n°221 infos janvier-février 2014 édition nationale

Bulletin de la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Infrastructures ferrovIaIres régIonales : faut-Il décentralIser leur gestIon ? Une politique calamiteuse

La situation des transports publics - urbains, départementaux et ferroviaires - n’a jamais été aussi préoccupante qu’aujourd’hui. Le gouvernement accumule en effet les déci- sions qui les fragilisent face à la voiture. Ce constat n’est pas seulement celui de la FNAUT : lors des récentes Journées du Trans- port Public organisées à Bordeaux par le GART (Groupement des autorités organisa- trices de transport) et l’UTP (Union des trans- ports publics et ferroviaires), l’inquiétude des élus gestionnaires des transports et des trans- porteurs sautait aux yeux. Comment, en effet, financer les nouvelles TER en gare du Creusot-Ville (photo : Marc Debrincat) infrastructures de transport si l’Etat réduit de 350 millions d’euros sa dotation à l’AFITF (Agence de financement des infrastructures Les services TER se sont considérablement développés depuis que l’Etat, de transport de France) et, dans le même en 2002, les a transférés aux régions. Mais aujourd’hui leur pérennité n’est temps, la prive du revenu de l’écotaxe poids plus garantie sur les lignes régionales ou interrégionales peu fréquentées, lourds, soit 800 millions par an ? Des lignes la SNCF proposant des transferts sur route et RFF n’ayant pas les moyens ferroviaires vont fermer, ce qui amènera la de régénérer l’infrastructure. La FNAUT suggère donc d’expérimenter non disparition de liaisons régionales et même seulement le libre choix de l’exploitant par la région dans le cadre d’une interrégionales : l’aménagement du territoire délégation de service public, mais aussi un transfert de gestion de l’infras- n’est plus qu’un slogan. Même les TCSP qui tructure à la région. L’objectif est de permettre une réduction des coûts viennent de faire l’objet d’un 3ème appel à de remise à niveau puis d’entretien des lignes concernées, et de favori- projets sont menacés. ser l’implantation d’opérateurs fret de proximité et un partage des coûts Et comment maintenir l’offre de transport d’infrastructure entre services voyageurs et fret. public et la développer, alors que les res- sources provenant du versement transport a FNAUT réfléchit de longue date à un développement rapide des OFP (opé- des entreprises stagnent, que l’Etat réduit l’avenir des lignes régionales à faible rateurs ferroviaires de proximité) pour ses dotations aux collectivités territoriales, et Ltrafic, celles qui typiquement sont la collecte et la distribution capillaires qu’il porte de 7 % à 10 % le taux de TVA sur les parcourues par moins de 10 trains par jour (FNAUT Infos n°188). transports publics, y compris de proximité ? (7 800 km), et que la Cour des Comptes Après celle des services, il est assez natu- L’offre TER est la plus menacée, mais l’élagage veut fermer (FNAUT Infos n°182). rel d’envisager une décentralisation de la de l’offre urbaine et départementale a com- A noter que RFF parle plutôt de « lignes gestion de l’infrastructure allant au-delà mencé discrètement. régionales et interrégionales à trafic des plans rail de certaines régions - Midi- La situation du transport ferroviaire de fret faible » : moins de 14 TER ou 6 trains de Pyrénées, Auvergne, Limousin - et des n’est pas plus brillante que celle des trans- fret par jour, soit 5 500 km. initiatives prises par RFF pour les lignes ports publics : après avoir autorisé, en dé- L’expérience montre que l’avenir de ces dédiées au fret. cembre 2012, la circulation des poids lourds lignes fragiles ne peut être garanti par la Cette possibilité, déjà discutée au sein de 44 tonnes sur 5 essieux et reporté l’éco- SNCF, exploitant en situation de mono- de la FNAUT, est aujourd’hui dans l’air et taxe, l’Etat va réduire de 135 millions d’euros pole qui s’en désintéresse alors qu’il sait a été envisagée par le gouvernement dans sa subvention permettant à RFF d’alléger les être performant lorsqu’il a à traiter des le cadre de « l’acte 3 de la décentralisa- péages exigés pour la circulation des trains de volumes importants de trafic. La FNAUT tion » (voir page 6), mais le projet de loi fret, tout en relançant l’extension du réseau réclame donc leur exploitation en déléga- de décentralisation (FNAUT Infos n°220) autoroutier, ce qui facilitera encore la circula- tion de service public, formule qui permet a finalement été découpé en trois textes et tion des camions. de choisir l’exploitant offrant le meilleur le premier, en cours d’adoption par le Par- Comme pour la sécurité routière, les so- rapport qualité/coût (FNAUT Infos n°208 lement, ignore le sujet des infrastructures, lutions sont connues, mais impopulaires et 213). tout comme le projet de loi sur la gouver- puisqu’elles passent par une réduction des Pour le transport du fret, nécessaire aux nance ferroviaire. avantages fiscaux accordés à la route : on entreprises et permettant de partager les Nous réexaminons ce problème après un verra plus tard... charges d’infrastructure entre les trafics tour d’horizon sur l’exploitation voyageurs Jean Sivardière ❚ voyageurs et fret, la FNAUT souhaite et fret des lignes fragiles.

fnaut-infos n°221 - janvier-février 2014 ❘ 1 des lIgnes mal exploItées... et peu fréquentées Une sous-préfecture isolée Verdun, modeste sous-préfecture de Dossier Un jeu d’enfant Relations interrégionales la Meuse qui compte 18 500 habitants (35 000 dans l’aire urbaine), est « des- Se débarrasser d’une petite ligne régio- Beaucoup de lignes ferroviaires ont des servie » par le TGV Est via la gare de nale est un jeu d’enfant, il suffit de mainte- trafics limités parce que les régions pri- Meuse TGV, située à 25 km et proposant nir une exploitation coûteuse par la SNCF vilégient leur pré carré, c’est-à-dire les 6 trains par jour deux sens confondus, en refusant tout appel à la concurrence, liaisons entre leurs grandes villes et les ainsi que par l’autoroute A4. Aussi la une fréquence médiocre, des horaires ina- petites villes situées à la frontière régio- SNCF, avec le laxisme bienveillant des daptés aux besoins des usagers, et de laisser nale, en négligeant la demande qui est régions Champagne Ardenne et Lor- l’infrastructure se dégrader peu à peu en se importante entre villes principales ou raine, abandonne-t-elle les deux lignes contentant d’un entretien minimum. noeuds de communication situés dans TER qui y subsistent. L’Auvergne en fournit une nouvelle deux régions adjacentes. Le TER Châlons-en-Champagne - confirmation avec la fermeture annoncée Ainsi on trouve beaucoup de liaisons Verdun offrait un service médiocre : de la ligne Laqueuille-Eygurande qui fait TER entre Nantes et la-Roche-sur-Yon, 4 AR en semaine et 2 le week-end. Les disparaître une des deux liaisons interré- et très peu de liaisons entre Nantes et la 3/4 des localités situées sur le tracé gionales Clermont-Limoges. La réussite, Rochelle, ce qui amène certains à préco- n’étaient pas desservies. Le premier de temps à autre, d’une exploitation bien niser la mise à une voie de la section la- TER arrivait à Verdun à 9h46, ce qui conçue montre cependant que cette triste Roche-sur-Yon - la Rochelle. permettait à la SNCF d’éviter d’avoir à évolution n’a rien d’inéluctable. Il existe donc, pour de nombreuses transporter les scolaires et les salariés. lignes, des gains possibles de trafic, sans Des ralentissements pénalisaient l’au- Ofre et fréquentation surcoûts importants grâce à une meilleure torail par rapport aux autocars. productivité du matériel et du personnel, Et alors que certains proposaient de Quand la desserte est lamentable, il ne simplement par une meilleure concerta- faire circuler des TER Reims-Verdun, faut pas s’étonner du peu de fréquenta- tion entre régions. ce qui aurait nécessité la réactiva- tion (on est en droit de penser que c’est La ligne Saumur - la-Roche-sur-Yon tion du raccordement de Saint Hilaire d’ailleurs l’objectif recherché). Prenons est un autre exemple significatif. C’est la au Temple ( 800m de long), RFF avait quelques exemples. seule ligne TER qui n’ait connu aucune répondu par un devis de 16 millions Reims - La Ferté Milon : le trafic est trop hausse notable de trafic depuis la régio- d’euros pour ce chantier, comportant il faible, on ferme la ligne, puis on la réouvre nalisation. Elle a le tort de chevaucher est vrai la suppression d’un passage à en 1981. Mais la remise en service est faite deux régions, en zone rurale, avec une niveau : le prix d’un kilomètre de LGV intelligemment, en rapprochant les points exploitation très réduite en fréquence et pour une voie unique non électrifiée ! d’arrêt des villages, et en mettant en place en tronçons desservis, et limitée essen- Aussi la décision s’est-elle imposée une desserte correcte. C’est aujourd’hui tiellement aux deux extrémités : Chan- d’elle-même : la desserte a été trans- l’une des lignes TER les plus fréquentées tonnay - la-Roche sur-Yon à l’ouest pour férée sur route le 15 décembre 2013. de Champagne-Ardenne. les Pays de la Loire (3 AR/jour, dont En fait, elle l’a été dès la mi-novembre Belfort-Delle : avant sa fermeture, un AR l’un est un peu plus long car il part tôt grâce à une curieuse pénurie de maté- par jour sans arrêts intermédiaires. Consé- le matin - vers 5h 30 ! - du dépôt de riel. quence logique : 6 à 12 voyageurs par train. Thouars en desservant Thouars, Bres- L’offre TER Metz-Verdun est plus four- Or la population riveraine est loin d’être suire,... jusqu’à la Roche sur Yon et nie : 7 à 8 AR en semaine, 2 le samedi, négligeable, et 900 élèves se rendaient à revient le soir), et Bressuire-Saumur à un seul le dimanche. Mais le service Belfort tous les jours en car. l’Est, à l’initiative de la région Poitou- mélange trains (2 AR ) et cars, ces der- Sur la ligne 14 Nancy-Merrey, un point Charentes. niers mettant, de bout en bout, jusqu’à d’arrêt (entre Mirecourt et Vittel) n’était Seul un car journalier assure l’ensemble 40 min de plus que les TER. Des me- même desservi qu’une fois par jour et dans du trajet, mais il ne permet pas de faire naces planent sur sa pérennité, ce qui un seul sens ! un AR dans la journée et n’a pas fait la priverait Verdun de ses derniers trains Comme les élus veulent attendre 2019 preuve de son attractivité. de voyageurs. pour ouvrir les TER à la concurrence (on Comme le demandaient depuis long- Pourtant, les commémorations du critique la SNCF mais on ne fait rien pour temps les FNAUT régionales, une offre centenaire de la première guerre mon- l’aider à réagir), la ligne 14 est morte au- d’été Saumur - la-Roche-sur-Yon - les diale vont s’étaler sur 5 ans et culmine- delà de Pont-Saint-Vincent à cause d’une Sables-d’Olonne a été mise en place les ront en 2016 avec le centenaire de la SNCF incapable de l’exploiter intelli- fins de semaine, sur un crédit européen, bataille de Verdun. Elles vont entrainer gemment, et même de copier sur ceux qui permettant d’aller passer un jour au bord un afflux de visiteurs dans cette ville et savent le faire. de la mer. Elle a rencontré un tel succès ses environs, congestionnant le réseau Les tram-trains de Karlsruhe, ville de (170 voyageurs par train) qu’il a fallu routier, en particulier lors des cérémo- 300 000 habitants jumelle de Nancy, vont doubler l’automoteur X 73 500. nies officielles. Ces circonstances de- très loin dans la campagne et transportent Une modification de l’exploitation du vraient inciter à développer l’offre TER, chaque année 70 millions de voyageurs train (liaison allongée entre villes et pôles et non à la démanteler ! (contre 113 millions de voyageurs pour le de correspondance, abandon d’arrêts De plus, la ligne Châlons-Verdun seul réseau urbain). ruraux, horaires adaptés à une demande passe près du moulin de Valmy, lieu On peut trouver des lignes pour les- bien identifiée, offre conjointe de deux symbolique de la République s’il en quelles une bonne desserte routière est régions, tarification et promotion adap- est. Quant à la ligne Verdun-Metz, elle préférable mais, sur beaucoup d’autres, une tées) a permis cet essai réussi, à trans- quitte la vallée de la Meuse par le tun- desserte ferroviaire intelligente serait de former. Une offre interrégionale perma- nel de Tavannes, site hautement straté- qualité supérieure. La Cour des Comptes nente, démarrant dans l’idéal à Tours gique proche du fort de Vaux. Ces lieux a examiné la question du TER par le petit permettrait de répondre aux besoins et de mémoire méritaient un autre sort bout de la lorgnette, sans véritable analyse de redonner vie à cette ligne menacée par que celui que leur ont réservé RFF, la sur le terrain. l’offre éclatée actuelle. SNCF et la région. Pierre Debano, 51 Epernay ❚ Dominique Romann, FNAUT Pays de la Loire ❚ Frédéric Laugier ❚

2 ❘ fnaut-infos n°221 - janvier-février 2014 Fermetures et réouvertures tours-loches : une lIgne à revItalIser Depuis 1996, 532 km de lignes ont été fer- mées au trafic voyageurs. Ne faire circuler que trois trains allers- Pour sauver la ligne, il faut la confier à un s 1996 Troyes-Saint-Florentin (55 km) retours par jour, dont un qui n’effectue opérateur de proximité autre que la SNCF. s 1996 Bitche-Niederbronn (24 km) qu’un trajet partiel, sur la ligne Tours- Un tel opérateur disposerait d’un matériel s 2000 Berthelming-Sarre-Union (18 km) Loches, est inacceptable. En semaine, spécifique et adapté qui ne circulerait que s 2002 Coulommiers-La Ferté (19 km) pendant 4 h 02, aucun train ne circule en sur cette ligne en faisant des allers-retours s 2006 Saint-Brieuc – Loudéac (49 km) matinée. Il en est de même l’après-midi, toute la journée, il serait alors possible de s 2007 Lapeyrouse-Volvic (57 km) durant 4 h 05. C’est encore pire le week- rouvrir Loches-Châteauroux. L’Allemagne s 2008 Montluçon-Eygurande (93 km) end : aucun train entre le samedi 14 h 14 a ainsi sauvé ou rouvert avec succès des s 2009 Gisors-Serqueux (50 km) et le dimanche 18 h 53 ! lignes comparables. s 2009 Luçay-le-Mâle-Valençay (11 km) Les usagers exigent que les rares trains Bernard Verdier, Association pour le Dvlpt s 2011 Avallon-Autun (87 km) circulent à l’heure, et que les suppressions des Transports collectifs en Touraine (ADTT) ❚ s 2011 Sarreguemines-Bitche (39 km) de trains restent exceptionnelles alors s 2012 Alès-Bessèges (30 km). qu’actuellement elles sont quasiment Pour l’économiste Michel Godet, lochois Les réouvertures sont rares (73 km) : la règle. Dès qu’il manque, à Tours, un d’adoption, « l’accès à Tours est vital pour s 2001 Meyrargues-Pertuis (4 km) conducteur, un contrôleur, un automo- Loches, qui peut soit devenir une banlieue s 2004 St-Germain - Noisy-le-Roi (10 km) teur, ou bien les jours de grève, c’est la résidentielle et cotée de Tours, soit une s 2005 Cannes-Grasse (14 km) ligne de Loches qui est pénalisée : c’est petite ville oubliée et vieillissante comme il s 2010 Bellegarde-La Cluse (28 km, exclu- la solution de facilité pour la SNCF, y en a tant dans l’Indre toute proche ». Il sivement pour le TGV Paris-Genève) puisqu’il y a toujours des autocars dispo- estime impossible d’augmenter le nombre s 2012 Mulhouse-Chalampé (17 km). nibles chez sa filiale Kéolis. de trains sans des travaux lourds, trop coû- La réouverture des lignes suivantes est en Pourtant des améliorations simples teux sans doute car il préconise ensuite le cours ou décidée (202 km) : de l’exploitation sont possibles, par désenclavement de Loches par le contour- s Chartres-Voves (25 km) exemple prolonger le parcours du train nement de Tours (A10 bis)... et le recours s Nantes-Châteaubriant (64 km) de mi-journée jusqu’à Loches, alors qu’il au covoiturage. s Belfort-Delle (21 km) fait son demi-tour à Reignac, ou encore Le sous-préfet Edmond Aïchoun, mieux s Sorgues-Carpentras (17 km) supprimer l’arrêt de Courcay-Tauxigny, inspiré, a fait de l’amélioration de la ligne s Gisors-Serqueux (50 km) très éloigné de ces deux localités. Les Tours-Loches son cheval de bataille : s Oloron-Bedous (25 km). très rares clients pourraient prendre le « Loches doit être mise à 30 min de la préfec- Les efforts pour défendre des lignes mena- train à Cormery. Reporter le trafic sur ture d’Indre-et-Loire ». Il se félicite de ce que cées et obtenir des réouvertures n’ont rien une RD 943 mise à 2 x 2 voies est une la Région souhaite mettre l’accent sur cet axe : d’irréaliste : le réseau n’est pas condamné à fausse bonne idée : pollution, embouteil- « après avoir fermé le palais de justice, si la se réduire inexorablement. lages, aspiration des camions. Le meil- ligne n’était pas une priorité, que deviendrait leur covoiturage reste le train. Loches ? » Des lignes fragilisées es cars de substItutIon peu apprécIés Avec Châlons-en-Champagne - Verdun et d Thionville-Apach, bien des lignes régio- On le sait, les « décrets de coordi- D’autres services de cars se sont maintenus nales ou interrégionales sont aujourd’hui nation » des années 1930 ont renforcé mais la durée des trajets s’est allongée (Bor- fragilisées par les déficiences de l’exploi- l’autocar face au train et facilité, dans les deaux-Lacanau en 2h30 l’été pour 50 km tation SNCF ou par la dégradation pro- décennies suivantes, un démantèlement avec des cars bondés, ou Sarlat-Souillac en noncée de la voie : imprudent du réseau ferré qui maillait 50 min pour 24 km), les services hivernaux s (Clermont-Ferrand)-Laqueuille-Ussel alors finement le territoire français, dans sont difficiles, le transport des bagages volu- s Marvejols-Mende l’indifférence quasi générale de l’opinion, mineux est compliqué, les correspondances s Saint-Pol - Etaples sans la moindre réflexion prospective, sans sont aléatoires ou impossibles (au début des s Ascq-Orchies logique autre que financière (l’autorail le années 2000, le car TER, aujourd’hui dépar- s Abbeville et Abancourt-Le Tréport plus économique revient à 4,50 francs du temental, pour Souillac partait encore 3 min s Morlaix-Roscoff (2 AR/jour) km quand l’autocar revient à 1,50 franc, avant l’arrivée du train à Sarlat alors que s Laon-Hirson disait-on). L‘automobile était pour tous jusqu’en 1980, l’autorail reliait directement s Epinal - Saint-Dié les décideurs la solution d’avenir. Bordeaux, Sarlat, Souillac et Aurillac), les s Nancy-Vittel-Merrey-Culmont On doit reconnaître que certaines lignes tarifications sont hétéroclites. s Andelot - Saint-Claude - Nurieux étaient mal tracées ou difficilement défen- L’autocar souffre de l’absence de coordi- s La Roche sur Yon-Thouars dables, mais de nombreux « déserts ferro- nation entre collectivités. La ligne Château- s Thiers-Boën viaires » (Ardèche en 1973, puis Mayenne, roux-La Châtre, prolongée parfois jusqu’à la s Limoges-Brive par Saint-Yriex Deux-Sèvres, Gers, Hérault, Var) sont « frontière » entre le Centre et l’Auvergne, s Busseau-Aubusson-Felletin (1 AR/jour) maintenant apparus. Et aujourd’hui des n’atteint plus Montluçon. Des doublons ri- s Périgueux-Le Buisson villes moyennes sont isolées du réseau fer- dicules existent entre services routiers régio- s Agen - Siorac en Périgord ré, et des régions entières sont sous-équi- naux et départementaux, par exemple entre s Ligne des Causses (Bédarieux-Millau, pées : l’arrière-pays méditerranéen et sur- Tarbes et Bagnères. Séverac – Saint Chély-d’Apcher) tout tout le Grand Ouest, et même le Sud D’autres liaisons, mieux fréquentées (plus s Ligne des Cévennes Ouest. Or ces régions sont aujourd’hui de 100 000 voyageurs par an), exigent des s Rodez – Séverac-le-Château celles dont la démographie est la plus dy- doublages fréquents en périodes de pointe, s (Carcassonne)-Limoux-Quillan namique... voire un cadencement à 5 ou 10 minutes s Paray-le-Monial - Lozanne Que sont devenus ces « cars SNCF » qui (Albi-Castres, Privas-Valence, Avignon- s Livron-Aspres sur Buech ont « remplacé » les trains ? Carpentras). s Montréjeau-Luchon Beaucoup ont disparu au fil des ans, Manifestement certaines liaisons ne re- s Villefranche-La Tour de Carol pénalisant leurs usagers non-motorisés et lèvent plus de l’autocar mais du train. s Breil-Coni. rejetant les autres sur la route. Guy d’Arripe, FNAUT Aquitaine ❚

fnaut-infos n°221 - janvier-février 2014 ❘ 3 ofp : une chance pour le fret ferrovIaIre RFF et les OFP Grâce aux 16 millions d’euros an- La SNCF a quasiment fait disparaître Fret Service, basé dans la Côte d’Or. Sa nuels qui leur ont été consacrés par le wagon isolé sur l’ensemble du terri- zone de chalandise (céréales, bois, mé- RFF au cours des exercices 2010, 2011 toire sans même avoir suscité ou facilité tallurgie) sera limitée à 150 km, d’où le et 2012, 300 km de lignes capillaires la création d’OFP. Ces OFP se mettent nom d’opérateur ferroviaire territorial fret à voie unique ont déjà été moder- aujourd’hui très lentement en place, (OFT) retenu pour cette entreprise. nisés. Mais RFF va diviser par deux ses car ils se heurtent à de nombreuses Un million de tonnes de fret a été engagements financiers en 2013. Au- difficultés : délivrance trop lente des transporté en un an seulement, un bilan cun montant n’a été annoncé quant autorisations de circulation, absence excellent, dont 50% de trafic repris à la au programme 2014. de marché de locomotives d’occasion, route. C’est la mutualisation des flux A l’heure où les opérateurs de fret mauvaise volonté de la SNCF. La créa- qui a permis d’optimiser la chaîne lo- de proximité (OFP) s’apprêtent à tion d’une dizaine d’OFP est cependant gistique, rendant ainsi l’offre ferroviaire mettre en réseau leurs activités, cette à l’étude ou en cours, en Champagne- plus concurrentielle. décision constitue un frein au report Ardenne, Lorraine, Midi-Pyrénées et Pour l’heure, les deux grandes zones modal. Pourtant, les 8 millions d’euros Grand Ouest. Les OFP existants sont d’activité de Bourgogne Fret Service programmés en 2013 ne représen- très divers. Des OFP, implantés dans sont situées en Bourgogne et en Cham- taient qu’une goutte d’eau comparés des ports (La Rochelle, Saint-Nazaire), pagne du Sud. Au départ des silos aux 2,5 milliards d’euros consacrés à la assurent aussi des trafics sur plusieurs bourguignons, le trafic est acheminé en remise à niveau du réseau ferroviaire. centaines de km et concurrencent di- traction diesel vers le triage de Perrigny Comme l’explique un responsable rectement la SNCF, c’est aussi le cas avant de repartir en traction électrique de RFF, « l’AFITF - Agence de finan- d’OFP implantés en Bourgogne. ou diesel vers l’Est, l’Italie et les ports cement des infrastructures de trans- du Sud dont Fos-sur-Mer. En Cham- port de France - a réduit fortement Une avancée pagne, les céréales sont évacuées vers ses autorisations d’engagements fin l’Est, où elles alimentent notamment 2012, or elle finance à parité avec RFF Jean-Yves Petit, vice-président EELV l’industrie agroalimentaire. le programme de pérennisation à dix de la Région PACA, vient d’annoncer une Au total, 15 trains de 1 800 à 2 000 ans des lignes secondaires à vocation avancée concernant la réouverture de la tonnes sont acheminés par semaine. fret ». ligne Digne - Saint-Auban. Au nombre d’une demi-douzaine, les Il s’agit manifestement d’une des L’Etat et RFF refusant de participer au clients sont Cerevia ainsi que des coo- premières conséquences des reports financement de cette opération estimée à pératives et autres négociants. successifs de la mise en place de l’éco- 98 millions d’euros, qui ne figurera donc L’entreprise envisage de se dévelop- taxe poids lourds, qui devait financer pas au prochain Contrat de Projets Etat- per dans d’autres secteurs : bois ou la modernisation du réseau ferroviaire, Région, la Région PACA va demander à métallurgie. Ces filières présentent dont les lignes capillaires fret. l’Etat le transfert de la gestion de cette de réelles perspectives tant elles ont Le montant qui sera alloué aux ligne à la Régie Régionale des Transports, été délaissées progressivement par les lignes capillaires en 2014 est incertain. qui exploite dorénavant la ligne Nice- opérateurs existants. Il existe aussi des Il dépendra des arbitrages pris dans le Digne et pourrait se charger des travaux potentiels de trafic dans les granulats. cadre du grand plan de modernisation de réfection (avec un devis divisé par 3 !). Ces nouveaux trafics consisteraient en du réseau (GPMR). Mais RFF a aussi Aucune option technique (voie normale, des trains complets ou des coupons de besoin de visibilité sur le développe- voie métrique, 3 files de rails ) n’est pour wagons isolés. ment des OFP. Une hiérarchisation des l’instant privilégiée. Selon François Coart, directeur du besoins de modernisation des lignes Le dossier est sensible car il porte at- développement d’Europorte, « le sys- devra donc être effectuée. teinte au monopole de la SNCF : d’autres tème est ouvert à de nouveaux parte- Le programme en cours concerne collectivités pourraient s’appuyer sur un naires. Nous avons, en effet, plusieurs les lignes Nuits-sous-Ravières/Bricon précédent pour relancer des dossiers de façons de travailler. En tant que com- en Bourgogne, Albi/Puygouzon en réouvertures aujourd’hui bloqués. missionnaire de transport, nous offrons Midi-Pyrénées et Nevers/Arzembouy Frédéric Laugier, sec. général, FNAUT PACA ❚ une solution d’acheminement de point en région Centre. Il a également été à point sur de courtes distances et l’en- décidé d’entamer les travaux de re- Les OFP sont des exploitants mais ils trée au capital pour les clients souhai- mise en état de la seconde partie de peuvent effectuer également la mainte- tant avoir des perspectives à long terme. la ligne Chalandray/Neuville-de-Poi- nance de l’infrastructure (c’est le cas de Nous pouvons aussi faire de Bourgogne tou/Grand-Pont (Poitiers). C’est le CFR). On en revient alors à une ges- Fret Service un OFT multimodal en potentiel de développement du trafic tion intégrée des petites lignes capil- proposant une offre intégrée avec des des céréales qui a motivé la moder- laires. Des OFP pourraient assurer à camions ou par voie fluviale. Cette nisation de ces lignes. Sur la seule faible coût, pour le compte des régions, nouvelle offre pourrait être mise sur section Nevers/Arzembouy, 200 000 des dessertes voyageurs sur des lignes pied avec des partenaires locaux ». tonnes pourraient ainsi être évacuées locales, apportant un service global au Vecteur de report modal, la société au- chaque année. Compte tenu de son secteur rural. Ils additionneraient, pour rait souhaité un peu plus de soutien de coût de l’ordre de 10 millions d’euros, vivre, les subventions TER, celles liées à la part de RFF quant à la remise en état la rénovation de la ligne Collonges/Di- la maintenance du réseau et les contrats du réseau des lignes capillaires. « Il est vonne-les-Bains a seulement été mise privés de fret. regrettable que RFF n’accompagne pas à l’étude. plus ses clients entreprises ferroviaires Une fois modernisées, ces lignes Trafic repris à la route et chargeurs. Ce serait son intérêt, le pourraient faire l’objet d’un entretien réseau capillaire revitalisé dynamisant à par un prestataire gestionnaire d’in- Europorte, filiale de fret ferroviaire son tour le réseau primaire. Une tonne frastructure (PGI). Confirmation a, en d’Eurotunnel, et l’union de coopéra- de kilomètre/train (TKT) transporté effet, été apportée que ce dispositif tives céréalières Cerevia ont créé en sur le réseau secondaire génère, en effet, permettait de réduire les dépenses de novembre 2012 l’opérateur Bourgogne 10 TKT sur le réseau principal ». maintenance de l’ordre de 20 à 30%.

4 ❘ fnaut-infos n°221 - janvier-février 2014 Opinion : comment sauver Petites lignes fret : une présence des infrastructures existantes. Les premiers le fret ferroviaire indispensable tests sont prévus fin 2013 entre les triages de Sibelin et Nîmes. Seuls quelques voies d’évite- Nous reproduisons ci-dessous les En 2011, la DREAL (Direction régionale ment devront être créées. propos de Jean-Pierre Duport et Phi- de l’environnement, de l’aménagement et du Comme on le fait avec deux rames TGV lippe Essig, anciens présidents respecti- logement) de Bourgogne a étudié l’impact de circulant en unité multiple, il s’agit d’accou- vement de RFF et de la SNCF (Les Echos la présence d’une infrastructure de transport pler deux rames fret de 750 m de long remor- du 2 avril 2013). ferroviaire sur un territoire et, plus précisé- quées chacune par une locomotive électrique « Bien des entreprises françaises ment, les conséquences environnementales, BB 37000 d’Alstom. Depuis la locomotive renoncent au ferroviaire. En dix ans, la sociales et économiques d’une disparition du menante, le conducteur assure la télécom- SNCF a réduit de moitié son activité service ferroviaire entre Châtillon-sur-Seine mande de la seconde locomotive, placée en alors que le trafic de la DB croît. Avec et Nuits-sous-Ravières. La DREAL s’est ainsi milieu de rame. Au lieu de deux sillons, le train le succès du TGV puis du TER, la France tournée vers les activités du bois, de la métal- de 1 500 m n’en occupe plus que 1,2. Le gain s’est enfermée dans le tout-voyageurs, lurgie et céréalières afin de voir quelles seraient en consommation énergétique est de 5% par menaçant notre économie d’un handi- les conséquences d’une absence de service fer- tonne transportée. cap logistique. La France est un maillon roviaire pour ces secteurs et, a fortiori, pour le Selon Armand Toubol, coordonnateur du faible de l’Europe du fret ferroviaire. Châtillonnais. En voici les conclusions : projet : « une exploitation commerciale en Le fret est pénalisé par des retards - la disparition « induirait un doublement 2017 est plausible ; plus compétitifs que la techniques. Aujourd’hui encore, on ne des coûts de transports, ce qui amènerait les route, ces trains longs pourraient constituer, à connaît ni la position exacte ni la vi- entreprises à envisager des déplacements terme, entre 5 et 10 % du trafic circulant sur les tesse des trains, ce qui limite les possi- d’activités » ; grands corridors européens ». bilités de gagner en fluidité, en fiabilité - « sur le territoire de Châtillon, la fermeture et en capacité ; le freinage des trains d’une ligne aurait des conséquences impor- est archaïque, 20 secondes s’écoulent tantes sur l’emploi » ; entre la commande de freinage et son - « le report de trafic du fer vers la route amè- activation, ce qui « consomme » plu- nerait un triplement des émissions de CO2 ». sieurs centaines de mètres de voie ; la circulation des trains de fret se réserve Granulats un an et demi à l’avance, ce délai dis- suasif gaspille des circulations réser- Michel Lomberty, Union nationale des pro- vées et in fine non utilisées ; les char- ducteurs de granulats, est clair : « il faut sauver geurs déplorent la non-traçabilité des le transport ferroviaire et le transport fluvial, envois ; l’absence d’attelage automa- aujourd’hui menacés de disparition ». Sur les tique limite la charge des trains et 380 millions de tonnes de granulats produites perpétue des métiers dangereux… On en France, 92% sont transportées par route, pourrait augmenter de près de 75 % la 5% par péniche et 3% par rail. Cela représente capacité du réseau sans infrastructures chaque année 13 millions de camions circulant nouvelles. sur de petites distances (33 km en moyenne). Photo : Marc Debrincat Le rail doit aussi apprendre à aller « Il faut construire des quais de déchargement chercher dans les territoires et les ports le long des voies fluviales, protéger ceux qui Le plan rail de Danone les marchés dispersés d’aujourd’hui. sont menacés par les projets d’urbanisme et Les dessertes terminales et portuaires entretenir les 5 000 km de lignes capillaires, Danone Eaux France (Evian, Volvic, Ba- prennent une importance stratégique. ces petits raccordements que RFF a du mal à doit...) a lancé un plan pour réduire de 40 % D’où la nécessité de créer des acteurs gérer ». Sur les 2 300 carrières de France, seule- entre 2008 et 2012 son empreinte carbone, liée ferroviaires locaux, proches du marché, ment 50 sont raccordées au réseau ferré ! à 51 % aux emballages, à 42 % à la logistique et indépendants, de profil PME, apportant à 7 % à l’énergie utilisée dans les usines. au rail l’esprit d’innovation, la pugna- Du rail à la route « Le choix du rail s’est fait en constatant cité commerciale, l’adaptabilité, le sa- qu’une palette qui voyage en train consomme voir-faire logistique qui lui manquent. Dans le Gers et le Lot-et-Garonne, en dix fois moins de carbone que par la route, et Les lignes capillaires et les installations 2000, les entreprises céréalières chargeaient même 33 fois moins si le train est électrique sur terminales, accès à l’Europe ferroviaire, 70 trains par an, qui empruntaient les lignes l’ensemble du trajet. offrent un champ d’innovation à faible Marmande, Agen-Auch/Agen-Périgueux, En 2008, environ 40 % de nos produits par- coût, délaissé. Il faut stopper leur dispa- Port-Sainte-Marie/Condom, Nérac/Mézin. taient de nos usines en train. Quand l’arrêt du rition aveugle. En 2009, la SNCF a décidé d’arrêter le wagon wagon isolé a été annoncé vers 2006-2007, Ces acteurs de proximité existent isolé (un ou plusieurs wagons et jusqu’à un de- nous avons fait le choix stratégique de conti- en Allemagne et aux USA, où 40% des mi-train). Les entreprises et coopératives ont nuer le ferroviaire mais en repensant complè- recettes ferroviaires proviennent du donc transféré leur trafic sur la route, soit 3 500 tement notre organisation. Au lieu de charger wagon isolé. En France, malgré la résis- camions. A l’initiative du sénateur Raymond des wagons isolés, nous avons chargé des trains tance des forces centralisatrices du rail, Vall (PRG), un plan fret ferroviaire a été initié complets dans nos usines pour les emmener au des opérateurs ferroviaires de proximité par les CCI des deux départements, il intéresse plus près des bassins de consommation, dans (OFP) se sont créés. Ils conçoivent des céréaliers et carriers. toute l’Europe. coopérations ferroviaires inter-territo- Nous avons investi massivement, l’usine riales et montrent que le rail ne souffre Trains longs d’Evian compte 6 km de voies aujourd’hui. pas d’un déficit de demande mais d’un Nous avons construit des entrepôts comme déficit d’offre. Ils attendent un engage- SNCF Geodis, Euro Cargo Rail et T3M à Brétigny, Ambérieu, Duisbourg ou équipé ment clair de l’Etat. Après trois décennies ont déjà fait rouler des trains de 850 m de long. des entrepôts existants pour les embrancher d’immobilisme, le rail doit reconquérir la La création des trains de fret de 1 500 m de fer. Nous avons ainsi éliminé 20 000 ca- confiance des chargeurs. Il faut mettre un long (projet Marathon lancé par la Commis- mions par an de la route et augmenté notre terme à l’échec de multiples annonces et sion Européenne) devrait permettre une ré- part de transport par rail de 40 % en 2008 à plans de relance coûteux. » duction des coûts de 30 % et une optimisation 60 % en 2012. »

fnaut-infos n°221 - janvier-février 2014 ❘ 5 des réseaux ferrés régIonaux ? Des exemples en France La ligne Colombiers-Cazouls les Bé- Dès la fin des années 1990, l’idée a été Aujourd’hui, les régions doivent ziers, propriété du Conseil général de émise au sein de la FNAUT que des col- financer les travaux de rénovation et l’Hérault, est exploitée en fret par la RDT lectivités territoriales puissent racheter à continuer à verser des péages à RFF, ce 13 (régie des Bouches-du-Rhône) qui a RFF des voies ferrées, non structurantes qui fait dire à tort qu’elles doivent payer remplacé récemment la SNCF suite à un au niveau national, pour remettre l’infras- deux fois : une fois la ligne remise en appel d’offres. tructure à niveau, en assurer la mainte- état, il faut en assurer l’entretien. Mais La ligne Saint Dizier-Doulevant le nance et y faire circuler des trains ou des rénovation et entretien sont facturés Château (38 km), sur laquelle la SNCF trams-trains. par RFF à un prix très élevé (SNCF avait supprimé le fret en 1991, est de- Infra qui en est chargée est en position venue propriété de collectivités locales Un projet reporté de monopole), et non au prix réel. Les (Syndicat Mixte des Chemins de Fer projets de réouvertures sont bloqués. de Blaise-et-Der de 1992 à 2012, puis De manière inattendue, une des ver- Or, si une ligne a été correctement ré- Département de la Haute-Marne) : son sions préliminaires du projet de loi de dé- novée, le coût d’entretien est très faible exploitation a été reprise en 1994, sous centralisation (décembre 2012) stipulait (les Chemins de Fer Fribourgeois pra- le statut d’embranchement particulier, que « les régions sont compétentes pour tiquent des RVB tous les 25 ans et des par un exploitant avec 3 salariés ; un créer ou exploiter des infrastructures de bourrages lourds tous les 5 ans : l’entre- trafic annuel de 60 000 tonnes de fret transports non urbains ferrés d’intérêt ré- tien courant se limite à la surveillance lourd en provenance du Bénélux, de la gional ; elles peuvent déléguer la gestion et l’entretien des abords). Moselle et de Paris (soit les 3/4 du tra- de l’infrastructure ». fic de fret de la gare de Saint Dizier) a Une disposition règlait le transfert de Une démarche vertueuse été ramené au rail, les recettes couvrant propriété de RFF à la région et lui don- les dépenses (l’arrêt du wagon-isolé à nait donc la possibilité de prendre la res- D’où l’idée suivante : « régionaliser » Saint-Dizier, sans que l’exploitant ait le ponsabilité directe de l’infrastructure : « l’infrastructure. Ces lignes seraient sor- temps de se transformer en OFP, a ame- un réseau ferroviaire régional peut être ties du réseau ferré national et les ré- né l’arrêt du trafic en 2011). créé et administré sous forme d’un éta- gions en deviendraient propriétaires, ou La ligne Saujon-La Tremblade (21 km), blissement public régional, à la charge de RFF leur en confierait la gestion. Des abandonnée par la SNCF en 1980, a été la région, qui en assure aussi bien l’ex- exemples existent : en Suisse, les lignes reprise de 1984 à 2002 par une associa- ploitation que la maîtrise d’ouvrage. Les principales sont propriété de l’Etat, les tion touristique (train des mouettes), régions seront habilitées à acquérir des lignes secondaires propriétés des can- rachetée par le Conseil général de Cha- lignes. En cas de carence de l’initiative tons ; en Allemagne, des lignes régio- rente Maritime et exploitée par la CFTA, privée, elles pourront mettre en place, par nales sont propriétés de Länder. qui a modernisé les installations, puis conventionnement auprès d’un opérateur En France, les lignes du réseau corse confiée à une association de bénévoles ferroviaire après mise en concurrence, (Ajaccio-Bastia et Ponte Leccia-Calvi) (Trains et Traction). une offre de service d’intérêt général de sont la propriété de la Collectivité Ter- fret ferroviaire : l’opérateur désigné par ritoriale Corse (et de même les routes Analyse des risques la région organisera ainsi la desserte des nationales structurantes sont gérées par installations terminales embranchées de l’Etat, les « petites » routes nationales Quatre risques sont envisageables, la ligne d’intérêt local, pour ensuite ache- ont été transférées aux départements). mais aucun n’est rédhibitoire : miner les trafics sur le réseau ferré natio- Cette décentralisation, en rappro- - le risque d’une disparition de la ligne nal vers des gares relais ou des triages ». chant décideurs régionaux et usagers « régionalisée » (il existe déjà, bien des Pour des raisons que nous ignorons, ce ou entreprises, pourrait avoir les mêmes lignes ont été aliénées ou transformées projet a été reporté (ou éliminé). effets positifs que celle de la gestion des en routes, et une loi pourrait imposer lycées ou de l’exploitation du TER par que l’emprise reste dans le domaine Rompre le cercle vicieux les régions. public ferroviaire) ; On peut en attendre une réduction - le risque d’une dégradation de la Diverses lignes régionales peu utilisées des coûts. En 2011, la section Nice- sécurité (mais les réglementations édic- par des dessertes voyageurs ou fret se sont Plan du Var de la ligne Nice-Digne tées par l’EPSF doivent être adaptées dégradées et, malgré ses efforts, RFF n’a (25km) a fait l’objet d’un renouvelle- aux lignes considérées) ; pas aujourd’hui les moyens d’enrayer ment intégral (rails, traverses et ballast) - le risque de disparition de l’intercon- cette dégradation. pour 25 millions d’euros. La réouver- nexion avec le réseau principal (il existe Les ralentissements qui s’ajoutent à ture d’Avignon-Carpentras (17km), déjà : à Châteaubriant, le tram-train l’offre médiocre de la SNCF rendent le dont les travaux viennent de commen- venant de Nantes ne pourra poursuivre TER moins attractif et font diminuer cer, en coûtera 73, soit 4 fois plus par son trajet vers Rennes pour des raisons la clientèle. Quand la dégradation de km (la suppression de quelques passages techniques de sécurité et de non-élec- l’infrastructure atteint un seuil limite, ni à niveau n’explique pas tout cet écart). trification) ; l’Etat, ni RFF ni la région concernée ne Etant propriétaire ou gestionnaire de - le risque de la disparité entre régions veulent investir pour sauver la ligne sous l’infrastructure, la région pourrait choi- riches et pauvres : la même question a prétexte de sa faible fréquentation et la sir librement l’exploitant TER et facili- été posée pour les routes nationales ligne est fermée au profit du car et/ou du ter l’arrivée d’exploitants fret (desserte lors de leur départementalisation, et camion. Ce schéma bien connu de la spi- capillaire ou transit). Elle attribue- pour l’exploitation du TER lors de la ré- rale du déclin ferroviaire perdure depuis rait les sillons et fixerait le niveau des gionalisation de 2002. Quoi qu’il en soit, des décennies. Plus récemment, la ligne péages. l’essentiel (les 2/3) du réseau classique Alès-Bessèges a été abandonnée alors que Un opérateur régional exploitant à la Intercités d’intérêt national défini par RFF ne demandait que 9 millions d’euros fois du fret et quelques axes secondaires la FNAUT (FNAUT Infos n°180), réseau pour une remise aux normes de la voie. voyageurs serait un atout pour mainte- structurant irriguant le territoire de Le cas de la ligne fret Orléans-Aubigny nir des lignes secondaires et une oppor- manière assez homogène, resterait pro- est analogue (FNAUT Infos n°205). tunité pour en rouvrir d’autres. priété de RFF.

