RAPPORT D’ANALYSE MENSUELLE DES DONNEES DU MONITORING DE PROTECTION mai 2019 Tillabéri,

Discussion de groupe avec les leaders PDI dans la commune d’Ayérou

1 I. APERCU DE L’ENVIRONNEMENT SECURITAIRE ET # TOTAL DES PDI DANS LA RE- DE PROTECTION DANS LA REGION DE TILLABERI GION DE TILLABERI Au cours du mois de mai l’environnement sécuritaire a continué à se dégrader dans la région de Tillabéri, notamment sur la bande frontalière Niger-Mali-Burkina Faso, avec plusieurs incursions des éléments des GANE et des opérations mili- 53,532 taires déployées face aux menaces sécuritaires aiguës dans la région. A la date du 31 mai 2019, on comptait 76 634 personnes déplacées internes dans les régions de Tillaberi et . Ces vagues de mouvements de population en- trainent des problèmes et risques de protection de ces individus, mais aussi ceux liés à leur installation dans certaines localités d’accueil actuelles telles que Tabar- ey Barey et Tadares dans les communes d’ayorou et de Tillaberi. # TOTAL DES PDI PAR DEPARTE- MENT La bande frontalière avec le Burkina-Faso A la frontière avec Burkina, on note la persistance des attaques, des enlèvements 31,771 de personnes, des menaces sur les populations par les GANE et les opérations 12,479 militaires dans les communes frontalières du Burikina Faso (Patchakoili, kantchari, Boundoré, Falangoutou, Gorongoron, Markoy, Tankougounadjé...) et au Niger dans les communes de , , Djagourou, Goroual, Bankilaré qui sont plus affectées par cette insécurité à ce jour. Trois problèmes majeurs de protec- tion sont identifiés par les communautés lors des activités de monitoring sur cette bande frontalière. 3,921 - L’activisme des groupes armés non étatique qui exercent une forte pres- 2,517 1,831 sion psychologique sur les populations civiles en usant de la tactique de la terreur, 314 699 - Les opérations militaires qui réduisent les espaces de déplacement pour Torodi les populations et les risques de bavures militaires sur les civiles, Téra Tillabéri AyorouAbala - L’insuffisance voir l’absence des services sociaux de base et les moyens de subsistances du fait de l’insécurité sur toute la bande frontalière. La bande frontalière avec le Mali Pour la frontière avec le Mali, les communes d’, de Banibangou, d’Abala, d’Ouallam et d’Ayérou, sont particulièrement touchées par cette insécurité qui sévit dans la zone nord de Tillabéri depuis 2018. En effet, la proximité de ces communes avec celles du Mali, en proie à l’insécurité SYNTHESE DES PDI DANS LA depuis des nombreuses années fait d’elles des zones propices de replis, ravitaille- REGION DE TILLABERI ments et regroupements pour les groupes armés non étatiques qui opèrent dans le grand sahel. En rappel, les affrontements entre FDS et éléments de GANE sont régulières dans https://goo.gl/omfzkm ces zones frontalières et cela à démobiliser les groupes armés non étatique qui y opèrent. Pour ce faire les GANE cherchent des nouveaux espaces de replis, nou- velles sources de ravitaillement en carburant, moyen de subsistance, mais aussi des alliés et complices au sein de la communauté. Le monitoring communautaire ressort trois problèmes de protection majeurs en lien avec l’activisme deces GANE, lors des discussions avec les leaders et notables communautaires. - La reconstitution des groupes armés non étatique sur la bande allant de # TOTAL DES INCIDENTS DE PRO- Tingaran-Agarous (Inates)-Baley Béri-Tinfagass-Tongotongo TECTION RAPPORTES DE JANVI- - L’apparition des nouveaux groupes armés non étatiques venus du nord ER A MARS 2019 Mali, qui seraient affiliés à almourabitoun - La psychose installée au sein de la population suite à l’assassinat de deux grands chefs de groupements (Inates et Abala) en mars et Avril 2019, et les explo- sions de mines sur les vois d’accès dans la commune d’Inates. Face à cette situation les populations nomade vivant dans les zones de transhu- mance coté Mali, et sédentaires avec des grands espaces économiques coté Bur- 211 kina, sont pris en étaux entre d’une part les opérations militaires qui réduisent leurs espaces de pâturages et d’autres par les GANE qui n’hésitent pas à semer la psychose à travers les menaces, les exactions… Selon les communautés interviewées, ces aspects sécuritaires rendent leurs quo- tidiens plus difficiles notamment la rareté des moyens de subsistance, la sécurité des biens et personnes, et la cherté de la vie.

