4 ANACONDAS BRAINSCAN Broceliande LA CITE DES MONSTRES CLIVE BARKER’S SALOME CLIVE BARKER’S THE FORBIDDEN DRACULA RISING LA FOIRE DES TENEBRES FU BO LE LAC DES MORTS VIVANTS MONSTER MAN SAW TERREUR A DOMICILE

ZOMBI 3 LES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES DE mARIJA

le cinema fantastique et d’horreur en France

INTERVIEW : ANTOINE PELLISSIER

PIN-UP : MARILYN BURNS

AVORIAZ RETROSPECTIVE : 1973

Les news

E-zine volume 4 Janvier / Février 2005 sommaire

3 - CINE HORREUR MOVIES Le Lac des Morts Vivants - Brainscan - Zombi 3 - Terreur à Domicile - CINE HORREUR 4 Clive Barker’s Salomé & The Forbidden - La Foire des Ténèbres - Dracula Rising - Anacondas - Fu Bo - Broceliande - La Cité des Monstres - Saw - « Massacre à la tronçonneuse de 73, c’est nul, on voit rien. Monster Man. Le remake est bien mieux… » Voici bien souvent la réac- tion des 14-18 ans à notre époque. Abreuvés de jeux vidéos 21 - LES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES DE MARIJA ou de dessins animés très violents dès leur plus jeune âge, Hémérocallis la nouvelle génération veut tout voir à l’écran et se montre même sévère à l’égard de nos classiques (« les Fx d’Evil Dead sont bidons »). Alors y’a t’il un conflit de génération 28 - LES DOSSIERS DE CINE HORREUR en matière de cinéma d’horreur ? Cette réflexion est surve- Le Cinéma Fantastique et d’Horreur en France. nue sur le forum du site où jeunes et « vieux » se sont lan- On ne peut pas vraiment dire que le cinéma cés dans une discussion passionnante et passionnée sur ce français aime le genre « fantastique » et en- sujet. Les jeunes demandant aux vieux pourquoi critiquent- core moins « l’horreur ». Très peu de pro- ils souvent les œuvres récentes en disant « c’était mieux ductions françaises représentent notre genre avant », les vieux tentant d’expliquer que les anciens films de prédilection et quasiment aucun studio n’a privilégiaient davantage le scénario et l’ambiance, et que fait du fantastique son fer de lance. Pourtant, des effets-spéciaux avec des prothèses en caoutchouc quand la France s’intéresse aux genre, c’est étaient souvent bien meilleurs que des images de synthèse bien souvent d’excellents films qu’elle nous car plus réaliste. Il n’y a qu’à voir le récent Haute Tension propose, originaux, poétiques ou gores. Petit (tiens, un exemple de très bon film récent !) où le spécia- panorama des films français baignant dans le liste Gianetto de Rossi à fait des merveilles niveau FX go- genre, dont certains sont de vrais chef d’œuvres ! res ! A travers ces discussions, on se rend surtout compte

que le cinéma d’horreur et fantastique interpelle, fait réagir, 40 - INTERVIEW : Antoine Pellissier que certains films, qu’ils soient vieux ou récents, propose

un panel d’émotions (souvent fortes !) à ceux qui les regar- 43 - LA PIN UP : Marilyn Burns dent et que ceux-ci réagissent avec passion pour défendre le film qui les a marqué. Car c’est bien là l’essentiel : qu’on 44 - AVORIAZ RETROSPECTIVE : Année 1973 soit jeune ou vieux, l’important, c’est de prendre du plaisir à la vision d’un film. Et qu’importe ensuite si Pierre, Paul 46 - SOUVENEZ-VOUS… : Gabriel Knight 2 « The Beast Within » ou Jacques le trouve nul. On n’apprécie pas un film en fonction des avis des autres. Si vous avez vécu quelque chose de fort pendant sa vision, ces instants n’appartiennent 47 - ET POUR QUELQUES NEWS DE PLUS… qu’à vous.

Toute l’équipe de Ciné Horreur vous souhaite de bonnes 51 - Y’A PAS QUE LE CINEMA… fêtes de fin d’année ! Le rendez-vous est pris pour l’année 2005, on vous prépare des surprises ! - L’ENVERS DU DECOR 52 Stéphane Erbisti

Ciné Horreur Webzine - Fondateur : Lionel Colnard, Stéphane Erbisti, Gérald Giacomini Rédacteur en chef : Stéphane Erbisti ([email protected]) Rédacteurs : Lionel Colnard, Gerald Giacomini, Stéphane Jolivet, Marija Nielsen, Stéphanie Aveline, Vincent Dumenil, Jeremie Marchetti, Adrien Aubrun, Arnaud Devilliers, Colin Vettier, Christophe Jakubowicz. Mise en page : Stéphane Erbisti Relecture et Correction : Stéphanie Aveline. Texte et Design Copyright Ciné Horreur. Les illustrations appartiennent à leurs auteurs respectifs. 2 Cine horreur movies

LE LAC DES MORTS VIVANTS (aka : Zombie Lake / Lake of the Living Dead) Réalisateur : Scénario : Jesus Franco Pays : France / Espagne Année : 1980 Musique : Daniel White Maquillage : Christiane Sauvage Casting : Anouchka, Pierre Escourrou, Antonio Mayans, Howard Vernon, Jean Rollin, Nadine Pascal, Youri Radionov, Burt Altman, Gilda Arancio… Durée : 1h30 Genre : Zombies

J.A. Lazer... sous ce pseudonyme se cache bien entendu monsieur Jean Rollin. Le film portant sa "patte", il n'aurait pas été dur de toute façon de s'en rendre compte. Voyons donc de quoi va nous parler Rollin dans cet étrange "Lac des Morts Vivants", titre culte parmi les fantasticophiles, souvent qualifié de navet en puissance par ceux qui ont eu le courage de le voir… Dans un petit village, d’étranges noyades se produisent dans le lac avoisinant. C’est tout d’abord une jeune fille venue se baigner seule puis un groupe de basketteuses qui disparaissent au fond des eaux, emportées par des anciens soldats allemands, devenus morts- vivants, et qui vivent dans le lac depuis qu’ils ont été tués par les ha- bitants lors de l’occupation. Le maire et les villageois, comprenant la menace qui règne sur le village, vont tenter de détruire une nouvelle fois les assaillants nazis…

Admettons le tout de suite, "Le Lac des ment nue, c’est tout de suite mieux ! teint verdâtre est plus ou moins Morts Vivants" est une remarquable le- Malgré la couleur très verte du lac, les prononcé en fonction de la durée çon de ce qu’il ne faut pas faire au ciné- séquences sous-marines nous montrant d’immersion de l’acteur ! Un des ma ! Une œuvre à étudier de près, pour la belle anatomie de la dite jeune zombies a une plaie à l’œil et vous éviter aux futurs réalisateurs de livrer femme sont très bien réalisées et l’eau pourrez à loisir examiner le mau- des films d’un tel niveau. Mais attention, est d’un beau bleu lumineux. Normal vais raccord de la prothèse sur pour moi, ce n’est pas un navet. Il est puisque ces scènes ont été tournées son visage, celle-ci se décollant même beaucoup moins ennuyeux que dans une petite piscine. un petit peu ! On fait avec les tout ce qu’on entend dire. C’est une moyens du bord me direz-vous, vraie « bizarrerie » du cinéma fantasti- Surviennent les premières apparitions tout comme les morsures, qui sont que, une œuvre à part, une curiosité des zombies, habillés en soldat alle- juste simulées. Il a beau mordre et qu’il faut avoir vu au moins une fois dans mand, et qui ont pour joli maquillage cracher du sang, le cou de la vic- sa vie. une bonne couche de peinture verte sur time reste lisse et n‘a aucune trace le visage et les mains, laquelle peinture de dents… Comme je vous le disais, malgré son ne résiste pas bien à l’eau puisque le pseudonyme, on reconnaît le « Rollin’s Autre détail fort amusant, lors des style » dès l’introduction du métrage. scènes sous-marines, il n’y a que Une jeune femme vient pour se baigner un ou deux zombies qui portent et se déshabille d’entrée de jeu. Filmer un casque et deux secondes plus des femmes nues étant une caractéristi- tard, quand ils surgissent des que essentielle au cinéma de Jean Rol- eaux, quasiment tous ont retrouvé lin, il n’est donc pas étonnant de voir ce leur casque ! Le monteur du film a genre de scène ici. Le comique démarre dû sacrément rigoler quand également dès cette introduction, quand même ! On peut également se tor- la jeune femme sort un maillot de bain dre de rire en regardant l’un des de son sac, puis hausse les épaules et le zombies dont le casque est des- repose, du style « oh, et puis, à quoi bon… ». C’est vrai, se baigner entière- 3 cendu sur son visage lors de la sortie des eaux et qui ne voit donc plus rien du tout. D’un geste habile, il parvient à remon- ter le casque a bonne hauteur ! Impayable !! Autre détail étrange, un mort-vivant étant « mort » et ne respirant donc plus, il est amusant de constater que ceux-ci doivent prendre une bonne respiration et remonter souvent à la surface lors- qu’ils attaquent des proies dans les eaux ! Ben alors les morts, on manque d’air ???

Mais le plus drôle reste à venir… L’attaque du groupe de bas- ketteuses (c’est écrit sur leur camion), qui ne joue qu’au volley d’ailleurs, est un grand moment. Déjà, passage obligé, tout le monde à poil ! Ben oui, depuis le temps qu’ils sont morts, nos zombies veulent se rincer l’œil. Puis c’est l’attaque en règle, avec toujours ces grandes prises de respiration avant de plon- ger sous les eaux. Et puis vous verrez que ce lac a la particula- rité de gagner en profondeur soudainement. En effet, alors que nos basketteuses ont vraisemblablement pied, la sé- avec ses confrères qui veulent manger la petite fille. quence suivante nous les montre nager avec beaucoup plus Les relations père-fille, c’est plus fort que tout ! d'eau qu'il y a 1 seconde. Un vrai lac magique ! Bref, tous ces morts commencent à inquiéter la population, surtout qu’une Bref, je ne vais pas tout vous raconter non plus, je ne des basketteuses a vu les monstres du lac et a pu s’enfuir jus- veux pas vous priver du bonheur intense que vous res- qu’au village pour alerter tout le monde. sentirez à la vision du film. Mais comme je le dis plus

haut, malgré tout ses défauts, "Le Lac des Morts Vi- Pendant ce temps, une jeune journaliste vient faire un repor- vants" est un film « touchant », un peu ennuyeux certai- tage sur le lac justement. Elle rend donc visite au Maire, qui nes fois mais pas « chiant » (il y a des films bien plus so- connaît l’histoire du lac par cœur. Ah oui, petit détail pour les porifiques que celui-là !) et il y a tellement de détails futurs réalisateurs : quand vous filmez une rencontre dans une croustillants à découvrir que plusieurs visions s’impo- pièce où il y a des miroirs, attention à ce qu’on ne voit pas l’é- sent ! Alors prenez votre courage à deux mains et plon- quipe de caméraman dans le miroir justement… gez vous aussi dans les eaux de ce Lac Maudit. Vous

verrez, y’a pleins de filles nues dedans… Grâce à cette journaliste, nous allons donc en savoir plus sur ce fameux lac, baptisé d’ailleurs le Lac Maudit. Le maire va donc nous raconter l’histoire se passant sous l’occupation. Les allemands sont présents dans le village et l’un d’eux va même sauver une villageoise d’une attaque aérienne. Tombant sous QQQ son charme, il va vivre une histoire d’amour avec celle-ci et Stéphane Erbisti aura même une petite fille. Alors qu’il part en mission, sa com- pagne lui donne un pendentif. De retour au village, les soldats allemands sont victimes d’une embuscade menée par le maire et les autres villageois. Tous les soldats sont abattus. Pour dis- BRAINSCAN simuler les preuves, le maire ordonne de jeter les cadavres (Brainscan) dans le lac, ce qui lui vaudra tout d’abord le nom de Lac des Maudits, puis du Lac Maudit. Nous tenons enfin l’explication Réalisateur : John Flynn Scénario : Andrew Kevin Walker de la présence des morts dans le lac ! Par contre, pourquoi Pays : Canada / Usa / Uk Année : 1994 Musique : George S. Clinton sont-ils revenus à la vie, mystère… Casting : Edward Furlong, Frank Langella, T.Ryder Smith, Amy Har- greaves, James Marsh, Victor Ertmanis, David Hemblen... Nos morts en ayant marre de rester au fond des eaux, ils sor- Durée : 1h36 tent de nuit comme de jour et se rendent au village pour tuer Genre : Tueur fou virtuel des habitants. C’est à partir d’ici que l’émotion la plus pure vient frapper le film. Le soldat allemand retrouve sa fille qui a Un jeune adolescent, Michael, trouve dans le magazine grandi et se rappelle d’elle. D’abord impressionnée par sa Fangoria une pub d’un jeu vidéo interactif : Brainscan. couleur verte, la petite fille comprend vite que ce mort est son Par curiosité, il appelle et commande le jeu. Quelques père quand celui-ci lui montre son pendentif. Que c’est beau, jours plus tard, il introduit le premier cd-rom dans son on en aurait la larme à l’œil ! Comme quoi les morts ont un cœur qui bat toujours, puisqu’il ira même jusqu’à ce battre 4 ordinateur et se voit plongé dans un uni- Entre fiction et réalité, John Flynn manipule l’esprit dans ce film. Prenant vers qui lui paraît totalement réel. Sa pre- une personne tout à fait normale, un jeune adolescent friand de jeux vidéo à mière mission dans ce jeu, est de tuer une sensations fortes, John Flynn nous balance une histoire assez tirée par les personne innocente. A sa sortie du jeu, il cheveux, il faut le dire, mais assez sympa et originale. Il y introduit une entend aux infos son crime. Terrorisé, il créature pour donner un côté horrifique au film, une bande son assez refuse de continuer le jeu. C’est alors « rock’n roll » par moment et voilà, le tour est joué, nous voilà en face d’un qu’une créature, le Trickster, « sort » de bon petit film, mais ouvertement destiné aux ados. Et oui, on peut aimer le l’écran et l’oblige à continuer jusqu’au film enfant, mais trouver ça peu intéressant et ennuyant arrivé à l’âge bout… adulte. Dommage. Andrew Kevin Walker (scénariste de "8 mm", ou encore "Seven", ou "Sleepy Hollow" et éventuellement acteur) nous met en garde avec ce premier scé- nario, contre les jeux vidéos parfois bien trop violents, pouvant déranger notre esprit jusqu’à ce que nous ne puissions plus différencier réalité et fic- tion. Doué pour faire réfléchir et soulevé des débats sur tel ou tel sujet à l’aide de ses scénarios (il suffit de voir "8 mm"), ce scénariste séduit John Flynn qui se lança avec "Brainscan" dans son premier film fantastique. Réali- sateur plutôt orienté dans le Thriller, il fait un essai dans le genre Horreur, et s’avère assez bien mais sans plus. Malgré un scénario des plus plaisants, John Flynn n’arrive pas pour autant à marquer notre esprit avec "Brainscan". Les scénarios d’Andrew Kevin Walker prouveront leur efficacité à la suite, avec des réalisateurs plus appropriés pour ce genre tel que Tim Burton et David Fincher. Un message mal utilisé par John Flynn, peut être, mais aussi un message peu transcendant, car les jeunes se réfugient dans leur jeux vi- déos plutôt pour échapper à la réalité et non y entrer plus profondément… m’enfin… passons… Ce thème sera beaucoup mieux utilisé en 1999 dans "ExistenZ" de David Cronenberg. Le film est tout de même sauvé par la prestation d’Edward Furlong et les ef- fets gores (malheureusement rares). Assez convaincant dans l’image de l’a- do féru, ne prêtant peu attention à ses études, s’abrutissant avec des jeux vidéos (et épiant sa voisine au passage…), Furlong relève un peu le film. Rien à dire de plus, sauf que l’on préfère largement le voir jouer dans "Terminator 2"… En ce qui concerne les meurtres, John Flynn était bien par- ti au tout début, avec le premier assassinat, assez sanglant, filmé en caméra subjective. Mais il ne continuera pas ensuite, nous ne verrons même plus rien du tout, seulement les conséquences. Ce qui est bien dommage, car cette idée de subjectivité rendait l’histoire un peu plus attrayante. Ensuite, au niveau de la créature, une sorte de croquemitaine à la Freddy Krueger, mais en dix fois moins bien (si ce n’est plus que dix fois moins), joué par T. Ryder Smith. Plutôt marrante que terrifiante. Elle est plus là pour donner un côté horrifique au film (limite bien sûr), qu’elle n’a de rôle impor- tant dans l’histoire, si ce n’est de faire pression sur Michael. Sa présence est inutile… Côté bande son, musique rock’n roll par moment, et le reste du temps, elle se cantonne à un seul thème, une musique qui se répète sans cesse, et qui fait furieusement penser au style de la fameuse série « Twin peaks » de David Lynch entre autre.

En bref, un film sympa, pour passer un bon moment, mais plutôt destiné aux ados, ou aux éternels enfants ! QQQ Stéphanie Aveline

5 ZOMBI 3 (Zombi Flesh Eaters 2)

Réalisateur : Lucio Fulci / Bruno Matteï Scénario : Rossella Drudi / Claudio Fragasso Pays : Italie Année : 1988 Musique : Stephano Meinetti Casting : Sarafian, Beatrice Ring, Ottaviano Dell'Acqua, Marina Loi, Claudio Fragasso, Bruno Mattei... Durée : 1h35 Genre : Zombies

Dans une île, un virus est malencontreusement libé- ré sur un homme. Celui-ci devient fou et se trans- forme petit à petit en mort-vivant. Les oiseaux sont eux aussi parmi les premières victimes du virus et se mettent à attaquer les malheureuses personnes se trouvant sur leur chemin. Plusieurs personnes en font les frais et se barricadent en dernier recours dans un hôtel, loin d’imaginer qu'une horde de zombies sont tout près à les dévorer.

Après les succès de ses films de zombies, Lucio Fulci ("Frayeurs", "L’au delà", "L’enfer des zom- bies", "La maison près du cimetière"), retrouve un projet lié au genre mais plusieurs problèmes sur- viennent.

Fulci est tout d’abord fatigué, atteint de sa maladie et peine de plus en plus à travailler, mais en plus il supporte très mal les incompétences des techni- ciens, du producteur et scénariste du film. Il décide alors de quitter ce tournage cédant ainsi sa place au roi du Z, j’ai nommé Bruno Mattéi. En effet, diffi- cile de reconnaître du Fulci à la vue de ce « Zombi 3 », qui aligne les incohérences et débilités en tout genre propre à Mattéi. Cela débute par les atta- une machette, un grand moment de bonheur en perspective, ques des oiseaux qui s’avèrent grossières, ridicules croyez-moi. Mais ce n’est pas tout, nos zombies ont dû apprendre au possible, amenant le spectateur plus à rire des cours de kung-fu car beaucoup d’entres eux s’amusent à sauter qu’autre chose (on est bien loin de l’attaque des des plafonds comme si leurs corps étaient aussi frais que celui d’un oiseaux de « Manhatthan Baby » de Fulci, bien que jeune de 20 ans. le film soit mauvais). Mais si le problème se limitait juste à cela, ça pourrait passer mais malheureuse- Le pire étant que certains se mettent à dire des mots ou à reconnaî- ment Mattéi, accompagné de son ami Fragasso, tre certaines personnes, on se croirait presque dans le « Retour des veulent nous fournir un gros bon Z et ils y arrivent morts-vivants ». Malheureusement le ton parodique n’était pas l’ob- sans mal. La galerie des personnages fait peine à jectif de Mattéi même si inconsciemment pour lui, c’est ce qu’il ar- voir, il suffit d’analyser la séquence dans la station rive le mieux à nous fourguer. Essayons tout de même de trouver service où la jeune femme recherche de l’eau et des points positifs à cette ensemble, on pourra saluer les effets spé- s’égosille dans cette station alors qu’elle est com- ciaux assez sympathiques, même si on est très loin d’un Savini ou plètement ruinée, et que, comme par hasard, un d’un Rossi. Mais le film est parsemé de quelques éléments gores, zombie déchaîné va en sortir. ce qui m’a foi n’est pas désagréable.

D’ailleurs les zombies parlons-en, affublés de vête- On peut également noter un rythme assez soutenu, le film a beau ments style longs pyjamas et s’excitant comme des être nul, on ne s’ennuie pas. C’est fou quand même ! Mais voila, mecs dopés, ils font hurler de rire à chacune de leurs apparitions. Faut voir celui qui attaque avec 6 c’est tout ce que l’on peut trouver comme point sant tout ce qui tient son univers debout… positif et autant dire que c’est extrêmement fai- ble. Bref « Zombi 3 » n'est aucunement une suite digne d’intérêt et de qualité de « Zombi 2 ». On peut le classer parmi les nanars qui reste néan- moins facilement regardable.

QQ Adrien Aubrun

Ce petit film d’horreur plutôt efficace met en scène l’intrusion de l’in- connu dans une vie ordinaire et réglée comme du papier à musique. Bart est obligé d’y faire face et sera forcé de diriger son obsession personnelle intérieure vers l’extérieur afin de débarrasser sa vie de cette invasion. Ce n’est pas un film d’action non-stop, mais une excel- lente incursion dans le mental de Bart. La destruction de son univers est intelligemment mise en scène grâce aux prises de vue dominées par des plans serrés et des point de vue subjectifs. On réussit à en- trer dans sa tête, à ressentir sa frustration initiale et enfin son désir tout-puissant d’en venir à bout avec l’ennemi.