6 ❘ fnaut-infos n°221 - janvier-février 2014 Chronique du rèves développement durable b Le réseau ferré indien transporte 18,5 BrèvesEfet de serre Colère épiscopale millions de personnes chaque jour. Le train reste le principal moyen de trans- Selon la Banque mondiale, le niveau Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, port longue distance dans ce pays de 1,2 actuel des émissions de CO2 pourrait en- dénonce le « manque total de respect » de la milliard d’habitants, dont l’écrasante majo- traîner une hausse de la température de la SNCF envers les usagers, après la suppression rité n’a pas les moyens de prendre l’avion. planète de 4°C par rapport à l’ère préindus- surprise d’un train Paris-Troyes : « je n’accepte Chaque année on recense 300 collisions trielle dès 2060, provoquant des pénuries plus la manière dont on traite les voyageurs ». de trains ou déraillements et 15 000 per- d’eau en Afrique de l’Est, au Moyen-Orient sonnes meurent en traversant les voies, ce et en Asie du Sud, et le développement des Ecotaxe : portique breton agréé que le gouvernement a qualifié de «mas- maladies (malaria, dengue) véhiculées par sacre». En 2010, 28 000 personnes ont au les insectes : « le monde sera tellement dif- total trouvé la mort sur le réseau ferré. férent de celui dans lequel nous vivons qu’il Selon l’OCDE, le trafic aérien de passa- est difficile de le décrire ». gers va doubler en 15 ans et le trafic aérien de fret tripler en 20 ans ; 70 milliards d’eu- Notre-Dame-des-Landes ros par an devraient être investis en aéro- ports dans le monde, entre 2009 et 2015. La revue Aviation et Pilote, pourtant très favorable au développement du trans- Vocabulaire de colloque port aérien, s’oppose fermement au projet Petites gares NDDL : « l’argent public est mal utilisé, Quel que soit le thème du colloque, glis- les politiques refusent le dialogue et font fi L’Office of Rail Regulation a étudié la fréquen- sez une petite digression sur l’aménage- des nouvelles donnes économiques et éco- tation des gares britanniques. La gare Teesside ment du territoire. Exemple : il est urgent logiques sous prétexte d’engagements anté- Airport qui dessert l’aéroport Durham Tees Val- d’envisager les territoires comme des rieurs gravés dans le marbre ». Un ancien ley, situé dans le borough de Darlington au nord- opérateurs de changement, et de les ap- commandant de bord s’insurge : « assez est de l’Angleterre, n’a accueilli que 14 passagers préhender à l’échelle de grands systèmes de balivernes sur la saturation de Nantes- au cours de la saison 2011/2012, soit une baisse spatiaux répondant à des logiques fonc- Atlantique ; lors de l’éruption récente d’un de 4 personnes par rapport à la saison précédente. tionnelles. volcan islandais, le trafic a été multiplié La seconde gare la moins fréquentée est Dorking Terminez sur une question décapante, par 3 pendant plusieurs jours et tout s’est West dans le Surrey avec 16 passagers contre 22. cela atténuera le caractère dogmatique très bien passé ; Genève reçoit 12 millions de votre intervention : pour renouveler de passagers par an sur une piste unique Dacca ou Dakar ? la ville, il faut bien mesurer l’ampleur des comme à Nantes, mais les Suisses vivent en phénomènes de ségrégation résidentielle, démocratie et ne se laissent pas enfumer ; Suite à une erreur d’enregistrement, un de spatial mismatch et de skill mismatch, San Diego gère 18 millions de passagers couple de touristes américains souhaitant se mais faut-il privilégier le mode planifié malgré des contraintes encore plus fortes ». rendre à Dakar par un avion de la compagnie top-down des écoquartiers labellisés, ou Et il conclut : « de droite ou de gauche, les Turkish Airlines s’est retrouvé à Dacca (Ben- bien le mode germinatif bottom-up des décideurs politiques ne sont pas la solution, gladesh), à 11 000 km de sa destination prévue. écoquartiers écocitoyens et écomobiles ? ils sont le problème ». C’est un vrai sujet. Voitures pour célibataires Aéroports inutiles Changement d’heure Les célibataires pourront bientôt disposer Selon Aviation et Pilote, l’avenir des aé- de voitures réservées dans le métro de Prague, En octobre 2013, la Direction de la Sécu- roports secondaires de Bretagne, tous lar- selon la régie municipale des transports : « nous rité routière a attiré l’attention de tous les gement subventionnés par les collectivités voulons montrer que le transport public n’est usagers de la route, et particulièrement territoriales, est menacé par Notre-Dame- pas qu’un moyen de déplacement ». celle des plus vulnérables, sur la nécessité Des-Landes et le TGV : Rennes, Redon, de redoubler de prudence à l’occasion du Lannion, Saint-Brieuc, Dinard. Selon un changement d’heure. journaliste bien informé, « Peugeot n’a plus BIEN DIT Chaque année, au moment des change- besoin de l’aéroport de Rennes ; celui de ments d’heure, on enregistre un pic d’acci- Saint-Brieuc n’est plus utilisé que par la ✓ Jean-Paul Chanteguet, président PS de dentalité et de mortalité dont les piétons fédé de football, il n’a jamais servi à rien ». la commission du développement durable de sont les premières victimes. l’Assemblée nationale : « les particules fines Le saviez-vous ? émanant du diesel contribuent chaque année Un drame méconnu à la mort prématurée de 42 000 personnes ● De 55 milliards de tonnes x km (TK) en France et à l’alourdissement des dépenses Selon l’association ALTRO (voir www.al- en 2000, le fret ferroviaire est passé à 30 de la Sécurité Sociale de 20 à 30 milliards tro.org), « le débat sur le POCL a débouché en 2011. Le trafic a été stabilisé à partir d’euros, les pouvoirs publics ne pourront pas sur le refus par Nevers et Moulins d’une de 2005 grâce aux « nouveaux entrants » : indéfiniment rester inactifs ». amorce de transversalité vers Bordeaux. ECR filiale de la DB, Europorte filiale ✓ , président PS du conseil Un refus pathétique, la technostructure d’Eurotunnel, Colas Rail. Il est aujourd’hui régional d’Aquitaine, en réponse à Gene- leur faisant croire qu’elle les conduirait ir- de 34 milliards de TK dont 7,3 pour les viève Darrieussecq, conseillère centriste qui rémédiablement à n’être qu’un cul-de-sac privés. La part des privés est de 22 %, soit proposait de reporter les crédits prévus pour du POCL comme Montluçon. Mal conseil- 27,4 % avec VFLI, filiale de la SNCF qui la ligne Pau-Canfranc sur la RN 134 : « si lées, ces villes ont ainsi tourné le dos à une est organisée suivant les mêmes principes la région remet le doigt dans les routes, elle ouverture vers le Sud-Ouest et la Péninsule qu’eux. La part modale du rail était de 14 % devra aussi mettre 50 millions sur la rocade ibérique occidentale et se sont fermé l’ac- en 2009, le Grenelle de l’environnement de Bordeaux et autant sur la RN 21, au dé- cès à la Via Atlantica. » prévoyait qu’elle passerait à 25 % en 2022. triment du ferroviaire ».

fnaut-infos n°221 - janvier-février 2014 ❘ 7 nneau des scIences Activités a , a45 : de la FNAUT des projets du passé quI Ignorent le raIl Régions ● Le Jury de Déontologie Publicitaire a don- Le TOP, tronçon ouest du périphérique lyon- L’A45, une deuxième autoroute Lyon-Saint né raison à la FNAUT qui avait déposé une nais, est aujourd’hui appelé AdS, anneau des Etienne, est réclamée par les élus de la Loire : plainte contre une publicité diffusée sur le sciences. Défendu par les élus lyonnais, il a pour selon eux, la récession économique est due à la site internet de Honda France pour les motos objectifs de délester du trafic local la jonction saturation de l’autoroute existante A47. Rap- CB500F : « Jeunes, faites du bruit ». Un dossier entre les autoroutes A6 et A7 qui contourne le pelons que les activités de la vallée du Gier ont très argumenté avait été préparé par Méla- sud ouest de Lyon, et de désengorger les voiries périclité dès 1970 malgré l’ouverture de l’A47 ! nie Vézard, juriste bénévole. de 5 communes en transférant du trafic sur les D’après le Dossier d’Etude Préalable à la ● Bernard Gobitz participe à un groupe de voies convergeant vers 7 échangeurs répartis sur DUP, l’A45 délesterait l’A47 de 30% de son travail sur le transport du fret mis en place son parcours (180 000 véhicules par jour sont trafic mais induirait 27 % de trafic supplémen- par le ministère de l’Ecologie. concernés). taire (en véhicules.km) sur l’aire impactée en ● Jean Sivardière et Jean Lenoir ont été En réduisant les temps de déplacement en 2035 : 40% des usagers du TER reviendraient auditionnés par le député Gilles Savary, rap- voiture, l’AdS provoquerait une hausse du tra- à la voiture et, comme l’AdS, l’A45 contribue- porteur du projet de loi sur la réforme du fic (en véhicules x km), et donc des émissions rait à l’étalement urbain, tout gain de temps système ferroviaire. Une contribution a été polluantes, d’environ 30% car il favoriserait étant réinvesti pour aller plus loin selon la loi remise au sénateur Edmond Hervé sur « les l’étalement périurbain et un retour à « l’instinct bien connue de Zahavi. L’A45 nécessiterait par collectivités territoriales et le rail ». voiture ». ailleurs l’artificialisation de plus de 400 ha de ● Jean Lenoir est intervenu lors d’un débat terres consacrées à l’agriculture de proximité, sur la réforme ferroviaire organisé par l’asso- Projet AdS entraînant un surcroît de transport de denrées ciation TDIE. alimentaires. ● François Jeannin est intervenu lors du Ecully Le temps de parcours Saint Etienne-Lyon colloque organisé au Sénat par l’INC sur Porte de Valvert Echangeur de centre à centre par l’A45, prétendu de 40 « l’ouverture à la concurrence du transport des trois renards min, est irréaliste compte tenu, notamment, de ferroviaire : quels bénéfices pour les consom- l’hyper-saturation de l’A450 qui serait engen- mateurs ? » Tassin - La Demi Lune drée par le trafic induit de l’A45 ; il serait à coup ● Maurice Abeille a participé à un atelier sur Echangeur d’Alaï sûr supérieur au temps de parcours par TER, les stratégies territoriales et la valorisation aujourd’hui de 44 min et améliorable. foncière près des gares TER, organisé à Lyon Or l’alternative ferroviaire est jugée, a priori, par le CERTU. ● Francheville non crédible alors que l’offre actuelle des 110 Jean Sivardière est intervenu sur la tarifi- Ste Foy-Lès-Lyon trains TER par jour est de plus de 60 000 places cation des transports urbains lors des Jour- pour 17 000 voyageurs. Le délestage de l’A47 nées de l’Economie à Lyon. Il a été « grand La Mulatière Tracé AdS Echangeur par l’A45 est estimé à 24 000 voitures par jour témoin » d’un débat sur la tarification de Beaunant Echangeur soit 31 000 voyageurs : ce trafic peut être encais- des transports organisé dans le cadre des A6 / A7 Oullins C Ech. de omplément ferroviair sé par le rail en augmentant la composition ou la 24èmes rencontres nationales du transport Voie ferrée Saint-Fons Ech. de la Saulaie Gare fréquence (actuellement de 15 min) des rames public à Bordeaux. en heure de pointe, ce qui est possible en opti- ● Jean Sivardière et Jean Lenoir ont rencontré e Pierre Bénite Echangeur misant la signalisation et l’infrastructure. Jean-Marc Janaillac, président de l’opérateur des Hôpitaux Les gares de Part-Dieu, Perrache, Oullins Transdev. Ils ont rencontré également Gil- Pour un coût de l’AdS estimé à 2,6 milliards et Jean Macé sont connectées directement au bert Garrel et Henri Bascunana, responsables d’euros, la contribution du Grand Lyon et du réseau urbain de Lyon constitué de plus de 120 de la CGT Cheminots, à propos du projet de Conseil Général du Rhône serait de 125 mil- lignes de métro, tramway et bus (soit un total de réforme ferroviaire et de la concurrence pour lions par an pendant 20 ans pour 235 000 dé- 1 200 km dans un rayon de 20 km). Et l’abon- l’exploitation du TER. placements par jour, alors que leur contribution nement TER + transport urbain est très nette- ● La FNAUT a participé à l’élaboration du pour les transports publics est de 140 millions ment moins cher que la voiture (surtout pour les Palmarès annuel des Mobilités du magazine par an pour 1,4 milliard de déplacements par salariés grâce à la prime transport) ! Ville, Rail et Transports. jour. L’AdS coûterait donc 5 fois plus cher aux Le coût de l’A45 estimé à 1,6 milliard d’euros ● Jean Lenoir et Marc Debrincat ont été consul- collectivités par déplacement que les transports est trois fois supérieur à celui de l’optimisation tés par l’Autorité de la concurrence au sujet publics ! de l’A47 et du TER ! des dessertes interrégionales par autocar. Sur 70 % de son tracé, l’AdS est parallèle à Ainsi l’AdS et l’A45 sont en contradiction to- une ligne de tram-train nord-sud qui pourrait tale avec tous les objectifs de l’Etat et du Grand La FNAUT a le regret d’annoncer le décès être prolongée au sud sur 5 km jusqu’à la gare Lyon (facteur 4,...), dont les décideurs refusent récent de Jean-Paul Guigue, membre de d’Oullins, desservie par la ligne B du métro. avec obstination et dogmatisme d’admettre les son conseil national et président de la Ainsi, avec le pôle multimodal existant de performances économiques et écologiques du FNAUT Bourgogne depuis dix ans. Gorge de Loup, le tram-train serait très bien transport collectif, qui en constitue pourtant une connecté au réseau urbain et au TER. alternative rationnelle et réaliste. Alors que l’AdS ferait converger les voitures Edmond Luca ❚ fnaut infos- Bulletin mensuel d’information vers Lyon par 7 échan- Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°221 geurs situés à moins de 5 Lyon ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. km du centre, les 5 lignes Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers

A72 ferroviaires de l’Ouest Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d lyonnais comportent, Prix au numéro : 2 d dans un rayon de 30 km, Projet A45 Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT 41 gares (et 14 en projet) de votre région, contacter notre permanence : Saint Givors offrant des parcs relais Chamont A7 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris pour les voitures et des Saint tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06 A47 e-mail : [email protected] rabattements par des bus Etienne A47 Rive e de Gier Internet : http://www.fnaut.fr rroviair de cabotage. Ligne fe CCP : 10 752 87 W Paris

8 ❘ fnaut-infos n°221 - janvier-février 2014 Une gestion régionale orum du réseau ferré F La signalisation ForumLe Busway saturé En 1980, année précédant l’ouverture Il en est du transport régional comme de la LGV Paris-Lyon, le trafic était de du transport urbain, seule une fré- Le Busway® de Nantes est un vrai 120 milliards d’unités (58 VK, 62 TK). En quence élevée attire les voyageurs, ce modèle de BHNS en ce qui concerne 2012, il est de 121 milliards d’unités : 111 qui n’est pas le cas des traditionnels l’infrastructure, mais il n’est pas forcé- pour la SNCF (89 VK et 22 TK) et 10 pour 3 allers-retours par jour. ment l’exemple à suivre, tout dépend du les nouveaux opérateurs fret. Il faut donc que les lignes régionales service à rendre. Il aurait fallu construire Ainsi, l’ouverture des 2 000 kilomètres de puissent accepter un nombre de cir- une branche de tramway comme le pré- LGV n’aura pas servi à accroître le niveau culations quotidiennes plus élevé que voyait le projet initial. Mais l’État s’est d’activités du système ferroviaire. Ce qui a celui qui est aujourd’hui autorisé par la désengagé financièrement et le tramway, été gagné en trafic voyageurs a été perdu SNCF sur les lignes à faible trafic. D’où estimé trop cher, a été remplacé par un en trafic fret, suite à l’incapacité récurrente la nécessité d’introduire sur les voies BHNS présenté alors comme une inno- de la SNCF d’offrir un service régulier et uniques non banalisées une signali- vation. fiable à ses clients fret. sation spécifique, plus performante Aujourd’hui le Busway est saturé et il Or l’infrastructure ferrée ne peut s’amor- que la signalisation simplifiée adoptée est très difficile d’en augmenter la capa- tir qu’en développant à la fois les activités par la SNCF (cantonnement télépho- cité : un bus articulé bondé passe toutes voyageurs et fret. C’est ce qui se passe en nique) mais moins coûteuse que celle les 3 min 30, il est prévu de passer à un Allemagne où le trafic de la DB en 2009 qu’elle utilise sur les axes lourds (BAL, peu plus de 2 min en heures de pointe à était de 77 milliards de VK et de 72 mil- BAPR), en adaptant le système de block la rentrée 2013. liards de TK. automatique économique et perfor- Pourtant, malgré le désengagement Aujourd’hui, au sud de Lyon, 3 lignes à mant utilisé par exemple en Suisse sur de l’État, l’agglomération du Mans n’a double voie sont disponibles le long de la toutes les lignes de cette catégorie (voir pas abandonné son projet de tramway, vallée du Rhône : la LGV Méditerranée, la FNAUT Infos n°213). elle a creusé pour trouver rapidement ligne classique de la rive gauche du Rhône une solution et sortir de l’impasse : elle et la ligne classique de la rive droite, dédiée L’exploitant a ainsi réussi à créer le km de tramway au fret et très peu utilisée. Il semble cohérent que les Régions, le moins cher de France, à 20 millions S’il existe bien des goulots d’étrangle- comme les Collectivités urbaines, aient d’euros. C’est maintenant la ville de Be- ment, pour l’essentiel le franchissement des la maîtrise des exploitants des lignes sançon qui est à la tête du palmarès avec principaux noeuds ferroviaires, le réseau qui deviendront de leur responsabilité, 16 millions. ferroviaire français est dramatiquement à charge pour elles de les désigner à Le Busway de Nantes aurait été adapté sous-utilisé et, par suite, il n’est plus capable leur manière et de régler par conven- pour desservir des territoires plus excen- de financer et la régénération du réseau tion les cas de parcours éventuellement trés ou moins denses. Il est devenu une classique et le développement du réseau à communs entre exploitants (y compris épine dans le pied de Nantes Métropole grande vitesse. C’est la véritable Bérésina l’exploitant national). qui cherche des excuses pour le justifier, qui s’est produite dans le fret ferroviaire qui Un exploitant régional pourrait le mettre en avant et ne pas reconnaitre est à l’origine de cette situation. être public (régie) ou privé, ou même une erreur passée : la fréquentation ob- Pierre-Henri Emangard, Mestrans ❚ membre d’une entreprise ressortissant servée à l’époque a été prise en compte, de l’économie sociale et solidaire. Dans mais pas le report modal et la densifica- Prenez le train ! ce dernier cas, il s’agit d’une entreprise tion qui sont intervenus par la suite. gérée conformément à la Loi de 1901, Selon le CERTU, une analyse du On a les trains qu’on mérite. Une large donc à but non lucratif, mais qui n’em- couple coûts/demande est déterminante majorité des Français a accepté, depuis 30 ploie, à tous niveaux, que des person- dans le choix d’un TCSP. Il faut bâtir ans, de sacrifier le train classique au TGV et nels strictement professionnels possé- différents scénarios écoulant le même surtout à la route. dant les compétences requises. trafic, par exemple un BHNS toutes les Prenez le train, nous conseille le minis- 3 min ou un tramway toutes les 5 min. tère de l’Ecologie, mais quels trains ? Une expérimentation Car sur le long terme, les coûts engen- Entre Nantes (600 000 habitants dans Expérimenter une solution régionale drés par la fréquence élevée d’un BHNS l’agglomération, 900 000 dans l’aire ur- innovante est urgent. Il serait judicieux peuvent annuler l’avantage de l’investis- baine) et Bordeaux (850 000 habitants de choisir une ligne régionale, exploitée sement initial. dans l’agglomération, 1 100 000 habitants ou non à ce jour, et isolée le plus pos- Aymeric Gillaizeau, FNAUT Pays de la Loire dans l’aire urbaine), on ne trouvait, au ser- sible de l’actuel réseau national. vice 2013, que 3 trains par jour, le parcours Cette ligne serait exploitée sous Un réseau ferroviaire de bout en bout dure 15 minutes de plus convention avec une Région si pos- sous-utilisé qu’il y a 30 ans. En Allemagne, il y aurait sible par une structure non lucrative, un train par heure. avec pour objectif affiché de produire L’une des raisons essentielles pour Entre Poitiers (250 000 habitants dans un nombre élevé de trains.km dans lesquelles le système ferroviaire français l’aire urbaine) et Tours (480 000 habi- des conditions de sécurité et de per- n’est pas capable de dégager le finan- tants), pas de train entre 9h12 et 13h12. formances en tout état de cause supé- cement de son extension est le niveau Entre Poitiers et Limoges (280 000 habi- rieures à ce qu’offrirait un service routier insuffisant de son activité commerciale. tants), pas de train entre 8h06 et 12h06. sur le même itinéraire, dans un contexte En effet, depuis 1980, 2 000 kilo- Entre Poitiers et Bordeaux, pas de train d’optimisation économique contrôlé en mètres de LGV ont été construits en entre 8h44 et 16h44. Entre Poitiers et La ce qui concerne tous les aspects tech- France, et malgré cela le trafic sur le ré- Rochelle (205 000 habitants), pas de train niques à prendre en compte (person- seau a stagné. Ce niveau est mesuré par entre 8h55 et et 11h55. nels, infrastructures, matériel roulant, la SNCF en additionnant le trafic voya- Faut-il s’étonner que la circulation auto- entretien, commercialisation, systèmes geurs exprimé en voyageurs-kilomètres mobile soit aussi dense quand l’offre ferro- de gestion et d’exploitation,…). (VK) et le trafic marchandises exprimé viaire est aussi lacunaire... ? Gérard Guyon ❚ en tonnes-kilomètres (TK). Bernard Plichard, FNAUT Poitou-Charentes ❚

encart au fnaut-infos n°221 - janvier-février 2014 ❘ 9 Des propos mystérieux Selon Rémy Prud’homme, si l’écotaxe General Motors France est maintenue, « les poulets bretons ne renvoyé en correctionnelle Kalliopi Ango Ela, sénatrice EELV, voyageront plus, ni par la route ni par le l’a affirmé catégoriquement au cours du rail, et ne seront plus produits ». Mais il La persévérance de la FNAUT contre débat de ratification de l’accord intergou- n’explique pas comment une hausse infime le « greenwashing » finit par payer. vernemental sur le projet Lyon-Turin : « si du coût du transport pourrait avoir un ef- Rappelons-nous la publicité en le projet se concrétise, plus de 720 000 fet aussi drastique. pleine page du Monde (notamment) du camions supplémentaires traverseront les 21-09-2007, pour la SAAB « Bio-Power » Alpes chaque année ». Difficile à croire : Un chantier titanesque 9-3, véhicule très énergivore mais pou- le tunnel de base du Lyon-Turin a pour vant rouler au Superéthanol E85 et de fonction d’abaisser les coûts du transport Gigantesque, faramineux, monstrueux, ce fait qualifié par ladite publicité de « ferroviaire de fret, d’environ 40 % selon démesuré, pharaonique, babylonien, co- plus écologique, plus économique, plus les promoteurs du projet. Interrogée par la lossal, cyclopéen, titanesque, voire pélas- performant » et roulant avec un « car- FNAUT qui cherchait à comprendre ses gique : ces adjectifs sont généralement burant naturel » (FNAUT Infos n°204). propos, la sénatrice n’a pas répondu. attribués au projet Lyon-Turin. Mais, La FNAUT avait alors porté plainte selon le Dauphiné Libéré, édition du Vau- pour « pratique commerciale trom- Totalement absurde cluse, la réouverture en cours de la ligne peuse » (ex-publicité mensongère), Avignon-Carpentras est elle aussi « un plainte classée sans suite par le Pro- Ségolène Royal critique vertement chantier titanesque ». Un Puscal, train cureur de la République. Elle avait l’écotaxe poids lourds, « une mesure tota- chantier long de 600 mètres, est à l’œuvre saisi ensuite le juge d’instruction, qui lement absurde », et soutient les Bonnets depuis septembre 2013 et jusqu’à la fin concluait à son tour à un non-lieu. C’est Rouges. En 2010, elle déplorait le report février 2014. Il arrache les rails et traverses en relevant appel de ce non-lieu qu’elle de l’écotaxe dans un communiqué intitulé existants et les remplace par des neufs. obtient enfin satisfaction : la chambre « Ecologie : une politique courageuse est Un chantier spectaculaire qui avance au de l’instruction de la Cour d’appel de possible ». Aujourd’hui, elle ne cesse de rythme de 150 à 200 mètres par jour… Paris a rendu le 3 octobre 2013 un arrêt dénoncer « l’écologie punitive ». renvoyant General Motors France (dont Entêtement stérile SAAB est une filiale) devant le Tribunal Ecotaxe correctionnel de Paris. Didier Guillaume, président PS du La Cour relève une « ambiguïté » Selon l’ancien ministre de l’Ecologie- Conseil général de la Drôme, a fini par de la publicité amenant le lecteur à Jean-Louis Borloo, qui en a été le porteur, comprendre : « je suis un fervent partisan retenir que la SAAB 9-3 est plus écolo- il faut « remettre à plat » l’écotaxe TKPL. de la gare TGV d’Allan-Montélimar, mais gique, sans précision lisible de ce que Selon Eva Joly, « toute l’écotaxe pose pro- il n’y a pas d’argent pour la payer, il faut cette caractéristique est liée à l’usage blème ; elle est très contreproductive, ce arrêter de faire croire aux Drômois qu’on du Superéthanol. En mode essence, ce n’est pas une vraie écotaxe ». Comprenne va la faire ». véhicule émet en effet de 189 à 216g qui pourra... Hervé Mariton, député UMP de la CO2/km, précision figurant en carac- Par contre, Dominique Bussereau reste rôme et grand dénonciateur (à Paris) des tères 7 fois plus petits que le qualifica- favorable à l’écotaxe, instaurée lorsqu’il grands projets ferroviaires non rentables tif « écologique ». Elle affirme donc qu’ était secrétaire d’État aux Transports sous (FNAUT Infos n°204) mais lui aussi ar- « il est trompeur de présenter la SAAB le précédent quinquennat : « il est néces- dent défenseur de ce projet de gare exurba- 9-3 comme vert et plus écologique ». saire d’en rediscuter les modalités, mais nisée quand il revient dans sa circonscrip- La Cour va plus loin, et retient que, nous avons besoin de financer nos inves- tion, précise qu’il poursuit son action pour s’agissant de l’usage du Superéthanol, tissements d’avenir grâce à cette écotaxe ». que le projet aboutisse : « le gouvernement GM France « ne pouvait pas ignorer Le député PS Olivier Faure propose, Fillon s’était engagé à le financer à 50 %, les débats liés aux biocarburants et à comme la FNAUT, de limiter l’écotaxe, je n’abandonne pas », dit-il fièrement. La leur impact sur les émissions de CO2 ». dans un premier temps, aux poids lourds gare d’Allan, c’est son Notre-Dame-des- Elle qualifie même de « trompeurs » de plus de 12 tonnes. Landes. le terme de « carburant naturel », un La FNAUT ajoute que l’expérimenta- carburant étant toujours « le résultat tion initialement prévue en Alsace aurait Le charme du métro d’une manipulation humaine dans un pu mettre à jour tous les problèmes géné- processus de fabrication », et l’asso- rés par l’écotaxe, et permettre de l’étendre Il n’y a pas si longtemps, Nathalie Kos- ciation d’ « un produit industriel à la ensuite à l’ensemble du pays avec les cor- ciusko-Morizet croyait que le ticket de notion nécessairement respectueuse rectifs nécessaires. métro parisien coûtait 4 euros et que les de l’environnement liée au terme bus de la RATP ne circulaient plus après « naturel ». Universitaire pro-routier 21 h. Mais aujourd’hui, candidate UMP à Dès lors, la Cour retient qu’il existe la mairie de Paris, elle fréquente assidû- des charges suffisantes contre la socié- Rémy Prud’homme, professeur émérite ment le métro et elle aime (Elle, 18-11- té GM France pour la renvoyer devant des universités, est un adversaire acharné 2013) : « le métro est pour moi un lieu de le Tribunal correctionnel de Paris. Six de l’écotaxe. Selon lui, le trafic routier de charme, à la fois anonyme et familier ; je années pour gagner la première étape fret est largement bénéficiaire pour les prends souvent les lignes 13 et 8 et il m’ar- du procès, c’est beaucoup, mais cela finances publiques : il verse 6 milliards de rive de faire des rencontres incroyables ; s’explique par les échecs initiaux de la taxes par an alors que l’entretien des routes je n’idéalise pas le métro, c’est parfois pé- FNAUT, par la saisine de la Cour de cas- qui lui est imputable ne coûte que 1,5 mil- nible, mais il y a des moments de grâce ». sation par GM (qui a été déboutée), et liard. Les chiffres fournis par la Commis- Elle ajoute, lyrique : « jamais croisé un ami par la « résistance » du juge d’instruc- sion des Comptes Transport de la Nation perdu de vue, un regard éperdu de tristesse tion à mettre GM en examen malgré sont bien différents : en 2009, en tenant ou de bonheur, un sourire digne de l’ange l’injonction de la Cour d’appel. Pro- compte des coûts externes hors congestion de Reims ? » Les internautes se sont dé- chaine étape : un procès public avec la routière, les taxes ont rapporté 2,2 mil- chaînés, l’un d’eux expliquant la surcharge FNAUT partie civile, en bonne position liards contre 4 milliards de dépenses pour du métro par « le désir de milliers de Pari- pour l’emporter. la collectivité. siens de vivre un moment de grâce ». Xavier Braud ❚

10 ❘ encart au fnaut-infos n°221 - janvier-février 2014 n°222 infos mars 2014 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

La crise de financement des transports publics de proximité Pollution de l’air

Le niveau très élevé de la pollution de l’air, qui a persisté pendant une semaine dans la plupart des régions françaises en décembre dernier, n’a suscité aucune réaction sérieuse de la part du gouvernement. On le sait, la pollution de l’air en ville, prin- cipalement due à la circulation routière, est responsable de 40 000 décès prématurés par an. Selon la Commission des comptes de l’économie et de l’environnement, l’exposition aux pics de pollution et surtout à la pollution chronique, plus dangereuse encore, « coûte, a minima, entre 20 et 30 milliards d’euros par an pour la France métropolitaine, soit entre 400 et Travaux de mise en place du tramway de Reims (photo : Marc Debrincat) 500 euros par habitant ». Le « plan d’urgence pour la qualité de l’air » publié début 2013 par Delphine Batho, alors mi- Lors des Journées du Transport Public (Bordeaux, novembre 2013), puis nistre de l’Ecologie, ne s’est traduit par aucune lors du colloque organisé par la FNAUT le 10 janvier dernier à Paris, la crise mesure concrète autre que la création d’un Co- de financement des transports publics de la vie quotidienne a été longue- mité interministériel de la qualité de l’air qui ne ment évoquée, qu’elle concerne les investissements ou l’exploitation. Une s’est pas réuni pendant six mois (FNAUT Infos solution souvent préconisée consiste à augmenter les recettes provenant n°213). Depuis cette date, le gouvernement a des usagers pour contenir les contributions publiques. Sans la rejeter de pris au contraire une série de décisions qui vont manière dogmatique, la FNAUT estime que c’est une solution de facilité qui à l’encontre de l’objectif recherché : peut d’ailleurs se révéler contre-productive : bien d’autres pistes doivent - la création de Zones d’Actions Prioritaires être exploitées au préalable, en particulier une réduction des coûts de pro- pour l’Air (ZAPA) a été purement et simplement duction des services, une meilleure coordination des autorités organisa- abandonnée sous un faux prétexte social ; trices et un appel à la fiscalité écologique. - une baisse définitive des vitesses limites de 10 km/h sur les routes et autoroutes, envisagée Hausse de la TVA eux un service de première nécessité et par le ministre de l’Intérieur, a été écartée ; aurait dû, par suite, bénéficier du taux - rien n’est fait pour inciter les grandes agglo- Avant même d’aborder l’hypothèse réduit de TVA soit 5 %. mérations à introduire le péage urbain ; d’une hausse des tarifs destinée à confor- Les entreprises de transports publics, - la construction de nouvelles autoroutes, y ter l’équilibre économique des trans- ne pouvant répercuter sur les prix si- compris dans des zones très urbanisées (A45, ports de la vie quotidienne, il convient multanément la hausse de la TVA et A31 bis), est relancée ; de rappeler que cette hypothèse n’est celle de leurs coûts de production liée à - la hausse des taxes sur le gazole a été repor- pas d’actualité immédiate. Le gouver- l’inflation, se trouvent fragilisées écono- tée à 2015 et n’est envisagée qu’à un niveau nement vient en effet de porter de 7 % miquement. Les réductions de services homéopathique ; à 10 % le taux de TVA sur l’ensemble urbains, départementaux et ferroviaires, - le taux de TVA sur les transports publics a des transports publics, et la plupart des déjà perceptibles, risquent de s’accen- été augmenté de 7 % à 10 % ; autorités organisatrices - aggloméra- tuer prochainement. - l’écotaxe poids lourds a été suspendue sine tions pour les transports urbains, dépar- Enfin la hausse des tarifs et ces réduc- die, cette reculade fragilisant le financement tements pour les transports par autocar, tions inciteront d’autant plus à l’usage des investissements de transport collectif ré- régions pour les trains et autocars TER, de l’automobile que la sous-taxation cemment décidés. Etat pour les trains Intercités - a réper- du carburant diesel reste inchangée en Certes une mesure ponctuelle telle que la cuté cette hausse sur les tarifs, de même 2014 et n’évoluera que marginalement limitation de vitesse à 70 km/h sur le périphé- que la SNCF pour le TGV. en 2015 et 2016 (FNAUT Info n°220). rique parisien est utile. Certes on reparle de cir- Cette hausse de la TVA est une déci- Ainsi, alors que le Chef de l’Etat lui- culation alternée lors des pics de pollution. Mais sion « anti-développement durable ». même fait de la transition énergétique ce sont des mesures générales, préventives La hausse des tarifs, très supérieure une priorité pour 2014, la politique et pérennes qui sont indispensables : la santé au taux de l’inflation, est socialement fiscale du gouvernement conduit à des publique doit passer avant les préoccupations inacceptable. Elle pénalise fortement les résultats opposés. Les contradictions de électorales immédiates. usagers les plus modestes, souvent cap- la politique des transports sont conster- Jean Sivardière z tifs du transport collectif qui est pour nantes et incompréhensibles.

fnaut-infos n°222 - mars 2014 x 1 La crise de financement Tarification des transports collectifs de proximité des transports publics français Une bonne tarification de transports DossierDans les pays voisins de la France, le son produit stagne en raison de la crise de proximité doit satisfaire quatre financement des transports publics est économique. Il a été envisagé d’étendre principes (FNAUT Infos n°182) : difficile, même en Suisse. Cependant le sa perception aux aires urbaines voire à - elle doit inciter au report de la voi- taux de couverture des coûts d’exploita- l’ensemble du territoire, et d’augmenter ture sur le transport collectif, donc tion par les recettes commerciales y est son taux à l’intérieur des périmètres de être simple, forfaitaire, multimodale, nettement plus élevé qu’en France, sou- transport urbain. diversifiée et adaptée aux petits vent supérieur à 50 % (en dix ans, il est Mais, malgré les pressions des dépar- groupes (familles) ; passé de 41 % à 49 % en Allemagne), car tements, qui ne disposent d’aucune res- - elle doit éviter une consommation les tarifs occasionnels sont élevés et les source transport spécifique, et des régions, inutile de transport (les trajets courts conditions de circulation des transports dont les services TER créés depuis 2002 relèvent de la marche et du vélo) ; urbains de surface bien plus favorables. ne sont pas financés par l’Etat, cette pos- - elle ne doit pas inciter à l’éparpille- sibilité semble abandonnée aujourd’hui ment de l’habitat urbain ; Taux de couverture afin de ne pas pénaliser les entreprises. Il - enfin, dès lors qu’une tarification serait cependant logique d’imposer le VT sociale garantit le droit au transport La situation est bien différente en aux entreprises de moins de 10 salariés, des usagers à faibles revenus, elle France. Le taux de couverture des coûts qui en sont exemptées depuis sa création doit contribuer au financement des d’exploitation a baissé de 39 % à 31 % alors qu’elles bénéficient, autant que les réseaux. depuis dix ans et continue à décroître (il plus importantes, de l’apport social et est compris entre 20 % dans les petites économique des transports publics. Nous publions ci-dessous le point agglomérations et 35 % dans celles de l Les contributions des collectivités de vue très analogue d’Alain Caraco, plus de 250 000 habitants), une évolution territoriales stagnent elles aussi, en raison secrétaire de l’ADTC-Savoie et écolo- qualifiée d’« extrêmement préoccupante » de la hausse des dépenses sociales (chô- giste convaincu, qui concerne aussi les par l’UTP. mage, vieillissement de la population), de déplacements à longue distance. En effet les réseaux urbains ont été la baisse du rendement des impôts locaux « Le développement durable vise à étendus dans des banlieues et des zones en raison de la crise, et de celle des dota- concilier les approches économique, périurbaines faiblement peuplées, et tions de l’Etat. Par suite, les collectivités sociale et écologique des problèmes. l’amplitude horaire des services a été cherchent à faire des économies et com- Quelle peut être une tarification adap- élargie, si bien que la recette moyenne mencent, discrètement, à supprimer des tée à un développement durable des par voyage a diminué ; d’autre part, les services, par exemple en réduisant les fré- transports collectifs ? coûts d’exploitation augmentent plus vite quences, et à augmenter les tarifs. L’approche économique doit garan- que l’inflation, ceux du TER encore plus Aujourd’hui, si on veut que le système tir la pérennité des réseaux de trans- car la SNCF n’a pas amélioré sa produc- de transports publics continue à se déve- ports collectifs et la qualité de leur tivité ; enfin, pour des raisons sociales ou lopper pour que la circulation automobile offre. Les sommes payées directement électorales, les élus ont souvent refusé que puisse être contenue sinon réduite, il est par l’usager ne représentent qu’une l’évolution des tarifs suive celle de l’infla- clair que des ressources nouvelles doivent partie du financement des réseaux tion, et le nombre des usagers bénéficiant être dégagées. (30 % en moyenne des coûts d’ex- de tarifs réduits voire de la gratuité (per- ploitation). Mais des tarifs trop bas sonnes âgées, chômeurs, jeunes en forma- Augmenter les tarifs ? mettent en péril l’avenir des services. tion,...) a sensiblement augmenté avec la L’approche sociale doit garantir le précarisation d’une partie de la clientèle. Une solution évidente, préconisée par droit à la mobilité de tous. Des tarifs L’élargissement des Périmètres de l’UTP et le GART, est évidemment une trop élevés par rapport aux ressources Transport Urbain a joué un rôle décisif : hausse des tarifs. Cette perspective ne des usagers les privent d’une mobilité en dix ans, la surface totale des 286 PTU peut être évacuée sous prétexte de dé- indispensable à leur insertion sociale. existants (qui regroupent 4000 communes fense à court terme des usagers : L’approche écologique doit inciter et 30 millions d’habitants) a doublé, mais - d’une manière générale, les pays dans à ne pas multiplier les déplacements leur densité moyenne a baissé de 30 %, lesquels les transports publics sont bien inutiles et encourager l’usage des elle est passée de 1000 habitants au km2 développés et fonctionnent bien sont les moyens de transports les moins nocifs à 700. Rien qu’en 2012, la surface des pays dans lesquels ces transports sont pour l’environnement. PTU a augmenté de 11 %, en particulier coûteux pour l’usager, le niveau élevé Il en découle quelque règles simples. dans les petites agglomérations (+ 300 % des recettes commerciales mettant, dans Les tarifs doivent refléter, au moins à Moulins et Concarneau, d’un facteur 20 une certaine mesure, le transport public à partiellement, la distance parcourue. à Libourne) et dans les très grandes (+ l’abri des fluctuations de la volonté poli- Ils ne doivent pas inciter à abandon- 10 % en moyenne, + 200 % à Nice). tique ; ner la marche à pied ou le vélo. Mais - selon l’UTP et le GART, le prix du les transports urbains et régionaux Financements en panne transport collectif a diminué, entre 1999 doivent être moins chers que la voi- et 2011, de 7,2 % en moyenne (en mon- ture et les trains à longue distance Les financements traditionnellement naie constante) pour l’abonnement men- moins chers que l’avion. Une attention disponibles sont aujourd’hui en panne, suel et de 4 % pour le ticket à l’unité, qui particulière doit être apportée aux mi- alors que l’offre de transport doit être représente environ un tiers des recettes ni-groupes, de deux à cinq personnes non seulement maintenue mais dévelop- commerciales, alors que l’offre a progres- voyageant ensemble, pour lesquels pée pour répondre à une demande crois- sé de 20 % ; le coût de la voiture est le même que sante. - sur la même période, le prix des pour une personne voyageant seule. l Le versement transport des entre- autres services marchands a au contraire Ces règles générales sont bien sûr à prises (VT) rapporte environ 5 mil- augmenté plus vite que l’inflation (taxi adapter à chaque situation, mais une liards d’euros par an aux agglomérations + 17 %, poste 33 %, eau 34 %, ordures tarification ne peut être efficace si elle (dont la moitié en Ile-de-France), mais ménagères 63 %). ignore l’une de ces trois approches. »

2 x fnaut-infos n°222 - mars 2014 Ecotaxe Des ressources plus efficaces La création de la mission d’informa- tion de l’Assemblée Nationale sur l’at- Une hausse des tarifs ne peut être exclue appel à des exploitants plus performants tribution du recouvrement de l’écotaxe mais c’est une solution de facilité : bien que la SNCF dans le cadre de délégations à la société privée Ecomouv est intéres- d’autres méthodes peuvent et doivent être de service public, tout en augmentant la sante, mais elle ne doit pas occulter les mises en œuvre au réalable pour mainte- fréquentation des lignes aujourd’hui les responsabilités de l’actuel gouverne- nir l’équilibre économique du transport plus déficitaires (FNAUT-Infos n°213). ment et la nécessité d’appliquer rapi- public. Par ailleurs elle peut être contre- Rappelons pour mémoire que les col- dement l’écotaxe malgré l’opposition productive car l’automobiliste compare au lectivités territoriales peuvent aussi faire stupide des Bonnets Rouges. prix du transport public non pas le coût des économies substantielles en évitant L’intervention d’une société privée complet d’usage de la voiture mais son de financer des investissements inutiles et n’a rien de scandaleux, l’Etat ne dispo- coût marginal qui lui est nettement infé- nocifs pour l’environnement : aéroport de sant pas de manière évidente de l’ex- rieur (voir FNAUT Infos n°203 et 211). NDDL, canal Seine-Nord, autoroutes et pertise et des moyens techniques né- rocades urbaines. cessaires pour recouvrer l’écotaxe. Le Réduction des coûts niveau élevé des frais de gestion (20 % Coûts externes du produit de l’écotaxe contre 15 % en Dégager des ressources nouvelles, c’est Allemagne) s’explique surtout par le d’abord faire des économies d’argent pu- Avant de songer à réévaluer les tarifs du niveau prévu de l’écotaxe, nettement blic en réduisant le coût de production du transport public, dont les usagers ont un plus faible en France (12 centimes par transport public, ce qui permet souvent comportement respectueux de l’environ- km en moyenne) qu’en Allemagne. de le rendre plus attractif donc d’élargir nement, il serait logique de faire payer aux La FNAUT maintient sa proposition, la clientèle. automobilistes les coûts économiques et également émise par le député PS Il est possible de revoir l’organisation écologiques qu’ils engendrent et qui sont Olivier Faure mais ignorée par le gou- de certains réseaux urbains (le tracé des actuellement assumés par la collectivité : vernement, consistant à n’imposer lignes de bus, la disposition des arrêts congestion, accidents, bruit, pollution de l’écotaxe qu’aux camions français et parfois trop rapprochés). On peut aussi l’air, gaspillages de pétrole, émissions de

étrangers de plus de 12 tonnes, comme limiter les mesures de gratuité à ceux qui CO2,... Selon des sources concordantes en Allemagne (FNAUT Infos n°220). en ont vraiment besoin. Mais l’essentiel (Conseil général du développement du- Le sénateur EELV de Loire-Atlantique n‘est pas là. rable, UTP, Parlement européen), ces Ronan Dantec s’oppose à une exoné- Dans bien des villes, grandes et petites, coûts se chiffrent par dizaines de mil- ration des camions de moins de 12 les bus circulent sans protection contre liards d’euros par an (voir page 7). tonnes, estimant qu’elle provoquerait les embouteillages et sans priorités de La mise en œuvre d’une fiscalité éco- un transfert de trafic vers ce type de ca- franchissement des carrefours. Le surcoût logique présenterait de multiples avan- mions et une perte de recettes de 200 d’exploitation des bus et les pertes com- tages : elle fournirait un signal-prix utile millions d’euros par an. Mais cette perte merciales qui en résultant sont très éle- au consommateur ; en établissant des pourrait être aisément compensée par vées : au début des années 1990, la RATP conditions de concurrence équitables une taxation plus forte des camions de avait calculé qu’une augmentation de la entre voiture et transport collectif, elle 44 tonnes à 5 essieux, proposée judi- vitesse commerciale des bus parisiens de rendrait le transport public plus attractif ; cieusement par le même sénateur car 10 à 11 km/h lui rapporterait un milliard enfin son produit pourrait être affecté aux ils sont particulièrement agressifs pour de francs par an... investissements de transport public et à la voirie. Quant à un éventuel transfert La montée obligatoire par la porte l’exploitation : un cercle vertueux serait de trafic vers les petits camions, il n’a avant des bus, sous le prétexte assez illu- ainsi amorcé. pas été observé en Allemagne ou en soire de maîtriser la fraude, a une double Il est ainsi possible d’augmenter la taxe Suisse, où au contraire le nombre de conséquence : une diminution de la vi- d’aménagement du territoire à laquelle camions en circulation a diminué, et tesse commerciale et un inconfort irritant sont soumises les sociétés autoroutières : n’est pas à craindre : on imagine mal pour les usagers. Il en résulte, ici encore, cela a déjà été fait par le gouvernement les transporteurs modifier leur flotte des coûts pour l’exploitant et des pertes Fillon et contribue, mais trop marginale- et payer des chauffeurs plus nombreux de recettes. ment, au financement du déficit d’exploi- pour échapper à l’écotaxe. A Montpellier, la gare routière qui joux- tation des trains Intercités dont l’Etat est tait la gare SNCF a été supprimée et les autorité organisatrice. Stationnement arrêts de cars dispersés dans la ville : une Parallèlement, il est indispensable contrainte dissuasive pour les voyageurs. d’augmenter la taxation du carburant die- Une raison bien connue de la faible On peut aussi réduire le coût des inves- sel (un centime de TICPE supplémen- rentabilité du transport urbain est la tissements : Dijon et Brest ont fait une taire rapporterait environ 400 millions trop grande facilité d’usage de la voi- commande groupée de tramways ; Besan- par an à l’Etat) afin de favoriser une « dé- ture en ville, qu’il s’agisse de circula- çon a choisi le tramway à bas coût du dieselisation » du parc automobile fran- tion ou de stationnement, en particu- constructeur espagnol CAF. A l’inverse, çais et d’améliorer la santé publique (voir lier dans les villes moyennes et petites. Nice, comme Rouen il y a vingt ans, notre éditorial). Philippe Cina, responsable déve- construit une deuxième ligne de tramway Enfin, contrairement à ce qui est trop loppement et Qualité de CarPostal, ex- partiellement souterraine... alors que le souvent affirmé, en provoquant une dimi- prime très bien cette contradiction des tramway est fait pour circuler en surface nution de la circulation automobile au élus qui déplorent le coût du transport et occuper de l’espace au détriment de la profit de la marche, du vélo et du trans- public tout en cédant aux pressions voiture. port public, et en dégageant une ressource des électeurs automobilistes : « de Les services d’autocars et de trains TER nouvelle pour financer le transport public, nombreuses agglomérations souffrent peuvent être rationnalisés par une meil- le péage est une mesure équitable sociale- de la maladie du grand parking gratuit leure coordination évitant des doublons ment car il bénéficie en priorité aux cita- en centre-ville, comme celui de Bourg- et donc des gaspillages. Quant au coût dins les plus pauvres, les moins motorisés en-Bresse (1000 places), c’est cela l’en- d’exploitation du TER, on sait qu’il est et les plus exposés aux nuisances du trafic nemi n°1 du transport public ». possible de le réduire de 30 % en faisant routier.

