plume un guerrier inachevé demandait quon lui finit son armure, un saint souhaitait son auréole, un minaret turc exigeait un dernier coup de pinceau, pendant que des antiquités amoncelées vou- laient être mises en ordre. Tout cela rêvait au milieu du silence. La peinture a quelque chose de divin, cest la reproduction de la nature, ou plutôt cest la nature idéale, perfectionnée:; il faut le génie poétique, rêveur, une flamme céleste pour peindre. Mâis que le peintre doit être satisfait quand ses yeux voient la réalisation sur la toile dune vision intérieure, que la pensée sest figée et va être admirée de la postérité. Il 1 a quelque chose de touchant, de sublime, dans le plaisir dun artiste devant son oeuvre. On dîna an château. La plume et le pinceau furent déposés par le baron; il était homme du monde et sacrifiait un jour à ses amis et aux devoirs de la société. Labbé Gallard, qui ôtait poète, un peu peintre, passa une journée agréable dans cet unisson de deux esprits qui quittent le réalisme de cc mauvais monde et senfoncent dans les visions extatiques et bienheu- reuses des arts et des lettres. - 65 -

Une intimité sainte et cordiale liait ces deux hommes; il ny a que la religion, et ensuite les arts et les sciences, pour lier dciii amis les intérêts du monde séparent plutôt quils nunissent, mais les lettres sont une milice sainte indépendante, et tous les soldats doivent saimer comme des frères. Mais déjà venait la nuit; lahbéGallard partit, Jules laccompagna. Rien de plus naïf, de plus ouvert à toutes les bonnes et poétiques inspi- rations que làine de Jules Une physionomie attachante avec deux grands veux qui parlaient; une tenue modeste et une pureté qui écla- tait dans toute sa personne, le rendaient intéressant. - Mon enfant, lui dit le prêtre, vous voilà avancé dans vos études, vous avez traversé les campagnes arides des premières connaissances, et vous êtes arrivé dans ledomaine des lettres. - Monsieur le curé, je viens de finir ma rhétorique au collège de Felletin, et je vais étudier la philosophie; il me semble quactuellement je ne commence quà vivre, et que les nouvelles pensées qui moccupent sont la seule satisfaction et le bonheur de la vie: .---Jules, il faut préciser les lettres agrandissent lhomme etlélè- vent à Dieu, mais il faut les consacrer au ciel. Hélas I souvent on abuse de ces sciences, de ces belles-lettres, on ne les consacre quà la satis- faction de lesprit, des sens, et alors elles pervertissent le coeur. Vous le savez, une véritable science doit amener à Dieu. - Monsieur le curé, tout en jouissant des lettres, je veux les consa- crer à Dieu. - VOUS ne regrettez doncpoint la vie des champs? - Non, tout cela est monotone. Cest un grand plaisir, sans doute, derrer dans la campagne, de penser, de lire; niais cette rumeur, ces occupations agricoles mennuient, et môtent la poésie de la vie pasto- rale. Non pas que je méprise mon père et ma famille, mais je naime point leur état. Jaime léducation que ma fait donner le bon baron, je lui suis reconnaissant davoir élevé mon esprit à des pensées plus hautes, et de mavoir introduit dans un inonde nouveau qui men- chante. - Létat efflésiaslique vous fait-il peûr? • - Non, mes voeux seraient dy parvenir. Nais Dieu ne veut point tic; coeurs qui ne se donnent quaux let- tres, cest un Dieu jaloux. s

- 66 - Aussi tout en aimant les lettres, jaimerais Dieu et le ferais servir. Ii nie semble que le presbytère doit être le réceptacle de la science; que si la plume ailleurs nécrivait pas pour Dieu et pour la conservation des traditions de lesprit ce devrait être dans la maison curiale. Je rêve souvent, jai tort peut-être, que je suis dans une calme habitation comme la vôtre, que jécris, que je peins avec bonheur. Quimporte le monde quand on est dans un paisible presbytère de cam- pagne avec lamour des lettres? Et cela en aimant Dieu et le priant. - Oh! mou enfant, à votre Lège jétais dans les mêmes sentiments. Entrez dans le sacerdoce, je suivrai vos pas avec intérêt. Le bonheur nest ni dans les richesses, ni dans la gloire et les plaisirs, mais Dieu seul, mon enfant, Dieu seul rend le coeur gai comme une fête conti attelle. Les lettres nous occupent agréablement quand nous les em- ployons pour notre salut et celui des autres. Que Dieu vous conserve dans ces sentiments, et je le prierai quil fasse de vous un saint et digne prêtre. LAngclus sonnait. Venait par le feuillage des arbres cette voix plaintive de la cloche du soir: cette cloche, dit Le Dante, qui pleure le jour qui meurt. Labbé Gallard regagna en priant son humble presbytère.

Lqli

BONHEUR DUN TROUPEAU ET DUN PASTEUR

voyez eom.,e ils Calment. Ils nont quun père qui et Dieu ils ne forment tous quon Catir. (Tertuliien.)

Suivons ce sentier escarpè, escaladons cette montagne la plus haute de la paroisse de Gioulx : les voilà ces villages qui sétalent au soleil comme des seigneurs- enrichis; la blancheur des maisons tranche parmi les feuillages, des pfairics comme des tapis verts sétendent le long des ruisseaux, des arbres de diverses espèces lèvent leurs bran- ches comme des arcs de triomphe, les terres sont couvertes de riches moissons. Entendez-vous les mugissements joyeux des troupeaux qui

u - - dansent sur lherbe fleurie? Heureux habitants, la terre leur fournit le Pain, les moutons leur donnent lhabillement, les génisses leur lait, les volailles leur chair; cest pour eux que coule le ruisseau, que les oiseaux chantent. Lesprit des habitants, éclairé par leur pasteur, consacre tout k Dieu; les moeurs sont innocentes et pures; le vol nest pas connu, la charité règne; le ciel éclaire une campagne vraiment chrétienne. Le pasteur Galiard jouit de la confiance de ses paroissiens, il par- tage leur bonheur. Si des familles viennent à éprouver des malheurs, sa main leur donne discrètement pour les aider dans leur détresse. Où prend le curé ce quil donne? Dans son économie et son peu de be- soins; il nexige jamais avec rigueur ce quon nomme casuel. Quand des orphelins perdent leur père, quun père perd ses enfants, son coeur ne lui permet point de leur faire payer ses prières ; il pleure avec eux et les console ; mais aussi dans les jours de prospérité des familles, il reçoit des témoignages précieux de leur amour: les primeurs, le gibier, les fruits sont apportés au pasteur comme un gage daffection. Le curé était bien heureux il est si bon et si consolant de faire du bien aux hommes! Au milieu de son troupeau, il jouissait dune paix fortunée; tel c&petit ruisseau de la vallée qui sécoule paisiblement et semble sendormir sur son lit de sable. La messe, loraison loccu- paient pieusement; son bréviaire remplissait son esprit et son coeur dun plaisir toujours nouveau. bréviaire renferme les psaumes de David, lhistoire des saints, les plus beaux passages de lécriture sainte; il y a chaque jour un office différent qui intéresse; toutchange comme les jours que Dieu nous donne. Ces prières liturgiques remplissent lâme de paix, damour de Dieu. Les dimanches, dès le matin, tout était en rumeur. On savance; vieillards, hommes mùrs, femmes, jeunes gens, tous viennent assister au saint sacrifice : voyez au loin cc ruban de paysans endimanchés, ce jour est plus beau que les autres, le soleil est plus radieux, il y a une vertu secrète dans lair qui rend lesprit content; la petite église se remplit, les cérémonies commencent, le curé intéresse ses parois- siens par un discours pieux et à leur portée, et tous à la On de loffice viennent saluer leur venéré pasteur.

C s

- OS -

Heureux prêtre, heureuse paroisse! il règne sur ces lieux un air de tète; la la paix, lunion, la charité occupent les âmes: Labbé Gallard lève souvent les mains vers le ciel et dit Mon Dieu, rendez ce peuple plus pieux et plus heureux encore, et quun jour nous soyons tous réunis auprès de vous!

lx

CONCLUSION

Ceci nest pas un roman , cest une tradition que nous avoua présentée simplemeût et sans prétentions. Le bonheur dun curé de campagne qui aime sa paroisse et en est aimé a quelque chose de pas- toral et de fortuné; le récit quon en fait ressemble k une invention de lesprit. Ce poétipie bonheur a vraiment existé dans cette paroisse de Gioux au temps précité; plusieurs siècles après, ce pays en avait re- tenu une piété et un respect peu ordinaires pour les choses reli- gieuses; mais vint la révolution, les habitants devinrent émigrahts, perdirent confiance aux pasteurs, séloignèrent des Sacrements, et de nbtre temps le bonheur dune paroisse pieuse sous M. Gallard nest quune légende oubliée et qui ne se reproduira plus. Tout finit sur la terre dix ans dune pareille félicité, et le bon curé Gallard mourut et laissa ses paroissiens dans une désolation facile à comprendre. Tous pleurèrent le départ dune si belle âme; le corps du curé est là dans sa bière, ses mains jointes semblent donner une der- nière bénédiction à son peuple. On linhuma dans le choeur de léglise de Gioux, au milieu des regrets t des sanglots. Labbé Jules Latin, son disciple, lui succéda.

PIN —w

69

LE CHÂTEAU DE CIJBEYNE

LU FRÈRE ET LA SOEUR

La soeur veillait au eoin di, berrean, e, pour ooler le flourriiSen, employait ce parler qui fuit la premièr, joie des pères et de, mères. (Le i)aate.

- Mon cher chevalier, je connais la bonté de votre coeur, mais je gémis de vous voir une vie dénuée dactes chrétiens. - Vous exagérez, chère Silvane parce que je ne prie pas comme vous, il vous semble que je suis perdu; je chasse,-il est vrai, je visite la sorcière des Trois-Fonts; suis-je damné pour cela? - Pourquoi passer votre vie dans une pareille légèreté? Nous avons une âme à sauver, nous avons des pleurs à verser sur les malheurs de notre famille: nos frères sont morts, hélas! en défendant en vain le château des Angles. Nous sommes, orphelins. - Que feraient notre désolation et nos pleurs, pourquoi nous en- tretenir du passé et de ses malheurs? Qui sait dailleurs si notre oncle Alexandre de Cubeyne narrivera pas bientôt de la Terre sainte? - Les espérances trompent souvent le coeur de lhomme; il ne faut point sy confier; niais soyez sérieux, occupez-vous utilement: notre existence sur la terre ne doit point passer sans faire quelque bien, y laisser quelques traces de vertu et de talents. Cétait dans une salle du château de Cubeyne quavait lieu cette conversation. Deux petites tours à chaque extrémité du corps de logis, une terrasse, un jardin ombragé, un étang, voilà laspeôt du castel. Placé dans un pa ys froid et sauvage, ce château- sètublait triste et - 70 - réveur; le ruisseau qui coulait au bas de ses murailles augmentait cette rêverie par son murmure. Les chevaliers de Cubeyne, deux jeunes gens despérance, avaient été tués à la défense des Angles; leur sainte mère, Marie de Ronteix, était morte depuis longtemps; Alexandre de Cubeyne, privé de la famille, était parti, il y avait plusieurs années, avec les croisés pour la Terre sainte. Restée seule avec son jeune frère le chevalier Robert, Silvane de Cubeyne avait jeté son espérance et ses pensées comme une ancredans les profondeurs de la foi chrétienne;, pieuse et tendre, elle avait élevé son frère comme si elle avait été sa mère. Elle avait vingt-cinq ans; les fleurs de la première jeunesse, cette fratche rosée du jeune âge,> navaient pas encore disparu de sa figure. La tenue du château, lamitié quelle portait à son frère, loccu- paient agréablement, et le soir, quand la lampe du salon apparaissait au dehors comme létoile de Vesper, elle jouissait du plaisir de con- versei avec ce frère chéri. 4 Oh! amitié, tu trouves en Loi-même ta récompense et ton bonheur, tu vis de ton dévouement, et cest une grâce du ciel que cette porc et sainte affection.