2 II. CONTEXTE OPERATIONNEL Le contexte opérationnel du mois de mai a été marqué des mouvements de populations par petit groupes de ménages. Cela concerne particulièrement la bande frontalière avec le Burkina, ou plusieurs localités accueil des personnes déplacées soit burkinabès ou nigériennes. Ces dispersions de ménages dans plusieurs localités ne facilitent pas les différentes évaluations des besoins pour les acteurs humanitaires en vue d’une assistance d’urgence. On note également ce type de mouvement dans la commune d’Inates vers Ayérou et Tillabéri, qui concerne les familles des leaders et notables de la commune. A tout cela s’ajoute les débuts de la saison pluvieuse avec les premières pluies enregistrés fin mai. Avec ces pluies et la montée probable des koris au mois de juin l’accès à plusieurs sites PDI sera bloqué pour sur une période allant d’une semaine à un mois surtout dans la commune d’Inates et Makalondi. Il faut noter aussi que l’activisme des groupes armés avec notamment des actes d’enlèvement de véhicules ap- partenant aux organisations humanitaire. Cela a conduit un blocage temporaire des missions terrains des acteurs humanitaires. - Les couvre-feux toujours en vigueur du fait de l’état d’urgence limitent fortement le déplacement des ac- teurs humanitaires pour les assistances dans certaines zones de la région - L’inaccessibilité des zones les plus à risques par manque de routes et pistes praticables qui augmente forte- ment le risque sécuritaire pour les humanitaires. - L’arrivée prochaine de la saison pluvieuse et les risques de montée des koris avec les blocages que cela engendre sont entre autres des défis opérationnels pour garantir une assistance humanitaire d’urgence aux popu- lations dans le besoin. III. MONITORING COMMUNAUTAIRE A. SECURITE ET BIEN - ETRE

