TERRITOIRES NATURELS DE BOURGOGNE Le Tonnerrois

N°6 - 2014 TERRITOIRES NATURELS DE BOURGOGNE Le Tonnerrois

ISSN 2104-2411 N°6 - 2014

Directeur de publication : Daniel Sirugue • Directeur de rédaction : Romain Gamelon Coordination : Juliette Brey-Xambeu • Édition : CENB Maquette / Mise en page / Dessins : Olivier Girard • Photo de couverture : Cédric Foutel Tous les schémas et tableaux ont été fournis par les intervenants

Dépôt légal : 1er trimestre 2015 • Référencement : C.E.N.B., 2014. Tonnerrois. Ed. Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne, Territoires Naturels de Bourgogne, 6, 78 p. Reproduction autorisée en citant la source

Cet ouvrage fait suite aux Rencontres de Territoires Tonnerrois qui se sont déroulées le jeudi 18 et le samedi 20 octobre 2012 à Ancy - le - Franc.

Ils ont participé aux Rencontres de Territoires Tonnerrois / Sandrine, Hamant Romain, Hervé Guy, Jouve Maxime, Abbott Muriel, Andrieux Claire, Aublin Sophie, Balde Cheikh Lacarrère Marlène, Lemettais Philippe, Lemoyne Chantal, Oumar, Bardet Olivier, Berthe Roland, Biton Robert, Blanc Lemoyne Didier, Lerat Damien, Meunier Patrice, Minguet Pas- Julie, Boucaux Jean, Bouilhac Jean-Pierre, Boukheroufa cal, Moës Mathieu, Mongeot Sabine, Morot - Gaudry Chantal, Jean-Marc, Bourand Michel, Brey - Xambeu Juliette, Briand Neuville Camille, Notteghem Patrice, Outhier Pascal, Paris Laurent, Briat Noëline, Caullet Jean-Yves, Chappa Jérôme, Patrick, Péretz Guy, Ménelot Hervé, Petit Stéphane, Peyrard Chardon Damien, Collas Alain, Coquille Éric, De Bruyn Morgan, Pinte Pierre, Raso Thomas, Rebillard Isabelle, Willem, De Kervenoaël Emeric, De Rycke Marie-Annick, Des- Revirard Marie - Claude, Richoux Laurent, Najean Caroline, brosse Alain, Desbrosses Régis, Desvaux Coralie, Develay Riva Philippe, Robert DanielRousselet Alain, Schmitt Cathe- Arlette, Diaz Cécile, Diot Michel, Dirksen Jacqueline & Théo, rine, Simonnet emmanuelle, Sirugue Daniel, Spinnler Fran- Dollat Hugues, Doucet Guillaume, Fauriel Olivier, Félix coise, Streit Gilles, Tronel Michel, Verrier - Compain Domi- Françoise, Forest Cécile, Fourcade André, Foutel Cédric, nique, Villemin Marie - Ange & Michel, Vuillemin Rémi, Voisinot Gaillard Lucile, Gamelon Romain, Girard Olivier, Govin Marina. Vincent, Guegan Bruno, Guichard Arnauld, Guitton

CONSERVATOIRE D’ESPACES NATURELS DE BOURGOGNE Chemin du Moulin des Etangs - 21600 Fenay Tél. : 03 80 79 25 99 - Fax : 03 80 79 25 95 [email protected] www.cen-bourgogne.fr

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Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 Sommaire

2 • La parole aux élus - Discours d’accueil

5 Présentation générale du Pays du Tonnerrois

6 • Le Pays du Tonnerrois : histoire et développement 9 • Le Pays du Tonnerrois aujourd’hui 10 • Pour en savoir plus - Un réseau karstique important, une particularité de la vallée de l’Armançon 12 • La vallée de l’Armançon : de l’histoire au patrimoine naturel 14 • L’Armançon dans le Pays du Tonnerrois aujourd’hui 16 • Les paysages du Pays du Tonnerrois

18 Patrimoine naturel du Pays du Tonnerrois

19 • Flore et habitats remarquables du territoire 24 • Pour en savoir plus - Un site Natura 2000 pour protéger des éboulis 26 • La faune du Tonnerrois : enjeux faunistiques et espèces remarquables 31 • Pour en savoir plus - Quel avenir pour le Pique - prune dans l’ ? 33 • Oiseaux remarquables du Pays du Tonnerrois 36 • Pour en savoir plus - Agir pour les busards, princes des blés 38 • La faune et la flore du Pays du Tonnerrois

40 Concilier aménagement du territoire et biodiversité

41 • Connaître et préserver : quels enjeux sur le Tonnerrois, quels outils mobiliser ? 43 • Patrimoine naturel : la politique du Conseil général de l’Yonne 46 • La continuité écologique des cours d’eau ? Un enjeu pour l’atteinte du bon état en 2015 49 • Pour en savoir plus - Les politiques publiques et la continuité écologique ; contexte d’élaboration bourguignon 51 • Quels obstacles à la continuité écologique sur l’Armançon, dans l’Yonne ? 54 • Exemple de suppression d’un ouvrage hydraulique sur l’Ource, territoire voisin de l’Armançon 56 • L’exploitation des roches calcaires dans le Tonnerrois 58 • La Charte Environnement des industries de carrières Un engagement volontaire des entreprises pour l’environnement 60 Des actions en faveur de la biodiversité labellisées sur la carrière de Corbigny 62 • Pour en savoir plus - L’extraction calcaire de la carrière d’Angy sur la commune de Lézinnes

64 La valorisation du patrimoine naturel, un outil au service du développement touristique

65 • Un plan d’interprétation et sa mise en œuvre sur la commune de Perrigny - sur - Armançon 68 • Projet de sentier d’interprétation sur le site du Vieux château de Noyers - sur - Serein La Serpentine : une balade verte, historique et environnementale 71 • Pour en savoir plus - La réserve ornithologique de Bas - Rebourseaux à

73 Annexes

74 • Bibliographie 76 • Auteurs

1 LA PAROLE AUX ÉLUS - DISCOURS D’ACCUEIL DES RENCONTRES DU PAYS DU TONNERROIS

André Fourcade Maire de Tonnerre et Président du Pays du Tonnerrois en 2012

Bienvenue à tous et merci au Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne d’avoir choisi le Pays du Tonnerrois, dont les atouts sont l’histoire, le patrimoine et le terroir, pour ces 6e Rencontres de Territoires. Ces deux journées permettront, je n’en doute pas, de mettre en avant notre richesse patrimoniale ainsi que de réfléchir aux enjeux de gestion et de conservation de nos milieux naturels. Ces Rencontres permettront assurément d’enrichir les connaissances des acteurs locaux et de la population et de les sensibiliser aux enjeux de notre patrimoine naturel, dans le but de concilier l’activité économique et la biodiversité, dans le respect de l’aménagement du territoire. C’est de mon point de vue l’un des défis majeurs du XXIe siècle.

Hugues Dollat Directeur Adjoint - DREAL de Bour- Par ailleurs, vous avez pu observer en arrivant des pe- gogne en 2012 tites falaises, le long d’anciennes carrières, et aussi sans doute quelques falaises naturelles. Les pelouses Il est d’usage que la DREAL souvent en pente proches de ces carrières font partie introduise cette journée et c’est des secteurs intéressants à protéger et constituent des avec plaisir que je le fais pour ces enjeux de préservation prioritaire. Quelques prairies 6e Rencontres dans le départe- humides au sein des vallées, dont celle de l’Armançon, ment de l’Yonne. recèlent aussi des enjeux de connaissance.

L’État soutient ces initiatives car ces Rencontres per- Les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique mettent de partager les connaissances sur un territoire. et Floristique (ZNIEFF) du Tonnerrois seront certaine- Notons que dans la Stratégie Régionale de la Biodiversi- ment évoquées également, ainsi que deux secteurs de té (SRB), le partage des connaissances est important. On la politique Natura 2000 que l’État essaie de promou- essaie de le faire avec les élus et les acteurs locaux no- voir auprès des acteurs locaux : les marais alcalins et tamment grâce à des moments comme celui - là où l’on prairies humides de (17 hectares) et les éboulis met le patrimoine naturel en avant et où l’on essaie de calcaires de la Vallée de l’Armançon (214 hectares). faire le lien avec les hommes, leur histoire et leur relation avec la nature. La question de l’eau est importante et nous nous y intéresserons via les interventions du SIRTAVA, anima- Comment concilier l’aménagement du territoire et teur du contrat de rivière de l’Armançon. La DREAL la préservation de la biodiversité ? Ces questions font est notamment sollicitée pour des financements por- écho aux réflexions régionales lancées avec le Conseil tant sur la continuité écologique, et des fonds euro- Régional et l’État, d’abord sur la SRB, mais aussi sur le péens sont mobilisés sur ces travaux. Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) où l’on parle de Trame Verte et Bleue (TVB), et, au - delà Enfin, il existe également un enjeu sur les carrières des enjeux patrimoniaux, où l’on s’intéresse à la mobilité : juste avant son départ, le préfet de l’Yonne a signé des espèces et des habitats. le Schéma Départemental des Carrières qui essaie de concilier l’activité économique avec la préservation de Dans le diagnostic du réseau écologique régional mené la biodiversité. l’an passé, nous essayons d’identifier les secteurs qui constituent des corridors écologiques : dans le Ton- nerrois, ce sont les vallées de l’Armançon et du Serein qui permettent des liens entre la région Bourgogne et les régions limitrophes : Ile - de - ou Cham- pagne - Ardenne.

2 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 Daniel Sirugue 2011 a été un tournant car, à l’instar des autres Conser- Président du Conservatoire vatoires, notre association a été reconnue par le Grenelle d’espaces naturels de Bourgogne de l’Environnement. Elle a changé de nom et de statuts, avec notamment, en 2012, la mise en place d’un conseil Voilà six ans que le Conser- scientifique composé de scientifiques de l’Université de vatoire d’espaces naturels de Bourgogne qui apportent leur expertise à nos actions Bourgogne a entamé ce « Tour de biologie de la conservation, discipline récente, et à la des territoires » avec les Ren- gestion des sites. Dans la continuité de cette structura- contres de Territoires, afin de tion et de cette reconnaissance, le Conservatoire devrait les faire connaître et de conci- obtenir prochainement un agrément délivré par l’État et lier davantage activités humaines et préservation du la Région Bourgogne. patrimoine naturel. Nous avons grand plaisir à revenir dans l’Yonne car le Je tiens à remercier tous les organisateurs de ces Ren- département s’est engagé dans la préservation de sa contres, et notamment le Pays du Tonnerrois et son nature, avec notamment ses Espaces Naturels Sensibles. Président, M. André Fourcade, le SIRTAVA et M. Eric Par ailleurs, le Conseil général siège cette année au sein Coquille, son Président, ainsi que la municipalité des instances du Conservatoire, participant ainsi à la d’Ancy-le-Franc. Nous aurons également le plaisir de gouvernance de l’association avec l’objectif de travailler recevoir au cours de cette journée M. Jean-Yves Caul- ensemble à la préservation de notre environnement et let, Député de l’Yonne, M. Jean-Pierre Bouilhac, re- de notre biodiversité, face aux enjeux planétaires. présentant du Conseil Général de l’Yonne, M. Hugues Dollat, Directeur Adjoint de la DREAL Bourgogne, Le Conservatoire intervient avec de nombreux parte- M. Olivier Fauriel, représentant de l’Agence de l’Eau naires dans le département, dont la Ligue pour la Protec- Seine-Normandie et M. Guy Peretz, Directeur de l’En- tion des Oiseaux (LPO) de l’Yonne, la Société d’Histoire vironnement au Conseil Général de l’Yonne. Nous ex- Naturelle d’Autun (SHNA) et le Conservatoire Botanique cusons Mme Dominique Lapôtre, Vice-Présidente du National du Bassin Parisien. Ces partenariats permettent Conseil Régional en charge de l’Environnement, qui n’a d’asseoir un socle commun de connaissances, préalable pu se libérer. Je remercie aussi vivement tous les inter- nécessaire à toute étude scientifique et action de terrain. venants pour leurs contributions, ainsi que l’équipe du Conservatoire et son Directeur. Le Conservatoire gère 42 sites du département, soit 550 Le Conservatoire est une association loi 1901 créée hectares, essentiellement sur deux territoires : les pe- en 1986 et déclarée d’intérêt général, dont les objectifs louses de l’Yonne et de la Cure et la Puisaye. Citons par- sont de préserver, gérer et faire découvrir les espaces mi eux la Réserve Naturelle Nationale de Bois du Parc à naturels par le biais d’acquisitions ou de gestion de Mailly-le-Château, le marais de Baon à , la Réserve sites remarquables grâce à une équipe de 26 salariés, de Bas-Rebourseaux (gérée en partenariat avec la LPO d’une cinquantaine de bénévoles actifs et d’environ 89) et les sablières des Boulins. En 2013, un programme 1200 adhérents, disposant ainsi d’une belle assise ci- consacré aux sites à chiroptères sera mis en place en par- toyenne sur l’ensemble de la région Bourgogne. tenariat avec la SHNA. L’association déploie des actions sur les territoires bourguignons : elle initie et coordonne des pro- L’Yonne est porteuse d’enjeux forts : grammes de préservation des milieux naturels, travaille - les pelouses calcaires qui participent aux continuités avec des partenaires sur des espèces à fort enjeu, sur écologiques des trames et pelouses en Bourgogne mais les corridors de Bourgogne, et sur des plans d’actions. qui sont devenues relictuelles, Sa mission de découverte du patrimoine naturel se dé- - les têtes de bassin dont le chevelu des petits ruisseaux cline également au travers de 16 sites qui ont été équi- qui découlent du Morvan et alimentent notamment la pés et permettent de découvrir la multiplicité des vallée de l’Armançon. milieux naturels remarquables. Actuellement, 152 Au sein du Pays du Tonnerrois, les enjeux peuvent être sites sont gérés par le Conservatoire, parmi lesquels 3 diffus mais sont très importants. Réserves Naturelles Nationales.

La parole aux élus - Discours d’accueil 3 LA PAROLE AUX ÉLUS - DISCOURS D’ACCUEIL DES RENCONTRES DU Pays du Tonnerrois

L’Yonne doit contribuer aux stratégies régionales, natio- nales et européennes pour préserver ses espaces naturels et sa biodiversité, pour nous comme pour nos enfants. Il est essentiel d’œuvrer dans ce en s’appuyant sur les politiques publiques mais aussi grâce à l’implication de nos entreprises et industries, comme en témoignent les carriers qui nous ont rejoint pour ces Rencontres.

Dans un contexte de crise financière et sociale où les préoccupations environnementales peuvent être délaissées, il est essentiel de conforter nos synergies. C’est tout l’enjeu de ces Rencontres de Territoires qui affichent pour objectif « Préservons tous ensemble nos espèces et nos espaces ! ».

Aubert - CENB G.

Le Tonnerrois, en chiffres : 81 communes •1 210 km2 • 24 986 habitants

Le Pays du Tonnerrois Les sites dans l’Yonne Sens du Conservatoire dans l’Yonne

Yonne Tonnerre Tonnerre Cruzy-le-Châtel Cruzy-le-Châtel Ancy-le-Franc Auxerre Ancy-le-Franc

Noyers-sur-Serein Noyers-sur-Serein

Avallon

Flogny-La-Chapelle Flogny-La-Chapelle Cruzy-le-Châtel Cruzy-le-Châtel Tonnerre Tonnerre Les cantons du Pays Les communautés du Tonnerrois de communes du Pays du Tonnerrois

Ancy-le-Franc Ancy-le-Franc Noyers-sur-Serein Noyers-sur-Serein Communauté de Communes d’Othe en Armançon Communauté de Communes d’Othe en Armançon Communauté de Communes du Tonnerrois Canton de Flogny-La-Chapelle Canton de Communauté de Communes du Tonnerrois Canton de Flogny-La-Chapelle Canton de Noyers-sur-Serein Noyers-sur-Serein Communauté de Communes d’Ancy-le-Franc Canton de Tonnerre Communauté de Communes d’Ancy-le-Franc Canton de Tonnerre Communauté de Communes Nucérienne Canton de Cruzy-le-Châtel Canton d’Ancy-le-Franc Communauté de Communes Nucérienne Canton de Cruzy-le-Châtel Canton d’Ancy-le-Franc

4 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 du Pays du Tonnerroisdu Pays Présentation générale Présentation générale du Pays du Tonnerrois 5

Vue sur la vallée de l’Armançon - C. Diaz - CENB PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU PAYS DU TONNERROIS

Le Pays du Tonnerrois : histoire et développement

Robert Biton Docteur en histoire bourguignonne Président de la Société d’Archéologie et d’Histoire du Tonnerrois (SAHT)

Depuis le Paléolithique, le territoire du Tonnerrois n’a cessé de se modeler au rythme des évolutions de l’agriculture, de la démographie et des guerres, du déve- loppement industriel et des voies de transport. Des voies romaines au canal, des villas gallo-romaines agricoles aux industries de transformation, portrait d’un territoire qui est entré dans le XXIe siècle.

Du Néolithique au Moyen Âge

Des traces d’occupation en Tonnerrois depuis le Paléo- lithique existent, mais ce n’est qu’au Néolithique que le territoire est occupé de façon stable, défriché et cultivé. La population s’établit, non pas dans les vallées inon- dables, mais légèrement au-dessus du niveau de la plus grosse crue. À l’époque gauloise, après une époque de villages de plaine, apparaissent les habitats de hauteur, comme Tonnerre. La population étant nombreuse, les défrichements s’accélèrent. Le Tonnerrois fait alors par- tie de la Cité des Lingons. L’amitié fidèle des Lingons avec les Romains va leur épargner les affres de la guerre des Gaules et, la Gaule étant soumise à Rome, la Lingonie ne Monnaie romaine verra pas de déplacement de villes, comme ce fut le cas par exemple à Bibracte. tations agricoles), principalement sur les plateaux, sont abandonnées pour des raisons encore inexpliquées, et la forêt reprend ses droits. Cependant, de nombreuses villas restent occupées et donneront naissance à nos villages actuels. Au Moyen Âge, le comté de Tonnerre ne peut être confondu avec le Tonnerrois actuel : il occupait une partie du Châtillonnais et du Montbardois, mais aussi de l’Aube. En revanche, des territoires faisant partie du Tonnerrois actuel échappaient au comté (Noyers, Objet gravé de la période néolithique Flogny, Tanlay, , etc.). Un pouvoir comtal fort a empêché pendant longtemps l’émiettement en petites À l’époque gallo-romaine se construit le réseau de voies seigneuries locales, d’autant que le comté de Tonnerre romaines, monuments antiques les plus présents et les était réuni aux comtés de Nevers et d’Auxerre. plus visibles du territoire. L’essor agricole entraîne un L’occupation monastique accentue le défrichage des déboisement intensif et la mise en culture des rebords terres et est à l’origine de travaux hydrauliques im- de vallées et des plateaux. Du IIe au IVe siècle, l’exploi- portants, principalement l’assèchement des marais et tation de l’argile pour la poterie se développe. À la fin des zones humides, les abbayes étant généralement si- du IIIe siècle, beaucoup de villas gallo-romaines (exploi- tuées en fond de vallée.

6 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 À l’âge de l’essor des forges, du canal Au XIXe siècle, alors que le canal vient juste d’être ou- et du chemin de fer vert au transport, un concurrent sérieux se présente : le train. Comme le canal, ce moyen de locomotion en- traîne de vastes bouleversements du sol et du paysage : La deuxième moitié du XVe siècle jusqu’à la fin du XVIe la ligne passant par la vallée inondable de l’Armançon est siècle marque une période de reconstruction et de construite sur remblai. Un tunnel est creusé à Lézinnes construction de châteaux, villages, églises et abbayes, et une profonde tranchée voit le jour à - sur - Ar- suite à la guerre entre Armagnacs et Bourguignons. La mançon. Le paysage est ainsi balafré par la ligne, les terres pierre de Tonnerre étant réputée, de nombreuses car- étant décapées pour faire le remblai. L’impact écologique rières vont s’ouvrir partout où l’extraction est possible est énorme, d’autant que les machines ont besoin d’eau pour permettre la construction des châteaux d’Ancy- et que les escarbilles* allument des feux le long des voies. le-Franc, de Nuits, de Maulnes et la reconstruction du Tonnerre est le terminus de la ligne Paris-Lyon-Marseille château de Tanlay et de la plupart des églises. On assiste pendant plusieurs années jusqu’à ce que l’on crée la gare au développement de la sculpture, tant religieuse que des Laumes, afin de stocker les locomotives suffisam- funéraire. Dans le sud du Tonnerrois, la présence de ment puissantes pour grimper la rampe de Blaisy. Le minerai de fer à fleur de terre entraîne le développe- circuit du commerce est alors complètement transfor- ment de la sidérurgie et la création de forges qui ont mé, le rail captant l’essentiel du fret. Le canal conserve laissé des traces dans la toponymie (comme Jully-les- toutefois le transport de la pierre et des grains. Forges par exemple), avec pour corollaire le détourne- ment de nombreux cours d’eau.

Au XVIIIe siècle, les travaux de construction du commencent. Son ouverture en 1832 permet le développement des échanges commerciaux, les marchandises pouvant être expédiées en quantité. *Escarbille : Fragment de combustible incomplétement brûlé Le canal restera un moyen de transport important qui s’échappe de foyers, principalement de fret, notamment de la pierre, jusque dans les années des locomotives à vapeur. 1960.

Présentation générale du Pays du Tonnerrois 7 Vers un nouveau visage du Tonnerrois les tuileries jusqu’en 1950. La forêt représente aussi à l’époque moderne un pan important de l’économie grâce à l’exploitation du bois. Ce bois était traité dans de nombreuses scie- À cette période, l’agriculture des céréales donne des ries utilisant la force des cours d’eau ou, plus tard, les rendements médiocres et l’élevage n’est que familial : machines à vapeur utilisant copeaux et sciures comme c’est alors l’exode rural. Le chanvre et le lin sont culti- combustibles. vés, d’où l’existence de nombreux tisserands. Cependant, la culture principale est la vigne et la proche région de Tonnerre voit se développer au XIXe siècle la produc- La symbiose entre cultures, forêts et tion de champagne (aujourd’hui crémant) qu’elle fourni- voies d’eau qui constituent le Tonnerrois ra aux cours de Russie ou de Prusse. Le travail viticole est donc le résultat d’un long chemine- engendre l’édification de meurgers (tas d’épierrements), ment historique, avec ses impasses et de murets et de cadoles en pierre sèche qui modifient ses avancées. La région ainsi façonnée le terroir. Puis, l’arrivée du phylloxera entraîne la ruine est marquée par une forte dominante ru- de tout ce vignoble qui s’embroussaille alors. À la fin du rale, une activité industrielle regroupée XIXe siècle, les forges du Tonnerrois cessent leur activité en une douzaine de pôles, des ressources et l’exploitation des mines de fer prend fin à la même époque. touristiques, naturelles et patrimoniales importantes. Puissent ces composantes Au XXe siècle, on assiste à la fois à une désertification perdurer longtemps grâce à une vigilance des campagnes et à un développement de l’agriculture. éclairée et une évolution raisonnée. L’apparition des engrais chimiques et la mécanisation agricole vont permettre à la culture céréalière de se développer sur les plateaux et leurs rebords. Le pay- sage - de vastes champs surmontés de bois - acquiert son aspect actuel. Les industries de transformation se développent (chaux, ciment, mécanique, etc.) et les gise- ments d’argile du canton de Flogny sont exploités pour

8 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU PAYS DU TONNERROIS

Le Pays du Tonnerrois aujourd’hui

André Fourcade Président du Pays du Tonnerrois en 2012

Le Tonnerrois est un Pays de Bourgogne situé en bordure du Bassin parisien, proche des villes d’Auxerre, de Troyes et . Il s’organise principalement autour de la vallée du Serein et des plateaux forestiers des cantons de Cruzy - le - Châtel et Tonnerre, entaillés par la vallée de l’Armançon. Les paysages sont dominés par les grandes cultures et les forêts.

