Rapport de Mission La Mission 2015 en visite chez Naver. © MC

Contributeurs

Rédaction Correction Michèle Assi Maxime Callais Audrey Bellefeuille Sonia Grégoire Maxime Callais Camille Hamelin Alexandre Couture Blackburn Karl Lepage Jeremy Cuningham Catherine Marcoux Kim Gariépy Philippe Perron-Roelandts Pascale Girard Maximilien Tomé Sonia Grégoire Camille Hamelin Mise en page Adriana Houle Maxime Callais Charles-Etienne La!eur Camille Hamelin Karl Lepage Philippe Perron-Roelandts Shuang Liang Maximilien Tomé Catherine Marcoux Patrice O’Carroll Cartes et graphiques Alexandre Paradis-Michaud Maximilien Tomé (MT) Philippe Perron-Roelandts Olivier Pettersen Crédits photographiques Mathieu Rault Maxime Callais (MC) Daniel Santiago Harvey Shuang Liang (SL) Maximilien Tomé Olivier Pettersen (OP) Alexandre Torres Les photos de l’équipe en pages 10 et 11 Raïssa Umumbu ont été prises par PolyPhoto. Otmane Zizi www.polyphoto.org

Toute reproduction totale ou partielle de ce document sans autorisation et sans mention de la source est interdite. © Poly-Monde 2015

Mission Poly-Monde 2015, C.P. 6079, succ. Centre-Ville, Montréal, QC, H3C 3A7 +1 (514) 340-4735 www.polymonde.org tttt 4 Remerciements

Sans l’appui de tous ses suppor- ponsabilité du choix des destinations des teurs, la Mission Poly-Monde n’aurait pas Missions d’année en année. eu le succès qu’elle a connu. Nous souhaitons aussi remercier Nous tenons d’abord à souligner la Mme Myung-hee Kim d’avoir su nous contribution des entreprises et institu- transmettre la beauté et les particularités tions québécoises et sud-coréennes, tant de la culture coréenne. Sa persévérance pour leur aide "nancière que pour l’accueil fut certainement un élément clé dans l’ob- et l’intégration des étudiants entre leurs tention de plusieurs visites d’entreprises murs. Leur soutien est à la base de la réus- en Corée. site de ce projet. La Mission aurait été tout autre sans Poly-Monde 2015 souhaite remercier l’apport du BRIN aux multiples communi- Mme Thibodeau-DeGuire, présidente du cations avec les entreprises et universités Conseil d’administration de la Corporation coréennes. Notamment par l’entremise de de Polytechnique Montréal, M. Christophe Mme Dubé, directrice, de Mmes Nathalie Guy, directeur général de Polytechnique Pelletier et Guylaine Larocque, conseil- Montréal, M. Pierre Baptiste, directeur lères sénior. du département de mathématiques et de génie industriel, ainsi que les directeurs de L’équipe tient aussi à rappeler la départements pour leur support "nanciers contribution de M. Marcelin Joanis pour et conseils, année après année. son implication au sein de la Mission. Son apport a été plus qu’un soutien permanent. Ce projet extraordinaire, bien que Bien qu’à sa première expérience avec Po- sous l’entière responsabilité des futurs ly-Monde, il a su plonger pleinement dans ingénieurs, est aussi appuyé par le Conseil l’aventure et nous espérons qu’il pourra Poly-Monde, lequel est formé de la prési- superviser les futures Missions pendant dente de Polytechnique, Mme Thibodeau- plusieurs années encore. DeGuire, de la directrice du Bureau des relations internationales (BRIN), Mme Line Notons aussi que M. Guy, Mme Dubé, Dubé, du directeur du département de M. Baptiste et Mme Kim ont accompagné mathématiques et de génie industriel, M. la Mission en Corée, offrant leur soutien et Pierre Baptiste, d’un membre de la direc- leur précieuse expérience aux membres. tion d’Air Liquide Canada, M. Guy Frenette, du professeur responsable, M. Marcelin Finalement, un merci tout spécial à Joanis, du coordonnateur de la Mission et nos parents et amis qui ont encouragé la des anciens Poly-Mondiens, M. François réalisation de ce projet et appuyé la Mis- Cartier et Mathieu Panet-Raymond. C’est sion à travers leur participation aux nom- au Conseil Poly-Monde que revient la res- breuses initiatives étudiantes. 5 tttt La Mission Poly-Monde est rendue possible grâce à La Mission Poly-Monde est rendue possible grâce à

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Pour en savoir plus : POLYMTL.CA/FUTUR/ES En collaboration avec

Avec la participation de Département de Génie industriel

et de

Département de Génie civil Merci à tous les commanditaires de la Mission Poly-Monde 2015 en Corée du Sud

Fortigo Freight Services Inc.

Cirano

Département de Génie chimique

Département de Génie biomédical

Uber

Coopoly

Famille Gervais Cuningham

Famille Zizi

La bannière de commanditaires de la Mission Poly-Monde 2015 en Corée du Sud, lors de la visite de l’Université d’Hanyang. © MC Poly-Monde 2015 L’équipe

Coordination

Philippe Perron-Roelandts Génie logiciel Coordinateur Poly-Monde 2014 Allemagne W Équipe Édition

Maxime Callais Camille Hamelin Génie mécanique Génie civil Responsable Édition Échange à Prague, République Directeur du Polyscope tchèque

Maximilien Tomé Génie civil Stage à Washington, É-U, volontariat en Australie tttt 10 W Équipe Financement

Olivier Pettersen Daniel Santiago Harvey Génie civil Génie civil Responsable Financement Trésorier Échange à Taipei, Taïwan Trésorier des Jeux de Génie

Audrey Bellefeuille Jeremy Cuningham Génie mécanique Génie mécanique Équipe mécanique de Échange à Lausanne, Suisse Smart Bird Directeur Structure Avion Cargo

Charles-Etienne La!eur Karl Lepage Génie mécanique Génie civil Consultant junior au CCGP Mentor Plan Canada Bénévole Moisson Montréal

Shuang Liang Mathieu Rault Génie physique Génie des mines Échange à Taipei, Taïwan Trésorier de Polycultures VP Finances de PolyÉnergies

Raïssa Umumbu Otmane Zizi Génie chimique Génie industriel Agente télémarketing de la VP Exécutif du CCGP Fondation de Polytechnique Équipe Logistique

Pascale Girard Michèle Assi Génie civil Génie chimique Responsable Logistique Échange à Compiègne, France Échange à Taipei, Taïwan Présidente de PolyExplore

Alexandre Couture Blackburn Kim Gariépy Génie mécanique Génie civil Échange à Málaga, Espagne Stage au Cameroun avec le CIPO

Sonia Grégoire Adriana Houle Génie civil Génie biomédical Échange à Bruxelles, Belgique Stage chez KAO au Japon VP PolyBuddy de PolyExplore Échange à Brisbane, Australie

Catherine Marcoux Patrice O’Carroll Génie industriel Génie mécanique VP Réseautage 2013-2014 du Échange à Lausanne, Suisse CEGIndustriel Stage chez Merck, Allemagne

Alexandre Paradis-Michaud Alexandre Torres Génie civil Génie biomédical Stage en Zambie avec Ingénieurs VP Éducation du CEGBiomed sans frontières Canada

11 tttt Les Missions précédentes 25 ans d’international

JaponAllemagneScandinavieItalie Royaume-UniJaponAllemagneFranceÉtats-UnisBenelux etCorée Mexique Espagnedu SudBrésil ScandinavieSuisseChine PologneInde et RépubliqueTaïwan,Russie Hong-Kong tchèqueDanemarkFrance et SingapouretAfrique Pays-BasAustralie du SudAllemagneCorée du Sud

1990 1995 2000 2005 2010 2015 tttt 12 La visite des installations coréennes de Merck a permis de marquer la transition entre la Mission 2014 en Allemagne et la Mission 2015 en Corée. © MC

Mot du professeur responsable Les Missions Poly-Monde sont devenues une tradition à Polytechnique Mon- tréal. Chaque année depuis maintenant un quart de siècle, un groupe sélect de futur(e)s ingénieur(e)s de l’École s’impliquent corps et âmes dans l’organisation d’une mission in- dustrielle à l’étranger. Les étudiant(e)s impliqué(e)s dans ce formidable projet qu’est Poly- Monde se voient donc offrir une occasion unique de faire l’expérience concrète et directe des grandes tendances de notre temps, tant économiques et technologiques qu’environ- nementales ou culturelles.

La 26e Mission Poly-Monde s’est déroulée en Corée du Sud au printemps 2015. Poly-Monde retournait dans ce pays 15 ans après la Mission Poly-Corée en 2000. Cette visite en République de Corée arrivait a point nommé alors qu’a été signé tout récemment l’Accord de libre-échange Canada-Corée (ALECC). Ce nouvel accord commercial bilatéral ouvre de toutes nouvelles occasions d’échange et de partenariat avec cette importante économie asiatique qui fait déjà partie des 15 principaux partenaires commerciaux du Québec, tant comme client que comme fournisseur.

Comme professeur responsable de l’orientation thématique Projets internationaux à Polytechnique, j’ai le plaisir et l’honneur de superviser le volet académique de la Mission. Dans le cadre de ce volet, les participant(e)s à Poly- Monde ont acquis les compétences requises pour tirer pleinement pro!t de l’expérience de leur Mission en Corée, des techniques d’analyse économique aux rudiments de la langue coréenne.

Mais au-delà des compétences acquises pendant la phase de préparation et lors de la Mission elle-même, Poly-Monde est un projet d’une grande richesse. Les membres étudiant(e)s de Poly-Monde y font l’apprentissage de tous les aspects de l’organisation de la Mission et de son !nancement. Dans ces tâches, ils sont épaulés par un conseil d’administration – dont je remercie chaleureusement tous les membres – où s’impliquent notamment des anciens de Poly-Monde, un témoignage concret de l’impact que la Mission a eu sur eux, tant au plan professionnel que personnel.

Alors que tire à sa !n la Mission Poly-Monde 2015 en Corée du Sud, déjà couronnée de succès, j’ai la ferme conviction que ses participants ont su y développer des compétences complémentaires cruciales pour leur formation d’ingénieur certes, mais qu’ils y ont surtout fait des rencontres qui les suivront toute leur vie, tant en Corée qu’ici parmi leurs pairs.

Sur une note plus personnelle, j’ai beaucoup apprécié mes premiers mois à titre de professeur responsable de Poly-Monde. Pour cette première Mission, j’ai pris un train en marche à l’automne 2014. Tant la destination que les participants avaient déjà été sélectionnés depuis plusieurs mois. De surcroit, la naissance de mon !ls Émile pendant la Mission – une belle nouvelle certes! – m’a empêché d’accompagner le groupe en Corée (je remercie au passage Myung-hee Kim, Christophe Guy, Pierre Baptiste et Line Dubé, qui ont accompagné la Mission cette année). Malgré cela, j’ai la ferme conviction que mon implication dans cette première Mission Poly-Monde restera gravée dans ma mémoire et servira d’assise solide aux prochaines Missions. J’y ai découvert les rouages bien huilés d’un formidable projet. Mais surtout, j’ai appris à connaitre plusieurs leaders de demain dont je suivrai avec passion la progression et les réalisations au cours des prochaines décennies, sans aucun doute aux quatre coins du monde.

JaponAllemagneScandinavieItalie Royaume-UniJaponAllemagneFranceÉtats-UnisBenelux etCorée Mexique Espagnedu SudBrésil ScandinavieSuisseChine PologneInde et RépubliqueTaïwan,Russie Hong-Kong tchèqueDanemarkFrance et SingapouretAfrique Pays-BasAustralie du SudAllemagneCorée du Sud Marcelin Joanis, Ph.D. Professeur responsable des Missions Poly-Monde et de l’orientation thématique Projets internationaux Professeur agrégé, Département de mathématiques et génie industriel Responsable, groupe de recherche en Gestion et mondialisation de la technologie (GMT) Vice-président Développement économique, CIRANO 13 tttt La Mission en visite chez Bombardier en Corée du Sud. © MC

Poly-Monde au pays du matin calme

C’est avec grande "erté que les industriel qui sera le leur. La concurrence membres de Poly-Monde 2015 vous pré- internationale et la mondialisation des sentent ce rapport de Mission. Cette his- technologies, bien présentes de nos jours, toire débute en avril 2014 alors que 24 ne sont pas abordées dans le cursus ty- étudiantes et étudiants en ingénierie à pique de l’étudiant en ingénierie. Pourtant, Polytechnique Montréal sont sélectionnés des ingénieurs tournés vers l’international pour faire partie du projet. L’aventure en peuvent améliorer le développement de sol étranger se termine "n mai 2015 dans nos entreprises, donnant tout son sens une des plus grandes villes portuaires de aux Missions Poly-Monde. l’Asie du Nord-Est, Busan. Finalement, après plus d’un an de "nancement et de Les étudiants s’engageant dans le travail rigoureux, la Mission prend "n au projet ont la chance de recevoir cette for- mois de novembre et ce rapport en est le mation exceptionnelle et de faire des ren- parachèvement. contres hors du commun. Ils ont aussi la responsabilité de la réalisation de leur Mis- sion en prenant en charge la logistique, le "nancement ainsi que de toutes les activi- tés connexes au projet.

Via l’orientation académique Projets internationaux du département de mathé- matiques et de génie industriel, les étu- diants ont reçu une formation sur l’inno- vation technologique et la compétitivité internationale, qui leur fut des plus utile. Ainsi, ils ont su pro"ter pleinement de leur expérience en Corée, leur permettant d’in- tégrer les notions du cours et de mettre en lumière les meilleures pratiques en innova- tion et en stratégie.

Destination Corée du Sud La République de Corée a été la destina- tion retenue pour la Mission Poly-Monde 2015. Ce pays a connu un essor écono- Visite de Daewoo Shipbuilding and Marine Engineering (DSME). © MC mique des plus impressionnants durant les dernières décennies en misant princi- Les Missions Poly-Monde palement sur une économie d’exportation. Poly-Monde 2015 est la 26e édition des Jouissant d’une géographie centralisée et Missions Poly-Monde, fondées pour pré- stratégique, la Corée a surmonté de nom- parer les ingénieurs de demain au contexte breux dé"s, passant d’un pays démuni à un tttt 14 statut de « dragons asiatiques ». Ce pays et de la gestion de ceux-ci, et des dé"s ou s’est développé au point de devenir une perspectives futures dans le domaine. véritable porte d’entrée vers l’Asie pour les entreprises. Suite à la conclusion toute ré- De par son environnement à forte cente d’un accord de libre-échange entre densité de population, sa nécessité à la Corée du Sud et le Canada, les relations échanger avec d’autres pays par voie entre les deux nations sont plus fortes maritime en raison de sa situation géopo- que jamais et les occasions d’affaires sont multiples.

La Corée du Sud a su se tailler une place considérable dans cette ère de mondialisation. Non seulement est-elle considérée comme étant un chef de "le mondial de technologie de l’information, mais elle excelle également dans le sec- teur du transport. C’est dans cette optique que ces secteurs ont été sélectionnés a"n d’être étudiés et comparés lors de la Mis- sion 2015.

Lorsque l’on parle de technologies de l’information, il est dif"cile d’éviter la Corée du Sud. Ce pays se classe au pre- mier rang mondial en termes de vitesse moyenne de connexion Internet, en plus d’être reconnu comme un géant de l’élec- tronique hautement compétitif à l’échelle La Mission 2015 en visite chez Samsung Electronics. © MC internationale. litique et de son énorme besoin d’énergie, L’industrie du transport est en la Corée du Sud apporte de très intéres- constante évolution aussi, tant au niveau sants modèles de logistique et de gestion de la construction, que de la gestion ou dans de nombreux domaines. des perspectives de développement du- rable. Tout comme le Canada, la Corée Nous vous invitons à vous plonger du Sud possède de vastes réseaux de dans notre rapport a"n de mieux saisir transport d’énergie, de marchandises et l’ensemble des enjeux que nous avons eu de personnes, ce qui fournira une base le privilège d’analyser. intéressante de comparaison au plan de la construction des réseaux, de la logistique Bonne lecture!

15 tttt Visite au Port de Montréal. © MC

Visites au Canada Fondamentaux

Conférence de Son Excellence Rencontre avec Marcel Desjardins M. Choi Dong-hwan, ambassadeur de Corée du Sud à Montréal Pomerleau Technologies de l’information Blackberry YRH

Celesica Accenture

Bell Real Ventures

Rogers Communication Anges Québec

Telus GSoft

Telus Santé Nexalogy

Boston Consulting Group Samsao

McKinsey Transit App Transport Deloitte Metrolinx

Hatch Canadian Paci"c Railways

Scotiabank Canada Steamship Lines

SNC-Lavalin Fednav

8D Technologies Port de Montréal

AMT Gaz Métro

Bombardier aéronautique Hydro-Québec TransÉnergie tttt 16 Visites en Corée du Sud Fondamentaux

Zone coréenne démilitarisée Ambassade du Canada en Corée

Technologies de l’information Samsung C&T Hanyang University

Naver Corp KAIST

Alticast Samsung Electronics

Penta Security Merk Performance Materials

Transport

Ministry of Land, Infrastructure Busan Transportation and Transport Corporation

Seoul National Univeristy Korail

Electric Vehicle Symposium Bombardier transport (Light rail (EVS28) train)

Incheon Airport Hyundai Motors

Transport Operation and Daewoo Shipbuilding & Marine Information System (TOPIS) Engineering 17 tttt Visite des installations du Korea Institute of Energy Research (KIER). © MC

Guide de lecture

Les explications qui suivent visent à Traditionnellement, les noms occi- clari"er les conventions d’écriture utilisées dentaux suivent la forme « prénom nom » dans ce rapport a"n d’en faciliter la lec- et les noms asiatiques suivent la forme ture. « nom prénom ». Cet ordre est conservé dans le rapport pour plus de "delité. Lors de la rédaction de ce rapport Ainsi, la présidente Park Geun-hye porte nous avons tenté de respecter le plus pos- comme nom de famille « Park » et comme sible les règles et recommandations de prénom « Geun-hye ». l’Of"ce québécois de la langue française. Les mots empruntés à la langue anglaise Symboles ou coréene sont indiqués en italiques, sauf Le dollar ($) fait référence au dollar cana- pour les termes passés dans le langage dien. courant. Le dollar américain est exprimé par $US. 1 $ = 0,82 $US Les références présentées à la "n de Le won sud-coréen est exprimé par . ce rapport et classées par chapitre suivent 1 $ = 886,74 la norme APA 6e édition en français Cana- 1000 = 1,13 $ da, version Université de Montréal (créée Les conversions sont en date du 1er mai par Florian Martin-Bariteau). 2015.

Toute abbréviation de quantité suit la no- Ceci est une bulle théorique menclature suivante : Vous en trouverez au !l du texte. t milliers (103) : k (kilo-) Les bulles théoriques dé!nissent des termes t millions (106) : M (méga-) ou des concepts clés évoqués dans le texte t milliards (billions en anglais) (109) : et essentiels à la compréhension de celui-ci. G (giga-) Les bulles théoriques se trouvent à proximité 12 du terme dé!ni. t billions (trillions en anglais) (10 ) : T (téra-)

tttt 18 Table des matières

Géopolitique 20

Macroéconomie 36

Microéconomie 52 Commerce international 68 Technologies de l’information 84

Transport 110 « Quand les baleines se battent, la crevette se fait écraser » - proverbe coréen Le drapeau coréen !ottant au sommet du Bukhansan. © MC

Géopolitique vaincre les anciens vainqueurs

21 tttt Mise en contexte

La Corée telle qu’on la connaît au- "cie 15 fois plus petite que celle du Qué- jourd’hui est une péninsule d’Asie du bec. Avec un PIB de 1000 milliards de Nord-Est, divisée en deux pays : la Répu- dollars et une croissance économique qui blique de Corée au Sud et la République se maintient à 5 % comme c’est le cas populaire démocratique de Corée au Nord. en moyenne depuis 10 ans (OCDE, 2005- Une démocratie ouverte sur le monde au 2015), la Corée du Sud pourrait être la 3e Sud, un régime communiste totalitaire fer- puissance mondiale d’ici 2050, dépassant mé sur lui-même au Nord. des pays comme l’Inde, le Japon, l’Alle- Si le territoire coréen apparait aujourd’hui magne ou le Canada (Pons, 2010). comme un des derniers vestiges d’une guerre froide que l’on imagine souvent Avec des ports tels que Busan ( révolue, la région est aussi le lieu du déve- ), Ulsan (), Gwangyang () loppement de nombreuses industries de et Incheon (), le littoral coréen est le pointe. A"n de mieux comprendre l’envi- plus dynamique d’Asie de l’Est outre la ronnement dans lequel les industries évo- Chine. Sa position géographique ouverte luent en Corée du Sud, la compréhension sur l’océan fournit aux ports de la pénin- des enjeux géographiques, historiques, sule un avantage stratégique par rapport politiques et culturels de la région est né- aux autres ports asiatiques. Un des atouts cessaire. principaux par rapport au Japon est la pro- La Corée du Sud est actuellement tection des ports face aux courants océa- la 15e puissance économique mondiale niques, mais aussi la stabilité sismique de (Banque Mondiale, 2013) pour une super- la région. Ces zones portuaires ont d’au- tant plus d’intérêt que la Co- Corée du Nord rée du Sud est, à l’origine, un pays de tradition agricole doté de maigres ressources naturelles et qui dépend donc beaucoup aujourd’hui, Chine Séoul de ses échanges avec l’ex- Incheon térieurs. Par l’intermédiaire des ports, elle importe les tech- Daejon Pohang Daegu nologies, les capitaux et les Ulsan Jeonju matières premières, mais aussi exporte des produits à Gwangju Busan forte valeur ajoutée. Population des agglomérations 11 000 000 Japon L’énergie coréenne doit elle 4 000 000 2 500 000 1 000 000 aussi se fonder sur les im- 500 000 portations, notamment de Ports principaux pétrole ou sur le nucléaire Zone Démilitarisée (DMZ) depuis les années 1980. La mégalopole Séoul - Busan Cette dépendance éner- La Corée du Sud et ses principales villes. © MT gétique est l’une des fai- Chine blesses majeures de la puis- tttt 22 Corée du Nord

La ville de Séoul, vue du sommet du Bukhansan, le plus haut point de la capitale. © MC

sante industrie coréenne par conséquent entièrementChine subordonnée aux pays qui la fournie. Corée du Sud Ports principaux

Principales voies de La densité de population en Corée du vers Séoul transports terrestres Sud étant aussi très élevée avec 515 hab/ km2 en 2013 (Banque Mondiale, 2013), les réseaux de circulation s’y sont fortement POHANG développés. Qu’ils soient ferroviaires ou sidérurgie routiers, ces réseaux se sont concentrés ULSAN sur l’axe principal Séoul-Busan et sur l’axe chantier naval - pétrochimie CHANGWON raffinage secondaire Séoul-Gwangju. Ils ont aussi mecanique - automobile vers la Chine BUSAN été adaptés aux besoins des industries, #11 Port Mondial Japon GWANGYANG permettant donc leur évolution. acierie #1 mondiale Sur l’axe entre Séoul (), la capitale, et Busan, 11e port mondial (Port de Rotter- vers le Japon dam, 2013), c’est une véritable mégalopole coréenne qui a pris forme. Cet axe est hé- rité de la colonisation japonaise qui avait développée les industries au nord de la Le port d’Icheon (Séoul) est directement relié, à l’est, au complexe péninsule pour les acheminer au sud à Bu- industrialo-portuaire d’Ulsan regroupant le raf!nage, la pétrochimie et des chantiers navals, ainsi que Pohang pour la sidérurgie. À l’ouest, Changwon san, port le plus ouvert vers le Japon. Avec regroupe la mécanique et l’automobile alors que Kwangyang, 2e port coréen, 33 millions d’habitants, l’agglomération de possède la plus grande aciérie mondiale. © MT ChineSéoul regroupe 70 % de la population pour former la région la plus dynamique du pays nication entre ces 3 pôles est encore une et regrouper à elle seule 75 % du PIB sud- fois renforcée par le réseau ferroviaire et la coréen. La capitale regroupe les industries circulation du KTX, le TGV coréen, mis en textiles, électroniques, électriques et de service depuis 2004 (Encyclopædia Uni- pointe. C’est 50 % des installations indus- versalis, 2015). trielles coréennes que l’on retrouve dans cette zone ouverte vers l’extérieur par le Par sa situation géographique entre port d’Incheon, aussi spécialisé dans les la Chine et la Russie au nord, et le Japon industries lourdes telles que le raf"nage au sud, la péninsule coréenne se trouve (Encyclopædia Universalis, 2015). entre 3 des 5 plus grandes puissances Busan, quant à elle, est le centre de la se- mondiales (Banque Mondiale, 2013). Bien conde grande région industrielle du pays. avant d’être le théâtre des relations ten- Le port a un rôle central dans l’organisa- dues entre ces puissances, il faut rappe- tion des axes littoraux puisqu’il est relié à ler que la culture coréenne est le résultat tous les complexes industrialo-portuaires d’une réelle différenciation locale. Depuis du Sud de la péninsule. plus de 1000 ans, jusqu’à la colonisation par le Japon au début du 20e siècle, de Entre Séoul et Busan, la ville de nombreux Royaumes se sont succédés Daejeon () joue le rôle de centre de sur la péninsule coréenne. Ce sont ces développement technologique. Véritable Royaumes qui ont permis de maintenir berceau de la recherche sud-coréenne, la une société indépendante politiquement plaine de Daejeon est souvent comparée et culturellement distincte des puissances à la Silicon Valley américaine. La commu- voisines. 23 tttt La Corée avant le 20e siècle les 3 Royaumes

Les premiers peuples sédentaires tous les Coréens. Cependant, du fait de présents sur la péninsule coréenne la proximité du puissant empire chinois, sont relatés dans la littérature chinoise un certain héritage culturel en provient et dès le 4e siècle avant Jésus-Christ. reste présent dans les traditions coréennes Progressivement, ces différents peuples et que ce soit par les caractères chinois dans royaumes ont dé!ni une identité régionale le langage écrit ou par l’adoption de la phi- commune. C’est seulement après une losophie néo-confucianiste par l’élite diri- période de con"its entre trois Royaumes : geante coréenne. Koguryo () au nord, Baekche () au sud-ouest et Silla () au sud-est L’in"uence du confucianisme dans la puis la victoire de Silla, que la péninsule société coréenne est d’abord visible au ni- coréenne est uni!ée en 668. veau des relations sociales dont l’harmo- nie résulterait du fait que chaque individu connaisse sa tâche dans l’ordre naturel et que cette tâche soit bien faite. En adoptant cette idéologie, l’État encou- rage aussi l’éducation, pilier de la phi- losophie de Confucius. De nombreuses écoles sont alors fondées pour enseigner selon l’idéologie traditionnelle. La mérito- cratie est en effet à la base de l’organisa- tion de la structure sociale et de l’accès au pouvoir, régie par des tests d’aptitude écrits. La capacité à diriger est évaluée par la capacité d’une personne à se gouverner elle-même ainsi que ses sujets à travers l’éducation et le caractère exemplaire de ses décisions. La personne qui gouverne est alors celle qui le fait par vertu et qui cherche à corriger son peuple par bienveil- lance plus que par punitions ou méthodes Détail du toît d’un des palais du complexe de Gyeongbokgung à Séoul. © MC coercitives (Confucius, Entretiens, II.1.).

C’est sous la dynastie Koryo (, 918- La nature culturelle et philosophique 1392), dont le nom occidental « Corée » de ces rapprochements avec la Chine per- est dérivé, que le territoire atteint les fron- met aussi une entente militaire entre la tières qu’il connaît aujourd’hui, Corée du Chine et la Corée. Sous la dynastie Cho- Nord incluse. La dynastie Choseon (), qui oc- Confucianisme cupe le trône de 1392 à 1910, cherche en- Le confucianisme est la doctrine philos- suite à consolider les frontières nationales ophique de Maître Kong, ou Kongfuzi, nom que les jésuites ont latinisé en Confucius. et les pratiques culturelles locales. Le néo-confucianisme en Corée est une évo- Contrairement à la Chine, bien qu’il y ait lution des pratiques du confucianisme qui des différences régionales de moeurs est adoptée sous la dynastie Joseon comme et de dialectes, une réelle homogénéité idéologie d’État. Durant cette ère, le Boud- culturelle fondamentale existe et les ac- dhisme et toute autre religion sont considérés néfaste par l’ordre néo-confucéen. cents sont parfaitement intelligibles entre tttt 24 seon, le Roi coréen entretien un lien étroit politique pseudo-autarcique limitant les avec la Cour chinoise allant même jusqu’à contacts avec l’extérieur à quelques rares préter allégeance à cet Empire. Cette obé- missions diplomatiques en Chine et à un dience envers la Chine pour une protection port destiné aux échanges avec les mar- militaire et une reconnaissance politique chants japonais. C’est ce port qui devient n’est cependant que symbolique, car les plus tard le Port de Busan que l’on connaît Coréens possèdent une réelle autonomie aujourd’hui. 250 ans de paix et de stabilité dans leur développement local. interne s’en suivent jusqu’au 19e siècle, pé- Après les invasions japonaises dévasta- riode où les pays occidentaux découvrent trices du 16e siècle et celles des Mand- ce territoire et manifestent de l’intérêt à chous au 17e siècle, la Corée de la dynas- ouvrir le marché coréen vers l’international tie Choseon va jusqu’à développer une (Encyclopaedia Universalis, 2015). Des relations délicates Dans les années 1860, la Grande- plutôt que les géants américains Microsoft Bretagne, la France et les États-Unis ou Apple. Alors que le Japon ne semble tentent, en vain, successivement d’ame- pas entretenir un tel désir de rivalité, quelle ner la Corée vers l’ouverture au commerce. est la motivation réelle des coréens? C’est !nalement le Japon, très récemment ouvert aux relations internationales, qui D’abord, il faut mentionner que le impose un traité diplomatique à la Corée Japon a réalisé les prémices du dévelop- pour la première fois en 1876. Suit alors pement industriel en Corée. Ce sont des une guerre d’in"uence dans la région entre industries telles que l’acier, le ciment et la Chine, le Japon et la Russie. les produits chimiques qui sont mises en La victoire de cette guerre de 10 ans par le place dans les années 1920 et 1930, par- Japon lui permet d’annexer la Corée qui est ticulièrement dans la partie nord de la ainsi considérée en 1910 comme une colo- péninsule où le charbon et les ressources nie nippone. Ce con"it ainsi que plusieurs hydroélectriques sont abondants. autres qui ont suivi ont fortement mar- À l’époque où les lois coloniales japo- qué et, en quelque sorte, forgé l’identité naises prennent !n, la Corée est le 2e pays coréenne. En effet, suite aux nombreuses d’Asie le plus industrialisé, après le Japon invasions, un fort sentiment de vengeance lui-même (Armstrong, 2014). s’est emparé du peuple coréen, justi!ant Or, si le Japon colonise la péninsule au par le fait même leur extrême compétitivité début du 20e siècle contribuant à l’apport (Hong Lai, 2010). de nombreuses technologies industrielles lors de la colonisation, une gouvernance Aujourd’hui, alors que la Corée du stricte et souvent brutale est exercée. Sud est devenue une puissance écono- L’objectif des Japonais est clair : assimi- mique mondiale, plusieurs rivalités et ten- ler le peuple coréen à la culture nipponne sions avec la Chine, le Japon et la Corée en tentant d’anéantir la langue et l’identité du Nord, demeurent. culturelle coréenne (Armstrong 2014). Par la suite, lors de la Deuxième Guerre « Il faut vaincre les anciens mondiale, ceux-ci vont même jusqu’à for- vainqueurs » (Légaré-Tremblay, 2015) cer de jeunes hommes à s’enrôler dans Les relations con"ictuelles entre le Japon l’armée japonaise et de jeunes femmes et la Corée du Sud perdurent depuis plus à se prostituer. Naît alors un fort senti- d’un siècle. Les Sud-Coréens entretiennent ment de colère des Coréens envers les une volonté profonde de surpasser leur ri- Japonais, que l’on peut ressentir encore val historique dans toutes les sphères de la aujourd’hui. Ceux-ci n’ayant toujours pas société. Par exemple, Samsung considère oublié la présence forcée des Japonais sur Sony comme son principal compétiteur, leur territoire. 25 tttt La !n de l’occupation nipponne sur- tentent d’améliorer leurs relations. De plus vient alors que le Japon abdique face aux en plus de projets communs sont entrepris États-Unis et leurs alliés occidentaux en en vue d’une réconciliation. 1945. Of!ciellement, le traité de paix est Un exemple majeur est l’organisation de signé en 1965 : le Japon alors devient le la Coupe du monde de football 2012 réa- plus important partenaire commercial de lisée conjointement entre les deux pays; la Corée du Sud (Hong Lai, 2010). un pas vers une coopération essentielle à leur développement économique. En effet, Cependant, les tensions sont tou- la Corée est un partenaire commercial de jours palpables : le gouvernement coréen poids pour le Japon, et inversement. Elle actuel critique la rhétorique révisionniste dépend notamment du pays du Soleil-Le- du Japon. En effet, de nombreux actes vant pour de nombreux produits de haute symboliques de la part du gouvernement technologie (Hong Lai, 2010). japonais dans les dernières décennies, Outre l’interdépendance économique, réinterprétant ou niant certains gestes les deux pays partagent la même vision commis durant la guerre, sont venus at- en ce qui concerne la sécurité des voies tiser les mésententes des deux peuples maritimes et les relations avec la Corée (Hong Lai, 2010). Les cicatrices semblent du Nord. Les produits culturels japonais et profondes. coréens connaissent un succès retentis- En dépits des nombreux différends histo- sant dans chacun des pays (Heimburger, riques et mémoriels, le Japon et la Corée 2014). Deux pays en guerre La guerre de Corée; épisode de la des plus grandes rivalités de l’Histoire. guerre Froide Malgré ses allures de guerre civile, la La !n de l’occupation japonaise sur le guerre de Corée s’étend à l’internatio- territoire coréen suite à la Deuxième nal, comme la majorité des con#its qu’a Guerre mondiale marque le début d’une connus la Corée. En raison de sa situa- tion géopolitique et de sa position stra- tégique, «un problème coréen n’a existé indépendamment du contexte régional et mondial» (Pak, 2013). La péninsule coréenne est alors divisée en deux; le Nord communiste et le Sud pro-occidental. À ce moment, les rela- tions entre les deux États antagonistes sont très tendues et la Corée devient le décor des oppositions entre les protago- nistes de la guerre froide. En effet, ce con#it, opposant les démo- craties occidentales aux régimes com- munistes, n’a pas lieu qu’en Europe. Les disputes territoriales en Asie jouent éga- lement un rôle crucial dans le dénoue- ment des combats entre alliés de l’Union soviétique et des États-Unis (Jean Cer- makian, 2013). La frontière très surveillée entre les Corées du Sud et du Nord. C’est dans cette atmosphère que les Symbole du con!it coréen, la zone démilitarisée (DMZ) est la frontière terrestre unique longue de 238 kilomètres, doublée de structures militaires Nord-Coréens, appuyés par les armées permanentes, séparant les deux pays. © MC chinoises et soviétiques, décident d’en- vahir leur voisin du sud en 1950. Cette tttt 26 attaque a ironiquement pour but de réunir Toutefois, le maintien de l’activité nu- à nouveau les deux Corées. La guerre de cléaire par Pyongyang, capitale de la Corée éclate. Corée du Nord, se dresse comme un obstacle à cette politique et "ge les Trois ans et quatre millions de morts projets de réconciliation (Benoit Hardy- plus tard, le con!it prend of"ciellement Chartrand, 2013). "n le 27 juillet 1953, alors que l’armis- tice de Panmunjom est signé. Cet ac- D’un point de vue économique, une cord consacre la division de la péninsule réuni"cation serait-elle rentable pour la entre les deux états ennemis de part et puissance mondiale qu’est devenue la d’autre d’une zone démilitarisée suivant Corée du Sud? À partir du modèle de la le 38e parallèle et statue, de façon per- réuni"cation allemande, il est possible manente, la présence des forces armées de croire qu’une telle démarche coûterait américaines en Corée du Sud (Benjebria, 500 milliards de dollars. Avec un PIB 45 2015). fois plus élevé que son voisin, ces coûts seraient absorbés en quasi-totalité par la Ainsi, cette guerre, dont la réuni"- Corée du Sud. Il est à se demander si les cation était l’objectif, a inversement en- Sud-Coréens sont prêts à de tels inves- tériné la division. tissements. Selon une enquête menée par le minis- Relations d’aujourd’hui tère sud-coréen de l’Uni"cation publiée Un armistice se décrit comme une en 2014, seulement 50 % des habitants convention mettant "n à un con!it entre seraient prêts à consentir des sacri"ces deux ou plusieurs armées en temps de "nanciers pour parvenir à une réuni"ca- guerre. Ce n’est cependant pas un traité tion (RTL, 2014). de paix : les deux Corées sont théorique- Selon M. Walsh, ambassadeur du Ca- ment toujours en guerre. nada en Corée, il y aurait aussi la pos- sibilité d’une intervention économique Ces dizaines d’années de « paix ar- des pays étrangers supportant la réuni- mée » n’ont fait qu’accentuer le contraste fication afin de combler la faible capa- entre les deux États. Au nord, la popula- cité financière de la Corée du Nord. Les tion est sous le joug d’un régime totalitaire démarches ne sont toutefois pas assez dont les politiques priorisent le dévelop- avancées pour que le Canada puisse pement militaire aux dépends des besoins prendre une quelconque décision. Il fondamentaux, alors qu’au sud, l’écono- ajoute aussi qu’il est probable que la mie est en plein essor et ses politiques Corée du Nord, pour une question de favorisent une ouverture sur le commerce fierté, ne soit pas réceptive à une telle international. aide financière (Kim, Kim, Walsh, Dubuc et Poly-Monde, 2015). Les relations sont con!ictuelles et on assiste à des épisodes de forte ten- Outre le côté économique, il ne faut sion. Cependant, l’arrivée de Park Geun- pas négliger les différences idéologiques hye à la tête de la Corée du Sud en 2012 et culturelles entre les deux peuples. amène une lueur d’espoir en faisant de la Les organisations non-gouvernemen- réuni"cation une priorité. tale (ONG) venant en aide aux réfugiés Le gouvernement tente d’ouvrir le dia- nord-coréens s’inquiètent du fait que logue avec le régime de Kim Jong-Un « soixante et une années de séparation tout en favorisant la sécurité nationale. et d’isolement pour le régime ermite de La Corée du Sud pourrait alors pro"ter la Corée du Nord ont éloigné les deux des nombreuses ressources naturelles peuples qui, [même] s’ils continuent de des nord-coréens, tandis que ces der- se voir comme une seule nation, se mé- niers auraient accès à la main d’œuvre "ent l’un de l’autre et ont de plus en plus industrielle très développée sud-co- de mal à se comprendre, y compris sur le réenne. plan linguistique » (Autere, 2014). 27 tttt Dans les rues de Séoul, aucune important partenaire économique des trace de la guerre n’est ressentie. On Nord-Coréens, leur fournissant plusieurs perçoit plutôt le succès planétaire que ressources telles que de l’énergie, des connait la Corée dans la présente décen- produits de consommations et de luxe, nie. Pour les jeunes, la guerre semble ap- ainsi que de la nourriture. Il est logique partenir au passé. Cependant le con!it de croire que la Chine ne veut pas mettre est réel et la zone démilitarisée du 38e en péril cette relation particulière avec parallèle marque le fossé important entre ses voisins du sud (Kelly, 2014). les deux Corées. La Corée du Sud se retrouve donc dans Les soldats du sud et du nord postés à une situation bien délicate alors que les la frontière rappellent que la réuni"cation deux plus grandes puissances mondiales ne se fera pas sans conséquences ni sa- divergent sur la question de la réuni"ca- cri"ces (Pak, 2013). tion.

La vision de Pékin sur la question, à l’opposé de celle de Séoul, freine le dé- veloppement des relations entre les deux pays. Cependant, ce développement est inévitable en raison de la montée de la Chine dans les dernières années. La Corée du Sud fait donc face à un di- lemme stratégique. D’une part, les États- Unis, allié traditionnel assurant leur protection et d’autre part, la Chine, de laquelle la Corée est grandement dépen- dante économiquement. Pour leur propre intérêt national, les Sud-Coréens croient qu’il ne faut, en aucun cas, promouvoir une relation au dépend de l’autre (Han, « Non pas la dernière station depuis le Sud, mais la première vers le Nord. » 2012). Comme l’illustre cette pancarte visible dans la gare frontalière de Dorasan, les espoirs de réuni!cation sont encore présents. © MC Bref, que ce soit avec le Japon, la Chine ou les États-Unis, la Corée se L’in!uence des puissances retrouve dans plusieurs cas le théâtre mondiales de confrontations, d’oppositions et de La Chine et les États-Unis, alliés respec- mésententes qui créent un climat d’in- tifs du Nord et du Sud, sont des acteurs certitudes politiques et sociales. On y importants dans la question de la réuni"- voit, encore-là, la source de la mé"ance cation de la péninsule. constante, du nationalisme et du senti- Selon les Américains, la Corée du Nord ment de vengeance du peuple coréen. représente un des problèmes les plus Ces situations con!ictuelles poussent la dérangeants et persistants pour les po- Corée à sortir de l’état d’extrême pau- litiques étrangères. Le régime de Kim vreté dans lequel elle s’est retrouvée. Jung-un est perçu comme une réelle Conséquemment, une doctrine prônant menace à la sécurité nationale du pays. l’ardeur au travail et les efforts constants C’est pourquoi, les Américains sup- est inculquée au peuple. Plusieurs an- portent ardemment la vision de la Co- nées plus tard, cette mentalité persiste rée du Sud pour une réuni"cation sous et la Corée est gouvernée par la culture le contrôle de Séoul (John-Chul Park, du « Ppalli, Ppalli! » (« Allez, allez! »). Cet 2014). état d’esprit met de l’avant l’ef"cacité La Chine pour sa part ne se positionne d’exécution au dépend du bien-être de pas of"ciellement sur la question de la tous. Une forte compétitivité est alors réuni"cation a"n de protéger ses propres présente dans plusieurs sphères de la intérêts. En effet, Pékin est de loin le plus société coréenne. tttt 28 Relations avec le Canada

Plus de 50 ans de relations diploma- tiques lient la Corée du Sud et le Canada. Premiers missionnaires occidentaux à vi- siter la péninsule coréenne au 19e siècle (Foreign Affairs Trade and Development Canada Government of Canada, 2015) (Yoo, 1996), les Canadiens participent à la mise en place d’élections libres par l’entre- mise de la Commission des Nations Unies en 1947 et reconnaissent la République de Corée en 1949 (Foreign Affairs Trade and Development Canada Government of Ca- nada, 2015). Par la suite, le Canada devient, avec 26 791 troupes, le troisième plus gros contingent étranger lors de la Guerre de Corée en 1950-53, une attention que les Sud-Coréens tiennent encore en estime (Choi, 2015).

