SALLE PLEYEL CENTRE ARTISTIQUE DE PARIS Administrateur général : Henri VIEILLARD-BARON

FESTIVAL FESTIVAL D'AUTOMNE ESTIVAL A PARIS DE PARIS

JEUDI 18 SEPTEMBRE 1975

NEW YORK PHILHARMONIC

DIRECTION:

PIERRE BOULE/

La tournée européenne du a pu être réalisée grâce à undon d'IBM WORLD TRADE CORPORATION Le New York Philharmonic enregistre en exclusivité sur disques CBS

Piano STEINWAY

Représentant en France : Bureau International des Concerts et Conférences Ch. et C. KIESGEN, 252, Faubourg Saint-Honoré, 75008 PARIS Tél. 924-21-25

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés LE NEW YORK PHILHARMONIC ETSON PASSE

Il y a quelques années le critique américain James Huneker put Le hombre des solistes de premier plan qui se sont produits avec écrire :« L'histoire du Philharmonique de New York est celle-là le New York Philharmonie n'est pas moins impressionnant :Isaye, même de la musique aux Etats-Unis ». Ce faisant il ne se contentait Bull, Gottschalk, Sarasate, Wieniawsky, Vieuxtemps, Casals, Thibaud, pas de résumer en une phrase l'activité ininterrompue de l'orchestre Busoni, AlmaGluck,Hofmann,Carreno,Joseffy,Feuermant4 depuis 1842 mais soulignait aussi le travail de pionnier qui fit de Schnabel, Cortot, Kreisler, Rachmaninov, Lilli Lehmann, Lhevin.ne, cet orchestre le chef de file de toute une tradition musicaleassocier Nordica, Horowitz,Heifetz,Casadesus,Rubinstein, Paderewsky, les ,oeuvres nouvelles à celles qui sont déjà familières au public. Schumann-Heink, Flagstadt, Tourd, Novaes, Milstein, Hess, Stern, Tebaldi,Cliburn,Anderson,aistrakh,Farrel,Szigeti,Serkin, Le Philharmonique de New York fut fondé en tantque coopérative Schwartzkopf,Piatigorsky,Menuhin,Lotte Lehmann,Melchior, à une époque où un Washington Irving quittait les U.S.A.pour Francescatti, Guilels, Richter, Sutherland, Nilsson, Rostropovitch... devenir diplomate à Madrid, où Charles Dickens faisait en Amérique sa première tournée de « conférences », où Longfellow, Fenimore Le New York Philharmonie (et le New York Symphony avec lequel Cooper et Walt Witman écrivaient leurs .oeuvres les plus célèbres. il fusionna en 1928) fut également le premier à joueren Amérique Le téléphone, l'automobile, l'avion, le phonographe, la radioet la un grand nombre d'oeuvres du répertoire, parmi lesquelles on pourrait télévision étaient encore envisagés comme des miracles. New York rappeler les Huitième (1844) et Neuvième (1846) Symphonies de ne comptait que 412.710 habitants... Beethoven, le Romeo et Juliette (1876) puis les Quatrième (1890) et Sixième (1894) Symphonies de Tchaïkovsky, la Quatrième de Le Philharmonie poursuivit son effort en tant que coopérative durant Brahms (1886), Mort et Transfiguration de Richard Strauss (1892), quelque soixante-dix ans, date à laquelle Gustav Mahleren devint le Concerto pour violon de Sibelius (1906, les Première, Deuxième, directeur musical (1909) :jusqu'alors c'étaient les instrumentistes Quatrième et Sixième Symphonies de Mahler (1909, 1908, 1904et eux-mêmes qui fournissaient l'argent nécessaire à l'organisation des (11994374), enfin, de Hindemith, la Symphonie « Mathis le Peintre » concerts.

Le New York Philharmonie était né au moment propice, alorsque Plus importantes encore paraîtront des premières mondialesd'ceuvres l'« orchestre symphonique », tel que nous leconcevons de nos jours, telles que la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak (1893), le en était encore à une phase embryonnaire, où Beethoven, Schubert 3e Concerto pour piano de Rachmaninov (1909), le Concertoen fa et Weber étaient encore considérés comme des compositeurs« mo- de Gershwin (1925), les Métamorphosessur des thèmes de Weber dernes »,où Berlioz,Schumann, Wagner etVerdiétaientdes de Hindemith (1944) ou la Deuxième Symphonie de CharlesIves « contemporains ». Brahms, Tehaïkovsky et Dvorak étaientencore (1951). Les années récentes ontvu se multiplier les créations de en culottes courtes. compositeurs américains, tels que Copland, Barber, William Schu- man, , Leon Kirchner, Elliott Carter, Lukas Foss. C'est sur ce décor historique qu'il faut apprécierle fait que le Pour le 125' anniversaire de sa fondation, la Sociétécommanda des Philharmonique de New York devint le premier orchestrepermanent oeuvres nouvelles à dix-huit compositeursMilton Babbitt, Richard- créé aux Etats-Unis, après seulement sixdevanciers en Europe Rodney Bennett, Luciano Berio,ElliottCarter, Aaron Copland, en Norvège, à Leipzig, Londres, Paris, Liverpool et Vienne. Les Roberto Gerhardt, Howard Hanson, Roy Harris,Leon Kirchner, autres orchestres permanents d'Amériquene naquirent qu'après la Fredric IVIyrov, Nicolas Nabokov, Walter Piston, WilliamSchuman, Guerre de Sécession lorsque lepays entra dans une période de RogerSessions,Rodion Chedrine, KarlheinzStockhausen, Tons croissance industrielle et économique rapide.Furent alors créés, en Takemitsu et Virgil Thomson. 