Le rat est aperçu très tôt dans le film (à 10 minutes) et pour les phobi- ques (dont je ne fais pas partie), ce film doit être un véritable calvaire avec tous ces petits bruits menaçants, les gros plans de son anatomie peu attirante et sa destruction silencieuse et imparable de l’apparte- ment de Bart. Les rats sont majoritairement filmés en très gros plans, sans doute pour leur donner une taille plus imposante à l’image. Par moments, les différences entre les animaux utilisés se voient inévita- blement, mais le suspens fonctionne assez bien pour qu’on pardonne ces petites erreurs.

D’ORIGINE INCONNUE - TERREUR A DOMICILE (Of Unknown Origin)

Réalisateur : George Pan Cosmatos Scénario : Brian Taggert Pays : Canada Année : 1983 Musique : Ken Wannberg Casting : Peter Welle, Jennifer Dale, Lawrence Dane, Ken- neth Welsh, Louis Del Grande, Keith Knight, Shannon Tweed... Durée : 1h29 Genre : Animaux Dangereux

Bart Hughes est un cadre dynamique et ambi- Au fur et à mesure de ce duel à priori inégal, la réalisation devient tieux, un maniaque de l’ordre et de la propreté, plus nerveuse et mouvementée. La musique est discrète mais angois- comme du parfait déroulement de sa vie. Un im- sante à souhait, montant en volume lorsque la tension augmente. Et le portant dossier lui met la pression à son travail parti pris de garder la lumière à un minimum et de faire se dérouler et un intrus inattendu dans sa maison va mesurer ses forces et son intelligence aux siens, détrui- 7 une majeure partie du film dans le noir rend cette histoire peu crédible dans un monde réel d’autant plus plausible et ef- frayante.

Peter Weller (Robocop) est admirable dans ce rôle de cadre propre sur lui qui se transforme peu à peu en un Rambo de banlieue prêt à détruire sa propre maison pour retrouver la bestiole. Mais qui est le véritable intrus ici ? A ce propos, une belle métaphore est faite avec une magnifique maquette de la maison construite par Bart, et dans laquelle sa main sera prise dans le piège à rat que le monstre a déplacé. L’intelligence de l’animal (réelle ou non) est bien sûr renforcée par l’impuissance de Bart à le piéger. Sa mission devient plus importante que tout le reste, mettant son travail si important au départ à l’arrière-plan, voire même complètement occulté par cette nouvelle obsession.

Au final, un film à la trame classique (homme contre monstre envahissant) mais évoluant dans un climat de claustrophobie, nous servant quelques scènes choc assez mémorables.

QQQQ Marija Nielsen

CLIVE BARKER’S Chaque étape de sa progression ment, l’ennui et l’incompréhension SALOME & THE FORBIDDEN lui donne un accès plus précis à un vous guettent. Mais si vous êtes nanti autre monde. Un être revêtu d’un de ce vilain petit défaut qu’est la La jeune Salomé pénètre dans un cou- costume et d’un masque effrayant curiosité, alors approchez, appro- loir ténébreux et y trouve Jean- en surgit, se déshabille, profère chez ! D’étranges surprises vous atten- Baptiste, bel éphèbe assis et quasi nu. des incantations et danse devant dent, et votre mauvaise inclination se- Elle s’apprête à l’embrasser quand il lui. Puis une femme à demi nue lui ra peut-être récompensée… essaie soudain de l’étrangler, mais elle tatoue entièrement le corps de si- parvient à lui échapper. Après une gnes calligraphiques. Pour finir, il Aucun des deux courts-métrages n’é- danse sensuelle effectuée devant le roi est lentement et soigneusement tait au départ destiné à la projection, Hérode, ce dernier lui accorde la dé- écorché vif… encore moins à la diffusion. A l’épo- capitation du jeune homme. Puis, se que où ils sont tournés (1970 et 1971), repentant avec fureur d’avoir permis Si vous êtes fan de Clive Barker, je Clive Barker n’a pas encore 20 ans. cette exécution, il la tue à son tour... veux dire si vous l’aimez au point Etudiant en littérature anglaise et en de vouloir tout lire et tout regarder philosophie à l’Université de Liver- Dans une pièce close, un homme s’ef- de son œuvre (voire de ne colpor- pool, sa culture artistique est pourtant force de percer le mystère de signes ter sur elle aucune ânerie…), alors déjà sélective et affirmée. Il dessine, calligraphiés sur une toile. Rageur, il la « Salomé » et « The Forbidden » peint et écrit des pièces de théâtre. déchire en morceaux, puis essaie de vous seront indispensables. Dans réarranger ceux-ci comme un puzzle. le cas contraire, très probable- 8 L’outil cinématographique, dont il n’a aucune pratique mé », les figures sortant de l’ombre et les jeux contrastés antérieure, est donc pour lui un moyen comme un autre de lumière évoquant les portraits de Rembrandt et certains (mais plus coûteux) de matérialiser son univers, de voir tableaux de Goya, tandis que la décapitation de Jean- ce que ça donne. Baptiste s’inspire directement des toiles du Caravage.

Dans tous les sens du terme, « Salomé » et « The Forbid- Dans « The Forbidden », les influences sont plus clairement den » sont ainsi des films « expérimentaux ». Faute de photographiques et cinématographiques, ce qui prouve moyens, Barker mettra d’ailleurs plusieurs années à les une conscience plus aiguë du support utilisé : la géométri- finaliser (d’où les dates officielles, 1973 et 1978), et c’est sation des espaces et des accessoires (dont le quadrillage seulement à l’occasion d’une interview, à la fin des an- à clous, qui ressurgira quelques vingt ans plus tard sur nées 90, qu’il acceptera d’abord d’en montrer des ex- Doug « Pinhead » Bradley) ainsi que les éclairages font traits, puis de les faire restaurer et éditer en intégralité penser aux œuvres de Laszlo Moholy-Nagy, Rodchenko et avec l’aide de Redemption Films. Eisenstein, le développement en négatif et les cadrages sur les yeux à Andy Warhol et Man Ray, les oiseaux animés et le danseur à Jean Cocteau… Pour le reste, inserts déca- lés, montage libre et musique instrumentale s’inspirent de Kenneth Anger, cinéaste indépendant utilisant le cinéma comme un outil de puissance démoniaque dans des films à l’esthétisme pop, pervers et violent (« Inauguration of the Pleasure Dome », « Scorpio Rising », « Kustom Kar Kom- mando », « Invocation of my Demon Brother », « Lucifer Ri- sing »).

Bien sûr, la surcharge des références (tout à fait compré- hensible pour un débutant) ne suffit pas à faire un film, et c’est là, forcément, que le bât blesse. Mais pas tant que ça. Barker n’avait pas de véritable notion de ce que pouvait être un placement de caméra ou une durée de plan dans une stratégie narrative (il le reconnaît d’ailleurs avec hu- « Salomé » dure 18 minutes, « The Forbidden » 36 (et non mour dans l’interview), mais il s’en est sorti avec un talent 7 et 14 minutes comme j’ai pu le lire sur certains sites). Le inné et très efficace. Certes, à de nombreuses reprises, la premier est tourné en 8mm, le second en 16. Dans les confusion s’instaure sur l’identité et le statut des personna- deux cas, l’image est en noir et blanc, et la bande-son, ges. Certains plans (le cloporte, les clous) reviennent avec dépourvue du moindre dialogue, est intégralement com- une insistance trop appuyée, et le fil se perd parfois en posée en studio (musique sépulcrale et nébuleuse d’A- passant d’une scène à l’autre, sans pour autant changer de drian Carson, bruitages, cris et murmures). Dans les deux rythme, lequel s’éternise volontiers sur les audaces visuel- cas également, l’histoire de base n’est pas de Clive Bar- les (corps nu et en érection du réalisateur et acteur, mes- ker lui-même, mais s’inspire de l’œuvre d’un grand écri- sieurs dames !) ou les exploits des effets spéciaux vain, qu’il reprend à son compte d’une façon totalement (l’écorchage à vif, convaincant mais très –trop- long). Et personnelle. Une façon astucieuse et prudente de s’amé- pourtant, l’envoûtement est là, indéniable et puissant. nager un cadre précis pour jouer à l’intérieur en toute li- berté. Profitons-en, d’ailleurs, pour régler un malentendu une bonne fois pour toutes : « The Forbidden » n’a stricte- ment aucun rapport avec la nouvelle du même titre (en français « Lieux Interdits »), laquelle paraîtra dans les « Livres de Sang » et donnera naissance à « Candyman » sur grand écran.

Sur le plan artistique, « Salomé » et « The Forbidden » ont deux autres points communs. Chacun d’eux est en effet l’occasion pour le jeune Barker de reproduire esthétique- ment, et avec les moyens du bord (par exemple, « Salo- mé » fut tourné de nuit dans la cave d’un ami fleuriste, avec en tout et pour tout une caméra 8mm et un spot d’é- clairage), les influences graphiques qui sont les siennes. L’importance de la peinture est manifeste dans « Salo- 9 Aussi, à travers ses qualités et ses défauts, ce qui ressort d’une manière impressionnante dans ces deux courts-métrages (et d’une façon particuliè- rement flagrante dans « The Forbidden »), c’est à quel point l’univers singulier de celui qui allait plus tard mériter le titre de « maître » se présente déjà en fleurs vénéneuses. Les inspirations scéna- ristiques sont choisies avec un flair stupéfiant, et les variations qui y sont opérées sont d’ores et déjà typiquement barkériennes (sas vers des mondes étranges, climat surréel et angoissant, nécrophilie de Salomé, personnages et symboles énigmatiques, mélange de crudité et grâce, etc.). Il faudra une vingtaine d’années pour que Clive Barker remette la main sur une caméra (et de la façon extraordinaire qu’on sait), mais vraisembla- blement, les génies savent très tôt quels sont leurs territoires, et la manière de les tracer.

Pour ce qui est de l’édition DVD, celle-ci ne com- prend pas de sous-titres français, et aucune édi- tion en zone 2 n’est à l’ordre du jour. Si vous n’ê- tes pas bilingue, aucun dommage pour les courts- métrages concernés, puisqu’ils sont muets. Au mieux, vous passerez plus vite sur les 7 intermi- nables minutes de présentations officiées par la calamiteuse et néanmoins toujours active Eileen Daly (ai-je été envoyé sur Terre pour faire sa fil- mographie ?...), à moins bien entendu qu’une ga- lerie de mamelles aux tétons peints de diverses couleurs ne suffise à retenir votre attention. Et au pire, vous réviserez rapidement votre anglais pour comprendre les sympathiques interviews de Clive Barker, Peter Atkins et Doug Bradley, amis d’enfance, hommes et artistes d’une élégance et d’une simplicité tellement touchantes.

LA FOIRE DES TENEBRES Réalisateur : Clive Barker (Something Wicked This Way Comes) Scénario : Clive Barker Pays : Uk Année : 1973 - 1978 Musique : Adrian Carson Au début des années 80, Disney décida de se lancer dans la produc- Casting : Anne Taylor (uniquement dans « Salomé »), Gra- tion de films fantastiques pour petits et grands. Malheureusement ce ham Bickley (uniquement dans « Salomé »), Peter Atkins concept casse-gueule a fini par échouer, ne laissant que trois survi- (uniquement dans « The Forbidden »), Clive Barker, Doug Bra- vants: « Les yeux de la forêt », « Le dragon du lac de feu » et « La dley, Phil Rimmer, Lynn Darnell, Julia Blake... Durée : 18 min et 36 min. foire des ténèbres ». Ce concept a échoué car les films étaient trop Genre : Fantastique / Horreur terrifiants pour les enfants et pas assez pour les adultes. Il n’en reste pas moins des curiosités originales voire des réussites, maintenant oubliées.

A Greentown, deux jeunes garçons découvrent qu’une foire vient d’ouvrir dans leur ville. Celle-ci, dirigée par l’inquiétant Mr Dark, réalise les rêves des habitants avant de les faire disparaître…

QQQQQ Inspiré par le roman de Ray Bradbury, le film se déroule dans une petite bourgade américaine dans les années 20-30. Les deux jeunes Stéphane Jolivet 10 héros, Jim et Will, sont ravis d’apprendre qu’une fête foraine s’installe dans leur ville. Une foire donc, mais maléfique, fai- sant disparaître les habitants de la ville un par un. Mais Mr Dark, le proprié- taire de la foire cherche à les éliminer en les poursuivant inlassablement.

Attardons nous d’abord sur la magnifique ambiance et la photographie parfaite qui donne un charme inédit à ce film ; charme qui grandit grâce à la musique inquiétante de James Horner, retranscrivant parfaitement l’ensemble du film. Voulant éviter les effets horrifiques, la firme Disney utilise des SFX mécaniques assez particuliers mais parfois vraiment spectaculaires. Si le film n’est jamais terrifiant, il reste parfois très sombre et même fascinant par instant.

Coté casting il y a de quoi halluciner puisque qu’on trouve Jonathan Pryce (le héros de « Brazil ») dans le rôle d’un bad guy charismatique, Jason Robards en père complexé par un souvenir dramatique, Pam Grier (la reine de la black- plotation) en sorcière belle et envoûtante, Royal Dano (grand acteur de wes- tern et surtout le papy zombie de « House 2 ») en marchand de paratonnerre et Diane Ladd (la mère psychopathe dans « Sailor et Lula ») dans un petit rôle. Le film, par ailleurs, use peu d’humour et de scènes niaises comme en a l’habi- tude Disney, étonnant donc et réconfortant d’une certaine manière.

Clayton nous réserve également des séquences mémorables comme l’attaque des mygales dans la chambre des deux gamins, la visite très stressante de Mr Dark à la bibliothèque ou la tempête finale. Baignant dans une atmosphère de mystère remarquablement mise en évidence, « La foire des ténèbres » est une petite réussite à (re)découvrir surtout que le film vient de ressortir en zone 1 avec sous titres français et v.f. A noter aussi que le film fut la seule production Disney a être interdite au moins de 13 ans !

Réalisateur : Jack Clayton Scénario : Ray Bradbury, d’après son roman Pays : Usa Année : 1983 Musique : James Horner Casting : Jason Robards, Jonathan Pryce, Diane Ladd, Royal Dano, Vidal PetersonShawn Carson... QQQQ Durée : 1H35 Genre : Fantastique Jérémie Marchetti

DRACULA RISING films », dont le goût pour le kitsch n’est (aka : Corman’s Dracula) plus à présenter. Nous retrouvons là le personnage de Vlad mais c’est bien le

seul lien historique que l’on puisse faire Réalisateur : Fred Gallo Scénario : Rodman Flender & Daniella Purcell avec la légende du Comte. En effet, le Pays : Usa reste contenu dans ce métrage est une Année : 1992 vision très personnelle du cinéaste, tant Musique : Ed Tomwey sur le propos que dans l’imagerie vampi- Casting : Christopher Atkins, Stacey Travis, Doug rique . Il n’en reste pas moins qu’il s’agit Wert, Vessela Karlukovska, Nikolai Sotirov, Zahari là avant tout d’une romance, un amour Vatahov, Desi Stoyanova, Stancgo Stanchev, Nelli impossible, qui n’est pas sans rappeler le Vladova, Tara McCann... Durée : 1H25 « Dracula » de Coppola. Genre : Vampires Au cours d’une exposition de peintures, Voici un petit film de vampires plutôt mé- Thérésa, restauratrice de tableaux fait la connu mais fort sympathique, malgré tout. connaissance de Vlad, un jeune homme Malgré tout car il s’agit là d’un film pro- fort élégant qui semble la connaître. Intri- duit par Roger Corman « l’homme au 1000 guée, elle accepte qu’il lui fasse la cour 11 personnage d’Alec ( Doug Wert « Star Trek new ge- neration ») , ami/ ennemi de Vlad, celui par qui la disparition de l’amour de Vlad est arrivé. Thérésa, la promise de Vlad ( Stacey Travis, « l’attaque de la femme de 50 pieds n°2 », et plus récemment « Traf- fic »), campe une jeune femme naïve et dépassée par les évènements. Elle est tout comme les autres créa- tures féminines du film d’ailleurs, un agréable pré- texte à quelques scènes de nudité.

La production n’hésite pas à montrer par ailleurs une scène sexuelle particulièrement osée, qui ne s’expli- quera que pour intensifier le désir et la fusion de l’ombre et la lumière.

Une photographie par ailleurs relativement soignée, jouant habilement des teintes bleutées et des rou- geoiements (les veines intactes, les veines écor- chées), afin d’immerger le spectateur dans un « bain » pourtant bien confus.

Les effets spéciaux ne sont pas une priorité. Les ama- teurs de gore seront donc forcément déçus. Seules quelques gorges « arrachées » feront office d’apéritif « dinatoire ».

Le réalisateur ne cesse de faire des flashs-backs à tout bout de champs – pas désagréables mais pas né- cessaires – Toutefois, ceux-ci ne pénalisent ni le récit ni la compréhension de l’histoire. Mais inutiles. Ils sont surtout une occasion de plus d’appuyer sur le caractère romantique des protagonistes.

Reste quelques scènes réjouissantes à l’image de la poursuite dans les catacombes, la révolte des villa- geois, le bûcher…). Le final peut désarçonner la plu- part d’entre nous ; une impression de travail bâclé mais une volonté évidente de « kitsch » : les couleurs, aussi bien que les effets visuels prêtent à sourire et pourtant…il n’en reste pas moins que ce film possède une ambiance particulière, une musique sereine ( cantiques ), un « je ne sais quoi » qui donne un par- avant que celui-ci ne disparaisse brusquement. Rapidement, fum agréable au visionnage. les cauchemars viennent l’envahir et son attirance pour lui de- vient incontrôlable. Le lendemain, elle est envoyée en Tran- sylvanie chez un collectionneur (Alec) afin de restaurer un ta- bleau très ancien…

Le ton est donné dès le début du film, accompagné d’une bluette musicale très sixties « Be my angel tonight », chanson générique sentimentale, agréable à l’oreille et récurrente. Ici, QQ point de château lugubre juché sur une sombre montagne. La Christophe Jakubowicz verte vallée est omniprésente, dans laquelle surgit un monas- tère. Exit aussi le personnage physiquement inquiétant et âgé, place à la blondeur de l’éphèbe (Christopher Atkins – le La- gon Bleu ( !) « Shakma » entre autres ) dans le rôle de Vlad. Le 12 ANACONDAS : A LA POURSUITE DE L’ORCHIDEE DE SANG (ANACONDAS THE HUNT FOR THE BLOOD ORCHID)

Réalisateur : Dwight H. Little Scénario : Hans Bauer, Jim Cash, Jack Epps Jr, John Claflin, Daniel Zelman, Michael Mi- ner, Edward Neumeier Pays : Usa Année : 2003 Musique : Nerida Tyson-Chew Casting : Johnny Messner, KaDee Strickland, Matthew Marsden, Nicholas Gonzalez, Eugene Byrd, Morris Chestnut... Durée : 1H37 Genre : Animaux Dangereux

1997: bureau de la productrice Vernah Harrah : - "Wouahh !! Vous avez-vu ? Notre crétin de film de serpents géants car- tonne au box-office. Il faut vite faire une séquelle !! - Vernah Harrah: "Ok, à condition d'avoir un scénario en béton".

Six ans plus tard, nous apprenons qu'une suite au film de Luis Llosa était mise en chantier. Une suite sans vedettes (exit Jen- nifer Lopez et Ice Cube), et un budget inférieur alloué. Ce qui n'inquiète pas l'homme chargé de diriger ANACONDA 2, ce sous-doué de Dwight H.Little (le passable "halloween 4" mais aussi le miraculé "Fantôme de l'opéra" - une très sympathi- que série B gore).

Des scientifiques sont envoyés en Indonésie pour recueillir des spécimens de l'orchidée de sang, une plante susceptible d'allonger la durée de la vie. Annoncée même comme la version médicale de la Fontaine de Jouvence. L'expédition ne se passe pas comme prévue, peu aidée par la saison des pluies. Pendant ce temps, les relations entre les membres de l'expé- dition deviennent tendues, face à des choix impliquant plusieurs trajets...

Direction l'Asie du Sud-est où se situe l'action du film. Peu importe finalement les contre-vérités géographiques émises par ce scénario à de nombreuses mains (en béton !!! qu'est ce qu'on rigole !), dont le fait que l'espèce des Anacondas n'existe pas à Bornéo. Fort heureusement, le public n'y connaît absolument rien.

Ce n'est pas une raison pour bâcler l'ensemble de cet ANACONDAS (au pluriel s'il vous plait!). On a quand même droit à un scénario fainéant et beaucoup trop gentil pour faire durer le suspense. A se demander si le politiquement correct n'a pas encore frappé. Les acteurs sont bien sûr adéquats à leurs rôles et font clones des précédents acteurs: le black de service, le traître (suspense!!!!!!!!!), deux femmes un peu cloches (la brune et la blonde), un singe débrouillard mais peu coura- geux.... Nos amis, les anacondas, sont néanmoins assez impressionnants... surtout lorsqu'ils ne bougent pas trop vite. Car les effets spéciaux numériques sont une véritable catas- trophe, faisant penser à ces productions Z, type Nu Image et UFO ("Python").

