€ MAI/MAE 2011 AUJOURD’HUI, ÊTRE LIBRE, C’EST ÊTRE INFORMÉ N°568/ 3,50 POBL VREIZH/LE PEUPLE BRETON

centralisée dangereuse nucléaire nucléaire Sortons du nucléaire

opaque Energie Energie

polluante

André Pochon

Un jour avec... L’INVITÉ

L’habit fait-il toujours le marin ?

l est des annonces qui laissent parfois qu’il est toujours possible de produire soixante-dix ans, où un jeune homme songeur. L’équipe de France de foot- des vêtements qui respectent ceux qui suisse, Walter Hubacher, fait le pari cou- Iball portera désormais, pour ses les portent et ceux qui les fabriquent. On rageux de fabriquer des sous-vête- matchs à l’extérieur, une tenue rayée est loin du miracle textile breton évoqué ments de qualité. C’est en Bretagne à bleu et blanc. Certes, les rayures appar- parfois. Il existe en effet chez Armor-Lux Quimper que l’aventure se poursuit au- tiennent à tout le monde et aucun fa- jourd’hui, dans le respect de la tradi- bricant, breton de surcroît, ne peut tion grâce à un savoir-faire textile se plaindre du retour en force de la exceptionnel, des capacités d’inno- marinière dans les garde-robes. vation permanentes et une cohésion Pour autant, la marinière n’est pas sociale préservée en toute circons- seulement un incontournable de la tance. mode. C’est un vêtement ancré Il aurait sans doute été plus simple dans notre histoire maritime depuis de céder aux chants des sirènes de le milieu du XIXe siècle1. Ce patrimoi- la délocalisation. La marque y aurait ne et les valeurs partagées par les gagné provisoirement en rentabilité, gens de mer méritent d’être respec- mais se serait vidée immédiatement tés. Si les marins font la mode, la et définitivement de sa substance. mode ne fait pas toujours les ma- C’est un risque que nous n’avons rins ! pas souhaité courir. Et c’est une res- La marinière est un vêtement qui a ponsabilité que de prendre une telle du sens et c’est précisément ce que décision, car préserver la qualité de recherchent aujourd’hui des nos produits et de nos emplois a un consommateurs désabusés par le coût, maintenir au plus haut niveau manque de transparence de cer- de performance nos outils indus- taines marques et inquiets des triels a un coût, promouvoir des conséquences de la mondialisation modes de fabrication respectueux sur la qualité sociétale des produits de la santé et de l’environnement a textiles. un coût. Cette profonde crise de confiance Mais bien plus qu’un coût c’est un s’avère paradoxalement être une investissement. C’est notre engage- ment vis-à-vis de nos salariés et de opportunité pour des marques au- Armor-Lux thentiques, dont nous espérons fai- nos clients. Et c’est le prix que nous re partie. Mais il ne suffit pas simple- estimons devoir payer pour conser- ment d’être contre la mondialisation ver la liberté de décider de notre pour gagner ou regagner l’estime Jean-Guy Le Flocʼh avenir. des clients. Il faut leur donner des P-DG dʼArmor-Lux C’est enfin notre promesse à la garanties pour prouver que la cour- Bretagne, notre promesse au se aux pays à bas coût de main Peuple breton. d’œuvre n’est pas une fatalité. Apparaître comme une alternative crédible à la mondialisation n’est pas un une histoire, des valeurs et un territoire objectif en soi. C’est la conséquence sur lesquels s’est bâtie l’entreprise. 1. Le décret du 27 mars 1858 introduit le tri- pour nous d’engagements fondés sur C’est en Bretagne à Quimper que cot rayé bleu et blanc dans la liste officielle une intime conviction, celle de croire l’aventure a commencé il y a plus de des uniformes de la marine nationale.

Les adresses à utiliser

Pour adhérer : UDB – 9, rue Pinot-Duclos – Saint-Brieuc Pour écrire : 9, rue Pinot-Duclos – 22000 Saint-Brieuc – [email protected] Pour téléphoner : 02 96 61 48 63 Site Internet : www.udb-bzh.net Pour contacter les élus régionaux : Groupe UDB – 13 C, rue Franz-Heller – 35700 Rennes cedex

2 Le Peuple breton – mai 2011 Souscription permanente Mai/Mae 2011 Il y a tant de causes à soutenir ! Malgré tout, notre Peuple breton reste à flot. D’abord, car nous estimons qu’une dé- mocratie digne de ce nom doit disposer NTRE « SÉCURISÉ » ET « ASEPTISÉ », la frontière est parfois de titres libres et indépendants des mince. Aujourd’hui, il suffit d’une balançoire mal fixée groupes financiers ou des multinatio- Epour que le maire soit accusé de négligence quand un nales. Malheureusement, nous n’avons ni enfant tombe. Les arbres sont coupés sur le bord des routes les moyens, ni les soutiens pour distribuer pour prévenir tout accident. Les « observatoires » fleurissent à gratuitement notre titre à la sortie des mé- mesure que les problèmes apparaissent. Tout est fait pour pa- tros ou sur les grandes places de Bre- cifier notre rapport au monde et aux autres, pour vivre sur des tagne. Les aurions-nous que nous conti- rails, sans danger. nuerions à vendre notre journal à ce prix Malgré tout, la vie se charge de faire dérailler les habitudes et modeste. Car si tout travail mérite salaire, c’est à ces moments-là que l’on perçoit le risque que nous font chaque chose à un prix. C’est aussi ça prendre ceux qui détiennent les rênes du pouvoir. Les uns s’éton- l’autonomie : un principe de responsabili- nent qu’un tsunami emporte les habitations littorales en Asie, ou- sation. Merci à tous ceux qui font vivre nos bliant que les anciens ne construisaient jamais les leurs les pieds dans combats dans les foyers bretons. l’eau. En Amérique ou en Europe, c’est en investissant dans des armes Jean-Paul Touzalin, Le Pouliguen, 5 € ; Philip- que l’on entend « protéger » les civils d'ici ou d'ailleurs. Le moindre pe Coulau, Plouézec, 65 € ; Claude Hervé, crash aérien suscite des angoisses collectives alors que dans nos Plourivo, 15 € ; Catherine Latour, Spézet, 5 € ; propres garages se terrent les machines les plus meurtrières de tous les temps… et Jean-Paul Le Dû, Rosporden, 30 € ; Lionel que cela n’empêche pas les politiques d’investir dans les routes ! Henry, Montreuil-le-Gast, 10 € ; Louis Le Bé- Vraiment, ce monde marche sur la tête. Les risques bénins sont évités comme la pes- gat, Paimpol, 15 € ; Madeleine Skala, Plogas- te quand ceux qui menacent la civilisation sont tolérés ! Pour preuve, ce tel-Saint-Germain, 5 € ; Éric Simon, Saint- Cloud, 11 ; Yves-Marie Daniel, Telgruc-sur- choix de société qu’est le nucléaire, décidé par les « élites » sans aucune € concertation. Ce sont les Japonais qui en font les frais aujourd’hui. Et Mer, 15 € ; Antoinette Chérel-Alonso, Le Rheu, 10 € ; Didier Chenevière, Mantes-la-Jolie, 5 € ; demain ? À force de parler de risques, les médias en créent là où, finale- Daniel Mahé, Crozon, 15 € ; André Le Grand, ment, la vie est assez sûre ! Cessons donc d’avoir peur de nos voisins et Douarnenez, 15 € ; Philippe Cousin, Plogon- exigeons que les projets de société soient décidés collectivement. Car nec, 15 € ; Jean-Claude Marchand, Saint- nous aurons beau faire des efforts individuels et préserver la planète en Pierre-Quiberon, 25 € ; Yves Jardin, Douarne- restant deux minutes de moins sous la douche ou notre santé en man- nez, 5 € ; Alain Thomas, Issy-les-Moulineaux, geant moins gras, moins salé, moins sucré, dès lors que l’appareil d’État JCLG 15 € ; Yves Le Cœur, Pontivy, 10 €. va à l’encontre des changements voulus par le peuple, ces efforts sont Total du mois : 291,00 €. vains… Gael Briand

4. Courrier des lecteurs Éditorial Peuples du monde

6. Iffig 5. 22-23. Corse : 8. De Brest à Nantes Herri Gourmelen l’élection d’Angelini est un séisme politique 14. Nono « Torpillage de la Bretagne » 15. Internet

17. Nukleel ha bro-Japan Social 6-7. Le Pacte pour l’euro : 23. Alsace : victoire historique un incroyable hold-up social International 24-25. L’islam et les révoltes Politique arabes 18. 23vet Tro Menez Are 9. Pour une République fédérale Un jour avec… 12-13. Cantonales : le score du FN 26-27. L’extrême droite en Bretagne André 16. Leurre de vérité Pochon 19. Ar mitchif, yezh ijinet ur vroad Pages culturelles 20. Levrioù brezhonek Nucléaire 28. Livres 21. Histoire 10-11. De Fukushima à Brennilis 29. Livre du mois 32. Mots croisés 30. Musiques de Celtie 33. PB Services Langue bretonne 31. Selaouit Crédit photo de couverture : 34. La page du PB 32. Chaises musicales géantes Florence Dhervé Le jeu du mois à Rennes Le Peuple breton paraît le premier jour ouvrable du mois.

Le Peuple breton – Rédaction : BP 1 – 29850 GOUESNOU

3 Le Peuple breton – mai 2011 Votre courrier « Supplément régional » Les Amazighs de Lybie Abonné autrefois (j’ai 74 ans) à L’Express, je me suis laissé « taper » par une étudiante de l’école de commerce de Brest qui m’a vendu le Je viens vers vous pour savoir si quelque chose numéro 3115 – 23-29 mars 2011 – avec le supplément « Brest ». pourrait se faire en faveur des Amazighs de Libye, qui L’éditorial de Christophe Barbier m’a réellement affligé. Brest, se battent depuis deux mois maintenant contre les « flèche de granit aiguisée par le vent du large... » Ah… mais atten- forces de Kadhafi. Ils ont face à eux les machines de tion ! Dans le cadre de la « cocarde tricolore – indépassable – de la guerre de Kadhafi, alors qu’ils sont démunis et que République – indivisible ». On en est encore là ! En 1792, les députés l’aide étrangère tarde à venir, les efforts de la coalition du Finistère disaient déjà « une seule ville ne fait pas la loi à toute la République »… ils ont été, bien sûr, guillotinés et rien n’a changé de- et de l’Otan se concentrant à l’est, alors que l’ouest (le puis. Jean-Jacques Servan-Schreiber [fondateur de L’ E x p r e s s ] pays amazigh) est quasiment délaissé. avait en son temps des conceptions plus évoluées et moins étri- Les populations vulnérables (femmes, enfants, quées. Ce n’est pas ce petit fascicule succinct et paternaliste qui vieilles personnes) sont contraintes à l’exode vers la me fera souscrire un actuel abonnement à ce journal. Tunisie pour fuir les bombardements, les viols et les Mikel Chaussepied, différentes exactions commises par les soldats et les Le Relecq-Kerhuon (29) mercenaires de Kadhafi. Ainsi, plusieurs familles se retrouvent actuellement du côté tunisien du pays amazigh, dans la région de Tataouine. Face à cet exode massif, les moyens existants sur place ne sont pas suffi- Stop aux jugements de valeur sants pour répondrefaire face à la demande, c’est pour- quoi nous faisons appel à la solidarité avec ces réfugiés. Le 16 mars dernier, le président de chambre à la cour d’appel de De manière générale, nous avons besoin que l’on Rennes, M. Pierre Dillange, ayant à juger une affaire de bar- parle de cette partie ouest de la Libye, qui se bat dans bouillage de panneaux liée à la partition administrative de la Bre- des conditions très difficiles, et faire en sorte qu’elle tagne, avait qualifié la langue bretonne de « baragouin » (« langa- ne soit pas oubliée. Nous souhaiterions bien aussi que ge incorrect et inintelligible » selon le dictionnaire de l’Académie les mouvements « régionalistes » s’expriment française). La cour d’appel de Rennes a récidivé lors du jugement sur tout cela. en écrivant, à propos de la demande de réunification de la Bre- tagne qui avait motivé l’action des auteurs présumés du bar- Masin Ferkal bouillage : « Une telle revendication appliquée à un tel acte relève seulement du ridicule. » Face à ces énoncés pour le moins subjectifs, il convient de rap- peler le magistrat de la cour d’appel de Rennes à la triste réalité du contexte historique dans lequel le territoire de la Loire-Atlan- Un autre point de vue… tique a été soustrait à la Bretagne sur un plan administratif, avec Expatriée pour six mois en Italie du Sud pour mes des conséquences graves en termes de pertes de lien, ce qui était études, j’ai à cœur d’échanger sur les questions poli- l’objectif poursuivi par les auteurs de cette partition et par ceux tiques avec mes hôtes. Les évènements récents en Ly- bie, de ce point de vue, ont fait monter, en Italie, la qui l’ont perpétuée jusqu’à nos jours. grogne anti-Français. Cette période sombre de notre histoire fut particulièrement La Libye est une ancienne colonie italienne et l’Italie éprouvante pour la magistrature. Tous les magistrats en poste fin est devenue le premier partenaire commercial de la Li- 1940 ont prêté serment d’allégeance à Pétain à la suite de l’acte bye. En outre, par le biais d’un « traité d’amitié », les constitutionnel du 14 août 1941, sauf Paul Didier, juge au tribu- deux pays ont collaboré dans la lutte contre l’immigra- nal de la Seine, qui fut révoqué pour cela sur le champ avant tion illégale. L’empressement de Sarkozy à vouloir en- d’être interné puis assigné à résidence. Le régime de Vichy créa trer en guerre a précipité l’Italie dans un « suicide écono- mique »… Parallèlement, depuis la chute du président dix juridictions d’exception : Conseil de justice politique, Cour tunisien Ben Ali à la mi-janvier, plus de 20 000 immigrés, suprême de justice, Cour martiale de Gannat de septembre 1940 essentiellement tunisiens, ont débarqué clandestine- à novembre 1941, Cour criminelle spéciale, tribunaux spéciaux, ment sur la petite île de Lampedusa, 20 km2 et 5 000 ha- sections spéciales, Tribunal d’État, cours martiales, cours crimi- bitants, à mi-chemin entre la Sicile et la Tunisie. Et alors nelles extraordinaires, tribunaux du maintien de l’ordre. Tous ces que l’Union européenne a fait la sourde oreille aux ap- tribunaux, à l’exception de la Cour criminelle spéciale, qui ne pels aux secours des Italiens, aujourd’hui la France fer- me ses frontières. Les déclarations du ministre de l’Inté- fonctionna quasiment pas, rendirent durant quatre années une rieur Roberto Maroni quant à l’avenir de l’Europe ont de justice politique, sur ordre. quoi laisser songeur : « Mieux vaut être seul que mal ac- Vichy, c’était un autre temps, certes, et une autre France lui a compagné. » fort heureusement tourné le dos. […] La collaboration de la plu- La prise en main des opérations militaires en Lybie part des magistrats de l’époque dans la mise en œuvre de la poli- arrangent bien notre cher président à un moment où sa tique de ce régime devrait néanmoins interdire aux magistrats cote de popularité et surtout de crédibilité sont au plus bas. Le résultat pour l’instant : des morts et une guerre français d’aujourd’hui de qualifier de « ridicule » une action non qui s’enlise… ça ne vous rappelle rien ? La motivation violente menée par des citoyens qui n’acceptent toujours pas le était la même de l’autre côté de l’Atlantique : le dépeçage de leur pays et d’insulter un justiciable ou un témoin pétrole ! quand il s’exprime en breton, une langue ni plus ni moins respec- table que le français ou toute autre langue. Solenn Briand, Matera (Italie) Christian Guyonvarc’h, Guipavas (29)

4 Le Peuple breton – mai 2011 Édito La Bretagne sans… Torpillage Jamais à court d’idées, le col- lectif « 44=BREIZH », qui lutte pour l’unité territoriale de la de la Bretagne ? Bretagne, vient de réaliser une nouvelle campagne d’affichage, DR volontairement décalée et pas- tiche ! Celle-ci est basée sur le Sur le site de la Région Bretagne, on pouvait lire courant avril : « Le prési- détournement des publicités de dent de Région s’insurge contre un torpillage qui démontre l’absence totale Nantes métropole et permet d’ambition maritime pour notre pays et dépouillerait la Bretagne de ses res- d’amorcer la mobilisation en ponsabilités maritimes. » On venait en effet de prendre connaissance de faveur de la manifestation du deux décisions gouvernementales frappant de plein fouet une vocation maritime si souvent vantée et jamais encouragée : le projet de nouvelle car- 18 juin. te des formations maritimes amputant les lycées bretons de formations majeures aux métiers de la mer d’une part, le découpage programmé des eaux territoriales bretonnes en trois secteurs dont la gestion serait confiée au préfet des Pays-de-la-Loire d’autre part, constituent de fait des provo- cations inadmissibles et l’UDB appuiera toutes les démarches que Jean- Yves Le Drian engagera pour obtenir leur annulation. Mais, dans le même temps, l’État non seulement trouve grâce aux yeux du président, mais un hommage appuyé lui est rendu pour une « coopéra- tion exemplaire » dans des domaines tout aussi essentiels pour le devenir de notre pays que l’agriculture ou l’énergie, hommage rendu à chaque fois en présence du préfet, représentant en Région du pouvoir central, trop heu- reux sans doute de se retrouver à pareille fête. Cela contredit l’esprit « céli- bien » pourtant hautement revendiqué par le président de Bretagne admi- nistrée et cela ne fait que conforter l’analyse que, paradoxalement, la décentralisation institutionnalisée a affaibli plus qu’elle n’a renforcé la force revendicatrice de la Bretagne. Lors de la session plénière du 10 avril 2010, nous disions : « Nous entendons porter la revendication de l’autonomie ré- gionale au sein du conseil régional. » Revendication plus que jamais d’ac- tualité. Pour l’UDB en effet, l’autonomie régionale prend tout son sens dès lors qu’elle est au service d’un projet de société respectueux des hommes et des territoires. Force est de constater que le régionalisme de consensus avec le pouvoir d’État ne va pas dans le sens que nous souhaitons dans les deux domaines cités plus haut, l’agriculture et l’énergie. La « Nouvelle alliance pour l’agriculture en Bretagne », telle que dessinée le 22 avril à Pon- tivy, pas plus que le « Pacte électrique breton », tel que voté par la majorité avec l’appui de l’UMP, en février dernier, ne sont de nature à satisfaire notre double revendication autonomiste et écologiste. Autre sujet d’actualité dont la résolution ne se fera pas sans une attitude résolument offensive vis-à-vis de l’État qui a arbitrairement dépecé notre pays : la réunification. Nous attendons toujours la mise en place du groupe de travail trans-parti dont le principe a été voté sur proposition de l’UDB, il y a un an ! Ce groupe de travail aurait eu à connaître d’une énième consé- quence désastreuse de la partition : si l’association Bretagne-PdL n’a obtenu que deux sélections sur cent projets d’excellence dans l’enseigne- ment supérieur-recherche en France, c’est entre autres raisons parce que, contrairement à B4 qui a joué la solidarité, les PdL ont joué la dissémination, craignant que Nantes ne se rapproche de trop du reste de la Bretagne. L'un des projets lié à la qualité alimentaire notamment en a fait les frais ! Bretagne torpillée, assurément ! Et pas que dans un seul domaine. La ré- ponse doit être globale et cohérente. Nous le répéterons lors de la prochai- ne session du conseil régional de Bretagne administrée. Herri Gourmelen