« L’autre Pays des Châteaux » Au niveau économique, 877 entreprises sont installées sur le territoire (métallurgie, ameublement) et il existe Ancy-le-Franc, Tanlay, Maulnes… autant de monuments un foncier disponible dans les zones artisanales, com- qui ont valu au Tonnerrois le qualificatif d’« autre Pays merciales ou industrielles. des Châteaux ». S’ajoute à cela un patrimoine architec- tural hérité du Moyen Âge et de la Renaissance comme Des projets, un développement le village de Noyers - sur - Serein (labellisé parmi les « 100 plus beaux villages de France ») ou encore l’Hôtel Le Pays du Tonnerrois met en œuvre des projets de dé- Dieu à Tonnerre. Le Tonnerrois propose ainsi 16 sites veloppement du territoire et des actions pour offrir des d’exception. logements de qualité et en quantité suffisante, favoriser Son petit patrimoine remarquable est marqué par des la mobilité sur le territoire, mettre en place de nouveaux éléments identitaires riches : la pierre de Tonnerre services pour des publics cibles, proposer un projet ter- (connue pour avoir été utilisée à l’Hôtel de Ville de ritorial de santé et de promotion du territoire. Paris, au Panthéon…), le réseau hydrographique (Canal Il envisage le tourisme comme un levier économique de Bourgogne, Armançon, Serein et Fosse Dionne), les pour le territoire. Ainsi des projets de développement forêts, les fromages (, Chaource), les pay- touristique, notamment autour de l’itinérance, du canal sages et les vignes. Initialement planté par les moines de Bourgogne et des vignes sont à l’étude. de Saint - Michel de Cassis, le vignoble du Ton- nerrois a en effet obtenu récemment l’appellation L’ambition du Pays du Tonnerrois consiste « Bourgogne Tonnerre ». L’environnement préservé à conforter le développement économique, constitue un atout pour l’accueil de la population et de faire du tourisme un véritable secteur éco- nombreuses activités économiques. Tous ces éléments nomique pour le Tonnerrois, développer permettent le développement d’un tourisme d’itiné- rance de qualité (randonnées) et d’un tourisme vert l’attractivité du territoire, ceci avec l’idée varié. commune de maintenir l’équilibre général c’est à dire que l’environnement soit tou- Des atouts jours préservé et de qualité (maintien des paysages naturels et bâtis, mise en valeur Le territoire est bien desservi par les transports : l’au- d’espaces naturels, gestion de l’eau). toroute A6 traverse le Pays du Tonnerrois et le train Paris - Lyon - Méditerranée s’arrête en gare de Ton- nerre. Tonnerre étant une petite ville rurale, la gare est ainsi un atout d’attractivité décisif : certains travailleurs Le Tonnerrois, en chiffres qui venaient par le train, ont parfois décidé de s’instal- ler à Tonnerre. • 81 communes • 4 Communautés de communes 2 Les services sont durables et de qualité avec la présence • 5 cantons •1 210 km • 24 986 habitants notable d’un centre hospitalier. • 20 habitants / km² contre 45 dans l’Yonne

Présentation générale du Pays du Tonnerrois 9 Pour en savoir plus

Un réseau karstique important, une particularité de la vallée de l’Armançon

La vallée de l’Armançon est caractérisée par la présence de particularités géomorphologiques. Parmi elles, la source d’Arlot à Cry et la Fosse Dionne à Tonnerre constituent la partie visible d’un réseau souterrain vaste et particulier.

Juliette Brey-Xambeu Chargée de communication La source d’Arlot à Cry Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne

Dans la vallée de l’Armançon, les calcaires jurassiques très durs drainent les eaux de pluie de la surface vers des couches d’argiles ou de marnes. Cette eau ressort à l’air libre sous forme de sources (ou résurgences). Channay Il existe à Cry une résurgence au débit exceptionnel qui Nicey Bissey-la-Pierre alimente aujourd’hui Cry et Perrigny - sur - Armançon, et Tonnerre Arm Laignes 11 autres villages. ançon À 19 km de là à vol d’oiseau, le gouffre de la Garenne à Gigny Vaugimois reçoit les eaux de la Laignes lors de périodes Ancy-le-Franc très pluvieuses. Le plateau du Duesmois concentre les Yonne N eaux au niveau de la vallée supérieure de la Laignes et Côte-d’Or la totalité de ses eaux disparaît dans plusieurs pertes 0 2 4km Cry (ouvertures par lesquelles un cours d’eau devient sou- Vaugimois terrain), jusqu’aux alentours de Vaugimois. Nous avons Perrigny-sur-Armançon ensuite affaire à une vallée sèche, jusqu’à la résurgence de la Laignes au village de Laignes.

La source d’Arlot à Cry A. Rousselet

10 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 Mais que vient faire la Laignes et ses pertes avec la Des objets métalliques gallo - romains et du Moyen Âge source d’Arlot de Cry ? C’est seulement en 1965 ont été découverts, et la fouille a été arrêtée par res- qu’il a été prouvé qu’une bonne partie des eaux de la pect du site archéologique. De nombreuses fois sondée Laignes ressortait à Arlot ! par des plongeurs spécialisés, la Fosse Dionne n’a cepen- En effet, la fluorescéine, substance utilisée comme traceur dant jamais pu être explorée dans son intégralité. fluorescent, injectée au gouffre de la Garenne, a été détectée après un parcours souterrain de 20 km à la Ainsi, malgré les tentatives, la Fosse Dionne source d’Arlot, à une vitesse de 170 mètres à l’heure. garde son mystère… Cette coloration a aussi permis de découvrir qu’un impressionnant réseau souterrain distribuait ces eaux au nord du plateau (Laignes bien sûr, mais aussi Cérilly, Karst et formations karstiques Bissey - la - Pierre, Channay, Nicey, Gigny) mais aussi vers l’ouest à Cry, Ancy-le-Franc, Argenteuil et Tonnerre. Le karst est une structure géomorphologique constituée de Une autre branche est restée incertaine sur Noyers. cavités résultant de l’érosion hydrochimique et hydraulique de roches (principalement des formations calcaires). Dans un premier temps, les eaux de pluies chargées de dioxyde La Fosse Dionne de Tonnerre de carbone pénètrent dans les fissures de la roche et la dis- solvent progressivement puis, dans un second temps, l’eau Résurgence située au centre ville de Tonnerre, la Fosse redépose plus en aval cette matière dissoute en créant des Dionne est impressionnante par ses eaux vert glauque, formations caractéristiques dites « kastiques ». son gouffre insondable, son lavoir circulaire du XVIIIe Une morphologie souterraine spécifique, ou endokarst, se siècle et son caractère mystérieux qui a donné nais- forme alors, constituée de grottes, galeries, lacs souterrains, stalactites et stalagmites. Ce phénomène apparaît également sance à de nombreuses légendes. Sa présence est à en surface (exokarst), et donne naissance à des paysages l’origine de la création de la ville de Tonnerre. Elle est karstiques tourmentés caractérisés par des formes de cor- alimentée par les eaux infiltrées dans les plateaux cal- rosion de surface ruiniformes de lapiez, dolines ou gouffres. caires voisins, ainsi que par les pertes d’au moins une Les eaux circulant dans le réseau karstique convergent de rivière, et c’est à cet endroit que les traces les plus point en point pour former des sources importantes : exur- éloignées de la perte de la Laignes ont été enregis- gences ou résurgences. trées.

A. Rousselet La Fosse Dionne à Tonnerre

Présentation générale du Pays du Tonnerrois 11 PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU PAYS DU TONNERROIS

La vallée de l’Armançon : de l’histoire au patrimoine naturel

Alain Rousselet Président de la Société des Sciences Naturelles et d’Histoire de la Vallée de l’Armançon

La vallée de l’Armançon prend naissance à l’époque Jurassique (-200 millions d’années à -145 millions d’années). Tout comme le Pays du Tonnerrois qu’elle entaille, elle se caractérise principalement par l’exploitation de carrières jusqu’à une époque récente et a connu moult évolutions. Portrait passé et présent d’une vallée à profil rural, aujourd’hui tournée vers les cultures et la forêt.

Une rivière, une vallée des paliers (terrasses) avec des sédiments sableux à granulométrie plus ou moins importante, témoins La vallée de l’Armançon doit sa configuration à la géo- des différentes périodes glaciaires. Toutes les strates logie. Les calcaires jurassiques, très faillés, forment un sont inclinées vers le Bassin parisien, depuis le Seuil de important réseau karstique, c’est-à-dire un réseau de Bourgogne, à 600 mètres d’altitude, jusqu’à Paris, à 30 structures géomorphologiques résultant de l’érosion de mètres d’altitude au niveau de la Seine. formations calcaires. Un impressionnant réseau souter- L’ Armançon est sujette à de fortes crues. Celles-ci sont rain a pu être mis en évidence, distribuant l’eau au nord accentuées, notamment sur les premiers kilomètres de du plateau et aussi vers la vallée de l’Armançon, jusqu’à la rivière dans le département de l’Yonne, par les lâ- Tonnerre et sa Fosse Dionne (cf. Pour en savoir plus p.10). chers d’eau importants des barrages de Grosbois et Selon les obstacles rencontrés, la rivière Armançon ser- de Pont. En revanche, en période de sécheresse, les pente, laisse des bras morts et, tout en s’enfonçant, laisse étiages sont sévères. A. Rousselet A.

Coupe géologique du Seuil de Bourgogne au Bassin parisien

12 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 L’Armançon : des usages multiples L’eau de l’Armançon… à Paris ! Jadis utiles à plusieurs métiers, de nombreux moulins Pour l’anecdote, le célèbre Baron Haussmann, connu jalonnent encore le cours de l’Armançon, mais ils ont pour ses réalisations d’urbanisme à Paris, s’est inté- aujourd’hui perdu leur utilité. Au temps des lavandières, ressé à l’alimentation en eau de la capitale. Il chargea de nombreux lavoirs ont également été construits. l’ingénieur Belgrand de préparer une étude sérieuse, Comme sur toutes les rivières et fleuves, l’Homme qui répertoria les sources susceptibles d’alimenter a certainement pratiqué très tôt la navigation sur l’Ar- Paris. Parmi la liste figurent notamment, malgré leur mançon : les chemins étant inexistants ou peu fiables, éloignement, la Fontaine d’Arlot à Cry, la Grande et les fonds de vallées trop marécageux, ce moyen de Fontaine à Ancy - le - Franc, la Fontaine de Ravisy près transport était alors fréquent. d’ et la Fosse Dionne à Tonnerre. Le flottage des bois s’est bien développé sur la Brenne, l’Armançon, le ru de Baon et le ru de Bornant de Bierry - les - Belles - Fontaines à Aisy - sur - Armançon. Plusieurs « ports » réservés au flottage des bois ont même existé, et de nombreux barrages ont été L’histoire du territoire et de son acti- construits sur les cours d’eau afin de pouvoir lâcher vité économique permet de comprendre le flot nécessaire. La période 1775 -1920 a connu un les paysages mais aussi les richesses du pa- pic d’activité puisque 8 000 à 10 000 cordes de bois* trimoine naturel local. À tous niveaux, la flottaient pour Paris, sur la Brenne et l’Armançon. vallée de l’Armançon apparaît comme le cœur du territoire, de son histoire et de Quand les carrières ses richesses biologiques. Les articles du façonnent le paysage chapitre suivant abordent plus en détail le patrimoine naturel du territoire. Jusqu’à récemment, la vallée de l’Armançon s’est caractérisée par l’exploitation des différentes roches calcaires pour fournir les pierres de construction et des gravillons utilisés pour les routes, la chaux, le ciment, etc. Ces carrières ont modelé un nouveau visage aux * Corde de bois : unité de volume de bois de chauffage pentes abruptes surplombant notamment Cry. Non utilisé au Canada et USA - 1 corde = 3,62 stères. seulement les fronts de taille, mais aussi les cavaliers (résultat des déchets de carrière) très importants, donnent un paysage très caractéristique mais aussi une flore très spécifique à la fois xérophile et alpine. Citons la Linaire des Alpes, la plus caractéristique, puisqu’elle ne pousse en Bourgogne qu’à Cry et aux Sources de la Coquille à Étalante, en Côte - d’Or. L’hémicycle que forment les carrières d’Arlot (les dernières exploi- tées), du Larris Blanc et du Vau Sambin, orienté plein sud, permet d’obtenir ce micro-climat. Il en est de même à Saint - Martin - sur - Armançon, où le phénomène se produit dans une moindre mesure, le site étant en train de se boiser fortement. Les deux sites sont répertoriés en un seul site Natura 2000 « Éboulis calcaires de la vallée de l’Armançon ». Aujourd’hui, il ne reste que très peu de carrières exploitées. La vallée de l’Armançon est à présent consacrée aux cultures céréalières et les plateaux sont couverts de forêts ou d’immenses champs de céréales, avec disparition des bosquets et des haies. Les der-

nières prairies se maintiennent en lisière du départe- - CENB Vasseur M. ment de la Côte - d’Or. Éboulis dans une ancienne carrière à Cry - sur - Armançon

Présentation générale du Pays du Tonnerrois 13 PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU PAYS DU TONNERROIS

L’Armançon dans le Pays du Tonnerrois aujourd’hui

Le Syndicat Mixte pour la Réalisation des Éric Coquille Travaux d’Aménagement de la Vallée de Président du Syndicat Mixte pour la Réalisation des l’Armançon (SIRTAVA) est un des trois syn- Travaux d’Aménagement de la Vallée de l’Armançon dicats de rivière qui officie dans le bassin (SIRTAVA) de l’Armançon. Ce dernier se situe dans le bassin de la Seine, à cheval sur deux régions Lucile Gaillard administratives et trois départements. Dans Animatrice SAGE Armançon ce contexte, quelle est la place de l’Arman- çon dans le Pays du Tonnerrois ?

L’Armançon, aménagements réalisés par l’Homme ont contraint son carte d’identité d’une rivière cours, accentuant son débit, le creusement du lit et les phénomènes d’érosion. Ainsi, la création du canal de La rivière Armançon est un des principaux éléments Bourgogne (générant des coupures de méandres) ou structurants du Pays du Tonnerrois. Les enjeux la l’installation de la voie de chemin de fer ont modifié le concernant sur ce secteur ne peuvent être abordés tracé de l’Armançon au fil du temps (cf. carte 1). qu’en considérant le fonctionnement de la rivière dans Ces infrastructures ont également réduit les champs son ensemble et en intégrant les notions d’amont et d’expansion de crue, entraînant une modification des d’aval, qui présentent des visages très différents (cf. ta- comportements de la rivière en période d’inondation. bleau ci-dessous). Le Pays du Tonnerrois se situe dans le secteur médian Le bassin versant de l’Armançon du cours de la rivière. Si, lors de sa traversée du socle calcaire, elle n’a que très peu d’affluents, elle reçoit par Quand on veut parler des influences que subit une contre une grande quantité d’eau issue de la tête de rivière et de sa gestion, il faut étudier globalement les bassin versant, dotée elle d’un important réseau hydro- phénomènes à l’échelle de son bassin versant. graphique. Ainsi son cours s’élargit et elle est régulière- Le Pays du Tonnerrois est caractérisé par un habitat ment sujette à des débordements. dispersé et la présence de quelques pôles plus ur- Si la rivière est naturellement mobile sur ce secteur, les bains, un massif forestier important et un fort potentiel agronomique, notamment pour la culture de céréales.

Le bassin versant de l’Armançon : 1 255 km de cours d’eau répartis en 3 secteurs Secteur du bassin versant Amont Intermédiaire Aval Largeur 0,5 à 4 m 25 m 30 m Profondeur 0,8 à 1 m 2 m 1,5 m Eaux calmes Eaux calmes Eaux calmes à renouvellement Faciès d’écoulement à renouvellement lent à renouvellement lent lent / milieux d’eaux courantes Module 1,630 m3/s (Brianny, 21) 19,6 m3/s (, 89) 28,6 m3/s (Brienon, 89) Crue décennale 41 m3/s (Brianny, 21) 240 m3/s (Tronchoy, 89) 300 m3/s (Brienon, 89) Cyprinicole* Cyprinicole* Cyprinicole* Qualité piscicole (affluents : salmonicoles*) Ripisylve Peu présente Présente mais dégradée Continue Présence d’ouvrages Petits seuils Barrages de taille moyenne Ouvrages imposants *Cyprinicole : favorable au développement des carpes et espèces proches. *Salmonicole : favorable au développement d’espèces comme la Truite.

14 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 Carte 1 : Évolution du tracé de l’Armançon Par ailleurs, la capacité d’auto-épuration des cours d’eau entre Tonnerre et Saint - Martin-sur - Armançon varie sur le territoire. Elle prend en compte les caracté- ristiques physiques de la rivière, sa sensibilité à la séche- resse et la qualité de ses habitats. Certaines rivières ont une bonne capacité d’auto-épuration, c’est - à - dire qu’en cas de pollution, la rivière aura une certaine capacité autonome de digestion de cette pollution, alors que d’autres sont très sensibles aux pollutions.

L’enjeu aujourd’hui est donc de concilier le développement du territoire et le bon © IGN - SIRTAVA fonctionnement du milieu aquatique. Des 1750 1955 1838 2002 démarches de gestion intégrée telles que Canal de Bourgogne (vers 1777) le Schéma d’Aménagement et de Gestion Train Paris - Lyon - Marseille (1844 -1850) des Eaux (SAGE) ont permis d’identifier les axes de travail prioritaires : disponibilité Cette structuration influence les activités humaines, des ressources (quantité), qualité des eaux, qui elles-mêmes ont des conséquences sur la rivière maîtrise des inondations et milieux (quali- et les milieux aquatiques en général : la rivière a per- té des cours d’eau et milieux aquatiques). mis de développer de nombreuses activités, mais, a Tous les habitants et élus du bassin versant contrario, elle se rappelle à nous notamment lors des sont acteurs de cette démarche. Parmi eux, épisodes d’inondations. le SIRTAVA se mobilise en portant des pro- Le type d’habitat implique la rareté d’équipements col- grammes à l’échelle du bassin versant pour lectifs, limités aux quelques pôles urbains ainsi que de honorer ses responsabilités envers la rivière nombreux assainissements individuels, et les besoins en alimentation en eau potable sont diffus. Le Pays du et accompagner les autres acteurs pour Tonnerrois est donc notamment confronté à des pro- mieux la prendre en considération. blématiques d’alimentation en eau potable et d’assai- nissement. En outre, l’exploitation des terres arables peut poten- tiellement, compte tenu de certaines pratiques, impac- ter le fonctionnement des milieux aquatiques. Enfin, les quelques pôles industriels et artisanaux sont groupés sur les centres urbains les plus importants, Carte 2 : enjeux en eau potable et assainissement essentiellement situés en bord de rivière, donc vulné- sur le Tonnerrois rables aux inondations.

Les enjeux « eau » de la vallée de l’Armançon dans le Tonnerrois

Les conséquences de ces facteurs pour le milieu aqua- tique sont plurielles : • les besoins en eau nécessitent des prélèvements dans les ressources souterraines et superficielles : il peut alors y avoir des tensions en période d’étiage (que pri-

vilégier : l’eau potable, l’abreuvage, l’irrigation ?), © IGN - SIRTAVA • les pollutions et divers rejets peuvent impacter la Stations de prélèvement en eau potable qui présentent qualité de l’eau, un problème de qualité de l’eau (nitrates, pesticides). • les travaux et activités peuvent modifier le fonction- nement des milieux aquatiques et les modifications du Pas de problèmes régime d’écoulement peuvent accroître le phénomène d’inondation (cf. carte 2). Stations d’épuration ou de traitement collectif nécessitant un besoin d’agrandissement

Stations d’épuration ou de traitement collectif

Présentation générale du Pays du Tonnerrois 15 PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU PAYS DU TONNERROIS Les paysages du Pays du Tonnerrois

Les vallées présentent des paysages variés, entre rivières, bocages, prairies et cultures. SHNA

Entrée de cavité SHNA CBNBP C. Diaz - CENB C.

Ripisylve CBNBP

Pelouse à Saint-Martin-sur-Armançon

Éboulis à Saint-Martin-sur-Armançon S. Gomez - CENB S.

