GARCHES Actualité

Paroisse Saint-Louis Bimestriel N° 343 Dé f e n d s l a v é r i t é , l a d o u c e u r , l a j u s t i c e Avril - Mai 2010 Psaume 45 1,50 €

Je suis chrétien une heure le dimanche... ça suffit, non ?

L’édito

Quand vous recevrez ce numéro de Garches Actualité, les fêtes de Pâques viendront tout juste de s’achever. Celui qui s’adresse à vous à travers cet édito était le bel inconnu du journal : mais il est bien présent à vous tous, surtout quand il est auprès de ceux et de celles qui, justement, font leurs « Pâques » ! (Je suis auprès de personnes malades, âgées ou handicapées).

Pâques, cela veut dire «passage» : passage de la mort à la vie, passage aussi du moins bon au meilleur. Je ne veux pas faire ici de haute théo- logie, mais pour moi, ce n’est pas le «passage» de la mort physique à la vie éternelle, mais le passage de bien des «morts» à la vie plus que possible. Chacun de nous peut ressentir ce que cela signifie concrètement, même si ces passages ne sont pas toujours faciles et aisés. 3 Pendant 40 jours, Jésus ressuscité va rester discrètement avec ses apôtres pour leur apprendre à être eux-mêmes ces « passeurs » de la mort à la vie. À eux, comme à nous, il nous apprend à nous dispenser de lui : il sera présent mais sans s’imposer.

Le jour de l’Ascension, Jésus nous confie et confie à toute son Église, de continuer l’œuvre qu’il a commencée : «De toutes les nations, faites des disciples».

Et vient le jour de la Pentecôte (50e jour après Pâques). C’est le début de l’Église. Le jour de la Pentecôte, les «dons de l’Esprit Saint » étaient très nombreux. Par notre baptême (et même si nous ne sommes pas baptisés), par les « dons » que nous avons en chacun de nous, nous essayons, à notre niveau, de continuer l’œuvre immense du Christ : l’annonce de l’Évangile et de la Vie.

Bonnes fêtes de Pâques à tous et à chacun !

Père Michel Straub, Vicaire GARCHES 2009 CR:GARCHES 2008 CR 25/05/09 10:30 Page2

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«Le dialogue fécond entre foi et raison ne peut que rendre plus efficace l’œuvre de la charité dans le champ social, et constitue le cadre le plus approprié pour encourager la col- laboration fraternelle entre croyants et non-croyants dans leur commune intention de travailler pour la justice et pour la paix de l’humanité». 5

Encyclique Caritas in Veritate. Benoit XVI

Vie de la paroisse

Pari risqué pour la paroisse : célébrer la Saint Valentin sans tomber dans le cliché. Pari réussi semble-t-il ; de nombreux couples ont assisté à la messe Spéciale Saint Valentin. Une bénédiction individuelle à été proposée pour chacun d’eux. Suivait un diner aux chandelles aux Quatre-Vents, ou dans une salle paroissiale, servi par quelques paroissiens et monsieur le curé soi-même ! Au final, une soirée origi- nale et enrichissante.

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Retour sur la soirée Saint Valentin Saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars, de passage à Garches

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Les paroissiens de Saint-Louis de Garches ont eut l’immense joie d’accueillir dans leur église les reliques du saint Curé d’Ars. Venus nombreux pour vénérer le pa- tron des prêtres, ils ont pu écouter les méditations pro- posées par Monseigneur Gérard Daucourt, et par le Père Bertrand Auville. Lors de la veillée, animée par le groupe Laudate, les fidèles ont pu s’approcher du reliquaire, et prendre un temps de prière personnel pour rendre grâce à Dieu pour le don des prêtres. 8 In memoriam

Chère Catherine,

les nombreux messages d’amitié que vous avez suscités montrent que ceux qui vous ont connue ont apprécié votre immense discrétion, laquelle domine et enrichit toutes vos autres qualités. Car la discrétion ne fait pas de bruit : elle est effacement d’écoute amicale tout en portant loin un élan de si- lence invisible.

Toute votre vie fut bruissante de ce silence intérieur qui ren- dit votre humilité si efficace mais aussi chaleureuse et pleine de joie. Pour tout cela, merci ! Merci aussi pour ce cocktail d’intel- ligence et de dévouement quand vous étiez aux commandes de Garches Actualité.

Il y aurait bien sûr d’autres qualités à évoquer et beaucoup de souvenirs à raconter. Mais nous privilégions ce silence intérieur qui vous habite et nous fait signe. Et puis, il nous permet de 9 vous offrir, en hommage amical, un petit texte extrait d’un livre sur la sagesse qui s’inspire de la règle bénédictine, silencieuse, ô combien !

Ce texte vous ressemble, il est très beau :

« Toutes les formes de silence ont comme aboutissement, com- me fin, le silence intérieur, ce chemin privilégié au pays de Dieu. Quand s’épuisent insensiblement les vagues successives des émotions, des souvenirs, des regrets, des désirs, quand s’apai- sent le ballet de notre imaginaire, la danse folle de nos pensées, quand s’éteignent une à une les lumières, et disparaissent les formes, quand de nos épaules glisse le manteau des illusions, des vanités, quand nous nous retrouvons seul et nu dans le ciel vide et bleu, alors Dieu surgit. Nous vivons l’éblouissement, la douceur de l’amour absolu. Alors nous comprenons la nécessité de l’esprit de silence. »

Nous le garderons pour mémoire, comme support de méditation, avec vous, Catherine.

Dominique VALETON Jean-Marc CHANEL Rencontre avec une paroissienne de Garches Portrait de Janine Laborde.