Les discussions de groupe avec les communautés et les analyses des risques sécuritaires effectuées par le monitoring de protection ressortent les problèmes de sécurité et bien être dans les zones d’insécurité de la région de Tillabéri: - Les regroupements de nuit des membres de famille, afin d’y rester ensemble jusqu’au petit matin, - Mouvements de départ des leaders de la commune d’Inates par petit groupe de ménages vers Ayérou et Tillabéri, en particulier les familles du défunt chef de groupement d’Inates, les marabouts, les conseillers municipaux et autres agents des services techniques de l’Etat, - Les déplacements de nuit des chefs ménages PDIs et hôtes pour passer la nuit hors des campements et/ou des foyers. L’environnement sécuritaire décrit ci-haut dans la zone frontalière a installé une psychose générale au sein des pop- ulations qui disent être sur un pied de départ après l’assassinat ciblé de deux grands chefs communautaires sur la frontière Niger-Mali. Un chef de ménage témoigne que : « quand la nuit tombe, nous avons tous la peur au ventre, et au réveil certains d’entre nous s’empressent d’appeler ou de se rendre visite afin de s’assurer qu’on est tous vivant ». Selon les personnes interviewées, les populations hôtes tout comme les PDI, sont concernées par les déplacements de nuit. Cela consiste pour les hommes d’aller passé la nuit dans la brousse. Les déplacements sont effectués soit à deux ou individuellement et ça concernent pour le moment uniquement les hommes. Un homme interviewé témoigne que « le déplacement dans la nuit nous permettent de ne pas être repéré facilement puisque dans la brousse on peut faufiler entre les arbres, contrairement au village où ton domicile est connu par tous ». Ces témoignages illustrent le sentiment que vive les populations en particulier les hommes dans la zone et cela n’est pas sans conséquence sur les femmes et les enfants. En effet, au cours des discussions de groupe, les femmes expri- ment leurs inquiétudes et certaines disent avoir un problème de sommeil. Une femme témoigne que « dans la nuit nous sommes seules à la maison avec les enfants et pendant ce temps tout peut arriver soit à nous ou à nos maris, d’ailleurs le matin quand mon mari ne rentre pas tôt, je suis paralysée à l’idée que quelque chose lui soit arrivée ». En plus de cette insécurité le bien-être des populations est affecté par la cherté de la vie avec les prix du transport qui sont doublés selon les personnes interviewées, en passant de 5 000f aller Inates-Ayérou à 10 000f voire même plus. Cela est due selon les transporteurs interrogés à ce sujet à des multiples contournements qu’ils effectuent pour éviter les vois probablement minés pour accéder à Inates. Enfin la saison pluvieuse qui vient de faire ces débuts avec les petites pluies, constitue un obstacle majeur quant à l’accès aux zones d’accueil des PDI dans la commune. En effet, avec les grandes pluies et la montée des eaux des koris, il sera difficile voire impossible d’acheminer de l’aide humanitaire sur plusieurs sites d’accueil des PDIS. Les sites des PDI de Tissohag, Tina gar et Tarhabout avec 2 889 PDI seront complètement inaccessibles tout au long de la saison pluvieuse du fait de l’impraticabilité voire de l’inexistence de routes. Les sites d’Inates, Tagdounat et Tif- itawene avec 3 042 PDI seront temporairement inaccessibles pendant au moins un mois en cas de montée des koris d’Agay malgo.

B- MOUVEMENT DE POPULATION Au cours du mois de mai, des nouveaux mouvements de populations ont été surtout signalés dans les localités frontal- ières avec le Burkina, des communes de Makalondi, Torodi et Djagourou. En effet : - 17 ménages sont arrivés à Tcheka à Makalondi suite aux bombardements aériens sur la bande frontalière, - 10 ménages sont arrivés à Gabekan, (commune de Makalondi), suite aux menaces des éléments de groupe armés non étatiques, - 28 ménages burkinabés sont venus à kiloubga (commune de Makalondi), suite aux affrontements entre GANE et forces armés à Gourgara (Burkina Faso). Mouvements secondaires des PDI Environ 2 000 personnes ont effectué des mouvements secondaires dans la commune de Sanam, du site PDI de Ezza vers les localités de Digdiga, Tankadami et Assaguégué (-Tahoua). Mouvements retours des PDI Des mouvements retours dans les villages d’origines sont signalés dans la commune d’Inates, 204 personnes sont re- tournées vers le village de Kalassi.

4 NIGER LOCALISATION DES PERSONNES DEPLACEES INTERNES DANS LES REGIONS DE TILLABERI Mise jour au 31 mai 2019 excluant les mouvements secondaires, tertiaires et les retours

# TOTAL PDI 76 634

Diffa Tahoua Agadez Tillabéry # TOTAL sites daccueil 47 Maradi Dosso Tachigarte Tassak Région # PDI # sites daccueil 2 396 Miguiza 1 699 Tahoua 23102 11 2 421

