UP START NUMÉRO 155 SEPTEMBRE 2010 L’ACTUALITÉ MUSIQUE ET VIDÉO DE VOTRE SPÉCIALISTE CULTURE LINKIN PARK

MUSIQUE ARCADE FIRE 05 INTERPOL 05 LOVE AMONGST RUIN 06 TRICKY 10 ADAM KESHER 12 ANORAAK 14 KLAXONS 16 DVD L’ ARNACŒUR 24 VANESSA PARADIS 25 LES CHATS PERSANS 26 BUS PALLADIUM 26 PRINCE OF PERSIA 28 KICK-ASS 28

UNE PUBLICATION ACTUELLEMENT CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX SOMMAIRE

14 16

10 05 12

News / 06 Puggy 04 / Arcade Fire 05 / Interpol 05 / Love Amongst Ruin 06 /

Serj Tankian 06 / Iron Maiden 07 / Lordi 07 /

Interviews / 08 Linkin Park 08 / Tricky 10 / Adam Kesher 12 /

Anoraak 14 / Klaxons 16

Chroniques musique / 18 Pop/Rock 18 / Electro 20 / Rap-Soul 21 /

Français 22 / Autres musiques 23 /

Chroniques DVD / 24 DVD du mois : L’Arnacœur 24 / Vanessa Paradis 25 / Les Chats Persans 26 /

Bus Palladium 26 / Prince of Persia 28 / Kick-ass 28

UP START est édité par la société PRÉLUDE ET FUGUE, SAS de presse au capital de 30 000 euros, 29, rue de Châteaudun 75308 PARIS Cedex 09 Tél. : 01 75 55 43 44 Fax : 01 75 55 41 11 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Marc FEUILLÉE / PRINCIPAL ACTIONNAIRE GROUPE EXPRESS-ROULARTA RÉDACTION RÉDACTRICE EN CHEF Melody LEBLOND / [email protected] / RÉDACTION Paul Alexandre, Antoine Beretto, David Bouseul, Hervé Crespy,Hervé Guilleminot, Maxime Goguet, Bertrand Rocher, Guillaume Graf / RÉDACTION STUDIO CINÉ LIVE Christophe Chadefeau, Fabrice Leclerc, Thierry Chèze, Laurent Djian, Emmanuel Cirodde, Sophie Benamon / CONCEPTION GRAPHIQUE Didier FITAN MANAGEMENT ÉDITEUR DÉLÉGUÉ Tristan THOMAS / DIRECTRICE RÉGIE Véronique PICAN / PUBLICITÉ Tristan THOMAS [email protected] / FABRICATION Pascal DELEPINE avec Laurence BIDEAU / PRÉPRESSE GROUPE EXPRESS-ROULARTA / IMPRIMÉ EN BELGIQUE Roularta Printing / Photographie couverture D.R.

| 3 START UP | SEPTEMBRE 2010 | NEWS

UP START est un magazine qui vous présente le meilleur de l’actualité musique et vidéo. Il est disponible exclusivement chez les magasins adhérents au RÉSEAU STARTER. 23 août Puggy Something you might like ### Universal Music

Ces magasins sont des spécialistes de la distribution de disques et de DVD, leurs vendeurs sont passionnés par leur métier et à l’écoute de vos demandes particulières. N’hésitez pas à les solliciter notamment sur des références disponibles exclusivement en import! Prenez un chanteur anglais (Matthew Irons), un bassiste français (Romain Descampe) et un batteur suédois (Egil “Ziggy” Franzèn), vous obtiendrez alors Puggy, trio power pop-rock qui se considère MAGASINS ADHÉRENTS STARTER comme un groupe belge. Ceci n’est pas une farce, car ce sentiment d’appartenant à la même patrie provient du fait que c’est en Belgique AGEN MARTIN-DELBERT / AMANCY ESPACE TEMPS / BELLEVILLE ESPACE que tout a commencé pour eux. Pétris de maturité (ils ont chacun TEMPS / BEZIERS DO RÉ MI / BORDEAUX LAC ALICE MEDIA STORE / BOURGOIN-JAILLEU MAJOLIRE / joué dans d’autres groupes auparavant), les trois garçons ont assuré CHALLANS ESPACE DESPRET / CIVRAY-SAVIGNÉ CULTURE ET LOISIRS / CHECY ESPACE TEMPS / COUTANCES PLACE MEDIA / DOUAI LE TEMPLE DU DISQUE / EGLY-ARPAJON ESPACE TEMPS / ERAGNY fièrement la première partie des Smashing Pumpkings et d’Incubus. LE GRAND CERCLE / FONTAINEBLEAU LIBRAIRIE PLEIN CIEL / LANGUEUX/ST-BRIEUC IMAGINE / LA Plutôt prometteur pour un groupe qui sort seulement son second ROCHE-SUR-YON ESPACE MEDIASTORE / MONTPELLIER SAURAMPS ODYSÉE / PARIS HAUSSMAN ! Puggy fait donc de sa mixité une force, car c’est ce que l’on GALERIES LAFAYETTE / PARIS RIVOLI BHV / PERIGUEUX LIBRAIRIE MARBOT / PONTARLIER VIRGO ressent lorsqu’on écoute Something you might like (un nom qui ne va MUSIC / PONTIVY ESPACE CULTURE / ROYAN LA DISCOTHÈQUE / SAINT-LAURENT-DU-VAR GALERIES pas par quatre chemins) : des arrangements soigneusement cali brés, LAFAYETTE / SAINT-LÔ PLANET R / SAINT-MARCEL ESPACE TEMPS / SAINT-QUENTIN LIBRAIRIE COGNET / TOURCOING MAJUSCULE / VANNES LIBRAIRIE CHEMINANT / VIENNE MAJUSCULE STARTER / des rythmiques loin d’êtres brouillonnes ou répétitives et un parfait ANGOULEME CHAPITRE / ANNEMASSE PLACE MEDIA / AUBENAS PLACE contrôle de la mélodie. When you know, premier single, sera là pour MEDIA / BERGERAC FORUM ESPACE CULTURE / BESANCON FORUM ESPACE CULTURE / vous le prouver… Après un BOULOGNE-SUR-MER FORUM ESPACE CULTURE / BRIVE PRIVAT 3 ÉPIS / CALAIS PLACE MÉDIA / prestation très remarquée CHERBOURG FORUM ESPACE CULTURE / CLERMONT-FERRAND LES VOLCANS / DAX PLACE MEDIA / EVREUX FORUM ESPACE CULTURE / FORBACH - FORUM ESPACE CULTURE / LAVAL SILOË / LIMO - chez Nagui dans son émis - GES ANECDOTES / MONTBELIARD FORUM ESPACE CULTURE / MONTÉLIMAR - PLACE MEDIA / sion Taratata et une per - MULHOUSE - CHAPITRE.COM / NANCY HALL DU LIVRE / NARBONNE PLACE MEDIA / NEVERS formance plus que réussie FORUM ESPACE CULTURE / ROANNE FORUM ESPACE CULTURE / SAINT-BRIEUC CHAPITRE / SAINT- au légendaire Reading & ETIENNE FORUM ESPACE CULTURE / SAINT-LOUIS FORUM ESPACE CULTURE / SAINT-NAZAIRE Leeds Festival, les Puggy FORUM ESPACE CULTURE / TARBES LIBRAIRIE PRIVAT LHERIS / TOURS CHAPITRE ARRAS /BÉTHUNE /CAMBRAI /LENS /LILLE /ROUBAIX /VALENCIENNES / sont bien partis pour deve- VILLENEUVE D’ASCQ nir notre coup de cœur de ANGOULEME / AVIGNON (SORGUES) / BALMA / BARENTIN / BOURG-EN-BRESSE / BOUR - la rentrée. Une vraie décou - GOIN JAILLEU / BRIVE / CARCASSONNE / CHAMBRAY LES TOURS / CHANTEPIE / CHAS - verte ! G.G SENEUIL-DU-POITOU / CHATEAUROUX (ST-MAUR) / CHOLET / CLAYE SOUILLY / COMPIEGNE (VENETTE) / DIJON / ÉPINAL / FAYET / FRANCONVILLE / GENNEVILLIERS / GIVORS / HENIN BEAUMONT / KINGERSHEIM / LABEIGE / LA ROCHELLE / LIEUSAINT / MACON / MAN - DELIEU LA NAPOULE / MARSEILLE / MERIGNAC / NARBONNE / NÎMES / PAU (LESCAR) / PLAISIR (CLAYES- PUGGY EN CONCERT SOUS-BOIS) / PORTET-SUR-GARONNE / PUGET / SAINT-DOULCHARD / SAINT-MALO / SAINT-MAXIMIN / en partenariat avec SAINT-PARRES-AUX-TERTRES / SAINTE GENEVIEVE DES BOIS /TERVILLE /TRIGNAC /VALENCE /VILLENAVE AUBERIVE - 10/09 / LIÈGE - 08/10 / METZ - 14/10 D’ORNON / VILLENEUVE D’ASCQ / MONS - 28/10 / MONTPELLIER - 05/11 / LYON - 06/11 BEAUVAIS / CHALON-SUR-SAÔNE / LYON / MÂCON / ORGEVAL / PARIS / POITIERS / ST-GERMAIN-EN-LAYE / TOULOUSE / VAULX-EN-VELIN PARIS - 08/11 / MARSEILLE - 12/11 / NANTES - 04/12 / ... NEWS

02 août Arcade Fire

The Suburbs ##### Universal Music Dans la liste des les plus attendus en 2010, celui d’Arcade Fire (oui, ils ont préféré enlever le “The”, trop pompeux sûrement) se classe facilement dans le top 10. Élevés au sirop d’érable et à la poutine, les sept membres d’Arcade Fire nous présentent The Suburbs, leur nouvelle ode en référence à l'ennui ressenti dans les banlieues nord-américaines où ils ont grandi. Savant mélange de la mélancolie de Neon Bible et de la fraîcheur de Funeral, The Suburbs ne s’écoute pas que d’une oreille. Ne cherchez pas une énième copie de Rebellion (Lies), leur plus grand tube à ce jour, car cet album joue plutôt la finesse. Prenez votre temps, car Arcade Fire raconte des histoires, toutes plus jolies les unes que les autres. Un grand album, qui con - firme le proverbe : tout vient à point à qui sait attendre. M.L.

