BILAN AQUITAINE SCIENTIFIQUE

Autoroute A.65 2 0 0 8

162 163

H-A65.indd 162 24/09/2010, 11:45 BILAN SCIENTIFIQUE

2 0 0 8

N°Nat. N° P. 025178 Aménagement autoroutier A65 Langon (33) - Pau (64) GERBER Frédéric INRAP OPD 118 164 025183 D’ à (33), Section 1a ZOBRI Amar INRAP OPD 118 166 025182 De Bazas à Escaudes (33), Section 1b ETRICH Christine INRAP OPD 119 166 025255 De (33) à Bostens (40), Section 2a SELAMI Farid INRAP OPD 120 167 025254 D’Arue à Sarbazan (40), Section 2b GRIGOLETTO Frédéric INRAP OPD 121 167 025181 De Bougue à Le Vignau (40), Section 3a BALLARIN Catherine INRAP OPD 122 167 025180 De Le Vignau à Aire-sur-l’Adour (40), Section 3b DEFAYE Sophie INRAP OPD 123 168 025448 D’Aire-sur-l’Adour (40) à Claracq (64), Section 4 CHOPIN Jean-François INRAP OPD 124 169 025180 De Miossens-Lanusse à Momas (64), Section 5a MAREMBERT Fabrice INRAP OPD 125 170 025179 D’Uzein à Poey-de-Lescar (64) Section 5b CHOPIN Jean-François INRAP OPD 126 171 025294 LESCAR, Aire d’emprunt de Brana REDAIS Sylvie INRAP OPD 102 172

162 163

H-A65.indd 163 24/09/2010, 11:45 BILAN AQUITAINE SCIENTIFIQUE

Autoroute A.65 2 0 0 8

AMÉNAGEMENT AUTOROUTIER Toutes périodes A65 LANGON-PAU L’autoroute de Gascogne

De Langon au nord à Pau-Lescar au sud, l’entre- sur un site par du mobilier céramique associé à des prise A’Lienor réalise une nouvelle autoroute, l’A65, qui structures en creux (fosses, trous de poteaux ?). Cinq traverse, sur 150 km, trois départements : la , tertres dont la fonction reste énigmatique se placent les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. entre la fin de la période et l’Âge du Bronze ancien. Au préalable, 102 kilomètres ont fait l’objet d’un L’Âge du Fer est relativement peu représenté diagnostic archéologique systématique représentant au niveau des indices d’importance, tout comme environ 3 % de l’emprise totale. Un peu plus de l’Antiquité, pour laquelle un site correspondant aux 6000 sondages ont été ouverts entre août 2007 et dépendances (pars rustica) d’une villa, réoccupée au mars 2009 par les équipes de l’Inrap, ce qui a mobilisé haut Moyen Âge, est à noter. La période médiévale plus de 5500 jours/hommes, et jusqu’à une cinquan- est marquée par des traces d’activités artisanales et taine de personnes sur le terrain. agricoles jouxtant des zones d’habitat actuel. La construction de la liaison autoroutière A65 entre Les travaux d’archéologie préventive sur le tracé Langon et Pau a été divisée en neuf sections du nord de l’autoroute A.65 ont donné l’opportunité d’étudier en au sud ; ce découpage tient compte des unités géogra- détail la stratigraphie et la chronologie des épandages phiques et de l’homogénéité du potentiel archéolo- sableux landais et des formations éoliennes périphé- gique des secteurs concernés par le tracé, mais aussi riques (cf. fig.). Ces données montrent que la des contraintes techniques des délais fixés par le dynamique éolienne a été principalement active calendrier prévisionnel des travaux. pendant le dernier Pléniglaciaire, entre 15 et 23 000 Quarante-huit indices de sites archéologiques ont ans avant le présent, et s’est caractérisée par la mise été identifiés comme devant faire l’objet d’une présen- en place de champs de rides dunaires transversales tation en commission interrégionale de la recherche et barkhanoïdes ou de minces nappes de sable. Deux archéologique (Cira) en vue de la prescription phases ultérieures ont été également identifiées, l’une éventuelle d’une fouille préventive. au cours du Dryas récent (11 ka BP) et l’autre au Petit Un peu moins d’un quart des indices majeurs se Âge Glaciaire (0,8 – 0,2 ka BP). Elles correspondent à rattache à la Préhistoire. La plupart des sites de cette la mise en place locale de dunes paraboliques ou en période appartiennent au Paléolithique inférieur (entre dôme. Cette chronologie est similaire à celle connue 500 000 et 300 000 ans avant notre ère) et surtout pour la ceinture sableuse nord-européenne. Sur la au Paléolithique moyen (antérieur à 120 000 ans marge sud du sable des Landes, des accumulations avant notre ère) avec une industrie majoritairement lœssiques subcontinues ont été également reconnues confectionnée sur galets de quartzite. Le Paléolithique sur les plateaux, où elles peuvent atteindre plus de 3 m supérieur et le Mésolithique sont plus discrets, avec de puissance. La présence de paléosols lessivés de en tout trois indices identifiés, correspondant à des rang interglaciaire interstratifiés dans ces lœss indique occupations de faible étendue. que ces accumulations ont enregistré plusieurs cycles La Protohistoire est représentée par près d’un tiers climatiques pléistocènes successifs. Les différences des indices de site. Le Néolithique final est caractérisé entre sables et lœss suggèrent que seules les phases