fnaut-infos n°222 - mars 2014 x 3 Colloque de la FNAUT sur le coût d’usage Une vision écologique des différents modes de transport Nous résumons ici le point de vue du député Jean-Paul Chanteguet. Le colloque organisé par la FNAUT le teur sur les coûts réels d’usage de la voi- Le réchauffement va provoquer un 10 janvier dernier à l’Assemblée Nationale ture et du transport collectif ; maintien changement exceptionnel du climat a été un grand succès : 150 participants, du niveau moyen actuel de la tarification et doit impérativement être limité à des intervenants de qualité, des questions des transports publics accompagné du 2 degrés. La France, qui accueillera la pertinentes et une organisation parfaite développement de tarifications sociale prochaine conférence climatique, se pilotée par Fabrice Michel, responsable de et familiale ; enfin internalisation des doit d’être exemplaire. Repenser la la communication à la FNAUT. coûts externes dans la tarification de la politique des transports est essentiel, La salle Lamartine, mise à la disposi- voiture et de l’avion. L’objectif n’est pas l’évolution nécessaire des modes de tion de la FNAUT grâce à l’obligeance d’introduire des impôts nouveaux pour vie doit être accompagnée par les res- de Jean-Paul Chanteguet, député PS de remplir les caisses de l’Etat et pouvoir ponsables politiques. Deux priorités l’Indre et président de la Commission Dé- ainsi financer les grandes infrastruc- s’imposent : renchérir l’usage de la voi- veloppement durable et aménagement du tures de transport, mais d’appliquer ture pour donner un signal-prix perti- territoire de l’Assemblée Nationale, était le principe payeur-pollueur et d’éta- nent, et proposer une offre alternative pleine à craquer. blir ainsi des conditions équitables de de qualité. concurrence entre les différents modes Le vote, dans la loi de finances 2014, Le thème du colloque était bien déli- de transports. du principe d’une contribution climat- mité : peut-on jouer sur la tarification Deux tables-rondes étaient organi- énergie va dans le bon sens. Une partie pour favoriser l’usage des modes de sées dans l’après-midi. des moyens financiers dégagés devra transport les plus rationnels, c’est-à- La première, animée par Marie- d’ailleurs être utilisée pour encourager dire le transport urbain, l’autocar et le Hélène Poingt, rédactrice en chef du le retrait du parc automobile des véhi- train TER pour les déplacements de magazine Ville, Rail et Transports, cules diesel les plus polluants. Le cas proximité ; le TGV, le train Intercités concernait la tarification des transports des habitants des zones périurbaines et l’autocar pour les déplacements à publics terrestres. Les intervenants devra évidemment faire l’objet d’un plus longue distance ? Les autres para- étaient Bruno Faivre d’Arcier, profes- traitement particulier. mètres dont dépend le choix modal du seur à l’université Lyon 2, chercheur au Des péages en centre-ville pourront consommateur (infrastructures, offre LET, Gérard Schrepfer (représentant également être mis en place dans les de transport et qualité de service) n’ont de ConsoFrance), Jean Lenoir (vice- grandes agglomérations. L’exemple pas été abordés directement, le débat président de la FNAUT), François Sa- de Stockholm est à ce titre particuliè- étant focalisé sur les coûts d’usage des glier (directeur à la RATP et représen- rement encourageant. A l’origine très différents modes de transport et sur tant de l’UTP), Eric Ritter (secrétaire critiquée, la taxe sur la congestion, leurs bases économiques et fiscales. général de la FNTV) et Guy Le Bras qui a été instaurée en 2006, bénéficie Valérie Lainé, collaboratrice du dépu- (directeur général du GART). aujourd’hui d’un soutien majoritaire té Jean-Paul Chanteguet, a accueilli les La deuxième table-ronde, animée par des habitants de la grande couronne. participants et fait part des réflexions Robert Viennet, rédacteur en chef de 30 000 heures d’embouteillage ont été du député, retenu de longue date par ses la revue Transport Public, était centrée économisées. La qualité de l’air a été engagements en province. sur la tarification de la voiture et de améliorée. Enfin la taxe a surtout péna- Puis Jean-Marie Beauvais, écono- l’avion. Elle a rassemblé des interve- lisé les automobilistes aisés, les plus miste des transports, a présenté l’étude nants très divers : Guillaume Sainteny, défavorisés utilisant des transports en très complète et rigoureuse qu’il a réa- professeur d’économie à l’Ecole Poly- commun, qui reviennent moins cher. lisée il y a un an à la demande de la technique et spécialiste de la fiscalité Il faut aussi enrichir et diversifier FNAUT, grâce à un financement du écologique, Lorelei Limousin (repré- l’offre de transports collectifs. Dévelop- GART et des transporteurs. Nous sentante du Réseau Action Climat dont per les actuelles infrastructures passe avons déjà rendu compte de cette étude la FNAUT est membre), Gilles Laurent par un budget conséquent, géré par (FNAUT Infos n°203 et 211). Cette in- (membre du bureau de la FNAUT), l’AFITF, l’agence de financement des troduction, résumée par les diagrammes Barbara Dalibard (directrice générale infrastructures de transport de France. de la page 5, a été suivie de trois expo- de SNCF-Voyages), Philippe Ayoun Malheureusement ce budget est me- sés très complémentaires. (directeur des études statistiques et de nacé par le report de l’écotaxe sur les Jacques Pavaux, consultant transport la prospective à la Direction Générale poids lourds, qui devait lui rapporter et ancien directeur général de l’Insti- de l’Aviation Civile) et Stéphane Le- 760 millions de recettes par an. La mis- tut du Transport aérien, a présenté ses vesque, directeur de l’Union Routière sion d’information parlementaire, dont réflexions sur l’évolution probable des de France. Jean Paul Chanteguet est rapporteur, coûts de production et d’usage des dif- Le colloque s’est terminé par une s’efforce de remettre à plat ce projet. férents modes de transport, et mis en intervention de Thierry Guimbaud, Il s’agit de faire comprendre aux diffé- pièces quelques idées reçues. directeur des services de transport à la rents acteurs que, loin d’être un impôt Catherine Bouteiller, doctorante au Direction Générale des Infrastructures, supplémentaire, l’écotaxe constitue Laboratoire d’Economie des Trans- des Transports et de la Mer (DGITM), un véritable péage pour l’usage des ports (LET) de Lyon, a montré, à partir qui représentait de Frédéric Cuvillier, routes par les poids lourds, dispensés d’exemples très concrets, comment une ministre des transports. Il a insisté sur jusqu’ici de leur responsabilité finan- différentiation tarifaire bien conçue l’importance de la contribution des cière, laquelle a été reportée sur les permet d’améliorer la fréquentation des associations d’usagers, puis précisé les contribuables. Loin de constituer une transports urbains tout en conservant le objectifs du gouvernement et son sou- révolution, ce mode de prise en charge niveau actuel des recettes : une inter- tien à la mobilité durable. du coût existe depuis des dizaines d’an- vention originale et très stimulante. Les actes du colloque seront prochaine- nées pour les autoroutes. Le budget de Enfin, pour conclure la matinée, Jean ment disponibles, ils reprendront l’en- l’agence devrait être utilisé en priorité Sivardière a présenté les propositions de semble des exposés et des interventions lors pour financer les chemins de fer et les la FNAUT : information du consoma- des tables-rondes. transports collectifs en site propre.

4 x fnaut-infos n°222 - mars 2014 Prospective Le coût des déplacements à courte distance pour l’usager

Jacques Pavaux - Trois paramètres influencent les coûts d’usage des trans- ports : le prix de l’énergie, le progrès technique, la concurrence. L’énergie représente 25 à 35 % du coût du transport aérien, 12 à 30 % du coût de la voiture et seulement 5 % du coût du transport ferroviaire. D’ici à 2030, la hausse du prix du pétrole sera freinée par une croissance modérée, les économies d’énergie et le dévelop- pement des énergies renouvelables. Le prix atteindra 120-130 dollars le baril. Mais les gaz et pétroles non convention- transport collectif voiture, coût complet voiture, coût marginal nels ne permettront pas d’éviter ensuite un pic pétrolier. Transport collectif (car, train, avion) Voiture (coût complet selon taux d’occupation) Le TGV consommera moins et sa capa- cité augmentera, mais la productivité du rail restera faible faute de concurrence interne. La concurrence est forte dans l’aérien, d’où une baisse des prix, mais les gains possibles de productivité sont faibles dorénavant. Pronostic : le prix du TGV resterait stable à 11 centimes/km, le prix moyen de l’avion en France pourrait baisser à 10 centimes suite au développement des compagnies à bas coûts. La voiture consommera moins (les pe- tites cylindrées seront privilégiées, l’ob- jectif 2 litres/100 km est réaliste) mais le TCU autocar TER 4 personnes 2 personnes 1 personne prix du carburant augmentera. Le coût des déplacements à longue distance pour l’usager Différentiation tarifaire

Catherine Bouteiller - Les ressources publiques se raréfiant, une optimisation tarifaire des transports est nécessaire : la tarification doit donner accès à un bou- quet de services multimodal. 84 % des réseaux urbains pratiquent une tarification plate (indépendante de la longueur du trajet) ; 51 % des réseaux départementaux conservent une tarifi- cation zonale, 49 % ont adopté une tari- fication plate ; le TER est tarifé au km. Un tarif plat favorise une fréquentation élevée mais ne maximise pas la recette. Une tarification différenciée permet transport collectif voiture, coût complet voiture, coût marginal d’adapter les prix pour mieux satisfaire les différents profils d’usagers et d’orien- Transport collectif (car, train, avion) Voiture (coût complet selon taux d’occupation) ter l’usage ; elle est jugée équitable, cha- cun payant en fonction de sa consom- mation réelle. Une différentiation tarifaire peut com- porter plusieurs composantes : sociale, à la distance parcourue, à l’usage (suivant le mode de paiement, l’horaire ou encore les modes utilisés). A Londres, la carte Oyster (tarifica- tion complexe sur un support simple) a permis d’augmenter la fréquentation des bus de 53 % et de porter le taux de couverture des coûts d’exploitation par les recettes à 52 %. Des innovations tari- faires très intéressantes ont été lancées à Belfort (post-paiement), à Nantes (m Tic- autocar TGV Intercités avion avion 4 personnes 2 personnes 1 personne ket) et en Bretagne (carte Korrigo). bas coûts traditionnel

fnaut-infos n°222 - mars 2014 x 5 Forum Des réactions déplacées Le 6 janvier dernier, la FNAUT a pu ForumLe train, trop cher ? on n’a pas pris assez conscience et qui se dénoncer, sur la radio Europe 1, les retrouve dans d’autres entreprises de ser- risques de disparition, à court ou Le train, même en famille, n’est pas for- vices : SNCF, EDF, GDF, Sécurité sociale, moyen terme, d’une bonne vingtaine cément cher. Le 31 juillet, j’achète un billet banques,... de liaisons ferroviaires régionales et de train Bernay - Bas-Monistrol (près du Gérard Bamet, 69 Villeurbanne z même interrégionales (FNAUT Infos Puy-en-Velay) pour ma famille (2 parents n°221). Cette intervention, reprise par + 3 enfants dont un + 12 ans) avec Carte Fréquentation en baisse ? de très nombreux médias, a déclenché Enfant +, départ le vendredi 2 août, trajet des réactions hostiles d’élus régionaux. de 767 km. Le guichetier m’annonce un Selon la SNCF, la fréquentation de Gilles Bontemps, vice-président PC tarif d’un peu plus de 420 euros (+ 50 euros la ligne Colmar-Metzeral est en baisse, de la région Pays de la Loire chargé de réservation pour les vélos). J’avais aupa- mais l’exploitant ne comptabilise que les des transports, affirme que « la FNAUT, ravant interrogé le site DB France et coché billets vendus. Or, usager occasionnel de en mal de sensationnel, fait sa rentrée l’option « trains acceptant les vélos », je cette ligne, je voyage souvent sans avoir pu sur la base de fausses informations », demande donc au guichetier de me propo- prendre de billet, le contrôleur n’effectuant comme si la FNAUT versait habituelle- ser la série de TER sélectionnés. Résultat : pas son travail ou étant absent. ment dans le populisme. Selon lui, la 169 euros, moins cher qu’en voiture, et plus La solution consiste à équiper les auto- ligne La-Roche-sur-Yon - Thouars n’est pratique : comment emmener 5 vélos sur rails de distributeurs de billets, comme sur pas menacée : une desserte squelet- une simple voiture ? J’ai été stupéfait par les lignes secondaires allemandes, le risque tique et la création de quelques trains la différence de prix pour un même trajet de vandalisation étant plus faible que si des plages les week-ends d’été, une le même jour. D’un côté, TGV en période on les installe sur les quais. L’absence fré- bonne initiative suggérée par la FNAUT, de pointe, de l’autre TER avec départ en quente de contrôleur démontre qu’on peut suffisent à en assurer la pérennité. période bleu le vendredi matin. Certes le très bien se passer d’agent d’accompagne- Quant à Martin Malvy, président PS trajet en TER est plus long, mais 60 % ment sur les lignes capillaires, dont la pé- de la région Midi-Pyrénées, il attaque moins cher environ, et tout le monde n’est rennité ne peut être précisément garantie lui aussi la FNAUT, accusée brutalement pas pressé, surtout pendant les vacances. que si on en diminue les coûts d’exploita- de propager « une immense contre- Xavier Braud, 27 Brionne z tion. Les économies ne doivent pas porter vérité », tout en admettant en termes sur le nombre et la qualité des dessertes. alambiqués que la région n’exclut pas Une gare en verre En supprimant les contrôleurs, le Conseil certains transferts sur route. Com- régional pourrait réduire ses dépenses sans prenne qui pourra... La FNAUT s’étonne Je voyage en train en moyenne deux fois que la qualité du service en soit affectée. Et d’autant plus de cette réaction dépla- par mois et je n’ai toujours pas réussi à re- si l’impossibilité de se procurer un billet ne cée de M. Malvy qu’elle a toujours cité trouver mes repères dans la gare rénovée de le préoccupe pas plus que cela, qu’il offre en exemple le remarquable plan rail de Montpellier Saint-Roch... au moins une carte de libre circulation à la région et soutient comme lui le pro- Les accès aux billetteries et aux quais tous les voyageurs qui ne souhaitent pas se jet de LGV Bordeaux-. sont compliqués et, cet été, des bancs mis sentir comme des contrevenants respon- Manifestement, les élus régionaux ne sur les quais sans fixation présentaient un sables du déclin de leur ligne. sont pas à l’aise face au risque évident danger sérieux pour toute personne qui se Francis Meyer, 68 Luttenbach z de disparition de certaines liaisons fer- risquait à s’asseoir. roviaires. Certes la responsabilité pre- De plus, cet été nous avons oscillé entre TGV du futur mière est celle de l’Etat, qui a réduit peu la fournaise et la pluie tropicale. J’aimerais à peu, en dix ans, d’environ un milliard savoir pourquoi la ville a opté pour une Parmi les 34 plans de reconquête indus- d’euros sa subvention annuelle à RFF ; gare en verre dans une région réputée pour trielle présentés le 12-09-2013 par le gou- qui a réduit sa dotation aux régions ; et son climat chaud ! vernement figure le « TGV du futur ». Une qui vient de reporter l’application de Quant à vouloir mettre une gare nou- décision étonnante alors que le même gou- l’écotaxe poids lourds, renforçant ain- velle TGV à l’extrême bout de la ville, c’est vernement vient d’approuver la commis- si les difficultés de financement de la totalement aberrant... sion Mobilité 21 qui donne un net coup de régénération des lignes les plus dégra- Monique Chaabi, 34 Montpellier z frein aux projets de LGV en France. dées du réseau classique. Quant aux capacités d’Alstom à exporter Mais la responsabilité des régions Une rentrée difficile ce « TGV du futur », elles sont faibles, le ne peut être évacuée. Certaines sont TGV étant un produit de niche au mar- prêtes à cofinancer de grandes infras- Chaque année en septembre, de longues ché étroit dont Alstom a été plus ou moins tructures inutiles et souvent nuisibles files d’attente se forment pendant plusieurs éliminé (en particulier en Chine) au profit pour l’environnement : autoroutes, aé- jours devant toutes les agences des Trans- de ses concurrents. Il reste à Alstom des roport de Notre-Dame-des-Landes, ca- ports en commun lyonnais (TCL-Keolis) projets marginaux (Maroc, par exemple) nal Seine-Nord, LGV Poitiers-Limoges. pour le renouvellement des abonnements : où des contrats peuvent être encore obtenu Certes elles manquent d’argent pour « la rentrée redoutée des abonnés », titre grâce aux largesses des finances publiques. tout faire, mais elles ont de l’argent. le Progrès. La situation s’est aggravée avec Pratiquement, ce « TGV du futur » sera Des régions adjacentes sont inca- la suppression regrettable de deux agences, acheté essentiellement par la SNCF pour pables de collaborer pour gérer cor- Croix-Rousse et Vieux-Lyon. renouveler son parc. L’argent public sera rectement des lignes interrégionales. L’erreur est de tout miser sur Internet : donc dépensé une première fois pour sub- Et toutes ont trop longtemps fait les usagers, y compris des jeunes, sont ventionner Alstom lors du développement confiance à la SNCF et écarté, jusqu’à nombreux à préférer s’adresser à un gui- de ce matériel, et une seconde fois lorsque une date récente, la perspective d’une chet plutôt qu’à un écran d’ordinateur, et la SNCF sera contrainte de l’acheter au exploitation des TER en délégation à pouvoir exposer leurs difficultés à un être prix fort puisque le gouvernement interdit de service public, formule pourtant humain (22 000 abonnés sur 400 000 ont à celle-ci de mettre à Alstom en concur- susceptible, comme en Allemagne, de eu recours au site dédié e-tecely). Inter- rence. réduire les coûts et d’améliorer la qua- net crée une véritable fracture sociale dont Bernard Gobitz, AUT Ile-de-France z lité des services.

6 x fnaut-infos n°222 - mars 2014 Un homme du futur ? Brèves Jean-Charles Kohlhaas est président du groupe EELV au Conseil régional Rhône- BrèvesParents-taxis La FNAUT baisse les bras ! Alpes. Très sûr de lui, il affirme que « le projet Lyon-Turin est un projet du passé, et ceux Selon le Daily Mail, les parents La Convergence Nationale Rail (CNR), qui le soutiennent sont des hommes du conduisent leurs enfants sur 200 000 km animée par la CGT- Cheminots qui sou- passé ». entre leur naissance et leur majorité, soit tient les grèves des cheminots contre le plus de la moitié de la distance Terre-Lune. projet de réforme ferroviaire, a sorti un com- Et le vélo ? Les parents-taxis cumulent près de 117 tra- muniqué reprenant la liste des lignes ferro- jets chaque mois sur une distance moyenne viaires menacées, immédiatement après sa Denis Baupin, député EELV de Paris, à pro- de 1 031 km effectuée en 25h 10min. Les publication par la FNAUT mais sans la citer. pos du projet de voiture à 2 litres aux 100 sorties des enfants concernent les activités Quant à Patrick Bacot, président de l’asso- km : « pourquoi ne pas innover totalement familiales, amicales, sportives, sociales et ciation de défense de la ligne Carcassonne- en inventant un petit véhicule urbain à une musicales, ainsi que les fêtes d’anniversaires. Quillan, membre de la CNR, il affirme, sans place, capable de répondre aux besoins Ces exigences conduisent de nombreux rire et sans justifier ses allégations, que « la de mobilité dans des villes de plus en plus ménages à acheter un deuxième véhicule : FNAUT baisse les bras ». congestionnées ? » Le vélo, éventuellement le nombre de familles multimotorisées a à assistance électrique, ne suffit pas ? triplé en 40 ans. En moyenne, les parents BIEN DIT couvrent 11 500 km par an pendant les cinq Vert amende premières années de la vie d’un enfant, 13 500 km les six années suivantes et 10 600 3 Patrick Hatzig, vice-président PCF du Le sénateur EELV Jean-Vincent Placé doit km pour les adolescents de 11 à 16 ans. Conseil régional de Lorraine s’adressant à régler 18 000 euros d’amendes à la suite André Rossinot, président du Grand Nan- d’une centaine d’infractions routières, révèle cy : « en refusant de choisir courageusement Le Canard enchaîné du 18-12-2013 (titre de entre le tout-automobile et les alternatives, Mobilettre). vous condamnez les citadins à la double peine, un réseau de transports faible et une Gratuité électorale agglomération impraticable en voiture ».

En période électorale, préconiser la gra- Cheminots en jupes tuité des transports permet de glaner quelques voix, si on oublie de dire que le En juin 2013, des conducteurs de train sué- contribuable la paiera. Ainsi Cécile Helle, dois ont décidé de porter des jupes pour dé- candidate PS à Avignon et « opposée au pro- noncer l’interdiction par leur employeur Arriva jet trop coûteux et mal adapté de tramway », de mettre des shorts en été. En Suède, les tem- propose de « rendre les transports gratuits pératures estivales atteignent 35°C. sans incidence sur la fiscalité locale, tout en augmentant les dessertes, les fréquences et Petite confusion les plages horaires, en créant une navette fluviale et en terminant le contournement Dans sa rubrique « idées week-end », le site autoroutier d’Avignon ». A Angoulême, voyages-sncf.com a proposé de visiter Limoges c’est le candidat UMP Xavier Bonnefont qui Le coût des embouteillages et d’y découvrir la cathédrale, le musée des refuse le projet « pharaonique » de BHNS et Beaux Arts, la Maison de l’émail et surtout les propose la gratuité. A Amiens, des candidats Selon l’institut de recherche CEBR mondialement célèbres fabriques de... faïence PC et UDI sont contre le tramway et pour la (Centre for Economics and Business Re- (source : La Montagne). gratuité. A Aix-en-Provence, le candidat PS search) et la société d’info-trafic américaine Edouard Baldo préconise la gratuité mais, Inrix, le coût annuel pour l’économie fran- interrogé par un membre de la FNAUT, il ne çaise des embouteillages dans les 13 plus Bêtisier sait pas dire quel est le montant des recettes grandes zones urbaines françaises (où 77 % actuelles... des salariés vont travailler en voiture aux 7 La Préfecture de police de Paris a fait part heures de pointe) s’élève à 5,9 milliards des nouvelles dispositions s’appliquant aux Vocabulaire de colloque d’euros, soit 677 euros par ménage. Ce total cyclistes : « désormais, toute « unité consti- comprend le carburant gaspillé (72 euros), tuée », à partir de deux cyclistes, doit déclarer Si le colloque est consacré aux territoires, le temps perdu soit 47 heures par an (453 son parcours en préfecture ». Selon l’associa- dites qu’il faut bien comprendre que l’éco- euros), les répercussions sur les prix à la tion Vélorution, informée par la Préfecture nomie de proximité est le nouveau para- consommation (152 euros). En région pari- après avoir invité les cyclistes parisiens à des- digme de la transition écologique de l’éco- sienne, où 2,4 millions de salariés utilisent cendre les Champs-Elysées à l’occasion de la nomie territoriale, et donc qu’il faut placer les la voiture pour se rendre au travail, la perte journée sans voiture, « la rencontre de deux territoires productifs au cœur des mutations de temps annuelle est de 60 heures et la fac- cyclistes sur la voie publique marque le début économiques et sociales des configurations ture annuelle de 997 euros par ménage. d’une randonnée qui doit être encadrée par territoriales, veiller à l’ancrage territorial des Selon CEBR, une heure perdue dans la police afin de préserver l’ordre automo- pôles de compétitivité et d’excellence envi- un embouteilage équivaut en moyenne à bile ». A quand l’interdiction des tandems ? ronnementale, repenser les arrangements une demi-heure de salaire. Pour compen- 7 Christophe Quiniou, conseiller com- productifs localisés, arbitrer entre l’écono- ser la pollution due aux embouteillages, munautaire UMP de Lyon : « notre groupe mie productive versus l’économie résiden- il faudrait planter 189 millions d’arbres. en a plus qu’assez de la charia écologique tielle pour mobiliser les acteurs et éviter C’est Marseille qui est championne des programmée à l’encontre de la voiture per- un développement endogène, enfin resi- bouchons, avec 40 % de temps perdu en sonnelle en lui faisant porter la faute d’une tuer l’économie de la connaissance dans le moyenne sur un trajet d’une heure. A Paris, partie de la pollution locale et globale ». Un champ créatif du territoire. le taux de congestion moyen est de 36 %. dinosaure...

fnaut-infos n°222 - mars 2014 x 7 Activités Lorraine : de l’A32 à l’A31 bis, de la FNAUT une illusion persistante l Jean Lenoir, Marc Debrincat et Fran- RégionsSur le tronçon Thionville-Luxembourg, çois Jeannin ont fait de nombreuses la 3ème voie serait réservée aux autocars interventions auprès de la SNCF et de et au covoiturage. Un choix acceptable la DGITM pour défendre les usagers des (80 000 frontaliers travaillent au Luxem- trains Intercités. bourg) à trois conditions : que cette affec- l Jean Lenoir et Marc Debrincat ont partici- tation soit garantie par l’Etat ; que la voie pé au comité de suivi des trains Intercités. Ils soit prolongée au Luxembourg ; que simul- ont rencontré Albert Alday, directeur géné- tanément soit mis en place un transport ral de l’opérateur ferroviaire Thello. ferroviaire de masse de la région vers le l Jean Lenoir et François Jeannin ont ren- Luxembourg. contré RFF à propos du projet de service Par ailleurs la FNAUT Lorraine préco- annuel 2017. nise depuis longtemps la réactivation de la l Marc Debrincat a présenté à la faculté de ligne Fontoy - Belval/Esch. droit de Bordeaux les propositions de la Les autres ouvrages du projet A31 bis FNAUT concernant les droits des voyageurs. relèvent de la « manie » routière. Les autres l Jean Lenoir a rencontré l’ARF à propos du parties de l’A31 concernées sont loin de projet de réforme ferroviaire. Il a présenté à connaître le trafic intense observé, par Sciences Po les propositions de la FNAUT exemple, sur l’autoroute du Nord. On sait concernant le projet de réforme ferroviaire par ailleurs que la seule limite à la fréquen- et le réseau ferré capillaire. tation d’une route gratuite est l’engorge- l Daniel Mouranche participe aux travaux ment. Or le rail est équipé en 4 voies sur de la mission CGDD-INSEE de rationalisa- tout le parcours correspondant. Il peut dès tion du dispositif d’observation statistique lors supporter un trafic supplémentaire, relatif aux transports. surtout si on crée une 3ème voie de Thion- l La pétition pour la modernisation de ville à Luxembourg, ce qui est souhaitable. la relation ferroviaire transversale Lyon- Source : Est Républicain Le projet COT est particulièrement inu- Bordeaux par Limoges, initiée par Sylvain tile et nuisible. Il déboucherait à la frontière Guyot, un universitaire de Limoges, et sou- Le projet A31bis, relancé par la commis- luxembourgeoise sur une autoroute déjà tenue par la FNAUT, a été adressée au mi- sion Mobilités 21 et entériné par le gou- engorgée. Il traverserait une zone densé- nistre des Transports ainsi qu’au président vernement (FNAUT Infos n°217), doit, ment peuplée (Florange). La création pro- de la SNCF : près de 8 000 signatures ont selon le député UDI de la Meuse Bertrand mise de tunnels serait d’un tel coût qu’au été recueillies. Pancher, « remédier, sur la quasi-totalité du mieux elle serait restreinte, et elle n’éviterait l Jean Macheras a présenté un comparatif sillon lorrain, à la congestion récurrente qui pas un important dégagement d’air pollué entre tramway et BHNS lors d’une réunion handicape lourdement le développement nuisible à la santé des habitants. publique organisée par le Collectif Tramway régional et pose de sérieux problèmes de Le barreau Toul-Dieulouard est conçu de Toulon. Il est intervenu lors d’une réu- sécurité, de pollution et de qualité de vie ». pour que les camions venant du nord évitent nion publique du collectif des associations « Une excellente nouvelle, un projet essen- Nancy et aillent directement à Toul puis d’Orléans. tiel », pour Jean-Pierre Masseret, président Dijon par l’actuelle A31, payante. Inutile, l François Giordani a participé à une réu- PS du Conseil régional. « Une priorité » pour cet ouvrage créerait de graves dommages à nion organisée par Christian Leyrit, nouveau le Conseil économique, social et environne- l’environnement d’une région très sensible. président de la Commission Nationale du mental (?) de Lorraine, « qui défend ainsi une Au total, la FNAUT Lorraine est hos- Débat Public. vision qui permet de combiner les objectifs tiles au projet A31 bis pour les mêmes rai- l Jean Lenoir a rencontré Jérôme Wallut, d’amélioration du niveau de service aux usa- sons que celles qui avaient été citées - et directeur général d’Alstom, Keith J. Bastow, gers et des relations entre les territoires aux entendues - pour l’A32. La seule différence responsable du développement ferroviaire différentes échelles transfrontalière, régio- concerne la mise à 2x3 voies entre Thion- de l’opérateur Arriva, filiale de la Deutsche nale et infrarégionale ». « Enfin du concret, ville et le Luxembourg, aux trois conditions Bahn, et Christine Dart, responsable des re- un acte fort », pour le secrétaire de la fédéra- signalées. lations institutionnelles de Siemens. tion PS de Moselle. Claude Pierre dit Barrois, FNAUT-Lorraine z Une illusion classique ! On sait pourtant La FNAUT a le regret d’annoncer le décès que toute nouvelle infrastructure routière Commentaires d’internautes récent de Mauricette Ringuet, ancienne induit à terme davantage de trafic qu’elle ne membre de son Conseil national et an- peut en écouler... « On roule correctement sur l’A31, sauf au cienne présidente de la FNAUT Poitou- D’un coût de 1,3 milliard d’euros que les nord de Thionville vers Luxembourg. Le préfet Charentes. collectivités devraient assumer à 60 %, ce que et le conseil économique feraient mieux de réflé- refusent les élus, l’A31 bis reprend le projet chir au développement du ferroviaire (confort fnaut infos- Bulletin mensuel d’information A32, doublement de l’A31 largement rejeté et rapidité pour les usagers, désengorgement de Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°222 par la population au moment du Débat Pu- l'autoroute, pas de massacre de terres agricoles, ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. blic de 1999, et n’est pas plus acceptable : pas de fragmentation des espaces naturels, pas Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers - une autoroute Metz-Thionville serait de gaspillage de nos impôts). » Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d réalisée sur un tracé nouveau ; « Nos chers élus veulent nous faire croire Prix au numéro : 2 d - le barreau Toul-Dieulouard et le qu’une voie serait réservée aux cars, mais il ne Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT Contournement Ouest de Thionville (COT) s'agit que d'un camouflage pour mieux élar- de votre région, contacter notre permanence : figurent dans les deux projets, de même que gir l'autoroute et ainsi évacuer la question du 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris l’élargissement à 2x3 voies de l’A31 entre ferroutage. Si le préfet et les élus veulent vrai- tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] Nancy et Metz, d’une part, entre Thionville ment développer les transports collectifs, qu’ils Internet : http://www.fnaut.fr et la frontière luxembourgeoise d’autre part. se tournent vers le train. » CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°222 - mars 2014 n°223 infos avril 2014 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Déplacements urbains : enquêtes et réflexions de la FNAUT Périphérique

Bien qu’il ne s’agisse que d’une mesure ponctuelle, la nouvelle limitation de vitesse à 70 km/h au lieu de 80 sur le périphérique parisien a été approuvée par le Réseau Ac- tion Climat, Agir pour l’Environnement et la FNAUT qui en souhaitent la généralisation aux grandes voiries de toutes les agglomé- rations françaises. Elle a suscité aussi diverses critiques. On s’attendait à la protestation sommaire de l’association 40 millions d’automobilistes, allergique à toute contrainte, même d’inté- rêt général, apportée au trafic automobile. Le point de vue de Jean Poulit, ancien Tramway de Bordeaux (photo : Marc Debrincat) directeur régional de l’Equipement d’Ile- de-France, est plus sophistiqué. Selon lui, la nouvelle réduction de vitesse aurait un im- Des progrès sont observés dans l’organisation d’une mobilité respectueuse pact limité sur l’environnement et la sécuri- du cadre de vie urbain, mais ils sont trop souvent freinés par la crainte de mé- té mais, surtout, elle réduirait de 23,5 % la « contenter les automobilistes et la persistance de fausses bonnes idées. Après zone de chalandise de l’emploi, des services Nantes, Strasbourg, Lille et Montpellier (FNAUT Infos 215), la FNAUT a pour- et des commerces », c’est-à-dire le territoire suivi à Orléans, Dijon, Bordeaux et Rennes ses enquêtes sur les déplacements accessible (en voiture bien sûr) à temps de dans les grandes agglomérations françaises. Nous présentons également un trajet constant : il en résulterait une perte ensemble de réflexions sur différents paramètres qui conditionnent la qualité économique annuelle de 39,5 milliards des déplacements urbains : vitesse automobile, stationnement, choix des trans- d’euros soit près de 2 points de produit ports collectifs en site propre, marche, vélo, autopartage et voiture en libre intérieur brut. service, tarification des transports collectifs, densité urbaine. A l’étranger, la Quant on sait que l’automobiliste roule à maîtrise de l’automobile est souvent beaucoup plus volontariste qu’en France. 30 km/h sur le périphérique aux heures de pointe, on a du mal à prendre au sérieux ce Stationnement ter le montant des amendes, par exemple calcul alambiqué... Natacha Bouchart, sénatrice-maire Le GIEC vient de publier son 5ème rap- En moyenne 35 % des automobilistes UMP de Calais, et François Commein- port, encore plus alarmant que les précé- payent leur stationnement (20 % à Pa- hes, maire UMP de Sète. dents, mais le secteur des transports reste, ris). De 11 euros depuis 1986, le mon- Pierre Cohen, maire PS de Toulouse, en France, toujours dispensé d’efforts de tant des amendes est passé à 17 euros est opposé à la deuxième rocade autorou- lutte contre le changement climatique en 2011, un tarif peu dissuasif dans les tière préconisée naïvement par son ad- alors qu’il représente 27% des émissions grandes villes et sans lien avec le lieu et versaire UMP Jean-Luc Moudenc, pour de gaz à effet de serre de notre pays et 32% le prix du stationnement. La loi adop- désengorger la première. Il veut « rompre de sa consommation d’énergie finale ; il en- tée fin 2013 entrera en vigueur dans avec la culture du tout-voiture », mais il gendre par ailleurs 70 % des particules fines deux ans : elle permettra aux maires de n’a pas l’intention d’augmenter le prix présentes dans l’air de nos villes. fixer non seulement le prix du stationne- du stationnement s’il est réélu : « nous Dans ce contexte, il est affligeant de ment mais aussi le montant de l’amende sommes dans une période intermédiaire, constater qu’une partie de nos respon- (FNAUT Infos 219). Le montant du nous avons mis en place un PDU de sables techniques et politiques en reste à « forfait de post-stationnement » (nou- grande ambition, mais encore loin d’être des considérations ringardes, dignes des veau nom des amendes) ne pourra être réalisé ; il faut être à la mesure des possi- années Pompidou. Le décalage avec l’opi- supérieur au prix total d’une journée de bilités du transport collectif pour ne pas nion s’accentue : 78,8% des Français se stationnement. léser ceux qui n’ont pas d’autre possibi- disent aujourd’hui prêts à réduire la vitesse Les opposants à cette réforme lité que de prendre leur voiture ; on ne va de leur véhicule afin de limiter sa consom- craignent une hausse des amendes. pas mettre des amendes prohibitives de mation de carburant et ses émissions, selon « C’est une loi ubuesque qui place l’inté- 90 euros comme à Madrid, ou un péage un rapport de la Commission européenne rêt financier au-delà d’une politique de pour entrer en ville, comme à Londres ». (Eurobaromètres, Future of transport, Ana- stationnement », estime l’association 40 La hausse du coût du stationnement lytical report, 2011). millions d’automobilistes, qui répertorie central et le péage urbain ont pourtant Jean Sivardière z les maires s’engageant à ne pas augmen- fait leurs preuves...

fnaut-infos n°223 - avril 2014 x 1 Les enquêtes de la FNAUT

Une approche qualitative Orléans 3 pots d’échappement Dossier - pour un réseau de lignes de bus qui, Ces enquêtes sont menées par Jean 3 pieds même labellisées « à niveau élevé de ser- Macheras, qui anime le réseau Dépla- - pour une bonne desserte par le vice », présente de nombreuses insuffi- cements Urbains de la FNAUT, en tramway (relayé par les bus 1 et 2) de sances : vitesse commerciale, affichage des partenariat étroit avec les associations nombreux sites parmi les plus impor- temps d’attente, confort des arrêts, informa- locales d’usagers des transports, pié- tants de la ville : gares, hôpitaux, uni- tion dans les véhicules et les abribus ; tons, cyclistes, personnes handicapées, versités et écoles, quartiers d’habitat - pour une qualité de l’information en gé- autopartageurs, protecteurs du cadre de collectif, stades, lieux touristiques, parc néral qui laisse à désirer ; le plan du réseau, vie urbain (voir page 7). des expositions, chèques postaux,… notamment, est peu lisible : les lignes de L’approche privilégiée par la FNAUT - pour une politique soutenue de tramway, noyées dans celles des bus, ne res- est qualitative, elle est basée sur le res- reconquête de l’espace urbain pour les sortent pas ; l’affichage en grand format aux senti de chaque type d’usager. Chaque modes doux, à travers la réhabilita- arrêts est l’exception ; les abribus n’affichent enquête se conclut par l’attribution de tion des deux grandes places de Gaulle pas de plan de quartier ; bons points (« pieds ») et de mauvais et Martroi, quartiers Bourgogne et - pour une place encore bien trop grande points (« pots d’échappement »), elle est Carmes, rue de la République,... ain- accordée à la voiture, aux abords des écoles validée par la fédération ou représenta- si que l’aménagement des bords de et dans les rues situées en dehors de l’hy- tion régionale de la FNAUT. Des mé- Loire ; percentre, et pour le contrôle insuffisant moires plus complets sont disponibles - pour le souci manifesté de faciliter du respect des règles d’usage de la voirie sur le site www.fnaut.fr. les déplacements de tous, par des tram- par les auxiliaires de surveillance de la voie ways accessibles de plain pied, une mise publique. Dijon en accessibilité progressive de tout le réseau de bus, l’installation de bandes Rennes 3 pieds podotactiles aux arrêts de tram, aux ar- - pour la qualité de son réseau de rêts de bus et en d’autres endroits. 4 pieds transports collectifs (confort, accessi- - pour une bonne desserte multimodale bilité, information dans les véhicules) 3 pots d’échappement de l’agglomération où métro, lignes de bus et pour le souci de modernité affiché - pour une desserte insuffisante de majeures, inter-quartiers, métropolitaines, dans la conception tant des bus que l’agglomération par les transports col- express, évènementielles,… mais aussi vélos des tramways (rendement énergétique, lectifs : liaisons essentiellement radiales, en libre-service et (hélas trop rares) parcs réduction des nuisances, design) ; offre trop concentrée dans l’intra-mail relais forment un ensemble performant ; - pour la recherche intelligente de d’Orléans, communes périphériques - pour un souci de l’accueil des voya- solutions économes et respectueuses mal desservies, bus peu performants, geurs : bus tous accessibles et arrêts équi- de l’environnement (achat groupé avec services de transport à la demande peu pés pour la plupart d’abris souvent doublés, une autre ville, récupération d’eaux développés et peu pratiques ; confortables, à trottoirs rehaussés (mais pas d’infiltration, centre d’exploitation et - pour une intermodalité mal assu- de plan de quartier et rarement un affichage de maintenance « branché » écologi- rée : peu de correspondances commodes sur écran des temps d’attente : dommage !) ; quement ; entre trams et bus, pas d’indications - pour une cartographie bien faite, plan - pour la variété de l’offre tarifaire aux arrêts permettant de situer les ar- du réseau et plans de lignes apposés aux ar- (abonnements de longue et courte du- rêts des autres lignes, une seule station rêts (mais pas de plan des « lignes métropo- rée), la commodité apportée par le sup- commune aux réseaux urbain et dépar- litaines » : dommage !), affichage sur écran port généralisé de la carte sans contact temental (à Saint-Jean-de-Braye) ; et annonces sonores dans les véhicules, ap- et les nombreux services offerts sur site - pour une information souvent défi- plications pour téléphones mobiles ; Internet ou smartphone. ciente : affichage des temps d’attente, - pour une tarification diversifiée, avec visualisation des arrêts, annonces so- gratuité sociale pour les familles à revenus 3 pots d’échappement nores à l’intérieur des véhicules, ab- modestes et autres réductions spécifiques, - pour des efforts insuffisants en sence de plans de quartier aux arrêts des et pour le support très pratique offert par matière de multimodalité : un seul pôle bus et de la ligne A. la carte multimodale et multi-exploitants d’échanges entre transports urbains et Korrigo. cars départementaux, absence de ces Bordeaux derniers sur les plans de l’aggloméra- 3 pots d’échappement tion, deux uniques parcs relais voitures- 3 pieds - pour l’insuffisance de sites propres bus transports collectifs ; - pour la richesse et la diversité de son (malgré la mise en œuvre progressive d’un - pour la qualité médiocre de l’infor- offre de transport collectif (maillage, BHNS sur l’axe est-ouest), qu’il faudrait mation cartographique, qu’il s’agisse du modes, volume, formules tarifaires) pourtant envisager en prévision d’une forte « Plan bus et tram » sur lequel les lignes ainsi que sa bonne interconnexion avec croissance attendue de la population de de transport collectif sont peu visibles le réseau départemental (pôles intermo- l’aire urbaine ; et mal différenciées entre elles, ou de daux) ; - pour un manquement à la lutte contre la la carte touristique « Plan et accès » où - pour son encouragement à l’utilisa- pollution (parc de bus tout-diesel et absence elles sont mal intégrées ; tion des modes les mieux adaptés à la de politique en matière d’harmonisation des - pour une place encore trop grande ville, à travers les parcs relais, les vélos livraisons) ; accordée à l’automobile au détriment en libre-service, les plans de déplace- - pour une politique d’encouragement à des modes mieux adaptés à la ville : ments d’entreprise ; la marche et au vélo affirmée certes par des transports collectifs, vélo, marche. - pour la reconquête courageuse de efforts conséquents, mais manquant de co- L’auto accapare en particulier des places son espace urbain par la ville-centre, hérence (parcours discontinus, réalisations à et des rues que sous d’autres cieux on après des décennies où rues, places et l’économie) et de volonté de faire respecter aurait piétonnisées depuis longtemps. quais étaient livrés à l’automobile. les aménagements par les automobilistes.