16 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 Mare dans une prairie humide SHNA CBNBP

Chemin forestier Mosaïque de milieux naturels et anthropisés CBNBP

Présentation générale du Pays du Tonnerrois 17 Prairie de l’Armançon - S. - CENB Prairie Gomez

Patrimoine naturel du Pays du Tonnerrois

18 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 LE PATRIMOINE NATUREL DU PAYS DU TONNERROIS

Flore et habitats Olivier BARDET Directeur de la Délégation Bourgogne du Conservatoire remarquables Botanique National du Bassin Parisien du territoire

Le Conservatoire Botanique Natio- nal du Bassin Parisien inventorie la flore et les habitats et mène d’autres missions en lien avec ces inventaires : connaissance du territoire, valorisa- tion des informations, centralisation et diffusion de données. À ce titre, il participe activement à la conservation des espèces les plus menacées. Il a donc une vision privilégiée de la flore et des habitats remarquables de la Bourgogne en général, et du Pays du Tonnerrois en particulier. A. Ardouin - CENB Ardouin A. Linaire des Alpes

Le Pays du Tonnerrois : contexte Les grands types d’habitats géologique et climatique naturels structurants

Le territoire du Pays du Tonnerrois couvre environ Le paysage du Tonnerrois est fortement marqué par les 1200 km². Il s’étend essentiellement sur la région na- forêts et les grandes cultures. Du point de vue de la turelle des Plateaux de Basse-Bourgogne et comprend flore en revanche, ce sont les milieux calcaires (rochers, de petites parties de Champagne humide et du Jovinien éboulis ou pelouses) qui concentrent l’essentiel du pa- au nord - ouest de Tonnerre. Le Tonnerrois présente trimoine. On peut ainsi noter à titre d’exemples la pré- une grande homogénéité géologique, avec dominance sence des orchidées des pelouses, la Gentiane jaune des du plateau calcaire, à l’exception de l’« appendice » plus lisières forestières et la Linaire des Alpes des éboulis qui original situé au nord - ouest : le Pays d’Othe. font partie des espèces phares du territoire. Ce patri- Véritable colonne vertébrale du territoire, l’Armançon moine naturel se trouve dans les grands types d’habitats est, avec la vallée du Serein, un élément déterminant du territoire que sont : pour la flore du territoire. • les pelouses calcicoles, Du point de vue climatique, le Pays du Tonnerrois est • les milieux humides, une zone de transition sans typologie précise comme • les forêts. on peut l’observer dans le Châtillonnais ou le Morvan. On trouve une influence nettement atlantique dans sa Les pelouses calcicoles partie nord - ouest (Pays d’Othe, Champagne humide) et une influence continentale dans sa partie sud - est. En Ce sont des habitats diversifiés et localement riches en fonction de ces influences, on retrouvera des espèces espèces remarquables. En revanche, s’ils sont largement différentes. répandus, ils recouvrent des surfaces restreintes et

Patrimoine naturel du Pays du Tonnerrois 19 * Layon: forestier. cheminement * Ourlet: zone detransition etunmilieu fermé, commeuneprairie entre unmilieuterrestre ouvert généralement uneforêt. Pelouse àCry-sur-Armançon sèche est bien sûr L’un des foyers majeurs de biodiversité pour ce secteur Tonnerrois etconfinésauxvallées. calcaire, les habitats humidessonttrèsrares dansle Structurellement, du fait de la géologie du Pays très maine, notammentdanslavalléedel’Armançon). des vant être très favorable au maintien de la flore) ainsi que des beuses, ontrouve des vent défini comme de grandes zones ouvertes her Concernant les habitatsassociés à cespelouses, sou marnicoles (trèsaltérées)etdes buttes de la commune. Onnote également des rement d’unepetitecouchemarneusesurdespetites ,de Bourgogne,l’affleu- en à uniques dues sont qui de pelouses rares : lespelousesdes«terres pourries » Parmi ces habitats calcicoles, on trouve différents types saillent graduellementpourtendre, àterme, vers laforêt. nature anthropique etsans entretien, elless’embrous On notera leur dynamique de boisement : sans usage de lisières forestières deshabitatsintéressants. font partie calcicoles sont souvent encontinuité avec laforêt, etces Serein et petites vallées sèches adjacentes). Les pelouses calcicoles lelongdes versants des vallées (Armançon, en vigne, etc.). On retrouve l’essentiel de ces habitats culture, transformation en (mise requalification par fois pressionil estsoumis à une forte se concrétisant par dufloristique richesse la de part bonne Tonnerrois mais parfois assez morcelées.naturel Cemilieu rassembleune 20 éboulis calcaires (trèsrares etsouvent d’originehu- layons* forestiers (l’entretien decesdernierspou- Conservatoire d’espacesnaturels deBourgogneConservatoire - Territoires Naturels de Bourgogne -N°6 -Décembre 2014 la valléedel’Armançon, avec ses Les milieuxhumides ourlets*, des lisières forestières, pelouses surdalles. pelouses pelouses prairies prairies - - - - du territoire (corridors pourlafaunemaiségalement ont unrôledeconnexionentre lesdifférentes parties d’habitats pour les espèces typiquement forestières et pas une structure degrande futaie. servent Cesmilieux de grandedimension, lesforêts n’ontdoncgénéralement ou de charbonnage. Ces usages ne requérant pas de bois passé d’exploitation intensive pourleboisdechauffage face importante. Ellessont souvent marquées parleur pôle marquant du Pays du Tonnerrois de par leur sur Les des forêts humides. humides commedepetitesmares intra-forestières ou vinien etdu Pays d’Othe permetlaprésence de zones humide. Eneffet, lesubstrat plus imperméableduJo- Champagne mides deplateauexistentdans la partie les Concernant lacomposanteboiséedesmilieuxhumides, pèces. la derefugeses- flore pour certaines etpeutservir humides. Ilspeuvent être intéressants localement pour les contre-fossés, jouentégalementle rôledezones village zones humides d’origine humaine comme les il n’yapasdezones humides naturelles, maisquelques Sur lesplateaux, dufaitde la perméabilitédu substrat, lées représentent etprimordial. unenjeufort exemple demaraisalcalinl’Yonne exceptionnelles lelongdel’Armanceainsiqueseul On trouve ainsiquelquesprairieshumidesdefauche humides vers l’aval, ainsiqued’autres petitesrivières. forêts riveraines sontrares etquelquesforêts hu- grandes forêts desplateauxcalcaires constituent un . LecanaldeBourgogne etsesannexes, comme Les forêts , àBaon. Ces val mares de - -

C. Diaz - CENB C. Foutel - CENB Foutel C. - CENB Girard O. L’Anémone pulsatille est une espèce caractéristique des Micrope dressé pelouses calcaires de Bourgogne, bien représentée dans l’Yonne.

pour la flore). Ces forêts ont l’avantage de présenter une permanence dans le temps : le pas de temps pour la gestion étant plus long que pour d’autres types d’ha- bitats anthropiques, on observe une certaine stabilité qui permet la conservation de la flore. On retrouve au sein des forêts, dans les layons ou fonds de vallons forestiers, des espèces emblématiques.

Les habitats naturels du Tonnerrois sont le plus souvent très morcelés, avec des problématiques de connexion en dehors des vallées. L’exemple le plus parlant est sans doute celui des pelouses calcicoles, dont des lam- beaux existent presque partout mais sont séparés par de grandes surfaces de cultures ou de forêts. Les prai- ries sont partout en régression (mise en culture) et ne représentent plus qu’une infime partie de la Surface Agricole Utile (SAU) du territoire. Les forêts et les - CENB Forest C. cultures, même si elles ne concentrent pas les enjeux Scutellaire des Alpes sur la flore, accueillent tout de même des espèces remarquables, avec des problématiques de conserva- populations de l’Yonne est concentré dans le Pays du tion bien différentes. Tonnerrois. Une autre espèce très ponctuelle, le Micrope dressé (Bombycilaena erecta) se rencontre dans le Ton- Les espèces floristiques nerrois, dans les écorchures ou les pelouses sur rochers. On retrouve ces deux espèces sur les pelouses her- remarquables beuses typiques. Sur les autres pelouses, la Coronille couronnée ou Les habitats précédemment décrits abritent quelques Coronille des montagnes (Coronilla coronata) est une espèces remarquables, rares ou protégées. espèce continentale et montagnarde très rare. Espèce Sur les pelouses calcaires, la Gentiane ciliée (Gen- forestière, on ne la trouve dans le territoire qu’à Cry. Elle tianella ciliata) est une espèce protégée en Bourgogne. marque bien la zone de transition climatique évoquée Relativement commune en Côte - d’Or, l’essentiel des

Le patrimoine naturel du Pays du Tonnerrois 21 plus haut et constitue un marqueur des influences conti- Les marais, très ponctuels, marquent la transition nentales de la partie orientale du territoire. avec l’influence continentale. Le marais alcalin de Baon La Linaire des Alpes (Linaria alpina) est une espèce ex- est le premier de ce type et on retrouvera ce type ceptionnelle, présente seulement sur deux sites en de marais de façon plus structurée en allant vers l’est, Bourgogne : à Cry et à la source de la Coquille à Étalante dans le Châtillonnais. Les espèces intéressantes sont (21). Rare en Bourgogne mais aussi en France, elle n’est notamment la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneu- connue que sur une trentaine de stations dans le Jura et monanthe) et l’Epipactis des marais (Epipactis palustris). les pré-Alpes. Ses populations en Bourgogne ont donc Autre exemple, l’Orchis négligé (Dactylorhiza praeter- une importance pour sa conservation. La Scutellaire des missa) que l’on trouve sur la commune de Flogny, en Alpes (Scutellaria alpina), qui n’a pas été revue depuis plu- Champagne humide : il s’agit de layons forestiers sieurs années, peut cependant être citée pour mémoire herbeux humides qui sont quasiment des petites prai- et pour mettre en évidence ce caractère très monta- ries intra-forestières. Cette espèce d’orchidée illustre gnard que l’on trouve à l’est de la vallée de l’Armançon. un enjeu lié à la gestion forestière, qui nécessiterait une Les prairies les plus intéressantes se trouvent à approche différenciée pour être préservée. l’aval de l’Armançon et sur certains de ses affluents, en En forêt, la Céphalantère rouge (Cephalanthera rubra), particulier l’Armance. Exceptionnelles par leur patri- bien qu’assez courante, est une orchidée remarquable moine floristique, elles se rapprochent des prairies du Val en Bourgogne et bien accrochée à un arc jurassique de de Saône. Il s’agit cependant de micro-milieux de surface calcaire dur traversant la Bourgogne. réduite. La Renoncule à feuilles d’Ophioglosse (Ranun- La Laîche blanche (Carex alba) se rencontre essentiel- culus ophioglossifolius) est une espèce très rare protégée lement dans l’Yonne dans la forêt communale de Ton- au niveau national. Il en existe quelques stations dans le nerre car on y trouve des hêtraies bien structurées. Val de Saône et, pour le Tonnerrois, sur la commune de L’espèce est commune dans le Châtillonnais, et, là en- . De même, il n’existe qu’une station connue core, c’est un bon marqueur de la zone de transition en Bourgogne pour le Trèfle de Micheli (Trifolium miche- que représente le Tonnerrois. lianum) : dans la vallée de l’Armance à Butteaux et Sou- Si la laîche représente le caractère continental, à l’inverse, maintrain. Confirmant certaines proximités floristiques, le Millepertuis androsème (Hypericum androsaemum) les stations d’Oenanthe à feuilles de Silaüs (Oenanthe si- est un élément typiquement atlantique : très présent laifolia) que l’on trouve sur l’Armançon et l’Armance font dans la Nièvre, on le retrouve en limite orientale de écho aux stations de la Bresse, du Val de Saône et, dans répartition au niveau du Pays d’Othe, présent unique- une moindre mesure, le Val d’Allier. ment dans le versant atlantique du Pays du Tonnerrois. Ces exemples illustrent le caractère exceptionnel de ces quelques sites de prairies du Pays du Tonnerrois. O. Girard - CENB Girard O. - CENB Foutel C. Gentiane pneumonanthe Epipactis des marais

22 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 floristique avec le Val de Saône, qui ont un rôle « témoin » important et présentent une forte densité d’espèces rares. Elles ont des superficies réduites et ne bénéfi- cient d’aucune protection.

Le morcellement important des habitats floristiques du Pays du Tonnerrois induit des problèmes de continuité écologique. Là où il y avait auparavant de la poly- culture et de l’élevage, notamment sur les plateaux (donc alternance de prairies,

S. Gomez - CENB S. fourrages et céréales), on rencontre au- Céphalantère rouge jourd’hui de grandes cultures avec des Des sites exceptionnels parcelles qui se sont beaucoup agrandies en s’accompagnant d’une simplification La flore du Pays du Tonnerrois se concentre parfois sur de l’espace, offrant donc moins de refuges quelques sites exceptionnels. pour la faune et la flore. Ainsi, le site de Cry - sur - Armançon présente une den- La simplification des paysages ainsi que la sité exceptionnelle de petites populations d’espèces tendance à la diminution des surfaces et rares (Linaire des alpes, Polystic…) en raison d’habi- de la qualité des pelouses et la très grande tats intéressants (pelouses, éboulis) et du caractère rareté des zones humides sont des menaces sec, calcaire et montagnard du site. Cry - sur - Arman- importantes pour la flore remarquable de çon bénéficie également de la connaissance historique excellente liée à la Violette de Cry. C’était une espèce ce territoire, qui présente une originalité endémique mondiale présente uniquement sur le site assez modeste au sein de la Bourgogne. de Cry. Elle fut décrite vers 1880 mais disparut au Dans ce contexte, les vallées (petites ou début du XXe siècle du fait de l’activité d’une carrière. grandes) jouent ici un rôle essentiel dans la L’intérêt du site est donc de s’insérer dans une vallée conservation du patrimoine naturel. riche, un réseau de plusieurs sites intéressants et plus d’un siècle de connaissance botanique. À noter : Les prairies de Butteaux et de Soumaintrain, évo- L’ensemble des données collectées par le Conservatoire quées précédemment, sont également remarquables. Botanique National du Bassin Parisien est formalisé dans une À Butteaux, ce sont des prairies humides de fauche, base de données consultable sur : uniques dans l’Yonne qui présentent une proximité http://cbnbp.mnhn.fr/cbnbp

G. Doucet - CENB G. Renoncule à feuilles d’ophioglosse

Le patrimoine naturel du Pays du Tonnerrois 23 Pour en savoir plus

Un site Natura 2000 pour protéger des éboulis

Un méandre de l’Armançon a formé localement, le long des coteaux abrupts, de petits cirques en arc de cercle dans le plateau calcaire. Deux d’entre eux ont été désignés en site Natura 2000 sous le nom « Éboulis calcaires de la vallée de l’Armançon ».

Cécile Diaz Chargée de missions Natura 2000 Le site Natura 2000 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne

Le site Natura 2000 « Éboulis calcaires de la vallée de l’Armançon » est situé dans le Tonnerrois, sur 216 hectares répartis sur deux entités : 139 hectares sur Zoom sur les éboulis Saint-Martin-sur-Armançon (89) et (89) et 77 hectares sur Cry (89) et Asnières-en-Montagne (21). Les milieux ouverts sont composés de pelouses, de prai- Ce site Natura 2000 est doté d’un document d’objectifs ries et d’éboulis. Ces derniers sont largement présents (voir encadré) validé en 2014. Celui-ci a été réalisé par sur le secteur de Cry alors qu’ils ne se répartissent que le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne en dans quelques clairières forestières en versant du sec- collaboration avec les acteurs locaux. Le diagnostic éco- teur de Saint - Martin - sur - Armançon. À l’origine, ces logique fait état des principaux milieux naturels présents formations sont liées à l’activité naturelle de désagré- et de leur état de santé. Le site est ainsi constitué de gation de certains calcaires dégagés par l’Armançon. La 80 % de forêts, en majorité des hêtraies et chênaies. Si particularité structurale de ces calcaires engendre des les milieux ouverts sont minoritaires sur ce site (20 %), éboulis fins et très mobiles, colonisés par des espèces ils n’en sont pas moins patrimoniaux et justifient la dési- végétales adaptées aux conditions de vie extrêmement gnation de ce site dans le réseau européen Natura 2000. rudes, et notamment à l’instabilité du substrat.

M. Vasseur - CENB Vasseur M. Les falaises et éboulis de Cry

24 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 Actuellement, les éboulis sont devenus très rares sur le effet, laissés à l’abandon, ces milieux ouverts tendent à secteur de Cry et Asnières - en - Montagne, car ils être colonisés par les ligneux et à s’embroussailler, en- résultent majoritairement de l’activité de carrières, traînant ainsi une banalisation de la flore. aujourd’hui disparue, qui a perduré de la moitié du XIXe Cependant, une gestion trop intensive serait tout aussi siècle jusqu’à 1999. En revanche, les éboulis du secteur néfaste en raison de la modification de la flore en place. de Saint - Martin - sur - Armançon et Molosmes, bien que En réponse aux enjeux et menaces identifiés sur le site, de faible superficie, sont liés à des phénomènes naturels le document d’objectifs permettra de mettre en place encore actifs de gélifraction* des calcaires tendres. des mesures conciliant activités humaines et préserva- tion du patrimoine naturel : lutte contre l’embroussail- Même s’ils ne recouvrent qu’une faible surface (3 % du lement des pelouses, gestion extensive des prairies, site), ces éboulis abritent la plupart des plantes pa- vieillissement naturel de la forêt, sensibilisation des trimoniales du site Natura 2000. L’Ibéris de Durand, le usagers, etc. Toutes ces mesures seront possiblement Gaillet de Fleurot, la Scutellaire des Alpes (plutôt pré- mises en œuvre durant l’animation du site Natura 2000 sente en Côte - d’Or), la Silène des grèves, mais surtout qui devrait débuter prochainement. la Linaire des Alpes, très rare en Bourgogne, y trouvent refuge. Ces deux dernières espèces sont en limite d’aire de répartition dans le Tonnerrois et leur maintien est très aléatoire. Toutes ces espèces sont strictement inféodées à la pré- sence d’éboulis fins alimentés régulièrement par des apports continus, et la fixation des éboulis entraînerait leur disparition à plus ou moins brève échéance.

Ce site Natura 2000 accueille également une faune diversifiée. La diversité des habitats en fait un lieu bien fréquenté par de nombreuses chauves - souris (Grand Rhinolophe, Grand Murin, Vespertilion de Natterer, etc.). Les pelouses, recherchées par les insectes, abritent, par exemple, pas moins de 62 espèces de papillons, dont le rare Azuré du Serpolet.

Des mesures pour répondre

aux menaces Doucet - CENB G. Azuré du Serpolet Les milieux naturels, et par extension la faune et la flore, sont soumis à des menaces naturelles et /ou * Gélifraction : fragmentation des roches due à l’augmen- anthropiques*. C’est ainsi que les éboulis calcaires sont tation par le gel du volume de l’eau présente dans les menacés à la fois par leur fixation par le développe- interstices. ment d’arbustes et d‘arbres, mais aussi, paradoxalement, * Anthropique : se dit d’un paysage, d’un sol, d’un relief dont par une trop forte mobilité. Les pelouses et les prairies la formation résulte essentiellement de l’intervention de sont quant à elles dépendantes de la gestion menée. En l’homme.

Natura 2000 Document d’objectifs

Le réseau Natura 2000 est un ensemble de sites naturels européens, terrestres Pour chaque site Natura 2000, le docu- et marins, identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales ment d’objectifs définit les mesures de ou végétales, et de leurs habitats. Natura 2000 concilie préservation de la nature gestion à mettre en œuvre. C’est à la et préoccupations socio-économiques. fois un document de diagnostic et un En savoir plus : document d’orientation pour la gestion www.bourgogne.developpement-durable.gouv.fr/natura-2000-r219.html des sites Natura 2000.

Le patrimoine naturel du Pays du Tonnerrois 25 LE PATRIMOINE NATUREL DUPAYS DU TONNERROIS Triton ponctué particulières. territoire fontl’objetd’études du Tonnerroisvariées. sont Lesenjeuxfaunistiquesetespècesremarquables du qu’elles soientaisémentobservables oubientrèsrares etprotégées, les espèces Gibier, Chat forestier, Cordulie à corps fin, Sylvandre helvète, Triton ponctué… de données stockant les données de bénévoles et ponibles sontissuesdelaBourgogne Base Fauna, base Les principalesdonnéesetinformations faunistiquesdis- G. Doucet - CENB chauves pour les lépidoptères diurnes (papillons de jour) et les disparate : en effet, lesconnaissances sontplutôtbonnes du Tonnerrois.La renseignées dans la base, 13 693 concernent le territoire Sur les501377donnéesbourguignonnescollectéeset (www.bourgogne-nature.fr). gogne -Nature d’alerte, etpeutêtre consultéesurlesiteweb deBour de structures enBourgogne, quiaaussiunrôledebase 26 La connaissanceduterritoire - souris, moyennesmam- pourlesamphibienset Conservatoire d’espacesnaturels deBourgogneConservatoire - Territoires Naturels deBourgogne -N°6 -Décembre 2014 qualité desinformations La fauneduTonnerrois : et espècesremarquables estcependant enjeux faunistiques / ou - Société d’histoire naturelle d’Autun(SHNA) Chargé d’étudesfaune sauvage Damien L humides, les milieux bâtisetsouterrains. que sont les cultures, la forêt, les vallées, les milieux grands ensemblespaysagers principauxdecetterégion La faunedu Tonnerrois estenrelation avec lescinq chauves -souris. Tonnerrois, 70 tères diurnesbourguignonssontprésentesdansle en Bourgogne. Ainsi, 75 le Tonnerrois, aux espèces présentes par rapport Le selles etquasimentinexistantespourlescoléoptères. mifères, faibles pour les odonates, libellules et demoi- 70 % desreptiles, 70 nombre d’espèces par groupe sur estassezfort erat % des poissons, 78 % desmammifères et65 % desespècesdelépidop- % des amphibiens, % des et certainement sous et certainement Parmi lespapillons, laBacchante Châtillonnais etcellesduMorvan. jonction entre du les populations plus importantes dans lenord national, cette espèce est présente essentiellement telles queles Trames verteetbleue. Danslecontexte citée commeexemple danslespolitiques territoriales pour sesdéplacements. L’espèce estainsitrèssouvent ridors écologiquestelsqueleshaiesoubosquets lise leslisières etlesprairiespourchasser, etlescor remarquables. Le données disponibles, maisonnotequelquesespèces La fauneestassezméconnue enforêt, avec peude rapaces nocturnes. cipalement issuesd’analyse depelotesréjection mentaires surcetypedeterritoire etellessontprin- présence duRatdesmoissons On notera cependant, chez les micromammifères, la des niales pourcetyped’habitat: cesontgénéralement sager et il est difficile de trouver des espèces patrimo- Le peuplementestfaibledanscetyped’ensemblepay- tentiel limitépourcetteespèce. Tonnerrois esttoutefois unterritoire ayant unpo nombre de données, est une espèce protégée. Le

Cordulie àcorpsfin C. Foutel - CENB Faune remarquable descultures espèces ordinaires commelesespècesdegibier. des milieuxforestiers Faune remarquable - est duterritoire. Le Tonnerrois faitla Chat forestier - estimée enraisondufaible . Lesdonnéessontfrag- Le patrimoine naturel duPaysLe patrimoine du Tonnerrois , espècedeforêt claire , espècediscrète, uti - - - Pique -prune quable peutêtre citée, auxcoléoptères appartenant : le au sein d’alignements d’arbres, une autre espèce remar forestierEn limite du compartiment car présent aussi sente à Tanlay (cf. Pour ensavoir plusp31). dans le nord de la France (Seine, Loire et affluents). Il y a L’espèce estprésenteauniveau nationalessentiellement espèce defond sableux, concentréesurl’Armançon. neuse enBourgogne. Cepetitpoissonprotégé estune des informations régionalesconcernantlaLocheépi- Dans les rivières, le Tonnerrois rassemble près de 40 de pelousesèche, derivière etdecoursd’eau. semble paysager qui concentre les espèces de bocage, Les vallées de l’Armançon et du Serein forment un en Bacchante Faune remarquable desvallées . Cetteespècerare etprotégée est pré 27 % - - -

C. Diaz - CENB donc un enjeu de préservation pour cette espèce sur le d’un mètre de large, avec une bonne ripisylve, habi- territoire. Chez les odonates, la Cordulie à corps fin est tats de prairies et de forêts à proximité. Cette espèce une espèce protégée de rivière, peu courante, à recher- se retrouve à l’heure actuelle sur la tête de bassin cher sur le territoire du Tonnerrois car elle est notée de de l’Armançon. Seules trois populations sont connues part et d’autre au nord - ouest et au sud. pour le bassin versant de l’Armançon, sur la partie L’Écrevisse à pattes blanches colonisait a priori tous les amont hors du territoire du Tonnerrois où l’on trouve cours d’eau au niveau régional et national, mais a subi plus de chevelus et de petits affluents. Les causes de une forte régression, pour ne subsister aujourd’hui que régression de cette espèce sont diverses : curage et dans les habitats de source : petits ruisseaux de moins recalibrage des cours d’eau, traitements en bord de cours d’eau et de rivière, piétinement ponctuel et apparition d’espèces invasives comme l’Écrevisse de Californie, présente sur le Tonnerrois. Les pelouses ont des surfaces relictuelles sur le territoire et sont plutôt fragmentées et en diminution, expliquant ainsi la régression des espèces qui y sont inféodées. Ces dernières sont donc sensibles, que ce C. Foutel - CENB Foutel C. S. Gomez - CENB S. Écrevisse à pattes blanches Sylvandre hélvète

S. Gomez - CENB S. Rainette verte

28 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 soit les reptiles (cortège bien représenté) ou les pa- pillons comme le Sylvandre helvète. Cette espèce, rare et en régression, comme son habitat, est classée « vul- nérable » sur la liste rouge des espèces menacées des papillons de Bourgogne qui est en cours de validation.

Faune remarquable des milieux humides

Ces milieux rares sur le territoire du Tonnerrois sont restreints, de petite surface et en déclin. Aussi, la struc- ture géologique du territoire ne permet pas d’avoir de grands milieux humides. Néanmoins, ces types de milieux concentrent un cortège important d’espèces remarquables. Quelques mares accueillent des amphibiens remar- quables comme le Triton crêté dont on retrouve des reliquats de populations dans des mares de villages, des mares - abreuvoirs en zones bocagères, ainsi que dans d’anciennes mares - abreuvoirs désormais en- clavées dans des cultures. Il est parfois accompagné Doucet - CENB G. Grand collier argenté d’une autre espèce protégée, la Rainette verte, de plus en plus rare sur le territoire. Douze sites sont Le Pélodyte ponctué, quant à lui, est connu sur trois sites connus dans le Tonnerrois pour héberger des Tri- du Tonnerrois (Chemilly - sur - Serein, Annay - sur - Serein tons crêtés, et on citera notamment la commune de et ). Il fréquente plutôt les prairies inondables qui accueille un important effectif d’individus du Serein et pourrait utiliser également les milieux reproducteurs. En effet, plusieurs centaines d’individus humides temporaires au sein des carrières que l’on ont pu être comptabilisés dans une mare de caractère trouve sur le territoire, pour y déposer sa ponte. exceptionnel au début des années 2000, soit la plus Une espèce remarquable des prairies humides est le grande concentration dans un seul et unique point Grand collier argenté. Ce papillon affectionne les fonds d’eau jusqu’alors observée et notée en Bourgogne. de vallée qui ne sont pas exploités de manière intensive. Le Triton ponctué est une autre espèce protégée, très Ce type d’habitat étant en régression, ce rare papillon rare en Bourgogne. Elle a été découverte à Tonnerre et l’est également. Il est inscrit comme espèce « vulné- à Tanlay dans des mares - abreuvoirs et des bras morts. rable » sur la liste rouge des papillons de Bourgogne.

