Histoire Anecdotique De La Fronde
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HISTOIRE ANECDOTIQUE DE LA FRONDE — 1643 à 1653 — PAR AUGUSTIN CHALLAMEL PARIS - LIBRAIRIE NOUVELLE - 1860. CHAPITRE PREMIER. — INTRODUCTION. — Année 1642 jusqu'au 21 février 1643. CHAPITRE II. — Du 21 février 1643 au 8 mai 1643. CHAPITRE III. — De mai 1643 au 1er janvier 1644. CHAPITRE IV. — Du 1er janvier 1644 à juin 1648. CHAPITRE V. — De juin 1648 au 28 août 1648. CHAPITRE VI. — Du 28 août 1648 au 1er septembre 1648. CHAPITRE VII. — Du 1er septembre 1648 au 1er janvier 1649. CHAPITRE VIII. — Du 1er janvier I649 au 13 janvier 1649. CHAPITRE IX. — Du 13 janvier 1649 au 1er avril 1619. CHAPITRE X. — Du 1er avril 1619 au 25 août 1649. CHAPITRE XI. — Du 25 août 1649 au 4 janvier 1650. CHAPITRE XII. — Du 4 janvier 1650 au 18 janvier 1650. CHAPITRE XIII. — Du 18 janvier 1650 au 6 avril 1651. CHAPITRE XIV. — Du 6 avril 1651 au 8 septembre 1651. CHAPITRE XV. — Du 8 septembre 1651 au 11 avril 1652. CHAPITRE XVI. — Du 11 avril 1652 au 3 juillet 1652. CHAPITRE XVII. — Du 3 juillet 1652 au 12 août 1652. CHAPITRE XVIII. — Du 12 août 1652 au 29 mars 1653. CHAPITRE XIX. — Du 29 mars 1653 à la fin de la Fronde. CHAPITRE XX. — CONCLUSION. CHAPITRE PREMIER INTRODUCTION . — Portraits des Importants, des Petits-maîtres, des Frondeurs, et des Mazarins. — La fortune rapide de Giulio Mazarini. — Mort du cardinal de Richelieu ; gravures, vers, anagramme, canards, etc. ; quatrain de Benserade. — Mazarin succède de fait à Richelieu. — Caractère du nouveau ministre. — Louis XIII hérite. — Retour des exilés ; délivrance des embastillés. — Mot du comte de Tréville. — Gaston, duc d'Orléans. — Quatrain sur Richelieu et Bassompierre. — Le maréchal de Vitry. — Le comte de Cramail. — Année 1642, jusqu'au 21 février 1643 — Pendant dix années, de 1643 à 1653, quatre partis d'inégales forces ont lutté pour s'emparer du pouvoir en France : — les Importants , les Petits-maîtres , les Frondeurs et les Mazarins ; pendant dix années, d'abord sous un roi mourant, puis sous un roi mineur, toutes les passions politiques se sont entrechoquées sans générosité, sans bonne foi, sans vergogne, se calomniant toujours, parfois se calmant à demi, ne se pardonnant jamais. Jalousies traduites en intrigues, intrigues transformées en guerres, guerres dégénérées en massacres, — tel est le caractère de cette période historique, dont on a trop méconnu le sérieux caché sous mille excentricités, faits comiques et ridicules mascarades. L'époque communément dite de la Fronde mériterait à peine qu'on s'en occupât, si les recherches de l'historien devaient simplement aboutir à une narration peu intéressante de petits moyens employés par tel prince pour abaisser un rival, par telle galante dame pour obtenir les hommages d'un gentilhomme à la mode et pour lui faire des lois de ses caprices. Ce serait matière à roman, et rien de plus. Mais à qui sait découvrir le fond grave sous la forme légère, à qui fait passer les malheurs publics avant les infortunes particulières, ces dix années de troubles paraissent dignes de remarque : elles ont vu s'opérer une crise dans l'existence du peuple français ; elles ont vu agoniser et mourir le régime féodal, en même temps que naître les prétentions politiques de la bourgeoisie et les aspirations libérales des classes infimes émancipées par la misère. Aussi ne doit-on pas comparer la Fronde avec la Ligue , si ce n'est pour certaines formes insurrectionnelles, comme les barricades, les travaux de fortification aux barrières, les prises d'armes, etc. Celle-ci, outre son essence religieuse, était une manifestation de la noblesse française prétendant s'immiscer dans l'ordre de succession au trône, couronner le cardinal de Bourbon à la place d'Henri VI le huguenot, et lui donner le nom de Charles X. La bourgeoisie, en 1589, ne s'arma qu'en faveur du principe royal. La Fronde, au contraire, soutint simultanément deux principes : bourgeoise, elle demanda des réformes, des apparences de liberté ; nobiliaire, elle réclama ses anciens privilèges, presque anéantis par Richelieu. Dans ce conflit, quel fut le sort des populations des villes et des campagnes ? Elles souffrirent de la misère et de la faim, se mêlèrent aux combattants, mais vainement, pour leur propre compte ; elles applaudirent ensuite au triomphe de la royauté, parce qu'elles espérèrent en la puissance absolue de Louis XIV. La noblesse et la bourgeoisie les avaient si complètement niées, que jamais leurs intérêts n'avaient été défendus. Mais n'entrons pas dans des considérations générales que le lecteur devra établir lui-même après l'exposé des faits. Le côté sérieux de la Fronde nous semble assez indiqué par ces quelques mots. Contentons-nous de terminer cette digression par une définition préalable des quatre partis qui se succédèrent sur la scène politique, de 1643 