2 x fnaut-infos n°223 - avril 2014 Marcher en ville Transports en site propre Marcher 30 minutes par jour, c’est bon pour la santé, selon l’Institut national de A l’exception d’Aix-en-Provence, Lens 183), a finalement été abandonnée : les amé- prévention et d’éducation pour la santé et Toulon (450 000 habitants), les 23 ag- nagements urbains étaient terminés depuis (INPES). Ce conseil figure au Programme glomérations françaises de plus de 250 000 septembre 2007, mais le matériel roulant national nutrition santé (PNNS). habitants sont aujourd’hui équipées d’un Evéole, dérivé du prototype Phileas expéri- La marche prévient diverses maladies métro, d’un Val ou d’un tramway. Dix menté à Eindhoven (Pays Bas), a connu de chroniques telles que l’hypertension, le agglomérations plus petites ont adopté le multiples défaillances et n’a jamais pu être diabète de type 2 ou le cancer du côlon, tramway : Amiens, Aubagne, Avignon, Be- fiabilisé. Les élus ont finalement acheté 16 et elle a un effet très bénéfique chez les sançon, Brest, Caen, Le Mans, Mulhouse, bus ordinaires. Mais l’infrastructure prévue personnes âgées sur le plan social et Reims, Valenciennes. Mais le créneau de pour Evéole n’est pas adaptée à la circu- psychologique. chaque technique reste encore mal appré- lation de bus ne possédant pas de porte à Parmi les conseils simples de l’INPES cié par les décideurs, qui sous-estiment les gauche et devra être réaménagée... (www.mangerbouger.fr) : prendre les besoins ou sont fascinés par les innovations. L’échec cinglant d’Evéole, après celui escaliers plutôt que l’ascenseur, aller du TVR de Nancy et Caen, montre que à la boulangerie ou accompagner les Le Busway de Nantes l’innovation technique, si elle est néces- enfants à l’école à pied, descendre du saire, doit être maniée avec prudence, bus un arrêt avant sa destination finale, Aymeric Gillaizeau a présenté dans faute de quoi les usagers et les contri- éviter de garer sa voiture au pied de son FNAUT Infos 221 une critique du Busway buables font les frais des décisions aven- immeuble. de Nantes, de trop faible capacité. Le ma- tureuses des élus qui privilégient le tape- Après une phase d’expérimentation, gazine Bus et Car (22-11-2013) confirme à-l’œil au service rendu. la ville de Grenoble a installé 270 pan- son analyse. neaux dans les rues de la ville pour « La ligne sature aux heures de pointe Le câble, nouvelle mode informer les habitants sur les temps de malgré les renforts ; la fréquence passe alors parcours à pied pour se rendre d’un en- de 4 min à 2 min 30, les bus sont bondés et Depuis dix ans, les projets de téléphé- droit à un autre, et les convaincre ainsi se suivent à quelques mètres, ils restent blo- riques urbains se sont multipliés dans la que marcher est un moyen de déplace- qués aux carrefours par d’autres véhicules de cuvette grenobloise. Un premier projet ment à part entière et n’a rien d’insur- la ligne. Au bout de 2 ou 3 stations, le bus Gières-Chamrousse passant par Saint- montable. Selon Patrice Voir, adjoint à prend du retard car les voyageurs ont besoin Martin d’Uriage a suscité une réaction la santé cité par La Croix du 2-10-2013 : de plus d’une minute pour descendre et hostile des habitants « survolés » et a été « l’objectif est d’inciter les personnes sé- monter. Une section du site propre est mal retiré. Une liaison Brignoud-Crolles, dentaires à pratiquer des activités phy- respectée par les automobilistes. Le Busway non pertinente comme l’ADTC l’avait siques au quotidien ». Un autre intérêt croise aujourd’hui une ligne Chronobus qui démontré, a été étudiée par la commu- de cette initiative est de désengorger le lui dispute la priorité. nauté de communes du Pays du Gré- tramway saturé dans le centre-ville aux Prévu pour 28 à 30 000 voyageurs par sivaudan puis abandonnée à son tour ; heures de pointe. jour, il en transporte 34 à 35 000 alors que une liaison étudiée par le SMTC entre la ligne ne fait que 7 km de long. Il est envi- le débouché de l’A41 à Grenoble et le Pédibus sagé de remplacer les bus articulés de 17 m campus a connu le même sort. par des bus à trois caisses de 24 m. La capa- En mars 2012, Marc Baïetto, pré- Patrick Barbier, maire EELV de Mutter- cité augmenterait alors de 25%, mais la fré- sident de la communauté d’aggloméra- sholtz (Bas-Rhin), voit loin : « nous orga- quentation augmente de 4 à 5% par an... » tion de Grenoble, propose seul de relier nisons un pédibus vers l’école et nous l’agglomération grenobloise et le plateau achetons des terrains pour que les en- Mégabus ou tramway compact ? du Vercors par une liaison Fontaine - fants puissent, dans le futur, faire seuls à Saint-Nizier - Lans-en-Vercors. Mais pied tout le trajet vers l’école ». Metz a adopté pour ses deux lignes de le coût apparaît excessif vu le nombre Le réseau Pédibus du Grand Lyon BHNS (le « Mettis ») un bus à trois caisses de déplacements en voiture qu’il pour- comporte une centaine de lignes quo- à motorisation hybride diesel-électrique, rait éviter. D’autres élus défendent qui tidiennes touchant un millier d’enfants. conçu spécifiquement par le constructeur un téléphérique montant au col de Porte A Louviers (Eure), le pédibus, dont le belge Van Hool. en Chartreuse, qui une télécabine entre succès était très modeste, est devenu un Besançon, Aubagne et Avignon ont opté Grenoble et Voreppe, ou encore entre asinobus en 2012 : deux ânes, Pomme et au contraire pour un tramway compact Vizille et Echirolles. Nénette, encadrent les enfants qui se à trois caisses. Le nombre maximum de Le projet le plus sensé est sans doute rendent à l’école à pied, ils portent leurs passagers transportés est proche de 150 la liaison entre Fontaine, le Polygone cartables. Objectif du maire PRG Franck dans les deux cas ; le coût d’investissement scientifique et Saint-Martin-le-Vinoux, Martin : limiter les stationnements mi- annoncé est de 13 millions d’euros par km qui franchirait le Drac, l’Isère et deux nute à l’entrée et à la sortie des écoles. pour le Mettis, 16 pour le tram compact. autoroutes et serait en correspondance « De nouveaux enfants et parents ont Mais le tramway n’est-il pas gagnant à avec les lignes de tram A, B et E. été attirés par la compagnie des ani- terme ? Le mégabus est censé avoir une Face aux difficultés rencontrées, Marc maux », selon l’association Le chemin du durée de vie de 15 à 20 ans, celle d’un tram- Baïetto affirme : « si le câble ne se fait halage, sollicitée par la Ville, qui a créé way est de 30 à 40 ans. Autre avantage du pas vers le Vercors, on le fera ailleurs » ! un emploi d’ânière et assure aussi le ra- tramway : son emprise au sol n’est que de Le transport par câble est ainsi devenu la massage des déchets des parcs urbains 6 m (double voie), contre 7 m pour un bus nouvelle mode. (l’Age de Faire). non guidé. Mais qui réfléchit au créneau de per- A Lambesc (13), chaque jour, les pa- tinence du câble, essentiellement le rents d’enfants effectuent 6500 km en Le bus très ordinaire de Douai franchissement d’obstacles naturels, ce voiture pour les déposer à l’école ; entre qui justifie pleinement les projets de 1963 et 2008, les terres urbanisées sont La technique du guidage magnétique, téléphériques de Brest et Toulouse, et les passées de 23 hectares à plus de 500 dont les élus de l’agglomération de Douai liaisons entre villes haute et basse ? (source : Valeurs Vertes). s’étaient entichés (FNAUT Infos 181 et E. Colin de Verdière, ADTC-Grenoble z

fnaut-infos n°223 - avril 2014 x 3 Du Plan Vélo au PAMA : Voiture en libre service : une fausse bonne idée deux ans de perdus

Selon Salomé Benhamou, chargée de créer des places de stationnement réser- Afin de préparer un Plan d’Action Mobili- mission auprès du groupe PS de la région vées aux voitures Autolib, alors qu’il y a tés Actives (PAMA), le ministre des Transports, Ile-de-France : « Autolib Paris, complé- un déficit énorme d’emplacements réser- Frédéric Cuvillier, avait installé en juin 2013 ment du transport collectif, se situe dans vés aux vélos et à l’autopartage... un groupe de travail rassemblant des repré- un projet global et ambitieux de refonte La majorité des voitures circulant dans sentants des ministères, des parlementaires, de la mobilité urbaine. Alors que des Paris provient des départements limi- des élus locaux, des techniciens, des usagers sociétés privées proposent des voitures trophes, il faut donc mettre le paquet sur (Droits du Piéton, FUB, AF3V, FNAUT). polluantes en autopartage, le service l’offre de transport collectif et, parallèle- Le PAMA, une grosse machine qui repartait public prend en compte l’intérêt général ment, décourager les automobilistes, par de zéro avec les mêmes acteurs, remplace le (cohérence intermodale, désenclavement exemple en instaurant un péage urbain. Plan National Vélo, déjà préparé pendant un géographique et social) et propose des Or l’argent investi dans Autolib ne l’est an (la FUB, représentée par Geneviève Lafer- voitures écologiques ». pas ailleurs. rère et Annick de Montgolfier, avait participé La réalité est fort éloignée de ces pro- Quant à penser que les véhicules élec- à toutes les réunions) et adopté en janvier pos prétentieux. Paris comme les autres triques sont écologiques... ils le sont 2012. Le PAMA a été adopté le 5 mars 2014. villes, de plus en plus nombreuses, qui peut-être plus que les véhicules ther- Il comprend 25 mesures, dont les suivantes. développent la voiture en libre service miques, mais moins que le vélo. » (FNAUT Infos 219) mettent en place un l Un internaute : « les pouvoirs pu- Intermodalité train + vélo système pervers. blics, alliés à un industriel, apportent un nouveau moyen de transport coûteux - Transport systématiquement possible Quel créneau ? dans un territoire déjà bien pourvu et des vélos dans tous les trains TET ; dont la voirie est encombrée. Avec pour - amélioration du stationnement sécurisé Comme nous l’avons déjà signalé conséquence de remettre des gens dans des vélos, et continuité de la signalisation (FNAUT Info 219), la voiture en libre des voitures, alors qu’ils avaient appris à urbaine jusqu’aux quais ; service et l’autopartage répondent à des s’en passer. L’autopartage coûte beaucoup - intégration de la marche et du vélo dans besoins très différents et se concurrencent moins cher à la collectivité, et modifie tous les calculateurs d’itinéraires. peu, c’est le taxi qui est directement vraiment les comportements. » concurrencé par le libre service. l Un autre internaute : « Autolib ne Mesures communales A Paris et en première couronne, Auto- supprime aucun véhicule et en ajoute lib propose 2 000 voitures en libre service, même, comme le reconnaissait d’ailleurs - Autorisation donnée aux communes de à comparer aux 150 voitures autoparta- récemment un élu parisien. En pratique, fixer la vitesse des véhicules à 50, 30, 20 km/h gées de la société Mobizen. La présence la plupart des utilisateurs y voient un ou à l’allure du pas, en cohérence avec les d’Autolib dans les aéroports parisiens et substitut au métro, au RER, au taxi, à usages des voiries ; près des gares est sans intérêt, ces lieux la marche, au vélo. C’est un taxi qu’on - généralisation du double-sens cyclable, sont très bien desservis par les transports conduit soi-même. La voiture en libre dans toutes les rues où la vitesse est limitée collectifs ; c’est au contraire dans les zones service (Autolib à Paris, Bluely à Lyon, à 30 km/h ; mal desservies qu’Autolib peut avoir une Bluecub à Bordeaux) ne correspond - stationnement sur trottoir, passage pié- utilité occasionnelle pour le voyageur. donc pas à la définition de l’autopartage, ton, bande ou piste cyclable requalifié en La proposition absurde d’Anne Hi- qui, lui, a pour objectif de diminuer le « stationnement très gênant » ; dalgo - accorder un an d’Autolib gratuit nombre de voitures en circulation et en - obligation de mettre en place, au 1er jan- aux nouveaux titulaires du permis de stationnement. En fait, Autolib est trop vier 2015, des parcs de stationnement vélos conduire - montre bien qu’Autolib n’a simple à utiliser car il fournit un sta- dans les immeubles de bureaux bénéficiant pas pour objectif une démotorisation des tionnement à destination. Il n’implique de places de stationnement autos (comme citadins.. aucune réflexion sur ses déplacements et prévu par l’article 57 de la loi Grenelle 2). ne bénéficie pas à la collectivité. l Olivier Razemon, le Monde du 28- Vu le coût d’Autolib pour les pou- Mesures d’ordre général 06-2013 : « 62 % des trajets en Autolib voirs publics, il aurait été plus inspiré se font dans Paris, déjà largement des- de réfléchir à des moyens de transports - Autorisation de chevaucher une ligne servi par les transports publics ; le service vraiment utiles à tous, ou à une réorga- continue pour le dépassement d’un cycliste pourrait même redonner le goût de la voi- nisation de la voirie, plutôt que d’ajou- si la visibilité le permet ; ture à certains qui avaient pris l’habitude ter un système de plus aux territoires de - expérimentation de l’indemnité kilomé- de s’en passer. Pour Bolloré, le seul enjeu France les mieux desservis en transports trique vélo (de l’ordre de 25 centimes/km) est de promouvoir sa technologie des publics que sont la capitale et ses envi- auprès d’entreprises volontaires ayant mis batteries électriques, son objectif affiché rons immédiats. » en place un PDE. n’est pas d’amener les automobilistes à se l Ivan Slatkine, chef du groupe libéral C’est seulement après cette expérimenta- délester de leur voiture individuelle, mais du Grand Conseil de Genève, ville qui tion que seraient mises en place des exoné- de convaincre davantage de clients ». s’intéresse elle aussi à la voiture en libre rations sociales et fiscales. l Gilles Durand, AUT Ile-de- service : « la Ville dit lutter contre le tra- Pour la FUB, le PAMA, qui « ne formalise ni France : « aujourd’hui, 52 % des Pari- fic dans l’hypercentre, vouloir rajouter budget, ni échéancier », ne pourra se réaliser siens ne sont pas motorisés, preuve que la des voitures en libre service est un peu qu’« au prix de l’élaboration d’un plan straté- majorité d’entre eux arrivent à se passer contradictoire ». gique complet décliné en plans d’actions ». de voiture. Pourquoi les inciter à se dé- l Roberto Broggini, député Vert de Annick de Montgolfier z placer en voiture pour des trajets courts Genève : « vu la congestion de nos rues, en milieu urbain ? Autolib facilite la vie il est curieux de vouloir y rajouter des Le collectif Ville 30 (Rue de l’avenir, Droits du des conducteurs, notamment pour trou- voitures ; la Ville devrait se fixer d’autres piéton, FUB, FNAUT, France Autopartage, FNE) a ver une place de stationnement. priorités : mobilité douce, vélo en libre publié une plaquette pédagogique de 16 pages : Et pour l’heure, la Ville de Paris n’hé- service, restitution des squares et des « la ville 30, ça marche ». L’argumentaire présenté site pas à morceler des trottoirs pour places aux habitants ». est très complet. Site internet : www.ville30.org

4 x fnaut-infos n°223 - avril 2014 Innovation : le lotissement vertical La tarification des transports publics influence-t-elle l’étalement urbain ? On sait que, dans le contexte actuel de crise sement l’effet pervers de ce qu’on appelait financière des collectivités locales et de non-maî- alors l’abonnement ouvrier : « l’anti-écono- trise de la périurbanisation diffuse, la FNAUT mique est devenu, comme bien souvent, an- n’est pas favorable à la gratuité des transports ti-social » (et anti-environnemental, aurait-il urbains (FNAUT Infos 218) et estime que ce sans doute ajouté aujourd’hui). sujet, à la mode en période électorale, n’est pas Pour cette raison entre autres, l’AUT Ile- d’actualité : d’une part elle prive le système de de-France s’oppose à l’instauration d’un tarif transport public de recettes indispensables au unique régional souhaitée par les écologistes moment où les autres ressources se raréfient ; (FNAUT-Infos 182). d’autre part la gratuité, et même une tarifica- Les chercheurs du Laboratoire d’Eco- tion trop bon marché, favorisent l’étalement ur- nomie des Transports de Lyon confirment © Domofrance bain. Une tarification solidaire, sur le modèle de aujourd’hui le point de vue d’Alfred Sauvy. Strasbourg, suffit à garantir le droit au trans- Yves Crozet (Le temps et les transports de A Bègles, on construit des lotisse- port pour tous. voyageurs, 2005) affirme ainsi : « une offre ments verticaux, modulables, sociaux de transports publics efficaces est plutôt un et écologiques, « les hauts plateaux » : Le coût du foncier dans les zones cen- facteur aggravant de la périurbanisation ». deux immeubles de quatre étages, trales des agglomérations, la généralisation Et, dans une publication de 2012, il ajoute : « composés chacun de 18 à 20 loge- de la motorisation et l’extension des infras- plus que par les politiques foncières, c’est en ments, empilés les uns au-dessus des tructures routières sont les principaux phé- touchant aux deux éléments du coût global autres, afin de consommer le moins de nomènes responsables de l’étalement urbain. de la mobilité, le temps et l’argent, que l’on foncier possible. Chaque logement est Cependant la gratuité du transport collectif assistera à une évolution des comportements un « plateau à habiter » comprenant pourrait, elle aussi, y contribuer. en faveur d’une ville plus resserrée ». 50% de surface habitable, 25% de sur- Le transport collectif ne dessert pas que face affectée en jardin privatif et 25% des zones denses. Les périmètres de trans- de surface intermédiaire offrant une port urbain se sont élargis, ces dernières possibilité d’extension du bâti ou du années, à des zones périurbaines éloignées jardin. des centres-villes (la surface totale des zones « Face à l’étalement urbain et à la pro- desservies a doublé en dix ans, FNAUT In- blématique du transport, il est néces- fos 222). D’autre part, il serait très difficile de saire d’inventer une alternative au mo- définir un périmètre de gratuité : pourquoi, dèle pavillonnaire en tenant compte afin d’éviter des inégalités entre usagers, du contexte économique», explique ne pas étendre la gratuité aux cars, TER et Noël ­Mamère, député-maire écologiste. RER qui assurent des dessertes périurbaines Les propriétaires partageront des es- lointaines ? Ttamway de Strasbourg (photo : Marc Debrincat) paces communs (laverie,…) et devront Dans ces conditions, la gratuité ne pour- garer leur véhicule dans un parking à rait, pour les ménages confrontés au coût Pour Olivier Klein (FNAUT Infos 215), l’entrée du lotissement. excessif du logement dans les zones denses, « la gratuité des transports à longue distance Chaque propriétaire pourra faire que constituer une incitation supplémentaire favoriserait l’étalement urbain ». évoluer son espace selon ses besoins, à s’installer dans les périphéries urbaines Alain Bonnafous est tout aussi catégo- sur une superficie allant de 120 à 200 lointaines et à accepter la contrainte quoti- rique : « les Verts ont compris qu’il ne fallait m². Ainsi, lorsque la famille s’agran- dienne de déplacements longs et pénibles. pas forcément que les transports lointains dira, plus besoin de déménager, il suf- Certes une desserte périurbaine rapide soient très bon marché car cela favorise l’éta- fira de « grignoter » sur le jardin. Seule est a priori favorable à une urbanisation en lement urbain ; or l’idée, qu’ils défendent contrainte, celui-ci ne devra jamais doigts de gants, plus rationnelle et écolo- aujourd’hui, de mettre en place en Ile-de- faire moins de 25 m2. gique qu’une urbanisation en tache d’huile France un tarif unique pour un trajet quo- L’ensemble a été imaginé par Chris- (FNAUT Infos 143, 183). Mais le transport tidien de 2 X 2 km ou de 2 X 100 km serait tophe Hutin, un jeune architecte bor- collectif lourd n’est pas un facteur automa- une catastrophe pour l’environnement, c’est delais. Lafarge, leader mondial des tique de densification de l’habitat et des acti- de la démagogie radicalement anti-envi- matériaux de construction, partenaire vités : un éparpillement de l’habitat autour ronnementale car, à partir du moment où le du projet, a conçu une structure utili- des gares périurbaines et des terminus de transport collectif est peu cher, on n’hésite sant un béton six fois plus isolant qu’un lignes de tramway est rendu possible par les pas à s’installer loin ». béton classique et très résistant. Les facilités d’accès en voiture à ces points, et « Un des premiers à avoir mis en évi- dalles pourront supporter jusqu’à une effectivement observé. dence ce phénomène est Yves Martin, alors tonne par mètre carré. Ces logements Ce facteur d’étalement urbain serait ag- patron de la mission interministérielle Effet modulables sont aux normes BBC (bâti- gravé par la gratuité en l’absence, quasi-gé- de serre, il avait montré qu’il fallait rendre ment basse consommation). nérale aujourd’hui, de toute politique volon- plus cher non seulement le transport automo- Le concept séduit des primo-accé- tariste de maîtrise de l’urbanisation diffuse, bile, mais aussi les transports publics à longue dants, en particulier des familles, qui interdisant par exemple la construction de distance ». rêvent d’avoir une chambre par enfant logements éloignés des gares. Le ministère de l’Ecologie (Les déter- et de rester en cœur de ville. Car, du fait Au-delà de l’instauration éventuelle de minants de l’étalement urbain, 2010) note des économies réalisées sur l’achat du la gratuité, il faut s’interroger sur le danger lui aussi que « la baisse des coûts des trans- foncier, les prix sont attractifs : le bail- d’une tarification trop basse des transports ports joue un rôle essentiel, elle permet aux leur social, Domofrance,­ propose des publics, faiblement indexée sur la longueur ménages de supporter un plus grand éloi- logements à partir de 180 000 c, soit des trajets. Ce danger a été souligné il y a gnement du centre-ville qui concentre les 2 700 c le mètre carré, contre 3 400 c longtemps par Alfred Sauvy (Le socialisme emplois ». sur le marché libre. en liberté, 1970) ; il dénonçait courageu- Jean Sivardière z

fnaut-infos n°223 - avril 2014 x 5 Pollution et congestion automobiles : Inapplicable en France ? que fait-on à l’étranger ? Les exemples de São Paulo et de Séoul confirment les thèses de la FNAUT. Le C’est le dernier chiffre figurant sur leur trafic induit par toute nouvelle infras- plaque d’immatriculation qui indique tructure routière finit par la saturer et aux automobilistes les jours de circula- encourage à construire toujours plus tion interdite : les voitures dont la plaque de routes. De même, se contenter de se termine par les chiffres 1 ou 2 ne cir- diminuer la demande automobile en culent pas le lundi, celles qui ont 3 ou 4 encourageant un report modal vers les en fin de plaque ne circulent pas le mar- transports collectifs ou le vélo ne per- di, 5 ou 6 le mercredi, 7 ou 8 le jeudi et 9 met pas de fluidifier durablement le tra- ou 0 le vendredi. fic, car tout automobiliste qui délaisse En 1997, 62% des habitants étaient sa voiture est remplacé à terme par un photo : Marc Debrincat photo : favorables à cette initiative mais beau- autre automobiliste. Les stratégies de coup pensaient qu’elle échouerait. Mais contrainte de la demande automobile Le retard français la peur d’une amende et d’un retrait de - limitation des possibilités de sta- points du permis fait que 85 % des auto- tionnement dans les centres, péage En France, le péage urbain a été légalisé mobilistes respectent le dispositif. Celui- urbain, suppression de voiries - sont dans les agglomérations de plus de 300 000 ci encourage cependant la multimotori- indispensables. habitants par la loi Grenelle 2, mais aucun sation des ménages aisés. Il a été étendu On aurait tort de penser que ces stra- élu n’a encore eu le courage d’exploiter cette aux camions et aux véhicules collectifs tégies sont inapplicables en France. C’est nouvelle possibilité d’enrayer l’invasion au- privés en 2009. Des restrictions d’usage une stratégie d’évaporation du trafic qui tomobile. des véhicules les plus polluants sont éga- a été suivie sur les grands boulevards de Quant à la formule des ZAPA (zones lement en vigueur. Grenoble, avec l’implantation du tram- prioritaires d’action pour l’air), elle a été D’autres villes d’Amérique latine (San- way (ligne C) et la destruction de l’esta- évacuée sous des prétextes « sociaux » peu tiago, Bogota, Quito, La Paz) et d’Amé- cade située au croisement avec le cours convaincants... On se contente aujourd’hui rique centrale (Mexico) ont instauré des Jean-Jaurès. Une stratégie bien plus effi- d’abaisser de 80 à 70 km/h la vitesse limite restrictions analogues de la circulation cace que celle, illusoire, qui aurait consis- sur le périphérique parisien, en espérant automobile pour limiter la congestion, la té à construire la rocade nord... réduire ainsi de 5 % la pollution de l’air, pollution et la consommation de pétrole. Nos informations sur São Paulo et tout en programmant de nouvelles auto- Séoul sont extraites d’un dossier re- routes (A45, A31 bis, grand contounement Evaporation marquable publié par Le Moniteur : de Strasbourg,...) dans des zones urbaines. http://www.lemoniteur.fr/147-trans- Mais dans bien des pays étrangers voi- C’est une stratégie bien différente qui port-et-infrastructures/article/ sins, on est plus audacieux. a été mise en œuvre à Séoul : elle consiste actualite/22543052-comment-lutter- Près de 200 villes européennes d’une à démolir des infrastructures routières en contre-la-congestion-automobile-dans- dizaine de pays ont, tout en améliorant misant sur une évaporation naturelle du les-grandes-metropoles. leurs réseaux de transport public, instauré trafic automobile. des zones dont l’accès est interdit aux véhi- L’exemple le plus significatif est la Le bon exemple d’Oslo cules les plus polluants : les Low Emission destruction de la voie rapide en viaduc Zones (LEZ), ou zones à faibles émissions. qui traverse le centre-ville sur 6 km. La La revue Bus et Car a publié récem- La Suède a ouvert la voie en 1996. rivière qui traverse Séoul a été recou- ment une étude instructive sur Oslo. Depuis le milieu des années 2000, verte dans les années 1960. Puis une voie Entre 2007 et 2011, la fréquentation d’autres pays, l’Allemagne, le Royaume- rapide a été construite dans les années des transports publics de la région d’Os- Uni, l’Italie du Nord,... l’ont imitée afin 1970 au-dessus de la rivière, composée lo-Akershus (1,2 million d’habitants) a de respecter la réglementation européenne de quatre voies en viaduc et des huit augmenté de 60 %. Le trafic automobile sur la qualité de l’air. Les résultats sont voies du boulevard urbain qui s’étend sur n’a pas progressé depuis 2004, malgré spectaculaires : le taux de particules fines a les deux rives. une augmentation de 15 % de la popu- diminué de 40 %. L’introduction du péage Au début des années 2000, le débit est lation. urbain à Londres, Stockholm, Milan,... comparable à celui du boulevard péri- Suite à une enquête auprès des usa- relève de la même logique. phérique à Paris mais l’autoroute menace gers, l’autorité organisatrice des trans- de s’écrouler : des travaux très coûteux ports a fait le constat suivant : « ce qui Rodizio entraînant la fermeture de l’autoroute importe le plus est la fréquence et le pendant trois ans sont nécessaires. En confort, bien avant le prix ». Une baisse São Paulo, qui bat des records de conges- 2003, la municipalité décide finalement des tarifs est cependant intervenue en tion automobile et de pollution de l’air, de démolir l’autoroute, de réduire le bou- 2011, le transport public étant subven- possède le plus grand parc automobile au levard urbain à deux fois deux voies, de tionné pour moitié par le produit du monde. En 2000, 19 millions de voitures découvrir la rivière et de créer des pro- péage urbain (instauré dès 1990). étaient immatriculées dans l’Etat de São menades piétonnes sur les rives. Un même titre de transport permet Paulo, soit plus du tiers du parc brésilien, Le projet achevé en 2005 n’a pas d’utiliser le métro, le tramway, le bus et dont 6 à São Paulo même. São Paulo est engendré de chaos ni même accentué le ferry. Une billettique très performante l’une des premières villes au monde à la congestion dans le reste du centre- a été mise en place : dès 2017, 90 % des avoir instauré de manière permanente, en ville. Au contraire, le volume du trafic a tickets devraient être vendus sur inter- octobre 1997, le système du « rodizio vei- chuté, la fréquentation du métro a légè- net ou smartphone. cular » (rotation des véhicules) : chaque rement augmenté, le quartier a été revi- Pour faire face au doublement de la voiture ne peut pas circuler un jour par talisé et les valeurs foncières ont explosé. population prévu d’ici 2060, de grands semaine dans son centre étendu, où vit la Depuis lors, la municipalité a démoli, à investissements sont planifiés : nou- population aisée, de 7h à 10h du matin et la demande des riverains, une dizaine de velles rames de tramway, tunnels ferro- de 17h à 20h le soir. viaducs routiers urbains. viaires, gare centrale intermodale,...

6 x fnaut-infos n°223 - avril 2014 Bêtisier Brèves 7 Laurent Cayrel, préfet du Var : pour inciter les automobilistes à la sobriété la nuit du ré- BrèvesElections municipales : VLS + câble ? veillon, il a fait distribuer un bon d’essence un retour de la voiture ? de 20 euros à chaque conducteur contrôlé Selon le chef du projet câble de Grenoble, négatif. , ministre de l’Intérieur, La récente campagne électorale a mis en pour rallier les stations du téléphérique situées n’a rien trouvé à redire à cette initiative. évidence le manque de volonté politique sur le plateau du Vercors, les voyageurs pour- des candidat(e)s concernant la place de ront utiliser des vélos électriques, une solution Pétition l’automobile en ville et la tentation d’un à laquelle personne n’avait encore pensé. Quoi retour en arrière. de plus fiable, pourtant, que des vélos électriques La pétition (8 000 sigatures) pour la mo- A Paris, les deux principales candidates sur le plateau du Vercors en plein hiver, il suffira dernisation de la relation ferroviaire trans- ont multiplié les propositions-gadgets irré- de les équiper de chaînes ! versale Lyon-Bordeaux par Montluçon et fléchies et souvent perverses. Ce n’est pas Limoges, initiée par Sylvain Guyot, un uni- en autorisant les voitures électriques dans Contraintes de production versitaire de Limoges, et soutenue par la les couloirs réservés aux bus et cyclistes, FNAUT, a été adressée au ministre des Trans- en offrant quelques scooters électriques en Selon la SNCF, les perturbations des services ports : 9 semaines plus tard, celui-ci n’a pas libre service et en promettant un an de gra- TER survenues en région PACA le 29 janvier encore réagi. tuité d’Autolib aux nouveaux titulaires du étaient dues à des « contraintes de production ». permis de conduire, ou en mutualisant les Cette nouvelle terminologie ferroviaire a laissé Dérapage parkings (une manière d’augmenter sans le les voyageurs perplexes. dire les capacités de stationnement et d’as- Selon Hubert du Mesnil, président de pirer davantage de voitures ), qu’on règlera Lyon Turin Ferroviaire, l’utilité du projet les problèmes. Lyon-Turin ne doit pas être appréciée à Paris est la seule capitale européenne l’aune de la baisse conjoncturelle du trafic disposant d’une emprise comparable à la de fret mais de son intérêt pour les siècles Petite Ceinture ferroviaire et songeant à à venir. Lors d’une réunion qui a eu lieu à l’aliéner au lieu de l’exploiter pour mailler Modane et a rassemblé 35 personnes, Da- le réseau de transport public, mais Anne niel Ibanez, leader des opposants français Hidalgo et NKM le savent-elles ? au projet Lyon-Turin, lui a répondu : « les En province, la gratuité des transports derniers à dire qu’ils travaillaient pour des urbains a été promise par divers candi- siècles étaient les responsables du IIIème dats, de droite comme de gauche, afin de Reich, Staline et Pol Pot ». glaner quelques voix : à Aix-en-Provence, Andy Singer Avignon, Angoulême, Amiens, Lyon,… Retour de la vignette Curieusement, certains de ces candidats, prêts à renoncer aux recettes des usagers, se BIEN DIT Selon des informations fiables recueil- sont opposés à des projets « ruineux » de lies par la FNAUT auprès de hauts fonc- tramway ou de bus en site propre. 3 Gilles Aymoz, responsable qualité de tionnaires de Bercy, le gouvernement a Pierre Laurent, secrétaire national du l’air à l’Agence à l’Ademe : « la mise en obtenu l’aval de François Hollande pour PCF, propose lui aussi la gratuité, il suffit place de zones d’actions prioritaires pour rétablir la vignette automobile, un impôt de faire payer les entreprises et l’Etat. l’air (ZAPA) a bloqué sur une question stupidement supprimé en 2001 par Lau- Quant au Front national, il en est resté au de faisabilité sociale ; les pays où de telles rent Fabius, alors ministre de l’Economie tout-voiture des années Pompidou. Ainsi, à zones se sont développées se sont posé de Lionel Jospin. La décision, tenue secrète Perpignan, Louis Aliot, vice-président du moins de questions, ils ont observé des en raison des élections municipales, sera FN, veut créer trois grands parkings, abais- dépassements d’émissions de polluants et annoncée fin juin, juste avant les départs ser le coût du stationnement et supprimer ont décidé d’agir ». en vacances, une période peu propice aux les couloirs réservés aux bus. 3 Simone Bigorgne, présidente de l’Asso- manifestations. La nouvelle vignette sera ciation des Usagers des Transports (AUT- disponible dès le 1er juillet chez les débi- Plainte contre X FNAUT Ile-de-France) : « le Conseil tants de tabac, elle sera soumise à la TVA au économique, social et environnemental nouveau taux de 20 %. Face à l’inertie des pouvoirs publics et régional (CESER) vient d’être renouvelé pour dénoncer un véritable « scandale sani- pour six ans, on y trouve un chasseur mais Dernière minute taire », les associations environnementa- pas d’usager des transports, alors que les listes Ecologie sans Frontière, Respire et transports représentent un tiers du budget Malgré l’opposition du Conseil régional Rassemblement pour la planète ont déposé, régional ». d’Alsace, qui devra cofinancer l’opération à auprès du procureur du pôle santé publique 3 Jacques Bankir, ancien directeur chez hauteur de 28,5 %, RFF a décidé, par souci du tribunal de grande instance de Paris, Air France : « l’aéroport de Notre-Dame- d’équité, que les trains rouleront désormais une plainte contre X pour mise en danger des-Landes doit être construit sur un pla- à gauche en Alsace comme dans le reste de d’autrui par la pollution de l’air urbain. teau, à 60 mètres d’altitude en moyenne, la France. Seuls les TER devaient être concer- En accord avec ces associations, la terriblement humide : la contrainte du nés dans une première phase. N’y avait-il FNAUT sera partie prenante de la pro- brouillard risque d’être sévère pour les com- pas d’autres urgences ? cédure. Elle s’inquiète elle aussi des épi- pagnies régionales, les charters et les low La DATAR vient d’être chargée du délicat sodes de plus en plus fréquents et prolon- costs, soit la quasi totalité du trafic. » problème de la bonne utilisation des aéro- gés de pollution de l’air dans les grandes 3 Nicolas Dupont-Aignan, député gaul- ports de Pau et Tarbes-Ossun-Lourdes. Elle villes et réclame des mesures de fond pré- liste et président de Debout la République : va s’inspirer des bonnes pratiques du Grand ventives : la pollution chronique de l’air, « le gouvernement doit annuler le projet Ouest et proposer la création d’un troisième toujours très élevée, est plus dangereuse d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes et aéroport qui serait baptisé Notre-Dame-de- encore que les pics de pollution qui foca- utiliser plutôt l’argent public pour renforcer Lourdes. Miracle économique assuré. lisent l’attention. les lignes TGV qui desservent Nantes ».

fnaut-infos n°223 - avril 2014 x 7 Activités Nouvelles des régions de la FNAUT Fontenay-Niort : année. Incompréhension sachant que un projet au point mort les suppressions de trains sont dues à l Les émissions Consomag 2014, prépa- Régionsun manque d’agents de conduite et de rées par Anne-Sophie Trcera et Marc De- La réouverture de la ligne Fontenay- contrôleurs. A ces dysfonctionnements brincat, porteront sur les sujets suivants : le-Comte - Niort (32 km), réclamée il faut ajouter les indisponibilités ou les les retards et les indemnisations en trans- depuis des années par l’Association pannes de matériel faute d'agents d'en- port aérien ; les taxis ; le médiateur tou- des usagers des transports de Vendée, tretien et en raison d'une mauvaise orga- risme et voyage. n’avance pas. En 2005, une conven- nisation de la SNCF. l La FNAUT a élaboré des documents en tion Etat-région Pays de la Loire esti- D’autre part les nouveaux horaires réponse aux consultations publiques de la mait le coût du projet (remplacement 2014, moins pratiques que les précé- Commission Européenne sur l’évaluation de 5 km de rails et aménagement de 5 dents, suscitent la colère des usagers car du règlement sur les droits des voyageurs points d’arrêt, en particulier pour les ils entraînent une absence plus longue ferroviaires 1371/2007 (avril 2012) et sur les personnes à mobilité réduite), à 8 mil- du domicile pour les navetteurs. De politiques de déplacements urbains (dé- lions d’euros. Puis on est passé, selon nombreux TER ne sont pas en corres- cembre 2012). En 2013, elle a répondu à un une étude réalisée ultérieurement par pondance avec les trains intercités ou questionnaire relatif à l’accès aux données RFF qui chiffrait les travaux néces- TGV pour quelques minutes. sur les trajets multimodaux et le trafic (open saires (réfection complète de la ligne), A quoi joue la SNCF ? Tous les pré- data), les réponses ayant été élaborées par à 43 millions, sans compter la suppres- sidents de conseils régionaux sont vent Aymeric Gillaizeau. sion de tous les passages à niveau, soit debout contre la SNCF et n'arrivent pas l Jean Lenoir et François Jeannin ont été 60 millions supplémentaires, exigée par à faire respecter les conventions passées auditionnés par le sénateur Michel Teston, l’absurde « circulaire » Bussereau (voir avec elle. Que fait l'Etat, seul action- rapporteur au Sénat du projet de loi sur la FNAUT Infos 175, 186, 187). naire de la SNCF ? Après l'abandon réforme ferroviaire. Certes, selon Gilles Bontemps, vice- du fret et le sabotage des trains interci- l Jean Macheras est intervenu lors d’un col- président du Conseil régional chargé tés et notamment des trains de nuit, la loque sur « la ville du futur », organisé par la des transports, la réouverture ne sera SNCF veut-elle abandonner les TER ? confédération Française de l’Urbanisme, de pas enterrée, à condition que toutes les Elle développe les services d’autocar l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire. collectivités concernées y participent fi- et le covoiturage par l'intermédiaire de l Marc Debrincat a participé à une réunion nancièrement, et que la suppression des ses filiales, il serait judicieux qu'elle se de préfiguration de l’observatoire des gares, passages à niveau ne soit pas imposée recentre sur ses fondamentaux. Nous piloté par l’Union Internationale des Che- par l’Etat. n'accusons pas les cheminots qui sont mins de fer. Il est intervenu lors d’une jour- Mais ni le département de la Vendée sur le terrain et qui font souvent preuve née d’étude de l’université de Valenciennes ni la ville ou l’agglomération de Niort ne d'esprit de service public contrairement sur l’évolution des pouvoirs des autorités veulent s’engager : seule la région Pays aux « grandes têtes pensantes ». organisatrices de transport. de la Loire y est disposée. Jacques Vaisson, président, TARSLY-FNAUT z l Jean Sivardière a rencontré Nicolas Four- Il existe bien une liaison par car SNCF rier, directeur de la stratégie ferroviaire et de entre Fontenay et Niort, mais les cars La Roche-Saumur la régulation de la SNCF. sont souvent en retard et les correspon- l Max Mondon a présenté les réflexions de dances entre trains et cars en gare de Cette ligne interrégionale figure sur la la FNAUT lors d’une journée nationale sur Niort sont mal organisées. liste des 25 lignes fragiles établie par la les transports intelligents et l’information Le chiffre d'affaires du bureau SNCF FNAUT, c’est un cas d’école. nomade et collaborative organisée par la de Fontenay arrive juste derrière ceux Elle est la seule de la Région sur la- DGITM. des gares de La Roche-sur-Yon et Les quelle aucune initiative significative n’a l Jean Sivardière et François Jeannin ont Sables d’Olonne : cela démontre clai- été prise depuis la régionalisation du présenté aux cabinets des ministres de rement qu'il y a un potentiel important TER : le service quotidien est réduit à sa l’Ecologie et des Transports les proposi- d'usagers de la SNCF en Sud-Vendée, plus simple expression et le trafic stagne tions de la FNAUT pour la transition éner- malgré l'absence aujourd’hui de toute depuis longtemps, suite au manque de gétique. relation par rail au départ de Fontenay. volonté et de coordination des deux Jean-Paul Juillet, président de l’AUT 85 z régions concernées, Pays de la Loire et Journée d’étude de la FUB Poitou-Charentes, qui ne s'occupaient Incompréhension et colère que des extrémités de la ligne. La prochaine journée d’étude de la FUB se La FNAUT a donc suivi avec intérêt tiendra le vendredi 23 mai 2014 à Toulouse Le Conseil Régional Midi-Pyrénées l'expérience positive du train des plages, Métropole. Intitulé «Génération vélo», le a engagé des sommes importantes pour qu’elle avait elle-même suggérée. Mais thème retenu pour cette édition est la mobi- moderniser le réseau ferré régional, ce ne sont pas quelques trains en week- lité chez les jeunes. aujourd’hui beaucoup plus performant, ends d'été qui peuvent garantir la péren- Infos et inscription : www.fubicy.org malgré des points sombres comme la nité de la ligne ! ligne Rodez-Millau qu’il faudrait ins- La FNAUT demande donc la trans- fnaut infos- Bulletin mensuel d’information crire au contrat de plan Etat-Région. formation des deux offres régionales, Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°221 Hélas, depuis la reprise du trafic entre actuellement tronçonnées, en une offre ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. Toulouse, Albi et Rodez, on ne constate globale de services interrégionaux quo- Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers que retards et suppressions de trains qui tidiens, permettant au moins de faire des Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d ont une répercussion sur la vie quoti- allers-retours de bout en bout avec un Prix au numéro : 2 d dienne des usagers : conflit avec l'em- séjour d’une demi-journée à destination Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT ployeur pour retards récurrents, récupé- et de bonnes correspondances à Saumur de votre région, contacter notre permanence : ration difficile des enfants à la crèche ou et à la Roche-sur-Yon. 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris à l'école... La ligne a aussi un potentiel fret : pro- tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] Dans le même temps la SNCF va duits de carrières et céréales. Internet : http://www.fnaut.fr supprimer environ 1500 emplois cette Dominique Romann, FNAUT Pays de la Loire z CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°223 - avril 2014 n°224 infos mai 2014 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

TGV, Intercités, TER, autocars : des services à coordonner Une écotaxe punitive ?