N. Varanguin - SHNA Varanguin N. Pélodyte ponctué

Le patrimoine naturel du Pays du Tonnerrois 29 région Bourgogne. dela majeures 15colonies les parmi figure qui Nuits, individus dansunbâtimentpublicdelacommune de individus avec une colonie de plus de 200 en particulier dans le Tonnerrois. plusde100 Deuxsitescomportent bitats Grand murin, espèce de l’Annexe II de la Directive Ha- ver leur unique jeune de l’année en juin et juillet. Le ment. Lesfemelles seregroupent encoloniepouréle- Considéré commecommun dansl’Yonne auXIX chauves Les milieux bâtis sont également utilisés par les occupe. ! Ilméritedoncqu’onlepréserve tout comme les monuments, bâtis par nos ancêtres, qu’il pices. L’Alyte de notre accoucheur fait partie patrimoine riés dansle Tonnerrois quiluioffre deshabitatstrèspro- pour se reproduire.- Il est présent sur 42 sites réperto des milieuxbâtiscommeleslavoirs etsources desvillages lées calcaires etdesplateaux, etquiutilisenotamment affectionne lesmilieuxsecsetpierreux despetitesval- L’ probablement éteint. pas étérevu depuisdansle Tonnerrois, oùils’est n’a il soixante -dix, années les dans Flogny -laChapelle typique, a presque disparu du département. Noté à siècle, leSonneuràventre jaune, petitcrapaud très 30 Faune remarquable desmilieuxbâtis Alyte accoucheurestuneespèced’amphibienqui - Faune - souris enpériodedemisebasprincipale- Conservatoire d’espacesnaturels deBourgogneConservatoire - Territoires Naturels deBourgogne -N°6 -Décembre 2014 - Flore* , surquatre estrépertorié sites et souterrains e

de qui accueilleplusde12 -sur Saint -Martin à avec plus de 500 individus en période d’hibernation naturelle cavité une niveau régional mais également au niveau national : trois cavités majeures pourleschauves ainsi dotéd’uncomplexe decarrières quiprésente Le voisins. importantes, localiséesdansleChâtillonnaisetl’Auxois et ellessontenmargedepopulationsbeaucoupplus celles que l’on trouve le plus au nord de la Bourgogne, moyenne. CespopulationsdePetits rhinolophessont de espèce des coloniesdecetteespèceest25individusen autre d’une colonies le chauve -souris, de dizaine Une vie anthropiques (bâtis, alignementsd’arbres…). aveccependant uneimbricationplusforte leslieuxde avec patrimoniale, flore la hébergeant milieux aux et male sontsimilaires auxhabitatsnaturels remarquables Les milieux abritant les cœurs de la biodiversité ani- Tronchoy (qui compteunepetitecentained’individus). (qui compteplusde200individus)etunsouterrain à l’hibernation deschauves Les milieux souterrains sont des sites majeurs pour connaît qu’uneseulepetitecolonieàNuits. de milieu bâtipourlapériodedemisebasdonton ne * L’annexe* DirectiveHabitat la de II la désignation de zones (ZSC). spéciales de conservation nécessite conservation la dont communautaire d’intérêt végétales et animales espèces des regroupe moniales) - patri espèces faveurdes Européenneen l’Union de tive Grand rhinolophe Murin à oreilles échancrées Petit rhinolophe , une carrière souterraine à Tanlay % delapopulationrégionale - souris. Le Tonnerrois est Colonie deGrands murins est une autre espèce , estconnue. Lataille - Faune - Flore (Direc Flore - Armançon souris au - A. Cartier - SHNA Pour en savoir plus

Quel avenir pour le Pique - prune dans l’Yonne ?

Juliette Brey-Xambeu Chargée de communication au Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne

D’après Meriguet B, Dirksen T. et Schmitt C. (Cf pp. 74-75)

Présent en France depuis 10 000 ans, le Pique-prune, coléoptère discret, voit ses populations actuelles s’effondrer en raison de la disparition des vieux arbres à cavités qui constituent les habitats indispensables à l’espèce. Sa rareté lui permet actuellement de bénéficier d’un des statuts de protection les plus forts qui existe. Son intérêt écologique ? Témoigner du bon fonctionnement d’écosystèmes dont la conservation est un enjeu important. Cependant, sa survie est très menacée et sa disparition prévisible en l’absence d’actions de protection concrètes, notamment dans l’Yonne.

Esquisse naturaliste du Pique - prune

Le Pique - prune (Osmoderma eremita) est le plus grand de nos cétoines et son cycle biologique nécessite des arbres à cavités particulières, volumineuses et rem- plies de terreau légèrement humide. Ces cavités ap- paraissent naturellement au cœur du bois après une blessure, souvent causée par l’élagage humain. En outre, la conservation de l’espèce, qui a une faible capacité de dispersion, est conditionnée à la présence d’un réseau d’arbres (souvent anciens) et de cavités favorables rapprochées. Sa présence témoigne d’un écosystème favorable à d’autres espèces inféodées à ces mêmes arbres, et © O.G.E. - V. Vignon V. - © O.G.E. prouve que l’écosystème est complet, fonctionnel, et Pique - prune que sa conservation est pertinente. Le Pique - prune répond ainsi à la définition d’une « espèce - parapluie ». En raison des modifications d’usage des terres agri- coles, de l’exploitation accrue des forêts et de la sécu- neuf populations connues de Pique - prune sur les quatre risation systématique des arbres à cavités - notamment départements bourguignons), en France et en Europe, en agglomération - le Pique - prune a vu ses popula- bénéficie ainsi de mesures de protection « rapprochée » tions décliner très fortement. Osmoderma eremita, de- puisqu’il est inscrit à l’Annexe II de la Directive Habi- venu rare et menacé en Bourgogne (il n’existe plus que tats - Faune - Flore.

Le patrimoine naturel du Pays du Tonnerrois 31 Les défis de la conservation Quel avenir pour le Pique - prune du Pique - prune dans l’Yonne à Tanlay et dans l’Yonne ?

Même s’il est très difficile d’inventorier l’espèce et d’éva- À Tanlay, les 700 tilleuls de l’allée Marguerite de la luer l’état de conservation d’Osmoderma eremita, une Chauvinière ainsi qu’un millier d’autres arbres abritent étude récente a montré qu’il n’existe que deux popula- des colonies de Pique - prune. Or, une cinquantaine de tions connues de Pique - prune dans l’Yonne : une à Tanlay tilleuls ont dû être abattus ces dernières années pour et l’autre à Noyers - Sur - Serein. Ces deux populations des raisons de sécurité, impactant ainsi l’habitat donc se trouvent en milieu urbain, ce qui pose un problème les populations de Pique - prune. Cinq colonies ont majeur pour la protection du coléoptère. En effet, d’une ainsi périclité. Cependant, le projet du Conseil général part, élus et propriétaires ont l’obligation légale de veiller d’abattre l’allée principale de tilleuls ne sera pas réalisé, à la sécurité des habitants et des biens (donc de couper compte-tenu de la mobilisation d’acteurs naturalistes certains vieux arbres potentiellement dangereux) et, comme l’Association pour la Restauration et la Pro- d’autre part, le statut de protection du Pique-prune pré- tection de l’Environnement du Tonnerrois (ARPENT). voit que son habitat de doit pas être altéré ni dégradé. Il Il n’en reste pas moins que des mesures conservatoires s’agit donc de résoudre l’équation au cas par cas lorsque doivent être mises en place pour l’espèce afin d’évi- les deux enjeux réglementaires s’opposent. Des actions ter son déclin définitif. La sauvegarde du Pique - prune d’élagage, d’évitement ou d’éloignement des populations pourrait ainsi être facilitée par : sont ainsi proposées. In fine, si aucune solution n’est • une large reconnaissance du statut d’espèce protégée satisfaisante, il est possible, par dérogation et en mettant de l’espèce, en place des mesures compensatoires satisfaisantes pour • la continuité du recueil de connaissances écologiques l’espèce, d’éliminer le réseau d’arbres concernés. sur Osmoderma eremita, • la désignation de zones Natura 2000 dans l’Yonne, • la cartographie du réseau d’arbres fonctionnels pour l’accueil du coléoptère et l’évaluation du risque réel de leur chute, • l’accompagnement des collectivités par des acteurs naturalistes compétents, afin de concilier sécurité publique et sauvegarde de l’espèce.

Gageons que les volontés administratives associées aux compétences et expertises des acteurs naturalistes sauront se conjuguer pour préserver au mieux le Pique - prune à Tanlay comme plus généralement dans l’Yonne. R. Dohogne - Indre nature - Indre Dohogne R. Pique - prune

32 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 LE PATRIMOINE NATUREL DU PAYS DU TONNERROIS

Oiseaux remarquables du Pays du Tonnerrois

Guy Hervé Président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux de l’Yonne (LPO 89)

Le Tonnerrois a été assez peu prospecté par les ornithologues. Cependant, les données disponibles ont fortement augmenté ces dernières années grâce à la réalisation d’un Atlas national des Oiseaux*, dont on attend la future publica- tion et qui se déclinera prochainement dans notre région en Atlas des Oiseaux nicheurs de Bourgogne. Cette importante action d’acquisition de connaissances montre que le Tonnerrois possède des richesses ornithologiques avérées… même si certaines restent encore à découvrir.

Dans le Tonnerrois, sont représentés quasiment tous L’avifaune agricole les types d’habitats concernant les oiseaux. Seules sont absentes les gravières, mais on en trouve un exemple Deux espèces de busards sont suivies par la LPO : le juste en aval avec la Réserve Ornithologique de Busard cendré et le Busard Saint-Martin. Ces espèces, Bas - Rebourseaux (voir article page 71). Les oiseaux qui nichaient autrefois dans des friches ou les marais, occupent les forêts, les zones agricoles, le tissu urbain, nichent à présent quasi exclusivement dans les plaines les rivières ainsi que les carrières. céréalières. Une problématique est liée à la date variable des moissons. Si celles-ci sont précoces, comme en 2011, L’avifaune forestière le passage des moissonneuses peut être dramatique pour les couvées. Les ornithologues vont donc surveiller dès La Cigogne noire est observée depuis plusieurs leur arrivée les couples de busards afin de repérer les années à Aisy - sur - Armançon, ce qui suggère la pré- sites qu’ils fréquentent, et, s’ils sont nicheurs, protéger le sence d’un nid dans le secteur. Cependant, il n’est pas nid. Ils ne sont pas spécialement suivis dans le Tonnerrois certain qu’elle y soit nicheuse car son rayon d’action comme cela existe ailleurs dans l’Yonne (30 couples ont est de l’ordre de 20 km et elle peut venir de la Côte- été surveillés en Jovinien et Forterre en 2012), mais les d’Or proche où elle est nicheuse. Un nid d’Autour deux espèces y sont ponctuellement observées et sont des palombes, rapace forestier extrêmement discret, sans doute nicheuses. On notera toutefois une nichée donc faiblement détecté, a récemment été découvert à de Busards cendrés, comprenant trois jeunes, qui a été Aisy-sur-Armançon. protégée en 2012 vers Neuvy - Sautour. Le Tonnerrois est l’une des trois zones icaunaises de L’Œdicnème criard est présent en petit nombre, mais présence les plus régulières du Pic cendré : à l’est de probablement dans toutes les zones céréalières, surtout l’Yonne, l’oiseau se trouve proche de son aire de dans les labours et semis de printemps (maïs ou tournesol). répartition qui est continentale. Il est présent en forêt La Caille des blés est une espèce commune, mais peu mais aussi dans des parcs (Ancy-le-Franc) ou dans la ri- présente à l’état sauvage en raison de nombreux indi- pisylve (Cry-sur-Armançon). Enfin, lePouillot siffleur, le vidus introduits par le monde cynégétique, ce qui pose plus exigeant des pouillots en termes d’habitat, est cité un problème au niveau génétique, les individus sauvages dans les plus grands massifs et bien représenté dans les étant de plus en plus rares. futaies de feuillus âgées. L’Alouette lulu est sans doute l’espèce la plus remar- quable des zones viticoles. Elle y est parfois très commune comme à Épineuil et elle recherche les milieux ouverts.

* Coordonné par la fédération d’Études et Protection des Oiseaux en Bourgogne (EPOB)

Le patrimoine naturel du Pays du Tonnerrois 33 J. P. Leau J. P. Leau mer sonretour. venirà années seront d’infir ou confirmer de l’occasion les et certaine pas cependant n’est nidification citée.La 2012, très probablement en lien avec la dispersion pré- en détecté été a y chanteur mâle un superficie : petite l’Armance luireste trèspropice mêmesielleestde à l’origined’unedispersiondesoiseaux. Lavalléede lière avec des inondations en Val deLoire, probablement Pour le Râle des genêts très liéauxprairiesdefaucheouaubocage. nicheur occasionnel mais il est en voie de disparition car vallée del’Armance. Le l’Yonne en tant que nicheuse, mais reste commune en Le et se situent dans les vallées du Serein et de l’Armance. Les prairies, humidesoudefauche, sontpeunombreuses Tarier després 34 Pipit farlouse Conservatoire d’espacesnaturels deBourgogneConservatoire - Territoires Naturels deBourgogne -N°6 -Décembre 2014 L’avifaune prairiale estuneespècepeucommune dans ,- 2012 a été une année particu Tarier des prés est devenu un - la plusproche (Bas peut être contactée loin de la seulecolonie connue Son rayon d’actionestdeplusieurskilomètres etelle La bablement fréquenterlesberges piétinées parlebétail. Nuits année depuis le milieudes années 2000 entre Fulvyet Le surl’Armançon. sites sontrépertoriés humains surplombant l’eau (moulins ou ponts) etsept Le l’Armançon quesurl’amont). fait delataillerestreinte des berges (plus surl’aval de fréquente les berges abruptes, en petites colonies du L’ Elle survole parfoisElle survole lesterres, loindescoursd’eau. Guêpier d’Europe Hirondelle de rivage est une espèce grégaire. Elle Guêpier d’Europe est signalé sur l’Armançon chaque Sterne pierregarin estprésentemaisnonnicheuse. fréquente surtout les ouvrages Cincle plongeur fréquente surtout - sur L’avifaune desrivières - Armançon. Comme sur l’Yonne, il doit pro- - Rebourseaux), commeàLézinnes. Hirondelles desrivages

J. P. Leau J. P. Leau P. J. Leau P. J. Grand - duc d’Europe Chevêche d’Athéna

L’avifaune rupestre L’avifaune du bâti

Il n’existe quasiment pas de milieu rupestre naturel : ils Les deux espèces d’hirondelles, l’Hirondelle rustique sont ici artificiels et créés par les carrières de pierre. et l’Hirondelle de fenêtre, sont présentes dans tous les Le Faucon pèlerin avait disparu de l’Yonne, très touché villages, mais en forte régression. Alors que le Moineau par les pesticides, et y est revenu dans les années 1980. domestique affiche une tendance stable dans l’Yonne Le Grand-duc d’Europe fréquente les mêmes sites que comme en France, le Moineau friquet risque de dispa- le Faucon pèlerin et peut entrer en concurrence avec raître du département. Il se maintient pour l’instant en lui. Cette concurrence profite au Grand-duc qui est un bordure de village dans les vallées humides. « super - prédateur », y compris de petits faucons. Enfin, la Chevêche d’Athéna, rapace nicheur cavernicole, En Pays du Tonnerrois, deux sites sont occupés régu- n’est citée que sur deux sites autour de Cruzy - le - Châtel, lièrement par le Faucon pèlerin, dont la population est mais elle est sans doute davantage présente, et peut être stable, et quatre par le Grand - duc d’Europe dont la rencontrée en ville, dans les « vieilles pierres ». population est en augmentation. Cependant, seul le Grand - duc pourra continuer son expansion car il peut nicher dans d’autres types de milieux plus fermés. J. P. Leau P. J.

Faucon pélerin

Le patrimoine naturel du Pays du Tonnerrois 35 S. Mongeot Pour ensavoirplus riale, et le Busardriale, et Saint en Afrique équato- strict passantl’hiver l’Yonne :leBusard cendré,migrateur Deux espècesdebusards dans nichent conservation défavorable àsurveiller. toute l’année. Toutes deuxontunétatde les oiseaux seréfugientaujourd’hui dans les zones de oiseaux les Face àladisparitionprogressive deceshabitats, comme leslandes, lesfriches, lesjachères etlesmarais. Les busards nichaientautrefois dansouverts desmilieux récupère enpleinvol ! taculaires, uneproie lemâleapporte à la femelle qu’elle pointe des ailes noire. Lorsdeparades nuptiales spec- reconnaissent facilementàleurplumagegrisetla se Les busards sontdesrapaces élégantsdontlesmâles de prédilection (ilen faut 600 pour élever une nichée). du sol à la recherche de campagnols, leur nourriture des busards, planant inlassablement à quelques mètres céréalières del’Yonne, lemanège ilestpossibled’observer Dès les premiers beaux jours d’avril, dans les plaines 36 Agir pourlesbusards, Les menaces,lesactions Conservatoire d’espacesnaturels deBourgogneConservatoire - Territoires Naturels deBourgogne -N°6 -Décembre 2014 princes desblés - Martin, présent Martin, Ligue pourlaprotection desoiseaux89 François B F. Bouzendorf et A. Rolland par protection de panier son dans nid d’un Réinstallation ouzendorf Jeune Busard cendré

S. Mongeot Busards Saint Martin

grandes cultures qui font office de milieu de substitu- Localement, ces démarches sont bien entendu réalisées tion. Le nid est construit directement au sol dans les en étroite collaboration avec les exploitants agricoles. parcelles d’escourgeon, de blé ou de colza. Les œufs sont déposés en mai et ils éclosent en juin. Les nichées Protéger les busards, c’est aussi valoriser les sont donc directement menacées par les moissons de cultures et chacun pourra ainsi tenir son rôle plus en plus précoces qui interviennent assez souvent dans la préservation de la biodiversité des avant l’envol des poussins, principalement avec les milieux agricoles. cultures d’escourgeon.

Dans de nombreuses régions françaises, des mesures de protection des nids de busards ont ainsi été mises en place depuis une vingtaine d’années pour sauvegar- der les couvées. Dans l’Yonne, une dizaine de bénévoles de la LPO parcourent d’avril à juillet les plaines céréa- Nidification : les chiffres clés lières de l’Aillantais et de la Forterre pour repérer les Chaque année, six à sept représentants (effort de nids des deux espèces. Ensuite, la mise en place d’un recherche stable) de la Ligue pour la protection des grillage autour du nid permet de protéger les poussins oiseaux 89 étudient l’évolution des busards. L’iden- lors du passage des engins agricoles mais aussi contre tification de nids est le meilleur indicateur de la qua- les prédateurs terrestres. Malheureusement, d’autres lité de la saison de reproduction des oiseaux. Ainsi, secteurs où nichent des busards (dans le Tonnerrois 42 nids ont été dénombrés en 2012 (bonne année), et le nord du département - Sénonais et Gâtinais) 19 en 2013 (mauvaise année) et 32 nids en 2014. ne bénéficient pas de ces mesures, faute de moyens humains.

Le patrimoine naturel du Pays du Tonnerrois 37 PATRIMOINE NATUREL Colonie de Murins à oreilles échancrées La faune et la flore du Pays du Tonnerrois SHNA

Céphalantère rouge CBNBP C. Foutel - CENB Foutel C.

Triton crêté

Hirondelle rustique J.P. Leau J.P.

Millepertuis androsème CBNBP

38 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 SHNA

Pélodyte ponctué SHNA

Sylvandre helvète Gentiane ciliée C. Foutel - CENB Foutel C.

Cincle plongeur J.-P. Leau J.-P.

Le patrimoine naturel du Pays du Tonnerrois 39 Falaises de Cry - C. Diaz - CENB

Concilier aménagement du territoire et biodiversité

40 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 Concilier aménagement du territoire et biodiversité

Connaître et préserver : quels enjeux sur le Tonnerrois, quels outils mobiliser ?

Romain Gamelon Directeur du Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne

Le Tonnerrois est relativement mal connu des naturalistes et les connaissances sont lacunaires. Il apparaît cependant porteur d’enjeux forts, notamment avec ses pelouses relictuelles et son hydrosystème. Ce patrimoine naturel, par endroits fortement menacé, est à préserver urgemment. À cet effet, divers outils existent.

Le Tonnerrois : des enjeux comme le Râle des genêts (illustrant les problématiques de préservation et de conservation… de conservation de l’espace prairial, surtout connues en Saône - et - Loire). Les pelouses calcaires sont un des enjeux forts de ce territoire : après les grandes mutations de l’espace Les milieux rupestres et les milieux forestiers, bien que agricole, les pelouses qui étaient attachées au système très présents, ne sont que peu concernés par de fortes de polyculture-élevage sont à présent relictuelles. Leur menaces. Les pelouses calcaires et les prairies peuvent avenir est extrêmement compromis sur le Tonnerrois. donc être reconnues comme les milieux à protéger prio- ritairement de toute urgence. Les mutations agricoles ont également affecté l’hydro- système, qui inclut à la fois l’Armançon dans son lit … qui dépassent les limites mineur, les milieux qu’elle génère et qui l’environnent du territoire (marais, prairies, etc.). Dans le Tonnerrois, le relief est karstique, l’eau est souvent invisible et souterraine : il On ne peut aborder un territoire uniquement au niveau faut alors comprendre le bassin versant dans toutes ses des espèces ou des espaces : la continuité écologique est composantes. La rivière a souffert : elle a été remaniée, en effet un paramètre essentiel tant au niveau régional a servi l’Homme pour le transport, l’alimentation en que national, voire européen. Citons ici la Trame verte et eau ou la force hydraulique. Les milieux environnants bleue, mesure phare du Grenelle de l’Environnement, qui ont également souffert comme les prairies devenues vise à (re)constituer un réseau écologique cohérent elles aussi relictuelles. On y trouve cependant une flore à l’échelle du territoire national pour permettre aux et une faune typiques, proches de celles du Val de Saône espèces animales et végétales de circuler, de s’alimenter ou encore de se reproduire. Elle ambitionne d’enrayer le déclin de la biodiversité à travers la préservation et la restauration des continuités écologiques. Ainsi, la carte des pelouses calcaires recensées en Bour- gogne montre qu’il est nécessaire de s’affranchir des limites régionales au regard de leur distribution euro- péenne. En effet, ces milieux se répartissent sur un « arc » européen traversant la Bourgogne pour ensuite se distri- buer au sud et à l’ouest de la métropole, leur étroit mail- lage permettant la conservation de toutes les espèces qui leur sont associées. Le Tonnerrois constitue l’un des points d’entrée en Bourgogne pour ces milieux : il porte donc une res- ponsabilité de préservation des pelouses et contribue à la mise en place de stratégies régionales et européennes C. Foutel - CENB Foutel C. Pelouse calcaire du Tonnerrois de conservation.