Il paraît que vous avez des choses à raconter sur le pèlerinage que vous avez effectué à Lourdes ? Tel a commencé mon entretien avec Janine. «Oui, je ne comprends pas pourquoi les personnes valides ne se mélangent pas aux malades, surtout à Lourdes ». Bigre !

puisqu’elle l’a fait ?

Handicapée depuis l’âge de 20 ans (elle « J’ai rencontré une femme amputée des quatre en a 60), Janine est aussi souriante qu’elle est ré- membres. Je me suis dit que j’avais de la chance voltée, pugnace, décidée, qu’ouverte aux autres. de disposer de ma main gauche et j’ai senti que je devais faire le grand saut ». Voilà donc une seconde En pleine scolarité, une opération provoque des lé- piste. Faire attention à plus faible que soi permet sions irréversibles. Privée de la parole pendant 10 d’oublier sa révolte. ans, Janine a perdu définitivement l’usage de ses jambes et d’un bras. Comment ne pas être révolté Nous devons aussi écarter de nous le pessimis- quand le malheur frappe ? La réponse est simple. me et le découragement, le plus vite possible. La révolte est vaine sans volonté de se changer « Ils sont l’œuvre du malin ». Janine a toujours re- 10 soi-même, et sans l’aide de Dieu et des autres. fusé d’être exclue de la communauté des valides, «Je veux bousculer la vie. On vit au milieu des allant même jusqu’à contester les prescriptions, re- autres, et on est comme on est ». commandations, pour ne pas dire oukases, de ceux À aucun moment, Janine n’a accusé Dieu, mais elle qui veulent l’en exclure. avoue avoir parfois du mal avec les autres. Il faut Mais tout le monde n’a pas sa pugnacité, et c’est donc aller plus loin, car il serait trop facile de loger peut-être là que le bât blesse. Les gens qui se dé- les handicapés dans le clan des bonnes victimes et tournent du handicapé ne sont-ils pas victimes de les valides dans celui des mauvais bourreaux. cette peur ? Ne nous sommes-nous pas tous re- Janine en convient, et fait preuve d’une grande trouvés peu ou prou dans la situation de Janine, ouverture. « Sans mon accident, je n’aurais certai- victimes du regard des autres ? N’avons-nous pas nement pas prêté à l’autre l’attention que je lui ré- tous, à l’inverse, ignoré l’autre, trop éloigné de nous clame aujourd’hui ». Convenons avec elle que nous par son physique ou son caractère ? ne sommes pas tous mauvais, et que nos peurs nous paralysent face à la différence. «Osez demander de l’aide, humblement », sug- gère-t-elle en guise de réponse, nous donnant une De la différence à l’indifférence, il n’y a qu’un dernière piste. pas que nous franchissons sans en rendre compte, à nous-mêmes et à Dieu, bref, sans état d’âme. Que Je voudrais en ajouter une ultime. Un peu d’hu- peut-on faire pour inverser les choses et passer de mour ne fait pas de mal. « Quand on me regarde bi- l’indifférence à l’acceptation de la différence ? zarrement, j’ai envie de répondre : Regardez bien ! Ne trouvez-vous pas que c’est plutôt le fauteuil sur Voici quelques pistes de réflexion, lequel je suis assise qui est bizarre ? » qu’elle nous livre. Nous avons ri ensemble, nous confortant du han- « Je n’ai jamais perdu la foi, et je sais que nous dicap de l’autre et je peux vous assurer que nous sommes tous enfants de Dieu ». Voilà une pre- avons passé un bon moment. mière piste. Nous pouvons la suivre dans la prière et la confiance. Pourquoi ne le ferions-nous pas Thierry Oudinet Dossier / Je suis chrétien une heure le dimanche...

«Être chrétien une heure le dimanche, c’est déjà pas si mal», grommelleront certains. Peut-être. Peut mieux faire ! Nous ressemblons trop souvent aux trois disciples de Jésus, qui, témoins de la Transfiguration, préfèrent planter leurs tentes et rester entre eux, plutôt que parcourir le monde pour partager la Bonne Nouvelle. Rassurons-nous, la Pentecôte a fait de ces mêmes disciples des apôtres 11 chevronnés, annonçant la foi au risque de leur vie… Et si nous suivions leur exemple ?

Dans notre société française, la discours du président des États-Unis : « God save foi relève du privé, voire de l’intime. Il est incongru America ». de faire mention de sa foi hors les cénacles confes- sionnels. S’il est un sujet tabou dans le monde de Face à ces deux pratiques radicalement opposées, l’entreprise, c’est bien souvent celui de la foi ; s’il que nous dit la théologie ? est un sujet que l’on tait en famille, au risque de se fâcher, c’est encore celui de la foi ; s’il est une thé- Si nous croyons au Christ, comment pourrions- matique piège pour les hommes politiques, c’est nous ne pas annoncer le Christ ? Il est impensa- toujours celle de la foi : le plus souvent, ils ne s’y ble d’imaginer que ce que nous savons bon pour risquent guère. Pour justifier cette couardise : la nous (la foi en Jésus-Christ) ne le serait pas pour sacro-sainte laïcité, vue sous son angle le plus ob- les autres. Par ailleurs, le Christ est explicite dans tus. En voulez-vous un exemple : il n’est qu’à se rap- les consignes qu’il donne aux apôtres : « de tou- peler la polémique autour des racines chrétiennes tes les nations faites des disciples ». Les chrétiens de l’Europe dont la véracité historique n’a pas suffi ont pour mission de proposer la foi aux hommes à en permettre la mention dans le préambule de la de leur temps. Le Christ est pour tous, sinon il ne constitution, par volonté explicite des élites politi- serait pas ! ques françaises. Nous sommes loin, en France, fille aînée de l’Église, d’avoir sur nos billets de banque P. Bertrand Auville, la mention « In God we trust » et à la fin de chaque Curé. Dossier / Je suis chrétien une heure le dimanche... Transmission de la foi et famille : un couple irréconciliable ?