Tillabéri 332 36 Tillia Bakoret 865 Niger Agando 768

7 171

Assagaygay Chinewaren 452 Tillia Mali Ikarfan 940 Innaza Azakaza Tahoua 11 908 1 207 4 000 4 209 Inates 67 Abilbilo Ingrassaman Intazayene Agadiman 275 25 137 Rigian Malan856 1 400 Assidamat Onaleyssan 974 Digdiga 300 Inizdan Miel cimint 3 000 9 894 Sabaradey Dareydey Agagay Sud Imboragan 840 992 1 170 1 778 Ezza Tilloa 1 146 2 300 1 852 613 Banibangou 1 146 1 887 Tillimoune Yoleykoira Ayerou Falanzadan Sarayé Tagougel Tahoua Ville de Tahoua 2 018 2 585 Tabareyb/Grey akk Keita Abala Bankilaré Sarakoira 887 Tonditchiwindi 499 Ouallam Tillabery Tillabery 113 258 Illéla Tillabéri Filingué Maradi Téra 573 Tadress 37 107 Gothèye Lilingou Tcheka Birni N'Konni 55 63 Gabekan Gourelmama 52 Balleyara Waraou Burkina Faso Niamey Kollo

Torodi Légende Dosso 163 208 Tangounga Boni Banteri Say 328 Nigeria Limite internationale Limite régionale Limite départementale ¯

(! Village accueillant des déplacés internes 100km Bénin

Les noms et les limites utilisés sur cette carte n'impliquent aucune acceptation ou reconnaissance officielle du Cluster Protection.

Date de création: 21/06/2019 Source: Monitoring de protection Auteur: Cluster Protection Feedback: Habibatou YOUNSA YANSAMBOU, [email protected] Nom du fichier: NER_TILLABERI_TAHOUA_PDI_31 Mai 2019 Pour plus d'information visitez: https://www.humanitarianresponse.info/en/operations/niger/protection

5 C- INCIDENTS DE PROTECTION 1- Incidents de protection Au total, 41 incidents de protection ont été rapportés au cours du mois de Mai répartis comme suit : - Huit (8) cas d’agressions physiques dont 3 cas dans la commune de Ouallam, 2 cas dans la commune de Goroual, 2 cas dans la commune de Makalondi, et 1 cas à Torodi ; - Trois (3) cas de Tuerie dont 1 cas à Abala, 1 à Bankilaré et 1 à Tonditchiwindi, - Onze (11) cas d’incursions et attaques, dont 2 cas à Inates, 2 cas à Abala, 1 cas à Tondichiwindi, 2 cas à Goroual, 1 cas à Torodi, 3 cas à Makalondi, - Trois (3) cas d’enlèvements avec 1 cas à Abala et 2 cas à Tonditchiwindi, - Sept (7) cas de vols et pillages, dont 2 cas à Inates, 1 cas à Goroual, 1 cas à Torodi, 1 cas à Téra et 2 cas à Maka- londi ; - Un (1) cas de conflit interethnique à Abala (Miel-assidamat) - Huit (8), cas de menaces. Compte tenu de la multitude des groupes armés non étatique qui sévit dans cette partie très vaste de la région de Tillabéri, il est difficile d’identifier et de nommer les auteurs de ces forfaits. Toutes les communautés estiment dans les discussions de groupe que 76% des auteurs sont des éléments des GANE.

Graphique 1 : Répartition par type des incidents de protection de janvier à mai 2019

Graphique 2 : Tendance des incidents de protection de janvier à mars 2019

Analyse : Ce graphique montre une recrudescence des incidents au cours du mois de mai, malgré les opérations déployées pour la sécurisation des zones.