Ce n’est qu’en 1963 que les deux pays of"cialisent leurs relations diplo- matiques. Deux ans plus tard, la Corée du Sud est la première à inaugurer son ambassade à Ottawa (Embassy of the Republic of Korea to Canada, 2015); il faudra attendre 1973 pour qu’une am- bassade canadienne ouvre ses portes à Séoul (Foreign Affairs Trade and Deve- lopment Canada Government of Canada, 2015). La Mission 2015 à l’ambassade du Canada en Corée du Sud. © MC

Le développement rapide de la pièces automobiles, des pneus ou encore Corée a permis aux deux pays d’étoffer de l’acier, et de la part du Canada du char- leurs relations au fur et à mesure des bon bitumineux, des minerais de cuivre, années : leurs adhésions communes au de fer et d’uranium, et de la pâte à papier G20 (Groupe des vingt), à l’APEC (Coopé- (Embassy of the Republic of Korea to Ca- ration économique pour l’Asie-Paci"que, nada, 2015). en anglais Asia-Paci!c Economic Coo- A"n de favoriser encore ces échanges et peration), à l’OMC (Organisation mon- de concurrencer les États-Unis et l’Union diale du commerce) ou encore à l’OCDE européenne, un accord de libre-échange (Organisation de coopération et de déve- Canada-Corée du Sud (ALECC) est signé loppement économiques) ont renforcé en septembre 2014. Cet accord, étudié leurs liens diplomatiques, économiques plus en détails dans le chapitre Commerce et commerciaux. international de ce rapport, permettra au C’est ainsi qu’en 2014 la Corée est le 7e Canada d’augmenter ses exportations partenaire commercial du Canada avec vers la Corée de 32 %, en plus d’injecter 11,4 milliards de dollars de marchandises 1,7 milliards de dollars dans l’économie échangées (Kim et al., 2015) comprenant canadienne et de créer des milliers d’em- principalement de la part de la Corée des plois (Affaires étrangères Gouvernement voitures, des téléphones mobiles, des du Canada, 2015). 29 tttt L’évolution des systèmes politiques

Évolution du système politique et instaurant un système parlementaire bica- organisation actuelle méral permettant une meilleure régulation Le développement de la puissante indus- du pouvoir exécutif. C’est le début de la IIe trie sud-coréenne et la croissance rapide République qui semble dessiner les bases du pays est le fruit de politiques de dé- d’un système politique plus équilibré. veloppement favorisées par la structure même du pouvoir qui a oscillé entre régime Pourtant, le 16 mai 1961, un coup présidentiel et dictature. Il s’agit donc ici d’état militaire dirigé par le général Park de comprendre les évolutions qu’ont ap- Chung-hee dissout le Parlement et crée un portées les six Constitutions coréennes Conseil suprême de reconstruction natio- promulguées depuis 1948. nale. Park fait adopter par le référendum du 17 décembre 1962 une nouvelle constitution qui restaure le système présidentiel, c’est la IIIe République. Dix ans plus tard en 1972, dans l’objectif de pérenniser son pouvoir « à vie », Park fait adopter une nouvelle Constitution pour créer la IVe République qui ne limite plus le nombre de mandats présidentiels. Cette dernière constitution, assurant une élec- tion majoritaire à Park est fortement criti- quée par des Coréens qui souhaitent une réelle démocratie. Jusqu’à sa mort, Park ne réussit alors à gouverner qu’en prenant des mesures d’exception et en proclamant des lois martiales pourtant à l’encontre d’une culture néo-confucianiste profondé- ment anti-coercitives.

À la mort de Park, un Comité spécial L’ambassadeur Choi en conférence à Polytechnique, soulignant l’amitié de la sécurité nationale est créé et aboutit canado-coréenne. © MC au vote de la Constitution de la Ve Répu- blique, approuvée par référendum. La première Constitution coréenne Cette République est marquée par la limi- est promulguée le 17 juillet 1948, suite à tation du mandat présidentiel à 7 ans et l’occupation japonaise qui durait depuis par la suppression du couvre feu qui exis- plus de 35 ans. La République de Corée tait depuis 1945. est fondée le 15 août 1948 avec la mise En 1987, la Constitution coréenne évo- en place d’un gouvernement pro-amé- lue une nouvelle fois pour faire entrer la ricain à Séoul et l’élection du Président Corée du Sud dans la VIe République. Elle Rhee Syngman au suffrage indirect. Sous marque le retour d’une réelle représenta- la gouvernance de Rhee, la Constitution est amendée pour autoriser le cumul des Bicamérisme mandats et l’élection du Président au suf- Système d’organisation politique divisant le frage universel direct. Parlement en une Chambre basse élue di- rectement par le peuple (assemblée) et une À la chute du régime de Rhee, l’Assemblée Chambre haute représentant l’État (sénat). nationale adopte une nouvelle Constitution tttt 30 Monocamérisme dente actuelle et !lle de Park Chung-hee, Système d’organisation parlementaire à une a été élue en Novembre 2013. seule Chambre (l’Assemblée dans le cas de Le pouvoir législatif appartient au parle- la Corée). ment d’une seule chambre : l’Assemblée nationale ou Gukhoe (). Elle est com- tion du peuple dans les décisions légis- posée de 273 députés dont les deux tiers latives et le choix de leur dirigeant par le se font élire au scrutin majoritaire alors suffrage universel qui n’existe plus depuis que le dernier tiers des sièges est réparti 1972 et réduit à 5 ans le mandat présiden- proportionnellement à la représentation tiel (Encyclopædia Universalis, 2015). de chaque parti lors du suffrage direct. Ils sont élus pour un mandat de 4 ans. Actuellement, le régime sud-coréen L’Assemblée investit ensuite le Premier est présidentiel et monocaméral, même si ministre proposé par le Président et, peu à peu, le Président a perdu de ses pré- même une fois investi, elle conserve le rogatives au pro!t du Parlement. droit de révoquer le chef du gouvernement Or, si un gouvernement sud-coréen est en place après un an. créé très tôt, une réelle démocratie ne C’est aussi à l’Assemblée que les lois sont commence à se mettre en place qu’au proposées, débattues et votées (Biblio- cours des années 1980 et 1990 pour res- Monde, 2006). sembler à l’organisation que l’on connaît Le pouvoir judiciaire est quant à lui consti- aujourd’hui (BiblioMonde, 2006). tué des cours de district, des cours d’ap- pel et de la Cour suprême, et le Chef de L’organisation du pouvoir est faite la Justice est nommé pour 6 ans par le autour d’un pouvoir exécutif, d’un pouvoir Président de la République avec approba- législatif et d’un pouvoir judiciaire. tion de l’Assemblée nationale. Le Chef de Le pouvoir exécutif est détenu par le Pré- la Justice nomme les juges des tribunaux sident de la République, et son Premier suite à l’approbation du Conseil constitu- ministre doit être considéré comme son tionnel. Une fois nommés, les juges sont premier assistant. Park Geun-hye, la prési- inamovibles (BiblioMonde, 2006). Le miracle de la rivière Han Hangangui Gijeok, 한강의 기적

La croissance économique sud-co- critiquées pour leur autoritarisme, le début réenne est comparée à un véritable miracle de la réussite économique coréenne est pour son ef!cacité fascinante. Les leaders souvent attribuée à sa reforme des terri- du pays ne manquent pas une utilisation toires. L’objectif de cette réforme est une de ce terme pour éveiller la !erté et le na- redistribution équitable des territoires et tionalisme des Sud-Coréens. un accès à la propriété qui se traduit par Cette croissance forte a permis une indus- une nette augmentation du pourcentage trialisation rapide du pays, des créations de terres exploitées par des agriculteurs technologiques, une urbanisation impor- propriétaires qui passe de 14 % à 72 % tante, ou une excellence éducative qui entre 1944 et 1964 (Putzel, 2000). font désormais la !erté du peuple coréen. Cette division équitable de la propriété des Ces évolutions sont cependant les fruits terres permet une augmentation et une ré- de politiques nationales dif!ciles. partition des revenus dans les campagnes. Trois facteurs majeurs montrent ensuite La réforme des territoires de Rhee que cette réforme s’inscrit dans le plan de Syngman (1953-1961) développement économique sud-coréen : Si les politiques de Rhee Syngman sont Premièrement, cette réforme crée un envi- 31 tttt ronnement politique et économique plus ment sur des industries légères dans les stable dans les campagnes permettant années 1960, sur des industries lourdes et ainsi à Rhee puis Park de se concentrer chimiques dans les années 1970, pour en- sur le développement du secteur industriel !n atteindre le développement des hautes (Putzel, 2000). technologies dans les années 1980. Deuxièmement, la reforme est essentielle Cette évolution est visible dans la part pour l’accès à l’éducation des popula- du PIB de la production industrielle qui tions rurales dans les années 60. La tradi- passe de 9 % en 1953 à 39 % en 1985. tion néo-confucianiste du pays amène les Mais cette évolution rapide n’est pas familles rurales à dépenser la majorité de sans causer de protestations du peuple leurs augmentations de revenu dans l’édu- qui conduisent alors Park à prendre des cation de leurs enfants qui fournissent mesures pour contenir la population et alors une mains d’œuvre hautement qua- conserver le pouvoir (Encyclopædia Uni- li!ée, ressource de choix pour l’industrie versalis, 2015). locale en développement. L’héritage des lois martiales Le peuple coréen a été fortement marqué par le recours récurent de leurs Présidents aux lois martiales. Dès son second mandat, le Président sud- coréen Rhee Syngman, anticommuniste virulent, décrète une loi martiale en 1956, ainsi qu’une loi sur la sécurité nationale destinée à opprimer la presse. Pendant la dictature de Park une seconde loi martiale est là encore mise en place lorsqu’il réalise que son despotisme n’est pas accepté par la société coréenne. Après sa mort, malgré la volonté de Choi Kyu-hah de prendre des mesures libérales, un nouveau groupe militaire dirigé par le général Chun Doo-hwan prend le pouvoir. C’est !nalement en 1987 que le Président Des membres de la Mission en hanbok, l’habit traditionnel coréen. © MC Roh Tae-woo met en place la VIe République Finalement, l’augmentation des revenus du et apaise les traumatismes laissés par ces secteur rural permet l’expansion du mar- lois en rétablissant le suffrage universel, la ché local dont l’étendue est fondamentale liberté de la presse et la liberté syndicale. au début de la période d’industrialisation par substitution des importations du plan Des politiques de puri!cation du quinquennal de Park Chung-hee (Putzel, 2000). Chaebol () De chae – richesse – et bol – clan (Merriam- Le plan quinquennal de Webster Dictionary, 1984). Créés après la guerre par le gouvernement développement économique de Park Chung-hee, ces conglomérats familiaux Park Chung-hee de compagnies (sous forme de maison mère– Amorcé au début de la dictature de Park "liales) avaient pour but de relever l’économie Chung-hee en 1962, le premier plan quin- nationale en leur con"ant le monopole de quennal de développement économique secteurs donnés. Bien qu’ayant fait de la Corée l’un des dragons asiatiques, les chae- coréen est mis en place jusqu’en 1966. bols sont aujourd’hui critiqués pour leur as- Son objectif est l’industrialisation forte du pect ploutocratique (dirigés par l’argent), pays par la promotion des exportations et leurs relations "nancières complexes et leur le contrôle d’un État autoritaire. poids trop important dans le PIB coréen. À travers des plans d’industrialisation Parmi les principaux chaebols, on peut nom- mer Samsung, Hyundai et LG Group. de 5 ans, l’accent a été mis progressive- tttt 32 système politique sont ensuite mises Par la suite, élu en 2002, le programme en place. D’abord par le Président Kim du Président Roh Moo-hyun est princi- Young-sam pour que ses prédécesseurs palement orienté vers la lutte contre la puissent être jugés pour leurs crimes corruption récurrente dans les puissants commis lors du coup d’état de 1979 et chaebols (conglomérats) et dans les mi- ensuite lors des soulèvements populaires lieux politiques (Encyclopædia Universa- de Kwangju. lis, 2015). Hallyu : la déferlante coréenne 2,3 milliards. C’est le nombre de vues que totalise en mai 2015 le vidéoclip Gan- gnam Style du chanteur sud-coréen PSY (PSY - GANGNAM STYLE () M/V, 2012), lui valant plusieurs records Guinness (Guinness World Records News, 2012). Cette chanson, devenue virale, a démocratisé la musique coréenne en Amérique du Nord et en Europe.

Cette découverte soudaine de l’Oc- cident pour la culture coréenne n’est pas le fruit du hasard, mais d’une entreprise bien plus profonde et calculée du gou- vernement. Car oui, la culture coréenne s’exporte déjà depuis la "n des années 1990, notamment dans le reste de l’Asie, Le chanteur sud-coréen PSY a su démocratiser la K-Pop en occident. mais également au Moyen-Orient et en © Capture d’écran YouTube Amérique du Sud (Courmont, 2012; Léga- ré-Tremblay, 2015). les efforts non pas sur l’industrie manu- Appelée hallyu, cette « vague [culturelle] facturière, mais sur la culture. Une ap- coréenne » est l’initiative du gouverne- proche assez inédite et risquée, rarement ment du président Kim Dae-jung (en poste entreprise par les gouvernements occi- de 1998 à 2003), désirant à l’époque diver- dentaux, comme par exemple au Québec, si"er les revenus du pays (Légaré-Trem- où 2,5 millions de dollars ont encore été blay, 2015). La dépendance aux chaebols coupés du budget du Conseil des arts et devenant un risque d’écroulement de des lettres du Québec en 2015 (ICI.Radio- l’économie si l’un de ses géants venait à Canada.ca, 2015). péricliter, le président Kim décide, après la crise économique asiatique de 1997- Pour mener à bien ce programme, le 1998, de relancer le pays en concentrant gouvernement se lance dans le pari auda- cieux de devenir le pays le plus connec- Hallyu () té du monde, dé" qu’il relève à peine Des racines han () – état d’être coréen – quelques années plus tard (Légaré-Trem- et ryu () – vague ou courant, la hallyu est blay, 2015). la vague culturelle initiée par le gouverne- Aujourd’hui encore, la Corée du Sud est ment de Kim Dae-jung au début des années 2000. Exportant la culture musicale, ciné- l’un des pays précurseurs de nombreuses matographique, télévisée, technologique et technologies, comme les normes de télé- culinaire, ce mouvement vise à diversi"er les phonie mobile CDMA ou LTE, ce qui lui revenus nationaux et promouvoir internation- valent le quali"catif de « marché test » alement le Made in Korea, pour ainsi assurer pour de nombreuses innovations électro- la stabilité économique du pays. niques (Ducourtieux, 2013). 33 tttt Parallèlement, beaucoup d’efforts ou la diffusion de programmes télé et de sont mis pour encourager la création de #lms, mais est grandement ampli#ée par contenu : en 2012, ce sont plus de 1 billion Internet, d’où la course à la connectivité de won (1,1 milliard de dollars canadiens) menée par le gouvernement. qui ont été insuf"és par le Ministère de Les vidéoclips de K-pop sont vus plu- la Culture, du Sport et du Tourisme dans sieurs dizaines de millions de fois sur les l’industrie de la culture (Cho, 2012). Les sites de partage comme YouTube, les ad- béné#ciaires vont des studios cinémato- mirateurs de K-drama s’entraident a#n de graphiques de Busan aux maisons de pro- traduire en plusieurs langues leurs émis- duction musicale, telles SM entertainment, sions préférées, et les #lms sont dispo- YG entertainement ou encore JYP enter- nibles en ligne et sous-titrés. La société tainement. Son in"uence est telle en Asie coréenne restant très traditionnaliste, ses que les célébrités coréennes #gurent par- programmes – surtout ses téléromans – mi les acteurs les mieux payés au monde s’exportent très facilement : contrairement derrière ceux de Hollywood (Faiola, 2006). aux séries américaines mêlant violence et sexualité, les K-drama demeurent très pudiques et abordent des thèmes pouvant passer aux heures de grande écoute dans le monde musulman, expliquant leur suc- cès dans les pays du Moyen-Orient (Léga- ré-Tremblay, 2015).

Les conséquences de cette vague culturelle sont impressionnantes et visibles dès les balbutiements du programme : de 2003 à 2004, le nombre de touristes étran- gers visitant la Corée du Sud est passé de 2,8 à 3,7 millions (Faiola, 2006), pour atteindre 14 millions aujourd’hui (Of#ce national du Tourisme coréen, 2014). Un autre effet collatéral de cette vague : une solidi#cation des chaebols. Grâce au place- ment de produits dans les K-drama, les #lms ou les vidéoclips de K-pop, l’Asie, le Moyen- Orient ou l’Amérique du Sud sont inondés visuellement de produits coréens, les mé- nages de ces pays en développement dési- rant maintenant posséder une voiture Kia, de l’électroménager LG ou le nouveau télé- phone Samsung (Légaré-Tremblay, 2015). C’est un véritable écosystème socio-écono- mique que le gouvernement coréen a réussi à installer avec sa hallyu.

Cet hôtel de Busan, à l’ef!gie du groupe de K-pop 2NE1, témoigne de la Les raisons of#cielles de cette expor- place qu’occupe la hallyu dans la culture coréenne. © MC tation culturelle cachent cependant une motivation plus profonde : l’obsession de Cet univers artistique gigantesque la première place. Constamment envahie se base sur différents média : la musique et occupée par ses voisins, c’est la pre- (avec la K-pop – de l’anglais Korean pop), mière fois que la Corée part à la conquête les téléromans (K-drama), les #lms, les du monde. Entretenu par des années de technologies et la cuisine. soumission et d’assimilation, le sentiment Sa propagation se fait au travers de du han est omniprésent dans la société du moyens traditionnels, par la vente de CD matin levant. tttt 34 Soft Power d’un nationalisme exacerbé, nourri par une Le soft power – ou puissance douce – est recherche de pérennité économique. un concept utilisé en relations internation- ales lorsqu’un État, une "rme ou toute autre De plus, la hallyu est considérée par institution ou organisation tente d’in#uencer beaucoup comme une tentative de soft d’autres acteurs à l’aide de moyens non coer- citifs. Introduite par Joseph Nye en 1990, cette power envers la Corée du Nord (Courmont, forme de pouvoir se base sur l’admiration 2012) : Kim Dae-jung déclarait même que pour ladite organisation, son prestige ou le « si les deux Corées se réunissent un jour, rayonnement de son idéologie comme force ce sera grâce à cette vague » (Légaré- de persuasion sans avoir à user de la force de Tremblay, 2015). Dans les faits, sa vision contrainte ou de menaces (solution quali"ée de hard power). paci!ste porte ses fruits : dans les rares zones de collaboration des deux régimes Ce concept, dif!cile à traduire, est un désir comme à Kaesong, des Nord-Coréens de vengeance, jamais assouvi, propre au risquent leurs vies pour ramener chez eux peuple coréen (Légaré-Tremblay, 2015). des biens et des idéologies du Sud (Léga- Ce désir de conquête est donc le résultat ré-Tremblay, 2015). Synthèse L’histoire de la Corée et de ses rela- été dif!ciles pour le peuple en raison du tions avec ses pays limitrophes a forgé recours récurent aux lois martiales par l’identité d’un peuple asiatique singulier, les gouvernements, il faut aussi admettre aujourd’hui 15e puissance mondiale. leur ef!cacité. Chaque réforme et chaque Cette réussite économique exceptionnelle plan quinquennal s’inscrit dans la logique est le fruit d’une culture locale imprégnée du précédent. La reforme des territoires par le néo-confucianisme prônant travail soutient le plan quinquennal de dévelop- et réussite, et par le sentiment de han qui pement des infrastructures, qui soutient à met la rivalité avec le Japon au centre des son tour le plan de développement des in- motivations populaire. dustries lourdes, qui soutient à son tour le Les 65 dernières années ont particulière- plan de développement des hautes tech- ment marqué la société coréenne, entre nologies par l’exportation. héritage d’une occupation japonaise bru- tale, guerres, dictatures et régimes auto- Depuis quelques années, le gouver- ritaires. La guerre de Corée et la rivalité nement tente de revoir sa politique écono- idéologique face au Nord sont des sources mique face aux géants que sont la Chine constantes de tensions dans cette pou- et le Japon en développant un nouveau drière héritée de la guerre froide. plan quinquennal. Car après avoir subit les Pourtant les contraintes économiques invasions voisines, c’est à la Corée du Sud actuelles laissent envisager des rappro- d’envahir le monde avec sa culture dont chements entre ces deux sœurs, encore le vecteur est !nalement l’industrie élec- une fois dans une logique sud-coréenne tronique dont elle est un des leader mon- de maintenir la péninsule compétitive face diaux. La hallyu en est l’expression et par- aux géants voisins que sont la Chine, le ticipe au rayonnement international actuel Japon ou la Russie. du pays en s’inscrivant dans un nouveau Cependant, au-delà d’une identité co- plan de développement. réenne forte, le Miracle de la rivière Han Cette dynamique est particulièrement est du à un système politique, dont l’im- appuyée par les nombreux traités de libre- portant pouvoir donné à l’exécutif facilite échange signés par la Corée ces dernières la prise de décision et la mise en place des années et dont le dernier a été signé avec grandes réformes qui font de la Corée une le Canada. des plus grandes puissances industrielles Encore une fois, l’ef!cacité de la stratégie actuelles. Et bien que ces reformes aient du pays du matin calme semble imparable. 35 tttt « Le Système du Budget et des Comptes coréen est le système de gestion d’information "nancière le plus développé que je n’ai jamais vu. » - Cem Dener, Directeur des Solutions digitales intégrées à la Banque Mondiale, 2010 La Banque de Corée, au centre-ville de Séoul, régit la valeur du won. © MC

Macroéconomie un système bancaire unique au monde

37 tttt Les géants tels Samsung, Hyundai et LG parviendront-ils à soutenir l’économie coréenne à eux seuls? © MC

Introduction

La situation économique de la Corée causé la création de très grandes puis- a changé drastiquement depuis la !n de la sances mondiales dans ces domaines par- guerre opposant le Nord et le Sud. La par- ticuliers. Les activités de ces entreprises tie septentrionale de la péninsule a réussi représentent aujourd’hui une large part à sortir de la pauvreté avec l’intervention, du PIB du pays. Cette section vise à pré- certe autoritaire de son gouvernement. senter les différentes données macroéco- Celle-ci a permis au pays de connaître une nomiques ainsi que les politiques écono- croissance économique sans précédent miques qui permettent de placer la Corée grâce au développement des grosses sur l’échiquier mondial. compagnies coréennes (aussi connues sous le nom de chaebols) telles Hyundai, Ce chapitre analyse la situation éco- Samsung et LG. nomique coréenne en portant attention Avec le temps, les différentes politiques à trois aspects clés de cette dernière : la gouvernementales ont notamment orienté conjoncture économique, la politique bud- le plan de développement national vers les gétaire ainsi que la politique monétaire. secteurs des transports et des technolo- Les situations du Québec et du Canada gies informationnelles. sont aussi présentées en guise de compa- Le développement de ces compagnies a raison. Conjoncture économique Comme il a été mentionné aupara- évènements marquants de l’histoire éco- vant, la Corée du Sud a vécu un redresse- nomique récente de l’Asie. ment spectaculaire au cours des 50 der- Les deux principaux évènements sont la nières années, passant du statut de pays crise !nancière asiatique (CFA) de 1997 pauvre à celui de puissance mondiale. ainsi que la Grande Récession de 2008. Cette progression est principalement attri- Au cours de ces deux évènements, la buée à la montée en puissance des chae- Banque Centrale de Corée (BCC) et le bols sur la scène mondiale avec l’aide im- Fond monétaire international (FMI) ont joué portante du gouvernement. un rôle crucial pour que la Corée puisse La situation générale de l’économie co- se remettre des turbulences économiques réenne au courant des dernières années encourues. sera observée en analysant des éléments Une des raisons majeures ayant mené à la tels le comportement du pays durant la CFA est le manque de coopération entre crise et la Grande récession asiatique, le les différentes instances !nancières, mo- PIB, ainsi que le taux de chômage. nétaires et gouvernementales asiatiques avant la crise. La crise économique asiatique et la L’ASEAN Plus Trois (APT) ou Association Grande Récession des nations de l’Asie du Sud-Est (Associa- A!n de comprendre les données écono- tion of Southeast Asian Nations, abrégé miques ainsi que les politiques mises en ASEAN) ainsi que la Chine, le Japon et la place, il est nécessaire de connaître les Corée ont décidé conjointement d’amélio- tttt 38 rer leur communication et de coordonner Un autre changement fut d’instaurer un certaines politiques monétaires et !nan- groupe nommé Asian Bond Market Initia- cières pour éviter de revivre une situation tives (Sussangkarn, 2014). Cette instance similaire. a pour but de s’assurer que les marchés d’obligations asiatiques se développent La crise !nancière asiatique de 1997 de manière ef!cace et que les épargnes a commencé en Thaïlande avant de rapi- soient utilisées pour des investissements dement se propager dans toutes les ré- régionaux (Kawashima, 2013). gions avoisinantes. Un af"ux massif de ca- Ces deux nouvelles instances permettent pitaux étrangers qui s’était accumulé dans aujourd’hui aux pays asiatiques d’être la région s’est brusquement retiré suite à moins dépendants du FMI comme c’était l’éclatement de la bulle !nancière en Thaï- le cas précédemment. lande, ce qui a causé un déséquilibre de la monnaie des différents pays. L’expansion rapide de la crise a été favo- risée par la mé!ance des investisseurs étrangers dans les autres pays de la zone à la vue des évènements se déroulant en Thaïlande. Rapidement, la Thaïlande, l’Indonésie et la Corée ont eu besoin d’être secourues !- nancièrement par le FMI. Ce qui distinguait ces trois pays des autres pays de la région qui n’ont pas eu besoin de l’aide du FMI est le fait que leur ratio de dette étrangère sur leurs réserves en devises étrangères dépassait 100 %. En Thaïlande, ce ratio était de 110 %, en Indonésie de 167 %, tandis qu’en Corée il s’élevait à 195 % (Sussangkarn, 2014). Ces pourcentages sont dangereux dans le cas où ces dettes ne soient pas renou- C’est en Thaïlande que commence la crise asiatique de 1997. © MC velées en raison d’une perte de con!ance des investisseurs. En effet, le niveau de En effet, au cours de la crise asiatique, les réserves en devises étrangères est impor- pays comme la Corée qui ont dû se plier tant pour un pays a!n d’assurer une sécu- aux demandes du FMI pour obtenir une rité dans le cas où sa propre monnaie se aide !nancière de l’organisme à cause du dévalue, par exemple dans des périodes peu d’in"uence qu’ils possédaient auprès de turbulences !nancières. de ce dernier. De ce fait, ils n’ont pas eu leur Suite à ces évènements l’APT a mis en mot à dire sur la nature et les conditions im- place l’initiative Chiang Mai (Chiang Mai posées, et ont dû accepter des politiques initiative, abrégé CMI) qui assure un fonds monétaires restrictives qui ont causé des de réserve en devises étrangères qui at- problèmes sociaux. Les conditions n’ayant teint maintenant 240 milliards $US en plus pas été pensées en fonction du pays, elles d’établir un mécanisme d’échange de ont mené à des tensions politiques et cultu- devises étrangères ef!cace entre les pays relles en plus d’engendrer une réforme de membres (McGillivray et Carpenter, 2013). restructurations corporatives rapides qui a 39 tttt particulièrement touché les chaebols. certains pays ont pu réduire l’impact de la Finalement, le FMI a demandé aux pays récession. concernés par les crises d’assurer des ga- Ce fut notamment le cas de la Corée qui ranties complètes pour les prêteurs d’ins- connut une courte période de récession titutions !nancières (Sussangkarn, 2014). avant de reprendre sa croissance. Au-delà des structures déjà en place, un Pour ce qui est du cas particulier de des autres facteurs importants fut la né- la Corée, à la veille de la crise !nancière gociation de nombreux accords de libres- asiatique le taux d’endettement des chae- échanges avec les principaux pays impor- bols atteignait 500 % de leurs avoirs alors tateurs des produits coréens. Ces accords que la dette nationale s’élevait à 150 G$US couplés à la faible valeur du won ont fa- dont 60 % de ce montant était à moins vorisé les exportations qui sont le moteur d’un an d’échéance. De plus, les réserves économique du pays. en devises étrangères n’étaient que de 8 G$US. La production coréenne, signe À la suite d’une sortie massive de capitaux d’une croissaince effrénée étrangers, la Corée est tombée en crise Le PIB de la Corée se situait à 260 $US et celle-ci a engendré les faillites succes- par habitant au lendemain de la guerre de sives de banques et d’entreprises. Corée, et était comparable aux produits Le plan de sauvetage du FMI s’est élevé à intérieurs bruts de pays sous-dévelop- 47 G$US et il fut !nalement remboursé en pés d’Afrique et d’Asie (Consulat général 2001. Le succès de la reprise venait entre à Montréal de la République de Corée, autres des mesures mises en places par 2015). Il était inférieur à celui de la Corée la BCC, et la libéralisation de l’économie du Nord. coréenne sous la direction du FMI. En 2014, ce même PIB par habitant s’éle- Au travers de cette crise, la Corée a pu en- vait à 28 739 $US (OCDE, 2014). La pro- trevoir les limites de son économie, et a pu gression fut d’autant plus marquée avec la restructurer celle-ci pour la rendre viable. présence du président Park Chung-hee au pouvoir, de 1962 à 1979. Il privilégia une La grande récession de 2008 fut la économie basée sur l’exportation et per- dernière grande crise qui a affecté les pays mit l’arrivée des fonds japonais pour ap- asiatiques. puyer l’industrialisation du pays, grâce au Grâce aux discussions plus intensives de traité nippo-sud-coréen de 1965. l’APT, mais aussi grâce aux structures déjà Malgré les progrès spectaculaires, le PIB mises en place lors de la précédente crise, de l’année 2014 ne se situe que dans la

Comparaison de la variation de croissance du PIB. Il est possible de voir ici que la variation du PIB coréen est supérieure à ceux des autres présentés. sources : OCDE, 2014; Gouvernement du Canada, 2014; Institut de la statistique du Québec, 2013 tttt 40 moyenne de l’OCDE et est inférieur au PIB tivement de 7,3 % et de 6,9 % durant la canadien, qui est de 37 000 $US per capita même année (OCDE, 2014). (OCDE, 2014). Cependant, cette impression est à relativi- Le poids des chaebols Samsung et Hyun- ser selon différents aspects. dai dans le produit intérieur brut est Premièrement, la proportion de travailleurs important. En effet, ces derniers repré- temporaires est de 24 %, soit deux fois sentent respectivement 23 % et 12 % du plus que la moyenne de l’OCDE (OCDE, PIB national, ce qui illustre la dépendance 2014). Cela dénote une faible sécurité de du pays à ses chaebols (BusinessKorea, l’emploi. 2014). De plus, le taux de chômage des jeunes Malgré cette dépendance, les Coréens s’élève à 11 % en février 2015 en Corée peuvent être opti- (Trading Econo- mistes puisque le Samsung et Hyundai mics, 2015). PIB du pays est Les disparités so- en croissance, représentent respectivement ciales qui existent et ce de manière 23 % et 12 % du PIB coréen entre le fait de importante par travailler dans un rapport aux autres pays de l’OCDE. En chaebol ou dans une PME expliquent en effet, l’économie coréenne est en pleine partie ce chiffre. En effet, les jeunes travail- croissance économique avec un taux de leurs vont souvent préférer travailler dans croissance du PIB de 3,5 % en 2014, alors un chaebol à cause de cette distinction. que celui de l’OCDE n’était que de 1,8 %. Cependant, le manque d’opportunités À titre de comparaison, la croissance ca- dans les chaebols combiné au peu d’en- nadienne a été de 2,4 % sur cette même gouement envers les petites et moyennes année (OCDE, 2014). Pour ce qui est du entreprises (PME) sont donc des éléments Québec, on observe une croissance du qui expliquent le chômage important chez PIB plus faible que celles précédemment les jeunes. présentées, avec 1,5 % en 2014. (Institut De plus, la rude concurrence causée par de la statistique du Québec, 2013; Gouver- la quantité de personnes de la tranche nement du Canada, 2014). 25-34 ans possédant un diplôme universi- taire (environ 67 % de cette tranche) est Chômage et emploi un autre élément qui vient gon"er ce chô- Le taux de chômage représente la partie mage (Reuters UK, 2015). de la population active qui est sans emploi Ce problème pourrait être résolu par l’en- mais qui en cherche activement un. Dans couragement de la création des start-ups cette optique, la Corée semble avoir des par le gouvernement. Ce phénomène tend résultats satisfaisants, avec un taux de à se développer dernièrement en Corée chômage de 3,5 % en 2014, alors que les dans le but de favoriser l’innovation au tra- taux de l’OCDE et du Canada sont respec- vers de l’économie créative.

Le taux de chômage coréen est deux fois plus faible que la moyenne des pays de l’OCDE sources : OCDE, 2014; Gouvernement du Canada, 2014; Institut de la statistique du Québec, 2013

41 tttt Cependant, la Corée reste le pays membre de l’OCDE ayant le taux de chômage à long terme le plus faible. Ce dernier repré- sente un chômage durant depuis une an- née ou plus. En Corée, ce chiffre est quasi- ment nul sur les dernières années (Banque Mondiale, 2015). À titre de comparaison, le Québec pos- sède un taux de chômage plus haut que la moyenne de l’OCDE avec 7,7 % en 2014, et reste toujours historiquement supérieur à la moyenne canadienne. Toutefois, un resserrement a pu être observé suite à la Grande Récession, le Québec se rapprochant sensiblement des résultats de l’OCDE ainsi que celui du Ca- Visite de l’équipe Poly-Monde à l’usine Hyundai Motors, chaebol coréen nada (Institut de la statistique du Québec, ayant un poid important dans le PIB national. © MC 2013). Finances publiques La politique budgétaire est l’une des La proposition de loi est "nalement votée politiques macroéconomiques les plus à l’Assemblée nationale. importantes d’un gouvernement. Les dif- Un fait important de ce processus est la férentes décisions budgétaires in!uencent tendance du comité à augmenter le bud- directement et considérablement l’écono- get alors que le SBCA a au contraire ten- mie nationale. dance à vouloir le diminuer. Ce phéno- mène peut s’expliquer par la volonté des Processus d’appropriation du membres du comité permanent d’ajouter budget des projets dont béné"cient particulière- Le processus d’appropriation du budget ment leurs électeurs. Le SCBA d’un autre du gouvernement coréen ressemble au côté représente plutôt les intérêts du parti système canadien qui est basé sur celui majoritaire au pouvoir et met donc l’accent de Westminster. Vers la "n de l’année bud- sur la réduction du budget dans le but gétaire, le ministre des Finances canadien d’établir l’équilibre budgétaire (Kim, 2012). dépose les documents budgétaires au Parlement pour approbation. En Corée, le Structure des !nances publiques président soumet le budget de l’année sui- Les "nances publiques de la Corée du Sud vante à l’Assemblée nationale. Un comité sont divisées entre celle du gouvernement permanent de l’assemblée, composé de central et des gouvernements locaux. Le seize membres revoit le budget proposé gouvernement central est entièrement et vote sur des recommandations qu’il "nancé par le budget établi et les divers compte soumettre au Comité spécial sur fonds. les Comptes et le Budget (Special Com- En 2014, le budget du gouvernement cen- mittee on Budget and Accounts, SCBA). tral est constitué d’un Compte général Après avoir revu et incorporé les recom- (General Account), 18 Comptes spéciaux mandations, ce dernier émet une proposi- (Special Account) et de 64 Fonds Bud- tion de loi à l’assemblée. gétaires (Funds) (Ministry of Strategy and Il est intéressant de noter que le SCBA ne Finance, 2014). peut pas proposer de nouvel élément bud- Le Compte général est utilisé pour main- gétaire sans l’approbation du comité per- tenir l’ordre public ainsi que la sécurité du manent. territoire à travers la défense nationale et la tttt 42 diplomatie. En plus de cela, les dépenses en éducation, logements sociaux, infras- tructures, aide sociale et santé passent également par ce compte. Les revenus qui constituent le Compte général proviennent essentiellement des impôts sur le revenu des individus et des entreprises et de la taxe sur la valeur ajou- tée (TVA).

Les Comptes spéciaux sont par exemple !nancés par les intérêts provenant des prêts, les taxes sur l’alcool et celui du dé- veloppement pour les zones rurales. Ces Comptes spéciaux ont été établis pour Revenus consolidés et recettes !scales entre 2006 et 2014. !nancer des projets spéci!ques entrepris source : National Assembly Budget Of"ce, 2014 par le gouvernement. Il est important de noter que les fonds des Comptes spéciaux Revenus ne peuvent servir qu’à !nancer les projets Les revenus totaux consolidés du gou- dé!nis par les différentes lois. vernement central coréen en 2014 En!n, les Fonds Budgétaires comprennent étaient de 369,9 T (24,6 % du PIB), soit notamment les différentes pensions gou- une augmentation de 2,4 % par rapport vernementales et sont gérés indépendam- à 2013. ment du budget, mais requièrent tout de Par ailleurs, les revenus consolidés même l’approbation de l’Assemblée natio- croissent annuellement de 5,8 % en nale. La principale source de revenus de moyenne depuis 2006 (National Assembly ces fonds provient de prêts et dons au Budget Of!ce, 2014). lieu des recettes !scales. De plus, ils ont La majorité du revenu (58,6 %) provient di- l’avantage d’être plus "exibles au niveau rectement des différents impôts. Suite à la de leur usage (Ministry of Strategy and révision majeure des lois !scales en 2014, Finance, 2014). l’Assemblée nationale a voté pour une augmentation totale de 2,19 % des impôts Les !nances publiques locales sont pour les cinq années suivantes (National également composées des trois comptes. Assembly Budget Of!ce, 2014). Les revenus proviennent en partie des Cette augmentation se re"ète surtout au impôts locaux, considérés comme source niveau de l’impôt sur le revenu individuel. de revenus indépendante. L’autre partie En effet, le seuil d’imposition maximal a des revenus est !nancée par les subven- été abaissé. tions locales et la trésorerie nationale. La 300 sécurité sociale, la protection de l’envi- 23,7 ronnement et les transports constituent la 250 25 23,1 35,7 majorité des dépenses du niveau de gou- 24,4 34,5 25,5 25,1 33 200 vernement local. 31,4 Ordre social et 20,5 29 50,7 29,6 49,9 sécurité

De plus, en concordance avec le principe ) 45,5

26,6 41,2 Défense de l’autonomie de l’éducation, l’éducation 150 39,2 38,3 nationale 36,1 57,2 56,2 Éducation 55,1 est !nancée par un compte spécial séparé 52,4

Dépenses (T 51,6 48,7 100 du compte général, de par la loi sur l’édu- 45,9 Administration publique cation locale. Aide sociale 106,4 50 92,6 99,3 80,4 81,2 86,4 68,8 Revenus consolidés 0 Les revenus consolidés sont obtenus en ex- 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 cluant les différents transferts entre comptes Les revenus consolidés et recettes !scales de 2006-2014 montrent et les revenus provenant du !nancement de l’importance et l’augmentation des dépenses dédiées à l’aide sociale. chaque compte par la somme des comptes source : National Assembly Budget Of"ce, 2014 généraux, spéciaux et fonds.

43 tttt En 2013, les personnes dont le revenu était 38 % selon le nombre d’habitations supérieur à 300 M étaient imposées à autres qu’un domicile principal que pos- 38 %. Après l’entrée en vigueur de la loi en sède une personne. 2014, c’est dorénavant les personnes dont D’autres politiques de réduction encou- le revenu est supérieur à 150 M qui sont ragent les entreprises à s’engager dans imposées à ce taux. Ceci permettra au le développement durable (conservation gouvernement de récupérer 4,6 T (impôt énergétique et respect de l’environne- sur le revenu), une augmentation de 9,2 % ment) (National Assembly Budget Of"ce, par rapport à 2013. 2014).