M

LES ALENTOURS DE OUBEYNE

Il fan t vivre loin ,, fracas de la s ifle, il f.it, t ciste au sein donc campagne solitaire, également à labri do lenvie et do la cêlèbrilé. - (Ges:ner.)

Dans un rayon assez restreint, il y avait quelques castels campa gnards où vivaient des familles qui nétaient pas très-illustres, mais dont le sort était préférable à celui de puissants châtelains. Ces nobles, retirés dans leurs domaines, jouissaient de la paix; les oiseaux chan- taieut pour eux, pour eux la terre se couvrait de moissons magnifi- ques; des troupeaux gras et superbes remplissaient les riches étables; aucune nouvelle politique ne Tes occupait. Que leur importaient les rois, les croisés, Jérusalem! Cétait toujours le même soleil, les mêmes blés chaque année, tous les jours étaient joyeux; on les passait soit aux champs, soit auprès du foyer resplendissant dV lumière et de cha- leur. Ces nobles ôtaient-ils méprisables? Non. Cétaient les nobles de la nature. Le château de Jtonteix ôtait peu éloigné, il se reposait dans une vallée chaude et boisée. Plus loin le petit castel de Maisonllièresdomi- nait le village de ce nom. Là demeuraient deux saintes filles, qui pas- saient dans la charité et la piété une innocente vie. Dune médiocre, mais suffisante fortune, elles trouvaient dans leur économie et leur coeur des ressources pour habiller et nourrir les pauvres. Elles étaient entourées destime et daffection. À quelques pas de Cubeyne, en suivant le cours du ruisseau, on trouvait le village des Trois-Fonts, composé dhabitants simples et honnêtes, où demeurait la sorcière Mirande, que lon redoutait fort. Le bourg de Gioux, à une demi-lieue environ du castel, montrait sut la hauteur ses quinze maisons blanches, et son église perchée comme on nid sur le sommet de la montagne. On voyait avec amertume, un peu plus bas que Poulins,.les débris du château des Angles; il y avait bien peu de temps quil avait ôté dé- truit, les pierres en étaient encore fumantes k linstigation du chà- teali de Saint-Quentin, le Babouteix et Arfeuille étaient tombés sur notre castel, et dans une jalouse fureur lavaient renversé toute la famille des Angles avait disparu. La famille de Cuheyne datait de loin; elle avait donné lejour à des hommes remarquables déglise ou dépée; les armoiries étaient : une tour (largent sur fond dazur. Dans un pays froid, aux hivers rigoureux, dans ces bruyères per- dues et solitaires, on avait souvent projeté le changement dhabitation, mais ces désirs avaient toujours été éludés; on tient à son rocher, on tient à sa montagne, plus le lieu de naissance est laid et sauvage, plus on taime. Qui sen moquera? Ce ne sera pas moi, car jy vois une idée respectable et la main de la Providence divine. -72-

N .111

LÀ SORCIÈRE DES TRÔISFONTS ri Le,dêrno s p réditen t aven r les chones quils doivent ezéenter en-mAin,,, et ,iss&uL sur ljmai- nation les mortels. (Saint Asicliitin.)

Le village des Trois-Fonts, compbssi de cinq à six maisons, était posé dans le feuillage, au bas de la montagne, près du ruisseau. Les habitants Noudy. Thounny, Courcel]as, Vacher, étaient gens honnêtes et paiihles. La maison de la sorcière avait devant sa petite Taçade un médiocre jardin tout rempli de fleurs, un tilleul la couvrait entière- ment, et ce nétait qué lorsquon avait dépassé son ombre quon voyait la propreté et une espère délégance qui rêgnait dans cette mai- sonnette. Les retraites des sorcières, daprès le préjugé vulgaire, doivent être sombres, taciturnes, dans le désordre et la malpropreté; sans doute cette sorcière ne ressemblait pas aux autres, cétait une anomalie en son genre Une termine de quatre-vingt à quatre-vingt-dix ans, assez gracieuse pour son Age, dont les yeux spirituels lançaient des éclairs de feu et dintelligence; un habillement suivant le pays, mais propre et décent; des cheveux blancs le long de ses tempes, voilà notre sorcière Mirande, ou dans le patois du pays Io Mirondo. - - • Traçons lhistoire de sa vie et des circonstances qui lavaient rendue sorcière. Dans sa jeunesse, elle avait été fille de chambre chez t de .Saint Julien, seigneur de Saint-Antoine, qui habitait la ville de Felletin; Mi- rande, son nom de baptême sétait perdu dans la mémoire deses con- citoyens, on ne sait pas même si- ce nom tic Mirande nétait pas un sobriquet, un nom qui avait remplacé celui de sa famille, Mi- rande donc était native des Trois-Fonts, elle avait été en condi- tion chez le noble M. de Saint-Julien, dans cette ville de Felletin, qui - 73 - par les guerres, les pestes n depuis perdu la plus grande partie de sa population, ses plus beaux monuments, ses plus belles rues; ses rem- parts sont détruits, ses fossés comblés. Jl y a un demi-siècle quon voyait encore quelques tours de distance en distance, quelques portes de ville, tuais quest cela en comparaison de sa grandeur passée? Dans la jeunesse de Mirande, la ville navait perdu quune partie de sa grandeur;. son séjour était agréable, ce nétait pas la monta. gus, et ce nétait pas encore la plaine monotone et ennuyeuse; posée sur le penchant des, coUines, elle regardait couler la Creuse, et rece- vait sur elle les balsamiques parfums qui deséendaient des hau- teurs. Mirande avait de la propension pour les sciences, aimait la lecture. Une demoiselle de Saint-Julien, savante et spirituelle, litiitiait k toutes les bellés connaissances de lhistoire, et à un commencement même de philosophie. Lesprit de Mirande dépassa bientôt tout ce que savait sa maltresse. Les esprits des paysans sont ainsi faits, quand ils veulent devenir savants, ils.ont une ténacité et une persistapce que nont pas ceux des villes, légers et volages. Lesprit choisi et intelligent tIc Mirande fit donc des progrès rapides, et quand elle allait dans les châteaux qui appartenaient à la noble fa- mille, dans la rêverie de la campagne, elle repassait en elle ce quelle savait et y ajoutait de nouveaux corollaires. Elle en vint jusquà prévoir la marche des événements et leur issue. Tout marche sur la terre par les lois de la logique, tout arrive inva- riablement de la Sine manière en laissant toute liberté aux actions des. hommes, ou plutôt parce que- ces actions sont libres, on prévoit lavenir. Comme la conséquence dun sllngisme, la lin de ehaqueévé- nement, à peu dexception près, soffre aux yeux exercés. A force de raisonner, notre Mirande ayant devant les yeux les prin- cipes des actions des hommes, et connaissant le coeur humain, voyait comme dans un miroir la fin de la fortune de cette maison, lélévation de telle autre. Croyez-vous que le démon sache lavenir dune- autre manière?.jl connaît les actions des hommes, les voit marcher en avant avecieurs résultats, et comme depuis le commencement du monde il sest tant expérimenté dans cette vue, il arrive fréquemment à dana- logiques décisions, prévisions qui ne sont guère trompées. Dailleurs, les prétendus sorciers font parler, demandent, et souvent lhomme quiqui veut savoir votre destinée la dénonce lui-même par ses paroles et la tendance de ses passions quil dévoile sans le savoir à lâme humaine, passionnée et active, jette comme des reflets de ses pensées et de lavenir quelles lui occasionneront, devant celui qui linterroge et qui le pousse Dès sa jeunesse, Mirande calculait, devinait, combinait et tombait dans la connaissance des résultats; le principe posé, il faut que la conséquence arrive; le principe connu et bien apprécié par un oeil exercé, amène à la connaissance de la fin. Il faut croire aussi quil y A des âmes privilégiées qui ont une lumière intérieure qui leur fait voir les temps éloignés. Elle sortit de la ville, notre prophétesse en herbe. La demoiselle qui laimait mourut; dautres circonstances, que les temps éloignés n permettent point de savoir, lobligèrent à quitter sa condition chez M. de Saint-Julien. Dun âge avancé déjà, elle se retira dans le lieu de sa naissance; ses parents étaient morts, ses contemporains aussi; elle arrivait au milieu de nouvelles figures qui la redoutaient presque, sachant quelle avait demeuré longtemps dans la ville, et quon la disait sorcière. Elle ne connaissait point ses voisins, mais cétait pour elle le même village, le lieu de naissance de ses père et mère, cétait toujours la même maison quelle rendait propre et luisante. Elle était sortie des Trois-Fonts, la Mirande, jeune et belle; elle rentrait la face ridée, les cheveux blancs, les traits déformés. La nature ressuscite, le printemps vient avec ses fleurs après lhiver, la neige part, la verdure reparaît, on dirait une nouvelle terre qui vient de naltre; il nen est pas ainsi de lhomme, il ny a plus de Médée pour rajeunir Eson, il ny a plus de retour pour la jeunesse, plus de fontaine de Jouvence, plus de rénova- tion dans la vieillesse. Son âge vénérable, sa figure spirituelle, ses paroles sentencieuses et pleines de sens, ses divinations sur les évé- nements la rendaient redoutable; on la craignait, mais personne ne laimait. Le coeur humain cependant, jusque dans la décrépitude des ans, a besoin daffection. Mirande devait souffrir sous son sourire sardonique, sous ses paroles sérieuses et calmes. Elle aimait le chevalier .Robert de Cubeyne. Peut-être devant les personnes qui la consultaient et qui la craignaient, Mirande était-elle sévère, hautaine, railleuse, mais quand - - le cher Robert, avec sa figure franche, ses paroles naïves et rieuses, venait la voir, elle devenait bonne, causait familièrement. Mirande avait une prédilection pour les nobles; elle avait servi les nobles, avait appris chez eux ce quell&savail. La maison de Saint- Julien lui payait une petite pension, elle avait connu la mère du che- valier, Marie de Ronteix.

lMI

VISITE A LA SORCIÈRE DES TROIS-FONTS

Tu ten ira, avec cette prédiction, et sil 1 n quelque erreur dans ce que je murmure, les chose, avenues te lapprendront. (Le Doute. Di v. coin,)

Le chevalier Robert, brillant comme la fleur matinale qui étale ses feuilles odorantes au soleil, porte ses pas vers la maisonnette de la sorcière; cétait un soir de septembre. Les arbres étaient encore revêtus de leur parure verdoyante, la terre nétait pas encore privée de ses agréments champêtres, si le rossignol ne chantait plus, que doiseaux divers, qui dans les haies, qui dans les arbres, qui sur la pelouse, chan- taient et riaient, insoucieux de la vie I La figure franche et sans souci du chevalier salliait parfaitement au bonheur de la nature; il allait voir la sorcière quil taquinait souvent, mais quil aimait ait du coeur. La sorcière mettait (le lordre dans sa maisonnette, relevait les fleurs penchées du jardin, grattait la terre autour delles pour leur faire lexistence plus vivace, frottait ses meubles, et mettait un certain luxe dans sa pÂuvreté. - Eh bien, vieille sempiternelle, est-ce quaujourdhui nous ne con- sultons pas le diable? Nous nous reposons. Mirande, ce beau jour nous invite au far nienie. - - Ah! monsieur le chevalier, vous voilà brillant comme une rose! - vous êtes complimenteuse, sorcière.,. - 76 -