Concilier aménagement du territoire et biodiversité 41 L’Armançon constitue pour sa part le coeur d’un hydro- Natura 2000 et les Mesures Agri - Environnementales, système essentiel à la distribution de la biodiversité, qui permettent de financer des actions et d’intégrer notamment en raison de sa position de tête de bassin. l’enjeu de biodiversité dans les processus de gestion. Les hydrosystèmes du territoire constituent plus large- Deux sites sont reconnus d’intérêt communautaire : le ment la composante « bleue » des Trames verte et bleue, Marais de Baon (zone humide) et les Éboulis de la val- qui dépassent largement le périmètre du territoire. lée de l’Armançon. Ils ne représentent cependant que 0,18 % du Territoire (222 ha). Quels outils mobiliser La rédaction des documents d’objectifs Natura 2000 de ces deux sites est quasiment aboutie. pour la conservation de la nature ? D’autres mesures contractuelles peuvent également constituer des leviers d’action en faveur de la bio- Ils se répartissent en trois grandes catégories : diversité : Contrats de rivière, de Pays ou encore outils de rénovation du bâti, qui peuvent avoir des 1. Les outils qui fondent le socle des connaissances, sans incidences positives pour certaines espèces comme les lesquels aucune action de préservation ni de gestion chauves - souris. n’est possible, et qui permettent la prise en considéra- En outre, le département de l’Yonne prend en consi- tion du patrimoine naturel. dération le milieu naturel dans ses politiques contrac- C’est le cas des ZNIEFF (voir encadré) ou des Inven- tuelles, avec l’outil des Espaces Naturels Sensibles et le taires Zones Humides. Le Tonnerrois est ainsi concerné Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne peut par 6 ZNIEFF de type II (36,6 % du territoire soit 44 521 intervenir par voie de conventions ou d’acquisitions. ha, essentiellement forestiers), et par 12 ZNIEFF de type I (1,4 % du territoire soit 1714 ha dont 7 concernent Si pour tous les milieux attachés à l’hy- des milieux de pelouses calcaires) où sont recensées des espèces déterminantes à l’échelle bourguignonne. drosystème, les cadres existent mais L’inventaire de ces ZNIEFF est en cours de révision. restent à optimiser, le cadre des actions au profit des pelouses calcaires reste à 2. Les outils réglementaires qui interdisent ou inventer. Le Pays du Tonnerrois a une contraignent. Souvent considérés comme ultimes, ils réelle responsabilité et une contribution sont peu déployés en Bourgogne. Parmi eux : les Arrêtés à apporter à des actions de préservation Préfectoraux de Protection de Biotope ou encore les de la nature qui dépassent le « simple » Réserves Naturelles Nationales et Régionales. cadre de vie et prennent place dans des stratégies régionales et inter-régionales. 3. Les outils contractuels qui encouragent plus qu’ils ne contraignent. Les plus reconnus sont les contrats

Pour en savoir plus sur les outils de protection du patrimoine naturel : www.developpement-durable.gouv.fr/Les-principaux-outils-de-la,19294.html

ABCDaire (non exhaustif) des outils de protection OUTILS DE CONNAISSANCE • Réserve naturelle nationale : territoire d’excellence pour la • Inventaires Zones Humides : inventaires réalisés grâce à des préservation de la diversité biologique et géologique, terrestre images satellites ou aériennes où peuvent figurer des milieux hu- ou marine. L’objectif ? Une protection durable des milieux et mides, afin de donner une indication sur la nature humide d’un des espèces, conjuguant réglementation et gestion active. À territoire. l’inverse des APPB, sa mise en place nécessite une enquête • ZNIEFF = Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et publique préalable. Floristique : secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation. On distingue les ZNIEFF de type II, OUTILS CONTRACTUELS grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des po- • Le réseau Natura 2000 est un ensemble de sites naturels tentialités biologiques importantes des ZNIEFF de type I, secteurs européens identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces de grand intérêt biologique ou écologique. sauvages, animales ou végétales, et de leurs habitats. Il concilie préservation de la nature et préoccupations socio-économiques. OUTILS RÉGLEMENTAIRES • Espace Naturel Sensible : périmètre identifié au vu de son • Arrêté préfectoral de protection du biotope (APPB) : il permet de intérêt biologique et/ou géologique et/ou paysager. Ce site peut protéger rapidement et simplement certains biotopes, essentiels à en outre être soumis à une menace particulière (pression ur- la survie de certaines espèces animales et végétales. baine, évolution du paysage, déprise agricole, intensification des cultures...).

42 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 ainsi quedanslesuividelaréalisationdestravaux. En des étudesd’aménagementetd’entretien derivières, syndicats de rivière, pour les Conseil général delaNièvre vient enappui aux tementale entre leConseilgénéraldel’Yonne etle de l’eau, n’est pasrécente. tection du patrimoine naturel, notamment la protection L’engagement duConseilgénéraldel’Yonne danslapro- tection del’environnement etdel’eau. notamment danslesdomainesdelapro- des conseilsetde l’assistance technique prises, associations par des financements, entre- pagne lesprojets descollectivités, Le Conseilgénéral del’Yonne accom S. Gomez - CENB l’Eau Seine a étécrééeen1992, avec enpartenariat l’Agencede De même, l’Institutionpourl’Entretien desRivières soutien financierdepuissesdébuts. son été créégrâce au Conseilgénéralquiluiapporte Actions duConseilgénéral enfaveur Marais deBaon la politiqueduConseilgénéral del’Yonne de laprotection del’eau - Normandie : cetteententeinter

Ainsi, en1981, leSIRTAVA a Concilier aménagement etbiodiversité duterritoire assister dans la conduite Concilier - dépar - -

et 10en2013. En 2011, 21 cours d’eau ont été ainsi évalués, 15 en 2012 relever desindicateursphysiques, chimiques etbiologiques. de leur préservation. Les mesures effectuées permettent de l’Eau etdescollectivitésenfaveur deleurrestauration et d’orienter lesactionscoordonnées del’État, del’Agence d’améliorer la connaissance de l’état de ces cours d’eau afin demesure jusqu’àprésent.sitif Ceprojet acommeobjectif d’eau a engagé une l’aide financière de l’Agence de l’Eau Seine del’Eau l’Agence de financière l’aide Par ailleurs, depuis 2011, leConseilGénéraldel’Yonne, avec rivières. aux collectivités pour l’entretien et l’aménagement des parallèle, le Conseil général apporte une aide financière aménagement du Directeur del’Environnement, Conseilgénéral del’Yonne Commission Agriculture, Environnement etCadre devie Patrimoine naturel : Conseiller général deCruzy du département qui ne bénéficiaient d’aucun dispo- du département action de connaissance des petits cours territoire etbiodiversité Jean-Pierre B du ConseilGénéral del’Yonne - le - Châtel, membre dela Guy P - Normandie, ouilhac eretz 43 C. Foutel - CENB Liseron desMontscantabriques C. Foutel - CENB « sion Agriculture Environnement etCadre de Vie »du d’un ENS dépend du contexte local. La Commis- précise définition la loi, la par donné est général cadre le Si bitats naturels. ha- ces à liée biodiversité la protéger et maintenir de afin des crues, d’autre lasauvegarde part deshabitatsnaturels milieux naturels ainsiqueleschampsd’expansionnaturelle principaux :, dessites lapréservation d’unepart paysages et ments par la loi du 18 juillet 1985, qui vise deux objectifs - départe aux confiée compétence une est (ENS) Sensibles Par ailleurs, lapolitiquedeprotection desEspacesNaturels zones Natura2000, commeleMaraisdeBaon. sociations naturalistes, etest associé àlamiseenplacedes son Le Conseilgénéral apporte 44 Préservation des paysages despaysages Préservation et desespacesnaturels Conservatoire d’espacesnaturels deBourgogneConservatoire - Territoires Naturels de Bourgogne -N°6 -Décembre 2014 soutien financier aux as Le sitedeSaint-Moré estunsiteemblématiquedupatrimoine naturel icaunais... -

- L’outil actions enfaveur desENSdel’ordre de500000€. mettre dedisposer, enannéepleine, d’unbudgetpourles la dynamiquedeconstruction, cettetaxe pourrait per naturel sensible. mesures d’un site de gestion nécessaires à la préservation les place en mettre parcelle), de de propriétairesafin ou férents acteurs, publicsassociatifsouprivés (agriculteurs - L’outil ENS misenventeoudescollectivités. pardesparticuliers d’un définition la à répondant foncier bien un pour tion 1,3 dela départementale de la part Taxe d’Aménagement à l’Yonnetaxeslocales.de général taux Conseil le Le fixé a part, lapolitiqueENS. Elleremplace depuis2011plusieurs l’environnementet,de (CAUE) et l’urbanisme d’autre de lesconseilsdel’architecturefinancer d’unepart s’applique sur les permis de construire et permet de tementale de la - Lepremier estfinancier: dépar s’agit delapart il detroisdépartements typesd’outils: Pour assumerlapolitiqueENS, lelégislateuradotéles dation naturelsd’éléments ou de dégra menacés de biodiversité - naturelle dominante, sec ou humide, présentant une richesse composante à souterrain, éventuellement écosystème, ou paysage,site un est Sensible Naturel vante :Espace Un « sui- définition la retenu a l’Yonne de Général Conseil mission trans- la et préservation protection, la la assurer d’en afin Outils disponiblesetactionsàvenir % (0,3 % / iprto e ncsiat e msrs e gestion de mesures des nécessitant et disparition ». contractuel permet de juridique permet de recourir au % pour le CAUE et 1 et CAUE le pour % Taxe d’Aménagement. Cette taxe conventionner avec les dif- % pour les ENS). Selon Selon ENS). les pour % droit de préemp- - - ... qui fera l’objet en 2015 d’un aménagement soutenufinancièrement parleConseilgénéral del’Yonne... quifera l’objet en2015d’un d’un schémadirecteur desENSdel’Yonne Conseil généraldel’Yonne aengagéen2013l’élaboration de donnerunevisibilitésonactiondansladurée, le afin et identifiés territoriaux enjeux des et thématiques la protection delaressource eneau. vation despaysages, delabiodiversité et lapréservation matiques pourstructurer sesactionsfutures : lapréser Le Conseilgénéraldel’Yonne aretenu trois- grandesthé Concilier aménagement etbiodiversité duterritoire

À partir decesaxes À partir . - économique. dumonde de l’Étatetacteurs tions, services associa- ce domaine,àsavoir lescollectivités, viennent directement ou indirectement dans étroite collaboration quiinter- avec les acteurs associés. Cette politiquesera conduiteen juridiques et financiers d’outils l’aide à sibles son actionenfaveur desEspacesNaturels Sen de l’eau et de l’environnement pourrenforcer son engagement delonguedatedanslesecteur Le Conseilgénéral del’Yonne s’appuiedoncsur d’espaces naturels deBourgogne. parleConservatoire decesactionssontportées Certaines 34 600€eninvestissement et51500€enfonctionnement. et 2d’aménagementdesites, pourunmontanttotalde du public, 2dediffusiondesconnaissances naturalistes sances, 2de protection despopulations, 3desensibilisation sont desactionsd’améliorationoud’acquisitiondeconnais- 50 à 10 de financement taux avec un 27 dossiersdéposésdanslesdélais, 14font l’objetd’un un initiatives en faveur de la biodiversité dans l’Yonne a lancé Par ailleurs, le Conseil général souhaitant favoriser les œuvre début2016. le courant de l’année 2015, pour une publication et mise en devrait permettre l’élaborationduschémadirecteur dans une consultationdebureaux d’études. Cettedémarche de afin créer lecadre d’uncahierdes chargestechniquespour scientifique et technique comité en un 2013 avrilrassemblant 14 le franchie été a étape première Une appel à projets pour la période 2014 % selon les projets:les selon % 5 - 2016. Sur les 45 -

S. Gomez - CENB M. MOËS – AESN nuité écologiquedequalitéfin2015. d’eau est en cours. démarche visantàreconquérir lebonétatdescours impactent physiquement la continuité écologique et une Concilier les politiquesactuellesen matière degestion des cours les et écologique de sa priseencompte. de continuité Lestextesréglementaires et la notion de définition la De nombreux travaux ont été menés préalablement à « et lefonctionnement biologiques (zones des réservoirs ment le bon déroulement des sédiments du transport indispensables àleurcycledevie. Ellecomprend égale- tion des espèces La ment durable. aintroduit Cettedirective lanotiondecontinuitéécologique. dedéveloppe- auplaneuropéen, bassinhydrographique avec uneperspective grand par eaux des protection la et gestion la pour cadre un définit Elle l’eau. de domaine à l’ensemble delalégislationavec unepolitiquecommunautaire globaledansle CadreLa Directive surl’Eau*,du23octobre 2000,viseàdonnerunecohérence 46 pépinières continuité écologiquese traduit par librela circula- d’eau descours La continuitéécologique Le déversoir des grandes Forges àBuffonconstitueunseuil:petit ouvrage d’eau Le déversoir desgrandes quibarre dulit cours unepartie Assistant d’opérations Rivières -Référent continuité Un enjeupourl’atteintedubonétaten2015 Conservatoire d’espacesnaturels deBourgogneConservatoire - Territoires Naturels deBourgogne -N°6 -Décembre 2014 » pour les espèces). Or, aménagement du biologiquesetleuraccès aux zones L’objectif est de restaurer une conti- Contexte territoire etbiodiversité certains obstacles certains

- Ces travaux conduisent àdesengagements chiffrés : 2009, d’oùadécoulé : écologique descours d’eau, lancéparleministère en • Un (SDAGE), le que Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux tels cadrage de éléments Des • d’une Trame verte etbleue(TVB)depuislafin2012, Le • notamment nettementautour decetenjeu,d’eau s’articulent avec Grenelle - Agence del’EauSeine Grenellede l’Environnement , avec l’établissement continuité écologique. ronnement) quis’imbriquedans cette notionde des cours d’eau (L. 214-17-1duCode de l’Envi- - untravail encoursderévisionduclassement vier 2010)etunenotedecadrageduBassin, - unecirculaire demiseenapplication (du25jan- Plan d’actions pour la restauration de la continuité cinq phases ou évènements importants : ouévènementsimportants Mathieu M - Normandie -SENS Schéma oës ? Hydromorphologie, hydrologie… késako ? L’hydromorphologie correspond à la morpho- L’hydrologie est la science de la terre qui s’intéresse logie des cours d’eau et comprend la largeur du lit, sa au cycle de l’eau, c’est - à - dire aux échanges entre profondeur, sa pente, la nature des berges, leur pente, l’atmosphère, la surface terrestre et son sous - sol. la forme des méandres, etc. L’hydromorphologie est L’hydrologie de surface étudie le ruissellement, les directement liée à l’hydrologie : chaque rivière phénomènes d’érosion, les écoulements des cours se façonne et creuse son lit de manière à pouvoir d’eau et les inondations. transporter le débit et les sédiments qu’elle reçoit de l’amont. il est ainsi prévu un aménagement de 2 000 ouvrages mineur, généralement la totalité de la vallée. La hauteur d’ici fin 2015, dont 1 200 ouvrages dès fin 2012 au est généralement supérieure à 5 mètres. Environ 700 plan national. Rapportés au niveau de l’Agence de barrages sont recensés actuellement en France. Dans le l’Eau Seine - Normandie, ce sont 228 ouvrages dits Tonnerrois, on rencontre essentiellement des seuils. « Grenelle » qui ont été identifiés et pour lesquels des opérations doivent être rapidement engagées Les impacts des obstacles (Contrat d’objectif AESN). Les ouvrages ont des effets à trois niveaux. Tout d’abord, État des lieux ils modifient les flux liquides, solides, biologiques : on parle d’« effet flux » car ils bloquent les flux normaux de L’État s’est engagé à l’atteinte du bon état des ri- la rivière. D’autre part, à l’amont d’un barrage ou d’un vières d’ici fin 2015. Pour atteindre ce bon état, la seuil, se forme un plan d’eau que l’on dénomme la zone qualité chimique des eaux est insuffisante. Par ailleurs, de remous ou zone d’influence de l’ouvrage. Il n’y a plus il est acquis que la diversité biologique d’une rivière alors de vitesse d’écoulement de l’eau, et on y observe est liée à la diversité des habitats, elle-même corrélée des zones de dépôt importantes. La diversité d’habitats aux conditions hydrologiques et à la qualité du milieu est alors très faible, voire banalisée. On parle d’« effet « physique », c’est - à - dire à la nature des fonds et à leur retenue » ou « effet plan d’eau ». Enfin, il existe un « ef- qualité. fet point dur » car les ouvrages bloquent les processus On comprend ainsi l’importance de l’hydromor- géodynamiques de la rivière. Cet « effet point dur » peut phologie (cf. encadré ci - dessus) et des travaux de se traduire par un phénomène de pavage : le franchisse- restauration et de renaturation du milieu naturel, ment de l’obstacle entraîne une dissipation importante nécessaires à l’atteinte du bon état écologique des de l’énergie de la rivière qui se traduit par une reprise rivières. L’hydromorphologie inclut en effet le volet de de l’érosion latérale et verticale. À terme, il est possible la continuité écologique, qui concerne pour le bassin d’observer une disparition des habitats de la rivière sur Seine - Normandie, environ 8 000 ouvrages. un grand linéaire avec l’apparition du socle géologique. D’après l’article R. 214-109 du code de l’environne- Les impacts sont de deux types : ment, un ouvrage constitue un obstacle à la continui- - hydromorphologiques, avec notamment le piégeage té écologique lorsqu’il entrave la libre circulation des d’une partie des sédiments transitant dans la rivière et poissons (accès aux zones de reproduction, de crois- une baisse de la qualité de l’eau due à son réchauffement, sance, de nourriture, d’abri, etc.), qu’il freine le trans- - écologiques, avec un blocage de la remontée du port des sédiments ou qu’il rompt les connexions avec poisson notamment. Les ouvrages, par leurs effets les réservoirs biologiques (petits cours d’eau affluents physiques, ont également pour conséquence d’engendrer qui constituent des ruisseaux « pépinières » pour les des habitats banalisés dans leur zone de remous (profon- poissons). deur uniforme, pas de vitesse, colmatage des fonds) peu Les différents obstacles rencontrés sur les rivières se propice à une diversité piscicole importante. répartissent en deux catégories. Les seuils sont des petits ouvrages, fixes ou mobiles, qui barrent tout Quelles solutions ? ou partie du lit mineur d’un cours d’eau. La hauteur de ce type d’ouvrage est généralement inférieure à Parmi les opérations pouvant être réalisées pour limiter 5 mètres. Plus de 60 000 ouvrages de ce type sont ou supprimer les impacts des ouvrages, on peut citer recensés à ce jour en France. Les barrages sont des trois grands types d’aménagements, du plus ambitieux au ouvrages généralement fixes qui barrent plus que le lit moins ambitieux pour le milieu :

Concilier aménagement du territoire et biodiversité 47 Un exemple d’effacement d’ouvrage M. Moës - AESN Moës - M. Avant...

- le dérasement de l’ouvrage, ou suppression complète de l’obstacle qui permet de retrouver une « transpa- rence » complète de la rivière, à la fois pour les sédiments et pour les poissons. Cette solution permet également d’agir de manière positive sur les habitats écologiques de la rivière. - l’arasement de l’ouvrage, ou diminution de la hauteur de chute de l’obstacle. L’ouvrage n’est pas détruit mais on abaisse sa hauteur pour le rendre franchissable soit directement, soit par l’ajout d’un dispositif de fran- chissement piscicole. Cette solution moins ambitieuse

présente un intérêt réduit sur la reconquête des habitats AESN Moës - M. écologiques. ... pendant... - le dispositif de franchissement piscicole (passe à pois- sons technique ou rustique) qui permet de rétablir la continuité écologique tout en conservant l’usage d’un ouvrage (exemple : usine hydroélectrique). Solution la moins ambitieuse, elle n’a aucun impact positif sur la reconquête des habitats écologique de la rivière.

Dans une moindre mesure, l’ouverture de vannes permet également la mise en transparence hydraulique d’un ouvrage sur une période donnée.

Gageons que ces actions, initiées au niveau européen, seront des alliées solides de la reconquête du bon état des cours d’eau dans AESN Moës - M. les prochaines années. ... et après

* Directive 2000/60/CE du 23 octobre 2000 (DCE) : www.eaufrance.fr/comprendre/la-politique-publique-de-l-eau/la-directive-cadre-sur-l-eau

48 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 Pour en savoir plus

Les politiques publiques et la continuité écologique ; contexte d’élaboration bourguignon

Préserver les espaces naturels remarquables pour la biodiversité est aujourd’hui une évidence, mais ce ne peut être efficace à long terme que si ces espaces sont connectés entre eux pour un meilleur échange des espèces, qu’elles soient animales ou végétales : c’est ce qu’on appelle les « continuités écologiques ». Cette notion primordiale est prise en compte par les politiques publiques qui développent des outils en sa faveur.

Cécile Diaz Chargée de missions Des outils généraux Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne

La Trame verte et bleue

La France est le 19e pays européen à établir sa Trame • La Stratégie Régionale pour la Biodiversité (SRB) est verte et bleue (TVB), un des engagements phare du une démarche volontaire pour préserver la biodiversité Grenelle de l’environnement. La loi Grenelle 2 pré- à tous les niveaux d’acteurs, d’activités, de secteurs géo- cise les objectifs de la Trame verte et bleue : enrayer la graphiques, d’enjeux territoriaux. Les actions de la SRB perte de biodiversité en participant à la préservation, à sont basées sur le volontariat et destinées à toutes. la gestion et à la remise en bon état des milieux néces- saires aux continuités écologiques, tout en prenant en • Le Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) compte les activités humaines, et notamment agricoles, est une obligation légale pour lutter contre la destruction en milieu rural1. d’habitats et la fragmentation de l’espace en préservant ou restaurant un réseau écologique terrestre et aquatique fa- Le Schéma régional de cohérence écologique vorable au déplacement des espèces animales et végétales. Le SRCE est un outil réglementaire d’aménagement du- Cette Trame verte et bleue est intimement liée au rable du territoire qui doit être pris en compte dans les Schéma régional de cohérence écologique (SRCE). documents de planification et d’urbanisme et dans les Celui-ci est un document - cadre élaboré dans chaque projets des collectivités et de l’État. Le SRCE s’apparente région, mis à jour et suivi conjointement par la région donc à un outil de la SRB, utile à tous les acteurs de la (Conseil régional) et l’État (Préfet de région), en asso- nature. ciation avec un comité régional Trame verte et bleue. En Bourgogne, l’identification des éléments de la Trame Le Schéma régional de cohérence écologique constitue verte et bleue régionale a suivi la chronologie suivante : ainsi un document-cadre régional, et la Trame verte et • 2009 - 2011 : Identification des continuités écologiques bleue, l’outil de mise en œuvre. de Bourgogne : Étude Ecosphère, copilotage Région - État • 2012 : Lancement démarche commune SRB - SRCE, En Bourgogne, une approche singulière avec des actions de concertation • 2013 : Concertation départementale pour préciser les Pour répondre à cet unique objectif commun qu’est la éléments cartographiques. lutte contre la dégradation de la biodiversité, il existe Cette méthode a permis de définir cinq sous - trames en Bourgogne, deux documents - cadres régionaux : de la Trame verte et bleue, toutes cartographiées au 1/100 000e : les forêts, les prairies et bocages, les pe-

Concilier aménagement du territoire et biodiversité 49 louses sèches, les plans d’eau et zones humides, les cours d’eau et milieux humides associés. Il ressort de l’analyse des cartographies issues de cette étude l’existence d’un réseau écologique qui traduit la qualité des paysages de la région et la relative bonne connectivité des milieux naturels. Il apparaît également que les pelouses sèches et les zones humides constituent des priorités en terme d’enjeu et d’urgence pour l’action. Ce diagnostic a abouti à la définition d’un plan d’action stratégique constitué de cinq axes prioritaires. 1 - Accompagner la prise en compte des continuités écologiques dans les documents d’urbanisme et de - CENB Foutel C. planification. Le bocage est un élément important de la Trame verte et 2 - Favoriser la transparence écologique des infrastruc- bleue tures de transport, des ouvrages hydrauliques et de pro- duction d’énergie. Les SDAGE servent également à l’élaboration des 3 - Conforter les continuités écologiques et la perméabi- Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux lité des espaces agricoles, forestiers et aquatiques. (SAGE4) pour des cours d’eau et leurs bassins versants. 4 - Développer et partager les connaissances natura- Ainsi, le SAGE décline à l’échelle d’un bassin versant les listes sur les continuités écologiques. grandes orientations du SDAGE. Il est élaboré par une 5 - Sensibiliser et former l’ensemble des acteurs, et orga- Commission locale de l’eau (CLE) qui comprend des niser la gouvernance autour des continuités écologiques. représentants de l’État (25 %), des collectivités locales (50 %) et des usagers (25 %). Parmi les usagers, on peut La mise en œuvre, le suivi puis l’évaluation de ce plan trouver des associations de consommateurs, et / ou de d’action stratégique se dérouleront au cours de la protection de l’environnement, et/ou de riverains, etc. période 2015 - 2020. En 2015, les SDAGE des bassins versants Loire - Bretagne, Des politiques et outils spécifiques Seine - Normandie et Rhône - Méditerranée - Corse aux milieux aquatiques vont être révisés. Des nouvelles stratégies et actions seront alors définies pour la période 2016 - 2021. En France, plus de 60 000 ouvrages (barrages, seuils, écluses, moulins) ont été recensés sur les cours d’eau et sont potentiellement des obstacles à la continuité écologique2.