«Il m’arrive de penser à la longue chaîne de personnes sans laquelle la Bonne Nouvelle ne serait pas venue jusqu’à nous.»

Réflexions d’un père

Il m’arrive parfois de penser à la longue chaîne de personnes sans lesquelles la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ne serait pas venue jusqu’à nous, hommes et femmes du vingt-et-unième siècle... Martyrs des premiers temps, prêtres, religieux, laïcs, chargés de famille qui, au cours de leur existence, ont contribué à transmettre aux générations suivantes la foi des apôtres dans le Christ ressuscité. En serais-je ? Serai-je capable de transmettre autour de moi ce qui fait le coeur du message chrétien : aimés de Dieu, nous sommes appelés par son 12 Esprit, avec son Fils, à nous aimer les uns les autres avant de nous ren- dre ensemble à la Maison du Père ? Pourrai-je témoigner à mon tour, par mes actes, que cet amour reçu de Lui me fait et nous fait avancer sur le chemin du partage et du pardon ?

Témoignage d’une mère

Il me semble que nous transmettons notre foi à nos enfants comme nous transmettons nos gènes, notre langue, notre culture... c’est-à-dire que, pour l’essentiel, cela se fait à travers nous, mais un peu à notre insu. Certes, il y a des décisions, comme celle d’inscrire nos rejetons au catéchisme, puis à l’aumônerie pour qu’ils y reçoivent, dans «Au fond, au un cadre plus large que celui de la cellule familiale, les fondements de la foi chrétienne. delà de tout, Il y a des choix, comme celui de participer à la messe du dimanche avec ce qui se trans- eux, ce qui, suivant les âges, la façon dont cela est présenté et leur tempérament personnel peut susciter un vif enthousiasme, ou bien des met ce sont les récriminations... valeurs que Il y a toutes ces questions qu’ils posent et qui nous conduisent à leur nous portons et dire ce que nous croyons, nos convictions profondes, nos propres inter- rogations aussi, dans des moments d’échanges vraiment riches pour que nous vivons chacun. Mais au fond, au delà de tout, ce qui se transmet, ce sont les vraiment.» valeurs que nous portons et que nous vivons vraiment. Nul n’est mieux placé que nos enfants pour repérer si nous faisons ce que nous disons et si notre vie est en accord avec notre foi en Jésus.

René & Michèle THOMAS Réflexions d’un grand-père Le temps des petits-enfants Transmettre, est-ce une préoccupation légitime ? Le rôle des grands-parents est presque plus facile : Réflexion de jeunes profs à Valence, qui, à l’époque , on est moins sur leur dos, on n’est pas « en charge » avait provoqué notre stupéfaction : « Mais les en- immédiate et en même temps on est très proche fants ne nous l’ont pas demandé… ». de ses petits-enfants. Les grands-parents partici- Mais si, bien sûr : la foi se transmet et il y a peu de pent, même de loin, à la transmission du flambeau. chances de la voir débarquer toute seule en para- Réaffirmer aux parents souvent surmenés, l’im- chute. On apprend bien les Maths et vingt autres portance du sujet. Suggérer aux petits-enfants que choses et l’on n’aurait pas le droit d’apprendre la l’expérience d’une vie se résume à ce message es- Foi ? On transmet ses traditions et son patrimoine sentiel. Ils le comprendront plus tard… Si Dieu le 13 et on négligerait de transmettre l’essentiel ? veut. Question : «Grand-mère : pourquoi vas-tu deux fois La Foi est un don de Dieu, mais « Dieu a besoin des à la messe ce dimanche ? » — «Chéri, c’est pour hommes » (Henri Queffelec). La transmettre, c’est ceux qui n’y vont pas… ». Ces paroles sont restées plus sérieux que de donner un cachet d’aspirine. gravées en moi, depuis 60 ans. Merci grand-mère. Dans toutes les religions et à toutes les époques, Une bonne idée : abonner les siens à « Prions en on a essayé de transmettre sa Foi à ses enfants – Église» dès qu’ils atteignent un âge suffisant. Leur avec des hauts et des bas. Il s’agit du geste le plus parler aussi des sacrements, participer avec eux important d’une vie : transmettre la Foi, après aux cérémonies familiales : baptêmes, première avoir transmis la vie. Le reste… ce sont un peu des communion, profession de foi. zakouskis. « La lumière n’est pas faite pour être mise sous le boisseau ». Un souvenir : « Chère famille, demain la messe est à 10h30 », silence total, pas de réactions. « La mes- On ne gave pas les enfants comme des oies, nous le se est dans une heure » pas de réactions, silence savons. Avec eux, on entreprend un long chemine- (gêné ?). Nous pensons nous retrouver à deux seu- ment : la parole, le silence, l’écoute, le catéchisme, lement entre cheveux blancs à l’église du coin et l’exemple si possible. Il faut demander à Dieu son puis des ombres se faufilent une par une – avec à aide, il ne s’agit pas forcément d’un long fleuve peine de retard - et viennent nous rejoindre… tranquille… Il y a des hauts et des bas, il faut être patients et confiants. Il y a des moments d’échec, L’essentiel, ce n’est pas la pratique ou la récitation au moins apparents… de formules. Ce qui compte en final, c’est l’amour de Dieu et l’amour des autres, mais nous ne som- Il ne faut pas hésiter à créer des automatismes et mes pas de purs esprits. La vie est longue, il faut des disciplines de vie : l’homme a besoin de structu- des bases et des structures. Mieux vaut commen- res, encore plus à notre époque où tout est permis. cer jeune. Puis, avec confiance, on voit ses enfants, un par un, s’engager dans la haute mer de la vie… Olivier de KERVENOAEL Dossier / Je suis chrétien une heure le dimanche... Pilier de bar, pilier de paroisse

Gabrielle a 20 ans. Étudiante en design de mode à Paris, elle évolue depuis plusieurs années dans le milieu artis- tique. Gabrielle rentre tard tous les samedis soir, mais ne rate la messe du dimanche pour rien au monde : Gabrielle est catholique.

