Archéologie des résidences aristocratiques médiévales en Poitou-Charentes (1987-2004). Luc Bourgeois

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Luc Bourgeois. Archéologie des résidences aristocratiques médiévales en Poitou-Charentes (1987-2004).. Actes du colloque ”Résidences du pouvoir, pouvoir de la résidence : travaux archéologiques récents entre Loire et Pyrénées, Xe-XVe siècles., Oct 2002, Pau, . pp.53-62, ￿10.3406/amime.2006.1574￿. ￿halshs-00596097￿

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Archéologie des résidences aristocratiques médiévales en Poitou-Charentes (1987-2004) Luc Bourgeois

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Bourgeois Luc. Archéologie des résidences aristocratiques médiévales en Poitou-Charentes (1987-2004) . In: Archéologie du Midi médiéval n°4, 2006. Résidences aristocratiques, résidences du pouvoir entre Loire et Pyrénées, Xe- XVe siècles. Recherches archéologiques récentes, 1987-2002. pp. 53-62;

doi : https://doi.org/10.3406/amime.2006.1574

https://www.persee.fr/doc/amime_1278-3358_2006_sup_4_1_1574

Fichier pdf généré le 22/03/2019 Résidences aristocratiques, résidences du pouvoir entre Loire et Pyrénées, Xe-XVe siècles, p. 53-62.

Luc Bourgeois Centre d’études supérieures de civilisation médiévale (UMR 6589 du CNRS), Poitiers.

Archéologie des résidences aristocratiques médiévales en Poitou-Charentes (1987-2004)

Essai de bilan Association des archéologues de Poitou-Charentes) et les opérations intégrées aux études et aux travaux de la Conservation régionale Les états des lieux réalisés en 1987 et 1990 par André Debord 1 des Monuments historiques. Ces chantiers menés en amont des constituent une base pratique pour considérer l’évolution des restaurations n’ont jamais suscité d’opérations de grande ampleur et recherches depuis la fin des années quatre-vingt et nous nous leurs problématiques se limitent souvent à des questions techniques réfèrerons souvent à ces bilans. (niveaux de sol, complément de plan de structures en partie disparues). Ils ne concernent pratiquement jamais les édifices inscrits à Evolution des cadres d’intervention l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, la plupart du Les 114 autorisations administratives délivrées entre 1987 et temps restaurés sans intervention archéologique. La dernière décennie septembre 2004 concernent 44 sites, assez inégalement répartis dans a également vu croître les interventions archéologiques réalisées à la l’espace régional. Un comptage basé sur les autorisations privilégie demande de collectivités territoriales propriétaires de monuments. le Haut-Poitou (tableau I). En nombre de sites ayant fait l’objet La part des recherches programmées a tendance à progresser d’interventions, c’est le département de la Charente-Maritime qui légèrement depuis 2002, après une absence totale d’autorisations l’emporte et la Charente voisine qui fait pâle figure (fig. 1). de ce type entre 1994 et 2001. D’autres entreprises à long terme se Le bilan dressé en 1987 enregistrait l’interruption récente d’un cachent pourtant derrière des statuts différents (sondage, sauvetage certain nombre d’opérations menées par des associations locales. urgent, etc.) : la pratique du « sondage à répétition » dénoncée en 1987 Malgré un léger reflux du nombre d’autorisations accordées, les se perpétue donc sous d’autres formes (Gençay, Oiron, Parthenay). chercheurs bénévoles demeurent pourtant fortement présents dans Cette multiplication des opérations ponctuelles, parfois menées par ce secteur de la recherche, avec toutefois une récente régression qui reste à confirmer (tableau II). En contrepoint, les années 1990-1991 – marquées par une croissance sans lendemain des opérations – ont 1. Debord 1990 et 1991. vu se développer l’archéologie contractuelle (AFAN puis INRAP, 2. Gil 2000 et article du même chercheur dans les actes de ce colloque.

53 Résidences aristocratiques, résidences du pouvoir entre Loire et Pyrénées, Xe-XVe siècles Luc Bourgeois Résidences aristocratiques, résidences du pouvoir entre Loire et Pyrénées, Xe-XVe siècles

Tableau I : activité archéologique par année et département (en nombre d’autorisations) Sites 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Total

Charente 2 1 1 1 2 1 1 2 2 - 2 2 1 -- 1 3 3 25 7 Charente-Maritime - 2 1 - 1 2 - 2 1 2 - 3 2 - 2 2 2 1 23 17 Deux-Sèvres 2 1 1 4 7 1 1 - 2 3 2 3 2 3 3 4 1 - 40 9 Vienne 1 1 1 2 4 1 2 -- 4 3 3 - 1 1 1 1 - 26 11 TOTAL 5 5 4 7 14 5 4 4 5 9 7 11 5 4 6 8 7 4 114 44 Tableau II : statut des titulaires d’autorisations 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Total