Le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux

Institué par la Loi sur l’eau de 1992, le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) est Les politiques publiques ont ainsi pris la un instrument de planification. Il fixe, pour chaque bassin mesure de l’importance des continuités hydrographique, les orientations fondamentales d’une écologiques, en proposant sur le territoire gestion équilibrée de la ressource en eau dans l’intérêt des outils concrets à destination de tous les général et dans le respect des principes de la Directive acteurs concernés. cadre sur l’eau et de la Loi sur l’eau3. Assurer la continuité écologique des cours d’eau est un des objectifs fondamentaux des SDAGE.

1 www.strategie-biodiversite-bourgogne.fr/le-schema-regional-de-coherence-ecologique/Presentation_de_la_demarche/objectifs 2 www.onema.fr/-Restaurer-la-continuite-ecologique 3 www.eaufrance.fr/agir-et-participer/planifier-et-programmer/schemas-directeurs-d-amenagement 4 www.gesteau.eaufrance.fr/presentation/sage

50 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 Concilier aménagement du territoire et biodiversité

Quels obstacles à la continuité écologique sur l’Armançon, dans l’Yonne ?

Marlène Lacarrère Chargée de mission hydromorphologie Syndicat Intercommunal pour la Réalisation des Travaux d’Aménagement de la Vallée de l’Armançon (SIRTAVA)

L’évolution du cadre règlementaire (Directive cadre sur l’eau, Grenelle de l’Environne- ment, SDAGE et SAGE) a motivé le SIRTAVA à prendre en main la problématique de la continuité écologique et à agir avant que la réglementation n’impose d’autres disposi- tions. L’Armançon est par exemple inscrit en liste 2 du futur classement des cours d’eau qui imposera à tout propriétaire d’ouvrage de se mettre en conformité avec la régle- mentation, donc de permettre la continuité écologique 5 ans après la date de l’arrêté préfectoral. Une étude a ainsi été réalisée sur 11 ouvrages de l’Armançon en 2011/2012.

Le SIRTAVA s’est saisi de la question de la continuité éco- logique et de son rétablissement afin de répondre à deux principaux objectifs :

C ré • accompagner et informer au mieux les propriétaires au a ce n Ervy-le-Chatel an t m o r n A cours de l’année 2011, Chaource Saint-Florentin Brienon-sur Arman ce • préciser les termes techniques et administratifs d’une L a Armançon n d i o étude débutée la même année. n Armançon Vergigny Flogny-la-Chapelle Une réflexion technique a donc été menée au sein des Ligny-le-Châtel < Secteur Aval services du pôle rivière du SIRTAVA pour proposer aux Charrey (6 ouvrages) élus une action permettant le rétablissement de la conti- Tanlay nuité écologique de l’Armançon. Tonnerre

Ancy-le-Franc A rm a nç Deux secteurs, onze ouvrages, on Secteur Amont > une étude (5 ouvrages) Carte 1 : zones d’études Sur le bassin versant de l’Armançon, les actions d’inter- concernant la continuité vention sur la continuité ont été identifiées sur deux sec- sur l’Armançon teurs qui comprennent 11 ouvrages (tableau 1 p. 52) pour un linéaire de plus de 25 kilomètres. Le premier secteur va de Perrigny - sur - Armançon jusqu’à Fulvy, le second de La première phase a permis d’effectuer un état des lieux Tonnerre à Roffey - Charrey (carte 1). et un diagnostic, grâce à des recherches bibliographiques, à la prise en compte du contexte local et du contexte Le contexte local a permis de définir la zone d’étude réglementaire, à l’examen du fonctionnement hydromor- selon différents paramètres : ouvrages dépourvus d’usage phologique, etc. Cette première démarche a permis d’enga- économique (activité type hydroélectrique, etc.), état ger, de confirmer et d’acter les secteurs à étudier en totale de l’ouvrage (souvent détérioré), longueur du linéaire concertation avec les différents acteurs et les propriétaires pouvant être décloisonné (linéaire contenant plusieurs privés. ouvrages), opportunité d’intervention (ouvrage ébréché, De nombreuses explications techniques ont été exposées rupture d’un ouvrage), recherche d’un gain écologique tout au long de cette étude afin de permettre aux acteurs fort, et bien évidemment, réceptivité des propriétaires locaux de s’approprier complètement la méthode et les afin de conventionner avec eux et accéder aux ouvrages. résultats.

Concilier aménagement du territoire et biodiversité 51 Tableau 1 : liste des ouvrages sur le secteur amont

Linéaire Complexité Délai Nom de Solution Contraintes décloisonné de la démarche probable Priorité l’ouvrage envisagée et enjeux et coût réglementaire de réalisation Environ 780 m Faibles : le barrage Moulin de Arase- (65 cm appartient au moulin Faible (Déclaration) Court 1 Perrigny ment d’abaissement) et pas de bief 1 800m pour Moyens : le barrage 181 000 €ht appartient au moulin mesures Marbrerie Dérase- mais alimentation Faible (Déclaration) Court d’accom- 1 SIB ment d’un bief et d’un pagnement bras comprises Importants : En fonction propriété à clarifier En fonction de la Barrage de la solution / / et alimentation de solution retenue 3 La Merille retenue 2 bras Moyens : Bief en Barrage centre bourg et sta- 0m pour Moyenne de Nuits- Équipe- bilité de la route le Moyen 288 600 €ht (Autorisation) 2 sur- ment longeant. Propriété Armançon publique Importants : En fonction propriété à clarifier En fonction de la Barrage de la solution / / et alimentation d’un solution retenue 3 de Fulvy retenue bief

La seconde phase (avant-projet sommaire) est la confir- • techniquement : 100 % des ouvrages sont effaçables pour mation de la faisabilité et de l’opportunité des dispositions permettre un rétablissement de la continuité écologique techniques proposées lors de la première phase. Elle iden- complète, tifie, analyse et propose différentes solutions techniques : • du point de vue administratif : la situation réglementaire dérasement, arasement ou aménagements susceptibles de qui légitime l’existence de ces ouvrages est complexe. répondre aux projets et à la réglementation. Cette faisabi- Toute démarche de suppression d’un droit d’eau doit se lité des propositions a été vérifiée par rapport aux enjeux faire en concertation avec le propriétaire et les services et contraintes du site, ainsi que par ses atouts, l’intérêt des de Police de l’Eau, propriétaires et le prix des interventions. • pour les propriétaires : l’effacement complet ne corres- pond pas toujours à leur demande car ils souhaitent sou- Cette étape a permis de prendre en compte les valeurs vent conserver de l’eau dans le bief d’amenée au moulin, patrimoniales et paysagères qui participent à la valorisation • financièrement : dans le cadre d’un effacement complet des richesses environnementales liées à l’eau du départe- de l’ouvrage, on s’aperçoit que le rapport coût / avantages ment de l’Yonne. L’étude a conduit à l’appropriation par les est optimum pour l’effacement, qui est le moins onéreux populations, les riverains, les élus, de la thématique de la et le plus efficace pour rétablir la continuité écologique. continuité écologique, et permis d’évaluer les moyens admi- Cependant, le dérasement n’est pas toujours classé en nistratifs, techniques et financiers à mettre en œuvre pour priorité, en raison des démarches réglementaires ou des rétablir cette continuité écologique tout en préservant et enjeux en présence qui peuvent entraîner un temps améliorant les critères de perception économiques, sociales d’action long. et environnementales de la rivière vis-à-vis des populations. À partir de ces résultats, le SIRTAVA peut se positionner Quel diagnostic et quelles actions ? pour les années à venir sur le choix des interventions à privilégier concernant l’accompagnement technique, ad- Pour chaque cas, les trois solutions (dérasement, arasement ministratif et financier des propriétaires souhaitant s’enga- ou aménagement) ont été systématiquement étudiées. Les ger dans l’effacement de leur ouvrage, en particulier ceux possibilités d’évolution des différentes solutions en fonction qui souhaitent agir rapidement. Cette démarche peut du contexte et des enjeux (attente des propriétaires, permettre de résoudre des situations administratives réponse de la rivière, etc) ont également été estimées. parfois compliquées vis-à-vis du droit d’eau. Toutefois, Les résultats de cette étude montrent que : l’action sur les propriétés publiques est privilégiée. Au

52 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 Liste des ouvrages sur le secteur amont

Linéaire Complexité Délai Nom de Solution Contraintes Prio- décloisonné de la démarche probable l’ouvrage envisagée et enjeux rité et coût réglementaire de réalisation

Dérasement Moyens : cote de Barrage ou arasement En fonction fondation du pont En fonction de la dit des selon la cote de la solution et du barrage de la / solution retenue 2 Services de fondation retenue cascade à définir et techniques des ouvrages propriété publique amont Faible : le barrage Barrage 1 550 m pour appartient au Faible Court Saint- Dérasement 26 000 €ht moulin, pas de bief (Déclaration) 1 Nicolas ni de bras En fonction Barrage Le proprié- En fonction de la En fonction de la de la solution / ancienne taire ne se solution retenue solution retenue 3 fonderie prononce pas retenue Faible : Bief et 400 à Barrage barrage appartenant Faible 560 m pour Moyen du moulin Arasement au propriétaire du (Déclaration) 1 49 000 €ht de Cheney moulin Ancienne Le proprié- En fonction usine En fonction de la En fonction de la taire ne se de la solution / 3 barrage de solution retenue solution retenue prononce pas retenue Roffey Importants : Pré- sence d’un moulin Importante : 2 Moulin 980 m pour et d’une partie du moulins sur le Long 3 Saint- Dérasement 36 000 €ht barrage en rive même barrage Benoît droite sur un autre département

Dérasement d’ouvrage : suppression complète de l’ouvrage Arasement d’ouvrage : abaissement de la hauteur de retenue ou suppression partielle Aménagement d’ouvrage : modification de l’obstacle final, l’intervention se fera sur le secteur réunissant ces Il est néanmoins impératif de toujours garder un cadre trois facteurs pour permettre un rétablissement de la ouvert à la discussion : l’appropriation de la démarche et continuité écologique sur le linéaire le plus grand. son acceptation sont en effet nécessaires car ce sont des ouvrages qui sont inscrits dans le paysage et qui participent Les perspectives parfois à l’identité des communes. Cela nécessite donc une phase importante de concertation entre les acteurs du Pour quatre ouvrages, il y aura lancement des marchés de territoire et les propriétaires d’ouvrages. maîtrise d’œuvre pour la réalisation des projets défi- nitifs. Pour les autres, la phase de concertation se poursuit, En conclusion, ces résultats montrent que la soit pour aboutir à un avant - projet définitif, soit pour technique n’est pas le facteur limitant pour résoudre des problèmes d’ordre administratif. engager l’effacement des ouvrages hydrau- Les démarches du SIRTAVA seront donc : liques (action qui permet un rétablissement • soit l’accompagnement : les propriétaires seront les complet de la continuité écologique), mais maîtres d’ouvrage et participeront complètement à la qu’il est indispensable d’écouter et d’en- réalisation de la mise en conformité pour la continuité tendre les deux parties prenantes, la popu- écologique, lation et la rivière, pour trouver un équi- • soit le démarchage pour la réalisation de ces projets. libre satisfaisant entre le milieu naturel et les usages.

Concilier aménagement du territoire et biodiversité 53 Pour en savoir plus

Exemple de suppression d’un ouvrage hydraulique sur l’Ource, territoire voisin de l’Armançon

Vincent Govin Animateur du Contrat Rivières SEQUANA en 2012 La présence d’ouvrages peut entraver la continuité écologique sur un cours d’eau : tel était le cas d’un ouvrage hydraulique situé sur l’Ource et qui constituait un obstacle à la remontée de certains poissons comme l’Ombre commun. Aménagement ou suppres- sion de l’ouvrage, maintien ou non de l’activité hydroélectrique liée à celui-ci… telles furent les décisions à prendre par le propriétaire, secondé par le Syndicat de l’Ource.

L’ouvrage hydraulique : carte un effet « retenue » - ou effet « plan d’eau » - de plus d’identité et contexte réglementaire de 2,5 kilomètres en amont, ce qui est élevé pour une rivière de plaine avec peu de pente. L’Ource est un petit cours d’eau d’une largeur moyenne de 20 mètres et de première catégorie piscicole (salmo- L’Ource fait le tour du site industriel et trois secteurs nidés). L’ouvrage est identifié comme un des 228 « Ou- caractérisent l’installation : le secteur 1 avec l’ouvrage vrages Prioritaires Grenelle » (3 mètres de hauteur de répartiteur, le secteur 2 avec le bras usinier et le sec- chute et 2,5 kilomètres de retenue). Il est localisé sur les teur 3 comprenant une vanne de décharge (cf. schéma communes de Bar-sur-Seine et Merrey-sur-Arce (Aube), 1 page ci-contre). L’ouvrage de répartition (secteur 1) en tête de bassin versant de la Seine. Il s’agit du premier comprend deux vannages et une fosse de répar- ouvrage sur l’Ource, situé à 500 mètres de la confluence tition assez grande. L’ouvrage usinier (secteur 2) est avec la Seine. Il est privé et situé dans un site industriel situé sous le moulin avec deux passages sous les bâti- (avec des usages comme le pompage dans le bief) et ments dont un équipé d’une turbine. appartient à une coopérative viticole. L’ouvrage est caractérisé par un abandon récent de l’ex- Poussés par l’Agence de l’Eau, le Syndicat de l’Ource ploitation de la force motrice (moins de dix ans), alors et le propriétaire ont décidé de lancer une étude avec que, dans la plupart des ouvrages, l’abandon de la force deux volets : motrice date de 50 ans voire plus. - une étude de potentialité hydroélectrique avec deux scénarii (la conservation ou l’abandon de l’hydroélec- tricité). Comme ce site était équipé d’une turbine, le La démarche propriétaire voulait en effet savoir s’il était rentable ou non de produire de l’électricité sur ce site. Historiquement, l’ouvrage crée un blocage pour le fran- - une étude de continuité écologique avec prise en chissement piscicole. Ce blocage a été identifié par la compte des deux hypothèses : soit l’effacement total Fédération de Pêche dans son Plan Départemental pour de l’ouvrage, soit la conservation de la cote et du tur- la Protection du milieu aquatique et la Gestion des res- binage, et installation de passes à poissons. sources piscicoles (PDPG), et par l’association locale de pêche (Association Agréée de Pêche et de Protection L’étude a donc porté sur ces deux hypothèses en des Milieux Aquatiques ou AAPPMA), notamment pour évaluant leurs impacts sur la dynamique latérale. l’Ombre commun. Ce poisson, un salmonidé embléma- Les matériaux des berges étant cohérents et l’Ource tique, est présent dans la Seine mais pas dans l’Ource : une rivière peu mobile (déplacement de 10 à 20 cm par l’ouvrage empêchait en effet sa remontée avec une an dans quelques zones), la suppression de l’ouvrage importante hauteur de chute de 3 mètres, provoquant engendrait peu de risques.

54 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 Schéma 1: localisation des différents secteurs

L’étude a tout d’abord montré qu’au niveau hydro- portion, de travailler sur un Espace de Bois Classé. morphologique, l’impact de l’ouvrage sur la dynamique L’ensemble de cette opération a requis un an d’étude, était modéré. L’impact de la suppression de l’ouvrage 6 mois de procédure et 4 mois de travaux, ajouté à une a été étudié par la suite. Après ouverture des vannes, période de réflexion du propriétaire pour une durée on a observé des zones d’atterrissement qui se végé- totale de 2 ans et demi. talisaient, des zones de courant et des zones d’herbier. La baisse du niveau de l’eau a fait découvrir une rivière Les travaux ont comporté le comblement complet du de belle physionomie mais qui était cachée par le plan bras usinier pour le faire disparaître (5 000 m3 de rem- d’eau, et la retenue avait uniformisé visuellement le blai), la suppression de l’ouvrage de répartition et des paysage. vannages, la protection (enrochement et végétalisation en surface) de la berge amont pour un montant to- La conclusion de cette étude approfondie, basée sur tal de 735 000 €, financé à 86 % par l’Agence de l’Eau le gain écologique, les risques naturels, l’analyse éco- Seine-Normandie et 14 % par le propriétaire. Ce fut donc nomique des deux scénarii, a montré que la remise en une opération « blanche » pour le Syndicat de l’Ource. service de l’hydroélectricité n’était pas rentable et le propriétaire a choisi la suppression totale sous maîtrise d’ouvrage du Syndicat de l’Ource.

Déroulement et coût des travaux

Les travaux avaient pour objectif d’aboutir au scénario le plus ambitieux : faire disparaître autant que possible l’ensemble hydraulique en rétablissant la continuité écologique et en redonnant un fonctionnement plus naturel à l’Ource. La procédure réglementaire a néces- sité une autorisation Loi sur l’Eau (LEMA), une Décla- ration d’Intérêt Général (en raison de l’utilisation de fonds publics chez un propriétaire privé), un avis de SEQUANA l’architecte des Bâtiments de France et pour une petite Comblement du bras usinier

Concilier aménagement du territoire et biodiversité 55 Concilier aménagement du territoire et biodiversité

L’exploitation des roches calcaires dans le Tonnerrois

Juliette Brey-Xambeu En collaboration avec Chargée de mission communication Tiphaine Paquette Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne Association Pierre de Bourgogne Xavier Fayoux Chargé de mission Ressources Minérales et Patrimoine Géologique, DREAL Bourgogne

La pierre du Tonnerrois est depuis long- Panorama de l’exploitation temps destinée tant à la construction de la roche calcaire locale qu’à l’exportation. Activité emblé- sur le Pays du Tonnerrois matique du Pays, l’exploitation des roches calcaires répond à un enjeu économique Le Pays du Tonnerrois possède 16 carrières exploitant de qui n’ignore pas le suivi paysager et écolo- la roche calcaire et employant au total une cinquantaine gique de la carrière , tant pendant l’exploi- de salariés. tation qu’après.

L’exploitation de la roche dans les carrières

Une carrière est un site d’exploitation qui peut être souter- raine ou à ciel ouvert. Elle présente dans ce cas des fronts de carrièresNombre de taille visibles pendant des dizaines voire des centaines d’années. Elle permet d’extraire des minéraux non métal- Évolution du nombre de carrières calcaires dans le Tonnerrois liques et non énergétiques, dont les qualités sont économi- entre 2005 et 2013 (Source DREAL) quement exploitables. À l’extraction succède la transforma- tion, puis le transport. La carrière doit respecter les conditions générales des Utilisation des matériaux schémas départementaux des carrières, et les extractions Les matériaux sont destinés à 4 grands types d’utilisation : sont soumises à une autorisation préfectorale définie par le • production de béton ou de mortiers, Code de l’environnement. • production de ciment, L’exploitation de la roche induit une perturbation écolo- • production de pierres ornementales (pierres de gique sur le périmètre de la carrière, et sa mise en œuvre construction), doit prévoir l’élaboration d’un plan de gestion qui guidera • production de granulats destinés à la viabilité (granulats la remise en état de la carrière. La détermination du po- routiers). tentiel écologique du site est donc importante tant pour L’utilisation pour la production industrielle de ciment était la connaissance de l’état initial que pour l’évaluation de la majoritaire (en tonnage) jusqu’en 2012, le reste des ex- perturbation des paysages et écosystèmes pendant et après tractions servant essentiellement à la production de gra- l’exploitation. nulats pour le béton ou les travaux routiers.

56 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 PVIAB : matériaux pour viabilité (enrobés, assises de De Ravières à Londres : chaussée, empierrement des chemins...) la pierre du Tonnerrois PIBDA : pierre de construction INDUS : produits pour l’industrie (terres cuites, ciments, Avec le Châtillonnais, le Nivernais, le Mâconnais et la silice pour verrerie, fonderie) Côte, le Tonnerrois est un des cinq principaux bassins DIVERS d’extraction de la pierre en Bourgogne. La plupart des car- rières sont à ciel ouvert et concentrées sur la vallée de l’Armançon. Le nuancier officiel de l’Association Pierres de Bourgogne répertorie 10 variétés de pierres extraites dans le Tonnerrois : Pierre d’Anstrude, Bleu de Lignières, Charmot, Larrys, , Pierre de l’Yonne, Pierre de Molay, Pouillenay, Saint - Nicolas, Valanges. Parmi les utilisations, citons la Fosse Dionne de Tonnerre mais aussi les pieds de la Tour Eiffel (Massangis jaune), le Nombre Nombre de Tonnes Musée de la Préhistoire du Grand - Pressigny (Massangis beige clair) ou encore le Great court du British Museum (Anstrude). Destination des matériaux extraits (Source DREAL)

Extraction de roches calcaires ornementales (pierres de construction) La production de roches ornementales est minime (en tonnage) : elle constituait l’activité principale de 9 car- rières sur 19 exploitant les roches calcaires en 2005, mais seulement 4 sur 16 en 2013. 21 000 tonnes en 2005, 15 000 en 2008, et depuis 2009 de 11 000 à 12 000 tonnes : la tendance est donc plutôt à la baisse. Nombre Nombre de Tonnes

Extraction de matériaux pour pierre de construction (Source DREAL) © Association Pierres de Bourgogne Association Pierres © Great court - British Museum (Pierre d’Anstrude)

Pour en savoir plus • Les calcaires de roches dures. Les cahiers techniques. Conservatoire d’espaces naturels Rhône - Alpes (2014) • Association Pierres de Bourgogne : www.pierre-bourgogne.fr

Concilier aménagement du territoire et biodiversité 57 Concilier aménagement du territoire et biodiversité

La Charte Environnement des industries de carrières Un engagement volontaire des entreprises pour l’environnement

Gilles Streit Président de la Charte environnement en Bourgogne - Franche - Comté - HOLCIM Granulats

Afin d’allier respect de l’environnement, Le chemin de progrès : développement économique et écoute des un outil d’amélioration continu acteurs locaux, la Fédération UNICEM destiné à maîtriser les impacts (Union Nationale des Industries de Car- environnementaux rières et des Matériaux de Construction) et l’UNPG (Union Nationale des Produc- En 2004, un outil d’audit des sites a été mis en place. Cette teurs de Granulats) qui lui est affiliée, grille d’évaluation passe au crible 80 bonnes pratiques et ont créé et mis en place en 2004 une le chemin de progrès comporte 4 niveaux. Selon le pour- démarche collective et volontaire de pro- centage de bonnes pratiques réalisé, chaque site peut se grès environnemental continu nommée positionner. Lorsqu’un site atteint le niveau 4 (le plus res- « Charte Environnement des industries de pectueux de l’environnement), il est dans l’obligation de poursuivre des audits réguliers. carrières ».