1878, l'Orchestre Symphonique de New York(qui devait se fondre avec son aîné cinquante ans après, en 1928), deuxans plus tard Le Philharmonique de New York avait donnéson premier concert l'Orchestre Symphonique de Saint- Louis et le Symphony, le 7 décembre 1842 dans lessalles Apollon situées en bas de en 1881. Dix ans encore et ce sera la fondation del'Orchestre Broadway. Trois chefs s'en partageaient ladirection :Ureli Corelli de Chicago puis, au cours des deuxdécennies suivantes, de ceux Hill, fondateur et premier président dela Société, H. C. Timm et de , Philadelphie, Minneapoliset San Francisco. L'Or- George Loder. Durant toute la premièredécennie de son existence, chestre de Cleveland est le plus jeune,ayant été fondé à la fin la Philharmonie offrit ainsila place de chef à plusieurs artistes, de la Première Guerre mondiale,en 1918. 11est vrai que des simultanément, et ceci jusqu'àce que en devint ensembles plus ou moins éphémèresavaient été créés dès 1809 à le premier chef d'orchestre régulier,en 1852. Baltimore, en 1810 à Bostonet en 1821 à Philadelphie. Mais aucun ne s'était maintenu, alors qu'une Société Philharmoniquede New Sans même tenir compte de l'instabilitépolitique qui agita les pays York avait été mise sur pied dès 1800,reconstituée vingt ans plus germaniques au milieu du XIX' siècle(instabilité qui amena nombre tard et put réapparaîtreencore avec la formation de la New York de musiciens de talent à émigreren Amérique), plusieurs orchestres Philharmonie Society, en 1842. allemands firent de longs séjoursaux U.S.A. Parmi ceux-ci, l'Or- chestrede Germanie donna vingt Au cours de la première saison, concertsà New York età les souscripteurs de la New York Brooklyn au cours d'unesaison de cinq semaines. Bienque ces Philharmonie Society eurent àpayer dix dollars pour trois places manifestations aient été des fiascos financiers, à chacun des trois concerts donnés. nées ensuite (à Washington celles qui furent don- Petit à petit le nombre deces ou en Nouvelle-Angleterre et tout par- concerts en souscription vaaugmenter. A la veille de la Guerre de ticulièrement à Boston) s'attirèrentune vaste audience. Ainsi l'in- Sécession ilsétaient de cinq et au fluence de cet orchestre fut-elle de ce siècle cours de la première décennie grande et, au cours de ses six années ilétait passé à dix-huit. LorsqueMahler devint, en d'existence,il donna des concerts danspratiquement toutes les 1909, directeur musical duPhilharmonie, le nombre des grandes villes des U.S.A. Son atteignit concerts animateur, Karl Bergmann, allait de- cinquante-quatre et la saison duravingt-troissemaines. venir, par la suite, le premier chefd'orchestre de quelque importance Pendant la dépression économique desannées 30 la saison ne durait ayantlaresponsabilité du New York Philharmonie, placequ'il pas moins de vingt-huit semaines et le nombre deconcerts touchait occupa plus de dix ans, jusqu'en 1875. Aucours de cette décennie la centaine. Aujourd'hui, environdeux cents concerts sont donnés il acquit une notoriété définitivepar ses interprétations de la musique au cours des cinquante-deux semaines de l'année. Le NewYork d'avant-garde de l'époque :Berlioz, Liszt, Wagner. Philharmonie fut le premier orchestre américainà être en activité absolument toute l'année. , qui avait été l'assistant de Lisztà Weimar, fonda l'Oratorio Society en 1873 et le New York Symphony, déjà Nombreux sont les compositeurs de premier plan qui vinrentdiriger cité, en 1878. Auparavant, il avait été engagécomme chef du Phil- leurs ,oeuvres à la tête du New York Philharmonie: citons Anton harmonie pour la saison 1876-1877. Lui succéda un Américain né Rubinstein, Victor Herbert, Richard Strauss,Saint-Saëns, d'Indy, en AllemagneThéodor Thomas qui, dès 1864, avait rassemblé un Arthur Honegger, Ravel, Milhaud, Roy Harris, Enesco, Villa-Lobos, orchestre qui, se produisant à New York, avait constitué une concur- Respighi, Rachmaninov, Bartok, Bernstein, Prokofief, Carlos Chavez, rence des plus dynamiques à la Société Philharmonique. La consé- Stravinsky, Hindemith, Aaron Copland et Lukas Foss. Tchaïkovsky quence en avait été l'amélioration du niveau de chacun des deux dirigea l'orchestre lors des cérémonies d'ouverture du Carnegie Hall, orchestres qui s'agrandirent et engagèrent de meilleurs instrumen- en 1891. tistes afin de pouvoir aborder des programmes plus varies et d en