En partant ainsi, le chevalier sétait assis sur une chaise assez propre; le vieille avait mis devant lui du miel duré, du pain blanc et savoureux. - Dites-moi quand et comment vient te diable, je voudrais le voir. Chevalier, si vous voyiez seulement la dame qui apparaît entre les Farges et lionteix, vous auriez peur. - Jespère que vous me la ferez voir, les paysans datentourcraignent de la rencontrer. - - Quand la lune étend son voile argenté sur ta bruyère, on voit une belle dame à la couronne dor; elle a un sourire enchanteur, elle chante comme les syrènes dautrefois, mais sa figure a quelque chose de diabolique. - Est-ce que vous naimez pas les choses diaboliques, sorcière? - Je vous lai dit souvent, chevalier, on prévoit lavenir par son âme, son jugement. Quelquefois je sens en moi-même une chaleur, une lumière qui mentraîne et me montre des choses inconnues au vulgaire. Cette lumière, qui me la donne? - Le diable, ma chère, le diable. Je ne comprends pas comment je puis fréquenter une sorcière et manger ainsi de son miel, qui, il Catit bien le dire, est excellent; mais dites-moi ma bonne aventure. - Chevalier, voulez-vous voir le passé avant de coonattre lavenir? - Je le connais sans doute mieux que personne, pour ce qui me regarde? —Votre enfance sest passée dans les bras de votre soeur, qui vous a élevé comme soit enfant; préoccupée de ce quelle avait promis au lit- de mort de votre mère, elle se privait de tout pour vous rendre joyeux, elle veillait pendant votre sommeil, se privait des plaisirs de son âge... - Mère Mirande; que je dois laimer cette soeur? mais parlons de lavenir... • - Lavenir, dit Mirande en sexaltant, lavenir! Lon croit quil est si facile de plonger dans cet saline sans limites et sans fin ! Et lon vous dit lavenir, dites-moi lavenir? Et quand une lumière sest . pré- .sentée à lâme, quon la jette devant vous comme un précieux reflet du soleil de Dieu, lon entend dire la sorcière. La sorcière! Comme si on voulait perdre son âme pour contenter les chétives curiosités des hommes, et coutme si lenfer était mon esclave! - 7? -

Ne vous fâchez point, vous savez que je vous estime, Mirande. Cette parole ladoucit, son animation se calma, et quelque chose de tendre et de doux se dirigea du rayon visuel de Mirande sur là figure de Robert. - Je méprise les vaines suppositions du monde, mais de vous, Robert, je ne veux jamais recevoir de dédains et de reproches... La- venir, tenez, le voilà sur vous.., je le vois dans une lumière qui est transparente à mes yeux... Des pays lointains ils viendront... Quelques mois de bonheur valent toute une vie dindifférence et de longues années passées dans la torpeur... Mais le brouillard épais et glacial sempara de la lumière... Mirande se jeta sur un siège, haletante et fatiguée.

V

BONHEUR CHAMPÊTRE

Sauge au, délices de la vie ehampétre, lus diena même osst habité no, champs; cest dans isa bol., que an plaisait le plus Adonis, la chaste ISiane .i.e lomb&e da forêts. (Pope, idylle.)

Mirande 4e remit bientôt de sa fatigue. - Lavenir sera petit-être meilleur que le présent, Mirande. En ces jours, en ces lieux de grossièreté et dignorance, qiy a-t-il datta- chant dans la vie? - Jé ne vois plus dans lavenir... mais ne dédaignez point le pré- sent; il Ç a dès choses qui ont leur avantage et leur poésie; voulez-. vous, chevalier, que je vous décrive le bonheur des bergers de Gioulx? Sa figure prit une teinte de calme et de félicité. Elle parla ainsi • La rivière la Creuse, quon appelle ici la Giotinne, tiravcçe la paroisse dans toute sa longueur; joyeuse, limpide, elle court parmi les rochers et le sable ; le long de chaque rive, une plaine 4de cent mètres environ, fait un vallon agréable et frais, des frênes ombragent le cours: de la rivière; on peut pécher, se promener, flans ces prairies naturelles qui appartiennent en commun aux villages environnants. Cest tin nouveau Lignon qui coule ici; la paix et la joie font leur séjour dans cette vallée. Hélas! les moeurs innocentes et pures se cor- rompront quelque jour; mais visitez le vallon, chevalier, et le bonheur des bergers vous frappera.. - Dès le matin, les bergers descendent dans la vallée, les troupeaux conduits par les chiens ouvrent la marche, la musique champêtre fait retentir les échos : le flageolet, la trompe sonore, la musette criai-de, se font entendre. Le soleil lance déjà ses rayons sur les frênes et dore la rivière, les oiseaux mêlent leurs concerts aux chants des bergers. Dans les pktu- rages, communs, les bergers et bergères se réunissent, on raconte des histoires, on pêche, on fait des paniers et des houlettes. Le rire trais des jeunes filles porte la joie jusque sur la montagne; ces esprits campagnards souvrent devant la paix et la placidité de-la vallée. t On se réunit en cercle pour les repas, chacun y apporte son plat, son mets, cest un repas en comm\Yn somme celui des Spartiates. Les oiseaux font la musique, lherbe verte de la prairie sert de nappe, la boisson est fournie par le limpide ruisseau; les gardes sont les chiens qui surveillent à lentour; la fouie qui regarde, cc sont les moutons et les boeufs environnants. Cest un festin royal, cest la table des palais, mais festin de linnocence, palais de la nature. Je vais visiter quelquefois ces bergers: lon nie craint ici dans ma cabane, où lon croit que jinvoque le démon; mais sous loeil du soleil, sous la votte du ciel, dans cette vallée joyeuse, lon ne me craint plus: lon est heiîreux, et la défiance hest point dans le bonheur. Jai àppris à ces lergeis des chants piSx; mystères de la religion, pratiques con- cernant lagriculture, tout est en chants. Si vous les entendiez chanter, vous jurerie qhe cc sont de savants agriculteurs que lenthousiasme fait parler en rous; lun déniaùde à son voisin quiqui est de lautre cté de la rivière des conseils pour élever les agneaux, et lautre lui ré- pond par des vers qui, sils ne sont pas poétiques, prennent une teinte agréable par la cadence et le chant. Là, vous entendriez clianïer sur lé rocher q&i sêlève u milieu de là vallée le récit de la mort de Dieu. Tout semble attentif àcette voix; oieaux, vent, troupeaux, tout se - 79 - tait. La nature écoute en silence le récit des douteurs de son auteur. Quelquefois même une chanson chaste réjouit les oreilles. t Pastorale eu action le long de cette rivière, que vous êtes émou- vante et joyeuse! les vents se taisent dans ce lieu fortuné, la neige ny séjourne pas; cest un climat privilégié par rapport à celui de la montagne; il semble que Dieu ait voulu donner cette vallée pour dé- dommager les habitants de leur rigoureux climat, et pour que leurs moeurs sadoucissent un peu. La ville est assez loin; bergers et bergères, restez dans votre sim- plicité, et vous serez heureux. - Mère Mirande, vous mintéressez étonnamment. Moi qui ai fait mes études au savant collège de FeiJetin, je ne ferais pas mieux une description. - lis ont élevé, continua la Mirande, une petite esplanade de terre, fermée au nord par un rideau de chênes, frênes et noisetiers; nous jouons la comédie sur ce théâtre champêtre. - Cette campagne est donc un Eden véritable? - Chevalier, vous occupez-vous de ce bonheur simple du peuple? Vous passez lesprit distrait dans le vallon, et les bergers ne divulguent point leur bonheur devant vous; Vers le rocher du Renard, dans le tuf, ils ont creusé une caverne de 25 pieds de profondeur. Tout autour sont des sièges en pierres; une source qui suinte des flancs de la montagne traverse en ruisseau lim- pide le milieu de la caverne, Tout le sol est garni d gazon odorant. Quil fait bon sy reposer pendant les chaleurs de lété! Là retentissent les chansons pendant que la pluie , tombe à torrents, - s oiseux même viennent y chercher un abri, les moutons, en bêlant: y suivent leur bergère, et les chiens, en frémissant, y entrent couverts de pluie. . Mais le soleil se couche, la fraîcheur du soir tombé des montagnes, chacun monte dans son village. Les ménagères ont préparé le souper, Fangelus sonne, et la voix grave de la cloche du soir porte dans- les âmes lémotion et la piété. Les hautbois, les musettes, les flûtes, tput chante; on dirait que cest la fête du Dieu Pan ou de quelque Faune, ou plutôt cest la prière du soir et la reconnaissance de bergers heu- reux qui montent vers le Dieu véritable. - 80 - - i\lirandc! Mirande I sécria le chevalier, en jetant son chapeau aux solives de la maisonnette, jirai visiter les hergers de la vallée de la Giounne.

VI

LES REGRETS DE LAMITIÉ

- Chère Chiot, hélas tu pleures? - Et ne pleures-Cia pas toi-même, Mirtil? la son- viero-tu de lavoir vue, notre mère, comme avant le none quitter elle pressa nos moins dans les siennes, e. découronne de nans ses yeux baignés de laSsa,? (Gess,ser, idylle.)

Quelques jours après la conversation du ehvaIier aved la sorcÇère, le château de Cubeyne était plongé dansles dmbrs dusoir. Cétait une soirée de novembre, où la nuit tombé de lonie heure, où le vent souffle froid et glacial déjà dans la montagne. En ce temps, lapprâehe de lhiver se manifeste par (les signes évidents, le soleil est presque froid dans sesrayolis blafards et blancs connue ceux de la lune; les nuage.s roulent dans le ciel comme dSmontagnes grises etcouvetc,s de neige, tes oiseaux se réunissent en troupe, ou, voageurêsolitairS, attristent par leuh cris sauvages : tout attend ta froidure et la redoute dans ce pays de montagnes. Silvane et le chevalier veillaient, et, dans une conversation amicale, faisaient passer agréablcméut les heures. Ils parlaient du baron leur oncle ;ilétait parti depuis huit ans, k là suite de larrieée deSaint Louis, en 1249, cônfre le soudan dÉgypte, alors mltre de la Terre sainte-, le château; privé de sa piésence, gémissait; on croyait ne ja- mais le revoir-: ------L Silvane vdilà lhiver qi sapproche; quand son aile vient tout glàder, que a mairépand la neige et. les frimats, mon coeur est triste, je mennuie: la campagne, couverte dun mantau de glace €t de neige, ressemble à un grand deuil, une grande désolation; les plaisirs de la o

GO se chasse, de la pêche de la promenade me sont alors interdits, et, dàns notre maison solitaire, je pase des journées bien tristes. - Chevalier, ce temps alors me parait précieux, jai la consolation davoir votre société; cest pour moi Je bon temps que cet hiver dont vous me dépeignez la tristesse. La belle saison, sous ne rentrez sou- vent que le soir; je suis solitaire, et-jai souvent des inquiétudes soi- vous. Le temps le plus triste de la nature est donc pour moi le plus heureux. - - Pauvre soeur, va, je ne te quitterai plus si for, gtémps, nous pas- serons de longues heures ensemble, nous parlerons du temps passé et de notre oncle. - Chevalier, vous (lui êtes plus jeune que mai, avez-vous souvenir de lui? - Silvane, j me rappelle sa figure bienveilJante, je me rappelle le moment douloureux où le cliquetis des- armes se fit entendre, où les mots de guerre, de Sarrazins, frappèrent les échos de Cubeyne; il me semble me souvenir que vous pleuriez alors. - Oui, je pleurais. Vous étiez bien jeune, notre mère venait de mourir en nous laissant orphelins. Oh chevalier, le chagrin quelle avait de nous quitter, mon coeur est désolé en y pensant; la guerre allait nous ôter notre , père adoptif. - Racontez-moi, Sylvatie, comment notre oncle voulut Dûtis quitter. - La Terre sainte était occupée par le soudan dEgypte, les saints lieux étaient profanés par le culte de Mahomet; le pieux roi Louis IX voulut délivrer ces liex cotsacrès par la mort de Dieu; il appela aux armes la noblesse française avec ses vassaux. Vous savez lardeur des Français à obéir à leur roi et leur amour pour la gloire. Hélas! orphelins quil nous voyait, le baron résista quelque temps à ces bruits entrainants darmes et de gloire; mais bientôt il ne fut plus maître de son courage et de son ardeur, il devint solitaire et malheureux; alors je lui dis Si votre coeur ne petit contenir ce courage et cette ardeur des combats, il ne faut point souffrir en les refoulant au fond de votre âme, il faut partir; baron; jaurai soin du chevalier, comme je lai pro- mis à sa mère; votre absence ne durera pas longtemps, et quand vous reviendrez, vos lauriers seront les nôtres. - Chère nièce, me répondit-ii, je vous suis infiniment obligé de vos 6 - 82 - bonnes paroles; je ne puis, en effet, détruire eu moi cette ardeqr dêtre à la suite de mon roi; le sang de nos ancêtres bout dans mes veines et me pousse auxcombats. La noblesse française peut-elle res- ter chez elle, quand , le drapeau se lève et va conquérir la Terre sainte? Mais vous abandonner! le sais cependant que vous navez point den-i mentis aux alentours notre famille a toujours gardé la, paix avec les châteaux des environs; celui de Ronteix appartient à des gens hon- nêtes et pacifiques, qui vous aideront, si vous en avez besoin, ils me lont promis; les bons paysafis dalentour aiment notre famille. - Partez, oncle, partez, car vous seriez trop malheureux. En pleurant, il fit ses préparatifs, et partit en nous serrant dans ses bras au milieu de ses larmes. La guerre na pas été très-heureuse; le roi, victorieux à Damiette, a été infortuné au Grand-Caire; le voilà de retour depuis deuxs ans, nous sommes en 4256, et nous ne voyons point notre oncle arriver. - Pauvre soeur, notre oncle arrivera; Dieu ne nous abandonnera pas, notre sainte mère prie au ciel pour nous.