Auparavant favorable à l’écotaxe, Ségolène Royal l’avait qualifiée de « mesure totalement absurde » en novembre 2013, cautionnant ainsi la démagogie des « bonnets rouges ». Dès son arrivée au ministère de l’Ecologie, elle a réaffirmé son hostilité à l’écotaxe : « les Fran- çais ont déjà payé beaucoup d’impôts sup- plémentaires ; l’écotaxe est un impôt : il s’agit de taxer ceux qui polluent mais, pour respec- ter la citoyenneté, l’écologie ne doit pas être punitive ». Le discours de Mme Royal (qui n’a jamais protesté contre la hausse punitive de la TVA sur les transports publics) est incom- préhensible et antipédagogique : - assimiler l’écotaxe à un impôt est un Bellegarde-sur-Valserine dans l’Ain (photo : Marc Debrincat) contresens. L’écotaxe est une redevance d’usage de la voirie, et la hausse du prix des biens de consommation qui en résultera sera L’ensemble des services ferroviaires est aujourd’hui menacé : les régions s’ap- marginale. Dirait-on des péages versés à RFF prêtent à transférer sur route les services TER les moins fréquentés ; l’Etat, en par la SNCF qu’ils sont un impôt punitif ? contradiction avec la convention signée avec la SNCF en 2010, laisse cette der- - l’écotaxe est une mesure de justice fis- nière contracter peu à peu l’offre Intercités ; la SNCF souhaite limiter la circu- cale, elle vise à soulager le contribuable qui, lation des TGV aux lignes à grande vitesse. Par ailleurs, l’offre ferroviaire - TER, aujourd’hui, paie ce que devrait payer le Intercités et TGV - s’est développée sans véritable réflexion sur les vocations et transport routier ; comme le dit Laurent Ber- compétences respectives de l’Etat, de la SNCF et des régions, elle est devenue ger, secrétaire général de la CFDT, « l’écotaxe illisible pour le voyageur. La FNAUT attend donc de l’Etat et des régions une ré- ne relève pas de l’écologie punitive, c’est de la vision des objectifs assignés à la SNCF et une clarification de l’offre ferroviaire. fiscalité responsable » ; Quant à l’offre routière à longue distance, son développement n’est acceptable - l’écotaxe a pour but de favoriser un report qu’en complémentarité avec l’offre ferroviaire. du trafic de fret sur le rail, à la fois en augmen- tant son coût pour les chargeurs et en déga- Les voyageurs justification. En région PACA, la SNCF geant des moyens d’investir sur le rail suivant n’en peuvent plus ! invoque même d’obscures « contraintes l’exemple remarquable de la RPLP suisse ; de production » pour justifier la suppres- - malgré le succès de l’écotaxe en Alle- Retards systématiques, trains suppri- sion de trains TER ! magne, Mme Royal propose de rechercher un més ou surchargés, équipements défail- Or les voyageurs que nous avons co- autre mode de financement des infrastruc- lants à bord des trains, affichages défec- toyés ces temps derniers ne protestent tures de transport, mais on le fait depuis des tueux... : les usagers des trains TER et même plus et courbent l’échine sur les années, sans succès. L’avantage de l’écotaxe Intercités subissent quotidiennement quais, résignés et captifs. est de combiner un objectif écologique et un ces dysfonctionnements qu’ils inter- Habitants d’un pays développé, qui mode de financement. prètent comme une forme de mépris eut un des plus beaux réseaux ferrés Le report de l’écotaxe par le gouvernement de la part de la SNCF. Et le message du monde, nous n’acceptons plus cette Ayrault prive le secteur des transports d’un d’excuse insipide pour la « gêne occa- situation dégradée. Usagers, réveillez- milliard d’euros par an et bloque tous les pro- sionnée » que crachouillent les haut- vous ! Avec la FNAUT, exigez forte- jets de transports urbains en site propre et parleurs des trains et des gares ne peut ment et partout que l’État, les Régions, l’accélération de la rénovation du réseau ferré que les irriter davantage. la SNCF et RFF prennent enfin à bras classique. Un nouveau report ou un abandon « Faire l’heure », jadis honneur des che- le corps ces problèmes de dysfonction- serait irresponsable, il pénaliserait les contri- minots, ne semble plus de mise : un train nement quotidien du rail et dégagent buables, les usagers des transports et tous en retard est devenu chose quasi nor- rapidement les moyens financiers et les ceux qui attendent une politique de mobilité male ; un train à l’heure est une bonne solutions indispensables ! Dussent-ils en durable, à commencer par les plus démunis surprise. Les explications du transpor- passer par l’appel à des opérateurs privés des Français, qui sont les plus exposés aux teur sont récurrentes : problèmes de pour exploiter les TER et Intercités. Les nuisances du trafic routier et à la pénurie de matériel, manque de personnel, travaux voyageurs n’en peuvent plus ! transport collectif. sur les voies, difficultés d’acheminement J.-F. Troin, président de l’Association pour le dévelop- Jean Sivardière z des rames. Cela s’apparente à de l’auto- pement des transports collectifs en Touraine (ADTT)

fnaut-infos n°224 - mai 2014 x 1 Les liaisons Intercités à longue distance Concertation Il n’existe pas actuellement de suivi En 2013, la FNAUT a réalisé une étude, Toulouse. Pour chaque ligne la FNAUT a local de l’offre TET et de sa qualité. Ce dé- Dossiercommandée par la Direction générale des étudié les principes actuels des missions ; ficit démocratique doit être comblé par Infrastructures, des transports et de la mer des propositions d’adaptation ; les raisons une concertation de proximité. D’autres (DGITM), sur les attentes des voyageurs du choix modal par le voyageur et notam- secteurs ont recours à la consultation concernant les trains Intercités assurant des ment les coûts (si on voyage seul, le coût de leurs usagers (hôpitaux, enseigne- liaisons à longue distance (hors bassin pari- du train Intercités est légèrement inférieur ment, TER...) : l’expérience montre que la sien). Elle a été élaborée par Jean Lenoir en au coût marginal de la voiture). Les pro- concertation doit s’exercer à un niveau collaboration avec le réseau Intercités de la positions visent, outre une valorisation du très déconcentré, au plus près des at- FNAUT et les FNAUT régionales. maillage du réseau, à améliorer la fréquen- tentes du public. La convention relative à l’exploita- tation des lignes et des trains dans leurs La composition des comités TET pour- tion des Trains d’Equilibre du Territoire sections les moins chargées. rait être la suivante : DREAL, élus régio- (TET), exploités sous la marque Interci- Un questionnaire a été mis au point naux et départementaux, transporteur, tés, a été signée par l’Etat et la SNCF le afin d’évaluer le potentiel de développe- chambres consulaires, syndicats, asso- 13 décembre 2010 pour une durée de trois ment des 6 liaisons Intercités considérées. ciations de consommateurs et d’usagers, ans. L’Etat, en qualité d’autorité organi- Malgré le caractère empirique de cette enfin voyageurs volontaires, sollicités en satrice, fixe des obligations à la SNCF, enquête, les conclusions suivantes se dé- gare, sur les réseaux sociaux et les sites agissant en qualité d’exploitant, et définit gagent nettement : internet institutionnels, dans la presse les compensations financières qui lui sont - pour les voyageurs habituels, la com- régionale. accordées en contrepartie. modité intrinsèque du transport ferro- Un pouvoir de proposition du collège Le réseau TET comprend 40 lignes ; viaire (sécurité, fiabilité) et le confort sont voyageurs doit être instauré, avec obli- environ 300 relations desservent 330 villes des éléments qui motivent leurs choix (le gation de retour au comité suivant, ainsi et transportent 100 000 voyageurs par prix, nettement moins) ; que des modalités de fonctionnement jour. Les TET sont les rapides et express - pour les voyageurs qui utilisent d’autres permettant une prise en compte efficace existant avant l’introduction du TGV, à modes, un report sur le train exigerait des des propositions émises. l’exception des trains qui ont été rempla- horaires et des fréquences mieux adaptés, cés par des TGV ou des TER. et éventuellement des temps de parcours Pistes d’évolution Le contexte est celui d’une fragilisation plus favorables ; des dessertes Intercités : vieillissement du - les voyageurs réclament une restaura- L’amélioration du matériel roulant est, matériel, impact des nombreux travaux tion à bord et des prises de courant ; avec celle des grilles horaires, une source en cours sur le réseau, crise des sillons, - les correspondances entre Intercités et importante de croissance du trafic. La « suspensions » de certaines liaisons trans- TER sont assez souvent mal notées. FNAUT a établi des spécifications fonc- versales. Le statut de certains TET est La comparaison, sur des itinéraires tionnelles, en particulier en matière de contesté, ils pourraient devenir des TER transversaux, entre l’autocar et le train confort, dans la perspective du renouvel- interrégionaux. Intercités tourne à l’avantage de ce dernier lement du matériel actuel. Des services en ce qui concerne les temps de parcours à bord (restauration, prises de courant, Les TET à longue distance et la valorisation possible du temps de espaces vélos,...) doivent être offerts à transport par l’usager. tous les voyageurs. Pour la FNAUT, les relations TET à La tarification doit inciter au report longue distance, objet de l’étude, ont plu- Horaires et arrêts modal. Compte tenu de la souplesse de sieurs missions : la concurrence routière et des attentes - hors axes équipés d’une LGV, desser- Pour les lignes radiales, la FNAUT des usagers, il convient de conserver vir les grandes villes et les nœuds ferro- donne la priorité à la « desserte par zones ». le caractère facultatif de la réservation, viaires importants, donc avec un nombre Ce concept recouvre une double politique avec maintien du libre accès aux trains. d’arrêts réduit et des distances entre arrêts d’arrêts permettant à la fois des relations La mission des TET est double : rela- importantes ; rapides sans arrêt entre grands pôles pour tions accélérées entre grandes villes et - sur ces mêmes axes, assurer aussi la une partie du trajet, et des relations de moins rapides entre villes moyennes. desserte des villes moyennes situées dans cabotage à arrêts plus fréquents pour une Pour les longues distances, les temps des zones de faible densité ; autre partie du trajet, les deux missions de parcours et le nombre d’arrêts ne - enfin, sur les axes parallèles à des LGV, peuvant être assurées par un même train à doivent donc pas être fixés pour rendre tels que Paris-Nancy-Strasbourg, desser- caractère « mixte ». Ce modèle est proposé la relation de bout en bout compétitive vir les villes moyennes et offrir au voya- pour les radiales telles que Paris-Cher- par rapport à la concurrence, mais pour geur une possibilité de transport moins bourg. Pour ces lignes, les horaires doivent optimiser le trafic de toutes les dessertes coûteuse que le TGV. assurer une bonne desserte de la destina- intermédiaires (la clientèle pressée res- Desservir les villes moyennes ne signifie tion côté province. tera attachée à l’avion, au TGV quand il pas seulement les relier corrrectement à Pour les lignes transversales, qui des- existe, au train de nuit ou à l’autoroute). Paris, mais aussi aux métropoles de pro- servent souvent des villes d’égale impor- Il faut rechercher un juste milieu entre vince et entre elles, par des relations de tance, à la différence des radiales, la grille des arrêts nombreux et des temps de cabotage. horaire doit être établie à partir de « points parcours réduits pour valoriser le trafic de rendez-vous privilégiés » ou nœuds de de cabotage. L’enquête de la FNAUT correspondances. En conclusion, le train TET peut devenir Le concept de ville moyenne est à adap- une alternative crédible à la voiture, et à Le travail de la FNAUT a porté sur ter selon les zones géographiques et la l’avion dans certains cas, pour les liaisons l’amélioration de l’offre de 6 lignes : densité des dessertes, l’éloignement des entre grandes villes (hors TGV) et villes Paris-Caen-Cherbourg, Paris-Orléans- autres gares. La conception des horaires moyennes, à l’échelle nationale. L’absence Limoges-Toulouse, Paris - Clermont- doit valoriser le maillage du réseau. Le de grande vitesse doit être compensée par Ferrand, Paris-Belfort, Bordeaux-Nice train de nuit est plus complémentaire que la fréquence des dessertes et par la valori- associée à Nantes-Bordeaux et Bayonne- concurrent du TGV. sation du temps passé à bord.

2 x fnaut-infos n°224 - mai 2014 Dessertes terminales TGV L’articulation nécessaire entre TGV, TET et TER On sait que la SNCF envisage de limiter les parcours des TGV aux lignes à grande Le voyageur a besoin de services variés : Par contre, les dessertes TER interré- vitesse, les dessertes terminales étant régionaux (TER), interrégionaux à vitesse gionales à longue distance, même biré- assurées par TER. La FNAUT dénonce ce moyenne (Intercités ou TET) et natio- gionales, ont le plus souvent un caractère projet : l’expérience a clairement démon- naux à grande vitesse (TGV radiaux et in- national et ne doivent pas être gérées par tré que les ruptures de charge imposées tersecteurs). Aussi la FNAUT se préocupe les régions, qui n’en ont ni la vocation, ni aux voyageurs réduisent fortement de longue date de la lisibilité de l’offre la compétence. l’attractivité du TGV et pourraient se tra- ferroviaire, très médiocre : aujourd’hui, les L’expérience montre en effet que les duire par un retour d’une partie de la trains Intercités sont seulement les trains régions, sauf cas particuliers, collaborent clientèle à la voiture et surtout à l’avion. qui ne sont ni TGV ni TER... difficilement : les correspondances à Lors de la mise en service de la LGV Il y a 5 ans déjà (FNAUT Infos 153, Veynes entre les trains Grenoble-Gap Paris – le Mans faisant gagner 1 h sur 180, 184), la FNAUT avait souligné le et Marseille-Briançon sont de très mau- le trajet Paris-Rennes, la ligne classique caractère hétéroclite des dessertes TER vaise qualité ; les services Clermont- Rennes-Brest était déjà électrifiée alors gérées par les régions d’une part, des Béziers et Clermont-Nîmes ont été que Rennes-Quimper ne l’était pas en- dessertes Corail Intercités gérées par la tronçonnés ; la prochaine réouverture core. Le trafic Paris-Brest direct a alors SNCF d’autre part, et suggéré une clarifi- de la ligne Nantes-Châteaubriant se fait augmenté de 30 % tandis que le trafic cation de l’offre et une rationalisation des sans la moindre vision interrégionale Paris-Quimper n’a augmenté que de 3% compétences réparties de manière confuse (FNAUT Infos 216). malgré une correspondance bien orga- entre les différents décideurs, SNCF et D’autre part, trop de régions se dé- nisée à Rennes (quai à quai, délai de 10 régions à l’époque. chargent sur les TET pour ne pas avoir min, attente de la correspondance en à desservir certaines lignes de manière cas de retard). L’effet du temps gagné Le schéma de la FNAUT plus intense. Ainsi la liaison La Rochelle- par 200 km de LGV a été annulé par la Nantes est assurée par un seul TER ; la rupture de charge ! Les dessertes TER interrégionales à liaison Montargis-Nevers n’est assurée La solution proposée par la FNAUT, longue distance (par exemple Tours-Di- par aucun TER, les TET s’arrêtant dans mais ignorée de la SNCF, pour rentabili- jon), créées par les régions pour combler de toutes petites villes. ser les parcours les moins fréquentés sur quelques lacunes du réseau Intercités, Pendant ce temps, le gouvernement lignes classiques, consiste à ouvrir le TGV seraient transférées dans le réseau Inter- cherche au contraire à faire des économies aux usagers du TER. Cette solution serait cités afin de faire de celui-ci un réseau et à obtenir une implication plus forte des gagnant-gagnant : la SNCF conserve- national étoffé, maillé, cohérent et lisible, régions dans la gestion et le financement rait toute sa clientèle grandes lignes, les couvrant l’ensemble du territoire et ayant des trains Intercités. régions concernées renforceraient leurs une double vocation commerciale (en Une autre preuve du peu d’intérêt du dessertes régionales à moindres frais et particulier une offre à moindre coût que gouvernement pour les trains Intercités : les besoins de l’ensemble des voyageurs le TGV sur les axes classiques parallèles la FNAUT réclame toujours l’extension seraient mieux pris en compte. aux LGV) et d’aménagement du territoire la validité de la carte Enfant-famille, uti- (la desserte des villes moyennes). lisable sur le TGV, à ces trains. Mais, de Correspondances A l’inverse, certaines dessertes Inter- manière incompréhensible, le gouverne- cités sur courtes distances et à arrêts ment fait la sourde oreille alors que son La FNAUT a bien conscience que le nombreux (par exemple La Rochelle- engagement financier serait minime. problème des correspondances est très Bordeaux), seraient confiées aux régions difficile vu le nombre des intervenants concernées et deviendraient TER. Sur les Clarification et les contraintes du cadencement. Ce axes radiaux du grand bassin parisien (par problème se rencontre même à l’échelle exemple Rouen-Paris), on aurait un par- La distinction entre TER interrégio- intra-régionale, par exemple au Buisson, tage des dessertes entre TER et quelques naux et TET doit se faire par le type de au croisement des lignes Bordeaux-Sar- rapides TET. mission à assurer. La desserte accélérée lat et Agen-Périgueux qui sont pourtant La prise en charge par l’Etat en 2010, des villes grandes et moyennes relève des toutes deux des lignes TER Aquitaine. réclamée par la FNAUT, des dessertes trains TET, la desserte fine des TER. C’est une question de volonté politique dites d’équilibre du territoire (trains TET Les TER accélérés à longue distance et de concertation, et c’est RFF qui devrait exploités sous la marque Intercités) a per- devraient donc devenir des TET : Paris- être moteur puisque c’est lui qui déter- mis de faire un premier pas dans le sens Lyon, Paris-Nancy, InterLoire Orléans- mine les sillons. préconisé par la FNAUT en intégrant Nantes, Lyon-Marseille, mais aussi Mar- dans la convention Etat-SNCF, contre le seille-Nice pourtant strictement interne à Risques multiples souhait de la SNCF, les trains Téoz (Co- la région PACA. rail à réservation obligatoire) et les trains Les TER à très long parcours résultant Les risques qui pèsent sur le TGV ne de nuit Lunea, mais la démarche n’a pas du « collage » de 2 TER intra-régionaux sont pas isolés : aujourd’hui tous les ser- été poussée à son terme malgré la perspec- sont à proscrire (Tours-Dijon, Tours- vices voyageurs sont menacés. tive d‘une nouvelle loi de décentralisation. Lyon) et devraient être remplacés par des Les régions, confrontées aux factures TET avec moins d’arrêts. de plus en plus élevées de la SNCF, s’ap- Confusion des rôles A contrario le TET La Rochelle-Bor- prêtent à transférer sur route les TER les deaux qui a une mission type TER devrait moins fréquentés, quelle que soit la lon- Des relations TER à courte distance basculer dans le champ des régions (il gueur de leur parcours. entre régions adjacentes sont justifiées y a d’autres exemples de TET qui sont L’Etat se pose la même question pour pour desservir finement les zones fron- presque des omnibus). les Intercités réputés les plus déficitaires tières entre régions (exemple Rennes- Bien entendu, ce schéma demande à avec, dans les deux cas, le risque de voir Nantes, Saintes ou Angoulême-Bordeaux, être affiné au cas par cas : sur certains fermer complètement certaines lignes au Périgueux-Brive, Lyon-Mâcon, Gre- itinéraires, il est difficile de dissocier les trafic voyageurs et par suite, vu l’état du noble-Gap-Briançon). Elles relèvent logi- missions des trains TER et Intercités, en trafic fret, à tout trafic. quement de la responsabilité des régions. particulier dans le bassin parisien.

fnaut-infos n°224 - mai 2014 x 3 La clientèle naturelle Déplacements à longue distance : du car quelle place pour l autocar ? ’ Malgré ses limites, le car possède une La FNAUT a réalisé récemment, à la cus comme une régression des conditions clientèle naturelle, constituée principale- demande de la DATAR, une étude sur la de transport et s’accompagnent d’une fuite ment de voyageurs modestes (étudiants, place souhaitable de l’autocar dans l’offre notable de clientèle. A l’inverse, les réou- seniors), qui acceptent des contraintes de transport collectif : sous quelles condi- vertures de lignes bien conçues sont plé- (allongement de la durée des trajets, perte tions et sur quels itinéraires l’autocar peut- biscitées (Nantes-Pornic). de confort par rapport au train) en échange il offrir de bonnes conditions de déplace- L’autocar est plus facilement accepté sur d’un prix sensiblement inférieur à celui ment au voyageur, comme complément du les trajets courts que sur les trajets longs. du train. Cette clientèle peut bénéficier train ou alternative au train, sur des rela- Il faut noter d’ailleurs le succès mitigé du développement de lignes régulières tions à moyenne ou longue distance ? d’iDBUS, très variable selon les itinéraires d’autocar, comme elle bénéficie déjà du malgré une offre de qualité et une com- covoiturage (le site blablacar.com organise Quatre arguments mercialisation très bien conçue. dorénavant un million de voyages par an, au point d’inquiéter sérieusement la SNCF), De nombreux acteurs du transport pu- Des atouts, mais limités des relations aériennes à bas prix ou encore blic préconisent aujourd’hui un recours des formules ferroviaires à bas prix intro- à l’autocar pour l’exploitation des liai- A partir des critiques exprimées par duites par la SNCF. sons voyageurs non seulement régionales, les usagers des autocars de substitution mais aussi interrégionales, comme c’est aux trains et des lignes départementales Les itinéraires pertinents souvent le cas à l’étranger (Grande Bre- d’autocar, nous avons cherché à définir tagne, Suède...). Aujourd’hui la législation dans quelles conditions l’autocar pourrait Les itinéraires sur lesquels il semble perti- n’autorise les services routiers réguliers à constituer une alternative au train sur cer- nent de mettre en place, ou de développer, longue distance que dans le cadre du cabo- tains itinéraires interrégionaux, à détermi- des lignes régulières routières sont cepen- tage intérieur sur les lignes internationales. ner ces itinéraires, et à préciser les créneaux dant peu nombreux. Les promoteurs du car mettent en avant respectifs du train et de l’autocar pour les Le car est évidemment indispensable quatre arguments : le véhicule et le réseau déplacements à moyenne et longue dis- sur les axes dépourvus de voies ferrées, routier se sont fortement modernisés ; le tance. Ainsi, pour que le service soit vrai- pour les dessertes intrarégionales ou in- car est moins coûteux que le train pour la ment attractif, la fréquence doit répondre terrégionales à moyenne distance. Il est collectivité ; la tarification de l’autocar est aux besoins des voyageurs : au minimum 6 également pertinent sur des axes très fré- plus favorable au voyageur que celle du allers-retours quotidiens par itinéraire. quentés où le rail n’offre pas encore des train, l’autocar est donc mieux placé, auprès Comme les récentes expériences de ca- services aussi avantageux financièrement de la clientèle modeste, pour concurrencer botage tentées avec succès par Eurolines pour le voyageur : la concurrence train-car la voiture, le covoiturage ou l’avion à bas et iDBUS l’ont montré, l’autocar peut restera alors assez faible. coûts ; enfin, le car, remplaçant 30 voitures, aujourd’hui s’appuyer sur un réseau rou- Mais sur les autres liaisons, en particu- est un mode écologique. tier et autoroutier très performant et sur lier transversales, mieux vaut concentrer des véhicules mieux adaptés à la longue l’offre sur le mode ferroviaire en le ren- Une image qui évolue distance que ceux de la génération pré- dant plus performant techniquement et cédente (même si l’espace intérieur offert commercialement, plutôt que de mettre Nous avons tout d’abord examiné au voyageur reste limité), confortables et le train et le car en concurrence en seg- l’image de l’autocar auprès du public pour bien équipés (climatisation, wifi). Encore mentant la clientèle. les déplacements de proximité et à plus faut-il que les toilettes soient ouvertes et la longue distance, qu’il s’agisse des offres radio du chauffeur fermée... Une solution de facilité « traditionnelles » ou des offres nouvelles Cependant il ne faut pas surestimer la Eurolines et iDBUS (FNAUT Infos 200 vitesse commerciale accessible à l’auto- Une raison qui amène à s’interroger sur et 207). Cette image est complexe et, car : les lignes régulières ne peuvent pas le rôle possible du car est évidemment suivant les publics, elle se construit par concerner uniquement la clientèle de bout la dégradation très sensible des relations comparaison avec celle du train ou de la en bout, assez limitée ; pour assurer leur ferroviaires interrégionales, conséquence voiture. équilibre économique, elles doivent assu- d’une exploitation défaillante par la SNCF, L’image vieillotte de l’autocar a manifes- rer des relations de cabotage entre villes du mauvais état des infrastructures et de tement été rénovée : les cars de campagne intermédiaires et, dans ces villes, des cor- la contraction du réseau ferré classique bringuebalants ont disparu. Depuis une respondances avec les transports publics de qui va sans doute s’accélérer si l’ouverture quinzaine d’années, la qualité des services proximité, ce qui implique leur pénétration du rail à la concurrence est indéfiniment départementaux a progressé (FNAUT In- en milieu urbain dense sur des voiries en- reportée. Développer le car est prématuré fos 176) et sont appréciés, en particulier combrées de manière imprévisible. sur les axes où le train est encore présent les services express périurbains. Aix-en- Une autre faiblesse de l’autocar est sa mais fragilisé, c’est une solution de facilité Provence - Marseille en est un exemple capacité limitée qui ne lui permet pas d’en- que la FNAUT refuse, non par dogmatisme typique. caisser les pointes hebdomadaires, saison- mais par souci des voyageurs. Mais l’image du car a surtout évolué nières ou occasionnelles de trafic, souvent Il faut d’abord jouer d’abord la carte du favorablement auprès des décideurs, qui se très marquées, ce qui exige de coûteux train et ne pas faire disparaître un mode qui déplacent le plus souvent en voiture... En doublages des services. a fait ses preuves et peut être valorisé à un effet, aux yeux des voyageurs ferroviaires Enfin le renforcement récent, et néces- coût acceptable pour la collectivité, pour le plus ou moins réguliers, le car reste le saire, des droits des voyageurs par la Com- remplacer par un autre mode qui n’attirera transport du pauvre, qu’on leur impose en mission européenne est une contrainte que des captifs du transport public. Oui à cas de défaillance du train (panne, grève) : nouvelle qui doit être respectée par les l’autocar, à condition qu’il ne déstabilise plus lent, moins fiable, moins confortable transporteurs : des indemnités sont doré- pas le train et ne mène pas à sa dispari- (FNAUT Infos 212). Les transferts sur navant prévues en cas de retards ou d’an- tion. Il faut évidemment que le rail français route et les fermetures de lignes (régio- nulations de services, et de perte ou dété- s’engage rapidement dans une réelle dé- nales ou interrégionales) sont toujours vé- rioration des bagages. marche de qualité et de productivité.

4 x fnaut-infos n°224 - mai 2014 Pics de pollution La rubrique du vélo Après la gestion calamiteuse du pic de pollution de l’air du début mars, la Le saviez-vous ? Vélo de fonction FNAUT attend du gouvernement et des collectivités locales une réaction plus l Dans le centre de Copenhague, on trouve Le groupe Adeo, implanté à Ronchin (59), rapide et plus efficace à de tels pics, et 520 000 habitants et... 560 000 vélos. Sans propose depuis trois ans à ses salariés à troquer surtout une stratégie de prévention de doute le record d’Europe ! leur voiture contre un « vélo de fonction » : une ces phénomènes, dont la circulation l En moyenne, la part modale du vélo dans les aide de 170 b est accordée à tout salarié pour routière est une cause essentielle en déplacements domicile-travail n’est que de 2 % acheter un vélo s’il accepte de venir travailler à milieu urbain. en France. Si une indemnité kilométrique était vélo au moins deux fois par semaine d’avril à La santé publique ne peut être prise à accordée aux cyclistes comme aux automobi- octobre, sauf intempéries. Un parking abrité et la légère : les pouvoirs publics doivent listes, cette part pourrait augmenter. sécurisé, un vestiaire et des douches sont mis à réagir rapidement au lieu d’observer la l 86 % des accidents impliquant un cycliste ont sa disposition. Le comité d’entreprise lui offre situation pendant une semaine tout en lieu en milieu urbain ; deux fois sur trois il s’agit un kit de sécurité (casque, gilet fluorescent, dispensant des conseils de prudence d’une collision avec une voiture. Des conseils antivol). Au bout de deux ans, le salarié est aux personnes fragiles et en espérant de sécurité sont donnés par la Prévention Rou- propriétaire du vélo (La Croix). que le vent agisse à leur place. tière et Assureurs Prévention sur le site www. Décidée isolément, la gratuité des lesrisquesavelo.com. « A vélo, vite » transports n’a aucun impact sur le l Le Grand Lyon s’est fixé un objectif ambitieux comportement des automobilistes ; en matière de vélo : passer de 525 km de pistes Tel est le titre du livre publié par Véro- elle a par contre un coût important cyclables en 2014 (310 km seulement en 2009) à nique Michaud, secrétaire générale du Club pour les autorités organisatrices de 920 km en 2020 afin de faire passer la part mo- des villes et territoires cyclables (FYP Edi- transports. dale du vélo de 5 % à 7,5 % et de réduire ainsi de tions, Collection Présence, 144 pages, 16 b). La réduction des vitesses est néces- 8 % les émissions de CO2. Depuis l’introduction L’auteur met en relief toute la puissance du saire, mais son efficacité est limitée. des vélos en libre service Vélo’v, le nombre des vélo pour aborder les défis du XXIe siècle, Plus efficace malgré son caractère cyclistes lyonnais a été multiplié par 2,5. et donne les clés pour développer son usage. non sélectif, la circulation alternée doit l Malgré son prix élevé (plus de 1 000 euros), le Outil d’émancipation, de partage et de tran- être décrétée dès l’émergence d’un pic vélo à assistance électrique (VAE) se répand en sition énergétique, le vélo offre une alterna- de pollution (particules fines, oxydes France : 46 000 VAE ont été achetés en 2012. tive soutenable au « toujours plus » et montre d’azote ou autres polluants). De nombreuses villes (Paris, Nantes, Bordeaux, la voie du « mieux » : mieux de transport, de Mieux vaut donc prévenir par des Toulouse, Nice,...) accordent une aide aux cy- proximité, d’autonomie, de santé, de bien- mesures pérennes qu’essayer de guérir clistes qui s’équipent, en général limitée à 25 % être, de développement économique et de par des mesures provisoires. La pollu- du prix d’achat. justice sociale. tion chronique de l’air urbain est d’ail- leurs plus dangereuse que les pics. Il faut s’attaquer en priorité aux fac- Obsession routière teurs déterminants : la pollution des autobus et autocars doit être traitée, Modernisation et sécurité dangereuses, il n’y a que des comportements mais elle est négligeable devant celle à risques ; le remède est simple : faire respec- des voitures et des camions. Selon les associations automobilistes ter les règles ». La dédieselisation du parc auto- (FNAUT Infos 218), une meilleure sécurité mobile est nécessaire. Elle exige l’ali- routière ne passe pas par une accentuation de Encore plus ! gnement progressif de la fiscalité du la « répression », mais par une modernisation gazole sur celle de l’essence et la sup- du réseau routier. Selon le Conseil général de la Manche, pression du bonus à l’achat des véhi- Jean-Luc Brault, vice-président chargé des « la santé du département dépend de la cules neufs, mais le renouvellement du routes, rappelle les efforts du Conseil général qualité du réseau routier : santé écono- parc automobile prendra inévitable- du Loir-et-Cher : « on investit chaque année mique, industrielle, commerciale, sociale, ment du temps. C’est donc d’abord sur 25 millions d’euros en travaux neufs pour des touristique, culturelle, sportive. Il faut soi- le volume de la circulation qu’il faut déviations, des giratoires, des suppressions de gner les veines comme les grandes artères. agir, sans craindre les réactions d’asso- points noirs, et 5 autres millions en entretien. A côté de l’effort d’accompagnement ciations plus attentives au confort des Que peut-on faire de plus ? ». considérable que le Conseil général consent automobilistes qu’à la santé publique. Mais un technicien du département in- déjà pour épauler ou entraîner l’Etat dans La FNAUT préconise en particulier siste, comme l’a souvent fait la FNAUT, sur le désenclavement routier à coup de voies de nouveaux aménagements piétons le caractère contre-productif de ces travaux : autoroutières, il faut faire encore plus. Il et cyclables ; l’extension des zones 30 ; « l’amélioration du réseau est à double tran- faut sans cesse améliorer, entretenir, adap- un accroissement de la vitesse et de la chant ; plus le tapis d’enrobés est lisse, plus ter, développer, soigner, sécuriser le réseau ponctualité des autobus ; la création les automobilistes sont tentés d’accélérer ; en des routes départementales ». de services entre banlieues ; l’utilisa- région parisienne, le nombre d’accidents sur En Poitou-Charentes, changement de tion des emprises ferroviaires inutili- une voie rapide a chuté de façon spectacu- cap. Ségolène Royal, présidente du Conseil sées (Petite ceinture parisienne, voies laire suite à des vols de câbles électriques qui régional, ne boude plus les routes et veut ferrées périurbaines en province) ; avaient provoqué une panne d’éclairage : on des investissements massifs dans le cadre du l’abandon des projets de nouvelles au- roule plus vite sur une chaussée bien éclairée ; Contrat de plan Etat-Région 2014-2020. toroutes et de parkings urbains ; la cor- plus on améliore le réseau routier, et plus il Explication : « on avait beaucoup de retard rection du barême fiscal kilométrique, faut augmenter les sécurités passives comme sur le train, on l’a rattrapé ; maintenant, il qui encourage les déplacements domi- les rails ou les chicanes ». est de mon devoir de rattraper le retard pris cile-travail en voiture en surestimant Conclusion de Centre-Presse : « excès par le réseau routier ». Les routes constituent leur coût ; le recours au péage urbain, de confiance en soi, imprudence délibérée, une compétence des départements et non des qui permet une baisse durable de vitesse, alcool, on en revient toujours aux régions mais, comme le rappelle Sud-Ouest, l’ordre de 20 % du trafic automobile. mêmes conclusions : il n’y a pas de routes les élections régionales se rapprochent.

fnaut-infos n°224 - mai 2014 x 5 Forum Autopartage

l Xavier Beaudoin, autopartageur cité Bien vivre en ville Correspondances par L’Age de faire (octobre 2013) : « ima- Forum ginons des villes avec quatre fois moins Pour qu’on puisse bien vivre et se dépla- Il est surprenant de constater à quel de véhicules en stationnement, l’espace cer en ville, il faut donner l’absolue prio- point tout semble organisé en France collectif récupéré serait considérable ; rité à la marche, au vélo et au transport pour faire des correspondances un exercice c’est possible, et nécessaire ». collectif. La voiture est tolérée mais doit stressant, voire un pari audacieux. l Nathalie Damery, présidente de l’Obser- rouler au pas, ce qui permet de minimi- J’ai pu m’en rendre compte encore lors vatoire Société et Consommation : « les ser les risques d’accident, de même que d’un voyage récent de Menton à Paris. Français veulent continuer à consommer les cyclistes doivent rouler au pas dans L’horaire du seul TGV desservant Men- et, dans un contexte de pouvoir d’achat les rues piétonnes. Dans une ville digne ton ne me convenant pas, j’avais choisi plutôt contraint, ils sont prêts à partager de ce nom, on peut laisser sans risque un de prendre un TER Menton-Nice, et de ou à acheter d’occasion tous les produits enfant de 6 ans se rendre seul à l’école. continuer vers Paris par le TGV partant de qui ne sont pas des signes de reconnais- Dans une ville à 50 km/h, c’est trop ris- Nice à 17h34. Selon la fiche horaire régio- sance ; le militantisme ne joue qu’un rôle qué ! Revendiquer le 30 kmh a des vertus nale, il m’était possible de partir de Men- mineur dans cette vague du partage ». pédagogiques : on désacralise la voiture et ton à 16h29, avec une correspondance de l La Tribune : « le consommateur privi- on crée un débat sur la place qu’elle doit 29 min à Nice, ou à 16h51 avec une cor- légie de plus en plus, pour se déplacer, occuper en ville. Le 50 est source de chocs respondance de 12 min. Par prudence, j’ai l’usage à la propriété, qu’il s’agisse d’au- physiques, le 30 aussi, mais dans la tête de choisi de prendre le train de 16h29. Bien topartage, de covoiturage, ou de location l’automobiliste. m’en a pris, car en arrivant à Menton, j’ai de véhicule ou de place de parking entre Jean Macheras, AUT-Ile de France z découvert que le train suivant était suppri- particuliers ». mé. De nombreux voyageurs ont eu moins Le TGV dans le bon sens ? de chance que moi et ont dû passer la nuit Partenariats dans le train ou reporter leur voyage... En cherchant à concentrer les parcours A Nice, il n’y a ni escalier mécanique Les enquêtes récentes menées par des rames TGV sur les LGV, contraire- ni rampe pour aider les voyageurs avec Jean Macheras dans grandes villes fran- ment à l’attente de 60 % des usagers, et en bagages ou à mobilité réduite. Il en est de çaises (FNAUT Infos 223) ont été menées ne commandant que des rames très capaci- même à Menton, où le quai desservant la avec les associations locales suivantes : taires, la SNCF ne s’oriente-t-elle pas une voie en provenance de Nice n’est accessible - à Dijon, la FNAUT Bourgogne et En- fois de plus dans une mauvaise direction ? que par des escaliers alors que cette gare, semble à Vélo dans l’Agglomération Di- Après l’effondrement du fret et des trains en plus des navetteurs, est aussi fréquentée jonnaise (EVAD) ; Intercités par une mauvaise conception par des voyageurs à longue distance, avec - à Orléans, le Comité de coordination de la massification, ne s’apprête-t-elle pas une prépondérance de seniors. des associations de sauvegarde et d’amé- maintenant à réduire le domaine de perti- Ce constat de carence peut être fait par- nagement de l’agglomération orléanaise nence du TGV ? Dépassée par l’évolution tout en France, comme par exemple à Bel- (CCASAAO) avec l’aide de l’Association des charges, qui augmentent beaucoup fort. Tant pis pour les voyageurs à qui l’on des Paralysés de France ; plus vite que l’inflation, elle ne résout pas impose, depuis la limitation à Belfort des - à Bordeaux, les associations du Pôle le problème en s’attaquant aux causes, elle trains Intercités Paris-Mulhouse, une rup- Urbain de Mobilité Alternative (Asso- ne fait que le reporter en l’éludant dans ture de charge avec changement de quai ciation des Usagers des Transports de la l’immédiat par une réduction du coût à systématique. Région Aquitaine (AUTRA), Bordeaux Mé- la place qui n’a de sens que sur quelques Alors que cet équipement est presque tropole Déplacement (BMD), Vélo-Cité, relations très fréquentées. standard dans les grandes gares alle- Les Droits du Piéton, Mille-Pattes, Auto- Le low cost aérien, porteur actuel du mandes, à ma connaissance on ne trouve cool-Citiz) ; développement de l’aviation civile, utilise dans aucune gare française de tapis roulant - à Rennes, l’Association des Usagers surtout des avions de moyenne ou faible pour bagages. des Transports en Île-et-Vilaine (AUTIV) et capacité et ne limite pas son exploitation Les services TER sont trop souvent les associations Espace Piéton et Rayons aux grands axes. La part de marché de peu fiables, les correspondances trop d’Action. l’A380 est très faible comparée à celles de souvent compliquées et non garanties, l’A320 ou du B737. malgré des délais uniformément allongés Un jugement péremptoire Jean Lenoir z à 10 minutes, et même lorsque l’applica- tion rigide de cette règle peut conduire à Autophobe dogmatique, Marcel Ro- Solidarité une absurdité. bert, animateur du site www.carfree.fr Ainsi, il est impossible d’acheter au (qui diffuse des informations intéres- Le choix entre autorail et autocar est guichet ou en ligne un billet Paris-Remi- santes), vilipende la FNAUT, coupable de complexe, on ne peut pas à tout prix remont avec emprunt successif du TGV critiquer la gratuité des transports, de défendre l’autorail. Il faut bien étudier la 2501 arrivant à Nancy à 8h52 et du TER préconiser l’exploitation des TER en dé- situation locale, la demande potentielle, 35213 partant à 9h01 sur le même quai, légation de service public et de défendre les possibilités de financement,... qui permet d’arriver deux heures plus tôt le projet Lyon-Turin. Il n’y va pas de main Mais il est certain que, pour le voyageur, à destination qu’avec la relation proposée morte : « le président de la FNAUT tient l’autorail est préférable à l’autocar. L’ave- par le site Voyageurs-SNCF.com. Mais des propos ridicules et démagogiques ; il nir des transports dans la France profonde seuls les voyageurs très avisés peuvent le profère des énormités ; on est face à un est un problème grave. Le dépeuplement savoir... représentant de la technostructure, à la de certaines zones rurales et le vieillisse- La SNCF peut dire - non sans raison - tête d’une association censée représen- ment de la population imposent une soli- que c’est un contresens économique d’en- ter les usagers des transports, mais qui darité avec leurs habitants dans de nom- voyer un TGV à Remiremont, mais elle représente avant tout l’Etat et les indus- breux domaines, dont les transports, on ne fait tout pour que les usagers et les élus triels dans leurs projets de privatisation, peut pas les abandonner. s’accrochent à leur TGV direct ! de libéralisation des transports et de Henri Martin, FNAUT Lorraine z Jean-Marie Tisseuil, AUT-Ile de France z grands projets pharaoniques ».

6 x fnaut-infos n°224 - mai 2014 Chronique du développement durable Brèves 7 Le Royaume-Uni lance la construction de BrèvesRonds-points nouvelles liaisons routières pour désaturer le réseau et améliorer la sécurité des conduc- Plébiscités en France comme en Europe, teurs : à l’ouest de Newcastle sur l’A1, sur les ronds-points sont plus de 40 000 dans l’A12 dans l’Essex à l’est de Londres, et sur l’Hexagone. Leur construction, d’un coût al- l’autoroute M62 qui relie Manchester à Leeds. lant de 500 000 euros pour les plus modestes 7 La Pologne a lancé plus de 50 appels à plus d’un million pour les grands modèles, d’offres de travaux routiers en 2013, pour 8 représente pour l’Etat une dépense globale milliards d’euros. Suite à la révision du pro- de 20 milliards d’euros. Outre leur capacité à gramme national routier sur la période 2011- ralentir et à fluidifier le trafic, à l’inverse d’un 2015, 700 kilomètres de voies rapides vont carrefour ou d’un feu rouge, les ronds-points être attribués. Par ailleurs, d’importants tra- sont aussi le moyen pour certains artistes de vaux sont prévus sur sept autoroutes entre laisser libre court à leur imagination (France Vieux car letton 2014 et 2020. BTP). La police berlinoise a immobilisé récemment Ville sans voitures Taxe Chirac un autocar letton qui se rendait en Suisse. Depuis sa mise en service, il avait parcouru 1,8 million Aux États-Unis, la ville de Mackinac, située La taxe de solidarité sur les billets d’avion de km, soit plus d’un aller-retour vers la lune. sur une île du lac Huron, n’a toujours pas levé, a été instituée en 2006 par Jacques Chirac Mais le véhicule blanc de deux étages n’avait pas depuis 1898, son interdiction des voitures, pour financer la lutte contre le sida, la tuber- l’air particulièrement vieux, a précisé la police. qualifiées de « monstres mécaniques », à l’ex- culose et le paludisme dans les pays pauvres ception de deux ambulances. Occupée par : un euro par trajet sur un vol intra-européen Tranquilien 500 habitants permanents, elle reçoit 15 000 au départ de la France et jusqu’à 40 euros sur visiteurs par jour en été. On s’y déplace à un vol international en classe affaires. Elle a Le Tranquilien est un nouveau service d’infor- pied, sur des chariots à chevaux et à vélo, sur rapporté 185 millions en 2012 dont 65 mil- mation informatique de la SNCF qui permet aux une route de 13 km qui fait le tour de l’île lions collectés auprès d’Air France-KLM ; voyageurs de mieux se répartir dans les trains alors (d’autres infos sur les îles sans voitures sur : jamais revalorisée depuis sa création, elle est qu’ils montent toujours dans la même voiture. Un www.carfree.free. fr). augmentée de 12,7 % en 2014. contrôleur SNCF de Montparnasse observe que, le matin, aux heures de pointe, dans le sens ban- Télétravail lieue-Paris, le premier wagon est systématique- ment bondé : « un jour, un voyageur mécontent Pour lutter contre l’exode rural, Bernard m’a demandé pourquoi on ne mettait pas des Delcros, président de la communauté de voitures supplémentaires en tête de rame ». communes du Pays de Murat (Cantal), a créé des centres de télétravail : le solde mi- gratoire est redevenu positif (source : Valeurs A MEDITER Vertes).