164 165

H-A65.indd 164 24/09/2010, 11:45 BILAN SCIENTIFIQUE

2 0 0 8

164 165

H-A65.indd 165 24/09/2010, 11:45 les plus récentes ont été enregistrées dans les sables, de la région au Pléistocène (cf. fig.). Comme semble vraisemblablement en raison du remaniement répété le montrer la distribution de différents marqueurs du même stock de matériaux au cours des épisodes culturels, et notamment les types de pointes de projec- de déflation. tiles, ce désert pourrait également avoir constitué une La comparaison de la distribution des sites paléoli- limite culturelle au Paléolithique supérieur. thiques découverts dans le cadre de l’autoroute, mais aussi celle des sites recensés dans la base Patriarche, avec l’extension des sables suggère que ces derniers Gerber Frédéric et ont joué un rôle répulsif sur le peuplement humain Bertran Pascal

D’AUROS À BAZAS (33) Section 1a

Notice non parvenue. Zobri Amar (Inrap)

DE BAZAS À ESCAUDES (33) Section 1b

Cette notice rend compte de la section 1b qui à enclos fossoyés de la Tène Moyenne (Lignan de couvre 14 kms et qui débute dans la commune de Bazas «L’Ambrot»), une occupation multiphasée dont Bazas au PK (point kilométrique) 11,5 pour s’achever à la fourchette chonologique s’étend de l’Âge du Fer au Escaudes au PK 25,5. Moyen Age (Cudos-Au Dron/Pitecq », une occupation Il traverse successivement les communes de Bazas, médiévale à Escaudes « Pendelle », une autre Lignan de Bazas, , Bernos–Beaulac, Cudos d’époque Moderne à Lignan de Bazas-« Gahéro », et Escaudes. Cette intervention a été réalisée dans une une exploitation d’argile rattachée probablement à une zone peu explorée et où les opérations d’archéologie tuilerie de la fin de l’époque moderne à Marimbault- préventives sont quasi inexistantes. Les 663 sondages « Tuilerie-Est » et enfin une carrière de calcaire non ouverts selon un maillage en quinconce ont révélé sept datée qui se trouve au « Gallion des Peyrères » à indices archéologiques soit en moyenne tous les deux Escaudes. kilomètres. Toutes les périodes sont représentées, Tous ces indices sont caractérisés par des struc- à l’exception du Paléolithique et de la Préhistoire tures en creux et très peu d’éléments bâtis ont été mis récente, pour lesquelles le mobilier lithique est présent au jour. Sur le site du Boscage, on notera la présence de manière résiduelle mais offre de très faibles proba- d’une structure ovale incomplète marquée par un bilités de conservation de site. périlithe empierré dont, en l’attente de la fouille, la En ce qui concerne les gisements avérés, on morphologie pourrait suggérer un aménagement à relève notamment une occupation de l’Âge du Bronze caractère funéraire. Moyen médocain (Escaudes «Le Boscage»), un site Etrich Christine

