A la découverte de LA HAYE D’ECTOT version (2) 1/11 LA HAYE D’ECTOT Sommaire Identité, Toponymie page 1 Sansonnerie page 9… Un peu d’histoire … à savoir page 1… Cours d’eau, Ponts page 9… Les personnes ou familles liées à la commune et leur histoire page 2… Lavoirs, Fontaines, Sources, Etangs page 9… Le patrimoine (public et privé), lieux et monuments à découvrir, événement : Croix de chemin page 10… Eglise Notre-Dame page 3… Communes limitrophes & plans page 10… Prieuré de la Taille page 4… Randonner à page 11… Manoir des Essarts page 7… Sources page 11… Ferme de la Devougerie page 8…

Identité, toponymie La-Haye-d’Ectot appartient à l’arrondissement de Cherbourg, au Canton des Pieux (anciennement Bar- neville-Carteret) et appartenait, jusqu’à fin 2016, à l’intercommunalité Cote-des-Isles. Désormais, la commune de Portbail appartient à la Communauté d’Agglomération du Cotentin (CAC). Désormais, la commune de La-Haye-d’Ectot appar- tient à la Communauté d’Agglomération du Cotentin (CAC). Les habitants de La Haye-d’Ectot se nomment les Ectotais(es). La-Haye-d’Ectot compte 238 habitants (recensement 2014) sur une superficie de 7,32 km² soit 32,5 hab. / km². (84,2 pour la , 111 pour la Normandie et 116 pour la ). Les formes anciennes du nom sont : Haya (1056), ecclesia de Rosel et ecclesia de Haya Barneville … ecclesia de Haya (vers 1187), ecclesiis de Esquetot et de Rosel (vers 1210), paroisse Desquetot (1299), La Haie d’Esquetot (1341), paroisse Notre-Dame d’Esquetot (1343). Comme il arrive fréquemment au Moyen Âge, on a hésité entre plusieurs appellations pour faire référence à cette nouvelle paroisse. À partir de la fin du XIIe siècle, elle est également désignée par le nom d’Esquetot ou Notre-Dame-d'Esquetot, d'après celui d'une agglomération située sur son territoire. Ce nom est d'origine scandinave, et constitué de l’élément -tot (issu de l'ancien scandinave topt « domaine rural ; habitation avec terre ») précédé de l'appellatif eski « frêne », d'où le sens global de « village du frêne ». Le nom d’Esquetot ou Notre-Dame-d'Esquetot est utilisé jusqu'au milieu du XVIIe siècle. Mais dès le XIVe siècle, il commence à alterner avec la Haie d'Esquetot, puis la Haie-d'Ectot, qui s'impose à la fin du XVIIe siècle. La graphie archaïque Haye (au lieu du plus simple Haie) se fixe quant à elle dans la seconde moitié du XIXe siècle. François de Beaurepaire (Historien et chercheur, passionné par la toponymie, il a écrit un ouvrage de référence « les noms des communes et anciennes de la Manche ») rappelle que le nom d’Esquetot issu des éléments scandinaves eski, frêne et topt, domaine rural, coexistait avec celui de la Haye de Barneville dès 1187 et l’a supplanté à partir des XIIIe-XIXe. La Haye s’applique aux nouvelles paroisses créées, après défrichement en lisière d'une zone boisée, sur un essart ou en lisière de bois en marge du village préexistant…en l'occurrence, Barneville. Un peu d’Histoire… à savoir ✓ La paroisse de La Haye-d’Ectot dépendait de l’Intendance de Caen, de l’élection de et de la Sergenterie de Beaumont. ✓ La paroisse comptait entre 50 et 65 feux en 1722, et 294 habitants. Sa population, en 1867, est de 393 habitants. ✓ La seigneurie de La Haye-d’Ectot, après avoir appartenu à la famille Carbonnel, était arrivée dans les mains de Colbert de Seignelay, qui descendait du grand Colbert ; il la vendit à deux bourgeois de Paris qui plus tard la cédèrent au baron de Bricquebec, Marie-Thomas-Auguste, marquis de Matignon. (cf. manoir de la Cour) ✓ On a trouvé à La Haye-d’Ectot les ruines d’une galerie couverte orientée de l’Est à l’Ouest (Souvent confondue avec l'Autel des Druides des Moitiers d'Allonne). Sa largeur pouvait être d’un mètre, sa hauteur de 70 centimètres et sa longueur d’environ 12 mètres. Ce site de l’époque celtique se trouve au milieu d’un champ en pente sud, à proximité du hameau les Chasses Mauger, à proximité d’une fontaine minérale nommée la Fontaine de la Taille. Cette galerie est enregistrée en 1833 "Annuaire du Département de la Manche", comme étant la plus petite et la plus ruineuse des sept "Galeries Couverte" monuments connus dans La Manche. Cette allée couverte, au- jourd’hui en ruines et menacée de fouilles clandestines, a fait l’objet de sondage préliminaire, effectué par l’équipe de M. Lemière, en août 1968 ; on a retrouvé qu’un éclat de silex. ✓ Trois soldats sénégalais réfugiés à La Haye-d'Ectot, dans le bois de la Taille ravitaillés par Armand Ferey, cultivateur à Saint-Jean-de-la-Rivière, furent conduits par celui-ci et le gendarme Leboisselier jusqu'à la plage