5 Le Peuple breton – mai 2011 Social Le Pacte pour l’euro : Iffig Tapie dans l’ombre propice de ses bureaux bruxellois comme la première épicerie du Larzac venue, la Commission européenne vient récemment de – inquiet comme produire un document, cosigné le 25 février par son président José Manuel beaucoup de Bretons Barroso et celui du Conseil Herman Van Rompuy. Ce document était destiné sur d’éventuelles re- à servir de base aux décisions des chefs d’État ou de gouvernement de la tombées radioactives, zone euro qui se réunissaient le 11 mars. La place nous manque pour faire a voulu se payer un l’analyse exhaustive de ce véritable traité du hold-up social, aussi nous bor- compteur Geiger ; nerons-nous à en indiquer la philosophie, et les conséquences qu’il pourrait – a appris qu’il y avait un délai de avoir en matière de protection sociale des peuples d’Europe. dix semaines, mais surtout que le fa- bricant du tube spécial du compteur Accroître ce qui concerne la dette publique ainsi en avait profité pour doubler ses prix ! l’intégration européenne que les systèmes de retraites et de sé- Intitulé « Pacte pour l’euro. Coordina- curité sociale ; O tion améliorée des politiques écono- — renforcer la stabilité financière. » – n’est pas un grand amateur du miques dans la zone euro », il préconise Qui ne souscrirait aux objectifs de showbiz parisien, mais apprécie enco- un certain nombre d’orientations et de viabilité des finances publiques, de sta- mesures visant à « approfondir le pilier re moins les articles calomnieux de bilité financière, d’encouragement de économique de l’Union monétaire en l’emploi et d’un travail plus attrayant ? quelques fêlés qui décrivent les Bre- encourageant la convergence entre les Bien sûr, des méfiants pourraient trou- e tons avec des termes du XIX siècle. économies de la zone euro. Cela re- ver matière à s’inquiéter dans l’intérêt quiert un déplacement vers un plus soudain de l’Europe pour l’évolution – se dit que si avait haut niveau de coordination des poli- été antillaise, elle aurait pu traîner en des salaires et les systèmes de retraites tiques, en particulier dans les domaines et de sécurité sociale. On nous a tant justice ce journaliste du Nouvel Obs qui relèvent de la compétence nationa- vanté le modèle français que, puis- pour incitation à la haine raciale ! Las, le qui sont essentiels pour accroître la qu’on tend vers la « compétitivité » dans les cultures, en France, n’ont pas compétitivité et éviter tout déséquilibre ce domaine, on pourrait davantage toutes la même valeur. néfaste […] ». craindre chez nous un nivellement par On voit que, dès le préambule, est af- la base qu’espérer un alignement sur O firmé un principe : accroître l’intégration les régimes les plus avantageux. européenne dans des domaines rele- – ne sait pas s’il doit rire ou pleurer vant jusqu’ici des compétences natio- Tour de vis salarial après avoir lu que des députés UMP nales. Comment atteindre ces objectifs ? ont déposé le 30 mars à l’Assemblée Pour y parvenir, le document fixe nationale une proposition de loi vi- quatre « objectifs clefs » : « a. Encourager la compétitivité sant « à réglementer l’usage d’un dra- « Les États membres de la zone euro Les progrès seront évalués sur la peau étranger dans l’espace public s’engagent à prendre toutes les me- base de l’évolution des salaires et de la productivité. Les coûts unitaires de français par une déclaration préa- sures nécessaires pour poursuivre les objectifs suivants : main-d’œuvre seront supervisés sur lable », usage qui constituerait sou- une période de temps, en comparant vent « une démarche provocatrice à — encourager la compétitivité, no- avec les développements dans l’égard des principes républicains » ; tamment par l’alignement de l’évolution d’autres pays de la zone euro, et les des salaires et de la productivité ; principaux partenaires commer- – est certain d’une chose : si une tel- — encourager l’emploi en rendant le ciaux [souligné par nous]. Des aug- le loi passe, il va en falloir des agents travail plus attrayant ; mentations importantes et soutenues de police dans les gradins lors des — contribuer davantage à la viabilité [des salaires] peuvent indiquer l’érosion matchs de football ! des finances publiques, notamment en de la compétitivité. » O – est ravi d’apprendre que son Hôpitaux, ça ne va pas s’arranger ! SMIC devrait être augmenté en En Bretagne, comme ailleurs en France, la loi Bachelot s’applique peu à peu. Elle ouvre la juillet ; voie à une concentration accrue des services hospitaliers par le biais des communautés hospi- – tempère son enthousiasme en talières de territoire, au profit des sites de références ou hôpitaux-pivots. En Bretagne, la CHT Cancale - Dinan - Saint-Malo est déjà constituée. Ces concentrations n’entraîneront sans pensant à sa compagne fonctionnaire doute pas d’économie, mais risquent d’éloigner des soins une partie de la population, notam- qui, elle, devra encore attendre pour ment les plus pauvres. Les décrets concernant les services de chirurgie à l’activité « insuffisan- « gagner plus », malgré son temps de te » ne sont pas parus, mais la menace reste sérieuse pour ceux de Douarnenez et de Paimpol, travail en augmentation. et d’ici trois ans pour ceux de Landerneau, Carhaix et l’hôpital privé de Pont-l’Abbé. La ma- – se dit que de toute façon les deux jeure partie de la chirurgie, activité la plus rentable, est exercée par les cliniques privées. Cela ne fera que s’accentuer. Le seul point positif est sans doute le maintien, grâce au conseil régio- malheureux pour cent grattés servi- nal, de huit territoires de santé, au lieu d’un par département. ront à payer ses factures aux multina- tionales, qui n’ont pas attendu la reva- Yves Jardin lorisation ! 6 Le Peuple breton – mai 2011 un incroyable hold-up social !

Des mesures pourront être prises être ouverts tous les jours ; le travail du Une offensive scélérate « pour assurer l’évolution des coûts en soir, de nuit, le dimanche serait généra- À part la TVA « sociale » abandonnée ligne avec la productivité, telles que : lisé. Le Medef ne demande pas autre en route au profit d’une formulation — réexamen des dispositions de chose. Notons la comparaison avec les plus vague — mais qui ne l’interdit pas fixation des salaires afin d’accroître la principaux partenaires commerciaux, — et l’intitulé du paquet rebaptisé décentralisation dans le processus de hors Europe donc, pour des objectifs entre-temps « Pacte pour l’euro plus. négociation et d’améliorer le mécanis- théoriquement intra-européens, et Coordination renforcée des politiques me d’indexation ; même internes à la zone euro. Bizarre, économiques pour la compétitivité et la bizarre… — veiller à la modération salariale convergence », toutes les mesures pro- dans le secteur public (compte tenu de posées par la Commission ont été son important effet de signal). » Retraites sous surveillance adoptées en termes presque iden- « … mesures pour augmenter la pro- « b. Encourager l’emploi tiques par le Conseil européen des 24 et 25 mars derniers. ductivité, telles que : Les réformes politiques peuvent in- — ouverture plus poussée des sec- clure : En examinant la logique de ces me- teurs protégés par des mesures prises sures, leur caractère résolument anti- — … des réformes fiscales, comme social, on ne peut que constater qu’il au niveau national pour identifier et le- déplacer la fiscalité du travail vers la ver les entraves injustifiées sur les ser- s’agit là d’une offensive de grande en- consommation par la fiscalité indirecte vergure, la plus importante, concertée, vices professionnels telles que les quo- […]. » tas et les magasins fermés, y compris menée depuis longtemps contre les Où l’on voit réapparaître la « TVA populations d’Europe. dans les industries de réseau, et les sociale », c’est-à-dire antisociale, restrictions dans le secteur de détail, puisque, non progressive, la TVA est La messe n’est pas dite telles que les restrictions dispropor- l’impôt le plus injuste. tionnées sur les heures d’ouverture et Fort heureusement, les syndicats de de zonage, pour favoriser la concurren- « …Les réformes nécessaires pour salariés européens n’entendent pas ce et l’efficacité, dans le plein respect assurer la viabilité des prestations so- laisser faire, qui organisaient le 9 avril de l’acquis communautaire. » ciales et de retraite pourraient inclure : une manifestation à Budapest, capitale — alignement de l’âge de la retraite éphémère de l’Union européenne, pour Traduction du sabir européen : pour avec l’espérance de vie […]. » dire « Non à l’austérité » imposée à des atteindre la « modération » salariale, La prise en compte, comme unique degrés divers sur l’ensemble du conti- l’État devrait donner l’exemple (en ge- critère, de l’espérance de vie (suppo- nent. 50 000 manifestants sur l’avenue lant les salaires pour la deuxième an- sée), avec sa croissance présumée ex- Andrássy, venus de toute l’Europe à née consécutive, sans doute ?) et les ponentielle, ouvre un boulevard aux l’appel de 45 syndicats de 22 pays, négociations devraient avoir lieu par bûcherons de la retraite. Le régime ma- dont CFDT, CGT et FO au coude à cou- branche ou par entreprise, meilleur ladie ne sera pas épargné. Dans le sec- de. Non, madame Parisot, la messe moyen pour éviter une mobilisation na- teur hospitalier, le mal est fait depuis n’est pas dite. tionale des salariés afin de peser sur les longtemps, et s’amplifie (voir encadré Jean-Claude Le Gouaille négociations ; les magasins devraient page précédente, en Bretagne).

Une des nombreuses et massives manifestations quimpéroises du mouvement contre la réforme des retraites, le 7 septembre 2010. Photo JCLG

7 Le Peuple breton – mai 2011 LOIRE-ATLANTIQUE FINISTÈRE

Les « Pays de la Loire » voudraient bien avoir la pêche ! Soutenons le courage politique de la brasserie dʼHuelgoat La refonte des structures de la pêche maritime passe mal en Loire-Atlantique. Les autres départements bretons ont choisi une structure départe- mentale. À La Turballe, on est sur la même position. Au h Croisic, à Saint-Nazaire et à ʼ Pornic, on s’est, dans des conditions très contestées, prononcé pour une structura- Michel François

Port de la Turballe. tion « régionale ». Brasserie An Alarc L’avenir de la criée du Croi- Une brasserie éthique. sic, récemment jumelée à celle de La Turballe, peut expliquer certains clivages. Et la solidarité historique entre comités bretons inspire des La brasserie An Alarc’h d’Huelgoat, dans les envies de rattachement au Morbihan… Quant à la « région » des monts d’Arrée, bien connue pour ses bières Tan- Pays-de-la-Loire, elle donne bien l’impression de jouer sous la table. tad, Hini du ou Mallozh ruz, vient d’adopter une attitude courageuse en refusant de vendre de la bière à « Ti Breizh », un repère d’extrême droite Écologie de façade breton basé à Guerlesquin. Les « identitaires » menacent les brasseries An Alarc’h et Tri Martolod Le conseil municipal (qui lui est associée dans la distribution) de pour- de Rennes a voté le 4 suites pénales pour attitude discriminatoire. avril dernier en faveur L’UDB leur apporte son soutien dans leur volonté d’une centrale bois d’introduire une éthique politique dans le com- pour alimenter le réseau merce, tout en rappelant la nécessité de rester vi- de chaleur sud de la vil- gilant face à l’extrême droite. le. Un choix qu’Éliane Leclercq, élue UDB, n’a pas soutenu malgré l’in- CÔTES-D’ARMOR térêt de développer la

DR filière bois en termes Le breton menacé d’autonomie énergétique. La raison ? La délégation de gestion à Saint-Brieuc à une entreprise privée, Dalkia, qui propose un projet surdi- mensionné, qui créera peu d’emplois et nécessitera l’apport ILLE-ET-VILAINE de bois extérieur : 117 000 tonnes par an pour la seule ville de Rennes, quand la consommation totale en Bretagne était de 80 000 tonnes en 2007 ! Un non-sens écologique, qui aurait pu être évité si le débat avait eu lieu…

MORBIHAN

Environnement : Le Saint sʼinquiète DR Parents dʼélèves et élus comptent bien préserver La population s’est mobilisée une offre complète du breton sur le territoire pour débattre de l’avenir d’une pe- briochin, de la maternelle au lycée. tite carrière de granite de grande qualité rachetée par un groupe qui Après la fermeture de la filière bilingue privée de projette de multiplier sa production Trégueux, la menace de fermeture de l’option bre- par 25. Située dans un milieu natu- ton au collège Jean-Macé, c’est au tour de l’option rel fragile, avec des zones humides breton présentée au baccalauréat au lycée Renan ! et un affluent de l’Ellé, ce passage Les parents d’élèves n’en reviennent toujours pas, d’une extraction provoquant des mais, dès la rentrée prochaine, le breton ne sera contraintes environnementales ac- plus enseigné en classe de seconde et, pour 2013, Yannick Quénéhervé Yannick Une réunion publique très suivie. ceptables à une production indus- il n’y aura plus d’option breton au lycée sur le pays trielle de granulat par broyage, de Saint-Brieuc. Un « retour en arrière inaccep- pour valoriser des sous-produits, suscite l’inquiétude des riverains. En table » selon Robert Pédron, le vice-président UDB attendant la présentation du dossier pour enquête d’utilité publique, à l’enseignement supérieur de Saint-Brieuc Agglo- ceux-ci réclament transparence et concertation. mération. 8 Le Peuple breton – mai 2011 Réforme territoriale En 2012, abroger les textes Sarkozy et gagner l’autonomie régionale

C’est un beau mot réforme, c’est comme la promesse d’une société vivante qui saurait muer, adapter son organisation sans sacrifier ses idéaux de développement humain. Hélas, dans un contexte d’aggravation des inégalités sociales, où les plus pauvres et les classes moyennes paient les largesses fiscales accordées aux plus riches, ce mot, vidé de son sens, sert à camoufler des régressions démocratiques. Ainsi en est-il de la « réforme » territoriale voulue par Sarkozy.

Les dégâts de la « réforme » scrutin prévu pour les conseillers territo- soient mises au service de tous les Bre- Sarkozy riaux en 2014, calqué sur celui des tons, ce qui passe nécessairement par un conseillers généraux, produira les mêmes arbitrage régional, donc une Région for- Toute l’année 2010, l’État-UMP aura effets : il n’y a que 15 % de femmes dans te. Et bien entendu la réunification, car réussi à dissimuler ses intentions au plus les assemblées départementales au lieu de nous ne voulons plus d’une Bretagne qui grand nombre, « profitant » de la polari- 48 % dans les conseils régionaux, actuel- se déchire pour obtenir le siège de l’Agen- sation des médias sur une autre « réfor- lement élus au scrutin de liste. Le scrutin ce européenne de sécurité maritime (avec me » de Sarkozy, celle du régime des re- uninominal écartera aussi toute diversité l’échec piteux que l’on sait) ou sur l’enjeu traites. Les dégâts n’en seront que plus politique : l’UMP et le PS monopolisent industriel des énergies marines (alliance grands si les échéances électorales de les conseils généraux. Saint-Nazaire - Le Havre contre alliance 2012 ne sont pas l’occasion d’un mandat Brest - Lorient). clair donné à la gauche pour faire tout autre chose. Ces dégâts sont de quatre Pour une République fédérale ordres : « À partir de la À partir de la question territoriale, il – La négation du principe d’intérêt ré- s’agit de refonder le pacte démocratique gional par la suppression pour la Région question territoriale, et républicain. Nous voulons une VIe Ré- de la clause de « compétence générale » il s’agit de refonder publique, écologique, sociale et fédérale, (qui aura permis de créer l’université de avec des Régions fortes. C’est à cette Bretagne Sud, par exemple) et l’élection le pacte condition que les idéaux de liberté, des « conseillers territoriaux » comme le démocratique d’égalité et de fraternité retrouveront du sont aujourd’hui les conseillers généraux, sens. La France une et indivisible comme dans des cantons, donc sans débat sur et républicain. » condition de la justice sociale et territo- l’avenir de la Région. riale est un mythe qui a vécu. Les inégali- – Une autonomie fiscale réduite à tés n’ont jamais si fortes depuis 1945. Or, presque rien. La taxe professionnelle a été ce qui a été transféré aux Régions (lycées, remplacée par une « cotisation écono- Pour une abrogation totale trains régionaux…) donne satisfaction. mique territoriale » formée d’une « coti- Le PS s’est engagé publiquement à Nous voulons une démocratie ascen- sation foncière des entreprises » (réservée abroger les textes de la réforme Sarkozy aux communes et aux intercommunali- dante, qui prenne en compte les terri- en cas de victoire en 2012. Dont acte. toires vécus, avec des intercommunalités tés) et d’une « cotisation sur la valeur Nous serons vigilants à ce que cette abro- ajoutée des entreprises » (CVAE), dont efficaces correspondant aux bassins de gation ne soit pas cosmétique. Elle devra vie (pays d’Auray, pays de Lorient- 25 % seulement du produit est destiné s’appliquer à des sujets comme le mode aux Régions. Or, les modalités de calcul Quimperlé, pays du centre-ouest Bre- de scrutin des élus régionaux (retour exi- tagne…). Nous voulons donner une lisi- de la CVAE (bases et taux) sont, contrai- gé à la proportionnelle) et les « métro- rement à la TP, fixées par l’État. Doréna- bilité à chaque niveau territorial. Nous poles », ces super-agglomérations aux su- voulons pour les Régions une capacité lé- vant, 90 % des ressources de la Région per-pouvoirs qui, conçues au nom d’une dépendent du bon vouloir de l’État. gislative et réglementaire dans leurs do- concurrence entre les villes européennes, maines de compétence, qui devront être – La mise en concurrence des terri- auront pour principale conséquence élargis : éducation et formation profes- toires dans une logique libérale. Huit ag- d’aggraver les déséquilibres internes aux sionnelle, marché de l’emploi, transport, glomérations (celles de plus de 500 000 Régions et entre Régions. Pas de pire scé- énergie, environnement, culture. Nous habitants plus Strasbourg) accèdent au nario qu’une Bretagne sur le modèle cen- voulons une vraie péréquation entre les statut de « métropoles », qui leur permet tralisateur de Midi-Pyrénées ou du Régions, comme en Allemagne. Nous d’acquérir les compétences économiques Languedoc-Roussillon, où tout le dyna- voulons que le découpage des Régions des Régions et des départements. Les ac- misme économique et démographique corresponde à la volonté populaire. tivités économiques vont se concentrer est capté par une agglomération. Non au davantage dans les villes les plus grandes, jacobinisme régional, oui au maillage ur- Sur tous ces sujets, l’UDB va formuler allongeant les navettes domicile-travail bain ! des propositions précises qui seront ren- dues publiques à l’automne. Elle entend au détriment du budget des plus mo- Nous ne nions pas les fonctions métro- destes et des objectifs du Grenelle de l’en- les imposer dans le débat de la présiden- politaines des principales aggloméra- tielle et des législatives. vironnement. tions (pôles d’enseignement supérieur et – Un recul dans la représentation des de recherche, hôpitaux universitaires, femmes et de la diversité politique dans grands équipements culturels ou spor- Kristian Guyonvarc’h les assemblées régionales. Le mode de tifs…), mais nous exigeons qu’elles conseiller régional