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés affiner les exécutions. En 1877 Thomas prenait donc la tête de son première tournée européenne. C'est sous la férule de Toscanini qu'en rival et c'est sous sa férule (1877-1891) que le New York Philhar- 1930 le New York Philharmonie réalisa sa première émission de monie acquit les qualités d'un orchestre virtuose. Après une saison radio pour laColumbia Broadcasting System (C.B.S.), que Pro- confiée à , c'est , ancien secrétaire kofieff créa son 3' Concerto pour piano et que Otto Klemperer de Wagner, qui hérita de l'orchestre (1891-1898). Il était un inter- dirigea la première américaine de la Symphonie « Mathis le Peintre » prète presque sans rival des ,oeuvres de son maître et força l'en- de Hindemith. thousiasme des « conservateurs » aussi bien que des avant-gardistes par le romantisme enflammé de ses exécutions. Si ses conceptions Lorsque Toscanini se démit de ses fonctions, en 1936, l'orchestre de la musique de Liszt, Wagner, Berlioz, Tchaïkovsky et Strauss fut confié, jusqu'en 1941, à , après quoi une nouvelle ne lui valurent que des éloges, il encourut, cependant, les critiques période de deux ans, consacrée à des chefs invités, prit fin, en 1943, acerbesdestraditionnalisteschaquefoisqu'ilabordaMozart, avec l'engagement d'Arthur Rodzinski. L'année précédente,déjà, Beethoven et Haydn (qu'il jouait sans doute pour la première fois Rodzinski avait été chargé du concert qui devait marquer, à Carnegiè de sa vie à New York) Néanmoins, le nombre de concerts donnés Hall, le centenaire de l'orchestre. C'est durant le règne de Rodzinski sous sa direction dut augmenter, tant la demande du public était (1943-1947) que Bela Bartok et sa femme, Ditta Pasztory, jouèrent, grande, ce que confirme une situation financière soudain plus floris- pour la première fois avec le Philharmonie, le Concerto pour deux sante. C'est Anton Seidl qui dirigea, notamment, le 16 décembre 1893, pianos du compositeur hongrois (1943). C'est cette même année 1943,, la première audition mondiale de la Symphonie du Nouveau Monde le 14 novembre, que Leonard Bernstein y fit des débuts specta- de Dvorak. culaires, devant remplace, in extremis un chef défaillant. William Steinberg, Georg Szell et Darius Milhaud montèrent également pour , transfuge du Boston Symphony, fut aussi un champion la première fois au pupitre du Philharmonie au cours de ces années. de la « musique nouvelle » et acquit une gloire définitive avec le New York Philharmonie lorsqu'il y imposa les poèmes symphoniques Après la démission de Rodzinski, fut nommé conseiller de Strauss etfit connaître la musique de Sibelius au public new musicalpourdeuxans,puisLeopoldStokovskyetDimitri yorkais. A leur tour, les quatre ans durant lesquels il dirigea l'or- Mitropoulos furent nommés chefs principaux (1949-1950). En 1951, chestre (1898-1902) firent de sa personnalité puissante et de son Mitropoulos devint directeur musical, poste qu'il occupa jusqu'en style ample un constant sujet d'intérêt et de controverses. 1957, après quoi il partagea, avec Leonard Bernstein, le titre de chef principal. Bernstein lui succéda à la fin de 1958 comme directeur La 61' saison du New York Philharmonie fut confiée à Walter musical, premier musicien né américain et ayant fait ses études eh Damrosch qui, depuis 1885, dirigeait le New York Symphony et le Amérique, à obtenir ce titre. Leonard Bernstein le garda dix ans, dirigera encore jusqu'à ce qu'il fusionne, en 1928, avec son aîné. après quoi, à la fin de 1969, feu devint conseilluf mu- Auparavant, Damrosch avait persuadé Andrew Carnegie que la ville sical et principal chef invité. C'est à la fin de 1971 que manquait d'une salle de concert répondant aux besoins nouveaux. devint directeur musical du New York Philhamonic. Carnegie Hall avait été inauguré le 5 mai 1891 et, dès l'année sui- vante, devint, pour soixante-dix ans, le port d'attache du New York En 1958 la première retransmissiontélévisée(C.B.S.) d'un des Philharmonie. concerts pour la jeunesse dirigé par Leonard Bernstein fut un véri- table événement historique.Aujourd'hui, touteslessaisons,ces Entre 1903 et 1906, l'orchestre futconfié à des chefs étrangers concerts pour la jeunesse sont diffusés à travers tous les Etats-Unis parmi lesquelsilfaut citer Felix Weingartner, Richard Strauss et et dans quelque trente pays du monde. :Victor Herbert fut le seul Américain à monter au pupitre au cours de cette période. En 1906, c'est le chef russe Parmi les innombrables chefs d'orchestre qui se sont produits avec Wassily Safonoff qui prit l'orchestre en main jusqu'en 1909, date le New York Philharmonie au cours des dernières années, il faut à laquelle il laissa la place à , plus connu à l'époque citer Serge Koussevitzky, Erich Kleiber, Sir Thomas Beecham, Pierre comme chef d'orchestre que comme compositeur. C'est alors que Monteux, Fritz Reiner, Guido Cantelli, Thomas Schippers, Ernest les 18 concerts de la saison passèrent à 54 et que l'orchestre entre- Ansermet, Charles Münch, Joseph Krips, William Steinberg, Herbert prit sa première tournée à travers le pays. C'est Mahler lui-même von Karajan, , Claudio Abbado, Sir John Barbirolli, qui dirigea la création américaine de sa 1" Symphonie ainsi que Colin Davis, Stanislas Skrowatchevsky, Carlo-Maria Giulini, Dean diversfestivals Wagner etfestivals Tchaïkovsky au cours de sa Dixon, Michael Tilson-Thomas et Karel Ancerl. première saison. Mahler ne resta que deux ans à la tête de l'or- chestre mais c'est au cours de cette période que le nombre de En s'installant au New Philharmonie Hall du Lincoln Center (1962), concerts devint suffisant pour employer les instrumentistes à plein l'orchestre trouvait enfin un refuge définitif après une quête de plus temps et non plus à la vacation. de cent ans. Depuis quelque soixante-dix ans (1892-1962) il se pro- duisait à Carnegie Hall après avoir pérégriné parmi quelque neuf Joseph Stransky reprit la baguette en 1911 et la conserva jusqu'en salles de concert différentes (dont l'ancien Metropolitan Opera, au 1921. Le New York Philharmonie continuait de faire entendre les cours des six années précédant la construction de Carnegie Hall). « modernes » Brahms,Strauss, Tchaïkovsky etLiszt. Parmi les Depuis cette installation au Philharmonie Hall, l'orchestre a encore musiques les plus récentes furent données la Rapsodiepour clarinette développé sesactivitésd'été grâce à des « Concerts-promenades » de Debussy, Pelléaset Mélisande de Schünberg, Ma Patrie,de inaugurés en 1963, à des festivals et, depuis 1965, à des concerts Smetana, la Symphonie Alpine de Richard Strausset la 20 Sym- gratuits donnés en plein air, étant offerts par la municipalité et une phonie de Sibelius. C'est enfin l'époque du premier enregistrement société privée,laJos.Schlitz Brewing Company. Ces exécutions, effectué par l'orchestre, pour la Columbia, en janvier 1917. Durant données dans les différents parcs de la ville, ont mobilisé un public la même période,le New York Symphony (fondé en 1878 par évalué à quelque 75.000 personnes. Leopold Damrosch et sous la direction de )opposa une concurrence acharnée au New York Philharmonie. Darnrosch, Le New Philharmonie part, en outre, en tournée presque chaque qui avait le génie de la publicité, entraînanotamment son ensemble été. Depuis quarante ans, date à laquelle il« sortait » pour la pre- dansla première tournée européenne jamaisentreprisepar un mière fois (sous la direction de Toscanini), l'orchestre s'est rendu orchestre américain, dix ans avantque le New York Philharmonie dans quelque trois cents villes de trente-huit pays différents,tant se risque, à son tour, à un voyage en Europe. Un autre orchestre en Europe que dansle Proche et l'Extrême-Orient, l'Amérique était même apparu à New York dans le mêmetemps qui prit le nom Centrale et du Sud. Parmi ces tournées triomphalesil faut citer de National Symphony. Nombre deses pupitres étaiént tenus par celleseffectuées en Europe et en Israël en 1968 et la seconde lesmeilleurs instrumentistes du mondeetcet oréhestre de luxe effectuée au Japon, en 1970. Le 7 décembre 1967, le New York n'avait d'autre chef que Willem Mengelberg. Le New York Phil- Philharmonie célébra son 125°anniversaire en rejouant le même harmonie put néanmoins fusionner avec lui à lafin de la saison programme que celui qui avait été proposé à la même date, en 1842. 1921-1922, tandis que 1922 lui ouvrait les portes des studios de Le public comprenait quelque deux cents artistes qui s'étaieni---" radio. C'est en 1924 que, sous la direction d'Ernst Schelling, le produits déjà, en tant que solistes, chefs d'orchestre ou compoSiefeitr New York Philharmonie donna son premier concert destiné à la avec l'orchestre, sans parler de ses anciens membres, tous ayant joué jeunesse. Au cours de ces « années folles », enfin, la Philharmonie un rôle important dansl'histoire du New York Philharmonie. de New York invita des musiciens tels que Bruno Walter (1923), Rendant compte de cette soirée dans le New York Times, le cri- Wilhelm Furtwângler,IgorStravinsky (1925), Arruro Toscanini tique Harold Schünberg devait écrire : « C'était la plus illustre (1926) et Maurice Ravel (1928). assemblée de toute l'histoire musicale de New York... Il s'agissait d'unanniversairesolennel : lePhilharmonie,quia une telle Après la fusion des deux phalanges new yorkaises, en 1928, c'est signification danslaviemusicaledupays,franchissaitune qui fut nommé chef principal, Willem Mengelberg étape nouvelle... C'était son 7.379e concert (recensé) :Ureli Corelli devenant chef associé. En 1930, Toscanini devint directeur musical Hill et les autres fondateurs de l'orchestre ont apporté infiniment et l'orchestre paracheva une réputation internationale lors de sa plus qu'ils avaient pu seulement le rêver.