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / décembre 2020) A la découverte de LA HAYE D’ECTOT version (2) 2/11 de Carteret où une barque était mise à sa disposition par un pêcheur ami. Les trois soldats, dont un connaissait la navigation, se sont embarqués pour la direction de Jersey. ✓ La Communauté de communes du canton de Barneville-Carteret s’est créée en décembre 1994 avec huit communes du canton : Barneville-Carteret, Baubigny, La Haye-d’Ectot, Les Moitiers-d’Allonne, Saint-Georges- de-la-Rivière, Saint-Maurice-en-Cotentin, Saint-Pierre-d’Arthéglise, Sénoville et -en-Beaumont. La commune de Baubigny rejoindra l’EPCI en 2000 tandis que Saint-Jean-de-la-Rivière, commune limitrophe de Barneville-Carteret, préféra adhérer à la communauté de communes de la région de Portbail créée un an plus tôt. En décembre 2004, elle fusionne avec la Communauté de communes de la région de Portbail pour former la Communauté de communes de la Côte des Isles. ✓ La Communauté de communes Côte-des-Isles est donc née le 31 décembre 2004 de la fusion des communautés de communes de la région de Portbail et du canton de Barneville. Elle cesse d'exister le 1er jan- vier 2017 après son absorption par la Communauté d’agglomération du Cotentin, pour devenir le Pôle de proximité de la Cote des isles. ✓ La Communauté d’Agglomération Le Cotentin. Dans le cadre de la Réforme Territoriale, une nouvelle intercommunalité du Grand Cotentin « Le Cotentin » est née depuis le 1er janvier 2017. La CAC regroupe l’ensemble des EPCI de la Presqu’île (Val de Saire, canton de Saint-Pierre-Eglise, la Saire, Cœur du Cotentin, Vallée de l’Ouve, Douve Divette, Les Pieux, Côte des Isles, région de ), les communes nou- velles (Cherbourg-en-Cotentin et ), soit 150 communes représentant 181 897 habitants. Certaines intercommunalités se sont transformées en commune nouvelle offrant semble-t-il des perspectives intéressantes aux communes qui se regroupent ainsi. La création d'une commune nouvelle à la dimension de la Côte-des-Isles n’a pas été possible faute de consensus. Des projets à plus petite échelle, autour de Portbail, de Barneville et un autre soutenu par le syndicat scolaire de l’école des 7 lieux, ont eux aussi capoté ; la commune du Mesnil a dit « non » et préféré la politique du « chacun dans son coin » ! Cependant, la commune nouvelle Port-sur-Mer est crée depuis le 1er janvier 2019 par la fusion des communes de Portbail, Denneville et Saint-Lô-d’Ourville. Les communes voisines de Barneville-Carteret n’ont pas souhaité se joindre à cette dernière. Et pourtant, la création d’une commune nouvelle à l’échelle de la CC Côte des Isles aurait très certainement permis de renforcer la capacité d’action de nos petites communes rurales (mutualisation des moyens par exemple) et de disposer d’une influence plus importante au sein de cette énorme intercommunalité. Ainsi la commune de La Haye-d’Ectot qui se présente individuellement à cette nouvelle intercommunalité, re- présente 0.13% de la population total de cette dernière. Le Conseil communautaire de la CAC étant composé de 221 délégués, dont 59 pour Cherbourg-en-Cotentin. Les personnes ou familles liées à la commune et leur histoire • Jourdain de Barneville (XIIe), fils de Guillaume, fonda sous le règne de Henri II le prieuré de la Taille qu’il donna à l’abbaye du Vœu. Il fut un des principaux bienfaiteurs des abbayes de Cherbourg et de Saint-Sauveur- le-Vicomte, à qui il fit, comme cela se pratiquait à la fin du XIIe siècle, beaucoup de donations et de confirma- tions. Il donna aussi l’église Notre-Dame à l’abbaye du Vœu de Cherbourg. Mais ces donations souffrirent de contestations. Si bien que "par acte passé en mars 1293, Robert Bertrand, baron de Bricquebec, donne à l'ab- baye du Vœu, le patronage de l'église Saint-Pierre-du-Rozel avec les droitures et appartenances" Le dit baron donne en même temps, à cette abbaye, les patronages de Mesnil-au-Val et de . A pareille date, c'est un moyen de terminer le litige... L'abbaye de Blanchelande recueillait la plus grande partie des grosses dîmes. • François Le Tellier (1579-1658), baron de La Luthumière, seigneur de la Haye d’Ectot, est lieutenant du Roi des villes et châteaux de Cherbourg et Valognes. Issu d’une vieille famille noble de Normandie, il est le fils aîné d’Antoine le Tellier de La Lutthumière, mort en mars 1619 à La Haye-d’Ectot et de Marthe Basan décédée en 1690. Il sert se témoin, en compagnie de cinq autres gentilshommes, devant le cardinal Jacques Davy du Perron, pour la vie et les mœurs de Pierre de Harcourt, marquis de Beuvron, quand, en 1612, ce dernier est nommé chevalier des ordres du roi. Marié avec haute et puissante dame Charlotte du Bec-Crespin (1581-1663), il aura sept enfants dont Marie- Françoise, épouse d’Henri de Matignon, l’aïeul des princes de Monaco, et François. En 1626, il est qualifié de seigneur et patron de Brix (où il est enterré), , Saint-Martin-le-Bréard, Rau- ville-la-Bigot, , Gatteville, , La Haye-d’Ectot, Saint-Jean et Saint-Georges-de-la-Rivière, et de Varreville, châtelain de Marais-Vernier et de La Roque, capitaine de cent hommes d'armes et gouverneur des villes et château de Cherbourg. Le 18 septembre 1631, il représente sa femme au baptême de la grosse cloche de l'église de Brix nommé Charlotte. En 1636, il est aussi capitaine commandant la compagnie des gendarmes de M. de Matignon, lieute- nant général du roi en Normandie. Il aide son fils François (ci-dessous) à construire le séminaire de Valognes en lui accordant l'usufruit du fief de Saint-Germain-de-Varreville en 1654. Il prit le parti de la Fronde dont les troubles s’expliquent par la pression croissante de la fiscalité royale en vue de faire face aux dépenses de la guerre de Trente Ans, la remise en cause des privilèges des parlementaires parisiens, et la contestation du pouvoir royal qui entend gouverner seul dans le cadre d’une monarchie absolue.