9 Le Peuple breton – mai 2011 Nucléaire De

ment des barres de combustible usé des réacteurs classiques, et dégageant après usage beaucoup plus de chaleur et pen- dant beaucoup plus de temps qu’un combustible classique. C’est surtout le MOX vendu par Areva qu’utilisaient les Japonais dans le troisième réacteur de Fukushima. Américains et Russes son- gent à en utiliser pour se débarrasser des tonnes de plutonium qu’ils ont accumu- lé depuis des années dans leur arsenal militaire. La dangerosité de ce combustible est telle que l’AFP déclarait le 21 mars 2010 que « le site de la centrale japonaise de Fukushima et ses six réacteurs nucléaires n’étaient plus assurés depuis août 2010 pour les dommages causés aux installa- tions elles-mêmes, mais l’étaient pour les dommages causés aux tiers. […] Les exploitants de réacteurs ne sont pas te- nus de s’assurer pour les dommages qu’un accident nucléaire pourrait occa- sionner sur leurs propres installations ». Et des problèmes, outre celui de l’im- pact sur la biodiversité, il y en a bien d’autres : « Les réacteurs français sont conçus pour résister aux tremblements de terre », nous dit-on. Oui, mais de quelle intensité ? L’Observatoire du nu- cléaire nous apprend, dans un rapport de 2003, qu’« EDF a falsifié des données sismiques afin de s’éviter des travaux onéreux… et pourtant indispensables pour la sûreté des centrales nucléaires ». Près de deux milliards économisés sur la Vivement lundi ! / France 3 Vivement sécurité. Sans compter la question de la sous- À l’approche de chaque hiver, EDF pré- a probablement du vrai dans cette asser- traitance. Les travaux pénibles et dange- dit pour la Bretagne, en bout de lignes, tion, car le circuit primaire des réacteurs reux sont effectués à 80 % par des inté- coupures de courant et alertes au froid. à eau pressurisée (REP) est entièrement rimaires peu ou pas formés. On estime à Accusée de ne produire que « 8 % de sous un dôme de béton. Ce n’est que 20 000 ces salariés payés autour du l’électricité qu’elle consomme » (ou- l’eau du circuit secondaire qui, transfor- SMIC, dont 6 000 rien qu’à la Hague bliant au passage la production de la mée en vapeur, sort du dôme pour ac- (contre 3 200 statutaires). Loire-Atlantique), la Bretagne est tionner une turbine. En cas de rupture vouée aux gémonies du principal dis- sur le primaire, l’eau fortement radioac- Les Bretons et le nucléaire tributeur d’électricité, qui a échoué tive resterait dans l’enceinte de sécurité. Les arguments ne manquent donc pas dans son projet d’installation de cen- Tout cela semble idéal. trales nucléaires d’importance sur ce aux Bretons pour s’opposer au nucléai- territoire. À la suite de la catastrophe re. Et l’histoire a prouvé qu’ils sont te- Une filière avant tout… naces sur ce point. Erdeven, Corsept, Le japonaise, le choix du nucléaire a été économique posé à nouveau, mais aucun débat ne Pellerin, Le Carnet, Plogoff, Plouézec, semble d’actualité. Le nucléaire reste Le problème, c’est que sur les 58 réac- Saint-Jean-du-Doigt, Ploumoguer… à un dogme. teurs français, il y en a déjà 20 qui fonc- chaque projet d’État de cette nature, la tionnent avec ce fameux MOX, diffici- mobilisation populaire a répliqué. La lement contrôlable. Le MOX, ce sont seule centrale nucléaire qui a réussi à L’État français se vante de disposer des ces barres d’uranium appauvri associé à s’implanter en Bretagne, c’est celle de centrales les plus sûres du monde, et il y du plutonium, obtenues par retraite- Brennilis. En 1959, face au déficit éner-

10 Le Peuple breton – mai 2011 Fukushima à Brennilis

« retour à l’herbe » cher à Jean-Yves était beaucoup plus discret sur les rejets Cozan. liquides. Or, les sédiments de l’Elez Un rapport de la Cour des comptes comptent mille fois plus de tritium en de 2005 nous en apprend beaucoup aval qu’en amont de la centrale. La sur ce choix, en particulier que « la CRIIRAD, en 2006, a aussi montré la plupart des installations nucléaires de présence anormalement forte de césium base sont exploitées par le CEA […] 137, « imputable au fonctionnement et EDF. Il s’ensuit que le démantèle- passé ou présent de la centrale ». Or, le ment de ces installations et la gestion fonctionnement « présent », en 2006, des déchets radioactifs qu’elles engen- c’est le démantèlement ! En 2007, l’as- drent devront être financés par le sec- sociation AE2D fit savoir qu’EDF avait teur public ». Le premier décret de été « épinglée par l’ASN (Autorité de sû- démantèlement partiel date de 1996, reté nucléaire) suite à une inspection qui néanmoins, dès fin 1999, EDF et le avait constaté de graves anomalies ». Arnaud Thominiaux CEA décident du démantèlement En 2008, EDF a réitéré sa demande Lors de leur week-end militant à Quimper mi-avril, les Jeunes de l’UDB ont organisé un rassemblement complet pour libération totale du site de reprise des travaux, mais a reçu en devant la préfecture du Finistère pour dénoncer le fin 2018. EDF dépose la demande en 2010 un nouvel avis négatif. Pourtant, nucléaire civil et militaire. Un évènement qui s’inscrivait 2002, le décret d’autorisation arrive EDF estime avoir réglé ses problèmes en dans la commémoration du 25e anniversaire de la en 2006. Seulement, selon la CRII- s’offrant un bon coup de pub (une se- catastrophe de Tchernobyl et évidemment faisait écho au récent drame de Fukushima. « Plus de 48 000 foyers sont RAD, ce décret « autorise le démantè- maine de porte ouverte) et en se disant concernés par cette catastrophe, a rappelé Julien lement complet sans enquête publique prêt à relancer le démantèlement après Le Bot, le responsable des Jeunes de l’UDB. Le séisme préalable en violation de la réglementa- l’été en pensant que l’État signera un ar- n’a toutefois que faiblement entamé les bénéfices tion française et européenne ». Consé- rêté d’ici là. Le feuilleton continue… réalisés par Tepco au cours des années précédentes sur le dos de la sécurité des travailleurs. » quence : il est annulé le 6 juin 2007 par le Conseil d’État, à la suite de l’ac- Christian Pierre tion du Réseau Sortir du nucléaire. Pour sa part, le Conseil d’État esti- Brennilis, la centrale gétique de la Bretagne, on envisagea de me que « selon une récapitulation effec- construire une centrale à Guerlédan. Un tuée à la fin de 2002, les charges de dé- qui ne voulait pas s’éteindre scénario qui déplut à René Pleven, alors mantèlement des exercices 1986 à 2001 président du CELIB, qui y voyait une se sont élevées à 219 M€ courants et les La réalisatrice concurrence à l’usine marémotrice pré- charges restant à assumer atteignent Brigitte Chevet a vue dans son fief. C’est comme cela que 263 M€, soit un total de 482 M€ à ré- suivi le chantier la centrale EL4 fut déplacée à Brennilis, partir en parts égales entre EDF et le de déconstruc- près du Yeun-Elez, où la tradition place CEA, bien supérieur aux prévisions ini- tion de Brennilis les portes de l’Enfer. tiales. […] L’examen des dotations et re- de 2004 à 2008. Un réacteur qui a Décidée en 1960, la construction dé- prises sur provisions montre que les do- fonctionné sans marra en 61-62 pour se terminer en 66. tations aux provisions pour le faire de vague De gros soucis obligèrent à arrêter le ré- démantèlement de la centrale de Brenni- pendant plus de acteur de 1968 à 1971. En 75 et en 79, lis ont été dans un premier temps large- vingt ans, mais a le FLB-ARB détruisit des pylônes élec- ment sous-estimées […]. La révision de laissé des pollu- triques. Puis le réacteur (à eau lourde) l’estimation des coûts de démantèle- tions inexpliquées dans son environ- devint obsolète, ses 73 mégawatts le pla- ment est intervenue en 1999 et 2000 nement immédiat et dans la nappe çant très loin derrière les nouveaux REP, avec un « complément » de dotation de phréatique, sans que les habitants en dont un seul fournit entre 900 et 1 450 200 M€ ». Problème : les derniers soient informés. Ce film pose le pro- blème du devenir de nos centrales, mégawatts. Le 31 juillet 1985, le réac- chiffres officiels sur le coût des travaux une fois qu’elles ont arrêté de fonc- teur stoppa définitivement sa produc- datent de 2005. Rien depuis, alors que, tionner. Ce qu’en disait Yves Jardin tion. malgré l’arrêt du démantèlement, la cen- dans le numéro d’été 2009 du Peuple trale continue à coûter de l’argent au breton : « Il faut absolument voir ce film Le « chantier pilote »… contribuable. qui donne d’importants éléments de Là commence la deuxième histoire de réflexion, en montrant le point de vue la centrale. Dans un but de chantier pi- … est à l’arrêt des antinucléaires, mais sans occulter lote (NDLR : une bien belle idée remise Pourquoi donc avoir stoppé ces tra- celui de leurs opposants. » au goût du jour par les élus strasbour- vaux ? La cause première est celle du (Co-production Vivement lundi ! France 3 Ouest, 52 min, 15 € geois dans leur motion du 11 avril manque de transparence d’EDF qui, par www.vivement-lundi.com) dernier relative à la centrale de Fessen- exemple, donnait des chiffres sur les re- heim !), il fut décidé une déconstruc- jets réguliers de tritium gazeux radioac- tion totale de la centrale, pour arriver au tif avant et après l’arrêt du réacteur, mais

11 Le Peuple breton – mai 2011 Politique Émergence du Front national en Bretagne : recentrons le débat

Les dernières élections cantonales lise traditionnellement ses meilleurs ditionnellement plus forte, de l’ordre en Bretagne ont fait l’effet d’une scores régionaux, bénéficiant de l’in- de cinq à sept points). Ainsi, le recul de bombe : le Front national accroît croyable alliance de circonstance entre participation est de 20 % par rapport considérablement ses scores ! Il est un électorat urbain paupérisé et un au scrutin concernant les mêmes can- vrai que notre région était jus- électorat de villégiature suffisamment tons en 2004 et de 10 % par rapport aisé pour jouir d’une « retraite paisible » aux élections de 2008 qui, ayant eu lieu qu’ici plutôt épargnée par ce vote car… « sans immigrés ». Le Front na- en même temps que les municipales, extrême et que voir trois candidats tional réussit même l’exploit, dans cinq avaient probablement pu mobiliser un au second tour n’a pas été bien cantons, de dépasser la moyenne fran- plus grand nombre d’électeurs. compris. Retour sur ce vote. çaise de 15 %, mettant ainsi à mal Partout en France, et en Bretagne l’« exception bretonne ». donc, les électeurs ont manifesté leur Avant toute chose, analysons les désintérêt vis-à-vis de la classe poli- chiffres de façon minutieuse. Sur les tique, en laquelle ils ont de moins en quarante-trois candidats du FN en Bre- moins confiance. Après les gouverne- tagne, seulement sept d’entre eux n’ont ments de Chirac, la droite « décom- pas réussi à réaliser un score… à deux plexée » de Sarkozy a réussi à faire chiffres. Trois d’entre eux sont parve- passer d’importantes réformes de nus à se maintenir au second tour après régression sociale qui toucheront avoir battu les candidats de la droite l’immense majorité de la population, « républicaine » – si tant est bien sûr en particulier ses retraités et futurs re- que les sbires de Sarkozy, bien qu’ils traités, tout en ayant affaibli la capacité aient caché leur véritable appartenance de résistance citoyenne, en premier lieu sous des périphrases diverses, soient le droit de grève. tous républicains. Nombreux sont les déçus du sarko- Les déboires financiers récents du zysme dont certains, plutôt que de Front national l’ont sans doute obligé à bouder les urnes, ont préféré les bour- réduire ses ambitions en Ille-et-Vilaine, rer en y glissant un bulletin au profit dans les Côtes-d’Armor et, ce qui est d’une formation intrinsèquement plus surprenant, dans le Finistère (en contestataire. Il est d’ailleurs évident particulier dans la partie sud du dépar- que pour certains d’entre eux il s’agit tement), ainsi qu’à bâtir une stratégie d’un retour au bercail. « hors sol » en imprimant des affiches, À gauche aussi, la même dynamique non pas de ses candidats – générale- s’est sans doute aussi mise en place. ment peu connus –, mais de la prési- L’émergence électorale significative du dente de leur parti, Marine Le Pen. Front de gauche et la relative bonne Mael Vérot France 3 Bretagne a d’ailleurs diffusé performance des formations d’extrême avant le second tour un reportage acer- gauche, désormais bien implantées en En pleine crise économique, les « fantaisies » Bretagne, en sont la preuve. Europe be sur la candidate rennaise, qui avait de certains ministres ne contribuent pas pu se maintenir à Rennes-le Blosne, à redorer l'image de la classe politique. Écologie-Les Verts, alliée à l’Union dé- alors qu’elle habite… le quartier de Vil- mocratique bretonne, a sans doute elle lejean. La spontanéité des réponses aussi opportunément bénéficié de ce qu’elle apportait aux journalistes était L’abstention relativise… rejet des notabilités locales et a proba- touchante de naïveté, ce qui prouve soit Il faut cependant relativiser la problé- blement récupéré le vote de certains dé- que le Front national a encore beau- matique du fort résultat du Front na- çus du Parti socialiste. coup à faire pour former ses candidats tional et des autres mouvements d’ex- aux élections locales, soit que son posi- trême droite (voir encadré ci-contre) … mais les plus grandes tionnement anti-politicien et « proche par rapport à des élections qui démon- inquiétudes demeurent du peuple » commence à donner ses trent pourtant un changement signifi- Dans ces conditions, on peut nourrir premiers résultats. Sans doute que ces catif d’attitude de la part des électeurs les plus grandes inquiétudes pour les deux éléments sont complémentaires. bretons. En effet, on assiste à un mimé- échéances électorales à venir. Si la réfor- Le parti d’extrême droite a néan- tisme de comportement avec le reste du me territoriale de 2014 aboutit en moins réalisé un gros effort sur la Bre- territoire français, marqué par un fort l’état, elle mettra en place un système tagne sud, dans la Loire-Atlantique et recul de la participation aux élections de moins en moins représentatif, le Morbihan, en déployant vingt-neuf cantonales (55,6 % en France et 54 % aboutissant de fait à un bipartisme candidatures sur ces territoires où il réa- en Bretagne, où la mobilisation est tra- régionalo-départemental. Sous couvert

12 Le Peuple breton – mai 2011 d’une démagogique réduction du nombre de sièges et donc des indemni- tés payées aux élus, elle décrédibilisera L’extrême droite en Bretagne sans doute encore plus notre système démocratique envers une grosse majo- D’Adsav à Guerlesquin rité de la population et, plus que jamais, ces élections feront figure de « scrutin de notables ». Comme l’extrême gauche, l’extrême droite est le royaume de Les partis politiques traditionnels l’idéologie et des querelles de chapelles. Sa variante bretonne ne fait pas exception, même si elle n’a engendré aucun penseur ont donc d’importantes questions à se e poser dans la perspective des pro- d’importance. Depuis son émergence, au début du XX siècle, elle chaines échéances électorales et les s’est contentée de suivre le ou les courants dominants en France deux plus gros d’entre eux devront s’in- et en Europe. terroger sur leur volonté et/ou leur ca- pacité à rassembler autour de projets D’abord d’inspiration maurassienne, avec un fond clérical et réactionnaire, suffisamment fédérateurs pour éviter elle s’est tournée vers le fascisme, voire le nazisme dans les années 30 et, un nouveau désaveu citoyen. nous ne le savons que trop bien, sous l’Occupation. Elle épouse, aujourd’hui, les grands thèmes de sa cousine française, même si, et c’est heureux, elle est À ce titre, il est quelques mesures qui loin d’en avoir le succès. pourraient être prises le plus rapide- Nous connaissons tous Adsav. C’est en effet l’UDB qui, la première, a dé- ment possible, à savoir le remodelage noncé cette résurgence néo-mordrellienne. Adsav est née en 2000 : un cadre des cartes cantonales. En Ille-et-Vilaine du POBL a quitté ce parti – il est vrai moribond – pour créer un nouveau mou- par exemple, parmi les cantons renou- vement sur des bases clairement d’extrême droite. velables cette année, le canton le moins peuplé avait neuf fois moins d’électeurs Entre catholicisme et néo-paganisme que le canton le plus peuplé, mais cha- Adsav se réclame du PAB de Mordrel et de Debauvais et décline des cun élisait un conseiller général ! Ensui- thèmes nationalistes classiques, mâtinés d’occasionnelles concessions à un te, la reconnaissance du vote blanc en confédéralisme européen d’ailleurs assez flou. Partagé, comme de nom- tant que suffrage exprimé relèverait les breux courants d’extrême droite, entre catholiques et néo-païens, il a adopté taux nécessaires à une élection au pre- dès le début une ligne clairement islamophobe, multipliant les affiches appe- mier tour. La généralisation des scru- lant au refus des mosquées. tins de liste, une réelle limitation du cu- La croissance d’Adsav a heureusement vite connu ses limites. Le parti pré- mul des mandats et l’élection des tendait avoir plus de sept cent cinquante adhérents mais n’a jamais pu en ré- délégués des communautés de com- unir plus que quelques dizaines, et il semble qu’il ait sur ce point cédé à la munes au suffrage direct permettraient mode bien française des adhérents fantômes. L’enthousiasme du début a minima de montrer l’exemple. À ter- s’étant émoussé, le parti a tenté un aggiornamento en 2008 en portant à sa me, il faudra bien sûr créer de l’espace tête Frédéric Bouder, tenant d’un remplacement des slogans xénophobes pour une démocratie participative im- par des expressions codées, du style « patries charnelles ». Le succès n’est pliquant les différents acteurs de la so- pas flagrant et Adsav continue de perdre des parts de marché, en dépit de ciété, mais, pour cela, rien de tel qu’une scores inquiétants aux élections cantonales de 2008. Une partie de ses VIe République… fédérale ! membres ont fait défection pour rejoindre les identitaires et le parti a disparu des murs bretons. Frédéric Bouder a été démissionné en 2010 pour avoir soutenu la liste de Pierrick Brihaye Troadec. Il a été remplacé par Ronan Le Gall, qui ne pourra sans doute que présider au déclin inéluctable de ce qui est devenu un groupuscule. Jeune Bretagne, qui a créé la tristement célèbre Maison de l’identité bre- tonne à Guerlesquin, est dirigée par un ancien d’Adsav, Erwan Valérie. C’est en fait le mouvement de jeunesse du Bloc breton, branche bretonne du Bloc Chaque mois identitaire. Ce dernier parti, on ne peut plus français, a été créé en 2003 par deux dirigeants d’Unité radicale, un groupuscule dissous à la suite de l’atten- depuis 1969 tat du 14 juillet 2002 contre Jacques Chirac. Ruraliste et racialiste Ce parti, contrairement au FN, est effectivement décentralisateur et atta- armor ché aux cultures régionales, mais sur un mode ruraliste, et surtout racialiste. Pour les identitaires, le travailleur breton doit d’abord être « européen », eu- présente phémisme pour blanc, catholique ou païen mais surtout pas musulman. Leur référence idéologique n’est pas Morvan Lebesque, mais Guillaume Faye, an- et commente cien héraut de la Nouvelle Droite, et le romancier Saint-Loup, ancien officier LA VIE BRETONNE politique de la Waffen SS. C’est peu dire que ce mouvement breton-là, raciste et réactionnaire, n’a B.P. 90206 rien à voir avec nos combats. 22402 LAMBALLE CEDEX Damien Perrotin

13 Le Peuple breton – mai 2011 AVRIL... vu par Nono

14 Le Peuple breton – mai 2011 La Bretagne sur Internet par Alain Cedelle @ [email protected] Lʼimage de la Bretagne est un enjeu pour tous les ac- teurs économiques, culturels, artistiques et autres créa- tifs de nos territoires. Une force au service de tous les Bretons, sans exclusion.