166 167

H-A65.indd 166 24/09/2010, 11:45 DE CAPTIEUX (33) À BOSTENS (40) Section 2a

La section 2a débute à Captieux au nord et s’achève Ces mêmes sondages n’ont révélé aucun artefact. à Bostens au sud, et se compose d’une dizaine de Cela conforte l’hypothèse de l’absence d’occupations courts tronçons discontinus. Elle se développe de humaines. Seuls des tessons de céramique moderne part et d’autre de la section 2b, centrée sur l’anti- attestent de l’exploitation de résine de pin, dont la clinal de Roquefort. L’objectif de la section 2a a été pratique est largement connue dans les Landes. essentiellement paléo-environnementale au début. En La seconde zone, quant elle, se distingue par un l’absence d’indice d’occupation connu, selon la carte paysage ondulé. Il est drainé par des cours d’eau archéologique, les diagnostics ont été orientés vers la comme le ruisseau de Corbleu. Le sol est représenté recherche d’anciennes dépressions humides (lagunes) par un podzol, mais il est moins développé que celui pour tenter de caractériser la nature du paysage et observé dans la première zone. L’horizon d’alios n’est éventuellement expliquer la rareté des occupations. présent que dans les zones dépressionnaires. Le sol Les résultats des sondages ont montré deux zones est donc relativement bien drainé diminuant ainsi son différentes. La première comporte les parcelles situées engorgement en eau. Cet équilibre est en relation dans les communes de Retjons et de Captieux alors directe avec la formation des vallées. Celle de Corbleu que la seconde réunit les parcelles des communes de a été clairement occupée depuis l’Antiquité. Pouydessaux et Bostens. Deux sites ont été d’ailleurs découverts sur les rives La première zone se caractérise par une topographie de cette vallée et dans ces environs. Le site de Corbleu régulière et par la formation d’un sol podzolique à a été mis au jour sur la basse terrasse du ruisseau. horizon d’alios très développé, fortement induré par Il est attribué à une occupation médiévale, dont les le fer et les jus organiques. Un lessivage intense est fosses et les fossés se distinguent peu dans le sol enregistré dans horizon éluvié. Il reflète des percola- podzolique. tions hydriques importantes montrant un engorgement En revanche, le site de Loustalet est situé à un régulier en eau du sol. En témoigne l’ennoiement de la kilomètre au nord du ruisseau sur un replat interfluvial. majorité des sondages qui ne sont pourtant profonds Il s’agit d’une nécropole de l’Âge du Fer. Les structures que d’un mètre en moyenne. Cette saturation à faible anthropiques sont emballées dans un sol brun lessivé. profondeur est probablement en relation étroite avec Bien que peu nombreux, les témoins d’occupation la présence de lagunes sur la périphérie du tracé humaine repérés dans la section 2a ont contribué à la notamment au nord du village de Retjons. En tout état connaissance du contexte archéologique de cette zone de cause, ce milieu, entre le nord de Retjons et le Sud et de son milieu physique. Les résultats de l’analyse de Captieux, est marqué par une large concavité qui géomorphologique et pédologique montrent que la peut expliquer la canalisation en son sein des eaux régularité de la topographie actuelle masque une souterraines. importante variabilité des paysages. Sellami Farid

D’ARUE À SARBAZAN (40) Section 2b

Notice non parvenue. Grigoletto Frédéric (Inrap)

DE BOUGUE À LE VIGNAU (40) Section 3a

Notice non parvenue. Ballarin Catherine (Inrap)