06 septembre #### Interpol PIAS/Matador Pas très loin de l’album d’Arcade Fire, celui d’Interpol est, lui aussi, attendu comme le Graal. Heureusement, pour patienter, les Anglais nous offrent en avant-première (c’est désormais cou - tume de nos jours) la chanson Lights sur internet, histoire de se faire les dents. Annoncé comme un nouveau Turn On The Bright Lights, leur pre - mier disque, Interpol (un nom en tout simplicité) reviens vers les lignes de basses lourdes la voix de Paul Banks en avant. En un mot : élégant. M.L.

| 5 START UP | SEPTEMBRE 2010 | START TOP JUILLET/AOÛT 2010 NEWS

RELEVÉ DES MEILLEURES VENTES POP/ROCK DES MAGASINS ADHÉRENTS Love Amongst Ruin 13 septembre #### EMI

L’ex-batteur de Placebo, Steve Hewitt, n’a pas mis beaucoup de temps pour se ARCADE FIRE The Suburbs UNIVERSAL MUSIC remettre de sa rupture avec Brian Molko et Stefan Osdal. Aujourd’hui songwrit - BEN L'ONCLE SOUL Ben l'oncle soul UNIVERSAL MUSIC ter, Steve se lance dans un projet solo très promet - MUSE The Resistance SONY MUSIC teur : Love Amongst Ruin (traduisez “l’amour SEXION D'ASSAUT L'École des points vitaux SONY MUSIC parmi les ruines”), accompagné de son frère (Nick EMINEM Recovery UNIVERSAL MUSIC Hewitt) et d’un vieil ami (Jon Thorne). Retour en GOTAN PROJECT Tango 3.0 UNIVERSAL MUSIC mode rock-noise, parfois grunge, Love Amongst ANGUS & JULIA STONE Down the may WAGRAM Ruin semble tirer ses influences de Depeche Mode STING Symphonicities UNIVERSAL MUSIC ou encore Queen Of The Stone Age. Mais Steve GORILLAZ Plastic beach EMI aura-t-il assez de charisme pour être leader ? C’est à STROMAE Cheese UNIVERSAL MUSIC vous d’en juger. M.L. LADY ANTEBELLUM Need you know EMI

IRON MAIDEN The final frontier EMI

PLAN B The Defamation of strickland banks WARNER MUSIC

GOSSIP Music for men SONY MUSIC

MICHAEL JACKSON Thriller SONY MUSIC

MASSIVE ATTACK Heligoland EMI

KATIE MELUA The House NAÏVE

YOUSSOU N'DOUR Dakar - Kingston UNIVERSAL MUSIC

KORN III Remember who you are WARNER MUSIC

U2 U2 360 at the Rose Bowl UNIVERSAL MUSIC

MORCHEEBA Blood like lemonade PIAS

BENJAMIN BIOLAY La Superbe NAÏVE

NORAH JONES The fall EMI

SIA We are born SONY MUSIC

OLIVIA RUIZ Miss Meteores Live UNIVERSAL MUSIC

ZAHRA HINDI Handmade EMI

CHARLIE HADEN & KEITH JARRETT Jasmine UNIVERSAL MUSIC

STACEY KENT Raconte-moi... EMI

M Mister Mystere UNIVERSAL MUSIC

KYLIE MINOGUE Aphrodite EMI

06 septembre Serj Tankian

Imperfect Harmonies #### Warner

Le leader charismatique de System Of A Down a plus d’un tour dans son chapeau haut de forme. Serj Tankian a définitivement rasé sa barbe et oscille avec un look mi-crooner, mi-chef d’orchestre. Imperfect Harmonies puise son inspiration dans le style electro orchestral jazz rock. Rien que ça. Mais ne soyez pas réticents pour autant, c’est Serj lui- même décrit qui son album comme tel. Un virage violent mais pas branlant. G.G.

| 6 START UP | SEPTEMBRE 2010 | NEWS

16 juin Iron Maide n The Final Frontier ### EMI

Les rois du heavy metal britannique n’ont pas pris une ride, et c’est dire, puisqu’ils sor - tent leur (tenez-vous bien) quinzième album. Le pire, c’est que ça sonne comme à leurs débuts ! Et en plus de contenter les fans de la première heure avec un nouveau disque, les six membres actuels du groupe ont voulu offrir leur single El Dorado en télécharge - ment gratuit sur leur site officiel en avant-première. Bruce Dickinson précise un peu les choses : “El Dorado est un aperçu de l’album studio à venir. Comme nous l’inclurons dans l’ensemble de notre tournée mondiale de The Final Frontier, nous pensons qu’il serait bien de remercier tous nos fans ; et les amener dans l’ambiance de The Final Frontier, en leur donnant ce morceau avant la tournée et la sortie de l’album.” Belle initiative. G.G. 13 septembre Lordi Badez for breakfast ### Sony

Les gagnants Finlandais de l’Eurovision 2006 (dont ils ont d’ailleurs dit : “Vous savez, nous sommes des carnivores dans un restaurant végétarien”) sont loin d’être des gentils garçons. Le “monster metal”, comme ils aiment l’appeler, est leur mar - que de fabrique. Babez For Breakfast est leur cinquième album studio. Une nou - velle gentille frayeur venue du froid. M.L.

| 7 START UP | SEPTEMBRE 2010 | ROCK

Linkin Park LINKIN PARK OPÈRE UN VRAI VIRAGE DANS SA MANIÈRE D’ABORDER LA MUSIQUE. AU PROGRAMME : NOUVELLES ENVIES ET NOUVELLE FACON DE TRAVAILLER. AUX COMMANDES : LE LÉGENDAIRE RICK RUBIN...

Je viens d’écouter l’album et tout ce l’approprier. C’est plus intéressant. Il y avait un phénomène qui se PAR MELODY LEBLOND que je peux vous dire, c’est que c’est passait dans le studio, quand nous travaillions ensemble, les chansons très différent. Chaque chanson est dif - changeaient de jours en jours. Rien n’était figé. férente de la précédente. Pouvez-vous me parler de ce virage ? C’était difficile de choisir entre plusieurs pistes ? Mike Shinoda (chant): Oh non ! Est-ce qu’on a Mike : Un peu, c’est pour cela qu’on passait notre fait une bêtise en faisant ça ? (rires). On aurait dû temps à s’écouter. Je pense que c’est très caractéris - faire douze fois le même morceau, je te l’avais dit tique de notre processus de création. Phoenix ! Phoenix Dave Farrell (basse) : À la fin de l’enregis- Oui, vous auriez dû faire une seule chanson qui trement, je me suis senti bien. Je tiens à préciser dure une heure… qu’on aime toujours nos anciens albums et nos Mike : Voilà, c’est ça ! Plus sérieusement, c’était un vieilles compos. Mais en moi, il y a deux senti - effort de notre part. Enfin, je dirais plutôt que ments : je me sens à la fois confortable et à l’aise nous étions conscients que chaque chanson serait avec cette nouveauté, et en même temps je con - un contre-pied à toutes les autres. On aime expéri - tinue à me dire que l’on fait toujours les choses menter de nouvelles choses et Phoenix a dit comme à nos débuts. C’est quand je fais écouter quelque chose de bien à ce propos : c’est bien mieux si les gens les nouvelles choses à mes proches que je me rends compte du doivent écouter notre album plusieurs fois pour le comprendre et se changement. La réaction des gens compte beaucoup.

| 8 START UP | SEPTEMBRE 2010 | ROCK

Justement, vous faites attention à ce que le public attend de vous ? Mike : Je lui ai même envoyé des parties de When They Come For Mike : C’est une question délicate. Est-ce que nous faisons les choses Me, pour qu’il m’aide à la finir. C’est juste énorme ! parce que nous sommes conscients de ce que les gens attendent de Pouvez-vous vous expliquer la raison de ces chansons si dif - nous ? Pas vraiment. On a toujours fait ce qu’on voulait, et cette fois- férentes les unes des autres ? ci, avec A Thousand Suns, on a voulu tester nos limites, aller plus Mike : Je pense que notre album reflète bien la société dans laquelle loin dans notre travail. Je pense que la création, c’est de ne pas répéter nous évoluons. La folie, la vitesse, la multiplicité des choses, les nou - ce qui a déjà été fait auparavant. Voilà la raison de cette différence, velles technologies… Dans chacun de nos morceaux, il y a plusieurs très accentuée sur ce dernier album. morceaux. Nous sommes le produit de cette société qui évolue sans Phoenix : Dès qu’en studio, on entendait quelque chose que nous cesse, il était évident que cela se ressentirait dans notre musique. n’avions jamais fait, nous étions surexcités. On l’écoutait en boucle, C’est très abstrait, je ne sais pas si je me fais bien comprendre… (rires). même si on ne comprenait pas vraiment d’où cela venait. Il y a encore Si, ne vous inquiétez pas. Et sinon, vous écoutez quoi comme des sons que l’on trouve bizarres… musique ? Quelle chanson est la plus atypique selon vous ? Mike : J’écoute tout ! Des nouveaux groupes, des plus anciens. Je ne Phoenix : Mon avis, c’est que l’album en entier est atypique. Chaque vous donnerais pas de noms, parce que je n’aime pas être catalogué morceau a son histoire. Mike décrit ça en couleurs, mais moi je dans mes goûts. Je ne veux pas avoir l’étiquette du type qui écoute tel préfère dire qu’il y a plusieurs tons sur l’album. Sortir The Catalyst groupe ou tel style. J’ai juste mes périodes, parfois je n’écoute que du comme premier single était une évidence, car il regroupe un peu funk et le lendemain je ne jure que par du hip-hop des années 80. Je toutes les chansons de l’album. ne veux surtout pas être réduit à seulement quelques noms. Vous avez choisi Rick Rubin pour l’enregistrement, le pape des pro - Phoenix : Pareil pour moi, je n’aime pas trop ce besoin de name- ducteurs de rap et de metal ! dropping dont se nourrissent les médias. Mon expérience vis-à-vis de Mike : Rick est génial, c’est notre deuxième collaboration avec lui. la musique est assez normale en soi. J’aime écouter de la musique, Pour l’histoire, quand nous avons réfléchi à cet album, tout était mais je ne me sens pas inspiré par elle. amorphe, sans forme, sans direction précise. Nous nous demandions Mike : Mon inspiration pour cet album, c’était les autres membres du si j’allais produire le disque tout seul, mais finalement, pour nous groupe. Lorsque Phoenix me montrait une ligne de basse ou que donner un peu de constance, nous avons fait appel à Rick, parce qu’il Chester posait une voix sur un sample. Ce qui me plaît, c’est une arrive à comprendre ce que l’on veut, sans toucher à l’essence de nos idée qui vient de nulle part, que je peux utiliser comme il me chante, compositions. Il ne change pas notre style, et c’est une qualité rare sans aucun contrôle. I chez les producteurs. Sur votre Myspace, vous avez réalisé un concours, ouvert à tout le monde, pour remixer un de vos nouveaux morceaux. C’est quelque chose d’important pour vous, l’interaction avec vos fans ? Mike : Quand nous est venue cette idée de concours sur Myspace, nous ne savions pas trop quoi attendre de ce projet. Le gagnant aurait son remix sur la version édition limitée de l’album, mais nous avions peur de ne rien aimer ! Au final, nous avons eu du mal à choisir entre toutes les idées, tellement les remix étaient bons… Nous avions une vingtaine de finalistes, un comble ! J’ai annoncé le résul - tat au gagnant par skype et c’était réjouissant de voir enfin le visage de cet inconnu. Il faut dire qu’il nous a bluffé, son remix ressemble fortement à notre album, alors qu’il ne l’a pas écouté. Phoenix : On l’a choisi pour son boulot sur notre chanson, sans savoir d’ou il venait, je trouve ça très excitant !