Je relocalise „ Ce jeu-concours lancé par l’association Produit en Bretagne consistait à construire une affiche sur le thème « Je relocalise ». Plus de 500 participants ont envoyé des propositions. L’affiche gagnante a été sélectionnée début avril. Elle sera utilisée pour une campagne de promotion de Produit en Bretagne. Le ga- gnant reçoit en outre un prix de 1 500 euro, des lots de produits (en Bretagne !), et des entrées dans plusieurs festivals…

www.jerelocalise.com

„ Produit en Bretagne Créée en 1993 par quatre entrepreneurs, l’association Produit en Bretagne compte aujourd’hui 260 entreprises adhérentes sur les cinq départements bretons. Pour faire connaître les produits, l’association mène des actions de marketing et d’animation commerciale. Tous les ans, des prix sont décernés pour valoriser ce qui se fait de mieux en matière de création, d’innovation ali- mentaire et aussi de disque et de livre. Dans le domaine culture et art de vivre, un nouveau prix « du tourisme » est lancé cette année. www.produitenbretagne.com Les actions de marketing de Produit en Bretagne sont régulièrement évaluées par des enquêtes de notoriété. On peut en consulter les résultats sur le site Internet. Le logo est maintenant largement reconnu par les Bretons, avec un taux de 97 % de notoriété. Dans la Loire-Atlan- tique, la notoriété est presque au même niveau que les autres départements, avec un taux de 94 %. En région parisienne, cette notoriété atteint 49 %. Elle est en aug- mentation et ne s’élevait qu’à 21 % en 2007. Beaucoup d’autres chiffres sont disponibles sur le site de l’association. La langue bretonne est présente dans les sous-titres, un lexique est accessible, mais il n’y a pas de version complète en breton. Comme indiqué sur sa page d’accueil, Produit en Bretagne a signé la charte Ya d’ar brezhoneg fin 2009.

Branding administratif „ Branding est un terme de jargon commercial qui évoque la for- ce et l’identité propre d’une marque. Le lancement de la marque « Bretagne » par le conseil régional en janvier dernier est une ac- tion de branding qui pose question. Dans son Blog Breizh, Ronan Le Flécher exprime ses doutes sur une initiative lancée par une région administrative qui persiste à se limiter à quatre départements ! En fin de texte, on trouve un lien vers un autre excellent article, universitaire, sur ce sujet du branding et de l’image de la Bre- tagne. Pour ce qui est du graphisme lui-même de la marque Bretagne, créé par une agence lyonnaise, on pourra aussi se référer au site de l’école normale supérieure de Lyon : www.ens-lyon.eu ! blog.breizh.bz 15 Le Peuple breton – mai 2011 Leurre de vérité

La fracturation du système

EPUIS LA FIN DE L’ANNÉE 2007, on parle régulière- Morizet, la nouvelle ministre de l’Environnement. Le Dment du risque de crise systémique globale provo- paysage juridique, lui, change en toute discrétion, en quée par la finance devenue incontrôlable. Depuis dehors de tout débat parlementaire ; l’exploration des quelques années, on parle plus abondamment du risque gisements de pétrole et gaz de schiste n’est pas soumise à d’emballement climatique dû à l’incapacité des nations à enquête d’utilité publique préalable. Y aurait-il quelque prendre collectivement les mesures drastiques nécessaires chose à cacher ? Les sociétés concernées par ce « laisser- à la réduction de la production de gaz à effet de serre. faire » inquiétant se cachent derrière un vocabulaire pu- Pourtant, c’est la question énergétique qui nous offre dé- dique. Elles ne pratiquent pas la fracturation mais la sti- sormais la meilleure preuve du risque de l’emballement mulation. Comme si le sous-sol de nos campagnes avait définitif. L’acharnement des hommes à continuer de besoin d’être stimulé ! Ce déguisement lexical dissimule nourrir le monstre Croissance à partir de sources d’éner- mal la peur qu’inspire aux extractivistes eux-mêmes l’em- gie fossiles de plus en plus difficiles à exploiter, ou carré- ploi de leurs méthodes monstrueusement agressives. ment mortifères, accélère la dévoration de la planète par En matière de déguisement, un homme s’y est entendu ses occupants les plus vils. à merveille au cours des quatre dernières années. La « pe- Au début de cette année, bien peu de gens en France tite main » du Grenelle de l’environnement – cette bau- avaient conscience des dangers massifs pour l’environne- druche médiatique gonflée par M. Nicolas Sarkozy dès ment de l’extraction du gaz et du pétrole de schiste. Face juin 2007 –, tout en pilotant le processus du Grenelle, oc- à l’inévitable épuisement des gisements conventionnels troyait aux discrètes mais voraces entreprises du secteur d’hydrocarbures, les compagnies du secteur se sont toutes les permis d’exploration des gisements de pétrole et gaz lancées depuis longtemps dans la recherche de gisements de schiste. Il ne pouvait ignorer les méfaits de la fractura- non conventionnels. Pour exploiter les premiers, on creu- tion hydraulique, sauf s’il avait négligé de s’en informer, se jusqu’à atteindre la nappe, puis on pompe. Certes, il ce qu’un ministre digne de ce nom ne saurait faire. Tout faut creuser de plus en plus profondément à mesure que le monde a bien sûr reconnu ici M. Jean-Louis Borloo, à les nappes les plus accessibles s’épuisent, mais ces tech- jamais discrédité sur le terrain de la défense de l’environ- niques sont éprouvées. Pour exploiter les seconds, il faut nement en raison de sa minable duplicité. Il dit – mainte- fracturer la roche qui les contient par injection à très forte nant qu’il n’est plus ministre – être contre l’exploitation pression d’eau et de produits chimiques multiples. Les de ces gisements que seuls des esprits malades de la crois- dégâts sont monstrueux pour la nature et l’équilibre des sance et du profit capitaliste peuvent envisager de faire écosystèmes est définitivement rompu. La ressource en fructifier. Sa remplaçante, aux initiales en forme d’appel- eau, pourtant si précieuse, est dilapidée et polluée. Les lation chimique, proclame que l’on fracturera « à la fran- paysages sont à jamais défigurés. La santé des habitants çaise », de façon propre. NKM présentera en mai pro- des zones concernées est menacée par les substances chi- chain un projet de loi sur cette question. Parions que la loi miques que contient l’eau du robinet. Cependant, tout adoptée et les décrets d’application qui suivront seront cela était loin de chez nous, aux États-Unis par exemple. suffisamment flous pour ne pas trop contraindre les pé- Évidemment, notre tranquille insouciance ne pouvait troliers et leurs démentes solutions, car, disons-le sans pas durer. ambages : la fracturation hydraulique propre, cela n’exis- te pas et n’existera jamais. Désormais, ça se passe aussi chez nous, à notre porte ou Ce que révèle cette crapuleuse affaire est que les en des endroits qui nous sont chers. Les sociétés Toréador hommes et femmes politiques souhaitent continuer à ne et Vermillon ont obtenu voilà deux ans le permis d’explo- pas être très regardants quant aux pratiques des indus- rer le sous-sol de la Drôme, de l’Ardèche, du Gard, de la triels les plus polluants et les plus prédateurs. C’est préci- Lozère, de l’Aveyron, du Lot, de Seine-et-Marne. Dans ce sément cela qui doit changer. Acceptons enfin également dernier département, où l’on extrait depuis des années du de reconnaître que la croissance du PIB est incompatible pétrole conventionnel, les affaires avancent vite. Des avec l’équilibre écologique. C’est la fracturation du systè- puits dits d’exploration y ont été creusés et la fracturation me que constitue l’économie carbonique et nucléarisée hydraulique probablement déjà testée. En apparence, qu’il faut favoriser. Remplaçons les sources d’énergies rien n’a vraiment changé pour le moment dans le paysa- mortifères par des sources douces et par le contrôle public ge. Pourtant, des citoyens de plus en plus nombreux s’in- de leur production. L’énergie est devenue une question quiètent et se mobilisent. Surtout depuis qu’ils savent que trop grave pour être confiée aux seuls industriels privés. le 30 janvier 2011 une ordonnance a réformé le code mi- nier, sous la responsabilité de Mme Nathalie Kosciusko- Yann Fiévet

16 Le Peuple breton – mai 2011 Nukleel ha bro-Japan

Goude ar gwallzarvoud nukleel e ka, ar vro en deus taolet bombe- Fukushima eo bet sebezet bed ar zennoù atomik warno ! c’huzh-heol gant difrom ha delle- zegezh pobl Japan. Klask a ra Alain Un doare disheñvel Kervern displegañ an emzalc’h-se da welout ar bed ken souezhus evidomp-ni, tud- Bez’ ez eus displegadennoù kornôg. d’an afer iskis-mañ marteze. Da gentañ tout ez eus er vro-Japan Penaos displegañ an dra iskis- un doare disheñvel-kenañ da we- mañ : pemp bloaz ha tri-ugent zo eo strizh Pep gwir miret lout ar bed hag an dud o vevañ bet kouezhet bombezennoù war Na- Kreizenn nukleel Fukushima : barr teknolo- ennañ, hag ivez un hengoun gasaki ha Hiroshima, giezh an den. kreñv e-keñver an amzer a dre- ha traoumatizet ar men. Japaniz da viken, Dirak an natur eo ret evidomp- gant milieroù a dud ni, eus broioù ar c’huzh-heol, lazhet diouzhtu, ha stourm start a-enep kalz a dra tud o vervel hiziv evit chom bev : an arnev, ar barr- c’hoazh abalamour amzer, ar c’hleñved, sevel stan- d’ar c’hrign-bev ka- kelloù a-enep ar mor-bras, sevel set gant ar skinoù ilizoù, palezioù ha tiez uhel, pounner, sonn ha solud a-enep atomik. Hag adalek uz an amzer. Bez’ ez eus e bro- ar bloavezhioù tri- Japan temploù savet dre levezon ugent eo bet savet ar boudaelezh, pe santualioù industrioù gant nerzh gant relijion ar shintô, da lâret eo atomik ! Emañ o tont « hent an doueoù ar vro ». Savet en-dro an Ankou eo bet an holl savadurioù-mañ gant ar gwalleur nu- gant koad, ha ret eo adsevel kleel erruet nevez zo, anezho bep ugent vloazh. N’eo ha setu ar Japaniz ket an amzer a dremen un ene- stroñset adarre ! Pe- bour evit mab-den, met er c’hon- rak ober gant an Foto Alain Kervern trol ur mignon dezhañ. A-druga- nerzh atomik en ur Torii azeuldi shintô Miyajima. rez d’an amzer e vez temploù ha vro ken kriz dezhi an santualioù renevezet en un doare tonkadur e-keñver dalc’hus. an nerzh nukleel ? prenañ hardizhegezh, e oa Diaes eo da gom- poent adsevel ar vro ! En ur Ur seurt amzer-vremañ bren an dra-se ! Ya, labourat kalz bete-vremañ peurbadus penaos displegañ an eo deuet pobl ar vro-se a- Evel-se ’mañ an traoù e bro-Japan afer-mañ : gouzañ- benn da adsevel bro-Japan e-keñver an amzer : e-barzh spered vet eo bet gant ar Ja- gant un diorren ekonomikel an dud eo didalvoud an amzer dre- paniz an tan atomik spontus. Abalamour d’ur menet hag an amzer da zont. Un am- dre bombezennoù volontez kreñv deuet eus zer hepken a zo a-bouez : hini bre- kouezhet e Nagasaki kalon peb den eo deuet bro- mañ, hini hag a dremen diouzhtu. Ur ha Hiroshima, ha Japan da vezhañ trede eko- seurt amzer-vremañ peurbadus. nomiezh ar bed a-bezh, hep koulskoude, savet strizh Pep gwir miret Ouzhpenn-se ez eus un hengoun a- eo bet ganto indus- energiezh naturel kazimant, bouez e bro-Japan : sevenadur ar vro Azeuldi shintô Itsukushi- ha gant un natur kriz e-keñ- trioù gant an nerzh ma, savet e koad. a zo bet savet tamm ha tamm gant nukleel e-barzh, ver mab-den. traoù kemeret e broiou all. Da skouer, ouzhpenn-se en ur Dirak ar gudenn vras- ar skritur a zo bet kemeret e bro-Sina, vro ken bresk an douar enni abala- mañ, da lavaret eo ar vank eus ener- an arzhoù-kaer dre-vras e Korea, me- mour d’ar c’hrenioù-douar. giezh er vro hag un natur enebet, eo disinerezh e bro-Alamagn, melestra- bet divizet gant ar gouarnamant, d’ar durezh ha lezennerezh e bro-C’hall, Diorren hep mare ar bloavezhioù hanter-kant, e hag evit echuiñ, an nerzh nukleel e energiezh naturel vefe graet gant skiantoù, teknolo- Norzh Amerika evit diorren ar vro. Goude ar brezel-bed diwezhañ e oa giezhioù nevez ha nerzh nukleel. Im- E-giz-se e vo komprenet un tamm bet mezhekaet pobl Japan, ha ret e plijet eo bet ganto teknologiezhioù gwelloc’h penaos ’mañ ar jeu er vro- oa dezhañ sevel e benn adarre ! Ur eus Stadoù-Unanet, da skouer Gene- se marteze… wech laosket a-gostez an amzer dre- ral Electric ha Westinghouse evit an menet, ha gwerzhet ar mezh evit nerzh nukleel. Stadoù-Unanet Ameri- Alain Kervern

17 Pobl Vreizh – Mae 2011 23vet Tro Menez Are e Gwimilio, d'ar Yaou 2 a viz Mezheven 2011 Al liorzh e-harz ar menez

Ar wech kentañ eo e loc’ho Tro Me- nez Are eus Gwimilio ; al lin hag ar glad savet gant gounidoù al lin eo tem ar bloaz-mañ, evel m’henn dis- pleg an dro-lavar nevez : « Lin er parkeier, Er bourk e son ar c’hleier, Glad ar vro Bepred a chomo. »

Kaerat liorzh an hini a zegemero ac’hanoc’h : hini an iliz da gentañ, amañ e Gwimilio, pa’z eo, evidon-me, an hini bravañ a zo ! Kloz an iliz a vez graet eus al lec’h-mañ ivez, a gaver en- nañ an iliz gaer (savet adalek ar XVIvet kantved), ar c’harnel hag ar c’halvar meur (aet ar vered pelloc’h). 200 tu-

denn a c’heller gwelet war ar c’halvar, strizh TMA Pep gwir miret gant kalz taolennoù eus ar Bibl met ivez Baleerien e kreiz ur gweledva brav-eston e-kerzh an Tro Menez Are. mojenn « Katell Gollet », ur plac’h a zañs gant an diaoul ur wech aet skuizh- marv tout ar wazed all… kaer e vo torgennoù ha reier ivez : emañ re ampechet, ha memes gant sikour ur ar Roc’h Toull mil brudet war hent ar Joëlette prestet gant ar gevredigezh Gant ar c’haer m’eo al liorzhoù iliz e bourmenerien. Addes. soñjer en ur binvidigezh vras bet. N’haller ket kompren pinvidigezh ar Marc’had, muzik hag abadennoù a Kempenn gwenojennoù hag a bep vro-se hep gouzout istor al lin er vro, bep seurt a vo c’hoazh a-hed an deiz, seurt labourioù all vo bet graet gant ke- eus ar XVvet d’an XVIIIvet kantved dreist- hag evit distro ar valeerien e vo fest-deiz vredigezh re gozh Gwimilio, da-heul an holl. Labouret e veze al lin, d’ober lien, adalek 6 eur ha fest-noz gant Yod, Re an eilmaer François Riou, pe c’hoazh gant er c’hanndioù a oa stank-kenañ : hini Are, Le Roux / David. Gant ar gevredi- tud komite ar gouelioù, da-heul ar ar Fers e Sant-Tegoneg a zo bet kem- gezh buheziñ e c’hell ar re zo etre c’huzulier Denis Pouliquen : ouzh- pennet gant tud ar vro, evel m’eo krog 10 ha 14 vloaz mont da bourmen kene- penn un hanter zousennad gevredigez- ar gevredigezh Lichen d’ober e Kom- trezo, hep o zud ! D’an diwallerezh e vo hioù a gemer perzh. Strobet an holl, manna. Pouezus-tre eo bet al lin e kor- kaset lod eus ar re yaouankañ moarvat. forzh peseurt oad o defe, a-dreuz ar nadoù zo eus Breizh, e lec’h ma’z eus Menegomp c’hoazh an doareoù fu- rummadoù… Ul labour a-stroll, gant chomet ur glad da lakaat war-wel, rou- rañ da vont da Wimilio : an TER a eñvorennoù hag istorioù o tont war- doù brav eus an « oadvezh aour ha kan- chom a-sav eno hag ar c’henweturañ zo glev en-dro… Un doare all c’hoazh da nab »-se. Pinvidigezhioù int c’hoazh aozet gant sikour Kuzul Meur Penn-ar- zegas buhez en-dro. Kement-se a evidomp-ni, kantvedoù war-lerc’h. E- Bed. c’hoarvez c’hoazh war ar maez, tudoù ! giz prof o devo ar valeerien bep a sac’ha- Krouet da gentañ da harpañ Skol Di- Gant spered TMA lakaet e pleustr dig had lin. wan Kommanna, eo deuet an Tro Me- c’hoazh, e c’hell ar genprezidanted Yves Caroff eus Sant-Tegoneg ha Pierre- Estreget ar c’hanndioù a zo chomet : nez Are da vezañ un harp d’ar c’humu- Yves Moal eus Lokmelar embann pe- milinoù dour, evel hini Kereon, e lec’h nioù ivez. naos e vez laouen 90 % eus an dud a zeu ma’z eus bremañ ur stal d’ober paper, ul En tu all da se e sikour ivez da vrou- d’an devezh-se : dont a ra TMA a-benn labour a veze liammet gwechall gant al dañ startijenn ar vro, o vodañ an dud, da gas an dud davet ar glad. lin hag ar bilhaouerien. Mont gant red holl a-gevred ha gwitibunan, kengred. an dour a c’heller ober ivez da-geñver Da skouer, labour Patricia Philip hag Fulup Plouzane an Tro Menez Are ; a-hed ar Penzez he skipailhad 5 den eo sevel an troioù- dreistholl hag aze ez eus ur raktres gwe- bale : 7 zo ar bloaz-mañ, eus 6 da 40 Titouroù : Tro Menez Are, An Dourig, nojenn da badout… Hag evel-just, dre km. Aes-awalc’h int betek ar 15 km, 29450 Kommanna m’emaomp e-harz ar menez, ez eo di- mat evit ar vugale hag o c’harrigell, evit www.tromenezare.com gompez ar vro ; a-us d’an traoniennoù ar re o deus muioc’h a boan o vale pe ar [email protected] / 06 82 53 04 86 18 Pobl Vreizh – Mae 2011 Ar mitchif Yezh ijinet ur vroad