166 167

H-A65.indd 167 24/09/2010, 11:45 LE VIGNAU À AIRE-SUR-L’ADOUR (40) Section 3b

L’opération de diagnostic archéologique de la essentiellement de la céramique, associé parfois à des section 3b s’est déroulée dans le département des structures à galets isolées. Landes à travers les communes de Le Vignau, Cazères- L’Antiquité gallo-romaine est bien représentée sur-l’Adour et Aire-sur-l’Adour. Cette section traverse avec deux indices de site La Gioule et Peyran : ces le système des terrasses de l’Adour en recoupant les ensembles ont livré des occupations de type rural ; hautes, moyennes et basses terrasses. Celles-ci sont ils se présentent sous la forme de structures à galets incisées par plusieurs réseaux hydrographiques. accompagnées d’un corpus mobilier assez abondant, Les témoins de l’occupation humaine découverts essentiellement de la céramique datée du Ier et sur cette section sont en moyenne assez riches et pour IIe siècle ap. J.-C. la plupart bien conservés. Mis à part les huit indices Enfin, la période de transition Moyen Âge/Époque de site assez conséquents présentés ci-dessous, la moderne est représentée avec une occupation au majorité des vestiges archéologiques témoigne plus lieu-dit Califas : elle se présente sous la forme d’une d’indices de fréquentation que de réelles implanta- ancienne voirie composée de galets et d’un réseau tions : ils se présentent sous la forme d’aménagements de fossés accompagnés de très nombreux vestiges en galets très isolés, de forme variée, souvent sans archéologiques datés des XIVe et XVe siècles. mobilier archéologique associé. D’autres témoins de cette phase de transition ont été La période chronologique la mieux représentée observés tout le long de la section à travers des indices est le Paléolithique moyen ancien avec cinq indices de fréquentation tels des fossés parcellaires, des struc- de site : Léous, Romentères, Lahéouguère, Bénazit, tures à galets… Septsos. Les niveaux archéologiques s’inscrivent au Le bilan général de l’opération menée sur la sein de séquences pléistocènes d’épaisseur plurimé- section 3b est pour l’ensemble très positif si l’on trique dont les caractères pédologiques et sédimen- considère l’apport de ces découvertes pour un secteur taires, avec la perspective de datations croisées encore assez mal connu. Ainsi, certaines périodes TL/OSL, peuvent fournir un cadre interprétatif renouvelé chronologiques ont livré des informations très intéres- pour ces industries du piémont nord des Pyrénées santes complétant la carte archéologique de cette (bassins de l’Adour et de la Garonne). L’étude préli- partie des Landes. Ces découvertes le seront encore minaire des séries acheuléennes mises au jour donne plus si on les intègre dans un contexte plus général, à de premières indications sur la variabilité technique l’échelle de tout le sud de l’Aquitaine, depuis la Gironde et économique de l’Acheuléen pyrénéo-garonnais. jusqu’au pied des Pyrénées : une synthèse générale Ces industries sont majoritairement réalisées sur des par entités chronologiques et par contexte régional quartzites, matière première présente localement dans permettra de recadrer ces découvertes. le corps des terrasses alluviales. Le Néolithique final a livré quelques petits indices très diffus avec toutefois du mobilier très bien conservé, Defaye Sophie

168 169

H-A65.indd 168 24/09/2010, 11:45 D’AIRE-SUR-L’ADOUR (40) À CLARACQ (64) Section 4