BIEN DIT 3 Alain Rousset, président du Conseil régio- Mackinac Island (Michigan) nal d’Aquitaine, s’en prend à la SNCF : « tout 3 Thierry Mariani, ancien ministre UMP l’effort de la Région est cassé par la gestion Syndicats irresponsables des transports : « si l’écotaxe était pénalisante, de la SNCF ; on ne sait pas ce qu’elle fait de elle visait surtout le transport des marchan- notre argent, 20 % des coûts du TER sont des Le 17 mars dernier, les transports de l’ag- dises étrangères ; la tomate espagnole serait frais de siège ; on n’a pas le service qu’on est glomération grenobloise étaient gratuits en revenue plus cher que la tomate bretonne ». en droit d’attendre ». Comme la FNAUT, il raison du pic de pollution de l’air, mais para- 3 Frédéric Cuvillier, ancien ministre PS réclame aujourd’hui l’expérimentation de la lysés par une grève lancée par les syndicats des transports : « je m’étonne que l’écotaxe concurrence pour l’exploitation du TER. CGT et FO. vienne d’être présentée comme un impôt 3 Gerd Aschoff, porte-parole de la fédéra- nouveau, c’est tout le contraire ». tion allemande de voyageurs ProBahn : « la Vocabulaire de colloque 3 Lorelei Limousin, Réseau Action Cli- concurrence a introduit un vrai plus pour mat : « si ce ne sont pas les pollueurs qui les usagers ; dans l’est de l’Allemagne, par Il est grand temps de dissiper l’angle mort payent, deux options restent à la portée de exemple, il y a plus de lignes et les trains sont financier, d’introduire des temporalités gi- la ministre de l’Ecologie : faire payer les plus confortables ». gognes pour les investissements et de déve- pollués ou abandonner les projets de fret 3 Christian Böttger, expert ferroviaire, pro- lopper la démarche act or pay. Mais il ne faut ferroviaire et de transports collectifs faute fesseur à l’université des sciences appliquées pas oublier la dimension citoyenne et éco- de financement ». de Berlin : « l’ouverture à la concurrence a for- vigilante du comportement des consomma- 3 Valérie Pécresse, député UMP des Yve- cé la Deutsche Bahn à améliorer son service, teurs, à mettre en adéquation avec l’exigence lines : « l’écotaxe est un impôt vertueux qui l’information est meilleure, le personnel plus de l’excellence environnementale. va apporter une meilleure qualité environne- sympathique ; des segments qu’elle jugeait Des logiques profondes s’opposent à la fin mentale à la France ». sans avenir, comme les réservations sur le tra- des mobilités : l’apparition de la multi-centra- 3 François Grosdidier, sénateur UMP de fic régional, sont exploités avec succès par ses lité, la mobilisation généralisée des individus, la Meuse : « les propos irresponsables de la concurrents ». des biens et des informations, le primat de la Ministre de l’Ecologie nous font faire un 3 Vincent Kaufmann, sociologue professeur séparation spatiale des réalités sociales. Mais bond de dix ans en arrière. Du nord au sud, à l’EPFL : « smartphone ou voiture, les jeunes les défenseurs du néo-localisme et du slow les camionneurs contournent l’Allemagne et ont choisi ; la liberté totale dans le temps et prônent de nouvelles pratiques mobilitaires la Suisse (où ils doivent payer l’écotaxe) pour l’espace, celle qui fait rêver, est désormais et non la démobilisation radicale. polluer l’air et abîmer les routes françaises ». incarnée par Internet et les réseaux sociaux ».

fnaut-infos n°224 - mai 2014 x 7 Activités Auvergne : inquiétude pour les lignes de la FNAUT interrégionales l Jean Sivardière et Bernard Gobitz ont été RégionsDès juillet prochain, la liaison ferroviaire (22 km) de la ligne Clermont–Thiers–Saint- auditionnés par le député Jean-Paul Chante- interrégionale Clermont-Ferrand – Ussel– Etienne (145 km) qui relie elle aussi deux guet, président de la commission parlemen- Limoges, qui relie deux agglomérations de agglomérations de plus de 200 000 habitants. taire sur l’écotaxe. plus de 200 000 habitants, risque d’être défi- Pourtant la Région Rhône-Alpes voisine serait l Jean Lenoir et Jean Sivardière ont rencon- nitivement interrompue par suite de la ferme- favorable à cette rénovation, qui ne nécessite tré Jacques Rappoport, président de RFF, au ture de la section Laqueuille–Eygurande dont que 12 millions d’euros. Et l’Auvergne, pour sa sujet de la réforme ferroviaire. l’infrastructure s’est dégradée. Le parcours part de financement, pourrait pour ces travaux l Jean Macheras est intervenu lors de la ren- entre Clermont et Ussel se fera exclusivement aussi, bénéficier d’une participation de RFF contre sur l’offre combinée bus + vélo + voi- par autocars en correspondance à Ussel avec (15 %) et de l’Etat (20 %). ture en libre service organisée par Christian les TER-Limousin, avec pour conséquence, la Un des 5 allers-retours quotidiens a été Proust, président du conseil général du terri- fuite habituelle de la clientèle. récemment transféré sur route. Faute de réno- toire de Belfort. Cette fermeture résultera du refus, par le vation, les performances de la ligne déclineront l Jean Sivardière, Jean Lenoir et Jean-Marie président PS de la Région Auvergne, René peu à peu. RFF impose déjà des ralentisse- Tisseuil ont rencontré Guillaume Pepy, pré- Souchon, d’inscrire au prochain Contrat de ments et amorce ainsi un cercle vicieux, l’aug- sident de la SNCF. Plan Etat Région (CPER) la rénovation de mentation des temps de parcours entraînant l Xavier Braud a organisé à Rouen un col- la section centrale Laqueuille–Eygurande (22 une diminution de la fréquentation qui finira loque sur le régime juridique de l’exploita- km) malgré son faible coût, 7 millions d’euros, évidemment par justifier la fermeture de la tion des transports régionaux. dont l’Auvergne n’aurait pourtant à financer ligne, aggravant l’enclavement ferroviaire du l Fabrice Michel a mis au point un mémento qu’une partie puisqu’elle pourrait bénéficier de Massif Central. destiné aux militants associatifs novices en participations de RFF, de l’Etat et de la Région Les voyageurs, parmi lesquels beaucoup chemin de fer. Limousin, également concernée. d’étudiants, seront alors condamnés à changer l La FNAUT a participé à une réunion RFF- Ainsi, l’itinéraire direct de Clermont à de mode de transport à Thiers et/ou à Noiré- consommateurs sur le projet de modernisa- Limoges sera condamné faute de la rénova- table, ou à utiliser des cars sur autoroute qui, tion du réseau ferré 2020. tion de seulement 10 % de sa longueur totale pour conserver un temps de parcours analogue l Jean Sivardière a rencontré Luc Rabouin, (207 km), et alors que ses autres sections ont à celui du train, desserviront moins d’arrêts directeur de l’entreprise parisenne d’auto- récemment été rénovées à grands frais… intermédiaires. La dégradation de l’offre fera partage Mobizen. Le Président de la Région Auvergne refuse fuir les voyageurs. l Jean Lenoir et François Jeannin ont été au- également d’inscrire au prochain CPER la Philippe Valériano, ditionnés par Michel Teston, rapporteur pour rénovation de la section Thiers–Noirétable président de l’AUT-Auvergne z la commission du Développement durable du Sénat du projet de loi portant réforme ferroviaire. Réouverture de la ligne Gisors-Serqueux l Les associations Ecologie sans Frontière, Res- pire et Rassemblement pour la planète ont déposé une plainte contre X pour mise en dan- Le 16 décembre 2013, des trains de 60 000 habitants. La réouverture com- ger d’autrui par la pollution de l’air urbain : la voyageurs ont circulé à nouveau entre plète de l’axe historique Paris-Dieppe FNAUT sera partie prenante de la procédure. Gisors et Serqueux (Haute-Normandie). permettrait d’éviter les changements de C’est un événement rare dans la néces- train à Rouen, de désengorger sa gare, Journée de formation saire reconquête du réseau ferré national d’échapper à la saturation du secteur de que la FNAUT appelle de ses vœux. Rare, Mantes, d’obtenir des temps de trajet de La journée de formation 2014 de la FNAUT mais non isolé, puisque cette réouverture 1h30 contre 2h15 actuellement, grâce à aura lieu à Paris le vendredi 5 septembre sur suit celles de La Cluse-Bellegarde (2010), un itinéraire plus court de 33 km. les transports ferroviaires urbains et interur- Besançon-Auxon (2011), Mulhouse- La section Serqueux-Dieppe, de 40 km bains. Des interventions de la DCF, de la RATP Müllheim (2012), Nantes-Châteaubriant seulement, a été fermée en 2001 par RFF, et de Transdev sont prévues. Plus d’nforma- (2014) et précède celles de Belfort-Delle malgré un avis défavorable de la SNCF. tions dans notre prochain numéro. et Avignon-Carpentras. Cette fermeture, et le déclassement qui Serqueux-Gisors est stratégique pour la a suivi, ont été annulés par la justice en Congrès de la FNAUT desserte du port du Havre car cette ligne 2002 et 2006, sur recours de la FNAUT, fait le lien avec la ligne Motteville-Mon- qui a récemment obtenu (Cour adminis- Le 19ème Congrès de la FNAUT aura lieu térolier-Buchy qui contourne Rouen par trative d’appel de Douai 27-06-2012) à Nantes les samedi 15 et dimanche 16 no- le Nord et dont la réouverture a été re- l’injonction à RFF de résilier la vente de vembre 2014. Il sera organisé par l’Associa- tardée par une regrettable opposition de l’emprise au département de la Seine- tion Nantaise Déplacements Environnement, quelques riverains devant les tribunaux. Maritime. RFF refuse d’exécuter cette Place au vélo et la FNAUT Pays de la Loire. La FNAUT avait alors soutenu RFF décision de justice, ce qui est inacceptable dans ses procès pour obtenir le feu vert de la part d’un établissement public. La fnaut infos- Bulletin mensuel d’information de la justice en 2008. FNAUT a donc engagé une procédure Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°224 La FNAUT se réjouit également de pour obtenir l’exécution forcée de la rési- ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. l’adoption par RFF, le 25 octobre 2013, liation. Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers de l’avant-projet d’électrification de Ser- A terme, il faudra, dans l’intérêt géné- Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d queux-Gisors, qui permettra de faire cir- ral, rouvrir Paris-Dieppe et trouver des Prix au numéro : 2 d culer 25 trains de marchandises par jour, substituts à l’Avenue verte aménagée ir- Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT évitant ainsi d’importantes pollutions et régulièrement par le département. Mais de votre région, contacter notre permanence : nuisances routières. dans l’immédiat, celle-ci peut continuer 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris Il est cependant nécessaire d’aller plus d’être exploitée, tout en redevenant la tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] loin, jusqu’à Dieppe, pour desservir aussi propriété de RFF. Internet : http://www.fnaut.fr un port ainsi qu’une agglomération de Xavier Braud z CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°224 - mai 2014 n°225 infos juin 2014 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Le transport du fret : sous-tarification de la route, faiblesses du rail Suisse : un nouvel exemple à suivre

Alors qu’en France, le report de l’écotaxe pénalise gravement le financement des TCSP urbains, des contrats de plan Etat­ Régions et des grands projets ferroviaires, la Suisse montre une nouvelle fois l’exemple d’une politique rationnelle et anticipatrice. Après avoir décidé, dans les années 1990, d’instaurer une taxe poids lourds, la RPLP, pour financer le plan Rail 2000 et plus par­ ticulièrement les Nouvelles traversées fer­ roviaires alpines (NTFA), nos voisins suisses ont, malgré l’opposition des milieux routiers, adopté à 62 %, lors d’une votation populaire Gare de triage de Sotteville (photo : Marc Debrincat) qui a eu lieu le 9 février dernier, un plan de Financement et d’amélioration de l’infras­ tructure ferroviaire (FAIF). En février dernier, le gouvernement Ayrault a présenté 8 « mesures im- Le financement, dorénavant inscrit dans médiates » pour relancer le transport ferroviaire du fret. Mais pour en- la constitution fédérale helvétique, est basé rayer la marginalisation du rail, il ne faut pas se contenter de mesurettes, sur la création d’un fonds permanent dédié il faut employer les grands moyens : réprimer la fraude omniprésente dans à l’infrastructure ferroviaire (FIF), qui prendra le transport routier ; commencer à faire payer à la route ses coûts écono- le relais de l’actuel fonds pour les transports miques et externes en mettant en place une taxe poids lourds ; faciliter publics (FTP) créé à titre temporaire en 1998. les activités des opérateurs ferroviaires de proximité ; réorganiser la logis- Il garantira de manière durable l’entretien et tique du transport de fret autour du rail ; accélérer les grands et petits la modernisation du réseau ferré, en particu­ investissements indispensables pour apporter au rail la capacité, la fiabi- lier la suppression des goulets d’étrangle­ lité et les performances qui lui manquent ; mieux desservir les ports ; enfin ment (Genève-Lausanne,...). soutenir l’innovation technologique (trains longs,...). Le FIF disposera de 6,4 milliards de francs suisses, soit 5,2 milliards d’euros, d’ici 2025. Il Un homme en colère La révolte des bonnets rouges bretons sera alimenté par les mêmes sources que le révulse l’élu alsacien : « s’ils veulent être précédent FTP - redevance poids lourds, TVA, Ancien député UMP du Bas-Rhin, Yves exonérés de la taxe, très bien, mais dans impôt sur les produits pétroliers, soit 4 mil­ Bur est le père incontestable de l’écotaxe ce cas, qu’on laisse les Bretons en assu- liards FS - mais aussi par les participations française. Il l’avait défendue avec convic- mer les conséquences fiscales et gérer accrues de tous les acteurs : Confédération, tion afin d’éviter le report sur l’axe nord- seuls le financement de l’entretien de cantons (ils verseront 200 millions FS sup­ sud alsacien des camions circulant outre- leurs routes et voies ferrées ». plémentaires par an), exploitants ferroviaires, Rhin et soumis à la taxe LKW Maut qui Yves Bur critique aussi les autres clients du rail (à travers des hausses tarifaires) venait d’être instaurée par l’Allemagne. opposants à l’écotaxe : « les transpor- et travailleurs pendulaires, essentiellement En 2005, il avait fait inscrire dans la loi le teurs routiers, s’ils roulent en Alle- automobilistes, qui verront les déductions principe d’une expérimentation en Alsace. magne, paient la taxe ; pourquoi n’en fiscales pour frais de déplacements domi­ Il a récemment exprimé sa colère face feraient-ils pas autant quand ils roulent cile-travail plafonnées à 3 000 FS, ce qui rap­ au report de l’écotaxe par le gouverne- en France ? Et qu’on ne nous parle pas portera 200 millions supplémentaires par an. ment Ayrault et dénonce « l’impuissance de compétitivité de l’économie mena- Détail qui en dit long sur la lucidité et le publique ». Nous reproduisons ci-dessous cée par l’écotaxe : l’Allemagne a mis courage politique de nos voisins : selon le ses propos lucides publiés par le quotidien en place la LKW Maut, et c’est le pays Conseil Fédéral, cette dernière disposition l’Alsace en mars dernier. le plus compétitif d’Europe. Quant à aura l’avantage de freiner l’allongement ob­ « Cela fait 8 ans que j’ai pris cette initia- la polémique sur Ecomouv, la société servé des distances domicile-travail. tive, et les services de l’Etat ont été inca- privée chargée de collecter l’écotaxe et Curieusement, le résultat de la votation pables de la mettre en œuvre. La gauche critiquée aujourd’hui à droite comme à du 9 février a suscité très peu de commen­ est inconsistante en n’assumant pas sa gauche, les résultats de l’appel d’offres taires en France. La démarche suisse est politique fiscale environnementale, et la ont été acceptés par tous les élus et les pourtant un modèle d’anticipation et de droite est indécente car elle oublie qu’elle candidats malheureux les ont contes- transparence. a approuvé cette mesure quand elle était tés sans succès en justice ». (voir aussi Jean Sivardière z au gouvernement ». page 8)

fnaut-infos n°225 - juin 2014 x 1 Fret ferroviaire : effets d’annonce et mesurettes Pas de mesures décisives Cinq actions seront approfondies : On sait que la part modale du fret fer- pour la plupart du très instructif site - une stratégie nationale sur la forma­ Dossierroviaire a chuté au profit du transport www.tk-transport-logistique.fr). tion relative aux logistiques multimo­ routier. Entre 2000 et 2012, elle est ainsi Mais, parallèlement, les gouvernements dales sera développée ; passée de 16,6% à 10% alors que le rail Fillon et Ayrault ont autorisé la circula- - l’amélioration de la gestion opéra­ est, avec la voie d’eau, le mode de trans- tion des camions de 44 tonnes, et accen- tionnelle des terminaux de transport port le plus sûr, le plus pertinent sur les tué les avantages fiscaux accordés aux combiné sera achevée par RFF ; longues distances et le plus respectueux transporteurs routiers pour compenser - un diagnostic des réseaux capillaires de l’environnement. La chute semble l’introduction alors prévue de l’écotaxe. sera rapidement finalisé ; ralentie, voire enrayée, grâce à l’inter- L’écotaxe est reportée, sinon abandonnée. - le CGEDD étudiera les dispositifs vention récente des opérateurs privés, Enfin, après avoir élaboré de multiples actuels de soutien du fret ferroviaire et mais on ne peut s’en tenir à ce résultat : « plans fret » gérés par des directeurs proposera des évolutions permettant l’activité fret de la SNCF est en déficit se succédant à un rythme accéléré, la « d’optimiser la dépense publique » ; depuis 1998, et le rail doit reconquérir SNCF a transféré l’essentiel de son trafic - enfin la création d’une plateforme en une large part du marché de la route de messagerie (wagon isolé) sur la route. ligne permettant de rapprocher l’offre pour des motifs évidents de sécurité et et la demande sera étudiée. d’environnement. Huit mesures immédiates Bien entendu, ces décisions ne sont pas stupides (desserte des ports, ap­ Le plan Borloo En septembre 2013, le ministre des pui aux OFP), mais il s’agit tout de transports Frédéric Cuvillier a mis en même de mesurettes (observatoires, En 2009, suite au Grenelle de l’envi- place une conférence périodique pour comités de suivi,...) qui n’auront pas ronnement, le ministre Jean-Louis Bor- relancer le fret ferroviaire, comprenant d’impact décisif car elles laissent de loo présentait un plan de 7 milliards d’eu- 5 groupes de travail, la FNAUT y était côté les problèmes de fond : les condi­ ros pour moderniser les infrastructures représentée par Bernard Gobitz. Puis, tions inéquitables de concurrence ferrées au profit du fret. Objectif : faire en février 2014, il a présenté 8 mesures entre le rail et la route, l’inadaptation passer la part modale du rail de 14 % à « concrètes et immédiates » pour donner des infrastructures ferroviaires et le 25 % d’ici 2025 grâce à des lignes dédiées « un nouveau souffle » au rail, se gardant blocage du financement de leur mo­ au fret, des autoroutes ferroviaires (voir judicieusement d’annoncer des objectifs dernisation, le désintérêt de la SNCF page 7) et des TGV fret circulant entre irréalistes comme la plupart de ses pré- pour le fret. les aéroports de Lyon, Paris, Londres, décesseurs. Le secteur du transport routier est Cologne et Amsterdam. Il était alors pré- 1 - Expérimenter la création de « clus- gangrené par la fraude (vitesses exces­ vu de reporter 500 000 camions par an ters fret ferroviaire » sur des territoires sives, surcharges, non-respect de la sur les nouvelles autoroutes ferroviaires volontaires, afin de faire émerger un mo- réglementation du travail, voir pages 3 en 2020, et 100 000 camions et 1 000 dèle économique adapté aux besoins de et 4) mais le projet de loi renforçant avions sur le TGV fret. l’économie locale. la lutte contre le dumping social ne Dans un rapport publié en septembre 2 - Créer, en lien avec les CCI, un concerne que les transporteurs étran­ 2010, le Conseil général de l’environ- observatoire national de la demande de gers (respect du temps de repos hebdo­ nement et du développement durable transport ferroviaire dans les territoires. madaire des conducteurs, encadrement (CGEDD) préconisait d’agir en priorité 3 - Créer dès 2015 un évènement an- du cabotage par camionnettes, sanc­ sur le réseau existant (dégagement d’iti- nuel de promotion du fret ferroviaire per- tions pour rémunération des conduc­ néraires alternatifs, voies de dégagement mettant de « faire rencontrer l’offre et la teurs au kilométrage parcouru). pour les trains de fret…). Il proposait demande ». Le secteur routier génère de très aussi de développer le transport combiné 4 - Créer un observatoire de la perfor- importants coûts économiques et ex­ (rail-route et rail-fluvial), l’interopérabi- mance des sillons fret, piloté par RFF et ternes qui ne sont pas internalisés dans lité entre les réseaux européens et l’utilisa- partagé avec les entreprises ferroviaires, la tarification. Le tome 2 des Comptes tion de trains plus longs sur les grands axes dont les objectifs chiffrés seront fixés Transport de la Nation 2011 est très clair pour augmenter la compétitivité du rail. dans le cadre du prochain contrat de per- (http://urlz.fr/niL). Faute de financement à la hauteur de formance du gestionnaire d’infrastructure La baisse de la taxe à l’essieu et l’au­ l’ambition affichée, le bilan est maigre. unifié qui sera créé par la réforme du sys- torisation de circulation des camions L’ouverture prochaine de la LGV tème ferroviaire. de 44 tonnes ont, comme le report de Tours-Bordeaux et du contournement de 5 - Intégrer dans les projets straté- l’écotaxe, renforcé l’avantage compétitif Nîmes et Montpellier facilitera la circu- giques de chaque grand port maritime, à de la route sur le rail ; le risque d’intro­ lation des trains de fret. La ligne Gisors- redéfinir en 2014, des objectifs de déve- duction des mégacamions de 60 tonnes Serqueux (FNAUT Infos 224) a été rou- loppement du fret ferroviaire. n’est pas écarté. verte sur l’itinéraire bis Paris - Le Havre. 6 - Créer dans chaque grand port ma- Les grands (et petits) projets ferro­ Mais de nombreuses lignes capillaires ont ritime une instance de coordination du viaires sont bloqués par la baisse de disparu. fret ferroviaire, avec RFF et les régions, la subvention de l’Etat à RFF, le report Le 18-01-2014, la SNCF et RFF ont autour des enjeux de desserte. de l’écotaxe et le refus plus général de fait circuler un train de fret expérimental 7 - Créer un groupe ad hoc interdis- mettre en œuvre une fiscalité écolo­ de 1 500 m de long (70 wagons, le double ciplinaire chargé de proposer sous six gique : LGV Montpellier-Perpignan et des trains classiques) entre le triage de mois des mesures de « simplification ré- contournement fret de Lyon (CFAL) sont Sibelin et Nîmes, la mise en service est glementaire et normative » du réseau de au point mort, et le projet de tunnel prévue pour 2016. proximité. Lyon-Turin (FNAUT Infos 217) est sou­ Des opérateurs ferroviaires de proximi- 8 - Créer un comité de suivi, regrou- tenu mollement par l’Etat. té (OFP) se mettent lentement en place pant les acteurs concernés, permettant (FNAUT Infos 188 et 221 - nous avons de suivre la réalisation des orientations De nombreux articles sur le transport omis de signaler que les informations et actions retenues lors des conférences du fret ont été publiés dans FNAUT Infos données sur les OFP étaient extraites périodiques sur le fret. 163, 176, 179, 188, 217 et 221.

2 x fnaut-infos n°225 - juin 2014 Le fret routier, un marché dérégulé en grandes difficultés

tant par des professionnels du volant confir- més, tuent autant au véhicule-km parcouru que les voitures particulières pour lesquelles la jeunesse des conducteurs et l’alcool sont les causes principales des accidents. C’est la preuve de la prise de risque fréquente des routiers pour tenir les conditions exigées par les chargeurs. De la fausse attestation de repos permettant de dépasser le temps de conduite hebdoma- daire au chronotachygraphe bricolé avec un Photo : Marc Debrincat aimant pour modifier le temps de conduite journalier, l’imagination est sans limite. Nous publions ci-dessous une analyse du En résumé, les 15 à 20% des entreprises im- L’examen d’un véhicule routier italien fonctionnement du Transport Routier de Mar- portantes du secteur ont plusieurs cordes à leur le 29 août 2013 a révélé la présence d’un chandises (TRM) par André Laumin, ancien arc et dominent largement la masse des petits double capteur de mouvements permettant vice-président de la FNAUT. Cette analyse met transporteurs, limités à la seule traction du fret. au conducteur d’afficher en repos des temps en relief la gravité des dysfonctionnements du Elles peuvent offrir à leurs clients des condi- consacrés à la conduite. On ignore si cette secteur routier, le rôle de la fraude qui assure sa tions d’autant plus intéressantes qu’elles réper- fraude récemment découverte est un cas isolé survie et l’insuffisance de sa répression par les cutent sur leurs affrétés les remises qu’elles ou une pratique courante dans la profession. pouvoirs publics. ont dû consentir pour emporter le marché. Enfin reculer son camion à l’entrée d’un péage La sous-traitance concerne donc les trafics les afin de récupérer un deuxième ticket échangé Un secteur très diversifié moins intéressants et les moins rémunérateurs, avec un autre camionneur sur une aire d’auto- et disparate généralement amputés de près de 15% de route permet à ce dernier d’échapper à la qua- commissions. si-totalité du péage. Avec plus de 88 % de parts de marché, la Une partie de cette sous-traitance, selon route domine le transport de fret et sert de le même rapport Abraham, est donc « une Un dumping devenu référence pour les prix. S’il est exact que le sous-traitance d’exploitation », qui consiste à habituel et mal réprimé Transport Routier de Marchandises (TRM) compenser sur le dos des transporteurs les plus est d’abord un mode de transport à courte dépendants la sous-tarification des transports Les économies issues de la fraude sont subs- distance, les déplacements à 150 km et plus à laquelle d’ailleurs ils participent ». Certaines tantielles. Il a été calculé officiellement (note n’en représentent pas moins 73 % du ton- entreprises acceptent même des trafics qu’il de synthèse du Service des Etudes Statistiques nage kilométrique du mode. n’est pas possible de rentabiliser en respectant du ministère des Transports, septembre/oc- Le secteur est très diversifié : le transport les règles normales du jeu et s’en défaussent tobre 2002) qu’une surcharge de 20 % permet proprement dit ne représente qu’une par- sur leurs sous-traitants : « le donneur d’ordre une économie de 21% du chiffre d’affaires. tie de l’activité et des métiers qui gravitent sous-traite ainsi la fraude que cette rentabili- Le dépassement de la durée de conduite autour sous le terme générique vague de sation implique ». journalière représente près de 8 % de chiffre « chargeurs ». De l’industriel gérant lui- d’affaires. Dépasser le temps de conduite heb- même son secteur de transport et de distri- Un secteur largement dominé domadaire en représente 10,2 %. Neutraliser le bution aux transitaires, transporteurs inter- par la fraude chronotachygraphe, c’est 14,5 % d’économisé. nationaux, groupeurs et autres auxiliaires de Enfin la fraude au péage autoroutier se traduit transport, la chaîne de la logistique et des Une opération de contrôle a été menée par un préjudice pour les sociétés d’autoroute intermédiaires est longue. conjointement avec 13 pays européens et la qui se chiffrerait pour la seule ASF, qui a porté Le TRM représente 37 200 entre- Suisse en septembre 2007. Seule la Suisse en plainte, à 3,4 millions d’euros sur trois ans. prises dont 80 % ont moins de dix salariés. a publié les résultats tant la crainte du blocage Or la plupart de ces pratiques sont loin Les entreprises ne disposant que d’un seul des routes par le lobby routier paralyse les res- d’être des cas isolés, comme le montre l’in- ensemble routier constituent l’essentiel du ponsables politiques. La Suisse a donc constaté terception à la gare de péage de Toulouse secteur. Elles ne disposent pas d’un panel de que près d’un tiers des 1787 camions contrôlés d’un chauffeur roumain qui conduisait clientèle suffisant pour assurer le fonction- sur son territoire étaient en infraction. un camion espagnol pour une entreprise nement régulier de leur parc et dépendent Six ans plus tard, rien n’a changé. de transport française. Le camion aurait des « chargeurs », grosses entreprises dont Le 16 décembre 2013 en Gironde, près effectué 43 fraudes en l’espace de quatre les services commerciaux ont un accès direct d’un tiers des 140 poids lourds contrôlés jours, du 12 au 16 septembre 2013, ce qui au marché et qui imposent leur loi aux entre- étaient encore en infraction. représente 2 507 euros de préjudice pour la prises artisanales. La fraude gangrène tous les aspects du société d’autoroute concernée ! Les grandes entreprises pratiquent une transport routier : les excès de vitesse et les Ces infractions qui s’installent dans la durée sous-traitance intensive qui est une des surcharges, le transport dissimulé de matières constituent pour une partie de la profession caractéristiques du fret routier et s’applique dangereuses, le non-paiement des taxes auto- un comportement habituel, facilité par le fait à plus de 43% des trajets selon le rapport routières mais aussi et surtout les temps de que certaines entreprises ne sont contrôlées de la commission Abraham publié en juin conduite journaliers et hebdomadaires (en que tous les six ans. Le tribunal de Montpel- 2010. Réglementairement, les transporteurs 2007, le Conseil National des Transports esti- lier a condamné le 24 avril 2011 une entreprise interurbains n’ont pas le droit de sous-trai- mait, à la suite de contrôles approfondis, que moyenne de Marsillargues pour 400 infrac- ter plus de 15 % de leur chiffre d’affaires, 40 % des chauffeurs routiers conduisaient au- tions relevées essentiellement aux temps de mais ils peuvent aussi avoir la qualité de delà de leur temps réglementaire de travail). conduite, sur une durée de 3 ans ! Précisons commissionnaire, et ne sont alors soumis à Tous ces aspects ont bien entendu des retom- que 57 % des procès-verbaux établis ne sont aucune limite. Inversement, les affréteurs et bées sur la sécurité routière. Des données tirées suivis d’aucune poursuite et que le niveau des les organisateurs de transport international d’un rapport officiel (rapport de l’Observatoire pénalités est généralement très inférieur au peuvent aussi être transporteurs et donc à ce Social des Transports portant sur l’année 2011) maximum prévu par les textes. titre assurer eux-mêmes certains transports. montrent que les poids lourds, conduits pour- Suite page 4

fnaut-infos n°225 - juin 2014 x 3 Libéralisation sur les conditions sociales applicables Le rôle de l’Etat et sous-tarification aux travailleurs détachés dans d’autres pays de la Communauté. Ils fraudent Une harmonisation des conditions Ces comportements traduisent la également sur le nombre de cabotages fiscales et sociales est indispensable grave crise que traverse le transport rou- autorisés après la livraison d’un trans- au niveau européen. Une intervention tier de fret, dont les lois de régulation port international, limité à trois opéra- forte de l’Etat auprès de Bruxelles est du marché sont aujourd’hui perverties. tions. Ils vont jusqu’à utiliser de fausses nécessaire. Mais une action est dès La libéralisation du secteur routier, plaques d’immatriculation pour déjouer maintenant possible en France. poursuivie de 1985 à 1995, s’est ache- les contrôles. Cette concurrence déloyale 1. Mettre en œuvre l’écotaxe et pré­ vée par la suppression de la tarification aggrave la situation du pavillon français, voir sa répercussion intégrale sur les routière obligatoire jugée préjudiciable qui a perdu le quart de son activité de prix finaux du transport, à la fois pour au libre exercice de la concurrence. Mais 2007 à 2012 selon l’Organisation des lever les réticences de la profession on n’a pas tenu compte de la structure Transports Routiers Européens. routière et pour freiner la demande du secteur, composé essentiellement de Quelles entreprises peuvent sur- excessive de transport liée à un prix de petites entreprises n’ayant pas d’accès vivre dans cette jungle et comment ? marché déconnecté de ses coûts réels. direct au marché et cantonnées à la Seules celles de taille déjà importante, 2. Durcir les conditions d’accès à la sous-traitance de la traction du fret. implantées largement sur le territoire, profession routière, notamment en Dès lors la pression exercée par les disposant d’un service commercial et matière de garanties financières qui chargeurs sur une profession dispersée, exerçant le plus souvent des fonctions n’ont pas été relevées depuis 15 ans. aux membres concurrents et en surca- d’auxiliaires de transport sont à même On freinerait ainsi l’accès à la profes­ pacité a tiré les prix du transport « sec » d’exploiter la rente qui résulte de leur sion et, par l’épuration naturelle liée vers des niveaux souvent inférieurs accès direct au marché du fret. aux faillites, on réduirait sa surcapaci­ aux coûts de production. En monnaie Elles concentrent leurs efforts sur la té exagérée en faisant disparaître son constante, les prix du transport ont recherche du fret, l’organisation de la secteur le plus sensible aux pressions baissé de près de 30 % entre 1985 et chaîne logistique et l’affrètement qui des chargeurs et aux infractions. 2002 et les coûts augmenté d’environ sont des activités de rapport. Elles as- 3. Multiplier et renforcer les contrôles 10 %. Quoique ralentie, cette tendance surent avec leurs propres véhicules les dans les entreprises et sur les routes. se poursuit. Selon la FNTR, «le métier trafics les plus intéressants, et sous- Une campagne de communication est en surcapacité, la guerre des prix traitent les frets moins rémunérateurs. devrait préparer un large soutien de est féroce et les marges extrêmement La moindre erreur tactique, la moindre l’opinion publique faibles, de l’ordre de 1% ». frilosité de leur banque se paie cash, 4. Ne plus faire dépendre les Cette valeur moyenne des marges de- comme le montre le cas du gros trans- contrôles sur route de la participa­ vient négative pour nombre de petits porteur de colis Mory-Ducros et de ses tion de la police ou de la gendarmerie transporteurs. C’est en particulier le cas 5 000 emplois directs et 2 000 emplois pour arrêter les véhicules. Il arrive sou­ des nouveaux entrants dans la profes- indirects en péril. vent que les forces de l’ordre, qui ont sion. Près des 2/3 de ces entreprises font Une intervention rapide des pouvoirs d’autres priorités, soient conduites à faillite au bout de 3 à 5 ans, immédia- publics afin de sortir de la crise est indis- ralentir l’exécution des contrôles, à en tement remplacées par de nouveaux en- pensable. Une partie du secteur routier réduire le nombre, voir à amener les trants. Au premier semestre 2012, selon est consciente qu’on ne peut continuer contrôleurs à les reporter. l’Officiel des transporteurs, 1 245 en- sans risque à transgresser quotidienne- 5. Examiner les moyens juridiques treprises ont fait faillite, dont 60 % ne ment la loi. Le ferroviaire ne peut suivre d’un contrôle des vitesses moyennes comprenant qu’un seul employé. La vo- et abandonne les territoires. Un grand par un relevé systématique, par des latilité du secteur contribue à l’accepta- nombre d’entreprises n’a déjà plus de agents assermentés, des véhicules aux tion de conditions draconiennes par les choix intermodaux valables en cas de entrées et sorties d’autoroutes, ou à transporteurs en difficulté. crise ou d’intempéries. Le développe- des points déterminés, afin de multi­ Les transporteurs de l’Est européen ment durable en est compromis. plier les contrôles à moindre coût. ne respectent pas la directive de 1996 André Laumin z 6. Aggraver les sanctions appliquées aux délinquants, en allant plus sou­ Transport combiné vent vers l’immobilisation du véhicule ou le retrait de la possibilité d’exercer En 2013, le transport combiné ferroviaire (rail-route, rail-fleuve, rail-mer), qui en cas de fraudes graves ou répétées. représente 30 % du fret ferroviaire, a progressé de 16 %, soit 800 trains supplémen- 7. Renforcer la responsabilité pénale taires qui ont retiré près de 40 000 semi-remorques des routes. Mais le Groupement du donneur d’ordre en modifiant le national des transports combinés (GNTC) s’inquiète du manque de visibilité dans la décret de 1992 concernant la co-res­ politique de transfert modal de la France. ponsabilité afin d’inverser la charge Le GNTC s’est opposé en vain à l’autorisation généralisée de circulation des ca- de la preuve en faveur de l’adminis­ mions de 44 tonnes, qui nuira à la sécurité routière et affaiblira le transport combiné. tration. Légitimement, il demande une compensation sous forme d’une exonération totale 8. Mettre en place des dispositifs de l’écotaxe pour les pré et post-acheminements routiers du combiné. Cette reven- de formation, d’information et de dication est également portée par l’Association des utilisateurs de transport de fret contraintes juridiques permettant de (AUTF) et le Comité des armateurs fluviaux. Le GNTC demande par ailleurs la lutter contre le dumping. Un calcul reconduction et la stabilisation du montant de l’aide publique au transport combiné, officiel des prix de revient routiers est dite « aide à la pince », entre 2013 et 2017. Il s’oppose en outre à la suppression de à instituer à la place de celui de « l’offi­ l’aide à l’exploitation dans les points nodaux à compter de cette année. ciel des Transports » qui n’a rien d’offi­ Selon le président du GNTC, Gérard Perrin, les pouvoirs publics ont investi 288 ciel. Publier ces coûts et inciter à les millions d’euros pour le lancement de l’autoroute ferroviaire Atlantique, « une tech- respecter en les prenant comme base nique qui ne représente que 2 % du fret ferroviaire ». La FNAUT ne partage pas cette minimum pour l’estimation du chiffre critique implicite des autoroutes ferroviaires : les chargeurs ont besoin d’une offre d’affaire réalisé par le transporteur diversifiée, et l’expérience montre que l’autoroute ferroviaire peut, comme le trans- dans les calculs pour l’impôt. port combiné traditionnel, contribuer au report de trafic sur le rail. André Laumin z

4 x fnaut-infos n°225 - juin 2014 La difficile coexistence voyageurs-fret sur le réseau ferré

La circulation des trains de fret se - en parallèle de Paris-Bordeaux, l’ancien La difficulté de cohabitation entre concentre de plus en plus sur de grands itinéraire de l’État, par Chartres, Courta- fret et voyageurs vient en partie de la axes : l’axe Atlantique, la vallée du lain, Château-du-Loir, Saumur, Thouars, concentration du trafic sur quelques Rhône et les sillons desservant les pla- Niort, Saintes ; axes, sans alternative : les lignes qui teformes de Dourges et de Valenton ou - l’itinéraire du charbon, de Valenciennes l’auraient permis ont été soit fermées, ayant pour origine des ports maritimes. ou Douai au triage du Bourget par Cam- soit neutralisées. brai, Péronne, Chaulnes, Montdidier, Es- Il faut donc insister sur la nécessité Des itinéraires disparus trées, Ormoy-Villers ; de rouvrir des itinéraires de transit, - l’itinéraire du Bourbonnais, de la Gi- comme cela a été fait récemment sur A partir de 1950, et jusqu’à fin 1980, la vors à Paris par Lozanne, Paray-le-Monial, Montereau - Flamboin-Gouaix ou sur SNCF a concentré le trafic sur les lignes Moulins, qui a vu passer tout le trafic du Motteville - Montérolier-Buchy et Gi- les plus importantes, afin de mieux port de Marseille ; sors-Serqueux. rentabiliser l’électrification du réseau. - l’itinéraire Saint-Jean-de-Losne, Au- Entre les régions PACA et Langue- Elle a laissé tomber en désuétude, voire xonne, Gray, Vesoul, Lure, Belfort. doc, la ligne Arles-Lunel permettrait abandonné, une multitude d’itinéraires Les Allemands avaient construit un d’éviter Nîmes et offrirait une voie di- alternatifs. évitement de Strasbourg par Molsheim, recte entre Marseille/Fos et l’Espagne. Du temps de la vapeur, du fait des Saverne, Haguenau, Roeschwoog, le pont Mais il faudrait rétablir le pont d’Arles caractéristiques médiocres des locomo- sur le Rhin de Beinheim/Wintersdorf (que sur le Rhône, et 5 km entre Aimargues tives, les réseaux avaient très vite été l’on a donné récemment... aux voitures !), et Lunel. Or la SNCF a abandonné confrontés à la saturation des grands Rastatt, Karlsruhe. voici 5 ans la desserte entre Le Cailar itinéraires, et ils avaient construit de Si l’on électrifiait la ligne depuis le TGV- et Arles Trinquetaille. nombreux itinéraires fret parallèles, qui Est (sortie du tunnel de Saverne) jusqu’à Autre erreur : l’abandon de la ligne nous manquent aujourd’hui. La liste est Rastatt, les TGV Paris-Stuttgart gagne- Arles - Port-Saint-Louis-du-Rhône, longue : raient plus de 30 minutes. lien direct entre le port de Fos et la - une rocade Est de la région pari- En bref, du temps de la vapeur, il n’y avait vallée du Rhône. Avec la montée en sienne, de Dijon à Amiens par Chau- pratiquement aucun conflit entre les trains puissance de Fos XXL, l’itinéraire ac- mont et Reims, et une rocade Ouest de voyageurs et les trains de marchandises, tuel via Miramas va frôler la satura- Rouen-Orléans par Chartres ; mais des gestionnaires imprévoyants n’ont tion, d’autant plus qu’avec l’ouverture - un évitement de Dijon par Allery, pas su préserver un réseau fantastique car à la concurrence, tout trafic refusé par Saint-Jean-de-Losne, Auxonne et Gray ; des dizaines de raccordements ont été sacri- la SNCF peut désormais rester sur les - un évitement de Nancy par Toul, fiés et des itinéraires directs ont été coupés. rails grâce aux autres opérateurs. Pont-Saint-Vincent et Blainville ; Claude Jullien, FNAUT PACA z Frédéric Laugier, FNAUT PACA z

Ecotaxe et transformation de la logistique

L’écotaxe renchérira, mais faiblement, 1. Suivant l’exemple routier, une nou- le coût d’un train entier, et doivent en- le transport routier. Pour qu’elle entraîne velle offre logistique doit être construite core reprendre le trafic diffus de plus en un report modal significatif, elle doit être autour du rail, elle suppose : plus diversifié qui constitue le quotidien accompagnée non seulement d’un assainis- - l’implantation près de nœuds fer- du transport routier. sement en profondeur du marché du trans- roviaires pertinents, en particulier sur port routier de fret, mais aussi d’une trans- des terrains propriétés de RFF ou de la 3. Il faut par ailleurs encourager les formation de la logistique des chargeurs, SNCF, d’entrepôts de stockage indus- rabattements routiers sur le ferroviaire : organisée aujourd’hui autour de la route. triel et de plateformes de distribution - en dispensant de l’écotaxe les pré et Hors fret massif assuré par trains com- embranchés sur le réseau ferré ; post-acheminements routiers du trans- plets, la logistique de la SNCF est réduite à - l’obligation d’embranchement ferro- port combiné rail-route ; la gestion d’une offre programmée « mul- viaire pour toute création de nouvelles - en incitant les entreprises routières tilots » par wagons entiers, inadaptée à la zones industrielles ; un rapport remis au à la pratique intermodale. Le transport demande diversifiée, diffuse et immédiate Conseil Général de l’Environnement et par rail d’une remorque routière néces- de l’industrie. L’offre n’inclut pas le ramas- du Développement Durable en juillet site la répartition du parc de tracteurs sage et le groupage d’expéditions et, sauf 2013 signale le déplacement de la pro- d’une entreprise entre les terminaux rares exceptions, des livraisons diversifiées duction industrielle vers l’Ouest de la ferroviaires ou, pour des entreprises de et souples à partir de plateformes. Elle France sans adaptation correspondante taille plus réduite, des coopérations in- est, de plus, limitée à des zones restreintes des infrastructures ferroviaires. ter-entreprises. Le transport de conte- du territoire à fort potentiel de trafic. De neurs exige lui aussi des moyens et un nombreuses industries n’ont désormais 2. La création d’opérateurs ferroviaires parc adaptés. plus d’offre ferroviaire satisfaisante vers le de proximité (OFP) permet de valoriser réseau européen, pourtant indispensable à les lignes capillaires. Grâce à une ges- 4. Enfin le transport des wagons entre leur développement. tion souple, simplifiée et à coût inférieur une dizaine de zones de concentration, Par suite, les zones et entrepôts indus- à celui de la SNCF, allant pour certains d’échange et de distribution réparties sur triels, les plateformes de distribution et jusqu’à l’entretien de la voie, ces OFP le territoire près de nœuds ferroviaires l’ensemble des métiers de la logistique se ont permis d’acheminer sur les lignes importants est à reconstruire. Cela sup- sont implantés au plus près des nœuds rou- capillaires des trains de lots de wagons pose en particulier le mixage des offres tiers importants, sans tenir compte de leur complets provenant de plusieurs expédi- « lot unique », « multi expéditions » et éloignement du rail. La route puise sa force teurs. Mais ils ne sont pas sortis d’une chargements de conteneurs afin de rem- dans cette synergie entre implantation lo- offre de groupage de lots de wagons iso- plir et rendre compétitifs les trains de gistique et proximité de l’infrastructure. lés, insuffisante localement pour justifier lots supprimés par la SNCF.

fnaut-infos n°225 - juin 2014 x 5 Forum Succès du rail en Suisse Le rail a transporté 66 % du fret qui a Transition énergétique ports collectifs, environ 400 millions transité par les Alpes suisses en 2013, Forumet tarification des transports d’euros par an. Aujourd’hui, la promesse un record atteint grâce à une fiabilité de la zone unique a peu de chance de améliorée et un soutien financier pu­ Un résultat frappant du rapport Beau- se concrétiser et n’est plus soutenue que blic important au transport combiné. vais (FNAUT Infos 211) est que la voi- par EELV. Par contre, le STIF réfléchit Depuis 2006, sa part modale restait ture est moins chère que le transport à une nouvelle billettique permettant de inférieure à 60 %. collectif quand on considère son coût repenser tout le système de la tarification Le trafic ferroviaire a augmenté de marginal, et plus chère si on considère francilienne. 4 % en un an, grâce à la relance des son coût complet. Par suite, dès lors qu’on Le STIF a aussi mis en place des me- échanges commerciaux avec l’Italie possède une voiture, on a tendance à l’uti- sures limitées que l’AUT réclamait depuis dont l’économie se redresse peu à peu. liser de façon préférentielle. Par contre, longtemps, comme le prolongement de Il a été de 25,2 millions de tonnes : l’autopartage fait payer le coût complet, parcours qui permet à un abonné de ne 15 millions sur l’axe du Gothard et 10 et de ce fait ses adhérents privilégient le payer que le supplément nécessaire pour millions sur l’axe du Simplon et du transport collectif. atteindre une destination francilienne nouveau tunnel du Lötschberg ; 80 % Pour la « transition énergétique », il faut hors de sa zone d’abonnement. du trafic est assuré par les compagnies donc décourager l’achat d’une voiture. Il Mais la distorsion reste excessive entre BLS et CFF Cargo, 13 % par Crossrail. faudrait aller beaucoup plus loin que la les prix demandés aux voyageurs de la Tous modes confondus, le trafic n’a suppression du bonus et le renforcement grande couronne francilienne selon qu’ils progressé que de 1,8 %, soit un total du malus : rétablir la vignette à un taux sont abonnés ou non. Comment peut- de 38 millions de tonnes inférieur aux élevé, taxer les parkings privés, abolir les on justifier qu’un abonné paye un voyage années d’avant-crise. Le trafic routier a tarifs de stationnement réduits accordés moins de 3 euros et que l’automobiliste baissé de 5 %, à 12,9 millions de tonnes. aux résidents. qui vient de laisser sa voiture au garage le Le nombre de camions a diminué à En contrepartie, l’autopartage devrait paye près de 20 euros ? Si on veut hâter 1,14 million, soit encore 500 000 de être encouragé : places de parking nom- le transfert modal, c’est en direction des plus que le seuil acceptable de 650 000 breuses et gratuites dans les villes et ban- voyageurs occasionnels qu’il faut agir. Les fixé par la Suisse à l’horizon 2018. lieues, taxation réduite, aide au démarrage prix excessifs (par rapport aux prix des L’exemple du Lötschberg confirme l’in­ d’initiatives. abonnements) devront être revus d’une térêt d’un tunnel de base : 4 ans après Jean-Paul Jacquot, FNAUT Lorraine z manière ou d’une autre. sa mise en service, le trafic annuel y est Bernard Gobitz, AUT Ile-de-France z passé de 3,8 à 11,3 millions de tonnes. A l’inverse, il faudrait que les voyageurs Le tunnel du Gothard, pilier du trans­ puissent payer moins cher leurs déplace- Train et autocar fert modal, n’entrera en service qu’en ments en transport collectif par abonne- 2016, et celui du Ceneri en 2019. ment. On nous oppose sans cesse que le Comme l’a montré Jean-Marie Beau- Ce succès du rail en Suisse ne peut train en Allemagne et en Suisse est cher - vais (FNAUT Infos 211), le coût de l’au- que conforter les promoteurs du projet ce qui est vrai pour le voyageur occasion- tocar départemental (hors transport sco- Lyon-Turin, que la FNAUT défend mal­ nel - mais on ne nous dit pas qu’il existe laire) est voisin de celui du train : environ gré les critiques que lui adressent les dans ces pays des abonnements demi-tarif 8 centimes par kilomètre (8 pour le TER, environnementalistes et écologistes. très avantageux et très répandus. Il y a en 9 pour le train Intercités). Ce résultat est Ces derniers se contentent de noter une Suisse plus d’un million et demi d’abon- surprenant, car les coûts de production baisse du trafic rail et route à travers nés demi-tarif. Cet abonnement existe en des dessertes routières sont nettement in- les Alpes du Nord (sans s’interroger sur France (Fréquence France entière), mais férieurs à ceux du TER et l’autocar régu- ses causes, voir FNAUT Infos 217) et de à un prix très élevé (de l’ordre de 700 lier départemental est fortement subven- dénoncer la sous-utilisation de la ligne euros en seconde classe contre 255 en tionné. Il tient sans doute à la faiblesse existante (sans comprendre qu’elle est Allemagne) ; il est préférable aux offres du taux moyen d’occupation du car, qui trop peu performante pour concur­ de type Prem’s qui imposent de fortes ne transporte guère que des captifs car la rencer les autoroutes et les tunnels de contraintes et, d’une certaine façon, sont durée des trajets est, en général, très supé- base routiers, Mont-Blanc et Fréjus). payées par les voyageurs (pas seulement rieure à celle des trajets automobiles. Rappelons que le tunnel de base a des professionnels) qui achètent leur bil- La différence de coût pour le voyageur été évalué à 8,5 milliards d’euros 2010, let au dernier moment. longue distance entre le car, non subven- soit en gros 10 milliards d’euros 2014, Jean-Marie Tisseuil, AUT Ile-de-France z tionné mais mieux rempli (car régulier et que la France n’en paiera que 25 % d’Eurolines ou services occasionnels), et soit environ 250 millions par an pen­ En Île-de-France, la tarification pour les le train Intercités est logiquement plus dant les 10 ans que dureront les tra­ abonnés (Carte Orange puis Pass Navigo) marquée. vaux, ce qui est à sa portée. Ce coût, qui a compté jusqu’à 8 zones concentriques. Jean Sivardière, FNAUT z n’a pas évolué depuis 2001, est compa­ Au fil du temps, les zones périphériques rable à celui du tunnel du Gothard, que 8 et 7 ont été supprimées et leurs tarifs Autolib la Suisse a financé sans aide extérieure. alignés sur celui de la zone 6. En 2012, Hubert du Mesnil, président de la zone 6 a à son tour été alignée sur la La Mairie de Paris promeut la voiture Lyon-Turin Ferroviaire : « en 2013, ce zone 5. Cette évolution allait dans le sens électrique en libre-service Autolib bien n’est plus l’explosion du trafic et la de la zone unique promise lors des der- plus que les transports collectifs. congestion rapide dans les vallées qui nières élections régionales suite à l’accord Alors qu’un abonnement gratuit à Vélib justifient ce projet ; il s’agit davantage PS-EELV. Elle était présentée comme un peut se justifier, un abonnement gratuit à de combiner le report modal avec la nouveau pas vers la zone unique. Autolib, promis par Anne Hidalgo aux volonté de favoriser les échanges L’AUT s’oppose à la zone unique parce étudiants lors de sa récente campagne France-Italie, d’intégrer la France dans qu’elle semble favoriser l’étalement ur- électorale, serait parfait pour inciter les le circuit des échanges européens, et bain et parce qu’elle implique une perte jeunes à prendre de mauvaises habitudes. d’aider au développement de l’Europe de ressources importante pour les trans- Bernard Gobitz, AUT Ile-de-France z du Sud ».