A Thousand Suns ##### (Warner Music)

| 9 START UP | SEPTEMBRE 2010 | POP

LE PERSONNAGE EST AUSSI ATTACHANT QU’ENGAGÉ. POUR TRICKY, VINGT ANS DE CARRIÈRE NE SUFFISENT PAS, Tricky IL EN DEMANDE ENCORE. Tourner est une chose qui vous plaît ? Oui, mais je me sens déboussolé lorsque je ne suis pas en concert, enfin surtout quand je reviens chez moi. C’est très étrange de revenir de quatre mois de tournée et de se retrouver seul. C’est même déran- geant… Je peux tout à fait compren - dre que beaucoup de gens devien - nent fous, se droguent et se bourrent la gueule. Le rythme nous rend dingues. L’enregistrement aussi, ça peut me mettre dans des états pas possibles, je me demande si j’ai bien fait, si c’est une bonne idée, ce que vont en penser les gens. Lorsque vous avez fini un album, vous arrivez à l’écouter ? Non, pas du tout, jamais ! Pour moi c’est du passé, je n’y arrive pas. Mes chansons, je ne les écoute que quand je les joue sur scène. Mais les retours en arrière, très peu pour moi. Mixed Race porte bien son nom, c’est un vrai mélange tout ce que vous aimez, de vos influences et de ce que vous avez fait auparavant… C’est exactement ce que je voulais expérimenter avec cet album. C’est le plus facile que j’ai eu à faire parce qu’un jour je me disais que je voulais écrire une chanson de blues, un autre jour une chanson d’un autre style. Mais mon souhait était de quand même créer de la musique nouvelle, des choses que l’on avait jamais faites avant. Vous pensez que c’est toujours possible, malgré vos vingt ans d’expérience et tout ce qui a été fait en matière de musique, quelle que soit l’époque ? Oui, je pense que oui. C’est ma façon de grandir. Vous savez, j’ap - Vous êtes du genre hyperactif, alors prends toujours des choses ! Que ce soit en tournée, en studio ou PAR MELODY LEBLOND après voir terminé cet album le travail grâce aux rencontres que je fais, j’apprends sur moi-même. Beau - vous manque-il ? coup de gens ont utilisé des mots comme génie pour me qualifier, Je ne ressens rien de précis, je ne ressens rien du tout. Je continue à mais ce sont des foutaises. Si j’étais un “génie” j’aurais arrêté de faire travailler parce qu’il faut maintenant s’occuper de la tournée, de la de la musique depuis longtemps, puisque je n’aurais plus rien à promo et tout ce qui s’en suit. Sans compter le tournage des clips et apprendre. Dans chacun de mes albums précédents, je connais les le choix des visuels… je ne m’arrête jamais vraiment, je ne me pose forces et les faiblesses, alors je tente de corriger les défauts. pas, je n’ai pas le temps, alors ça va.

| 10 START UP | SEPTEMBRE 2010 | Qu’avez-vous appris avec l’aide de Mixed Race ? Que je suis quelqu’un de plutôt feignant, surtout pendant le mixa- ge. Je suis souvent en train de trépigner quand les choses traînent, mais je sais que manquer de patience, c’est mauvais. Il faut que je me dise que si le morceau n’est pas fini, on le fera demain, mais c’est dur (rires). Mon rêve c’est d’enregistrer un disque pendant trois ou quatre mois d’affilé, pour recommencer les morceaux jusqu’à l’épuisement. Je ne sais pas si j’en serai capable, et même si ça semble un peu chiant, je voudrais faire ça. Vous avez collaboré avec Hakim Hamadouche, pour un titre chanté en arabe… C’est-à-dire qu’au départ, j’avais demandé à Rachid Taha de venir poser sa voix sur ma chanson, mais Hakim, qui était juste venu faire la partie guitare, a finalement chanté. Le résultat me plaisait telle - ment que j’ai dit à Rachid de laisser tomber (rires). Il y a aussi Francky Riley, qui est ma choriste, ça me paraissait évident de faire un titre avec elle. Je l’ai rencontré en faisant l’audition pour enregis- trer une partie live d’un morceau, et j’ai été tellement bluffé qu’elle est resté à mes côtés. Il y a aussi votre petit frère, Marlon ! Oui, c’est le treizième d’une famille de quatorze frères et sœurs, mais c’est le seul qui fait de la musique. Il écrit des choses depuis ses 17 ans, mais il commence tout juste à être bon ! Je ne l’ai pas pris parce que c’est mon frère, mais parce que je trouve qu’il a du talent. Dans votre album sorti en 2008, Knowle West Boy, vous parliez de votre adolescence en Angleterre, que racontez-vous dans celui-ci ? Chaque chanson est vaudoue, spirituelle et puissante. Kingston Logic, par exemple, est une chanson positive sur le ghetto et ses con - séquences. Je montre que la vie là-bas est tellement rude que forcé - ment les jeunes dérapent. Mais tout a un lien, car s’il n’y avait pas de délinquance, il n’y aurait ni police, ni juges, ni rien de cela. C’est la loi de la nature, tout a un sens, chaque chose découle d’une autre. Dans le morceau Ghetto Stars, je montre ce que j’ai vécu, c’est-à-dire grandir dans un univers où tes modèles sont des gens riches, bling - bling, et recherchés par la police. Je respecte mes oncles qui étaient des criminels, je comprends ça, puisque je voulais être comme eux. Je parle du cercle vicieux de la prison, où quand tu en sors, tu finis toujours par y retourner… I

Mixed Race ### (Domino Records)

| 11 START UP | SEPTEMBRE 2010 | ROCK Adam Kesher e r g a M n e i l u J : O T O H P

ADAM KESHER JOUE MAINTENANT DANS LA COURS DES GRANDS AVEC CHALLENGING NATURE. BIENVENUE DANS LEUR UNIVERS.

Une fois l’album fini, vous vous sentez foi dans le groupe et on avait du mal à faire le tri parmi toutes nos PAR MELODY LEBLOND comment ? idées. Le fait d’avoir une autorité extérieure, un peu moins passion - Comme toutes les choses qui demandent un peu de travail, ça laisse née que nous, ça nous a permis d’avancer plus vite et de perdre plutôt un vide. moins de temps. Un vide, vous voulez dire, un manque ? Comment Dave One s’est-il retrouvé aux Oui, en quelque sorte. On est contents que ce commandes de cet album ? soit terminé parce qu’il y avait une partie du Déjà, nous on aime ce qu’il fait avec Chro- travail qui ne nous appartenait pas complète - meo, et c’est aussi un bon ami de Mathieu, le ment, car c’est surtout Pierrick qui a bossé sur patron de notre label, Disque Primeur, alors le mixage de l’album. On a passé tellement de on l’a rencontré comme ça. On avait aimé une temps, dans pas mal de studios différents, que de ses premières mixtape sortie sur le label, et là on se retrouve un peu sans rien, à ne pas on a pensé à lui lorsqu’on cherchait un pro - savoir quoi faire. Mais on trouve que le résul - ducteur. On partait sur un truc plus pop, plus tat est très réussi. rythmique, il était parfait pour ça. Pourquoi très réussi justement ? Vous voyez une grosse différence entre votre C’est la première fois que l’on a travaillé avec premier album et celui-ci ? quelqu’un extérieur au groupe, en l’occur - Oui, assez énorme même. On a changé de rence, Dave du groupe Chromeo. Et c’est vraiment quelque chose line-up, puisque deux personnes sont parties et une est arrivée. Le qui nous a fait beaucoup de bien parce qu’on est assez de mauvaise premier album s’est fait très rapidement, tandis que pour celui-ci

| 12 START UP | SEPTEMBRE 2010 | on a mis 18 mois en tout, ça a porté ses fruits. On est allé chez plein de gens pour avoir des instruments variés, après il y a eu le travail avec Dave One, puis enfin, le mix, qui a duré longtemps puisqu’on avait trois mixeurs différents. Dont Phil Zdar et A-Track, pas mal… Dave One avait vraiment fait un travail de production, de direction artistique, alors que Phil Zdar et A-Track ont fait le boulot une fois les morceaux finis. Ce qui est bien, c’est qu’on ait réussi à travailler avec un type comme Phil, parce qu’il est overbooké depuis Phoenix ! C’est un privilège. Vous saviez quel son vous vouliez au début de l’enregistrement ? C’est vrai qu’on a notre avis sur le son, mais c’est beaucoup lié à com - ment une chanson se met en place. Au fur et à mesure où l’on a com - posé les morceaux, tout à coup, des choix de sons se sont imposés. C’est le morceau qui fait la loi. Y a t-il des groupes à qui vous ne voulez pas ressembler ? Oui ! Je sais que j’ai vraiment un problème avec la manière dont le rock anglais en général, enfin actuel, est mixé. Je trouve ça assez vul - gaire. Je pense à Kaiser Chief, Bloc Party ou les Klaxons… Ce genre de musique est aseptisé, tiède, trop clean. Les chansons sont composées ensemble ? Les propositions viennent vraiment de chacun d’entre nous. Mais l’écriture est souvent difficile car il y en a un qui va proposer une idée de clavier, que l’on va enlever peut-être plus tard, et là, la personne trouve que le morceau est dénaturé. On s’éparpille vite, c’est notre défaut. C’est pour ça que la présence de Dave nous a été précieuse. Challenging Nature a une signification précise ? Challenging Nature a un rapport à une exposition qui se déroulait à Beaubourg, lors de notre enregistrement. C’était une rétrospec - tive de Werner Herzog, et l’on a beaucoup apprécié son documen - taire Burden of Dream, sur le fait qu’il trouve la jungle saine. C’est toujours un peu grandiloquent, mais c’est du Herzog. Votre clip Hundred Years Later , dans le désert, c’est une façon de symboliser votre parcours ? Ce n’est pas nous dans le clip, ce qui est une bonne idée je trouve. C’est ambigu, les gens vont penser que c’est nous alors que c’est juste des amis à nous. L’idée de départ, c’était de prendre un objet, en l’oc - currence une vitre, et de faire cette procession sur laquelle on s’inter - roge. C’est aussi pour se moquer des clips un peu narra-tifs, absur - des. I

Challenging Nature ##### (EMI/Disque Primeur)

DISCOGRAPHIE (Disque Primeur)

1998 Continent (EP digital & 10'') 2002 Ladies, loathing and laughter (single digital & 7'') 2003 Heading for the hills, feeling warm inside 2005 Happy Vandals (EP digital & 12''- UK only) 2006 An Allegory Of Chastity (EP digital & CD) 2010 Modern Times Remix (EP Digital) 2010 Modern Times (EP Digital & CD - France & Japan edition) 2010 Challenging Nature 2010 Hour Of The Wolf (single digital)

| 13 START UP | SEPTEMBRE 2010 | POP Anoraak MAIS QUI SE CACHE DERRIÈRE CES LUNETTES NOIRES ? TOUT SIMPLEMENT UN JEUNE GARÇON, MEMBRE DU COLLECTIF VALÉRIE, POUR QUI TOUT EST ALLÉ TRÈS VITE. BELLE RENCONTRE.