Les crucifix ont depuis longtemps aban- C’est faux. La religion a toute sa place dans les donné les murs des classes, et le moins qu’on discussions ! Je suis dans une école laïque, mais puisse dire, c’est que la banquette du bar n’a rien à paradoxalement, les étudiants sont plutôt intrigués voir avec le prie-Dieu. Face aux plaisirs babyloniens par les croyants. Passées les premières moque- d’une vie étudiante, le jeune catholique n’a pas tou- ries, et les tests en tout genre, viennent les vraies jours la vie facile. D’un côté, la jeunesse insolente, questions. Celles qui sont existentielles, et que tout de l’autre le catholicisme sage. Comment trouver étudiant se pose. Petit à petit, j’ai vu des gens de la sérénité entre les week-end d’intégration, et les ma classe venir me parler à part, pour me parler de 14 week-end scouts ? leur vie, de leurs questions, leurs problèmes… Des Catho isolé, catho en danger ? Pas toujours. La gé- relations privilégiées se nouent, et un vrai rapport nération Jean-Paul II relève la tête, et choisit sa foi de confiance et de respect s’établit. sans complexe. Les groupes de prières fleurissent à chaque printemps, et les pèlerinages étudiants ont « passées les premières toujours un franc succès. Paray-le-Monial a tou- moqueries, viennent les jours la côte, et les messes des jeunes remplissent les églises. Pour preuve, venez assister un jour à la vraies questions messe de 18h, le dimanche soir, à Garches… Comment venez-vous à parler de votre foi ? Cela vient assez naturellement. Je ne suis pas vrai- GA : Gabrielle, bonjour, vous êtes jeune, à la ment du genre à aborder les gens en leur disant mode, c’est le cas de le dire, et catholique. Est- « Dieu t’aime ». Certains font çà très facilement, ce que c’est courant ? et proclament haut et fort leur foi. Je suis plutôt Gabrielle : C’est vrai que la plupart de mes amis discrète là-dessus, mais je réponds sans détour aux sont surpris de savoir que je suis catho, et prati- questions qu’on peut me poser. Et allez savoir pour- quante. C’est surtout le « pratiquant » qui les si- quoi, les questions arrivent très vite ! Peut-être dère. Croire en Dieu, pourquoi pas, pour eux c’est à cause de mon comportement différent, ou de comme une opinion politique, ou une fascination mes opinions sur certains sujets. Bref, je me fais pour Bouddha. Mais savoir que je vais à la messe vite repérer comme catho ! tous les dimanches, ça, ils ne comprennent pas. Pour eux, les églises sont remplies de personnes Que voulez-vous dire par âgées, ou de gens très coincés. J’essaye de leur un comportement différent ? montrer le contraire ! Quand on est catholique convaincue et pratiquan- te, notre vie n’a pas grand-chose à voir avec celle On dit souvent que la religion est un sujet tabou, des jeunes de notre âge. Je vais à la messe tous les ignoré chez les jeunes, et encore plus à l’école dimanches, et essaye d’avoir une relative unité de ou à l’université… vie. Par unité de vie, je veux dire que je ne mène pas Dossier / Je suis chrétien une heure le dimanche... «Aujourd’hui, il faut que je demeure chez toi.» dit Jésus à Zachée.

« Quand les non-croyants me testent, ils me permet- tent sans le savoir de me faire avancer. »

Apres quelques années à New York, ville la vie étudiante à la « sex, drug and rock’n’roll ». Je qui ne laisse pas toujours beaucoup de place au spi- suis plutôt sociale, sors souvent, mais je me sens rituel, nous cherchions un moyen de vivre notre foi souvent en décalage quand des filles de mon âge tous les jours et pas seulement le dimanche. Nous parlent de leur conquête d’un soir, ou de leurs soi- avons, grâce à des amis, découvert le parcours Za- rées débridées… chée. Il s’agit d’un programme de formation destiné aux Se sentir en décalage entraîne parfois un sen- chrétiens qui désirent faire l’unité entre leur vie de timent de solitude. Comment faites-vous pour foi et leur vie quotidienne. Il a été crée dans le ca- tenir bon ? dre de la Communauté de l’Emmanuel et s’appuie 15 Ce n’est pas toujours très évident. On se dit par- sur la doctrine sociale de l’Eglise Catholique. fois qu’on se prive de tout, et peut-être pour rien ! Ce parcours spirituel a pour objectif de trouver, On se demande si on a vraiment raison d’être ca- dans notre quotidien, les moyens de notre sancti- tho… On se pose de vraies questions sur notre foi, fication. parfois douloureuses. Mais ça nous fait avancer, on passe d’une foi d’enfant à une foi d’adulte. En fait, il Le parcours se compose de thèmes tels que : Ac- y a quelque chose de l’ordre du donnant-donnant. teurs de la création, l’usage juste de notre proprié- Quand les non-croyants me testent ou me posent té ou encore l’autorité. Chaque thème est abordé des questions, ils me permettent sans le savoir de sur un mois. Cela commence par un enseignement me faire avancer… Le plus important pour rester que l’on met en pratique durant les 15 jours qui sui- « solide », c’est de pouvoir se ressourcer ! vent grâce à des exercices. On se retrouve ensuite en petit groupe (une dizaine de personnes) pour Et comment peut-on se ressourcer ? échanger sur ce qui a été vécu : ses expériences, En trouvant des joies profondes dans l’Église. Par ses questions, ce que l’on a appris. Enfin, les 15 exemple, je ne manque pour rien au monde la derniers jours permettent d’approfondir le thème messe des jeunes du dimanche soir, à Garches ! à travers des exercices plus orientés vers la prière J’y retrouve des jeunes cathos, et la messe est su- et la méditation. perbe ! Enfin, chaque année, je passe une semaine à Paray-le-Monial avec des amis, et ça me permet Ce parcours est d’une très grande richesse et de me ressourcer pour l’année… C’est vraiment un s’adresse à tous : jeunes professionnels, actifs de moment où on sent que notre vie est « entière », plus longue date, femmes au foyer... Il nous a per- où tout est lié par notre foi : amitié, foi, famille. En mis de porter un regard nouveau sur notre vie pro- fait, le plus important, c’est d’éprouver cette joie fessionnelle et familiale et nous aide à les vivre en profonde: la joie d’une vie qui a du sens, et la joie cohérence avec notre foi. de l’amour du Christ. Pour plus d’informations : Propos recueillis par la rédaction. www.parcourszachee.com Dossier / Je suis chrétien une heure le dimanche... Business humanum est… perseverare diabolicum ? (Le monde des affaires est humain, mais y persévérer est-il diabolique ?)