Plus orienté aventures que véritablement horreur, on peut se laisser guider au fil du flot d'une histoire conve- nue, bénéficiant de beaux décors. Malheureusement, jamais mise en valeur du fait d'une photo anonyme. La musique est aussi beaucoup trop en retrait. On apprend aussi l'existence de la fameuse orchidée du sous-titre, que les anacondas ingurgitent, ce qui expliquent leur grosseur démesurée. Plus drôle, les gros serpents orga- nisent une partouze géante en pleine jungle. C'est qu'ils sont chauds nos amis à sang froid.

13 C'est surtout sur la durée que le film ne tient pas la route. Tout n'étant pas négatif. En effet, quelques plans inquiétants ne sont pas sans rappeler des images des "Dents de la mer" avec attaque subjective. Les images du serpent se faufilant dans l'eau avant de choisir sa proie sont plutôt pas mal. Autre passage à mettre au crédit de Dwight Little: des rescapés qui passent par une grotte plongée dans l'obscurité. L'un des uniques moments qui peuvent faire flipper les spectateurs les plus endurants.

SPOILER :

Gros coup de gueule envers le choix des victimes. L'Anaconda optant pour des victi- mes masculines -délaissant les femmes-, et sans compter le singe qui s'en sort. Des ficelles scénaristiques que l'on croyait appartenir à une époque révolue.

aides médicales et un stagiaire. Un chef cuisinier portugais prépare les QQ ultimes soupers des condamnés à morts. Il écoute et écrit aussi, leurs Gerald Giacomini confessions et leurs histoires, leurs craintes et leurs désespoirs. Enfin, un assassin des triades accompli sa san- soit clairement ancré dans le tré- glante tâche. Accompagné de ses aco- pas, le sentiment que procure la lytes, ils répandent le sang au nom bobine est plutôt positif. Il s'agit d'une hypothétique vengeance. Trois d'une ode à la vie, certes traitée personnes qui travaillent avec la mort, de façon fortement mélancoli- mais qui sans se rencontrer influent que, mais le film ressemble à chacune sur le destin des autres… une prolongation du mouvement littéraire romantique (sens des Un film très poétique, tout en nuances, métaphores, des nuances ou mais intimement lié avec la mort. En même des clairs-obscurs, décors effet le film s'intéresse aux destins et image affectés par les person- croisés de trois personnes, et de leurs nages). Seulement, Fu Bo ajoute rapports à la mort. Fu Bo s'apparente à cela quelques scènes bien sai- sous nombre d'aspect à In the mood gnantes (rappelons que l'action for love. Seulement ici, ce n'est pas se situe principalement dans une l'amour qui est le point central de la morgue) et une atmosphère qui fable, mais la mort. Toutes les méta- transpire le mal être et le mal- phores exprimées à l'écran respirent sain. L'éclairage (les filtres ?) de une certaine désillusion, suintent de nombres de scènes est, en ce FU BO pensées macabres. D'où sa classifica- sens, très évocateur, il reflète (Fu Bo) tion dans les films d'horreur. Ici, ce l'état d'esprit des protagonistes sont les horreurs de la vie, l'étroite et appuie un peu plus le Fu Bo (appelé respectueusement " Oncle frontière entre la vie et la mort qui contraste vie/mort qui sous-tend Fu ") est assistant à la morgue. Son travail sont relatées. Nul besoin de paranor- le film. La morgue est littérale- consiste à disséquer et laver les cadavres mal ou de zombie : la vie se suffit ment irradiée de blanc, confé- puis à faire toute la petite besogne de la d'elle-même en ce domaine. rant aux personnages qui s'y morgue, sous la charge du docteur Lee, trouvent un aspect angélique. scientifique plus haut placé. Dans cet uni- Ce faisant, le film acquiert un carac- vers baigné de blanc évoluent aussi des tère très particulier. Bien que le sujet 14 Pas de doute, le réalisateur réussi le pari de faire à la fois un film d'auteur underground et une ode à la vie dont le traitement morbide et tout à fait surprenant. De plus, il est remarquable que, malgré sa démarche au- teurisante, le film ne se perd pas dans les méandres de l'esprit de son réalisateur. Même si l'on peut reprocher quelques passages peu lisibles, le film n'ennuie pas. Bien au contraire, il laisse une impression douce amère, et transmet avec succès la mélancolie toute puissante dont regorge le film.

Un beau film, triste et sanglant, pas exempt de petits défauts, mais l'effort mérite d'être remarqué. Il est tou- tefois à noter que les fans d'Anthony Wong qui s'atten- dent à une nouvelle performance ultra-trash dans un style proche de « Untold Story » risquent d'être déçus. Ici le gore n'est pas une fin en soit, c'est un vecteur de sentiments, un simple moyen. Ceci étant, son jeu est tout aussi bluffant, un acteur étonnant qui évolue dans différents styles et différents cinémas (du blockbuster à l'underground). Chapeau !

FU BO Réalisateur : Wong Ching Po & Lee Kung Lok Scénario : Simon Lai Pays : Hong Kong Année : 2003 Musique : Tommy Wai Casting : Liu Kai Chi, Lee Sze Chit, Pauline Sun, Jacob Mense, Hugo Ng... Genre : Horreur

QQQQ Colin Vettier

BROCELIANDE la connaissance du beau et mystérieux ciennes sépultures… Erwann dès la rentrée. Entre des Réalisateur : Doug Headline cours d’histoire celte et des initiations Cette petite production horrifique Scénario : Doug Headline & Benoit Lestang en recherches archéologiques, elle française commence avec un enchaî- Pays : France n’a pas le temps de s’ennuyer, d’au- nement de saynètes tournées dans Année : 2002 tant que se produit dans l’entourage une ambiance très américaine (avec, Musique : Sarry Long de la faculté une série de meurtres entre autres, la «cool attitude» dans Casting : Elsa Kikoine, Alice Taglioni, Cédric pour le moins étranges et portant tous Chevalme, Mathieu Simonet, Alexis Loret, un bar avec ses serveuses et ses André Wilms, Vernon Dobtcheff, la même signature. C’est d’autant plus clients dragueurs, les «années col- Cylia Malki... inquiétant que c’est à ce moment là lège» avec les aléas des inscriptions Durée : 1H35 que Chloé voit des choses bizarres et et les longs couloirs de la fac avec ses Genre : Fantastique - Thriller ressent une certaine présence malfai- incontournables amphithéâtres, on se

sante dans son voisinage. Tous les in- croirait presque dans un métrage mé- Chloé (interprétée par Elsa Kikoïne, dices convergent vers la forêt de Bro- langeant "Urban legend" à "The fa- fille du réalisateur Gérard Kikoïne, céliande, creuset des celtes, et où culty"!) ; pour finir dans un maelström l'un des papes du porno français), Chloé participe activement à un chan- de n’importe quoi (avec notamment étudiante en archéologie inscrite à tier de fouilles érigé sur de très an- Rennes le jour et barmaid la nuit, fait 15 passé de certaines explications rocamboles- ques) et les «ficelles» sont parfois un peu trop faciles. De fait, si l’on veut faire la fine bouche, on peut légitimement discourir à propos d’un scénario trop simpliste, d’un film qui manque singulièrement de moyens et de la localisa- tion de Brocéliande, qui n’est pas tout proche de Rennes finalement, mais bon on s’en fiche un peu quoi ! Nous ce que l’on veut, c’est de l’ «entertainment» comme ils disent Outre- Manche ! Aussi, au crédit de "Brocéliande", on peut dire que la réalisation est assez énergique, les effets spéciaux de qualité et certains mo- ments sont très réussis (le monstre, même si il donne une impression de déjà-vu, les meurtres dont une belle scène de décapita- tion à la serpe qui réveillera ceux qui s’é- taient endormis, quelques plans d’une photo- graphie superbe, etc.). C'est tout de même un premier film qui mal- gré ses faiblesses mérite d’être encouragé et qui n’a rien à envier aux produits ultra- formatés américains! Du coup, on attend quand même le deuxième jet du père Headline (le réalisateur a tout de même collaboré avec le célèbre cinéaste Christophe Gans dans la revue Starfix, spé- cialisée dans le fantastique et le cinéma des effets spéciaux, au début des années 80) et on conseillera ce film-ci pour se détendre avec ses amis car on rigole quand même pas mal, que ce soit à cause des vannes d’André Wilms ou bien de certaines scènes d’une ahurissante naïveté pour ne pas dire stupidi- té!

QQQ un monstre hybride, fruit des répit, mais bon, les scènes de amours entre un "Predator" et un combat sont mal filmées et ininté- Vincent Dumenil "Alien", et même du "Buffy ressantes, le casting est une mo- contre les vampires" avec les numentale erreur car les acteurs MEDUSA deux héroïnes qui telles Buffy et manquent tous ou presque de Faith vont renvoyer l’entité malé- conviction dans leur interpréta- FANZINE 22 fique ad patres). Et au milieu de tion, sauf pour le toujours très Le nouveau numéro de la tout ça me direz vous ? bon André Wilms qui en l’occur- Ben, pas grand chose serais-je rence sort toujours la bonne bla- bible du ciné Bis tenté de répondre et pourtant gue au bon moment, la musique disponible sur : Dieu sait si je suis un ardent dé- est quelconque même si en http://medusafanzine.free.fr fenseur du cinéma de genre rythme avec les scènes, le scéna- français ! rio est trop prévisible (on sait au bout d’un quart d'heure qui est le Certes, on n’a pas une minute de méchant!), lourd (on se serait 16 LA CITE DES MONSTRES (Freaked)

Réalisateur : Tom Stern & Alex Winter Scénario : Alex Winter, Tom Stern & Tim Burns Pays : Usa Année : 1992 Musique : Kevin Kiner & Karyn Rachtman Casting : Alex Winter, Randy Quaid, Brooke Shields, Megan Ward, Keanu reeves, Mr T, William Sandler... Durée : 1H26 Genre : Monstres

Ricky Coogan, célèbre acteur vaniteux de sitcom américain est embauché par l’entreprise EES pour tourner un spot publicitaire concernant leur nouveau pro- duit hautement toxique : le fertilisant chimique ZYGROT 24. En route pour Santa Flan (petite ville d’Amérique du sud )où aura lieu le tournage, accompagné de son meilleur ami Ernie, véritable obsédé sexuel, ils feront la connaissance de Julie, une écologiste militante. Pendant leur voyage, le trio tombera entre les mains du dénommé Elijah Skuggs, sorte de Monsieur Loyal de cirque et de sa- vant fou qui changera, suite à une opération à base de ZYGROT 24, nos héros en bêtes de foire (Ernie et Julie en siamois et Ricky en demi créatures hideuses ). Prisonnier, le groupe fera la connaissance d’autres monstres plus ou moins loufoques et tenteront d’organiser la rébellion pour l’évasion…

Film quasi inconnu en France, La Cité des Monstres est un OVNI sur pellicule. Alex Winter, co-réalisateur et acteur, est un véritable déjan- té, il suffit de voir « Bill and Ted’s excellent adventure » et « la folle journée de Bill and Ted » pour s’en rendre compte. Freaked est un film de barjot, de dingue où un gag nous explose en pleine face toutes les 30 secondes, allant de l’humour crade et trash (La belle Julie en train de vomir tripes et boyaux), de l’humour en dessous de la taille à l’hu- mour sarcastique où les grandes entreprises Américaines (Pepsi et Dis- ney) ne sont pas épargnées.

Mais le véritable point fort du film sont forcément les Freaks , une belle brochette de monstres à la « L’ILE DU DOCTEUR MOREAU » tout aussi farfelus les uns que les autres : la femme à barbe jouée par MR T, et oui vous avez bien lu, le « Barracuda » de la sé- rie l’agence tous risques, l’homme chien (je défie quiconque pourra reconnaître d’un seul coup d’œil Keanu Reeves dans ce rôle), l’homme chaussette mon préféré et bien d’autres dont je garde le secret pour ne pas altérer votre plaisir. Toute cette ménagerie a été créée par le non moins excentrique SCREAMING MAD GEORGE, maquilleur entre autre de la plus grande partouze gélatineuse de SOCIETY. Tous les acteurs semblent vraiment s’éclater sur le tournage, Randy Quaid ( Pluie d’enfer et Indépendance day ) en tête, avec un visage rubicond et un look très Buffalo Bill, s’amuse à faire un méchant délirant. Par contre, Alex Winter ( Ricky Coogan ) fait trop la grimace et surjoue ( à moins que cela ne soit fait volontairement ? ). A noter également la présence de la sublime Brooke Shields en présentatrice télé où elle vous réserve une surprise à la fin. Mais Chut ! Vous l’aurez compris, je suis un fan inconditionnel de ce film et de ce genre d’humour. Alors courez vite vous le procurer et dites moi ce que vous en pensez !

QQQQQ Arnaud Devilliers

17 MONSTER MAN long-métrages précités. que par moment on aimerait avoir davantage la frousse et qu’il ferme Malgré tout, le principal intérêt de son clapet un peu plus en laissant un Monster Man et qui le distingue de peu de place aux autres protagonis- ses glorieux aînés en lui conférant tes, comme celui bien sympathique une atmosphère de « teenage road- de l’incestueux Fred, au corps tout movie », est qu’il comporte des mo- disloqué et complètement sous- ments de franche rigolade. On pense, exploité (on le voit à peine cinq mi- à ce sujet, à la scène dans la station nutes dans tout le film) ! Ajoutons à essence, qui voit notre jeune puceau cela que le héros du film dispose en train d’essayer de déféquer dans d’un arsenal de babioles plus ou les toilettes jouxtant celles de leur moins inutiles et dont il se sert tout poursuivant, ou bien à celle où l’un de particulièrement lors de scènes de nos héros essaie de piquer de l’es- combat final qu’on aurait aimé voir sence dans un camping-car mais se plus sanglantes et moins burlesques ! trompe de réservoir, et enfin à la Toutefois, ce qui dérange le plus, ce scène du motel avec un chat mort sont certaines scènes, ficelles scéna- qu’un de nos deux compères endormi ristiques utilisées, voire certains et rêvassant croit être une partenaire comportements des principaux pro- de sexe. Je vous épargne les détails tagonistes, qui sont hyper prévisibles Adam, jeune étudiant puceau, part sur afin de ne pas tout dévoiler, mais vous car maintes fois vus et employés les routes avec son ami Harley s'étant garantis de bons éclats de rire ! dans diverses productions avec pour incrusté dans le périple sans y être exemples : la musique qui fait peur invité, afin de retrouver la femme de utilisée à contre-emploi pour mettre ses rêves et de lui déclarer son amour sur une fausse piste et le twist final avant que celle-ci ne se marie avec un trop évident, laissant présager une autre que lui. En chemin, ils s'arrêtent suite qu’on espère finalement plus dans des bars locaux où les habitants «jusqu’au-boutiste » ! n'approuvent guère le comportement désagréable d'Harley. Peu de temps Néanmoins, certaines choses sont après, ils sont attaqués par un fou fu- loin d’être maladroites et sont même rieux au visage mutilé et conduisant très inventives. Tout d’abord certai- un impressionnant véhicule. Ils par- La gaudriole mise à part, de nom- nes scènes à l’ambiance glauque, viennent à lui échapper en se réfu- breuses imperfections viennent pour- comme celle où l’on voit nos joyeux giant dans un hôtel. Là, il font la tant entacher le projet de Michaël Da- lurons se balader dans une ville où connaissance d'une ravissante et très vis. A ce titre, les méchants sont mal- tous les habitants ont été mutilés par sexy auto-stoppeuse, Sarah. Mais les heureusement trop polis et pas assez le Monster Man, sont très marquantes trois compagnons sont de nouveau la pervers pour notre victime toute dési- par la sensation de gêne qu’elles in- cible de l'horrible Monster Man, bien gnée, j’ai nommé le jeune garçon pur sufflent au film. A ce sujet, et si l’on décidé à les éliminer… répondant au doux prénom d’Adam pousse un peu plus loin l’analyse (j’ignore si cela est une intention du psychanalytique, on pourrait faire Si le résumé vous évoque quelque scénariste, mais en tout chose de connu, c’est sans doute cas c’est super bien vu parce que vous avez précédemment d’avoir donné ce pré- visionné « Massacre à la tronçon- nom à un personnage neuse », « Jeeper Creepers » et plus vierge, ils sont trop récemment « The house of 1000 corp- forts ces américains !). ses ». Un monstre quasi muet à la Lea- Ce qui est dommage therface en guise de grand méchant, car le personnage le un véhicule qui en suit un autre pen- plus exploité est Har- dant une majeure partie du film et ley, le copain super pour couronner le tout, une famille de lourd qui est aussi vul- barges comme hôtes, sont les quel- gaire que bavard, ce ques ingrédients copiés ça et là sur les qui donne un aspect comédie au film alors

18 une analogie avec ce sentiment étrange de malaise général que l’on éprouve en face de quelqu’un d’in- firme ou atteint d’une maladie grave. Ce qui est très dérangeant avouons-le, mais remarquable quand on arrive à le transmettre par le truchement de la pellicule !

En outre, le grand croquemitaine au maquillage mémorable est assez bien réussi et il est muni d’un atout de choc : le Monster Truck. Ce dernier, un énorme véhicule customisé monté sur des pneus démesurés, dispose de larges mâchoires le faisant ressembler Depuis quelques temps les Etats-Unis nous envoient par vagues des thrillers à un gigantesque crocodile mécani- prétentieux, filmés par des rechapés de la publicité ou des clips musicaux. En que. Le voir traquer ainsi nos deux conséquence, des produits à la coupe épileptique, et désigné pour la généra- étudiants nous rappelle un peu Pac- tion MTV, celle-là même qui se satisfait de produits pédants (bullet-time ver- Man poursuivi par les fantômes qui sus montage stroboscopique) et formatés pour plaire aux masses. Et dans essaient de le croquer ! C'est d'ailleurs cette veine surgit " Saw ", en apparence une pâle copie de ce qui a déjà été Frank Schettini, qui avait déjà collabo- tourné et vu des milliers de fois… En apparence ? ré à la création des véhicules de Mad Max 3, qui a réalisé le Monster Truck. Deux inconnus se réveillent dans une salle de bain miteuse au plus haut point. Les murs sont faits de carrelage fendus, la tuyauterie grossière et apparente En définitive, on passe quand même est rouillée, et sur le sol un cadavre en train de pourrir, une arme dans la main un bien bon moment devant ce petit et un dictaphone dans l’autre. Chacun des deux protagonistes ont dans leur film mélangeant les genres (comédie, poche une cassette… Ils apprennent que Adam doit survivre aux angoisses de horreur, gore, …), malgré un senti- son co-détenu –le docteur Lawrence– tandis que celui-là doit tuer Adam avant ment général de déjà-vu. six heure sans quoi sa famille sera éliminée. Portés par les énigmes dissémi- nées par leur hôte, les deux hommes vont tenter de découvrir pourquoi ils Réalisateur : Michael Davis sont là. Scénario : Michael Davis Pays : Usa Cette dans cette atmosphère tendue que débute "Saw". Les deux personnages Année : 2003 ont été enlevés pour une raison qui leur est inconnue. Et là, forcement le ciné- Musique : John Coda phile pourra noter la ressemblance avec "Cube", ressemblance qui va se pro- Casting : Eric Jungmann, Justin Urich, Aimée longer jusqu’à ce que le docteur découvre qui les détient. Sans nuire nulle- Brooks, Michael Bailey Smith... ment à l’intrigue, leur geôlier est un serial killer appelé Jiggsaw (casse-tête) Genre : Tueurs Fous / Monstres qui donne l’opportunité à ses victimes de se libérer d’elles-mêmes. Mais la voie vers la liberté est pavée de vices, et bien souvent les détenus finissent par mourir de leurs tentatives infructueuses. Cette explication est donnée avec force flash-back et découpage épileptique, stylisé en clichés photographi- ques. Encore une fois, on notera «l’inspiration» du scénariste qui s’est allègre- QQQQ ment servi dans les ingrédients de "Se7en", notamment au point de vu des cri- Vincent Dumenil mes qui, s’il n’ont aucun rapport avec les 7 pêchés capitaux, se révèlent être de la même trempe : assez malsains. SAW C’est bien là que se démarque "Saw" de la pléthore de thrillers ternes servis Réalisateur : James Wan par un Hollywood en quête d’argent. Car "Saw" regorge de cette même atmos- Scénario : James Wan & Leigh Whannell phère étouffante que "Se7en", celle des polars réussis, où le vice du tueur Pays : Usa transpire à chaque image. Le malaise transmis au spectateur de façon tout a Année : 2004 fait efficace est fort louable, pourtant "Saw" est éclopé sur différents plans. Musique : Charlie Clouser Tout d’abord le manque d’imagination flagrante qui a conduit le scénariste à Casting : Leigh Whannell, Cary Elwes, Ken Leung, Danny Glover, Dina Meyer, Karl Butters, aller piocher à droite à gauche afin de combler les trous dans son script Paul Gutrech... (notamment le final du métrage qui renvoie à une scène célèbre de "Massacre Genre : Thriller Horrifique 19 à la tronçonneuse"). De ce fait le film ressemble plus à une (in)digestion d’inspirations qu’à une idée vraiment originale; ce qui gâche le plaisir, mais ne coule pas le film pour autant.