600 40 Dépenses du gouvernement 35 Les dépenses consolidées du gouverne- 500

30 ment central en 2014 étaient de 355,8 T, )

400 une augmentation de 2 % par rapport à 25 2013. Les cinq secteurs où les dépenses

300 20 sont les plus élevées sont l’emploi et Valeur nominale l’aide sociale, l’administration publique, 15 200 % du PIB l’éducation, la défense nationale et l’ordre

10 social (National Assembly Budget Of"ce, Valeur nominale de la dette (T

100 Dette publique par rapport au PIB (%) 2014). 5

0 0 Dette et solde budgétaire 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Le solde budgétaire coréen est comptabi- La dette publique coréenne a considérablement augmenté de 1994 à 2014. lisé sous deux méthodes. La première est source : FMI, 2014 le solde consolidé qui représente la diffé- rence entre les revenus et les dépenses Malgré cette augmentation générale, le consolidés. Le deuxième solde représente gouvernement a aussi mis en place des plutôt les frais liés aux fonctionnements du politiques de réduction d’impôt. Le taux gouvernement. Il s’agit en effet du solde d’imposition sur la vente des proprié- consolidé excluant le solde des fonds d’in- tés foncières qui ne sont pas utilisées vestissement. Cette façon de présenter le comme domicile principal a été changé. solde permet tout d’abord d’éliminer les Il est passé de 60 % du montant de la revenus provenant de ces fonds qui sont vente à un taux oscillant entre 6 % et généralement consacrés aux dépenses à long terme (Ministry of Strategy and Fi- Luxembourg nance, 2014). Corée du Sud 34.7 Suisse Depuis 2000, un dé"cit budgétaire Suède Danemark est présent chaque année, à l’exception Finlande de 2002, 2003 et 2007. Il est d’autant plus Allemagne marqué en 2009, suite à la crise "nancière Espagne de 2008. Royaume-Uni En 2014, le dé"cit budgétaire a atteint 25,5

Canada 109,0 T. L’augmentation du dé"cit s’explique France par l’augmentation des dépenses dues Etats-Unis aux politiques de relance économique. Italie Malgré l’augmentation du dé"cit de fonc- Japon tionnement, le solde consolidé est tout de 0 50 100 150 200 250 même positif depuis 2010. % du PIB La crise "nancière de 2008 in#uence éga- lement la dette publique. En effet, cette Dette publique des pays membres de l’OCDE. Malgré l’augmentation de sa dernière a augmenté de 50,6 billions dette, la Corée se compare bien aux autres pays. source : OCDE, 2014 en 2009 et de 32,6 T en 2010 (National Assembly Budget Of"ce, 2014). tttt 44 Effet du vieillissement de la cit budgétaire, mais également à cause population sur les !nances des intérêts des emprunts qui s’accumu- publiques leront. Depuis quelques années, l’Assemblée La population étant vieillissante, aug- nationale a tendance à favoriser l’équi- menter les impôts ne suf!t plus à couvrir libre budgétaire, voire de créer un sur- la dette publique. Le NABO estime que plus. cette dernière atteindra 218,6 % du PIB Ceci peut s’expliquer par la crise démo- en 2060 et cette tendance continuera graphique que subit la Corée du Sud. (National Assembly Budget Of!ce, 2012). Les experts estiment que les dépenses augmenteront de manière signi!cative dans les 50 prochaines années à cause du vieillissement de la population et du faible taux de natalité. Tout d’abord, les revenus du gouverne- ment vont décroître à 26,1 % du PIB en 2011 à 22,1 % en 2060 d’après les pro- jections du NABO, bureau de l’Assem- blée nationale spécialisé dans l’analyse du budget (National Assembly Budget Of!ce, 2012). Parmi les revenus, la croissance des revenus !scaux et la contribution de la sécurité sociale seront bien plus faibles que ceux des revenus non !scaux à cause de l’augmentation du nombre de personnes âgées. Le vieillissement de la population peut affecter directement ou indirectement les revenus !scaux. En effet, la décrois- Le vieillissement de la population est l’un des enjeux majeurs sance de la population active diminue des prochaines décennies. © MC directement ces revenus que ce soit à travers les impôts sur la consommation Réforme budgétaire (TVA) ou les impôts sur le revenu. De Suite à la crise !nancière asiatique de manière indirecte, le vieillissement de la 1997-1998 et compte tenu des prévisions population ralentit la croissance écono- du vieillissement de la population, la Co- mique et réduit alors les revenus. rée a mis en place plusieurs réformes au Les dépenses gouvernementales cepen- niveau de son Système de Gestion des dant augmenteront. D’après les estima- Dépenses publiques depuis 2003 (Pu- tions, les dépenses imposées seront de blic Expenditure Management System, 22,4 % du PIB 2060 alors que celles-ci PEMS). Ces réformes ont été radicales et n’étaient que de 11,3 % en 2012 (Natio- ont changé la plupart des pratiques utili- nal Assembly Budget Of!ce, 2012). sées depuis 50 ans. Les dépenses reliées aux différentes La Corée a tout d’abord adopté un nou- pensions sont celles qui croissent le plus veau système budgétaire. Le système rapidement avec une moyenne annuelle de comptabilité nationale est passé d’un de 7 %. Ainsi, un dé!cit du solde conso- système de comptabilité de caisse à lidé est prévu à partir de 2021 pour at- celui de comptabilité d’exercice pour un teindre -13,3 % du PIB 2060. meilleur suivi des dépenses. Les reve- Par conséquent, la dette publique aug- nus ou dépenses sont dorénavant enre- mentera de manière signi!cative. Le far- gistrés au moment où ils sont reçus ou deau de cette dette retombera ainsi sur engagés contrairement à la pratique de les contribuables. La dette publique aug- la comptabilité de caisse où ceux-ci sont mentera non seulement à cause du dé!- enregistrés une fois encaissés. 45 tttt Le gouvernement coréen a également de 25 à 30 % par rapport à l’année pré- développé et utilisé un nouveau système cédente. Cependant, depuis l’implémen- de gestion d’information budgétaire tation, l’augmentation a été contrôlée à surnommé Système du Budget et des seulement 6 %, d’après un rapport émis Comptes (Digital Budget and Accounts par le MOSF (Bae, Choi, Kang, Heo et System, abrégé DBAS). Le budget suit Kim, 2011). dorénavant un processus d’attribution Le DBAS ou « cerveau intelligent » (digital hiérarchique descendant tout comme le brain, abrégé dBrain) a été conçu pour Québec et le Canada. Le ministère de mieux gérer la préparation, l’exécution, la Stratégie et des Finances (Ministry of la comptabilité et l’évaluation de la per- Strategy and Finance, MOSF) assigne formance du budget. Ce système per- d’abord à chaque ministère un plafond met la manipulation d’un grand nombre budgétaire établi selon le Plan national de données rapidement et de manière de Gestion budgétaire (National Fiscal ef!cace. Il permet de centraliser toutes Management Plan, NFMP), qui plani!e les données pour permettre ainsi une le développement socioéconomique du meilleure surveillance des dépenses par pays des cinq prochaines années. Les le MOSF (Bae, Choi, Kang, Heo et Kim, différents ministères attribuent le budget 2011). accordé selon la priorité des différents D’après Cem Dener, expert en !nances projets. publiques de la Banque mondiale, le sys- Avant la mise en place de ce processus, tème de gestion des informations !nan- il arrivait souvent que les ministères de- cières DBAS de la Corée est parmi les mandent une augmentation du budget plus avancés et intégrés au monde. Politique monétaire

La BCC fut fondée au début de la d’implémenter les politiques de crédits Guerre de Corée en 1950 (Bank of Korea, et les politiques monétaires. 2015). Il s’agit de la banque des autres institutions !nancières du pays et du La Corée est un pays majoritairement gouvernement coréen. exportateur de biens et services. En effet, Suite à l’armistice de 1953, la Corée est les exportations constituaient 54 % de son devenue membre du FMI, alors que le PIB en 2013 (McCully et Shankar, 2015). produit national brut (PNB) par habitant De plus, la Corée est dépendante du reste n’était que de 65 $US (le PNB corres- du monde au niveau des ressources natu- pond à la production de richesses par relles. C’est pour cette raison que le cours les résidents du pays à l’intérieur ou à du won a des impacts majeurs sur son l’extérieur des frontières de ce dernier). économie. C’est d’ailleurs une des moti- La BCC a grandement aidé le pays à vations de l’Accord de libre-échange Ca- atteindre ses objectifs de croissance au nada-Corée (ALECC) puisque le territoire cours de 60 dernières années (Bank of canadien est riche en matières premières Korea, 2010). de toutes sortes. Les deux pays sont com- Comme la Banque du Canada, son but plémentaires en ce sens (F. A. T. and D. C. premier est de cibler un taux d’in#ation Government of Canada, 2014). Les détails et de le maintenir au cours des années de ce sujet sont traités dans le chapitre du a!n d’offrir une stabilité des prix et aug- Commerce international de ce rapport. menter la con!ance des agents écono- Pour cette raison, un won fort peut avan- miques. tager la Corée au niveau de l’achat des Comme toute autre banque centrale ressources premières. Cependant, au mo- moderne, les moyens utilisés par la BCC ment de vendre les produits !nis à l’étran- pour atteindre ses objectifs sont de gé- ger, un won fort diminue la compétitivité rer l’impression de la monnaie ainsi que des entreprises coréennes. tttt 46 Cette section explique les effets des crises sur la politique monétaire, le sys- tème bancaire coréen ainsi que les posi- tions of!cielles et les actions que prend la BCC. La BCC en temps de crise Comme mentionné précédemment, deux grands épisodes économiques dif!ciles ont frappé la Corée, c’est-à-dire la crise !- nancière asiatique (abrégé CFA), ainsi que la Grande Récession de 2008. Dans les deux cas, la BCC, le gouverne- ment et les instances internationales telles que le FMI ont dû intervenir pour éviter une catastrophe !nancière dans la région. Ces Le won (en dollar américain sur ce graphique) est grandement dévalué à la épisodes ont eu des effets sur le cours suite des crises de 1997 et 2008. du won. Le won n’étant pas une monnaie source : OCDE, 2015 refuge, c’est-à-dire une monnaie de place- ment sécurisé en temps de crise, il s’est Le won coréen a donc été drasti- donc dévalué durant ces périodes (voir quement dévalué en comparaison avec !gure en haut à droite). le cours des autres devises asiatiques et Cette dévaluation du won est un dé! im- celle du Canada. Pour comparer les "uc- portant pour les entreprises, et il s’agit tuations des valeurs des monnaies, elles d’un phénomène sur lequel elles ont peu ont été !xées à la valeur de 100 en 1996. de contrôle. Dans le but de diminuer le Cette astuce permet de comparer les va- risque relié aux "uctuations du taux de riations de taux de change subséquentes change, les compagnies coréennes uti- en ayant un point de référence. On peut lisent la stratégie de couverture de change remarquer les périodes de la CFA ainsi (Choi, 2015). que de la Grande Récession où le won a été beaucoup plus dévalué que les mon- Il est intéressant de remarquer la naies des pays avoisinants comme le yuan tendance similaire des taux d’intérêts chinois ou le yen japonais (OCDE, 2015). au Canada et en Corée (voir !gure en 200 bas à droite). La principale différence est celle de la période de la CFA où les taux 180 d’intérêt coréens étaient très hauts en 160 raison de la perte de con!ance générali- sée. Ces variations semblables des mon- 140 naies ne sont pas surprenantes puisque 120 les changements macroéconomiques se 100 font maintenant au niveau international et Indice les économies des pays développés sont 80 étroitement liées. 60

En 2008, la Corée fut particulièrement 40 vulnérable aux "uctuations des marchés 20 internationaux. En effet, la demande inter- 0 nationale pour les produits coréens dimi- nua fortement en raison du ralentissement 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 économique mondial. Ceci fut spéciale- Année Comparaison des taux de change (indice à 100 en 1996). Le won réagit plus ment dif!cile pour l’économie coréenne fortement aux turbulences économiques que les autres dévises. qui dépend énormément de ses exporta- source : OCDE, 2015 tions. 47 tttt Dans le cadre de la Grande Réces- les institutions bancaires coréennes et sion, la BCC a aussi fait appel à des me- canadiennes "xent leurs taux d’emprunt sures d’assouplissement quantitatif en respectifs. Ces taux ont des impacts im- fournissant 18,5 T ou 20,5 G$ en liqui- portants, car lorsqu’ils sont bas, ils sont dités au marché coréen. Ceci équivalait à des stimuli de croissance économique na- près de 28,5 % des réserves monétaires tionale. Les instances et fonctionnements de la Corée à la "n de l’année 2008 (Chung, du système bancaire permettent de com- 2009). prendre les interactions "nancières entre Encore une fois, ces mesures ont eu pour les différents acteurs d’une économie. effet de stabiliser la monnaie à un taux raisonnable d’avant crise pour permettre, En Corée, il existe deux institutions entre autres, aux entreprises d’acheter des pour réguler, superviser et inspecter l’envi- matières premières à des prix acceptables. ronnement bancaire du pays. Il s’agit de la Au Canada, la situation est semblable Commission de services "nanciers (Finan- puisque le pays exporte énormément de cial Services Commission, abrégé FSC) et matières premières et il est donc sujet aux le Service de supervision "nancière (Fi- variations du taux de change. En Corée, nancial Supervisory Service, abrégé FSS). ces #uctuations affectent directement les Au total, il y a treize banques commer- chaebols puisqu’ils ont une forte présence ciales en Corée. De ce nombre, sept sont dans le domaine des importations et des nationales et six sont régionales. exportations. De plus, il y a aussi cinq banques spé- cialisées telles que la Banque d’échange Les stratégies utilisées par les en- coréenne (Korea Exchange Bank, abrégé treprises peuvent inclure de tirer pro"t KEB), la Banque immobilière coréenne des #uctuations. Au moment où la de- (Korea Housing Bank, abrégé KHB) et la vise nationale est forte, c’est un moment Fédération nationale d’agriculture (Natio- avantageux pour les compagnies de faire nal Agricultural Cooperation Federation, l’acquisition d’équipements, de machine- abrégé NACF) (FSS, 2013). ries étrangères et de matières premières, Suite à la CFA, la restructuration du sys- tandis que lorsque la monnaie nationale se tème bancaire a fait passer le nombre de dévalue, c’est un moment propice pour les banques commerciales (régionales et na- chaebols d’exporter leurs marchandises et tionales) de 26 à 13, ce qui a eu pour effet produits "nis. d’augmenter l’ef"cacité de celles-ci. Entre 1997 et 2007, les ratios de réserve Système bancaire coréen en proportion des actifs à risque (ratio de Le niveau d’emprunt des particuliers et Bâle), de retour sur capitaux propres (Re- des entreprises #uctue avec le taux d’inté- turn on Equity, abrégé RoE) et de retour rêt. Avec comme base les taux directeurs sur les actifs (Return on Asset, abrégé émis par la BCC et la Banque du Canada, RoA) se sont tous améliorés. La transition montre un système bancaire plus robuste. Un contrecoup à la diminution du nombre de banques est la concentration des avoirs pendant la même période comme l’indique l’indice IHH. L’indice n’a toutefois pas at- teint le seuil critique de 2500 points tel que le décrit par la Commission de commerce équitable coréenne (Korean Fair Trade Commission, abrégé KFTC) (Shin et Kim, 2011).

Actifs coréens et canadiens selon l’indice IHH. Même après la restructuration, En guise de comparaison, il y a au Ca- les avoirs des banques sont plus répartis en Corée qu’au Canada. nada 29 banques nationales, 27 banques source : Bank of Korea, 2008; Embree et Roberts, 2009 étrangères et trois branches de banques étrangères (Association des banquiers tttt 48 canadiens, 2014). Toutefois, les six plus vers le support du développement des pe- grandes banques détiennent plus de 90 % tites et moyennes entreprises. des avoirs bancaires au pays. L’indice IHH En plus des prêts de garanties du gouver- calculé en 2013-2014 des banques natio- nement aux chaebols, les banques natio- nales canadiennes est de 1914 (Associa- nales ont rendu possibles des prêts addi- tion des banquiers canadiens, 2015). tionnels à ceux-ci à travers l’histoire. Les institutions TD, RBC, Scotiabank, Cela a permis aux chaebols de payer les BMO, CIBC et Banque Nationale sont les créanciers étrangers lors de leur montée plus grandes et elles ont de grandes parts en puissance. Leur valeur de marché est de marché (Ministère des Finances du Ca- donc surévaluée pour qu’ils aient accès à nada, 2002). C’est ce qui explique le fait un meilleur ratio valeur sur dette (Murillo qu’avec un nombre de banques similaire, et Sung, 2013). Le contrecoup de ces l’indice IHH canadien est plus grand que mesures facilitatrices est que les chae- le coréen. bols ont tendance à se mettre à risque en surinvestissant. C’est une des raisons qui Banques commerciales nationales a expliqué les dif"cultés importantes de la La classi"cation « banques commer- Corée lors de la CFA. ciales nationales » en Corée regroupe les banques nationales et régionales. Depuis Banques étrangères la "n du mois de juin 2008, une struc- Les banques étrangères offrent plusieurs ture en réseaux a été adoptée pour les avantages dans une économie. Elles banques commerciales domestiques avec offrent une source de capitaux diversi"és des branches nationales et régionales (ou et elles sont moins sensibles aux condi- provinciales). À ce moment précis, il y avait tions du pays hôte que leurs contrepar- 4900 établissements. ties locales. Ces caractéristiques peuvent La libéralisation du secteur bancaire au offrir une certaine stabilité économique à tournant des années 2000 a donné plus de une nation. pouvoir aux banques commerciales. Par Toutefois, elles ont le risque d’augmenter exemple, depuis 2003, elles peuvent main- la volatilité du marché local en fonction tenant vendre des produits d’assurances. des #uctuations de l’économie du pays Les individus ont également pro"té de d’où provient la banque étrangère (Jeon, plus de liberté suite à cet assouplissement Lim et Wu, 2015). de la réglementation. En effet, un action- De plus, les banques étrangères sont, naire peut maintenant être propriétaire de dans le cas de la Corée, soumises à diffé- jusqu’à 10 % des parts d’une banque, une rentes réglementations dans le but de limi- augmentation signi"cative de 6 % par rap- ter les #uctuations dues à leur présence. port aux lois précédentes (BoK, 2008). En effet, en octobre 2010, le ministère des Une autre mesure mise en place à cette Finances coréen a imposé une limite de époque est de permettre aux résidents 250 % aux banques nationales en termes d’investir à l’étranger et d’accepter que d’actifs en devises étrangères tandis que les non-résidents ouvrent des comptes en cette limite est de 50 % pour les banques wons. Ces mesures ont permis d’augmen- étrangères. Le principal secteur d’activité ter les #ux entrants et sortants et l’indice des banques étrangères est d’offrir des de prix composé du marché coréen (Ko- services bancaires importants et à grande rea Composite Stock Price Index, abrégé échelle. KOSPI) est donc boni"é tout en restant très volatile (Stanley, 2011). Le KOSPI étant Les banques étrangères et domes- l’indice boursier du marché coréen, sa vo- tiques ont chacune des rôles respectifs, latilité crée une incertitude économique. des sources de revenus différentes ainsi qu’une réglementation distincte. Les deux Le principal secteur d’activité des types sont complémentaires et néces- banques nationales est d’offrir des prêts saires au développement de la Corée. Les à courts et longs termes tandis que les institutions domestiques supportent l’ac- banques régionales sont plutôt orientées tivité économique interne alors que les 49 tttt banques étrangères offrent une certaine Objectifs de la BCC stabilité tout en facilitant les accords in- À la "n de l’année 2012, la banque cen- ternationaux entre les entreprises. Le rôle trale coréenne a émis l’objectif de main- des institutions extérieures est d’autant tenir l’in#ation à 3 % avec une fourchette plus important dans le contexte coréen de 0,5 % (Reuters, 2015). Les avantages en raison de leur économie basée sur de maintenir les taux d’intérêt relative- l’importation et l’exportation de biens et ment bas sont multiples. Le premier est de services. garder un certain contrôle sur l’évolution économique du pays. Cela permet en effet L’avènement du paiement mobile d’éviter les périodes d’extrêmes, c’est-à- La structure transactionnelle des banques dire des périodes prospères tout comme devient un enjeu important dans le do- des périodes de récession, et ainsi d’assu- maine des technologies de l’information. rer une évolution saine. Ce contrôle aide Samsung et Apple sont aux abords d’un également à mieux réagir aux crises éco- nouveau champ de bataille féroce. En nomiques. effet, avec l’introduction en 2015 des mé- Le Canada avait adopté une politique simi- thodes de paiement mobile Samsung Pay laire en 1991 qui a été un facteur important et de Apple Pay, il sera pertinent d’obser- permettant au pays d’être l’un des pre- ver les différences entre les deux. miers à sortir de la crise de 2008. De plus, en observant encore le modèle canadien, on remarque que la stabilité du taux d’in#ation permet une prise de décisions économiques plus judicieuses aussi bien de la part des entreprises que des particuliers. Cela a donc entraîné une chute du chômage ainsi que la baisse des taux hypothécaires (Banque du Canada, 2015).

Les objectifs actuels de la BCC sont de soutenir la croissance économique coréenne. En 2015, un ralentissement des marchés émergents est observé incluant les voisins chinois. Il s’agit d’un enjeu pour la Corée puisque la Chine est la destina- Les Coréens sont déjà des habitués du paiement sans contact, tion de 25 % des exportations coréennes. comme ici dans le métro de Séoul. © MC En réponse à cela, la BCC baisse son taux directeur pour stimuler l’économie. Selon le professeur John Kim du KAIST En mars 2015, il a atteint 1,75 %. C’est un (Korean Advanced Institute of Techno- taux plus bas que celui utilisé en réponse logy), le système bancaire coréen est à la Grande Récession qui était de 2 %. Le mieux préparé que le système bancaire but est d’atteindre les objectifs de crois- nord-américain à l’arrivée de cette techno- sance économique de la BCC de 3,2 % en logie. En effet, les habitudes de paiement 2015 et 3,8 % en 2016. coréennes sont déjà plus axées sur les Au niveau monétaire, cela a pour effet de virements informatiques. L’infrastructure tenter de dévaluer le won pour obtenir un des banques nord-américaines n’est pas avantage comparatif face à la compétition encore totalement prête à l’arrivée de ce japonaise. Ces mesures d’assouplisse- nouveau mode de paiement. ment monétaire ne dureront toutefois plus C’est un avantage majeur pour Samsung très longtemps puisque la dette augmente. Pay qui pourra pro"ter du marché coréen En"n, grâce au surplus prévu de 6,5 % par pour déployer et développer sa technolo- année du PIB en 2015-2016, les perspec- gie avant de tenter de l’implanter mondia- tives d’avenir sont bonnes pour la Corée lement. (McCully et Shankar, 2015). tttt 50 Synthèse

En conclusion, la CFA fut un moment comptabilité de caisse à celui de compta- marquant pour la Corée d’un point de vue bilité d’exercice. macroéconomique. En effet, le gouverne- Ensuite, l’objectif de la BCC est de sou- ment tente de promouvoir l’innovation et tenir la croissance économique du pays les PME dans le but de stimuler la création malgré les dif!cultés actuelles de la Chine d’emploi tout en réduisant sa dépendance qui compte pour 25 % des exportations des chaebols. coréennes. Une grande portion de ces Au niveau des !nances publiques, c’est exportations sont des produits des sec- la réforme budgétaire qui a permis d’as- teurs des technologies de l’information et surer un meilleur contrôle des dépenses des transports où l’innovation est la clé du publiques en changeant d’un système de succès.

51 tttt La bibliothèque du siège social de Naver, ouverte au public. © MC

« On peut construire une montagne en rassemblant des grains de poussière. » - proverbe coréen Microéconomie vers une main-d’œuvre performante

53 tttt L’Université d’Hanyang, avec laquelle Polytechnique Montréal a signé un Protocole d’Entente lors de son passage. © MC

Introduction

Suite à la guerre de Corée qui prit !n jectifs !xés dans le Three-year plan. en 1953, la péninsule sud-coréenne peut Pays sujet à des changements impor- être !ère de s’être remise sur pieds grâce, tants dans ses secteurs industriels, une entre autres, à ses politiques en éducation. grande dualité existe entre les chaebols La population se faisant aujourd’hui vieillis- et le nombre croissant de PME. La fragilité sante, le maintien de la croissance techno- de son économie découle d’un déséqui- logique repose sur les épaules des jeunes libre du rapport de force entre les grands de demain. groupes coréens et le gouvernement ainsi Aujourd’hui, les politiques mises en place que des habitudes de consommation de la par la présidente Park Geun-hye témoignent population coréenne. du désir de faire "eurir l’économie locale Ces phénomènes liés aux comportements ainsi que le rayonnement à l’international et interactions des agents individuels seront de la Corée du Sud. La créativité et l’inno- étudiés dans le présent chapitre consacré vation sont priorisées dans l’atteinte d’ob- aux aspects microéconomiques. Structure industrielle Les politiques derrière le miracle nier est propulsé à un taux de croissance coréen annuel moyen de 6,83 % et la part de l’agri- Au début des années 1960, le secteur agri- culture dans l’économie diminue à 27 %. cole en Corée du Sud représentait encore 37 % du PIB et le secteur industriel seu- Au cours de cette même période, lement 20 % de l’activité économique. Ce le Québec sort de la « Grande noirceur », pays, dépourvu de richesses naturelles époque marquée par un fort conservatio- abondantes, semblait alors voué à une nisme social et économique. Le gouverne- misère sans lumière au bout du tunnel. ment libéral de Jean Lesage amorce alors L’année 1961 est marquée par l’arrivée au un développement économique imprégné pouvoir du président Park Chung-hee. Ce de réformes et projets nationalistes tels dernier amorce alors un changement struc- que la nationalisation de l’hydroélectricité turel et une relance économique progres- (1962) et la création de la Caisse de dépôt sive passant par une politique d’auto!nan- et placement (1965). cement et d’exportation de biens produits Aussi, à l’instar du gouvernement sud-co- par l’industrie légère. Ces biens, nécessi- réen, le gouvernement québécois inter- tant une forte intensité de main d’œuvre, vient davantage dans la vie économique pouvaient être produits à moindre coût en de la province sous la forme de subven- Corée du Sud et pouvaient ainsi compéti- tions et d’aides à l’exportation. Cette pé- tionner les États-Unis et les pays d’Europe riode est connue comme la « la Révolution de l’Est (Advameg Inc., 2015). tranquille » (Dif, 2010).

Cette stratégie provoque rapidement En Corée du Sud, le début des an- l’accélération de la croissance industrielle nées 1970 est marqué par la création et ainsi que du PIB. De 1962 à 1971, ce der- le !nancement gouvernemental d’entre- tttt 54 prises stratégiques, dont POSCO et Hyun- verture sur le monde marquée par les Jeux dai Shipbuilding Industries visant le déve- olympiques de Séoul en 1988. Durant cette loppement des activités manufacturières. période, la Corée du Sud délaisse grande- Le gouvernement s’engage alors dans une ment l’industrie légère au pro!t de l’indus- politique de substitution à l’importation trie lourde et met également l’accent sur a!n d’accroître les exportations coréennes les technologies de pointe, l’informatique dans le domaine chimique et de l’industrie et les télécommunications. lourde (Barjot, 2011). Les années 1970 se 100 soldent cependant par une perte de com- 90 pétitivité des entreprises coréennes face 80 aux économies émergentes des tigres 70 60 asiatiques (Philippines, Malaisie, Indo- Services 50 nésie et Thaïlande). Ainsi, un ajustement Industries 40 structurel vers un nouveau secteur clé Agriculture s’impose. % de l'économie 30 20 La récession économique de 1979- 10 0 1980, causée principalement par un choc 1960 1970 1980 1990 pétrolier au niveau mondial, est l’élément Depuis les années 60, l’industrie remplace l’agriculture qui pousse le président Park Chung-hee à dans l’économie coréenne. réorienter de nouveau l’industrie coréenne. source : Barjot, 2011 Il met alors sur pied des politiques !s- cales avantageuses pour le développe- Avec les années, les politiques du ment de nouvelles technologies dans les gouvernement coréen ont donc apporté secteurs de l’automobile et des TIC. Ainsi, un changement drastique à la structure de des entreprises comme Samsung Elec- production du pays. En effet, il s’est opéré tric Industries béné!cient d’une forte aide un virage majeur vers la production manu- !nancière gouvernementale pour appuyer facturière au détriment du secteur primaire. la recherche et le développement dans le domaine des semi-conducteurs. Durant la crise !nancière asiatique (CFA) de 1997, le nombre de chômeurs en Au Québec, le choc pétrolier se fait Corée du Sud atteint 8,4 % de la popula- également sentir et fait monter le taux de tion active. Ayant contracté de nombreux chômage à près de 15,8 % en 1982 (Le prêts non performants a!n de nourrir l’ex- Québec économique, 2015). Les pertes pansion de leurs entreprises tentaculaires, d’emplois sont en majorité absorbées par les chaebols n’ont pu faire face à la dimi- les jeunes. nution mondiale des exportations créée La création des Fonds de solidarité de par le ralentissement économique de la la FTQ en 1983 vient remédier à la situa- région. Ils se sont retrouvés incapables tion en assurant le maintien et la création de rembourser leurs dettes, et plusieurs, d’emplois, tout en effectuant de nombreux dont le groupe KIA, ont fait face à la fail- investissements dans les PME québé- lite. C’est le gouvernement coréen qui, en coises (FTQ, 2015). contractant un prêt du Fonds monétaire international (FMI), a pu sauver l’économie L’économie coréenne connaît une coréenne de manière à prendre en charge relance spectaculaire entre 1987 et 1997, les dettes de ces grands conglomérats portée par la démocratisation et une ou- (Marlow, 2015). 55 tttt A!n d’éviter qu’une situation simi- politique d’exportation, l’augmentation de laire se reproduise, le gouvernement met la compétitivité dans des secteurs clés en place une politique de restructuration tels que la sidérurgie, la construction na- des chaebols a!n d’y induire une gestion vale, la fabrication automobile, la fabrica- plus transparente et de les forcer à devenir tion électronique et les semi-conducteurs, vraiment concurrentiels sur les marchés ainsi qu’un investissement massif dans le internationaux. Pour ce faire, les !nance- domaine des TIC (Planet-Expert, 2015). ments publics sont nettement diminués, les conglomérats sont forcés de se recen- Le visage actuel de la Corée trer vers leurs industries d’origine et une En 2012, le ralentissement économique en réforme du système bancaire resserre la Chine et aux États-Unis a affecté négative- surveillance de leurs créances. ment l’économie coréenne. La présidente Park Geun-hye entreprend Le redressement de l’économie s’ef- son quinquennat en annonçant un retour fectue toutefois rapidement et s’opère se- à l’équilibre entre les chaebols et les PME. lon trois volets. Elle af!rme par la même occasion son Ces volets concernent la poursuite de la intention d’effectuer la promotion d’une économie créative, basée sur les services 2% et l’innovation grâce à l’intégration des TIC dans tous les secteurs de l’économie (Planet-Expert, 2015). Le gouvernement coréen offre notamment des subventions 39% aux PME coréennes a!n de !nancer l’em- Agriculture ploi de jeunes diplômés dans le domaine des TIC. Industries Malgré cet apport !nancier supplémen- Services taire, les jeunes diplômés sont encore davantage attirés à travailler dans les grands chaebols où ils peuvent toucher 59% des salaires jusqu’à deux fois plus élevés (Alticast, 2015). Aujourd’hui, le secteur agricole représente environ 2 % du PIB, le secteur industriel La Corée du Sud, premier producteur de semi-conducteurs au monde, voit 39 %, et le secteur des services représente son PIB dominé par les productions des secteurs secondaires et tertiaires. quant à lui 59 % de l’activité économique source : Planet-Expert, 2015 totale (Planet-Expert, 2015). Démographie En quête d’une nouvelle jeunesse actuellement en voie de devenir probléma- En 2014, la population sud-coréenne tique. En effet, la pyramide des âges situe atteint 49 millions d’habitants. Séoul, la l’âge médian coréen autour de 40,2 ans, capitale, en compte près de 22,7 millions en plus de faire ressortir certains enjeux (Statistiques mondiales, 2015). que représente le vieillissement de la po- Avec la reconstruction du pays et sa pulation. croissance des dernières années, le Il est possible de constater que les jeunes nombre de citadins continue de croître sont de moins en moins nombreux. Le malgré le fait que le rythme de crois- taux de natalité est d’environ 1,25 enfant sance ait diminué. par femme (1,61 au Canada), tandis qu’à Les autorités coréennes prévoient d’ail- l’opposé, la population de plus de 65 ans leurs une baisse de la population d’ici représente plus de 12 % de la population 2030, le vieillissement de celle-ci étant sud-coréenne (OCDE, 2015a). tttt 56 Depuis 1960, le taux de naissance a Pyramide des âges de la population sud-coréenne en 2012 85 et + connu une diminution marquée. Selon l’ins- 80-84 titut de développement de la Corée (Korea 75-79 70-74 Development Institute), l’entrée soudaine 65-69 des femmes sud-coréennes sur le marché 60-64 55-59 du travail est une cause signi!cative de l’ef- 50-54 fondrement du taux de natalité. 45-49 40-44 En 2014, l’OCDE stipulait que l’espérance 35-39 de vie chez les Sud-Coréens atteignait 30-34 25-29 81,1 ans. Les démographes estiment qu’à 20-24 partir de 2018, il y aura plus d’aînés (po- 15-19 10-14 pulation âgée de 65 ans et plus) que de 5-9 jeunes âgés de moins de 15 ans. 0-4 -2 500 000 -1 500 000 -500 000 500 000 1 500 000 2 500 000 Femmes Hommes Cette même année, le taux de décès La base étroite de la pyramide témoigne d’un dé!cit des naissances. s’élevait à 6,63 ‰ (Statistiques mondiales, source : OCDE, données sur la Corée du Sud 2015). Tout comme au Québec, le nombre élevé de personnes âgées constitue un qu’au sud (Dubuc, 2015). enjeu démographique important de la Co- Dans un autre ordre d’idées, certains pays rée du Sud. Celui-ci viendra grandement comme le Canada favorisent l’immigration in#uencer le débat public. La place occu- et mettent en place des mesures d’intégra- pée par les aînés en politique sera poten- tion sociale pour les nouveaux arrivants. tiellement considérable de même que son En Corée du Sud, les mesures portent poids sur l’endettement des ménages. Le plutôt sur les naissances. Tout comme au risque de tomber dans la dé#ation existe Québec, le gouvernement !nance depuis (Guay, 2015). Cela s’explique entre autres 2012 des systèmes de gardes d’enfants par le fait que les consommateurs favori- a!n d’offrir un service plus abordable. seront l’épargne à la dépense dans l’éco- Il tente par le fait même de relancer la nomie du pays (Bulletin de l’Organisation natalité puisque la question de l’immigra- mondiale de la Santé, 2010). Ce même tion demeure taboue. En effet, la popu- phénomène démographique est obser- lation sud-coréenne ne semble pas être vable dans l’ensemble du Canada et au favorable à la coexistence de différentes Japon, ce dernier est d’ailleurs le pays où cultures dans son pays (Ibbitson, 2014). le taux de vieillissement est le plus élevé. Le taux de migration était de 0 % de 2011 à 2014 (Statistiques mondiales, 2014). Dans l’optique de combler ce désé- Ce taux représente la différence entre le quilibre démographique, la réuni!cation nombre de personnes entrant dans le pays de la Corée du Sud et de la Corée du Nord et le nombre sortant pendant une année serait favorable. En plus de posséder plus pour 1000 personnes. Ce taux nul met de matières premières et un plus grand de l’avant la contribution négligeable de nombre d’ouvriers, la proportion de jeunes l’immigration en territoire coréen à l’enjeu en Corée du Nord est plus importante démographique. Politiques sociales

Le prix de la privatisation l’accessibilité a dû être mainte fois étu- À la lumière du constat démographique, diée. le vieillissement de la population préoc- Les grands hôpitaux coréens abritent tous cupe également le système de santé co- les services de santé de la dentisterie réen. Bien que les villes comme Séoul, la aux médecins spécialistes. Les hôpitaux capitale, regorgent de cliniques privées privés tels que les centres médicaux de et d’hôpitaux, privés ou universitaires, Samsung sont les plus réputés grâce à la 57 tttt qualité et l’ef!cacité des professionnels et Miracle de la rivière Han des services offerts. Il est à noter que le Il est dit dans la littérature que Séoul est con- système de santé coréen a la particularité sidéré comme étant le miroir de la croissance d’avoir un secteur public peu développé de la Corée du Sud. La rivière Han traverse la contrairement au système public du Qué- ville de Séoul. bec où l’État agit à la fois comme assureur L’expression relate la force dont a fait preuve le pays en période d’après-guerre. La straté- et administrateur. gie industrielle mise en place et les politiques établies méthodiquement de même que le Contrairement au Québec, les dé- savoir et la volonté de sa population ont per- penses privées représentent une part mis au pays de se relever. majeure du total des dépenses en santé. Ces investissements com- L’éducation, l’obsession de la prennent les assurances réussite coréenne santé privées ainsi que la Les autorités coréennes soutiennent que participation !nancière di- l’éducation est un facteur clé du succès de recte des usagers pour les la remontée économique de la République services de soins. de Corée suite à la guerre. Le régime d’assurance so- Dans les dernières années, la pensée po- cial est !nancé par le gou- pulaire a fait de l’éducation une obsession. vernement, les salariés, les Ce phénomène portant le nom du « miracle employeurs et les travail- de la rivière Han » relate la croissance éco- leurs indépendants. nomique rapide du pays gravée dans la L’Institut national de l’assu- mémoire collective de la population. rance maladie, un centre de recherche relevant de En Corée du Sud, deux individus sur la Caisse nationale d’assu- trois âgés de 25 à 34 ans possèdent un rance maladie, gère le par- diplôme universitaire. Il s’agit du taux le tage du coût des soins. Le plus élevé relevé par l’OCDE en 2013. Par- paiement de la cotisation mi ceux-ci, près d’un étudiant sur quatre représente 10,5 % des dé- gradue en ingénierie ce qui témoigne du penses des ménages, une présent virage technologique (Chandler, part plus faible que celle 2012). Le nombre de diplômés dans les de la moyenne de l’OCDE domaines des sciences, de l’ingénierie et située autour de 12,9 % des mathématiques est 75 % plus élevé (Bulletin de l’Organisation en Corée qu’au Canada (Ministère des Fi- Certaines compagnies, comme Naver, mondiale de la Santé, 2010). nances du Canada, 2014). offrent même des services de soins Ce régime couvre jusqu’à La plupart des entreprises sud-coréennes gratuits à leurs employés. © MC 80 % des coûts selon la na- privilégient l’embauche des diplômés uni- ture de la prestation. Selon versitaires, ce qui encourage la réussite les revenus du patient et lorsque les frais scolaire et la poursuite des études aux de soins dépassent deux à quatre millions cycles supérieurs. Cet héritage culturel de wons, la participation du patient sera est ancré : la performance et l’atteinte réduite considérablement, voire annulée de l’excellence sont de mise dès le plus (CLEISS, 2015). jeune âge avec le passage des examens Depuis 2004, le Ministère de la Santé et de l’Action sociale de la Corée a éga- Indicateur du vivre mieux lement mis en place un programme de Il s’agit d’un indicateur créé par l’OCDE (Or- soins longue durée destiné aux personnes ganisation de coopération et de développe- âgées. Celui-ci est !nancé par des coti- ment économique) permettant l’évaluation sations de particuliers de même que par de la qualité de vie dans les pays membres les cotisations publiques locales. Cepen- de l’organisation. Il mesure le progrès d’une dant, ce programme connaît des limites population dans différentes sphères sociales en étant une évaluation complémentaire à de !nancement auxquelles le centre de celle du PIB. recherche s’intéresse actuellement. tttt 58 Test PISA De plus, depuis 2011, la loi Cendrillon (shu- Le Programme international pour le suivi tdown law) interdit aux enfants de moins des acquis des élèves (Program for Inter- de seize ans de jouer aux jeux vidéo de national Student Assessment, abrégé PISA) minuit à six heures du matin dans le but de est mené par l’OCDE. Il évalue les systèmes minimiser les problèmes sociaux tels que d’éducation du monde entier en testant les la dépendance aux jeux. Cette interdiction compétences des élèves de 15 ans dans les matières principales, dont la résolution de vient du fait que le manque de sommeil nuit problèmes. L’enquête PISA fournit des résul- au développement de l’enfant en affectant tats pour chaque pays recensé à des !ns de notamment ses performances scolaires. comparaison. La Corée est reconnue pour le haut taux de formation de sa population. Les tests PISA ré- alisés en 2012 révèlent que le pays se classe premier en mathématique et second en com- préhension de l’écrit (OCDE, 2014). d’entrée à l’université, étape tournante du système d’éducation coréen (Légaré- Tremblay, 2013). En ce qui concerne les compétences, la Corée du Sud arrive deuxième au classe- ment de l’Indice du mieux vivre de l’OCDE dans la catégorie compétence des élèves. Cet indice est calculé en fonction de la moyenne des résultats des tests du Pro- gramme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves sur la lecture, les sciences et les mathématiques (Pro- gram for International Student Assess- ment, abrégé PISA). La Mission au département d’ingénierie de la Seoul National University. © MC Historiquement, la Corée du Sud a tou- jours obtenu un excellent résultat aux Dans l’ensemble du système d’éduca- tests PISA. D’une part, ces bonnes perfor- tion coréen, les autorités locales désirent mances peuvent être dues à l’investisse- obtenir plus de responsabilités en matière ment des parents dans les instituts privés d’éducation visant de ce fait la diversi- de cours de soutien, les hagwons. té, l’innovation ainsi que la concurrence (OCDE, 2014). D’autre part, la qualité de l’ensei- Il est vraisemblable de croire que le recours gnement primaire et secondaire a été aux cours de soutien privés de même que grandement améliorée depuis 2008. Les la pression exercée sur les jeunes pour- établissements sont plus responsables et raient être évités par des changements l’autonomie est favorisée au niveau local. dans le système.

Hagwon Un hagwon est un établissement scolaire privé rée par rapport à celle éprouvée par les étudi- coréen. Il offre de l’aide aux études dans toutes ants québécois. Dans cette société marquée les matières et pour des personnes de tous les par le confucianisme, tout individu obéit à âges. Les hagwons ont été importés durant l’autorité des parents, des maîtres et des an- l’occupation japonaise de 1940. Initialement, ils ciens. L’épuisement physique et mental des en- étaient réservés aux étudiants en dif!culté. fants inscrits dans ces établissements par leurs Aujourd’hui, en Corée, la culture veut qu’après parents peut être mis en doute. la journée d’école, presque tous les enfants Actuellement, le gouvernement s’inquiète de gagnent ces établissements pour poursuivre ce phénomène hors de contrôle. Les hagwons leur étude jusqu’à tard le soir, soit en général forment néanmoins des individus travailleurs, de 15 h à 22 h (Légaré-Tremblay, 2013). caractéristiques observables de la population La pression académique coréenne est démesu- active dans le marché du travail coréen.