La section 4 du diagnostic de l’A65, d’un linéaire de sur-l’Adour à Lescar, dont plusieurs tronçons ont près de 19 km, se développe sur le plateau qui s’étend clairement été repérés en prospection aérienne. Une en arrière d’Aire-sur-l’Adour. Cette entité géomorpholo- origine plus ancienne, protohistorique, est suggérée gique homogène, large d’une dizaine de kilomètres et par un fréquent alignement des tertres/tumulus le légèrement déclive du sud vers le nord, correspond à long de cet axe. Un premier aperçu archéologique de un épandage fluvio-glaciaire pléistocène, la nappe de cette voie à l’occasion de sondages montre que les Garlin. labours ont occasionné un arasement important : ne Cet espace est à première vue l’un des mieux subsistent qu’un empierrement de petits galets et le documentés du tracé, car il a fait l’objet de l’attention de fond de deux fossés de part et d’autre. En périphérie plusieurs générations de chercheurs. Le Paléolithique de celle-ci, devait se disposer une série d’implantations et le début de la Préhistoire récente sont quasiment de type fermes ou relais routiers. L’occupation du sol absents de la carte archéologique, sans que l’on au Moyen-Âge apparaît quant à elle essentiellement puisse a priori déterminer s’il s’agit d’une lacune concentrée sur les bourgs ; le reste du territoire, où les d’occupation, d’un déficit de recherche ou d’un effet indices sont rares et ténus, était probablement dévolu d’enfouissement. à des activités laissant peu de traces (élevage). On peut toutefois souligner que le corps de la nappe Le diagnostic de la section 4 a globalement confirmé fluvio-glaciaire délivre, à la faveur d’affleurements cet état préalable de la connaissance : les indices de occasionnés par certaines incisions de thalwegs, des sites sont très localisés et des tronçons de plusieurs galets de quartzite de grande dimension et de bonne kilomètres se sont parfois avérés démunis de tout aptitude à la taille, qui ont pu constituer une source indice d’occupation ancienne. La présence de vestiges de matière première appréciable pour des groupes d’industrie lithique du Paléolithique moyen a été humains du Paléolithique ancien et moyen. observée à plusieurs reprises au sommet des limons Le Néolithique/Bronze ancien est attesté par jaunes pléistocènes, confirmant ainsi la représentation la découverte isolée de quelques objets mobiliers de cette période ; mais les profondeurs d’ouverture (haches polies, haches en cuivre), mais c’est surtout limitées auxquelles nous étions tenus n’ont pas permis la présence de tumulus qui caractérise la Protohistoire une bonne reconnaissance des formes prises par cette de ce territoire. Les premiers sont signalés en même occupation. temps qu’ils sont fouillés dès le XIXe siècle : les Nous présentons ci-dessous les six principaux comptes-rendus sont rares, peu détaillés, la locali- indices de site reconnus sur le tracé de la section 4, du sation imprécise, et le caractère partiel ou intégral de la nord au sud : fouille souvent inconnu. La mise en culture de ce terroir — au lieu-dit Jeanbet, commune de de landes dans les années 1960/1970 a provoqué Miramont-Sensacq, des niveaux aménagés l’arasement des tertres encore visibles : des position- au moyen de galets ont été mis au jour dans une nements furent effectués ainsi que quelques fouilles de dizaine de sondages, vers 0,35 m de profondeur. Leur sauvetage, notamment dans le secteur de Garlin. Dans épaisseur varie entre 0,10 m et 0,15 m. Aucun fossé les années 1990 et 2000, des prospections aériennes en relation avec ces niveaux de circulation n’a été et des dépouillements de campagnes photographiques repéré. Aucune recharge n’a non plus été observée. ont conduit à identifier de nombreuses anomalies circu- Seul un tesson attribuable à l’Antiquité a été trouvé laires, pour lesquelles est avancée l’interprétation de en association avec eux. Au regard du tracé établi par tumulus. Ce bref état des lieux montre que se posent prospection aérienne, cet indice semble se corréler des problèmes tant sur la réalité des structures (c’est avec la voie antique entre Aire-sur-l’Adour et Lescar notamment le cas de tous les indices repérés en photo- (Didierjean 2000). Néanmoins il est peu probable que graphie aérienne), leur nature (même pour des tertres cet itinéraire, s’il est bien romain, ait fonctionné sur une dont la réalité et l’origine anthropique sont avérées, longue durée étant donné l’indigence du mobilier et la le caractère funéraire reste à établir), leur localisa- ténuité de son aménagement ; tion précise (disparition des points pris comme repères — au lieu-dit Les Bruques, commune de suite aux importantes modifications du parcellaire) que Miramont-Sensacq, un tertre encore bien marqué sur leur état de conservation (la mise en culture des dans le paysage, d’un diamètre d’environ 40 m et terres qui a conduit à l’arasement de la masse de terre d’une hauteur de 1,50 m, se situe intégralement dans a-t-elle entraîné une destruction totale de la structure la bande autoroutière. Le diagnostic a livré, en partie ou des infrastructures ont-elles pu être préservées ?) sommitale du tertre, aux abords immédiats d’une L’organisation du territoire à l’époque antique était fosse de nature indéterminée mais probablement très probablement structurée par la voie qui reliait Aire- récente (fouille ancienne ?), trois individus céramiques

