Lecture Critique Du Dossier De La « Sas Saulgond » Par L’Association «Saint Christophe Nature »
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PROJET EOLIEN DE SAULGOND (Demande d’AU 28 /12/2016) LECTURE CRITIQUE DU DOSSIER DE LA « SAS SAULGOND » PAR L’ASSOCIATION «SAINT CHRISTOPHE NATURE » OBSERVATION REMISE EN MAINS PROPRES AU COMMISSAIRE- ENQUETEUR LE 6 NOVEMBRE 2018 (PUBLIEE SUR LE SITE PREFECTORAL LE 15 AVRIL 2019) Re-paginé le 15 mai 2019 FICHE 1 ZONES HUMIDES Méthodologie : La définition que donne le promoteur de l’Aire d’Etudes Rapprochée (AER) est tellement restrictive qu’elle semble être plutôt celle de la Zone d’Implantation Potentielle (ZIP), avec des largeurs d’une petite centaine de mètres. E1et E2 (ex-E3) sont même situées sur le périmètre, n’englobant pas a minima le rayon de fonctionnement de l’éolienne. On ne peut étudier l’hydrographie d’une manière aussi parcellaire. Les zones concernées sont à prospecter par rapport aux enjeux de bassins. LECTURE CRITIQUE DU DOSSIER L’étude de Corieaulys a donc fatalement tendance à minorer l’enjeu, en fournissant une « cartographie des zones humides » insuffisante (Pièce 5-A, pp.85-86), centrée sur l’AER. Même ainsi, elle ne peut nier la traversée d’un ruisseau, et d’une ripisylve associée, pour la liaison E1 –E2 (ex-E3). Le pétitionnaire ne peut qu’admettre que « l’AER se trouve ici sur un aquifère superficiel vulnérable (faible couche de protection pouvant être perméable, présence de failles et aquifère moyennement captif. » (Pièce 5-A, p.87) Des sources, des ruisseaux, des étangs et des mares parsèment en réalité toute la zone qui est en tête du bassin versant du Goire. Le promoteur lui-même recense 76 mares sur la commune de Saulgond (Pièce 6-B, p.266). La banque des eaux souterraines du BRGM recense 3 sources situées à environ 3 km de distance de l’AER, grevées de périmètres de protection, dont une près du Grand Boyat (Pièce 5-A, p.87). Le promoteur devrait donc définir une zone hydrologique cohérente avec le statut de bassin versant de ce secteur, d’un diamètre variable allant au moins jusqu’à environ 1 km 200, ce dont l’étude se garde bien. A cette distance, dans la zone Nord-Ouest, 9 zones humides (à divers degrés) sont répertoriées par les organismes compétents pour un total de 85 869 m2. Dans la zone Sud-Est, 25 pour un total de 340 539 m2. Total dans ce périmètre cohérent = 926408 m2 = 92 ha 640 de Zones Humides susceptibles d’être impactées sur ce bassin versant par le projet. Or l’AER du promoteur ne couvre que quelque 75 ha (chiffre variable selon les pages…), et la surface des surfaces humides (par déduction des surfaces non humides que le promoteur liste pp.311-315 de la Pièce 6-B) environ 56 ha. Le rapport est presque de ½ : le promoteur minimise donc énormément les surfaces ayant un enjeu « zone humide » autour de son projet, en ne prenant pas un point de vue global sur les enjeux de ce bassin versant. SCN 2018 F1 zones humides Page 1 3) Agriculture et zones humides : Des drainages agricoles viennent peut-être encore minorer l’enjeu : -par exemple, dans l’AER Nord, une zone humide répertoriée lors de nos recherches n’apparaît pas dans la cartographie du promoteur, au sud de la E2 (ex-E3). Cela correspond à la Figure 89 (Pièce 5-A, p.229), la photo d’un « secteur drainé transmis [à Eurocape] par un agriculteur sur l’AER ». Ces drainages ont-ils été validés par les services de l’Etat ? Sans quoi, ils tendraient à minorer l’inventaire des zones humides, et y compris au sein même de l’AER définie par le promoteur, et donc les enjeux. En l’occurrence, la E2 n’évite pas une zone humide, mais semble implantée dans une zone humide asséchée. -Dans la zone AER Sud, la toponymie cadastrale nous renseigne sur une zone également humide, tout du moins à l’origine, avec des « Mouillères » entre la D30 et l’AER, et d’autres « Mouillères » entre Vendiogre et la Gazonnie. Une source entre E5 (ex-E7) et E6 (ex-E8), habitat du Sonneur à ventre jaune, est présente au milieu du champ cultivé (maïs). Le ruisseau de l’étang de Brigueuil borde cette zone au sud. Au nord, au contraire, la E3 (ex-E5) est implantée à environ 150 m d’un ruisseau, qui coupe l’AER. La question de l’agriculture intensive associée à des implantations d’éoliennes sur ce secteur vient buter sur la préservation de zones humides à Saulgond. 4) Les emprises sont minorées car hors AER (omettant les plates-formes des éoliennes et le PDL1, les aires de stockage et de montage, décapées et tassées par les engins) : les 325 m2 annoncés comme « zones humides impactées de façon permanente » (RNT p.27) s’élèveraient probablement au bas mot à quelque 7400 m2 selon nos calculs. 