59 tttt Par ailleurs, les statistiques rapportées Des réformes au système d’éducation tel par l’OCDE sur le taux de scolarisa- qu’il est aujourd’hui devraient être mises tion des Sud-Coréens ne sont pas gage de l’avant a"n de renforcer l’enseigne- d’équilibre dans la société. En effet, l’ar- ment professionnel et technique, et par rivée d’un nombre important de diplômés le fait même la cohésion sociale. chaque année ne fait que saturer davan- Le poids trop important de l’enseigne- tage un marché dans lequel le capital ment supérieur se verrait apaisé tout humain est déjà concurrentiel. Les chae- en favorisant l’égalité des chances ainsi bols ne peuvent employer la totalité des que la diminution des dépenses des mé- milliers de diplômés universitaires issus nages en cours de soutien privé (OCDE, des universités annuellement. 2014). Marché du travail Un déséquilibre à l’horizon les femmes correspondant à près de la La population active en Corée du Sud moitié de celui de la Corée du Sud, soit représente actuellement 62,8 % de la 18,8 % plus faible, pour un salaire moyen population, ce pourcentage diminuant annuel de 47 800 $US en 2013 (OCDE, actuellement de 0,2 point de % par an- 2013). née. Selon les prévisions de la Banque Mondiale, la portion active de la popu- Selon Piketty, les inégalités dans lation coréenne reculera d’environ 15 % les revenus ont cru rapidement depuis d’ici 2040. la seconde moitié des années 90, de Le FMI a alerté les autorités du faible telle façon qu’à la fin de l’année 2012, taux de natalité. Le faible nombre d’im- 1 % des meilleurs salariés gagnaient migrants ainsi que le vieillissement de la 12 % de tous les revenus et les 10 % population entraîneront assurément des des meilleurs salariés gagnaient conséquences négatives sur la crois- 44,87 % des revenus (Denney, 2014). sance économique du pays. De ce fait, la Corée du Sud se classe Le taux de chômage est stable à 3,9 % et au second rang de l’OCDE en termes parmi les chercheurs d’emplois, ce sont d’importance des inégalités de distri- les jeunes diplômés et les femmes qui bution des revenus. constituent la majorité des personnes Avec un indice de disparité des revenus concernées. (coef"cient de Gini) de 0,422 en 2011, le pays se situait seulement derrière le Des inégalités à surmonter Mexique (OCDE, 2015b). À titre compa- En Corée, le salaire moyen annuel était ratif, le Canada avait un coef"cient de de 36 354 $US en 2013 et l’écart sala- Gini de 0,274 durant la même année. rial entre les hommes et les femmes de La raison de cette augmentation serait, 36,3 % (OCDE, 2013). Il s’agit du taux toujours selon Piketty, due au faible taux d’inégalité entre les sexes le plus élevé de création d’emplois durant la période de tous les pays de l’OCDE. de croissance économique suivant la Les femmes ressentent encore au- crise "nancière asiatique de 1997. jourd’hui que leur statut social est contraignant dans leur choix de carrière. Coef!cient de Gini De plus, beaucoup de Coréens per- Le coef!cient Gini est une mesure statistique sistent à croire que les femmes devraient de dispersion indiquant à quel point les reve- seulement être responsables de l’écono- nus entre les individus au sein d’une écono- mie domestique après le mariage (Kwon, mie s’écartent de l’égalité parfaite. Il est compris entre 0 (tous les revenus sont 2014). identiques) et 1 (une seule personne reçoit la En comparaison, le Canada possède un totalité des revenus). écart des salaires entre les hommes et tttt 60 Économie équitable et ef!cace

Relation amour-haine envers les l’économie domestique et les exportations chaebols (Trade solutions, 2015). « Un poison dans l’économie coréenne », Depuis quelques années, suite à de nom- voici comment le leader de l’opposition breux pardons judiciaires nébuleux oc- of"cielle du gouvernement coréen, M. troyés à de hauts cadres de ces conglo- Myeong-Sook, décrit les chaebols lors mérats et principalement après le très d’une séance parlementaire de 2012. médiatisé incident du Nut Rage touchant Ces conglomérats, principaux acteurs Heather Cho, le régime élitiste dans lequel de la fulgurante relance économique des les chaebols évoluent depuis des décen- dernières décennies et aujourd’hui consi- nies est décrié. dérés comme des #eurons de l’économie En outre, l’écart de productivité entre les coréenne, sont désormais confrontés à chaebols et les PME est sujet de discus- une montée de colère de la part des Co- sion en ce qui a trait au développement et réens tant sur le plan sociétal qu’écono- à la gestion des compagnies. En effet, il re- mique. Depuis la séparation de la Corée, #ète une problématique notamment dans les chaebols ont permis à la Corée du Sud le secteur des services. de se remettre sur pied et de réaliser un De 2007 à 2010, 99,9 % des entreprises immense progrès économique. industrielles coréennes étaient des PME contre 98,8 % au Québec et 99,8 % au Les stratégies économiques em- Canada (Banque de développement du ployées aujourd’hui par les chaebols dif- Canada, 2011). fèrent de celles utilisées lors de la relance Cependant, les dix plus grands chae- de l’économie. bols, un groupe comprenant des compa- Dans les années 70 et 80, les chaebols gnies telles que Samsung, Hyundai, LG réduisaient leurs coûts en agrandissant et Daewoo, représentaient plus de 80 % leur entreprise grâce du produit intérieur aux divers avantages Les dix plus grands brut (PIB) en 2011, économiques offerts en n’employant par le gouvernement. chaebols représentent qu’un maigre 12,6 % Aujourd’hui, ce mode plus de 80 % du PIB coréen de la main-d’œuvre de gestion crée des alors que les PME barrières à l’entrée dans la majorité des embauchaient 87,4 % de cette dernière marchés pour les PME se heurtant à des dans le secteur privé (Kwon Eun-jung, entités gigantesques au niveau écono- 2012). mique et technologique. De plus, ce mode De surcroît, les chaebols sont accusés de gestion entraîne un déséquilibre entre de générer beaucoup de richesse envers Répartition des emplois en fonction Répartition des compagnies selon leur nombre de la taille de l’entreprise conglomérats 0,05 % conglomérats 12,6 % moyennes entreprises 0,15 %

moyennes entreprises 7,4 %

petites entreprises 99,8 % petites entreprises 80,0 %

Les chaebols, bien que ne représentant que peu d’entreprises en Corée du Sud, ont un pouvoir d’attraction important auprès des jeunes diplômés. source : Merck performance material, 2015 61 tttt leurs propres intérêts sans redistribuer à Catch-up/convergence la nation coréenne, tout en envahissant Cette théorie économique met de l’avant des marchés variés et en étouffant du l’hypothèse selon laquelle les revenus par fait même les PME. habitant des pays pauvres auront tendance Ce déséquilibre crée une économie fra- à croître plus rapidement que ceux des pays gile et très dépendante des marchés riches. Éventuellement, toutes les économies devraient converger en termes de revenus par internationaux puisque la majorité de la habitant, puisque les pays pauvres peuvent production des chaebols est orientée reproduire les méthodes de production et les vers l’exportation (Dubuc, 2015). technologies des pays développés (Investo- C’est donc avec une situation délicate pedia, 2015). que le gouvernement actuel doit jongler. Il doit satisfaire les besoins des chae- Une facette importante de cette bols, piliers de l’économie du pays, tout politique économique est d’augmenter en permettant aux PME de prendre leur la compétitivité des PME dans le marché place sur le marché a!n de diversi!er les domestique a!n de stimuler la créativité acteurs in"uençant l’économie nationale. et la création d’emplois qui viendront à Le modèle économique d’après-guerre, manquer dans un futur proche. désigné comme un modèle catch-up, at- Il est démontré que les compagnies déjà teindra vraisemblablement sa limite pro- bien ancrées dans un marché ne sont chainement (Marlow, 2015). pas des sources importantes de création d’emplois. Par exemple au Japon, entre La croissance économique par 1996 et 2006, la quasi-totalité des nou- habitant a ralenti de 7 % en 1995 à 4 % veaux emplois provenait de nouvelles en 2013. Selon les projections, cette compagnies ou d’investissement étran- décroissance se poursuivra jusqu’à près gers (Connell, 2013). Il est donc primor- de 2 % en 2030 (Ministry of Strategy and dial pour le gouvernement coréen actuel !nance, 2015). de mettre de l’avant un écosystème pro- A!n de prévenir ce problème et assurer pice au développement des PME. la relance économique, la structure éco- Cependant, promouvoir un écosystème nomique doit être repensée a!n de pro- favorable n’est qu’une partie de la solu- mouvoir l’un des piliers de la richesse tion. La peur de l’incertitude et la volon- pour un pays dépourvu de ressources té de travailler pour un chaebol a!n de naturelles comme la Corée : l’innovation faire partie de l’élite de la société sont et la créativité. des moteurs qui laissent peu de place Cependant, la dominance des chaebols au développement entrepreneurial. Un sur le marché gêne les tentatives du gou- changement complet de paradigme est vernement de passer d’une économie la seconde partie de la solution à adop- préférentialiste à une économie orientée ter. sur le développement et l’innovation pro- pulsés par les PME. C’est pourquoi en Économie créative 2013, dans cette optique de recherche L’économie créative, teintée par la cul- de nouveaux moteurs économiques, de ture d’un pays, englobe plusieurs activités économiques qui concernent la production création d’emplois et d’innovation, la de connaissances et d’informations. présidente Park annonça son plan de re- Dans le contexte coréen, le terme économie lance économique : Three-year plan for créative représente un thème directeur pour economic innovation (Jeon Han, 2014). les politiques de relance économique du gou- Motivés par la volonté de changer le vernement actuel visant à pallier le ralentisse- ment économique national. paradigme existant et axés sur le thème Ces politiques économiques mettent l’accent de l’économie créative, les objectifs de sur le développement de nouveaux moteurs cette réforme économique sont l’aug- de croissance, la création d’idées, l’expansion mentation de la croissance économique de la culture entrepreneuriale, l’innovation et à 4 %, du taux d’emploi à 70 % et du PIB la création d’emploi par le biais d’une conver- gence de la science et de la technologie avec par habitant de 30 000 $US à 40 000 $US l’industrie. d’ici 2017. tttt 62 Les stratégies de la réforme économique

A!n de mener à terme son ambitieux 4. Favoriser le talent créatif. changement de paradigme, le Three-year 5. Renforcer la capacité d’innovation plan for economic innovation entend em- des sciences, de la technologie et ployer plusieurs stratégies économiques. des TIC, piliers de l’économie créa- Tout d’abord, le gouvernement supprimera tive, dans le domaine public et privé. plusieurs réglementations contraignantes 6. Promouvoir une culture d’écono- pour encourager le développement en- mie créative avec la participation du trepreneurial, entre autres par des pro- peuple coréen. grammes encadrant la création de start- ups et la croissance des PME. Croissance par l’innovation Ensuite, la vente et le développement de La Corée est un pays technophile. En nouvelles entreprises seront créés et gé- 2009, 3,4 % de la dépense intérieure brut rés par des instances gouvernementales. est allée directement en R et D (l’un des Il y aura une augmentation marquée des chiffres les plus élevés de l’OCDE) a!n investissements dans la R et D dans le but d’augmenter la combativité technologique de faire converger les TIC dans le domaine face à la Chine et le Japon. industriel. Pour sa part, le Canada n’a réinvesti que 1,9 % de son PIB dans l’innovation lors de A!n de combler ce déséquilibre et de la même année, démontrant ainsi les prio- palier aux autres problèmes économiques rités de la Corée en matière de développe- auxquels la Corée fait face aujourd’hui, le ment (Statistic Canada, 2012). gouvernement prévoit, par le biais de son Three-year plan for economic innovation, atteindre trois objectifs précis par l’inter- médiaire de six stratégies (Ministry of Stra- tegy and !nance, 2015) :

Trois objectifs : 1. Créer de nouveaux emplois et de nouveaux marchés par le biais de la créativité et de l’innovation. 2. Renforcer le leadership coréen en matière d’économie créative. 3. Créer une société où la créativité est manifestée et respectée.

Six stratégies : 1. Compenser correctement pour la créativité et créer un écosystème qui Les innovations ne manquent pas à la salle de montre d’light de Samsung. © MC encourage la création de start-up. 2. Renforcer le rôle des entreprises ris- Dans son plan économique, le gouverne- quées et des PME dans l’économie ment coréen plani!e d’investir encore plus créative en plus de renforcer leurs dans son fer de lance en augmentant ses habiletés à entrer sur les marchés investissements en R et D jusqu’à 5 % du globaux. PIB pour 2017. 3. Créer des moteurs de croissance De plus, en termes d’innovation, la Co- pour créer de nouveaux marchés et rée est la quatrième plus grande source de nouvelles industries. de brevets triadiques dans le domaine 63 tttt des sciences, sans oublier qu’elle pos- De plus, une collaboration entre les univer- sède d’innombrables innovations dans le sités et le Ministère des Sciences, des TIC domaine des TIC, une expertise que bon et du Développement futur (créée lors de nombre de pays ont déjà commencé à em- l’annonce du plan de relance économique prunter ou à copier. il y a trois ans) visera le développement de Cependant, malgré les apparences en- technologies a"n de faire converger les vieuses, il existe encore un déséqui- TIC dans les domaines industriels. Cette libre entre le secteur privé et public ainsi association devrait accroître la produc- qu’entre les conglomérats et les PME. tivité des compagnies œuvrant dans ces En 2009, un peu moins de trois quarts domaines, spécialement celle des PME. (74,3 %) des fonds pour la R et D ont été L’organisation responsable du réseau de investis par les grandes compagnies pour transport en commun de Séoul (Seoul leurs propres activités, dont la majorité transport, operation and information ser- par des chaebols. Il ne reste donc pas une vice, abrégé TOPIS) est un exemple pro- grande part pour les universités condui- bant de cette convergence récente des sant des recherches fondamentales plutôt TIC dans les services rendus aux citoyens. qu’industrielles, orientées vers le pro"t. Les enjeux du transport en Corée seront plus amplement développés dans le chapitre du rapport couvrant le transport.

De l’aide par le développement Une autre facette du plan relate l’impor- tance de pallier les liens faibles entre les universités, les laboratoires de technolo- gies, les centres de recherches, les chae- bols et les PME. Une meilleure liaison entre ces domaines permettrait de déve- lopper, de partager et de commercialiser plus rapidement de nouvelles idées et de nouvelles technologies. C’est pourquoi le gouvernement coréen met en place des comptoirs de dévelop- pement national et régional. La salle de contrôle du TOPIS repose sur les TIC pour gérer le transport en commun de Séoul en temps réel. © MC Ces comptoirs offriront des programmes de soutien et le partage de technologies à De plus, les investissements de la part des brevet ouvert dans l’optique de donner de PME et des compagnies dans le domaine meilleurs outils aux start-ups et PME dans du service (source indéniable d’innovation le but d’accroître leur compétitivité. et de développement de nouveaux pro- Depuis 2011, la Corée du Sud a mis en duits à travers le monde) sont particuliè- place un système national d’innovation rement faibles. très sophistiqué impliquant les universi- Ces quelques chiffres démontrent la fai- tés dans le développement des différents blesse de l’écosystème d’innovation pré- secteurs spéci"ques. Ainsi, les chercheurs sent en Corée en plus de re#éter la situa- et étudiants travaillent en étroite collabo- tion économique dominante des chaebols. ration avec les responsables de chaînes C’est pourquoi d’ici 2017, le gouvernement de production dans le but d’imaginer des augmentera jusqu’à 40 % les investisse- solutions aux problématiques actuelles ments destinés aux projets de recherche rencontrées dans les secteurs industriels fondamentale principalement conduits par ainsi que de nouvelles technologies pour les universités. Les recherches seront prin- le maintien de leur compétitivité. cipalement axées sur les domaines des De plus, il sera possible pour les start- données de masse (big data), du dévelop- ups et les PME d’adhérer à différents pro- pement web, des services sur le nuage et grammes, notamment des accélérateurs sur les objets intelligents. pour les start-ups, qui leur permettront tttt 64 d’augmenter leur visibilité au sein des les entrepreneurs ont un bon statut social. marchés et faciliter leur !nancement. Malgré cela, 43 % de ces mêmes répon- Également, sachant que les PME co- dants af!rment que la peur de l’échec me- réennes souffrent entre autres de la nant à la faillite personnelle les décourage concurrence chinoise, des mesures gou- de se lancer en affaire puisqu’il est encore vernementales ont été mises en place dif!cile de se remettre !nancièrement en pour pallier ce contexte économique peu Corée. propice au développement. Ainsi, en juillet 2013, la présidente Park Geun-hye inaugure son troisième marché !nancier, le KONEX. Dans la politique de soutien aux petites structures !guraient déjà le KOSPI et le KOSDAQ (Mesmer, 2013). L’établissement de ces marchés !nanciers est une stratégie globale adoptée dans le but d’accroître le système d’innovation et de favoriser le développement d’une éco- nomie créative attirant des investisseurs. Les PME coréennes sont également pro- tégées par la commission du commerce coréenne (Korea Fair Trade Commission, abrégé KFTC). La fragilité de l’économie nationale a engendré la mise en œuvre de Le portail web Naver est devenu une référence en innovation. © MC nouvelles mesures en faveur des entre- prises af!liées aux chaebols, telles que C’est en raison de ce tabou culturel et le renforcement des règles applicables de la volonté du gouvernement de changer aux relations commerciales internes à ces ce paradigme qu’un fonds de plus de 4 mil- groupes (OCDE, 2014). liards de wons sera investi jusqu’en 2017 pour promouvoir l’esprit entrepreneurial. Un second miracle de la rivière Han En investissant dans un fonds de la se- A!n d’atteindre les trois objectifs !xés conde chance, en assurant le suivi des par le gouvernement, plusieurs autres compagnies durant les trois étapes (nais- mesures sont mises en œuvre pour sti- sance, !nancement/croissance, maturité) muler les marchés nationaux et changer de leur mise en service et en augmentant progressivement la mentalité actuelle vers la sécurité d’emploi, le gouvernement es- une plus favorable à l’entrepreneuriat. Effectivement, l’obsession de la majo- Voies d’investissement Montant alloué rité des Coréens reste encore aujourd’hui d’ici 2017 (en G) l’éducation et la réussite. Énormément de Promouvoir l’entrepreneuriat pression est exercée sur les jeunes pour pour atteindre 13 000 1059,8 performer à l’école et décrocher un emploi nouveaux entrepreneurs stable, bien rémunéré et avec de bons Supporter les entreprises qui avantages sociaux (au sein du gouverne- promeuvent une économie 2200,0 ment ou d’un chaebol). L’environnement créative de travail est donc peu ouvert aux risques Encourager une culture de et par le fait même à l’entrepreneuriat. « deuxième chance » après 773,0 Cependant, selon une étude de Global une tentative infructueuse Entrepreneurship Monitor (abrégé GEP) réalisée en 2012, la mentalité commence Total 4032,8 à changer puisque 59 % des sondés af!r- Répartition des investissements en économie ment que l’entrepreneuriat est une bonne créative d’ici 2017. option de carrière. source : Ministry of Strategy and Finance, 2015 De surcroît, 70 % d’entre eux af!rment que 65 tttt père augmenter considérablement la nais- Incubateur sance de nouvelles entreprises. Un incubateur d’entreprise est une structure Des centres pour encourager l’entrepre- d’accompagnement de projets d’entreprise. neuriat sont progressivement mis en place Selon l’avancement du projet, l’incubateur a!n d’encourager une économie créative peut offrir de l’appui en termes d’hébergement, et variée. Dix-sept régions métropolitaines de conseils, de technologies et de !nance- ment. Leur principale mission est de facili- et provinces accueillent ces centres a!n ter la création d’entreprises a!n de stimuler de faciliter le développement et le "euris- l’innovation et la créativité (Réseau Entrepris- sement des talents régionaux. es Canada, 2014). De plus, cette facette du plan gouverne- mental permet le développement d’un vironnements d’affaire de 2015 à 2019 réa- bassin d’entraide technologique. Ce bas- lisé par The Economist Intelligence Unit. sin contribuera à promouvoir le partage Ce rang révèle entre autres l’intérêt accru d’information et la stimulation de l’innova- pour le marché coréen. tion régionale en plus de faciliter le déve- La scène entrepreneuriale coréenne est loppement et la commercialisation des "eurissante et devient de plus en plus in- technologies émergentes. "uente. Des incubateurs tels que KStartup Un fonds d’appui équivalant à 760 mil- et SparkLabs témoignent du dynamisme liards de wons sera également créé et le du marché (De Villemandy, 2014). gouvernement investira 460 milliards de La concentration géographique d’en- wons dans celui-ci. Le fonds sera utilisé treprises interdépendantes a d’ailleurs pour encourager spécialement les jeunes fait émerger le concept de création de start-ups et encourager l’investissement grappes industrielles (appelés clusters en des anges. anglais). En Corée du Sud, la structure la De plus, a!n d’aider la convergence des plus importante est le KINOX comprenant TIC par le biais de start-ups dans diffé- 77 grappes industrielles dans lesquelles rentes industries, les investissements pas- sont rassemblés 193 incubateurs (Hado- seront de 20 milliards à 100 milliards de pi, 2015). Elle vise la réduction des coûts wons en 2015. Cet investissement permet- d’entrée sur le marché ainsi qu’un soutien tra de !nancer 120 projets pour les trois !nancier favorisant la croissance. années à venir. La Corée a développé un avantage com- paratif dans le domaine des technologies Création de marchés inclusifs aux de l’information et les entreprises misent start-ups et PME sur cet outil pour demeurer compétitives. Les interventions gouvernementales En effet, l’exploitation du réseau Inter- semblent avoir porté fruits, puisque de- net permet aux compagnies, notamment puis 2000, le nombre de start-ups a triplé celles dans le milieu du transport, de ré- en Corée du Sud. Le pays ayant gagné en duire les coûts !xes et d’avoir accès à des popularité dans les dernières années, il ressources informatiques adaptées à leurs occupe le 28e rang du classement des en- besoins (OCDE, 2014). Ange Grappe industrielle (cluster) Les anges, dans le domaine des start- Une grappe industrielle est un ensemble ups, sont des individus ou des réseaux d’entreprises et d’institutions réparties sur un d’investisseurs qui apportent de l’aide !nan- territoire géographique dé!ni œuvrant dans cière aux différentes étapes de vie d’un start- un domaine similaire. up, soit à la naissance, à la croissance ou à Les grappes industrielles peuvent aussi bien la maturité. Ils fournissent habituellement de comprendre des institutions gouvernementales l’aide !nancière en échange d’une dette ou telles des universités, des agences, des institu- d’une part de la compagnie. tions de formation et des associations d’affaires Les anges accordent de l’aide !nancière gé- que des entreprises et des industries. néralement à des conditions plus favorables La majorité des grappes industrielles en que les banques et autres prêteurs permet- Corée sont axées autour de la recherche et tant ainsi un épanouissement plus rapide des du développement entrepreneurial, com- start-ups possédant un certain potentiel de munément appelé Technopole (Communauté croissance (StartupDe!nition, 2015). métropolitaine de Montréal, 2015). tttt 66 Synthèse

À travers la deuxième moitié du XXe dans les prochaines années. siècle, la Corée du Sud a remarquable- De plus, le pays est aux prises avec cer- ment développé son industrie en instau- taines réalités sociales et culturelles limi- rant des politiques in!uençant fortement tant dans nombre de cas les opportunités l’économie, créant ainsi des liens très et l’accès à l’emploi chez les jeunes et les importants entre le gouvernement et les femmes. grands conglomérats coréens. En près de 55 ans, la proportion de l’éco- Bref, la situation économique ac- nomie occupée par les industries a plus tuelle ainsi que le ressentiment généralisé que doublé remplaçant graduellement la envers les chaebols ont récemment mené part occupée par l’agriculture. à l’avènement de nouvelles stratégies de réforme économique misant davantage La Corée fait aujourd’hui face à un sur le développement de l’entrepreneuriat, dé# démographique important qui aura un la croissance des PME ainsi que l’investis- impact notamment sur le marché du travail sement dans le secteur des TIC.

67 tttt Le nouveau port de Busan, acteur majeur du dynamisme des échanges commerciaux coréens. © MC

« Même si le ciel tombe sur toi, il y a toujours un trou par lequel tu peux t’échapper. » - proverbe coréen Commerce international des échanges effrénés

69 tttt Introduction

La phase actuelle de mondialisation le PIB par capita du Canada s’est accru de de l’économie planétaire est marquée par la moins de 4 fois (11 612 $US à 43 038 $US) montée en puissance de plusieurs pays asia- durant la même période de temps (OCDE, tiques. Parmi ceux-ci, la Corée est l’exemple 2014b). parfait d’une nation ayant entièrement trans- formé sa situation économique entre la deu- Plusieurs avantages comparatifs per- xième partie du XXe siècle et aujourd’hui. mettent aujourd’hui à la Corée d’être une En effet, le pays est passé d’une situation nation commerciale importante sur la scène de grande pauvreté à un titre de puissance internationale. Cette nation membre de asiatique en l’espace de quelques décen- l’OMC et de l’OCDE est reconnue pour l’ex- nies. Pour y arriver, la Corée a mis de l’avant portation de ses produits technologiques de plusieurs mesures dont une mise en valeur qualité partout à travers le monde. du commerce international et des investis- Cependant, cette forte dépendance aux sements internationaux. échanges commerciaux internationaux a fait en sorte que la Corée a été grandement tou- La Corée s’est concentrée sur l’expor- chée lors de la crise "nancière asiatique de tation de produits transformés nécessitant 1997 et la Grande Récession de 2007-2009. un capital d’investissement technologique Le pays a été affecté en raison des grandes important. La balance des opérations cou- dif"cultés "nancières de ses principaux par- rantes coréenne est donc passée de -10,2 % tenaires commerciaux lors de ces deux ra- du PIB en 1980 à 6,4 % du PIB en 2014 attei- lentissements économiques (Le Moci, 2015). gnant même 10,8 % en 1998 tout juste avant Pour palier à la situation, la Corée tente le début de la crise économique asiatique maintenant de diversi"er ses échanges éco- de la "n des années 90 (OCDE, 2014a). Une nomiques en ayant une cinquantaine d’ac- forte croissance économique a résulté de cords de libre-échange avec des pays de cette nouvelle approche alors que le produit partout à travers le monde, dont un avec le intérieur brut par capita a augmenté de plus Canada entré en vigueur le 1er janvier 2015 de 13 fois, c’est-à-dire de 2439 $US en 1980 (Affaires étrangères Gouvernement du Ca- à 33 089 $US en 2013. À titre comparatif, nada, 2015; Lee, 2015).

Le port de Busan, 5e port mondial, voit transiter près de 18 millions conteneurs (en équivalent vingt pieds) par année. © MC tttt 70 Les voitures Hyundai attendent par milliers d’être chargées sur des porte-conteneurs à destination du monde entier. © MC

Une économie axée sur les échanges commerciaux

Portrait des échanges commerciaux La Corée est un pays ayant connu une croissance économique fulgurante depuis un demi-siècle et celle-ci se traduit par un commerce international très dynamique. Dans les années 60, Park Chung-hee a mis l’emphase sur l’industrialisation par les ex- portations avec son plan quinquennal pour le redressement économique de la Corée. Ce virage a d’abord débuté par l’entre- mise d’un développement des industries légères du secteur secondaire comme le textile, la mécanique et les chaussures. Ensuite, une série de cinq autres plans quin- quennaux visant à développer des industries lourdes telles que la construction navale, la production automobile, le secteur pétrochi- mique et la création de biens électroniques sont venues complètement changer le visage Les principaux partenaires commerciaux de la ville de Busan. © MC de la Corée. Le pays a d’ailleurs af!ché une première balance commerciale positive en Principaux produits échangés 1986. Cette dernière n’est pas un indicateur de La Corée est un pays qui possède peu de la richesse d’une nation, mais plutôt un indice ressources naturelles, mais il s’agit d’une exposant un excédant ou un dé!cit au niveau nation dotée d’une main-d’œuvre hau- des échanges commerciaux. Il s’agissait donc tement quali!ée. Cela transparait lors de d’un signe prometteur pour le gouvernement l’analyse des produits échangés avec ses coréen désirant faire de la Corée un pays mi- partenaires commerciaux. sant sur l’exportation de ses produits et ser- vices (Encyclopædia Universalis, 2015). Effectivement, la majorité des pro- En 2014, la valeur monétaire des expor- duits exportés par la Corée sont des pro- tations de biens et services de la Corée duits manufacturés de haute technologie. était de 573 G$US, soit environ 50,6 % de Plus précisément, il s’agit de semi-conduc- son PIB, et celle des importations était de teurs, d’équipements de télécommuni- 526 G$US, soit 45,3 % du PIB. La balance cation sans-!l, de véhicules, de pièces commerciale de la Corée est ainsi égale à automobiles, d’ordinateurs, d’appareils un surplus de 47 G$US pour l’année 2014. ménagers et de navires (CIA, 2015). Durant la même année, le Canada a expor- La grande majorité de ces produits sont té pour 475 G$US et importé 463 G$US de manufacturés par les chaebols coréens. marchandises et services, ce qui corres- Ceux-ci opèrent dans une vaste gamme de pond à une balance commerciale positive secteurs économiques, mais ils possèdent de 12 G$US (OCDE, 2015). tous une !liale d’importance supérieure. 71 tttt IMPORTATIONS

son territoire, mais les importations com-

prennent également beaucoup d’équi-

pements électroniques et électriques. Le

peuple coréen est fanatique de technolo-

gies de toutes sortes et il consomme donc

beaucoup de produits de ce genre venant

de la Corée, mais également de partout à

travers le monde. De plus, la production

partielle d’équipements technologiques

dans des pays où les coûts de production

sont moindres est un autre élément faisant

en sorte que le pays importe beaucoup de produits de ce type.

Composition et origine des principales importations coréennes © MT Comme mentionné précédemment, la Corée mise depuis plusieurs décen- Par exemple, la !liale Samsung Electronics nies sur une économie d’exportation. Cet est le "euron du chaebol et elle produit la élément est primordial au pays puisque majorité des semi-conducteurs et des té- la consommation de produits locaux est léphones mobiles exportés par la Corée. en déclin. Effectivement, les Coréens se tournent de plus en plus vers les marchés Au niveau des importations, la com- extérieurs pour faire leurs achats. Dans position variée inclue majoritairement des plusieurs domaines, les compagnies lo- hydrocarbures, des équipements élec- cales sont aujourd’hui moins compétitives triques et électroniques, des produits qu’elles ne l’étaient auparavant et les Co- chimiques ainsi que de multiples res- réens choisissent ainsi davantage des pro- sources naturelles (CIA, 2015). duits étrangers. Par exemple, comme le Sans surprise, la Corée importe majoritai- reste du monde à l’heure actuelle, la popu- rement des ressources naturelles qui sont lation coréenne est friande du magasinage manquantes ou simplement absentes sur en ligne et elle adore particulièrement tttt 72 EXPORTATIONS

magasiner sur des sites web étrangers en raison des bas prix. Les économies impor- tantes possibles en achetant des produits sur Amazon ou l’équivalent chinois, Tao- bao, attirent grandement les consomma- teurs coréens. De plus, les multiples accords de libre- échange que le pays possède permettent également aux habitants de la Corée d’acheter des biens étrangers moins coû- teux avec plus de facilité. Un autre élé- ment important explique cette baisse de vente de produits coréens. Celle-ci est également due au fait que plusieurs com- pagnies coréennes vendent leurs produits Composition et destinations des principales exportations coréennes. © MT à des prix plus élevés en Corée que par- tout ailleurs dans le monde. La plupart Avantages comparatifs des compagnies coréennes utilisant cette La Corée possède un grand nombre d’avan- pratique justi!ent cette différence de prix tages comparatifs qui en font un partenaire par une qualité supérieure des produits of- de choix pour les échanges commerciaux ferts en Corée. Or, la grande majorité des à l’international. D’abord, la Corée est Coréens ne croient pas à ce raisonnement bien située géographiquement par rapport et ils préfèrent donc se tourner vers des à plusieurs marchés importants. Elle se alternatives étrangères (The Economist, trouve au cœur de l’Asie du Nord-Est entre 2015). la Chine, la Russie et le Japon. Somme toute, la disponibilité de produits Cet excellent emplacement géographique est étrangers plus compétitifs et un af!chage appuyé par des infrastructures performantes de prix locaux plus élevés sont les élé- (Choi, 2015). La Corée possède effectivement ments principaux expliquant la diminution plusieurs ports et aéroports internationaux en de la consommation nationaliste coréenne. plus d’être dotée de réseaux ferroviaires et 73 tttt Avantage comparatif Adam Smith a dé"ni l’avantage absolu d’un tous les pays sont gagnants à échanger entre pays comme étant la possibilité de fabriquer un eux-mêmes et chacun peut tirer pro"t d’une bien avec un coût de production inférieur à une relation commerciale avec un pays partenaire. autre contrée. Selon Smith, il est avantageux L’économiste britannique développe que le pour un pays de se spécialiser dans la produc- gain mondial associé au commerce internation- tion et l’échange d’un bien pour lequel il a un al provient du fait qu’il existe une différence en- avantage absolu. Or, il est fort possible qu’une tre les coûts relatifs et les prix relatifs des biens nation n’aie aucun avantage absolu par rap- dans chacun de pays. La théorie ricardienne port à une autre et que tous ses processus de stipule qu’un pays a avantage à commercialiser fabrication soient donc en situations de désa- le bien pour lequel il a le plus grand avantage vantages absolus. Est-ce avantageux pour un absolu, ou le plus petit désavantage absolu, ce pays d’échanger avec un autre s’il se retrouve qui correspond à l’avantage comparatif. (Lem- dans cette situation? Selon David Ricardo, oine, Madiès et Madiès, 2012).

de réseaux routiers très développés sur l’en- Un autre grand avantage comparatif semble de son territoire. De plus, la super"- de la Corée est le niveau de quali"cation de cie du pays étant restreinte, les compagnies sa main-d’œuvre. Plus de 49 % de la popu- coréennes réalisent des économies impor- lation coréenne d’environ 52 millions d’habi- tantes de frais de transport lors des proces- tants possèdent un diplôme universitaire sus de fabrication et de distribution locale. (Choi, 2015). Partenaires commerciaux proches et historiques

Les grands partenaires à moins de trois heures d’avion de plus de commerciaux de la Corée 60 villes ayant des populations au-dessus La Corée est un pays très bien situé géo- d’un million d’habitants (Choi, 2015). Une graphiquement pour faire des échanges à situation idéale pour maximiser les mar- l’international. La capitale, Séoul, se trouve chés d’exportations. À titre comparatif, le marché unique de l’Union européenne regroupe 28 pays et compte seulement 17 villes avec des po- pulations de plus d’un million d’habitants (Nations Unies, 2015). De plus, la Corée est au centre de puis- sances économiques mondiales telles la Chine, les États-Unis et le Japon. Il s’agit d’ailleurs des trois partenaires principaux de la Corée au niveau des exportations. En première position, la Chine accueillait 16,1 % des exportations totales en 2013. Ensuite venait les États-Unis avec 11,1 %, le Japon avec 6,2 % suivi de Hong Kong avec 5 % (CIA, 2015).

Du côté des importations, la Corée importe beaucoup de matières premières a"n de les transformer en produits desti- Des voitures Hyundai en attente de chargement sur des porte-conteneurs au port nés à la consommation. Les partenaires de Ulsan. Les exportations coréennes de véhicules non-ferroviaires comptent pour près de 3 milliards de dollars dans l’économie canadienne. © MC principaux desquels la Corée importe le plus sont la Chine avec 16,1 %, le Japon tttt 74 avec 11,6 %, les États-Unis avec 8,1 %, Exportations Importations Produits Produits l’Arabie Saoudite avec 7,3 %, le Qatar avec (M$) (M$) 5 % et l’Australie avec 4 % (CIA, 2015). Minerais, scories Véhicules non- De plus, l’Arabie Saoudite, le Qatar et 956,9 2869,5 et cendres ferroviaires l’Australie sont les principaux fournisseurs de matières premières pour la Corée. Le Combustibles Réacteurs minéraux, nucléaires pays importe surtout du pétrole brut et raf- 835,3 1089,1 "né, du gaz de pétrole, des briquettes de pétrole et sables et pièces de bitumineux rechange charbon et "nalement du minerai de fer et de cuivre. Réacteurs Machinerie nucléaires Trois pays sont récurrents peu importe la 277,6 électrique et 1066,4 et pièces de nature des échanges commerciaux, soit pièces rechange la Chine, les États-Unis et le Japon. Cela s’explique par la proximité géographique Pâtes de bois ou de ces pays facilitant le commerce autres matières 263,5 Fer et acier 362,0 (Observatory of Economic Complexity, "breuses 2012). Bois et articles en Articles en fer ou 221,6 235,2 bois en acier Échanges commerciaux canadiens Articles en avec la Corée Céréales 182,9 207,3 La Corée est un partenaire économique plastique important pour le Canada. Du point de vue canadien, les États-Unis, l’Union Autres 1299,7 Autres 1432,1 Européenne, la Chine, le Mexique et le Japon sont en ordre les cinq pays dont Principaux produits exportés et importés par le Canada avec la Corée. source : Le Facteur Asie, 2015 les échanges combinés avec le Canada étaient les plus imposants en 2014. Au Les provinces canadiennes les plus sixième rang vient la Corée. Mêmes si impliquées dans le commerce internatio- elles sont élevées au niveau global, les nal avec la Corée sont celle de l’Ouest ca- importations ainsi que les exportations nadien. La proximité géographique entre venant de cette nation demeurant faibles les deux régions explique les échanges en comparaison avec les autres grands plus importants qu’avec le reste du Cana- joueurs asiatiques. da. Les produits de la mer, du bois et du Du fait même, le désir d’accroître le sous-sol de la Colombie-Britannique ainsi commerce avec la nation coréenne a que les produits agricoles et pétroliers des motivé le gouvernement canadien à signer Prairies constituent la majorité des pro- un accord de libre-échange entre les deux duits exportés vers la région. pays (Affaires étrangères Gouvernement du En revanche, les importations de produits Canada, 2015). manufacturés coréens sont plus réparties à travers le Canada, puisque la demande En ce qui attrait aux principales transac- pour ces derniers est élevée dans toutes tions entre le Canada et la Corée, les exporta- les provinces (S. C. Gouvernement du Ca- tions canadiennes sont majoritairement des nada, 2015). matières premières alors que les importations du pays Nord-Américain sont plutôt compo- Échanges commerciaux québecois sées de produits manufacturés. avec la Corée La force de l’économie coréenne étant Même si le Québec est plus distant de son industrie technologique, l’ensemble la Corée que la majorité des autres pro- de ses exportations est majoritairement vinces canadiennes, sa participation au composée de produits nécessitant ce type commerce avec ce pays asiatique compte d’expertise. Le tableau qui suit représente pour environ 10 % des exportations et à bien les principaux produits échangés peu près 20 % des importations des to- entre le Canada et la Corée en 2014 (S. C. taux canadiens. Gouvernement du Canada, 2015). De la perspective québécoise, il est évi- 75 tttt tissements directs coréens à destination Exportations Importations Produits Produits de la Chine totalisaient 51 G$US, ce qui (M$) (M$) représente environ un quart des IDE totaux Pâtes mi- Voitures de 49,9 705,2 coréens. Ceux dirigés vers les États-Unis chimiques de bois tourisme étaient évalués à 35 G$US (Schott et Ci- Argent sous forme mino, 2014). Viandes de porc 43 59,2 brute Autrefois, l’investissement direct étranger coréen en sol américain était plus impor- Articles de tant que celui en territoire chinois, mais Minerais de fer et robinetterie et 17,8 43,1 leurs concentrés organes similaires la montée en puissance de l’économie pour la tuyauterie chinoise dans les dernières années a ren- versé la tendance. En effet, les Coréens "- Turboréacteurs, Circuits intégrés nancent beaucoup d’usines de fabrication turbopropulseurs et micro- 17,1 24 autres turbines assemblages de produits électroniques et de voitures à gaz électroniques automobiles situées chez leur voisin asia- tique (Reuters, 2014). Produits de beauté Bouteurs, Toutefois, la Chine a récemment subi un ou de maquillage; bouteurs biais, préparations 14,7 niveleuses, 20,2 ralentissement économique suite à une antisolaires et décapeuses, restructuration industrielle importante du pour bronzer autopropulsés pays. Malgré cela, les investissements des chaebols coréens chez le géant asiatique Barres en aciers Étoffes de 11,9 18,6 alliées bonneterie n’ont pas diminué. En effet, les grandes entreprises coréennes ont même augmen- Autres 54,9 Autres 358,2 té leurs investissements en région chinoise en pro"tant d’opportunités apparues suite Principaux produits exportés et importés par le Québec avec la Corée. source : Finances et Économie du Québec, 2013 à la diminution des IDE japonais en Chine. Des disputes politiques entre le Japon et dent que les abondantes ressources natu- la Chine expliquent cette diminution des relles de la province sont mises en valeur investissements directs étrangers nippons dans son commerce international avec la (Reuters, 2014). Corée. L’industrie des pâtes et papiers et Quant à l’investissement direct étranger en les éleveurs de porcs sont les acteurs prin- sol coréen, ce dernier provient majoritaire- cipaux des échanges québécois en direc- ment de l’Union Européenne, du Japon et tion coréenne (Finances et Économie du des États-Unis. Ces trois régions avaient res- Québec, 2013). pectivement investi 60,5 G$US, 41,8 G$US Pour ce qui est des exportations coréennes et 29,8 G$US en 2012. Ces investissements en 2012, 81,7 % de ceux-ci étaient considé- sont faits en grande partie dans les chae- rés comme étant de haute-technologie ou de bols qui gouvernent l’activité économique moyenne-technologie, ce qui est typique de du pays (Schott et Cimino, 2014). l’activité économique du pays. Les Québé- cois sont d’ailleurs des grands consomma- Investissement direct étranger teurs des voitures coréennes qui haussent Tel que dé!ni par l’Organisation de coo- en popularité partout à travers le monde. pération et de développement économique (OCDE), un investissement direct étranger Le tableau précédent résume les échanges est un investissement fait par un pays à de biens faits entre le Québec et le Corée l’international a!n « d’établir un intérêt durable en 2012 (Finances et Économie du Qué- dans une entreprise qui est résidente d’une bec, 2013). autre économie que celle de l’investisseur di- rect. L’investisseur est motivé par la volonté d’établir, avec l’entreprise, une relation stra- Investissements directs étrangers tégique durable a!n d’exercer une in#uence (IDE) signi!cative sur sa gestion. L’existence d’un La Corée est un pays qui investie massi- « intérêt durable » est établie dès lors que vement à deux endroits en particulier, les l’investisseur direct détient au moins 10 % des États-Unis et la Chine. En 2012, les inves- droits de vote de l’entreprise d’investissement direct » (OCDE, 2015). tttt 76 Un accès privilégié aux grands marchés mondiaux

Dans son optique d’ouverture au commerce international débutée lors de Accord de libre-échange (ALE) la !n du XXe siècle, la Corée a conclu un Un accord de libre-échange permet de réduire ou même d’éliminer les barrières commercia- grand nombre d’accords de libre-échange les entre les pays participants à l’accord. dans les quinze dernières années a!n de Il peut favoriser l’échange de biens ou de ser- faciliter et renforcer les liens économiques vices entre deux pays « sans qu’il y ait ap- avec ses partenaires commerciaux (Schott plication de tarifs [douaniers], de quotas ou et Cimino, 2014). d’autres restrictions ». Il peut aussi aider l’un ou l’autre des pays pour tout ce qui a trait aux Cette approche agressive mise de l’avant normes sanitaires ou à la règlementation des par la Corée pour établir des liens écono- marchés (Gouvernement du Canada, 2007). miques privilégiés avec une multitude de partenaires commerciaux est surnommée libre-échange bilatérales avec leurs parte- « Le bol de nouilles » (Desrosiers, 2007). naires commerciaux. Ce dernier fait référence à la tendance ré- Plutôt que de dépendre sur l’Organisation cente des puissances économiques mon- mondiale du commerce (OMC), les pays diales, particulièrement celles asiatiques, préfèrent s’entendre entre eux a!n de pou- de signer de plus en plus d’accords de voir accéder au libre-échange plus rapide-

Accords de libre-échange signés par la Corée dans les dernières années. source : Yes FTA, 2015

77 tttt ment qu’en attendant l’aboutissement de asiatiques. La Chine étant le pays échan- négociations de plus en plus complexes geant le plus avec la Corée, l’impact de de l’OMC. l’entente sera non-négligeable puisque le gouvernement coréen lui associe une Le « bol de nouilles » fait donc réfé- croissance du PIB national de 1 % au rence au recours à un réseau enchevê- cours des dix prochaines années (Tiezzi, tré d’accords bilatéraux employés par un 2015). nombre grandissant de grands joueurs Récemment, la Corée a aussi conclu un économiques planétaires, tout cela dans accord de libre-échange avec le Canada, le but de faire fructi"er leur commerce in- l’ALECC (Affaires étrangères Gouverne- ternational (Desrosiers, 2007). ment du Canada, 2015).