Pour un chrétien, il n’y a pas de « business is business » (les affaires sont les affaires) ; en tous cas, tant que cette expression voudra dire que le succès de l’entreprise passe avant le respect de valeurs morales.

Le monde de l’entreprise est exigeant. que la vie en entreprise peut être une expérience Les objectifs fixés à chacun sont très élevés, on spirituelle positive et enrichissante. Mais n’est-ce encourage volontiers la compétition entre collabo- pas là où l’espoir a disparu qu’il appartient au chré- rateurs, et la concurrence ne fait pas de cadeau. tien de le faire renaître ? Certains pourraient être tentés de prendre des L’appel se fait entendre à deux niveaux : celui de raccourcis avec la morale pour arriver plus vite nos relations humaines au quotidien, et celui de à ce qu’ils désirent : un nouveau marché, une pro- la stratégie de l’entreprise. Tout le monde n’a pas motion, une augmentation, etc. Ce sont parfois des d’influence directe sur cette dernière, mais tout le fraudes graves : corruption, conflit d’intérêt, abus monde peut donner le meilleur de lui-même dans de bien social, etc. Mais le plus souvent de légères son rapport aux autres. 16 entorses à la règle, dont l’accumulation, cependant, rend malsain l’air de l’entreprise. Prenons l’exemple d’Henri de Castries, président du directoire d’AXA, et, selon ses mots, « catholique « Jésus est venu aussi pratiquant et fier de l’être ». Trois vertus l’aident tout particulièrement au quotidien dans son rôle pour le CAC 40. » de décideur : « l’écoute [qui] témoigne du respect de l’autre », « la confiance […] pour créer entre La mission du chrétien en entreprise est claire : les collaborateurs une vraie relation […] où les refuser toute pratique cruelle, lâche, haineuse ou égoïsmes individuels s’effacent devant l’intérêt de vengeresse et témoigner du Christ. Jésus est venu la collectivité », et « le courage [pour lutter] contre aussi pour le CAC 40. cette somme de petites lâchetés où, par peur et manque de confiance, l’on n’ose pas dire la vérité ». Jean-Paul II, dans sa lettre encyclique Centesimus N’oublions pas qu’il y a des milliers de personnes, Annus, le rappelle : « Il semble que, à l’intérieur de dont nous n’entendons pas parler, qui font preuve chaque pays comme dans les rapports internatio- dans leur travail de leur courage, de leur dévoue- naux, le marché libre soit l’instrument le plus ap- ment et de leur amour du prochain. proprié pour répartir les ressources et répondre efficacement aux besoins ». Le système capitaliste est un outil efficace, à mettre au service du Christ. « Plus on a de responsabilités, De même, le travail ne nous donne pas seulement plus l’exemplarité de notre accès au nécessaire pour vivre et à tout le superflu qui adoucit la vie. Bien plus, il permet à chacun, en conduite doit être grande.» s’affrontant à la difficulté, de se dépasser lui-même et de devenir meilleur. Il concourt à l’Humanisation Plus une personne a de responsabilités, plus l’exem- du monde. plarité de sa conduite doit être grande. Un directeur commercial qui pratique allègrement la corruption Pourtant, il est parfois difficile de croire que l’éco- l’encouragera chez tous ses commerciaux. Une di- nomie de marché peut servir le bien commun, et rection, pour qui les employés sont des moins que Le chrétien n’est pas obligé de revêtir une seconde identité pour faire le bien, comme Batman.

rien, aura des employés qui considéreront l’entre- prise comme une planche à billets et qui partiront Pour aller plus loin : à la première occasion. Caritas in Veritate, Il y a bien, comme l’affirme Fred Kofman, consul- encyclique de Benoit XVI, sur la place tant pour de grandes entreprises, un « succès au- du don dans l’économie de marché. delà du succès » à aller chercher. « La bonne nou- velle, c’est que ce succès-là vous est garanti, même Conférences des semeurs d’Espérance : dans un monde où la réussite de votre action vous www.semeurs.org/Comptes-rendus_ échappe » explique-t-il. Il ne s’agit pas de renon- des_confs.htm cer au profit ni au succès, mais de décider que le 17 succès ne va pas primer sur le respect de vraies L’Entreprise consciente. valeurs morales. Cela obligera peut-être à voir des «Comment créer de la valeur sans concurrents moins scrupuleux prendre de l’avance. oublier les valeurs», Fred Kofman, Il y a fort à parier, cependant, que leur création de sur le succès au-delà du succès valeur sur le long terme sera médiocre par rapport et comment faire évoluer le à la nôtre. management des entreprises.

