La Terre D'emile Zola : Une Epopee Tellurique ?
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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE NORMALE SUPERIEURE DEPARTEMENT DE FORMATION INITIALE LITTERAIRE PARCOURS FORMATION D’ENSEIGNANT DE FRANÇAIS MEMOIRE EN VUE DE L’OBTENTION DU CERTIFICAT D’APTITUDE PEDAGOGIQUE DE L’ECOLE NORMALE (CAPEN) LA TERRE D’EMILE ZOLA : UNE EPOPEE TELLURIQUE ? Présenté par : Nivohanta Marie RAZAFIARISAONA Dirigé par : Mme Sahondra RANAIVOZANANY Maître de conférences UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE NORMALE SUPERIEURE DEPARTEMENT DE FORMATION INITIALE LITTERAIRE PARCOURS FORMATION D’ENSEIGNANT DE FRANÇAIS MEMOIRE EN VUE DE L’OBTENTION DU CERTIFICAT D’APTITUDE PEDAGOGIQUE DE L’ECOLE NORMALE (CAPEN) LA TERRE D’EMILE ZOLA : UNE EPOPEE TELLURIQUE ? Présenté par : Nivohanta Marie RAZAFIARISAONA Membres du jury : - Présidente : Mme Liliane RAMAROSOA, Professeur titulaire. - Juge : M. Rivo RANOELISON, Maître de conférences. - Rapporteur : Mme Sahondra RANAIVOZANANY, Maître de conférences. Date de soutenance : 23 Juin 2015 REMERCIEMENTS La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui je voudrais témoigner toute ma reconnaissance. J’adresse en premier lieu mes remerciements à Dieu qui m’a donné les forces physique et morale pour accomplir ce travail de longue haleine. Ensuite, je tiens à remercier sincèrement le Professeur Sahondra RANAIVOZANANY, le directeur de mon mémoire, pour ses conseils, son accessibilité, sa compréhension et pour le thème très passionnant qu’elle m’a suggéré et qui m’a fait comprendre la phrase célèbre de Senghor : « Instruire ne suffit pas. Il faut faire aimer ». Mes remerciements s’adressent également aux Professeurs Liliane RAMAROSOA et Rivo RANOELISON qui, malgré leurs multiples occupations, ont daigné respectivement de présider le jury et d’évaluer ce mémoire. Je remercie aussi tous les formateurs du parcours FEF sans lesquels je ne parviendrais jamais au terme de mes études, et la promotion Zénith pour sa collaboration et les bons moments que nous nous sommes partagés, qui ont rendu plus supportables ces longues années de dur labeur. Je n’oublie pas ma famille, plus particulièrement, mon père, pour le soutien matériel et moral qu’elle m’a apporté. Qu’elle puisse trouver dans ce travail la récompense des efforts qu’elle a fournis tout au long de mon cursus. Enfin, merci à Jo dont une seule phrase a suffi pour m’encourager à terminer ce mémoire dans le meilleur délai. NOTE LIMINAIRE L’édition de La Terre que nous utilisons dans ce mémoire est Garnier Flammarion 1973. Nous l’abrégeons par LT. INTRODUCTION GENERALE La littérature, longtemps réservée à la peinture des mœurs de la haute société depuis l’époque classique jusqu’au romantisme, s’est progressivement ouverte aux classes moyenne et inférieure à l’époque réaliste. Ainsi, Balzac, le père de ce mouvement, ouvre-t-il la voie au peuple de la campagne dans la littérature. Avant lui, cette race n’y apparaissait qu’occasionnellement, sinon timidement, et ce, dans les genres mineurs comme les confessions, les mémoires et quelques morceaux détachés. Mais il a été le premier à l’avoir introduite dans le roman. Les romans ayant comme sujet la vie rurale portent alors le nom générique de « romans champêtres » et se distinguent de ce que Paul VERNOIS appelle « roman rustique » et qu’il définit comme « roman qui s’inscrit dans le cadre exclusif de la campagne et dont les protagonistes essentiels sont des paysans »1. Toujours selon lui, un vrai roman rustique se doit d’attacher ses personnages au travail des champs, le seul critère qui puisse définir leur condition de vie et à partir duquel toute compréhension de la classe paysanne peut s’effectuer. Nous allons donc nous baser sur ces caractéristiques du roman rustique pour retracer son évolution. Parmi les quatre œuvres champêtres balzaciennes, Les Paysans, le plus célèbre, retient le plus notre attention. Cet ouvrage n’a, réellement de « paysan » que son titre. En effet, l’auteur y raconte, selon les mots qu’il place dans la bouche d’un de ses personnages, la guerre entre ceux qui n’ont rien et ceux qui ont tout2, c’est-à-dire, entre les paysans et les grands propriétaires. Mais une autre guerre se trouve en réalité au fond de cette première : celle de la bourgeoisie de province qui se sert des paysans pour ruiner le grand propriétaire. Si tel est le projet de Balzac, rien ne nous étonne qu’il mêle plusieurs bourgeois à ses ruraux. Cet ouvrage ne répond donc pas à la définition du roman rustique donnée par Vernois. En plus, le romancier se rend compte que la race paysanne est, à cette époque, victime de l’exploitation capitaliste et détournée de ses aspirations spontanées par la bourgeoisie de province, qui la corrompt, l’abrutit et la pousse contre le grand propriétaire. Le vrai paysan est donc, selon ses conceptions, une « espèce en voie de disparition ». Par conséquent, il détache complètement ses personnages du travail des champs et met en scène des paysans abrutis, passant tout leur temps à comploter contre le détenteur de la terre. Là encore, le roman balzacien s’éloigne du genre rustique. Le point de vue de Rudolf ZELLWEGER résume les caractéristiques de 1 Paul VERNOIS, Le Roman rustique de George SAND à Ramuz : ses tendances et son évolution (1866-1925), Nizet, 1962, p 16. 