Accord de libre-échange Canada- Corée (ALECC) Après plusieurs années de négociations entre les deux pays, un accord de libre- échange a "nalement été signé entre le Canada et la Corée le 22 septembre 2014. Ce traité, entré en vigueur le 1er janvier 2015, est le premier accord canadien avec un pays asiatique. Pour le Canada, il peut donc servir de voie d’accès aux autres marchés asiatiques et océaniques; seules régions du globe où le pays nord- américain n’avait pas d’accords commer- ciaux en place jusqu’en début 2015. Cet accord est d’autant plus important a"n de faire face à la compétition des États- Unis, de l’Union européenne et de l’Aus- tralie, pays ayant tous signé des ententes avec la Corée au cours des dernières an- nées. Grâce à l’Accord de libre-échange Canada-Corée, les liens entre les deux pays sont plus serrés que jamais. © MC Les points inclus dans l’ALECC La nation coréenne possède au- touchent en grande majorité des sec- jourd’hui une cinquantaine d’ententes dont teurs de commerce qui sont déjà établis une avec les États-Unis et une avec l’Union entre les deux pays tels que les biens et européenne, deux des états avec lesquels services (particulièrement l’industrie auto- elle transige le plus (Lee, 2015; OMC, 2014). mobile), les investissements et services Le KORUS, l’accord de libre-échange entre "nanciers, le commerce électronique, les les États-Unis et la Corée a été spéciale- marchés publics, l’environnement ainsi ment pro"table aux industries automobiles que quelques autres secteurs. et aux compagnies technologiques du L’emphase est aussi mise sur le dévelop- pays asiatique depuis son inauguration en pement de secteurs potentiellement pro- mars 2012 (Congressional Research Ser- "tables aux deux nations. Il s’agit entre vice, 2014). autres de secteurs tels que la culture, où De plus, après de longues négociations, chaque pays doit tenter d’amener son le gouvernement coréen a of"ciellement savoir-faire à l’autre, et le domaine du tra- signé un accord de libre-échange avec la vail, où l’admission et les déplacements Chine en juin 2015. des travailleurs entre chaque pays seront L’accord devrait entrer en vigueur durant grandement facilités. la "n de l’année 2015 et il éliminera entre Il est important de noter que malgré cette autres les frais de douane sur 90 % des coopération sur le domaine de la culture, biens échangés entre les deux puissances le Canada a conservé une certaine élasti- tttt 78 cité pour la modi!cation de ses politiques Avantages pour le Avantages pour la Secteur et programmes culturels. Canada Corée du Sud D’autres exceptions à l’accord de libre- Élimination de 81,9 % Élimination de 76,4 % Accès au échange sont les mesures de !scalité des droits de douanes des droits de douanes marché propres à chaque pays, les mesures de coréennes canadiennes protection de vie humaine ou animale ainsi tAccès aux services de chacun (exception : santé et éducation publique) que les mesures de sécurité nationale et Services de ressources naturelles épuisables (A. tFacilitation du commerce transfrontalier tSécurité des systèmes !nanciers étrangères Gouvernement du Canada, Élimination des droits de Élimination des droits de 2014b). Agriculture/ douanes coréennes sur douanes canadiennes sur élevage Il est aussi important de mentionner que 13 ans 15 ans l’accord comporte une clause de la nation Élimination de tous Augmentation la plus favorisée assurant aux deux pays Automobile les droits de douanes d’exportations et une sécurité sur les avantages futurs qui coréennes d’emplois dans le secteur pourraient être offerts lors de la négocia- Élimination de 70 % Élimination de des droits de douanes 77,2 % des droits de tion d’ententes futures. Produit de la coréennes sur 5 ans douanes canadiennes mer Atteindra 100 % sur immédiatement L’ALECC devrait pro!ter au Canada 12 ans Atteindra 100 % sur 3 ans de plusieurs façons différentes. Globale- Élimination de ment, l’accord devrait créer des milliers Technologie 87,6 % des droits de Élimination de tous d’emplois à travers le Canada en plus de l’informa- douanes canadiennes les droits de douanes tion/télécom- immédiatement d’amener une hausse de l’économie cana- coréennes dienne de 1,7 G$ et d’augmenter les ex- munications Atteindra 100 % d’ici 3 à 5 ans portations vers la Corée du Sud de 32 % Élimination de 85 % (A. étrangères Gouvernement du Canada, des droits de douanes Élimination de tous Produits 2015). coréennes sur 5 ans les droits de douanes forestiers Du côté coréen, le pays asiatique pourrait Atteindra 100 % d’ici canadiennes s’attendre à une grande augmentation des 10 ans exportations d’automobiles et de produits Les principaux avantages de l’ALECC pour chaque pays. électroniques vers le Canada en plus de source : Fasken Martineau, 2014 pro!ter d’un accès privilégié aux matières premières et aux produits de l’agriculture certains milieux jugent cette entente plus de la nation nord-américaine. Les mar- négativement que positivement. chés grandement impactés par l’ALECC En effet, les agriculteurs et les éleveurs sont présentés plus précisément dans le coréens s’opposent à la signature de cet tableau suivant (Sosnow, 2014). accord depuis le début des négociations. Toutefois, tous les points de l’ALECC ne La réduction des tarifs douaniers pour les font pas l’unanimité et les travailleurs de produits de viande et de grain (élimina- tion totale d’ici une quinzaine d’années) pourrait grandement nuire aux entre- Clause de la nation la plus favorisée prises coréennes œuvrant dans ce sec- (NPF) L’Organisation mondiale du commerce (OMC) teur, puisque la compétition canadienne régie les règles du commerce international sera beaucoup plus féroce. Pour venir en pour les pays membres. Celle-ci traite la aide aux producteurs agricoles locaux, le discrimination potentielle entre les nations gouvernement coréen investira environ membres avec la règle de la Nation plus fa- 2 G$CA au cours des dix prochaines an- vorisée (NPF). L’OMC décrit ce principe de la manière suivante : « Aux termes des Ac- nées en plus d’offrir une assistance plus cords de l’OMC, les pays ne peuvent pas, en approfondie (Y. Lee, 2014; Seung-woo, principe, établir de discrimination entre leurs 2014). partenaires commerciaux. Si vous accordez à Ensuite, les employés du secteur auto- quelqu’un une faveur spéciale (en abaissant, mobile au Canada ne sont pas enchantés par exemple, le droit de douane perçu sur un de ses produits), vous devez le faire pour tous par l’idée de la croissance des importa- les autres membres de l’OMC » (OMC, 2015). tions de voitures coréennes en raison de la réduction des frais douaniers. D’ail- 79 tttt leurs, plusieurs concessionnaires Hyun- Partenariat transpaci!que (PTP) dai et Kia ont déjà pro!té de l’accord Si la Corée a réussi à établir des relations pour réduire les prix de certains véhicules économiques plus pro!tables avec beau- et promouvoir des ventes prônant le libre- coup de régions du monde, il reste un par- échange. tenaires commercial asiatique avec lequel Finalement, certaines PME canadiennes elle n’a toujours pas d’entente en vigueur : développant des produits électroniques le Japon. tels des semi-conducteurs seront affec- Des pourparlers entre le Japon et la Co- tées par la plus grande accessibilité au rée pour une entente bilatérale ont lieu marché canadien d’entreprises reconnues depuis plusieurs années, sans néanmoins internationalement pour ces produits tels mener vers des conclusions précises. Un Samsung et SK hynix, respectivement pre- historique de tensions politiques et de mier et cinquième producteur mondial de désaccords vis-à-vis de la libéralisation de semi-conducteurs (Jung, 2015). l’agriculture sont les principaux éléments expliquant le fait que les négociations Les développements futurs possibles n’aboutissent pas entre les pays voisins grâce à l’ALECC sont nombreux. Tel que (Schott et Cimino, 2014). mentionné précédemment, cet accord est En parallèle, des discussions préliminaires le premier du Canada avec un pays de quant à la possibilité d’un accord entre la l’Asie. Il peut donc avoir un grand impact Chine, le Japon et la Corée (China-Japan- sur la présence canadienne dans les mar- Korea, abrégé CJK) ont débuté en 2012 chés asiatiques, améliorer la position du (Schott et Cimino, 2014). Ce projet com- Canada dans ses négociations en cours plexe demeure toutefois à un stade em- bryonnaire. La conclusion récente d’une entente entre la Chine et la Corée pourrait aider à accé- lérer les négociations du CJK, mais l’atten- tion semble portée ailleurs avec le gain en popularité d’un autre accord audacieux vi- sant l’établissement de liens commerciaux et économiques entre plusieurs pays de la région du Paci!que, le Partenariat trans- paci!que (Schott et Cimino, 2014; Tiezzi, 2015).

Durant les dernières décennies, la région du Paci!que est devenue une région du globe où il y a de plus en plus d’échanges internationaux. En effet, les continents de cette partie du monde sont des grands partenaires commerciaux pour plusieurs biens et services. Plusieurs gou- vernements de pays bordant le Paci!que ont récemment mentionné leur intérêt Entré en vigueur le 1er janvier 2015, l’Accord de libre-échange Canada-Corée d’ampli!er le commerce de la région. est le premier que le Canada signe avec un pays asiatique. © MC Ce désir de promouvoir la croissance des échanges commerciaux dans le Paci!que avec le Japon et Singapour et encourager a mené aux discussions visant la conclu- de nouvelles négociations d’accords de sion du Partenariat transpaci!que (PTP). libre-échange avec d’autres pays de cette Cette entente regrouperait des pays région. Il pourrait aussi mener à des par- d’Asie, d’Océanie, d’Amérique du Sud, tenariats de plus grande envergure entre d’Amérique Centrale, ainsi que tous les plusieurs pays tenant à développer leurs pays d’Amérique du Nord (A. étrangères C. marchés. et D. C. Gouvernement du Canada, 2015). tttt 80 Les pays membres du PTP représentent bilatérales avec la majorité des grands un marché de 792 millions d’habitants en acteurs économiques du PTP à l’excep- plus d’avoir un PIB combiné de 28,1 bil- tion du Japon. lions de dollars canadiens, ce qui repré- La Corée est donc déjà en bonne position sente à peu près 40 % de l’économie pour échanger avec les pays membres mondiale (Gouvernement du Canada, du Partenariat transpaci"que (Gouver- 2014). nement du Canada, 2014). Cependant, il La carte qui suit indique les douze pays est dif"cile pour le gouvernement coréen membres de cet accord, ceux ayant dé- de passer à côté d’une entente si impor- montré de l’intérêt, et les nations qui pour- tante où plusieurs négociations reliées raient être intéressés à se joindre au Parte- au commerce à travers la région du Paci- nariat transpaci"que. "que seraient tenues. Effectivement, environ un tiers des Tel que visible sur la carte, la Co- échanges commerciaux de la Corée est rée n’a pas of"ciellement rejoint le PTP effectué avec les pays membres du PTP, même si elle démontre de l’intérêt depuis et ce ratio serait beaucoup plus élevé si la novembre 2013. Comme expliqué plus Chine se joignait à l’entente. tôt, la Corée possède déjà une cinquan- En"n, le Partenariat transpaci"que repré- taine d’accords de libre-échange à tra- sente une possibilité intéressante pour la vers le monde dont neuf parmi les douze Corée de renouer les discussions avec le nations impliquées dans le PTP en plus Japon de manière plus indirecte, limitant d’être en négociation avec les trois res- ainsi l’impact de la sensibilité historique tantes. Elle possède déjà des ententes entre les pays (Schott et Cimino, 2014).

Les douze pays membres du Partenariat transpaci!que (PTP) et les pays ayant démontré un intéret. source : Gouvernement du Canada, 2015

81 tttt Synthèse

La Corée organise son commerce Le pays tire pro!t de sa population international a!n de pouvoir maximiser les instruite pour maintenir son savoir-faire échanges selon les avantages compara- dans le domaine des technologies de tifs de la contrée. Elle vise une stratégie l’information et des communications ainsi d’exportation de biens manufacturés tech- que le secteur des transports, deux sec- nologiques, la production principale de la teurs qui seront analysés en détails dans région. les chapitres suivants. En plus d’avoir une position géographique enviable pour accéder à plusieurs grands marchés internationaux, la Corée est do- tée d’infrastructures de transport qui lui donnent un accès rapide à plusieurs mar- chés internationaux par voies maritimes et aériennes.

A!n d’être plus compétitif sur la scène internationale, le gouvernement coréen a également conclu des multiples accords de libre-échanges durant les der- nières années. Possédant maintenant une cinquantaine d’ententes internationales dont une avec le Canada, les chaebols du pays sont en mesure de mieux tirer avantage de ces liens économiques multiples. L’ouverture aux échanges internationaux a été un facteur majeur de la transformation de la Corée qui a connue une croissance économique spectaculaire depuis 65 ans. Le pays du matin calme est passé du statut de civilisation archaïque à celui de puissance technologique dont les produits sont reconnus mondialement.

A!n de maintenir son économie ex- L’Accord de libre-échange Canada-Corée devrait voir les importations portatrice, il sera intéressant d’analyser canadiennes de produits électroniques coréens augmenter. De son côté, le les initiatives futures mises de l’avant par Canada prévoit une hausse de son économie de 1,7 G$ et une augmentation de 32 % des exportations vers la Corée du Sud. © MC la Corée pour accroitre sa présence sur les marchés extérieurs (K. Lee, 2015).

tttt 82 83 tttt La Corée du Sud est l’un des pays les plus connectés au monde. © MC

« L’information est le pétrole du XXIe siècle et son traitement analytique, le moteur à combustion. » - Peter Sondergaard, VP Recherche Gartner Technologies de l’information et de la communication mobile

85 tttt Introduction

Le secteur dynamique des techno- d’avoir des téléphones intelligents de plus logies de l’information et de la communi- en plus performants. En effet, le marché cation mobile présente un haut niveau de du matériel mobile est très dynamique et croissance et d’opportunités. Des com- nécessite des innovations constantes. munications de plus en plus rapides et ef!caces sur des territoires étendus sont Les nombreuses améliorations des rendues possibles par des réseaux de câ- réseaux de télécommunication et des blodistribution qui deviennent de plus en appareils mobiles permettent l’implémen- plus performants. tation de logiciels plus puissants. Cela a donné naissance au marché #eurissant Pour ce qui est des réseaux non des applications mobiles. !laires, les ressources sont limitées, ce Le tout combiné permet aujourd’hui de qui rend la compétition féroce entre les récolter une quantité et variété innom- compagnies de télécommunication. Ces brable de données qui constitue une connexions !laires et non !laires ultrara- source précieuse d’information pour di- pides permettent d’ailleurs aux utilisateurs verses études. Câblodistribution La notion de technologie de l’infor- la Corée avec l’industrie des télécommuni- mation et de la communication se base cations et des câbles. inévitablement sur un réseau !laire. La câblodistribution est la distribution de ser- La demande grandit sans cesse vice Internet, téléphonique et télévisuel par pour une connexion plus rapide, c’est le une compagnie vers un consommateur. dé! principal des câblodistributeurs. Tout Il faut noter que pour relier deux tours cel- d’abord, la population augmente, mais ce lulaires ou une tour aux serveurs, il faut n’est pas qu’une question de démogra- un élément phie. C’est le physique pour nombre d’uti- faire transiger Le nombre d’utilisateurs d’Internet lisateurs d’In- les données, augmente environ 8 fois plus ternet qui aug- car les bandes que le taux de croissance de la mente environ réseau ont 8 fois plus des capacités population mondiale que le taux de limitées. C’est croissance de la !abilité et l’étendue de ce réseau de la population mondiale (IWS, 2014). De câbles qui permet l’épanouissement de ce plus, le nombre d’appareils connectés au secteur. réseau est lui aussi sans cesse en expan- À la base d’un Internet haute vitesse et sion; ce n’est plus qu’une histoire d’ordi- de l’essor que connait le mobile ces der- nateur ou de téléphone, il suf!t de penser nières années, la section suivante décrit aux tablettes et aux montres intelligentes. les rapports qu’entretiennent le Canada et L’un des phénomènes qui engendrent une tttt 86 Les personnages de la messagerie instantannée Line de Naver, sont très populaires. © MC

accélération de la demande est associé au changement de l’utilisation des don- nées. Canada

La tendance actuelle de consom- mation du web est majoritairement dominée par les vidéos en ligne (Nor- Corée du Sud mandeau, 2015). Avec ces vidéos vient la venue de la haute résolution qui tend 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% à devenir de plus en plus performante. On remarque que la Corée est bien plus en avance que le Canada sur Ce qui nécessite une plus grande bande l’adoption de la "bre optique par le grand public. passante qu’un simple courriel. Cet élan source : OCDE, 2014 n’est pas près de s’essouf!er, car les nouvelles générations sont imprégnées Ainsi, le médium physique reliant deux de cette technologie. En effet, selon le points n’est plus le facteur limitant et il sondage Internet de Bell, 100 % des devient résistant à l’évolution des techno- nouveaux employés se sont abonnés au logies. forfait Internet (Normandeau, 2015). En terminant, la demande contient aussi un Pour augmenter le débit, il est néces- aspect important de #abilité, en parti- saire que les installations à chaque bout culier pour les institutions telles que les de la #bre soient en mesure de pousser banques qui demandent une connecti- et recevoir plus d’information. Au niveau vité parfaite en tout temps. Les réseaux des coûts, l’implantation de #bre optique de câbles doivent donc être capables de nécessite un investissement initial plus fournir plus, et cela sans interruption. grand que le cuivre. Toutefois, la #bre coûte moins en maintenance et engendre Ainsi, la technologie des câbles se moins de temps d’interruption. De plus, doit de suivre l’élan que cette demande pour augmenter le débit du réseau en impose. Initialement, l’Internet et la télé- constante croissance, remplacer le cuivre phonie utilisaient le même câble, c’est existant par d’autre cuivre n’est pas la pourquoi il fallait fermer le modem pour ef- stratégie que les câblodistributeurs envi- fectuer un appel. Effectivement, bien que sagent (Normandeau, 2015). La #bre com- les câbles en cuivre ont longtemps servi et porte beaucoup trop d’avantages tech- servent encore, ils semblent aujourd’hui li- niques pour que son coût soit un frein à miter la bande passante que désirent four- son déploiement. nir les câblodistributeurs. Pour remédier à Au Canada, environ 25 % des résidences ce dé#, la réponse a été la #bre optique. sont alimentés de près ou de loin par la #bre optique. Toutefois, seulement 4 % Fibre optique sont actuellement abonnées à un forfait La "bre optique est un "lament de vitre avec #bre. En 2009, le gouvernement co- sensiblement aussi mince qu’un cheveu qui réen a investi 152,3 G$US dans le domaine contient et transmet des signaux de lumière au lieu d’électricité. des télécommunications (Huawi, 2011). Il n’y a quasiment pas de perte ou de Une part de ces investissements a permis dégradation du signal, elle peut donc d’étendre le réseau de #bres. Ils arrivent transmettre énormément d’information deuxièmes dans le monde derrière le Ja- sur de très longues distances de manière pon avec 66,3 % de la population abonnée bidirectionnelle. à un forfait avec #bre. 87 tttt Des marchés nationaux maritimes, c’est essentiellement un ter- Les compagnies de télécommunication ritoire de Bell. Québecor est très actif au évoluent dans des marchés nationaux. Du Québec. Alors que l’Ontario est dominé moins, c’est le cas au Canada et en Corée. par Rogers, où la région de Toronto est à Les limites géographiques des pays sont 65 % abonnée à Rogers (Rogers, 2014). aussi celles du marché étudié. Le résultat de cette segmentation est qu’il Bien que le contenu desservi télévisuel y a moins de concurrents par région et que par exemple puisse provenir de l’extérieur l’oligopole se resserre. du pays, la compétition pour le nombre d’abonnés ne dépasse pas les frontières. Les temps sont tout de même dif- "ciles pour les TI au Canada (Mercier- Dalphond, 2014). Bien que le taux de pénétration de l’Internet "laire, en 2013, franchissait la barre des 33 % (OCDE, 2015) et que les revenus des compagnies de matériel technologique connaissent des records d’année en année, la crois- sance des revenus des câblodistributeurs canadiens ralentit. Le tableau ci-dessous présente le taux de croissance du revenu des compagnies de télécommunication "laire de 2009 à 2013 et celui-ci est en baisse 0,4 % (CRTC, 2014). Bref, avec une diminution des pro"ts (BAIIDA) de 2,6 % (CRTC, 2014), les câblodistributeurs canadiens Poly-Monde en visite à la Seoul National University. © MC semblent dans une situation particulière. Cependant, le taux de croissance des Au Canada, les consommateurs ont connexions à "bre optique était de 96 % beaucoup de choix en matière de pres- (OCDE, 2015), il reste donc des possibili- tataire de service de télécommunication. tés d’abonnement. Toutefois, c’est 1 % des compagnies qui génèrent 62 % des revenus (CRTC, 2014), Le marché coréen est aussi un oligo- ceci inclut ceux du sans-"l. Ce 1 % est pole. Par exemple, au niveau des fournis- constitué de BCE, MTS inc., Rogers, Telus seurs d’Internet, Korea Telecom domine et Shaw. C’est donc dire que le marché avec 43 % des parts de marché et il est canadien est oligopolistique. C’est prin- suivi de SK Telecom à 22,4 %, LG U+ à cipalement dû à la barrière à l’entrée que 17 % et le reste des connexions Internet représentent les investissements pour les est fournie par des plus petits fournisseurs structures d’opération. (Point Topic, 2014). Cependant, ces compagnies se partagent En 2014, 37,9 % de la population sont le marché selon des régions. Telus et Shaw abonnés à Internet par câble et le taux de sont majoritaires dans l’ouest. Dans les croissance est d’environ 1,26 % pour les

Croissance 2012 2013 annuelle (%)

Revenu des télécommunications par service "laire (G$) 23,6 23,7 -0,4

Dépense en immobilisation annuelle dans les installations 7,1 6,9 -2,8 et les équipements pour le réseau "laire (G$)

Marge de BAIIDA (%) 41,1 40 -2,6

Résumé des résultats des télécommunications !laires au Canada. source : CRTC, 2014 tttt 88 2 dernières années (OCDE, 2015). Ce taux Net#ix imposent un débit de bande encore est plutôt faible, mais il est dû au taux éle- plus grand que les applications de messa- vé de pénétration de la technologie et à la gerie. Le bémol est qu’aucun câblodistri- maturité du marché. buteur ne touche d’argent sur les recettes Tout comme pour le Canada, les compa- de ces sites ou de ces applications. gnies sont moins pro!tables (Ho-cheon, 2015). Ils cherchent donc à relancer le marché. En 2014, lors d’une conférence de presse inattendue, KT télécom a lancé son programme appelé GigaTopia. Cette vision a trois objectifs : fournir 1 Gb/s aux utilisateurs, développer une plateforme pour l’Internet des objets (The Internet of Things, abrégé IoT) et converger le Wi-Fi et la mobilité sous un service sans !l. C’est avec un investissement de 4,97 millions de dollars canadiens sur trois ans que la compagnie compte atteindre cet objectif (Kwon et Evans, 2014).

Virage Les ventes par assortissement des ser- vices de télécommunication sont toujours en croissance. Par contre, il y a un phé- nomène bien réel d’observé. La diminution Les joyeuses mascottes de Line Messenger. © MC du taux de croissance, en 2009 la crois- sance annuelle de ce genre de forfait était Cette situation est déplorée par les de 30,4 % alors qu’elle était de 4,1 % en câblodistributeurs canadiens (Norman- 2013 (CRTC, 2014). Les populations étu- deau, 2015), puisqu’ils doivent débourser diées sont plus connectées à Internet et d’importante somme pour que leur réseau elles préconisent un contenu en ligne. puisse fournir à la demande, sans pour au- Les taux de pénétration de l’Internet du tant recevoir d’argent de Net#ix ou autre. Ils Canada 86 % et de la Corée 85 % (Banque ont tenté de limiter la vitesse ou la quantité Mondiale, 2013) sont élevés, cette satura- des données qui transigeaient de ces sites, tion oblige les câblodistributeurs, en parti- mais le CRTC leur a interdit cette démarche culier, à évaluer le contenu et le service of- (Normandeau, 2015). Ainsi, les fournisseurs fert de manière à satisfaire le marché. Des d’Internet doivent tout de même continuer changements dans la façon d’approcher la de fournir le service parce qu’ils se doivent concurrence sont en effet observables. de conserver leurs abonnés dans ce milieu L’avenir pour ces compagnies se trouve compétitif. dans l’intégration de service supplémen- taire, les acquisitions et les partenariats Canada Corée du Sud de contenue exclusif (Mercier-Dalphond, 2014). En fait, les compagnies de télécom Vitesse de l’Internet 50 Mbti/s 100 Mbti/s perdent au pro!t d‘applications qui uti- lisent le service Internet offert par le câblo- Choix de 25 chaines Choix de 30 chaines + non payantes Nombre de chaines distributeur. + non payantes + une sélection de !lms Ces applications de service par contourne- sur demande ment (over-the-top) telles que WhatsApp et Skype, des applications de messagerie Prix 143,85 $/mois 95,42 $/mois instantanée, utilisent le réseau de Bell par La comparaison entre les forfaits canadiens et exemple pour faire transiger une quantité coréens est assez frappante. imposante de données. Tous les portails source : Bell, 2015; Olleh Shop, 2015 de vidéo sur demande comme YouTube ou 89 tttt Le genre d’approche proposé pour Wi-Fi contrer l’exode de ses consommateurs Le Wi-Fi est un ensemble de protocoles de vers les services sur demande est d’obte- communication sans !l qui permet de re- nir des exclusivités comme par exemple : lier des appareils informatiques entre eux. une série télévisée ou les droits de diffu- La communication Wi-Fi est régie selon les normes IEEE 802.11 qui permettent d’éviter sion d’évènement. En 2014, Rogers a mis la cacophonie. Les ondes utilisées sont de la main sur les droits de la Ligue nationale haute fréquence (2,4 GHz – 5 GHz). de hockey qui appartenaient à Bell avant. En réponse à cette acquisition importante, du câble. Cette zone grise entre la mobi- Bell Média s’est offert la Ligue nationale lité et le câble est des plus convoités, car de football américain pour les prochaines elle permet de devenir mobile à des coûts années. moindres qu’avec l’installation d’antenne. Le Wi-Fi est accessible chez soi, dans les Un autre exemple serait le lance- endroits publics et même dans l’avion, il ment de Crave.tv de Bell qui se veut un suf#t d’une borne. Ainsi, il permet d’aller compétiteur direct à Net"ix que seuls chercher un plus grand nombre d’abonnés les usagers de Bell peuvent avoir. Shaw ou d’offrir un abonnement comprenant et Rogers ont aussi lancé leur version de une valeur ajoutée. Net"ix. C’est une pratique observée même en Corée, L’exemple de Comcast, ce câblodis- LG U+ possède U"ix Movie tributeur états-unien, est intéressant, car (Ho-cheon, 2015). Dans ce peut-être y aura-t-il une suite de ce genre même élan de recherche de d’approche sur le marché. Il a décidé de contenu, les acquisitions déployer du Wi-Fi avec près de 8 millions sont multiples. Le 27 juin de points d’accès partout aux États-Unis. 2013, BCM a fait l’acqui- Ces points sont en fait les quelque 150 000 sition d’Astral Media pour PME et tous les modems de maison. Ainsi, 3,38 milliards de dollars ca- les abonnés de Comcast ont accès à une nadiens (Brousseau-Pou- connexion Internet sans #l gratuite un peu liot, 2013), ce qui comprend partout dans les États-Unis. A#n de pro#ter 8 services de télé spéciali- du potentiel de ces installations, ceux qui sée et payante, 77 stations ne sont pas clients de Comcast peuvent de radio ainsi que des pla- béné#cier du réseau appelé X#nity Wi-Fi teformes d’af#chage exté- (Bertrand, 2015). C’est un moyen d’accro- rieur. cher les touristes ou ceux sans abonne- Cette approche de marché ment le temps d’une journée par exemple. se retrouve aussi sur la mo- bilité. Tout récemment, Fido, La domotique est un concept assez Certaines compagnies, comme Naver, qui est une branche de Ro- récent qui va assurément changer la dyna- offrent même des services de soins gers, a lancé des forfaits de mique d’utilisation de donnée. Ce domaine gratuits à leurs employés. © MC téléphonie mobile en parte- technologique intègre toute sorte d’appli- nariat avec Spotify, une ap- cation a#n de centraliser le contrôle des plication de musique. Les consommateurs différents systèmes (chauffage, lumière, vont se procurer l’application quoi qu’il etc.). Le nombre d’objets pouvant se arrive, alors pourquoi ne pas leur offrir au connecter est grandissant et il est observé moyen d’une alliance stratégique avec les que le phénomène de l’Internet des objets propriétaires. va de pair avec la domotique et le Wi-Fi à domicile. Au-delà du câble Selon Accenture (Bertrand, 2015), les câ- Quand il est question de Wi-Fi ou de blodistributeurs doivent s’imposer dans ce connexion sans #l, il y a assurément un domaine en offrant des plateformes dans routeur et derrière ce routeur, il y a une lequel le modem devient le centre névral- connexion Internet par câble. Ainsi, la gique de communication. Il faut que les connexion Wi-Fi s’avère une extension compagnies de câble regroupent ces ser- tttt 90 vices sous le leur. Cette stratégie a pour Perspectives but de simpli!er la tâche du consomma- Pour ce qui est du Canada, les compagnies teur et de pouvoir augmenter les revenus de câblodistribution font face à de plus en en chargeant pour ce service. plus de dé!s. La demande changeante, la compétition internationale ou sans fron- Le cas de la Corée est intéressant, tière, tel que Net"ix, est de plus en plus car le marché coréen représente quelque présente et les coûts d’investissement peu le Canada dans quelques années. toujours plus grands font partie d’une liste Des villes comme Séoul sont parsemées qui s’allonge. Plusieurs solutions sont tou- de réseaux Wi-Fi. Certaines fois gratuits tefois sur la table, ils impliquent de nou- et d’autre fois payants, ces réseaux pro- velles technologies comme la domotique viennent des institutions publiques (la ville ou les réseaux Wi-Fi. de Séoul) ou de compagnies de télécom. L’accès à une connexion Wi-Fi payante Par chance, le taux de pénétration des est en fait gratuit si l’utilisateur fait affaire différents services n’est pas saturé. Il leur avec la même compagnie. Cette approche reste donc encore quelques années de a pour but d’une part de diminuer la de- revenus garantis. La taille du pays et l’im- mande sur leur installation mobile et d’une portance des distances entre les usagers autre part de permettre à l’abonné de pro- sont en partie pourquoi les taux de péné- !ter d’une in!nité de données. tration du !laire sont faibles. C’est pour Étant bien couvert par cette extension du cette même raison que la mobilité devient réseau !laire, les compagnies coréennes une priorité non seulement pour les com- sont déjà en train d’essayer de pro!ter de pagnies, mais pour les consommateurs. l’Internet des objets. KT, le plus important câblodistributeur, propose des avenues avec le Wi-Fi à domicile telles que la ges- tion intelligente de l’énergie, un système de sécurité centralisé, etc. (Sung-won, 2014).

Alors que le Wi-Fi public en Corée semble un plan d’affaire de l’industrie, il se partage entre des initiatives sociales et des dons de l’industrie au Canada. En effet, plusieurs organismes existent dans le but de fournir une connexion Wi-Fi gratuite au résident, en créant un réseau d’individu, de commerce et d’entreprise qui partagent leur connexion. Pour n’en nommer que quelques-uns, il y a île sans !l, Toronto Free-Net, BC Wireless (torfree, 2015). L’industrie des télécommunica- Face à Internet, le marché de la télévision doit se renouveler. © MC tions !laires se veut, pour l’instant, qu’un simple distributeur de point d’accès gra- En Corée, la situation des télécom- tuit sous une bannière connue. À titre munications pourrait être quali!ée de d’exemple, Bell fournit tous les McDo- mûre. Les technologies sont souvent au nald’s du pays, mais elle n’af!che jamais plus haut de leur branche et les taux de Wi-Fi de Bell et plutôt Wi-Fi de McDo- pénétration sont très élevés. Une pensée nald’s. d’un des conférenciers de Bell a fait beau- Bref, cette branche technologique est peu coup d’écho (Normandeau, 2015) : est-ce exploitée au Canada et si l’on se !e aux qu’un jour, l’accès à un service Internet experts rencontrés et à ce qui a été ob- ne pourrait-il pas être nationalisé, ou du servé en Corée, elle pourrait l’être dans un moins considéré comme un besoin essen- futur rapproché. tiel tel que l’eau ou l’électricité? 91 tttt Mobilité

Selon Yves R. Hamel & Associés Inc, Virage vers la mobilité !rme d’ingénieurs-conseils en télécom- La standardisation des appareils intelli- munications, la mobilité doit être un stan- gents, la variété d’applications mobiles dard et représente l’avenir. Le terme mobi- et la popularisation des réseaux sociaux lité se limite aux données Internet utilisées entraînent une explosion de l’usage des sur un téléphone cellulaire. A!n de bien données sans !l. En 2013, 83% de foyers comprendre le sujet couvert par la pré- canadiens possèdent un service de télé- sente section, une différence est à noter phone mobile sans !l. De plus, dans le entre un réseau émis par câblodistribution groupe des moins de 35 ans, 60% n’uti- - explicité préalablement - et un réseau lisent que cette technologie, par rapport à issu d’une antenne de mobilité. Ce dernier seulement 26% en 2008 (Statistique Cana- ne nécessite pas de connexion !laire, ce da, 2014). Les revenus des services sans qui lui permet de couvrir une plus impor- !l mobiles ne cessent d’augmenter, com- tante étendue grâce à la transmission par parativement à ceux des services !laires. antennes, permettant par exemple une connexion Internet sur la route. Cette nette augmentation en revenus des services sans-!l s’explique par une 22 constante croissance des utilisateurs de

21 téléphones cellulaires. Au Canada comme en Corée du Sud, le nombre d’abonne- 20 ments à un service de téléphonie mobile ne cesse de croître. De plus, à noter qu’au 19 cours de l’année 2010, le nombre d’abon- nements en Corée du Sud a dépassé le 18 nombre d’habitants. Milliards de dollards 17 L’offre croissante 16 Au Canada et en Corée du Sud, trois grands joueurs dominent le marché natio- 15 2009 2009,5 2010 2010,5 2011 2011,5 2012 2012,5 2013 2013,5 2014 nal de l’Internet mobile, soit respective-

Services !laires Services sans-!l ment Rogers (34 %), Telus (29 %) et Bell Les revenus des services sans-"l rattrappent ceux des services "laires. (28 %) ainsi que SK Telecom (55 %), KT source : CRTC, 2014 Corporation (35 %) et LG U+ (10 %). Il est intéressant de noter que ces six compa- Ce type de réseau est étudié en étayant la gnies offrent également un service de demande grandissante de la connectivité câblodistribution, soit de connexion Inter- mobile au Canada et en Corée du Sud, ainsi net !laire à domicile et y sont pareillement que l’offre croissante qui en découle. En!n, importants. Au Québec, Vidéotron entre ce virage vers la mobilité engendre un enjeu dans ce marché de la téléphonie mobile en non-négligeable quant à la bande spectrale. 2010, avec 12 % des parts de marché au

Prix PIB national Pourcentage du Attribution Rang Pays mensuel par habitant PIB national par mensuelle de ($US) en 2013 ($US) habitant (%) données (Mo)

15 Corée du Sud 10,05 25 920 0,47 500

50 Canada 49,38 52 200 1,14 540

Comparaison des prix de forfait de téléphone mobile entre la Corée et le Canada source : Union internationale des télécommunications, Organisation des Nations unies, 2014 tttt 92 Abonnements à un téléphone mobile par 100 habitants niveau provincial en !n d’année 2014 (Ar- 120 senault, 2014). En!n, KT Corporation est 110

constituée de l’industrie gouvernementale 100 coréenne de services des télécommunica- 90 tions, dont la privatisation d’une durée de 15 ans s’est terminé en 2002 (Jin, 2006). 80 70

Dans les deux marchés à l’étude, la 60 Abonnements tendance est similaire : l’augmentation de 50 l’utilisation des données par les consom- mateurs engendre une croissance des 40 revenus de mobilité chez les fournisseurs 30 par rapport à ceux des appels. Alors qu’en 20 2014, en Corée du Sud, les revenus de 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 données mobiles avaient déjà dépassé Canada Corée du Sud ceux de la voix (International Data Corpo- La Corée précède de loin le Canada en termes d’abonnements à un télé- ration, 2014), au Canada, Rogers comme phone mobile par 100 habitants, dépassant même les 100 abonnements par 100 habitants depuis 2009. Telus expliquent tous deux leur croissance source : Union internationale des télécommunications, 2015 de revenus dans le domaine du téléphone mobile par une augmentation de l’utilisa- prix correspondant à 0,47 % du PIB par tion des données chez leurs consomma- capita (10,05 $US mensuellement). Les teurs. Telus justi!e cette augmentation données présentées sont résumées dans d’abonnements et d’utilisation de don- le tableau suivant où le Canada se classe nées par une adoption croissante des té- au 50e rang : un même forfait exigeant léphones intelligents et l’étendue de leur 1,14 % du PIB du consommateur. couverture de réseau (Rogers, 2015; Telus, 2014). La différence de densité de popu- lation peut expliquer cet écart de prix En!n, bien que le Canada et la Co- entre la Corée et le Canada. En effet, rée étayent des tendances et portraits plus une population est concentrée, semblables, une comparaison des prix se plus une certaine antenne rejoint un doit d’être soulignée. En pourcentage du nombre d’utilisateurs élevé. De plus, les PIB national par habitant, la Corée du Sud antennes situées en ruralité, devant cou- !gure au 15e rang avec un forfait de télé- vrir de grandes étendues de territoire, phone mobile incluant 500 Mo par mois à sont signi!cativement plus puissantes

6,7% 10% 2,3% 28,4%

35%

29,1% 55%

33,5%

Bell Rogers Telus Vidéotron Autres KT Corporation SK Telecom LG U+ Répartition des parts de marché au Canada (1er trimestre 2015) et en Corée (4e trimestre 2014) par nombre d’abonnements à un téléphone mobile. sources : ACTS, 2015; KT Corporation, 2015; LG U+, 2015; U.S. Securities and Exchange Commission, 2015 93 tttt que celles des métropoles L’enjeu de la bande spectrale et, par le fait même, plus Il est essentiel de souligner le fait que le dispendieuses. A!n de virage vers la technologie du sans-!l, cette maximiser les revenus, les augmentation de la demande pour la mobi- fournisseurs ont intérêt à lité, mène à une importante réduction des implanter leurs antennes ondes disponibles sur la bande spectrale. de mobilité dans des ré- Bien qu’il y ait énormément de fréquences gions très denses attei- disponibles, très peu sont utilisables à des gnant pour un même coût !ns de transport de données. un maximum de consom- À titre d’exemple, les ondes radio ont une mateurs. La densité de très grande couverture mais une faible population sud-coréenne capacité en transport d’informations. De étant plus de 130 fois plus ceci découle une importante enchère des élevée que celle du Canada bandes avoisinant 700 MHz, qui repré- (519 contre 3,96 habitants sentent l’idéal en termes de capacité et de par km2), les compagnies couverture pour le transfert de données. de réseaux sans-!l de la Corée possède un avan- Ainsi, entrer tardivement sur le mar- tage non-négligeable inhé- ché des téléphones cellulaires alors que rent au portrait démogra- de gros joueurs tels Rogers et Bell au phique national (Université Canada et KT Corporation en Corée do- de Sherbrooke, 2015). minent depuis des décennies nécessite un important capital de départ. En premier Pour compenser cette lieu, l’entreprise doit acheter une bande de Tout comme au Canada, certains efforts faible densité de population, fréquence. sont mis en place en Corée pour limiter les nuissances visuelles créées par les le partage d’antennes au antennes. © MC Canada est pratique cou- En deuxième lieu, il doit y avoir dé- rante (surtout en région). Le ploiement du réseau par l’installation d’an- propriétaire de l’antenne occupe le meil- tennes. À l’automne 2014, soit 4 années leur endroit sur l’antenne, soit le sommet, après son entrée dans le secteur, Vidéo- et loue les endroits moins ef!caces à ses tron avait déjà investi près de 2 milliards de compétiteurs. dollars en achat de spectre et construction

Une technologie évolutive dépendante de la bande spectrale Au Canada comme en Corée du Sud, les gou- Plus la bande spectrale est large, plus la ca- vernements et les organismes de normalisa- pacité de transférer des données est grande et tion réglementent l’utilisation des dispositifs plus elle est dispendieuse, d’où l’importance de de télécommunication a!n de dé!nir les plages l’encodage. Chaque technologie d’encodage de fréquences et les puissances auxquelles il correspond à une technologie sans !l (soi- est possible d’émettre pour chaque catégorie ent GSM, GPRS, HSPA, LTE entre autres). d’exploitation. L’utilisation de manière ef!cace des bandes spectrales grâce à l’encodage permet non En effet, les catégories d’exploitation étant mul- seulement d’augmenter la vitesse, mais aussi tiples (de l’exploration de la Terre par satellite à la capacité de transfert de données sans avoir la radiodiffusion) et en vertu de la loi canadienne, à augmenter la largeur de bande. la plupart de ces technologies exigent une auto- risation par le Conseil de la radiodiffusion et des On se réfère à l’encodage en citant la généra- télécommunications canadiennes (CRTC). Ainsi, tion technologique en question, d’où les termes pour pouvoir offrir un service de téléphonie sans 3G (3e génération) et 4G LTE (4e génération – !l et de données mobiles, il faut acquérir de la Long-term Evolution). Comme illustré sur la bande spectrale gérée et mise aux enchères !gure ci-dessous, pour une même largeur de par le CRTC. De ce fait, lorsqu’une entreprise bande (axe des ordonnées), la quatrième gé- investit pour un réseau autorisé par licence, il nération, 4G, peut transmettre des données à s’assure d’être son seul exploitant. L’équivalent une vitesse environ 30 fois supérieure que la sud-coréen de la CRTC est le Radio Policy Bu- troisième génération, soit 15 Mbps par rapport reau du Ministry of Science, ICT & Future Plan- à 500 kbps. ning (MSIP) (Jahng, 2014). tttt 94 de son réseau (Québecor, 2014). Ces im- Voice over IP, a!n de réduire le tra!c sur portants coûts de départ constituent d’im- une même antenne. VoIP engendre alors menses barrières à l’entrée qui expliquent une demande supplémentaire pour les la concurrence oligopolistique du secteur. données.