6 IV. Accès aux services sociaux de base et assistance humanitaire

Situation des sites des PDI dans la région de Tillabéri Secteurs Communes Gaps actuels urgents : Répartitions Observations VIVRES Ayérou, Inates, Abala, 4 538 ménages Abala 1491, Inates 2511, Ayérou Les ménages d’Inates avaient bénéficiés de Banibangou, ouallam, 142, la distribution de l’Etat (CCA) en période de Tillabéri Tillabéri 154, Banibangou 88, et soudure (2018). Un ciblage en cours pour Ouallam 152 une assistance en vivres WASH Ayérou, Inates, Abala, 18 points d’eau non réha- 11 Abala, 3 Banibangou, 2 Oual- La commune d’Inates a bénéficié d’une Banibangou, ouallam, bilités. lam, 2 Tillabéri, réhabilitation d’un château d’eau (Inates Tillabéri chef-lieu) et deux nouveaux construits (Tangounsman et Abankor) en 2018. Commune d’Abala réhabilitation d’un châ- teau d’eau (Ikerfan) et puits (Sarayé) SANTE Ayérou, Inates, Abala, 8 centres de santé en 3 Abala, 2 Banibangou, 1 Oual- Ravitaillement en médicament et autres Banibangou, ouallam, besoins de médicaments et lam, 1 Inates, 1 Tillabéri appuis matériels au CSI d’Inates, et Tillabéri personnel tangousman en 2018 NFIs/Abris Ayérou, Inates, Abala, 994 ménages besoin de Abala 342, Ayérou/Inates 561, Les kits abris en bâches distribués en 2018, Banibangou, ouallam, renouvellement et 4 538 Banibangou 91 (besoin de sont dégradés par les intempéries et néces- Tillabéri ménages jamais assistés renouvellement). site un renouvellement. Abala 1491, Inates 2511, Ayérou 142, Tillabéri 154, Banibangou 88, et Ouallam 152 (Jamais assistés) Protection Ayérou, Inates, Abala, Insuffisance de comites de Abala en cours avec un acteur de 74 comités de protection en situation Banibangou, ouallam, protection protection, Ouallam/Banibangou d’urgence ont été mis en place en 2018 Tillabéri Insuffisance d’acteurs de 37, Ayérou/Inates 32, Tillabéri 5 par l’ONG ANTD, en partenariat avec Plan réponses (VBG, protection International. de l’enfance) l’ONG ICAHD serait en cours de mettre en Insuffisance de répons- place des comités sur les sites PDI es aux PBS Besoin de renforcement de capacités des communautés, autorités et acteurs Education Ayérou, Inates, Abala, 18 écoles en besoins de ren- 6 Abala, Banibangou 4, Ouallam La situation scolaire est préoccupante en Banibangou, ouallam, forcement des capacités 2, Inates/Ayérou 3, Tillabéri 3 2018, sur les sites PDI, aucune action d’ur- Tillabéri gence ne entreprise ni par l’Etat encore moins par les acteurs humanitaires

V. PROTECTION DE L’ENFANCE Les problématiques de protection de l’enfance restent toujours préoccupantes dans la région de Tillabéri. En plus des problèmes existants avant la crise sécuritaire (mariage d’enfants, mendicité forcée, travail forcé…) qui se sont exacerbés avec l’environnement sécuritaire tendu depuis 2018 dans la partie nord Tillabéri et fin 2018 début 2019 avec la partie ouest. Lors des entretiens, les interviewés estiment que les risques suivants pèsent actuellement sur le sort des enfants dans ces zones : • le risque d’enrôlements au sein des groupes armés non étatique (frontière Niger-Burkina), car les enfants ne sont pas occupés par la scolarité et l’oisif dans cette zone, • la déscolarisation des enfants avec la fermeture des écoles liée à l’insécurité, • le risque d’agression sexuelle pour les jeunes filles, principalement lors des déplacements hors du village, pour aller chercher de l’eau, au marché ou la corvée de bois de chauffe, • le risque d’apatridie car la majorité des enfants sont sans documentation civile sur la frontière Niger-Burkina, avec la nouvelle tracée des frontières, • Les risques de séparation de famille car certains parents laissent leurs enfants dormir dans les villages à proximité du site pour pouvoir suivre le troupeau (besoin d’eau, de pâturage). Ces risques de protection de l’enfance seraient aussi dus au fait que dans la plupart des villages qui ont fait l’objet de suivi au cours de ce mois, les mécanismes communautaires de protection de l’enfance sont inexistants. Notamment pour la sensibilisation sur les thématiques de protection de l’enfance et pour le référencement des incidents de protection de l’enfance. Le besoin des activités socio-récréatives et soutien psychosocial pour les enfants se fait sentir vu le nom- bre d’enfants toujours en attente des services adaptés à leurs besoins spécifiques.