168 169

H-A65.indd 169 24/09/2010, 11:45 sub-complets que la technique et le style rapportent une structure en couronne large de 1,80 m, aménagée au Campaniforme. Un fossé circulaire périphérique au au moyen de galets, dont la fonction de soutènement tertre a également été mis en évidence ; est probable. Quelques vestiges mobiliers lithiques — au lieu-dit Cazaou de Luc, à cheval sur et céramiques attribuables au Néolithique final ou au les communes de Miramont-Sensacq et de début de l’âge du Bronze ont été découverts sur le Garlin, un deuxième tertre était encore perceptible, tertre ou à sa périphérie. Pour ces quatre sites, aucun quoique affecté au moins sur son flanc sud par un argument ne permet à l’issue du diagnostic d’affirmer arasement agricole. Le diagnostic a livré de rares un éventuel caractère funéraire ; éléments mobiliers lithiques et céramiques mais dont — enfin, au lieu-dit l’Officier, toujours sur la relation au tertre n’est pas établie (remobilisation la commune de Claracq, les sondages ont révélé dans la masse de terre ? fréquentation ultérieure ?) ; la présence de quelques structures à galets chauffés en revanche, la grande tranchée qui a recoupé le attribuables à la Protohistoire ; leur fonction exacte tertre laisse apparaître la présence de deux fossés reste à préciser. Des vestiges mobiliers céramiques, circulaires périphériques avec des diamètres respecti- datés de l’Antiquité et de l’époque contemporaine, ont vement estimés de 26 et 32 m ; également été mis au jour de manière disséminée. — au lieu-dit Chemin de la Lande, La position topographique de ce site, en bordure commune de Claracq, un autre tertre d’environ du plateau dominant la vallée du Gabas, constitue 20 m de diamètre et 0,50 m de hauteur conservée. un élément préférentiel d’implantation, déjà mis en Il a été fortement arasé par les activités agricoles de évidence par les travaux de recherches conduits par la seconde moitié du XXe siècle. Cependant, trois l’Université de Pau (Plana-Mallart et Réchin 2004) structures à galets, dont l’une de plan quadrangu- dans ce secteur. laire pourrait évoquer une tombe en coffre, ont été préservées au sein de la masse tumulaire ; Chopin Jean-François — au lieu-dit Chemin des Tuyaas, commune de Claracq, un dernier tertre dont les DIDIERJEAN Fr. Le chemin de Sainte-Quitterie, Aquitania, XVII, FA, 2000, p. sondages ont montré une bonne conservation sur près 233-260. d’un mètre de hauteur. La masse de terre apparaît délimitée à sa base par un fossé circulaire d’environ PLANA-MALLART R. et RÉCHIN Fr. L’étude d’un territoire béarnais : occupation du sol et formes de l’habitat rural à l’époque romaine (canton de 19 m de diamètre. Elle semble par ailleurs flanquée par Thèze, Pyrénées-Atlantiques, Aquitania, tome XX, 2004, p. 221-255.

DE MIOSSENS-LANUSSE À MOMAS (64) Section 5a

Notice non parvenue. Marembert Fabrice (Inrap)