Les deux sources « Il ne s’agit pas de renoncer de la morale et de la religion au profit ni au succès » Henri Bergson, notamment le dernier chapitre « Mystique et Mécanique » sur la nécessité d’une spiritualité Il est donc crucial pour le chrétien, comme pour qui viennent faire vivre notre l’homme de bonne volonté, de créer le consensus appareil industriel. au sein de l’entreprise sur le respect de certaines valeurs, en en démontrant l’intérêt pour l’efficacité Paradoxes, Cardinal Henri de Lubac, de l’entreprise au long cours. à la manière et à la suite de Pascal, une succession de pensées sur la vie C’est en étant le levain dans la pâte, en nous chan- du Chrétien. geant, en changeant les hommes autour de nous que le monde va changer. Comme le dit Michel Traité de la perfection Camdessus, directeur général du FMI de 1987 du Chrétien Cardinal de Richelieu, un livre étonnant à 2000 : « Là où il y a eu des structures du mal, et éclairant sur la manière de vivre sa il faut créer des structures du bien, en s’appuyant piété et sa Foi en accord avec son état. sur cette conviction que le Bien est plus efficace pour le Bien que le Mal l’est pour le Mal. ». Les Caractères, de La Bruyère, quand le spectacle Rémi GUILLOU de la société devient édifiant. Dossier / Je suis chrétien une heure le dimanche... Foi & politique : fais ce que tu ferais pour un frère

Voici le miel d’une intervention de Monseigneur Jean-Louis Bruguès, o.p., secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique, prononcée lors du Conseil pontifical « Justice et paix » en juin 2008. L’intervention avait pour titre : « Politique, hommes politiques, vertu et sainteté ».

L’engagement politique, tel que le conçoit L’intérêt. Nous avons tous le devoir de nous inté- la réflexion chrétienne, repose sur deux convictions. resser à la famille que constitue la communauté politique dont nous sommes les membres. 1/ Il n’y a de pouvoir politique que dans le service. L’ambition est une qualité chrétienne si elle conduit La civilité. Les menus gestes d’incivilité détrui- 18 à concevoir le pouvoir comme un service. Entrer sent à petit feu le tissu social, fait de solidarité et en politique suppose un dépouillement de soi. d’exemplarité.

2/ En politique, ce qui unit doit être plus fort La gratitude. Les hommes politiques ont droit que ce qui divise. Tout arbitrage doit être rendu à la reconnaissance des membres de la commu- en fonction d’un bien supérieur que l’on a appelé nauté. L’intercession en faveur des autorités figure le bien commun. Et le bien commun proposé com- d’ailleurs parmi les plus anciens témoignages de la porte trois éléments essentiels : prière chrétienne. • Le respect de la personne humaine, de sa dignité et des droits qui en découlent. La participation. Le bien commun exige que tous • La défense et la protection du groupe. Une poli- les membres de la communauté participent aux tique qui laisserait le groupe sans défense perdrait choix des représentants et aux décisions. du même coup sa légitimité. • L’accès de tous à la culture du groupe. Chaque Toutes les vertus attachées à l’action politique membre de la communauté doit pouvoir participer, peuvent se résumer à un seul terme : la frater- en fonction de ses efforts et de ses besoins, à la nité. Lorsque le bon roi saint Louis est mort sous décision proprement politique. les murs de Tunis, ses adversaires musulmans sont venus lui rendre un dernier hommage. Selon le chroniqueur de l’époque, l’un d’entre eux « Tout arbitrage doit être se serait même exclamé : « Nous venons de perdre rendu en fonction d’un bien un frère ! ».

supérieur : le bien commun » Extraits recueillis par Bertrand LEBLANC-BARBEDIENNE Nos devoirs envers notre communauté politique sont tout simplement des devoirs d’appartenance familiale, qui appellent l’exercice de plusieurs ver- tus proprement morales : Vie de la cité, religion : une chose à la foi

L’Église a donné au monde la saine délimitation entre le spirituel et le temporel (rendez à César, etc.) ainsi que la notion même de laïcité. Cela n’empêche pas l’espace public d’être imprégné de culture chrétienne. Et les Chrétiens d’agir politiquement selon leur amour du Christ.