7 VI. VBG Au cours du mois de mai, plusieurs allégations sur les cas d’agression sexuelle ont été rapportées par les points focaux communautaires. Toutefois, les entretiens individuels et discussions de groupe avec les groupes de femmes et filles réalisées au cours du mois de mai ressortent des risques potentiels de VBG liés aux mouvements de populations et à la vulnérabilité des PDI. Les risques suivants sont plus élevés dans les communautés: - Risque d’agressions sexuelles, de viols, - Risque d’exploitation et pratique de sexe de survie, - Risque de mariage précoce et forcé (deux cas rapportés dont un à Inates et à Tilloa avec des hommes de la communauté hôte) pour des raisons probablement économiques. L’absence des acteurs de prévention et de réponse aux VBG dans les localités à risques et accueillant à la frontière Niger-Burkina Faso pour sensibiliser les populations sur les risques expose les femmes et les filles à cette problématique. VII. ACCES A LA DOCUMENTATION Avec la nouvelle tracée des frontières Niger-Burkina Faso, les populations vivant tout au long de l’ancienne frontière expriment leurs inquiétudes quant à l’accès aux documents civils. D’après les réponses recueillies lors du monitoring communautaire dans ces zones la majorité des populations hôtes ou déplacées ne pos- sèdent pas des documents civils. 85% des personnes disent ne pas disposer de documentation civile (carte d’identité nationale pour les adultes et acte de naissance pour les enfants) et les raisons avancées sont entre autres (fermeture des centres d’état civil, dépôt hors délai, frais de paiement, distance des centres du village… etc). Ce manque de document met à risques ces populations qui pourraient être privée d’éducation, de santé, de libre circulation et aussi les exposer à des risques sécuritaires avec les opérations militaires en cours dans toutes les zones d’insécurité. VII. Assistance individuelle et/ ou référencement des cas de protection

Zones # personnes assistées Type de vulnérabilité. # personnes référés Abala 10 SM.CC enfant à conditions médicale sérieuse 10 Ouallam 14 WR-SF : Femme seule à risque et ER-MC : per- 0 sonne âgée avec enfants Ayérou 8 SM-CI : Maladie chronique 2 SM-CC : Condition médicale critique Banibangou 12 ER-FR : Personne âgée incapable de prendre 1 soin d’elle-même WR-SF : Femme seule à risque

Au total 44 cas de protection ont été identifiés et assistés au cours du mois de mai 2018 en assistance di- recte en bien alimentaire et non alimentaire et 13 cas ont nécessité un référencement à un centre de santé et autres structures de prise en charge. Notons que les réponses aux besoins spécifiques de protection restent un défi dans la prise en charge. VIII. Renforcement de capacités et activités de sensibilisation communau- taire Au cours du mois de mai des sessions de renforcement de capacités et recyclage ont été effectuées dans les départements d’Abala, Torodi et Téra, à l’endroit des points focaux communautaires et autres leaders d’opinion. Ces sessions ont touché 48 points focaux et leaders d’opinion dont 7 femmes sur la thématique de protection des enfants et les violences basées sur le genre en particuliers les violences conjugales. Au cours du même mois des séances de sensibilisation ont été effectuées sur les sites d’accueil des PDI de Sarayé, Ikerfan et Tillimoune, dans la commune d’Abala. Ces sensibilisations ont portées sur la cohésion sociale en situation d’urgence, l’entre aide communautaire etc. et ont touchés 4 278 personnes dont 1 581 hommes, 1 954 femmes et 743 enfants filles et garçons. IX. RECOMMANDATIONS