III

BONHEUR DE SLREVOTR

Je le salue, ô toi que je retoiu cran. terre ,chérie où jai reçu le jour; sois béni, sol natal, toi qui me couvriras avec une tendre sollicitude quand lirai dormir dans ]a tombe que tu me prépares

dans tan sein frais CL pur. (Klopstock.)

Lhiver est passé, la nature a reconquis son manteau de verdure.... Qui vient làbas1ans ces mofltagnes? un homme darmes accoinpgn4, dun jeune homme. Doù viennent-ils? ils regardent et cherchent à sorienter. La lunelune sest levée, elle répand sa lumière pâle sur • la bruyère qui tremble, et sur la cime des arbres rares qui apparaissent de loin en loin. Les pieds des chevaux résonnent seuls dans le silence. - Le voilà, dit le baron, en levant la main, le vois-tu? La figure des deux voyageurs sillumina de joie.—Allons! et les cour- siers réveillèrent leur ardeur, oublièrent leur fatigue, et se dirigèrent vers Cubeyne ...... Quune maison vide de nos amis fait mal au coeur I Ces iniages chéries apparaissent sous ces murs solitaires. Hélas!, que le coeur donne de peines et dinquiétudes, mais que ces pleurs sont même dé- sirables, et malheur à celui qui na personne à aimer, personne à pleur rer, nul parent, nul ami à revoir. Que de joie quand la Providence réunit.les abents! Le chevalier et Silvauc avaient perdu depuis longtemps leur père et leur mère, ils les regrettaient encore ; le coeur don père et dune mère ne sont jamais remplacés par dautres; cependant le baron, de retour, les comblait de joie, cétait là toute leur famille. le castel était heureux, tout y riait, tout y chantait; les jours né- taient pas assez longs pour-les entretiens. Abdallah lui-même (ainsi sappelait le jeune homme qui avait accompagné le baron), était re- gardé comme un frère, franchement accueilli et aimé. Unn-regard de Dieu était tombé sur ce coin de terre, et le bonheur sétait répandu comme un flot lumineux. Regard de Dieu, que tu es précieux et admi- rable! heureux les coeurs qui reçoivent ta visite, alors la terre nest Plus la même: tout est azur et or. Le baron était Agé de cinquante ans environ; blanchi par la fatigue, il avait gardé dans ses traits la franchise et la fraîcheur delajeunesse, son bonheur était grand dêtre au milieu de sa famille; il remerciait le ciel de ses bienfaits, il avait apporté des richesses de la Terre sainte, heureux de les partager avec ceux quil aime. Abdallah était un jeune liornnie de vingt-deux ans, revêtu encore du g costume sarrazin, il ne paraissait avoir que quinze ans : la fi ure im- berbe et efféminée de ce peuple de Parient ressemble à celle des fem- mes, en gardant lapparence de la jeunesse plus longtemps qù la nôtre. Il venait en pour recevoir le baptême. Les oiseaux chantent plus mélodieusement autour du castel, le nus- seau a un murmure plus doux, lazur du ciel est plus vif, cette bruyère - 84 - est plus odorante, tout respire te bonheur. Mirande elle-même chante allégrement et vient souvent au castel. Oh bonheur, bonheur! que tu changes les coeurs et la nature, que tes reflets dorés parfument et réjouissent la terre, que tes reflets doux et animés reposent les coeurs! Ce bonheur ne peut venir que de la charité et de la piété et jamais de légoïsme.

n

VIII

TIN CHÂTEAU DE LA. PALESTINE

Ceci est tait pour le plaisir de veux,, cola pour flatter les oreilles ou lodorat, os autre objet pour satisfaire le goŒt. - (Lunes .)

Uiijour, lebaron, pour faire connaître les circonstances auxquelles on devait la présence dAbdallah, fit le récit suivant Le roi Louis IX faisait réparer les murs et les tours dune ville de Palestine, nous étions une petite troupe en garnison dans cette ville. Un soir, je conduisais quelques soldats pour assurer les provisions que devait nous amener une caravane; nous nous étions arrêtés sous des sycomores ombreux et nous attendions. - Lon me conduisit une prisonnière, qui, se jetant à mes genoux, me (lit quelle, venait trouver les chrétiens; que son oncle, liman Solor, habitant la ville de Gaza qui était proche, voulait se faire chrétien, quelle me priait de venir au château, que les renseignements que je donnerais sur la religion chrétienne le convertiraient peut-être. La foi e la curiosité mordonnèrent de suivre cette messagère qui avait avec elle une petite suite, mon ami Ohallois voulut prendre part à cette aventure. - Nous arrivons sur les bords de la mer Morte, cette nappe deau stagnante, noire, pesante, livide; tout dort suit sa surface, cest le repos complet, ou plutôt la désolation et la cessation de toute vie ,0 - 85 -

cest la mer Morte, la mer maudite, ce sont les villes coupables qui sont noyées sous les eaux. Mais, par un contraste remarquable, le château de Gaza était riant comme le printemps, ses toits étaiént des promenades charmantes, les tours riaient dans leur blancheur, les jardins étaient délicieux. Cétait le soir, une lumière brillait au haut dune tour et éclairait les environs. Nous traversAmes des allées où miroitait une poussière dor et dar- gent, des fleurs parfumaient lair, les fruits des arbres étaient à côté des fleurs. On nous reçut dans un salon frais comme une caverne, une fontaine lancait ses jets glacés, des arbustes y apportaient une fraleheur déli- cieuse. Parurent devant nous des rafratchisseinenis, des sorbets, des liqueurs de lOrient. Solor, liniau, se présenta k nous cétait un homme dune cinquantaine dannées, k la barbe blanche et flottante, aux yeux vifs, au front rayonnant de génie, mais on devinait quelque chose de faux en lui, par les inflexions de sa voix et lobliquité de ses regards. - Mes amis, je bénis le ciel de vous avoir amenés suivant mes dé- sirs; votre religion me préoccupe beaucoup, Mais, cette nuit, il faut reposer vos membres fatigués; nous ne parlerons nullement de reli- gion, nous allons passer quelques heures dans les délices du festin et demain nous nous occuperons de nos affaires sérieuses, Je ne pourrais raconter toutes les espèces -de mets quil nous pré- senta poissons délicieux du Jourdain, raisins de la montagne de Pétra, gazelles du désert, oiseaux et gibiers de la plaine, vins précieux, sorbets k la couleur dor et ai goût le plus délicat. fies musiciennes remplissaient le salon de sons divins et enchanteurs, nous nous croyions transportés -dans le paradis de Mahomet. Liman nous amena ensuite dans des appartements riches et paisi- bles où nous goùtkmes les douceurs du repos.

n - 86 -

Ix

LHOMME QIJI VEUT DOMINER LA. NATURE

Ni les princes, ni les démons ne nous forceront n indurer les d jour daucune nation. (Tertuilien

Le - lendemain au lever de laurore, nous descendirnes dans ces jardins iiimenses. Le lever du jour dans ce pays de lorient nest pas le même que chez nous tout se tait, tout pense sous le ciel ; on dirait que les oiseaux, les créatures vivantes sont inertes sous ce ciel de feu. Tout dort, la moindre feuille ne remue pas. Liman nous rejoint et nous dit: Chrétiens, cest le moment où les pensées sont plus nettes, lesprit plus actif, je vais donc vous parler franchement. La nature a son maUre dans-Dieu : il faut quil y ait un Dieu, ces merveillcuses choses -t de la nature ne seraient pas saris lui. Le créateur peut varier à linfini les circonstances, le but, la [in et les nécessités de chaque vie; il peut changer et porter de lue à lautre les priviléges de chaque sphère à lui la puissance et la science la plus étendue; mais que lhomme veuille par ses travaux, ses intuitions, participer à èetteseicnce £vine, et faire en quelques créatures des changements, des transmutations, quil puisse exhiber toutes les forces vives et inconnues et en tirer un parti hardi et savant, je ny trouve aucune impiété ; la science nest point une révolte contre l1lre suprême, et quand, comte lui, on vou- drait commander aux plantes, aux arbres, à la lumière, aux animaux, à lhomme même, il ne peut sen fâcher, puisquil a donné à lesprit cette insatiable envie de savoir. Aussi, depuis depuis longues années, je mesuis appliqué àdes expé- riences scientifiques : la physique, la géologie, lastronomie, la rnani- festation provenant du sommeil léthargique, le contact avec les génies de linconnu, ont été mes occupations chéries. Jai dit à ces plantes de différents pays de sélever dans mes jardins, et elles sy sont élevées, - leurs parfums se sont réunis, je les ai changés de lune k lautre fleur, t .4

- 87 - je les ai variés, les ai mêlés, en ai formé comme, un ensemble concor- - dant. Tels, ces Sons de musique qui, isolés, ne signifient rien, et qui, réunis, forment le plus -beau concert, de même cc parfum, cette odeur de fleurs, qui, seule, est monotone, porte au -cerveau ou séchappe en fluides insensibles et imperceptibles, ces parfums de cette multi- tude de fleurs, je les ai réunis, les ai combinés ensemble, ils forment sous le ciel le plus bel ordre, la plus belle harmonie de sensations odo- rantes ; cest un concert désormais. Cette lumière quau crépuscule du soir vous avez vue lancer sa gerbe blanche et bleue au haut dune de nos tours, est aussi une de mes créations; cette lunliére sera connue plus tard, mais actuellement elle brilleéomme le phare de lascienee cf des découvertes futures. Joblige aussi les esprits de lair à venir converser avec moi; ils de sont les esclaves ma volonté... La volonté, chrétiens, est la plfls grande force mottiec de lunivers, on ne ,connatt point cette force immense; dans la suite des siècles on la connaîtra; alors cette surface - - de la terre changera, et il sopérdra des choses qui maintenant sont, cachées dans la brume de lavenir et sont regardées comme impos- sibles. Je décompose lair, le rends plus dense, ou lui donne la fluidité la plus expansive et la plus légère; avec cet air ainsi préparé je puis guérir les maladies; recomposer les viscères dans leur état normal, prolonger, la vie jusquà un terme très-éloigné. Jespère donner au goût de lhomme des plaisirs inconnus; je veux que sa vue aille jusque dans les astres; je voudrais arrêter lorage ou le former; je voudrais faire naître le froid, le chaud, le sec, lhumide. Nous écoutions stupéfaits, nous ne savions -si cétait un prêtre •de, Mahomet qui nous parlait, ou si ce nétait pas le démon, qui après avoir mis la discorde dausle ciel, fie voulait pas renverser lotdre qui régnait ici-bas et détruire louvrage de Dieu; il continua a-Lesprit dé lhomme, je le sais, est faible et ségare; il lui faut ùii nom qui le guide, lautorise, et lui donne la force sur la itiatière et 1tsêtrê organisés. Jai employé le. nom de Mahomet, celui du chef des anges ténébreùx, mais il y a le nom du Dieu tbutuisat qui, pronocé dune certaine manière, péut remuer le ciel èt la ter.r•. Ce nom du Seigneur des chrétiens peut- opérer des Øtbdiges; vous ié,,ditéz te nôrh, et lues présents voiis-sefbnt &digué. n

t..