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés PIERRE BOULEZ

1925. Naissance à Montbrison (Loire), le 26 mars. 1958. Création de Poésie pour pouvoir, pour récitant, orchestre et Premières études de piano. bande magnétique, sur un texte d'Henri Michaux, sous la Etudes secondaires à Montbrison, puis à Saint-Etienne. direction de Hans Rosbaud et Pierre Boulez, à Donaueschingen. 1941. Classe de mathématiques spéciales à Lyon pour préparer le 1959. Se fixe à Baden-Baden, à l'invitation du Siidwestfunk et de concours d'entrée à l'Ecole polytechnique. Heinrich Strobel. Le Domaine Musical passe au Théâtre de France. 1942. Se consacre définitivement à la musique et s'installe à Paris. Création de Tombeau, pour orchestre, à Donaueschingen. 1944. Est admis dans la classe d'harmonie d'Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris. 1960. Création de Pli selon pli (Don, Improvisations I, II, III, Tombeau), sous la direction de Pierre Boulez, à Cologne. 1945. Obtient le premier prix d'Harmonie et quitte le Conservatoire. Cours d'analyse et de composition musicales à Bâle ;cet Travaille parallèlement le contrepoint avec André Varabourg, enseignement se poursuivra jusqu'en 1962. la composition avec Olivier Messiaen et la technique dodé- caphonique avec René Leibowitz. 1961.Compose le Deuxième Livre de Structures pour deux pianos. 1962-1963. Professeur invité à la Harvard University. 1946. Nommé directeur de la musique de scène à la Compagnie Création du Deuxième Livre de Structures, par Yvonne Loriod Renaud-Barrault. et Pierre Boulez, à Donaueschingen. Compose la Sonatiee pour flûte et piano, la Première Sonate pour piano et la première version du Visage Nuptial pour 1963 Dirige « Le Sacre du Printemps » de Stravinsky à l'Orchestre soprano, alto et orchestre de chambre, sur des poèmes de National, la création française de « Wozzeck » de Berg à René Char. l'Opéra, et la création des « Sept Hai-Kai » de Messiaen au Domaine Musical, à Paris. 1947-1948. Compose la Deuxième Sonate pour piano et la première Publie Penser la musique aujourd'hui. version du Soleil des Eaux, «spectacle pour une toile de pêcheurs » pour la Radiodiffusion française. 1964 Compose Eclat, pour quinze instruments. 1949. Compose le Livre pour quatuor. Création de Figures - Doubles - Prismes, pour orchestre, sous la direction de Pierre Boulez, à Bruxelles. 1950. Création de la Deuxième Sonate pour piano par Yvonne Loriod, à Paris. 1965 Création d'Eclat, sous la direction de Pierre Boulez, à Los Angeles. Création partielle du Soleil des Eaux, pour soprano, ténor, basse, choeur et orchestre, sur des poèmes de René Char, sous Cours de Direction d'orchestre à Bâle. la direction de Roger Désormières, à Paris. 1966.Dirige« Parsifal »à Bayreuth,àl'invitation de Wieland Wagner, puis « Tristan und Isolde » au Japon, avec la Compa- 1951.Seconde version du Visage Nuptial, pour soprano, contralto, gnie de Bayreuth. choeur et orchestre. Création de Polyphonie X, pour dix-huit instruments solistes, 1967.Invité par le Cleveland Orchestra qu'il dirigera chaque saison sous la direction de lians Rosbaud, au Festival de Musique jusqu'en 1972. Contemporaine de Donaueschingen. Cède la direction du Domaine Musical à Gilbert Amy. 1952. Réalise deux Etudes de musique concrète au Groupe de 1968.Création du Livre pour Cordes, sous la direction de Pierre Recherches de la Radiodiffusion française. Boulez, à Londres. Création du Premier Livre des Structures pour deux pianos, Création de Domaines, pour clarinette et vingt etun instru- par Pierre Boulez et Olivier Messiaen, à Paris. ments, sous la direction de Pierre Boulez, à Bruxelles. 1954. Fondation des Concerts du Petit-Marigny,sous le patronage 1969. Nommé chef permanent du B.B.C. Symphony Orchestraà de la Compagnie Renaud-Barrault. Londres. Compose Le Marteau sans Maître, pour voix d'altoet six Dirige pour la première fois l'Orchestre Philharmonique de instruments, sur des textes de René Char. New York, dont il prendra la directionen 1971. Version définitive de Pli selon pli, sous la direction dePierre Boulez, à Londres. 1955. Les Concerts du Petit-Marignyprennent le nom de Domaine Musical. 1970. Commence à composer Multiples,pour orchestre, et Cours d'analyse musicale à Darmstadt. Cescours se pour- Cummings ist der Dichter, pour seize voix mixteset instru- suivront jusqu'en 1960. ments. Création du Marteau sans Maître,sous la direction de Hans Création de Cummings ist der Dichter,sous la direction de Rosbaud, à Baden-Baden. Pierre Boulez, à Stuttgart. Création du Livre pour quatuor,par le Quatuor Marschour, Création de Eclat/ Multiples, sous la direction de PierreBoulez, à Donaueschingen. à Londres. Musique pour Symphonie mécanique, film de jeanMitry. Dirige Pelléas et Mélisande à Covent-Garden. 1971Dirige et enregistre « Parsifal » à Bayreuth. 1956. Création de la Sonatinepour flûte et piano, par Severino Gazzelloni, à Darmstadt. 1972.Compose Explosante Fixe, pour huit instrumentset halaphone. Le Domaine Musical s'installe à la salle Gaveau. CréationdesdifférentesversionsàLondres, New York, Bordeaux, La Rochelle et Paris. 1956. Musique de scène pour l'Orestie d'Eschyle, au Festival de A la demande du président Georges Pompidou,accepte de Bordeaux. fonder et de diriger FI.R.C.A.M.- Institut de Recherche Pierre Boulez quitte la Compagnie Renaud-Barrault. et de Coordination Acoustique/Musique- qui sera l'un des quatre départements du Centre Georges-Pompidouet qui 1957.Compose Deux Improvisations sur Mallarmé, pour soprano et ouvrira ses portes à la fin de 1976. ensemble instrumental, la Troisième Sonate pour piano, créée par l'auteur à Darmstadt, et Doubles pour orchestre. 1973-1974. Dirige, à l'Abbaye de Sénanque, deux séminaires inter- Création du Visage Nuptial, sous la direction de Pierre Boulez, nationaux sur la recherche musicale et scientifique. à Cologne. 1975. Création à Londres de Rituel in Memoriam Maderna, sous la direction de Pierre Boulez. 1958. Création de Doubles, sous la direction de Pierre Boulez, à Paris. 1976. A l'invitation de Wolfgang Wagner, commémoration du cen- Création de Deux Improvisations sur Mallarmé, sous la di- tenaire du Ring, à Bayreuth, dans une nouvelle mise en scène rection de Hans Rosbaud, à Hambourg. dirigée par Pierre Boulez.

