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LA PASSION DE SIMONE KAIJA SAARIAHO AMIN MAALOUF vendredi 14 novembre à 20:00 maison de la culture salle Jean-Cocteau durée 1 heure 10 en Coréalisation aveC le Centre lyrique Clermont-auvergne CONTA CT PRESSE : Émilie Fernandez – Tél. 0473.170.183 – [email protected] 1 chemin musical en lumières Étienne Exbrayat crédits 15 stations d’après la vie et costumes Liisa Nieminen illustration de couverture l’œuvre de Simone Weil Antoine+Manuel production Clémentine musique Kaija Saariaho Marin. texte Amin Maalouf coproduction La Chambre aux échos, Music Centre conception et réalisation Slovakia et Festival de Compagnie La Chambre Saint-Denis. aux échos avec le soutien de l’Adami et de la Spedidam. direction musicale Clément Mao-Takacs Spectacle créé le 14 mise en scène novembre 2013 au Aleksi Barrière Théâtre municipal P.O. Hviezdoslav à Bratislava avec (Slovaquie). Karen Vourc’h (soprano solo), L’équipe artistique souhaite Sayuri Araida (soprano), remercier ses partenaires Caroline Marçot (mezzo- pour leur soutien et soprano), spécialement Kaija Saariaho, Johan Viau (tenor), Jean-Baptiste Barrière, Florent Baffi (baryton) Oscar Zepeda-Arias (OZ Isabelle Seleskovitch Management), James (comédienne) Rushton and Gill Graham (Chester Music), Francis ensemble instrumental Auboyneau (Secession Secession Orchestra Orchestra) and L’Arcal 19 musiciens (prêt de lieu de répétition) pour avoir rendu ce projet scénographie et régie possible. générale Pauline Squelbut avant-sCène À 19:00 présentation de l’œuvre maison de la culture, salle vialatte 2 Kaija saariaho compose un oratorio somptueux et intimiste, à la mesure de la personnalité fascinante de la philosophe simone Weil. simone Weil (1909-1943) est l’une des figures les plus fascinantes dans l’histoire de la philosophie. Particulièrement brillante, elle s’intéressait notamment aux mécanismes de l’oppression, allant jusqu’à travailler dans une usine pour dénoncer les conditions de travail des ouvriers. Farouchement indépendante, refusant tout dogmatisme, elle s’intéresse à différentes traditions mystiques qui enrichissent sa réflexion philosophique. elle demeura intransigeante, désireuse d’un absolu qui se révéla finalement destructeur. entièrement dévouée aux autres, elle se mit au service de la résistance à londres, avant de s’éteindre à 34 ans, refusant de se nourrir par solidarité avec la population affamée de la France de vichy. la compositrice Kaija saariaho, bien connue des clermontois (artiste associée à la Comédie de 2006 à 2010, présente la saison dernière avec sombre) et amin maalouf composent un oratorio à la mémoire de ce personnage hors-norme. l’orchestre et le chœur sur scène prennent part à l’action intimiste, accompagnant une soliste et une comédienne, pour un chemin musical en 15 étapes dans la vie de simone Weil. Kaija Saariaho est encore une jeune fille écrit le texte. La Passion de Simone est créée lorsqu’elle découvre l’œuvre de la philo- à Vienne en 2006, dans une version pour sophe française Simone Weil (1909-1943), orchestre symphonique, chœur, soprano qu’elle lit d’abord en finnois. Encore solo, électronique et voix. La mise en scène aujourd’hui, elle se rappelle avoir été est de Peter Sellars. Quelques années plus profondément marquée par la compassion tard, Kajia Saariaho en écrit une version de de cette femme intransigeante, la force de chambre plus intime (19 musiciens, soprano ses engagements politiques, aux côtés de solo, quatuor vocal et voix), plus proche la classe ouvrière, des Républicains espa- encore de Simone Weil. Elle répond ainsi à gnols ou de la France Libre, le courage avec la demande de deux jeunes artistes passion- lequel elle affronte la mort au sanatorium nés de théâtre musical, le chef d’orchestre d’Ashford en Angleterre. Plus tard, pour Clément Mao-Takacs et le metteur en scène la création de son premier opéra, L’Amour Aleksi Barrière. C’est cette seconde version de loin (2000), que met en scène l’un de qui est présentée cette saison. Une même ses complices, Peter Sellars, la compositrice sourde lumière l’anime, secrète et trem- réalise que celui-ci partage avec elle une blante, la lumière toujours reconnaissable même ferveur pour cette figure de l’absolu. de Kaija Saariaho. Sur les traces de tant de musiciens des siècles passés, elle écrit à son tour une passion, à Pour la Comédie de Clermont-Ferrand la mémoire de la philosophe. Librettiste © Daniel Conrod, printemps 2014 habituel de Saariaho, Amin Maalouf en 3 LA PIÈCE simone, grande sœur, tu es née longtemps avant moi Petite sœur, simone ! Puis, un jour, tu as renoncé à vieillir. Je contemple ton visage Je t’admire d’avoir fait de ta vie au dernier printemps de ta vie une traversée lumineuse, Pour refaire avec toi, en pensée, mais je t’en veux d’avoir préféré la le chemin de ton agonie. mort. ouverture de l’œuvre, « Première station » À PROPOS DE L’ŒUVRE SUR LA VERSION DE CHAMBRE DE