L’interview est assez matinale, pas trop tine disque et là pour la première fois tes morceaux étaient des PAR GUILLAUME GRAF fatigué ? numéros ! Et là, ça m’a vraiment fait bizarre, c’est un mélange entre Je suis quelqu’un qui se couche tard, et qui se réveille tard. Je préfère la plénitude et l’angoisse. Tu te dis que ça fait quelques mois que tu bosser la nuit en général. Ça ne fait donc pas très longtemps que je bosse sur tout ça et au final, c’est des numéros. C’était assez récon - suis réveillé, mais ça ira. fortant aussi parce que ça m’a rappelé lorsque j’étais plus jeune et que Pourquoi travaillez-vous la nuit justement ? j’écoutais que des cd; parce que les mp3 n’existaient pas, et que tous Je pense que ça doit être familial. Dans ma famille, on mange tard, mes disques, je les connaissais par les numéros. En général, d’après tes on se couche tard… Par la force des choses, je vis propres statistiques, tu sais que la deux, tu l’aimes comme ça, mais ça n’a pas toujours été le cas. J’ai bien, que la trois est un peu bof par rapport au eu aussi des boulots où je devais me lever très tôt. reste… Mon disque s’est retrouvé dans la même J’ai été surtout serveur, donc un rythme de vie position, j’ai trouvé ça génial. assez spécial. Je préfère cette option. Le choix des morceaux a t-il été difficile ? L’enregistrement d’un premier album, c’est Je ne vais pas raconter des bêtises en disant que éprouvant ? j’avais plus de 170 morceaux, mais je devais en Franchement, je suis passé par des états extrême - avoir deux tiers de plus que sur l’album, à peu près. ment différents. Il y a le moment où tu as fini d’en - Avant d’enregistrer, j’ai commencé par un écré - registrer; quand les morceaux ne sont pas encore mage assez fort, puis je me suis rendu compte qu’il terminés dans leur structure; la partie production, y en avait qui ressortaient du lot. Ensuite, il y en a le mixage et le mastering. Dans cette dernière partie, tu te dis que tu qui ont été créées en dernière minute, comme Above you head, que ne peux plus rien changer. Ça dure une journée, et à la fin, il y a un j’ai composé dans un avion, chose que je rêvais de faire depuis mec qui te donne un cd avec ton nom dessus, tu le mets dans la pla - longtemps. Ce jour-là c’est venu naturellement et je trouvais qu’il

| 14 START UP | SEPTEMBRE 2010 | allait très bien sur l’album. On sent l’évolution entre cet album et votre premier EP, Nightdrive with you… Vous la ressentez ? Fatalement oui. Je pense que pour les gens qui connaissent et qui ont aimé Nightdrive with you, qui a bientôt deux ans, il y a un changement plutôt logique. Plus le temps passe, plus j’ai l’impres - sion de m’approcher de ce que j’ai envie de faire depuis le début. Ce qui est pas mal. Alors, mes débuts… Ça commence à dater, j’ai eu le temps d’écouter pleins de choses et je n’ai plus les mêmes moyens. C’est un peu le fantasme de ce que j’aurais aimé faire. Pour être hon - nête, quand Nightdrive with you est sorti, ce n’est pas que je ne le prenais pas au sérieux, mais je faisais un peu l’autruche. C’est mon manager qui a voulu le sortir, moi j’ai dit ok à l’artwork, au track - listing, j’étais presque passif. Comment tout à débuté il y a huit ans ? Il y a huit ans, j’habitais à Boulogne avec mon colocataire, qui faisait partie du groupe Saycet. À cette époque là, je faisait déjà de la musique sur mon ordinateur, mais en dilettante, je n’avais pas encore de nom. Au bout d’un moment, j’ai pensé à Anoraak comme nom, c’est un peu venu du saint-esprit, et j’ai commencé à faire écouter ce que je faisais. Les gens ont trouvé ça bien, alors ça m’a encouragé à continuer. Mais c’est surtout Myspace qui a tout déclanché, quand je m’y suis inscrit en 2004. C’était de l’eau bénite parce que je pou - vais uploader mes morceaux et les livrer en pâture aux auditeurs lambda, sans dire qui tu es vraiment, mais en relayant l’information quand même. Le temps est passé et je suis allé habiter à Nantes, où j’ai finalement rencontré des gens qui m’ont aidé à avancer. Je parle du collectif Valérie et des groupes qui en faisaient partie : Minitel Rose, Russ Chimes ou College. Nightdrive with you est sorti parce qu’il me fallait une carte de visite, quelque chose d’un peu fini pour présenter mon travail. On l’a tiré à 1000 exemplaires et tout est parti en trois semaines à peine… Je ne m’attendais pas à ça du tout ! Grâce à ça, j’ai pu faire deux tournées en Australie, une tournée aux États- Unis, alors c’est quand même assez cool. Il y a des choses qui te tenaient à cœur pour l’enregistrement ? Oui. C’est-à-dire que je suis un mec qui vient de la musique instru - mentale des années 90, j’étais un fan de Pearl Jam et de Soundgar - den ; j’avais des jeans troués, des pulls en laine dégueulasse et les cheveux longs… Donc pour moi, la musique électronique a aussi ses limites. C’est-à-dire que quand j’en viens au live, ça devient plus com - pliqué à gérer. Je ne suis pas satisfait quand je suis seul avec mon ordi - nateur sur scène. Alors je voulais ne pas oublier le côté réel dans ma musi- que, c’est pour cela que j’ai voulu enregistrer cha- que partie avec des vrais instruments. Votre musique est aussi à la croisée de plusieurs styles… Je suis très disco et funk depuis longtemps et j’ima- gine que ça se ressent, et au fur et à mesure, j’ai réussi à mélanger toutes mes influences. Je me suis mis mes propres bar - rières. I

Whenever The Sun Sets ### (Naïve/Grand Blanc)

| 15 START UP | SEPTEMBRE 2010 | POP Klaxons LES CHOUCHOUS DES MAGAZINES ANGLAIS ONT MIS TROIS ANS AVANT DE NOUS PRÉSENTER UNE VERSION CORRECTE DE SURFING THE VOID. LEUR DEVISE ? LE TRAVAIL PAIE. TOUJOURS.

Avec le temps que vous avez passé en à la campagne ; juste pour voir ce qui allait se passer. On voulait PAR GUILLAUME GRAF France, vous ne parlez toujours pas Français ? expérimenter, faire de la musique le plus simplement du monde. Le James Righton (clavier) : Non… C’est une honte d’ailleurs. Mais but premier était de s’amuser, sans réfléchir à la suite. Au début j’aimerai beaucoup apprendre cette langue. C’est vrai que l’on a passé c’était le rêve, on faisait de la musique inconsciemment, c’était génial. beaucoup de temps ici en France. La prochaine fois, promis ! Ça a donné des morceaux très longs et cinématographiques. Ensuite, Myths of the near future avait été enregistré en à peine deux on s’est réveillés. Pour imager, je pense que nous sommes arrivé à la semaines, tandis que pour ce dernier album, vous fin de notre relation avec James, un peu comme semblez avoir pris le temps… dans un couple. Il était tellement impliqué dans C’est vrai que Myths of the near future, on l’a un peu le groupe, c’était quasiment le cinquième mem - bâclé… Non pas dans le sens péjoratif, mais parce bre ! Mais on souhaitait se recentrer sur ce que que nous ne voulions pas faire quelque chose de nous étions juste nous trois, alors il a fallu lui sérieux. Tout avait été très vite. Trop vite sûrement. dire qu’on voulait stopper l’aventure. Il a com - On a ressenti de l’excitation, mais aussi du soulage - pris, c’est toujours un très bon ami, on le voit ment à la fin de l’enregistrement de Surfing the void. souvent à Londres. On est heureux parce qu’on a pris le temps de tra - Jamie (ndlr le chanteur/leader des Klaxons) a vailler dessus, et nous sommes passés par des étapes dit dans une interview que vous n’étiez qu’un difficiles pour en arriver là. On a décidé de faire la vrai groupe que depuis peu d’ailleurs… part des choses et de laisser les chansons mûrir en C’est vrai. Même si l’on a un nouveau batteur, faisant des démos, puis en les retravaillant. On a tous parlé de notre nous sommes devenus, grâce à ce deuxième album, un groupe à part musique ensemble et ça nous a permis de la penser. entière. Stef a toujours été notre batteur, mais en live, on a décidé de Vous avez d’ailleurs arrêté de collaborer avec James Ford. Faute de le faire jouer sur le disque. Ça n’a pas été facile, parce que nous étions résultats ? déjà en quelque sorte cons-truits, il a dû faire beaucoup d’efforts d’in - Ce n’est pas vraiment ça. En fait, avant d’enregistrer Surfing the void, tégration. nous avons été bosser avec James dans une studio appelle Blackbox, Vous avez l’air d’être particulièrement soudés…