E 1982 eo bet anavezet an Hironed e stummañ diouzh hini ar c’hreolegoù Bro-Skos, met ar mitchif eo an hini bonreizh Kanada evel unan eus ar koulskoude. Lakaet ez eus bet da implijetañ, a-bell. broadoù a zo o gwrizioù er vro. Eizh gompren e oa par yezhadur ar c’hreo- takad ʼzo bet fiziet ar melestradur legoù d’an hini eeun implijet dre anien Yezh chaseourien ha traperien anezho er vroad-se e Manitoba. Ao- gant ar vugale pa grogont da gaozeal Hervez enklaskerien e vefe bet sa- treet e vezont dʼober enno gant o le- ur yezh. Ur yezh kemplezh he reolen- vet ar yezh souezhus-se pa veze cha- zennoù dezho. Ur banniel glas* eo noù diabarzh eo ar mitchif er c’hon- seet an ejened-moueek e plaenen- hini an Hironed, en e cʼhreiz un eizh trol, kaozeet ma oa bet evit ar wech noù divent Amerika an Norzh e penn lakaet a-blaen, arouez ar gwad o kentañ gant tud barrek d’ober gant kentañ an XIXvet kantved, ur vicher bet yezhoù ar broadoù a skoulment da- vont hag o tont eus an eil gouenn dibabet pa oa aet war rouesaat al loe- rempredoù gant izili anezho. Dont a ra dʼeben. O yezh dezho o doa bet ned feur a zegase betek-henn o 90 % eus an anvioù-kadarn eus ar ivez, ar mitchif, ur yezh bet ijinet c’horvoder brasañ d’ar c’humunie- galleg ennañ ha 90 % eus ar verboù zhioù hiron. En em voazet e oa Hiro- evit en em zispartiañ diouzh ar eus ar c’hrieg. Dont a ra, da skouer, Cʼhallaoued ha diouzh an henvroi- ned yaouank da sevel kampoù evit an anv-kadarn lawm eus homme, sa- goañviñ e kornad o chaseadegoù di. Chom a ra etre 650 ha 800 a dud lay eus soleil, sh’yaen eus chien, ar gouest dʼober ganti hiziv an deiz, e-lec’h distreiñ d’o farrez orin e treva- verb nakamouw eus ar verb kriek denn ar Stêr Ruz (Manitoba). Par e oa kalz anezho ouzhpenn tri-ugent mnikamew, da lâret eo « kanañ » hag reolennoù buhez-stroll ar chaseou- vloaz. ar verb payhtam eus ar verb kriek rien-se, gant he zierned hag hec’h anaouderien, da re an henvroidi, reo- lennoù implijet goude-se En em stummet e oa ar er riez hiron a voe diska- c’humuniezhioù hiron ka- ret gant ar Saozon. Savet nadian kentañ er c’horna- ez eus bet martezeadenn doù melestret gant ar an orin-se pa ’z eus bet C’hallaoued. Diskennidi merzet emañ ar c’humu- dezho eo a reas o annez niezhioù a ra gant ar mit- diwezhatoc’h e Manitoba chif c’hoazh hiziv an deiz hag e Saskatchewan. Pa en toleadoù en em vode oa bet trevadennet ar enno ar c’hoañverien, c’hornad e voe broudet ar evel tolead Grand Coteau wazed yaouank nevez di- du Missouri e Dakota an lestret da glask o hanter- Norzh. Yezh renkadoù diegezh e meuriadoù an izelañ ar vroad hiron e henvroidi. Yalc’hadoù ha chomas koulskoude, hini douaroù a veze roet d’ar re ar chaseourien hag an a asante dimeziñ gant draperien. Biskoazh ne henvroadezed zoken. Ar strizh. Pep gwir miret voe hini an Hironed des- pal a oa lakaat an henvroi- Hironed-Wendat eus Wendake (Lorette) ketañ, nag hini ar re a di da vezañ gwir sujeded e Spencerwood (Québec) d'an 11 a viz C'hwevrer 1880. chomas da sevel loened. Poltred tennet gant Jules-Ernest Livernois. da roue Frañs. Ar c’hontrol Sellet e vez outi evel ouzh eo a c’hoarvezas. Mont a ur glad dizanvezel hiziv reas kalz eus ar c’houbla- an deiz e Kanada ha klasket e vez de- doù-se da vevañ er c’hoadeier, pehtam, da lâret eo « klevet ». Dont a gas ur vuhez nevez dezhi. « Aen kwa diouzh ur mod a zisplije da ziazeze- ra anv al livioù eus ar galleg : blawn, ney taa maak nutr lawng », da lâret eo rien an drevadenn. Boutin e oa ar zhounn, roozh, nwayr (gwenn, melen « Gwarezomp hor yezh », evel ma vez mod da sellout ouzh an douar etre an ruz, roz, du) hag ivez ar mod kontañ : embannet bremañ. Yalc’hadoù ’zo Hironed hag an henvroidi. Tennañ a haen deu trwaw kaet saenk. Implijet e bet asantet evit-se e Manitoba hag e raent dioutañ ar pezh o doa ezhomm vez ar gerioù-mell hag ar raganvioù Saskatchewan. evit padout gant o mod bevañ dezho. perc’hennañ evel e galleg, evel ma Brezeliñ a reas an Hironed a-enep ar teu anat er frazenn-se : Pâstinam sa Paol ar Meur Saozon er bloavezhioù 1880 evit di- bouche ôhi le loup ê-wî-otinât. Impli- fenn o gwirioù zoken. jet e vez ar gerioù diskouezañ evel e krieg. Meur a yezh hiron ’zo bet evit *Ruz evit diskennidi trevadennerien deuet eus Breizh- Ur yezh kemplezh he reolennoù gwir, evel ar bungee, yezh an Hironed Veur. Ur yezh kemmesket eo ar mitchif. saoznegerien hag a zo enni un ne- Le mitchif, la langue inventée de la Disheñvel e oa bet e vod d’en em beud gerioù deuet eus gouezeleg nation métisse du Canada. 19 Pobl Vreizh – Mae 2011 Du ha gwenn Al Liamm ha plas da lenn… Tìr-na-nÓg Buhez prevez Lola P. gant Maïwenn Kornôg pell gant Jakez-Erwan Mouton, Morvan, embannet gant Emgleo Breiz, embannet gant Keit Vimp Bev, priz ebet Niverenn 385 9,90 €. merket. Ur rann nevez Plijadur eus al lennegezh ’meus bet o hollvedel zo bet lenn romantig krouet gant Em- Jakez-Erwan gleo Breiz : ar Mouton. Tri- « sexy-cucul ». wec’h pennad Ur golo doare berr. Lusk forzh pege- klask frot (gant ment. Ur yezh un arliv skato ar eeun ha klasel. wech-mañ) hag Mard on bet un destenn doare plijet n’on ket kelaouenn evit bet bamet gant liseadezed. Anat din ez eo bet goulennet an istor. Ka- digant an aozerez trevezal Bridget Jones’s vout a reer en- Diary Helen Fielding. Evel alies e seurt nañ daveoù da nouspet film western betek degouezh emañ Katell pell diouzh he un dave da Lucky Luke (p. 42, paotr an in- c’hazeg. Diroll ? Goular kentoc’h. teramantoù…). Pa vo adembannet e vo ret reizhañ traoù ’zo : ar c’horonal Carter Gouzout a ra ar vugale bezañ en o bleud pa p. 42 o tont da vezañ Carson p. 55. Ne soñj bar an heol ha pa zispak glasvez ar maezioù... redek a-dreuz ar parkeier, difoupañ nezhioù, ket din e vefe ur c’horonal e penn un arme, pignat er gwez ! Kervalan ha Mai-Ewen a ez- Ar forzhioù a gomz The vagina mono- e hini ur rejimant kentoc’h (p. 42). Pevar logues gant Eve Ensler, troet ha stummet taol eñvorennoù bev ha kaer, meulgan d’ar diwar ar saozneg gant Ninnog Latimier, c’hant mil a gadourien Siouks (p. 58) a ra frankiz ha d’al levenez. Dizoleiñ ar bed, an en- kalz memestra, zoken gant « hervez ». Ha embannet gant An Alarc’h, 8,00 €. dro, al loened en ur c’haloupat dre ar vro. Tregeriad ’vefe Jakez-Erwan ? Plijout a Gant Derc’hent-dec’h hag Ar werje achantet Savet eo bet raio al levr-mañ d’ar skolajidi, spi ’meus. emañ pell bed ar vugale a-vremañ a vez ken- The vagina mo- Klotañ a ra gant Priz ar Yaouankiz… toc’h o veajiñ gant o urzhiataer hag o hezou- nologues e 1996 gell. Ne vern, fromus eo an div varzhoneg. ha c’hoariet e Teir danevell a ya da voueta lodenn greiz ar Broadway da gelaouenn. Morse n’em bije kredet e oa ken gentañ hag Avalon gant Pierre-Emmanuel Marais, diaes gant Kristin David pe krizhder an dilez. abaoe er bed a- embannet gant Keit Vimp Bev, priz ebet Un istor a zisparti all eo Harlu, danevell P.-E. merket. Marais. Istor ur c’houblad, hunvreoù da seve- bezh, pe dost. niñ dezhañ. Kempleshoc’h eo Antony Heulin Troet eo bet en Trede le- gant A-drugarez da Vanon. Un istor a vigno- un hanter-kant vrenn avantu- niezh kaset war-raok gant luc’hskeudennoù yezh bennak. rioù Duncan par da vein-bonn o vagañ eñvorennoù an da- Brudet-kaer eo O’Hara hag e neveller. Gwirvoud, faltazi ? Tanav ar vevenn ar pezh. Deuet genitervez Si- hag ar memor. da vezañ un nead eo Avalon. Div droidigezh evit daou istor disheñvel mat a Adkavout a reer gaver da c’houde. Skrid Stefano Benni Dao arouez eus d’ar fezanted a zo skrijus gant tud taer. Istor stourm ar merc’hed evit gellout bevañ di- en oberenn ar meskaj romant Julio Llamano Kroashent hep kloued a gont eub o buhez revel. Evel kalz a dud em boa reuz an dilabour, emdroadur dibleg an embre- just klevet diwar-benn an oberenn hep be- istorel (emgann gerezhioù. zañ he lennet. A drugarez d’an Alarc’h ha Niara etre En- Tri levr e galleg hag unan e saozneg a zo diel- da labour dreist Ninnog Latimier em eus rique Trasta- fennet gant H. Latimier er rann « A-dreuz lennet an destenn. Spi ’meus e vo lennet mare ha Pedro lenn » : Oscar et la dame en rose, Hammer- gant kalz a dud. Kriz spontus e c’hell be- el Cruel e stein ou l’intransigeance, Indignez-vous ! ha zañ, fentus a-wechoù, nerzhus ha fromus 1367) hag isto- Tea Time for the Traditionally Built. Gant « Pe- tra nevez » e kaver levrioù brezhonek niverus, bepred. Echuiñ a ra gant un doare meul- rioù hudouriezh a rae perzhioù an daou levr kentañ. N’eo ket displijus, met dont a ur film (An Arvest) hag ur bladenn Bretonne. gan d’ar forzh hent ar vuhez. Lennet e vez ra da vezañ un tamm luziet, evel ma vefe Gant plijadur e lenner da heul al lizher bet ka- buan, direnket e c’heller bezañ — ar bao- bet astennet ar soubenn betek re. En em set da Nolwenn Leroy, ar ganerez, gant skolidi tred dreist-holl, kazi sur — met n’eus ket santout a reer dihenchet alies a-walc’h. Plounevez-Moedeg. tu da chom diseblant. Un taol-kaer. Dreist Poent e vefe kas an traoù d’o c’hlozadur 6 € an niverenn ha 30 € ar c’houmanant bloaz. eo gellout lenn seurt traoù en hor yezh. gant un tamm lusk… Er pevare levrenn Koumanantiñ : Al Liamm – Brav eo kinniget al levr ouzhpenn gant ur marteze ? 14 straed Louzaouenn-an-Hañv / golo eus an dibab. rue du Muguet – 22300 Lannuon.

Herve Lannuzel Morgan Tremel

20 Pobl Vreizh – Mae 2011 Histoire

Un État, une nation, une langue ? Petite balade à l’intérieur du nationalisme français

ES DÉGAGEMENTS FRANCHOUILLARDS profit d’une communauté, elle est légi- Ldʼun Mélenchon ou les tirades time, elle a le droit d’exister. » « patriotiques » dʼun Chevène- Voilà condamnés tout à la fois l’usa- ment irritent ou amusent. Mais ge politique fait de la langue française, elles font partie du paysage poli- le racisme, le cléricalisme, la doctrine tique français. Et elles témoignent des frontières naturelles et la prétention de la persistance dans le champ à l’indivisibilité. Excusez du peu… Pour la conscience morale, je n’insisterai politique hexagonal dʼun chien- pas… dent idéologique qui déborde lar- gement les platebandes souverai- Une lignée nationaliste nistes. Alors, Anatole de Monzie peut bien soutenir en 1925 que « pour l’unité lin- Quand Michel Rocard, ancien Pre- guistique de la France, la langue bre- mier ministre de François Mitterrand, tonne doit disparaître », Pompidou ré- s’épanche en 2005 auprès de l’ambas- péter en 1972 sur ce thème : « Il n’y a sadeur américain à Paris1, et explique pas de place pour les langues régio- DR la difficulté de gouverner la France par nales dans une France destinée à mar- Ernest Renan : « Une nation nʼa pas plus quer l’Europe de son sceau »… ils sont le fait – d’abord militaire pour lui – que la quʼun roi le droit de dire à une province : France s’est créée par la destruction de « Tu mʼappartiens, je te prends ». ». simplement, sur ce point, dans la lignée cinq cultures : bretonne, occitane, al- nationaliste des Rivarol4, Barère, Gré- sacienne, corse et flamande, il dit au goire, Michelet5, Combes, Pasqua, 6 7 fond la même chose que l’ancien mi- vivre ensemble a une langue, le fran- Chevènement, Pandraud , Dutourd et nistre gaulliste Sanguinetti2 en dé- çais. » cent autres premières ou secondes cembre 1968 à la tribune de l’Assem- mains, comme Irénée Carré, cet ins- Le slogan nationaliste est clairement blée nationale : « […] La France n’est pecteur général de l’Éducation natio- formulé : un État, une nation, une pas une construction naturelle. C’est nale en charge de l’extirpation du bre- langue ! une construction politique voulue pour ton, qui écrivait dans un rapport de 1905 : « Il y a un intérêt de premier ordre laquelle le pouvoir central n’a jamais Renan instrumentalisé désarmé. Sans centralisation, il ne peut à ce que les Bretons comprennent et y avoir de France. Il peut y avoir une Al- Les lecteurs de Suzanne Citron3 ne parlent la langue nationale. Ils ne seront lemagne, il peut y avoir une Italie, parce sont pas dépaysés par l’énoncé de ces vraiment français qu’à cette condi- qu’il y a une civilisation allemande, une évidences. Il est en revanche un grand tion. » civilisation italienne. Mais en France, il Breton qui pourrait être surpris de voir Peut-on mieux trahir la pensée de y a plusieurs civilisations. Et elles n’ont son nom si souvent cité en soutien de Renan ? Un humaniste qui de surcroît pas disparu ; vous pouvez en croire un cette vision de la nation. Je veux parler disait parler pour son siècle, et n’ex- député de Toulouse ! » de Renan, instrumentalisé à l’envi par cluait pas que sa définition s’applique les jacobins de tout poil, qui concluait L’un fait le constat en confidence un jour à d’autres espaces. Nationa- pourtant en 1882 sa conférence listes de tous les pays, écartez-vous ! dans un bureau d’ambassadeur, l’autre « Qu’est-ce qu’une nation ? » par des revendique hautement la politique phrases comme celles-ci : dans une enceinte parlementaire. Tous Michel François les deux partagent au moins ce qui, « Si des doutes s’élèvent sur les fron- dans les niveaux politiques et adminis- tières, consultez les populations dispu- 1. Note diplomatique publiée sur le site Wiki- tratifs supérieurs de l’État français, tées. Elles ont bien le droit d’avoir un leaks. n’est qu’un secret de polichinelle, ins- avis dans la question. » 2. Alexandre, à ne pas confondre avec son frère pirateur occulte de l’organisation des « […] une nation n’a pas plus qu’un Antoine, amiral qui défendit souvent des idées territoires et de plus d’un déroulement roi le droit de dire à une province : « Tu proches de celles soutenues dans ce journal. 3. Historienne, auteur de nombreux livres et ar- de carrière. m’appartiens, je te prends. » Une pro- ticles dénonçant les falsifications historiques en- Encore Sanguinetti, comme de Gaul- vince, pour nous, ce sont ses habi- seignées dans les écoles françaises. Voir notam- tants ; si quelqu’un en cette affaire a ment Le Mythe national, l’histoire de France le ou même Debré, nous épargne-t-il le revisitée, aux Éditions de l’Atelier, 2008. couplet rituel sur la langue française, droit d’être consulté, c’est l’habitant. » 4. Écrivain : « Ce qui n’est pas clair n’est pas fran- qu’un néogaulliste comme Dupont-Ai- « L’homme n’est esclave ni de sa çais ! » (1782). Pour être clair… gnan chante sans vergogne en 2009 race, ni de sa langue, ni de sa religion, 5. Historien à temps partiel : « La Bretagne est dans les colonnes du Monde : « Ce ni du cours des fleuves, ni de la direc- une colonie comme l’Alsace et les Basques, plus vouloir-vivre ensemble a un nom : la tion des chaînes de montagnes. Une que la Guadeloupe » (1831). République. Il a un idéal : Liberté, Éga- grande agrégation d’hommes, saine 6. Ancien ministre : « Il est temps que nous lité, Fraternité. Il a un acteur central, d’esprit et chaude de cœur, crée une soyons Français par la langue » (1992). l’État, creuset de la nation à travers les conscience morale qui s’appelle une 7. Académicien français décédé le 17 janvier : âges et le gardien de l’intérêt général, nation. Tant que cette conscience mo- « Monsieur Lang ayant créé un Capes de patois breton, pourquoi ne pas créer un Capes de men- contre l’emprise des féodalités et des rale prouve sa force par les sacrifices dicité ? Il y a une culture à préserver, comme on intérêts particuliers. Enfin, ce vouloir- qu’exige l’abdication de l’individu au dit de nos jours » (1985). 21 Le Peuple breton – mai 2011 Peuples du monde L’élection d’Angelini à Purtivechju

La victoire du secrétaire général du Partitu di a Nazione Corsa (PNC), militants s’ajoutent l’adhésion des sym- Jean-Christophe Angelini, aux élections cantonales de Purtivechju pathisants et, aujourd’hui, le soutien de (Porto-Vecchio) des 20 et 27 mars derniers, est un événement histo- tout un peuple au projet autonomiste. rique, un séisme politique qui vient de loin et qui ouvre, encore un peu Une longue marche commencée plus, les portes de lʼautonomie pour la Corse. en 2009 La victoire de Purtivechju qui exprime la volonté et l’attachement des Corses au changement est aussi à remettre dans un contexte plus large. Elle est la troisiè- me pour les forces autonomistes et dé- mocratiques en Corse. La première date de juin 2009, lors des élections européennes. La voie du chan- gement a été ouverte par François Alfon- si : 24 % des Corses ont voté ce jour-là pour un candidat du PNC, dans une élection à la proportionnelle intégrale. La seconde eut lieu neuf mois plus tard quand, aux élections territoriales – régio- nales sur le Continent –, la liste Femu a Corsica (Faisons la Corse) obtient au premier tour 18,40 %, arrivant devant toutes les listes de gauche et talonnant la droite. Une semaine plus tard, son score est de 25,89 %. Et l’ensemble de la famil- le nationaliste obtient près de 36 % des voix, huit points devant la droite et tout juste derrière l’union de la gauche, qui obtient une majorité relative à l’Assem- blée. L’espoir et la volonté populaire

Arritti étaient clairement de notre côté. Hélas, La troisième secousse sismique autonomiste a secoué lʼîle, Jean-Christophe est élu ! Paul Giacobbi, du Parti radical de Le peuple corse fête la fin dʼun clan. gauche (PRG), qui s’était présenté aux élections territoriales sous l’étiquette PS, Le contexte de Purtivechju tion remontant au XVIIIe siècle ! Rocca Ser- a fermé la porte des négociations, privi- ra est un clan au service du dernier fils hé- légiant une majorité relative et excluant « La bataille de Purtivechju » n’a pas été ritier, qui n’a jamais œuvré pour le peuple simultanément les forces autonomistes un long fleuve tranquille pour les forces corse. Sa défaite est, en soit, déjà une en fort progrès. autonomistes, tant le clan Rocca Serra victoire. contrôlait, dominait et régnait dans le sud Enfin, la troisième victoire est celle des de la Corse depuis des décennies. Voici dix ans que Jean-Christophe An- cantonales. Ces élections sont pour gelini se bat pacifiquement, publique- nous, autonomistes, une véritable Camille de Rocca Serra, actuel député ment et démocratiquement contre le clan épreuve. Prime au sortant, scrutin unino- UMP de l’extrême sud depuis 2002, an- le plus puissant et le plus conservateur minal, nouveau seuil de 12,5 %, cam- cien président de l’assemblée territoriale de l’île. À chaque élection à laquelle le se- pagne nationale… sont autant de bar- de Corse (2004-2010), ancien maire de crétaire général du PNC s’est présenté, rières à franchir. Purtivechju (1997-2004), membre du son score a progressé. En 2004, aux conseil général de Corse-du-Sud de mêmes élections, il avait 26,86 % des Un scrutin qui ouvre 1988 à 2002 et proche ami du président voix au premier tour et 46,33 % au se- les portes de l’espoir Sarkozy, est celui qui voulait modifier la cond. Cette année, la barre des 46 % ne Lors de la victoire du 27 mars dernier, loi littoral en Corse pour vendre l’île de lui échappe que de quelques voix la joie des électeurs de Purtivechju a Beauté aux promoteurs immobiliers, faire (45,68 %). Mais ce résultat, il l’obtient dès éclaté. L’unanimité d’analyse, si rare de la Corse la Mallorca française et de le premier tour ! Au second, il est élu avec chez nous, touche toute la société corse. Purtivechju l’Ibiza insulaire. 53,72 % des suffrages, s’offrant le Le jeune autonomiste corse (35 ans) por- double luxe d’accroître encore son écart Mais il est aussi le fils de Jean-Paul de teur d’un projet de société soutenu par le avec le candidat libéral et celui d’arriver Rocca Serra, maire de Purtivechju pen- peuple corse bat le vieillissant et conser- en tête dans trois des quatre communes dant un demi-siècle, sénateur puis dépu- vateur député sarkozyste ! « La victoire du canton. té de la Corse-du-Sud, président de l’As- de l’espoir sur la résignation », tel était semblée de Corse pendant quatorze Tout cela est devenu possible parce l’édito de François Alfonsi dans Arritti au ans… La liste est encore longue, la filia- qu’à la conviction profonde des premiers lendemain du scrutin local. 22 Le Peuple breton – mai 2011 est un séisme politique !