Le fond du film n’est pas le seul à souffrir des influences du réalisateur, la forme est elle aussi horriblement conve- nue. En effet James Wan utilise avec force et fracas des moyens peu honnêtes ; lorsque la tension retombe, vient le temps de sortir les grosses ficelles : flashes de lumière, sur-découpage de l’image pour perdre le spectateur et utilisation outrancière de hausses de volume. Ainsi pour ajouter un peu d’adrénaline, le réalisateur applique comme « fond » musical des compositions nerveuses (tempo élevé avec une large couverture des basses) jouéss à fort volume. Encore une fois pour exciter les sens du specta- teur, et de ces moyens éculés, le réalisateur retire une grande efficacité. A laquelle s’ajoute le dynamisme propre à la ca- mera numérique (HD), qui, si pour les scènes d’actions, s’avère très pertinent, l’est bien moins en ce qui concerne le huis clos qui composent 60% du film. Cependant, mention très spéciale à l’utilisation maîtrisée de l’outil numérique lorsque les protagonistes sont plongés dans les ténèbres. La pénombre au cinéma est difficile à manier, puisque les pellicules nécessi- tent un minimum de lumière pour être imprégnées de l’image, ce qui n’est pas le cas de la HD. N’en demeure pas moins que le réalisateur gère avec une aisance des plus totales, ces scènes de noir où le spectateur ne fait qu’entrevoir, obligé de deviner les choses.

Que retirer de "Saw"? Que le thriller se porte bien? Que le réalisateur a de beau jour devant lui? A vrai dire, "Saw" serait à la croisée des chemins, entre le bon vieux thriller craspec et l’excès de style ("Panic Room") marqué par la tentative de placer toutes ses inspirations à la fois. Reste que l’intention est là, ce qui pourrait présager d’un futur intéressant, tant pour le thriller poisseux que pour le ci- néaste.

En outre l’usage que James Wan fait de la HD, laisse en- tendre que le réalisateur est un joueur chevronné, l’im- pression d’assister à la démonstration d’un jeu vidéo est en effet récurrente, sans pour autant nuire au film. La scène de l’appareil photo ainsi que les diverses scènes d’action, impliquent cette affirmation : le réalisateur de SAW serait bien plus efficace aux commandes d’adaptations cinématographiques de jeux vidéos que Paul Anderson qui accumule les immondices et s’entête à plomber des franchises riches en potentiel.

En conclusion, même si le film souffre de l’accumulation de trop nombreuses références et de l’usage d’une forme peu ori- ginale, il n’en reste pas moins une très bonne surprise dans le paysage cinématographique pollué par les na- vets aseptisés dont Hollywood nous bombarde.

QQQ Colin Vettier

20 LES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES DE MARIJA

Hemerocallis

1er JOUR

Cela vous-est-il déjà arrivé de tomber complètement, totalement fou amoureux au point que votre propre vie ne compte plus ? D’être prêt à vous abandonner à l’étreinte de l’incarnation de vos rêves les plus enfouis, sans une seule pensée pour votre âme ? Tout ceci au premier regard ?

L’amour n’a jamais tenu une bien grande place dans la vie de Jeremy Mornac, écrivain, 45 ans, célibataire endurci par choix. Au moment où débute notre histoire, c’était même le cadet de ses soucis. Il était assis à son bu- reau, une feuille blanche devant lui. Juste à côté se trouvait son précieux carnet de notes, ouvert à la page du synopsis de son nouveau roman. Tout y était : le résumé, le profil de ses personnages, la construction, mais pas son inspiration pour l’écrire. C’était la toute première fois en 15 ans que cela lui arrivait. Il avait 7 romans à succès à son actif, cha- cun fini en moins d’un an, 3 adaptations au cinéma, les invitations aux salons, à la télé, aux soirées des gens impor- tants – bref, une vie tout ce qu’il y avait de plus confortable. Et voici alors enfin la panne, la peur de la feuille blan- che, le tarissement de la source que redoute tout créateur.

Il soupira profondément et laissa son regard se promener sur la vue au travers de la fenêtre : un jardin au ga- zon vert brillant, épais comme une moquette, et tout au fond, une petite haie derrière laquelle se déployait la plage. La mer était calme, d’un bleu profond mystérieux, encore trop fraîche pour s’y baigner. Le soleil brillait dans un ciel azur taché de petits nuages cotonneux. Une légère brise remuait le feuillage dans le jardin et Jeremy ouvrit la vitre en grand pour en profiter un peu. Il inspira profondément. Une douceur enivrante emplit ses narines. Devant la fenêtre se trouvait un parterre d’hémérocalles, des fleurs de la famille des lys. Les corolles se déclinaient dans des tons rou- ges, allant du vermillon au pourpre. Lorsqu’il était venu visiter la maison, l’agent immobilier lui en avait tant parlé qu’il s’était demandé ce qui n’allait pas avec le reste de la maison. Elle lui avait parlé de leur robustesse, de leur flo- raison ininterrompue tout au long de l’année, de leur beauté exemplaire, enfin, bref, que de choses qui ne l’intéressait pas. Il soupira de nouveau et se dit qu’il ferait mieux d’aller se promener dans l’air frais de cette fin de matinée. Cela avait toujours eu un effet bénéfique sur ses pensées bloquées.

Le sable était doux et chaud. Il avança jusqu’à l’eau et laissa les vaguelettes paresseuses aller et venir sur ses pieds nus. Il avait apporté son carnet, comme à son habitude, mais il savait bien que cette présence rectangulaire n’y changerait rien. Il s’arrêta et fit face à la mer. L’horizon lointain ne l’avait jamais attiré. Il était mieux chez lui, avec sa petite vie bien rangée et très gratifiante. Remarquez, quelle importance où il se trouvait, puisque son inspiration semblait l’avoir quittée pour de bon. Tout à coup, le magnifique tableau naturel qui l’entourait lui semblait d’une lai-

21 deur sans nom. Sa frustration lui donnait une subite envie de se munir d’une machette gigantesque afin de tout ré- duire en charpie.

Il ramassa quelques cailloux et les lança aussi loin que le lui permette ses forces. Une vive douleur à l’épaule le fit presque pleurer de rage impuissante.

2ème JOUR

Les rayons du soleil réveillèrent Jeremy tôt le lendemain matin. Il s’étira longuement – tout réveil avant 10h du matin lui avait toujours été tout à fait insupportable, voire inutile. Mais étant donné que les fenêtres ne possédaient pas de volets et que le soleil ne ferait que se lever davantage, il se dit que ce serait l’occasion de vérifier si sa muse était devenue du genre matinal. Il s’assit au bord du lit en se frottant les yeux. Quelque chose lui piquait la plante de son pied. C’était un petit caillou. - Mais qu’est-ce que… De petits bouts de terre jonchaient le sol, formant une ligne droite de la porte jusqu’à son lit. Il vérifia la se- melle de ses baskets posées par terre. Rien. Il avait dû tout semer hier soir, après sa promenade nocturne, sans s’en rendre compte. Ca attendrait. D’abord, une douche et un bon café.

Le reste de la journée se déroula de façon identique à la précédente. Une promenade infructueuse sur la plage, une relecture intensive de son synopsis, de ses profils de personnages, et comme la veille, rien. Le néant. Cette fois, il tenta de noyer sa frustration dans le visionnage de quelques films plutôt corsés : A Toute Epreuve, City On Fire et Tetsuo. Il avait découvert le cinéma asiatique depuis peu mais était tombé accro tout de suite. Il en était au milieu du dernier lorsque des bruits de pas se firent entendre dans le couloir de l’entrée. Il éteignit la télé et se leva. Au moment où il tournait la tête vers la porte, une femme entra. Jeremy eut l’im- pression qu’une massue invisible venait de lui tomber sur la tête.

La première chose qu’il remarqua était le vert jade de ses grands yeux parfaits. La seconde, que sa longue robe moulante révélait clairement sa nudité en dessous. Son regard remonta sur son visage en forme de cœur. En voyant sa petite bouche pulpeuse et rose brillant, il ne put s’empêcher de passer la langue sur ses lèvres, comme s’il contem- plait un fruit particulièrement appétissant. Ses cheveux lui arrivaient à la taille, épais et bouclés, d’un rouge si pro- fond à en être presque noir. Elle était de taille moyenne et son corps était bien sûr tout à fait exquis. Le désir foudroya Jeremy sur place. Lorsque la vision lui sourit, il sentit une aspiration au creux du ven- tre qui lui coupa ce qu’il lui restait de son souffle.

- Bonsoir, dit-elle. Veuillez pardonner mon intrusion. Il réussit à émettre un son qu’il espérait ressemblait à une salutation amicale. - Je suis une voisine, continua-t-elle, je voulais juste vous souhaiter la bienvenue. - Je… (Il se racla la gorge.) Je vous remercie. Vous prendrez bien un petit verre ? Il se gifla mentalement. Quelle maîtrise, quelle phrase stupéfiante d’originalité, quelle – mais la belle accepta avec un sourire des plus désarmants. Après plusieurs secondes d’immobilité béate, il se retourna pour aller dans la cuisine et fut pris d’une soudaine panique inexpliquée. Il regarda en sa direction. Elle était toujours là, souriante. Il savait qu’il pouvait désormais mourir en paix. La soirée se déroula tranquillement. Ils discutèrent de tout et de rien, assis côte à côte dans le canapé, leurs

22 bras et leurs jambes se frôlant sans cesse comme mus par leur propre volonté. A chaque fois, Jeremy ressentait comme une décharge électrique et sa vision s’obscurcissait furtivement. Enfin, elle se leva pour partir. La maison s’écroulant autour de lui aurait été une aubaine en comparaison. Elle lui promit cependant de revenir très vite. Jeremy ne dormit pas beaucoup, cette nuit-là.

3ème JOUR

Après quatre heures de sommeil, il se réveilla dans un état extatique. Il se sentait en pleine forme et s’installa immédiatement à son bureau. Il ouvrit son bloc, décapuchonna son stylo et se mit à écrire. Deux heures plus tard, il sortit de sa transe. Il regarda le numéro de la page qu’il venait de terminer : 47. Il n’en croyait pas ses yeux. Même avant son blocage, il n’avait jamais écrit près de 50 pages en si peu de temps. A ce rythme-là, il aurait fini le premier jet en moins d’une semaine ! Il se sentait de nouveau invincible, fébrile. Il n’avait pas faim, alors il alla juste chercher quelques bouteilles d’eau et se réinstalla devant ce premier résultat plus qu’encourageant. La prochaine fois qu’il émergea, le soleil s’était couché et son estomac criait enfin famine. Il s’étira de satisfac- tion et avec un grand sourire, il se dirigea vers la cuisine. Elle était là, en train de découper des légumes, vêtue de la même robe pourpre révélatrice que la veille. Son cœur s’arrêta momentanément de battre. - Oh, bonsoir. Je ne voulais pas vous déranger dans votre travail, alors j’ai commencé à préparer le dîner. J’espère que cela ne vous pose pas de problème ? Qu’une créature exquise et à moitié nue s’occupe de lui sans qu’il ait demandé quoi que ce soit ? Qui a un pro- blème ? - J’adore les surprises, dit-il. Je peux me rendre utile ? - Vous pouvez déboucher le vin blanc. Je l’ai mis au frais. Il s’exécuta et leur servit un verre. Ils trinquèrent et burent les yeux dans les yeux. Jeremy sentit son âme fon- dre et s’étaler comme du beurre sur une poêle très chaude.

Pour le dessert, Elle alla chercher des fraises et un bol de chocolat fondu. Il ne connaissait pas son prénom, il y pen- sait seulement comme la femme de toutes les femmes, celle qui méritait qu’on la nomme au majuscule, l’ensorce- leuse irrésistible de n’importe quel homme. Elle prit les fraises une à une, les trempa dans le chocolat et nourrit Jeremy comme un enfant. Ils ne parlaient pas, ils se contentaient de ce que chacun pouvait lire dans le regard de l’autre. Quand il n’y eut plus de fraises, Elle trempa un doigt dans le chocolat et le porta à sa propre bouche. Elle ferma ses lèvres délicieuses autour et sortit le doigt lentement. Jeremy la fixait, hypnotisé, les yeux ronds, la respiration lourde. Elle se passa le doigt humide sur les lèvres et joua avec le bout de sa langue. Ils passèrent sans attendre aux choses sérieuses sur le canapé. Ce fut Elle qui prit l’initiative encore une fois, mais Jeremy n’y voyait aucun inconvénient. Les femmes entreprenantes recevaient toute son approbation. Leurs ébats se prolongèrent jusqu’à ce que Jeremy se sente transporté dans une nouvelle dimension. Il n’avait jamais atteint ce seuil de plaisir de sa vie, pas même le jour où Alicia était venue chez lui avec une amie… Il ouvrit les yeux et contempla son amante béatement. Elle passait la langue partout sur son corps, remontant doucement vers son cou. Il adorait sa façon de le mordiller. Elle prenait tout son temps. La petite douleur se mêlait de façon exquise au sommet de son plaisir. Jeremy aurait bien aimé prolonger leurs moments de tendresse, mais une torpeur irrésistible le submergea et il se laissa glisser dans un sommeil sans fond.

23 4ème JOUR

Lorsqu’il ouvrit les yeux, son regard tombait pile sur le cadran du réveil. 12:17 p.m. Midi passées ? Il aimait flâner au lit mais avait quand même des limites. Il leva la tête pour jeter un coup d’œil sur le lit. Celui-ci était dans un état impressionnant ! Par contre, il ne se souvenait pas de s’être vêtu d’un t-shirt avant de s’endormir. Il défit la couverture enroulée autour de ses jambes et se tourna sur le côté pour se lever. Ce fut là qu’il remarqua les petites ta- ches de sang sur l’oreiller et le haut du drap. Le mordillage se rappela immédiatement à son bon souvenir, et avec un sourire satisfait, il porta les doigts à son cou. Une douleur sourde le fit grimacer. Sentant quelque chose de poisseux, il regarda ses doigts. Ceux-ci étaient tachés de sang et d’une substance épaisse et laiteuse. Il les renifla, mais ne sentit rien d’autre que l’odeur cuivrée du sang.

Il se leva et se dirigea vers la salle de bain. Lorsqu’il se vit dans la glace, il reçut un choc brutal. Il lui manquait un bout de chair conséquent dans le creux du cou. Il eut un instant de panique puis, de nulle part, surgit la question de comment on pouvait raisonnablement arracher un bout de chair à quelqu’un sans que la personne ne s’en rende compte. Il palpa les bords de la plaie, mais ne ressentait qu’un léger picotement, comme si la peau avait été anesthé- siée et que l’effet durait encore. Aurait-Elle fait cela durant son sommeil ?

Un désagréable pressentiment l’envahit et il enleva son t-shirt d’un mouvement rapide. Et recula de plusieurs pas, manquant de tomber par terre. Tout le haut de son bras gauche n’était qu’une plaie béante, les chairs arrachées jusqu’à l’os. Ses yeux s’écarquillèrent et il lui manqua subitement d’oxygène. Il voulut se détourner mais était inca- pable de détacher son regard de la couleur ivoire brillant au milieu de tout ce rouge. Une violente nausée planta ses griffes dans son estomac et il eut juste le temps de se retourner avant de vomir copieusement dans la baignoire.

Il resta à genoux jusqu’à ce qu’il eut l’impression que le cartilage soit broyé par son poids sur le carrelage. Il pleurait, il tremblait de partout, il avait la sensation qu’un gouffre venait de s’ouvrir sous sa conscience. Une odeur vaguement écœurante monta de la plaie, envahissant ses narines, provocant de nouveaux haut-le-cœur douloureux. On aurait dit qu’une main de fer essorait ses intestins.

Il finit par se lever sur des jambes qui imitaient assez bien du coton. Evitant de se regarder dans la glace, il ou- vrit l’armoire sous l’évier. Un grand nombre de paquets de gaze stérile et de bande chirurgicale l’occupait. Frisson- nant de dégoût, il pansa ses plaies du mieux qu’il put. Il s’aspergea ensuite le visage d’eau froide. Il avait grand be- soin de prendre une douche, mais il n’osait pas risquer de mouiller ses bandages. Il se lava devant l’évier, s’efforçant d’éviter de penser à tout sauf à ce qu’Elle lui avait fait, et surtout à ce qui était arrivé à sa chair manquante.

Plus tard dans la journée, et malgré l’horreur découverte à son réveil, il se surprit à espérer le retour de la beau- té fatale. Ce manque inexplicable se transforma rapidement en un tourment ravageur, dévorant son âme comme Elle avait commencé à dévorer son corps.

Il tournait en rond dans la maison comme un lion en cage. Rien n’avait d’attrait, pas l’écriture, ni la télé ou la lecture. Sortir se promener ? Pour aller où ? Le seul endroit où il désirait être se trouvait entre Ses bras rassurants, sous Ses caresses expertes. Il n’avait même aucune idée d’où Elle vivait. Il n’était pas du genre à faire causette avec d’éventuels voisins.

Jeremy sortit dans le jardin et s’installa dans une chaise longue. Une odeur enivrante flottait jusqu’à lui. Le par- terre d’hémérocalles se trouvait à quelques mètres seulement, resplendissant de couleur et d’abondance. Il ne connaissait rien en botanique mais dut admettre que les fleurs étaient d’une beauté incomparable. Comme Elle. Non,

24 moins. Une simple plante ne pouvait décemment se mesurer à la perfection faite chair et os, une vision affolante de courbes douces faites pour qu’on y abandonne son âme.

Il regarda sa montre. 15:36. Jusque là, Elle n’était venue qu’après la tombée de la nuit – encore quelques heu- res à attendre…

Le livre qu’il tenta de lire finit par terre après qu’il eut recommencé la même page cinq fois. Il rentra et s’ins- talla à son bureau. Celui-ci faillit apprendre à voler suite à l’amoncellement par terre de feuilles froissées ne conte- nant que des demi-phrases. Il retourna dans la salle de bain mais n’osa pas défaire ses pansements. Lorsqu’il palpait les plaies recouvertes, il ne ressentait pratiquement aucune douleur du tout. En vérifiant l’heure, il avait l’impression que sa montre le narguait, qu’elle s’arrêtait exprès à chaque fois qu’il y jeta un coup d’œil. Il finit par l’enlever et l’é- craser avec une chaussure comme un gros insecte métallique.

Sa frustration ne fit que s’accroître et il en était au stade des larmes de supplication lorsqu’il entendit la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer. La terreur l’envahit d’un seul coup. Des pas légers mais fermes descendaient le cou- loir, comme si leur propriétaire avait l’habitude des lieux. Il retint son souffle. Et garda bien la bouche fermée pour que son cœur ne bondisse pas à l’extérieur. Elle était enfin là, plus belle encore que la veille (était-ce même possi- ble ?). Un léger rosissement colorait ses joues et ses yeux scintillaient tels deux émeraudes. Lorsqu’Elle lui sourit, il sentit les braises de son désir s’enflammer et réduire en cendres toutes ses peurs, tous ses doutes, toute son appréhen- sion.

Cette fois, ils ne perdirent pas leur temps en préliminaires gastronomiques ou en bavardage superflu. Et lors- qu’elle commença à le mordre, il la laissa faire. Au départ, il garda les yeux fermés. Mais rapidement, la curiosité et le plaisir de la regarder eurent raison de lui. Alors, il ouvrit les yeux. Elle était penchée sur sa cuisse et léchait une plaie toute fraîche. Sa langue était fraîche et douce sur sa peau brûlante. Elle leva les yeux et le regarda. Il ne pouvait rien lire dans son regard devenu vide et terne, comme si deux trous venaient de s’y creuser. Elle ouvrit grand la bou- che et baissa la tête. La sensation des dents s’enfonçant dans sa chair était étrangement agréable, presque sensuelle. Il gémit de plaisir. Tandis qu’elle le mordait, ses mains le caressaient divinement bien, l’emportant dans un flot de sen- sations contradictoires, changeant à une vitesse folle – tantôt il était terrifié, ensuite exalté, puis paniqué, ou alors malheureux – mais jamais il n’aurait voulu qu’elle arrête. Il la regardait lui arracher de petits bouts un peu partout, des morceaux qui se détachaient plus facilement qu’il ne l’aurait cru. Cela faisait un drôle de petit bruit, comme du papier mouillé que l’on émiette lentement.

La satisfaction de la belle était évidente à ses gémissements et sa façon de lécher ses plaies. Elle s’y appliqua avec attention pour ne pas perdre une seule goutte du sang épais qui coulait mollement sur tout son corps. Elle sem- blait injecter une sorte de substance anesthésiante lorsqu’elle le mordait – c’était la seule explication pour l’absence de douleur.

Jeremy était cependant au-delà de toute question d’ordre biologique et suite au pic de jouissance, il plongea de nouveau dans un sommeil profond.

5ème JOUR

Au réveil, il eut beaucoup de mal à sortir du lit. Ce n’était toujours pas la douleur qui l’en empêchait, mais le grand nombre de bandages qui raidissait ses membres et rendait tout mouvement difficile.