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• François Le Tellier de La Luthumière (1617-1699) est né dans la propriété familiale du manoir de la Cour, à La Haye-d’Ectot. Le berceau de la famille étant le manoir de la Luthu- mière à Brix. Il suit ses études de théologie à Paris et à Rome. Il est ordonné prêtre en juin 1647. Après avoir servi à Rome, comme auditeur, le cardinal Grimaldi, il seconde le curé de Brix. Souhai- tant œuvrer à la Contre-réforme (visant à faire reculer et disparaître le protestantisme), il fonde un séminaire à Valognes en 1654, avec plusieurs amis (Louis Le Bourgeois, Robert Basan, Guillaume Le Fillastre). Son ami Jean Eudes avait ouvert, quatre années auparavant, un séminaire à . L’Evêque de Coutances lui affecte le Manoir-l’Evêque, propriété de l’évêché qui est en très mauvais état. Il consacre sa fortune à cette œuvre, qui connaît rapidement un grand succès. Mais, il va entrer en conflit avec le séminaire de Coutances, et de plus, il va lui être reproché d’être en relation avec certains théologiens de Port-Royal. Accusé de jansénisme, Louis XIV fit fermer le séminaire. Après 1679, resté pratiquement seul, il subit des mesures disciplinaires de la hiérarchie. Dernier du nom, il céda, par testament du 3 février 1696, ses propriétés à sa sœur, Marie-Françoise Le Tellier de La Luthumière, épouse d’Henri Goyon-Matignon de Thorigny (1633-1682), et lègue à sa mort le séminaire et son mobilier aux prêtres de la congrégation de l’Oratoire. Il meurt d’apoplexie dans son séminaire le 15 sep- tembre 1699 où il est inhumé dans le chœur de l’église. Au XVIIIe siècle, le séminaire de Valognes passe sous la direction de la congrégation des eudistes. Aujourd’hui, il abrite le lycée Henri Cornat. (cf. fiche à la découverte d’Yvetot-Bocage). ✓ Catherine-Thérèse de Goyon Matignon-Thorigny (1662-1699), fille de Marie- Françoise de La Luthumière et d’Henri Goyon de Matignon, comte de Thorigny, dame de La Haye-d’Ectot et de Carteret épousa, en septembre 1679, Jean-Baptiste Colbert (1651- 1690), marquis de Seignelay, veuf de Marie-Marguerite de Tourzel décédée en 1678, fils du grand Colbert. A la mort de son père en 1683, Jean-Baptiste Colbert lui succède comme Secrétaire d’Etat de la Marine de Louis XIV, et occupe cette fonction jusqu’à sa mort en 1690, à l’âge de trente-neuf ans des suites d’un cancer généralisé. De cette union naissent cinq fils. « La Marquise de Seignelay et deux Pour rivaliser avec les flottes anglaise et hollandaise, il fit passer la marine royale de dix-huit de ses fils » par vaisseaux et dix galères à 125 vaisseaux et les arsenaux d’Etat sont complètement restruc- Pierre Mi- turés. Il devient ministre d’Etat en 1689. gnard (1691) En 1696, elle épouse en deuxième noces, Charles de Lorraine, comte de Marsan (1648-1708). Elle meurt en couches en décembre 1699. ✓ Roger Langlois, instituteur, et Armand Ferey, agriculteur, sont des résistants du réseau Libération Nord, un des principaux mouvements français de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1940, Armand Ferey et le gendarme Leboisselier, conduisirent trois soldats Sénégalais réfugiés dans le bois de la Taille jusqu’à la plage où une barque était mise à leur disposition par un pêcher ami. Les trois soldats, dont un connaissait la navigation, s’embarquèrent pour la direction de Jersey. Libération Nord est le plus ancien des Mouvements de Résistance. C'est d'abord un journal clandestin, qui apparaît en décembre 1940, puis se transforme en novembre 1941 en un mouvement de résistance. Initié par Christian Pineau et l’équipe du Manifeste des douze, le mouvement rassemblera des résistants, hommes et femmes, socialistes ou apolitiques, syndicalistes, chrétiens ou non, fonctionnaires, de l'ouvrier aux personnalités connues. Par ses origines et son recrute- ment, il va privilégier le développement du syndicalisme clandestin et la contre- propagande à l’égard de l’occupant et du régime pétiniste. A la suite du départ de Christian Pineau à Londres en février 1942, ce dernier obtiendra la reconnaissance du mouvement par le Général de Gaulle. Sur ordre de ce dernier, Libération-Nord étend son champ d'action au renseignement politique et militaire avec la mise sur pied des réseaux "Phalanx" et "Cohors", diriges par Chris- tian Pineau et Jean Cavaillès. Une antenne du mouvement est créée en 1943 au sein de la police prenant le nom de "Police et Patrie". A cette époque, l’action armée deviendra prédominante, et les membres de Libération-Nord seront engagés dans de nombreuses actions de sabotages, dans toute la zone Nord de la France occupée, en particulier en région parisienne et dans la zone P4 (Nièvre, Yonne, Aube). Libération-Nord prendra une part active à la libéra- tion de Paris, avec leur cortège de luttes et d'héroïsme. Libération-Nord sera membre du Conseil de la Résistance crée par Jean Moulin en mai 1943 (CNR)… Le patrimoine (public et privé), lieux et monuments à découvrir, événements… • Eglise Notre-Dame (XIe-XIVe-XVIIIe) L'église est sous le vocable de Notre-Dame. Elle fut donnée, à charge de desserte, par Jourdain de Barneville, fils de Roger, le compagnon du duc Robert en 1097, au prieuré de La Taille qu'il fonda sous la dépendance de l'abbaye du Vœu. L’abbaye du Vœu, près Cherbourg, en avait donc le patronage et elle fut desservie, jusqu’en 1791, par les cha- noines réguliers, prieurs de la Taille.