170 171

H-A65.indd 170 24/09/2010, 11:45 D’UZEIN À POEY-DE-LESCAR (64) Section 5b

La section 5b du diagnostic de l’A65, d’un linéaire Au Moyen Âge, une fréquentation intensive d’environ 8 km, traverse une vaste surface plane des Landes du Pont Long en lien avec la pratique correspondant à une formation alluviale ancienne du de l’élevage est bien documentée par les textes, Gave de Pau, connue sous le nom de nappe du Pont- notamment au travers des querelles récurrentes sur Long. les titres de propriété et d’usage entre ossalois et A l’exemple du plateau formé par la nappe de communautés locales. A contrario, et hors les zones Garlin diagnostiquée dans le cadre de la section 4, agglomérées, aucune trace archéologique tangible n’a les landes du Pont-Long furent mises en lumière jusqu’à ce jour été mise en évidence. dès le XIXe siècle pour leurs importantes nécropoles Le diagnostic de la section 5b a confirmé que tumulaires. Nombre des tertres ont ainsi été fouillés, l’occupation humaine a toujours pris des formes assez sans compte-rendu détaillé et le mobilier a souvent sommaires. Seuls deux indices de site caractérisés ont disparu. La plupart de ceux qui subsistaient ont été ainsi été reconnus : arasés par la mise en culture des années 1960/1970 ; — aux lieux-dits Les Areilles et Lanne quelques uns ont fait l’objet de fouilles de sauvetage de Bessoues, commune d’Uzein, en rebord le plus souvent partielles, notamment par J. Seigne, de petits vallons secondaires faiblement encaissés, C. Blanc et P. Dumontier. Certains se sont avérés sont apparus des ensembles de structures à galets particulièrement riches, à l’exemple du tumulus T1 du chauffés, associés dans un cas à une construction Cami Salié à Pau. Les considérations formulées dans sur poteaux d’un module d’environ 15 m², ainsi qu’à le cadre de la section 4 à propos de la nature et de des épandages de vestiges mobiliers lithiques et l’état de conservation des tertres peuvent en grande céramiques. La nature de l’occupation reste à déter- partie être reprises pour la section 5 b. miner ; toutefois certains objets (fusaïole) se rapportent En dehors de ces tertres/tumulus, les opérations plutôt à la sphère d’activités domestiques. Le faciès conduites ces dernières années en périphérie de chrono-culturel n’est pas précisément caractérisé, Lescar et sur la déviation ouest de Pau ont révélé de même si l’on s’inscrit plutôt dans des phases récentes nombreuses concentrations de galets, d’une super- de la Protohistoire. Pour ces deux locus, une nouvelle ficie généralement comprise entre 1⁄2 et 2 m², plus ou phase de fréquentation durant l’époque antique est moins lâches. Certains galets portent des traces de attestée par du mobilier céramique en épandage ; rubéfaction, évoquant des structures foyères (en place — au lieu-dit Pont-de-Peyre, commune de et rejets). Le mobilier associé, céramique et lithique, Poey-de-Lescar, une occupation du Néolithique final rarement abondant, inscrit ces structures entre le se développe sur une superficie de plusieurs centaines Néolithique final et l’époque antique. Malgré l’attention de mètres carrés. Elle se caractérise par un niveau de portée à leur étude (Chopin, 2006), leur fonction reste sol où coexistent mobilier lithique (pointe de flèche, encore à déterminer. Elles attestent toutefois d’un polissoir, macro-outillage sur galets de quartzite) et mode de fréquentation et d’exploitation du terroir qui céramique (principalement des formes fermées liées à perdure sur une longue durée. Bien que formant un la conservation), associés à divers matériaux lithiques semis parfois dense (plusieurs dizaines de structures rapportés. Quelques structures en creux (silos ?), peu à l’hectare), elles semblent fonctionner de façon discernables au niveau du décapage, sont cependant indépendante, indiquant des occupations légères et de apparues à la faveur de sondages profonds. Si les courte durée : activité agro-pastorale, « habitat » léger, occurences d’occupations protohistoriques sont probablement saisonnier ? fréquentes dans le sud de l’Aquitaine, celles-ci s’ins- Pour l’époque antique, l’extrémité sud du tracé crivent généralement dans un cadre funéraire, ou du est distante de moins de deux kilomètres du centre moins réputé tel. Le site de Pont-de-Peyre semble de Lescar-Beneharnum, implanté sur les terrasses plutôt relever de la pratique d’activités domestiques, ce inférieures du Gave de Pau ; même s’il n’atteint pas qui confère à cette découverte un réel potentiel d’étude le rebord méridional de la terrasse du Pont Long où dans une région pratiquement dépourvue de toute pourraient être attendus des habitats ruraux à l’exemple référence en matière d’habitat pour cette période. des villae de Saint Michel ou du Lac des Carolins, des structures périphériques (bâtiments agricoles, parcel- Chopin Jean-François laires) pouvaient donc être attendues. CHOPIN J.-Fr. Lons – La déviation nord-sud de Pau, RN 117. Bilan scientifique région Aquitaine, 2006, p. 162-163.