| 16 START UP | SEPTEMBRE 2010 | Oui c’est exact. On se connaît par cœur, on connaît les qualités et les défauts de chacun d’entre nous. Nos cerveaux sont connectés en per - manence et l’on sait tous où l’on veut aller ensemble. Ils sont comme mes frères et plus encore. Les éloges à la sortie de votre premier album ont été unanimes et massifs. Ce succès éclair n’a t il pas été trop rapide à votre goût ? Pour nous, à l’époque, faire de la musique était la seule chose qui importait. Nous ne pensions pas à “l’après”. Notre but justement était de surprendre tout le monde et d’offrir quelque chose de nou - veau, que personne ne s’attendait à entendre. Et ça a marché ! Nous voulions faire autre chose que tous ces groupes de pop anglaise, trop lisses et formatés. Et justement, pour Surfing the void, vous saviez vers quoi vous vouliez aller ? Pas du tout, on juste un peu parlé de musique, mais on a surtout joué, sans avoir une idée précise du résultat final. On a tous donné notre avis, on a laissé les propositions de chacun se développer. C’est surtout une histoire de patience et de confiance. La plupart de nos chansons commencent par la musique et les mélodies, et ensuite nous posons des paroles qui collent le mieux possible. Pourquoi choisir ce titre ? Il y a plusieurs interprétations. Je pense que c’est tout d’abord une image vis-à-vis du monde de la musique, je parle de ce vide, parce qu’il n’y a pas grand chose qui sort du lot. En fait, lorsque l’on écoute ce qui se fait, tout se ressemble. On voudrait un retour à la vraie musique, celle qui vient des tripes, celle que l’on ressent. Si vous regardez le top NME de chaque pays, vous verrez que ce qui marche, ce sont les groupes et les artistes faits de toute pièce. Il y a trop peu de musiciens et beaucoup trop d’auto-tune à mon goût. Les gens ne jouent plus qu’avec leur ordinateur sur scène et oublient le plus important : l’interactivité avec le public. Par exemple, quand je mets la radio, j’ai l’impression que la même chanson qui passe en boucle, même si les styles diffèrent. C’est triste je trouve. C’est le chat-astronaute, qui trône en photo sur la pochette de Surf - ing the void, qui va sauver la situation ? J’adore cette pochette ! On a trouvé cette photo et on l’a arrangé à notre sauce. On voulait une image un peu choc, qui attire l’atten - tion. C’est une façon de se moquer gentillement de tous les groupes qui depuis ces deux dernières années utilisent des images de galaxie, d’espace, de voie l’actée. Ils mettent des triangles dans le cosmos un peu n’importe comment… On voulait mettre ce chat pour montrer que, lui, avait été dans l’espace et dominait tout le monde (rires). Il s’en fout, il est neutre et il vit à travers son propre espace. Quand je me balade dans le métro à Londres et que je vois l’affiche en grand format, je me dis qu’on a fait un très bon choix ! I

Surfing the Void ### (Warner/Because)

| 17 START UP | SEPTEMBRE 2010 | CHRONIQUES POP/ROCK

MOGWAI

COUP DE Special moves + Dvd Burning CΠUR ##### Rockaction/Rough Trade

SUZANNE VEGA #### TOKYO POLICE CLUB Close up vol.1 love songs #### Cooking Vinyl/ Pias Tomorrow morning C’est un retour en toute discrétion Coop / Pias d’une grande dame de la pop : Il en faut assez peu finalement pour SuzanneVega, la chanteuse préférée apprécier d’entrée un groupe des 80’s de nos grandes sœurs intello jusqu’alors méconnu : une voix de qui usèrent jusqu’à la corde l’album jeune voyou, des mélodies accro- Solitude Standing avec des tubes cheuses et une envie de moderniser comme Luka ou Tom’s Diner. Sans un genre ancien - la pop énergique doute lassée par la production propre et gentiment bancale - que lesTokyo et clinquante de ses derniers albums Police Club maîtrisent parfaitement. et une tentative jazz pour le label Blue Champ, 2nd album de ces Canadiens, Un groupe sans image, sans leader, venu d’Ecosse et proposant une Note, Suzanne livre un disque intro- synthétise leur discothèque person- musique instrumentale à base de couches de guitares superposées et spectif et rétrospectif.Avec une simple nelle : Pixies, Pavement, Frantz de subtiles textures électroniques… c'est dans ce monde tout en dégradé guitare, elle revient à ses débuts folk, Ferdinand, Bloc Party, et sans doute de gris que plane Mogwai, ce quartette qui a bien retenu les leçons soniques égrenant pour ce 1 er volume ses plus aussi les Smashing Pumpkins. Des de My Bloody Valentine et du label Creation de Glasgow. Après plusieurs belles chansons sentimentales références digérées qui font que albums ardus définissant le post-rock en version british (on se souvient (Marlene on the wall, Small blue things Champ s’écoute de bout en bout avec de l’éprouvant Come on die Young ), Mogwai s’est tourné vers la musique ou Gypsy), l’occasion de retrouver ces un réel plaisir, parsemé de vrais tubes de film illustrant en 2006 un documentaire consacré à notre Zidane national. mélodies douce-amère dans leur plus (Favorite food, Favorite colour…) et Après donc 15 ans de musique climatique, alternant calme et fureur, simple appareil. Suivront trois autres qui dépote grave quand l’envie s’en Mogwai livre ce 1 er album live absolument renversant, accompagné de volumes thématiques, histoire de faire fait sentir. Bref, une belle découverte Burning, un Dvd captant l’intensité du le tour d’une discographie somp- de cette rentrée. H.C. groupe en live et où, chose rare, la tueuse et intemporelle. H.C. caméra s’attarde beaucoup plus sur le public que sur les musiciens. Tour à THE CHARLATANS #### tour répétitif, planant, abscons et furieux, Who we touch Pias la musique de Mogwai est tel le gremlin “Après plus de vingt ans de carrière, dont s’est inspiré le groupe : difficile à The Charlatans publient cet automne leur apprivoiser. H.C. 11 ème album…” claironne le dossier de presse. Et cela file un choc, surtout chez certains qui achetèrent le 1 er single de ces Charlatans en… 1990. Menés par LE CLIP DU MOIS le lunatique , les Charlatans DEVENDRA BANHART - Foolin datent d’un temps où la pop british (extrait de l’album What Will We Be). triomphait : Stone Roses, Ride, House of Réalisé par Isaiah Seret Love, The La’s, James, Pulp… Comme http://www.youtube.com/watch?v=KSsW9ALDcKI un boomerang nostalgique, après des années d’oubli auditif, ce Who we touch sonne comme des retrouvailles trop long- temps repoussées : une remarquable maturité dans l’écriture, un savoir-faire mélodique évident et une collection de chansons impressionnantes : Love is ending en single, Smash the system, Intimacy ou Sincerity délivrent une énergie pop-punk contagieuse tandis que Oh ! ou You can’t swim sonnent comme des hommages psyché à Syd Barrett. Sans compter I sing the body electric, totalement barré et planqué en fin d’album. Parfois, la nostalgie a du bon. H.C.

| 18 START UP | SEPTEMBRE 2010 | CHRONIQUES POP/ROCK

!!! ### APOCALYPTICA ### Strange weather isn’t it 7th Symphony Warp/PIAS Sony Music JAMAICA ### Chic Chic Chic ou bien Bof bof bof ? Décidément, les musiciens venus No Problem PIAS Les avis sont partagés sur leur du nord de l’Europe aiment les grosses Même si on pourrait penser que ce nom donnerait des millions de résultats quatrième album de ce combo guitares. Enfin, ici, les violoncelles. sur un moteur de recherche, le Myspace du groupe Jamaica apparaît en californien qui ne peut plus compter Car oui, Apocalyptica est un groupe première place lorsqu’on cherche des informations sur eux. Qui sont-ils ? Un sur l’effet de surprise de ses premiers de heavy métal composé de violon- duo electro rock mené par Antoine Hilaire disques. On y retrouve cet alliage de cellistes. Mais n’attendez pas d’eux et Florent Lyonnet, autrefois appelé Poney rythmes discoïdes, de basse ronflante qu’ils soient plus fragiles, loin de là. Poney (on les comprends, ce mot est à la et de gimmicks électro-rock. Passé Que trouve-t-on de plus que les mode). Qui les aiment ? Xavier De Rosnay, quel-ques titres efficaces dont AM/FM précédents ? De nombreux invités : la moitié du groupe Justice, qui a d’ailleurs et Wannagain, l’ambiance devient la chanteuse Lacey Sturm de Flyleaf, produit ce premier album. Qu’en penser ? mono tone, nos !!! empruntant Dave Lombardo le batteur de Slayer, Que du bien si vous aimez le style. Sinon, beaucoup aux Talking Heads et au Gavin Rossdale, le chanteur de Bush réécoutez, vous êtes sans doute passé à label ZE records (1981). Surtout, et Brent Smith de Shinedown. M.L. côté de quelque chose. M.L. d’autres groupes, plus neufs, se sont engouffrés dans cette disco-pop rigide et asexuée : MGMT, LCD sound sytem ou les Scissors Sisters. Il serait temps de lancer une nouvelle mode. H.C.