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Le Mandarin Merveilleux Bela BARTOK

Concerto pour orchestre EJ1iotfCARTER

ENTRACTE

Petrouchka Igor STRAVINSKY (Version intégrale du Ballet- 1911)

Bela BARTOK (Né le 25 mars 1881 à Sinnicolaul-Mare, Roumanie mort le 26 septembre 1945 à New York.) Le Mandarin Merveilleux

Il sepeutque,commecertainscommentateursl'affirment, et constatent qu'il§ n'ont plus un sou. Ils obligent donc une fille Le Mandarin merveilleux dépeigne l'indomptable pouvoir du désir qui regarde par la fenêtre à attirer des passants chez elle afin qu'ils humain, même par delà la mort. Une telle hypothèse est en parfaite les dévalisent. Elle refuse d'abord mais se livre vite à une pantomime harmonie avec l'idéalisme sincère et profond de Bartok lui-même. destinée à satisfaire ce dessein (clarinette solo). La première victime Sa vie tragique porte témoignage de ses aspirations irréductibles, est un vieil homme pathétique qui se révélera sans argent. Il s'en- malgré l'incompréhension, une santé fragile, l'indifférence deses pairs, tretient avec la fille selon des attitudes excessives d'amoureux dé- la pauvreté, l'exil, la maladie et la mort qu'il devait affronter laissé(glissandides trombones bouchés). Les trois compèresse dans un hôpital de New York, bien loin de sa patrie qui comptait précipitent alors sur lui, le jettent dehors et obligent leur complice tellement pour lui. à se remettre à la fenêtre. Le second client sera un adolescent timide qui tremblotte avec confusion. La fille dansera avec lui afin de le Et cependant, on peut se demander quels motifs plus profondsont rassurer mais, se révélant impécunieux lui aussi, il sera violemment conduit un tel homme à composer une deses oeuvres majeures expédié, à son tour, par les truands. Revenue à son poste, la fille sur une donnée si sûrement faite pour effrayer, voire répugner à recule de terreur devant une sinistre apparition,un Mandarin chinois ses contemporains. Ainsi ne pouvait-il guère espérer la voir repré- dont l'approche estsignifiée, à l'orchestre, par un thème pseudo- sentée sous sa forme première. Quels motifs, donc, conduisirentcet oriental confié aux trombones. Le voici dans l'encadrement de la homme ingénu,sensible,idéalisteàsituer son ballet dans une porte et la fille, dominant ses craintes, l'invite à prendre une chaise. chambre de bordel où l'on s'emploie à attirer les clientsafin que Elle danse autour de lui, d'abord timidement puisavec un abandon des apaches les dépouillent ? On ne saurait parler d'unégarement croissant. Tout au long de cette danse, le Mandarinrestera immobile, de l'inexpérience, car Le Mandarin merveilleuxa été composé entre ses yeux seuls trahissant sa passion grandissante. Quand, enfin, elle 1918 et 1919, Bartok avait donc trente-septans déjà et bien des s'offre à lui, le Mandarin tentera de laserrer dans ses bras. Mais, oeuvres de premier plan derrière lui :son opéra Le Château de reprise par sa frayeur, lafille se dégage une première fois. Une Barble-Bleue, son ballet Le Prince de Boiset deux de ses grands chasse effrénée va suivre, rendue, instrumentalement,par un tour- Quatuors. billon de figures confiées aux cordessur un ostinato martelé par les basses de tout l'orchestre. Le Mandarinrattrappe la fille et les trois Le livret du Mandarin merveilleux semble êtreune macabre cari- apaches doivent intervenir dans la lutte quis'ensuit, volant au cature du thème de l'amour-mort qui avait inspirétant d'uvres Mandarin son argent et ses bijoux. Après quoi ils décidentde le littéraires et musicales du XIX' siècleromantique, atteignant son tuer. Mais le Mandarin est maintenu en viepar l'intensité même point culminant dans le Tristan et Isolde de Wagner.Richard Strauss de son désir. Les truands tentent de l'étoufferpuis de le trans- avait déjà offert au public un frisson d'horreuravec l'histoire d'amour percer avec une vieille épée. Finalement il sera penduau lustre. et de mort de Salomé entonnant son chant d'extase devantla tête La lumière s'éteint alors et lecorps commence à luire d'une sinistre décapitée de saint Jean-Baptiste. Salomé avaitdéchaîné les indigna- lumière turquoise tandis que sesyeux étincelants de désir continuent tions vertueuses mais Le Mandarinmerveilleux fut purement et de poursuivre la fille (cet épisode fantastiquede quelque 18 mesures simplement refusé, partout,en tant que ballet. En 1925 encore, ce est intensifié à l'orchestre par un choeur sans paroles). Maison coupe spectacle, monté à Cologne, fut interditpassée une seule représen- la corde et comme le Mandarin reprendsa poursuite, la fille s'aban- tation. Ce n'est qu'après la Seconde GuerreMondiale que Le Man- donne à lui. Son désir assouvi, les blessures du Mandarinse mettent darin merveilleux fut dansé,un peu partout cette fois,sur des alors à saigner et c'est seulement à ce moment qu'il peut mourir. scènes européennes et seulementen 1951 que New York le connut en tant que ballet (une suite d'orchestre, adaptée dès 1928 d'après La partition du Mandarin merveilleux fait appel à 3 flûtes (dont la partition intégrale, avait, ilest vrai, été souvent jouée au concert un elle est en gros constituée piccolo par endroits), 3 hautbois (dont un cor anglais, selon le par les deux premiers tiers de la partition, passage),3clarinetteset une clarinette basse, s'arrêtant subitement sur trois accords formantun bouclage sym- 3 bassons (dont phonique). 2 remplacés par endroits par des contrebassons), 4 cors, 3 trom- pettes, 3 trombones, tuba, timbales, grosse caisse et caisse roulante, tambour, cymbales, triangle, gong, xylophone, harpe, piano, orgue Le ballet commencepar un furieux fracas orchestral, cette musique et quatuor à cordes en proportion. Le choeur est ici remplacé par devant le rideau suggérant la fièvre du traficau coeur d'une grande un orgue électrique. ville, à l'extérieur du décor. Unepause et un roulement de timbale marquent la levée du rideau. Trois truands fouillent leurs poches Edward DOWNES.

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés Elliot CARTER (Né le 11 décembre 1908 à New York. Vit à New York.) Concerto pour orchestre

Lors de la création mondiale de son Concerto pour orchestre par le mises en ,oeuvré dans mes compositions antérieures, lesquelles peuvent New York Philharmonie, le 5 février 1970, Elliott Carter avait écrit servir à les caractériser, notamment entre ma Sonate pour piano le commentaire suivant (1945) et mon Concerto pour piano (1965).