Le choc a été tellement violent que dum local de 2003, a l’immobilisme issu des urnes a été em- bloqué toutes ces porté par les ondes sismiques. En effet, initiatives. Mais les si, au sortir des élections, le conseil géné- faits sont là. Nous ral de Haute-Corse demeure à gauche, et sommes courtisés celui du sud à droite, la seule élection de parce que soutenus Jean-Christophe Angelini fait bouger les populairement. Les lignes politiques insulaires. La gauche lignes bougent, progressiste (non jacobine et non com- jusque dans le cœur muniste) a ouvert des portes. Emmanuel- de l’appareil jacobin le de Gentile et Jean-Louis Luciani, qu’est le départe- membres du PS local et conseillers exé- ment, c’est dire ! cutifs corses – mini-gouvernement régio- Un dernier exem - nal –, étaient présents à l’ultime discours ple. Lors de la ses- de campagne du candidat Femu a Corsi- sion inaugurale du ca à Purtivechju. Luciani, toujours lui, qui conseil général, qui est aussi conseiller général d’Ajaccio, a est traditionnelle- fait, au lendemain du scrutin, une offre ment consacrée à Arritti d’ouverture, en proposant à l’actuel pré- l’élection de son pré- Jean Christophe Angelini (à gauche) et Majo Cucchi (suppléante) sident du département, Jean-Jacques à leur dernier meeting de campagne ont reçu le soutien de sident : douze élus tous les nationalistes modérés dont Gilles Simeoni (au centre). Panunzi (divers droite), d’intégrer la de droite, huit de gauche et les nationalistes dans la majo- gauche et deux na- rité au détriment de l’UMP. Enfin, le prési- tionalistes. Les jeux auraient-ils dû être ment son président. Le sortant, pourtant dent de l’exécutif corse a annoncé publi- faits avant l’heure ? Probablement. Et reconnu pour avoir fait un travail d’ouver- quement, dans la presse régionale, qu’il pourtant. La gauche coupée en deux, ture au-delà des clivages politiques pen- aurait voté Angelini. entre l’ouverture de Luciani et le blocage dant trois ans, obtient onze voix, le candi- jacobin du conseiller général-sénateur dat nationaliste quatre et les sept autres Encore un petit effort… de Corse-du-Sud, Nicolas Alfonsi (PRG), bulletins sont blancs. Le second tour est Certes, la majorité libérale du départe- décide de s’abstenir pour se compter, les sans surprise, Panunzi est réélu avec ment a refusé de s’ouvrir à d’autres hori- nationalistes proposent une candidature douze voix, après le retrait de la candida- zons, bien sûr, la gauche jacobine, sortie d’ouverture, Paul-Joseph Caitucoli, élu ture de Caitucoli. Mais les faits sont là, grande gagnante du « non » au référen- en 2008, et la droite présente logique- des voix de tous bords nous ont rejoints sur notre projet pour une autre politique en Corse. L’élection de Jean-Christophe Angelini Une victoire historique pour l’Alsace est un véritable tremblement de terre en Corse, et a été ressenti comme tel par En plus d’un élu corse du PNC, la famille autono- tout le monde sur l’île. Ce résultat montre miste de R&Ps a pu se réjouir de l’élection d’un Alsa- qu’en Corse, et au-delà, la voie autono- cien d’Unser Land : David Heckel. Sous ses propres miste exclusivement pacifique, publique couleurs, ce jeune homme de 33 ans a remporté à la et démocratique est le bon choix et vali- surprise générale le scrutin cantonal de Sarre-Union en dée par les électeurs. Ce séisme est une mars dernier. Bénéficiant entre autres du soutien du secousse de plus, après celles de 2009 et conseiller général sortant, Denis Lieb – le même qui 2010, dont l’épicentre politique situé à s’était illustré en 2008 en décidant de ne s’exprimer Purtivechju est l’expression du travail de terrain de Jean-Christophe Angelini de- qu’en alsacien pendant quelques mois pour s’opposer à puis dix ans. Cette secousse doit se la décision du Sénat de supprimer l’amendement de la transformer en un véritable tsunami poli- constitution reconnaissant les langues régionales –, tique autonomiste aux prochaines élec- David Heckel s’est imposé face à l’UMP Simon tions territoriales de 2014 pour mettre dé- Schmidt. finitivement à terre l’État centraliste David Heckel défendra le statut d’autonomie et les spécificités alsaciennes jacobin dont les radiations politiques (langue, culture, droit local, Concordat…) tout en militant pour une meilleure ef- sont, à l’instar de Fukushima, tout aussi ficacité des services publics. Pour lui, « seul un statut d’autonomie régionale peut invisibles et inodores que nocives et mor- réinscrire l’Alsace dans l’espace rhénan et ainsi renforcer la vocation européenne telles pour la démocratie, pour notre cul- de sa capitale, Strasbourg ». Unser Land demande également la fusion des dépar- ture et notre langue. tements et de la région afin de créer une collectivité territoriale unique, ainsi que la renégociation de la convention passée avec l’État au sujet de l’enseignement bi- Roccu Garoby, lingue. PNC-Ghjuventù G.B.

23 Le Peuple breton – mai 2011 International L’islam et en Afrique du Nord tunisieup

Tarek Bouazizi était ce vendeur jeur : une révolution a une préparation, une Kadhafi que Sarkozy honorait hier à l’Ély- ambulant tunisien de 27 ans dont idéologie dominante, un but précis, celui sée en grandes pompes, est surtout motivée de prendre le pouvoir pour le transformer. par la volonté de contrôler le pétrole libyen la tentative d’immolation le 17 dé- Rien de tel dans cet ébranlement arabe. actuellement exclusivement vendu à l’Ita- cembre 2010, pour protester C’est la spontanéité qui a partout dominé, lie. On est loin de la spontanéité des contre la dégradation des condi- ce qui est la marque même de la révolte. révoltes de la rue arabe… tions sociales en Tunisie, a conduit Ces révoltes sont encore en pleine évolu- Ces révoltes portent atteinte à la propa- à son décès deux semaines plus tion, à différents stades de leur déroule- gande d’Al-Qaida, prêchant le recours à la tard. Sa mort fut à l’origine des ment. En Tunisie et en Égypte, elles sont force pour faire tomber les régimes autocra- sur la bonne voie, avec des élections libres tiques arabes, en ce qu’elles montrent que le émeutes déclenchant la révolte qui en perspective et une volonté affirmée de « pouvoir du peuple » peut être une a évincé le président Ben Ali du poser de nouvelles bases institutionnelles. meilleure arme. pouvoir et, par contrecoup, a En Algérie, en Syrie et au Yémen, les auto- conduit à un ébranlement généra- crates se cramponnent au pouvoir avec di- La montée de l’islam lisé du monde arabe, que personne vers degrés de violence. Alors que le prési- Jusqu’à présent, ces soulèvements parais- n’avait imaginé. dent algérien Bouteflika dit « vouloir saient être largement à caractère laïc et les renforcer la démocratie », son homologue Occidentaux en étaient discrètement soula- yéménite Ali Abdallah Saleh a accepté fin gés. Non parce qu’ils étaient tous hostiles à Des révoltes en cours avril de « quitter le pouvoir à terme », mais la religion. Beaucoup – les Américains en Seules les poussées du fondamentalisme en Syrie, Bachar Al-Assad a choisi une ré- particulier – sont assez dévots. Mais, en islamique semblaient pouvoir menacer des pression permanente d’une brutalité san- gros, ils préfèrent leur choix religieux aux régimes autocratiques arabes si solidement glante… Et dans le Golfe, les monarques autres, et depuis le 11 Septembre, ils sont installés dans le nord de l’Afrique. Et la vue tentent d’éloigner les revendications démo- spécialement inquiétés par l’islam. Or, des des vieux tyrans arabes s’effondrant dans le cratiques par des largesses pétrolières afin signes montrent que cette religion est la for- rire et le sang sous la poussée d’une nouvelle de faire admettre la modestie de leurs ce montante des mouvements arabes. Cela génération de jeunes idéalistes, unis par Fa- concessions politiques, lâchées jusqu’ici à met mal à l’aise les libéraux, qu’ils soient cebook et enflammés par la perspective contrecœur… arabes ou occidentaux. Ils craignent que le d’une ouverture sur un monde démocra- Quant à la Lybie, l’intervention armée de renouveau arabe soit détourné par une caté- tique plus vaste, a enthousiasmé les obser- la France (et, accessoirement, de l’Otan), gorie d’islamistes qui rejetteraient la ver- vateurs dans le monde. Mais les médias ont s’appuyant sur l’autonomisme traditionnel sion pluraliste de la démocratie, opprime- trop vite parlé de « révolution », de « jas- de la Cyrénaïque, autour de Benghazi, pour raient les femmes, et brandiraient le min » ou autre… C’était un contresens ma- soi-disant se débarrasser d’un président drapeau du jihad contre les chrétiens et les 24 Le Peuple breton – mai 2011 les révoltes arabes et au Moyen-Orient juifs. Ils craignent que ce militantisme un grand nombre a d’ailleurs meurtrier, qui a tué environ trente mille débuté dans leurs rangs. Le personnes au Pakistan durant ces quatre principal mouvement islamis- dernières années, puisse émerger dans le te palestinien, le Hamas, une monde arabe maintenant. émanation des Frères, a été en- En Lybie, le conseil national de transition chanté par la chute de Mouba- des révoltés de l’est, qui gagne peu à peu rak. Il a dans le passé effectué un statut de gouvernement provisoire, des attentats-suicides au cœur présente un mélange de libéraux laïcs et d’Israël. En Égypte, dans le d’islamistes. On trouve des jihadistes vété- flux actuel de libérations des

rans de l’Irak et de l’Afghanistan parmi les prisonniers, des centaines, si- DR rebelles à Kadhafi, quoiqu’en nombre limi- non des milliers, de jihadistes Après sa répression qui a fait officiellement 800 morts, té. Un général américain a même détecté un sont mis en liberté… Ou en- Hosni Moubarak est interpellé par la rue égyptienne. « soupçon d’Al-Qaida » parmi ces ennemis core au Maroc, le 24 avril, on a du colonel qui sont aidés par l’Occident, ce vu une manifestation paci- qui rappelle aux Américains les mauvais fique réclamer la libération des détenus soulèvements, sont d’ailleurs mieux à souvenirs de l’alliance contre les Russes en radicaux musulmans salafistes ! l’écoute du reste du monde moderne que Afghanistan avec les moudjahidines avant leurs prédécesseurs conservateurs. que ceux-ci rejoignent Al-Qaida ou les Tali- En outre, des pays musulmans sont sur la bans… Islamique et démocrate voie de la démocratie, ou y sont déjà. Cer- L’organisation religieuse des Frères mu- Or, l’islam est appelé à jouer un rôle im- tains s’en tirent bien. Parmi les pays arabes, sulmans, qui a des branches partout dans la portant au sein des gouvernements, dans le le Liban, avec sa profusion de religions et de région, est le mouvement d’opposition le monde arabe plus qu’ailleurs. La plupart sectes, est depuis longtemps une sorte de mieux placé en Libye, en Égypte et en Tuni- des musulmans ne croient pas en effet en la démocratie, quoiqu’entravée par la présen- sie. Dans l’ensemble, ces Frères musulmans séparation de la religion et de l’État, comme ce des milices armées. L’Irak lui-même doit elle existe en Amérique être crédité d’avoir au moins élu un vrai ou en France, et ils parlement multiparti. En dehors du monde n’ont pas perdu leur arabe, en Turquie, en Malaisie ou en Indo- enthousiasme pour la nésie, l’islam et la démocratie cohabitent foi, comme c’est le cas assez correctement. Beaucoup de musul- pour beaucoup de mans citent la Turquie comme modèle. Son « démocrates-chré- gouvernement modérément islamiste tiens » en Europe. Des montre certes des signes très inquiétants « démocraties » musul- d’autoritarisme, mais il sert son peuple bien manes, comme la Tur- mieux que les généraux jadis. De plus, quie, la Malaisie et l’Iran, qui a eu tant d’influence par le passé, l’Indonésie, ont toutes n’est plus présenté comme un modèle : la de grands partis isla- théocratie ne tente pas les jeunes de la rue miques. arabe. Mais islamique ne L’islam ne trouvera cependant pas de signifie pas islamiste. compromis avec le monde démocratique Al-Qaida, au cours des moderne tant que les musulmans ne pour-

DR dernières années, a ront assumer la responsabilité de leur Manifestation berbère à Rabat le 20 février perdu du terrain dans propre vie. Or, du Maghreb au Proche- en faveur de la langue tamazight. les cœurs et les esprits Orient, des millions d’entre eux sont arabes. Les jihadistes aujourd’hui en situation de le faire enfin. ont tout fait pour rassurer l’Occident et lui sont une minorité, largement réprouvée Raison de plus pour se réjouir plutôt que faire penser que désormais ils s’abstien- par leurs coreligionnaires plus modérés, ne s’inquiéter. draient d’imposer la loi de la charia, au cas serait-ce que parce qu’ils donnent à l’islam Ronan Leprohon où ils seraient amenés à former un gouver- une mauvaise réputation à travers le mon- nement dans un pays où ils émergeraient à de. Les batailles idéologiques entre modérés nouveau comme parti légal. et extrémistes au sein de l’islam sont tout En dépit de cela, ces Frères inquiètent en- aussi féroces que l’animosité opposant les core beaucoup de gens. À une extrémité du musulmans, chrétiens et juifs fondamenta- Le site de l’UDB large spectre idéologique qu’ils couvrent, ils listes les uns aux autres. Les Arabes les plus www.udb-bzh.net ne sont pas très éloignés des jihadistes, dont jeunes, en grande partie responsables des 25 Le Peuple breton – mai 2011 UN JOUR AVEC... André Pochon,

Célèbre pour ses méthodes agronomiques qui en font un pionnier de 13 ans, reste dans un premier temps dix-huit mois à la ferme, puis suit, l’agriculture durable, André Pochon est toujours, a bientôt 80 ans, un poussé par ses anciens instituteurs, le expert reconnu. CC (cours complémentaire) de Corlay, ouvert en 1945. Il y entre en no- vembre, après avoir fini de labourer les terres d’avoine, avec bœufs et chevaux… André est excellent élève, comme on l’imagine bien. Ses ensei- gnants voudraient qu’il fasse l’école normale. Il hésite, tergiverse et prend sa décision : il sera paysan. Au grand dam de ses maîtres qui lui prédisent : « Tu le regretteras ! » André entre tout naturellement à la JAC ; sa sœur, boursière au lycée Re- nan de Saint-Brieuc, est déjà membre de la JEC. Second coup porté à son ancien directeur de CC : « Comment, Dédé ? Chez les curés ! » Cela ne l’empêchera pas d’être le moteur de la victoire de la liste de gauche à l’élec- tion municipale de 1959, à Saint- Mayeux. À la JAC, il rencontrera aussi bien les Lambert, Chopier que les La- combe et Debatisse. Il quitte le mou- vement au moment où Gourvennec y

Vivarmor Nature Vivarmor adhère. Il se marie en 1954 ; le jeune couple s’installe sur une petite ferme André Pochon, l’agriculteur-chercheur qui a voulu travailler moins et gagner plus en polluant moins ! de huit hectares et, surprise ! renonce au bout d’un an à la fusion envisagée avec la ferme de vingt-cinq hectares Aujourd’hui retiré à Trégueux, aux çant par Le Petit Bossu et La Pomme des parents. portes de Saint-Brieuc, Dédé, comme rouge. L’exercice, nouveau pour lui, lui l’appellent affectueusement ses in- a plu. La « méthode Pochon » nombrables amis et admirateurs, est Le retraité, bientôt octogénaire, a er né le 1 septembre 1931 à Saint- des semaines bien remplies. Celle de C’est qu’en effet notre jaciste a créé Mayeux, la commune de son père, tra- notre entretien, il participait au Comité entre-temps le CETA (Centre d’études versée par la frontière linguistique. de suivi des algues vertes à Rennes, techniques agricoles) de Mûr-Corlay, Contrairement à ses sœurs plus avant de se rendre pour deux jours à qui comprend dix-sept adhérents âgées, nées dans la ferme des Bruxelles, invité à la présentation du « qui n’étaient pas encore sur la voie grands-parents maternels à Plouguer- film Love me tender, réalisé par des ci- du progrès », et travaille avec les nével, André n’apprendra pas le bre- néastes belges, sur la production de jeunes chercheurs de l’INRA. C’est là ton, si ce n’est les expressions viande, d’où le titre. « Du coup, je vais que s’élabore la « méthode Pochon », usuelles et familières et, bien sûr, les manquer la répétition de ma chorale, la prairie à base de ray-grass et de gros mots. « Je suis, dit-il joliment, se plaint-il en riant, mais comme c’est trèfle blanc qui participe de la « révolu- mâtiné gallo-breton. » nous qu’on entend dans le film chan- tion fourragère » entreprise par le Le grand-père maternel bretonnant ter le fameux tube… » grand agronome et écologiste que fut était conteur, la grand-mère paternelle Il va bien sûr profiter de son voyage René Dumont. Contre le discours mo- gallo était conteuse. « Pour moi, les pour rencontrer les responsables de la derniste dominant, y compris celui contes bretons sont plus durs que les direction générale de l’Agriculture et tenu jusque-là par la JAC, et qui abou- contes gallo et ont plus de sens », dit- son ami Dacian Ciolos¸ en personne tit à la loi d’orientation de Pisani en il. Lui-même conte également depuis pour parler de la réforme de la PAC. 1962, André et ses amis démontrent qu’il a plus de temps à lui, dans les qu’on peut doubler le nombre de maisons de retraite, à la prison de vaches à l’hectare, que la motorisa- Saint-Brieuc. Sollicité par un éditeur Le p’tit gars de Saint-Mayeux tion en copropriété est un atout pour et voyant que la version orale ne pas- Quel parcours que celui du p’tit gars la petite ferme et qu’on peut vivre sur sait pas à l’écrit comme il le souhaitait, de Saint-Mayeux qui, après le « certif » de petites exploitations tout en tra- il s’est mis à l’écriture, en commen- (certificat d’études primaires) passé à vaillant moins.