170 171

H-A65.indd 171 24/09/2010, 11:45 LESCAR Aire d’emprunt de Brana

Le diagnostic archéologique a été mis en œuvre lithiques. L’ensemble de la céramique est daté de la fin dans le cadre du projet d’une aire d’emprunt, au lieu-dit du Premier Âge du Fer et du début du second Âge du Brana. Cette zone d’extraction est liée à la réalisation Fer. Ce mobilier apparaît soit à l’intérieur de la structure de l’A65 Langon- Pau. de galets chauffés, soit dispersé entre les structures. Le secteur de Brana est situé au cœur de la lande L’emplacement d’un tertre inventorié par J. Seigne du Pont Long. C’est une vaste plaine délimitée au sud se trouve juste à l’est des structures de galets et par le Gave de Pau, à l’ouest et au nord-est par les des sondages ayant livré du mobilier archéologique. coteaux tertiaires d’Arthez et de Momas. Le Pont Long Cependant même après sa localisation sur le terrain est connu principalement pour la présence d’un certain via un GPS, aucun indice n’en confirme la présence. nombre de tertres tumulaires. Ils sont généralement Un arasement peut-être supposé. Existe-t-il un lien localisés à proximité des routes ou chemins traversant avec la présence des concentrations de structures de la Lande. Une voie antique reliant deux aggloméra- galets à proximité de ce tertre « fantôme » ? Ce dernier tions secondaires gallo-romaines, Aire-sur-l’Adour et pouvait-il être un repère visuel pour des installations Lescar, est connue mais son tracé reste hypothétique. temporaires et répétées liées à l’activité pastorale ? Des structures de galets rubéfiés ont été mises au jour A l’est de la parcelle, à environ quarante mètres dans la commune de Lescar. La datation de ces struc- de la D289, un empierrement de galets est apparu. tures est difficile et l’interprétation la plus fréquemment Il est composé de galets non calibrés. La largeur est avancée renvoie à des activités pastorales anciennes. d’environ 5 m et son épaisseur est de 0,10 m. Son Sur un total de 350 sondages, 26 sont positifs dans orientation nord-est/sud-ouest rappelle le tracé antique la parcelle ZA 42 et 47 dans la parcelle ZB 40. de la voie secondaire allant de Lescar (Beneharnum) Dans la parcelle ZA 42, la présence de quatre trous à Aire-sur-l’Adour (Atura). Toutefois ce tracé est mal de poteaux dont l’état de conservation est médiocre, connu pour la zone du Pont Long et plus particuliè- ne peut être interprétée comme habitat. Toutefois ce rement pour Brana, et cette interprétation doit donc sont des indices de construction. L’extension réalisée être considérée sans certitude. en périphérie de ce bâtiment est restée stérile. Mais Le diagnostic de l’emprise de l’aire d’emprunt s’est cela ne signifie pas pour autant qu’aucune structure ne révélé positif. La particularité de ce secteur se traduit lui soit associée. Une autre aire d’occupation se trouve par la quantité et l’homogénéité de la céramique au sud de la parcelle, une hache dont le talon est récoltée. bouchardé et l’extrémité assez polie a été mise au jour. L’Âge du Fer étant fort peu connu dans cette zone Les autres sondages n’ont livré qu’une faible quantité géographique et pauvre en références bibliogra- de céramique qui permet d’avancer une datation à phiques, les structures reconnues à Brana attestent l’Âge du Fer. d’une certaine continuité de l’occupation des Landes Dans la parcelle ZB 40, plusieurs concentrations du Pont Long entre l’Âge du Bronze et l’Antiquité. de galets rubéfiés ont été mises au jour, auxquelles sont associés des vestiges mobiliers céramiques et Redais Sylvie

172

H-A65.indd 172 24/09/2010, 11:45