5) Les mesures d’évitement pourraient bien être insuffisantes. L’« évitement » de la zone humide par la « rampe métallique » au-dessus du cours d’eau pour la liaison E1-E2 (ex-E3) serait à étudier très en détail : permet-elle, et comment, la conservation de tout ou partie du milieu ? De la qualité des eaux ? Le promoteur donne à voir une photographie qui fait penser à un « petit pont de bois », avant de reconnaître qu’elle mesurera 10 m de long. Comment sera-t-elle posée ? A la main et à dos d’homme, pour ne pas abîmer les abords et le lit de ruisseau ? La zone d’accès, qui ressemble pour l’instant à une « jungle », sera-t-elle préservée ?... Sans précisions, l’évitement (et non-destruction des lieux humides) semble un vœu pieux. La technique « ballots de paille-piquets » pour protéger (ou passer ?) l’étang est également à expertiser dans le passage très délicat sur le chemin de Verliac. En l’absence de ces expertises approfondies sur la faisabilité et l’efficacité de ces dispositifs, il aurait fallu estimer l’impact hydro-biologique sur une base de techniques de voirie plus classiques qui ont fait leurs preuves. 6) La sensibilité du milieu humide ne peut être qualifiée que de « MAJEURE » par le promoteur lui- même. Mais par la magie de mesures qu’on est en droit de juger insuffisantes et non proportionnées aux enjeux (récapitulées dans le RNT p.27), tout finit bien, et l’ « effet réel du projet » s’avère « faible ». SCN 2018 F1 zones humides Page 2 Les mesures semblent destinées à élever le niveau d’acceptabilité du projet, non à le rendre correct. Le promoteur ne peut cacher que la Continuité Ecologique serait « fortement » touchée, avec fragmentation du milieu, destruction ou dégradation des habitats, et mortalité d’individus. Des préconisations telles que celle citée p.315 de la Pièce 5-A, à savoir « Appliquer une bande-tampon de 20 m autour des zones humides » et des « cours d’eau » (Pièce 5-B, p.327) sont IMPOSSIBLES A RESPECTER par le promoteur dans la zone Nord, puisque le ruisseau doit être franchi, et que pour ce faire, des accès doivent être ménagés pour les engins. 7) Les mesures compensatoires proposées ne semblent pas NON PLUS à la hauteur des enjeux (géotextile drainant, sanitaires avec cuve étanche lors des travaux, personnel rappelé aux « règlements QHSE » à chaque réunion de chantier…) 8) Les risques hydrogéologiques sont traités de manière très étrange : il est dit que « d’après le site Géorisque, l’aire d’étude est concernée par des sensibilités fortes et très fortes concernant le risque remontée de nappe dans le socle. Cette sensibilité est à mettre en parallèle des zones humides potentielles du secteur d’étude. » (Pièce 8, p.13). Or ce risque se retrouve minoré dans le RNT, les remontées de nappe étant qualifiées de « sensibilité modérée » (p.28). L’effet serait pourtant bien, reconnaît le promoteur, la « détérioration des fondations ». Nous signalons que des remontées de nappe avaient été constatées en 2010 lors de l’excavation pour fondations d’une éolienne du parc de Lesterps-Saulgond, pourtant situé sur la ligne de crête… Or la zone du projet semble beaucoup plus propice à ce genre d’accident, comme on peut le voir sur une carte, malheureusement reproduite en format réduit (Pièce 8, p.15) : tout le secteur est effectivement en « fort ou très fort aléa de remontée de nappe », et à proximité immédiate d’aléas « retrait- gonflement des argiles » (estimé « nul » p.12). Or le promoteur prévoit une étude géotechnique, et le cas échéant, une « adaptation des fondations » (il est vrai que les 1000 ou selon la page, 1200 tonnes de béton paraissent même sans cela insuffisants au regard de l’implantation d’éoliennes de 182 m de haut). Il paraît plus que souhaitable de commencer par le début, c’est-à-dire, une expertise approfondie sur la géologie, la pédologie, l’hydrographie…, sinon chacun peut comprendre qu’on risque d’implanter des « Colosses aux pieds d’argile », et qu’inversement, la sensibilité des eaux au projet éolien est extrêmement prégnante. TEXTES REGLEMENTAIRES Depuis la convention de Ramsar (1979), et la Loi sur l’Eau du 3 janvier 1992, des textes de lois se sont succédé pour renforcer la préservation de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques : Directive Cadre sur l’Eau (2000), Transposition en droit français de la DCE (2004), Loi de Développement des Territoires Ruraux (2005) qui déclare « d’intérêt général la protection et la gestion des zones humides » (2005), Loi d’Orientation agricole (2006), Loi sur l’eau et les milieux aquatiques (2006), etc. Tout cet appareil règlementaire et législatif est-il respecté par le projet ? Il est permis d’en douter, et il faudrait l’étudier en tout cas très en détail.