26 Le Peuple breton – mai 2011 agriculteur-chercheur

développement d’une agriculture plus … à la réforme de la PAC autonome. Plus autonome, plus éco- André Pochon a très tôt perçu, à nome et plus solidaire. C’est là le trip- partir d’une intuition paysanne innée tyque qui sera dépeint dans la brochu- et d’une capacité d’analyse rare, que re sur l’agriculture bretonne que publie modernisme ne rimait pas avec pro- l’UDB, cette même année 1982. C’est gressisme, d’où sa rupture presque le début de la remise en cause du « mo- dès le départ d’avec le modèle que le dèle breton ». Bientôt on parlera de dé- pouvoir politique, les organisations veloppement durable. professionnelles et leurs satellites Écarté des organisations profes- mettaient en place, convaincus, de sionnelles « officielles », et pour cause, bonne foi pour beaucoup, que c’était André continue de montrer la voie, de là le moyen et le seul d’assurer le de- montrer que la course à l’agrandisse- venir de l’agriculture et des agricul- ment et au productivisme forcené n’est teurs. pas la solution, que l’on peut installer Avec la réforme de la PAC actuelle- des jeunes sur des fermes plus petites Florence Dhervé Florence ment en discussion, un premier chan- et par là maintenir aussi de la vie dans gement peut avoir lieu. André Pochon, Ici, à Guerlédan pour défendre le les territoires, que l’on peut produire projet de STEP. expert reconnu et aujourd’hui sollicité mieux, réduire les pollutions et gagner de toutes parts, y contribue active- correctement sa vie. Autre innovation aux prolongements ment, à l’aube de ses 80 ans. ô combien importants et qui contredit Des études comparatives entre le l’axiome des scientifiques « l’herbe a « système Pochon » et le système do- Herri Gourmelen besoin d’azote » : l’observateur et ana- minant sont menées en s’appuyant sur lyste exceptionnel qu’est André Po- les fermes expérimentales de Trévarez chon en arrive à se demander si ce par exemple. Les résultats, une fois Bibliographie : n’est pas l’engrais azoté qu’il met sur publiés, restent dans les tiroirs… Mais 1981, La prairie temporaire à base de sous la conduite de l’INRA, avec l’ap- trèfle blanc, ITEB. ses prairies qui fait du tort au trèfle 1991, Du champ à la source : retrouver blanc et donc à la pâture. L’expérimen- pui du ministère de l’Agriculture et du conseil général des Côtes-d’Armor, un l’eau pure, CEDAPA-Coop Breizh. tation conduite sous contrôle confirme 1998, Les champs du possible : la justesse de l’observation. L’INRA programme de recherche-action Sys- plaidoyer pour une agriculture durable, dira d’abord que c’est sans doute dû à tèmes Terre et Eau est mis en œuvre Syros. des conditions pédo-climatiques par- dans les années 90 pour analyser les 2001, Les sillons de la colère, Syros-La ticulières, mais devra se rendre à l’évi- résultats de vingt-sept exploitations Découverte. dence. « Double bénéfice, dit André, du CEDAPA. Résultats validés au 2009, Agronomes et paysans : un économie sur le prix de l’engrais et ren- grand désappointement de ceux qui dialogue fructueux, Quae. refusent de remplacer le maïs par l’her- 2010, Le scandale de l’agriculture folle, dement accru et, cerise sur le gâteau, Éditions du Rocher. on ne pollue pas ! Au départ, la motiva- be et donc de lutter efficacement tion était de gagner plus en travaillant contre les algues vertes. moins, la conscience de l’environne- ment est venue par surcroît. » De la remise en cause du « modèle breton »… En 1981, André publie La prairie tem- poraire à base de trèfle blanc, premier d’une série de six ouvrages, fruits du questionnement permanent d’un « praticien exemplaire », d’un « agricul- teur-chercheur », pour reprendre les expressions employées à son égard par d’éminents agronomes de l’INRA. Le géographe Maurice Le Lannou cite Virgile en parlant de celui qui fait la gloi- re du métier de paysan ! En 1982, An- dré Pochon crée le CEDAPA, dont le nom dit assez la philosophie qui remet en cause plus que jamais les orienta- tions officielles : Centre d’étude pour le

27 Le Peuple breton – mai 2011 Livres

u Anne de Bretagne, l’héritage interdit u La langue en Basse-Bretagne, modernité du breton Voici un beau livre à s’offrir et à offrir, écrit par Alan Simon, Un livre intéressant écrit par auteur de l’opéra rock Anne de Thierry Jigourel, dont nous Bretagne. Agrémenté d’une ico- avons chroniqué plusieurs ou- nographie superbe (plus d’une vrages dans le PB ? Ce nouvel ou- centaine de reproductions et de vrage s’attache à relater l’histoire manuscrits historiques et même de la langue bretonne, des ori- une bande dessinée), ce livre re- gines à nos jours, à travers des late l’histoire de la duchesse chapitres bien découpés : une Anne et de ses contemporains, langue celtique, des siècles de per- puis le montage de l’opéra rock, sécution linguistique, le temps avec une présentation des prin- des revendications, de la protesta- cipaux artistes : notamment Tri tion à la réalisation, une langue Yann, Cécile Corbel, Laurent Tixier, James Wood, Pat en danger. Thierry Jigourel fait O’May… un tour assez complet de l’histoi- Viennent ensuite l’histoire des répétitions et du spectacle, re de notre langue, mais, ce qui est le plus original, c’est que ainsi que celle du tro Breizh, avec une multitude de photogra- dans la seconde partie il fait des portraits d’auteurs : d’Hersart phies aussi belles les unes que les autres. de La Villemarqué à Goulc’han Kervella, en passant notam- ment par F.-M. Luzel, R. Hemon, T. Malmanche, E. Masson C’est un livre somptueux qui rend un magnifique hommage et A. Duval. à la duchesse Anne, un livre décapant à mettre entre toutes les mains. Inclus dans le livre, un CD de dix titres de l’opéra rock, Nonobstant quelques réserves concernant l’indulgence de avec : Ange, Tri Yann, Nilda Fernández, Fairport Convention, l’auteur quant à l’attitude de certains durant la Seconde Guer- les Holroyd, Christian Décamps, James Wood, Alan Simon et re mondiale, le bilan est assez complet. Cécile Corbel. À lire et à relire en musique ! Suivent deux poèmes en breton, puis des chants bretons col- lectés par des folkloristes du XIXe siècle, des chants de fêtes, des Klaod Thomas cantiques et des chants patriotiques et de combat. € (CPE, 160 p., 24 ) L’ensemble est agréable à lire, agrémenté de quelques pho- tos. Il apprendra beaucoup aux non-initiés et rafraîchira la mémoire des autres. u Les Mannois et l’île de Man Les Mannois et l’île de Man K. T. Les éditions Armeline lancent (CPE, 160 p., 22 €) une nouvelle collection très inté- ressante : « Peuples en péril ». Après Les Csángós de Moldavie, qui ont u Trompe-la-mort ou la longue vie de ouvert la collection, voici Les Man- Jean-Baptiste Nicolas nois de l’île de Man, traités par Her- vé Abalain. L’île de Man ne fait par- L’ancien journaliste Jean-Charles tie ni du Royaume-Uni ni de Perazzi est un auteur prolixe à la l’Union européenne. Aujourd’hui, production diversifiée et à la verve les Mannois de souche, soucieux de renouvelée. Il aime à conter et le leur culture celtique et de leur pa- fait à nouveau dans cette histoire trimoine, ne sont plus majoritaires haute en couleur qui se passe cette dans le pays : depuis les années fois en Amérique latine (et en Bre- 1960, l’immigration a pris le dessus tagne aussi). Cela démarre en fan- et menace directement leur identité. Certains, tel le parti Mec fare par le récit de la mort différée Vannin, n’hésitent plus à revendiquer l’indépendance, tandis du centenaire Jean-Baptiste. On que d’autres envisagent une plus grande flexibilité dans les re- reste dans le langage parlé dans les lations Man - Royaume-Uni. Ce qui est sûr, c’est que les Man- récits suivants, avec le même cock- nois et les Mannoises qui ne se satisfont plus de la situation ac- tail de vie, d’humour et d’imagina- tuelle sont de plus en plus nombreux. Pour en savoir plus, on tion gambadante. Impossible de lâ- lira ce petit livre fort bien fait. cher ce diable de petit livre sans l’avoir achevé. Bonne lecture ! K. T. Jean-Jacques Monnier (Armeline, 200 p., 12 €) (Le Cormoran, 13 p., 12 €)

28 Le Peuple breton – mai 2011 Notre livre du mois

Atlas de Bretagne / Atlas Breizh Mikael Bodloré-Penlaez Divy Kervella Coop Breizh

Moins d’un trimestre après la pa- Puis vient l’histoire : Celtes an- rution d’un atlas très original ciens, Armoricains. Les tableaux consacré aux minorités d’Europe généalogiques des rois et ducs sont (chez Yoran embanner, voir PB de suivis de cartes de la Bretagne et des janvier 2011), deux Bretons pu- territoires voisins à l’époque des blient un nouvel atlas chez Coop rois bretons. La toponymie est tra- Breizh. Un exploit quand on duite en cartes comme les limites connaît la somme de travail qu’exi- des paroisses primitives. Suivent les invasions vikings, la Bretagne ge une telle édition (et son coût). du XVe siècle, les grandes batailles et De ce fait, les atlas de Bretagne sont les personnages. Des évêchés aux plutôt rares : il en paraît un par dé- pays contemporains en passant par cennie au maximum. les départements, les territoires his- En 150 pages cartonnées grand toriques bretons occupent une pla- format en couleur, les deux auteurs mettent à la disposition du ce importante. Une cartographie fine des groupements de public un ensemble de cartes originales et à jour sur tous les communes actuels inscrit l’atlas dans l’aujourd’hui, comme le domaines de la vie bretonne d’aujourd’hui. La nouveauté de chapitre socioéconomique, le plus novateur de l’ouvrage : l’ouvrage est d’être entièrement bilingue français/breton, routes, ports, modes de déplacement, réseaux de villes, popu- chaque carte se trouvant publiée côte à côte dans les deux lation, dynamiques territoriales. L’économie, le tourisme, les langues et avec un commentaire dans les deux langues égale- comportements sociologiques et politiques trouvent toute ment, comme les préfaces de Lena Louarn et de Jean Ollivro. leur place. Des planches sont consacrées à la partition de la Il s’agit bien sûr de la Bretagne à cinq départements. Bretagne et à des propositions alternatives. On découvre avec intérêt une cartographie des effets possibles de la montée des Voir et comprendre… océans sur le territoire breton. Ce survol de la Bretagne en cartes est enrichi par les notices Avant de montrer la Bretagne et suivant l’usage bien établi précises qui les accompagnent. L’ouvrage se conclue par une des atlas scolaires, le livre offre des cartes (bilingues égale- cartographie des minorités d’Europe et du monde et par une ment) de l’espace, des planètes du système solaire, de la lune, liste des sources utilisées, y compris les sites internet. des constellations visibles de Bretagne et un planisphère poli- tique. Puis il aborde la géographie physique bretonne : le re- … au quotidien lief, l’hydrographie, la géologie et la lithologie, la végétation, S’il reste à l’écart des innovations-choc de certains travaux les paysages, les boisements, des éléments du patrimoine na- de géostratégie et de géographie contemporaines, ce gros livre turel, le climat, les races animales domestiques. On entre en- solide et élégant, réalisé en Bretagne, se situe dans la lignée des suite de plain-pied dans la géographie humaine par une carto- atlas scolaires grand public (on se souvient encore des atlas graphie des dialectes du breton et de la pratique actuelle de la Bordas !) qui accompagnent la vie quotidienne. Il en garde la langue. Le gallo vient ensuite (une carte) avant les patrimoines simplicité et la clarté. alimentaire et architectural, une cartographie « musiques et Jean-Jacques Monnier danses », sports et jeux, coiffes traditionnelles, écus et dra- peaux. (Coop Breizh, 150 p., 35,90 €)

Nous avons reçu… u Gérard Prémel – À la frontière, Interventions à haute voix, et nous vous en parlerons si la place le permet : 10 €. u Angelina Etiemble, Anne Morillon – Histoire de lʼimmigration u Jean-Luc Le Pogam – Les Mange-Rêve n° 5 : le Miroir du rat, en Bretagne, Le Temps éditeur, 25 €. Le Palémon, 10 €. u Jean-Luc Le Cléacʼh – Petite philosophie des ports maritimes, u Jehanne-Emmanuelle Monnier – Les Frères Lambert, Pimientos, 12 €. Orphie, 22,50 €.

29 Le Peuple breton – mai 2011 THE KANE SISTERS RAW BAR COLLECTIVE NICGAVISKEY Side by Side Milhouse Measures Home away from Home The Last Star

Nouvelle star au panthéon Un proverbe dit que les chiens Voilà quelques années que Bien des musiciens vous le des chanteuses irlandaises, la l’on n’avait plus entendu parler ne font pas des chats. De même ravissante Heidi Talbot publie diront, les enregistrements en les musiciens engendrent sou- d’elles. Elles n’en continuaient public n’ont pas du tout la aujourd’hui son troisième al- vent d’autres musiciens. Té- bum, The Last Star. pas moins à enseigner le même résonance que le travail moin le tout jeune groupe Nic- et à tourner à travers le monde. Native du comté de Kildare, à en studio ; cela est dû en partie Gaviskey, tous enfants de musi- l’ouest de Dublin, elle est issue Six ans après leur précédent à la relation qui peut s’instaurer ciens irlandais. CD1, les sœurs Liz et Yvonne d’une fratrie de neuf au sein de entre les musiciens et le public. C’est en 2009, dans un pub Kane nous reviennent avec un laquelle chanter a toujours été C’est tout à fait perceptible de New York, que deux sœurs, important. troisième album, Side by Side, Bernadette et Caitlín Nic Gab- sur l’album Milhouse Mea- hann, rencontrent deux jeunes Ir- Après avoir fait partie du un titre qui fait référence à leur groupe irlando-américain Che- apprentissage de la musique sures, que nous propose une landais de Detroit et Baltimore, nouvelle formation, Raw Bar Seán Gavin et Seán McComis- rish The Ladies, elle tente côte à côte durant leur enfance. l’aventure en solo en 2004. Do- Originaires du Connemara, Collective, album enregistré key. dans l’intimité de la minuscule Si Bernie fait glisser avec grâ- tée d’une magnifique voix déli- elles lui sont toujours fidèles et cieusement expressive, elle a salle d’un pub rural de Mill- ce son archet sur les cordes de c’est à la maison, à Letterfrack son fiddle, sa sœur Caitlín n’est parfois été comparée à sa plus exactement, qu’elles ont street, dans le comté de Water- consœur Mary Black. ford. pas en reste en excellant au cette fois enregistré leur nouvel concertina, avec lequel elle a En dehors de ses propres album. On y devine le feu qui Nouvelle formation certes, remporté par trois fois le titre de concerts, elle accompagne de rougeoie dans l’âtre et la pluie mais avec des musiciens championne d’Irlande. Et com- temps en temps le folk-singer qui crépite sur le toit. aguerris puisque nous retrou- me si cela ne suffisait pas, c’est écossais , l’un des Un album encore très marqué vons un trio de choc : Benny aussi une excellente danseuse, innombrables musiciens de la par les compositeurs de leur ré- McCarthy qui, de Danú à Rattle qui a tourné avec Riverdance, super-brochette de pointures gion, puisque Paddy Fahey, The Boards2, fait résonner son tandis que sa sœur aînée ac- qui l’accompagnent ici, au rang desquels son mari, le fiddler Finbarr Dwyer ou Martin Mul- accordéon diatonique depuis compagnait la troupe de Lord of une vingtaine d’années, Dave the Dance. écossais John McCusker, qui haire y ont toute leur place aux signe aux côtés d’Heidi un cer- Sheridan, fiddler du comté Les garçons ne sont pas en côtés d’autres sources d’inspi- reste, puisque j’ai déjà eu l’occa- tain nombre des musiques de ration. Liz y gagne en assuran- d’Offaly et Conal Ó Gráda, flû- sion de vous parler du flûtiste l’album. ce, nous proposant ici quatre tiste renommé de Cork. Seán Gavin, qui a officié au sein Mais il y a aussi la dream team morceaux de sa main, dont le The Raw Bar est une expres- du groupe Gan Bua3, puis a ac- de Capercaillie, , magnifique Deer & a Hare / Pa- sion typique qui tente de cerner compagné la troupe Celtic Le- Michael McGoldrick, Ewen Ver- nur Bán et Side by Side, qui l’essence indéfinissable de la gend. Seán McComiskey, fils de nal ou James MacKintosh. Éga- donne son titre à l’album. musique traditionnelle. Et Col- l’accordéoniste Billy McComis- lement présents Phil Cunnin- La musique des deux sœurs lective, car il s’agit là d’un travail key, pratique quant à lui le mê- gham, Alan Kelly, Ian Carr, pour est riche et brillante. On y dé- en commun. Un trio secondé me art que son père. n’en citer que quelques-uns, et De leur rencontre fortuite est couvre de nombreux morceaux sur l’album par l’ex-Dé Dannan les deux chanteuses Eddi Rea- complexes se prêtant à des tas né ce groupe, contraction de der et Karine Polwart. Colm Murphy au bodhrán et la leurs noms, et un merveilleux al- Onze superbes chansons d’ornementations et qui son- chanteuse de sean-nós Nell Ní bum, Home away from Home, nent idéalement sur les longs dont trois de la propre main Chróinín sur deux magnifiques qui symbolise l’union des musi- d’Heidi – The Last Star, Tell me coups d’archets de Liz et Yvon- titres en irlandais. ciens irlandais d’Amérique et de Truly et Bleecker Street –, mais ne. La plupart des morceaux ici l’île verte. aussi des traditionnels – Bantry Elles ont élargi la palette de présents – reels, slides, horn- Jigs, reels, barndances s’y en- Girls – ou des chansons écrites leurs accompagnateurs avec le pipes, polkas ou barndances – trecroisent pour notre plus grand par Karine Polwart – The She- plaisir, tressant d’habiles combi- guitariste Dáithí Sproule (Altan), ne sont pas très communs, leur pherd Lad – ou Sandy Denny – le bouzoukiste Mick Conneely naisons accordéon/fiddle ou flû- At the End of the Day. choix ayant été dicté aux trois te/concertina. On reconnaît ici et le pianiste Patsy Broderick. membres du groupe en fonc- Un excellent album de folk Et le petit plus, un jeune dan- ou là quelques standards : The music, dont on peine toutefois à tion de leur plaisir à être joués. Chaffpool Post, The Man of the appréhender le caractère irlan- seur d’Ottawa, Nathan Pilatzke, Une musique empreinte de House, The Blacksmith… Quatre qui fait résonner ses pas sur dais. chaleur, de passion et de res- morceaux permettent à chacun Thomond Bridge et Tatter Jack pect à la fois. L’album de trois des protagonistes de donner à (Compass 7 4545 2 Walsh. Distribution Keltia) virtuoses. entendre son talent sur un solo Indéniablement l’album de la de chaque instrument. maturité. (Autoproduit RBC 001 Si jeunes et déjà si talentueux. Philippe Cousin (Dawros Music www.rawbarcollective.com) (Autoproduit NIC001CD 1. PB n° 495, avril 2005. www.thekanesisters.com) 2. PB n° 534-535, juillet-août 2008. www.nicgaviskey.com) 3. PB n° 530, mars 2008. 30 Le Peuple breton – mai 2011 l’accordéon de Janick Martin, le cistre de Ronan Pellen et la Jakez ar Borgn basse d’Erwan Volant. Les ARANEL morceaux s’enchaînent et le La LégendePok ha d ʼAranelpok souffle ne retombe à aucun mo- ment. Suite gavotte, pilé menu, tour, mazurka… si les airs à danser constituent comme d’habitude l’essentiel de l’al- par Pierre Morvan bum, on doit aussi apprécier quelques morceaux à écouter d’excellente facture, comme cette Fille du geôlier ou ce Ca- valier s’entête… Superbe, du PANACHE début à la fin. (Coop Breizh, CD 1038) Nolwenn Leroy n’a sans doute pas que des qualités. Elle n’a pas que des défauts non plus, mais elle en a un gros, elle ne connaît pas LIVE IN KAWAN [Fest-Noz] Le chanteur rennais Marc Gauvin1 et Jim Barr, bassiste du votre mensuel préféré, celui que vous tenez en ce moment entre vos groupe Portishead, se sont mis mains. Et son service de presse non plus. Ce qui fait que Selaouit n’a en tête de revisiter « sans les al- pas pu vous parler de son album, lequel n’en a effectivement pas be- térer » une petite dizaine de soin puisque de toute façon il pulvérise les records de vente… Mais grands classiques de la chan- son bretonne, parmi lesquels Nolwenn Leroy connaît désormais Le Nouvel Obs’, hebdo parisiano- Marv Pontkalleg, Dir ha tan, Ko- parisien autocentré, qui a déjà eu l’occasion de mener des cam- kelikelo, Son ar chistr ou Me zo pagnes inspirées par la bande FM. Dès que l’on parle de la défense ganet e kreiz ar mor… Autant des identités « régionales », Le Nouvel Obs’ sort la grosse artillerie. dire l’immensité de la tâche ! Si le résultat peut être jugé inégal, C’est clair, le seul « communautarisme » qui vaille se doit d’être bleu- l’ensemble donne lieu à blanc-rouge. Alors bien sûr, Nolwenn, la pauvrette, avec sa robe quelques jolies rencontres d’où gwenn ha du et son « fichu », elle déplaît. Et elle s’en prend plein la ressortent sur plusieurs titres la musette, sous la plume d’un critique boboïsant qui n’a su voir chez Kawan est un bourg qui bou- voix émouvante de Clervie Ver- elle qu’une ivresse « de cadastre, d’ancrage et de toponymie » et dans veur et celle, non moins tou- ge ! En témoignent le nombre chante, de la petite Noëlline au son album « l’image de la France rurale » des terroirs… Maurras, sort étonnant de festou-noz et soi- visage d’elfe. Celle-ci, atteinte de ce (charmant) corps ! Décidément très forte cette Nolwenn : non rées musicales qui s’y dérou- d’une maladie génétique (syn- seulement elle explose le top 50, mais en plus elle décide même les lent, et celui non moins surpre- drome de Williams-Beuren), moins motivés à prendre sa défense. Et à trouver que sa réponse au nant de musiciens et d’artistes intervient sur Dir ha tan et trans- qui ont choisi d’y habiter… ceci forme du même coup La Nouvel Obs’ ne manque pas de panache ! expliquant peut-être cela. Ce Légende d’Aranel en bonne n’est sans doute pas pour rien action. Également mobilisées si c’est Kawan qui a été retenu autour du projet, quelques sente qu’une petite partie de la pour la relance de la Gouel pointures comme Sylvain Ba- partie émergée de l’iceberg. broadel ar brezhoneg, dont la rou ou Ronan Pellen apportent Les Frères Cornic sont partout prochaine édition aura lieu à la leur incontestable savoir-faire à là où la vie culturelle bretonne Pentecôte, les 11 et 12 juin, ce nouveau « son électro- trépide… Et sur les scènes des avec un programme alléchant celtique », assez bien rendu par festou-noz… ils sont comme (Nolwenn Korbell, N’Diale, Aven, l’instrumental qui con- chez eux. Plantec, Bagad Brieg, Gweltaz clue l’album. Au final, plutôt Également sonneurs de Adeux, Les Ramoneurs de men- une bonne surprise. couple, ces « animateurs de hirs et beaucoup d’autres… pub !). (Aztec Musique, fêtes » nous proposent cet al- Mais c’est à une autre occa- Coop Breizh, CM 2209) bum comme témoignage de leur indéniable efficacité à « fai- sion qu’a été enregistré cet al- FRÈRES CORNIC re monter la transe jusqu’aux bum live, lors du fest-noz orga- ter… Les Hamon-Martin, qu’ils nisé pour le Local Eclectik Biniou & bombarde hurlements de plaisir ! ». À force de marches et de gavottes, de évoluent en duo, en trio, en Festival, qui s’est tenu en oc- laridés, de pach pi ou d’hanter- quartet ou, comme ici, en quin- tobre dernier, toujours à Ka- dro, leur « musique vivante tet, ont atteint des sommets wan, evel just. L’album donne pour les vivants » parvient à di- dans la maîtrise de leur art et un petit aperçu de cette scène vertir « l’ouvrier, les amants, dans leur adresse à faire bou- kawainaise hyperactive. Avec l’ancien et les enfants », ce qui ger des multitudes de danseurs Le Bour-Bodros Quintet, un peut passer ma foi pour une as- en sueur… L’album prend son groupe qui monte, des talents sez bonne définition de nos envol avec une chanson, réus- reconnus comme Ifig et Nanda fêtes de nuit intergénération- sie, contre le projet de Notre- Troadec, Moal-Chaplain ou nelles, « art de vivre ensemble Dame-des-Landes et atterrit Corre-Suignard, ou encore les si particulier à ce petit coin de sur un Delirium bulgaris qui por- nouveaux venus de l’Olym- planète ». Rien que du bon et te bien son nom… Et entre- pique Treujenn Gaol du Trégor, du bonheur pour les danseurs ! temps, que de talent déversé les « très jeunes gaullistes » entre nos oreilles éberluées (en comme ils disent… Kawan ? (Kerjava) En terre trégoroise, ils sont admettant que des oreilles Une commune énergique et connus comme deux loups puissent l’être). La voix juste et dynamique ! HAMON-MARTIN QUINTET blancs. Leur participation au bien posée de Mathieu Hamon (Ti ar Vro) BD Swing Orchestra il y a Du silence et du temps est parfaitement soutenue par quelques années et au groupe En voilà d’autres qu’il n’est les instruments, la bombarde Skirienn actuellement ne repré- plus vraiment utile de présen- ou la flûte de son frère Erwan, 1. PB nos 546-547, juillet-août 2009.