Ouverture En!n, les téléphones mobiles se Avec l’avènement de l’Internet des ob- doivent de suivre l’avancement rapide de jets, fortement inauguré par la place pré- ces réseaux de mobilité sans-!l, puisque pondérante qu’occupent les données, la l’évolution des deux technologies s’effec- technologie du sans-!l ne peut que pour- tue conjointement. Un lien intrinsèque suivre son évolution. Par ailleurs, les ap- apparaît alors entre la mobilité et les dis- pels commencent à utiliser la technologie positifs permettant son utilisation, soit le des données, par un processus appelé matériel mobile (hardware). Matériel mobile

Les années 1990 furent marquées phones mobiles de petite taille. Cette par l’essor de la demande mondiale pour spéci!cité de la demande a poussé les les services de télécommunication mobile. fabricants de téléphones mobiles à travail- Durant cette période, les compagnies co- ler sur les composants de leurs téléphones réennes LG et Samsung furent internatio- pour les pousser à la miniaturisation et nalement reconnues pour leurs téléphones ainsi se conformer aux préférences de leur mobiles bons marchés et !ables. clientèle. Par la suite, les téléphones mobiles ont Aujourd’hui, le téléphone intelligent connus une période dite de convergence, est notre principal outil de télécommuni- car les fabricants commencèrent à conso- cation mobile. Pour ce produit, la course lider téléphone, lecteurs de musiques, aux parts de marché se poursuit entre les GPS, caméras, applications Internet. Le compagnies coréennes et leurs concur- nom communément donné à ces outils rents internationaux. électroniques est smartphones ou télé- Dans cette partie, nous tenterons de mettre phones intelligents. à jour les raisons qui font qu’un pays aus- Ironiquement, ces appareils tendent à si peu peuplé héberge deux compagnies s’agrandir dans le temps contrairement qui a elles seules se partagent 34,6 % des aux téléphones mobiles. ventes mondiales de téléphones intelli- gents et de tenir tête à des géants mon- Depuis peu, le taux de pénétration diaux. des téléphones intelligents dans le monde a surpassé celui des téléphones mobiles. La situation de la demande La Corée a connu ce phénomène en 2011 mondiale sur le marché des alors que le Canada dût attendre jusqu’en téléphones intelligents 2013 pour voir cela arriver. Pour avoir un Durant les années 1990 les consomma- ordre d’idée, 84 personnes sur 100 dé- teurs avaient comme préférence les télé- tiennent un téléphone intelligent en Corée du Sud (Lee, 2014a) alors qu’au Canada Téléphone mobile ou intelligent? seulement 55 % des gens détiennent un Nous dé!nissons par téléphone mobile les té- téléphone intelligent (Breikss, 2013). léphones ayant pour unique utilité de passer Au niveau mondial, la croissance de la des appels vocaux. demande a été fulgurante. Comme nous Les téléphones intelligents sont les télé- pouvons le voir sur l’histogramme de la phones mobiles qui en plus de faire des ap- pels servent de navigateur internet, de lecteur page suivante, les ventes mondiales ont multimédia, etc... augmentées de presque 920 % entre 2007 et 2014 (Statista, 2014). 95 tttt 1400 1245 sonnes sondées détenaient une phablet versus 7 % en moyenne dans le monde. 1200 Nous devrions donc voir dans les années 970 1000 à venir un agrandissement des tailles des écrans pour répondre aux préférences des 800 680 consommateurs. 600 472 Sur ce marché, la demande des 400 297 consommateurs est encore forte et la

Nombre de ventes (Millions) 172 200 122 139 technologie se banalise. La résultante en est que les joueurs sont de plus en plus 0 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 nombreux sur le marché et que la concur- La croissance des ventes de téléphones est effrénée depuis les dernières rence s’intensi!e. Nous allons maintenant années. source : Statista, 2014 présenter la dynamique du marché du point de vue des fabricants des téléphones Les revenus du téléphone intelli- intelligents en portant une attention parti- gent suivent également cette tendance culière sur les compagnies canadiennes et à la hausse. De 56,92 G$US en 2009, ils les compagnies coréennes. sont passé à 270 milliards en 2014 (Sta- tista, 2014) D’après les analystes, seront La situation concurrentielle sur le connectés entre 2013 et 2019 plus de 2 marché des téléphones intelligents milliards de nouveaux téléphones intelli- La compagnie BlackBerry entre sur le gents, dans la région de l’APAC, compara- marché des téléphones intelligents en tivement à 150 millions pour la même pé- 2003, prenant ainsi de court Nokia, Sony, riode dans la région occidentale du globe Samsung et les autres géants de la télé- (Dobbie, 2014). phonie mobile. Alors qu’en 2008, la com- pagnie ontarienne détient 15 % des ventes L’APAC est donc pleine d’opportunité de téléphones intelligents dans le monde, pour les fabricants de téléphones intelli- Apple vient juste de commercialiser son gents. La spéci!cité des consommateurs premier iPhone. Les produits BlackBerry de cette région du monde est qu’ils sont sont adoptés par la tranche de consom- friands de phablets, soit des téléphones mateur la plus lucrative, à savoir les gens intelligents ayant des écrans de dimen- d’affaires. Ces derniers, sont séduits par sion diagonale entre 5 et 6,1 pouces. En la productivité et la sécurité de ces télé- Corée du Sud par exemple, 41 % des per- phones (Gilette, 2013).

4% 69% 7% 6% 14%

Monde

54% 41% 1% 4%

Corée du Sud

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Petit écran (<3.5 pouces) Écran moyen (3.5 - 4.9 pouces) Phablets (5 - 6.9 pouces) Petite tablette (7 - 8.4 pouces) Tablette moyenne ( > 8.5 pouces) Les consommateurs sud-coréens ont des goût bien différents des consommateurs des autres pays. source : Flurry Analytics, 2015 tttt 96 25%

20%

15%

10%

5%

0%

07-Q107-Q2 07-Q3 07-Q408-Q1 08-Q2 08-Q3 08-Q409-Q1 09-Q2 09-Q3 09-Q410-Q1 10-Q2 10-Q3 10-Q411-Q1 11-Q2 11-Q3 11-Q412-Q1 12-Q2 12-Q3 12-Q413-Q1 13-Q2 13-Q3 13-Q414-Q1 14-Q2 14-Q3 Malgré les efforts de Blackberry, les parts de marché deson système d’exploitation se sont effondrées depuis 2010. source : Statista, 2015

L’incapacité de BlackBerry à répondre aux À l’époque, c’était un investissement ris- préférences des consommateurs, notam- qué. Aujourd’hui, l’expérience développée ment pour les grands écrans tactiles, fera dans le semi-conducteur, est pour plu- en sorte que leurs parts de marché s’effri- sieurs analystes, la plus grande force de teront à partir de 2010 (Gilette, 2013). Au- Samsung Electronics permettant à celle-ci jourd’hui la compagnie ontarienne est dans de servir ses clients (qui sont aussi parfois une situation !nancière dif!cile. En janvier ses concurrents), entre autre, en batteries, 2015, Samsung a offert 7,5 G$US pour le en mémoire vive et en écrans à diodes rachat de BlackBerry et de son portefeuille électroluminescentes. de brevets (L’agence EP, 2015). La stratégie mentionnée ci-dessus Bien qu’ils aient suivi des stratégies est aussi appelée stratégie d’intégra- aux antipodes, les leaders incontestés du tion verticale en amont. Elle procure à marché des téléphones intelligents sont, Samsung Electronics quatre avantages aujourd’hui, Samsung et Apple. À eux majeurs. Le premier et le plus évident deux, ils se partagent 44,9 % des parts de est qu’elle permet à la division « maté- marché. Nous allons passer en revue dans riel informatique » de diminuer ses coûts cette partie les facteurs qui ont poussé à d’achats de matière première en semi- cet équilibre. conducteur. Ensuite, cela permet à cette division d’ac- À la suite de la guerre de Corée, Sam- céder en avant-première aux innovations sung et LG se trouvent fortement suppor- dans les composants de leurs téléphones tés par le gouvernement coréen qui voit intelligents (Grobart, 2013). en eux la porte de sortie du pays de la De plus, puisque certain concurrents de crise économique et sociale dans lequel sa division matériel informatique sont des il se trouve (Murillo & Sung, 2013). Dans clients de sa division semi-conducteur, ce contexte politique très favorable, LG cela permet à la compagnie d’avoir des et Samsung commercialisent avec grand informations névralgiques sur les pro- succès leurs tout premiers modèles de chains composants des téléphones de radio et de télévision. Grâce à la vision de leurs concurrents. C’est entre autre le cas son fondateur, Lee Byung-chul, Samsung d’Apple (Samsung VIllage, 2012). Electronics entre dans le marché des se- En!n, cette intégration permet d’accélé- mi-conducteurs dans les années 1980. rer la mise en marché des produits Sam- 97 tttt sung. Un exemple, illustre bien ce der- d’un marché à deux vitesses. Divisé entre nier point, à la sortie du Galaxy S III, les le haut de gamme d’une part et le moyen recherches en marketing ont montré que de gamme de l’autre, les réalités d’affaire y dans certains marchés, la grande taille sont extrêmement différentes. de l’écran ne convenait pas à plusieurs consommateurs. Quatre mois plus tard, Apple des États-Unis, et Samsung le Galaxy S III mini était sur les lignes de de la Corée du Sud, dominent le segment production a"n de répondre aux préfé- haut de gamme en termes d’unités ven- rences de ces consommateurs (Grobart, dues, de pro"ts d’opération et de marges 2013). d’opération. Ces marges d’opération éle- vées témoignent de l’existence de com- Une stratégie similaire d’intégration binaisons d’actifs et d’une perception de verticale a été adoptée par LG, l’autre qualité permettant à ces compagnies de grand chaebol coréen qui œuvre dans le justi"er un prix de vente plus élevé. marché du téléphone intelligent. Spéciali- sé dans les écrans, elle tire des pro"ts dif- Sur le reste du marché, la dyna- férents que Samsung de son intégration. mique est très différente puisque les compagnies présentes font face à une Apple a également opté pour une demande plus sensible au prix. Jusqu’à stratégie d’intégration verticale, mais dit très récemment, LG était la seule à faire en aval cette fois-ci. Cette stratégie est un pro"t d’opération positif. La pres- couplée à une stratégie de diversi"cation sion des compagnies chinoises, comme horizontale a"n de créer un écosystème Huawei, Lenovo et ZTE, est de plus en de produits et de tirer parti des synergies plus forte. Aujourd’hui, non seulement et des revenus pouvant exister entre ces leurs compétences techniques dé- derniers. passent le simple niveau de l’imitation, mais leurs parts de marché sont égale- Le nombre élevé de compagnies qui ment en pleine croissances depuis 2010. sont présentes sur le marché des télé- Leur stratégie est généralement une stra- phones intelligents (plus de 10) nous laisse tégie de différenciation par les prix avec penser que celles-ci sont assujetties aux une stratégie technologique de différen- lois des marchés concurrentiels. La réalité ciation minimale par rapport aux leaders est pourtant bien différente, puisqu’il s’agit (Business Korea, 2014).

Nombre d’unités Pro!t Parts de marché Marge de pro!t vendues du d’opération Compagnie du téléphone du téléphone téléphone du téléphone intelligent mobile intelligent mobile

Samsung 309 30 % 18,7 18

Apple 153 14,9 % 36,7 28,4

LG 48 4,6 % 0,1 0,5

BlackBerry 18 1,8 % -1,7 -35,2

Autre 499 49 %

Total 1027 100 %

Malgré une part de marché moindre que celle de Samsung en 2013, Apple garde une marge de pro"t plus conséquente que ses concurrents. source : CCS Insight, 2014 tttt 98 Un oeil sur l’avenir : « l’Internet des nombre devrait s’élever à 8,6 milliards objets » de produits connectés à travers le L’industrie de l’électronique grand pu- monde et rapporter 583 G$US, soit deux blic tend à offrir de plus en plus de pro- fois plus que les revenus actuels du mar- duits qui s’échangent des informations ché des smartphones. D’après les ana- et des données lystes, la Chine (FP Staff, 2015). 20 % des produits connectés comprend le plus La maison intel- grand bassin de ligente de Sam- se trouveront en Chine c o n s o m m a t e u r sung propose d’ici 2020. pour ces pro- d’éteindre la télé- duits. Ils esti- vision, les lumières, le climatiseur et de ment que 20 % des produits connectés démarrer l’aspirateur-robot dès que votre se trouveront dans ce pays d’ici 2020 téléphone sera détecté à une certaine (FP Staff, 2015). distance de la maison (Samsung d’light, 2015). L’opportunité pour les manufactu- Connecter ces nouveaux produits au riers de produits électroniques mobiles réseau Internet existant n’est pas un réel est d’incorporer leur savoir-faire dans le dé" pour les fabricants de matériels tech- développement de nouveaux systèmes nologiques, car la technologie nécessaire électroniques utilisant le réseau de com- pour le faire existe déjà. Cependant, cela munication Internet IP. l’est pour l’industrie de la télécommuni- cation qui devra supporter cette nouvelle La demande mondiale des pro- charge d’information passant sur son duits intelligents est conduite par la de- réseau. Ce sera également un dé" pour mande de l’Asie-Pacifique. On compte les développeurs de logiciels qui devront aujourd’hui 3,1 milliards de produits trouver un moyen d’assurer l’intercom- connectés pour un marché de 250 G$US. munication des appareils électroniques à En 2020, d’après les prévisions, ce leurs pleins potentiels.

La Mission en visite chez Alticast, fournisseur de solutions médias. © MC

99 tttt Logiciel mobile

Le taux de pénétration des téléphones intelligents est actuellement est très élevé, Système d’exploitation soit 84 % en Corée (Lee, 2014) et 55 % Le Système d’exploitation, abrégé SE (en anglais Operating System, abrégé OS), est au Canada (Catalyst, 2014). En plus du l’ensemble de programmes central d’un ap- nombre croissant d’usagers, le temps quo- pareil informatique qui sert d’interface entre le tidien d’utilisation est également en aug- matériel et les logiciels. Il permet de contrôler mentation. En 2014, un Coréen passait en la mémoire, les processeurs, la connexion, moyenne 3,6 heures par jour sur son télé- etc. C’est ce système qui fait en sorte que l’appareil est utilisable. phone intelligent (Sung-won, 2014b), tandis Deux catégories de SE sont disponibles sur qu’un canadien passait 2,5 heures (Oliveira, le marché, soit des codes sources dit ouvert 2014). Cette augmentation est en autre liée (open source) ou fermés (closed source). Les à l’augmentation de la performance des té- codes sources ouverts comme l’Android de léphones intelligents qui permettent d’exé- Google sont disponibles pour le publique. Il est ainsi possible de le modi!er et de cuter une in"nité d’applications. l’implémenté librement dans un appareil con- trairement au codes fermés. développer son De plus, les innovations en télécom- application mobile. munications et le déploiement des réseaux assurent des connexions plus ef"caces de mises à jour fréquentes. Ils deviennent sur de vastes territoires. Cette accessi- ainsi plus performants et intuitifs, mais bilité facilite la distribution de nouveaux également plus lourds et exigeants. Ain- logiciels nécessitant une connexion Inter- si, la durée de vie utile des téléphones net, résultant en une explosion de l’offre intelligents est réduite à cause de cette et de la demande d’applications mobiles à évolution rapide des SE qui "nissent par l’échelle mondiale. congestionner les appareils et encou- ragent l’utilisateur à acheter un nouveau La présente section s’intéresse téléphone. d’abord aux systèmes d’exploitation des téléphones intelligents, suivi des plate- La plupart des SE sur le marché ont formes de distribution d’applications mo- des codes sources fermés, notamment biles, pour conclure avec le marché effer- iOS d’Apple, Windows Phone de Microsoft vescent des applications mobiles ainsi et Blackberry OS de Research In Motion. que les éléments favorisant leur dévelop- Ces systèmes sont disponibles sur les pement et leur monétisation. appareils de fabricants sous licence uni- quement. Cela permet de sélectionner et SE mobiles restreindre les fabricants pouvant utili- Le marché des systèmes d’exploitation ser le SE. Par exemple, iOS ne peut pas (SE) mobiles et des fabricants de télé- être installé sur un téléphone Samsung. phones intelligents est intiment lié. La liai- Ces systèmes sont connus pour être plus son est encore plus explicite pour les SE stables et sécuritaires. Ils limitent néan- avec des codes sources fermées, car le moins l’apport de développeurs externes SE et le téléphone vont de paire. Ainsi, si en restreignant l’accès à leur interface de le téléphone connaît un grand succès, il programmation (API). en va de même pour le système qui y est intégré. Autrement, pour un système avec Interface de programmation (API) des sources ouvertes (open source), le lien Un API facilite le développement d’un pro- avec les fabricants est plus souple, le sys- gramme informatique. Il regroupe des outils, tème pouvant être installé dans des télé- des méthodes et des fonctions pour aider le phones de différents fabricants. développer à construire son programme. Par exemple, une société de transport en commun peut utiliser l’API de Google Maps Les systèmes d’opération mobiles pour développer son application mobile. évoluent très rapidement par l’entremise tttt 100 Autrement, les systèmes comme 100%

Android de Google, avec des codes 90% sources ouverts, peuvent être implé- mentés dans des appareils de différents 80% fabricants, comme Samsung, LG, Moto- 70% rola et plusieurs autres. Ainsi, chaque 60% fabricant peut utiliser le SE, le modifier Android afin de l’adapter à ses besoins et l’im- 50% Symbian plémenter dans ses appareils mobiles. RIM 40% Microsoft Par exemple, l’interface du nouveau iOS Galaxie S6 Edge de Samsung présente 30%

une barre de menu latérale. Samsung a 20% ainsi modifié le code source d’Android afin de l’adapter à son nouveau télé- 10%

phone. Donc, un même SE peut varier 0% d’un téléphone à l’autre. Par exemple, Q1 2009Q2 2009Q3 2009Q1 2010Q2 2010Q3 2010Q4 2010Q1 2011Q2 2011Q3 2011Q4 2011 Naver, l’équivalent coréen de Google, a Q1 2012 Q2 2012 Q3 2012 Q4 2012 Q1 2013 Q2 2013 Q3 2013 Q4 2013 Android domine le marché des systèmes d’exploitation mobiles. rencontré plusieurs problèmes lors du source : Statista, 2015d développement de leur application mo- bile sur Android, justement à cause des En Corée, Android domine le marché différences entre les versions d’Android avec 85 %. Cette avance est directement sur différents téléphones. liée aux parts de marché importantes de Samsung et LG qui opèrent avec Android. Du point de vue d’un développeur, Malgré ses 14 % de marché, iOS s’impose commercialiser un SE ouvert permet de de plus en plus en Corée, surtout depuis rejoindre une grande variété de fabri- la mise en marché du iPhone 6 (Statista, cant. Ainsi, l’avenir du SE ne dépend pas 2014). Il est à noter que Samsung Electro- de quelques fabricants sous licences. nics a fait son entrée sur le marché des SE De plus, cela permet à l’entreprise de mobiles au début de l’année 2015 avec le se concentrer uniquement sur le déve- lancement de l’appareil Z1 utilisant le SE loppement et l’amélioration du SE. Les Tizen, développé par Samsung, en Inde systèmes ouverts offrent également la et au Bangladesh. Cette entrée agressive possibilité aux fabricants émergents de dans ces marchés émergents montre l’in- commercialiser leurs appareils sans avoir térêt de Samsung pour le développement à développer leur propre SE. Ce concept de SE mobiles (Jin-young, 2015). s’avère très ef!cace pour Android. 100%

En effet, Android croît au même 90%

rythme que le taux de pénétration des 80% téléphones intelligents. Celui-ci se situe en tête du marché mondial de SE avec 70% 77 % des parts de marché, suivi d’iOS 60% Autres d’Apple avec 19,7 %. Les 3,7 % restants Blackberry OS 50% sont partagées entre Windows Phone, Windows Phone Blackberry OS et d’autres joueurs 40% iOS Android (0,5 %) (Statista, 2015d). L’ascension 30% d’Android a également entraîné la chute du système Symbian de Nokia, un SE 20%

originalement développé pour des télé- 10% phones mobiles de base. Le 1er janvier 0% 2014, Nokia a officiellement cessé toute Marché mondial Marché coréen Marché canadien activité de Symbian. Par la fermeture de Le marché canadien reste très nationaliste Symbian, Nokia désire se concentrer sur source : Statista, 2014; 2015ad la fabrication. 101 tttt Au Canada, le marché est essen- sont développées conjointement aux sys- tiellement partagé entre iOS, Android et tèmes d’exploitation, soit Google Play sur Blackberry OS. Blackberry OS demeurent Android et le App Store sur iOS. D’autres bien présents au Canada, contrairement plateformes indépendantes comme Ama- au reste du monde. Tout de même, leurs zon App Store et GetJar, compatibles avec parts de marché s’effritent continuelle- la plupart des SE, gagnent en popularité. ment depuis 2009 (Statista, 2015ab). Également, certaines plateformes de dis- tribution indépendantes visent un marché Distributeurs d’applications spéci!que pour survivre, que ce soit par mobiles le type d’application, en distribuant seule- L’industrie des applications mobiles ment des jeux par exemple, ou encore en connait une véritable explosion depuis ciblant une région, comme SK T-Store et l’apparition d’interfaces en ligne de vente Naver App qui se concentre sur les utilisa- d’application. Depuis, tout propriétaire de teurs coréens. téléphone intelligent peut aisément et ra- pidement télécharger une panoplie d’ap- Les revenus de ces plateformes pro- plications lui permettant d’adapter son viennent majoritairement des ponctions appareil à ses besoins. Les plateformes de sur les ventes, couramment 30 % du prix distribution connaissant le plus de succès de chaque application payante, le 70 % restant allant au développeur. Ce modèle MNO stores 0,3% s’avère très lucratif. En 2013, les revenus combinés du App Store et de Google Play Windows Phone 1,0% s’élevait à 13,83 G$ (Marsal, 2015). Depuis GetJar 2,0% leur mise en œuvre, le nombre de télé- chargements et donc leur chiffre d’affaires Blackberry World 3,1% connaissent une croissance inlassable.

Autres 4,1% Depuis son inauguration en 2012, Google Play domine en matière de télécharge- Nokia 7,1% ments, mais l’App Store demeure chef de !le en termes de revenus. En effet, les uti- App Store 39,6% lisateurs d’Apple semblent plus enclins à Google Play 42,6% débourser pour des applications mobiles (Wednesday et al., 2015). 0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% En 2012, les plateformes Google Play et App Store dominaient le marché. Les bibliothèques d’applications mo- biles disponibles in#uencent la vente des 100 téléphones intelligents. Les téléphones 90 Android ou iOS permettent de téléchar-

80 ger une grande variété d’applications sur Google Play et le App Store. À l’opposé, 70 BlackBerry OS, par exemple, possède une 60 banque d’applications très limitée, ce qui 50 limite également l’utilisation du téléphone. 40

30 Logiciel freemium Logiciel gratuit (free) qui pousse vers un ser- 20 vice haut de gamme (premium) pour en amé- 10 liorer l’utilisation (ex : acheter plus d’espaces Téléchargement cumulatifs (milliards) 0 sur un Cloud), pour prolonger une période d’essai gratuite, pour acquérir de nouvelles fonctionnalités (ex : acheter des options de Jul-08 Apr-09Jul-09 Apr-10 Jan-11Jun-11 Jul-11 Oct-11 Jun-14Oct-14 Sep-08 Jan-10 Jun-10Sep-10 Oct-10 Mar-12Jun-12 Sep-12 Jan-13 May-13 Oct-13 Jun-15 jeux supplémentaires) ou encore pour amélio- Le nombre d’applications téléchargées sur l’App Store est en croissance rer l’expérience d’utilisateur (ex : payer pour exponentielle depuis juillet 2008. retirer les bannières publicitaires). développer source : Statista, 2015 son application mobile. tttt 102 Un consommateur friand de techno- 180 logie optera nécessairement pour un télé- 160 phone lui offrant un vaste choix d’applica- tions. Ce fut d’ailleurs le slogan de l’iPhone 140 en 2009 « There’s an App for that! » (Van 120

Grove, 2010). Ainsi, plus de consomma- 100 teurs optent pour les plateformes Google Play et App Store, vu le vaste choix. De 80 ce fait, plus de développeurs tentent d’y 60 Chiffre d'affaire indexé commercialiser leurs applications, ce qui Téléchargements indexés 40 contribue à gon"er la bibliothèque de ces plateformes, qui attirent donc plus de 20 consommateurs, et ainsi de suite. 0 Téléchargements en Revenus en 2013 Téléchargements en Revenus en 2014 2013 2014

Développement d’applications AppStore Google Play mobiles Les utilisateurs de produits Apple sont plus portés à mettre la main au Les téléchargements d’applications mo- porte-monnaie pour acheter des applications. biles devraient atteindre près de 180 mil- source : App Annie, 2015 liards de téléchargements en 2015, ce qui devrait générer plus de 58 G$ (Statista, de ce marché sont quasi inexistantes. De 2015c). Les applications mobiles se di- plus, toutes les informations concernant le visent en deux catégories, soient les appli- marché des applications sont faciles d’ac- cations comme produit et celles comme cès grâce aux plateformes de distribution. support à un produit. Ainsi, aucun développeur n’est réel- Les applications comme support à lement avantagé par rapport à un autre. un produit sont celles qui permettent de Autrement, les ressources principales du faciliter la vente d’un produit ou l’utilisation développement d’application mobile sont d’un service, par exemple l’application de humaines, et celles-ci sont libres de se Korail (Société coréenne de transport fer- déplacer vers de meilleures opportunités roviaire) permettant de visionner les ho- en fonction du marché, assurant ainsi la raires de train et d’acheter des billets. La "uidité du marché. Toutefois, le seul fac- présente section du rapport se concentre teur qui déséquilibre la concurrence est cependant uniquement sur les applica- l’inhomogénéité des produits. En effet, la tions comme produit. L’analyse de celles- qualité et la pertinence des applications ci est plus pertinente étant donné que le disponibles varient, ce qui in"uence le produit est l’application en tant que telle. Les applications comme produits incluent 300 100 entre autres les applications de jeux, de 90 250 messagerie et d’enseignement. 80

70 À l’heure actuelle, le marché des ap- 200 60 plications mobiles est tellement large et accessible qu’il s’approche d’un modèle 150 50 40 de concurrence pure et parfaite (CPP). Le Revenus en G$ 100 nombre d’applications offertes dépasse le 30 Milliard de téléchargements million et le nombre de consommateurs 20 potentiels est tout aussi important. De ce 50 10 fait, aucune application n’a suf#samment 0 0 de poids pour in"uencer le marché. La 2012 2013 2014 2015 2016 2017 disponibilité des interfaces de program- Apps gratuites Apps payantes Revenus des Apps mation (API) des différents SE permet le La croissance des téléchargements et des revenus est soutenue. développement d’application mobile par source : Statista, 2015 quiconque. Donc, les barrières à l’entrée 103 tttt choix des consommateurs. Sur les millions génèrent le plus de revenus. En effet, d’applications offertes, certaines sont très les microtransactions résultant de ces rarement téléchargées par les utilisateurs applications totalisent des sommes co- vu leur inanité (Pierrot, 2015). lossales. Ce type d’application consti- tue 98 % des revenus de Google Play en 2014 (Perez, 2014).

Le marché des applications mobiles poursuit sa croissance et les revenus sont estimés à plus de 304 milliards de dollars en 2017 (Statista, 2015c). Autant en Co- rée qu’au Canada, il semble que le déve- loppement d’applications mobiles victo- rieuses réussisse davantage au sein de petites entreprises comme les start-ups. L’ambiance à la fois détendue et proac- tive de ces dernières semble stimuler la créativité et générer un climat favorable pour le développement d’applications (Atelier, 2014). Plusieurs infrastructures Samsung Electronics expose dans sa salle de montre d’light au plein cœur du quartier Gangnam à Séoul ses nouveaux produits au public. © MC sont présentes à l’échelle mondiale pour soutenir le développement de start-ups, Les applications payantes peuvent telles Real Ventures ou Angel Investors. s’avérer très lucratives lorsque celles-ci ont une valeur ajoutée importante, telle Autrement, les grosses entreprises que du contenu exclusif. Autrement, la tentent souvent de simuler un environ- majorité des applications n’ont pas suf!- nement de start-ups pour stimuler la samment de valeur ajoutée pour se per- créativité de leurs employés. En Corée, mettre d’être payante et doivent adopter où le marché des logiciels mobiles est d’autres méthodes pour être monétisées. dominé par les grosses entreprises, Ce sont les applications de type free- comme Naver et Daum-Kakao, ainsi que mium, majoritairement des jeux, qui par les chaebols, tel Samsung et LG,

certains programmes de formation et de recherche sont mis en place par ces grosses entreprises pour promouvoir l’innovation. Ces entreprises investissent également plusieurs millions de dollars annuellement pour le développement de start-ups (SeongJun, 2015).

Cependant, malgré l’économie créative soutenue par le gouvernement actuel, peu de PME réussissent à per-

cer dans le domaine des logiciels. La présence des chaebols est si forte que

Le succès de KakaoTalk KakaoTalk est l’application utilitaire la plus populaire en Corée avec plus de 160 mil- lions d’utilisateurs. En 2013, cette application de messagerie gratuite freemium a généré 247 M$ par la vente d’autocollants virtuels et Le modèle freemium génère 98 % des revenus de Google Play. de microtransactions lié aux jeux mobiles Ka- source : App Annie, 2014 kaoGames (Wee, 2014). tttt 104 les jeunes développeurs talentueux ne voient pas l’intérêt de contribuer à une PME lorsqu’ils ont la possibilité de tra- vailler pour les géants Samsung, LG ou Naver. Ainsi, les géants béné!cient d’un énorme bassin d’experts motivés pour développer leurs applications à l’interne (SeongJun, 2015; Youlim, 2015).

Au Canada, surtout à Montréal, il est plus facile pour les start-ups de percer, puisqu’il n’y a pas d’entreprises dominantes accaparant le marché. En effet, le marché montréalais des TIC est composé à 90 % de PME. Cependant, cette absence de grosses entreprises entraîne un exode vers les marchés plus dynamiques. Tout de même, Montréal béné!cie de plusieurs avantages com- paratifs par rapport à la côte est améri- caine, notamment par la présence d’une Naver, le « Google coréen » est le chef de "le des moteurs de recherche et multitude de programmes de soutien au des portails web. © MC développement des start-ups ou des PME en TIC. Par exemple, l’organisme permettent de personnaliser les appli- non lucratif TechnoMontréal offre un ser- cations et de les adapter à son utilisa- vice de coaching et de suivi auprès de teur mais celles-ci peuvent également plusieurs PME et le programme intensif entraver la vie privée. d’accélération de start-ups FounderFuel permet éventuellement d’obtenir du !- Près de 75 % des applications mo- nancement. biles veulent accéder aux informations personnelles de l’usager. La plupart des Dans un autre ordre d’idée, l’uti- applications demande la permission de lisation actuelle du téléphone intelli- l’usager avant d’accéder aux informa- gent permet de recueillir une panoplie tions. Néanmoins, bien que cela ne soit d’informations sur son utilisateur que illégal, certaines le font l’insu de l’utili- ce soit sa position géographique, son sateur. Dans tous les cas, ces données profil Facebook, son calendrier person- sont une source précieuse d’informa- nel ou encore sa musique préféré. Ces tions et présente un énorme potentiel informations, sous forme de données, dans toutes les industries. Les mégadonnées

Les mégadonnées, mieux connue cette proportion atteindra 100 % en 2019 sous l’expression Big Data, sont au- (Press, 2014). Il est donc important de jourd’hui un véritable buzzword dans à comprendre, d’abord, ce qui est entendu peu près toutes les industries, mais peu par le terme mégadonnées, et pourquoi souvent dé!ni clairement. Selon l’Inter- ces dernières sont aussi critiques pour national Data Corporation, le marché des autant d’industries. mégadonnées et de leur analyse attein- dra 150 G$ en 2015. Toujours selon l’IDC, Volume, vélocité et variété 70 % des grandes entreprises achètent Pour plusieurs, le terme mégadonnées déjà des données de sources externes, et peut sembler excessif, considérant que 105 tttt l’analyse de données est loin d’être un les « 3 V », complexi"ent signi"cativement concept nouveau. Il faut cependant com- le traitement, du moins avec des outils prendre que le développement des tech- traditionnels de gestion de l’information. nologies de l’information et de la commu- Il y a donc une nécessité de développer nication a entraîné une véritable explosion des outils de gestion de données pouvant de la génération de données. Selon Eric s’adapter à une certaine incertitude et qui Schmidt, CEO de Google, on générait à utilisent des méthodes probabilistes; le tous les deux jours en 2010 autant de don- développement d’intelligence arti"cielle nées que ce que l’humanité avait géné- va de pair avec les mégadonnées. ré jusqu’en 2003 : et 5 ans plus tard, ce rythme continue d’augmenter. Le volume Un processus complexe total d’information est donc en pleine ex- L’utilisation des mégadonnées est un pansion. processus qui peut parfois s’avérer com- plexe. Il faut d’abord géné- rer les données, que ce soit avec des capteurs, de l’enregistrement d’activités sur Internet ou des suivis de géolocalisation. Google, Facebook et Twitter "gurent parmi les grands joueurs de la génération de données. Ces dernières doivent par la suite être gérées, soit une étape particulièrement dif"- cile avec les mégadonnées, en raison justement de leur volume, leur vélocité et leur variété.

Plusieurs grands joueurs, comme Alteryx, font de la gestion de don- nées, mais de plus en plus de petites entreprises se Le centre de données GAK, une merveille technologique et architecturale. © Naver penchent également sur cette étape. Nexalogy, une Ces données sont générées à une start-up montréalaise, utilise des algo- fréquence grandissante, sont disponibles rithmes développés en astronomie à de plus en plus rapidement et sont uti- des "ns de gestion et surtout d’analyse lisées en temps réel, d’où le concept de d’image de marque. En"n, il faut analyser vélocité des données. En"n, leur variété et présenter les données; des outils d’ana- implique certains enjeux, puisque les en- lyse et de visualisation sont développés sembles de données, contrairement à ce encore une fois tant par des vétérans de qu’on peut retrouver dans des bases tra- l’industrie, comme Microsoft et IBM, que ditionnelles, sont souvent non structurées. par de nouveaux studios, comme Tableau Il peut en effet être dif"cile de catégoriser et Qlik. des vidéos, des messages textes ou des requêtes sur des moteurs de recherche. Parallèlement, et tout au long du pro- cessus, il y a une nécessité de stocker les Le terme mégadonnées est apparu données générées et même d’emprunter spéci"quement pour désigner des en- de la puissance de traitement. À cet effet, sembles de données dont le volume, la vé- de plus en plus d’entreprises ajoutent des locité et la variété, communément appelés centres de données à leurs actifs. Ces tttt 106 centres leur permettent d’une part d’in- ternaliser le stockage de données mas- sives, et d’autre part d’offrir des services d’hébergement, tant aux consommateurs qu’aux entreprises.

Bell, au Québec, investit beaucoup dans le développement de tels centres (Normandeau, 2015), la province y étant très bien adaptée. Ces derniers requièrent des quantités importantes d’électricité, abondante et abordable au Québec, et de climatisation, beaucoup plus facile lorsque la température moyenne est d’en- viron 7 °C, en plus des coûts immobiliers relativement bas.