Foi et expression du suffrage : enseignement neutre donné hors de toute référen- les points non négociables. ce religieuse. En 2006, Benoît XVI pose trois principes sur les- k quels l’électeur catholique ne doit jamais transiger : Foi de premier magistrat de France • La protection de la vie humaine « La morale laïque risque toujours de s’épuiser ou à toutes ses étapes (du premier moment de sa de se changer en fanatisme quand elle n’est pas conception à sa mort naturelle). adossée à une espérance qui comble l’aspiration à • La famille l’infini. » (comme union entre un homme et une femme, «Dans l’apprentissage de la différence entre le bien fondée sur le mariage). et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer • La protection du droit des parents le curé et le pasteur.» à l’éducation de leurs enfants. « C’est par le baptême de Clovis que la France est 19 Ce sont là non seulement des vérités de foi mais devenue Fille aînée de l‘Eglise. Les faits sont là. » des principes inscrits dans la nature humaine et communs à toute l’humanité. Nicolas Sarkozy (Extraits du discours prononcé au Palais du Latran k (Rome), le jeudi 20 décembre 2007, à l’occasion du- « En chrétien, ou en tant que… » quel le président de la République française a reçu la Selon le grand penseur chrétien Jacques Maritain, prélature de chanoine honoraire de Saint-Jean-de-La- il convient d’opérer une distinction entre l’action tran. (Il est aussi chanoine honoraire de la Cathédrale « en tant que chrétien », qui consiste à l’obéissan- de Saint-Jean de Maurienne, et de la cathédrale d’Em- ce aux rites et aux dogmes de l’Église, et l’action brun, en sa qualité de président de la République). «en chrétien» qui consiste en la mise en œuvre, individuellement, des idées chrétiennes dans des k domaines «temporels», des organisations laïques La destinée des nations européennes où l’Église n’a pas à s’immiscer. S’il est toujours sous la protection de Marie souhaitable d’agir « en chrétien », ne serait-ce que En 1950, Paul M.G. Lévy est premier directeur au par le témoignage de notre propre vie, il est parfois Service de Presse du Conseil de l’Europe. Il connaît utile, pour les besoins de la cause, de revendiquer un employé au service du courrier « très artiste du Christ, tel ou tel ou tel de nos actes. pour peindre et dessiner ». Il s’appelle Arsène Heitz. Paul M.G. Lévy lui demande de dessiner un k drapeau pour l’Europe. Arsène Heitz est un chré- Le hic, avec le mot laïc… tien fervent. Il choisit le bleu, couleur de la Vierge Le mot « laïc » est très clairement issu du vocabu- Marie. Il y rajoute les douze étoiles de la médaille laire chrétien. Il a été forgé à partir du grec laos miraculeuse de la rue du Bac. L’adoption officielle (peuple) devenu en latin laïcus. Le terme laïc sert de l’oriflamme européen eut lieu un 8 décembre, d’abord à distinguer le fidèle ordinaire du clerc. Il jour de la Fête de l’Immaculée Conception. semble n’être apparu dans son sens moderne qu’en 1871 dans le journal La Patrie pour caractériser un Extraits recueillis par Bertrand LB Recension Modernité

Je suis partagé entre la colère et l’abattement quand j’entends la haine déployée contre notre Pape, catalogué, au mieux, de « ringard ». Si vous êtes dans mon cas, lisez le livre de Claude Fouquet : « Modernité ».

L’auteur revisite l’Histoire, de l’Antiquité Dieu, mais chacun est indépendant », dit Gélase Ier, à nos jours, et « dresse une étude chronologique Pape, à Anatase Ier, empereur en 492. des avancées et des régressions de la marche vers Ajoutons que dans la parabole des talents, le Christ l’Etat de droit démocratique, libre et affranchi de la encourage également le travail et l’investissement. peur ». On s’attend à voir entrer sur la scène des Le Christ et Moïse, inventeurs du travail, de l’épar- avancées des hommes comme César, Robespierre gne et de la démocratie ! Voilà qui bouleverse des et Napoléon, tant notre école nous en a parlé avec idées reçues ! conviction. Eh bien non ! Claude Fouquet nous en propose d’emblée deux autres : Moïse et le Christ. Le livre foisonne d’exemples qui expliquent ces pro- 20 pos. En voici deux : « Tu ne tueras point ! ». En répondant oui à cette requête proposée par « habeas corpus » (dispose de ton corps). Dieu, Moïse bouleverse les idées de son temps. Cette loi, votée au Parlement britannique en 1679, L’homme de l’Antiquité ne devient un héros que par sous le règne de Charles II, protège l’individu de la force. Il est en lutte perpétuelle avec les dieux décisions arbitraires. Elle a trouvé sa genèse dans dont il se veut l’égal (Ovide, Homère…). L’homme un texte (Carta Magna), écrit par des moines irlan- gagne parfois, mais les dieux se vengent. L’homme dais en 1215. Mais la véritable origine de cette loi se venge à son tour sur son voisin, le tue ou le mène remonte à Gélase 1er, et date donc de 492. en esclavage (César, Néron…). La libération de la femme. Que propose Moïse en échange ? Il accepte de se Sous l’empire romain, elle est exclue des cercles placer sous le regard bienveillant de Dieu. Désen- politiques et intellectuels. Il faudra attendre le combré des luttes avec le divin, l’homme est aussi Moyen Âge, et l’impulsion des monastères, pour libéré des luttes avec son frère. Plus question d’al- qu’elle soit autorisée à jouer un rôle social. ler piller le voisin : il faut se mettre au travail. La monarchie étendra encore ses prérogatives, Travailler à l’édification du Royaume, à son propre avant que la Révolution ne la prive à nouveau des bien et à celui de la communauté : voilà bien la de- droits les plus élémentaires, notamment du droit mande de Moïse. de vote qui vient d’être accordé aux hommes. Lisez les propos haineux de Montesquieu et « Rendez à César ce qui est à César de Rousseau sur la femme, ils sont terrifiants ! et à Dieu ce qui est à Dieu ». Cette injonction ouvre une voie nouvelle de gou- L’Église, conduite par les Papes, nous a apporté vernance appelant les dirigeants à se doter d’un l’hôpital, l’université, la justice, la paix, des écono- contre-pouvoir : cela s’appelle aussi Démocratie. « Il mies florissantes… Vous avez dit « ringard » ? y a deux pouvoirs par lesquels le monde est princi- palement dirigé, l’autorité sacrée du sacerdoce et Thierry OUDINET l’autorité des rois. Ces deux pouvoirs émanent de Humeurs passagères

« Aujourd’hui est sous contrôle, demain itou, mes vacances, ma carrière, ma retraite : sous contrôle !