6 x fnaut-infos n°225 - juin 2014 Chronique du développement durable Brèves 7 Plus d’un milliard de véhicules légers BrèvesEcotaxe poids lourds Pétition sillonnent les routes de la planète, 80 mil­ lions ont été fabriqués en 2012 soit plus Le cabinet BP2R a interrogé 130 grandes L’association des usagers des transports de 210 000 chaque jour, légèrement plus entreprises, surtout de distribution : une sur d’Auvergne (AUTRA) propose une péti- que d’humains supplémentaires. Depuis trois anticipe l’écotaxe et change sa logis- tion contre la fermeture de la section La- 10 ans, la flotte de voitures en Chine aug­ tique. Si de plus en plus de dentifrices sont queuille-Eygurande et la disparition des mente de 25% tous les ans : elle est pas­ vendus sans carton d’emballage, c’est qu’on liaisons ferroviaires directes de Clermont- sée de 10 millions en 2000 à 73 millions peut ainsi transporter bien plus de tubes Ferrand vers Limoges, Brive et Bordeaux. en 2011 (www.notre-planete.info). Pékin dans un même camion. Depuis le début Lien vers la pétition : http://urlz.fr/m3x compte 20 millions d’habitants et 4 mil­ 2014, les principales marques de déodorants lions de voitures. ont réduit la taille de la bouteille de moitié ; 7 Lors de la récente conférence Future­ résultat : 20% de camions supprimés. BIEN DIT Cast de Palo Alto (Californie), le consultant Selon un expert des transports non Frost & Sullivan a rappelé que le pétrole identifié, cité par les medias, « la France 3 Nathalie Teppe, présidente de l’Asso- va disparaître, que 100 millions de voi­ a acheté pour 800 millions d’euros un ciation pour le développement des trans- tures (20% du parc mondial) sont inutili­ système de perception de l’écotaxe pour ports en commun de Grenoble : « la sées, que les accidents tuent 100 000 per­ le jeter alors qu’il pouvait lui rapporter gratuité des transports lors d’un pic de sonnes et coûtent 500 milliards de dollars 1,2 milliard par an ». pollution est une mesure symbolique qui chaque année. Selon lui, l’industrie auto­ Selon Emmanuelle Cosse, secrétaire na- ne change pas grand chose, il faut agir sur mobile doit éviter le syndrome Kodak, en­ tionale d’EELV : « la ministre de l’Ecolo- le long terme ». treprise qui n’a pas vu venir la révolution gie souhaite enterrer l’écotaxe sous prétexte 3 Régine Lange, présidente de la fédé- de la photographie numérique et s’est qu’elle est anti-sociale, alors que c’est le ration Atmo France : « les mesures d’ur- effondrée. manque d’écologie qui fragilise les ménages gence peuvent répondre au phénomène les plus défavorisés ; c’est l’absence de cou- ponctuel des pics de pollution, mais il Fret ferroviaire rage politique face au lobby du diesel qui faut prendre des mesures structurelles nous empoisonne aujourd’hui et, en premier pour éviter d’autres pics ». Selon Hubert du Mesnil, président de lieu, ceux qui habitent le long des grands Lyon-Turin Ferroviaire : « pendant des dé­ axes routiers ». Métro gratuit cennies, la France ferroviaire s’est concen­ trée sur le trafic voyageurs, notamment A Pékin, les 20 millions d’habitants (qui TGV ; il existait un consensus à tous les possèdent 4 millions de voitures) produisent niveaux : citoyens, politiques, SNCF. Cette 18 000 tonnes de déchets ménagers par jour vision sous-estimait l’importance de la lo­ et les autorités testent sur une des 16 lignes gistique pour l’économie. Le sentiment a de métro une machine combinant la distribu- changé récemment mais il existe un lourd tion des tickets et la collecte des déchets. Pour passif. La perception est très différente chaque bouteille insérée, l’usager est crédité de en Allemagne où le trafic fret est traité à 10 centimes de yuan. Le ticket de métro coû- égalité avec celui des voyageurs. La solu­ tant 2 yuans, l’usager doit rapporter 20 bou- tion serait que le fret soit reconnu comme teilles vides pour obtenir un voyage gratuit. une véritable priorité par les responsables A Moscou, un appareil va distribuer un politiques. L’ouverture générale du trafic ticket de métro contre 30 flexions, à la sta- fret ferroviaire à la concurrence en Europe tion Vystavotchnaïa, selon le Comité olym- crée un environnement favorable pour in­ pique de Russie. L’appareil comptabilisera le citer la France à redonner au fret la place Illustration : Andy Singer nombre de flexions qu’effectuera le passager. qu’il n’aurait pas dû perdre ». L’installation de la machine aura lieu dans le Autoroute ferroviaire cadre du projet « Changements olympiques », Sujets de bac qui veut encourager le sport dans la vie cou- Près de 15 % des camions circulant entre rante des citadins. Section Philosophie - Illustrez cette l’Espagne et l’Europe du Nord empruntent maxime d’Henri Bergson : « l’avenir n’est l’autoroute ferroviaire Perpignan-Luxem- pas ce qui va arriver mais ce que nous bourg ouverte en 2007. Le trajet est effec- Bêtisier allons en faire ». tué en 15 h au lieu de 24 h par la route, Section Lettres - Commentez ce propos 60 000 remorques devraient ainsi être ache- 7 Jacques Bianchi, président de la de l’inventeur Charles Franklin Kettering : minées en 2014. Chambre de Commerce et d’Industrie du « le monde déteste le changement, c’est Fin 2015, un embranchement de 350 km Var : « le tramway, c’est cinq ans de tra- pourtant la seule chose qui lui a permis vers Calais sera ajouté à cet axe pour ache- vaux ; il ne faut pas tuer la vie du centre- de progresser ». miner les camions circulant entre l’Espagne ville » (L’Express du 26-02-2014). Section Economie - Commentez cette et l’Angleterre. En 2016, l’autoroute fer- 7 La Ligue des conducteurs et la Fédé- remarque du général de Gaulle en l’appli­ roviaire Atlantique devrait être ouverte ration française des motards en colère : quant au secteur des transports : « l’avenir sur le tracé Lille à Bayonne via Paris et « le Conseil national de la sécurité rou- dure longtemps ». Bordeaux : deux allers-retours quotidiens tière est une marionnette à la botte du Section Sciences - Explicitez et discu­ de trains de 750 m de long au démarrage, tout-répressif ». Ces associations préco- tez cette réflexion de Yann Arthus-Ber­ quatre allers-retours de trains de 1 050 m nisent « un apaisement des comporte- trand : « nous ne tirons aucune leçon de long à l’horizon 2020 (coût des travaux : ments » mais dénoncent « une inflation du passé, nous continuons à vivre en ne 300 millions). La capacité annuelle, de près sécuritaire » et « un système complè- changeant rien, nous constatons seule­ de 32 000 camions au départ, sera progres- tement punitif » (un adjectif populiste ment les dégâts ». sivement portée à 88 000. décidément très à la mode).

fnaut-infos n°225 - juin 2014 x 7 Activités Ecotaxe : des propositions dangereuses de la FNAUT

La ministre Ségolène Royal s’oppose ou- porteurs français et étrangers. Une vignette l Le conseil national de la FNAUT a reçu ré­ vertement à l’écotaxe (FNAUT Infos 224). serait une taxe forfaitaire, et non kilométrique. cemment divers experts afin d’alimenter ses 6 - Les camions étrangers utilisent déjà lar- réflexions : Gérard Mathieu, Jacques Pavaux Des critiques incompréhensibles gement les autoroutes. Comment les obliger et Marc Gaudry sur le bilan carbone des in­ tous à le faire ? Taxer les bénéfices des sociétés vestissements ferroviaires ; Michel Quidort, 1 - L’écotaxe serait une « fiscalité punitive » autoroutières est une bonne idée, mais on peut directeur chez Transdev et André Thinières, socialement inéquitable. (et on doit) le faire aussi si l’écotaxe est main- délégué général d’Objectif OFP, sur l’exploi­ 2 - Répercuter la taxe sur les chargeurs, tenue car ces sociétés bénéficieraient alors de tation des voies ferrées régionales ; Olivier comme cela a été prévu, serait « absurde », « on reports de trafic. Domenach, consultant transport, spécia­ n’atteindra pas l’objectif car c’est aux camions liste des modes de gestion des transports de payer l’entretien des routes ». Un objectif oublié publics (DSP, régie, société publique locale) ; 3 - Les transporteurs routiers ne dispose- Guillaume Sainteny, économiste spécialiste raient pas d’alternative ferroviaire. Les propositions de la ministre ignorent de la fiscalité écologique ; Philippe Caradec, 4 - Il faudrait taxer les seuls transporteurs l’objectif premier de l’écotaxe : réduire le trafic conseiller mobilité à la DATAR ; Denis Baupin, étrangers car « si tout le monde passe sous routier pléthorique. député EELV et ancien adjoint au maire de les portiques, tout le monde paye » (en réa- La distorsion décisive de concurrence, que Paris. Lors de son assemblée générale 2014, lité, les portiques ne servent qu’à dépister les la ministre ignore, est celle qui existe entre la la FNAUT a reçu Patrick Doutreligne, délégué fraudeurs). route et le rail. général de la Fondation Abbé Pierre, qui a De multiples avantages concurrentiels ont fait un exposé sur la politique du logement Les réponses de la FNAUT été accordés récemment au transport routier : et son impact sur l’étalement urbain. 1 - Considérer l’écotaxe comme un impôt travaux routiers, baisse de la taxe à l’essieu l Jean Sivardière est intervenu lors du col­ est un contresens. L’écotaxe vise au contraire à (50 millions par an) et de la taxation du gazole loque des associations Avenir Transports soulager le contribuable d’une partie des coûts (150 millions par an), autorisation générale de et Villes et Régions de la Grande Vitesse sur du transport routier. C’est une redevance circulation des 44 tonnes (400 millions par an l’évolution du modèle économique du trans­ kilométrique d’usage de la voirie (comme les d’entretien supplémentaire des routes), sup- port de voyageurs. péages versés à RFF ou VNF), combinée à pression de la subvention annuelle de l’Etat à l Jean Macheras est intervenu lors du col­ une taxe pollueur-payeur. RFF pour le fret (135 millions). loque Optima sur l’intermodalité route- Le faible niveau prévu de l’écotaxe (4 fois transport collectif, organisé par l’IFSTARR lors inférieur à celui de la LKW Maut alle- Un report punitif du congrès européen de la recherche sur les mande, qui rapporte 4,5 milliards d’euros transports. par an) n’entraînerait qu’une hausse margi- Le maintien de l’écotaxe est crucial. Son l La FNAUT a porté plainte pour pratique nale (nettement inférieure à 1 %) du prix des report est en effet punitif pour : commerciale trompeuse auprès du Jury de biens de consommation. - les usagers des transports (blocage des Déontologie Publicitaire contre la publicité 2 - Ce sont bien les chargeurs qui doivent projets de TCSP, freinage des travaux fer- pour la voiture électrique Zoé diffusée dans être taxés, ce sont eux les donneurs d’ordre, roviaires, abandon de lignes régionales et Le Parisien du 17 mars 2014, dans le contexte l’écotaxe les inciterait à rationaliser leur logis- interrégionales) car la subvention annuelle de d’un pic de pollution, par le constructeur tique et à davantage utiliser le rail et la voie l’Etat à l’Agence de Financement des Infras- automobile Renault : « pour lutter contre la d’eau. Les transporteurs font leur métier. tructures de Transport de France (AFITF) est pollution, roulez en voiture ». 3 - Dès aujourd’hui, le rail et, dans les ré- passée de 700 à 350 millions ; l La FNAUT a reçu Didier Gonzalès, maire de gions mouillées, la voie d’eau permettent des - les habitants soumis aux nuisances de la Villeneuve-le-Roi, qui souhaite la fermeture reports de trafic par rabattement. Et comment route (l’écotaxe limiterait par exemple les de l’aéroport d’Orly et défend le projet NDDL. améliorer l’alternative à la route sans investir ? reports de trafic en Alsace provoqués par la l Jean Macheras a représenté la FNAUT Sans ressource nouvelle décisive, le trafic res- mise en place des taxes LKW Maut et RPLP au jury des trophées de l’innovation du tera sur la route. respectivement en Allemagne et en Suisse) ; GIE Transport public (GART et UTP). 4 - Tous les camions en circulation - les contribuables qui subventionnent le (600 000 français et 200 000 étrangers) usent transport routier de fret. Journée de formation les routes et sont à l’origine d’accidents et de Enfin, outre la perte annuelle de 800 mil- nuisances, tous doivent donc être soumis à lions, son abandon obligerait l’Etat à dédom- La journée de formation 2014 de la l’écotaxe. Aujourd’hui les étrangers ne paient mager la société Ecomouv, chargée de collec- FNAUT aura lieu à Paris le vendredi 5 sep­ rien, il y a distorsion de concurrence, mais ter l‘écotaxe, à hauteur de 800 millions : où tembre sur le thème de l’exploitation des l’écotaxe vise précisément à la corriger. trouver une telle somme ? transports ferroviaires urbains (métros et Faute de pédagogie, l’écotaxe, mal nom- tramways) et interurbains. Intervenants : Des propositions inapplicables mée, est apparue comme un impôt supplé- SNCF, RATP, Transdev. Inscription gratuite mentaire alors que, dans l’esprit du Grenelle mais obligatoire : [email protected]. 5 - Imposer une vignette aux transporteurs de l’environnement, il s’agissait d’abord d’un étrangers à l’entrée en France « comme en levier important du report nécessaire du trafic fnaut infos- Bulletin mensuel d’information Suisse » (en Suisse, la vignette n’est imposée routier sur le rail et la voie d’eau. Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°225 qu’aux voitures). Il n’y a pas d’alternative à l’écotaxe. Les ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. 6 - Obliger les transporteurs étrangers à propositions de la ministre de l’Ecologie sont Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers utiliser les autoroutes et taxer les sociétés d’au- dangereuses et inapplicables. Détail révéla- Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d toroutes car elles bénéficieraient de recettes teur : seuls les Bonnets rouges bretons et les Prix au numéro : 2 d supplémentaires importantes. lobbies (transporteurs routiers, agroalimen- Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT taire, grande distribution) les approuvent. de votre région, contacter notre permanence : Les réponses de la FNAUT La FNAUT demande donc au gouver- 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris 5 - La législation européenne (libre circu- nement de ne pas céder devant les lobbies tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] lation des biens) issue du traité de Rome de qui s’opposent à l’écotaxe au détriment de Internet : http://www.fnaut.fr 1959 interdit toute discrimination entre trans- l’intérêt général. CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°225 - juin 2014 n°226 infos juillet-août 2014 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Le pic de pollution, le rapport du GIEC ... et les nouveaux élus municipaux Et l’Europe ?

Consciente de l’impact décisif des déci- sions prises au niveau européen dans le secteur des transports, la FNAUT souhaitait connaître les orientations des partis poli- tiques français présentant ou soutenant des candidats aux élections du 25 mai. Elle a donc adressé le 23 janvier à huit partis (PCF, PG, EELV, PS, MODEM, UDI, UMP et FN) dix questions précises portant sur les droits des voyageurs, le transport ferroviaire, la circula- tion routière, le transport aérien et la fiscalité. L’Union européenne renforcera-t-elle les droits des voyageurs ? Améliorera-t-elle les relations ferroviaires internationales ? Finan- Besançon, quartier de la Viotte (photo : Marc Debrincat) cera-t-elle les grands projets d’infrastruc- tures et lesquels ? Favorisera-t-elle un report du trafic routier de fret sur le rail et la voie On pouvait espérer que le grave pic de pollution de l’air survenu début d’eau ? Autorisera-t-elle la circulation des mars et, plus récemment, les nouveaux avertissements lancés par le Groupe mégacamions de 60 tonnes ? Encourage- international d’étude du climat (GIEC) provoqueraient un sursaut des nou- ra-t-elle la taxation du kérosène consommé veaux responsables politiques locaux et nationaux, et en particulier une dans les vols intra-européens ? réorientation de la politique des transports allant au-delà des bonnes inten- Nous nous étions assurés auprès de tions. Il n’en est rien, on assiste au contraire à une régression inquiétante. chacun des huit partis, par téléphone, que Des projets de transport collectif urbain en site propre sont remis en ques- notre lettre serait lue par un responsable tion, alors que de multiples projets d’investissements routiers urbains et compétent. Une réponse était demandée interurbains sont relancés. Par ailleurs, les Contrats de plans Etat-Régions pour le 18 avril afin de pouvoir en rendre privilégient la route, toute une partie du réseau ferré est abandonnée, et la compte avant l’élection. taxe poids lourds n’est toujours pas mise en œuvre. Malgré une relance effectuée le 20 avril, UNE SEULE réponse, celle des écologistes Le 5ème rapport du GIEC Nos responsables politiques con- EELV, au demeurant satisfaisante sauf leur naissent toutes ces données mais ils opposition au projet Lyon-Turin, nous est Le message délivré le 13 avril par les semblent ne pas les comprendre. Certes parvenue (en 2009, nous avions obtenu trois 235 experts du GIEC, originaires de 58 le projet de loi sur la transition énergé- réponses, FNAUT Infos 175). Sur les sites inter- pays différents, est sans ambiguité : il tique (qui devrait aboutir à l’automne net des autres partis, on ne trouve (parfois) n’est plus temps de tergiverser si on veut 2014) fixe un objectif ambitieux à notre que des banalités sur « les transports et le limiter à 2°C la hausse de la température pays : réduire de 30 % notre consom- développement durable ». moyenne de la surface de la planète d’ici mation d’énergie fossile et de 40 % nos Cet épisode est inquiétant. Il en dit long, la fin du 21ème siècle, il faut agir vite émissions de GES d’ici 2030. Mais rien non seulement sur le mépris de la plupart et fort. La hausse atteint déjà 0,8°C par de décisif n’est proposé dans le secteur des partis politiques français à l’égard des ci- rapport à la période pré-industrielle ; au- des transports malgré son importance toyens et de leurs associations (qui ont quand delà de 2°C, la vie sur terre deviendrait cruciale (28 % de nos émissions de GES, même le droit de savoir ce que pensent les problématique. dont 90 % dues à la route). partis et les futurs eurodéputés), mais aussi Pour y parvenir et éviter une évolu- Et, à court terme, le gouvernement sur leur manque d’intérêt pour la politique tion catastrophique, le GIEC préconise hésite à s’engager : le plan vélo manque européenne et les transports : il est clair que une véritable révolution économique : il d’ambition, le plan de relance du fret fer- les partis interrogés, y compris parmi les plus est indispensable que l’humanité réduise roviaire est bien timide (FNAUT Infos favorables à la construction européenne (tels ses émissions de gaz à effet de serre 225), il n’est pas encore question d’abais- que les centristes), ne pensent rien en matière (GES) de 40 % à 70 % d’ici 2100. Or ces ser la vitesse maximale autorisée sur les de transport et ne travaillent pas ce domaine ; émissions n’ont jamais été aussi élevées autoroutes, et même une suggestion de la leurs réponses auraient dû être prêtes depuis qu’entre 2000 et 2010, et le rythme de FNAUT consistant à rendre les plans de longtemps et nous parvenir par retour. Ne leur progression s’accélère (+1,3 % par an déplacements urbains obligatoires dans nous étonnons pas du peu d’influence de entre 1970 et 2000 ; + 2 % par an depuis les agglomérations de moins de 100 000 notre pays au sein du Parlement européen. 2000) malgré les efforts entrepris depuis habitants est ignorée. Sans parler du re- Jean Sivardière z une quinzaine d’années. port de la taxe poids lourds...

fnaut-infos n°226 - juillet-août 2014 x 1 Après les élections municipales : Dossierpas de tramways, des parkings ! Lors des élections municipales de seille, Pau, Périgueux, Privas, Quimper, Aubagne - La ville a basculé du PC à 2008, les adversaires des transports col- Reims, Saint-Etienne, Tourcoing. l’UMP. Le nouveau maire Gérard Gazay lectifs, du tramway en particulier, avaient Les arguments des nouveaux élus maintiendra sans doute la gratuité des été sanctionnés par les électeurs : à Paris, datent des années 1960 : transports, mais la ligne de tramway ne Reims, Tours (FNAUT Infos 164). En - le tramway (et même le BHNS) est sera pas prolongée. 2014, la situation a changé. jugé trop coûteux ; en réalité, il est com- Belfort - Le nouveau maire Damien On se souvient de l’inertie des pouvoirs battu surtout car il consacre et symbolise Meslot (UMP) veut créer deux parkings publics - Etat et collectivités locales - lors le recul de l’automobile en ville ; silos et des places de stationnement mi- du pic de pollution de l’air qui a affecté - les sites propres (tramways, bus) nute pour aider le commerce. de nombreuses agglomérations, début gênent la circulation automobile ; Béthune - Olivier Gacquerre, nouveau mars dernier : « ne bougez pas, respirez - il faut améliorer l’accès automobile du maire UDI, a pour objectif de « réveiller avec modération et attendez que le vent centre pour aider les commerçants ; et faire prospérer Béthune, de redonner se lève ». Puis, comme s’il ne s’agissait - « l’automobile, c’est la liberté ». du brillant et du dynamisme à la ville ». que d’un épisode anodin, les candidats Le décalage entre ces orientations d’ar- Moins d’une semaine après son élection, ont accumulé, lors de la campagne élec- rière-garde et les souhaits de l’opinion il a rouvert la Grand-Place à la circula- torale, les fausses bonnes idées, gadgets et est évident. Selon un sondage récent tion, alors qu’elle était piétonne, c’était promesses démagogiques et incohérentes (YouGov pour 20 Minutes), 85,5 % des l’une de ses promesses de campagne : « il au lieu de traiter les problèmes de fond personnes interrogées estiment, face aux faut vivre dans son temps, l’automobile tels que la pénurie d’aménagements cy- embouteillages et aux pics de pollution, ne va pas disparaître, c’est une liberté, clables, le manque de capacité des trans- que « davantage de moyens alternatifs à une mobilité ». Il va finalement transfor- ports collectifs et la maîtrise nécessaire de la voiture devraient être proposés pour mer la Grand-Place en parking, car les la voiture (FNAUT Infos 223 et 224). circuler en ville ». automobilistes ont vite commencé à s’y Qu’en est-il aujourd’hui sur le terrain, garer. Et puisqu’il est possible de se garer après les élections ? La FNAUT a enquê- Des villes passées à droite en surface, plus personne n’utilise le par- té dans 50 villes. D’une manière géné- king souterrain situé sous la place. rale, les nouveaux élus, peu compétents Ajaccio – Le nouveau maire UMP La municipalité espère que le retour de en matière de transports, sont nombreux Laurent Marcangeli constate que les la voiture dans le centre-ville va attirer « à être défavorables au transport collectif. Ajacciens aiment la voiture et déplore les habitants du bas-pays, qui n’ont d’autre Une régression de la maîtrise de la voi- que les automobilistes aient été « matra- choix que de prendre leur voiture ». Criti- ture, voire un retour à l’obscurantisme qués » par la municipalité précédente PS. qué par les écologistes, le maire répond : des années Pompidou, est à craindre ou Il veut établir de nouvelles voies de circu- « Je suis Béthunois depuis trente-huit ans. même clairement engagée. lation et créer 1200 places de parking. Il Avant, on se garait n’importe où, Béthune envisage un transport en site propre sur vivait. On n’est pas tous morts ». Enquête de la FNAUT l’axe est-ouest. Caen - L’UMP Joël Bruneau a battu le Amiens - Pendant sa campagne, la maire sortant PS Philippe Duron. Il sou- Indépendamment du report de l’écotaxe nouvelle maire Brigitte Fouré (UMP) haite remettre à plat le projet de tramway qui fragilise leur financement, des projets s’est opposée au projet de tramway défen- préparé par son prédécesseur. Il a promis la de TCSP, tramways ou même BHNS, du par le candidat PS Thierry Bonté qui gratuité des transports le mercredi après- sont remis en question : à Amiens, An- l’avait élaboré : absence de traversée du midi et le week-end, « une navette circu- goulême, Aubagne (2ème ligne de tram), centre-ville et coût trop élevé. Une fois laire gratuite » autour du plateau piéton- Avignon (la nouvelle maire PS refuse élue, elle déclare : « C’est donc un non nier et reliant les zones de stationnement, le tramway), Caen, Chalon-sur-Saône, définitif au tram sauf si on parle de et la gratuité de la première demi-heure Montbéliard, Niort, Pau. La valorisation tram innovant sur pneus, un système qui de stationnement dans le centre. L’ancien possible des lignes ferroviaires périur- existe déjà à Nancy. Les bus rouleraient maire proposait « une navette électrique baines est ignorée. à l’électrique sur un circuit ressemblant à gratuite parcourant l’hyper-centre en fin Des couloirs réservés aux bus et cy- un tram, les travaux seraient bien moins de semaine » et la gratuité du stationne- clistes, jugés trop gênants pour la circula- conséquents donc bien moins dangereux ment pour les voitures écologiques. tion automobile, sont supprimés : Evreux, pour les commerçants ». Elle évoque aus- Chalon-sur-Saône - La ville a basculé Thionville, Tourcoing. Des rues sont rou- si « le tram aérien, qui ressemble à une à droite. Le nouveau maire Gilles Platret vertes à la circulation : Amiens. Des tra- sorte de funiculaire ». Elle a rouvert à la veut « ne plus opposer bus et voiture », versées rapides du centre-ville vont être circulation l’Anneau Vert contournant le abandonner le projet de deuxième BHNS créées : Saint-Etienne. Des rocades auto- centre piétonnier et veut rendre le sta- et faire « des aménagements pour retrou- routières sont prévues : Toulouse. tionnement résidentiel quasi-gratuit. ver une fluidité de la circulation au cœur Le stationnement gratuit se répand (la Alain Gest (UMP), nouveau président de ville ». première heure et le samedi, le station- d’Amiens Métropole, a confirmé l’aban- Charleville-Mézières – Le nouveau nement minute en hypercentre) : Angers, don du tramway et une remise à plat du maire UMP, Boris Ravignon, ancien Angoulême, Caen, Chambéry, Haze- PDU, évoquant des « pistes innovantes conseiller transport à l’Elysée, veut « fa- brouck, La Roche-sur-Yon, Limoges, telles que l’intermodalité par voie fluviale ciliter la circulation et le stationnement Quimper, Saint-Omer. A Amiens, la et voie ferroviaire ». pour redonner vie à la ville ». Il rendra maire s’est engagée à rendre quasi-gratuit Angoulême - Le nouveau maire, Xavier gratuite 1h30 de stationnement le samedi le stationnement résidentiel. Bonnefont (UMP), a promis l’abandon du et les mercredis et vendredis après-midi, et Des parkings centraux sont établis projet « pharaonique » de BHNS, la gra- créera plusieurs parkings nouveaux. L’an- sur des places existantes ou vont être tuité du stationnement central « pour sou- cien maire PS Philippe Pailla proposait construits : Ajaccio, Belfort, Béthune, tenir les commerçants » et la gratuité des deux parkings gratuits supplémentaires Charleville-Mézières, Limoges, Mar- transports « comme à Châteauroux ». dans le centre-ville.

2 x fnaut-infos n°226 - juillet-août2014 Une ville passée à gauche Evreux - Le nouveau maire, Guy Lefrand (UMP), a immédiatement mis en œuvre l’une Avignon - La nouvelle maire Cécile de ses promesses électorales : rétablir la cir- Helle (PS) a préconisé la gratuité des culation sur deux voies rue du Dr Oursel, en transports et combattu vigoureuse- plein centre-ville. La municipale précédente ment le projet de tramway, trop coûteux avait réaménagé cette artère commerçante en et au tracé mal conçu selon elle, et elle créant une voie réservée aux bus et aux vélos et veut aujourd’hui bloquer les travaux. en supprimant le stationnement des voitures La présidence du Grand Avignon est sur un côté de la chaussée de manière à élargir revenue à l’UMP Jean-Marc Roubaud, le trottoir. L’aménagement de ce couloir avait qu’elle espère convaincre de privilégier coûté 100 000 euros, mais : « ce couloir était le BHNS, mais celui-ci a rappelé qu’en expérimental, il a prouvé sa totale inefficacité, cas d’abandon, 30 à 40 millions d’euros il créait des bouchons ». seraient gaspillés. Limoges - Le maire sortant PS Alain Autolib (photo : Marc Debrincat) Rodet, défenseur acharné du projet de LGV Des villes restées à gauche Poitiers-Limoges, a été battu par Emile- des bus, la rue des Élus n’a pas vocation à Roger Lombertie (UMP), qui veut « rendre subir ce défilé incessant de bus accordéons Besançon - Le maire PS Jean-Louis l’usage de la voiture de plus en plus facile » et, de même, la rue de Talleyrand accessible Fousseret veut un TCSP entre la gare et a immédiatement rendu gratuit le station- uniquement aux bus et riverains est un non- centrale de Viotte et un pôle d’échange nement dans l’hypercentre le samedi. Il veut sens ; il faut réintroduire un peu de voitures multimodal desservant le campus uni- « augmenter systématiquement le nombre des en centre-ville pour inciter les Marnais à versitaire, mais aussi 350 places de par- voies réservées aux bus tout en maintenant la venir y faire leurs courses plutôt qu’en péri- king en centre-ville. fluidité automobile », et « créer un grand par- phérie ; depuis l’installation du tram, la fré- Lyon - Gérard Collomb (PS) a été réélu king en centre-ville ». quentation des commerces a baissé de 10 % ; maire et président de la Communauté Niort - Le nouveau maire Jérôme Baloge il faut recréer des places de stationnement urbaine. Les projets de métro ou de (UMP) veut inciter les automobilistes à utili- dans l’hypercentre ». tramway du maire et ceux de son adver- ser le transport collectif en améliorant sa qua- Saint-Etienne - Le nouveau maire UMP saire UMP Michel Havard reprenaient lité et sa régularité, mais en assurant une flui- Gaël Perdriau a tout promis : une nouvelle largement les propositions de l’associa- dité de la circulation. Mais, alors que les bus ligne de tramway entre les gares de Châ- tion Lyon Métro Transport Public (tous sont englués dans les bouchons, il a immédia- teaucreux et de La Terrasse, un BHNS, de deux sont favorables à l’achèvement de tement éliminé le projet de BHNS prévu mais nouvelles places de parking dans le centre, l’Anneau des sciences ou périphérique mal défendu par ses adversires politiques. Il est le rétablissement d’un axe automobile per- ouest, et à l’A45). Durant cette mandature, favorable à une « piétonnisation tolérante » et pendiculaire à la Grand’Rue pour amélio- le prolongement de la ligne B du métro veut expérimenter la gratuité des transports rer l’accessibilité du centre et la gratuité des d’Oullins aux Hôpitaux Sud et l’achat de tout en promettant un « stop fiscal ». transports urbains lors des pics de pollution. rames pour la ligne D ne permettront pas Pau - Le nouveau maire François Bayrou Saint-Omer - Le nouveau maire, François de lancer de nouveaux investissements (MODEM) a promis de revoir le projet de Decoster (UMP), offre une heure gratuite de lourds. Par ailleurs, le projet de desserte BHNS et de créer un anneau de circulation stationnement dans un parking du centre-ville du Grand Stade par la ligne de tram T5 automobile autour du centre, 2500 places de et expérimente pendant deux mois la gratuité prolongée derrière Eurexpo se poursuit : parking dont 1000 en souterrain sous la place du stationnement le samedi. en dépit de l’avis défavorable du commis- de Verdun et des navettes gratuites par micro- Thionville - La nouvelle maire UMP, saire enquêteur, ce projet est porté à la bus pour « irriguer le centre ». Anne Grommerch, a supprimé des pistes fois par la gauche et par la droite. Périgueux - Le nouveau maire UMP An- cyclables « pour fluidifier la circulation ». Nantes - Les projets de tramway dans toine Audi refuse le BHNS et veut créer des Toulouse - Le nouveau maire UMP Jean- l’Ile et de jonction des lignes 1 et 2 sont parkings dans le centre. Luc Moudenc veut « mettre un terme à la maintenus. La nouvelle maire PS Johanna Privas - Le nouveau maire (DivD) Mi- chasse à la bagnole » car « chacun doit pouvoir Rolland, également présidente de Nantes chel Valla veut accroître le stationnement choisir son mode de déplacement ». Il a pro- Métropole, veut cependant créer plus de central avec des arrêts minute près de cer- mis une deuxième rocade autoroutière à péage 1000 places supplémentaires de station- tains commerces. pour délester la première, et une troisième nement en centre-ville. Quimper - Le nouveau maire UMP Lu- ligne de métro (« beaucoup plus économe que Strasbourg - Le maire PS Roland Ries est dovic Jolivet a promis de renforcer le trans- le tramway qui crée encore plus de bouchons réélu. Le tramway vers Kehl est en construc- port collectif (avec des bus de 9 m au lieu de dans la ville »), sans en préciser le mode de fi- tion, le tramway sera prolongé vers Illkirch 12 et la gratuité le samedi matin), une offre nancement. Tous les projets de BHNS seront et ira jusqu’à Schiltigheim, un BHNS sera de parking accrue (+ 900 places) et gratuite stoppés pour ne pas supprimer de voies de cir- réalisé en rocade. Mais Roland Ries a fini après 17h, et des « modes de propulsion culation. « Nous devons privilégier les trans- par accepter le projet de grand contourne- alternatifs » (Bluecar, scooters électriques, ports souterrains aux transports de surface qui ment ouest (GCO) de Strasbourg défendu Velib) garantissant aux habitants « liberté, génèrent des embouteillages monstres ». par (UMP). flexibilité, économie ». Tourcoing - Le nouveau maire Gérald Reims - Arnaud Robinet, nouveau maire Darmanin va rétablir la circulation à double Une ville passée à l’écologie UMP, veut « mettre fin à la chasse à l’auto- sens sur l’axe Leclerc en centre-ville et, pour mobile », fluidifier la circulation, augmenter cela, supprimer un couloir à contre-sens ré- Grenoble - Les écologistes soutenus par le nombre des places arrêt-minute et mettre servé aux bus : les automobilistes sont nom- le mouvement associatif l’ont emporté sur des bus plus petits et électriques en hyper- breux à anticiper la décision. Il prévoit du le PS. Le nouveau maire Eric Piolle veut ren- centre. Il dénonce la réduction du nombre stationnement sur la place principale qui avait forcer l’aménagement cyclable de la ville de places de stationnement depuis 2008 et été piétonnisée. pour multiplier par 3 la part modale du la hausse des tarifs. Il s’oppose à la transfor- Tours - (UMP) a battu le vélo (7 % aujourd’hui), étendre le réseau de mation de la Voie Taittinger en boulevard maire sortant PS Jean Germain. Selon lui, tramway et l’amplitude horaire des services, urbain pour ne pas pénaliser l’économie « il aurait fallu terminer le périphérique et abandonner le projet d’élargissement de locale. Selon Valérie Beauvais, adjointe au routier avant de construire la première ligne l’autoroute urbaine A480. maire, « il va falloir repenser la circulation de tramway ».

fnaut-infos n°226 - juillet-août 2014 x 3 L’automobilisme est-il Paris : nous voulons des mesures de fond, un humanisme ? pas des gadgets ! On connaissait l’équivoque « voiture Lors des élections municipales récentes, La couverture intégrale du périphérique citoyenne » vantée par la Ligue contre la l’AUT Ile-de-France avait adressé ses sugges- serait ruineuse et impossible en de nom- violence routière (FNAUT Infos 131, 132, tions aux deux principales candidates à la mai- breux endroits. Mieux vaut dépenser pour 141, 142). Mathieu Flonneau, enseignant rie de Paris, Anne Hidalgo et NKM. réhabiliter les places au bénéfice des piétons. à la Sorbonne et à Sciences Po, publie Des mesures de fond (2 exemples) aujourd’hui une « Défense et illustration Une priorité aux bus sur tout leur parcours La nouvelle maire Anne Hidalgo (PS) d’un automobilisme républicain » (Le Fi- et notamment aux carrefours. promet de multiplier les aménagements en garo Mag du 7-03-2014). Des aménagements cyclables dans tous les faveur des piétons et des cyclistes, mais ne M. Flonneau défend les usages parta- quartiers, plus utiles qu’une piste cyclable sur voit dans les autobus que leurs nuisances gés de la voiture, critique sévèrement la Petite ceinture. et dans l’emprise de la Petite ceinture fer- les automobilistes qui se croient auto- Ne pas se tromper d’objectifs roviaire qu’un site pour promenade cyclo- risés à dépasser les limites de vitesse et Faciliter le stationnement des voitures et piétonne ! Bien qu’ancienne ministre de approuve les radars et l’écotaxe. Il va des motos ne fera qu’encourager la pollution l’Ecologie, sa concurrente NKM (UMP) jusqu’à évoquer un certain poujadisme et la congestion. avait mené une campagne très favorable à automobile. Prétendre «fluidifier leur circulation» est la circulation automobile. Mais il se lance ensuite dans une dia- également illusoire. Il faut au contraire limi- Anne Hidalgo ne disposera pas de la tribe inattendue contre « la critique ter les possibilités de transit en voiture à tra- majorité absolue au Conseil de Paris et pavlovienne du tout-automobile » : vers la capitale. devra composer avec ses alliés écologistes « l’anti-automobilisme de certaines Remettre en cause des couloirs de bus (EELV) à qui elle a confié la responsabili- municipalités est une forme d’idéolo- protégés qui ont montré leur efficacité (bou- té des transports. « Nous sommes résolus gie qui a sa douceur tocquevilienne, levards Montparnasse et Port-Royal) serait à poursuivre la baisse du trafic automo- toute de contraintes, et puise à diverses une aberration. bile à Paris, car il constitue la principale sources, un fond classique d’anti-tech- Autoriser les couloirs de bus à la voiture source de pollution ». nologie et aussi d’anti-libéralisme ». électrique serait également une erreur, pré- Le tramway des Maréchaux sera bouclé Selon lui, « la voiture a une fonction judiciable au bon fonctionnement du réseau et desservira ainsi l’université Dauphine et de liberté, il est irréaliste de vouloir im- de transports publics. le bois de Boulogne. Le tramway entrera poser de nouvelles normes en ignorant Non aux gadgets ruineux d’autre part dans Paris, grâce à une liaison l’ancrage des populations ». Il dénonce La dédieselisation du parc des bus sup- entre la porte de Vincennes et la place de l’implantation électoraliste du « tram- poserait une dépense faramineuse au détri- la Nation. À suivre également, le projet way, nouvelle idole » dans les villes ment d’actions plus urgentes. Les bus diesels défendu par EELV d’un tramway le long moyennes. ne sont responsables que de 1 % à 2 % de la de la rive droite de la Seine, et celui d’une Son interprétation du développe- pollution parisienne. liaison TCSP entre les gares. ment durable n’est pas très auda- cieuse : « il faut distinguer entre les Autopartage ou nécessités incontestables de la protec- tion de l’environnement et les enjeux voiture en libre service ? du maintien d’une capacité de la socié- té à produire des emplois et du bien- Nous avons explicité, dans FNAUT Infos L’autopartage oblige l’usager à trouver une être ». Il critique la piétonnisation des 219, les différences entre la voiture en libre place de parking à destination, puis à revenir au voies sur berges à Paris et la réduction service (Autolib’ à Paris et en proche ban- point de départ pour rendre la voiture emprun- de vitesse de 80 à 70 km/h sur le péri- lieue, Bluecar à Lyon, Autocool à Bordeaux) tée : cette contrainte fait que l’abonné n’utilise phérique, « qui amoindrit l’efficacité du et l’autopartage traditionnel (par exemple une voiture autopartagée qu’en cas de besoin réseau routier » : « la construction de Mobizen à Paris). Une enquête récente du impératif de se déplacer en voiture. Autolib’ cette rocade entre 1956 et 1973 a cor- cabinet 6T auprès de 644 utilisateurs d’Au- est d’une utilisation bien plus tentante, en « respondu à une France soucieuse du tolib’ habitant près des bornes confirme nos trace directe » : la voiture empruntée dans une vivre-ensemble ; nier le progrès est une analyses. Contrairement aux affirmations station peut être rendue dans n’importe quelle forme de révisionnisme historique ». triomphalistes de la Ville de Paris, qui a mis autre station, avec parking garanti. « Quelques idéologues archaïsent en place ce service fin 2011 avec Bolloré, En pratique, Autolib’ concurrence donc for- l’automobile dans la perspective d’un producteur des Bluecar électriques, Autolib’ tement tous les autres moyens de déplacement : improbable et coûteux transfert mo- incite beaucoup moins que l’autopartage à voiture personnelle, mais aussi transport col- dal... Or la voiture assure la démocra- renoncer à la possession d’une voiture par- lectif, taxi, vélo, deux-roues à moteur. L’abonné tisation de l’accès à la cité et permet ticulière, malgré une offre très dense : 5 sta- à Autolib’ (le plus souvent un homme gagnant de découvrir la France. Le développe- tions et 11 véhicules par km2 dans Paris. entre 3000 et 6 0000 euros par mois) utilise le ment de la mobilité demeure dans une « Nous voulions déterminer si Autolib’ service 2 à 3 fois par semaine en moyenne, le logique exponentielle : ce n’est pas constitue vraiment une solution de trans- nombre de kilomètres qu’il parcourt en voiture en créant des boucs émissaires et en port alternative ou s’il s’agit surtout de mar- (personnelle ou Bluecar) ne diminue que de fracturant la société qu’on résoudra keting politique », explique Nicolas Louvet, 11 %. Au contraire, l’autopartageur utilise la les problèmes environnementaux... directeur du cabinet 6T. voiture moins de 3 fois par mois (- 45 %), il L’automobilisme est un humanisme Avant de souscrire un abonnement, 50 % privilégie le vélo et le transport collectif. dès lors qu’on accepte les règles de des 43 000 abonnés à l’année possédaient L’autopartage traditionnel est donc bien sécurité routière et un vivre-ensemble une voiture individuelle. Depuis qu’ils uti- le dispositif que les municipalités doivent recomposé » lisent Autolib’, 40 % sont encore motorisés : encourager pour parvenir à une réduction de Le jargonnage creux et prétentieux 30 % des abonnés conservent une voiture et la circulation automobile en ville et à une dé- de M. Flonneau masque mal sa pensée 10 % en conservent même deux, alors que motorisation des citadins permettant de récu- d’arrière-garde. Espérons que ses étu- seuls 13 % des abonnés à Mobizen sont pérer une partie de l’espace public aujourd’hui diants ont un peu d’esprit critique. encore propriétaires d’une voiture. accaparé par la voiture. Jean Sivardière z