- 88- - Le nom de notre Dieu est grand et redoutable, mais la nature ne change pas quand son nom serait prononcé par un homme. Vous êtes dans une mauvaise disposition pour apprendre notre loi, ou plutôt vous ne cherchez dans la foi que des avantages matériels. Il y eut des nienaces de la part de liman, il lions obsédait. Nous ne comprenions rien à cette idée du Sarrazin; avait-ii lu dans la cabale des Juifs la puissance quon attribuait au nom de Jéhovah, et pensait-il que le nom que les chrétiens donnaient à leur Dieu, nom inconnu et secret, avait encore plus de puissance? Inquiets et ennuyés, nous cherchions à regagner notre camp. Abdallah, dans une conférence secrète, nous avertit des mauvais des- seins quavait liman contre nous, il nous servit de guide; nous nous 4chapmes, et nous arrivâmes tous trois, dans un lieu hors de la puisssance de liman.

X

RÉCIT DAJ3DALLAII

Ilion, quelque granit quil soit, quoique sible, 1ieot néanmoins ét,e contemplé, main par le, coeurs purs et solitairti seule,i,e,t.

(Orîènue.)

Le jeune compagnon du baron prit la parole - Jétais bienheureux davoir le moyen dembrasser votre foi. Notre pauvre mère nous avait baptisés, Myrza et moi cétait ma soeur qui vous avait été chercher au camp des chrétiens. Notre mère, instruite par un chrétien de la première croisade de votre roi, nous,youlait léguer la foi chrétienne; mais elle mourut (lue nous étions enéoe dans ,une extréihe jeunesse et nous laissa orphelins; nous navions retenu de ses instructions religieuses que le nom de la vierge Marie. Nous fûmes confiés aux soins de notre oncle liman; il connaissait t

- 89 - léloignement de notre mère pour lislamisme, il chercha k nous gagner k son culte impie. Ma soeur lut infidèle au souvenir de ]afoi de notre mère, pour moi je fus inébranlable. Limau fit perdre la pureté de Mvrza pour lattirer k la religion de Mahomet; le démon nà sans doute aucune puissance sur lâme des mortels quand elle est pure dans un corps chaste. Je perdis donc ainsi ma soeur. Elle qui autrefois était si pure et si modeste, fut changée complétement. Elle ne perdit point la beauté des ;traits, mais elle fut privée de la naïveté et de la pladdité qui y régnaient. Elle nétait plus avec mois bonne, franche, comme aupara- vaut; elle devint embarrassée, triste. En perdant linnocence, on perd tout son bonheur. Jétais donc malheureux, je ne vivais quavec mes pensées; javais - horreur du culte de mon oncle, je désirais de toute mon âme de trouverquelquun qui minstruisIt pleinement de la foi chrétienne. Quand je vous vis arriver au palais de mon oncle, je fus ravi de joie; ce fut avec un transport dallégresse que je vous entendais parler; je vous accompagnais avec un bonheur ineffable; je voyais dans le lointain la terre de France où jallais devenir chrétien. Abdallah peut-être ne parla point ainsi, il était bien novice encore dans la langue française; mais cest Je sens de ses paroles, nous navons fait que traduire ses pensées. -

Xl

LJD CURÉ DE SAINT-PIERRE-DE-GIOULX Là Le but dun pasteur est de transformer Pbn,usue eu Dieu, et de l,,i procurer I éternelle félicité pont laquelle il o été créé. (Suint Grégoire de Naianec.)

M. Lalin, successeur de M. Gallard, curé de Sâint-Pierre-de- Gioulx, habitait aussi le village de Poulins; il était savant et pieux comme son prédécesseur, il recevait souvent Abdallah dans son pres- bytère, pour linstruire dans la religion chrétienne. s

- 90 -

- Mais, mon cher mattre, disait Abdallah, pourquoi Dieu ma-t-il caché ces lumières divines, cette science (le la religion sainte que je désirais depuis si longtemps? Cher enfant, les secrets dè la Providence sont impénétrables, lEsprit saint souffle où il veut. Le prêtre lui développait les mystères dit christianisme, le dogme et la morale étaient mis sous les yeux du néophyte, qui désormais regardait de plus en plus les croyances de lislamisme comme ridicules et extravagantes; il priait le Dteu bon et miséricordieux de dessiller les yeux des mahométans, et de les amener à la foi révélée. Ce village de Poulins était un oratoire doù sélançaient vers Dieu des adorations sincères et. partant du oeur, les seules que le ciel aime. Dans ce coin de terre solitaire et montagneux se préparait une âme à la vie chrétienne, tous les inondes matériels ne valent pas un coeur qui cherche Dieu. Le chemin de Cubeyne à Poulins était une promenade bien chèPe et bien douce h Abdallah; quand il vpvait ce modeste presbytère, soit coeur battait; le prêtre lui représentait Dieu, il le respectait comme sou ministre, comme il lécoutait avec respect! Dans son voyage journalier, il passait aux Trois-Fonts. Mirande lattendait, lui parlait, elle était contente de le voir. Nappartenait-il pas à une maison quelle aimait? nétait-il pas lami de Robert? Le bon curé do Gioulx, sachant que la prétention quelle avait de lire dans lavenir était un mensonge et une vanité, lui avait fait faire une renonciation à cette science dangereuse. Lorgueil, lui disait-il, est le premier péché, et si vous continuez k pratiquer cette orgueilleuse science, que deviendra votre âme? Dailleurs, continuait labbé Lalin, cette science la rendait suspecte et la faisait haïr; ou la fuyait comme une enchanteresse dangereuse; pour ce motif seul ne devait-elte pas - renoncer à ce qui lui retirait ce quil y a de consolant sur la terre lamitié et la bienveillance de ses voisins? Docile k ces charitables et pieuses paroles, elle avait laissé ses pro- phéties, elle était devenue même pieuse, elle assistait régulièrement aux offices de lÉglise. Elle priait, Dieu lui donnait des grâces et des lumières qui étaient bien plus précieuses que sa vue prophétique réelle ou prétendue. Le château de Cimbeyne était heureux: tout y respirait la vertu et - 94 -, la piété. Le baron, joyeux davoir donné une âme k Jésus-Christ, était devenu plus fervent chrétien. Il en est toujours ainsi le bon Dieu ré- compense en soi ce quon fait pour les autres. Le chevalier lui-même, ayant devant les yeuxce spectacle de piété, était arrivé à la foi pratique. Heureuse la maison où de telles dispositions régnent, cest le han- heur le plus grand sur la terre ; le coeur est joyeux dans la vertu, il tous les jours sont pour lui des jours c fête, et il voit au delà de la vie un bonheur encore plus grand.

XII

DES ANGES QUI PARLENT

Jai voulu le contempler au milieu do sa gloire ténébreuse et terrible Celui quaucune langue nie saurait exprimer...... Je me nuis approché du trône. (Klopstoek.)

Un jour que le curé de Gioul.x disait k Abdallah que Dieu naban- donne jamais celui qui veut venir k lui; à la foi, et quil enverrait pIULÔL un ange pour linstruire. e Monsieur le cure, dit Abdallah, vos pâroles sont lexpression de la vérité, et je men suis aperçu moi- même. t Jeus une vision admirable à Gaza. • Cétait presque au milieu de la nuit; assis sous un palniier, je pensais que jamais la religion de ma mère ne me serait connue, lorsque mon oreille fut frappée de, Sons mélodieux et mes yeux émer- veillés aperçurent deux anges qui parlaient non 1dm de moi sous un bosquet de sycomores. t La lumière vive dont ils étaient. environnés mempêchait de les fixer à mon aise; je suis certain cependant quils avaient des ailes dorées, une robe blanche et une ceinture bleue; une couronne de tayons lumineux leur couvrait la tète comme une auréole. - 92 -

• Je me cachai, saisi de crainte, et jentendis la conversation suivante : ( — Je me rappelle, Ô Asrail! le premier moment de mon existncc. Que les splendeurs du ciel méblouirent que la figure de Dieu était majestueuse, bonne et toujours jeunet Lui avec son sourire qui rem- put le ciel dune lumière si douce et si heureuse me dit: t Adda, viens te perdre dans me&fayons, tu sentiras le bienfait de ladoration et de lamour. Je ne puis te dire ce qui marriva : ma forme diminua, je devins léger comme une plume, je me lançai dans ces rayons si doux. Je sentais des douceurs qui changeaient à chaque instant; et me rem- plissaient dun plaisir infini du présent et de lavenir; jaurais perdu la vie si Dieu, dun regard, ne meût déposé à ses pieds... Que de bonheur dans la prière et ladoration aux pieds de Dieu Vautre nuit, il faut que je le raconte cela, ksrail, tout était si- lencieux, tout reposait. Le ciel étincelait détoiles, qui changeaient parfois de forme et déclat; lon voyait des têtes danges qui regar- daient sur laterre, etfaisaient des messages dans des mondes inconnus. Tourmenté dennui, je voulus voir Dieu et les splendeurs du ciel; je comptais sur le pardon de Dieu davoir abandonné un instant mon poste. Arrivé à mes limites, lange Eliu avança sa lance de feu et mordonna de tue retirer, puisque je ne portais point le signe de mes- sager de Dieu; mes yeux se remplirent de larmes, et ma douleur fut si vive quEliu me dit: • Adda, tu quittes la terre sans la permission de Dieu? - Je mennuie tant! - Dieu ne sera pas content. Je partis comme un éclair. Toutes ces terres inconnues, ces ha- bitants des étoiles, ces planètes remplies de merveilles et de, joies, je les laissai; dans mon vol impétueux, je mélançai par dessus tous ces mondes dont les voix et la musique parvenaient jusquà -moi : qAdda, bon voyage. Adda, viens un moment. Je ne voulus point marrêter. - Enfin jarrivai aux portes du ciel; de ces portes de cristal, je vis les compagnies célestes qui allaient à leur tour offrir leurs hommages à leur créateur; les chants changeaient suivant chaque théorie, les instruments de musique chantaient des cantiques qui me ravissaient, je croyais ne les avoir jamais entendus; enfin larchange Misra map- parut., il condui sait sa théorie à . Dieu; il lui parla de mou arrivée, et - 93 -

Dieu, avec sa bonté admirable, me permit de lui offrir mes adora- tions; je ne puis texprimer, ami, le bonheur que jéprouvais aux pieds de notre bon maître. i Adda, me dit-il, pourquoi tennuyer de la mission? Du courage, ange gardien dÀbdallah; remets-lui en mé- moire les paroles de sa mère; le moment approche où il va être chrétien. - - Je pris le chemin de la terre; je traversai ces campagnes déli- cieuses où tout chante les arbres, les eaux, les lyres, les harpes volantes qui, animées, redisent sans cesse les louanges de Dieu. Je nentendis rien plus, les anges disparurent à mes yeux, mais la joie se répandit dans mon coeur; jespérais alors laccomplissement de la bonté de Dieu sur moi.

XIII

LE BAPTÈKE

• Le baptême nous arrache à la mort et nous [sit satIre à la vie.

(Saine Clément dAlexandrie.)