«Le caractère dominant du Concerto pour orchestre, que le New «Je voudrais que la continuité d'une de mes .oeuvres à l'autre soit York Philharmonie a bien voulu me commander à l'occasion de si stricte qu'il serait difficile de les mettre en relation avec les dif- son 125' anniversaire, m'a été suggéré par un poème nommé Vents, férentes tendances musicales qui ont apparu et disparu au cours des de l'écrivain français, Prix Nobel, qui a choisi le pseudonyme de vingt dernières années. Par exemple, le « sérialisme » qui domine ici depuis les années 20 et 30 n'est pas seulement inspiré par l'école Saint-John-Perse. Le poème m'avait fasciné parsesdescriptions enthousiastes, presque whitmanesques, d'une Amérique constamment de Schanberg, car Ives, Varèse, Ruggles, Crawford, Scriabine et parcourue par desforcestelles quelesvents,forcesqui, sans Roslavetz avaient, eux aussi, d'évidentes tendances en ce sens. cesse, la modifient, la remodèlent ou en cachent le passé pour im- «En fait, je me suis beaucoup intéressé à l'avant-garde des années poser le nouveau et le vivace. Tout au long du poème, bien des 20 et 30, à son utilisation du hasard, à ses collages, à ses plaisan- bouleversements de cet ordre sont évoqués comme par exemple teries et ses jeux avec le public, sans parler de ses paradoxes artis- ces ventsqui décortiquent puis dispersentlapailleinutiledes tiques. Mais je me suis persuadé que le but était atteint et qu'il saisons et de leurs « hommes de paille » pour répandre les était inutile de répéter encore ces expériences. L'étape suivante doit germes de la saison suivante. Périodiquement on invoque un chaman être maintenant franchie etc'est ce que j'ai tenté de faire, pour qui encourage, par magie, le labeur de ces vents. Le poète lui-même autant que l'on puisse dire que mes 'uvres suivent une certaine s'exprime avec des accents prophétiques. conception esthétique. Car je me suis beaucoup plus préoccupé des oeuvres en elles-mêmes que de l'esthétique qu'elles pouvaient « Pourtant le poème de Saint-John-Perse ne m'a servi que de point illustrer. » de départ car, tandis que je travaillais à ce Concerto, la musique n'a pas manqué de prendre l'avantage sur le poème. Je m'aperçus Elliott CARTER. alors que le texte était, en fin de compte, d'un primitivisme bien fabriqué et ne pouvait s'accorder avec le caractère de l'oeuvre qui prenait forme. Ainsi ne pensai-je plus au poème après quelque temps Poursuivant une licenceà Harvard, Carter étaitsorti major en et me contentai-je de suivre lesimpératifs musicaux que l'oeuvre littérature anglaise mais, simultanément,ilétudiait et écoutait de semblait vouloir m'imposer. la musique hors de l'Université. Ayant obtenu ses diplômes, il resta à Harvard afin d'y étudier, en plus, les disciplines musicales, cette « Dans un morceau qui s'inspire, au départ, de la poésie des chan- fois auprès de Walter Piston, Archibald T. Davison, Edward But- Engame Hill et Gustav Holst, alors professeur temporaire decompo- gements, des transformations, des réorientations de la pensée et des sition. Ayant acquis ses qualifications, Carter se rendit à Paris où il sentiments, de ces glissements insensibles des accents quisont aussi étudia trois ans auprès de Nadia Boulanger. l'essence même de ma musique (et particulièrement de celle-Ci), l'ordre d'apparition des différents éléments devenait très important, qu'il La première exécution d'une partition de Carter remonteau temps s'agisse de l'élaboration des idées musicalesou de la façon dont elles où il était encore étudiant. Ses ,oeuvres l'ont, depuis, mis sont reliéeset dépendent les unes des autresafin d'exprimer la au premier poésie qu'elles évoquent. Dès lors l'instant isolé, le rang des compositeurs contemporains mais leur liste est aujourd'hui son caractéris- si longue qu'elle ne saurait être rappelée dansune notice nécessai- tique, voire tel bref passage (comme le feraient des arbres dansune rement aussi brève que celle-ci. Pourtant, il peut être de quelque tempête, par exemple) acquièrent du senspar le contexte et lui enseignement de relire les remarques que fit Igor Stravinsky à leur ajoutent du sens en retour. Dans ce Concerto,quatre mouvements s'interpénètrent les uns les autres, tout au long. Chaque sujet dans le numéro de juin 1962 de Musical America. Cecom- mouvement mentaire venait en réponse à une question de Robert Craft« Quelle en vient à se concentrer devant un fond constitué par les trois autres. ,oeuvre d'un compositeur né en Amérique vous a le plus intéressée Chacun, bien entendu, a son caractèrepropre, sa sonorité spéciale à ce jour ? ». Ce à quoi Stravinsky répliqua et ses développements particuliers au cours dumorceau considéré dans son ensemble. Ainsi est-il fallacieux de numéroterces quatre mouvements car, même si leur état le plus caractérisé apparaît dans « Le Double Concerto pour piano et clavecin d'Elliott Carter, je crois, maisilfaudrait savoir aussice que j'aientendu d'autre l'ordre indiqué ci-après, il est aussi contrepointéou interrompu par pour formuler une telle référence... J'aime le principe du Concerto des fragments plus ou moins importants destrois autres. de Carter par-dessus tout car il est rempli de bonnesidées entière- ment nouvelles, ce qui n'arrivait pas toujours dansses Quatuors... «Le premier mouvement s'élabore à partir d'une destenues sonores J'y apprécie la forme et lesens des proportions, ce sens du temps par lesquelles Bceuvre débute. Il fera appelaux violoncelles (parfois qui me paraît totalement absent dans disons Carré de Stock- divisés en sept voix solistes différentes,comme il en sera de toutes hausen. Mais j'y apprécie aussi beaucoup l'écriturepour le clavecin les cordes), piano, harpe, marimba, xylophoneet les percussions en et le piano et le fait que l'apogée prévue, la coda, soit vraiment le bois. Il évolue dans le grave du registre médianet suit un tempo point culminant du morceau... Je ne puis faire de commentaires ni modéré tout au long de la partition. Le secondmouvement s'adresse ajouter quoi que ce soit à l'analyse qu'ena proposé le compositeur aux cordes aiguës, aux vents aigus etaux percussions métalliques. lui-même et d'ailleurs une analyse explique aussipeu un chef-d'uvre Il démarre très vite etavec légèreté mais petit à petit devient de et lui donne aussi peu d'existence que n'importe quelle « preuve» plus en plus lent jusqu'à la fin dumorceau. Le troisième mouvement ontologique explique ou provoque l'existence de Dieu. Ace niveau intéresse les contrebasses, le tuba, lescors, les timbales et instru- les mots n'ont plus d'efficacité. Un chef-d'oeuvre, vraiment, et dû ments voisins. Il conserve d'un bout à l'autreses allures de réci- à un compositeur véritablement américain. » tatif. Le quatrième mouvement est exposépar les altos, les hautbois, les trompettes, la caisse claire et autres instruments du haut-médium. En plus de ses activités de compositeur, Elliott Carter a donné des Il s'élabore à partir de fragments lents qui iront s'accélérant tandis coursau Peabody Conservatory de Baltimore, àl'Université de que l'oeuvre avance, puis prendront de l'importance jusqu'à fournir Columbia, lors de divers séminaires à Salzbourg, à l'Université de une conclusion rapide. Comme dans toutes mes ,oeuvres, mon souci Yale et au Massachussets Institute of Technology. Durant toute prinripal est d'être expressif et le vocabulaire musical tout entier, l'année 1962 il fut compositeur délégué à l'American Academy de l'instrumentation et la forme, ont été choisis dans ce but. Je ne Rome avard d'accéder, en 1964, à une situation similaire à Berlin, me soumets consciemment à aucune esthétique particulière et cette ayant été invité par le Sénat berlinois et la Fondation Ford. Depuis partition est un prolongement des conceptions musicales qui ont été 1966, il est membre du collège de composition de la Juilliard School.

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés Igor STRAVINSKY (Né le 17 juin 1882 près de Saint-Pétersbourg mort le 6 avril 1971 à New York.)