En Corée, en plus des entreprises de télécommunication, certaines entreprises Green Factory, le siège social de Naver,s’est également mérité de logiciels se munissent de centres de la décoration environnementale LEED Platinium. © MC données. Naver Corporation, qui est res- ponsable du moteur de recherche domi- à l’établissement de véritables leaders nant en Corée, a récemment construit un capables de prendre en charge l’ensemble énorme centre à la "ne pointe de la tech- du processus énoncé plus haut pour leurs nologie. L’ef"cacité énergétique et les clients. mesures éco-responsables du centre de données GAK ont d’ailleurs mérité une Secteurs pertinents certi"cation LEED Platinum. Même s’il s’agit d’un secteur très technolo- gique, il s’avère que l’utilisation de méga- Un mouvement en besoin de données est avantageuse pour les entre- consolidation prises de la majorité des industries. Elle La compagnie Tableau a atteint 504 M$ permet en effet d’optimiser les processus, de chiffre d’affaires en 2014, soit une aug- de mieux cerner les besoins des clients ou mentation de 78 % par rapport à 2013 (Ta- encore de déterminer des prix en temps bleau Software Inc., 2015). Qlik a vu son réel. Bien qu’elle s’insère dans la sphère chiffre d’affaires augmenter de 18 % pour technologique, son implémentation se doit atteindre 680 M$ (Qlik, 2014). Cette explo- donc d’être ancrée dans le développement sion du marché des mégadonnées, depuis des affaires, en logistique, en marketing et quelques années, a entraîné la création en stratégie. Il est évident que très bien- d’une multitude d’entreprises tout au long tôt, les mégadonnées seront utilisées dans du processus de production. presque toutes les industries. Les deux secteurs étudiés dans ce rapport, soit les Pour les entreprises désireuses d’in- technologies de l’information et de la com- tégrer les mégadonnées à leurs stratégies munication et les transports, les utilisent d’affaires, il peut être intimidant d’avoir déjà. autant d’options à chaque étape du pro- Le schéma de la page suivante résume le cessus. Il est donc souhaitable, et très portrait actuel de cette industrie, du moins probable d’ailleurs, que l’on assiste à un pour les compagnies mentionnées, et des mouvement de consolidation, tant vertical différents sous-secteurs. qu’horizontal, de l’industrie. Google, Oracle et Microsoft ont d’ailleurs déjà commencé Le secteur des technologies, des à acquérir des compagnies du secteur, soit médias et des télécommunications, sans DeepMind, BlueKai et Revolution Analy- surprise, mène le bal en matière d’inté- tics respectivement en 2014, contribuant gration des mégadonnées. Non seulement 107 tttt Génération Stockage

Gestion

Analyse

Présentation

Le marché des mégadonnées est vaste et dur à schématiser. © MC

elle leur permet d’importantes optimisa- Contrairement au secteur technolo- tions, mais les dirigeants d’entreprises gique, l’industrie du transport, tant de mar- de ces industries sont généralement plus chandises que d’énergie ou de personnes, à l’affut des développements technolo- béné"cie des mégadonnées davantage giques et de l’importance de s’y adapter. sur le plan organisationnel. L’optimisation On peut penser à Net!ix ou YouTube qui des réseaux de distribution en temps réel, offrent dynamiquement des suggestions la gestion des « Smart Grids » et l’adapta- de contenu à ses utilisateurs en fonction tion des réseaux de transports en commun de leurs préférences, en intégrant des sont tous rendus possibles par l’exploita- données sur les habitudes de consom- tion de quantités énormes de données gé- mation de leurs innombrables utilisateurs. nérées à des vitesses fulgurantes, comme Parallèlement, les entreprises de télécom- des données de géolocalisation en temps munications peuvent personnaliser leurs réel. offres aux clients a"n de favoriser l’adop- tion. Les mégadonnées y sont donc sur- L’intégration des mégadonnées dans tout utilisées à des "ns de marketing et de le système de transport public de Séoul stratégie. en est un excellent exemple. La société de tttt 108 transport, d’opération et d’information de gadonnées est grandissante. En 2013, le Séoul utilise ces données recueillies, entre Centre des Mégadonnées a été inauguré à autres, a!n de construire une simulation Séoul, visant l’analyse des mégadonnées en temps réel de la circulation routière de pour améliorer l’administration gouverne- la ville. Ils peuvent ainsi simuler les consé- mentale et des entreprises. quences de divers travaux et optimiser les mesures à prendre en conséquence. Cette expansion implique cependant plusieurs considérations éthiques. En ef- Perspectives fet, les données utilisées sont souvent des En somme, l’utilisation des mégadonnées informations personnelles, ce qui suscite présente un énorme potentiel, et ce, dans beaucoup d’inquiétude au sein de la popu- toutes les industries. Même si les chan- lation; un laboratoire de la Seoul National gements organisationnels majeurs néces- University travaille justement sur une ver- saires au traitement des données en temps sion d’Android qui permettrait de surveiller réel peuvent en inquiéter certains, la valeur le partage indésirable de données person- ajoutée par des analyses assez simples à nelles. Des controverses s’apparentant à réaliser est déjà évidente pour la majori- la dénonciation de la NSA pourraient d’ail- té des dirigeants d’entreprise. Surtout, la leurs devenir de plus en plus fréquentes. consolidation des compagnies du secteur Il sera intéressant de voir si l’accès aux promet de rendre ces technologies beau- données demeurera aussi ouvert à mesure coup plus accessibles. En Corée du Sud que le potentiel commercial du mouve- particulièrement, l’ouverture face aux mé- ment se réalise. Synthèse

L’industrie des télécommunications doit s’adapter à la montée des méga- En ce qui concerne les téléphones données et de l’Internet des objets. Ces mobiles eux-mêmes, il est évident que ces technologies requièrent des quantités deux mouvements ne feront qu’accélérer grandissantes de données et donc des la croissance du marché des téléphones infrastructures de soutien, tant !laires que intelligents, au détriment des téléphones sans-!ls, de plus en plus développées. mobiles traditionnels. Il sera cependant intéressant de voir si ces opportunités per- Sur le plan !laire plus particulière- mettront à des fabricants moins concur- ment, il est envisageable que ces besoins rentiels de se hisser une place aux côtés grandissants en données amènent la de Apple et de Samsung qui dominent société à considérer l’accès à l’Internet signi!cativement le marché actuel. comme une commodité, expliquant le dé- veloppement de contenu chez beaucoup Parallèlement, les mégadonnées et d’entreprises du secteur désireuse d’assu- l’Internet des objets, à priori, devraient rer leur pérennité face à ces changements. béné!cier d’un système à code source ou- L’industrie des télécommunications sans- vert. Est-ce qu’ils favoriseront la montée !l conserve une position plus avanta- d’Android, ou est-ce qu’Apple saura ex- geuse, en raison notamment du virage mo- ploiter ces technologies à son avantage? bile, mais devra tout de même s’assurer Dans tous les cas, il est indéniable qu’une de diversi!er son offre. Les mégadonnées panoplie d’applications continuera à voir et l’Internet des objets représentent donc le jour dans les années à venir, mettant à des opportunités pour les entreprises du pro!t les mégadonnées, l’Internet des ob- secteur, mais aussi une certaine menace. jets, ou même les deux.

109 tttt « Le monde change à une vitesse folle. Le fort ne battera plus le faible, dorénavant ce sera le rapide qui battra le lent » - Rupert Murdoch Seoul Station, la principale gare ferroviaire de la capitale. © MC

Transport la clé d’une compétitivité industrielle

111 tttt Avec un sol très faible en ressources à la gestion du transport humain à l’inté- naturelles ainsi qu’une concentration de rieur de la Corée, avant de s’interroger sur population très élevée, la Corée fait face à les marchandises et biens divers. de nombreux dé!s de gestion du transport Finalement, la complexité de la gestion à l’interne et des échanges internationaux des ressources énergétiques sera abor- très importants de ressources diverses. dée pour comprendre la dépendance très importante de la Corée au commerce in- Ce chapitre s’intéressera tout d’abord ternational. Transport de personnes

En raison du pro!l montagneux de sonnes en Corée est exposée, analysée et la Corée, la majorité des habitants se re- comparée à celle du Québec et du Canada trouvent con!nés dans un espace restreint concernant son évolution, son fonctionne- entrainant une forte densité de population. ment ainsi que les technologies qui y sont Le transport de personnes à l’intérieur des impliquées. Aussi, puisque la région mé- villes devient donc un enjeu important. tropolitaine de Séoul représente près de la De plus, de grandes artères de rails et de moitié de la population coréenne, une at- réseaux routiers relient ces villes pour per- tention particulière y est portée. Toutefois, mettre le transport interville. Dans cette plusieurs autres villes sont mentionnées section, la gestion du transport de per- telle que Busan dont la densité d’habitants par kilomètre carré est de 4452 (World Data Atlas, 2015), comparable à Montréal dont la densité est de 4517 (WPR, 2015). Transport dans les villes Un transport public pour tous Dans les années 1950 et 1960, la ville de Séoul dispose d’un nombre insuf!sant d’infrastructures de transport : peu d’auto- bus disponibles, beaucoup de carrefours dépourvus de feux et un recours fréquent à la signalisation manuelle. Le tramway est alors le principal moyen de transport en commun. Entre 1960 et 2002, la population de Séoul quadruple entrainant une forte augmen- tation de l’utilisation des voitures person- nelles. La densité du tra!c urbain devient À Séoul, 69 % des déplacements se font en autobus ou en métro, ce qui représente près de 13 millions d’utilisateurs par jour. © MC insoutenable selon le centre de service d’opération et d’information du transport tttt 112 Les écrans du TOPIS, centre de gestion du tra!c routier et des transports en commun de l’agglomération de Séoul. © MC

de Séoul (Seoul Transport OPeration and grandes villes telles que Busan, Gyeonggi, Information Service, abrégé TOPIS). A!n Daegu, Incheon et Daejeon. Depuis son de pallier cette situation le gouvernement instauration en 2004, la T-Money permet tente d’implanter un réseau de transport aux usagers de n’avoir qu’une seule carte accessible à tous et répondant aux besoins pour payer leurs transports en commun y des utilisateurs. Pour ce faire, le 1er juillet compris les taxis. À Séoul, 100 % des uti- 2004, le Gouvernement Métropolitain de lisateurs du métro, 98,7 % des utilisateurs Séoul réorganise complètement ses ser- des autobus et 53,5 % des utilisateurs de vices en améliorant et réorganisant les taxi effectuent le paiement avec la carte de services d’autobus et de métro, en instal- transport global (TOPIS, 2014). lant des lignes de service rapide par bus (SRB) en intégrant la tari!cation sur toute la grande région de Séoul (TOPIS, 2014). Ces investissements représentent, à l’époque, près de 80 % de la dette totale de la ville (John Pucher & Mook Han Kim, 2005).

Cette réforme a visiblement fonc- tionné puisque, maintenant, seulement le quart des déplacements à Séoul se font en voiture personnelle (TOPIS, 2014). Toute- fois, le problème de congestion n’est pas totalement réglé. Un surnombre de voi- tures par rapport à la capacité des infras- tructures routières est toujours observé. Ainsi, malgré les efforts du passé, le gou- vernement fait encore face à une problé- matique mettant en con#it transport en commun et voitures. De plus en plus d’établissements culturels et commerciaux acceptent le Le peuple coréen, étant reconnu pour paiement avec la T-Money. © MC être minutieux, exigeant et hâtif, a mainte- nant accès à un réseau de transport corres- Cette technologie facilite la logis- pondant à leur exigences. En effet, depuis la tique entre les différentes compagnies réforme, celui-ci est devenu simple à utiliser, et villes présentes à travers le réseau de !able et très ef!cace. transport, permettant également une divi- En 2014, 69 % des déplacements à Séoul se sion équitable des revenus aux différents font en autobus et en métro, avec une capa- secteurs/compagnies. Téléchargeable sur cité maximale respectivement de 6 890 000 un téléphone mobile (application sans-!l et de 5 790 000 d’utilisateurs par jour (TO- pour que les gens n’aient plus besoin de PIS, 2014). carte matérielle), elle peut être utilisée à Singapour et pourra prochainement être Une carte universelle utilisée au Japon, à Hong Kong, en Thaï- Toujours avec l’intention d’améliorer le ser- lande et en Malaisie (TOPIS, 2014). vice en le rendant plus simple, le concept À Montréal, certaines personnes uti- de la carte de transport T-Money est ins- lisent l’équivalent de la T-money : la carte tauré à Séoul et dans plusieurs autres OPUS. Toutefois, plusieurs sont ceux qui 113 tttt n’achètent pas de passes mensuelles ou teurs approchant de la zone de congestion annuelles. Ils n’ont pas besoin de carte routière sont avertis à l’aide des panneaux OPUS et utilisent donc des billets magné- d’informations routiers et sont guidés vers tisés jetables. les voies plus "uides. Certains feux de cir- culation s’adaptent si la voie est pertur- bée. Plusieurs autres villes de la Corée, par La gestion du exemple Busan, s’inspirent du système de gestion du tra!c de TOPIS (TOPIS, 2014).

transport Tari!cation A!n d’offrir un service !able et sécu- Grâce à la carte T-Money, la tari!cation se ritaire, le gouvernement coréen a mis sur fait aisément par distance. Le tarif de base pied le centre de service d’opération et des autobus est relatif au type d’autobus d’information du transport de Séoul. La et à l’âge de l’usager. Le tarif initial couvre mission de cette organisation centrale les dix premiers kilomètres parcourus, est d’améliorer, d’instaurer et de gérer les puis chaque tranche de cinq kilomètres systèmes de gestion du tra!c pour la ville supplémentaire coûte 100 (0,11 $) et ce, Séoul. Depuis 2004, le TOPIS collecte et peu importe l’âge de l’usager ou le type analyse, à l’aide de hautes technologies, d’autobus. différentes informations a!n d’assurer la On constate que la tari!cation à Busan ne sécurité et d’augmenter la "uidité du tra- se fait pas aussi linéairement. En effet, ils !c routier de Séoul et de ses aggloméra- n’ont que deux prix : un tarif de base et un tions. Depuis 2005, plusieurs caméras de supplément pour un déplacement de plus surveillances (même sur les autobus) per- de 10 km. mettent de contrôler automatiquement les Contrairement à la Corée du Sud, les insti- infractions routières. tutions de transport du Québec appliquent un tarif unitaire, soit le même prix de base Par ailleurs, des systèmes de détec- peu importe la distance parcourue. Une tion du tra!c permettent à TOPIS de se ren- tari!cation par distance a l’avantage de seigner sur les "ux, les incidents et aussi la respecter le principe d’utilisateur-payeur météo à plusieurs endroits de la ville. Par car l’usager parcourant une plus courte exemple, le GPS de certains véhicules est distance utilise moins de ressources et de- connecté aux antennes de TOPIS et des vrait donc moins débourser que l’usager capteurs sur les routes détectant le pas- de longues distances. De plus, le calcul sage des véhicules permettent de calcu- des distances permet la redistribution pro- ler la "uidité du tra!c. Lors d’un incident, portionnelle des coûts associés à chaque TOPIS est immédiatement averti grâce aux type de transport ou aux différentes com- caméras de surveillances. Les conduc- pagnies impliquées.

Le prix d’un déplacement en dollars selon la distance parcourue et le lieu de déplacement. sources : Humetro BTC, 2015; Visit Korea, 2015; OC Transpo, 2014; STM, 2015 tttt 114 Les autobus coréens : un service Mitsubishi, BT, Hitachi et Bombardier) ont coloré également pénétré le marché coréen (BT Le réseau d’autobus est la clé de la cou- Korea, 2015), notamment dans le cadre du verture de l’immense réseau de transport projet de la ligne Everline, formé d’un par- public en Corée. Bien que ce sous-ré- tenariat public privé (PPP) entre la compa- seau soit en diminution depuis 1985 étant gnie québecoise Bombardier Transport et donné la place que prend le métro, il y a la ville de Yongin pour à relier le district de environ 9300 autobus à Séoul (0,36/1000 Giheung et le parc d’amusement Everland habitants) (TOPIS, 2014). Au Québec, via TRL. Selon le gouvernement coréen, c’est près de trois fois plus par habitants le coût d’opération de cette ligne s’élève (1,02/1000 habitants) : 8400 autobus (dont à 32,4 M$ par année et la ligne ne génère 28 % à Montréal, 17 % à Québec et 16 % que 10,4 M$. Un dé"cit de 22 M$ est donc en Montérégie) sans compter les 10 800 enregistré chaque année. Selon le rapport autobus scolaires (Institut de la statistique d’audit sur la ligne Everline fait par le bu- Québec, 2013; SAAQ, 2012). reau des audits et des inspections (Board of Audit and Inspection, abrégé BAI), la ville De manière à simpli"er l’utilisation, n’aurait pas révisé la faisabilité du projet et un système de couleurs permet de distin- aurait tout de même accepté de signer le guer les autobus parcourant de courtes contrat (Nikola, 2013c). distances (en vert) des autobus ayant un circuit plus long sur des artères principales (en bleu). Les autobus rouges voyagent de Séoul jusque dans les banlieues tandis que les jaunes opèrent dans un circuit fermé à Séoul. Tous les autobus sont connectés à un GPS qui permet aux usagers de savoir l’heure d’arrivée du prochain via une application mobile (TOPIS, 2014). Une fois de plus, les utilisateurs sont informés, ce qui rend les déplacements plus accommodants.

Les métros en Corée : transit léger et lourd En raison de la densité de population élé- vée dans plusieurs villes coréennes, le métro est une solution privilégiée pour les déplacements, notamment dans la capi- Les autobus de Séoul parcourent différents secteurs selon leur couleur. © MC tale. Deux types de métro sont présents en Corée. Le premier et le plus utilisé est Le réseau de métro et de train de nommé le transit rapide lourd, ayant plus banlieues de la zone métropolitaine de de 635 km déployés avec 5759 wagons. Séoul est immense : près de 1000 km de L’autre type, qui se différencie par sa taille, rails interconnectés, il couvre plus de cinq se nomme le transit rapide léger (TRL) et villes différentes. Avec l’inauguration de sa compte 108 km de rails dans 7 villes diffé- première ligne en 1974, le métro de Séoul a rentes. Le TRL, de par la taille des wagons, contribué a diminuer le tra"c dense au nord est comparable au métro de Montréal. de la rivière Han et sur les ponts franchis- sant le #euve. Ce réseau compte 9 lignes, La grande majorité des métros sont 292 stations et 316,8 km de rails (TOPIS, fabriqués par la compagnie coréenne Hyun- 2014). Il est géré par plus de dix entre- dai ROTEM. Trois autres manufacturiers prises différentes, privées et publiques, locaux participent à la construction de mé- qui opèrent les lignes et qui travaillent tros : Woojin, Rowin et POSCO. Quelques avec le gouvernement coréen ou avec les fabricants étrangers (Alstom, Siemens, municipalités. Les partenariats public-pri- 115 tttt ville opérateur(s) fournisseur lignes stations km début Séoul Métro de Séoul/Korail ROTEM ligne 1-4 261 390 1974, 1980, 1985 SMRT/Korail ROTEM ligne 5-8 157 162 1995, 2000, 1996 Ligne 9 du métro de Séoul ROTEM ligne 9 30 31 2009 Incheon IRTC ROTEM ligne 1 29 31 1999 Korail ROTEM AREX 13 58 2007 Aéroport d’Incheon Hyundai ROTEM ligne 6 6 2015 Yongin YRTC Bombardier Everline (TRL) 15 18 2013 Uijeongbu UCL Siemens ligne U (TRL) 15 11 2012 Busan BTC ROTEM ligne 1-3 93 99 1985,1999, 2005 BTC Woojin ligne 4 (TRL) 14 13 2011 Daegu DMSC ROTEM ligne 1-2 59 57 1997, 2005 DMSC Hitachi ligne 3 (TRL) 30 31 2015 Gimhae BGL Hyundai ROTEM ligne 1 (TRL) 21 24 2011 Daejeon DJET ROTEM ligne 1 22 23 2006 Gwangju GMRTC ROTEM ligne 1 20 21 2004 Les principaux opérateurs et constructeurs de métro en Corée. source : BT Korea, 2015

vés sont donc omniprésents dans la ges- Aussi, on remarque un effort considé- tion de ce réseau. L’entièreté du réseau est rable a!n de faciliter l’accès au transport en connectée et il y a uni!cation des tarifs sur commun pour les personnes à mobilité ré- la majorité des lignes. duite. Des ascenseurs et des rampes sont Bien que le métro de Montréal touche disponibles et un réseau texturé sur le sol aussi d’autres municipalités (Laval et Lon- permet aux non-voyants de s’orienter. Ce gueuil), la gestion du réseau diffère de réseau est à la fois sur les trottoirs et conti- celle de Séoul. En effet, le réseau de métro nue jusqu’aux portes palières des métros. montréalais n’est pas géré conjointement entre les municipalités, malgré l’existence Durant les prochaines années, plu- de l’agence métropolitaine de transport, sieurs expansions sont plani!ées au métro mais plutôt par les sociétés de transport de Séoul et à d’autres endroits en Corée. séparément tel que la STM. De plus, les La Corée analyse présentement la possi- titres de transports ne sont pas compa- bilité d’ajouter 334 km de rails de TRL à tibles entre les réseaux de Laval, Montréal son réseau. Il est aussi discuter de rem- et Longueuil. placer certains wagons ou d’en accroitre le nombre (2442 nouveaux wagons) (BT Un pari risqué mais payant Korea, 2015). Aussi, les quelques autres Le gouvernement a misé gros sur la ré- villes ayant des métros plani!ent d’autre forme du transport de 2004 et les résultats expansions. Quant à elle, la ville de Mon- ne sont pas décevants. En effet, à Séoul, tréal est en prise de décision à savoir s’il 88 % des citoyens déclarent être satisfaits y aura une expansion de la ligne bleue, ou du service de transport en commun, par même peut-être de la ligne orange (Desro- rapport à 25 % il y a dix ans. siers, 2015). Outre les éléments d’ef!cacité et de dis- tribution de l’information mentionnés ci- Un chaebol sur la route haut, de nombreuses technologies ont Sachant l’in#uence d’un chaebol tel que été intégrées au réseau a!n de rendre les Hyundai sur l’économie globale du pays, utilisateurs satisfaits. Tout d’abord, Inter- il n’est pas surprenant que le marché de net est accessible dans tout le métro de l’automobile occupe toujours une place Séoul. Les « points morts » sur le réseau importante dans le secteur des transports sont inexistants. De plus, de nombreuses du pays. L’industrie automobile coréenne stations d’autobus sont équipées de Wi-Fi est reconnue mondialement et ses expor- gratuit et de panneaux d’information. tations ne font qu’augmenter depuis la tttt 116 Le projet Everline à Yongin, rames de métro réalisées par le canadien Bombardier Transport. © MC mise en place des différents accords de À Séoul, le système de voitures SoCar libre-échange. Le chaebol Hyundai a pro- en association avec Nanum (signi"ant « par- duit plus de 4 730 000 voitures en 2014, tage » en coréen) compte plus de 300 000 14 % étant des ventes domestiques. Il est usagers et 1000 voitures. Ce nombre de- intéressant de noter que durant les deux vrait augmenter jusqu’à 5000 d’ici trois ans dernières années, les ventes à l’étranger ans. Le compétiteur Green Car possède de Hyundai augmentent en moyenne de près de 200 000 membres dans plus de 33 10 % annuellement tandis que les ventes villes (Park, 2014). La compagnie LG est domestiques diminuent en moyenne de aussi sur le marché offrant des systèmes 3 %. Cette diminution pourrait s’expli- de tari"cation concurrentiels aux voitures quer en partie par le fait que les Coréens Nanum. Korail offre également ce service à prônent de plus en plus le transport en ses clients en plaçant des voitures aux sor- commun. Le vieillissement de la popula- ties de certaines stations de train (Nikola, tion pourrait aussi en être la cause selon le 2013b). Évidemment, les applications web directeur de production de Hyundai (Hyun- des téléphones intelligents permettent dai Motors, 2015). Bien que le gouvernement tente de réduire le nombre d’automobile sur la route, il est quelque peu délicat de mettre des bâtons dans les roues d’une compa- gnie connaissant un tel succès. Le vélo et l’auto-partage : une partie de la solution A"n de diminuer le #ux de tra"c, plusieurs villes du monde font la promotion du vélo- partage et de l’auto-partage, concept gé- néralement communautaire qui gagne en Les ventes de Hyundai Motors (en milliers de voitures) popularité en raison de l’importance gran- augmentent à l’étranger, mais reculent en Corée. dissante accordée aux initiatives d’écono- source : Hyundai, 2014 mie sociale. 117 tttt aux usagers de facilement et rapidement transport. On pourrait s’attendre à ce que réserver leur voiture. le secteur du transport partagé continue Au Québec, les compagnies Communauto de se développer dans les prochaines an- et Car2Go possèdent respectivement 1000 nées puisque ce sont des modes de trans- et 200 véhicules répartis dans la majorité port avec un réel potentiel autant pour les des grandes villes. Le service de Commu- entreprises que pour les usagers (Nikola, nauto est d’ailleurs en collaboration avec 2013b). la STM et BIXI pour offrir des forfaits de transport public intermodaux (Car2Go, 2015; Communauto, 2015). Transport entre les villes Alors que le réseau public est en constante amélioration, qu’advient-il du réseau permettant les déplacements d’une ville à l’autre? La Corée du Sud a dévelop- pé trois types de réseaux couvrant son ter- ritoire et qui sont en constante évolution : les réseaux routier, ferroviaire et aérien.

Transport routier Le réseau routier d’un pays représente une réalité géographique et historique. Le Canada, par exemple, a beaucoup de rues suivant un quadrillé. Ceci peut s’ex- pliquer entre autres par l’histoire relati- Le transport partagé est de plus en plus utilisé en Corée, surtout à l’extérieur vement jeune du Canada. La majorité de de Séoul. © MC la population canadienne réside près de Pour ce qui est du vélo-partage, la la frontière avec les États-Unis et le long Corée semble accuser un retard considé- du #euve St-Laurent, ainsi la majorité rable sur plusieurs villes, avec seulement des autoroutes traversant le Canada et le 440 vélos à disposition dans la capitale. Québec se trouvent dans les environs du Prenons BIXI par exemple, la société mon- #euve et près de la frontière à l’exception tréalaise de vélos en libre-service, qui de quelques autoroutes montant vers le offre plus de 5000 vélos et 400 stations, nord pour rejoindre certaines villes. permettant une belle complémentarité au transport en commun déjà établi. Il faut La Corée du Sud est recouverte de mentionner que la situation à Séoul est dé- montagnes et l’emplacement des grandes favorable aux vélos à l’intérieur de la ville routes représente bien cette réalité, bien en raison du manque de pistes cyclables qu’il y ait des routes couvrant tout le ter- et cela ralentit grandement le dévelope- ritoire. Il y a cependant une concentration ment du service de vélo-partage (Nikola, de grandes routes dans le nord-ouest, 2013a). Par contre, les villes coréennes de près de Séoul. Les montagnes dans l’est Changwon et Goyang font bonne !gure du pays ont une grande in#uence sur la possèdant respectivement 4630 et 3000 position des routes traversant le pays du vélos en libre-service. nord au sud. Les projets du Ministère du Territoire, de En somme, le vélo-partage et l’auto- l’Infrastructure et des Transports (Ministry partage permettent d’atténuer le tra!c, of Land, Infrastructure and Transport, MO- de pallier la problématique du manque de LIT), sont présentement axés sur l’entre- stationnement, diminuer les coûts reliés tien des infrastructures existantes. Pour à la possession d’une voiture et répandre diminuer le fardeau monétaire, des projets la culture du partage dans le secteur du en PPP sont envisagés, permettant ainsi tttt 118 de réduire l’investissement public mais aussi de faire plus d’entretien et d’avoir des routes en meilleur état (MOLIT, 2015).

Transport par rails Outre l’automobile, le train est un moyen de transport très populaire pour se dépla- cer entre deux villes. Le marché du trans- port de personnes par rails est un mono- pole contrôlé par Korail, une société d’État coréenne. Cette situation est similaire au Canada avec Via Rail, ayant le monopole du transport d’usagers par trains. De plus, dans les deux situations, les chemins de fer sont partagés entre les trains de per- sonnes et les trains de marchandises. Ce- pendant, la Corée est particulière car tous les rails appartiennent au gouvernement et la priorité est accordée aux trains de pas- sagers.

Le gouvernement investit beaucoup dans le transport par rails a!n de réduire la congestion des autoroutes. Ils ont une part intégrale dans les décisions concernant le transport ferroviaire (Korail, 2015). Routes et reliefs en Corée du Sud. © MT

Routes et reliefs au Canada. © MT

119 tttt Une technologie nouvelle ligne de train pour les Jeux olympiques L’arrivée du train à haute vitesse Korea de 2018 de Pyeongchang et l’augmenta- Train Express (KTX) en 2010 a révolution- tion du réseau ferroviaire de trains rapides né le marché du transport de personnes jusqu’à 2361 km en 2020. en Corée du Sud. Son impact est surtout visible sur la route entre Séoul et Busan, Un train au service des passagers les deux plus grandes villes du pays. Les Tout comme le service d’autobus et mé- proportions des transports empruntés au- tro, de nombreux efforts sont faits a"n paravant par trains réguliers et par avions de rendre le réseau ferroviaire ef"cace et avoisinaient les 38 % et 39 % respective- agréable pour l’utilisateur. Pour faciliter ment; depuis son installation, plus de la le service à la clientèle, Korail a déve- moitié (58 %) des transports sur longue loppé une application mobile permettant distance se font par KTX. d’obtenir toute l’information nécessaire et d’acheter des billets de train électro- Le KTX-Sancheon est une "erté pour niques. Via Rail n’a pas d’application mo- le gouvernement coréen, étant la première bile permettant l’achat de billets, mais une technologie de train à haute vitesse déve- version mobile du moteur de réservation loppée en Corée du Sud. Le train roule permet essentiellement le même service à 300 km/h et peut voyager de Séoul à d’achat de billets. Il est aussi facile d’ache- Busan en un peu plus de deux heures et ter son billet de train directement à la gare demie comparativement aux cinq heures grâce aux nombreuses bornes de billet- requises par les trains conventionnels. terie libre-service en plus du comptoir de 100% service à la clientèle. En Corée, pour opti- 90% miser les trajets et la rentabilité des trains 80% il est possible d’avoir un billet de train pour Voiture 70% des places debout. Alors que les places assises sont limitées par le nombre de Bus Express 60% 50% sièges, les places debout coûtent moins Train régulier cher et ne sont pas limitées. Toutes ces ini- 40% KTX tiatives incitent les personnes à emprunter 30% le train, augmentant ainsi la rentabilité et Air 20% l’ef"cacité des rails. 10% 0% 2003 2011 Transport aérien Le choix de modes de transports entre Séoul et Busan ont changé dans les L’augmentation du tourisme suite aux dernières années. source : KORAIL, 2015 Jeux olympiques de 1988 a incité le gou- vernement à investir dans la construction Des projets sont en cours pour mettre en d’un nouvel aéroport. En 2001, L’aéroport service dans un futur rapproché un autre d’Incheon devient donc l’aéroport interna- train à une plus grande vitesse, vitesse dé- tional coréen remplaçant celui de Gimpo, passant celle du KTX : le train High-Speed devenu trop petit pour le #ux de visiteurs Electrical (HEMU), conçu (Aéroport d’Incheon, 2015). pour rouler à 430 km/h. Au moment de mettre sous presse, les tests opérateurs Voulant se classer parmi les meilleurs ont été effectués mais aucune date d’inau- aéroports du monde, Incheon offre un ser- guration n’a été dévoilée (Korail, 2015). vice très personnalisé aux clients. Selon D’autres projets sont prévus d’ici les pro- les ASQ Awards, il est le meilleur aéroport chaines années pour faciliter le transport en termes de qualité de service depuis en train, notamment l’ouverture d’une nou- dix dernières années (Aéroport d’Incheon, velle station de train à Gangnam, quartier 2015). Des projets d’expansion de l’aéro- de Séoul, pour 2016. Cette station devien- port sont prévus avec la construction drait la deuxième dans la capitale. Un élar- d’un deuxième terminal de passagers, gissement du réseau est également plani- permettant ainsi d’augmenter le nombre "é, notamment la création d’une nouvelle de passagers atterrissant annuellement à tttt 120 La majorité des transports en commun en Corée offrent l’accès Wi-Fi aux usagers © MC Incheon de près de 45 millions à plus de Bien qu’il existe plusieurs aéroports do- 60 millions (Aéroport d’Incheon, 2015). mestiques en Corée du Sud, depuis l’arri- vée du KTX, la popularité des vols domes- La quantité de vols domestiques à tiques a grandement diminuée (Korail, destination et en provenance d’Incheon 2015). est négligeable. Près d’Incheon et de Séoul se trouve l’aéroport de Gimpo, un La Corée a bien développé son ré- hub pour les vols domestiques. seau de transport d’usagers et continue Tous les aéroports de la Corée du Sud ap- d’essayer de réduire la saturation des partiennent au gouvernement coréen mais réseaux routiers, notamment dans la capi- Incheon est géré par une corporation dif- tale. Cependant, la compagnie Hyundai férente des autres aéroports domestiques. étant un des plus grand employeurs du Ceci permet à l’aéroport d’Incheon de faire pays et continuant de prendre de l’expan- avancer ses projets plus facilement, toute sion et du prestige à l’international, l’auto- l’énergie de la corporation étant focalisée mobile aura toujours sa place dans l’éco- sur un seul aéroport. nomie du pays et sur les routes. Transport de marchandises

Tout comme pour le transport de dans le pays, les aéroports et les ports personnes, les routes et les voies ferrées d’Incheon, de Gimpo et de Busan en sont du transport de marchandises s’adaptent principalement responsables. Par la suite, au rythme de l’essor économique de la les marchandises sont transférées dans Corée. Sa situation géographique limite les grands centres de distribution. L’aug- cependant sa connexion à d’autres pays. mentation du tra"c de fret a contraint le Par conséquent, l’industrie de la logistique gouvernement coréen à trouver des pistes reliée au transport de marchandises est di- de solution pour réduire la congestion et visée en deux. Le transport outre-mer est assurer la performance des activités in- assuré surtout par voie maritime et, en ce dustrielles et commerciales (OCDE, 2004) qui concerne le transport domestique, le telle que mises en place pour le transport tra"c de fret est concentré majoritairement de personnes. L’intégration des technolo- sur les routes. gies de l’information (TI) et le faible coût de la main-d’œuvre comptent parmi les fac- Pour ce qui est de l’entrée des biens teurs déterminants. 121 tttt Transfert local des minimise, d’une manière signi"cative, la distance, les coûts de logistiques et le temps de transport. biens La Corée conçoit et investit dans des Pour transférer d’un endroit à l’autre infrastructures telles que les ports mari- les marchandises à l’intérieur de la Corée, times, les terminaux multimodaux et les les réseaux de transport routier et ferro- complexes de logistique pour assurer une viaire sont principalement utilisés. Le dé- chaîne d’approvisionnement optimale. veloppement de ces réseaux a permis une Bref, des efforts ont été fournis pour amé- totale connexion entre les pôles écono- liorer la gestion de la chaîne d’approvi- miques (Mappemonde, 2014) et crée le lien sionnement du transport de fret et donc, vital entre les fournisseurs et les clients. une meilleure intégration du transport des marchandises (OCDE, 2003).

Manutention par rails Le réseau ferroviaire coréen, couvrant près de 3590 km et étant très ef"cace pour le transport de personnes, assure seulement 4,5 % du tra"c de marchandises (Kim, 2015). En 2004, deux entités distinctes appartenant au gouvernement gèrent les chemins de fer en Corée : l’Autorité co- réenne du réseau ferroviaire (Korea Rail Network Authority) qui se charge de l’in- frastructure du réseau et le chemin de fer de la Corée (Korea Railroad, abrégé Korail) qui s’occupe des opérations. Bien que les trains de Korail transportent une grande quantité de marchandises, l’opérateur national priorise davantage le développe- ment du réseau ferroviaire pour le trans- port de personnes en raison de sa meil- leure rentabilité.

Au Canada, le réseau ferroviaire En Corée du Sud, le transport de passagers et le transport de fret sont gérés s’étend sur près de 46 000 km et génère par une même compagnie nationale des chemins de fer, KORAIL. © MC des revenus de 10 G$ sur une base an- nuelle (Transport Canada, 2012). Les 95 % Réseau de distribution de ce revenu sont attribuables au trans- Le réseau routier a été construit pour relier port de plus de 300 millions de tonnes de la zone métropolitaine de Séoul à d’autres cargaison en moyenne par année (Trans- grandes villes et, aujourd’hui, il s’étend sur port Canada, 2012), sans compter qu’il y a 100 000 km environ. Ces routes assurent plus d’un exploitant des voies ferrées dont près de 82 % du tra"c de marchandises les dominants, à ce jour, sont le Canadien (Kim, 2015). Les mesures adoptées, au "l National (CN) et le Canadien Paci"que des années, expliquent l’ef"cacité de la lo- (CP). En 2011, le CN et le CP investissent gistique du transport de marchandises en près d’un milliard de dollars chacun dans ville nonobstant la complexité des #ux de les infrastructures liées aux voies, dans les fret urbain dans un pays aussi dense que la Corée. Le réseau en étoile du transport Réseau de distribution en étoile de marchandises est adopté à l’échelle (Réseau hub-and-spoke) Système dans le- nationale pour assurer la distribution ef"- quel le hub constitue une tête de réseau à partir de laquelle partent des lignes secon- cace de cargaison dans les principales daires, régionales et domestiques. villes. En effet, la con"guration en étoile tttt 122 centres de distribution, dans la croissance ment. C’est un tout autre sort qui attend du volume de marchandises transporté et l’industrie québécoise et canadienne. dans la mise à niveau des systèmes de Après la Deuxième Guerre mondiale, le TI (Transport Canada, 2012). Sans aucun secteur a connu, à son tour, une baisse doute, les compagnies de chemin de fer importante de commandes qui a obligé les canadiennes investissent en immobilisa- chantiers à se rabattre sur les navires com- tions pour améliorer l’ef!cacité, la !abilité merciaux. Malgré les subventions à la pro- et la mobilité du réseau ferroviaire en fa- duction, les chantiers ne sont plus compé- veur du transport de marchandises. titifs au plan international (CSN, 2014). La domination des pays aux faibles salaires Transport maritime comme la Corée du Sud favorise la baisse Contrairement au Canada, la manutention des prix internationaux des navires. de marchandises par train en Corée est limitée. Toutefois, dans le transport mari- time, la Corée du Sud s’est développée au !l des années de manière exponentielle. S’inspirant de leurs compétiteurs japonais, les Coréens ont véritablement "euri dans le secteur de la construction navale. Ils ont en effet su s’adapter à leur situation pé- ninsulaire en utilisant leurs connaissances en transport maritime pour se spécialiser dans ce secteur. La construction navale Un peu d’histoire Au début des années 1970, alors que le Japon et l’Europe représentent 90 % de L’immensité et la complexité de cette industrie de pointe l’industrie (CSN, 2014), la Corée du Sud au chantier naval de Daewoo Shipbuilding. © MC n’a aucune expérience lors de son entrée en construction navale. En s’appuyant sur Du point de vue technologique, déjà une main-d’œuvre à moindres coûts et sur dans les années 1980, les chantiers cana- des subventions importantes à la produc- diens sont considérés comme étant dé- tion, la construction navale est devenue passés. Malgré cela, les chantiers québé- un symbole du miracle économique sud- cois font actuellement preuve d’un niveau coréen (Le Figaro, 2010). L’intervention d’activité en croissance. Non seulement le des pouvoirs publics a été déterminante plus grand chantier naval du Québec et du puisqu’en 2005 le pays devient le premier Canada, le chantier Davie de Lévis, est-il constructeur mondial. La Corée a en sa en pleine relance depuis deux ans, mais possession sept des dix plus gros chan- plusieurs chantiers de moindre envergure tiers de la planète et mise particulièrement sont bien actifs dans des créneaux bien sur le haut de gamme. Les plus grands précis (CSN, 2014). Pour le Québec, étant chantiers navals de la planète s’étendent la porte d’accès à l’intérieur du continent sur quatre kilomètres dans la baie de Mipo nord-américain, il est nécessaire qu’au à Ulsan. moins un grand chantier maritime de- meure a!n que la province pro!te de son Malheureusement, suite à la crise accès facile à l’océan Atlantique et des économique mondiale et à l’excès de opportunités d’affaires générées par le capacité de production occasionné par tra!c maritime vers et en provenance des le boom, le secteur connait un ralentisse- Grands Lacs. 123 tttt Les dé!s importants chinois décrochent plus de commandes Étant le deuxième secteur derrière la de navires que les chantiers coréens en pétrochimie, en termes d’apport de de- s’accaparant 44,4 % des commandes vises étrangères en Corée, les dif!cultés mondiales (Le Figaro, 2010). de la construction navale ont un impact sur l’économie nationale. Ses dif!cultés Les faibles coûts des constructeurs s’ajoutent à celles de l’industrie en géné- chinois sont la cause de la fonte des com- ral, qui souffre du ralentissement écono- mandes en Corée du Sud et au Japon. mique mondial (Le Monde, 2014). De 2007 Les géants coréens comme les Indus- à 2014 à l’échelle mondiale, le nombre de tries Lourdes de Hyundai (Hyundai Heavy chantiers navals a été réduit de 629 à 429 Industries, abrégé HHI), la Construction et les prix des navires ont chutés récem- Navale et l’Ingénierie Marine de Daewoo ment. Il y a aussi la faiblesse du yen qui (Daewoo Shipbuilding and Marine Engi- rend les bateaux japonais plus intéressants neering, abrégé DSME), ou les Industries en termes de prix que ceux des Coréens, Lourdes de Samsung (Samsung Heavy ce qui génère une fonte des commandes Industries, abrégé SHI) ont tout de même du côté de la Corée. Les commandes ont une longueur d’avance dans les secteurs reculé de 17 % entre janvier et juin 2014 en à forte valeur ajoutée, soit les méthaniers, Corée (Le Monde, 2014). les conteneurs et les plateformes de fo- rage en haute mer dont la demande aug- mente à mesure que le pétrole se raré!e (Le Figaro, 2010).

La Corée conserve tout de même sa deuxième place mondiale jusqu’à mainte- nant. L’industrie de la construction navale coréenne a des caractéristiques enviables avec les 90 % en équipement que l’on retrouve localement (KOSHIPA, 2014). Les chantiers chinois doivent importer de la Corée de nombreux composants oné- reux comme les moteurs, les génératrices d’électricité, les systèmes d’automatisa- tion et du matériel de navigation (OCDE, 2009).

Le secret réside dans l’innovation La Corée mise beaucoup sur sa capacité d’innovation pour conserver son avan- tage concurrentiel. Son expérience, son haut niveau de quali!cation de la main- d’œuvre et ses équipements maritimes de qualité sont des facteurs de succès sti- L’impressionnant chantier naval de Daewoo Shipbuilding & Marine mulant l’industrie coréenne. Avec un envi- Engineering, le deuxième plus gros constructeur mondial. © MC ronnement propice à la concurrence et à la coopération, les constructeurs coréens La Chine, la Corée et le Japon sont préparent l’avenir du secteur en dévelop- devenus les principaux constructeurs pant en commun de nouvelles techno- de navires marchands et fournissent au- logies novatrices (KOSHIPA, 2014). Pour jourd’hui 80 % de la #otte mondiale. Depuis répondre à la demande actuelle de navires une dizaine d’années, la Chine s’impose de plus en plus gros, plus économes en comme un joueur très important. Sa pro- carburant et respectant les nouvelles gression est fulgurante comme dans bien règles de protection de l’environnement, d’autres secteurs. En 2009, les chantiers les chantiers navals coréens accélèrent tttt 124 leurs efforts pour attirer les commandes. blic-privé (PPP). Plus spéci!quement, la D’ailleurs, la plus grande entreprise cana- règlementation des ports coréens et leurs dienne de transport maritime international institutions sont contrôlées par le gouver- de vrac, Fednav, s’oriente vers l’expertise nement. Les lieux physiques, dépendam- de la Corée pour la construction de brise- ment des ports, sont propriétés à la fois glaces de taille supérieure. La preuve en du public et du privé et les opérations por- est que la Corée a su se distinguer par ses tuaires sont gérées majoritairement par prix compétitifs et par sa spécialité en ce des entreprises privées. Au-delà de ces qui concerne la conception de navires de conventions, il y a le Ministère des terres, plus grande taille. du transport et des affaires maritimes (Mi- nistry of Land, Transport and Maritime Af- fairs, abrégé MLTM) qui est détenteur des Le rôle des ports ports commerciaux tandis que le Ministère de l’agriculture et de la pêche (Ministry of La spécialisation coréenne en Agriculture and Fisheries, abrégé MAAIF) construction navale est indéniable. En possède les ports de pêche. effet, avec pour seul accès terrestre la Co- rée du Nord, la Corée du Sud n’a d’autres choix pour transiter ses importations et exportations que d’utiliser le transport ma- ritime. Ses ports se sont ainsi développés au !l des années, particulièrement celui de Busan, pour placer le pays aujourd’hui parmi les plus grands joueurs asiatiques.