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Cette petite église, entourée de son cimetière, est située un peu à l’écart des quelques maisons qui forment le plus gros hameau de la commune. Elle retient l’attention par son site, certes, mais aussi par son mobilier et sa statuaire. La pièce maîtresse du mobilier est le retable du maître- autel contenant trois statues, de Saint Sébastien, de Saint Michel, et de la Vierge à l’Enfant, classé au titre d’objet. C’est une œuvre de la seconde moitié du XVIIIe siècle, érigée probablement vers 1770, époque de la construc- tion de la sacristie et du percement de deux portes du chœur. Ce retable, en bois peint et doré, doit être l’œuvre d’un sculpteur de la région. De part et d’autre d’une Vierge que l’Enfant-Jésus s’apprête à couron- ner, on peut voir Saint-Michel brandissant un bouclier et écrasant un Lucifer qui ressemble fort au dragon que terrassa Saint- Germain-d’Ecosse près des fa- laises de Flamanville et de Carte- ret, et un Saint-Sébastien les mains liées à un poteau et trans- percé de cinq flèches. Au croisillon Sud, se trouve une sculpture provenant peut-être de la chapelle du prieuré de la Taille : un petit bas-relief de pierre (XVIe) représentant Sainte-Avoye, enfermée dans une tour, appa- raissant à la fenêtre de sa prison. La Sainte-Vierge, suivie d’un ange portant un cierge, s’apprête à donner la communion à la prisonnière. L’autel de la chapelle Sainte-Avoye fut réalisée entre 1844 et 1850, à la demande du curé Louis Samson Duval, par un sieur Dubost, originaire de la Haye-d’Ectot et résidant alors à Portbail. Le tableau peint à l’huile qui orne la contretable de cet autel fut offert, vers la même époque, par M. Posuel de Verneaux, proprié- taire de l’ancien prieuré de la Taille. Il représente Sainte-Avoye tenant une palme à la main. Cet autel, daté du milieu du XIXe siècle, est encore d’un esprit très XVIIIe siècle. Sainte-Avoye était la patronne de la chapelle du prieuré de la Taille. M. Thomas Lainé, dernier prieur, à son retour d’exil en 1803, lui dédia la chapelle sud de l’église paroissiale… La chapelle du croisillon Nord (sous le clocher) abrite une statue en bois peint de Saint-Siméon-le-Stylite, œuvre locale de la fin du XVIIIe siècle ou du début du siècle suivant. Cette chapelle aurait été autrefois sous le vocable de ce saint. La chaire à prêcher est du XVIIIe siècle avec plusieurs éléments du XIXe. La perque est aujourd’hui disparue, mais le Christ (XVIIIe) a été replacé sur le mur Nord de la nef. A l’intérieur et à l’extérieur de l’église on trouve des pierres tombales de trois prieurs-curés dont celle de Guil- laume de la Tour, prieur de la Taille et curé de La Haye-d’Ectot de 1587 à 1626. Les fonts baptismaux sont du XVIIIe siècle et le couvercle probablement du siècle suivant. • Prieuré de la Taille (XVe-XVIe) Le prieuré de la Taille est un ancien site mo- nastique maintenant bien oublié. Il se situe au pied de la lande de la Haye- d’Ectot et en bordure de la Gerfleur, caché dans la verdure. Les lieux sont solitaires (les prieurs-curés se plaignaient de leur éloignement de l’église paroissiale) et peu nombreux, sans doute, sont les promeneurs que leurs conduisent jusqu’à là ! Le prieuré-cure est fondé au XIIe siècle par Jourdain du Rozel, seigneur de Barneville, qui le donne à l’abbaye du Vœu de Cherbourg. Il dote le prieuré de l'église Saint-Pierre du Rozel. Le bâtiment est remanié au milieu du XVIIe et au XIXe.

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Le logis et à droite l’ancienne chapelle Cet ancien prieuré de la Taille, devenu ferme depuis la Révolution, possède quelques élé- ments d’architecture qui retiennent l’attention… notamment une porte avec linteau orné d’une accolade très pronon- cée, surmontée de deux écus sans armoiries et d’un cadran solaire (fin XVe ou début XVIe).

La chapelle se trouvait au rez-de-chaussée du bâtiment de droite. Elle était dédiée, selon la tradition, à Sainte- Avoye et on y accède par une porte en arc plein cintre. A l’intérieur existent encore, une cheminée, une piscine (crédence) dans la petite fenêtre, et une porte à linteau avec accolade surmontée de trois écus, ce qui indiquerait qu’il existait bien, jadis, des tours recevant l’escalier d’accès à l’étage, détruites lors de travaux de restauration L’escalier, à l’extérieur a été restauré avec des pierres de réemploi provenant de ces anciennes tours.

Tout à côté du prieuré, un colombier ; daté de 1752 (date indiquée sur le linteau de la porte) ouvre son oculus central vers le ciel. Mais probablement construit initialement bien avant. On y dénombre 857 trous (boulins). Il y avait un rapport entre les boulins et la surface sur laquelle le seigneur étendait son pouvoir : environ un 1/2 hectare par niche. Ainsi, le prieuré aurait « régné » sur plus de 400 hectares !? L’élevage de pigeons avait deux avantages principaux : fourniture d’une viande appréciée disponible toute l’année et utilisation des déjections comme engrais.