Région de Tillabéri Secteur/ do- Problèmes et risque de Recommandations Responsables Communes/Localités Observation maine protection Sécurité Menaces de population par les Renforcer les patrouilles des FDS dans les CIMCOORD Commune d’Inates, Commune de En continu GANE pour collaboration avec les zones ci-après, avec des cantonnements Makolondi (Cf. carte des localités a FDS ; Enlèvements et tueries de dans les villages stratégiques de passage des risques frontière Niger-Burkina cf personnes ; Extorsion de biens GANES ; carte) et vol de bétail appartenant aux Sensibiliser les communautés sur les mesures Commune de Diagourou communautés ; sécuritaires décrétées par l’Etat dans les Commune de Bankilaré Prolifération des armes à feu au zones sous l’état d’urgence ; Respecter les sein des communautés frontal- lignes directrices de communication avec les ières avec le Mali et le Burkina; points focaux ; Affrontements entre groupes Poursuivre les patrouilles des FDS dans la armés non étatiques et forces commune d’Inates particulièrement dans les armées villages de retour des PDI

Accès à l’assis- l’installation dispersée ne facilite Trouver une zone d’attache ou localités pou- Gouvernement et ac- Frontières Burkina Le plutôt possible tance humanitaire pas l’évaluation des besoins vant accueillir les PDI et faciliter les réponses ; teurs humanitaires Commune d’Inates A discuter a EHP le choix d’une localite d’accueil Mettre en place une stratégie de réponse Communes d’Inates et Abala et ICC des PDI reste toujours en attente humanitaire pour la commune d’Inates avant la saison de pluie car les inondations des Koris créent les difficultés d’accès ; Mettre en place les solutions durables pour les PDI dans la région de Tillabéri

