Exode De 1939 a Tous Les Habitants De TETERCHEN Qui Ont Subi Les Aléas De L'évacuation
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Exode de 1939 A tous les habitants de TETERCHEN qui ont subi les aléas de l'évacuation, A SAULGE Terre d’ Accueil A Jean Poncelet … Introduction Le 3 septembre 1939 à 17h, la France, à l'exemple de l'Angleterre, déclare la guerre à l'Allemagne, dont l'armée a, deux jours plus tôt, franchi la frontière polonaise sans déclaration de guerre préalable. En France, c'est le début de la " Drôle de Guerre ". La population n'est qu'à moitié surprise de ce dénouement. Certes, les accords de Munich ont laissé l'espoir d'une paix acquise, mais chacun suppose que les prétentions d' Hitler ne s'arrêteront pas là. Partout, on parle de la guerre. Toutefois, une partie de la population frontalière est directement touchée par cette nouvelle situation. En effet, si elle se veut rassurante, La ligne Maginot à des conséquences directes pour les gens habitant à l'avant de cette dernière. Construite à partir de 1929, la ligne Maginot est la réponse logique d'une conception défensive élaborée dès l'Après Grande Guerre par les responsables politiques et militaires. L’arrondissement de Boulay se transforme en l’une des régions les plus puissamment fortifiées : 9 entreprises exécutants sur un front de 25 km. La construction de casemates, des travaux auxquels sont occupés jusqu’à 7000 ouvriers. L'hypothèse d'un futur conflit avec le voisin allemand n'est pas totalement écartée. C'est dans cette optique que le 17 janvier 1929, le ministre de la guerre, Paul Painlevé, arrête le projet définitif d'organisation défensive des frontières du Nord-Est et du Sud-Est, et le fait approuver par le Président du Conseil, Raymond Poincaré. Toutefois, ce projet de loi reste rattaché dans la mémoire collective à son successeur, André Maginot, qui le présente à l'assemblée le 28 décembre. La construction d'une ligne fortifiée va soulever un problème. Souhaitant se prémunir d'une attaque potentielle de l'Allemagne, mais également soucieux de ne pas provoquer d'incidents diplomatiques, il est décidé que cette ligne défensive sera édifiée à une dizaine de kilomètres à l'intérieur des frontières. Ainsi, pour le seul département mosellan plus de 200 communes se retrouvent agglutinées entre la frontière franco-allemande et cette fameuse ligne Maginot. Pire encore, au printemps 1936, Hitler décide la construction sur la frontière allemande, face à la France, d'un ensemble fortifié allant du Luxembourg à la frontière Suisse: La ligne Siegfried ou Westwall qui sera achevée en mai 1938. Ainsi les populations françaises et allemandes se trouvant à l'avant de ces deux lignes risquent d'être prises entre deux feux. Dès lors, afin de préserver la population de ces communes, mais aussi afin d'éviter la cohabitation entre civils et militaires durant une guerre pensée comme une guerre de position, et dans le but de faciliter la concentration et les manœuvres des troupes, les autorités politiques, en liaison avec les autorités militaires, s'appliquent à élaborer plans et instructions devant permettre d'organiser de manière ordonnée l'évacuation de cette zone avant, ou zone rouge, dès les premiers dangers pressentis. L'entreprise est donc colossale. Il faut, dans un laps de temps très court, évacuer 210.000 ressortissants des arrondissements de Sarreguemines, Forbach, Boulay et Thionville pour le seul département de La Moselle qui, en 1939, compte environ 700.000 habitants. Le Projet concret L'évacuation de cette zone rouge n'est pas décidée sur un coup de tête, du jour au lendemain. Elle est le fruit d'instructions, plans, circulaires successifs, maniés et remaniés, émanant autant de l'autorité civile que militaire. Dans l' Entre-Deux guerres, l'éventualité d'un nouveau conflit avec le voisin allemand n'est pas écartée. Dès 1926, tenant compte du déficit démographique engendré par le premier conflit mondial, l'état-major français opte pour la stratégie défensive. Ceci se traduit par l'élaboration d'une organisation défensive des frontières, qui se matérialise par l'édification, entre 1929 et 1936, de la ligne Maginot. Parallèlement et avant même l'option de la stratégie militaire avancée, on se penche sur l'élaboration d'un plan de protection contre les bombardements aériens. Il s'agit surtout de protéger des attaques aériennes les principaux centres économiques, notamment ceux de la région Nord-Est. Au fil des années, le champ des préoccupations va évoluer vers une protection totale des ressources et des populations qui risquent d'être menacées. On envisage les possibilités d'évacuation vers l'intérieur des habitants dont la présence serait inutile ( enfants, personnes âgées, malades hospitalisés … ) ainsi que le repli des personnes pouvant travailler pour la défense nationale. Le terme de " repliement " risquant de déclencher un vent de panique, il est présenté comme une mesure limitée dans le temps et l'espace, applicable en