Au bord de la Gerfleur

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A proximité du prieuré, une source d’eau ferrugineuse a eu son heure de célébrité locale depuis le début du XVIIIe, au moins, jusque vers la fin du siècle suivant. De nombreux ouvrages du XVIIIe siècle en font mention et louent les vertus curatives de ses eaux…renommées de vertu pour divers genres de maladies. On disait à l’époque qu’elle contenait du sulfate et du carbonate de chaux, des muriates de soude et de chaux, de la soude et du fer. Quand le prieuré fut transformé en ferme, la source fut exploitée par les fermiers. Le général comte Jean Le Marois (1776-1836) (cf. fiche à la découverte de Bricquebec) en fut un célèbre client. D’ailleurs, sa famille, originaire de La Haye-d’Ectot, y a séjourné plusieurs semaines de suite dans la belle saison pen- dant plusieurs années. Le fermier d’alors était M. Hal- La source L’étang lot, maire de la commune. La marquise de Flaman- ville, Françoise-Bonaventure de Mauconvenant, épouse du marquis de Flamanville, Jean-Jacques Basan, y vint également prendre des « Eaux de la Taille »

Cette source fut ensuite totalement abandonnée, perdue dans les champs et bois taillis. Bar- bey d’Aurévilly la cite dans son roman « Une vieille maîtresse ». Il y situe un chapitre « La providence qui s’en va » : Hermangarde quittant sa grand-mère pour la première fois… Aujourd’hui, cette partie de la propriété appartient à la SCI La Taille de M. Denis Davy. Ce dernier y a creusé un petit étang, dégageant ainsi cette fameuse source. Au XVIe siècle, la Taille comportait les bâtiments du prieuré, chapelle, colombier, moulin à eau et 640 vergées non fieffées, c'est-à-dire exploitées par les religieux ou leurs fermiers. L’autre partie du domaine fieffée, tenue par les vassaux, s’étendait sur une partie de La Haye-d’Ectot et avait des extensions sur Barneville, Fierville, Les Moitiers-d’Allonne, Carte- ret, Portbail et anciennement Jersey. Comme rappelé plus haut, le prieuré devint ferme après la Révolution. En effet, en mai 1791, le prieuré et toutes ses dépendances, terres incluses, furent vendus au sieur Augustin-Laurent Peyrotte (est-ce le fils, né en 1729, d’Alexis Peyrotte, artiste peintre et dessinateur du Roy ?). Il le revendit à Armand-Jérôme Bignon du Ro- zel (1769-1847), seigneur du Rozel, de , de l’Île Belle à Meulan et d’Hardricourt. En 1866, il appartenait à Pierre-Amédée Posuel de Vernaux (1797-1871), qui avait épousé Claudine-Mélanie Bignon (1805-1863), fille d’Armand-Jérôme Bignon, et petite-fille de Jérôme-Frederic Bignon (bibliothécaire du roi, seigneur du Rozel, Barneville et Graffard). En 1991, La Taille devient la propriété privée d'Amy Swanson Salmon, une artiste cho- régraphe américaine, cofondatrice de l'association « A la Taille-Danseurs à la fin du temps » et directeur artistique du studio Le Regard du Cygne à Paris. L'association « A la Taille-Danseurs à la fin du temps » est l'initiateur du projet à la Taille depuis juin 2004. Un lieu d'expression artistique, d'expositions d'art contemporain et de diffusion de spectacles vivants en milieu rural. Un lieu pluridisciplinaire et interdis- ciplinaire, où se nourrissent et se construisent les différentes personnalités et expé- riences artistiques et où se côtoient plusieurs espaces. Rappelons qu’à proximité de ce site de la Taille, fut projeté l’implantation de 5 éoliennes ; ce projet en gestation depuis 2001, reçu, fin 2010, l’avis défavorable du commissaire enquêteur. • Manoir de la Cour de la Haye (XVIe-XVIIIe) Le manoir de la Cour de la Haye est un vaste en- semble de constructions dont une partie d’anciens bâtiments auraient disparu. On pénètre dans la cour par une grande porte charretière à laquelle est acco- lée une porte piétonne (XVIe). L’actuelle maison d’habitation est une construction qui a été remaniée au XVIIIe (les deux lucarnes à linteau en arc segmentaire). Il y avait jadis, un colombier et une chapelle. La cha- pelle était probablement édifiée sur un terrain nommé, sur le cadastre, le jardin de la chapelle, jouxtant l’enclos du manoir et le jardin potager côté Ouest. L’ancien potager et fruitier est encore clos par une muraille avec une petite tourelle d’angle, qui a sans doute servi de colombier. Ses meurtrières à fusil en forme de trou de serrure, permettaient le tir flanquant sur deux cô- tés de la muraille. L’ancien moulin banal de la seigneurie, nommé moulin de la Porte, existe encore sur la Gerfleur, proche du manoir.