25 Il arriva à se traîner jusqu’à la salle de bain malgré tout et se contempla dans la glace. Il y avait vraiment beau- coup de pansements. Il commença à les défaire un par un, de plus en plus exalté par la quantité de chair qui lui man- quait. Toute sensation initiale de peur avait disparu. Ce qu’il ressentait désormais s’apparentait plus à de la fierté qu’à autre chose. Il se sentait prêt, voire même impatient, à lui offrir jusqu’à sa dernière goutte de sang, jusqu’à la moindre partie comestible de son corps. Ainsi, ils ne feraient véritablement plus qu’une personne – autant que ce soit dans son corps sublime à elle.

Il ne s’était jamais laissé aller à aimer une femme assez pour s’installer avec elle. Il avait toujours refusé toute responsabilité de ce genre et s’était convaincu avec le temps qu’il n’était pas fait pour les relations de couple. C’était plus facile que de se regarder en face. Et voilà que la beauté physique d’une femme le poussait à lui donner jusqu’à sa propre vie. Peut-être que durant toutes ces années de répression, sa capacité à aimer s’était concentrée en ce dévo- rant désir de don de soi.

Son euphorie était revenue. Il aurait bien passé le reste de l’après-midi à s’admirer, mais son esprit bouillonnait d’i- dées. Tant et si bien que jusqu’à la nuit tombée, il noircit page après page sans même plus les compter.

Lorsqu’Elle revint, il l’attendait déjà au lit.

DERNIER JOUR

13:27 p.m. Le cadran du réveil mit un certain temps à se matérialiser devant ses yeux. Il tenta de soulever la tête mais en était incapable. Il se sentait vidé de toute sa substance vitale. Pourtant, s’il était encore conscient, c’est qu’il devait rester quelque chose de son corps. Il tourna la tête sur le côté et se regarda. Un sanglot désespéré lui échappa. Elle ne l’avait pas habillé, cette fois, Elle avait juste pris soin de le panser. Et il était évident que les bandages recouvrant ses bras et ses jambes de haut en bas n’enveloppaient que les os. Son squelette. Il n’y restait plus un seul bout de chair ou de muscle. Il ne sortirait plus jamais du lit. Il mourrait ici, seul, ses os se désagrégeraient lentement et ne seraient peut-être même pas retrouvés avant la fin de son bail dans 6 mois…

Jeremy se mit à sangloter plus fort, à pleurer de façon hystérique, à hurler jusqu’à ce qu’il s’endormisse d’épui- sement.

Il revint à lui quelques heures plus tard. Il n’avait toujours pas mal là où ses plaies se terminaient et que les os commençaient. Il ne savait même pas s’il était vraiment réveillé, tant il se sentait planer sur un autre niveau de cons- cience. Peut-être était-ce de l’agonie à l’état pur, non-diluée, une souffrance exquise, parfaite – ou alors, son désir pour Elle avait fini par tout remplacer à l’intérieur de lui, avait transformé l’essence de son être en une adoration toute-puissante, une dévotion ultime, en une lumière éthérée brillant éternellement sur sa ravageuse.

Il n’avait plus aucune notion du temps. Il regardait le réveil de temps en temps mais les chiffres ne signifiaient plus rien pour lui.

Il avait soif, aussi. Non. Il mourait de soif. Nuance. Il émit un rire frénétique qui se transforma rapidement en hurlements sauvages à s’en déchirer les cordes vocales. Il s’évanouit de nouveau.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, Elle était penchée sur lui. Son visage exprimait une inquiétude convenant assez aux circonstances. Il faillit s’excuser de ne pas avoir mis son plus beau costume et préparé le dîner. Mais il ne pensait pas

26 qu’elle soit vraiment d’humeur à rigoler.

Elle sourit et essora une éponge qu’Elle avait prise dans une bassine posée par terre, remplie d’eau. Elle lava soigneusement son torse et son visage de gestes lents et sensuels. En temps normal, il aurait prié tous les dieux de l’Univers pour que cela dure toute la nuit. Mais là, il n’avait qu’une hâte, c’était qu’elle en termine aussi vite que possible. Il ferma les yeux et tenta de s’imaginer ailleurs, dans un autre corps, un autre temps, un autre monde… Malgré lui, son excitation devint rapidement visible. Il serra les dents et ferma les yeux. Il entendit le petit plouf de l’éponge qui tombait dans la bassine. Il sentit ensuite Ses mains autour de son sexe érigé. Lorsque Sa bouche se fer- ma autour, il poussa un hurlement qui amena un évanouissement des plus bienvenus.

Lorsqu’il recouvra sa conscience malmenée, il lui manquait tout le bas-ventre. Il voulut hurler mais sa voix semblait l’avoir désertée. Aucun son ne passa ses lèvres entrouvertes. Son visage tordu de désespoir était inondé de larmes. Elle lui sourit et lécha les gouttes salées et chaudes de ses joues. Ensuite, Elle se pencha de nouveau sur son ventre. Elle était sous l’emprise d’une impatience tremblante et se servait cette fois de Ses mains pour déchirer la plaie da- vantage. Celle-ci n’était donc pas anesthésiée par la substance coulant de sa bouche.

La douleur était atroce, rien à voir avec la souffrance exquise de ses morsures. Elle semblait s’insinuer jusque dans le moindre atome composant son corps, échaudant toutes les terminaisons nerveuses au passage comme de l’a- cide corrosif, remontant ensuite dans son cerveau pour y exploser en un éclair blanc à intervalles réguliers. Il n’avait plus besoin de La regarder pour voir son image dans son esprit - Son visage, Ses mains et Ses bras barbouillés de sang noir et épais, de morceaux de chair luisant, Ses cheveux poisseux et emmêlés… Malgré sa frénésie, Elle prenait tout son temps pour arracher la chair et la mastiquer consciencieusement avant de l’avaler. Heureusement, celui-ci était en bonne forme physique. Elle n’avait jamais apprécié le goût ni la texture de la graisse jaunâtre.

Jeremy réussit à ouvrir les yeux une dernière fois. Il La vit comme au ralenti plonger ses deux mains dans son ventre ouvert et en retirer ses intestins pourpres et enflés. Elle les écrasa entre ses doigts griffus et ouvrit la bouche en grand. Lorsqu’Elle y plongea ses dents, sa terreur recouvra la voix. Sa dernière pensée fut que son hurlement du- rait étrangement longtemps…

Lorsqu’Elle eut fini le devant, elle retourna ce qui restait de Jeremy Mornac et s’attaqua au dos. A la dernière bouchée, Elle eut un sourire satisfait et caressa son ventre repu. Sans perdre une seconde, Elle lécha les os jusqu’à la dernière goutte de sang. Ensuite, Elle les sépara afin de les broyer méticuleusement entre ses mâchoires puissantes.

Aux premières lueurs orangées de l’aube, Elle sortit dans le jardin et se dirigea vers les hémérocalles. Sa beauté était encore plus resplendissante qu’avant et ses formes s’étaient visiblement arrondies. Elle se posta au milieu des fleurs dont les corolles s’ouvrirent doucement malgré le manque de lumière. Les fleurs semblèrent prendre vie autour d’Elle en se penchant et se languissant sous ses caresses.

- Oui, mes chéries, j’apporte votre subsistance… Elle plia ses bras sur sa poitrine et baissa la tête. Son corps commença à s’effriter et finit par retourner à la terre qui la composait.

Les hémérocalles avaient été nourries encore une fois.

Marija Nielsen

27 LES DOSSIERS de cine horreur

LE CINEMA FANTASTIQUE ET D'HORREUR EN FRANCE

Un dossier réalisé par : Jérémie Marchetti & Stéphane Erbisti

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le cinéma fantastique est né en France ! Alors que les frères Lumières filment des événements de la vie de tous les jours, un homme, George Méliès, va prendre le chemin opposé et pro- pose aux spectateurs des mondes imaginaires, des voyages interstellaires et ce, dès 1902 avec son extraordinaire " Le Voyage dans la Lune ". Il réalisera bien d'autres films comme " Le royaume des Fées " ou bien encore " Le Voyage à travers l'impossible " en 1904.

Une des premières incursion dans le cinéma fantastique ! Et Made in France !

Mais l'intérêt que porte la France au cinéma fantastique va vite décliner et les réalisateurs préféreront filmer des cho- ses réelles plutôt que de faire rêver les spectateurs. La relève sera alors assurée par l'Allemagne qui nous donnera des oeuvres comme " Le Golem ", " Cauchemars et Hallucinations " ou bien encore le grandiose " Nosferatu ". Beaucoup se plaignent actuellement que le cinéma français n'excelle pas vraiment dans le fantastique ou l'horreur. Ce qui n'est pas faux. Et pourtant, il faut savoir que certains films fantastiques français sont de véritables perles qui res- tent essentielles encore aujourd'hui. A travers ce petit dossier, nous allons essayer de vous faire découvrir qu'il existe un cinéma fantastique en France et que les rares incursions dans ce domaine ont néanmoins donné quelques chef- d'oeuvre au genre ! Voici une liste (non exhaustive ) des meilleurs films du genre, classés chronologiquement à tra- vers les grandes périodes. On s’excuse d’avance pour les titres qu’on n’a pas cité (comme Terminus ou Litan par exemple) et on vous souhaite une bonne lecture !

28 I / Du début du cinéma aux années 50

C'est donc avec George Méliès que le cinéma fantastique français nous donne ses premières œuvres phares. On peut clairement dire que Méliès est l'inventeur de la science-fiction. Et l'inventeur des trucages au cinéma. Rien que ça ! Pour son film "Le Voyage dans la Lune", il tournera pendant trois mois, chose très rare à l'époque où les films ne dé- passaient pas la durée de 2 à 3 minutes. Son film durera 16 minutes et peut être considéré comme la première "superproduction" du cinéma.

* LE VOYAGE DANS LA LUNE 1902 - film français de Georges Méliès - Noir et Blanc. Le professeur Barbenfouillis embarquent avec les membres de son club d'astrono- mes à bord d'un obus qui va être propulsé par un canon géant vers la lune. Arrivés sur la lune, ils sont fait prisonniers par les Sélénites et conduis au palais du Roi de la Lune… Un enchantement visuel extraordinaire pour un film de 1902 ! Et déjà de nom- breux effets spéciaux comme des peintures en trompe l'œil, décors en carton-pâte. Un film-clé pour le cinéma fantastique !

Puis le public n'aura pas grand chose à se mettre sous la dent car la France abandonne purement et simplement le ci- néma fantastique, laissant à d'autres pays, comme l'Allemagne dans les années 20 puis les USA dans les années 30, le soin de les abreuver en film terrifiant. On peut néanmoins citer le film de René Clair " Paris qui dort ", réalisé en 1923, dans lequel un savant provoque la paralysie totale de Paris et de ses habitants avec son mystérieux rayon, et également le très beau film de Jean Epstein réalisé en 1928, " La Chute de la Maison Usher ", basé sur l'histoire d'Edgar Poe. Epstein a réalisé un authentique film fantastique, d'une beauté baroque somptueuse, et qui renvoie aux films expressionnistes allemand.

1928 est également l'année où un certain Luis Bunuel réalise " Un Chien andalou ", célèbre film surréaliste qui contient une des premières scènes "gores" du cinéma avec l'œil coupé au rasoir. En 1930, il réalise une autre oeuvre surréaliste, " L'âge d'or ". Jean Cocteau réalisera quand à lui " Le Sang d'un Poète " la même année.

En 1932, Carl Théodore Dreyer signe un authentique chef d'œuvre avec son " Vampyr ou l'étrange aventure de Da- vid Gray ", dans lequel il installe une ambiance déstabilisante pour le specta- teur, avec des visions oniriques et surtout un travail sur tous les tons de gris, conférant au film une image unique.

1942. Maurice Tourneur nous livre un grand classique du cinéma fantastique français avec " La Main du Diable " dans lequel il nous raconte l'histoire d'un artiste peintre qui se procure "une main" qui lui accorde ce qu'il veut, à savoir amour et gloire. Mais les effets ne durent qu'un temps. C'est alors que Le Dia- ble apparaît au peintre et lui annonce que s'il ne parvient pas à revendre "la main" moitié moins que ce qu'il l'a acheté, son âme lui appartiendra…

Cette même année, Marcel Carné réalisera " Les Visiteurs du Soir ", autre grand classique du cinéma fantastique français dans lequel Le Diable envoie deux de ses serviteurs afin d'empêcher le mariage de la fille d'un Baron avec un chevalier. Mais l'amour sera t'il plus fort que la mort ? Dans le rôle du Dia-

29 ble, Jules Berry est extraordinaire, tout comme les décors et la réalisation de Carné. Un film merveilleux !

En 1944, Serge De Poligny réalise " La Fiancée des Ténèbres ", toujours placé sous le signe de l'onirisme et du merveilleux.

C'est en 1946 qu'un nouveau chef-d'œuvre du cinéma fantastique français apparaît sur les écrans : La Belle et la Bête de Jean Cocteau.

* LA BELLE ET LA BÊTE 1946 - film français de Jean Cocteau - Noir et blanc. Peintre, poète et cinéaste, Jean Cocteau se lan- ça dans l'adaptation d'un superbe conte où une jeune fille est emprisonnée dans le château d'un prince changé en monstre. Outre une belle distribution (Josette Day et Jean Marais notamment), La Belle et la Bête est un film re- gorgeant de poésie et de surréalisme via des décors majestueux et inquiétants. Certains éléments du décors sont même " vivants " (des acteurs camouflés, maquillés et déguisés) comme le fameux couloir au chandelier avec des mains tenant des bougies. Le maquillage de Jean Marais est également in- croyable avec sa tête de lion qui le rend méconnaissable. En ce sens, La Belle et la Bête est un magnifique film fantastique comme on n'en fait plus. Du très grand Cocteau, somptueux et magique.

Comme on le voit, la France livre surtout des œuvres "fantastiques" ou "merveilleuses" mais ne s'intéresse guère à "l'horreur". Dans les films préci- tés, c'est surtout de poésie, de merveilleux auquel on a droit. L'épouvante et l'horreur sont absent des films français alors que les USA par exemple, et bientôt l'Angleterre, ont fait de l'épouvante un genre à part entière. Mais en 1949, Jean Faurez va inclure des éléments horrifiques dans son film " Histoires Extraordinaires ", film à sketches basé sur quatre histoires d'Edgar Poe et contenant de nombreux éléments relevant du "macabre".

1949 sera également l'année où Gerard Philipe interprétera le Diable ve- nu offrir une seconde jeunesse à Michel Simon dans le film de René Clair "La Beauté du Diable ", excellente variation sur le thème de Faust.

II / DES ANNEES 50 AUX ANNEES 70

En 1950, Cocteau va à nouveau se tourner vers le fantastique onirique avec " Orphée ", toujours interprété par Jean Marais. Orphée est un très beau film, parsemé de séquences fantastiques et poétiques.

30 Il faudra ensuite attendre quasiment la fin des années 50 pour que la France s'intéresse à nouveau au fantastique. Ce sera chose faite en 1959 avec deux films. Jean Renoir adaptera le roman de Stevenson (Docteur Jekyll et Mister Hyde) avec " Le Testament du Docteur Cordelier " dans lequel un savant, le docteur Cordelier, voit sa partie sombre apparaître sous la forme de Monsieur Opale, après avoir absorbé un sérum de son invention. Mais autant Cordelier est un homme charmant, Opale n'est qu'une brute épaisse qui terrorise les femmes et les enfants…

Mais la vraie révélation de l'année 1959 est sans conteste le film de Georges Franju, le sublime " Les Yeux sans Visage ", ou cette fois, on peut bien parler "d'horreur" à la française !

* LES YEUX SANS VISAGE 1959 - film français de Georges Franju - Noir et Blanc. Réalisateur de l'éprouvant "Le sang des Bêtes" (court métrage sur les abat- toirs), et des superbes "La tête contre les murs" et "Judex", Georges Franju se tente au film d'horreur avec le chef-d'œuvre qu'est " Les yeux sans visage ". Le docteur Genessier a une fille, Christiane, défigurée après un accident de voi- ture. Ne supportant pas son état, il fait croire à son entourage qu'elle est morte. Il décide alors de lui redonner un visage en enlevant des jeu- nes filles lui ressemblant et pratique des greffes de visages, qui ratent malheureusement. La jeune fille semble perdre espoir et sombre dans la dépression. Son fiancé commence a avoir des doutes… 3 ans avant Blood feast, Franju utilise déjà le gore dans son film à travers des scènes d'opération assez crues. Son film est aussi terri- fiant grâce à une ambiance malsaine du plus bel effet. Le trio d'ac- teurs est inoubliable : Pierre Brasseur, inquiétant à souhait, Alida val- li qu'on reverra dans Suspiria et Inferno; quant à Edith Scob, elle reste l'un des meilleurs point du film. Avec sa silhouette fine, son masque blanc et sa démarche fantomatique, elle traverse le film comme un spectre avec une grâce poétique magnifique. La scène fi- nale reste un grand moment d'horreur mais aussi de poésie avec cette image mémorable et surréaliste où Edith Scob s'enfonce dans la forêt, entourée de colombes au son de la merveilleuse musique de Maurice Jarre. Rien que pour ça , Les yeux sans visage est un chef d'ouvre du cinéma fantastique français et pourquoi pas du cinéma tout court ?

En 1960, Cocteau, toujours lui, nous livre encore un film fantastique avec " Le Testament d'Orphée ". En 1965, c'est vers la science-fiction que se tourne la réalisation de Jean-Luc Godard avec son " Alphaville ". Science-fiction tou- jours en 1966 avec l'excellent " Farhenheit 451 " de François Truffaut. Roger Vadim nous livrera également un film de SF avec son "Barbarella " en 1968. C'est également l'année où il s'associera avec Federico Fellini afin de réaliser ensemble " Histoires Extraordinaires ", film à sketches basé à nouveau sur les écrits d'Edgar Poe.

31 Les années 70 vont marquer une phase nouvelle pour le cinéma fantastique français. Tout d'abord, deux films surna- gent du lot des productions de cette année là :

* LE CHARME DISCRET DE LA BOURGEOISIE 1972 - film français de Luis Bunuel - Couleurs. Certains se demanderont qu'est ce que vient faire un film pareil dans ce dossier, sur- tout que Bunuel n'a jamais réalisé de films fantastiques mais des films surréalistes. Pourtant le surréalisme est rattaché directement au fantastique puisque mettant en scène des situations sans queue ni tête, parfois franchement drôle ou franchement in- quiétante. Accompagné évidemment d'un côté provocateur savoureux et parfois très en avance sur son temps (voir l'œil tranché dans un chien andalou) ainsi que d'une satire ou d'une réflexion toujours pertinente (ici la satire de la bourgeoisie). Le scéna- rio est on n'eut peu plus simple : une groupe de bourgeois s'invite pour un repas mais celui-ci est toujours repoussé par un événement surréaliste. Événements d'ailleurs plutôt drôles : il y a un mort dans le restaurant, le repas est mal fixé, intrusion de per- sonnages quelconques qui raconte une histoire. C'est d'ailleurs là le point le plus inté- ressant, chaque histoire est basée sur le fantastique ou l'horreur : vengeance de pa- rents fantômes qui ordonnent à leur fils de tuer le faux père, retrouvailles dans une ville fantôme avec des êtres chers mort depuis longtemps, un commissaire sadique qui revient hanter le commissariat où il travaillait ou bien encore un prêtre fusillant l'assassin de ses parents. Des saynètes fantastiques qui ne font qu' augmenter la qualité de ce film sur- réaliste mémorable.

* LE LOCATAIRE 1975 - film français de Roman Polanski - Couleurs. La trilogie des appartements maudits, composés de Rosemary’s Baby et de Répul- sion, va pouvoir s'achever avec Le locataire . Roman Polanski incarne lui-même le héros, un jeune employé de bureau timide et seul qui déniche un appartement dans un immeuble assez inquiétant. Édifice rempli de personnages bigarrés et étranges qui veulent le silence à tout prix. L'ancienne locataire de l'immeuble s'est d'ailleurs jetée par la fenêtre pour une raison que tous le monde ignore. Tout comme Mia Farrow dans « Rosemary’s baby » ou Catherine Deneuve dans « Répulsion », le héros va sombrer dans la folie et devenir paranoïaque. Seulement on ne saura jamais si celui- ci à raison ( les habitants lui veulent-ils vraiment du mal ?) ou s'il devient fou. Au passage, le casting contient son lot d'acteurs célèbres : Isabelle Adjani, Shelley Win- ters, Bernard Fresson, Rufus, Michel Blanc, Gerard Jugnot, Josiane Balasko, Claude Piéplu. Polanski signe encore une ouvre terrifiante voir même traumatisante (la scène finale est Vraiment tétanisante). Bizarre, insolite, flippant ( la musique de Philippe Sarde et la photographie de Sven Nykvist y contribue beaucoup ), Le locataire boucle brillamment la trilogie de Polanski .