Histoire de l’administration portuaire L’autorité coréenne des terminaux à conte- neurs (Korea Container Terminal Authority, abrégé KCTA), établie en 1990, a été la pre- mière à obtenir le contrôle d’une douzaine de terminaux dans cinq ports coréens. Sa création a pour objectif de stimuler l’éco- nomie nationale à travers un développe- ment et une administration ef!cace des opérations de conteneurs.

Cependant, depuis 2004 lors de la mise en place de la Loi des autorités por- tuaires de Busan, le KCTA a transféré l’en- semble de ses terminaux à conteneurs à l’autorité portuaire de Busan (Busan Port La quantité de marchandises transigeant par le port de Montréal est bien Authority, abrégé BPA). Le port d’Incheon moins qu’à Busan. © MC a également effectué cette réorientation en 2005 lors de l’instauration de l’autorité Pour le Port de Montréal, celui-ci est portuaire d’Incheon (Incheon Port Autho- régi en partie par le domaine public, mais rity, abrégé IPA) (Reveley et Tull, 2008). également de manière à attirer davantage Ainsi, grâce à ce changement de direction, d’investissements de compagnies étran- le secteur privé a pu obtenir une place gères. En effet, le gouvernement cana- plus prépondérante à l’intérieur des mul- dien est propriétaire du port et lègue les tiples ports de la Corée. Les opérations opérations portuaires à l’Administration logistiques et le développement des amé- portuaire de Montréal (APM), une agence nagements portuaires du pays sont donc, fédérale (Port de Montréal, 2014). L’APM de nos jours, le fruit d’un partenariat pu- loue ensuite ses infrastructures à des 125 tttt Busan

Vancouver

2013 Gwangyang 2011 2009

Incheon

Montréal

20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 Quantité de marchandises manutentionnées (en milliers d’EVP) dans les plus grands ports du Canada et de la Corée. sources : Busan Port Authority, 2015; Port de Montréal, 2015, World Port Source, 2015

entreprises privées qui transbordent les ni même au Canada, mais le graphique ci- marchandises, comme Morgan Stanley, haut permet une comparaison des princi- détenteur de deux des trois terminaux à paux ports canadiens et coréens. conteneurs du Port de Montréal (Vallières, 2015). Le port de Busan Le port de Busan, situé en un lieu straté- Les ports coréens gique au sud du pays, contient la majeure En ordre d’importance, les plus grands partie de l’activité portuaire de la Corée. Il ports de Corée sont ceux de Busan, Gwan- accueille en effet 80 % des cargos conte- gyang et Incheon. neurs du pays, 40 % des cargos outre- Chacun des ports de ces villes est situé mer et 40 % de la production nationale dans une zone franche économique per- de la pêche (World Port Source, 2015). mettant un développement important ainsi Les principales activités du port sont les qu’un avantage attirant pour les compa- cargaisons : de textiles, d’électroniques, gnies non coréennes. Le gouvernement in- de machineries, de produits chimiques et siste donc sur ce levier économique pour d’acier et ses dérivés (Busan Port Autho- ériger ses métropoles en tant que centre rity, 2012). Pour 2014, le port a enregis- d’affaires notables au sein de la commu- tré 18,7 millions EVP de marchandises nauté internationale. transitées, une augmentation notoire par L’équivalent de ces zones franches n’est rapport aux 17,68 millions EVP en 2013. pas observable dans les ports au Québec Pour 2015, les prévisions du BPA sont de manutentionner jusqu’à 20 millions EVP de Zone franche économique marchandises (JOC, 2015). Pour les nou- Zone dérèglementée où il est possible d’échanger, d’entreposer ou de manuten- Équivalent Vingt Pieds (EVP) tionner des biens via des frais spéci!ques Unité représentant un conteneur équivalent moins élévés que dans le reste du pays. Une de vingt pieds, utilisée pour représenter le telle zone a pour but d’encourager le dével- nombre de conteneurs dans les ports. oppement économique de la région (Larous- Les conteneurs habituels mesurent 20 ou 40 se, 2015). pieds. tttt 126 Grains maritimes

Minerais de fer

Grains par rails et camions

entrées sorties Autres

Sel

Sucre brut

0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500 Entrées et sorties (en milliers de tonnes métriques) des principales marchandises de vrac solides du Port de Montréal en 2014. source : Port de Montréal, 2014 velles sections du port de Busan, qui est sur une croissance annuelle continue pour en pleine expansion dû à l’augmentation 2015. Étant donné sa proximité pro!table de son tra!c, les différentes phases sont avec la Chine, le port d’Incheon a pour ob- gérées par des sociétés privées telles que jectif d’accumuler le transit de 2,6 millions Hanjin Shipping Co. et Hyundai Merchant EVP de marchandises cette année (Shin, Marine Co (Busan Metropolitan City, 2014). 2015).

Port d’Incheon Le port de Montréal projette égale- Bien que le port d’Incheon soit moins oc- ment une augmentation du tra!c et a déci- cupé que celui de Busan, son emplace- dé d’augmenter en conséquence l’espace ment près de la capitale, Séoul, l’avantage de stockage disponible pour les conte- certainement. Effectivement, le port est neurs. aux portes de la région de Gyeongin, où La visite de Poly-Monde au Port de Mon- s’observe une des plus importantes crois- tréal a permis de déterminer que, grâce au sances économiques du pays. !nancement de Transport Canada s’éle- Concernant la logistique du port, un en- vant à 14,8 M$, la zone utilisable s’agran- semble de 15 compagnies gèrent l’exploi- dira de 13 % aux terminaux Viau et Mai- tation de ses installations, notamment sonneuve, passant d’une capacité de 1,5 Daewoo Logistics et CJ Korea Express. millions EVP à 1,7. La !gure ci-haut illustre Hanjin Shipping gère également avec CJ les principales marchandises transitées au Korex le terminal de conteneurs du Port Port de Montréal en 2014. Notons ainsi la d’Incheon où circulent principalement nuance entre l’absence de manutention de des grains, des voitures et des marchan- textiles pour Montréal contrairement au dises générales. La partie nord du port se port de Busan pour qui les textiles repré- spécialise en manutention de fer avec la sentent le principal contenu de cargaison. présence de la compagnie Hyundai Steel La quantité de grains manutentionnés, (World Port Source, 2015). par voies ferroviaire, routière et maritime Ayant enregistré 2,16 millions EVP en tra- est également très importante au port de !c lors de 2013, puis 2,33 milions EVP en Montréal alors qu’en Corée, il s’agit d’un 2014, l’IPA (Incheon Port Authority) mise aspect négligeable. 127 tttt Dé!s Escoumins et Montréal. Les institutions du #euve Saint-Laurent font d’ailleurs Les mégas navires l’objet de plusieurs critiques concernant En plus de l’augmentation indéniable l’insuf!sance des infrastructures por- du tra!c maritime, le principal dé! au- tuaires. Par exemple, le Port de Québec quel les ports coréens devront faire face a un faible nombre de grues pour dé- est celui de l’introduction dans le mar- charger la marchandise en vrac. Consé- ché des méga navires pouvant conte- quemment, il y a parfois plusieurs jours nir 18 000 EVP, déjà utilisé par Maersk, d’attente pour les paquebots désirant la plus grande compagnie au monde de charger et/ou décharger leur cargaison transport de conteneurs. d’un navire l’autre. Le but des grandes compagnies de La compagnie Canada Steamship Lines transport maritime est de pro!ter des (CSL), basée à Montréal, a su contourner économies d’échelles grâce à une aug- cette faille grâce à son système d’auto- mentation faramineuse du volume de déchargeurs qui ne nécessite aucune in- marchandises transportées par chaque frastructure portuaire. N’étant toutefois bateau. Effectivement, on a des écono- pas le cas de toutes les compagnies de mies d’échelles quand l’accroissement transport maritime, les ports québécois de la quantité transitée fait en sorte que perdent de leur attrait. Toutefois, lors de les coûts unitaires sont moindres. Ainsi, la visite de Poly-Monde au Port de Mon- alors que la quantité de conteneurs aug- tréal, l’administration nous a informés mente, les coûts liés au transport par qu’ils tentaient d’y remédier, entre autre navire diminuent. avec l’augmentation de la capacité de leurs terminaux, cité plus haut. Malheureusement, il y a présence de déséconomies d’échelles pour les auto- Intégration des TI rités portuaires puisque les ports doivent Dans un marché toujours plus compéti- débourser davantage pour construire de tif avec des dé!s constants, le Ministère nouvelles installations permettant d’ac- des affaires maritimes et des pêches cueillir la cargaison de ces navires. Pour (Ministry of Maritime Affairs and Fishe- l’ensemble des ports, les dépenses à ries, abrégé MOMAF) en Corée a créé et fournir n’engendrent donc pas de pro!ts implanté un système opérationnel infor- dans l’immédiat et causent des pertes, matisé pour l’administration de l’infor- provoquant alors ce qu’on appelle des mation dans ses ports. Les entrées et déséconomies d’échelles. sorties des navires sont ainsi recensées À ce jour, le port de Busan n’a pas assez de à l’intérieur du système d’échange de grues suf!samment rapides pour assurer données informatisées (EDI) qui permet un transit ef!cace de ce type de bateau, une communication de machine à ma- tout comme le reste des ports coréens. chine. De plus, les ports coréens sont Toutefois, la Chine transforme rapide- tous interconnectés à travers un réseau ment ses installations pour s’adapter à informatique (Port-MIS) qui permet d’ob- cette nouvelle réalité, rendant la compé- tenir en temps réel toute information sur tition d’autant plus tangible. Montréal, les arrivées/départs, les facturations, pour sa part, n’a tout simplement pas le les prises de décisions, les installations caractère géophysique adéquat dans le portuaires, etc. (IMO, 2004). L’EDI et le #euve Saint-Laurent pour accueillir les Port-MIS permettent ainsi d’épargner navires de 18 000 EVP. sur le nombre de bureaux, de coûts de logistiques et de main-d’œuvre en plus Particularités du Port de Montréal d’augmenter l’ef!cacité des infrastruc- L’accès au Port de Montréal est en fait tures. Un système ouvert, standardisé initialement très complexe étant donné et centralisé des ports assure de cette les particularités du #euve et néces- façon la diminution de la congestion por- site, pour tout navire, la présence d’un tuaire et garde la Corée du Sud au cœur pilote spécialisé pour naviguer entre Les de la compétitivité internationale. tttt 128 Transport de l’énergie

La stratégie établie par chaque pays gétiquement durant une certaine période dans le monde a!n de combler la de- advenant un arrêt soudain de l’approvi- mande énergétique locale est assurément sionnement. Il est intéressant de savoir in"uencée par les ressources présentes que le Canada n’a pas à tenir de telles sur son territoire. C’est d’ailleurs le cas réserves selon les normes de l’IEA étant du Québec qui a choisi l’hydroélectricité donné la grande quantité de ressources pour produire presque la totalité de son qu’il possède (IEA, 2015). De nombreux électricité. La Corée qui est, quant à elle, projets d’exploration ainsi que de pro- dotée de très peu de sources d’énergie n’a duction à l’international sont aussi mis donc d’autres choix que de se tourner vers de l’avant en Corée. Ces projets sont l’importation a!n d’alimenter les différents souvent effectués par des conglomérats consommateurs (International Energy constitués d’entreprises de différents Agency, 2012). Une logistique importante pays ayant un certain intérêt par rapport de transport est donc mise en place pour aux ressources qui peuvent être extraites permettre au consommateur de béné!cier des sites après la construction. de l’énergie.

Politiques énergétiques Depuis 2002, la Corée fait partie de l’In- ternational Energy Agency (IEA). Évidem- ment, de nombreux choix concernant l’énergie de la Corée sont in"uencés par les normes établies par cette organisa- tion. Il est donc important de saisir en quoi consiste ce regroupement a!n de mieux comprendre par la suite les décisions prises par le gouvernement coréen dans le domaine énergétique. L’IEA regroupe 29 pays et a pour but de s’assurer que ses différents pays membres ont une énergie !able, abordable et propre. L‘IEA axe entre autre ses activités sur la sécurité énergé- La Mission 2015 en visite au Ministère du Territoire, des Infrastructures et du tique, le développement économique ainsi Transport, acteur majeur de la gestion des ressources énergétiques que la protection de l’environnement (IEA, en Corée du Sud. © MC 2015). Également dans le but d’amélio- Dans le but de soutenir les objec- rer le bilan énergétique coréen, d’autres tifs de l’IEA et également de pallier les politiques sont mises en place concer- faibles ressources naturelles locales, nant l’environnement. La Corée possède une politique de sécurité énergétique a actuellement la plus faible proportion été mise sur pied en Corée. Un des as- d’énergie renouvelable de l’OCDE. Le pects importants de cette politique est gouvernement désire donc instaurer un la diversi!cation des pays d’importation programme a!n d’augmenter l’exploita- de l’énergie. Dans le cas d’une situation tion de ce type d’énergie. Toujours dans imprévue, telle une catastrophe naturelle l’objectif de mieux respecter l’environne- dans un des pays fournissant des res- mental, la Corée s’est engagée à réduire sources, la Corée ne serait ainsi pas pri- ses émissions de gaz à effet de serre de vée de ses sources d’énergie. Des quan- 30 % d’ici 2020 (IEA, 2012). Comment ce tités minimales de réserves d’énergie ont pays réussira-t-il à atteindre ces objectifs également été !xées dans le pays. Cela considérant les sources actuelles d’éner- permet à la Corée d’être autonome éner- gie utilisées? 129 tttt Sources primaires rel, ils proviennent de l’Ouest canadien, du sud de l’Ontario ou de pays étrangers via les ports de l’Est du Canada. Grâce aux d’énergie ressources québécoises et canadiennes, A!n de produire l’énergie nécessaire l’importation de ressources naturelles est pour répondre à la demande coréenne, faible comparativement à la Corée (Chas- une variété de sources d’énergie primaires sin, 2013). sont utilisées. L’apport énergétique pro- vient majoritairement du pétrole (36 %) Gaz naturel et du charbon (31 %), mais le gaz naturel La production nationale de gaz naturel en (16 %) ainsi que de l’uranium (15 %) sont Corée ne représentait en 2012 que 0,3 % également présents en Corée. L’énergie de la consommation totale. Dans le but de renouvelable représente quant à elle seu- faciliter l’importation de cette ressource, lement 2 % de l’approvisionnement (IEA, la Corée du Sud a voulu mettre sur pied 2012). un projet de pipeline la reliant à la Russie. Cependant, la Corée du Nord s’oppose Notre situation énergétique farouchement à cette idée. Comme c’est Évidemment, la réalité canadienne et le cas pour de nombreux autres secteurs, québécoise n’est pas la même en ce la Corée se retrouve donc totalement dé- qui concerne les enjeux énergétiques. pendante de son commerce maritime. Les Contrairement à la Corée, les ressources différents navires contenant du gaz naturel présentes localement permettent au pays proviennent de plusieurs pays pour res- de se rapprocher d’une indépendance pecter la politique de sécurité énergétique. énergétique. La consommation énergé- tique québécoise provient majoritairement Actuellement, aucune de ces impor- du pétrole (40 %), de l’électricité (39 %) tations ne provient du Canada. Cependant, ainsi que du gaz naturel (13 %) (Boulanger, l’entrée en vigueur de l’accord du libre- 2015). De la portion électricité, c’est 99 % échange augmentera certainement la part de celle-ci qui provient de l’hydroélectrici- du Canada dans les sources d’importation té (Hydro-Québec, 2015). Cette ressource du gaz naturel en Corée (Government of renouvelable présente en grande quantité Canada, 2015). Lors du transport par ba- au Québec joue un rôle important dans teau du gaz naturel, il est peu pratique de l’indépendance énergétique québécoise. le déplacer sous sa forme gazeuse, soit Pour ce qui est du pétrole et du gaz natu- celle que l’on observe à température et à pression courante, étant donné qu’elle prend une quantité importante d’espace. 21% La solution à ce problème consiste à le 29% transformer en gaz naturel liqué!é (GNL)

Qatar Pour ce qui est du Québec, le gaz na- Indonésie turel consommé provient majoritairement de deux endroits, soit le sud de l’Ontario et Oman 7% de l’Alberta (Gaz Métro, 2013b). Le trans- Malaysie port de cette source d’énergie se fait par Yemen pipeline à travers le Canada, ce qui per- Autres Gaz Naturel Liqué!é 11% La température du gaz est réduite à -162 °C, ce qui amène le gaz à l’état liquide et permet de diminuer son volume de 600 fois. De plus, 21% l’état liquide permet de conserver le gaz na- turel à pression ambiante, diminuant du même 11% coup les risques d’explosion. Cette solution Pays d’origine des importations de gaz naturel en 2012. est optimale pour le commerce maritime qui source : Energy Supply Security, 2014 est limité en espace mais pas en poids. tttt 130 met au Québec d’éviter la procédure de bâti pour subvenir aux besoins de cette liquéfaction pour l’acheminement. La pro- région, mais aussi en prévision d’importa- vince utilise cependant la technologie du tions méthanières provenant de l’Est de la gaz naturel liqué!é pour d’autres utilités Corée. tel que le carburant des véhicules lourds. L’usine LSR de Gaz Métro permet de liqué- Étant donné que les États-Unis se !er le gaz naturel arrivant par pipeline, de rapprochent de l’autosuf!sance en termes stocker le GNL ainsi que de procéder à la de gaz naturel en raison de l’exploitation regazéi!cation lorsque nécessaire (Gaz accrue du gaz de schiste, on assiste donc Métro, 2013a). Cela permet aussi à Gaz à une diminution de l’exportation du gaz Métro de faire des réserves qui peuvent naturel canadien vers les États-Unis. Le par la suite être utilisées lorsqu’il y a une gouvernement se tourne donc vers le mar- augmentation importante de la demande. ché international. Actuellement, ce sont 17 projets de terminal d’exportation qui sont La place de la Corée dans le en processus d’examen au Canada (Gou- secteur du GNL vernement du Canada, 2014). La Corée Ayant un grand besoin en importation pourrait ainsi être intéressée par les res- de gaz naturel, la Corée s’est lentement sources qui seront exportées à partir de démarquée au niveau mondial pour son ces terminaux. Les investissements effec- expertise dans le processus de transfor- tués par la Corée dans LNG Canada per- mation en gaz naturel liqué!é, jusqu’à de- mettent également de croire à de futurs venir maintenant le plus grand importateur échanges. mondial de GNL. Ce sont actuellement quatre ports méthaniers qui sont en place Marché du gaz naturel pour accueillir les nombreux bateaux arri- Ce sont 37 navires de transport de GNL qui vant en Corée avec le gaz naturel liqué!é. ont été commandés à Daewoo Shipbuil- Un cinquième terminal est présentement ding en 2014, contre seulement 7 en 2013. en construction à Samcheok (IEA 2012). Il est ainsi possible de croire que la chute du prix du pétrole éloigne la compagnie L’emplacement du futur port métha- de construction navale de la production nier permet de présumer que celui-ci est de matériel d’extraction du pétrole vers la

Installations gazières en Corée du Sud. © MC source : Energy Supply Security, 2014

131 tttt distribution du gaz naturel. Comme l’ex- l’importation provenant d’autres sources pansion de l’exploitation de gaz de schiste que le Moyen-Orient. est très importante mondialement, l’exper- tise de la Corée dans le transport de gaz Transport du pétrole naturel lui sera très béné!que dans les Il est clair qu’a!n de transporter tout ce prochaines années. Cette source d’éner- pétrole, de nombreux pétroliers doivent gie lui permettra également de réduire son se déplacer jusqu’aux différents ports pré- impact environnemental. sents sur le sol coréen. Jumelant son fort besoin pour l’acheminement de pétrole et Pétrole ses connaissances dans le domaine de Plusieurs similitudes entre l’organisation la construction navale, la Corée a fait de du transport pétrolier et gazier sont exis- nombreuses avancées reliées aux pétro- tantes en Corée; une société d’État en liers (DMSE, 2015). Daewoo travaille entre charge d’alimenter le pays, une ressource autres sur la construction de bateaux importée à 99 %, etc. Cependant, contrai- foreurs simpli!ant le processus lors de rement au gaz naturel, le gouvernement a l’extraction des ressources. De plus, cette comme plan de diminuer la part du pétrole compagnie coréenne construit actuelle- dans son bilan énergétique. Il est certain ment une raf!nerie #ottante pour l’entre- que cet objectif est ambitieux vu les res- prise française Total d’une valeur de 2,1 sources présentes en sol coréen, mais milliards de dollars pour raf!ner au large elle permettra de réduire l’empreinte éco- de l’Angola ce qui permettra de limiter le logique de la Corée, le gaz naturel étant transport de pétrole brut. Cette techno- moins polluant que le pétrole. logie évitera également le transport du pétrole dans les régions développées pour Importations de pétrole procéder au raf!nement et, par la suite, le Malgré l’effort pour varier ses sources d’im- réacheminement dans les régions moins portation, la forte dépendance de la Corée développées près du site d’exploitation. envers le Moyen-Orient est évidente. En 2011, c’est 87 % du pétrole brut qui prove- Charbon nait du Moyen-Orient. Cette région est sui- Le charbon est actuellement très utilisé vie par l’Asie, la Russie et l’Indonésie. A!n comme source d’énergie en Corée avec de diversi!er les sources d’importation, 31 % de la consommation énergétique le gouvernement a mis sur pied des pro- primaire. La présence en sol coréen d’une grammes de subventions encourageant certaine quantité de cette ressource est évidemment favorable à son usage. De plus, en Asie-Paci!que, le prix des impor- tations de gaz naturel liqué!é est en grande partie indexé au prix du pétrole. Le coût de cette ressource est donc plus élevé qu’à Saudi Arabia plusieurs autres endroits. Ce phénomène Kuwait donne ainsi un avantage à l’utilisation du Qatar charbon. La grande consommation de Émirats arabes unis cette ressource en Corée lui donne le titre de troisième plus grand importateur mon- Iraq dial de charbon. Iran Autres Malgré le fait que le charbon soit avantageux économiquement, il est cer- tain que ce type de ressource ne corres- pond pas aux politiques environnemen- tales mises en place. En fait, la production du chauffage ainsi que de l’électricité à Pays d’origine des importations de pétrole en 2012. source : Energy Supply Security, 2014 base de charbon ont représenté 30 % des émissions de gaz à effet de serre en 2010. tttt 132 Dans le but d’atteindre ses objectifs éner- désaccords face à l’énergie nucléaire. Le gétiques, le gouvernement réduit donc gouvernement a alors mis sur pied plu- graduellement les subventions qui étaient sieurs mesures a!n de rassurer la popu- instaurées dans le secteur du charbon. lation coréenne quant à l’utilisation de ce type d’énergie. Malgré les insécurités, la Il est cependant évident qu’il sera population n’a eu d’autre choix que de se dif!cile de faire disparaitre le charbon en rendre à l’évidence qu’il était dif!cile de se Corée. C’est pour cette raison que diffé- départir de cette source d’énergie a!n de rentes recherches sont faites concernant combler la demande ainsi que de diminuer le « charbon propre ». Ce concept consiste les émissions de gaz à effet de serre. à réduire les émissions de gaz à effet de serre créées lors de la production de Il est évident que les enjeux de la l’électricité. La capture et l’entreposage du sécurité et des déchets radioactifs sont carbone est une technologie utilisée dans maintenant très importants lorsqu’il est cette optique. Il est ainsi intéressant de question d’énergie nucléaire en Corée. Une voir que des efforts sont faits a!n d’amé- organisation, Korea Radioactive Waste liorer les processus reliés au charbon pour Management (KRMC), a d’ailleurs été mise minimiser les impacts sur l’environnement sur pied en 2009 a!n de résoudre les pro- créés par cette ressource. blèmes reliés à ces déchets. La construc- tion d’un site permettant d’accueillir ces Uranium résidus a également débuté en 2007 a!n Avec la situation énergétique de la Co- de s’assurer qu’ils soient dans un endroit rée ainsi que les avantages de l’énergie sécuritaire. Cependant, ce site ne pourra nucléaire par rapport aux autres sources accueillir que les déchets radioactifs de d’énergie du pays, le gouvernement lui ac- niveau faibles ainsi que moyens, le pro- corde une place importante. Étant le type blème persistera donc pour les déchets de d’énergie avec le plus faible coût du pays, type élevés. cela confère à l’uranium un atout considé- rable (KAERI, 2015). De plus, le nucléaire est une option intéressante a!n de pro- gresser du côté environnemental ce qui est plus ardu avec les énergies fossiles. Puisque l’énergie atomique conservera sa place dans le secteur énergétique coréen, le gouvernement effectue de nombreux projets de R&D en collaboration avec l’Ins- titut coréenne de recherche sur l’énergie atomique dans le but d’améliorer les pro- cessus reliés à ce type d’énergie (Korea Atomic Energy Research Institute, abrégé KAERI) (Bataille et Birraux, 2011).

La part de l’énergie nucléaire au Qué- bec est évidemment très différente. En fait, au moment où les québécois apprennaient la fermeture de Gentilly-2 en 2012, c’était Au KIER, centre de recherche en énergie, les énergies renouvelables sont 23 centrales nucléaires qui étaient en opé- mises de l’avant. © MC ration en Corée. À ce moment, cinq autres étaient en construction. Énergies renouvelables La présence de l’énergie renouvelable en Impacts de Fukushima Corée est présentement très faible. Cepen- Suite aux événements de Fukushima en dant, de nombreux projets de recherche 2011, plusieurs personnes se sont évidem- sont effectués à l’Institut coréenne de ment rassemblées a!n de montrer leurs l’énergie (Korea institute of energy re- 133 tttt search, abrégé KIER) a!n d’augmenter la centrales. Elles doivent trouver un cours proportion de ce type d’énergie dans le d’eau offrant un débit, une puissance ainsi pays. Même si plusieurs idées sont élabo- qu’un bassin de rétention assez importants rées dans ce centre de recherche, il n’est pour offrir capacité et stabilité au réseau pas simple de les mettre en pratique dans électrique. Pour cette raison, les centrales le pays par la suite. A!n de les instaurer, le sont éloignées des grandes villes, ce qui gouvernement a obligé de grandes entre- engendre d’importants dé!s relativement prises à installer des panneaux solaires au transport d’énergie dans la province pour produire une partie de l’énergie qu’ils (Hydro-Québec, 2015). consomment (KIER, 2015). En premier lieu, il est intéressant de Il n’est évidemment pas simple de remarquer que le Québec possède près de produire l’énergie nécessaire pour sub- 14 fois plus de lignes à 735 kV que la Corée venir aux besoins de la Corée. Il est ce- du Sud. Une seule ligne existe en Corée, pendant intéressant d’observer les tech- et elle traverse l’île de l’Est à l’Ouest, par- nologies qui sont mises sur pied a!n de tant de la centrale nucléaire près d’Uljin et simpli!er l’approvisionnement et diminuer passant près de Séoul avant de rejoindre la dépendance du pays. la centrale au charbon de 4 GW de Dan- gjin. L’objectif de ces lignes à très haute- tension est de réduire les pertes de charge De la production à dans les !ls ainsi que l’empreinte terrestre laissée par les pylônes. Le courant étant l’élément limitant lors du transfert d’éner- la consommation gie, il est possible de palier cela en aug- L’électricité de la Corée est prin- mentant la tension. C’est d’ailleurs au cipalement générée grâce au charbon Québec que s’est développée la technolo- (45,2 %), au nucléaire (29,1 %) et au gaz gie pour monter la tension à 735 kV, dans naturel (21,2 %). Ces formes de produc- les années 1970. Dans le cas du Québec, tion d’énergie amènent des contraintes de les lignes descendent des grands bassins positionnement pour les centrales qui sont hydrographiques du Nord et du Nord-Est bien moins exigeantes que pour une pro- jusqu’au Sud, dans la région métropoli- duction éolienne ou hydro-électrique. Cela taine de Montréal et jusqu’aux États-Unis permet donc de diminuer les distances (Hydro-Québec, 2015). à parcourir entre la production d’électri- cité et sa consommation. Par contre, ces La Corée ayant une population beau- formes de production sont dépendantes coup plus élevée que le Québec, il est nor- des ressources naturelles importées, et il mal qu’elle possède plus de lignes pour est donc avantageux d’installer ces cen- distribuer son électricité. Par contre, le trales près des côtes pour diminuer les ratio n’est pas proportionnel à la popula- coûts de transport. tion. Ceci est dû à la forte concentration Type de ligne de de la population coréenne dans des com- Corée du Sud Québec transmission plexes d’habitations très denses, limitant 735 kV / 765 kV 835 km 11 683 km du même coup l’étendue du réseau (KEP- CO, 2015b). 345 kV / 315 kV 8653 km 5438 km 69 kV à 230 kV 21 530 km 12 293 km De plus, grâce à toute l’expertise Courant continu 231 km 1218 km acquise, KEPCO exporte maintenant ses Longueur du réseau électrique en Corée du Sud et au Québec. services à titre de consultant en maints sources : IEA, 2012 et Hydro-Québec, 2014 endroits dans le monde. Hydro-Québec, quant à elle, a offert cette expertise pen- Au Québec, puisque la production dant une courte période avant de mettre provient à 99 % de l’hydroélectricité, nous !n à ce programme dans les années 2000 sommes complètement dépendants de (Boulanger, 2015). C’est intéressant de re- l’hydrographie pour l’installation de nos lever cette différence majeure entre KEP- tttt 134 Le réseau de lignes électriques en Corée du Sud. © MT

CO et Hydro-Québec : respectivement, tance. C’est un avantage de ce type de l’un envoie des équipes de consultants à ligne lorsque le trajet se fait sous l’eau. l’étranger et l’autre se contente de vendre En effet, la résistance capacitive d’un ses technologies à des entreprises à tra- câble sous-marin est beaucoup plus forte vers le globe. avec un courant alternatif qu’un courant continu. L’île de Jeju est le pilier du pro- La ligne en courant continu en Corée gramme d’énergies renouvelables coréen relie le continent à l’île de Jeju. La pré- puisqu’elle possède 60 % du potentiel sence d’une ligne à courant continu est national en énergie éolienne. Il est donc particulièrement utile lorsque la ligne est essentiel que celle-ci soit reliée au réseau longue de plus de 1000 km. Ceci permet continental. L’énergie éolienne est très de réduire les pertes et de synchroniser instable. Elle offre une puissance aléatoire deux réseaux en courant alternatif diffé- et ne peut donc pas suivre les cycles de rent. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la demande énergétique. Pour permettre Hydro-Québec possède une ligne à haute- l’offre d’un service de qualité aux habitants tension en courant continu de 1218 km, de l’île, il aurait été possible de compen- du complexe La Grande jusqu’aux États- ser cela avec des centrales locales à base Unis. Puisqu’Hydro-Québec est sur un d’énergie fossile. Il fût jugé plus pertinent réseau indépendant de celui du Nord-Est de relier Jeju au réseau national et, donc, américain, cette ligne permet d’isoler son de pouvoir pro"ter des surplus d’éner- réseau face aux problèmes pouvant surve- gie fournis par les éoliennes lorsque la nir chez nos voisins du sud. demande n’est pas au rendez-vous loca- lement. Une autre solution pour réguler le La Corée a utilisé le même système, réseau réside dans l’utilisation de la tech- mais sur une beaucoup plus petite dis- nologie du réseau électrique intelligent. 135 tttt L’arrivée du réseau intelligent ser la demande, en régulant les appareils Le réseau électrique intelligent (commu- plus énergivores, de manière à repousser nément appelé Smart Grid), consiste en ou devancer leur utilisation face aux pics l’utilisation des TI afin de réguler la dis- de demande énergétique. tribution d’énergie électrique dans un Par exemple, pour éviter qu’un chauffe- système. Cette solution permet d’opti- eau ne se mette en fonction en période de miser la production et la consomma- pointe, il est possible de le programmer tion de manière à augmenter l’efficacité a"n de retarder son démarrage. énergétique du système et d’incorporer plus facilement la production d’énergies Au Québec, le réseau intelligent en renouvelables. est encore à ses balbutiements, avec l’ins- tallation des compteurs intelligents bien- C’est en 2009 que la Corée lance tôt complétée. Les nouvelles bornes de sa phase de recherche et développe- recharge pour les véhicules électriques ment du réseau intelligent sur l’île de suivent le même modèle, en déphasant Jeju. Le financement provient à 30 % du leur utilisation en fonction des périodes de gouvernement, 10 % de KEPCO et 60 % pointe, grâce une communication impor- de compagnies privées telles que LG, tante entre les opérateurs des bornes et HYUNDAI ou SK. L’objectif est de dé- Hydro-Québec. velopper la technologie innovatrice du réseau intelligent pour ensuite l’implan- Cent pour cent en 2030, voici l’ob- ter dans tout le pays, réduisant ainsi la jectif visé par le gouvernement coréen production de gaz à effet de serre. Ne pour l’île de Jeju ; le réseau intelligent s’arrêtant pas là, les Coréens désirent implanté entièrement, 100 % de véhicules exporter le concept à l’international électriques et 100 % d’électricité prove- (KEPCO, 2015a). nant de sources renouvelables. Ces ob- jectifs très imposants font de l’île le fer de Les problèmes énergétiques se lance des politiques de croissance verte trouvent plus souvent au niveau de la du pays. capacité du réseau lors des moments de forte demande plutôt que de la quantité Comme on a pu le constater, les moyenne demandée. Pour régler ces pro- politiques énergétiques de la Corée sont blèmes, le réseau intelligent permet de lis- intimement liées à son isolement géogra-

La Mission 2015 en visite au KAIST, lieu de développement des technologies de transport les plus avancées. © MC tttt 136 La topographie de la Corée pose de réels dé!s au développement des lignes à haute tension. © MC phique ainsi qu’au cruel manque de res- adapté à ses besoins. sources naturelles. En pro!tant de ses avancées dans les Pour pallier ces problèmes, le pays a su technologies de l’information pour se faire preuve d’ingéniosité en diversi!ant développer une expertise dans le réseau ses sources d’approvisionnement et en intelligent, le pays a su plani!er son avenir construisant un réseau de distribution bien intelligemment. Synthèse Avec une grande population sur un si d’une ampleur sans pareil. petit territoire accidenté et faiblement do- Et malgré une dépendance complète pour tés en ressources naturelles, les Coréens l’importation de ressources énergétiques, ont su s’organiser ef!cacement pour dé- elle a su développer des partenariats à velopper la mobilité à l’intérieur des villes l’international pour s’assurer un apport et entre ses grands centres urbains. constant, une sécurité. Son réseau de transport en commun dans Étant dotée d’une vision à long terme éla- la ville de Séoul attire régulièrement des di- borée, déjà des plans sont sur la table pour rigeants d’à travers le monde qui viennent une voie ferrée la reliant avec le monde en s’en inspirer. cas d’entente avec la Corée du Nord, reste Avec une économie manufacturière très à voir si les impératifs économiques auront productive, le pays a construit des ports raison des con"its. 137 tttt La cérémonie de la garde au palais de Gyeongbokgung, Séoul. © MC

« À la "n du labeur vient le bonheur. » - proverbe coréen Conclusion et références classées par chapitre

139 tttt Visite chez Samsung C&T. © MC

Un voyage rempli de surprises

La Corée du Sud, aujourd’hui 15e d’or a"n d’aider le pays à sortir d’une des puissance mondiale, possède une des pires crises économiques de son histoire plus fortes croissances de productivité (BBC News, 1998). parmi les pays de l’OCDE. Chose peu sur- prenante lorsque l’on s’aperçoit que la Cet endroit du monde qui est une moyenne d’heure travaillée par an dépasse péninsule sur carte géographique, devient les 2300 heures et que 49 % des Coréens une île lorsqu’on l’inspecte avec une len- ont un diplôme universitaire (Choi, 2015). tille géopolitique, étant donnée sa situa- tion particulière avec la Corée du Nord. Grâce aux efforts gouvernementaux Malgré cela, cette localisation demeure et à une population déterminée à faire idéale en plein cœur de l’Asie du Nord- de son pays quelque chose de toujours Est, région comptant pour un cinquième de la population et 30% du PIB mondial. Elle inonde notre quotidien avec sa hallyu, que certains découvrent par la musique tandis que d’autres tombent pieds par- dessus tête pour ses télé-séries aux thé- matiques universelles telles que l’amour et la famille. Et si ce n’est pas de sa culture que vous avez eu vent, alors sûrement avez-vous déjà été en présence d’une des multiples avancées technologiques provenant de la Corée du Sud qui parsèment nos vies.

Ce qui ressort de notre visite en Corée Les ressources rares de capitaux et de res- sources humaines sont allouées en priorité aux chaebols. L’État coréen a aussi réalisé un important effort en termes d’éducation, ce qui a permis de fournir aux entreprises une main-d’œuvre très quali"ée. Cepen- dant, ces étudiants de tous âges passent La Mission à la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. © MC un nombre d’heures quasi inhumain pour essayer de percer le marché du travail et meilleur, elle est aussi passée du statut obtenir un poste dans l’une de ces prodi- de pays béné"ciaire de l’aide publique au gieuses compagnies. développement à celui de donateur impor- Le gouvernement semble vouloir contrer tant. Depuis 2010, elle fait même partie du cette tendance à l’aide de programme fa- Comité d’Aide au Développement (CAD). vorisant les PME et l’entrepreneuriat, mais Bien dif"cile d’ignorer l’effort de la popula- l’importance liée au statut qu’apportent tion coréenne en entier lorsque celle-ci fait ces titans reste extrêmement dif"cile à la queue pour donner bijoux et autre pièce combattre. tttt 140 La Corée demeure un meneur au ni- un peu moins de 60 ans suite à la guerre veau technologique, cela est indéniable. de 1950 à 1953 lors de laquelle les deux Autant au Québec qu’au Canada, il y a super-pouvoirs, en l’occurrence l’Union beaucoup à apprendre concernant tout ce Soviétique et les États-Unis, utilisent la qui est question de transport en commun, Corée comme terrain de jeu pour leur surtout lorsque l’on prend pour exemple guerre par procuration. La Corée a souf- une ville comme Séoul, qui arrive à desser- fert d’une destruction incontestable lors vir un peu plus de 25 millions d’habitants. de ces 3 années et malgré cela a réussi à Pour un tel débit, la propreté et l’ef!cacité renaître de ses cendres pour devenir une des services étaient étonnantes. force à ne pas négliger.

Une autre partie importante de la Dotée d’une riche histoire, d’une culture coréenne est la forte consomma- langue bien unique ainsi que d’un alphabet tion de jeux vidéo, qu’elle soit récréative qui lui est propre (hangeul), la Corée dans ou compétitive. Les Sud-Coréens sont son état actuel demeure un jeune pays in- si avides de ces jeux en ligne que l’État dépendant. En effet, l’avenir semble bien a jugé bon d’instaurer une « loi Cendril- prometteur pour ce pays au matin calme. lon », loi interdisant aux enfants de moins de 16 ans à se connecter à Internet entre minuit et 6 heure du matin.

Le développement d’applications mobiles et la conception de jeux vidéo sont des domaines en pleine explosion à Montréal, Toronto, Vancouver ainsi qu’à d’autres centres urbains du Canada. On peut même voir un intérêt grandissant pour les « sports électroniques » (esport) au Canada, avec des compagnies comme Cineplex qui investissent des millions de dollars pour permettre le visionnement et la tenue d’évènements de ce type partout au Canada (Henderson, 2015). Intérêt cer- tainement in#uencé par des pays comme la Corée du Sud qui supporte des joueurs de jeux vidéo professionnels (pro-gamer) depuis le début des années 2000 (KeSPA, 2015). Le festival des lanternes se tenait en mai lors de notre visite. © MC Rappelons que tout cela s’est fait en

141 tttt Géopolitique Affaires étrangères Gouvernement du Canada. (2015, 10 avril). Accord de libre-échange Canada - Corée. Canada International. Repéré 18 mai 2015, à www.international.gc.ca/trade-agreements-accords- commerciaux/agr-acc/korea-coree/index.aspx?lang=fra Armstrong, C. K. (2014, 29 janvier). Korean History and Political Geography. Asia Society. Repéré 15 avril 2015, à www.asiasociety.org/korean-history-and-political-geography Autere, G. (2014, 31 juillet). Corée : une réuni!cation si proche et si lointaine…. Repéré à www.opinion-interna- tionale.com/2014/07/31/coree-une-reuni!cation-si-proche-et-si-lointaine_28582.html Banque Mondiale. (2013). World Development Indicators | Data | The World Bank DataBank - Create Widgets or Advanced Reports and Share. Repéré 14 mai 2015, à http://databank.worldbank.org/data/views/ reports/tableview.aspx Benjebria, L. (2015, 13 février). Pyongyang menace, la Corée du Sud se rallie aux Etats-Unis. Le Journal Inter- national. 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151 tttt Mission Poly-Monde 2015 en Corée du Sud

Rapport de Mission novembre 2015

Imprimé à Montréal, QC, Canada par Poly-Copie, Polytechnique Montréal sur du papier 100 % recyclé

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