Jamais à l’abri d’une bonne nouvelle Mes émotions ? »

«Moi tout seul ! » Qui n’a jamais entendu Alléluia ! Non, mon petit bonhomme, non. Pas tout bébé réclamer le droit d’accomplir par lui-même seul. Allez, pleure un bon coup, va. Mouche-toi aus- telle tâche rudimentaire fraîchement apprise ? si. Poüet ! Fier comme Artaban, il ne craint pas de proposer à Eh oui, la désillusion n’est pas aisée. Nous décou- l’admiration de tous l’exploit qu’il croit tenir d’une vrons, à la faveur du besoin dans lequel nous nous majesté précoce sur le monde, quand bien même trouvons soudain, de recourir aux autres, le tribut une couche pleine de ridicule lui colle au popotin. que nous leur devons au titre de toute notre exis- « Tout est sous contrôle » semble nous dire ce pro- tence. Par notre impuissance, nous nous savons totype rose et joufflu. Absolument tout ! Du manie- alors à la merci de notre entourage. Oh, mais c’est ment de la cuiller de Blédine au rototo caverneux qu’ils risqueraient de nous aimer, attention ! Voilà en passant par la galipette bancale… et l’usage de d’ailleurs le seul risque qui nous aura jamais inquié- la forme négative ! Ah oui, que c’est drôle : Il dit non tés. Quelle découverte ! à tout ! Bon, c’est aussi un petit peu énervant à la La loi qui nous obligeait à nager sans cesse, par peur fin. Eh bien, à y regarder de plus près, ce bébé-là, de couler, ignorait ce fait tout simple : nous flot- tellement peu de choses nous distinguent de lui. tons quand les autres nous portent ! Waouh, quelle 21 Sa revendication d’autonomie, le pouvoir qu’il joie, quelle sensation de force invisible éprouve-t- considère dans sa capacité à refuser (et plus on, lorsque nous nous trouvons recueillis dans une tard, à juger), nous en sommes les récipiendaires communauté, à la croisée de toutes les bienveillan- inconscients. ces humaines, emmailloté tel un nouveau-né, dans l’écheveau de mille énergies personnelles. Mais voilà, depuis, nous avons étudié, bâti, vécu. Nous ne sommes pas n’importe qui, quand même ! Oui, regardez bien autour de vous, faites bien Nous réfléchissons, nous avons un avis sur beau- attention, aujourd’hui, et tous les autres jours : coup de choses (un peu trop d’ailleurs), nous vous non plus, vous n’êtes pas à l’abri d’une bonne conduisons notre vie d’une main ferme, comme nouvelle. Que vous le veuillez ou non, quelqu’un notre grosse voiture, et nous ne nous laissons pas va venir vous sauver, et le plus souvent à couvert. raconter de cracs. En un mot, nous sommes jaloux Parfois, il aura peut-être une drôle de bobine, mais de ce que nous plaçons sous le vocable abusif de il sera lui aussi messager de cette bonne nouvelle. liberté. Et si vous faites la somme de toutes les personnes, Aujourd’hui est sous contrôle, demain itou, mes celles que vous connaissez et les autres, qui peu- vacances sont prévues, ma carrière, ma retraite : vent, rien qu’en bougeant un petit doigt, boulever- sous contrôle ! Mes émotions ? Ah mes émotions… ser votre vie, imaginez seulement comme tout peut Alors, en fait, pas exactement sous contrôle, changer en une seconde ! Il suffirait juste que vous mieux : ligotées au sous-sol, au pain sec, à l’eau et disiez oui, de tout cœur, rien qu’à l’idée. De là à ima- sans lumière. C’est qu’on ne pleure pas chez nous, giner que ce soit l’œuvre de Dieu… monsieur, on ne s’ouvre pas sur ses sentiments, ce Vous pouvez encore me dire « non ! ». Allez, je vous serait d’un puéril. On fait essentiellement son de- taquine. Lâchez donc la prise (ça aussi, on vous l’a voir et la gueule (ou le contraire ! ). pourtant répété mille fois quand vous étiez petit).

Pardon, mais voilà qu’arrive alors le jour béni où Bertrand LEBLANC-BARBEDIENNE quelque faille qui s’ouvre nous oblige à désappren- dre cruellement cette mauvaise leçon personnelle. GARCHES 2009 CR:GARCHES 2008 CR 25/05/09 10:30 Page3

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Vous désirez vous marier à l’église. Présentez-vous Obsèques : Marie - Thérèse BEZIAU, au presbytère le 1er ou le 3e samedi du mois de 10h à 12h, Jacques MUTREL, Claude LOIGNON, Claude DECOOL, Odette MORILLEAU, Danielle au moins neuf mois avant la date envisagée. FOURNIER, Alice CRUZEL, Jean TREGUER, Contact presbytère : 01 47 41 01 61 Marc BUGEIA, Catherine de GASQUET, Josette PSCHIKRIL, Jean LEMY, Jacqueline GERMAIN. Pénitence / Réconciliation Directeur de la publication : Bertrand Auville Vous pouvez recevoir ce sacrement : E.mail : [email protected] Rédacteur en chef : Charlotte Reynaud - soit le samedi de 11h à 12h E.mail : [email protected] Conception graphique : Xavier Trannoy - soit après les messes de semaine E.mail : [email protected] - soit sur rendez-vous Imprimeur : imprimerie Chauveau Indica Dépôt légal : avril 2010 Sacrement des malades Prenez contact avec le Père Lwanga au 01 47 01 45 31

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Il nous faut apprendre à voir le mal et la faute comme Dieu les voit,

Cela précisement est difficile.

Car là où nous voyons naturellement une faute à condamner et à punir, Dieu, lui, voit tout d’abord une détresse à secourir.

Eloi Leclerc