Et puis, il y a l'apparition d'un réalisateur qui va constamment oeuvrer pour le cinéma fantastique français : Jean Rol- lin. Dès 1968, Jean Rollin se lance dans le cinéma fantastique avec " Le Viol du Vampire ", dans lequel il mêle déjà ce qui sera sa marque de fabrique, à savoir fantastique, vampire et érotisme. Il récidive en 1969 avec l'excellent " La Vampire Nue ", film où la poésie règne, où la photographie est très belle et qui provoque chez le spectateur une im- pression étrange de voir un film différent. Passionné par la mythologie du vampire, Rollin se lance donc dans une va- gue de films vampiriques avec " - 1970 " et " Requiem pour un Vampire - 1971 ". Il réali- sera aussi une histoires de fantômes vengeurs avec " Les Démoniaques - 1973 ". Viendront ensuite des films où l'hor- reur sera plus important comme " Levres de sang - 1974 ", " Les Raisins de la Mort - 1978 " ou encore " Fascination -

32 1979 " et " La Nuit des Traquées - 1980 ". Il réalisera bien d’autres films par la suite, dont le fameux Lac des Morts Vivants . On reproche souvent aux films de Jean Rollin d'être la version filmique d'un somnifère. Il n'em- pêche que seul Jean Rollin a osé s'aventurer dans le cinéma fantastique de façon permanente, malgré la mauvaise réputation de ce genre par chez nous. Les films de Rollin sont toujours baignés dans une atmosphère gothi- que, poétique, érotique. Jean Rollin a su imposer sa touche personnelle et ses films se reconnaissent au premier coup d'œil. D'ailleurs, les anglais lui voue un culte particulier. Bref, n'hésitez pas à vous plonger dans son uni- vers, il y a toujours quelque chose à en tirer.

* LA VAMPIRE NUE 1969 - film français de Jean Rollin - Couleurs. Une jeune fille vêtue d'un drapé orange transparent est conduite dans un labora- toire où on lui fait subir des prises de sang. Parvenant à s'échapper, la fille court dans les rues, la nuit, et se fait poursuivre par des hommes portant des mas- ques d'êtres démoniaques. Pendant sa fuite, elle rencontre Pierre, un jeune homme mais se fait tirer dessus par les hommes et s'écroule. Les hommes emporte la jeune fille dans un immeuble qui appartient au père de Pierre. Celui-ci veut en savoir plus et commence à mener une enquête. Il s'intro- duit dans l'immeuble la nuit, avec d'autres personnes qui se rendent égale- ment à une bien étrange soirée. Là, Pierre découvre une sorte de sectes où les membres se suicident afin d'être offerts à la jeune fille, qui n'est pas morte malgré le coup de feu…

La Vampire Nue est un film lent, certes, même très lent, mais assez inté- ressant de par son scénario, qui tient en haleine le spectateur, bien décidé à savoir le secret de cette jeune femme énigmatique. Est-elle vraiment un vampire ? Qui sont ces gens qui veulent la récupérer ? Quels motivations animent les trois savants qui essayent de la préserver du monde extérieur ? De nombreuses questions auxquelles Rollin apportera des réponses, et de façon originale, sortant des sentiers battus des classiques films de vampi- res. Comme à son habitude, l'érotisme flirte avec le fantastique et bons nombres de ses actrices voient leurs nudités offertes aux spectateurs. Il y a également beaucoup de poésie dans ce film et de très jolies scènes, qui en font un spectacle à part mais qui mérite d'être vu.

III / LES ANNEES 80 - 90

On ne sait pas exactement ce qui s'est passé mais les années 80 - 90 ont

33 provoqué un nouveau souffle sur le cinéma fantastique français. Des jeunes réalisateurs font leurs premières armes à travers des films stupéfiants et vraiment différents. Une nouvelle génération en somme. Déjà en 1982, Francis Leroi, réalisateur plutôt spécialisé dans le film érotique, voir pornographique, se lance dans une production fantastique qui va se révéler forte intéressante : " Le Démon dans l'île ".

* LE DEMON DANS L'ÎLE 1982 - film français de Francis Leroi - Couleurs. Francis Leroi s'essaye au fantastique en 82 avec le surprenant " Le démon dans l'île ". D'abord en voyant Annie Duperey et Jean Claude Brialy en tête d'affiche on a un peu peur, on se dit que c'est encore un stupide nanar à la française mal joué et mal foutu. Mais le film est tout l'inverse, nous racontant l'histoire d'une jeune femme, le docteur Gabrielle Martin, qui s'installe sur une petite île de la Manche. Elle remarque que des appareils ménagers semblent se retourner contre leur utilisateur et un bien étrange docteur semble lui cacher quelque chose… Non seulement le film tient la route et évite le ridicule mais le suspense fonc- tionne très bien. Ce n'est pas un hasard si le film reçu le prix du suspense à Avo- riaz. Les meilleures séquences sont celles où les appareils du quotidien devien- nent dangereux : un nounours mécanique jouant du tambour crève l'œil d'une pe- tite fille avec sa baguette, une femme à la main coincée dans le four, une cafe- tière explose, un rasoir bic provoque une belle entaille sur la joue d'un gars et un couteau électrique se met à déchiqueter les mains d'un brave monsieur. Ces scè- nes sont pourvues d'une violence hard assez éprouvante et très rare dans le ciné- ma français. De ce point de vue là, le film n'est pas un chef d'œuvre mais une belle réussite !

Puis c'est le débarquement en fanfare de toute une tripotée de films fantastiques made in France qui vont surgir sur les écrans, passant de l'humour noir dérangeant au gore éclaboussant !

* BAXTER 1988 - film français de Jérôme Boivin - Couleurs. On a toujours voulu savoir ce que pense les chiens et bien Baxter va vite vous en enlever l'envie. Film très noir, Baxter raconte le nouveau départ que va prendre un bull-terrier après avoir été offert à une vieille dame. Celle-ci va commencer à sombrer dans la démence et finira par se faire tuer par Baxter qui ne la supportait plus. Ensuite c'est un jeune couple très libéré qui va l'adopter mais l'irruption d'un bébé le gène et il décide de noyer le nourrisson. Sans suc- cès évidemment, il est envoyé dans une famille dont le fils, Charles, va tenter de l'apprivoiser. Mais Charles est un enfant dérangé, une graine de nazi fasciné par Eva Braun. Et si Baxter avait trouvé pire que lui ? Jamais ennuyeux, dé- pourvu d'humour et baignant dans un climat malsain, Baxter est une très bonne surprise qui sera oublié trop vite. Angoissant et envoûtant, le film réussit égale- ment à ne jamais être pompeux ou banal... La voix de Baxter (dialogue de Jac- ques Audiard) devient rapidement enivrante, faisant le charme certain du film. Baxter n'a rien de son pouvoir de séduction et vous le prouvera avec cet excel- lent film ; et comme disait le slogan de l'affiche : Méfiez vous du chien qui pense !

34 * BABY BLOOD 1989 - film français d'Alan Robak - Couleurs. Imaginez un mélange de Elmer le remue méninges et de Rosemary's Baby ! Et bien Baby Blood c'est un peu ça mais avec beaucoup de gore, d'humour noir et d'originalité. Yanka est une jeune femme aux rondeurs appétissantes, travaillant dans un cir- que. Son amant, qui est le directeur du cirque, la martyrise et ne la rend pas heureuse. Un jour, un tigre venu d'Afrique libère un parasite qui se trouvait dans son corps, et qui va féconder Yanka. Celle-ci s'enfuie et emménage dans un appartement abandonné. Elle porte en elle une créature qui doit vivre de sang et lui demande (elle peut parler en plus) de tuer des hommes pour se nour- rir. Réticente au début, Yanka finit par accepter et commence un parcours jon- ché de cadavres… Ce qui est étonnant, c'est qu'on a droit ici à un film très gore et pourtant bien français. On y trouve des apparitions de Alain Chabat, de Jean Yves Lafesse, et même de Baxter ! On remarque même lors du générique de fin que la voix du bébé est interprété par un certains Roger Placenta ! Les meurtres sont donc très gore et bien craspec : tête défoncée contre un mur puis décapitée à coup de ma- traque, couteau dans l'épaule, poignardement sauvage avec un ciseaux filmé en vue subjective (du point de vue du ciseaux), corps explosé avec du gaz, coup d'extincteur en pleine figure... L'humour noir est aussi bien présent comme cette scène où Yanka vole un camion de don du sang avec un pistolet en plastique ou encore lorsqu'elle étrangle avec le fil du téléphone une mémé gâteau qui lui racontait la joie de l'accouchement. Un film débridé et bien frappé comme on n'en voit trop peu. Jouissif, grand guignolesque et trash, LE film gore français.

* 36-15 CODE PERE-NOEL 1989 - film français de René Manzor - Couleurs. Réalisateur du très moyen "Le passage" et du médiocre "Un amour de sorcière", René Manzor a pourtant réalisé entre ces deux déceptions cet excellent film qu'est 36 15 code père Noël. Le héros est un jeune garçon nommé Thomas qui habite dans un immense château avec sa mère et son grand père. C'est la veille de Noël et le gamin se retrouve seul avec son papy, tentant de capturer le père Noël. Mais pendant ce temps, sa mère qui travaille dans un magasin de jouets, renvoie un faux père Noël qui a giflé une petite fille. Cette homme, un espèce de psychopathe limite pédophile, décide de se venger en allant persécuter Thomas et accessoirement le tuer. La traque va être longue et violente, autant pénible et éprouvante pour le héros que pour le spectateur… Incroyable et angoissant, tels sont les deux adjectifs pour qualifier le film. René Manzor signe un survival brutal et marquant, sorte de version méchante de Ma- man j'ai raté l'avion. Le personnage du psychopathe (qui s'habille en père Noël d'ailleurs) est une belle représentation du croque-mitaine dans toute sa splen- deur. Le décor du film est particulièrement gigantesque donnant lieu à une am- biance des plus fantastiques. Servant à faire l'ouverture du festival d'Avoriaz de 1990, on se demande pourquoi un tel film a eu du mal à être culte, ce qui n'est jamais arrivé d'ailleurs et c'est bien dommage. Un survival prenant et très origi- nal à redécouvrir d'urgence !

35 * ADRENALINE, LE FILM(S) 1990 - film français de Alain Robak , Yann Piquer , John Hudson , Jean Marie Maddedu , Anita Assal , Barthélemy Bompard et Philippe Dorison .

Adrénaline est en fait un film à sketches regroupant divers courts métrages de cette époque. Des courts surréalistes, frappadingues, bourrés d'humour noir et d'idées folles, jugez plutôt : un pauvre type se fait arracher ses membres mais reste toujours vivant, un homme traverse une maison remplit de piéges mortels, la tête d'un homme est frappée à outrance comme un punching ball pour devenir une « sculpture », une voiture se révolte contre son conducteur, une femme voit son plafond descendre petit à petit, une télé est possédée par le diable, un métro qui rend fou. Les au- tres sont un peu faiblard (la dernière mouche, graffiti, embouteillage) et ont un intérêt restreint. Ils faut donc voir le film pour ces sketches hallucinants qui ont de quoi surprendre le spectateur le plus endurci. Un film de fou avec un grand F !

IV / LES ANNEES 90

Des années bien calmes pour le cinéma fantastique français qui semble prendre une pause :

* LA TRILOGIE KOUNEN : GISELE KEROZENE - VIBROBOY - LE DERNIER CHAPERON ROUGE 1989 - 1993 - 1998 - Courts métrages français de Jan Kounen Outre Dobermann, Blueberry et sa série inachevée Capitaine X, Jan Kounen a réalisé une trilogie de courts métrages saisissants qui déploie le talent du bonhomme. Le pre- mier (Gisèle Kérozène) est un énorme délire durant quatre minutes où des sorcières se poursuivent avec des balais motorisés. Entièrement tourné image par image, ce court mé- trage qui va à fond dans le n'importe quoi recevra le prix du court métrage à Avoriaz en 1989, bien mérité. Avec Vibroboy, on passe à la vitesse supérieure avec un type jaloux et violent se transformant en machine de guerre armée d'un marteau pilon surmonté d'un godemiché ! Le possédé va commencer à poursuivre sa femme et son travelo de voisin, qu'il finit par attraper pour un plan final mythique où il chante « parlez d'amour » en lui enfonçant son arme dans la bouche. Mouvement de caméra ultra speed, humour grivois, personnages frappés, c’est du délire ! A l'époque de sa sortie, Mad Movies répliqua sur le film : « le bonheur tout simplement, un coup de chaussure clouté dans le cul du cinéma français ! » et ils ont raison. Le troisième (le dernier chaperon rouge) est complètement différent ce qui ne l'empêche pas d'être barge aussi. Revisitant de manière sanguinaire le mythe du chaperon rouge, Kounen nous régale encore une fois. Emmanuel Béart incarne le petit chaperon dans un univers très particulier qui n'est pas sans rappeler visuellement celui de Tim Burton. Il y a des chansons, certaines scènes sont filmées comme des ballets mais on est loin de Disney (qui n'a jamais adapté le conte, trop cruel ?) : Le loup est romantique mais dé- voile sa vraie nature (dangereuse) à la fin, la grand-mère est un ancien chaperon qui s'est fait mutilé les jambes par un monstre et qui a besoin donc du dernier chaperon, le pauvre lapin se fait vider de son sang… Visuellement magnifi- que, Le dernier chaperon rouge est une expérience unique à ne pas mettre entre toutes les mains et plus particulière- ment celles des enfants.

* LA CLASSE DE NEIGE 1998 - film français de Claude Miller.

A première vue, La classe de neige est un drame psychologique, pourtant certains éléments fantastiques sont nom-

36 breux dans ce film sur l'enfance. Un jeune garçon, Nicolas, semble avoir été traumatisé par quelque chose, oui mais par quoi ? Celui-ci est envoyé en classe de neige mais Nicolas n'est pas un enfant comme les autres : il se focalise sur des fantasmes morbides et violents, qui font la force du film. Enterré vivant, retrouvé déchiqueté et encore vivant par ses parents, voyant des terroristes massacrer sa classe puis emporter les cadavres. Des visions morbides dont on ne sort pas indemne. Vision de la nature imposante et inquiétante (on pense à Shining), ambiance glauque et mal- saine, pas d'humour. Le film de Claude Miller est un choc qui dépeint le monde de l'enfance de manière terrifiante et unique ! . Et le lier au genre fantastique en devient presque évident.

V/ LES ANNEES 2000 : UNE NOUVELLE ERE

Gavée par les films cultes tels que Zombie, Evil Dead ou Massacre à la Tronçonneuse, la nouvelle génération est par- ticulièrement novatrice mais aussi quelque peu décevante. La firme Bee movies est créée mais les films ne tiennent pas leurs promesses : « Promenons nous dans les bois », « jeu d'enfant », « Brocéliande », « bloody mallory ». On retiendra plus Requiem et Nid de Guêpes (qui sont des polars). Mais il y a quelques surprises quand même :

* FURIA 2000 - film français d’Alexandre Aja : Avant Haute tension, Aja avait signé un excellent film d'anticipation qui n'aura pas l'honneur du public ou de la critique (sauf L'Ecran Fantastique et Mad Movies qui l'ont défendu). Dans un futur ravagé par la guerre et la dictature, un jeune homme dessine sur les murs le visage d'une jeune femme malgré l'interdiction de ce genre d'action. Un jour, il rencontre une femme semblable à lui (c'est aussi une artiste) et tombe amoureux. Mais elle est arrêtée et doit être torturée. Une terrible révolte s'en- gage alors pour retrouver la jeune femme. Une oeuvre splendide, très violente, brillamment interprétée et sous estimée de sur- croît. Très dur, le film l'est et le spectateur n'en revient pas. Une fin forcément très émouvante et la musique magnifique de Brian May viennent s'ajouter à cela. Aja nous prouve déjà son talent, et quel talent.

* MALEFIQUE 2002 - film français d’Eric Valette Après des courts-métrages prometteurs, Eric Valette réalise une excellente surprise auquel personne ne s'attendait. Le film Maléfique se déroule dans un seul lieu : la cellule d'une prison. Dans cette cellule, quatre détenus : Carrére, un patron d'entre- prise qui pense bien se tirer vite fait bien fait pour retrouver son fils; Lassale, un énigmatique personnage qui a tué sa femme sur un coup de folie; Marcus, un trans- sexuel musclé et violent et Pâquerette, un attardé mental qui bouffe tout ce qu'il trouve. Un jour, ils trouvent un grimoire emmuré qui contient d'étranges incantations qui pourrait peut être les aider à s’évader. Forcément Valette s'en tire très bien avec une histoire en béton qui scotche le spectateur du début à la fin, et malgré un petit budget les effets spéciaux réussissent à être parfaitement crédibles. Des acteurs ex- cellents, un très bon suspense, du gore et des références évidentes (Evil Dead, les films de prison). Le spectateur attendant un très bon film fantastique français ne peut pas être mécontent, tout est mis en oeuvre pour son plaisir et Valette peut être fier de lui.

37 * HAUTE TENSION 2002 - film français d’ Alexandre Aja.

En 2002, Aja nous revient avec un film d'horreur bien gore et fort en suspense. Alex et Marie (Cecile de France et Mawenn le Besco, parfaites) se rendent dans la maison de l'une d'elle pour réviser pendant un week-end. Mais à la nuit tombée, un tueur (Philippe Nahon, acteur fétiche de Gaspar Noé, terrifiant) rentre dans la maison et massacre la petite famille d’Alex, qui se fait enlevée par le psychopathe. Marie va les suivre et tenter de sauver sa meilleure amie… Une tension redoutable tient le spectateur pendant tout le métrage, ne lâchant jamais le spectateur. C'est très gore (tête explosée à coup de meuble, découpage au rasoir, hache dans le ventre...), bien foutu et surtout mécham- ment efficace. Au lieu de s'attarder sur un ersatz de Scream, Aja nous balance en pleine poire un survival ultra vio- lent et vraiment surprenant. On peut regretter quelques incohérences et une révélation finale discutable (mais inat- tendue et brillante).

Voici donc une excellente occasion de visionner un film d'horreur original qui nous montre que le cinéma d'horreur français a un certain avenir devant lui et qu'il peut surprendre à tout moment.

Ce petit dossier s’achève donc avec une belle lueur d’espoir concernant notre genre préféré en France. Mais il n’au- rait pas été complet si nous ne vous avions pas parlé du célèbre Antoine Pellissier, alias Docteur Gore. Médecin le

38 jour et réalisateur de films 100% gore la nuit, les films d’Antoine Pellis- sier n’ont jamais connu les honneurs d’une distribution sur grand écran. On peut par contre se procurer ses films en vidéo. Après avoir réalisé plusieurs petits courts-métrages, Pellissier réalise d’un coup un film- fleuve d’une durée de 2H52 en 1982 et intitulé « Les Proies du Mal ». Il continue sur sa lancée en 1984 avec « Folies Meurtrières », film s’ins- pirant du « Slasher-Movie ». Un film vraiment gore, avec découpage à la tronçonneuse et tripailles en folie ! Le film reçoit les honneurs du festival organisé par Mad Movies et obtient le prix du film le plus gore de l’an- née ! Il réalisera ensuite « L’élue des Enfers », basé sur une histoire de posses- sion style « L’Exorciste ». Puis les obligations militaires, son travail et sa vie de famille font qu’il ne réalisera plus rien jusqu’en 1995. 1995 justement. Le Docteur Gore est de retour avec « Maléficia », tou- jours aussi sanglant. Ce film est le premier d’une trilogie dont le second épisode « Horrificia » est actuellement en gestation et à la recherche d’investisseurs. Amateurs de gore, n’hésitez donc pas à vous rendre sur le site d’Antoine Pellissier pour découvrir son travail : http://perso.wanadoo.fr/pellissier.3p/3ppp.htm THE END

39 INTERVIEW : ANTOINE PELLISSIER aka DOCTEUR GORE

Antoine Pellissier, alias Docteur Gore, nous a fait le plaisir de répondre à nos ques- tions. En route donc pour ces quelques lignes retraçant le trajet "hors normes" d'un réalisateur convaincant et convaincu, que la passion du cinéma d'horreur guide au quotidien depuis sa jeunesse.

*** Bonjour Antoine Pelissier, tout d'abord comment en êtes vous arrivé à réaliser des films gore, un genre mis à l'écart parfois ? J'ai eu deux révélations, le bal des vampires et la nuit des morts-vivants qui m'ont marqué, ont ouvert une brèche dans mon cerveau. Depuis mon adolescence, je suis passionné du cinéma d'horreur, de l'excès.

* A quel âge avez-vous commencé à regarder des films d'horreur? Aux alentours de 15/16 ans, où je passais beaucoup de temps au cinéma, la vidéo n'en étant qu'à ses prémices.

* Comment arrivez-vous à concilier votre métier et votre passion pour la réalisa- tion? La semaine c'est mon métier, et le week-end et la nuit ma passion domine. Cepen- dant je mets bien la barrière entre les deux activités. Je fais également de la musi- que, je suis batteur dans un orchestre rock, et je me consacre à ma famille.

* D'où vous vient ce surnom de docteur gore? C'est un journaliste qui m'a cité dans un journal local de Nîmes en première page :" Docteur Gore, médecin le jour et réalisateur de films d'horreur la nuit". Cela date de 4 ou 5 ans, je trouvais cela bien donc je l'ai gardé pour mon image de réalisateur mais pas de médecin (rires).

* Quels films vous ont incité à passer à la réalisation? Hormis les deux titres cités auparavant, il y a la série des Evil Dead, Massacre à la tronçonneuse…

* Puisez-vous des idées dans ces films? Je suis forcément influencé par les films que je regarde, parfois je retiens le côté gothique, parfois l'aspect stressant. Il est inévitable que je m'inspire de ces films, même inconsciemment.