à 1653. Ouvrez le Dictionnaire de l'Académie, au mot Important, et vous y lirez : Se dit d'un homme vain qui cherche à donner aux autres et qui a souvent lui-même une opinion exagérée de sa qualité, de son mérite, de son crédit . Définition très exacte de tout gentilhomme qui figura dans la cabale empressée d'annihiler, après la mort de Richelieu, l'œuvre commencée ; cabale composée, dit Retz, de cinq ou six esprits mélancoliques, qui avaient la mine de penser creux, qui sont morts fous, et qui, dès ce temps-là, ne paraissaient guère sages . Les importants étaient ainsi nommés parce qu'ils avaient l'air vain et orgueilleux, débitaient des maximes d'État, et rêvaient le rétablissement des anciennes lois du royaume. Ils voulaient faire revivre le passé. Presque en même temps qu'eux parurent les petits-maîtres , qui poursuivirent un but à peu près pareil, mais qui procédèrent très différemment. Jeunes, pour la plupart, ils se faisaient remarquer par une élégance recherchée, avaient les manières libres et le ton avantageux avec les femmes, affectaient les formes lestes et tranchantes, sans viser à la science politique, étaient brusques, impatients, se conduisaient en un mot alla marziale . Ils entouraient sans cesse leur jeune chef, Louis Il de Condé, avec lequel ils avaient combattu devant Arras, ou devant Aire, ou dans le Roussillon ; ils participaient à, sa gloire et à sa grandeur, et formaient, dans les réunions de la cour, un noyau puissant, une troupe rayonnante. Ils trouvèrent plusieurs fois l'occasion de pouvoir dire, comme Henri VIII d'Angleterre : Qui je défends est maitre , et leur épée fit pencher la balance du côté qu'il leur plaisait. Condé dominait ses partisans de toute sa hauteur. S'il fallait vous donner l'origine des petits-maîtres , observe un écrivain, vous me croiriez quand je vous dirais : Condé, le vainqueur de Rocroi, était un grand maître ; et ces jeunes gens de cour qui s'attachèrent à lui, singes infidèles du grand homme, furent appelés petits-maîtres . Les importants et les petits-maîtres , d'abord simples cabaleurs sans force réelle, ne tardèrent pas à se fondre, soit dans le parti des frondeurs , soit dans le parti des mazarins . Plusieurs de leurs chefs, même, appartinrent dans la suite à l'un et à l'autre successivement, selon leur intérêt ou leur caprice : les caméléons politiques ne datent pas d'hier. Blâmer les actes du gouvernement était le fait des importants et un peu aussi celui des petits-maitres, protecteurs hautains et exigeants de la cour. C'était, d'ailleurs, depuis longues années, l'habitude du parlement, sa manie, sa passion, pouvons-nous dire. Il remontrait, remontrait, remontrait ... tant et si bien, qu'un jour il se posa en assemblée politique plus qu'en corps judiciaire. De là une lutte entre le pouvoir et le parlement. Il y avoit, dans ce temps-là, dans les fossés de la ville — à la butte Saint-Roch —, une grande troupe de jeunes gens volontaires qui se battoient à coups de pierres avec des frondes, dont il demeuroit quelquefois des blessés et des morts . Un arrêt défendit cet exercice, que les jeunes gens continuèrent en cachette des patrouilles. Or, le duc Gaston d'Orléans, celui qui, selon Tallemant des Réaux, avait un peu fait le fou en sa jeunesse, et brûlé, la nuit, plus d'un auvent de savetier , alla au parlement pour empêcher qu'on y délibérât sur quelques propositions hostiles au ministère. Le conseiller Bachaumont dit à son voisin : Si forte virum quem conspexêre, silent — Aperçoivent-ils un haut personnage, ils se taisent — ; mais il faudra remettre la délibération à une séance on n'assistera point le duc d'Orléans . Absolument comme faisaient les frondeurs qui s'abstenaient de leur exercice en présence des commissaires, mais qui recommençaient aussitôt après la disparition de ceux-ci. A quelques jours de là, dans la grande chambre, le président le Coigneux, parlant selon le désir de la cour , son fils, le même conseiller de Bachaumont, déclara : — Quand ce sera mon tour, je fronderai bien l'opinion de mon père . Ce terme fit rire ceux qui étaient près de lui, et depuis on nomma frondeurs, d'abord les membres du parlement qui opinaient contre la Cour, et ensuite les bourgeois ou autres qui blâmaient les actes de Mazarin. Ils se glorifièrent bientôt eux-mêmes du titre de frondeurs, qui leur avait été donné par moquerie ; ils se vantèrent de fronder habilement la cour ; chaque événement auquel ils prirent part devint une fronderie . La mode s'en mêla. Retz, dit-on, fit fabriquer des gâteaux à la Fronde . Pain, mets, chapeaux, gants, canons, mouchoirs, bijoux, garnitures, manchons, éventails, dentelles, épées, équipages, tout se fit à la Fronde ou en porta quelque empreinte. Rien de beau ni de bon qui ne fût à la Fronde , et nous fûmes nous- mêmes à la mode , dit Retz, encore plus par cette sottise que par l'essentiel .