9 Secteur/ domaine Problèmes et risque de protection Recommandations Responsables Communes/Localités Observa- tion Protection de l’en- insuffisance de comité de protection de Redynamiser et Mettre en place des mécan- Sous cluster protection Commune d’Inates, Com- le plutot fance l’enfant ; ismes communautaires de protection de de l’enfance et DRPE mune de Makolondi possible Non scolarisation des enfants ; l’enfant ; Commune de Torodi com- Augmentation de la délinquance juvénile Sensibiliser les parents et les communautés mune de Goroual Commune des enfants ; sur l’importance de l’école même en situation de Djagourou Abandon des écoles pour d’autres activi- d’urgence (voir carte des services so- tés domestiques mener des activités deprotectionde l’enfance ciaux de base) Risque de recrutement des enfants et dans les localités frontalieres avec le Burki- jeunes par les GANE na-Faso qui accueilent les PDI Violence basée sur le Risques élevés de mariages d’enfants ; Mettre en place des comités mixtes de préven- Sous cluster VBGet Communes : D’Abala, Inates, le plutot genre Risques de sexe de survie chez les femmes tion et d’alerte sur les VBG ; Accompagner DRPE/PF Ayérou , Makalondi, Torodi possible cheffes de ménages PDI ; les femmes cheffes de ménages en activités et Banibangou Agression sexuelle et/ou viol ; génératrices de revenues ; Risques de violences conjugales visant les Fournir les kits PEP dans les centres de santé femmes les plus proches des zones à risques Sensibilis- er les communautés sur les types de violences basées sur le genre Suivre la situationde VBG parmi des population deplacées ( cas de viol rapportés) Cohésion sociale Suspicion de complicité et d’infiltration au Sensibilisation des populations sur la coexist- Acteurs de protection Communes : Tillabéri, En continu sein des communautés ; ence pacifique ; Gouvernement Ayérou, Abala, Banibangou Stigmatisation de certains groupes eth- Veillez aux choix de l’emplacement des sites niques du fait des revendications d’ap- d’accueil PDI ; partenance ethniques des GANE ; Relocalisation des sites d’accueil déjà installés Implantation de certains sites d’accueil sur sur des terrains privés à la proche de la saison des terrains privés pluvieuse Secteur/ domaine Problèmes et risque de protec- Recommandations Responsables Communes/Localités Observation tion Documentation et Difficultés d’accéder aux services Organiser des campagnes foraines ; Service technique (etat Communes : Inates, En continu risque d’apatridie d’état civil (absence du personnel) Sensibilisation des communautés sur l’importance civil) Acteurs de protec- Makolondi, Torodi, Risque d’apatridie pour les des actes d’état civil; tion Bankilaré, Djagourou personnes sans documantation Sensibiliser et renforcer les agents des communes dans les localites frontalieres sur le risque d’apatridie avec le Burkina et le Mali Mécon- naissance des voix d’accès à la documentation Conflit foncier Tensions liées à l’accès aux Mise en valeur des champs par des PDI sur des Autorites administratives Communes : Maka- le plutot possible (LTP) champs et terres avec la nouvelle sites d’accueil appartenant aux populations hôtes et locales londi, Torodi, Diagour- tracée de frontière Niger-Burkina installation des PDI sur les parcelles appartenant Acteurs de protection ou, Bankilaré, Inates, Retour des familles après un long aux particuliers Tillaberi, Ayorou séjour en terre étranger avec ré- Mise en place des comités d’alerte précoce et de clamation des terres des ancêtres gestion de conflits au niveau communautaire ; Sensibilisation des populations sur les conditions de la nouvelle tracée de frontière entre le Niger et le Burkina Faso Education Dégradation des infrastructures Mise en place des comités de gestion des écoles service technique éta- Communes : Makalon- le plutot possible scolaires du fait de l’insécurité ; en situation d’urgence ; tique de l’enseignement di, Torodi, Inates, Téra, Cessation de fréquentation de Renforcement et /ou mise en place des écoles d’ur- primaire et secondaire Bankilaré,Abala certaines écoles, pour raisons gence dans les zones ; Cluster éducation sécuritaires Sensibiliser les parents et communautés sur l’im- Départ des enseignants pour des portance de l’école y compris en situation d’ur- raisons de sécurité ; gence Menaces des GANE sur le person- prendre des mesures d’accompagnement pour les nel enseignant enseignants et solutions alternatives Secteur/ domaine Problèmes et risque de protection Recommandations Responsables Communes/Localités Observation Santé Rupture de certains médicaments Mise en place des cliniques mobiles dans les Service technique Communes : Ayérou, Tillabéri, le plutot possible essentiels (antibiotique et T3 de palud- zones à faibles couvertures sanitaire ; (DRSP) Abala, Ouallam, Banibangou, isme) ; Renforcement de personnel dans les centres Cluster sante Inates, Torodi, Téra et Maka- Manque de personnel soignant du fait de santé encore accessibles ; londi de l’insécurité ; Ravitaillement en médicaments de premiers Absence de cliniques mobiles liées aux soins des centres de santés accessibles difficultés d’accès aux zones ; reduction Renforcer l’acces aux vaccins pour les PDI des mouvements des personnels de venant des zones frontalieres sante pour les strategies avancécs WASH Insuffisance des points potable du fait Construction et/ou réhabilitation des points Service de l’hy- Communes : Ayérou, Tillabéri, le plutot possible du tarissement des mares semi-perma- d’eau dans les zones accueillant les PDI ; draulique Abala, Ouallam, Banibangou, nentes Construction de latrines sur les sites PDI ; Cluster WASH Inates, Torodi, Téra et Maka- Absence d’infrastructures d’hygiène Distribution des produits de traitement d’eau londi (latrines) dans certaines zones et insuff- isance dans d’autres ; Risques de maladies hydriques