dernier recours seulement. La dégradation accélérée de la situation internationale engendre l'élaboration d'une succession de plans qui vont davantage s'adresser à cette population de la " zone rouge ". En effet, un tel repli des régions frontalières, dès le début d'un conflit potentiel, engendrerait des difficultés d'organisation et d'exécution. On envisage donc une préparation tatillonne dès le temps de paix, pour éviter un mouvement chaotique et désorganisé. Tous les degrés de l'administration tendent dès lors vers cet objectif. Autre problème posé par le repli ferme: le risque de propagation de l'information. Alors que le voisin allemand n'hésite pas à impliquer la population et a entretenir une véritable " psychose de guerre ", le gouvernement et l'armée française, afin d'éviter de jeter le trouble dans la population, souhaitent garder toutes ces mesures préventives secrètes. En outre, à la veille de la seconde Guerre Mondiale, une inquiétude particulière anime les dirigeants français: la présence d'espions à la solde du IIIe Reich. Or, si les plans développent le concept de protection des personnes et des ressources, c'est bien pour éviter que ces dernières tombent entre les mains de l'ennemi. L'implication des autorités militaires ne fait que conforter l'option du secret. Ces dernières redoutent que des informations portant sur l'organisation défensive du territoire filtrent de l'autre côté de la frontière. Mais, lorsque le secret commence à entraver l'organisation d'une éventuelle évacuation, la décision est prise de lâcher du lest. La destination des informations est toutefois contrôlée, et des stratagèmes sont employés pour qu'elles ne parviennent que de façon partielle aux intéressés. L'obligation de garder toutes ces mesures secrètes n'est pourtant pas simple. Comment faire avec les mairies? Dans un premier temps, il a été jugé préférable d'en révéler le moins possible aux maires des localités évacuables. C'est seulement après un exercice sur les évacuations et les repliements, réalisé en 1936 à Strasbourg, que l'état-major de l'armée propose de leur donner davantage d'informations. L'après Munich verra l'apogée des recommandations faites aux maires. Toutefois, il est fort probable, comme l'a souligné Jacques Kleiser dans " 1609 jours sous la botte" que le caractère secret de ces instructions, mêlé à l'espoir d'un second Munich ont pu dissuader les maires de ces communes de préparer l'évacuation sérieusement. La quantité déconcertante de circulaires, notes et des modifications incessantes permettent davantage de comprendre la " capitulation "de certaines édiles. Le 18 juin 1935, Pierre Laval publie trois nouvelles instructions, dont une qui met en relief le problème des transports. L'instruction indique la mise en place de priorités dans l'utilisation des moyens de locomotion. Les nécessités militaires et celles du repliement passent avant celles des " convenances personnelles ". En outre, il faudra développer les étapes avant la destination finale, et même étendre sur la durée les départs, en privilégiant les personnes les plus proches de la frontière. Les maires sont également autorisés à procéder à des réquisitions au sein de leurs villages. Chevaux et voitures hippomobiles ne pourront être réquisitionnés par l'armée qu'après le franchissement de la ligne Maginot. Toutefois, le problème relatif aux moyens de transport ne s'estompera que faiblement et ainsi, en 1938, une série d'exercices devant permettre de vérifier l'efficacité des plans soulignera encore que dans toutes les régions fortifiées frappées d'évacuation totale, de repliement, d'éloignement ou de dispersion, les moyens de transport et les capacités des chemins de fer ne seront pas suffisants pour acheminer tout le monde en même temps. La nouvelle instruction du 10 mai 1936 adressée aux préfets a une importance capitale. Pour la première fois le terme " évacuation " est employé et défini. L'évacuation y est appréhendée comme une mesure d'ordre militaire consistant dans le retrait à l'arrière des populations de la zone de combat des armées. Cette mesure est destinée à permettre la mise en place de la couverture et, éventuellement, la mise en œuvre des plans de feux. L'autorité militaire partage la tâche de préparer et d'encadrer cette évacuation avec l'autorité civile. Cette instruction organise également divers aspects de l'évacuation, tels que les modalités de départ, le sort du bétail, les affaires à emporter … Ainsi est-on passé d'un déplacement de ressources à un déplacement de personnes. Il est vrai qu'en mai 1936, la construction de la ligne Maginot est en voie d'achèvement. En effet, c'est entre 1926 et 1936 principalement que les autorités militaires, par le biais de la C.O.R.F. ( Commission d'Organisation des Régions Fortifiées ) édifient cette ligne composée de gros et de petits ouvrages, de blockhaus, de casemates, entre Longuyon et le Rhin, sur une longueur de 250 km et à environ 13 km à l'intérieur de la frontière.