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Le manoir est resté inhabité par ses propriétaires depuis le milieu du XVIIe siècle. Les fermiers successifs ex- ploitaient le domaine non fieffé. Les plus anciens possesseurs connus du fief de La Haye-d’Ectot sont les de La Haye, de la lignée des de La Haye, barons de La Haye-du-Puits. En 1248, Pierre de La Haye, chevalier, est cité comme entretenant deux cierges dans la chapelle de la léprose- rie de Bolleville. Jean de La Haye, dit « le jeune » était seigneur de La Haye-d’Ectot au début du XIVe siècle. Il eut comme héritier Renaud de La Haye qui épousa Jeanne Carbonnel, dame de Plain marais. Leur fille, Per- rette, dame de La Haye-d’Ectot, épousa Guillaume Piquet, seigneur d’Yvetot. Leur fils, Jean Piquet de La Haye (né au XIVe siècle et mort vers 1420), fut seigneur de La Haye-d’Ectot et baron de La Luthumière (Brix). En juillet 1401, Guillaume Le Forestier, vend à « noble Jean de La Haye dit Piquet, écuyer, la part (manoirs, domaines, bois situés lui appartenant aux paroisses de Barneville, Esquetot, Cartrait et ailleurs) qui appartenait à Colette Piquet, sa femme, en fiefs et mouvances que le dit Le Forestier avait acquis à Paris, en 1395 au prix de 300 livres, à charge par ledit Piquet de payer 40 sols de rente et un épervier ou 10 sols au roi, et à Monsieur de Navarre 10 livres de rentes qui furent à la Reine Blanche. » Jean Piquet de La Haye, baron de la Luthumère (Brix), resté fidèle au roi, se vit confisqué de tous ses biens par le roi d’Angleterre Henri V qui les concéda, le 14 avril 1419, à Thomas Burgh de Clauricarde. Thomas II Burgh en hérita et les conserva jusque vers 1450. Jean Piquet étant décédé sans postérité, c’est le fils de sa sœur Colette Piquet qui avait épousé Jean Le Tellier, Guillaume Le Tellier, qui hérita, en 1451, de ces biens. Dès lors, le fief de La Haye-d’Ectot appartiendra à la famille Le Tellier de La Luthumière Le Tellier jusqu’à la fin du XVIIe siècle. En 1508, les Le Tellier furent autorisés à ne plus porter que le nom de La Luthumière et à abandonner leur pa- tronyme de La Tellier. Parmi les de La Luthumières qui se succédèrent ; François de La Luthu- mière né en 1617 à La Haye d’Ectot, qui fut prêtre, fonda en 1654, le séminaire de Valognes ; Sa sœur Marie-Françoise de La Luthumière, née en 1625, riche héritière par la mort de ses frères aînés et l’entrée dans les ordres de son frère François, épousa en 1648, Henri de Matignon, comte de Thorigny, lieutenant du roi en Normandie. Leur fille Charlotte de Matignon (1657-1721) épousa en 1675, son oncle Jacques de Matignon. Leur fils, Jacques-François-Léonor de Matignon L'abbé Le Tellier de Jacques de Goyon (1689-1751), épousa Louise-Hyppolyte Grimaldi, fille d’Antoine Grimaldi, Luthumière de Matigon prince de Monaco. Il prit ainsi le nom de Grimaldi et devint Jacques 1er Grimaldi, prince de Monaco. La sœur de Charlotte, Catherine-Thérèse de Matignon (1662-(1699), dame de La Haye-d’Ectot et de Carteret, épousa en premières noces, en 1679, Jean-Baptiste Colbert de Seignelay, ministre et secrétaire d’état, fils du grand ministre Colbert. Puis en deuxièmes noces, en 1696, Charles de Lorraine, comte de Marsan. Charles-Léonor Colbert, fils de Catherine de Matignon et de Jean- Bap- Portrait du marquis M. Thomas-Auguste tiste Colbert, vendit le fief de La Haye-d’Ectot, en septembre 1720, aux de Seignelay de Matignon sieurs Guillaume et Nicolas Capet. Ces derniers revendirent le fief, dix ans plus tard, en 1730, à Marie-Thomas- Auguste de Matignon (1684-1766), baron de Bricquebec et Gacé. Le fief de La Haye-d’Ectot resta dans cette famille jusqu’à Anne-Louise-Caroline de Goyon de Matignon (1774-1846), comtesse de Gacé, dame de Bric- quebec, qui fut le dernier seigneur de La Haye-d’Ectot. Délaissé depuis plusieurs années – une carte postale du début du XXe siècle montre qu’à cette époque le ma- noir était déjà en mauvais état – il est acquis en 1997 par l’ancienne Communauté de Communes de Barneville- Carteret, le projet était d’y créer un pôle promotionnel de l’artisanat et abriter le siège de la CdC. Mais, faute de moyens, le manoir fut revendu aux enchères, en 2007, à un acquéreur privé. • Manoir des Essarts (XVIe-XVIIe)

Jadis, le domaine couvrait une superficie de 205 vergées (41 ha) sur la Haye-d’Ectot et 80 vergées (16 ha) sur Saint-Georges-de-la- Rivière. Il y avait un colombier, une chapelle, un étang et une avenue d’accès. Les deux arcades en anse de panier de l’ancienne charreterie sont supportées par des piliers avec chapiteaux massifs aux angles adoucis. Le mur de pignon et le mur goutte- reau côté cour comportent une série de trous de boulins pour abriter les pigeons. Un escalier extérieur permet d’accéder au grenier.

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L’angle de la charreterie et du logis est flanqué d’une tourelle. L’angle de la charreterie Le domaine des Essarts a appartenu à la famille Beaugendre, sieurs de et du logis est flanqué Saint-Georges-de-la-Rivière et seigneurs de Saussey. d’une tourelle Pierre de Beaugendre, fils de François de Beaugendre et de Marie de Sainte-Mère-Eglise, sieur de Saint-Georges-de-la-Rivière, posséda la fief- ferme de Carteret (1553-1580). Marié avec Gillette Simon, il n’eut à priori, qu’un enfant, Jean. Jean de Beaugendre, sieur de Saint-Georges-de-la-Rivière, se maria avec Jacqueline d’. Ils eurent plusieurs enfants, dont Jacques de Beau- gendre devenu sieur de Saint-Georges-de-la-Rivière. Il se maria avec Made- leine de Lallier, dont Pierre et Julien. Pierre de Beaugendre épousa, en juin 1682, Marie-Suzanne de la Haye, et eurent deux fils dont l’un décéda à 20 ans et l’autre à 3 ans, et 4 filles. Julien de Beaugendre (1658-1718), devint sieur de Saint-Georges-de-la- Rivière après le décès de son frère aîné Pierre. De son mariage avec Gabrielle Jeanne Guillermets, sont issus, Pierre-François, Alexis, Jeanne Julienne… Pierre-François de Beaugendre (1675-1742), sieur de Saint-Georges-de-la-Rivière, se maria en janvier 1716, en premières noces avec Gabrielle-Charlotte Jourdaine d’Auxais du Breuil (1694-1717) dont est issue Marie- Julienne-Jourdaine-Léonore Beaugendre, dame des Essarts, qui épousa Jacques Vauquelin, écuyer, seigneur du Désert et du Tourp. Et en deuxièmes noces, le 7 mai 1719 à Fierville-les-Mines, Jeanne-Françoise Pigache de Hautmanoir (1679-1764). Alexis de Beaugendre (1666-1715), sieur des Essarts, épousa le 21 juin 1706 à Carentan, Gabrielle- Guillemette-Françoise de Vauquelin. De ce mariage sont issus : Marie-Gabrielle-Julienne de Beaugendre qui devint en juillet 1724, l’épouse de Louis-Joseph-Marguerye, seigneur de la Motte d’ ; Jeanne-Pétronille de Beaugendre (1711-1738) qui épousa le 11 avril 1736 à Ste-Suzanne-en-Bauptois (Prétot-Ste-Suzanne), Pierre de Pierrepont, écuyer, officier à la première compagnie des mousquetaires, chavalier de Saint-Louis (cf. à la découverte de St-Nicolas-de-Pierrepont) ; et Julien-Gabriel-François de Beaugendre ; Catherine-Françoise- Gabrielle de Beaugendre, tous deux probablement décédés jeunes. Le partage de la succession de Julien de Beaugendre (1658-1718), en mars 1725, se fit entre son fils aîné Pierre-François de Beaugendre (1675-1742) et sa petite-fille Marie-Gabrielle-Julienne (dite Bonne de Beau- gendre), fille d’Alexis, épouse de Louis-Joseph Marguerye. En 1789, le domaine des Essarts appartenait à la famille Vauquelin, et aujourd’hui à la famille Sanger (James Sanger). • Ferme de la Devougerie (XVIIIe)