Abdallah, instruit suffisamment de notre sainte religion, se diri- geait vers léglise. de Gioulx pour recevoir le saint baptême qui allait lincorporer dans lasociété chrétienne. Le baron de Cubeyne était de droit son parrain, lui qui lavait amené du pays infidèle; sa mur: raine était Marguerite de la Lune. Cétait un dimanche, pour que les habitants de la paroisse prissent Part à cette joie chrétienne; léglise simple et pauvre avait été ortéè de verdure et de fleurs champêtres; des tapis, transportés de la ville voisine donnaient un lustre et une richesse inaccoutumés au vaisseau du temple et aux fonts sacrés. Les deux cloches jetaient aux vents lSiis éclats joyeux; on voyait circuler sur les chemins" qui coupaient les flancs de la montagne de nombreuses troupes de fidèles qui venaient assister à cette cérémonie imposante. Le bon curé Lalin, tout radieux, avait appelé les curés voisins pour - 94 - un jour aussi solennel.: le curé de la ville de Clairavaux, quelques chanoines du Moustier (le Felletin, le curé de Palier, les comrnunalistes de léglise de Gioulx, tous attendaient en habit de choeur le baptême du néophyté. Dans les fêtes civiles, il y a bien quelque chose qui réjouit, distrait, mais les cérémonies religieuses seules peuvent intéresser le peuple; elles seules attachent la terre au ciel. Le ciel aussi semblait se réjouir, son azur nétait point obséurci par le moindre nuage; le soleil étalait ait des montagnes ses richesses de lumière quil livrait à tous. Des chants religieux remplissaient [église de leur harmonie sainte. Abdallah, heureux et la joie an front, savança bientôt, accompagnéde ses parrain et marraine. Tous furent attentifs et remplis dune foi plus vive; le curé de Gioulx fit un discours touchant, lémotion gagna tous les coeurs. - Abdallah, au comble de ses désirs, levait les yeux au ciel. Leau sainte coula su son front, il sembla transformé après cette effusion précieuse, la beauté et le contentement des auges serépandirent sur sa figure et toute sa personne: La messe commença avec ses rites sublimes et ses mystères sacrés; le nouveau chrétien sapproche de la table sainte, et devient le même jour membre de léglise de Jésus-Christ et commensal du banquet mystique de lagneau. Anges qui êtes descendus dès cieux et qui balancez, les uns, vos en- censoirs dor,.les autres, qui la harpe à la main, produisez des modu- lations divines, que vos concerts montent jusquà lempyrée, que vos coeurs et vos lèvres soient daccord pour célébrer un si grand bonheur! Voilà Dieu dont la figure rayonne de lumière miséricordieuse et inef- fable dans cet ostensoir dargent où la renfermé sonamour: à genoux, efiréticns, devant: votre Dieu; à genoux, prêtres, anges; nous sommes dans le ciel vraiment; honneur, gloire à Dieu I Cette église est le séjour de tohs les bonheurs du paradis. Que les chants de la terre et des cieux retentissent, et que le souvenir de ce jour,, ne se perde jamais pour la paroisse de Gioulx, dans la suite des âges. 95 -

xlv

LA PESTE

On mal qui répand la terreur.

La peste (puisquil faut lappcîer par son nom). (La Fontaine.)

Le bonheur de Cuheyne devait bientôt finir; les desseins de la pro- vidence de Dieu sont impénétrables, des miséricordes infinies exisient souvent au milieu de rigueurs apparentes. Une maladie terrible se déclara au chàteau, la peste. Le baron avait - apporté le germe de ce fléau redoutable de la Terre sainte; ses orga- nes avaient jusque-là résisté à ce mal, soit que la contagion neût envahi quen partie son organisation, soit que lintensité de la peste ne fût que médiocre, soit encore, comme nous aimons à le croire, que la distraction du-voyage, le bonheur de la famille eussent diminué et retardé les-afflictions pestilentielles. Jusquà cequkbdallah. fOt baptisé, le baron croyait quil était des- tiné à la perfection de cette grande oeuvre-; il semblait probable en effet que le ciel lavait choisi pour- être le sauveur do lâme- de ce jeune homme après laventure que nous avons racontée. Toutes les pestes ne se ressemblent pas. Les unes sont plus redou- tables et tuent plus vit, dautres sont plus lentes et ne frappent pas,- si inopinément. La médecine dit que lattaque de la peste ne peut aller au- delà du quatorzième jour, mais combien de temps reste la peste à éclore et à se développer? Que de variations , peuvent occasionneri. lair, la disposition du corps, les sentiments de lâme? Hélas! quoique le baron, depuis son retour,. neûtl p0iflius4ueà ététattaqué de ce cruel mali, dont il- avait apporté le germe dans son sang, il arriva, un jour,, lamentable, jour, où- les diagnostics se décla- rèrent: le coeur faible et douloureux, des sueurs abondantes. des, pal- - 96 - pitations, des délires, des syncopes, des vomissements, une soif - inextinguible, .les soupirs fréquents. La peste.. . fuyez, habitants, de Ciiheyne ....oyez lair qui entre dans les poumons du malade, prend une corruption dangereuse, se ré- pand eu exhalaisons pernicieusbs. . . . quittez ces lieux. - Oh non, nous mourrons ave g lui. Pauvres enfants!.. voyez cependant, sa face devient livide, sa lan- gue noire, ses rêves sont fatigants; à certaines intervalles il ne. vous recoùnalt plus. Eh bien, je les aime à cause de ce dévouement, de ce mépris du danger; les malheureux voient bien que la faux de la mort est suspen- due sur leur tête, et leur tête brave tout; le baron porte dans son. ha- leine, ses paroles, ses mains, un-danger imminent, et sesamis échan- gent avec lui des marques daffection. Hélas! que sont devenus ces chants de bonheur, que sont devenues ces conversations si douces? Le malheur est entré au château, le rire et la galtése sont éloignés comme des oiseaux effarouchés. - Ne pleurez point, rues enfants, le Seigneur nouséproùve quand il veut. - Ah M. le curé, que nous étions heureux! - Peut-être trop, ma fille, ce nest quaux impies que le Seigneur donne un bonheur presque permanent sur la terré, carie ciel ne leur ap- partient pas, et il récompense ainsi en eux quelques vertusmaturelles; mais nous, Dieu nous éprouve pour nous récompenser dans le ciel. —Mais, M. Latin, le baron, qui a été si religieux, qui, après Dieu, ma ouvert les yeux à la foi, est-ce quil ne devrait pas avoir une vieil- lesse fortunée? - Ahdallah4 cest pou le récompenser de son dévouement à la foi que Dieu lappelle à lui? Quimportent le plus ou moins de jours sur -cette misérable terre? - M. le curé, il nest pas possible quil meure. II ne mourra pas, nest-ce pas? Nous allons lentrelacer de nos bras, la mort ne pourra nous le ravir. - Le chevalier pleurait avecles autres eu disant cela. - Bon chevalier, du calme.... peut-être nous nous alarmons à tort. Prions. Je vais-lui donner des consolations religieuses qui adouciront ses souffrances.

M - 9•7 -

Pendant que le curé de Gioclx ét&it enfermé avec le baron, la Mi- rande pleurait avec les jeunes gens et demoiselle Silvane. - Mirande, vous qui saviez -autrefoi lavenir, dites-nous le sort du baron qui nous inquiète tant. - M. Latin ma fait voirla vanité et lorgueil dune telle science; jy ai renocé pour toujours. - Que faire, Ô mon Dieu qui pourra donner des remèdes favora- bles contre cette terrible maladie? Nous avons fait venir à plusieurs reprises les meilleurs médecins de Felleun, Moustier et Guilhon, tout ce quils nous ont recommandé est fait avec exactitude, et la maladie empire à chaque heure. Le château est devenu désert, tous les habi- tants dalentour fuient avec précipitation, non Dieu Damoiselle, ne pleurez point ainsi, Dieu nous aidera si les hommes nous abandonnent. Cest une maladie terrible, je le sais, ais moi-même jen ai vu une pareille à Felletin. La peste se jeta comme un vautour sur la vieille cité, il y a environ cinquante ans ; jétais jeune alors, la mort ne meffrayait point; cétait cependant un spec- tacle dhorreur et dépouvante de voir ces convois funèbres, le drapeau noir flottant sur la grande église et sur la chapelle de Sainte-Margue- riteet de Saint-Maurice; les rues étaient désertes, les ouvertures des maisons hermétiquement fermées, comme pour empêcher dentrer le fléau, lintérieur de chaque famille était lasile de la peur. La cité fut à moitié dépeuplée, et cependant aucun membre de la famille de Saint-Julien ne fut emporté. Prions, mes enfants, prions; le ciel aime les coeurs qui prient.

Un voile funèbre entourait lechàteau, la mort faisait sentir ses ap- proches progressifs... Mon Dieu, jetez vos regards de compassion sur ceux qui vous implorent, et lair, se renouvelant, apportera la santé et la paix dans ces coeurs désolés! - • w

98 -

xv

ÉPILOGUE

Je suis assis sur tes ruines de ce château détruit depuis six siècles, les débris de pierres, de tuiles, de marbre mène sélèvent en petit mamelon, et dominent la plaine circonvoisine. Létang desséché nest plus quun pâturage, les alentours sont labourés. Le seul ruisseau coule toujours de môme sur son lit de cailloux et chante comme dans ces temps anciens. Le baron séteignit dans les bras de ses amis, qui furent les victimes de cette cruelle maladie; Mirande et labbé Latin les rejoignirent bientôt.

Souvenirs, restes abandonnés de ce castel, jai - voulu vous faire revivre. Quen foulant vos ruines, les hommes mé- lancoliques et religieux laissent couler une larme en se rappelant ce récit!

- EIN

U

4- e t PIÈCES JUSTIFICATIVES

ftcittcs achetées par II. tic la Lune à U. laiilié Ihirand

A tous ceux qui ces présentes verront, salut, j •ai Granchier, garde du sceau royal estably pour le Roy, notre sire, au pays du comté de In Marche, le 43e jour daoust, lan mil cinq cent soixante-douxe M e François Durand, prestre de la communauté du Moustier de Felletin, o vendu h perpétuité h ho- norable homme Me de la Lune, notaire royal à Felletin, et à honorable femme Françoise Dubreuil, sa consorte, sçavojr est la quantité de quatre septies esmyne bled-seigle, ancienne mesure de Felletin, seixe sols douxe deniers, nue gelline, de directe conte annuelle et perpétuelle en directe seigneurie à luy appartenant payable aux ternies accoutumés, et e sur les tenancieh du tuas et village de Bonneix, ou autrement tènement de Guilherm y, situé en la pa- ioisse de Gioulx, confrontés ès-dites lettres de rantes susdites reçues par M. Léonard Bandi, notaire royal, promettant par ledit vendeur faire faire la recognaisance de ladite ,auto aux homm et tenanciers dudit tènement du Donneix, ou quoy ce soit de Guilhcrmy, situé en la justice de Maslaurent, con- frontant aux villages du Mascrépaux, Pradinat et Noncelier et autres confron- tations, et lequel vendeur g oy voulant acquitter de sa promesse par-devant le notoire soubsigné au lieu et bourg de Geoulx, au dict pays de la Matche. Personnellement estahly Pierre.de Malval, Me Léonard, notaire du Bonneix. Martial du flonneix tant pour lu-v que pour Martial Gasne son frère absent, au- quel a promis- faire ratifier ces présentes toutes fois et qnantes, Pierre du dict Martial tant pour lui et en son nom que comme seigneur des biens dottaux de iMagdellene du l3onneix, tant pour luy que pour Martial son neveu absout, auquel a promis foire ratifier ces présentes toutes fois et quintes souklohui- Ga l ion de tous ses biens, et Léonard Lemasson, tous paroissiens de Geoulx, lesquels de leur bon gré et volonté sans aucune 000traincte ont confessé esire 100

tenanciers, le diet Mg de la Lune, Guillaume Plégellate du Mascrépaux, Léo- nard Petit, nu tènement de Guilhermy, ici présents, en toute directe sei- gneurie et féodalité du dict Durand, prestrea Felletin, et à cause diceluv transporter au diot de la Lune, quatre sepliers esryne seigle, un septier avoyne, seixe sols tournois à choscune teste de Nostre-Dame daoust, plus douxe deniers à chascune teste de mars.....