2 Honoré de BALZAC, La Comédie humaine, tome 6, Seuil, 1966, p. 35. 2 l’œuvre champêtre balzacienne : « quoique ce ne soit pas un vrai romancier des champs, le rôle de Balzac dans l’histoire du genre rustique est loin d’être négligeable. Le seul titre de son grand récit Les Paysans [...] a fait beaucoup pour attirer l’attention des contemporains sur les habitants de la campagne. Nous savons aussi que sa façon de les représenter a provoqué la réaction de George SAND ; ainsi il a agi directement sur le développement ultérieur du genre »3. C’est vrai, ayant passé la moitié de sa vie et surtout ses années de jeunesse au fond de la campagne, Sand s’est indignée de la fausseté des représentations que Balzac donne des paysans et lui écrit : « ces êtres vulgaires m’intéressent plus qu’ils ne vous intéressent. Je les grandis, je les idéalise, en sens inverse dans leur laideur ou leur bêtise »4. Elle dote alors ses paysans de meilleurs qualités physiques et morales : la beauté, la force, la vertu, l’intelligence, l’amour du devoir, le désintéressement, etc. Grande continuatrice de la tradition pastorale, Sand base ses intrigues sur une histoire d’amour dont la fin est toujours heureuse. Son principale objectif est, selon ses propres mots, de « détourner la vue et distraire l’imagination en se reportant vers une idée de calme, d’innocence et de rêverie »5. Ses histoires sont donc, contrairement à celles de Balzac, plaisantes et apaisantes. Henri PAJOT lui rend hommage en déclarant : « ses tableaux, aux teintes adoucies, sont malgré cela [son idéalisme], plein de relief, et le charme qu’ils dégagent, séduit et enchante »6. Cependant, tout comme Balzac, elle n’aborde pas la vraie vie des hommes des champs. Les travaux de la terre sont aussi absents dans ses romans. Notamment, la désignation fréquente de Germain, le héros de La Mare au diable, par «le laboureur », semble lui suffire pour assigner à ce personnage la fonction de paysan. En outre, l’idylle l’emporte sur la peinture de la vraie vie paysanne parce que « son intention première est de narrer, selon la formule de Guy ROBERT, une fraîche histoire d’amour qu’elle orne d’un cadre rustique »7. Paul VERNOIS a donc raison de soustraire l’œuvre champêtre sandienne de la catégorie du vrai roman rustique. 3 Rudolf ZELLWEGER Les débuts du roman rustique : Suisse, Allemagne, France (1836-1856), Edition E. Droz, 1941, p 109. 4 Cité par P. VERNOIS, op. cit., p 29. 5 Cité par Rémy PONTON, « Les images de la paysannerie dans le roman rural à la fin du dix-neuvième siècle », Actes de la recherche en sciences sociales, 1977, Vol. XVII, n° 17-18, Le Seuil, p 62. 6 Henri PAJOT, Le paysan dans la littérature française : simple étude, Société d’Editions littéraires, 1896, p.28. 7 Guy Robert, « La Terre » d’Emile Zola. Etude historique et critique, Les Belles Lettres, 1952, p 55. 3 Mais l’année 1887 marque un grand tournant pour le roman rustique. L’entrée en scène de Zola apporte une nouvelle manière d’aborder le thème rustique et comble ce que les œuvres antérieures avaient de lacunaire. Avant d’étudier les innovations qu’il a apportées dans le genre, passons à une brève biographie de l’auteur. Né à Paris le 02 avril 1840 et mort dans cette même ville le 29 septembre 1902, Emile ZOLA est le fils d’un ingénieur vénitien, François ZOLA, et d’une beauceronne, Emilie AUBERT. Son père meurt quand il a sept ans. En 1870, il épouse Alexandrine Meley qui n’est jamais arrivée à lui donner une descendance. Voilà pourquoi il fonde en 1888 un second ménage avec Jeanne ROZEROT qui lui donne deux enfants. De sa longue attente de la progéniture vient son culte de la fécondité que l’on trouve dans plusieurs de ses œuvres, y compris La Terre. Beaucoup, parmi ses biographes, soulignent son attachement au monde rural. En effet, il vivait en Aix-en-Provence jusqu’à ses dix-huit ans et quitte amèrement cet endroit en 1858 pour se rendre à Paris qu’il quitte encore souvent pour des fréquentes excursions à la campagne et pour des vacances au bord de la mer. En 1878, il s’installe à Médan. Ses notes sur La Terre laissent supposer que c’est cette installation au village qui lui inspire ce roman. Quant à ses influences littéraires, il est reconnu pour le rôle qu’il a joué dans le mouvement naturaliste dont il est le théoricien et le chef de file.