* Pourquoi ne pas avoir opté pour un genre plus subjectif que le gore, le fantastique ou l'étrange par exemple? J'aime l'excès, je n'aime pas trop le suggéré, je préfère le visuel. Je fais de la "pornographie" de l'horreur. c'est un débat qui porte à discussion mais ce genre à ses spectateurs et ils savent à quoi s'attendre, c'est ce qu'ils veulent ils en sont cons- cients.

* Dans quelles conditions se sont déroulés vos premiers courts métrages ("Le refuge des maudits", "Au comble de l’horreur", "Le vampire contre-attaque", "Du sang sur la neige") ? Je les ai réalisé à l'âge de 15/18 ans, avec une caméra super8, sans moyens. j'ai utili- sé le système D avec mes amis et ma famille, cependant cela était passionnant à faire .

40 * Allons-nous les découvrir un jour en vidéo? Je ne les ai pas exploités car je les considère comme amateurs avec un grand A, c'est du bas de gamme à mon sens bien que je ne les renie pas. Peut-être un jour pourquoi pas…

* Avec les proies du mal, vous avez franchi une étape tant par la durée (près de 3 H) que par la violence des scènes gore, comment s'est déroulé le tournage de ce marathon de l'horreur? J'ai voulu réaliser quelque chose de plus concret, de plus fini. J'ai mis 2 ans et demi pour le faire cela a été très long ( tournages les week-end, etc...) . Le scénario a bien entendu été plus élaboré, au même titre que les costumes et les effets spé- ciaux. Le tout a été tourné en super 8. En revoyant le film, je me rend compte de certaines longueurs. Mais cela a été le "début" de ma carrière.

* Avez-vous été surpris par l'accueil favorable de "folies meurtrières" qui a rem- porté plusieurs prix? Compte tenu de la durée autorisée sur les festivals, ce film a eu un certain succès parmi les festivals amateurs. Ce qui m'a conforté dans l'idée de continuer à réali- ser des films gore et d'horreur. J'ai été très heureux de l'accueil des médias.

* Entre "l'Elu des Enfers" en 1985 et "Maléficia" en 1998, il s'est passé beaucoup de temps. Vous êtes-vous heurté à des difficultés? J'ai fait un arrêt pour des besoins de la vie quotidienne, ma famille, l'armée... etc... mais le virus du cinéma ne m'a jamais quitté. En 1994 j'ai donc écrit le scénario de Maléficia.

* A propos de "Maléficia" justement, les acteurs n'avaient pas d'affinités avec le gore, comment ça s'est passé? J'ai fait en sorte que cela reste convivial et sympathique pour ne pas les découra- ger. Cela a été difficile malgré tout, et cela n'a pas été évident de garder les gens principalement de par leurs activités, leur travail mais aussi parfois à cause de scènes contraignantes.

* Les effets gores y sont d'ailleurs très réussis, à qui les doit-on? Deux amis dont un médecin, qui est très fort dans ce domaine. Philippe, Gilles et moi donc avons concoctés les effets ensemble. cela n'a pas été simple car certaines scènes ont demandé beaucoup de réflexion. Il y a eu du travail de pré-production mais aussi de l'improvisation.

* Comment ce film s'est-il retrouvé dans le catalogue Troma? C'est une histoire un peu compliquée. En fait j'ai voulu rencontrer Loyd Kauf- mann au festival de Cannes il y a quelques années. Je l'ai rencontré, cependant ses assistants ont du mal faire suivre mon dossier car je n'ai pas eu de réponses. Par la suite, ma femme a fait le marathon de New York en 2002, elle en a profité pour ramener un dossier a Troma. Elle est tombée sur Loyd kaufman en per- sonne, qui l'a super bien reçue. Cela a duré une heure. 8 jours après, Troma me rappelle pour me proposer de distribuer Maléficia. Et au final s'en suivirent un an de transactions.

* Que pensez-vous du cinéma fantastique et gore en France? Je suis très pessimiste dans mon opinion car je pense qu'il n'y en a pas. Cela me désespère. Il n'existe ni producteur ni réalisateur qui s'y risque. Soit-disant le français n'aime pas ce genre de film. J'en doute un peu au vu du courrier que je reçois. Je pense qu'il y a tout de même une filière, un créneau. Il existe beaucoup de gens qui aiment le gore. Mes patients m'avouent parfois aimer cela et acheter des films. Peut-être est-ce tabou? Quoiqu'il en soit je continuerai dans ma lancée!

41 * Et au niveau des festivals, ce genre à l'air d'être boudé non? La tendance est plutôt au suspens et à la suggestion. Le gore semble rebuter les gens.

* Pensez-vous que cela vienne du fait d'un scénario consi- déré comme mince justement? J'embarque les spectateurs dans une histoire simple et droite, je pêche un peu dans la faiblesse du scénario. Mais c'est volontaire, c'est un spectacle. En France on préfère les intrigues compliquées, moi j'ai toujours été pour les choses directes. On choque forcément mais on sait très bien ce que l'on fait, ça fait partie du genre.

* Ou en est votre prochain film "Horrificia" annoncé comme le second volet d'une trilogie ? La préparation est quasiment finie, j'en suis à deux ans de préparation, il sera plus abouti que Maléficia. J'essaie de rencontrer des producteurs ce qui n'est pas évident. En France cela n'est pas évident parce que personne ne croit aux films gore, il faut aller chercher des financements à l'étranger.

* Allez-vous faire appel à des professionnels pour les effets spéciaux sur ce tournage? Je vais faire appel à David Scherer, avec qui j'ai énormé- ment sympathisé. Il est ok pour assumer toute la mise en scène des effets spéciaux. Il aura énormément de travail, mais j'ai vu également tout ce qu'il a déjà accompli. C'est remarquable et je suis ravi de l'avoir dans mon équipe.

* Y'a-t-il un film récent que vous avez apprécié ? L'Armée des Morts, le remake de Zombie, bien qu'il n'at- teigne pas des sommets fut une bonne surprise en terme visuel.

* Finalement que conseilleriez-vous à un jeune qui décide de se lancer dans le cinéma d'horreur? De le faire avec passion, c'est ce qui doit primer. Il n'y a que ça qui doit faire avancer les choses. Niveau finance- ments cela est plus compliqué. Mais avant tout il faut com- muniquer votre passion à d'autres pour qu'ils vous sui- vent. Et surtout continuer quoiqu'il en soit. Personnellement je suis autodidacte cela n'était pas mon métier. Et bien qu'une école puisse amener de bonnes ba- ses, je pense qu'il faut rester authentique.

* Merci Antoine Pellissier de nous avoir accordé de votre temps. Merci à vous, je vous remercie vous et vos lecteurs, ainsi que mes fans et les fans du cinéma d'horreur.

Questions rédigées par Gérald Giacomini. Propos recueillis par Lionel Colnard.

42 PIN -:UP MARILYN BURNS Egérie de tout un véritable fan club pour sa prestation dans le FILMOGRAPHIE film culte de Tobe Hooper, ‘ ’Massacre à la Tronçonneuse’’ , on peux regretter que Marilyn Burns n’a pas capitalisé sur son 1994 - The Return of the Texas Chainsaw Massacre 1985 - Future Kill rôle et a très vite disparu des écrans. Comme prisonnière à 1981 - Kiss Daddy Goodbye tout jamais de son premier rôle. 1977 - Eaten Alive (Le Crocodile de la Mort)

1976 - Helter Skelter (Tv) Marilyn Burns, originaire de Pennsylvanie (5 juillet 1956), est 1974 - The Texas Chainsaw Massacre l’une des Scream Queens les plus connues dans le monde, mal- gré une très courte carrière. Une notoriété qu’elle doit donc à Apparition personnelle : Tobe Hooper, pour qui elle endosse le rôle de Sally Hardesty. 2000 - The Texas Chainsaw Massacre, The Shocking Héroïne fortement maltraitée dans le célèbre ‘ ’Massacre à la Truth (Documentaire) Tronçonneuse’’ , la belle a l’occasion de montrer qu’elle a de la voix. Elle gagne alors ses galons de reine du ‘’Cri’’. Un pre- mier rôle marquant qui va influer sur la suite de sa carrière.

Marilyn récidive deux ans plus tard dans un nouveau film d’horreur, encore mis en scène par Tobe Hooper : ‘ ’Le croco- dile de la mort’’ . Elle se retrouve dans un hôtel tenu par un individu qui nourrit son alligator en lui donnant en pâture ses invités. Le film n’acquiert pas la même notoriété que ‘’Texas Chainsaw Massacre’’, malgré son caractère très malsain égale- ment. La suite de sa carrière est nettement moins intéressante. On la retrouvera dans un médiocre film d’horreur, « Kiss Dad- dy Goodbye » en 1981, puis dans un film de science-fiction, « Future Kill », en 1985.

L’actrice renouera avec Leatherface en 1994, à l’occasion des vingt ans du film original. Malheureusement, c’est dans le très médiocre ‘ ’Massacre à la Tronçonneuse 4 ’’ où elle se contente d’une brève apparition. On signalera pour compléter sa filmographie qu’elle interprète la compagne du tueur Char- les Manson, dans le téléfilm, ‘’Helter Skelter’’ en 1976.

La belle Marilyn n’a donc jamais vraiment eu la chance de de- venir une actrice à part entière au vu de sa faible filmographie. Mais pour ses admirateurs, elle restera dans leurs cœurs à tout jamais comme étant « la fille qui hurle dans Massacre à la Tron- çonneuse ! »

Gerald Giacomini 43 AVORIAZ RETROSPECTIVE : Annee 1973

médecins responsables de la mort de sa 1973 femme en se servant des Sept Plaies d’É- gypte ! Original ! AVORIAZ Pour ce premier festival qui se déroule

du 9 au 11 février 1973, la sélection des L’écrivain Howard Philip Lovecraft est Le festival de tous huit films représente un petit panel des aussi à l’honneur avec « The Dunwich différents genres du "fantastique". Horror » qui nous présente un jeune les cauchemars Avec « La Baie Sanglante » et ses sorcier tentant de faire revenir sur Terre Dans les années 80, un festival de ci- meurtres à l’arme blanche, Mario Bava les Grands Anciens. Bonne ambiance néma se déroulant dans un paysage nous livre un vrai film d’horreur, dé- pour ce film d’épouvante assez réussi. neigeux pouvait se targuer d'être aussi clencheur de toute une vague de films célèbre que le festival de Cannes, mettant en scène des tueurs fous et On assiste également à des révoltes d’a- même si les films proposés étaient d'un qu’on appellera Slashers Movies. tout autre genre que ceux se déroulant nimaux et plus particulièrement de gre- sur la plage cannoise. Son nom : le fes- nouilles dans « Frogs » qui se révèle tival d'Avoriaz. Sa spécificité : propo- plutôt moyen. ser aux spectateurs des films fantasti- ques, d'horreur et de science-fiction. Un seul film français sera en compétition Un pari audacieux et insensé mais qui pour cette première année de festival. Il se révéla vite gagnant, le festival ac- s’agit de « Themroc » de Claude Faral- quérant une renommée mondialement do, pamphlet anarchiste qui nous raconte connue ! Bienvenue dans le festival de la révolte de Themroc, un homme qui en tous les excès, de toutes les bizarreries, a marre de son train-train quotidien. Il où litre de sang se conjugue au pluriel, s’enferme chez lui, jette ses meubles par où les phénomènes paranormaux sont la fenêtre. Bientôt, c’est tous les habi- légions et où les cauchemars des réali- tants de son immeuble qui suivent son sateurs prennent vie sur pellicule. exemple et une folie générale commence à prendre de l’ampleur... Lieu Géographique Le festival d'Avoriaz se déroulait dans la station de sports d'hiver d'Avoriaz, située à 1800 mètres d'altitude, au cœur du domaine Franco-Suisse des Douglas Trumbull préfère la science- Portes du Soleil. 650 km de pistes sont fiction à caractère écologique et pré- disponibles pour les skieurs. L'ensem- sente un film intimiste, « Silent Run- ble des hôtels sont recouverts de bois, ning », dans lequel trois hommes isolés ce qui donne un aspect très original à dans un vaisseau spatial sont chargés la station. Les voitures sont interdites. de préserver les derniers arbres et végé- On ne se déplace donc qu'à pied, en taux, la Terre étant totalement polluée. traîneau ou avec des skis. C'est à Lio- nel Chouchan que l'on doit l'idée gé- Vincent Price est présent dans ce festi- niale de créer un Festival du Film Fan- val sous son personnage du Docteur tastique dans la station. De tout petit Phibes dans le film qui porte son nom festival, Avoriaz gagne rapidement ses « L’abominable Docteur Phibes » de galons de stars et devient l'un des ren- l’anglais Robert Fuest. Un film plutôt dez-vous cinématographiques les plus réjouissant, à l’atmosphère baroque et connus au monde. théâtrale, dans lequel Price liquide des 44 LE JURY : Président : René Clément Membres : Juan Bunuel, Robert Enrico, André Farwagi, Docteur Ferdières, Gourmelin, René Gainville, Nelly Ka- plan, Christopher Lee, André-Pierre Mandiargues, Alain Robbe-Grillet, Claude Tchou.

LES FILMS EN COMPETITION : * L'Abominable Docteur Phibes (Usa / Gb - 1971 - de Robert Fuest) * Les Oiseaux, Les Orphelins et les Fous (Pologne - 1969 - de Juraj Jakubosco) * La Baie Sanglante (Italie - 1971 - de Mario Bava) * Duel (Usa - 1972 - de Steven Spielberg) * The Dunwich Horror (Usa - 1970 - de Daniel Haller) * Frogs (Usa - 1972 - de George McGowan) * Silent Running (Usa / Gb - 1972 - de Douglas Trumbull) * Themroc (France - 1972 - de Claude Faraldo Hors Compétition : Mais la révélation de ce premier festival vient d'un téléfilm Aelita (Urss - 1924 - de Jakov Protazanov) réalisé par un certain Steven Spielberg, " Duel ". Sur une trame classique, Spielberg, grâce à une maîtrise étonnante LE PALMARES : de la mise en scène et du cadrage, fait naître le fantastique en entourant de mystères les raisons qui poussent cet - Grand Prix : DUEL - Prix spécial du jury : THEMROC étrange camion à s'attaquer à un pauvre automobiliste. Le - Deuxième Prix : Les Oiseaux, Les Orphelins et les Fous camion est-il hanté ? Y'a t'il quelqu'un au volant ? Le jury - Prix d’interprétation masculine : Michel Piccoli pour Themroc est séduit et lui décerne le premier Grand Prix !

Stéphane Erbisti

45 SOUVENEZ -VOUS ...

L’histoire en quelques mots : Gabriel se trouve dans le château de sa famille en Allemagne,

lorsqu’il est confronté à une nouvelle enquête sur une série de meurtres atroces qui pourraient

être liés à des loups-garous. Dans cette enquête, il va être aidé par son assistante, la jolie Grâce Nakimura…

SUEURS FROIDES 21 DISPO !!!!

54 pages

Sommaire : *Previews : nos miran, shaun of the dead, memo- ries, nemesis game. Asian GABRIEL KNIGHT 2 : Scans : ab tak chappan, THE BEAST WITHIN dead friend, koma, yomi- gaeri, singles, road taken, possessed, good lawyer's wife, doppelganger, brea- Au milieu des années 90, Sierra s’impose sur le king news, g@me. marché des jeux vidéo d’aventure avec des ti- En tant que joueur, on est à tour de rôle dans la *Actualité dvd : la colline tres comme « Leisure Suit Larry », « Quest for peau d’un des deux personnages (Gabriel & à des yeux, breeders, prin- Glory », « King’s Quest ». Parmi l’une de Grâce). Rarement un jeu n’a atteint une telle ré- temps été automne hiver et leurs séries phares, on trouve «Gabriel ussite, grâce à son réalisme et son histoire très printemps, anatomie de Knight » qui flirte allégrement avec le fantasti- prenante. Les éléments de l’enquête s’imbri- l'enfer. que et le mystère. *Essentiels Shaw Bro- quent fort logiquement. L’histoire est bien docu- thers : tigre de jade, com- mentée et nous plonge dans une Bavière roman- plot des clans, île de la tique : le roi Ludwig 2, Richard Waggner, etc… bête. *Paul Naschy : furie des vampires, empreinte de dracula. *Takashi Miike : shinjuku triad society, full metal yakuza, rainy dog, bird people of china, andorome- dia, blues harp, ley lines. * Hex Trilogie. Il y a eut d’abord un Gabriel Knight classique *Ciné Kung-fu : Evil dont l’action se déroulait à la Nouvelle- Cult, Legend of a Fighter. Orléans. Le jeune Gabriel se trouve alors Un jeu digne des meilleures productions fantas- *Indie Eye : goregoyles, i confronté à un culte vaudou. Une histoire réus- tiques, on y trouve même quelques effets gores spit on your corpse, i spit sie qui vaut au jeu une belle réputation. Quoi et la tension monte crescendo jusqu’à la dernière on your grave. de plus logique que d’enchaîner sur une suite ? partie, où de la rapidité est demandé au joueur. *Adults Only : faust, cleo- C’est chose faite avec un Gabriel Knight 2 , A ce jour, Gabriel Knight 2 fait toujours figure patra. baptisé The Beast within . Un gros change- de must dans l’aventure fantastique. *It's Alive ! : alyas Bat- ment est opéré par rapport au jeu précédent, man and Robin . c’est l’utilisation de véritables acteurs dans des Solution : http://www.jeuxvideo.com/ A TELECHARGER décors photographiés. Rarement un jeu n’avait btajv99/etajvhtm/00103278.htm D’ URGENCE SUR : atteint un tel réalisme et l’immersion dans la Bavière (lieu où se déroule l’action) est très Gérald Giacomini http://perso.wanadoo.fr/ sueurs-froides/ réussie. 46 ET POUR QUELQUES NEWS DE PLUS...

* LES « TORTURED SOULS » DE CLIVE BARKER tivals avant de sortir aux USA le mois dernier. Il sort en Voici quelques semaines maintenant que Clive Barker a retour- Grande-Bretagne le 1er décembre prochain et sera disponi- né aux studios Universal la première mouture corrigée du scé- ble dès la semaine prochaine en zone 1 chez Tartan Vidéo nario de « Tortured Souls ». En attendant le verdict des pro- (aucune sortie sur grand écran n’est prévue en France). Co- ducteurs, rappelons que l’histoire est directement inspirée par écrit avec le scénariste de « Ted Bundy », « The Hillside les figurines que Barker a créées en collaboration avec Todd Mc Strangler » retrace l’histoire vraie de Angelo Buono et Farlane, le fameux dessinateur et « comic designer ». L’his- Kenneth Bianchi, deux cousins qui assassinèrent ensemble toire : un homme rencontre un démon et lui échange sa femme 15 jeunes femmes de 1977 à 1979. contre une vie meilleure. Livrée aux créatures terrifiantes d’un Autre film réaliste ayant pour su- monde parallèle, cette dernière va tout faire pour leur échapper jet des meurtriers psychopathes, et sauver son enfant... sorti en juillet en Grande- Bretagne et diffusé dans seule- ment 13 salles aux États-Unis de- puis le mois d’octobre : « The Manson Family », de Jim Van Bebber (Deathbeat at Dawn, My Sweet Satan), aboutissement de 10 années de travail pour le réali- sateur. Interdit aux moins de 18 ans pour ses scènes explicites de sexe et de violence, le film a pour but de démystifier une icône toujours dangereu- Barker précise que les ressemblances évidentes avec « Hellrai- sement à la mode, et ce à travers les faux-vrais interviews ser » ne sont que superficielles (d’ailleurs, il ne serait pas le pre- des anciens membres du clan Manson, entrecoupés de la mier réalisateur à reprendre un sujet pour en donner une autre reconstitution fidèle de ce qui amena aux massacres du 9 et version). « Tortured Souls » pourrait néanmoins sonner dès 10 août 1969. Un film extrême, dont la sortie en France est 2005 le retour de Clive Barker à l’horreur sur grand écran, vi- prévue en janvier 2005... directement sur Dvd. sant le classement « R » et prévoyant déjà une édition Dvd in- terdite aux moins de 17 ans. * TRONCONNEUSE AU FEMININ * ATMOSPHERE, ATMOSPHERE... La première de “ Chainsaw Sally ”, comédie horrifique de Jimmyo Burril, aura lieu le mercredi 1er décembre à Balti- Le canadien fou Brian Clément, réalisateur des « Meat Market » more. Dans le rôle titre, 1 & 2, « Binge & Purge » et « Exhumed », lance avec sa pro- April Monique Burril duction Frontline Films le casting de son prochain métrage, « (épouse du réalisateur) in- Dead Inside », qui sera tourné près de Victoria en Colombie carne une femme qui, trau- Britannique. Il s’agira d’un film d’horreur « classique », affirme matisée par la vision du Clément, davantage basé sur une atmosphère mystérieuse que meurtre de ses parents, de- sur le gore, et entièrement dépourvue de zombie. Fin des années vient sérial killeuse, s’ins- 40 : une équipe de détectives et de scientifiques enquête sur une pirant des classiques des maison vraisemblablement hantée, où tous ceux qui entrent dis- films d’horreur pour ac- paraissent. L’un d’eux, un enfant clown, se manifeste régulière- complir ses crimes. L’im- ment sous la forme d’un fantôme, et les visiteurs des lieux sont mense Gunnar « Leather- tous victimes de flashes relatifs à la Seconde Guerre Mondiale, face » Hansen est à l’affi- qu’ils n’ont pourtant pas vécue… Classique, quoi ! che (dans le rôle du père