31 Le Peuple breton – mai 2011 Langue bretonne

Chaises musicales géantes à Rennes !

Un totem de plusieurs mètres trô- déclin de la langue bretonne. L’Unes- quant aux actions à mener : créer un ne sur la place de la mairie à co a publié une nouvelle édition de livret de famille bilingue, autoriser les Rennes. Autour, des dizaines de son atlas des langues en danger, mariages en breton, exiger une école chaises et des militants en t- dans laquelle le breton est à nouveau en langue bretonne par canton, sou- shirts orange invitant les Rennais classé en tant que « langue sérieuse- tenir les projets de crèche en breton, à participer avec eux à un jeu an- ment en danger ». Il ne reste au- obtenir une télévision et une radio tédiluvien : les chaises musicales. jourd’hui que 200 000 locuteurs publique en breton, promouvoir l’uti- quand on en dénombrait encore un lisation de la langue au sein des en- million dans les années treprises et notamment à la poste, à 50. Quoi de plus symbo- la SNCF, dans les transports publics, lique pour l’illustrer que former les personnels volontaires… des chaises musicales mais aussi obtenir un statut pour cet- en plein cœur de te langue ! Rennes ? Pourtant, Un pari réussi pour ceux qui enten- souligne le collectif dent « promouvoir le breton par la Ai’ta, « partout en Bre- désobéissance civile ». Animées par tagne, des milliers de Yann-Herlé Gourvès et Marion gens font de leur mieux Gwenn sous un soleil de plomb, ces pour que notre langue chaises musicales ont réuni plus vive, pour qu’elle puisse d’une centaine de participants dont être transmise aux 80 joueurs. Dans une ambiance festi- jeunes générations ». ve malgré le message, chaque tour C’est donc aux pou- était l’occasion de rappeler que, sans voirs publiques que le école, les locuteurs s’éteignent plus

Erwan Le Merer message était adressé : vite qu’ils apparaissent. Quoi qu’il en Une foule joyeuse est venue participer aux chaises musicales fi des conflits d’ego, soi, comme l’a si bien dit Tristan an géantes organisées par Ai’ta. commencez par régler Nedeleg lors du Webnoz de Cavan les urgences ! Et sur ce quelques jours plus tard, « ceux qui Le 9 avril dernier, les membres du point, le tract réalisé pour l’occasion restent sont plein de vie » ! collectif Ai’ta ont décidé de sensibili- par Ai’ta avec le soutien de diverses G.B. ser les élus et la population bretonne organisations associatives et poli- à la perte culturelle que constitue le tiques (dont l’UDB) était très concret

HORIZONTALEMENT : 1. Station – 6. Grande ville bretonne troublée ; balnéaire du Morbihan ; Règlement – Attachés – 7. Ancien – 8. Habitante o 2. Amour de Tristan ; Légumineuse – d’une ville léonarde – 9. Matière d’al- Mots croisés n 243 3. Jeu – 4. Drame à Tokyo mais pas à liance ; Fleur qui compte 210 es- Glasgow ; Aber ; Refusa l’évidence – pèces ; Fin de transmission informa- 5. Yacht-club dont le siège est à tique – 10. Pays du Proche-Orient ; Gênes ; Conductrice d’animaux – 6. Arbre ressemblant au frêne. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Noble britannique ; Citroën fabriquée Ronan Pagan 1 à Rennes ; Voyou – 7. Vers antique ; Partie de voile qu’on serre – 8. Dans le 2 SOLUTION DU No 242 3 titre d’un ancien journal autonomiste breton ; Ennemi des nordistes – 9. In- Horizontalement : 1. IRLANDAISE 4 telligence ; Chimiste nucléaire autri- – 2. LARIDÉ ; NIL – 3. IF ; MONOÏ – 4. 5 chienne (1878-1968) – 10. Rayons ; EAU ; SARONG – 5. NL (Nederland) ; GAG – 6. NECHAO ; ESB (École su- 6 Ville en lisière de la forêt de Ram- bouillet – 11. Ouvert à l’envers ; Plante périeure du bois) – 7. ÈS ; ERG ; MOI 7 toujours verte, d’où son nom. – 8. ET ; MIL – 9. ATTAQUE – 10. BI ; ONU ; NET – 11. DÉESSE ; TUE. 8 VERTICALEMENT : 1. On libérait les 9 prisonniers pour célébrer ce culte – 2. Verticalement : 1. LIENNES ; BD 10 Procédant par association – 3. Pos- (bande dessinée) – 2. RAFALES ; AÏE sessif ; Prénom féminin – 4. Commu- – 3. LR ; ET – 4. AIR ; GHETTOS – 5. 11 ne qui abrite le camp militaire de ND (Notre-Dame) ; SAAR ; ANS – 6. Coëtquidan ; Espar qui permet DÉMAGOGIQUE – 7. OR – 8. INNO- d'orienter la grand-voile d'un bateau – CEMMENT – 9. SION ; SOI ; EU – 10. 5. Mélange de métaux ; Sorte de pain ÉLIGIBILITÉ. 32 Le Peuple breton – mai 2011 PB Services

Korf-ha-korf Un film réalisé par Roland Thépot, assisté de Goulwena an Henaff. Une coproduction Aligal Production et France Télévisions.

Korf-ha-korf raconte l’itinéraire d’une femme à la recherche de mots qu’elle ne connaît pas. Cette femme écrit en breton, elle écrit sur la vie et, parfois, pour raconter ses histoires, elle a besoin de certains mots, des mots qui font rougir, que l’on entend tout bas, des mots qui parlent d’amour, d’érotisme et même de sexe. Elle a besoin de comprendre pourquoi ce pays a été si puritain, si réservé et comment aujourd’hui les Bretons mettent des mots sur leur vécu, leur corps, leurs rapports aux autres.

• Diffusion en breton le dimanche 15 mai à 11 h 30 sur France 3 Bretagne, dans Red an Amzer. • Diffusion en français le samedi 14 mai à 15 h 25 sur France 3 Bretagne et France 3 « Pays-de-la-Loire ».

Stages avec Studi ha dudi

Samedi 14 mai à Plésidy (22) • Chant gallo. Chanteur et conteur du pays de Pipriac, Albert Poulain partagera son savoir au cours d’un stage consacré aux chants de hau- te Bretagne (45 € la journée). • Langue bretonne. Le dernier stage de la saison 2010-2011 – ouvert à tous, débutant complet ou personne souhaitant approfondir ses com- pétences (35 € la journée). Renseignements et inscriptions : [email protected] http://studi-ha-dudi.pagesperso-orange.fr

PETITES ANNONCES

Entreprise Thierry Carric Couverture-zinguerie Neuf et rénovation Toiture ardoise, toiture zinc, pose de velux, bardage et isolation, entretien de toiture. Travail à l’ancienne. 35 années d’expérience. La Croix-Neuve - 22340 Trébrivan Tél. 02 98 93 19 27 ou 06 63 09 63 79

33 Le Peuple breton – mai 2011 La page du PB

Vos questions LE PEUPLE BRETON / POBL VREIZH Nos réponses Mensuel (47e année) Rédaction : BP 1 – 29850 GOUESNOU « Posez une question au journal : nous essaierons de vous répondre. Mais… ne soyez pas [email protected] impatient, le nombre et la complexité des problèmes soulevés nous contraignent parfois à différer notre réponse. » La rédaction du Peuple breton Directeur de la publication : Robert Pédron Rédacteur en chef : Question 115 Philippe Vételé, du restaurant Anne- Gael Briand 06 71 83 70 76 Combien y a-t-il de restaurants de-Bretagne, au port de Gravette, à La Plaine-sur-Mer. Rédacteur-adjoint : étoilés Michelin en Bretagne ? Et Ronan Leprohon - 02 98 07 81 34 Les restaurants à une étoile (on en de chefs étoilés ? Responsable des pages Pobl Vreizh : compte 36 en Bretagne) sont assez Jean-Claude Le Gouaille bien répartis, à l’exception de la Loi- Secrétaire de rédaction : Réponse Jacques Dyoniziak re-Atlantique – qui n’en compte que Responsable calendrier : La Bretagne ne compte malheu- 4 –, alors que le Morbihan, avec Christian Pierre reusement plus de chefs à trois 7 étoilés, présente à peu près l’offre Ont contribué à ce numéro : Florence Dhervé, Jean-Guy Le Flocʼh, étoiles dans le guide Michelin, de- d’Ille-et-Vilaine et du Finistère (8 cha- Gael Briand, Herri Gourmelen, puis qu’Olivier Roellinger (voir son in- cun) ou celle des Côtes-d’Armor Jean-Claude Le Gouaille, Yves Jardin, terview dans Le Peuple breton de (9 restaurants étoilés). Michel François, brasserie An Alarcʼh, Yannick Quénéhervé, Kristian Guyonvarcʼh, juillet 2005) a rangé ses casseroles Christian Pierre, Arnaud Thominiaux, aux Maisons de Bricourt, à Cancale Pierrick Brihaye, Damien Perrotin, Mael Vérot, (35). Nono, Alain Cedelle, Yann Fiévet, Question 116 Alain Kervern, Fulup Plouzane, Paol ar Meur, Cinq cuisiniers de Bretagne ont ce- Herve Lannuzel, Morgan Tremel, pendant deux étoiles au Michelin. Ce Michel François, Roccu Garoby, Arritti, Depuis quand Le Peuple breton Ronan Leprohon, Jean-Jacques Monnier, sont : Patrick Jeffroy, de l’Hôtel de est-il tout en couleurs ? Klaod Thomas, Philippe Cousin, Pierre Morvan, Carantec, à Carantec (29) ; Laurent Erwan Le Merrer, Ronan Pagan. Saudeau, du Manoir de la Boulaie, à Correspondants : Réponse Dans les Balkans : Jean-Arnault Dérens Haute-Goulaine (44) ; Jean-Paul En Catalogne : Philippe Liria Abadie, de l’Amphitryon, à Lorient Depuis le numéro 509, qui est paru En Corse : Fabiana Giovannini (56). Deux cuisiniers supplémen- le 1er juin 2006. Cette nouveauté cor- En Occitanie : Gérard Tautil respondait aussi avec un change- Critiques de disques : taires ont obtenu deux étoiles en Bretagne : Pierre Morvan 2010 : dans le Finistère, Ollivier Bel- ment d’imprimeur, le PB quittant Celtie : Philippe Cousin lin, de l’Auberge des Glazicks, à Plo- Lannion (22) pour être fabriqué à Critiques de livres : modiern et, dans la Loire-Atlantique, Saint-Thonan (29). Jean-Jacques Monnier, 19, Penn-ar-Pave – 22300 Lannion Livres en breton : Herve Lannuzel 27, boulevard Laënnec – 35000 Rennes Responsable publicité : Ronan Leprohon, au journal Éditeur : Presses populaires de Bretagne CPPAP : 0712 G 86914 Jeu du PB de mai Impression et routage : Cloître imprimeurs à 29800 Saint-Thonan Comme le dit le dicton : « En mai, fais ce qu’il te plaît. » Et si… vous faisiez des sandwichs en famille ? Ça tombe bien, Le Peuple breton vous fait gagner ce mois-ci dix livres pour enfants des édi- tions Trop mad ainsi qu’un jeu de carte pour redécouvrir le plaisir de cuisiner à tout âge. Les recettes de sandwichs fort appétis- IMPRIMÉ SUR sants et élaborés avec des produits locaux sont proposées par la PAPIER RECYCLÉ chef lorientaise Nathalie Beauvais, alias « Majiknath », qui officie au Jardin gourmand. Idéal pour un pique-nique ensoleillé accompagné d’une bonne re- Abonnements, administration : vue ! 9, rue Pinot-Duclos 22000 SAINT-BRIEUC Comme dʼhabitude, pour participer au tirage au sort qui attribuera ces lots, il suffit de nous adresser Dépôt légal : n° 3258 avant la fin du mois (le cachet de la poste faisant foi) sur papier libre : vos nom, prénom (obligatoire) et adresse. Une seule participation par personne et une seule adresse à utiliser : Le Peuple breton, BP 1 – 29850 Gouesnou. LE PEUPLE BRETON ADMINISTRATION

Résultats du jeu du PB de mars Lʼaccueil et le secrétariat du Peuple Voici les 10 participants qui ont gagné le livre d’Irène Frachon Mediator 150 mg ; com- breton à notre local de Saint-Brieuc bien de morts ? mis en jeu en mars dernier. sont assurés par Maïwenn aux ho- Tirés au sort, ce sont : Jakez, de Saint-Donan (22) ; Hervé, du Relecq-Kerhuon (29) ; Bri- raires suivants : de 9 h 15 à 16 heures gitte, de Lothey (29) ; Yann, de Brest (29) ; Yannick, de Saint-Renan (29) ; Nicole, de Nantes (44) ; Anne-Marie, de Séné (56) ; Geneviève, de Gien (45) ; Jacky, d’Angers (49) ; les lundis, mardis et jeudis. Téléphone- Josiane, de Villeneuve-Saint-Georges (94). fax-répondeur : 02 96 61 54 11. Les lots ont été expédiés en avril dernier.

34 Le Peuple breton – mai 2011

13 > 22 mai 2011 à la Saint-Yves

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LE PEUPLE BRETON 9 RUE PINOT DUCLOS 22000 SAINT BRIEUC Le prix d’un numéro en kiosque est de 5,00 € et celui de l’abonnement est de 45 € (soit 4,09 € le nu- méro). L’abonnement annuel que nous vous proposons en 2019, ce sont 11 numéros : 10 numéros de 36 pages + 1 numéro spécial de 52 pages en été

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