BLONDE REDHEAD ### Penny sparkle 4AD/Beggars Mais qu’est-il donc arrivé à notre énergique et sonique trio new-yorkais ? Depuis leur signature sur l’excellent mais très snob label 4AD (auparavant il y eut trois albums sur le plus bruitiste label U.S.Touch & go) Blonde Redhead touche de moins en moins aux guitares et rythmiques dures, se consacrant à une pop éthérée, climatique et langoureuse, rappelant un des anciens groupes cultes de 4AD : les Cocteau Twins. Les fans seront perplexes face à ce Penny Sparkle, envoûtant par moments, mais totalement déroutant dans ses intentions… Affaire à suivre ? H.C.

| 19 START UP | SEPTEMBRE 2010 | CHRONIQUES ELECTRO

THE HUNDRED IN THE HAND COUP DE Album CŒUR #### Warp/Discograph

THE AMPLIFETES #### UNDERWORLD #### The amplifetes Barking EMI Cooking Vinyl Quand électro-pop et mode font bon Le nouvel album des pionniers de la ménage, cela donne The Amplifetes, dance, Rick Smith et Karl Hyde, (alias quatre Suédois malins, qui, grâce à un Underworld) n’a rien à envier aux seul single, It’s my life, ont réussi à jeunes groupes. Il y a bien entendu ébouriffer la Fashion week de 2009… Born Slippy, tube interplanétaire C’est dans ce monde chic et glamour découvert dans le film Transpotting de qu’évoluent ces producteurs déjà plé- Danny Boyle (ou on retrouve également biscités par Kelis et Madonna. Déjà, Blur, Primal Scream, Lou Reed, Pulp tout cet été, il fut impossible d’échapper et Elastica) mais il y a aussi des à Somebody New, nouveau single et collaborations légendaires : Debbie une nouvelle preuve de leur savoir- Harry, Brian Eno, Iggy Pop… Bref, faire disco-pop. Et l’album est très de quoi faire pâlir les dj pré-pubères. bon ! Blinded By Moonlight,WhenThe La cerise sur le gâteau, la participation Un gars une fille à New York, les bars branchés de Brooklyn, la fille a music died et Whizz Kid (sur un sample de Dubfire, High Contrast et Paul Van des faux airs de Kate Moss à la bonne époque, un single au titre parfait de OnThe Road again de Canned Heat) Dyk. Barking : un incontournable. G.G. (Dressed in Dresden), croisement naturel entre Gang of Four et Blondie sont des tubes en puissance, ultra- et voilà lancée la hype du mois…The Hundred InThe Hand, duo glamour mélodiques pour les anciens et suffi- et fan du son new-wave des 80’s, ne déçoit pourtant pas à l’écoute de samment électro pour les jeunes… ce 1 er album. Mené par le single entêtant Young aren’t Young. Truffé de Le carton prévisible de cet automne. H.C. tubes électro pop dans l’air du temps (Lovesick, Pigeons…) mais aussi bourré de nostalgie cold wave (Siouxsie & Banshees, Cure, Cocteau Twins), The Hundred In The Hand sonne comme une revanche sexy et fun, face à la pâleur sinistre de The XX. Et attendez de voir en live la RÖYKSOPP ### chanteuse Eleanore Everdell à la Senior voix troublante, vous m’en direz Wall of Sound/PIAS des nouvelles… H.C. NINJA TUNE ### La suite logique de Junior s’appelle 20 years of beats & pieces Senior, quoi de plus normal direz- Ninja Tune vous. Accompagné d’un teaser qui Connaissez-vous Matt Black et vaut le détour (un vieil homme réveille THE QEMISTS ## Jonathan Moore ? Et bien ces deux son ami avec l’album de Röyksopp), Spirit in the system garçons sont à l’origine du label Senior débute en douceur avec une PIAS indépendant anglais Ninja Tune. intro bancale pour s’envoler vite vers Ah c’est beau d’être jeune… Dès Take Quelques noms pour resituer l’affaire : ce que le combo sait faire de mieux : it back et Hurt less, titres d’ouverture Amon Tobin, Bonobo, Coldcut, DJ de longs morceaux planants (Tricky de leur éprouvant 2 ème album, c’est la Vadim, Kid Koala, Mr Scruff, Spank Two, The Drug, A long long way) et guerre sur le dance-floor… Le son de RockThe Herbaliser, The Qemists… hyper rythmés. Röksopp est défini- The Qemists, trois jeunes allumés de Faire une liste nous prendrait la tivement le groupe qui rend l’electro Brighton qui doivent carburer au mix journée, alors le label a trouvé la plus belle et distinguée à chaque ecstasy + EPO, vous saute à la gueule tel un Alien. C’est dans ce registre solution : réaliser, pour ses vingt ans, album. À écouter d’une traite...“Nor- techno/dance/punk rock/drum & bass/space invaders que s’illustrent ces une rétrospective de six albums vège, twelve points !” M.L. redoutables dynamiteurs et, dans ce tourbillon finalement seul surnage le hit remplie du meilleur et de morceaux Renegade, seul véritable pop song du lot. Spirit in the system est sans doute exclusifs. À noter que cette sortie formidable comme bande-son d’un jeu sur PS II mais pour le simple auditeur, est accompagnée de soirées partout on se met à regretter The Prodigy. H.C. en France. Happy Birthday ! M.L.

| 20 START UP | SEPTEMBRE 2010 | CHRONIQUES RAP/SOUL

CHOCOLATE GENIUS INC MC JEAN GAB1 ### #### Seul Swansongs Universal Music No format Le rappeur Mc Jean Gab1 est loin Il y a plus de dix ans, Mark Anthony d’être connu pour avoir la langue dans Thompson alias Chocolate Genius, sa poche. Ce sont d’ailleurs les avait publié un disque improbable et nombreux clashs avec Booba, NTM impressionnant titré Black Music : au ou encore Rohff qui l’ont fait connaître programme talking blues et soul (la chanson Je t’emmerde en est le sombre, supervisé par des vocalises meilleur exemple). Sept années se à la Curtis Mayfield. Déjà l’ambiance sont écoulées depuis son premier dépressive pointait malgré un disque, et ce n’est qu’aujourd’hui qu’il habillage orchestral luxueux. Avec se décide à recomposer des morceaux Swansongs, Chocolate Genius réap- (il a fait un crochet par le cinéma). parait avec un disque hanté et down Complètement autobiographique, Seul tempo. Très down le tempo puisqu’il est un album-constat à propos des n’y a que des ballades d’après nuit, illusions et des désillusions qui ont des mélodies murmurées, des ambian- rythmées sa vie. Mais le gaillard en ces climatiques pour les fans de Brian veut toujours à certains, la preuve Eno et de David Lynch… Album avec ses paroles, toujours aussi inclassable, difficilement recomman- acerbes. Peut-être un peu trop à la dable aux gens pressés. H.C. longue… G.G

N.E.R.D #### Nothing Universal Music Pharell Williams ne fait pas que tomber les filles, il fait aussi tomber notre mâchoire à chaque album produit seul ou réalisé avec N*E*R*D, son groupe. Après une séparation en 2005, suite à des désaccords avec sa maison de disques, le groupe décide de finalement revenir sur le devant de la scène en 2007. Nothing, leur quatrième album, tape toujours dans les sons érotico-hip- hop. Leur nouveau label ne tarit pas d’éloge sur eux non plus : “Pour comprendre l'aura quasi mystique qui entoure les N*E*R*D, il faut savoir que les deux compères Pharrell Williams, Chad Hugo et leur camarade Shay Haley ont la faculté de repousser sans cesse les bornes de la musique, de réinventer la production, de mélanger rock, hip-hop, soul, funk et psychédélisme dans le même shaker pour un faire un parfait breuvage !” . On partage complètement leur avis. M.L.

| 21 START UP | SEPTEMBRE 2010 | CHRONIQUES FRAN ÇAIS

FLORENT MARCHET

COUP Courchevel DE ##### R CŒU Pias

SYD MATTERS #### BENJAMIN PAULIN ### Brotherocean L’homme moderne Because Wagram Pour Jonathan Morali alias Syd Il y a quelques années, Benjamin Matters, tout a débuté par une démo Paulin avait pris pour pseudo le Vrai envoyée aux Inrocks. Mais qui aurait Ben, faisait du hip hop avec Puzzle, pu prédire la suite ? Ce jeune parisien sélectionné par Cut Killer et publiait au su imposer au fil de ses albums, un disque solo au titre prédestiné : ses chansons folk fragiles, uniquement Suicide Commercial. Le voilà chantées en anglais, inspirées autant métamorphosé aujourd’hui en crooner par Nick Drake,Will Oldham, Jonathan dandy et tente de s’inventer en Richman que par Syd (of course) chanteur français désabusé, fausse- Barrett.Avec Brotherocean, 4ème opus, ment macho. Le single Dites le avec on est loin de l’Hexagone : tout comme des flingues, en clin d’œil au Sébastien Tellier, Herman Düne, et Gentleman Cambrioleur de Dutronc, bien sûr les grand frèresAir et Phœnix, est pourtant une fausse piste : cette pop made in France, subtilement Benjamin Paulin reprend vite son orchestrée et romantique a tout pour phrasé hip hop avec J ’ai Changé,Tout plaire auxAnglo-saxons avec des pop Va Bien ou l’accrocheur Laisse-moi songs parfaites telles Hi life,A robbery tranquille. Moins convaincant en b m o t r ou We are Invisible… Avec Brother- chanteur rétro 60’s, Benjamin Paulin o D u e

i ocean, Syd Matters se rapproche ne semble pas savoir à quelle époque h t t a

M également du son que propose ces il appartient. H.C. : O T

O temps-ci le label Bella Union avec H P en tête les récents albums de J.Tillman C’est devenu une coutume : tous les trois ans, Florent Marchet nous et de John Grant. H.C. offre un album. Après Gargilesse (un village de son enfance) en 2004 et Rio Baril (sa ville imaginaire) trois ans plus tard, voici Courchevel cette année et d’entrée l’auteur prévient : “Quand tu passais tes noëls au chalet à Courchevel/Bien trop loin de nos fenêtres/J’imaginais sans connaître/Et tes parents bedonnants dans les hôtels du néant (…)/Nous on restait là/On n’avait pas la chance/pas les mêmes vacances…“. C’est un peu l’enfant prodige de la chanson “à textes“, un terme connoté mais qui en 2010 nous a déjà apporté l’excellent La Musique de Dominique A et l’étonnante Reproduction d’Arnaud BRISA ROCHÉ ### Fleurent-Didier. Avec eux, il partage également la passion des textes Alright Now et hante plus volontiers les festivals littéraires que les concerts rock. ALEX TOUCOURT ## Wagram Avec Courchevel, dont la maîtrise mélodique tutoie les hauteurs de StudiOrange La voix de Brisa Roché, on l’aime. la célèbre station alpine, le voilà presque sans concurrence. Pas La Prod Toucourt/L'autre Distribution Ses anciens albums, on les aime d’esbroufe chez Florent Marchet : harmonies sobres et arrangements AlexToucourt compose une musique aussi. Le retour de la belle brune mys- au cordeau, quelques montées orchestrales pour des refrains quasi- tout en simplicité, puisqu’il joue seul térieuse avec Alright Now, enregistré tubesques, Benjamin, La famille avec sa guitare, sans accompa- dans une ancienne église gothique kinder, L’idole ou la ballade gnement. Pas besoin pense-t-il ? Ce désaffectée, on aime, forcément. gainsbourienne Roissy (avec Jane serait peut-être judicieux d’y penser Brisa Roché, c’est de la pop, cela Birkin en duo que peut-on faire pour l’album prochain, car l’absence ne fait aucun doute. Oscillant entre d’autre ?) et la pop rétro de la de musiciens donne un résultat plutôt une Debbie Harry survoltée et une Charrette… Bref, voici simplement limité.... Mais ne lui enlevons pas sa Janis Joplin envoûtée, Brisa déborde un des tous meilleurs albums de fraîcheur et son honnêteté. Alex d’énergie et de sincérité. Parfait pour chansons françaises de cette Toucourt est un artiste qui se cherche la rentrée. G.G. rentrée. H.C. et StudiOrange un album qui se découvre. Encourageant. G.G

| 22 START UP | SEPTEMBRE 2010 | CHRONIQUES AUTRES MUSIQUES

AKA MOON, BABA SISSOKO & BLACK MACHINE Culture griot ### Cypres records AKA MOON & DJ GRAZZOPPA’S DJ BIG BAND Album et Dvd Live #### Cypres records