La Charte Environnement est proposée à l’ensemble des Le référentiel comprend ainsi 8 grands thèmes : adhérents de l’UNICEM exploitant des carrières. La profes- sion a en effet pris conscience qu’il fallait aller au - delà de ce 1. La responsabilité de l’entreprise et le management en- que la réglementation imposait, et a souhaité communiquer vironnemental évaluent l’engagement de l’entreprise et sur les actions concrètes menées sur les sites. Outil l’implication du personnel, efficace de prise en compte de l’environnement, la Charte 2. La concertation et les territoires qui évalue le res- se décline selon 3 piliers : pect des engagements de l’entreprise notamment avec les - le chemin de progrès, riverains ou associations, - l’information, la sensibilisation et la formation du per- 3. La maîtrise des impacts des activités, ainsi que les ac- sonnel, tions mises en place pour la réduction des micropous- - la concertation et le dialogue. sières, du bruit et des vibrations, Holcim Granulats Carrière

58 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 4. La gestion de l’eau et des déchets (notamment le stoc- kage des hydrocarbures pour engins, principaux pol- luants des sites), 5. Le transport, 6. La maîtrise des énergies évalue le bilan carbone des activités. Les actions pour diminuer les consommations d’énergie sont analysées, 7. Le paysage et le réaménagement du site, 8. La gestion de la biodiversité. Il s’agit ici d’aller plus loin qu’une étude d’impact et un bilan faune - flore ponctuel. Les impacts des activités sur la biodiversité sont ainsi réévalués régulièrement afin de rediriger les aménage- ments qu’il est réglementairement possible d’améliorer. Les initiatives mises en place par un carrier sont égale- ment évaluées (préservation des sites de nidification d’hi- rondelles de rivage, création d’aires pour rapaces, etc.).

Développer sa compétence environnementale par l’information, la formation et la sensibilisation de ses collaborateurs

Le second pilier de la Charte est l’information, la sensibi- lisation et la formation des collaborateurs. Depuis 2005, plus de 200 personnes ont été formées sur les hydro- carbures, les commissions de concertation, l’eau, les pous- sières, la biodiversité, l’énergie et la médiation territoriale. Quel bilan pour la Charte Le maillon essentiel de l’engagement de l’entreprise dans la démarche est en effet le personnel de site qui agit Environnement en 2011 ? concrètement sur l’environnement. Plusieurs outils de communication et d’information sont En France, 412 entreprises sont adhérentes à la Charte également mis en place : concours photo annuel, lettre et le nombre de sites qui s’y engagent est en constante d’informations trimestrielle aux adhérents pour décrire augmentation. les bonnes pratiques sur les sites, communiquer entre ré- En Bourgogne - Franche - Comté : gions et dynamiser les échanges inter - régionaux. - 25 entreprises adhèrent à la Charte, - 50 % des sites adhérents à la Charte ont atteint le niveau 4, Une concertation constructive - 87 sites se sont engagés dans la Charte. La réussite de cette Charte tient à son carac- Il est important pour la profession de ne pas se replier tère évolutif. La grille d’audit est ainsi modi- sur elle - même et la méconnaissance de notre activité par fiée régulièrement. Par ailleurs, une démarche le grand public créé beaucoup de freins. À cet effet, des spécifique a été conçue pour les sites de niveau Commissions Locales de Concertation et de Suivi 4. Il s’agit des mentions complémentaires, que regroupant riverains, associations et administrations se peuvent acquérir ces sites en développant des réunissent annuellement. Si la première réunion est par- actions plus poussées et concrètes sur une des fois difficile, les suivantes sont souvent constructives. En cinq thématiques suivantes : transport, énergie, outre, tous les deux ans, des journées Portes Ouvertes eau, concertation & territoires, et biodiversité. sont organisées et rencontrent un franc succès. La carrière de Corbigny est ainsi le premier site en Bourgogne à avoir obtenu la mention spé- ciale « biodiversité ».

Concilier aménagement du territoire et biodiversité 59 Concilier aménagement du territoire et biodiversité

Des actions en faveur de la biodiversité labellisées sur la carrière de Corbigny

Pierre Pinte Responsable Qualité - Sécurité - Environnement Carrières - EIFFAGE Travaux Publics Région Est

Propriété de la société EIFFAGE, la carrière de Picampoix, à Corbigny (268 hectares), est située dans un environnement à forts enjeux en termes de biodiversité. De nom- breuses actions de gestion et de promotion de la biodiversité du site ont été mises en place par EIFFAGE, qui a notamment obtenu pour la carrière la mention « biodiversi- té » de la Charte Environnement de l’UNICEM.

La carrière de Picampoix à Corbigny

Gérée par la société Carrières et Matériaux, filiale d’Eif- fage Travaux Publics Est, la carrière se trouve dans un ancien secteur éruptif avec deux types de roches magmatiques : du microgranite et de la microdiorite quartzifère du Viséen. Elle fait partie intégrante du patrimoine historique et so- cio - économique du secteur. Rare carrière française à être habilitée à fournir la SNCF

en ballast de qualité « Lignes à Grande Vitesse », le site est EIFFAGE une Installation Classée pour la Protection de l’Environne- Implantation de ruches sur le carrière de Corbigny ment (ICPE), avec une autorisation d’exploitation délivrée Ce site important est composée d’une mosaïque d’ha- en 2002 pour 15 ans. La surface actuelle d’exploitation est bitats variés et favorables à l’implantation d’espèces d’environ 33 ha avec une production maximale autorisée de végétales et animales remarquables : on y rencontre ainsi 1,2 millions de tonnes par an. Le canal du Nivernais traverse l’Armoise champêtre, le Cuivré des marais, le Calopté- le site avec de part et d’autre l’excavation et la zone de ryx vierge, le Lucane cerf - volant, le Crapaud sonneur à stockage. Le Ru de Sardy (de 1ère catégorie piscicole) borde ventre jaune, la Salamandre tachetée, le Faucon pèlerin, la carrière dans sa limite est. le Faucon crécerelle, l’Hirondelle de fenêtre et l’Hiron- delle de rivage.

La Mention « Biodiversité »

Depuis plusieurs années, la carrière multiplie les actions en faveur de l’environnement et de la biodiversité. Sa si- tuation au pied du Morvan et les indices de richesses faunistique et floristique du site ont motivé l’attribution de la Mention « Biodiversité » de la Charte Environ- nement mise en place par l’UNICEM pour la carrière. L’adhésion à la Charte implique de maîtriser les impacts environnementaux, de mettre en œuvre une concertation constructive, de développer une compétence environne-

EIFFAGE mentale et de gérer et promouvoir la biodiversité du site Sensibilisation du personnel à la biodiversité du site de Corbigny de Corbigny.

60 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 EIFFAGE afin de protégerde l’habitatduCuivrédesmarais afin pâturage à périodesdel’annéed’uneprairie certaines l’abreuvement destroupeaux auxsources ; absencede défens delamare etmesures compensatoires pour • • Implantationde5ruches ; carrière en pourcetteespèceprotégée) bitat d’Hirondelles defenêtre (seulecoloniedeFrance mètres,15 de à afin supérieurs fronts taire autorisantsurunlinéaire d’environ 200mètres des • Obtention en 2012 d’un Arrêté Préfectoral complémen- ont étémisesenplacesurlacarrière : Avec les partenaires cités, quelques actions exemplaires espèces protégées. biodiversité « enjeux paux princi- des l’identification milieux, des cartographie une d’actions échelonnésurunedizained’années. Ilcomprend un d’établir afin d’espaces naturels deBourgogne gestion deshabitats, aétéréaliséparleConservatoire Le exploitant agricole, apiculteur, etc.). Migrateurs duPaléarctique Occidental(OMPO), Nièvre, ScienceEnvironnement / ANTEA, Oiseaux • l’ouverture à des partenaires externes (Soba Nature • desactionsdesensibilisationetformation interne, • desactionsexemplaires, • unplandegestionbiodiversité, écologiquedusite, • uneexpertise mention «biodiversité »dusite, afindemettre enplace : site, environ 12000 du financier et économique contexte du raison en ment Même siquelques«freins »ontétérencontrés, notam- Actions en faveur de la biodiversité Actions enfaveur delabiodiversité Aménagement delamare deSurpalisetmiseen diagnostic écologiquedusite, avec préconisations de Lucane cerf-volant € ont été mobilisés en 2011 pour la € ont étémobilisésen2011pour la » du site et l’identification des des l’identification et site du » Concilier aménagement etbiodiversité duterritoire ; préserver l’ha- préserver ; plan plan Certifié ISO 14001 depuis 2009, le site a obtenu du premier communication auprofit dupatrimoinenaturel. gogne signée avec d’espacesnaturels leConservatoire deBour mise enplaceetuneconvention aété departenariat été a Suivi de et Concertation de Locale Commission Une journée Portes Ouvertes. • collèges,des par site universitéset du et/ou lycéesVisites • Rédactiond’unbailàconnotationenvironnementale ; personnel ; au destinées protégées espèces les sur fiches de Création • • Sensibilisationdupersonnelàlabiodiversité dusite personnel etformés, présentssurlesite trois de Choix • santes ; • de rivage, crapauds, Grand-Duc, etc.) • Habitats -FauneFlore ; Directive la à inscrits phorbiaies) • soute àexplosifs) • le précieux concours deM le précieuxconcours du site de Corbigny ont été mises en place avec La gestionetlapromotion delabiodiversité trois lettres dereconnaissancedeséluslocaux. delapart actions mises en œuvre ont notamment été saluées par Les mental (RPE) de l’UNICEM et la mention « Biodiversité coup la validation 4 du Référentiel de Progrès Environne- chez EIFFAGE danslarégionEst. Ludovic PERISSE, Responsable descarrières sonnel sur incitationde son Directeur Monsieur Ingénieur stagiaire, et de l’ensemble du per- Aménagements pourlesespècesprotégées (Hirondelles Vigilance vis Maintien et entretien de milieux remarquables (méga- Création d’ungîteàchiroptères pourl’hiver (ancienne pour desactionsdeconservation, degestionet - à « observateurs debiodiversité » issus du « observateurs ; - vis desespècesexotiquesenvahis- ; elle J.B ; ouchain ; 61 ». - ,

Pour en savoir plus

L’extraction calcaire de la carrière d’Angy sur la commune de Lézinnes

Camille Neuville Responsable foncier - environnement, LAFARGE Granulats

La carrière d’Angy se situe sur la commune de Lézinnes, au niveau du hameau d’Angy, sur les plateaux calcaires du Tonnerrois, à 8 km au sud - est de Tonnerre. Il s’agit d’une carrière d’exploitation de roche massive calcaire.

Portrait non exploitables sont sélectivement décapés avant de procéder à l’exploitation, et seront réutilisés pour la La géomorphologie régionale est caractérisée par l’alter- remise en état du site ; nance de roches dures et tendres. Cette alternance met • Exploitation par abattage des fronts à l’explosif et en relief le plateau du Tonnerrois situé à des altitudes reprise en pied à la pelle ; comprises entre 220 et 280 mètres sur des calcaires • Acheminement par dumpers* des matériaux extraits durs, et a permis la formation de la vallée de l’Armançon jusqu’aux installations de traitement ; sur les terrains moins résistants de nature marno - calcaire. • Traitement des matériaux par concassage et criblage, Localement, l’assise du plateau du Tonnerrois est c’est - à - dire broyage de la roche suivi d’un tri en composée par les calcaires de Tonnerre en partie supé- différentes tailles, afin d’obtenir plusieurs dimensions rieure (très blancs et purs) et de Commissey, plus gris, de granulats ; comprenant de minces inter - lits de marnes feuilletées. • Stockage des matériaux élaborés ; Le gisement du calcaire de Commissey, valorisable en • Chargement et livraison des matériaux traités pour granulats*, est exploité dans la carrière sur une épais- acheminement vers les centres de consommation ; seur moyenne d’environ 7 mètres et pouvant at- • Remise en état progressive du site à l’aide des stériles teindre plus de 15 mètres. d’exploitation et des terres végétales. La société LAFARGE Granulats est autorisée à exploiter la carrière par arrêté préfectoral du 28 décembre 2006, Les granulats produits sont évacués du site par camion sur une surface voisine de 45 ha. pour deux utilisations principales : les travaux rou- tiers dans un rayon de l’ordre de 50 km autour de Lé- Les étapes de l’exploitation zinnes et le béton dans le cadre de la substitution au produit alluvionnaire. L’exploitation est réalisée à ciel ouvert et se déroule de La remise en état du site est réalisée progressivement la manière suivante : en fonction de l’avancement de l’exploitation, grâce à la • Défrichement des zones boisées ; restitution d’une zone à vocation écologique (pelouse • Diagnostics archéologiques (sondages du sol) indispen- calcicole) et à la mise en place d’un boisement compen- sables à tous les travaux d’aménagements. Ils ont pour satoire au défrichement. vocation de préserver et d’étudier les éléments du pa- trimoine archéologique. Dans certains cas, des fouilles complémentaires peuvent être prescrites ; • Décapage sélectif de la terre végétale et des stériles : le gisement exploitable est surmonté par un horizon cal- * Granulats : les granulats sont produits à partir d’un frag- caire en plaquettes issu de l’altération de la roche mère ment de roche broyée. Ils sont ensuite triés pour obtenir sur environ 2 mètres et d’une fine couche de terre végé- différentes tailles allant du sable au caillou tale de l’ordre de 20 cm d’épaisseur. Ces deux horizons * Dumpers : engins de chantiers avec benne

62 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 E; De Kervenoël océ t n epc d’orchidée. espèce une et couché ture du site, deux espèces protégées de flore : le Cytise dans le cadre de l’étude écologique préalable à l’ouver majoritairement boisé, dans lequel ont été observées, Par ailleurs, lacarrière se situe dans unenvironnement meilleur niveau (4/4)decettedémarche. dans son environnement. L’équipe avalidéle d’Angy de l’eau), mais également l’intégration paysagère du site nementales (gestiondesdéchets, deshydrocarbures ou Ainsi, rières. car de d’exploitants représentants des nationale l’Union une L’équipe estengagéedepuis2006dans du sited’Angy d’Auxerre néral et Technologique Agricole (LEGTA) de la Brosse dans un En outre, la carrière est engagée depuis 2012 d’Angy surlacarrière.végétale régulièrement observée animale (Hirondelle de rivage, Geaides chênes…) ou découvrir 13panneaux présentant chacununeespèce flore la de et faune ont réalisé en 2011 moine naturel deleursite, lessalariésdela carrière soucieux defaire connaître augrandpublicle patri- De plus, sensibles à la protection de l’environnement et inventoriées. tion de la carrière exclut les zones où elles ont été d’exploita- périmètre floristiques, le espèces deux ces et del’éducationàlapréservation démarche de progrès environnemental par portée Une équipeengagéeenfaveur les salariés ont amélioré leurs pratiques environ- partenariat avecpartenariat le Lycée d’Enseignement Gé- . du patrimoinenaturel de l’environnement . Cesentieramène lesvisiteursà un sentier d’interprétation de la Concilier aménagement etbiodiversité duterritoire

Afin de préserver préserver de Afin - - Elèves de 1 de Elèves pérenne dessurfacesexploitées. et efficace reboisement d’un réalisation la à nécessaire triel, et à de l’équipe la carrière d’avoir d’Angy le recul nagement àlongtermedans un environnement indus- Il permetauxélèves detravaillersur unprojet d’amé- suite àl’étudeécologiquedusite. tretien…), dans le respect du cahier des charges faisant • l’analyse des plantations effectuées (taux de reprise, en- tées àleurenvironnement), tionnés d’après des critères précis (espèces locales adap- sélec- plants différents des protection la et plantation la • la zoneàreboiser etdesesabords, inventaire de un floristique, pédologique • et faunistique « Aménagement dant àlaplantationd’essenceslocales réaliser sur plusieurs années et par des élèves de 1 L’objectif avec dupartenariat lelycée estdefaire une sélectiond’espècesetdetechniquesadaptées. sement de la majorité des surfaces exploitées, il implique Le réaménagementdelacarrière consistant enunreboi- ère « Vue du sentier d’interprétation sur Vue dusentier d’interprétation l’installation de traitement d’Angy l’installation de traitement d’Angy Aménagement , : », » du lycée de la Brosse procéBrosse- la de lycée du » 63 ère

E; De Kervenoël Armançon - C. - CENB Forest - sur - Le moulin de Perrigny

La valorisation du patrimoine naturel, un outil au service du développement touristique

64 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 S. Gomez - CENB taire devalorisation desonterritoire. s’est engagée dans unedémarche volon- depuis la fin des années 1990 la commune de 20 ans maintenant. C’est ainsi que depuisprès questions d’environnement, puissance del’attentesociétale sur les çon, lesélusassistentàunemontée en Perrigny -surArman de commune la Sur tiques deleurpatrimoinenaturel. caractéris- les finement plus appréhender à commencé activement auxdifférents groupes detravail etont cipé Lors decettedernière étude,- leshabitantsontparti granulats calcaires parlasociétéLafargeGranulats. l’étude d’impact relative à la carrière de fabrication de • • uneétudescientifiquesurlesprairiesdelavallée de deuxautres étudessurleterritoire delacommune : L’année 2006aégalementétémarquée parlaréalisation patrimoine naturel delacommune. secteurs etlesvolontés etfaire depréserver connaître le compte lesenjeuxliésàlacirculation entre lesdifférents constructibles etleszonesnaturelles enprenant en zones les définit 2006. Elle en finalisée s’est d’urbanisme Après plusieursannéesd’études, communale lacarte Cincle plongeur Cincle Un plan d’interprétation etsamiseenœuvre Un pland’interprétation u l cmue e Perrigny -surArmançon de commune la sur Genèse duprojet La valorisation du patrimoine naturel dupatrimoine La valorisation ,

rondelle derivage d’Europe ; Sonneur àventre jaune les • quables. Onpeutciter : composé de quelques espèces végétales et animales remar naturel somme toute prétation apermisdemettre enévidenceunpatrimoine tection desOiseauxdel’Yonne. d’espaces naturels de Bourgogne et à la Ligue pour la Pro- Conservatoire au confiée commune la de d’interprétation forte. Elleseconcrétiseen2011parlaréalisationd’unplan connaissance acquisesurcepatrimoineestdeplusen Au seindesélusdelacommune, lavolonté departager À Perrigny Conservatoire d’espacesnaturels deBourgogneConservatoire Chargée demissions Cécile F Maire dePerrigny Éric C rivières, etripisylve avec brasmorts laprésencedu La V oquille - sur alorisation dupatrimoine naturel orest - Armançon, la réalisation de ce plan d’inter , duCincleplongeur - État deslieux sur - , delaLoche Armançon se odnie mi diversifié et mais ordinaire, assez

, duChabot,de l’ - pêcheur pêcheur , - duMartin 65 Hi- - - S. Gomez - CENB S. R. Millard - CENB Millard R. Barbastelle Bacchante

Quelles actions pour la valorisation du territoire ?

Au regard de cet état des lieux, il apparaît que la valorisa- tion de tous ces patrimoines et usages peut avoir comme fil conducteur l’exploitation des ressources naturelles par l’Homme, axé autour de quatre thématiques principales : • la roche calcaire et son exploitation ; • la forêt et sa gestion ; • l’agriculture et son impact sur les paysages ; • l’eau au cœur de la commune. Plus concrètement, cette valorisation pourra s’articuler autour de plusieurs actions en direction de divers publics : • réalisation d’outils de communication : dépliant sur la commune, livrets pédagogiques à destination des scolaires sur l’eau, la pierre et son exploitation et la forêt… ; • programmation d’animations en direction des sco-

C. Foutel - CENB Foutel C. laires et des locaux ; Limodore à feuilles avortées • réalisation d’aménagements in situ : 3 sentiers d’in- terprétation (exploitation de la pierre et agriculture, forêt, • les prairies alluviales propices à la Cigogne noire ; eau), panneau d’accueil. • les petites parcelles de pelouses calcaires riches en or- chidées dont le Limodore à feuilles avortées, une espèce Un des premiers projets à voir le jour est le sentier d’in- protégée ; terprétation sur la thématique de l’eau dont le tracé est • les forêts de plateau qui abritent notamment la Barbas- à présent finalisé. telle d’Europe (chauve - souris), le Pic mar ou encore la Cheminant le long de l’Armançon, du canal et traversant Bacchante (papillon). les prairies alluviales de la vallée, ce sentier aborde Le patrimoine culturel est quant à lui fortement lié à la plusieurs thématiques via l’implantation de 7 bornes d’in- présence d’eau avec notamment le canal, bon nombre de terprétation : lavoirs et ponts en pierres et un moulin à eau récemment • l’Armançon et ses annexes : sa dynamique fluviale, sa restauré. faune et sa flore ; Ces patrimoines naturel et culturel s’inscrivent dans un • les prairies alluviales et le bocage : leur flore et leur territoire marqué par l’exploitation de la roche calcaire faune, l’utilité des haies ; ainsi qu’une activité agricole principalement tournée vers • le canal : son histoire, son fonctionnement et ses usages. la culture céréalière intensive, à l’exception des prairies au bord de l’Armançon. Le budget de conception et d’impression des panneaux L’activité touristique est principalement centrée autour du ainsi que de la réalisation des aménagements in situ s’élève canal de Bourgogne. à près de 12 500 €.

66 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 Exemple de borne d’interprétation du sentier de l’eau

L’interprétation du patrimoine naturel

En linguistique, l’interprète a pour vocation de traduire toucher différents publics réceptifs à des modes de com- des propos ou des écrits dans une autre langue afin munication différents. que le plus grand nombre les comprenne. Dans le Les éléments issus du travail d’interprétation du patri- domaine artistique et culturel, l’interprète donne un moine naturel sont synthétisés dans un document appelé sens à une œuvre en y mêlant une approche sensible, plan d’interprétation. une part de soi. Ce document a pour objectif de faire un bilan du patri- L’interprétation du patrimoine naturel se doit donc moine naturel et culturel de la commune et de proposer de faire comprendre, éclaircir et apporter des connais- des actions concrètes qui permettent de le faire décou- sances sur le fonctionnement des écosystèmes, en y vrir à différents publics : scolaires, locaux ou touristes. Sa mêlant l’approche sensible et émotionnelle. La diversité réalisation repose donc sur plusieurs étapes qui doivent des thématiques et des angles d’approche permet de permettre de répondre à plusieurs questions.

Étapes permettant de répondre Questionnement au questionnement État des lieux du patrimoine naturel Quelles sont les richesses du territoire à valoriser ? (faune, flore, géologie) et culturel Quels sont les activités (agricoles, industrielles, touristiques) et usages au sein desquels la valorisation du patrimoine naturel devra s’intégrer ? État des lieux du contexte socio - économique Quels sont les publics potentiels pour cette valorisation du patrimoine naturel? Parmi les richesses du territoire, quelles sont celles qui se Identification, hiérarchisation prêtent le mieux à des actions de valorisation ? et localisation des thématiques d’interprétation À quels enjeux doivent répondre les actions de valorisation du Définition des objectifs d’interprétation patrimoine naturel que l’on souhaite mettre en place ? intégrant les publics ciblés Comment répondre concrètement aux objectifs d’interprétation Propositions d’actions concrètes de valorisation définis en intégrant différentes approches sensibles ?