La ferme de la Devougerie a conservé son caractère ancien. La maison manale est constituée de deux « ménages ». Au-dessus de la porte de la maison, une plaque porte en relief une inscription rappelant qu’elle fut bâtie, en 1755, par Pierre Devouge (1717-1769), prêtre. Le « C. SON FRERE » étant certainement son frère aîné, Charles-François-Guy Devouges (1724- 1760), né et décédé à La Haye-d’Ectot, et avait épousé, en novembre 1756, Jacqueline Devouges. De même à Saint-Jean-de-la-Rivière, dans le hameau De Vouges, la maison de la famille de Vouges (autre branche Devouges) est également restée intacte. Une plaque gravée au-dessus de la porte indique que la demeure a été construite en 1722 par maître Julien Devouges, capitaine de St Jean de la Rivière, puis réédifiée en 1780-84 par son petit-fils Julien Philippe De- vouges. Plusieurs membres de cette famille sont nés ou se sont mariés à Saint-Jean-de-la-Rivière, mais aussi à La Haye-d’Ectot, où certains habitaient la ferme de la Devougerie.

Jacqueline Devouges qui épousa en 1756 Charles-François-Guy Devouges, est la fille de Julien Devouges, né à La Haye-d’Ectot, fils de Pierre Devouges (né en 1638 et décédé en 1714 à St-Jean-de-la-Rivière, greffier de l’amirauté, notaire royal), et de Marie-Madeleine Vautier née à St-Germain-le-Gaillard. Leur mariage eut lieu à St-Jean-de-la-Rivière le 23 février 1729. Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / décembre 2020) A la découverte de LA HAYE D’ECTOT version (2) 9/11

• La Sansonnerie ()

La Sansonnerie est ferme située à la limite de La Haye-d’Ectot et de Saint- Maurice. Les Lefèvre-d’Anneville, branche cadette des Lefèvre de Graffard, y vécurent assez pauvrement du XVe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Leur titre de noblesse fut même contesté et en résultera un procès qui dura plus de vingt ans. En 1564, cette famille exploitait un domaine de 77 vergées (un peu plus de 15 ha) et habitait une simple ferme. Mais un siècle plus tard, elle ne possédait plus qu’une petite maison de bois couverte de paille avec un petit tènement de terre relevant de la seigneurie de La Haye-d’Ectot, la Sansonnerie. L‘ascension sociale des Lefèvre-d’Anneville s’achèvera avec Hyacinthe- Robert-François Lefèvre d’Anneville (1741-1826), né à La Haye-d’Ectot et décédé au manoir de Carteret, qui, par héritage et par rachat, recueillera la succession de Robert-Pierre Le Rossignol de Doublement. Il sera le dernier seigneur de Carteret. Marié avec Julie-Charlotte Picot de Gouberville (1767- 1848), il n’eut que deux filles : Julie-Marie-Hyacinthe, mariée à Charles-Desiré de Beaudrap, postérité Beaudrap donc ; et Joséphine-Amélie, mariée à Hyppolite-Edmond Du Chatel, maire de Carteret, sans postérité. Son grand-père, Robert, sieur d’Anneville Lefèvre, né à La Haye-d’Ectot en octobre 1677, avait épousé Fran- çoise des Aulnays Le Martrier, fille de Guillaume Le Martrier-Tréauville (décédé en 1670), famille notable de Tréauville, et de Suzanne Le Rossignol, noblesse de robe originaire de Portbail et propriétaire du fief de Carte- ret à partir de 1718. Aujourd’hui, la propriété appartient à François Le Véel, sculpteur anima- lier sur bois. Autodidacte, il a commencé par l'observation de ces animaux dans leur milieu naturel, en chassant, arpentant les landes, marais... Les sculp- tures leurs rendent hommage, tentant de percer à jour leur caractère… L'artiste utilise différentes techniques différentes pour traiter le bois. Soit il conserve l'aspect du bois naturel, soit le bois peint, soit "la carbonisation", autre manière d'exalter la matière. Chaque pièce est donc unique. Cours d’eau & ponts o La Gerfleur, rivière côtière, longue de 10.3 km, prend sa source près du lieu- dit Hôtel Tellier à Saint-Pierre-d’Arthéglise, traverse La Haye-d’Ectot, puis entre sur le territoire de Barneville-Carteret pour se jeter dans le havre de Carteret et ainsi former l’estuaire de la Gerfleur. La Gerfleur au lieu-dit La Taille L’estuaire de la Gerfleur est un site naturel et un lieu de traditions. Cette zone est régulièrement l'objet à la fois d'études et, de projets mais aussi de procès souvent enclenchés par les associations de protection de l'environnement pour la sauvegarde du site dans son état naturel. Soumis au balancement des marées, l'estuaire offre des biotopes favorables à différentes espèces animales et végétales. Il comprend un petit hameau à l'architecture typique, le village du Tôt qui a été rendu célèbre par la Mère Denis qui y avait son lavoir et aussi parce que Nicolas Dutot (qui tire son nom du hameau) y a passé son enfance. Lavoirs, Fontaines, Sources, Etangs… Longtemps, la lessive s’est faite au bord de la rivière sur une pierre inclinée ou une simple planche et sans abri. A la fin du XVIIIe siècle, un besoin d’hygiène croissant se fait tenir à cause de la pollution et des épidémies. On construit alors des lavoirs, soit alimentés par un ruisseau, soit par une source (fontaine), en général couvert où les lavandières lavaient le linge. Certains étaient équipés de cheminées pour produire la cendre nécessaire au blanchiment. Le bord du lavoir comportait en le linge essoré avant le retour en général une pierre inclinée. Les brouette vers le lieu de séchage. femmes, à genoux, jetaient le Il fallait trois jours pour laver le linge dans l'eau, le tordaient en le linge et trois passages obligés : pliant plusieurs fois, et le battaient le purgatoire, l’enfer et le para- avec un battoir en bois afin de dis. Le premier jour, trempant l'essorer le plus possible. En gé- dans la lessive, les saletés du néral, une solide barre de bois linge sont décantées comme les horizontale permettait de stocker péchés au purgatoire. Le deuxième jour, le linge est battu et frappé comme les punis en enfer. Le troisième jour, le linge, rincé et es- soré, retrouvera sa pureté originelle comme au paradis. Ainsi, témoins des grands et petits moments de nos villages, les lavoirs évoquent le souvenir d’une époque

Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / décembre 2020) A la découverte de LA HAYE D’ECTOT version (2) 10/11 révolue et rappellent le dur labeur de nos mères et grand-mères. Le lavoir est un lieu éminemment social dans chaque village. C’est l’endroit où les femmes se retrouvaient une fois par semaine et où elles échangeaient les dernières nouvelles du village, voire de la région… Ils font partie du patrimoine culturel de nos hameaux, ils méritent d'être conservés. Sur le site « Lavoirs de la Manche », un seul lavoir est repertorié dans la commune de La haye-d’Ectot, le long de la D323, au lieu-dit La Taille.

Croix de chemin & calvaires, oratoires… Les croix de chemin et calvaires se sont développés depuis le Moyen-âge et sont destinés à christianiser un lieu. De formes, de tailles et de matières variées (tout d’abord en bois, puis en granite, aujourd'hui en fonte, fer forgé ou en ciment), ils agrémentent aussi bien les bourgs et les hameaux que les routes de campagne et sym- bolisent l’acte de foi de la communauté. Elles se multiplient à partir de 1095, date à laquelle le droit d’asile est étendu aux croix de chemins qui ont alors un double rôle de guide (croix de carrefour implantées à la croisée des chemins guidant le voyageur) et de protection et de mémoire (croix mémoriales). Certaines d'entre elles pouvaient être sur la voie des morts : de la maison du défunt à l'église, le convoi funéraire s'arrêtait à toutes les croix pour réciter quelques prières et permettait une pause aux porteurs de la bière. Elles servaient également de limite administrative, par exemple pour délimiter les zones habitables d’un bourg devant payer cer- taines taxes… D’autres croix ont été érigées à la suite d’une initiative privée, sou- vent par une famille aisée qui voulait à la fois affirmer sa foi et pro- téger les siens. Croix de cimetière

On peut distinguer ce type de croix des pré- cédentes car on y gravait le nom de la fa- mille commanditaire. Parfois, on y trouvait même un blason. L'oratoire constitue davantage qu'un lieu de culte ; c'est aussi un lieu de remerciement et d'offrande avec l'espoir en retour de la pro- tection du saint auquel il est dévoué… En travaillant dans les champs, les paysans ! pouvaient y venir se recueillir auprès d'un saint patron et s'adonner à une prière sans pour autant se rendre à l'église. C'est une manière de confier au Seigneur le travail des champs et la future récolte. Croix de la Taille (XVIIe) Croix Guesdon

Communes limitrophes & Plans

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Randonner à La Haye d’Ectot • Topoguide de randonnées de la Côte-des-Isles Les itinéraires de randonnée sont regroupés dans ce topoguide illustré et commenté. Il comprend 15 circuits de randonnées, dont une dizaine pour les randonneurs pédestres, notamment le circuit n°4 « Balade champêtre au cœur du bocage », 10 km au départ de l’église de La Haye-d'Ectot.

• Ou tout autre circuit à la discrétion de nos guides !

Sources Divers sites internet, notamment Wikimanche, Wikipédia, Généanet, DDay Overlord, 1944 la bataille de Normandie - la mémoire, Notes de la société d’Archéologie et d’histoire de la Manche (le50enligneBIS.fr), Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, Mou- vements de la Résistance de la Manche, Patrimoine Normand, Lavoirs de France, … Ouvrages : ‘’601 communes et lieux de vie de la Manche’’ de René Gautier (2014), ‘’Le canton de Barneville-Carteret-Le patrimoine’’ de Jean Barros, Remerciements à : Madame Amy Swanson (prieuré de la Taille) qui nous a autorisé la visite et traversée de sa propriété.

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