Aka Moon

Musique nomade, sono mondiale, jazz libre sans frontières… C’est à la rencontre des harmonies et polyrythmies de tous horizons que naissent les projets d’Aka Moon, un trio (saxophone alto, basse électrique, drums) de Belgique, réussissant depuis à dix ans une alchimie rare (rendant hommage à Coltrane, Steve Coleman, Paco de Lucia…) et s’impliquant dans des projets aventureux. Avec le griot Baba Sissoko (tama, n’gomi) et son clan malien, Aka Moon se fond dans un décor de jazz africain assez virtuose qui n’aurait pas déplu à Peter Gabriel. Mais le charme opère surtout lorsque nos Belges laissent le Black Machine faire vibrer la machine malienne. Plus surpre- nant est cette collaboration d’Aka Moon avec cet étonnant big band d’une dizaine de Dj’s et scratchers réunis sous la direction de Dj Grazzoppa. Là, nos jazzmen se frottent au hip hop le plus élaboré et c’est encore mieux : entre John Zorn et Dj Shadow, les impros d’Aka Moon emportent le mix assez loin dans l’excellence. En prime, Aka Moon livre un Dvd de l’événement, une occasion de plus d’aller à la rencontre de ce trio passionnant. H.C.

| 23 START UP | SEPTEMBRE 2010 | DVD DU MOIS L’ARNACŒUR UN FILM DE PASCAL CHAUMEIL . R . D S O T O H P ROMAIN DURIS ET VANESSA PARADIS ONT LE DIABLE AU CŒUR. CHARMANT.

Il y a casseur et casseur. Alex n'est ni un hooligan ni un braqueur de malice, il a déjà fait un rapt sur notre cœur. Fortiche. Et Romain banque. Alex est un briseur de couple professionnel, diplômé en n'est pas seul. En plus d'une Vanessa Paradis craquante et fragile, séduction avec mention "miam". Aucune femme ne lui résiste. L' arnacœur trouve dans ses rôles satellites de véritables trésors d'hu - Homme de principe, il ne s'en prend mour supplémentaires. En complice du qu'aux belles malheureuses coincées avec don juan, le couple Julie Ferrier et François des bêtes. Une règle à laquelle il va pour - “L’ Arnacœur est une arme Damiens est le mariage parfait de la ten - tant devoir déroger pour séduire Juliette, de séduction massive” dresse et de la drôlerie. Cerise sur le parfaitement épanouie avec un fiancé au gâteau : des séquences particulièrement CV irréprochable. Il a dix jours avant tordantes où Romain Duris s'entraîne à la qu'elle ne se fasse passer la bague au doigt. Une mission impossible? chorégraphie de Dirty Dancing dans les bras de François Damiens. Pas pour Romain Duris qui se balade dans cette comédie roman - Difficile de résister. Dialogues chocs et casting chic, L' arnacœur, c'est tique rafraîchissante, l'œil qui frise et le sourire coquin. Le temps une arme de séduction massive bien huilée. d'une introduction où il déploie son bagou et son charme avec CHRISTOPHE CHADEFAUD - 2010 - UNIVERSAL STUDIO CANAL

| 24 START UP | SEPTEMBRE 2010 | VANESSA PARADIS PAR FABRICE LECLERC POUR STUDIO CINÉ LIVE

En réécoutant vos albums, et notamment ceux du duo Franck Langolff/Étienne Roda-Gil, je me disais qu'il y avait, déjà à l'époque, dans ces chansons, de vraies petites histoires de cinéma. C'était, dès le début, une envie de votre part? J'ai toujours beaucoup aimé le cinéma, c'est sûr. Dès l'âge de 5 ou 6 ans, j'étais passionnée par les comédies musicales qui alliaient, pour moi, ces trois passions que sont la musique, la danse et le cinéma. En revanche, sur mon premier album, je n'étais pas autant impliquée dans le processus créatif que je le suis aujourd'hui. J'étais une jeune interprète qui a reçu les chansons de Franck Langolff et Étienne Roda-Gil comme de beaux cadeaux. La même chose s'est passée avec L' Arnacœur? Vous aviez envie de ce type de film, une comédie à l'américaine? Je n'avais pas forcément cette envie précise, mais cela est devenu évi - dent lorsque j'ai lu le scénario. Cette histoire m'a plu, m'a parlé, cela a été immédiat. J'ai toujours aimé ce type de films qui sont là pour donner du plaisir, des feel good movies. Mais il n'y avait pas que cela. Je me suis également lancée dans l'aventure parce que j'aimais la vision qu'en avait Pascal Chaumeil, le réalisateur. Parler de comédie à l'américaine, cela peut paraître un peu vague. Il m'a cité le cinéma de Wilder, Indiscrétions de George Cukor... Ces références me plai - saient. Et puis, Pascal est un jeune metteur en scène, L' arnacœur est son premier film, même s'il a déjà beaucoup travaillé auparavant dans le cinéma et la pub. C'est un homme très cash, qui sait convain- cre, j'étais donc à l'aise, séduite. Le projet a mis du temps à se monter? Non, tout a été très vite. Et puis, l'autre facteur qui m'a fait plonger était le fait de travailler avec Romain Duris. J'ai toujours aimé ce qu'il fait, je l'ai toujours admiré. La comédie est une question de timing et de chorégraphie. Il ne faut pas rater un pas. C'était une première pour vous au cinéma... C'est effectivement difficile, surtout que Pascal Chaumeil nous a fait travailler très rapidement, afin, sûrement, de garder une certaine spontanéité. Nous avons parfois tourné seulement deux prises pour une scène! C'était atroce pour moi mais, au moins, je n'avais pas le temps de réfléchir. Il ne fallait pas que nous fabriquions, mais être dans le moment. Et faire vraiment confiance au metteur en scène. Mais surtout, c'est une histoire qui montre qu'au fond de nous tous, il y a cette envie de romantisme. Nous devions jouer cela sans devenir cucul ! I

| 25 START UP | SEPTEMBRE 2010 | CHRONIQUES DVD

LES CHATS PERSANS Un film de Bahman Ghobadi - 2010 - PATHÉ Tourné avant les événements qui ont suivi la réélection d'Ahmadinejad, le nouveau Ghobadi - passé par la case prison depuis - prend un autre relief aujourd'hui. Ce com - bat de jeunes musiciens iraniens qui ten - tent de monter un groupe underground et d'émigrer clandestinement vers l'Europe est un manifeste contre la sévérité des autorités iraniennes à l'égard des jeunes contes - tataires au régime. Avec une mise en scène alternant intelligemment naturalisme et esthétisme de clip, Ghobadi (Les tortues volent aussi) signe un grand film musical, romanesque et, bien évidemment, par rico - chet, profondément .

politique. On en sort R . D O

bouleversés. T O H THIERRY CHÈZE P

TOUT CE QUI BRILLE Un film de Géraldine Nakache et Hervé Mimran 2010 - PATHÉ Sur un banc de leur cité, Ely et Lila tuent le temps à rêver de soirées branchées. Elles se connaissent depuis toujours, sont aussi proches que des sœurs et se lancent à l'assaut de Paris. Et c'est parti pour une mission infiltration dans une boîte tendance où d'innocents mensonges vont mener à de grosses embrouilles.

. Tout ce qui brille n'aura du film de filles que l'éclat du vernis, et c'est R . D

O tant mieux. Car il est beaucoup plus. Derrière la quête de strass d'Ely T O H

P et Lila, on trouve une comédie solaire qui pétille de l'évidence de leur complicité. Tout sonne ici incroyablement juste. Pour leur pre - BUS PALLADIUM mière collaboration, la jeune Géraldine Nakache (qui incarne aussi Un film de Christopher Thompson - 2010 - STUDIO CANAL Ely) et Hervé Mimran nous font cadeau d'un scénario aux dialogues Pour son premier long, Christopher Thompson raconte l'histoire qui font mouche, dans l'humour ou dans l'émotion. Ils s'amusent d'une bande de potes devenue groupe de rock qui va imploser avec de la superficialité d'un milieu capable de tout, même de changer un l'arrivée d'une jeune femme. Rien de neuf sous le soleil disent ses Shopi en nouveau "place to be", en troquant les surgelés pour des détracteurs, évoquant That Thing You Do ! Control, Les copains coupettes. Ils filment la tendresse d'un père qui continue de faire d'abord... Oui, mais ici le soleil brille et pas uniquement par la grâce danser sa fille de 20 ans sur ses pieds, ou une autre qui épouse l'espoir d'Élisa Sednaoui. Bus Palladium est un "feel good movie", où de sa mère de voir son mari revenir un jour. C'est délicieux, simple, Thompson a su créer une empathie avec ses personnages. Ses pour - léger, grave, amusé, soigné à tous les étages, profondément humain fendeurs ajoutent qu'on n'est jamais surpris par ce qui se déroule à et d'une justesse infinie. CHRISTOPHE CHADEFAUD l'écran. Mais Bus Palladium n'est pas un suspense hitchcockien, juste un bijou romanesque qui joue avec les codes du genre. Évidemment qu'on a envie de voir les leaders du groupe se déchirer pour une groupie et de vivre la montée en puissance puis la chute et l'éventuel rebond de ces BB Brunes des années 80. Parce qu'on est attaché à ce casting parfait, à cette bande brillante de naturel, surtout lorsqu'elle interprète les titres composés par l'excellent Yarol Poupaud. Thompson joue avec ses souvenirs sans s'y noyer.