La valorisation du patrimoine naturel 67 la Le villagedeNoyers-sur-Serein sées pourdesgroupes oudesscolaires. tous les ans. Une trentaine de visites guidées y sont organi- Actuellement, près de9 Le site, d’une surface de 8 hectares, est en visite libre. présent étérestaurées. villages deFrance d’Auxerre parmi les cent et répertoriée Serein, cité médiévale de Bourgogne, située à 40 km Le Vice Willem deB public de visiter gratuitement la totalité du site du Vieux château deNoyers. latotalitédusiteVieuxchâteau public devisitergratuitement permettantau lacréationetl’aménagementdessentiers part, mis àjouret,d’autre la restauration part, des vestiges Depuis sacréation, l’association a entrepris d’une initialla mise en valeur et l’accessibilité du site du Vieux Château. pour objectif a 1998, en fondée Noyers, de château Vieux du Association Oublié, Patrimoine Le 68 Le site du Vieux château de Noyers deNoyers Le siteduVieuxchâteau Vieux châteausurplombelevillagedeNoyers valorisation dupatrimoine naturel Projet de sentier d’interprétation surlesitedu Projet desentierd’interprétation - La Serpentine:unebaladeverte, historiqueet Président del’AssociationduPatrimoine Oublié Conservatoire d’espacesnaturels deBourgogneConservatoire - Territoires Naturels deBourgogne -N°6 -Décembre 2014 . ontjusqu’à Deuxtoursetune courtine ruyn 000 visiteurs viennent le découvrir 000 visiteursviennentledécouvrir -surSerein Noyers de château Vieux plus beaux - sur - - Coordinatrice del’associationPatrimoineCoordinatrice Oublié Emmanuelle S lopper l’associationgrâceàceprojet. site un aspect touristique et pédagogique que veut déve- nelle et une identité unique. Tous ces points apportent au ristiques écologiquesluiconfèrent unevaleurexception sa vocation historique, son intérêt paysager et ses caracté- pour laréussitedeparcours d’interprétationdequalité: Vieux château de Noyers rassemble toutes les conditions tion historiqueetenvironnemental avulejour. Lesitedu de communication), un projet de sentiers d’interpréta- (historien, archéologue, environnemental, expert chargée Grâce autravail bénévole demembres del’association environnementale imonnet -

E. Simonnet - LePatrimoine Oublié • sa valeur paysagère : l’approche visuelle du site procure des perceptions variées à travers les chemins et une déclinaison d’ambiances par alternance d’espaces ouverts et fermés. C’est une vaste étendue où se mélangent végétal et minéral. • sa valeur sociale : de par sa proximité au village, le Vieux château est un lieu de promenade et de détente pour la population nucérienne ainsi que pour les touristes (de plus en plus nombreux).

Les objectifs du projet… Panneau réalisé par l’Agence La Patate réalisé par l’Agence Panneau Ce projet d’interprétation, nommé la Serpentine, a pour Panneau de mise en valeur de la partie historique du sentier objectif de faire découvrir au public tous les volets compo- Un espace multifonctionnel sant l’ensemble du site en développant un produit d’appel touristique et pédagogique à destination des groupes à identité culturelle forte scolaires et du grand public. Ainsi, grâce à des sentiers balisés mais aussi des lieux Quatre grands types d’intérêts ont donc conduit les d’échange et d’exposition, il s’agit de : membres de l’association à mener un projet d’interpré- • Faire découvrir et mettre en valeur l’histoire du site du tation sur ce site : Vieux château à travers différentes approches : l’histoire du • sa valeur historique : au Moyen Âge, Noyers était connu château et les évènements qui s’y sont déroulés, mais aussi pour son château fortifié, enrichi par les constructions la description de la vie quotidienne dans un tel lieu. Cette d’Hugues de Noyers, évêque d’Auxerre. Après avoir été thématique sera abordée au travers d’un parcours intitulé « le théâtre de nombreux événements, cette place forte, qui La Ronde des Miles », était devenue la plus importante de Bourgogne, fut dé- • Initier à la sauvegarde de l’environnement par une prise truite sur ordre d’Henri IV, roi de France, en 1599. de conscience de la richesse, de la diversité et surtout de la • sa valeur écologique : le site possède des milieux natu- fragilité de ce patrimoine naturel via la création du parcours rels caractérisés par la présence d’un sol calcaire et dont « Le Royaume des Sens ». l’aspect est le reflet de très longues périodes de pratiques agricoles ou sylvicoles. Il ne s’agit ni d’un écosystème …et sa mise en œuvre forestier, ni d’un écosystème prairial, mais d’un écosys- tème qui lui est propre, présentant des espèces véri- Sur le site, le projet « La Serpentine » se présente sous la tablement adaptées à sa physionomie et à sa structure forme d’un huit avec une boucle dédiée à l’histoire, « La particulière. ronde des Miles », et la seconde, sous une forme plus ludique, consacrée à l’environnement et au paysage, « Le Royaume des Sens ». Ces deux boucles peuvent se visiter à la suite ou indépendamment. L’une et l’autre traverseront la basse fosse de l’ancien château où se déroulent les travaux de restauration menés par l’association. Il semble nécessaire de commencer par le parcours historique qui permettra de mettre en valeur le travail réalisé par l’association, à savoir : - la restauration des tours et de la courtine commencée en 1999,

Tracés des trois sentiers thématiques : naturel, historique et artistique

La valorisation du patrimoine naturel 69 22 ruedes Vignerons -89310Noyers Patrimoine Oublié Le l’association par géré exclusivement • • ouvertaupublicenvisitelibre toutel’année www.lepatrimoineoublie.fr [email protected] Tél : 0358160147 scolaires : de communication adaptés augrand publicetauxgroupes ne suffit pas. L’association a donc décidé de créer produit dedéveloppement local, l’implantationdepanneaux Par ailleurs, pourque ceprojet devienne véritablementun ment estalorsrebatipsé «LaCourdes ». Artistes jour : expositions, spectacles vivants et concerts. L’emplace- château, denombreux projets devraient voir artistiques le Grâce aux gradins qui aujourd’hui font face aux vestiges du de pierre, le pourcompléterleprojet : nés D’autres actionsetévènements sontégalementme- deuxième temps. Le parcours dédiéàl’environnement seraréalisédansun neaux etréaliserlesbalisagesdela«RondedesMiles». Ainsi, aujourd’hui l’association veut implanter17pan - - lesévènementsculturels quipermettent d’animerlesite. tale etgéophysique, - lesrecherches historique, archéologique, environnemen- 70 Site du Vieux châteaudeNoyers-sur-Serein Gargouillosium, s’y déroule ainsidepuis 13 ans. Conservatoire d’espacesnaturels deBourgogneConservatoire - Territoires Naturels deBourgogne -N°6 -Décembre 2014 un symposium* de tailleurs unsymposium*detailleurs - sur - Serein des outils des outils *Symposium : réunion de spécialistes autour d’un sujet précis Vestige d’unetour duchâteau guide devisiteludiquepourlegrandpublic. pédagogique pourlesgroupesport scolaires quecomme • placés surlespanneaux. mise enplaced’uneapplication associéeàdescodesQR seignant. Cesiteinternetpermettraaussideprocéder àla mais aussi une préparation des visites pour le corps en- • Un livret de visite pourenfants. autantde sup Ilservira Un site web dédié permettant une large communication durant 2013 leGargouillosium « La CourdesArtistes » -

E. Simonnet - Le Patrimoine Oublié E. Simonnet - Le Patrimoine Oublié à graminées, bosquetsethaiebocagère. talus et bancs de sable, mares, roselière, ripisylve, friche tope, offre unediversité demilieux bénéficie d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Bio- en devientpropriétaire. Yonne,LPO* 1995 en devenuGODY*, le 1989, En oiseaux. nombreux de attiré la de l’Armançon qui a rapidement dans le cours ligne de TGV a créé un plan d’eau de construction la pour granulats de l’extraction 1970, années des fin la À La ronnement yontlieurégulièrement. (STOC découverte ont été installés. Des sessions de baguage mares créées, desradeauxetunparcours de Depuis, ontétéconstruits, deux observatoires des J. P. Leau Pour ensavoirplus Ligue pourlaProtection desOiseaux-Délégation Yonne e Bas -Rebourseaux de delaRéserve ornithologique Le pland’eau réserve ornithologique deBas réserve - capture) etdes séances d’éducation à l’envi- Les milieuxnaturels de Bas La valorisation du patrimoine naturel dupatrimoine La valorisation

- : pland’eauavec Rebourseaux Guy H La réserve ornithologique La réserve ornithologique - ervé , qui Rebourseaux àVergigny Laîche blonde(stationuniquedansl’Yonne). Diverses espèces d’orchidées sont présentes ainsi que la côtoient libellules, sauterelles etMantesreligieuses. écorcheur. Couleuvres àcollieretLézards des souches dans les bosquets, le Torcol fourmilier et la Pie à cou noir, des Balbuzards pêcheurs et Milans noirs et, Sternes pierregarin, desGuifettes noires, desGrèbes d’eau, suivantlessaisons, desGarrotsd’or, àœil des Parmi les espèces rares, sur le plan on peut observer * LiguepourlaProtection desOiseaux * Groupement Ornithologique Del’Yonne Ligue pourlaProtection desOiseaux-Délégation Yonne Les espèces Sabine M ongeot - grièche 71 J. P. Leau J. P. Leau Sterne pierregarin servation deprèsdesoccupantscetespacenaturel. servation la découverte des espèces animales et végétales et l’ob- pédagogiques et crééautourdupland’eau favorise laires.Un les l’accueil d’unnombreuxsco publicetenparticulier ornithologique deBas La réserve les installationsd’accueiletdedécouverte dusite - faune paludicole, en maintenant une mosaïque d’habitats, - - Optimiserlagestiondusite - définis : gnostic écologique, quatre objectifsdegestion ont été vatoire d’espaces naturels de Bourgogne Assurée conjointementparlaLPOYonne etleConser Assurer unsuivicontinu dupatrimoinenaturel, 72 Entretenir lesmares, lesradeaux à sternes, lesîlotset Favoriser ladiversité biologique agrémenté de nombreux panneaux parcours agrémenté de nombreux panneaux La gestiondelaréserve Conservatoire d’espacesnaturels deBourgogneConservatoire - Territoires Naturels de Bourgogne -N°6 -Décembre 2014 , - Rebourseaux permet , l’avi enparticulier - L’observatoire deBas de laréserve ornithologique , suite au dia . - - - Vanneau huppé G D S P C C d’espaces naturels deBourgogne A naturels deBourgogne S M Protection deBiotope et bénéficiantd’un Arrêté Préfectoral de P artenaire ropriétaire urface ontact ommune tatut ccès estionnaire ate ilieux

de

au : :

: création : Réserve ornithologiqueenZNIEFF Réserve Pland’eauetsesalentours

20ha ( [email protected] -0386 42 9347 public s ( ) : s ( ) : ( Vergigny etSaint s s de la Réserve ornithologique de laRéserve ) : ) : Conservatoire d’espaces Conservatoire : LPOYonne : LPO et Conservatoire LPOetConservatoire accèslibre 1989 de Bas-Rebourseaux Fiche d’identité - Florentin (89) - Rebourseaux

J. P. Leau Pelouse du Tonnerrois - C. Foutel - CENB La valorisation du patrimoine naturel dupatrimoine La valorisation Annexes 73 Bibliographie

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Reptiles et amphibiens PATRIMOINE NATUREL • 228 amphibiens et reptiles d’Europe Arnold N. & D. Ovenden. • Éboulis calcaires de la vallée de l’Armançon Guide Herpéto. Delachaux et Niestlé. 2010. Inventaire National du Patrimoine Naturel - Minis- • Guide photographique des reptiles et amphibiens d’Europe tère de l’Écologie, du Développement Durable et de Kwet A. Delachaux et Niestlé. 2009 l’Énergie (2014) • Guide des amphibiens d’Europe http://inpn.mnhn.fr/docs/natura2000/fsdpdf/ Nöllert A. & C. Delachaux et Niestlé. 2003 FR2601004.pdf • Natura 2000 Pique - Prune www.bourgogne.developpement-durable.gouv.fr/natu- • Osmoderma eremita (Scopoli 1763) dans l’Yonne : ra-2000-r219.html une nouvelle station menacée (Coleoptera Cetoniidae). • Directive Habitats - Faune - Flore Dirksen T. et Meriguet B, 2009. L’entomologiste 65 (1) : http://ec.europa.eu/environment/nature/legislation/ha- 17 - 21. bitatsdirective/index_en.htm • Ethology ans distribution of the « Hermit beetle » in France (Coloeptera, Cetoniinae, Osmodermatini). Tauzin P., 2005. Cetoniimania : 131-153.

74 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 • Le pique-prune, histoire d’une sauvegarde. • Site collaboratif du schéma de la trame écologique Vignon V. ,2006. OGE, Cofiroute et Catiche produc- régionale tion, 32 p. http://tc.alterre-bourgogne.org/index.php • Biologie d’une espèce menaçante : le Pique - prune ou comment concilier protection d’une espèce et sécurité Continuité écologique sur les cours d’eau du grand public ? Meriguet B, Dirksen T. et Schmitt C., 2012. Bour- • Pourquoi rétablir la continuité écologique des cours d’eau gogne - Nature (16) : 213-214. Ministère de l’écologie du développement durable et de • État de conservation du Pique - prune (Osmoderma la pêche. 26 p. ONEMA, 2010. http://www.bourgogne.de- eremita) en France, en Bourgogne et dans l’Yonne. veloppement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Brochure-conti- Meriguet B, Dirksen T. et Schmitt C., 2012. Bour- nuite_cle058b11-1.pdf gogne - Nature (16) : 215-216. • Life sur les continuité écologiques http://www.trame- • Qui sauvera le Pique - prune dans l’Yonne ? verteetbleue.fr/sites/default/files/references_bibliogra- Meriguet B, Dirksen T. et Schmitt C., 2012. Bour- phiques/brochure_continuite_ecologique.pdf gogne - Nature (16) : 217-219. Patrimoine naturel et exploitation de la Papillons roche massive • Guide complet des papillons d’Europe et d’Afrique du Nord • Les carrières de roches dures, un projet de territoire Collectif. Delachaux et Niestlé. 1991. naturel et humain Cahier technique, Conservatoire d’espaces naturels Odonates Rhône - Alpes (2014) • Cahier d’identification des libellules de France, Bel- Michel Delamette, coordonné par Pascal Faverot. gique, Luxembourg et Suisse www.cen-rhonealpes.fr/wp-content/uploads/2014/04/ Grand Daniel, Boudot Jean - Pierre et Doucet Guil- CTcarrieres-roches-dures.pdf laume. BIOTOPE Editions 2014 • La pierre de Bourgogne • Guide des libellules de France et d’Europe www.pierre-bourgogne.fr/la-pierre-en-bourgogne/tou- Dijkstra K. D. B. Delachaux et Niestlé. 2009 risme-et-pierre-de-bourgogne_fr_07_02.html • La clé de détermination des exuvies des odonates • Les bassins d’extraction de France www.pierre-bourgogne.fr/carrieres/les-bassins_fr_ Doucet G. Société Française d’Odonatologie. 2010 int_000091.html • Plan national d’actions 2010 - 2013 en faveur des • Géologie de la Bourgogne Odonates www.pierre-bourgogne.fr/carrieres/geologie_fr_05_01. Dupont P. OPIE - SFO. html

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE VALORISATION DU PATRIMOINE ET BIODIVERSITÉ NATUREL ET DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE • Espaces Naturels Sensibles de l’Yonne www.cg89.fr/Territoire-et-Economie/Environnement/ • Office du Tourisme du Tonnerrois Protection-et-preservation-des-espaces-naturels-sen- www.tourisme-tonnerre.fr sibles • Guide touristique du Tonnerrois 2014 www.pays-tonnerrois.fr/sites/default/files/guidetouris- Trame Verte et Bleue et corridors tique_2014.pdf • Trame verte et bleue • Au fil de l’Armançon www.trameverteetbleue.fr Côte - d’Or tourisme • Vers un schéma de cohérence écologique www.cotedor-tourisme.com/fics_monespacetourisme/ DREAL Bourgogne et Région Bourgogne. rav/photo/original/31259_2013-bourgogne-velo-fil-ar- Le Sabot de Vénus n°34 pp. 14 et 15. 2011. mancon.pdf Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne. • Le Patrimoine Oublié, Association du Vieux Château de • La Bourgogne défend sa trame orange Noyers Gomez S. & E. Weber. Espaces naturels 34. 2011 www.lepatrimoineoublie.fr

Bibliographie 75 Auteurs

• Bardet Olivier - Sirugue Daniel Directeur de la délégation Bourgogne du Conservatoire Président Botanique National du Bassin Parisien Mail : [email protected] Muséum National d’Histoire Naturelle Département « écologie et gestion de la biodiversité » • Coquille Éric UMS « Inventaire et suivi de la biodiversité » Maire de Perrigny-sur-Armançon Maison du Parc naturel régional du Morvan Président du Syndicat Mixte pour la Réalisation des 58230 Saint-Brisson Travaux d’Aménagement de la vallée de l’Armançon Tel. : 03 86 78 79 60 - Mail : [email protected] (SIRTAVA) http://cbnbp.mnhn.fr/cbnbp/ 13 Rue Rougemont 89700 Tonnerre Tél. : 03 86 54 87 08 • Biton Robert www.bassin-armancon.fr Président de la Société d’Archéologie et d’Histoire du Tonnerrois (SAHT) • De Bruyn Willem 1 rue du Prieuré - BP51 - 89700 Tonnerre Vice-Président Mail : [email protected] Le Patrimoine Oublié http://sahtonnerre.jimdo.com/ 22 rue des vignerons 89310 Noyers - sur - Serein Tel. : 03 58 16 01 47 - 06 03 13 55 90 • Bouilhac Jean-Pierre Mail : [email protected] Conseiller général de Cruzy-le-Châtel www.lepatrimoineoublie.fr Membre de la Commission Agriculture, Environnement et Cadre de vie • Dollat Hugues Conseil Général de l’Yonne Directeur Adjoint Hôtel du Département - 89089 Auxerre Cedex DREAL de Bourgogne (en 2012) Tél. : 03 86 72 89 89 19 bis - 21 Boulevard Voltaire www.cg89.fr BP 27 805 - 21 078 Dijon cedex www.bourgogne.developpement-durable.gouv.fr • Bouzendorf François Chargé de missions • Fayoux Xavier Ligue pour la Protection des Oiseaux de l’Yonne Chargé de mission Ressources Minérales et Patrimoine 14 avenue Courbet - 89000 Auxerre Géologique Tél. : 03 86 42 93 47 - Mail : [email protected] DREAL Bourgogne http://lpo.yonne.free.fr 19bis - 21 Bd Voltaire - BP27805 - 21078 Dijon cedex Tel. : 03 45 83 22 12 • Conservatoire d’espaces naturels de Mail : [email protected] Bourgogne www.bourgogne.developpement-durable.gouv.fr Chemin du Moulin des Etangs - 21600 Fenay Tél. : 03 80 79 25 99 - www.cen-bourgogne.fr • Fourcade André - Brey-Xambeu Juliette Maire de Tonnerre et Président du Pays du Tonnerrois Chargée de communication (en 2012) Mail : [email protected] Pays du Tonnerrois - Diaz Cécile 2 Avenue de la Gare - 89700 Tonnerre Chargée de missions Tél. : 03 86 54 46 47 Mail : [email protected] Mail : [email protected] - Forest Cécile www.pays-tonnerrois.fr Chargée de mission Mail : [email protected] - Gamelon Romain Directeur Mail : [email protected]

76 Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne - Territoires Naturels de Bourgogne - N°6 - Décembre 2014 • Gaillard Lucille • Paquette Tiphaine Animatrice SAGE Armançon - Chargée de mission Association Pierre de Bourgogne agriculture CGAA CCI Côte - d’Or SIRTAVA 2 avenue de Marbotte - BP17440 21074 - Dijon Cedex 58 ter rue Vaucorbe - 89700 Tonnerre Tél. : 03 80 65 92 57 Tél. : 03 86 55 40 03 - Mail : [email protected] Mail : [email protected] www.bassin-armancon.fr www.pierre-bourgogne.fr

• Govin Vincent • Peretz Guy Animateur Pôle Rivière Directeur de l’Environnement SIRTAVA Conseil général de l’Yonne 58 ter rue Vaucorbe - 89700 Tonnerre Hôtel du Département - 89089 Auxerre Cedex Tél. : 03 86 55 40 09 Tél. : 03 86 72 89 89 Mail : [email protected] www.cg89.fr www.bassin-armancon.fr • Pinte Pierre • Hervé Guy Responsable Qualité - Sécurité - Environnement Carrières Président EIFFAGE Travaux Publics Région Est - Parc Saint Jacques 2 Ligue pour la Protection des Oiseaux de l’Yonne 5 rue Alfred KASTLER - 54320 Maxeville 14 avenue Courbet - 89000 Auxerre [email protected] Tél. : 03 86 42 93 47 - Mail : [email protected] www.eiffage.com http://lpo.yonne.free.fr • Rousselet Alain • Lacarrere Marlène Président Chargée de mission hydromorphologie - SIRTAVA (en Société des Sciences Naturelles et d’Histoire de la vallée 2012) de l’Armançon 13 Rue Rougemont - 89700 Tonnerre Mairie - 89390 Cry www.bassin-armancon.fr [email protected]

• Lerat Damien • Simonnet Emmanuelle Chargé d’études faune sauvage Coordinatrice de l’association Société d’histoire naturelle d’Autun (SHNA) Le Patrimoine Oublié Maison du Parc - 58230 Saint - Brisson 22 rue des vignerons - 89310 Noyers Sur Serein Tél. 03 86 78 79 72 - Mail : [email protected] Tél. : 03 58 16 01 47 - 06 03 13 55 90 www.shna-autun.net Mail : [email protected] www.lepatrimoineoublie.fr • Moës Mathieu Assistant d’opérations Rivières • Streit Gilles Référent continuité - Grenelle Président de la Charte Environnement en Bourgogne - Agence de l’Eau Seine - Normandie Franche - Comté Direction Territoriale Seine - Amont HOLCIM Granulats 18 cours Tarbé - CS 70702, 89107 Sens cedex Mail : [email protected] Tél. : 03.86.83.16.40 - Mail : [email protected] www.holcim.fr www.eau-seine-normandie.fr Merci à Théo Dirksen pour ses éclairages sur le • Neuville Camille Pique - prune, à Jean-Paul Leau pour les belles pho- Responsable foncier-environnement tos, à Marina Voisinot pour son aide ainsi qu’aux LAFARGE Granulats équipes du Pays du Tonnerrois et du SIRTAVA. ZI - 7 rue du Saut du Lièvre 77876 Montereau Fault Yonne Tél. : 01 60 73 54 40 Mail : [email protected] www.lafarge-france.fr

Auteurs 75 Le Tonnerrois

Le Pays du Tonnerrois compte 81 Le Tonnerrois s’organise principalement autour de la vallée du communes réparties sur 5 cantons : Ton- Serein et des plateaux forestiers des cantons de Cruzy - le - Châtel nerre, Cruzy - le - Châtel, Ancy - le - Franc, et Tonnerre, entaillés par la vallée de l’Armançon. Plus connu pour Noyers - sur - Serein, Flogny-la-Chapelle. Ce son histoire, son patrimoine culturel et architectural et son terroir, territoire de 1 210 km² est un bassin de vie le Pays du Tonnerrois présente aussi des enjeux écologiques pour 24 986 habitants. concernant notamment la biodiversité, la continuité écologique des cours d’eau et l’exploitation des roches calcaires. Le Serein - G. Doucet - CENB - G. Le Serein

ISSN 2104 - 2411

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