LA PASSION DE À trente-quatre ans, entre l’âge du Christ et SIMONE celui de Mozart, une jeune femme a choisi de J’ai créé cette version de chambre de quitter le monde. C’était en août 1943, et les La Passion de Simone sur la suggestion hommes venaient d’atteindre la culmination de des directeurs artistiques de la compagnie la barbarie. Simone Weil s’est éteinte sans bruit, La Chambre aux échos, Clément Mao-Takacs comme par une protestation silencieuse, dans et Aleksi Barrière. J’avais déjà réalisé des l’anonymat d’un hôpital anglais. Ce qu’elle réductions de mes propres œuvres, et savais nous disait par sa mort consentie, c’était son donc que cela pourrait bien fonctionner : refus de tous les asservissements : celui de la remplacer un grand orchestre par un ensemble violence et de la haine, celui du nazisme et du de dix-neuf musiciens revient à se concentrer sur stalinisme, mais également celui d’une société l’énergie individuelle de chaque instrumentiste, industrielle déshumanisante qui vide les êtres de parce que chacun est amené à jouer un rôle actif leur substance, et qui les conduit vers le néant. et important. Les écrits de Simone, publiés pour la plupart Deux belles surprises ont été la réduction après sa mort, sont justement une tentative du chœur à quatre chanteurs solistes, qui pour tracer une route hors du néant. Sa passion fonctionne très bien, et le remplacement est une boussole, discrète mais puissante, pour de la voix parlée (enregistrée et intégrée notre monde égaré. aux électroniques dans l’original) par une La Passion de Simone est un chemin musical comédienne présente sur scène. Ces deux en quinze stations, qui traverse sa vie et son solutions m’avaient été suggérées par les artistes oeuvre. Sur scène, une femme qui s’adresse de La Chambre aux échos, et elles ont apporté à Simone, raconte son parcours avec une plus de concentration, d’humanité et d’émotion tendresse qui n’exclut pas les reproches ; en au rituel scénique. Elles vont dans le sens du voix off, les propres phrases de Simone Weil, travail de la compagnie, qui ne produit pas des récitées au rythme de l’écriture ; à ces deux voix « mises en scène d’opéra » au sens traditionnel féminines s’ajoute un choeur, qui fait parfois où chacun fait son travail dans son coin, mais office d’écho, mais qui, à d’autres moments, des collaborations organiques où tous le monde n’hésite pas à dépasser son rôle pour devenir un est intégré au dispositif, et où la scène prolonge troisième personnage. le geste musical. Notice d’Amin Maalouf au sujet de La Passion Kaija Saariaho, d’après l’entretien de Kaija de Simone (2006). Saariaho pour la revue Music & Literature (2014). 4 5 THÉÂTRE MUSICAL, THÉÂTRE DE l’esprit La Passion de Simone, « chemin musical en méditation collective à laquelle nous sommes quinze stations » composé par Kaija Saariaho sur tous conviés, en tant qu’individus et en tant un texte d’Amin Maalouf, a été créée à Vienne que société – tout comme les Passions de Bach en novembre 2006, dans une mise en scène de incitent une communauté à contempler du Peter Sellars. À l’origine de cette œuvre, une point de vue de son présent ce qui la relie (sens étincelle jaillie six ans plus tôt, quand ce même du mot latin religare, dont dériverait celui de trio travaillait sur sa première collaboration, religion). Plutôt que d’être spectateurs d’une l’opéra L’Amour de loin, désormais un classique tentative, méprisante de l’intelligence du contemporain. Lors d’une répétition, sans public, de reconstituer en toc, de l’extérieur, savoir qu’il citait un des auteurs favoris de la des événements, situations et psychologies compositrice, Sellars lut aux chanteurs des supposément authentiques, à la manière textes de Simone Weil. En découvrant cette d’un « biopic » commercial, nous avons extraordinaire philosophe/activiste et son l’opportunité de creuser plus profondément, parcours, Maalouf, maître dans l’art de la fiction d’aller à l’essentiel que cache la superficie des biographique, a immédiatement été attiré par faits, et mener une réflexion sur les choix de vie son intensité. Tous trois ont donc décidé par la extrêmement complexes et polémiques d’un suite de rendre un hommage artistique à la vie individu qui, seule contre tous, s’est lancée à et à la pensée d’une femme qui s’est consumée l’assaut d’idées plus grandes qu’elle et contre dans sa tentative d’être à la hauteur de ses cette force que l’on pourrait appeler l’Histoire propres idéaux moraux, et des espoirs qu’elle – par des moyens qui peuvent nous sembler nourrissait pour l’humanité. extrêmes, voire absurdes. L’œuvre nouvelle, cependant, si originale dans Tous les participants de ce rituel d’exception sa forme qu’on ne trouva pas de meilleur terme seront réunis sur la scène, puisque cette nouvelle pour la désigner que celui, bâtard et un peu version de chambre nous permet d’éviter de pompeux, d’oratorio, n’était pas un opéra au cacher l’orchestre dans une fosse.