Bénévoles 4 4 1 4 2 3 1 -- 3 1 3 1 2 2 1 1 - 36 Afan/Inrap --- 1 2 - 1 3 3 3 2 2 3 1 3 2 1 1 27 Autres contractuels --- 1 1 - 1 --- 1 3 1 -- 1 1 1 11 Culture -- 1 - 2 2 ---- 2 1 ---- 2 - 10 Ens. Supérieur 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 ----- 2 1 1 14 Collectivités -- 1 - 1 --- 1 2 1 2 - 1 1 1 -- 11 Autre ------1 1 1 3 TOTAL 5 5 4 7 14 5 4 4 5 9 7 11 5 4 6 8 7 4 114

des intervenants différents, rend problématique toute synthèse des régions. L’analyse morphogénétique a également suscité quelques données. A Parthenay, cette parcellisation a été corrigée par la mise hypothèses à vérifier sur l’emprise originelle des castra urbains 4. en place d’un projet collectif de recherches sur les fortifications de Des études récentes menées ailleurs montrent combien l’organisation la ville. interne de ces castra précoces diffère des schémas convenus. Pourtant, malgré l’existence dans la région Poitou-Charentes d’exemples aussi Si l’on excepte une enquête menée en Châtelleraudais dans le remarquables que le complexe castral de Chauvigny, des phénomènes cadre d’un travail universitaire 2, aucune opération de prospection comme l’habitat des milites castri ou la pratique de la co-seigneurie thématique liée aux résidences aristocratiques n’a été autorisée depuis ont été pour l’instant à peine abordés 5. quinze ans. L’essor des travaux d’inventaire associé à la préparation du colloque de 1987 a donc fait long feu, alors même qu’il était présenté On attendait un essor des recherches concernant les fortifications comme une priorité de la recherche. En la matière, la compilation de terre : il n’est pas venu. Comme en 1987, le Haut-Poitou et l’Aunis rapide de données anciennes telle qu’on continue à la pratiquer ne demeurent vierges d’inventaires systématiques. La désaffection que remplace en rien des inventaires critiques combinant les archives et le connaît ce type d’enquête n’est pas limitée à la région Poitou-Charentes. terrain. D’autre part, on reste étonné par la discrétion de l’archéologie La difficulté à opérer un classement typologique et chronologique de des élévations dans les recherches récentes, mais cette technique ces vestiges semble avoir fortement limité le nombre des opérations demeure globalement sous-utilisée en Poitou-Charentes. d’inventaire. Quelques opérations préventives ont toutefois révélé des structures originales comme la petite enceinte circulaire de Villiers- Mutation ou stagnation des recherches ? en-Plaine et la motte ou maison-forte remarquablement conservée de Puyrolland. Le problème des origines du château, considéré comme fondamental par les programmations successives du CNRA, La littérature récente continue à privilégier les structures commence à peine à être abordé. En la matière, le site phare de la maçonnées des XIIe-XVe siècles. Rarement produite par des région demeure le castrum des comtes d’Angoulême à Andone3. La archéologues auxquels des travaux trop ponctuels interdisent toute fouille préventive récemment menée sur une résidence aristocratique lecture synthétique, elles ne sont qu’exceptionnellement marquées carolingienne aux portes de Châtellerault et l’occupation par la collaboration qui s’impose entre historiens, archéologues et contemporaine de la grotte d’Agris illustrent la grande variété des historiens de l’architecture. Si l’on excepte le cas de Parthenay, les situations avant l’an mil. Dans d’autres sites, la concentration des plus amples monographies parues ces dernières années sont toutes efforts sur les états tardifs des châteaux se prêtait mal à une enquête issues de travaux universitaires publiés (le Coudray-Salbart, Gençay) sur les premiers temps des résidences signalées dans les textes avant le milieu du XIe siècle (Gençay, Parthenay, Lusignan, etc.). Dans le 3. Debord 1994 et 1995. cadre urbain, les bâtiments sur solins des IXe-XIe siècles découverts 4. Bourgeois 2000a et présentation dans le présent volume. à Poitiers (Parking du Calvaire, hôtel Aubaret) pourraient rappeler 5. Rémy 2003 ; Bourgeois, sous presse. Ces thèmes commencent aussi à apparaître les habitats privilégiés établis en cœur d’îlot connus dans d’autres dans quelques travaux universitaires (par exemple Puissant 2004).

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ou non (Angles-sur-l’Anglin, Berrie, Château-Larcher, Dissay, le chantiers archéologiques. L’étude des procès-verbaux de visite et des Haut-Clairvaux, Hérisson, Montreuil-Bonnin, Thouars, etc.). Ces inventaires après décès de la fin du Moyen Age19 livre parfois d’autres travaux marquent un renouvellement des centres d’intérêt : les facettes de cette culture matérielle. défenses avancées ou l’adaptation des structures à l’artillerie à poudre L’analyse des réseaux castraux a par contre engendré des réflexions étaient par exemple des thèmes rarement développés dans les études nouvelles : les travaux réalisés sous l’égide des Plantagenêt 20 ou antérieures. de Philippe Auguste 21, l’aire d’influence des évêques de Poitiers 22, S’inscrivant là encore dans une tendance nationale, la recherche des vicomtes de Châtellerault 23 ou de leurs voisins de Thouars 24 sur les résidences aristocratiques de la fin du Moyen Age connaît fournissent le cadre d’enquêtes sur des séries de sites ou des espaces un essor notable. L’étude des premiers états de Chiré-en-Montreuil historiquement cohérents. ou d’Oiron 6, l’analyse des dispositifs d’entrée des petits châteaux 7 8 ou un inventaire des maisons nobles de la vicomté de Châtellerault 6. Bouvart 2003 et présentation dans le présent volume. témoignent de cet intérêt nouveau, tout comme les travaux historiques 7. Durand 1989. 9 traitant des autorisations de fortifier ou du financement des chantiers 8. Gil 2000. 10 de reconstruction à la fin de la guerre de Cent Ans . 9. Guyotjeannin 2000. L’environnement des résidences aristocratiques et leur place dans 10. Champagne 1997-1998. l’occupation du sol demeurent peu étudiés. La relation entre ville et 11. Bourgeois 2000a et sous presse ; Cavaillès et Lecomte 2000 ; Châtelet-les Halles 1998. château est toutefois abordée par quelques publications récentes 11 et 12. Crépin-Leblond 1999. le thème du