Rente tin ggonneix au château d"tifeuilic en

Personnellement établis I. Vendeoux tant pour luy que pour ses consorts, Jean Silvain, J. Lachanips, flonjiaux et autres auxquels ont promis de faire ratifier ces présentes toutes fois et quantes, tous paroissiens de Gioulx, dio- cèse de Limoges, lesquels de leurs bons grés et volontés, sans ooatraincte pour eux et leurs successeurs, déclarent avoir (eau, porté et possédé de tout temps et ancienneté de noble Annet dArfeuille, escuyer, seigneur du diet lieu, sa- - voir est les héritages quils tiennent au village du Bonneix, qui est situé dans la paroisse de Gioulx, composé de plusieurs beaux bâtiments, granges, étables, jardins, ouches denviron vingt journaux de prés ou patentes, denviron qua- rante septiers de terres , lahourables, y compris le champ du Bo&rgnon et de Malaveix, déclarent devoir les habitans du Bonneix, au dict sieur escuyer un château en neuf septiers-seigle, dargent un escu, deux gellirres, douxe arbans h hi-as, vingt-deux cartons aoine mesure de Felletin portés au chastel dAr- feuille au grenier du seigneur, et ce en toute diçecte seigneurie de fondation et autres droits de servitude, selon les coutumes de la Marche.

L

Citation en 11190, aux habitants du Donneix, de la part du ebàpitrc dAubnsson. t Lai, 1790, k .15 juin ) à la requête de F. Dupeyrix des Forges, fermier des dixmes de la paroisse de Gioux, des sieurs prévot et chanoines du chapitre dAubusson, a constitué pour sou avocat procureur en la ehatellenie royale de L— loi -

Felletin, M 5 Claade-François de la Porte le jeune. Je F. Pouzaud, huissier, me suis transporté au Bonneix, paroisse de Gioux, distant de ma demenre de trois lieues, au domicile de Jean-Louis parlant h sa personne, je lui ai déclaré que le requérant lui ayant sous-fermé in dixme du village aPbartenant aux sieurs prévot et chanoines dAubusson pour neuf années, qui ont pris leur commencement en lannée 1787, moyennant la quantilé annuelle de seixe septiers de bled-seigle, mesure dAubusson, portable en la ville dAubusson à la Toussaiiit de chaque année, plus la dixme appartenant dans le village ait sieur abée de Port-Dieu, moyennant la quantité annuelle de dix-huict bois- seaux seigle, mesure dAubusson, portable dans le grenier du sieur requé- rant....

Contrat de mariage entre Jean Ilonfliéras et Gabrielle PlègeIlate (1663).

Le 30e jour de janvier 1663, avant midy, au village du Mascrêpaux, pa- roisse de Gionlx, maison dAnnet Plègellate et consorts, personnellemetit estably Jean Mouliéras, fils naturel et légitime de défunt M Jean Moulliéras, vivant notaire royal cl de foies Maury, des Farges, y demeurant, dune part, et Gabrielle Plègellate, fille de défunt Pierre Plègellate et de Légère Piarrou, - ses père et mère, la dite Gabrielle procédant de lavis de ses frères Léger et Biaise llèsellate, et dAnnet Plègellate, son cousin, dautre part; lesquels parties de leurs bous grés et vollontés par lentremise de plusieurs parants et ni mois de part et dautre, ont ce jour dhui pro accordé mariage entre le di (lit Jean Moulliéras et la D Gabrielle Plègeilate, le mariage promis, accompli, soleonizé S face de notre mère sainte Église catholique et aposte- tique romaine; sont convenus les parties et souscrivant à scavoir que Biaise et Annet Plègellate, frère tt cousin de la D Gabrielle, solidairement lun pour lautre un lit, couverte, coussin de plumes, Iraps de village, coffre Fermant à clef garni de son menu linge, six linceuls, trois robes, outre celles quelle û; six brebis pleines ou avec leurs aigneaux, une selle de la valeur de six livres, quatre cent quarànte livres quelle pourrait prétendre sur les biens et successions des défunts. - Auquel mariage a été pat personnellement estably .Léonard Marron, dit :Leblond, oncle de la future épouse, lequel de soc bon gré et- vollonté désirant laccomplissement dudit mariage et en considération des bons et agréables

I 402 -

servies quil u reçus do la futuroépouse, lui a donné une augmentation de sa doue à soixante, livres quil a payés avant la bénédiction nuptiale... Au lieu du Mascrépaux, en présence de vénérable René Granchier, prêtre, curé de Gionix ; Jean Lascoux, aussi prêtre de la Communauté de Gioulx; François de la Porte, sieur des Farges, avocat en parlement; Yves Granchier S. de Ronteix; Anthoysue Maury, notaire à Saint-Quentin; M Léonard Moutiéras, notaire royal, soubsignés; plusieurs antres parents qui ont déclaré ne savoir signer.

Tc,slanienl dc Jean de NRontci, de tiaivai en

Aujourdhuy, 2 février 1159, au village de -Ma1lavex, en haute Marche, paroisse de Ginuix, du mandement do Jean de ilooteix, de létat de simple cultivateur où étant en présence des témoins, avons trouvé le sieur Jean de Ronteix dans sa maison, détenu dans son lit dangereusement malade, et toutes fois dans son bon sens et entendement:; voyant quil ny a rien de si certain que la mort et de si incertiu quelheure dicelle, désirant mourir en testant, lequel nous a prié et requis de recevoir son testament, lequel il o dicté de sa propre bouche comme densuite lia fait le signe de la croix sur son corps, recommandé son âme à Dieu, à la glorieuse Vierge Marie, à toute la cour céleste, les priant dintercéder auprès du Tout-Puissant et de placer son âme au rang des bienheureux dans le ciel, et quaprès sa mort son corps soit porté dans léglise paroissiale do Gioulx, pour y rester pendant loffice diving et estre enterré dans le tombeau de ses prédécesseurs, et que ses charges soient faites honorablement suivant son état, sen rapportant a cet effet à la dévotion dAune Dumilieu, sa femme, laquelle il nomme son exécutrice testamentaire, lient, pour les bons et agréables ser- vices quil a reçus et espère recevoir delle àlavenir, lui u donné et lui donne le tiers (In ses biens. - de Eu présence de Silvin, autre Silvin, Jabouille, habitants Ronteix Bourjade, habitant de Mallaseix; J. Blanchon, de Gioulx. Et le dit Jean Ronteix o voulu faire procéder à son inventaire; il sest trouvé dans la maison Un pot di, terre, - un autre de fonte; - un bassin dérin tenant chacun un seaux ; un trépied; - un petit pilon (le tout à- demi-usé); quatre

1 - 403 - chaHs; - un coffre; - une mez h pétrir; - quatre clialits garnis de cou- vertes, coussins et coèttes de balle (le tout demi-usé); - une garde-robe; - une pioche; - un toccint; - un faux pour faucher, - les fers pour le battre. Les grains ne sont pas suffisants pour aller jusquà la récolte en payant la dixmd et In rente. - Deux petits boeufs, - quatre vaches (deux pleines et les autres non) une volte; -un torde denviron un an, et e nombre de 28 chefs de brebiale; - une chari-este, - des harnais à labout-er, - un joug garni de liens. - Les Papiers, comme qui dirait quittances et ancienneté de famille, servant densei- gnements, sont dans larmoire.....

Saisies eoneernant la eapitaticn, qui peuweit donner des rdnscignemen4s stur les anciennes familles tic ht paroisse,

Lan 4741, le 10 doctobre, avons je Math. Pathegron, huissier royal en la maîtrise pnrtinilière des eaux et forêts de la Marche et du Limosin, eslection de Guéret, y demeurant, certifie quen vertu dordre à moy donné le 26 sep- tembre dernier, Signé de noble Moufle dAngeraille, commissaire du roy et receveur des tailles, et en vertu des colles de la capitation et autres imposi- tions sur la paroisse de Giens, lannée pute, en bonne forme et à la roquette de Michel Gounny, collecteur, porte-bourse, faisant tant pour luy que pour ses consorts, demeurant à Grideix, lequel fait eslection de domicile en sa mai- son, et pour au besoin serait en la maison curiale du bourg pour 24 heures, et constitue pour son procureur Me Jean Dissardo, je me suis exprès et à cheval transporté, assisté du collecteur à Gradeix dit; au domicile de Francois l3araton et parlant è sa personne, je lui ai fait ité- ratif sommation de par le roy de payer tout présentement au collecteur pré- sent la somme de 33, livres quil doit pour restant de In capitation apposé s (]an les ruiles sur la cotte de 1741, ce quil a esté refusait, "eu lequel refus jai interpellé deux de ses plus proches voisins à mo inconnus, lesquels jai sommé de lautorité que , dessus dome suivre tout présentement à la maizon de Baraton pour être préents biexécution que javais à faire, lesquels de ce faire ont été refusans, comme do me dire leurs nomfis, surnoms, qualités, sils

savent signer, de ce dûment interpellé;; quoy voyant je suis entré dans la dite. maison où je nai trouvé aucun meuble pour asseoir exécution que ceux pro- hibés par lordre, estant entré dans sa grange, jay saisi six quintaux de foin, nay ant trouvé aucun grain, de là étant entré dans une étable jay saisi une vache mère, poil rouge, en atant laissé dautres pour cultiver suivant iordo- nance r tous lesquels foin ét vache je voulais déplasser pour les mettre en bonne garde, sest présenté en sa personne Antoine Levacher, demeurant Gradeix, et sera gardien volontaire pour les représenter o la première som- mation qui lui en sera faite.

livres ùiIlec, même sommation, à Antoine Ratas pour 30, saisie, deux habits pres- que neufs. -. Miguet 2e, saisie, un septier de bled dans une arche. - Bartout Tatoux 25, saisie, deux septiers de bled. - Jean Crase 20, saisie, trois quarts de bled noir. Jean Reby 20, saisie, un vase dérin. Levaclier, de Cru- chant. là, saisie, un pot, du bled. P. Gonrdy 17, saisie, deux septiers de bled. Jean Brousse 16, saisie, id. dans "ne pal- lice. Michel Brousse 10, saisie, trois pots. Peyrot dAngioux 20, saisie, trois septiers de bled. la veuve Pasricho 60, saisie, Id. Léger Cotton 55, saisie, une, vache, poil rouge. Seau Lefaure 56, saisie, trois acptiers de bled. - Louis, de l\lauje- uOueix. 55, saisie, trois sacs de bled. Michel Cotton 23, saisie, un septier de bled. Moussat, marchand 50, saisie, Id. Année Raynaud 70, saisie, vingt quintaux de foin.

Gounay, de la Ch- 26, saisie, LUI manteau de delle drap de village. Périclinn 21, saisie, un septier de bled. Canard 12, saisie. Id.

o

- 105 -

livres.

Dhilec, même sommation, à Rousseau il, saisie un setiei debled. - Gardinaud 20, saisie, Id. - Levacher 15, saisie, H.

- Giron, marchand de 60, saisie, six septiers de Chissac bled. - Bartou Penny 20, saisie, trois Id. - Durand. de Moattet 23, saisie, un Id. - Fiacre-Legrand 40, saisie, trois Id. - Couturier, du Muet in, saisie, une convoita de drap bure, toute neuve. - Année Lefaure 12, saisie, un septier de bled. - Tatnux 8, saisie, pot dérin de deux seaux. - Crose 12, saisie, Id. de trois - - seaux. - Couturier 10, saisie, trois boisseaux do chez, cvi. - Dupéry, de Gioux 14, saisie, un septier do bled. - Lefaure 27, saisie, Id: - la veuve Manchon 7, saisie, ciloderon dérin. - DejDnx 20, saisie, Id. - Cheminade, de Cieux 22, saisie, trois septiers de - bled. - - Rând Blanchon 20, saisie, - Id. - Dupéry, de Poulina 0, saisie, choderon dérin de trois-eaux. - Gouuny 6, saisie, une marmite. - .Iabouille 5, saisie, six-vingt gerbes. - Lascaux,du Mas 50, saisie, trois septiers de bled. - Maguadas 60, saisie, quatre Id. - la veuve Dejoux 42, saisie, trois Id. - Lefaure, dHyven,n. resse 15, saisie, un Id. - - Batot 22, saisie, Id. - Beby 40, aucun meuble, ayant - . saisi son cochon que jai rencontré. - I3oultou 52, saisie, trois septiers de bled. -

- Lenoir, de TheOEoux 38, saisie, une vache, - - Lefaure, do la Pouge. 0, saisie, un choderon dé- rin.