Rien de neuf sous le soleil ? Si : un beau film . R . D

mélancolique où bat en permanence le coeur O T O H sauvage de l'adolescence. THIERRY CHÈZE P

| 26 START UP | JUIN 2010 | CHRONIQUES DVD

CHICAS Un film de Yasmina Reza 2010 - UGC DISTRIBUTION À l'instar de sa pièce Art (un succès mondial), on retrouve dans Chi - cas tout ce qui fait le sel de Yasmina Reza : une sacrée dose de petitesse humaine saupoudrée d'un humour ciselé. Adaptées d'une de ses pièces, ces retrouvailles dominicales entre une mère espagnole et ses drôles de filles valent surtout pour le duo formé par Carmen Maura et Emmanuelle Seignier, qui impose enfin son énorme talent dans un mélange détonnant de doutes et de grande gueule. Si ce premier film n'évite pas toujours les facilités du théatre filmé, Yasmina Reza emporte quand même le morceau avec ses fulgurances narratives. L'enfance de l'"Art" en quelque sorte. FABRICE LECLERC . R . D O T O . H R . P D S O T O H P SOUL KITCHEN Fatih Akin 2010 - TF1 VIDÉO Fatih Akin filme Soul Kitchen avec la même maestria rageuse que son mélo rock Head-on . Sachant qu'il a saupoudré l'ensemble avec une bande-son absolument démentielle, tous les ingrédients sem - blaient réunis pour aboutir à une succulente fantaisie culinaire. Pourquoi, alors, la mayo ne prend-elle pas? Tout bêtement à cause d'un scénario faiblard. Les mésaventures de Zinos, restaurateur en galère, manquent de piquant, d'originalité, de subtilité dans les gags, bref, de tout ce qui constitue le socle d'une comédie réussie. Et même si on décèle cer - tains thèmes chers au chef cuistot (l'exil, les rela - tions germano-turques...), on reste sur sa faim. LAURENT DJIAN . R . D O T O H P

| 27 START UP | SEPTEMBRE 2010 | CHRONIQUES DVD . R . D S O T O H P PRINCE OF PERSIA Un film de Mike Newell - 2010 - WALT DISNEY STUDIOS Les premiers Yamakasi étaient donc perses. La preuve en images soit pas homme à orchestrer combats haut perchés, poursuites dans Prince of Persia, où un Jake Gyllenhaal, mi-Jason Bourne, mi- nerveuses dans le désert et autre final ensablé. On espérait du spec - chimpanzé, défie les lois de la gravité avec élégance, et ce malgré un taculaire. On aura du travail bien fait... du moins si l'on fait abstrac - abus manifeste de gonflette. Mike Newell aura au moins su con - tion de transitions à la va-comme-je-te-pousse. server la substantifique moelle du jeu vidéo, c’est-à-dire sauter dans Côté interprétation, Jake Gyllenhaal a beau être volontaire, il n'est tous les sens et se rattraper à des trucs. pas Johnny Depp. Idem pour la princesse Gemma Arterton, qui n'a Se rajoute là-dessus une histoire de coutelas magique, cadeau des pas la niaque d'une Keira Knightley. Si Prince of Persia avait l'ambi - dieux aux hommes permettant de remonter le temps, qui passe de tion d'être le nouveau Pirates des Caraïbes, il a le potentiel visuel pour main en main pendant deux heures. Pourquoi pas, d'autant que le enfanter de nombreuses suites. Elles trouveraient d'ailleurs dans le dynamisme général et les soins graphiques apportés à cette Perse second degré un des ingrédients manquant à ces Sables du temps. antique ne sont pas pour déplaire. Dommage que Mike Newell ne CHRISTOPHE CHADEFAUD

LA RAFLE Un film de Rose Bosch - 2010 - GAUMONT Pour faire correctement son travail d'analyse, il faudrait pouvoir déchirer l'écran de larmes que provoque immanquablement l'évo - cation de la rafle au Vélodrome d'Hiver, où 13 000 juifs furent par - qués avant d'être exterminés à Auschwitz. Mais la dimension émo - tionnelle du film de Rose Bosch l'emporte souvent, reléguant les critiques sur ses faiblesses formelles au second plan. Le caractère salutaire de ce film tient surtout à la somme d'informations qu'il

. recèle, tant sur les circonstances précises de la rafle (l'évocation du R . D

O camp de transit de Beaune-la-Rolande), que sur le partage des T O H

P responsabilités entre Français et Allemands. Ce véritable travail journalistique installe La Rafle dans la catégorie des films dits KICK-ASS "utiles". On pouvait aussi tout craindre de la présence de têtes d'af - Un film de Matthew Vaughn - 2010 - METROPOLITAN fiches, mais la sobriété de Gad Elmaleh (malgré un Dans le club des superhéros sans pouvoir, Batman et Iron Man vont texte difficile) et de Jean Reno est irréprochable et devoir se pousser pour accueillir un nouveau venu : le surprenant met le doigt sur une intention caractéristique : Kick-Ass. Derrière ce nom de scène exotique se cache un lycéen dont alors que La liste de Schindler ou Le pianiste le seul talent surnaturel est d'être totalement invisible aux yeux des décrivaient des héros solitaires capables de tran - filles. Sur un malentendu, il décide de devenir superhéros et de scender l'atrocité de leur sort par leur pouvoir ou délivrer une justice peu orthodoxe, qui l'envoie souvent au tapis. Sur leur art, Rose Bosch inscrit, elle, son film dans l'or - un autre malentendu, sa réputation grandit sur internet, qui fait de dinaire factuel des victimes d'un drame par essence lui le balèze qu'il n'est pas. Alors qu'il finit par se mettre le parrain collectif. On n'en ressort que plus concerné. de la mafia locale à dos, il rencontre d'autres allumés des comics, la sanguinaire Hit Girl (une fillette de 11 ans!) et son père Big Daddy, parano délirant, fana d'armes à feu et militant hardcore pour le droit à l'autodéfense. À partir de ce moment, le film bascule dans le poli - tiquement très incorrect. Mais l'irréalité corrosive du récit et l'humour ravageur plaident largement en faveur d'un second degré qui semble exclure toute inflexion idéologique. Et pour une fois

qu'un superhéros se commet dans l'acte gratuit, . R . D O

sans ressasser ses traumas d'enfance, on ne va pas T O H se priver. EMMANUEL CIRODDE P

| 28 START UP | SEPTEMBRE 2010 | CHRONIQUES DVD LEBANON Un film de Samuel Maoz 2010 - FPE . R . D O T O H P Avant Lebanon, Lion d'or à Venise, Samuel Maoz n'avait jamais réalisé de long métrage. Ce film, il lui a fallu vingt ans pour l'accoucher. Il raconte son expérience de tirailleur pendant la guerre du Liban de 1982. Ce qui choque d'abord, c'est le huis clos. Le spec - tateur est enfermé à l'intérieur du tank avec quatre soldats. La seule vision que nous avons de l'extérieur nous est donnée par le viseur du canon. Comme eux, on est ras - surés et étouffés par cette claustration grâce à un excellent travail sur le son. Les bruits extérieurs de la radio de bord ou de l'ouver - ture du sas sont rarement réconfortants. À cet égard, la scène où l'hélicoptère vient chercher le corps d'un soldat est terrifiante. Bien sûr, ce premier film a des défauts. Maoz a parfois recours à des artifices extérieurs comme la conversation intercep - tée sur le canal Pluton. Mais c'est dans le traitement des émotions que le cinéaste est le plus fort. Une façon de cadrer les visages de civils, une hésitation sur une gâchette, des dialogues qui virent à l'absurde en disent long sur le traumatisme de la guerre. Maoz, comme avant lui Ari Folman avec Valse avec Bachir ou Joseph Cedar avec Beaufort, s'in - scrit dans une veine de jeunes réalisateurs israéliens anti-militaristes. SOPHIE BENAMON . R . D S O T O H P CHRONIQUES DVD . R . D S O T O H P REMEMBER ME Un film de Allen Coulter 2010 - FORTIS FILM - RADAR PICTURES À l'été 2001, un jeune New-Yorkais en rébellion contre son père depuis le suicide de son frère rencontre une jeune fille qui a perdu sa mère dans un meurtre. Cette histoire d'amour sur fond de réflexion sur le deuil aurait pu être très émouvante. Malheureusement, Allen Coulter (Hollywoodland) noie son propos sous une avalanche d'infor - mations: une voix off, des explications à rallonge entre le père et le fils et les longs monologues d'un meilleur ami très agaçant. Robert Pattinson abuse du registre du "jeune en colère" et rate complètement certaines scènes comme le face-à-face avec un flic. Ce qui sauve le film, c'est son rebondissement final. SOPHIE BENAMON

CRAZY NIGHT Un film de Shawn Levy 2010 - FPE "Ça te dirait un gros câlin, ce soir ?" demande Phil, l'œil coquin, allongé dans son lit. Son épouse, Claire, raplapla mais conciliante, opine du bonnet, puis, tel un boxer épileptique, laisse couler un gros filet de bave en ôtant son appareil dentaire. La scène, dès le début, confirme l'osmose du tandem Steve Carell/Tina Fey, leur vis comica et leur propension à l'autodérision poilante. Elle symbolise aussi la routine tue-l'amour dans laquelle s'engluent les Foster depuis des lustres. Pour échapper à ce quotidien, marmots, boulot, dodo, les banlieusards se mettent sur leur 31 et vont s'en - canailler dans un resto new-yorkais hyper hype. Mais, suite à un quiproquo, deux mafieux armés leur réclament une clé USB. . R .

D Débute alors une nuit kafkaïenne, où Phil et Claire échappent en O T O barque à des malfrats et pilotent un bolide accroché au pare-chocs H P d'un taxi lors d'une folle poursuite en ville. S'essoufflant aux deux L'AMOUR C'EST MIEUX À DEUX tiers, n'évitant pas les gags lourdingues (le lap-dance...), cette Un film de Dominique Farrugia et Arnaud Lemort comédie d'action ne rivalise pas avec After Hours. Elle n'en reste pas 2010 - STUDIO CANAL moins délicieusement crazy, rappelant au passage qu'il n'existe pas Michel est un idéaliste qui croit que l'amour ne peut arriver que par mission plus délicate pour un couple que de garder son amour hasard, à l'occasion d'une rencontre qu'il rêve parfaite. Sauf que ce intact malgré les galères et les années. LAURENT DJIAN qui le mènera sur le chemin d'Angèle n'aura rien de fortuit (son pote a arrangé la rencontre). La naïveté de ce Michel qui vit au pays des poneys est dans un premier temps déconcer - tante. Mais une fois ce postulat digéré, il reste le plaisir des vannes irrésistibles, à haute teneur en cynisme, délivrées par des Clovis Cornillac et Manu Payet en bonne forme. De son côté, Virginie Efira donne la réplique au tandem sans faillir, continuant son petit bon -

homme de chemin et confirmant, film après . R . D

film, tout le bien qu'on pense d'elle. O T O H

EMMANUEL CIRODDE P

| 30 START UP | SEPTEMBRE 2010 | | 31 START UP | SEPTEMBRE 2010 |