de Sally… évidemment !), * LES SERIALS KILLERS DANS LE SANG ainsi que le vénérable et Chuck Parello poursuit son exploration réaliste des tueurs en toujours pimpant Hers- série américains. Après « Henry : portrait of a serial killer 2 » et chell Gordon Lewis ! « Ed Gein », « The Hillside Strangler » a écumé plusieurs fes- 47 * FOOTBALL, GUERRE CIVILE ET ZOMBIES SS * TROP HORRIBLE ? Nick Palumbo est un nom qui ne vous dira sans doute pas grand-chose (c’est le monsieur en jean bleu à côté du barbu très connu…). Ce jeune metteur en scène indépendant a pourtant déjà deux films au compteur, « Nutbag » (2000) et « Murder Set Pieces » (2004), et deux autres en pré- production: « Nutbag 2 » et « Sinister ». Et quels films ! A voir les trailers disponibles sur son site, le moins qu’on puisse dire est qu’il ne s’agit pas d’un amateur. Passé par une école de cinéma de Los Angeles qu’il a finalement abandonnée pour investir ses fonds dans son premier film, Nick Palumbo nage depuis son enfance dans la marmite de « Texas Chainsaw Massacre », « Maniac », « Henry » et « Dawn of the Dead ». Son seul intérêt dans la vie ? Les Sujet de dingues pour un film en pleine pré-production : dans films d’horreur, un point c’est tout. « Murder Set Pieces », «The Worst Case Scenario », l’animosité entre les supporters qui sort en cette fin d’année aux USA dans un nombre ré- hystériques des équipes de football hollandaises et allemandes duit de salles, raconte l’histoire d’un photographe devenant déclenche une nouvelle guerre en Europe de l'Ouest. Un groupe serial killer. Le film, qui arbore une esthétique éblouissante d’amis, cherchant alors à fuir le carnage, accoste sur une île de de beauté et de maîtrise, est si violent et si résolument dé- la mer du Nord… dont les plages ne tardent pas à se couvrir de pourvu de toute concession (tous les meurtres sont filmés, y zombies SS. Phénomène pour le moins embêtant, et dont l’ex- compris ceux des enfants) que les laboratoires chargés de plication fera l’objet de révélations hallucinantes… Bénéficiant développer la pellicule 35mm ont alerté la police, intenté d’une présentation de Brian Yuzna, « The Worst Case Scena- une action judiciaire et refusé de continuer le travail. La rio » fait un clin d’œil évident au «Shock Waves» de Ken Wie- justice a finalement donné raison à Nick Palumbo, et son derhorn, tout en s’annonçant plus cintré et beaucoup plus gore. film « Murder Set Pieces » s’en sort avec un inespéré NC- Le scénario et la production de départ sont de Bart Oosterhoorn 17. (producteur indépendant de Gorehound Canned Film) et du ré- alisateur Richard Raaphorst, auteur d’un court métrage intitulé «Zombie 1» et qui a déjà travaillé à la conception artistique de «Dagon», «Faust», «Beyond Re-Animator» et «Rottweiller». S’y sont adjoints divers producteurs américains, ainsi que le scénariste Miguel Tajeda-Flores, dialoguiste sur «Darkness» et scénariste de «Beyond Re-Animator». Si tout se passe bien, le tournage aura lieu à l’été 2005. Les premières images promo- tionnelles, qui ont servi à présenter le projet au marché du film du Festival de Cannes et transporté Brian Yuzna d’enthou- siasme, ont fait dire à un critique qu’il s’agissait peut-être là du meilleur film du monde! Ruez-vous sur le site : http://www.gorehoundinc.com/promo.html

* PLAGIAT, VOUS AVEZ DIT PLAGIAT ? Il n’y a pas que le remake automatique dans la vie, il y a aussi la copie non déclarée : une méthode comme une autre pour nier l’existence de tout ce qui ne parle pas anglais. Tourné en 2003 par Julian Richards (« Silent Cry », 2002), « Last horror mo- vie » est encore un film « live » de serial killer, filon juteux semble-t-il. Raflant de nombreux prix dans divers festivals à travers le monde, et présenté comme étant dans la veine de « Henry Portrait of a Serial Killer » (même l’affiche à l’air d’un hommage au film de John McNaughton), « Last Horror Mo- vie » s’apprête à sortir en salle en Grande Bretagne. 48 * SALES GOSSES devrait voir le jour d'ici 2006… Le talentueux David Sche- Depuis le succès du “Sixième rer participe aux effets spéciaux sanguinolents. Sens” de l’ineffable Shyamalan, on s’est rappelé que les enfants * « OFF SEASON » ET « SATAN HATES YOU » voyaient tout et entendaient tout. Le deuxième long métrage du Surtout les fantômes. Pour varier réalisateur James Felix le sujet sans trop décoiffer son pu- McKenney, « The Off Sea- blic, la Fox sortira le 28 janvier son », vient de sortir aux 2005 le « Hide and Seek » de Etats-Unis fin octobre. A l’af- John Polson, déjà réalisateur du fiche figure le grand Angus très oubliable « Swimfan » Scrimm (le « tall man » des « (2001), sorte de « Liaison Fatale » Phantasm 1, 2, 3 et 4 »), pour ados. A l’affiche tout de Christina Campenella (« The même sont réunis Robert de Niro Addiction », Abel Ferrara, (un papa veuf), Elisabeth Shue (la nouvelle copine à papa) et 1995) et Don Wood, déjà ac- Dakota Fanning (la fille de papa), pour une histoire de gentille teur principal sur « Canniba- petite fille de 9 ans «qui-a-perdu-très-tôt-sa-mère-et-va-faire- listic ». Mc Kenney passe son-deuil-d’une-façon-un-peu- spéciale», avec son copain ima- cette fois à une histoire de fantômes, qui se veut toutefois ginaire, Charlie… Espérons que dans ce débordement d’imagi- différente de toutes celles qui sont sorties récemment. Un nation, Famke Janssen, qui joue la pédo-psychiatre de service, couple new-yorkais y quitte « la Grande Pomme » pour ne sera pas un ectoplasme qui s’ignore. Ce serait trop dégrisant. l’hiver et emménage dans le studio d’une seule pièce d’un

motel minable du Maine. Le voisinage s’avère rapidement Quand la Troma s’occupe des enfants, étrange et le studio hanté, ne permettant aucune porte de évidemment, ce n’est pas le même sortie… genre de baby-sitting ! La firme indé- Sur ce, James Felix McKenney travaille sur un nouveau pendante vient de lancer un appel à tou- projet qui s’occupera cette fois de démons, avec un titre on tes les bonnes volontés afin de restaurer ne peut plus clair : « Satan Hates You ». Hommage aux la copie de « The Children » (aka « films d’épouvante à connotations religieuses des années 60, The Children of Ravensback »), plus il contiendra deux lignes narratives : celle d’un homme en connu en France sous le titre « De si proie à ses désirs de meurtres, et celle d’une adolescente gentils petits monstres ». Le film, qui rebelle tentant de retrouver les vraies valeurs de la vie à relate les méfaits de sales petits gamins l’aide d’un télévangéliste qui s’avère être un ange. Dans les transformés en zombies par un nuage de gaz toxique, date de deux cas, une horde de démons tentera de les obliger à res- 1980 et est signé Max Kalmanowicz (qui se rendit coupable ter du côté du mal. Un mélange d’humour et de morale deux ans plus tard d’un film intitulé « Dreams Come True », stricte pour lequel McKenney espère obtenir un casting histoire d’ados amateurs de « near death experience » : un nanar élargi et des effets spéciaux plus conséquents que dans ses qui compte parmi les pires films de l’histoire du cinéma). La précédents films. musique est signée Harry Manfredini, connu pour avoir réalisé les scores des « Vendredi 13 », mais aussi de « Zombie Island Massacre » et autres « Terminal Invasion ». Si vous pensez pou- * LE REQUIN FRAPPE ENCORE voir aider Troma dans sa quête, rendez-vous ici : http://www. Certains et certaines d’entre vous le savent déjà, mais com- troma.com/children/ ment ne pas en parler au vu de cette superbe affiche ? Une nouvelle « requinade » est en piste pour la télévision et le * CHEZ NOUS AUSSI, CA SAIGNE ! direct-to-video grâce à Regent Entertainment, récente firme d’exploitation qui compte bien renvoyer ad patres ses Actuellement en tournage dans l'est de la France, "Opération concurrents tels Nu Image en produisant des nanars de tou- Néo " , un premier long métrage tourné en Dv par deux jeunes tes catégories. « BLUE DEMON » est réalisé par Dan réalisateurs fans de cinéma Antonio Rosse et Sylvain Urban, est Grodnik, qui a déjà à son compte « Nature of the Beast » une comédie délirante qui parodie les derniers films fantastiques (1995), « The Rage » (1996) et « Who is Cletis Tout? » de la décennie! Tout y passe : "Matrix", "Resident Evil", (2002). Cette fois, le titre du film est aussi le nom donné à "Freddy contre Jason", "L'Armée des morts… Passant allègre- ment de la comédie loufoque au gore craspec, " Opération Néo " 49 un projet militaro-scientifique tons-lui un bon courage… ou un bon ratage ! destiné à dresser des requins mutants pour en faire des pa- * DEJA VU ? PAS SUR… trouilleurs des mers et proté- Sous une lune rouge, quatre amis en route pour fêter Hallo- ger les eaux territoriales de ween ont un accident de voiture, eh eh… Ils s’aventurent nos chers Etats-Unis. Mais alors dans une ferme isolée… ben oui. Et là, ils réveillent comble de surprise et de mi- sans le vouloir un vieux démon… nom d’un p’tit bon- sère, le projet est saboté! homme! Toute la bande de néo-requins N’empêche, « THE ROOST », présenté par le distributeur s’échappe! Et le plus gros, le indépendant Glass Eye Pix, semble avoir épaté les privilé- plus fort, le plus malin, bapti- giés qui l’ont vu en avant-première, allant jusqu’à déclarer sé « Red Dog », se dirige à son propos qu’il s’agissait du nouveau « Evil Dead », rien droit sur le Golden Gate, de moins. Tourné en 16mm dans le Delaware et en Penn- équipé ni plus ni moins d’une sylvanie, il s’agit du premier long-métrage de Ti West, le- bombe à neutrons… Bigre! quel a jusqu’à présent réalisé des courts présentés et primés

dans de nombreux festivals (« Prey », « The Wicked », « * JURASSIC CARNOSAUR PARK ? Infested »). John Carl Buechler, réalisateur entre autres de « Dungeonmas- ter » (1985), « Vendredi 13 Part VII » (1988) et « Ghoulies 3 » * SPACE WEREWOLVES (1991), mais aussi créateur des effets spéciaux sur nombres de Persistant dans le genre horreur films, dont ceux de Stuart Gordon et du prochain « Hatchet », après “L’Exorciste: Au com- va peut-être diriger le tournage de « TOTAL REX », où une mencement”, Renny Harlin équipe de généticiens donne naissance à un Tyrannosaure qui semble s'attacher à un projet qui va faire… devinez quoi ? Facile, quand on a déjà travaillé sur « le fera aborder cette fois le Carnosaur 1 & 3 » (1993 & 1996), « Dinosaur Island » (1994) thème de la lycanthropie. Parti- ou encore « Krocodylus » (2000). Et outre la vilaine bébête, le cularité saisissante du projet : casting comprendra Tony« Candyman »Todd, Dee Wallace l’histoire se déroulera sur la Stone (« Hurlements » en 1981, « E.T. » en 1982, mais aussi « lune, où un groupe de travail- Alligator 2 : The Mutation » en 1991) et Jeff Fahey (« Darkman leurs va tomber sur un groupe 3 » en 1996, « Revelations » en 1999 et « Darkhunters » cette de loups-garous particulière- année). ment voraces. Certainement

plus proche (dans l’esprit) des séries B qui ont vu débuter * LA SUITE QUE TOUT LE MONDE ATTEND ! Harlin (« Prison », « Freddy 4 ») que des grosses machines La suite, la suite! Eh bien, la suite, c’est que celle de « House of hollywoodiennes, « Full Moon Fever » est adapté d’un co- the Dead », intitulée « HOUSE mic book de Joe Casey. OF THE DEAD 2 », a trouvé son réalisateur, et que le tour- * « SHE FREAK » - LE REMAKE nage commence cette semaine. Tim Sullivan et son co-scénariste Chris Kobin vont prépa- Il fallait trouver quelqu’un à la rer le remake de « She Freak » pour 2005, histoire à mons- hauteur pour remplacer Uwe tres et à fantômes… Celle de Daphné, alias Lady Nocturna, Böll, mais comme tous les ré- une étrange madame Irma qui convoque les esprits des alisateurs contactés se sont sau- grands méchants (Jack l’Eventreur, Fu Manchu, etc...) vés en courant, Lions Gate a avant de les tuer à sa façon pour le plus grand plaisir des fini par choisir un volontaire : badauds, qui n’y voient que trucages. Défigurée par le pro- c’est tombé sur Mike Hurst, ré- priétaire du cirque pour avoir rejeté ses avances, elle va de- alisateur et scénariste de l’obs- venir l’ange protecteur de la nouvelle petite recrue, élimi- cur « New Blood » (1999), un nant les males uns à uns… film d’action avec pleins de

sentiments et de gangsters, mais Gerald Giacomini & Stéphane Jolivet aussi de la comédie « Baby Juice Express » (2004). Souhai- 50 Y’ A PAS QUE LE CINEMA ...

L’auteur : Né à Paris, Bernard Lenteric effectua des métiers sans aucun rapport avant de deve- nir écrivain, et même producteur de cinéma : vendeur de savonnettes, maître nageur, joueur de poker, colleur d’affiche, ou encore danseur. A 37 ans, il devient producteur de cinéma, et produit un drame qui lui vaut un grand succès : Le dernier amant romantique en 1978. Il se met à écrire l’un de ses premiers romans en 1982 : La nuit des enfants rois , qui devint un best seller en France. Puis, La Gagne , best seller aux Etats-Unis. Il conti- nue à écrire, toujours en mêlant la science dans ses romans. Il trempe sa plume dans des romans d’aventures et de passion avec la trilogie de Les enfants de Salonique … Certains de ses romans sont adaptés en téléfilm comme « Les maîtres du pain ». En bref, un écrivain un peu touche à tout que ce soit métiers ou genre de littérature… Peut être lui aussi un génie caché… Et il n’a pas finit de nous captiver !

Autres ouvrages : La gagne (1984) La guerre des cerveaux (1986) Substance B (1989) Les enfants de Salonique : triologie (1989 / 2001) Les maître du pain (1995)

Pour connaître un court résumé de ses œuvres : http://www.livredepoche.com/Livre_De_Poche/_FindAuteurServlet? IdAuteur=000000000455&TXT_LANGUE=francais&Idorinus=01

Quatrième de couverture : Sélectionné parmi les meilleurs romans par toute la presse, La Nuit des enfants rois se déroule à toute allure, comme un merveilleux film, d'où l'on sort ébloui. Cela se passe, une nuit, dans Central Park, à New York : sept adolescents sont sauvagement agressés, battus, certains violés. Mais ces sept-là ne sont pas comme les autres : ce sont des enfants-génies. De l'horreur, ils vont tirer contre le monde une haine froide, mathématique, éternelle. Avec leur intelligence, ils volent, ils accumulent les crimes parfaits. Car ces sept-là ne sont pas sept : ils sont un. Ils sont un seul esprit, une seule volonté. Celui qui l'a compris, Jimbo Farrar, lutte contre eux de toutes ses for- ces. A moins qu'il ne soit de leur côté... Alors, s'ils étaient huit, le monde serait à eux et ce serait la nuit, la longue nuit, La Nuit des enfants rois.

L’histoire : Jimbo Farrar, un informaticien a pour meilleur ami un ordinateur nommé Fozzy. Son but est de calculé le Q.I. de tous les enfants amé- ricains, à la recherche d’enfants dont le Q.I. serait très supérieur à la moyenne. Il en trouve sept. Sept enfants âgés en moyenne de 6 ans. Pendant 10 ans, Jimbo ira les voir séparément pour apprendre à les connaître. Mais lors de leur 16 ans, ils les réunissent à New york. De là , les sept enfants connaîtront l’horreur dans Central Park : viols et agressions à arme blanches, les enfants traumatisés se retourne contre la société. A ce moment là, ils laissent leur « peau d’ange » et deviennent de « petits monstres »…

L’avis : Voilà un livre de plus à avoir dans sa bibliothèque ! Une science-fiction maniée avec facilité et souplesse par Bernard Lenteric. Le sujet n’en est que plus fascinant : quoi de plus effrayant qu’une l’intelligence « pure et immense » contrôlée par des « enfants - génies ». Salis, humiliés par une société qui n’a pu en quelque sorte accepter leur différence, ces enfants ne retiennent de celle-ci qu’une haine dont ils souhaitent à tout prix se venger : vols, meur- tres parfaits. Les enfants deviennent maîtres de tout. Écrit dans les années 80, Lenteric dépeint une société où la technologie devient infernale, dangereuse et dont on perd très vite le contrôle : tel qu’aujourd’hui. Toujours d’actualité, et possible, chevauchant réalité et fiction, ce livre effraie facilement et fascine. Rédigé de façon simple, Lenteric reste crédible dans ses recherches (toujours très accès sur la science tout au long de ses écritures) et son histoire tient la route jusqu’au bout avec des péripéties captivantes, parsemée parfois d’humour et d’énigmes que le lecteur peut lui-même essayer de déchiffrer. Les personnages sont inoubliables, surtout le jeune Jimbo et son ordinateur Fozzy. Malgré parfois quelques longueurs, ce livre est un chef d’œuvre, pouvant être lu par tous, ne vieillissant pas et restant toujours aussi puissant. Un excellent livre pour les novices en lecture de science fiction. A lire absolument ! (Autre livre de l’auteur conseillé : La guerre des cerveaux ) Stéphanie Aveline

51 L’ ENVERS DU DECOR

David Scherer, jeune spécialiste français dans le domaine des FX, dont vous avez eu une interview dans un précédent numéro, nous fait le plai- sir de nous offrir une nouvelle rubrique dans laquelle il va nous expli- quer un peu le côté technique des effets-spéciaux de ses films préférés. Pour cette première édition, ce sera l’ultra gore Haute Tension qui ou- vre le bal !

Les maquillages spéciaux de Haute Tension sont signés du maître italien en la matière Gianetto de Rossi , l’homme à qui l’on doit entre autre les effets très gores des meilleurs Fulci tels que L’Au-delà ou encore L’enfer des zom- bies… Pour Haute Tension , l’artiste s’est chargé de visualiser les horribles meur- tres qui jalonnent le film :

- Pour le meurtre du père, c’est en fait une transition numérique qui permet de passer de l’acteur à son mannequin, un système de pompes placées hors champs permettant de faire gicler les litres de sang après la décapitation…

- L’égorgement : Gianetto de Rossi utilise une prothèse adaptée au cou de la comédienne et reliée elle aussi à des systèmes de pompes à sang… La prothèse permet aussi un des effets les plus répugnants à savoir l’ouverture de la gorge qui se fait en « live » et qui donne l’impression que l’on assiste au déchirement des chairs… Lorsque l’actrice est allongée sur le sol, il utilise une seconde prothèse représentant cette fois-ci la gorge complète- ment arrachée et couverte de sang… Un axe de prise de vue adapté complète l’illusion de cette vision d’horreur…

On ne peut qu’être frappé par le rendu très « organique » de ces deux effets ! L’une des grandes forces justement de la part de Gianetto de Rossi a été de créer des effets qui correspondent parfaitement à l’esprit du film, c’est à dire très réaliste, violent et glauque (un peu à la manière de Savini pour Maniac ).

- Gianetto de Rossi a également crée une panoplie de faux outils / armes en mousse de caoutchouc (hache, poteau barbelé… ) servant pour les scènes à risque et moulés d’après de véritables outils… Il les utilisera aussi pour plu- sieurs effets de blessures comme l’entaille dans le bras de Cécile de France ou le morceau de verre dans le pied, des effets d’une efficacité exemplaire.

- Dernière grosse scène gore, le découpage dans la voiture… Un système mécanique permet de faire gicler le sang avec une forte pression de l’outil. Cette scène fut réalisée le plus souvent avec le vrai comédien (acteur maquillé / tronçonneuse factice plutôt que tronçonneuse / mannequin ) car dans un souci de réalisme, Gianetto de Rossi a préfé- ré utiliser au maximum des prothèses sur les comédiens plutôt que d’avoir recours à des mannequins ou des faux corps… Un parti pris technique un fois de plus complètement adapté au coté réaliste et viscéral du film.

Enfin un dernier effet très réussi est le maquillage du dos cicatrisé de Cecile de France, habile mélange de maquil- lage et de prothèses de mousse de latex qui prouve que Gianetto de Rossi maîtrise aussi bien le maquillage subtil que les effets gores… David Scherer

52 E-ZINE CINE HORREUR VOLUME 4

Merci à Audrey Pimpin, Sophie Legrand, Vincent Hermann et Notari (de gauche à droite et de haut en bas) Ces créations ont été effectués dans le cadre d’un concours d’art sur le site Ciné Horreur.