9 — 106 —

Ii% I-es. flhlIe, mArne sommation, à1itouss,,an 17, saisie, un septier de bled. - - Malatire 20, saisie, Id. - P. Rousseau 17, saisie, Id. - - Glande Nonoy 12, saisie, Id. — Lecprdn,r, de LaKaux 23, saiio, un manteau de drap mince, un septier (le bled. - Cbireix 17, saisie, deux sepl.inrs de bled. - - La-scoux - 18, saisie, Id. - Gourdy 19, saisie, Id. - Jasseneix, deViiille 20, saisie. quinze quintaux - de foin. — - Vergniasix 30, saisie, vingt Id. - Lejeune - 20, saisie, deux sepliers de - bled. - - GourdydoMascrépaux 16, saisie, iL payé. - Lefaure 10, saisie, Id. - Quentin 27, saisie, un sopiior de bled. - lagaille 13, saisie, Id. - Silvin 18, saisie, la. .1.. !Ueaux, UU OUI heiN 13, saisie, Id. - Louis 59, saisie, huis Id. - Lhote 12, saisie, lin Id - Jassonix 13, saisie, ois Id. - - Lenoir 54, saisie, quarante gerbes soumachées. Clondeau, &s Farges 23, saisie, un septier de bled. I Le prou 20, saisie, quarante gluasses tIc paille, su seph.icr de bleu. u - Ill OUI 13, saisie, choderon ddrin. Aunée Dindard

- Valette - Vacher - Levacher, de Ville- crooseix 22, saisie, trois Id. — Pradetie 15, saisie, u, Id. —Tatotix 12, saisie, u s Id. 5 journées saxtes à 22 livres COUTURIER l)rsouasour., subelé.

u

- 407 -

insnitcs à un curé tic G&mix à priipos de dûmes, e Ce jourdhtai, huitième jour du mois de septembre 4676, e" la ville de Foi- latin, pardevant nous Yve Jourdain, en laudience royale, est comparu en sa personne Jean R ....maçon du village de la Ponge, paroisse de Gioulx lequel pour satisfaire à lassignation qui lui a été baillée par huissier, le 3 ouest dernier, à la requête du sieur Claude ilanssard, curé de Gioulx, pour estre interrogé sur la plainte contre luy faite. Inquis de soi) âge, qualité et demeurance o dit quil sappelle Jean R..,, maçon de la Pouge. âgé de 55 ans. Inquis sil ne connaissait pas ledit curé n dit quouy pour être son pa- roissien. Isiquis si le 3 aoust il nétait pas dans le village de Chissao, ou terres dice- luy a dit quouv. . laquis sil navait pas enlevé le dix,nedes gerbes du dit village appartenant au sieur curé: a dit quil est vray quila levé le dixme luy appartenant sui- vant In cession qui loy u esté faite par le seigneur du Mastaureot, quainsi ont esté jouis et possédés par le seigneur du Maslaurent, de ses prédécesseurs, de tout temps et dancienneté sans trouble ni empeschement, Inquis si ledit curé naurait pas pris les droits de dixmes des gerbes èz-la

personne de R... : O dit que cest vray que le sieur curé, de son autorité et violauce aurait dixmé quelques gerbes dans lesdits champs, sans y avoir aucun droict ni pouvoir; sil ne la faict arrêter, cest à la considération quil estait son curé; il naurait voulu attenter à sa personne. Inquis si deux heures après midy, étant monté sur sa cavale courant le ga- lop, il naurait pas suivi ledit sieur curé, qui était au village de Chissat, por- tant deux gerbes sur sa cavale, et ayant approché le sieur curé, sil nestait pas desseSu ae dessus sa candIe et navait pas dit au sieur curé de laisser les gerlte, et quelles essaient à Iuy a dit quil estait vray quil estait monté sur sa cavalle courant le galop pour dixrner huitcharettes qui estaient dans le champ, quen ayant découvert une, cest ce qui le faisait courir sur sa en- vafle; quant au sieur curé, il le content de fort loin, ayant deux gerbes sur sa cavalte. Inquis sil navait pas pris des pierres et dicelles frappé rudentent la jument du sieur curé e dit que net), que cest une chose controuvée, luquis sil tavait pas menacé le sieur curé de lui donner du licol de sa ca- valle dans le visage n dit questant dans certain champ du bourgt et quen sa - 408 - s compagnie il avait dit que, voyant les importunités dinjures quil (te curé) lui faisait contre son honneur, il le poussait à hiy donner du licol. Inquis sil navait pas dit au sieur curé quil se mettait en cas de faire dé- durer sa soutane: s dit, il est vray, que le sieur curé sexposait ô faire dé- chirer sa soutane, car un homme qui entreprend de mazanter quantité de gerbes, la paille déchire los habits noirs qui sont à moitié brûlés de teintur? mais ne voulait attenter sur son habit ni sur sa personne. Qui est tout ce quil a dit lui avoir fait,,..,,,...,..,,, Le reste manque.

lIce chanson sur le jansénisme, écrite de la main de M. Lamoureux, curé de Gioux. Était-ce lui qui lavait faite ou était-ce une chanson du temps? cest ce que je ne sais pas. Les vers manquent souvent de mesure, nais je les ai conservés tels quils étaient.

13

I Mn dos Fanatiques.

La bulle Unigenitus Est un point de notre croyance. Mais à présent cest un abus, li faut la prendre on défiance. Ne recevons plus cette loi, Suivons en matière dé foy Le parlement..

Que de troubles narrivent point - Au siècle de Pélage? Borne prescrit, et sur ce point On a cru dge en âge. Mais fallait-il tant de combats - Pourquoi ne sadressait-on pas Au parlement?

N - 109 -

Pour affermir notre foy Nos pères en concile Du Saint-Esprit prenaient la loy, - Consultaient lÉvangile. Ce nest plus la bonne façon, LEsprit-Saint prend la leçon Du parlement.

Tous les docteurs réellement - Ont dit de belles choses. - Cest maintenant au parlement De leur fournir des gloses; Honneur-aux doctes prélats, Quon ne les compare pas Au parlement.

Les évêques italiens DAlsace et dAllemagne, Ne sont pas théologiens, Non plus que ceux dEspagne. Ils croient les dogmes de foy, Mais de décider cest Iemploy Du parlement.

Du troupeau soyez les pasteurs, Dit Jésus aux apôtres: Mais vous nêtes plus les docteurs, LÉglise en 1a bien dautres; Ne liez ni ne déliez, Avant tout consultez Le parlement.

Brûlez vos cahiers, vos sermons Hommes apostoliques, Et prêchez sur un autre ton Les dogmes évangéliques; Si vous voulez les connaître, Prenez pour vôtre maître Le parlement. r

- 410 -

Ne traitez pas de novateurs, Les plus grands jansénistes, Ils sont de nouveaux protecteurs, De forts panégyristes; Donnez-leur la communion: Cest la grande décision Du parlement.

Quelques flrnes on rentes.

Je soussigné reconnais avoir recu de Bartbelemy Jacqueton, habitant et tenancier du illage de Villeorouseix, paroisse de Gioulr, et Antoine Tatoux, du même village, cinq septiors bled-seigle pour leur portion do la dixmc du dit village qui se trouve comprise dans les deux tiers qui me reviennent des dixines dé la dite paroisse, à couse de la prévôté dont je suis titulaire, pour [année 4765. GOUBERT, prévôt di, Chapitre dAubusson.

Jay resseu de Pierre Rousseau de la Pouge, paroisse de G-ionlx, huiet septiers de bled, mesure de la plasse de la ville de Felletin, et deux poulies, pour la racLe de tannée rail six cent quatre vingt quatre. Ce 24 novembre 4684. M. 811555E, beau-frère de Francois Guithon.

Jay receus de Léonard Gourdy du Bdunez, pirq boisseaux davoine, plus cinq autres boisseaux de lannée I.78. - - DE SAINT-JULIEN.

Pierre Leronsseau, nous donnons un septier de bled à mademoizelle de Billières; il en sera tenu à compte sur les neuf septiers avoine, de seigle, grande mesure, qui me sont deus du dix me de Lascux. I Tissian, curé de Gioulx.

FIN DRB;1IùcZ SUOTIFIOEATIVJLS LISTE DES SOUSCRIPTEURS

par ordre alphabétique

MM. BARBE, des Farges. BLÂNCH0N (Léonard), de Gioin, BLsrwuoN (René), de Poulins. BLOrDEÀU, dllyvernèresse. BONAMEAIJX atué, de la Pongé. BONAMESUX (Antonin), de la Pouge. BONANESUX Eugène), neveu, de la Pouge. B0NAMEAUX (Jean), de la Pouge. CÂRBONNET, de Gradeix. CHnrÂIx, dHyvernèresse. CounÂunori (Francois), de Bonneix, COMBAUUON (Jean), de Villecrouseix. COIJUTY ÇLéonard), des Farges. DEcoiunE (Jean), de Giens. DEC0ME (Pierre), de Gieux. IJEGAINE (François), huissier, de Malvai. DEGAINE, du Mazet.- DEGUENE, de La Pouge. DÉMIC.IIEL (Auget), des Farges. Du1IuEu, de Lacaux. FARGEÂ5 (Pierre), de Crochant. GONDON (Étienne) jeune, des Farges, Gouan (Justin), de Pradinat. GulsoN (Jean), des Farges. JAB0UIuE (Marc), de Poulins. JABOIJILLE (Mathurin), du Mazet. JABOUILLE, de La Valette. JACQLJETON (Étienne), de Gioux. JÂÔQUETON (Léger), de GioN. JACQUETON (Léonard), de Giopx. JACQURTON, de Paris. LA5CAUX (Jean), de Gioux. -442—

MM. LASCAUX (Léonard), de Gioux. LAYERGNE (Françoi); des Farges. LEBLOND, de LaŒrage. LEFORT (Jean), de Iou1ins. LEGIUNL (Pierre), de Malval. Mmc LBPBTIT-BAruzcAuu, de Ronteix. LEPETIT (Antoine), de Theiroux. LERAT, de Chissac. LEVACRER (Jean-Baptiste), de Gioux. LEvÂcasa (Pierre), de PouIis. LEndnn, de Poulins. MARTIAL (Lèonard), de Chissac. MouLt (François), des Farges. • PAIUCEE (Antoine), du Mas. PATAUD (Fraiiçois) de \riIIecrOuseIx. PATAUD (Joseph), de Villecrouseix. • Psuou aine, de Paris. PEnce jeune, de Paris. PRADELLE (Jean), du Mascrépaux. PrunELLE (Syrnphorien), de Gioux, [flAnELLE, de Chissac.

QUENTJN (Jean), du ilouneix. Il QUENTIN (Jeau-Pierrc), du l3onneix. Runv .Léonard), maire de Gio(ix. REBY, de Lacaux. REBY, de La Valette. RoussEAu, de Chissac. RoussEAu, de Crochant. RoussEAu, de 1acaux. RoussEAu, de La Valette. ROUTAIS, du Mazet. Boy, de Lacaux. w • TATOUT, des Farges. r TATOUX (Pierre), des Farges. VEItrIAOALLE, de La Valette. ViNnoux, de Theffoux.

1. P

U