Petrouchka 12

Petrouchka fut la seconde destrois grandes partitions que Stravinsky composa, coup sur coup, à l'intention des Ballets Le premier tableau se situe dans le Square de l'Amirauté, à Russes Saint-Pétersbourg, au cours des derniers jours du Carnaval de 1830. de Serge Diaghilev, juste avant la Première Guerre mondiale.S'il est quelque chose d'aussi étonnant que cette musique elle-même, c'est La musique débute par les éclaboussements d'une ambiance de fête. Au lever du rideau, nous voyons les mille etune tentations pro- la rapidité avec laquelle Stravinsky évolua du premierau troisième de ces ballets. posées par la foire à une foule tumultueuse. Ces milleaspects de la fête sont, à l'orchestre, traduits séparémentet tous ensemble par un pullulement de rythmes et d'harmonies diverses : nous entendrons Dans l'Oiseau de Feu (1910), l'orchestre de Stravinskyrutile avec un orgue de barbarie animant une petite danseuse, puis un groupe une intensité romantique et scintille de toutes les iridescencessonores de fêtards traverse la scène en titubant, finalementl'organiste se que nous associons au nom de son maîtreRimsky-Korsakov. Dans met à jouer de la trompette tandis qu'à l'autre bout de la scène la première version de Petrouchka (1911),ces couleurs deviennent une boîte à musique et une autre danseuse s'ajoutent à'Pette joyeuse crues, volontiers stridentes et la mélancolie profonde de cette mu- confusion. La foule devient de plus en plus nombreusiet exubérante. sique s'en trouve masquéeun livret d'apparence grotesque y est donc traduit par des sons également caricaturaux. Deux joueurs de tambour font alors irruption hors d'unpetit théâtre de marionnettes et leur fracas réduit la fouleau silence. Le directeur, Même l'inspiration se veut parodique. Stravinskyavait, par exemple, l'air d'ufi vieux magicien, fait son entrée. Ses emberlificotagesfont écrit que le fameux « accord de Petrouchka» (une combinaison bi- grande impression sur la foule des jobards,ce qui se traduit, à tonale d'ut majeur et de fa dièse majeur)devait être considéré l'orchestre, par l'usage de sourdines mystérieuseset de bruissements. comme une insulte une insulte de Petrouchka à l'adresse du pu- Le batteleur improvise ensuitesur la flûte un petit air tout bête blic que le fantôme de la marionnette répétera à la fin du ballet. pour compléter le charme. Le rideau du théâtre de marionnettesse Dans ses Chroniques de ma vie, Stravinskyévoqua la genèse de lève alors, découvrant troispersonnages mécaniques :Petrouchka, Petrouchka : le Bretteur maure et la Ballerine. Ils exécutentd'abord une danse russe frénétique dont la musique est aussi criarde, forcenéeet angu- « Avant d'aborder Le Sacre du Printemps, dont la réalisationse pré- leuse que leurs apparences. Le rideau de scèneretombe alors tandis sentait longue etlaborieuse,je voulus me divertir à uneuvre qu'un roulement de tambourannonce un changement de tableau. o:Achestrale où le piano jouaitun rôle prépondérant, une sorte de Konzertstiick. En composant cette musique,j'avais nettement la vision Nous sommes dans la chambre de Petrouchka,petite et nue d'un pantin subitement déchaîné qui,par sessaccades d'arpèges comme une prison. Un craquement se fait entendrec'est la porte diaboliques, exaspère la patience de l'orchestre,lequel, à son tour, qui s'ouvre et Petrouchka est catapulté del'extérieur avec une telle lui réplique par des fanfaresmenaçantes. Il s'ensuit une terrible brutalité qu'il est projeté par terre. Nousdécouvrons alors que cette bagarre qui, arrivée à sonparoxysme, se termine par l'affaissement poupée bourrée de son possède un embryond'âme humaine Pe- douloureux et plaintif du pauvre pantin. Cemorceau bizarre achevé, trouchka s'étant relevé, se débat furieusementet frappe les murs je cherchai pendant des heures,en me promenant au bord du Léman, de ses poings datis l'espoir de s'échapper,pitoyables efforts qui sont le titre qui exprimeraiten un seul mot le caractère de ma musique traduits par -de grotesques arpèges du piano.Finalement sa rage et, conséquemment, la figure demon personnage. Un jour je sur- impuissante s'exprimera par la clameur destrompettes, des cornets sautai de joie : Petrouchka ! L'éternelet malheureux héros de toutes et des trombones. Soudain, la porte s'ouvre ànouveau pour donner les gloires, de tous lespays !C'était bien ça, j'avais trouvémon passage à la toute clinquante Ballerine. Petrouchka l'aimeet l'or- titre !Bientôt après, Diaghilev vintme voir à Clarens où j'habitais chestre la dote de tous les charmesque lui prête l'imagination du alors. Il fut très étonné quand,au lieu des esquisses pour Le Sacre pantin. Mais elle ne tient aucuncompte de lui. auxquelles il s'attendait, je lui jouai lemorceau que je venais de composer et qui devint ensuite le second tableau Le troisième tableau est situé dans lachambre somptueuSe de Petrouchka. du Maure. Entre la Ballerine qui Le morceau lui plut à tel pointqu'il ne voulut plus le lâcheret se trouve cette belle brute tout à fait mit à me persuader de développerle thème des souffrances du' aimable. Scène d'amour dont lamusique, d'une banalité pour minus pantin et d'en faire tout habens, rend plus sensible la tragédie de un spectacle chorégraphique. Pendantson raffiné. Soudain la porte s'ouvre Petrouchka, amoureux plus séjour en Suisse, nous élaborâmes,en lignes générales, le sujet et et Petrouchka lui-même fait irrup- l'intrigue de la pièce et suivant lesidées que je lui suggérais. Ainsi tion, vite chassé, il est vrai,par le Maure devenu jaloux. nous arrivâmes à établir le lieu de l'action, lafoire avec sa foule, ses baraques et son petit théâtre traditionnel, Au quatrième tableaunous nous retrouvons hors de la baraque le personnage dupres- foraine, parmi la foule en tigiditateur avec ses tours depasse-passe, l'animation de ses poupées goguette. Alors que la liesse atteintson Petrouchka, son rival et la ballerine, apogée, nous entendonsune terrible bagarre éclater derrière le rideau ainsi que le drame passionnel du théâtre de marionnettes. qui mène à la mort de Petrouchka.Je me mis immédiatement à Petrouchka fait bientôt irruptionsur composer le premier tableau du ballet. Je la scène, poursuivi par le Maure le terminai à Beaulieu- inflige à Petrouchka furibond qui, tirant son cimeterre, sur-Mer où j'étais allépasser l'hiver avec ma famille.» (1) une blessure mortelledans un spasme ultime quelque peu grotesque, le malheureuxexpire à la grande conster- La composition de Petrouchka nation de tous lespromeneurs. Un agent de police survient mais retint Stravinsky de'Ià' fin d'août 1910 le propriétaire du théâtrea tôt fait de prouver que Petrouchka au 26 mai 1911. La première représentationen fut donnée à Paris, n'était qu'une poupée de son. Les fêtardsse dispersent dans le soir au Théâtre du Châtelet, le 13 juin 1911,avec une chorégraphie de qui tombe. Soudain, tandis Michael Fokine, dans des décorsd'Alexandre Benois et sous que le directeur du théâtre traîne sa direction de Pierre Monteux. Le la dépouille sans vie, le fantôme de Petrouchkaapparaît sur le toit personnage principal était dansé du théâtre, faisant le pied denez et divers gestes menaçants tandis par Vaslav Nijinsky et le ballet comprenaitquatre tableaux. que son thème dissonnant retentit à l'orchestre. Terrorisé,l'homme s'enfuit, jetant la marionnette àterre tandis que la nuit tombe et La partition originale fait appel à4 flûtes (la troisième et laqua- que l'orchestre s'évanouit dans un soupir, laissant sans résolution trième laissant parfois la place à deuxpiccolos), 4 hautbois (le qua- la dissonnance de P« accord de Petrouchka» : do naturel suivi, à trième alternant avec un cor anglais), 4 clarinettesen si bémol et la basse, par un fa dièse. en la (la quatrième pouvant laisser place à une clarinette basse), 4 bassons (le quatrième laissant place, àson tour, à un contrebasson La légende veut que Diaghilev ait suggéré à Stravinsky de modifier dans pertains passages), 4 cors, 2 cornets, 2trompettes en si bémol cette fin. « Vous terminez un ballet par une interrogation ? », pro- et en la (la première trompette en alternance avecune trompette testait-il. Plustard, Stravinsky affirma qu'il « finit par comprendre en ré), 3 trombones, tuba, timbales, grosse caisse, cymbales,gong, très bien ». triangle, tambourin, crotales, xylophone, glockenspiel,percussion Edward DOWNE S. renforcée dans la coulisse par un crotale etune caisse roulante. L'orchestre comprend, en outre, 2 harpes, un piano, celestaet, bien entendu, un ensemble de cordes en proportion. (1) Chroniques de ma vie. Ed. Denoël-Gonthier, 1962. (N. d. T.).

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés NEW YORK PHILHARMONIC (Cent trente-troisième saison)

PIERRE BOULEZ, Music Director DAVID GILBERT, Assistant Conductor for European Tour

Violons : Violoncelles Contrebasson Lorne MUNROE, Principal Bert BIAL Eliot GRAPO) Nathan STUTCH" Concertmaster Bernardo ALTMANN .Cors : Gerald K. APPLEMAN John CERMINARO, Principal Frank GULLINO, Evangeline BENEDETTI Associate Concertmaster Martin SMITH" Lorin BERNSOHN L. William KUYPER Paul CLEMENT John CARABELLA Kenneth Gordon, ferry GROSSMAN Assistant Concertmaster Ranier DE INTINIS Avram A. LAVIN Aubrey FACENDA Enrico DI CECCO Thomas LIBERTI Bjoern ANDREASSON Aslier RICHIV1AN Toby SAKS Trompettes Alfio MICCI John WARE, Co-Principal Sanford ALLEN Gerard SCHWARZ, Co-Principal Gabriel BANAT Contrebasses Carmine FORNAROTTO Nathan GOLDSTEIN John SCHAEFFER, Principal James SMITH Newton MANSFIELD Jon DEAK* William NOWINSKI Walter BOTTI Trombones : Theodor PODNOS Orin O'BRIEN Edward HERMAN Jr, Principal Carlo RENZULLI William BLOSSOM Gilbert COHEN Robert BRENNAND Leon RUDIN Allen OSTRANDER James V. CANDIDO Edward ERWIN" Gino SAMBUCO Homer R. MENSCH t Allan SCHILLER Lew NORTON Richard SIMON Michele SAXON Tuba : Max WEINER Joseph NOVOTNY, Principal Marc GINSBERG, Principal Flûtes: Timbales : Oscar WEIZNER Julius BAKER, Principal Jacques MARGOLIES Renée SIEBERT Roland KOHLOFF, Principal Eugene BERGEN Paige BROOK* Morris LANG* William BARBINI Percussion Matitiahu BRAUN Piccolo Walter ROSENBERGER, Princip. Luigi CARLINI F. William HEIM Marilyn DUBOW Elden BAILEY Martin ESHELMAN Morris LANG Hautbois : Barry FINCLAIR Michael GILBERT Harold GOMBERG, Principal Harpe : Jerome ROTH Myor ROSEN Principal Hanna LACHERT Albert GOLTZER" Oscar RAVINA Bernard ROBBINS Piano, Celesta, Clavecin : Mark SHMUCKLER Cor anglais : Paul JACOBS Donald WHYTE -Thomas STACY Orchestra Personnel Manager : Clarinettes James CHAMBERS Stanley DRUCKER, Principal Alti : Michael BURGIO Assistant Personnel Manager : Peter SIMENAUER* John SCHAEFFER Sol GREITZER, Principal Leonard DAVIS* Clarinette en mi bémol : Librarians : David KATES Peter SIMENAUER Louis ROBBINS, Principal Ralph MENDELSON Robert DE CELLE" Eugene BECKER Clarinette basse : William CARBONI Stage Representative Barry LEHR Stephen FREEMAN Francis NELSON Larry NEWLAND Henry NIGRINE Bassons : Selig POSNER Manuel ZEGLER, Principal Raymond SABINSKY T ,-nnard HINTDELL * Associate or Assistant Principal Robert WEINREBE GOLTZER" t Sabbatical 1974-1975

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés The Philharmonic-Symphony Society of New York, Inc. OFFICERS AND DIRECTORS Honorary Chairman Treasurer Mis. C. Sterling Bunnell Harvey Picker David M. Keiser Anthony P. Terracciano Benjamin J. Buttenwieser Francis T. P. Plimpton Honorary Vice Chairman Assistant Treasurer Mrs. George A. Garden Mrs. Robert H. Preiskel Mrs. Lytle Hull William Rosenwald Mrs Charles A. Dana Luis Quero-Chiesa Chairman Financial Vice President Gianluigi Gabetti Richard Rodgers Amyas Ames Maynard E. Steiner Francis Goelet Axel G. Rosin President Secretary Gurnee F. Hart Carlos Moseley John D. Macomber Carleton Sprague Smith Vice Chairmen Executive Secretary Philip R. ICiendl Albert C. Stewart Mrs. Robert L. Hoguet William L. Weissel Mrs. Hampton S. Lynch Mrs. John W. Straus Sampson R. Field Mrs. Flagler Matthews Miss Alice Tully Peter Heller Mrs. William Beinecke Mrs. A. Slade Mils, Jr. Robert A. Uihlein, Jr. J. Buckhout Johnston Lee H. Briston, Jr. Howard Phipps, Jr. Mrs. Sophie G. Untermeyer TRUSTEES Amyas Ames, Chairman Sampson R. Field Howard Phipps, Jr. Harvey Picker ADMINISTRATION Carlos Moseley, President Albert K. Webster, Managing Director William Weissel, Assistant Manager Herbert Weissenstein, Assistant Manager Frank Milburn, Press Director and Music Administrator

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