4 x fnaut-infos n°226 - juillet-août2014 er 1 mai : et le service public ? Le GCO, grand contournement ouest Suivant une tradition dépassée de trasbourg (FNAUT Infos 185), les usagers ont été S privés de tout service urbain et dépar- Pour la FNAUT Alsace, ce projet relancé uniques ; les dessertes après 20 h sont à dé- temental hors Ile-de-France le 1er mai, par l’Etat ne peut être une solution à l’embo- velopper ; des points d’arrêts nouveaux sont à de rares exceptions près (Nancy, Epi- lie de la circulation strasbourgeoise lors des à créer dans des secteurs en développement nal, Annemasse, Saint-Nazaire). A Châ- pics de déplacements pendulaires. On ne (logements, emplois, établissements scolaires) teauroux, Aubagne,... le service était peut se contenter de dire « il y a des embou- ou pouvant favoriser l’intermodalité et faire certes gratuit mais... inexistant. teillages, donc le GCO est nécessaire », une gagner du temps aux scolaires et aux salariés. Les habitants non motorisés ont été vision d’ensemble du contexte est nécessaire : L’axe ferroviaire européen Benelux-Bâle- une fois de plus pénalisés, alors qu’ils pollution de l’air, rapport du GIEC, moder- Italie passant par Strasbourg et Mulhouse va sont loin de constituer une minorité nisation en cours du réseau ferré existant, dé- bénéficier de financements pour augmenter marginale comme le croient bien des gradation de l’offre TER sur certaines lignes, sa capacité à accueillir plus de trains de fret responsables politiques : pas de bus projet de BHNS Wasselonne-Strasbourg par la modernisation de la signalisation : cette donc pour le banlieusard qui voulait se et de nouvelles liaisons ferrées (Bollwiller- réalisation doit être prioritaire. rendre au centre-ville pour accéder à la Guebwiller, Colmar-Fribourg, Haguenau- Enfin, une tarification multimodale claire gare SNCF, déjeuner au restaurant, aller Roeschwoog-Rastatt), desserte de l’aéroport et simple pour les usagers, incitative et attrac- au cinéma ou à la « manif », ou travailler Bâle-Mulhouse. tive, sur l’ensemble de la Région, réclamée dans un commerce ou un restaurant, à La vraie réponse consiste à maîtriser le tra- depuis de nombreuses années, doit enfin voir l’hôpital... Restait la marche, le vélo, l’au- fic routier en appliquant enfin l’écotaxe, en le jour, permettant à tout un chacun de pou- tostop, ou encore le vélo de location, le développant le ferroutage et en luttant effica- voir comparer le coût réel d’usage de la voi- taxi (à quel prix...), voire l’autopartage. cement contre l’autosolisme des pendulaires, ture et le coût réel du transport public et des Il s’agit d’une anomalie que la FNAUT seuls au volant dans les embouteillages. modes doux de déplacement. s’efforce de faire reconnaître : le droit au Pour en finir avec les ralentissements des La FNAUT Alsace estime nécessaire qu’un transport doit être assuré tous les jours trains, les étoiles ferroviaires, principale- Schéma régional des transports et déplace- sans exception, en particulier dans les ment celles de Strasbourg et de Mulhouse, ments soit enfin élaboré, car l’Alsace est une grandes agglomérations où les distances doivent être valorisées ; le réseau dégradé est des deux seules régions à ne pas en disposer. sont longues. Le 1er mai ne doit pas être à rénover ; des voies supplémentaires sont à Cette démarche permettra d’avoir une vision la journée nationale de la voiture obli- construire, notamment au sud et au nord de à court, à moyen et à long terme des besoins gatoire, le transport urbain et départe- Strasbourg ; des lignes telles que Strasbourg- des usagers et d’ouvrir enfin une concertation mental doit être maintenu comme les Haguenau-Wissembourg sont à électrifier ; avec tous les acteurs concernés, y compris les dimanches et les autres jours fériés. des évitements sont à installer sur les voies usagers quotidiens. Cette demande de la FNAUT n’a rien d’une exigence excessive. En France, bien d’autres services publics sont Vous avez dit « tramway » ? maintenus le premier mai : hôpitaux, transport ferroviaire, RATP, transport Bluetram tenant un aérotram ; et le bus électrique aérien. Journalistes, médecins urgen- Bolloré est présenté comme un tramway... tistes, pompiers, policiers et gendarmes Le 16 mars dernier, l’industriel Vincent alors qu’il roule sur pneus et sans guidage. travaillent eux aussi. Et le transport Bolloré a annoncé le lancement de la produc- Le vélo à assistance électrique va-t-il de- urbain fonctionne à l’étranger ce jour- tion de Bluetram, version dite « tramway » de venir un vélotram ? là, en Belgique, Allemagne, Pologne, la voiture électrique Bluecar en libre service à Suisse, Espagne. Paris (Autolib), Lyon et Bordeaux. Le fiasco de Douai La FNAUT a alerté les pouvoirs pu- Ce véhicule inévitablement qualifié blics il y a déjà plusieurs années, mais d’innovant, et bien sûr « 10 fois moins L’abandon du « tramway », un bus guidé les décideurs restent indifférents ou cher qu’un tramway », n’a de tramway que magnétiquement, débouche sur de graves font la sourde oreille. Les transpor- le nom : ce n’est qu’un autobus électrique, difficultés (FNAUT Infos 223). Les dix teurs craignent l’opposition des syn- équipé de batteries (supercondensateurs bus Phileas seront retirés du service début dicats de traminots et les élus refusent installés sur son toit) rechargeables en sta- 2015 après avoir roulé seulement 4 ans et une dépense supplémentaire - qui tion en 90 secondes, pendant la montée et sans guidage. Ils seront remplacés par 16 serait pourtant marginale puisqu’elle la descente des passagers, grâce à un bras bus Mercedes « ordinaires ». concernerait un seul jour de service, et télescopique, l’énergie stockée assurant Mais l’abandon des Phileas nécessite une à un niveau de desserte très inférieur une autonomie de 1,5 km suffisante pour modification importante de l’infrastruc- à celui d’un jour normal. Quant aux atteindre la station suivante. ture : quatre stations avaient en effet été syndicats, qui devraient être les pre- Après Singapour et l’île Maurice, le construites en position centrale sur le site miers à soutenir la demande la FNAUT Bluetram pourrait être mis en service dès propre car les Phileas étaient équipés de puisqu’ils se présentent volontiers 2015 à Bordeaux, entre la gare Saint-Jean portes de chaque côté, ce n’est pas le cas des comme des défenseurs du service pu- et l’aéroport. Une fois de plus, des élus sont bus classiques. Le sens de circulation sur blic, ils sont hostiles à toute évolution séduits par un projet tape-à-l’œil sans ré- une boucle, dont les cinq arrêts sont égale- pour des motifs idéologiques. Et pen- flexion de fond. ment situés sur la gauche, devra être inversé. dant ce temps, le service public n’est Quand le tramway n’était pas à la mode, Pour épater l’électeur-gogo, rien de tel pas assuré et c’est la population la on l’appelait «système léger sur rails» ou qu’un nouveau mode de transport soi-disant plus modeste qui en fait les frais. encore « métro de surface ». Le tramway innovant baptisé d’un nom mystérieux : s’est imposé aujourd’hui et, du coup, tout Busway, Trambus,... En 2008, François Les services du réseau Agglobus de véhicule de transport public est baptisé Bayrou, candidat à la mairie de Pau, avait Bourges n’ont été assurés ni le 1er mai, abusivement « tramway » : cousin du trol- proposé d’adopter le « trambus Phileas » : ni le 8 mai (fête de la Victoire 1945), ni le leybus malgré son monorail et sa caténaire, son échec électoral d’alors a peut-être évité 29 mai (Ascension), ni le 9 juin (Pentecôte). le système Translohr est dit tramway sur un autre fiasco pénalisant pour l’usager et pneus ; le téléphérique urbain est main- coûteux pour le contribuable.

fnaut-infos n°226 - juillet-août 2014 x 5 La FNAUT dans la presse Forum internationale

Petite ceinture Le tramway à la française Les conférences de presse de la FNAUT Forum sont désormais suivies par de nom- Lors de la récente campagne électorale à La formule dite du « tramway à la fran- breux journalistes étrangers, comme le Paris, les deux principales candidates et le çaise » consiste à associer des aménage- prouvent les articles ci-dessous parus en candidat Vert ont rivalisé d’ingéniosité pour ments urbains importants à l’implantation 2012-2013. proposer, sur les 23 km de la Petite Ceinture d’un tramway. French Finance Minister announced Ferroviaire, tout sauf ce qui serait conforme Ces aménagements ont permis, dans le Tuesday that the government and à sa fonction originelle : le transport des cas du tramway francilien T1, d’obtenir oil firms had agreed to split the bur- voyageurs. Alors que Londres a rouvert au l’accord des municipalités concernées, qui den of a six-euro-cent cut per litre for trafic en 2012, une rocade ferrée similaire se sont fait payer des travaux locaux par petrol and diesel over the next three avec un succès insolent, on observe qu’à la Région Ile-de-France. Les électeurs et months... The price cut was criticised, l’exception notable de l’UDI, tous les can- contribuables de Montreuil, Romain- the head of the FNAUT consumer asso- didats voulaient casser cette infrastructure ville,... ont le sentiment d’avoir fait une ciation calling it « a stupid, short-term d’État pour la transformer en Disneyland bonne affaire. Les autres Franciliens, igno- solution ». « It will be hugely expensive alors qu’il faut y mettre un métro ! rants de cette situation, ne voient pas que and will not help drivers that much, it Pierre Bocquiault, 75 Paris z ces dépenses d’urbanisme se font au détri- sends the wrong signal to the French » ment des autres projets de transports. (France 24). Priorité aux économies Les aménagements urbains associés au La creazione di una holding tra SNCF, tramway ont atteint un coût si élevé que ce le ferrovie francesi, e Réseau Ferré de Les contraintes financières sont devenues qui apparaissait il y a peu comme un élé- France (RFF) sarebbe pericolosa. Ques- le critère suprême de la SNCF et des ser- ment d’acceptabilité du tramway est deve- ta la considerazione della Federazione vices de la Région pour repousser l’examen nu aujourd’hui un repoussoir qui met en Nazionale delle Associazioni francesi de toutes les suggestions d’amélioration des péril les nouveaux projets. Les résultats des degli Utenti dei Trasporti (FNAUT). services : économiser est devenu leur obses- dernières élections municipales à Amiens et « La governance del settore ferroviario sion. Tous les programmes de travaux sont en Avignon en sont la preuve. En rejetant le rimarrà un dibattito inutile finché non prétextes à des réductions de services, et tramway en raison du coût global du projet, avremo maggior visibilità e non avre- même la réalisation d’investissements im- les habitants de ces deux villes ont malheu- mo elaborato un piano ferroviario rea- portants n’entraine pas les améliorations de reusement jeté le bébé avec l’eau du bain. lista come quelli elaborati in Svizzera o desserte prévues initialement, c’est le cas en Il ne s’agit pas de condamner les amé- in Svezia » (Ferpress.fr). particulier de la modernisation de la ligne nagements urbains réalisés à l’occasion de En una carta del 16 de septiembre al du Sillon alpin. la construction d’une ligne de tramway. Il Primer Ministro, cuatro organizaciones, Gabriel Exbrayat, FNAUT Rhône-Alpes z s’agit de séparer clairement leur coût, qui GART, UTP, la Federación Nacional de doit être financé par les municipalités, de Usuarios del Transporte (FNAUT) y Vélo et péage urbain celui du tramway proprement dit, qui relève FNTV fueron alarmados por el incre- de l’autorité organisatrice des transports de mento, y pidió a la baja la tasa de 5%. J’ai roulé à vélo à Londres récemment. l’agglomération. Por otra parte, en un comunicado di- Dès que l’on passe le péage, quel bonheur ! Bernard Gobitz, AUT-Ile de France z fundido el 23 de septiembre, FNAUT Peu de voitures, on se sent beaucoup plus en cree que « la señal de precio es total- sécurité. C’est un vrai plaisir de découvrir la Ruptures de charge mente inconsistente con el objetivo de ville ainsi. Ayant roulé vers et dans Leeds la reducir el consumo de energía » (Pysn). veille, qui est une plus petite ville sans péage, La création d’une rupture de charge Francuski ministar Finansija Pjer on voit la différence : bouchons, agressivité entre trajet sur LGV et trajet terminal sur Moskovici saopštio je ranije ove sed- des automobilistes, dépassements assez ris- ligne classique entraîne un effondrement mice daćecijenebenzinskogidizelskog qués, voitures mal garées... Vive les péages du trafic. La SNCF avait jusqu’à présent goriva biti umanjene za tri došest aux entrées des villes ! fondé son modèle économique du TGV evrocenti po litru. U tekstu se dodaje Un cycliste s’exprimant sur carfree.fr en tenant compte de ce constat auquel da « nema sumnje da će cijene goriva la Cour des Comptes ne croyait pas mais ponovo porasti » i da će « smanjenje 1er mai sans bus qu’elle a finalement validé, et qui a justi- akciza imati marginalan i kratkoročan fié des électrifications de lignes telles que efekat na novčanike potrošača ». Mjera Pas de bus dans les grandes villes fran- Lyon-Grenoble. Mais l’état-major de la Vlade u Parizu kritikovana je i u Fran- çaises le 1er mai sauf rares exceptions : SNCF estime aujourd’hui que faire circu- cuskoj, gdje je predsjeddik udruženja c’est aussi le cas de nombreuses villes de ler les coûteux TGV uniquement sur des za zaštitu potrošača FNAUT Žan Sivardi- banlieue en Ile-de-France. Si la SNCF LGV est économiquement plus rationnel : jer rekao da je ovo «glupo, kratkoročno et la RATP assurent un service, des villes avec une mémoire aussi courte, on va tuer rješenje» (Nezavisne Novino). importantes en zone OPTILE sont dé- le train en France. In haar bijdrage aan het rapport over pourvues de tout service d’autobus, par Jean Lenoir, FNAUT z de financiële haalbaarheid van grote exemple Versailles, les Ulis, le secteur de infrastructuurprojecten in Frankrijk, Boissy-Saint-Léger (réseau SITUS),… Revenant de Vannes à Grenoble lour- zegt de transportgebruikersorganisatie Notre association a écrit au STIF pour dement chargée, mon épouse a préféré un FNAUT tegen het kanaal te zijn. In de li- demander que des négociations soient voyage de 9 heures en train avec une seule jst van de volgens de FNAUT te elimine- menées avec les entreprises d’OPTILE et correspondance à Paris qu’un voyage de ren projecten prijkt Seine-Nord op kop. que cette anomalie qui pénalise les non- 8 heures avec une correspondance sup- «Het kanaal Seine-Nord is niet enkel on- motorisés soit corrigée. Des financements plémentaire à Lyon. Cela confirme ce que nodig en geldverslindend, het is ook ge- sont possibles dans le cadre du plan bus. dit la SNCF elle-même : une rupture de vaarlijk aangezien het zal concurreren A ce jour, le STIF n’a pas répondu à notre charge équivaut à une heure supplémen- met de havens van Le Havre en Rouen demande. taire de trajet. ten voordele van Antwerpen», zegt de FNAUT Ile-de-France z Jean Sivardière, FNAUT z FNAUT (delloyd.be).

6 x fnaut-infos n°226 - juillet-août2014 La FNAUT et la CNR-CGT Brèves Patrick Delfosse, ancien secrétaire ré- gional de la CGT-cheminots et militant BrèvesLa SNCF n’indemnise du PCF, a créé la Convergence Nationale que les dommages prévisibles Rail (CNR) il y a deux ans, avec Didier Le Reste, ancien secrétaire national de la Un particulier voyage en TGV de Mar- CGT-cheminots. Selon lui, la CNR se dé- seille à Lyon pour ensuite effectuer un marque de la FNAUT car « elle est contre vol vers Brest. Suite à un retard de plus l’ouverture à la concurrence, pour la de cinq heures, il réclame à la SNCF le défense du service public et elle prend remboursement du billet d’avion qu’il n’a aussi en compte le transport du fret » pas pu utiliser. (La Voix du Nord). Sa demande obtient un accueil favo- Mais c’est bien parce qu’elle se préoc- rable des juges qui estiment que ce retard cupe de la pérennité du service public rendait prévisible toutes les conséquences que la FNAUT est favorable à l’ouverture en découlant. Mais la Cour de cassation du TER à la concurrence (FNAUT Infos censure (décision du 2 octobre 2013) : un 208 et 213). Quant au fret, elle s’en pré- dommage n’est indemnisable que s’il est Annonces de contrôleurs occupe depuis sa création en 1978 et prévisible lors de la conclusion du contrat multiplie les propositions (FNAUT Infos de transport et qu’il constitue une suite Le site www.topito.com a répertorié 163, 188, 225). de son inexécution. Concrètement, le quelques perles de contrôleurs belges. Dans l’Humanité du 9 mai, la CNR at- particulier aurait dû faire de son vol une « Chers voyageurs, ce train a 5 minutes taque plus frontalement la FNAUT. condition essentielle lorsqu’il a contracté de retard. Je vous garantis que cela ne va pas La FNAUT et la CGT partagent de avec la SNCF, ce qui n’est pas le cas lors de durer plus d’une demi-heure ». nombreuses analyses et propositions : la vente d’un billet de train. La SNCF ne « Messages à tous les voyageurs : des pick- sur le rôle social et écologique du pouvait donc pas prévoir que Lyon consti- pockets se trouvent à bord du train, faites transport public ; les conditions inéqui- tuait seulement une étape pour le particu- attention à vos affaires. Message à tous les tables de concurrence entre le rail et lier avant d’y prendre l’avion. pickpockets : vous êtes priés de descendre à l’avion, le camion, la voiture ; la néces- Conclusion de cette jurisprudence : si la prochaine gare ». sité de moderniser le réseau classique, vous prenez le train pour rejoindre un aéro- « Nous sommes à l’arrêt pour une du- de sauvegarder le réseau capillaire, de port, prévoyez un délai confortable de cor- rée indéterminée. Mais si vous regardez à rouvrir des lignes régionales et, simul- respondance avec votre avion... gauche, vous pourrez admirer un magni- tanément, de développer le réseau des fique arc-en-ciel ». LGV et de concrétiser le projet Lyon-Tu- Le bruit des avions à Nantes « Nous allons nous faire dépasser par un rin ; la stratégie de croissance externe train… Ah non, il ralentit ! Nous sommes de la SNCF ; l’écotaxe. Nos divergences « Actuellement, près de 300 000 per- toujours vainqueurs ». portent sur la réforme ferroviaire, le sonnes entendent les avions qui survolent « Mesdames et Messieurs, ce train aura soutien systématique et incondition- Nantes ; quand NDDL sera en service, elles quelques minutes de retard suite à un pro- nel aux cheminots grévistes, la concur- ne seront plus que 15 000 », avance Chris- blème d’accouplement ». rence ferroviaire et la prétention de tian de Lavernée, préfet de Loire-Atlan- « Chers voyageurs, le train est momenta- certains syndicats, dont la CGT, à parler tique. Mais Thierry Masson, représentant nément arrêté, une vache se trouve sur les au nom des usagers des transports. d’un collectif de 200 pilotes, répond que les voies, on ne va quand même pas en faire La concurrence entre exploitants trajectoires actuelles ne sont pas justifiées : des côtelettes » que préconise la FNAUT n’est pas une « alors qu’on passait par le sud, la tour de « Chers voyageurs, veuillez excuser ce concurrence sauvage menant à l’écré- contrôle nous oriente vers le nord, c’est retard. Après l’arrêt de Gembloux, le train a mage des relations les plus rentables, pour inciter le grand public à souhaiter le redémarré sans moi. J’ai dû prendre un taxi mais une concurrence régulée dans le déplacement de l’aéroport à NDDL ». pour le rattraper ». cadre de délégations de service public « Mesdames, Messieurs, le train en direc- (DSP), comme en transport urbain et Réchauffement tion de Namur partira avec un retard indéter- départemental. La FNAUT se préoccupe miné car nous attendons le conducteur qui est d’ailleurs de l’impact de la concurrence En 2100, le niveau de la mer pourrait dans un train qui a un retard indéterminé ». sur le respect des droits des voyageurs. s’élever de 1 à 3 m (et même de 6 m en Il ne faut pas confondre, de manière cas de débâcle catastrophique des glaces dogmatique, service public et entre- du Groenland). Des chercheurs du labora- MAL DIT prise publique monopolistique natio- toire Ecologie, systématique et évolution 7 Christian Proust, ancien président MRC nale. Bien loin de nuire au service pu- (CNRS, Université Paris-Sud) ont étudié du syndicat mixte des transports de Belfort. blic, la DSP à des entreprises privées ou les conséquences pour 1269 îles françaises Il a largement médiatisé les succès de son ré- à des entreprises locales d’économie réparties à travers le monde (la France en seau « Optymo », mais il préférait un service mixte a démontré sa pertinence, en possède 2 050 de plus de 1 hectare) : 5 % à de car à la réouverture de la ligne ferroviaire particulier en Allemagne (FNAUT Infos 12 % de ces îles risquent d’être alors tota- Belfort-Delle, « un projet idiot » selon lui. 208 et 213) : réduction des coûts d’ex- lement submergées et 300 espèces endé- 7 Ségolène Royal, ministre de l’Ecolo- ploitation de l’ordre de 30 %, améliora- miques insulaires risquent fortement de gie : « la révolution de la voiture électrique tion de la qualité de service, accroisse- disparaître. La Polynésie française et la se fera beaucoup plus rapidement si les ment de la clientèle. La Deutsche Bahn Nouvelle Calédonie seraient les régions grandes villes donnent l’exemple ». Comme a conservé 80 % du marché régional, les plus affectées : les deux tiers des îles Anne Hidalgo, maire de Paris, elle a appelé 500 km de lignes ont été rouverts de- qui seraient submergées appartiennent à à « donner un avantage » à la voiture élec- puis dix ans et - un point auquel la CGT ces archipels. Si ces résultats sont extra- trique, comme le stationnement gratuit et la devrait être sensible - l’emploi chemi- polés au monde entier, la planète pourrait possibilité de rouler dans les couloirs de bus. not a été développé. perdre au cours de ce siècle entre 10 000 et Pour que les bus soient bloqués et que les Jean Sivardière z 20 000 îles sur 180 000. usagers reprennent leur voiture diesel ?

fnaut-infos n°226 - juillet-août 2014 x 7 Activités Un projet de réforme qui ne garantit pas de la FNAUT le développement du transport ferroviaire l Max Mondon, titulaire, et Jean Macheras, Présenté par le gouvernement Ayrault fié (GIU), une initiative reconnue indis- suppléant, représentent la FNAUT au conseil comme une avancée décisive, le projet de pensable depuis les Assises du ferroviaire d’administration du CEREMA (Centre d’études loi réformant l’organisation du système de la fin 2011. Le GIU rassemblera tous et d’expertise sur les risques, l’environnement, ferroviaire français comporte des éléments les organismes intervenant sur les infras- la mobilité et l’aménagement), organisme qui favorables (la volonté que l’Etat joue un tructures ferroviaires : RFF qui est le a réuni le CERTU, les CETE et le SETRA. rôle de stratège, la création d’un gestion- donneur d’ordres, la DCF (direction des l Bernard Gobitz participe à un groupe de tra- naire d’infrastructures unifié ou GIU). Il circulations ferroviaires de la SNCF) et vail de la Commission des Comptes Transport doit cependant être sérieusement amendé la branche Infra de la SNCF qui réalise de la Nation sur les aspects économiques de si on veut atteindre l’objectif affiché de les travaux. l’autopartage. développement du transport ferroviaire, Cette démarche devrait faire dispa- l Marc Debrincat et François Jeannin ont ren- particulièrement sur le réseau national, car raître une large part des conflits apparus contré la direction de Lyria, exploitant des TGV les bonnes intentions doivent être concré- entre SNCF et RFF suite à la réforme de franco-suisses. tisées (FNAUT Infos 99, 168, 206). 1997 créant RFF, et permettre des écono- l Marc Pélissier a présenté les idées de la Une des craintes exprimées par la mies importantes (on parle de 500 mil- FNAUT en matière d’intermodalité à la Rail- FNAUT est que la SNCF, placée en posi- lions d’euros par an). way Study Association. tion dominante dans le projet de réforme, Mais l’autonomie du GIU prévue par l La FNAUT a participé au jury du palmarès impose sa vision technique et sa stratégie le projet de loi est insuffisante, elle doit thématique des régions du magazine Ville, commerciale qui consiste à abandonner être renforcée pour que puisse se déve- Rail et Transports. ses activités les moins rentables – relations lopper une culture de réseau bien circulé l La FNAUT a adressé une lettre ouverte à TER sur les lignes les moins fréquentées, (le réseau est aujourd’hui sous-utilisé) et Jean-Jack Queyranne, président de la région relations Intercités, relations TGV hors rentabilisé au maximum. Ceci implique Rhône-Alpes, au sujet des lignes menacées de lignes à grande vitesse - comme elle l’a parallèlement le renforcement des pré- fermeture. déjà fait avec le wagon isolé, au lieu de rogatives et de l’indépendance du régu- l Aymeric Gillaizeau participe à un groupe de chercher à les valoriser pour maximiser lateur, l’ARAF. travail de l’Agence Française pour l’Information le volume du trafic, ce qui est l’intérêt du Il convient ici de rappeler que, contrai- Multimodale et la Billettique (AFIMB) sur l’ouver- gestionnaire du réseau ferré, des usagers rement aux affirmations des défenseurs ture des données publiques sur les transports. du rail et de la collectivité. d’une réunification de RFF et de la l Dominique Romann est intervenu lors du SNCF, le succès du rail en Allemagne colloque « transports et territoires » organisé 1. L’Etat doit reprendre en mains la poli- n’est pas dû à sa structure institution- à Angers par le Réseau Ideal. tique ferroviaire. nelle, mais à son désendettement par l Gilles Laurent a rencontré la direction de l’Etat lors de la réforme de 1994, au bon Thalys à Bruxelles. La FNAUT demande que l’Etat stra- état du réseau, à la stratégie offensive de tège élabore, puis fasse approuver par le la Deutsche Bahn et à l’introduction de Pétition Parlement : la concurrence. - un « Schéma national des services L’association des usagers des transports de transport ferroviaire », reflétant les 3. L’ouverture régulée à la concurrence d’Auvergne (AUTRA) propose une pétition besoins exprimés par les voyageurs et les ne peut plus être ignorée. contre la fermeture de la section Laqueuille- chargeurs et cohérent avec les services Eygurande et la disparition des liaisons fer- régionaux ; Le projet de réforme fait l’impasse sur roviaires directes de Clermont-Ferrand vers - et un « Schéma national des infras- l’ouverture prochaine (2019) du trafic des Limoges, Brive et Bordeaux. tructures ferroviaires » permettant la mise voyageurs à la concurrence (le trafic de Lien vers la pétition : http://urlz.fr/m3x en œuvre du schéma des services. fret est déjà libéralisé). Les contrats de performance de RFF Or cette ouverture, si elle est anticipée, Journée de formation et de la SNCF, prévus par la loi, doivent appliquée avec pragmatisme et maîtrisée traduire les orientations du ministre des dans le cadre de délégations de service La journée de formation 2014 de la Transports : la valorisation du réseau clas- public, peut permettre d’améliorer les FNAUT aura lieu à Paris le vendredi 5 sep- sique, des transports du quotidien mais performances économiques du rail et la tembre sur le thème de l’exploitation des aussi des « axes structurants d’aménage- qualité du service rendu aux voyageurs, transports ferroviaires interurbains et ment du territoire » et du fret, systémati- comme on a pu l’observer en Allemagne urbains (métros, tramways). Intervenants : quement négligés depuis trop longtemps. où le transport régional s’est fortement Gilles Cheval, direction de la circulation La SNCF doit se recentrer sur ses acti- développé sans peser exagérément sur les ferroviaire, SNCF ; Laurent Fourtune, RATP ; vités ferroviaires et non s’en désengager finances publiques et sans nuire à l’opéra- Alexis Steyaert, Transdev. Inscription gra- peu à peu au profit de la route. teur historique, au contraire. tuite mais obligatoire : [email protected]. Les différents financeurs du rail (auto- La FNAUT a donc demandé aux Par- rités organisatrices, voyageurs, chargeurs) lementaires d’amender le projet de loi fnaut infos- Bulletin mensuel d’information doivent être représentés explicitement afin que l’Etat et les autorités organi- Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°226 dans ses instances nationales et régionales satrices régionales puissent reprendre ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. d’administration. Le projet de loi doit la maîtrise de la politique ferroviaire, la Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers respecter la loi de démocratisation du sec- SNCF se concentrant sur un réel déve- Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d teur public (26 juillet 1983). loppement de ses activités ferroviaires, Prix au numéro : 2 d notamment nationales, afin de mieux Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT 2. L’autonomie du gestionnaire d’infras- répondre aux besoins des voyageurs, des de votre région, contacter notre permanence : tructure doit être renforcée. chargeurs et des territoires, et le gestion- 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris naire d’infrastructure favorisant une uti- tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] Le projet de loi prévoit la constitution lisation maximale du réseau financé par Internet : http://www.fnaut.fr d’un gestionnaire de l’infrastructure uni- la collectivité. CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°226 - juillet-août2014 n°227 infos septembre 2014 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Projet de loi sur la transition énergétique : où sont les transports ? Une grève de trop

La FNAUT a exprimé son incompréhension face à la grève lancée en juin dernier par les syndicats de cheminots CGT, Sud-Rail, FO et First : une grève qui a choqué l’opinion. Certes, elle partage bien des inquiétudes des syndi- cats sur l’avenir du rail, mais elle a dénoncé leur analyse du projet de réforme ferroviaire et n’a pas accepté que le service public ferro- viaire ait été, pour la troisième fois, gravement et longuement perturbé par leur opposition au projet qui allait être soumis au Parlement. Comme tous les syndicats de cheminots, la FNAUT constate que des fermetures de lignes et des suppressions de services (TER, Intercités, TGV, fret) interviennent, que le manque de personnel et de matériels de ré- Cimetière de motrices à Sotteville (photo : Marc Debrincat) serve pénalise les voyageurs, que le recul du gouvernement sur l’écotaxe bloque des in- Le projet de loi, très attendu, défendu par la ministre de l’Ecologie fixe l’objec- vestissements ferroviaires pourtant urgents, tif d’une réduction de 30 %, d’ici 2030, de notre consommation de combustibles et que la dette ferroviaire ne sera ni résorbée fossiles. L’accent est mis sur l’innovation technologique, certes nécessaire mais ni même stabilisée. non suffisante, et non sur les changements de comportements puisque tout Ceci étant, les craintes des syndicats concer- recours à la fiscalité écologique « punitive » est refusé. De manière incompré- nant le projet de réforme ferroviaire étaient hensible, le projet ignore le secteur des transports, qui pourtant est le principal incompréhensibles : émetteur de gaz à effet de serre et dépend presque exclusivement du pétrole. - le statut des cheminots est garanti ; Seule la voiture électrique, présentée comme la solution miracle malgré ses - bien loin d’organiser un éclatement du limites évidentes, fait l’objet d’une démarche volontariste. L’actuelle politique système ferroviaire, le projet acte la réunifi- des transports n’est nullement remise en cause. cation de tous les organismes (RFF le maître d’ouvrage, la branche Infra de la SNCF, et la Des trains trop larges ? La FNAUT n’est pas intervenue. Fal- Direction des Circulations Ferroviaires de la lait-il faire de cette difficulté, sans doute SNCF) intervenant sur l’infrastructure au sein Un article du Canard enchaîné « ré- perçue tardivement, une affaire d’Etat, d’un Gestionnaire Unifié d’Infrastructure vélant », ce qu’on savait déjà, que la comme l’UMP Jean-François Copé (GIU), et il rapproche très étroitement ce GIU commande de rames TER Regiolis et (« c’est kafkaïen »), le PS Jean-Chris- de l’exploitant SNCF, qui risque fort d’être pla- Regio 2N un peu plus larges que les tophe Cambadélis (« c’est hallucinant »), cé en position dominante comme la FNAUT rames en service exigeait le rabotage des Marine Le Pen (« un gaspillage insup- s’en inquiète ; quais de 1 300 gares a déclenché un psy- portable ») et d’autres qui ne connaissent - bien loin de préparer l’ouverture du rail à chodrame inattendu mais révélateur. manifestement rien au ferroviaire ? la concurrence, le projet l’ignore totalement Le choix des rames TER, critiqué stu- Valérie Rabaud, député PS dont per- alors qu’elle sera bientôt imposée par la légis- pidement par certains, était judicieux : sonne n’avait entendu parler dans le lation européenne sous une forme régulée il permet d’augmenter la capacité et le monde des transports, a réclamé avec (FNAUT Infos 208 et 213). Un mauvais service confort. Que l’introduction d’un nou- prétention la tête du président de la rendu aux cheminots de la SNCF, car cette veau matériel exige une adaptation, à SNCF sans craindre le ridicule. Quant dernière sera confrontée brutalement à l’arri- vrai dire mineure, de l’infrastructure, à la ministre de l’Ecologie, elle a estimé vée de nouveaux entrants faute d’expérimen- n’a rien de scandaleux : cela s’est déjà que l’épisode était « consternant », « une tations préalables. produit dans le passé à de nombreuses erreur invraisemblable ». Une mini-éco- La FNAUT reconnait le droit des cheminots reprises, et les 50 millions nécessaires taxe, n’est-ce pas plus consternant ? à faire grève. Elle déplore cependant que les au rabotage sont quasiment négligeables Il est temps que nos responsables usagers aient été, une fois de plus, inutilement devant le montant de la commande des politiques délaissent les polémiques pénalisés par une grève politique lancée rames TER ou devant le montant des minables et s’occupent des vrais enjeux au nom d’une conception monopolistique sommes consacrées chaque année par de la gestion et de l’avenir du rail. dépassée du système ferroviaire, et incités à RFF à la modernisation du réseau ferré. Mais c’est plus difficile que de tenir abandonner durablement le train. L’accueil de l’A380 a exigé lui aussi des des propos superficiels sur la largeur Jean Sivardière z travaux dans des aéroports. des quais.

fnaut-infos n°227 - septembre 2014 x 1 Projet de loi sur la transition énergétique : La voiture électrique : miracle ou mirage ? un « nouveau modèle énergétique français » ? La voiture électrique est manifestement DossierSous un titre pompeux, car rien n’est pro- Des mesures mineures considérée comme une solution miracle, car grammé ou financé, le projet de loi affiche des mesures ambitieuses et coûteuses visent des intentions très louables (écologiques, Le projet de loi introduit quelques me- à en stimuler l’usage : économiques, sociales) : sures intéressantes mais mineures. - les flottes publiques comporteront au - réduire l’impact de la consommation La grande distribution devra réduire moins 50 % de véhicules électriques ou hy- excessive des énergies fossiles sur la santé volontairement ses émissions de gaz à effet brides rechargeables en 2030 ; publique et sur la biosphère en améliorant de serre de 20 % en 2025 dans ses activités - le bonus à l’achat d’un véhicule électrique la qualité de l’air ; logistiques. est pérennisé et majoré pour atteindre jusqu’à - créer des emplois non délocalisables, La création de zones de circulation res- 10 000 euros si l’achat s’accompagne de la réduire la facture énergétique de la France treinte (ZCR) dans les communes ou ag- mise à la casse d’un véhicule diesel ; (70 milliards d’euros/an), augmenter le glomérations de plus de 100 000 habitants - l’implantation de 7 millions de bornes pouvoir d’achat des ménages par des écono- sera autorisée. de recharge est prévue d’ici 2030 (il en mies d’énergie ; L’autopartage devient une compétence existe 10 000 aujourd’hui), obligatoire sur - enfin réduire les émissions de gaz à des Autorités Organisatrices de la Mobi- les parkings publics et privés. effet de serre (GES) pour lutter contre le lité (en cas d’inexistence ou d’inadaptation réchauffement climatique. de l’offre privée), les AOM fixeront elles- Un véhicule propre ? mêmes les critères du label « autopartage ». L’objectif central Des sanctions sont crées pour défapage Les limites écologiques du véhicule élec- Réduire fortement la consommation (retrait des filtres à particules). trique ont déjà été soulignées par l’ADEME d’énergie fossile, donc la facture énergé- Les objectifs nationaux de réduction des (voir aussi FNAUT Infos 198). tique et les émissions de gaz à effet de serre : émissions de polluants atmosphériques La fabrication des batteries pose des l’objectif est chiffré (- 30 % en 2030) mais seront fixés par décret. problèmes d’extraction du lithium et de insuffisamment mis en relief. Les autres Une nouvelle réglementation de la plani- recyclage en fin de vie. objectifs sont très légitimes mais tendent à fication territoriale de la qualité de l’air et La recharge des batteries s’effectue sur- faire diversion. du bruit (adaptation des plans de protec- tout en période de pointe : le bilan carbone tion de l’air et plans locaux d’urbanisme) dépend alors du mode de production de Les outils sera élaborée. l’électricité. L’accent est mis sur les nouvelles tech- nologies (efficacité énergétique, énergies Le report modal ignoré Quel créneau de pertinence ? renouvelables) : « une loi qui fait appel à la créativité de nos chercheurs ». Les change- A quelques détails près, économiser L’électrification massive du parc n’est donc ments nécessaires de comportements des l’énergie fossile et réduire la pollution lors pas souhaitable en l’état actuel de la tech- ménages et des entreprises (sobriété énergé- des déplacements se réduit à la diffusion nologie. Cependant le véhicule électrique tique) ne sont pas évoqués dans l’exposé des de la voiture électrique : le projet de loi permet de limiter les nuisances locales (bruit, motifs ou le projet de loi. est conçu sans vision de la politique des pollution de l’air), il est donc intéressant en La fiscalité écologique, supposée « puni- transports. Bien que le public réclame en milieu urbain dense. D’où son créneau : tive », est écartée au profit de l’écologie priorité des alternatives à la voiture (à 85 % • les flottes captives des administrations et « positive » : « une loi d’incitation qui pré- selon un sondage Yougov de mars 2014), le entreprises ; fère lever des obstacles plutôt que d’alourdir levier du report modal est ignoré. • les taxis et véhicules partagés ; des contraintes ». Aucun objectif chiffré de réduction des • les véhicules utilitaires (nettoyage) ; trafics (automobile, camion, avion) engen- • la distribution du fret en ville. Un oubli incompréhensible drant des gaspillages énergétiques n’est fixé dans le projet de loi. Une illusion technologique Le projet annonce « des mesures ambi- Parfaitement adapté à la ville, susceptible tieuses » « en faveur des transports propres de devenir un transport de masse comme à Si la voiture électrique se répand massive- et économes en énergie ». Amsterdam ou Copenhague, le vélo n’est ment, bien des problèmes liés à la voiture indi- La voiture électrique, qualifiée de « véhi- même pas cité ! viduelle subsisteront : congestion (la voiture cule propre » et « appelée à se massifier dans Le transport collectif, urbain et interur- électrique est aussi encombrante que la voi- les deux prochaines décennies » (moins de bain, est un autre parent (très) pauvre du ture thermique, donc aussi inadaptée qu’elle 0,1 % du parc automobile actuel : 30 000 projet de loi (seul le câble est cité, article au milieu urbain), aménagement de l’espace véhicules sur 38 millions) fait l’objet d’une 15, mais son créneau est très étroit) : aucun urbain centré sur la voiture, étalement urbain,... démarche très volontariste, un choix tech- engagement n’est pris pour le développer La FNAUT s’oppose à toute autorisation nologique qui n’est justifié par aucune étude (partage de la voirie urbaine, source nou- d’emprunt des couloirs réservés aux bus, vé- d’impact préalable (voir encadré). velle et pérenne de financement). los et taxis par les voitures électriques. Si des Mais le secteur des transports est quasi- Rien n’est dit sur l’étalement urbain, facilités de circulation sont accordées aux voi- ment ignoré par le projet de loi (titre III, source de trafic automobile quotidien. tures électriques, elles doivent l’être au détri- articles 10 à 19) alors qu’il est : Rien n’est dit sur le transport du fret. ment des véhicules thermiques. - aussi énergivore que celui du logement, Rien n’est envisagé pour corriger les La traction thermique ne doit pas être ou- qui fait l’objet de nombreuses dispositions conditions manifestement inéquitables bliée. L’introduction massive des biocarbu- intéressantes (le texte évoque « le grand de concurrence entre le transport collec- rants (15 % de la consommation en 2030) chantier du bâtiment ») ; tif ou le transport du fret par rail ou voie présente des effets pervers (FNAUT Infos - encore plus vulnérable à l’insécurité et au d’eau d’une part, l’automobile, le camion et 198). Une piste sans doute plus promet- coût de nos approvisionnements en pétrole l’avion d’autre part. teuse n’est pas évoquée dans le projet de puisqu’il en dépend presqu’exclusivement ; Même certaines suggestions réglemen- loi, on se demande bien pourquoi car le - le premier contributeur aux émissions taires simples et peu coûteuses avancées Chef de l’Etat la soutient : la voiture consom- de gaz à effet de serre (26 %). par la FNAUT sont écartées. mant 2 litres aux 100 km.

2 x fnaut-infos n°227 - septembre 2014 Niches fiscales Les propositions de la FNAUT Il faut commencer par supprimer les niches fiscales nocives pour l’environne- Maîtrise de la mobilité Transferts modaux ment, qui s’élèvent à plus de 15 milliards d’euros par an et concernent essentiel- Moduler les aides fiscales au logement. Déplacements des personnes lement les transports (FNAUT Infos 207). Taxer les implantations de logements - Une campagne d’information du grand Il est clair que ce qui manque pour finan- dans les zones non desservies par trans- public sur le coût réel d’usage de la voi- cer une politique écologique des trans- port collectif. ture, sous-estimé par l’automobiliste (voir ports n’est pas l’argent public, mais la Renforcer la densification de l’habitat FNAUT Infos 203 et 211). volonté politique. et des activités le long des axes lourds de - Enrichissement du Code de la rue pour Le Réseau Action Climat diffuse une transport collectif, en particulier autour facilier l’usage quotidien du vélo. liste non exhaustive des avantages fis- des gares périurbaines après réactivation - Obligation d’établir des Plans de Déplace- caux, en millions d’euros par an, accor- des étoiles ferroviaires. Généraliser les ments Urbains dans les agglomérations de moins dés aux énergies fossiles. contrats d’axes. de 100 000 habitants et des Plans de Déplace- Sous-taxation du gazole : 6900. Encourager les entreprises qui déve- ments d’Entreprises dans les grandes entreprises Remboursements de frais automo- loppent le télétravail. et administrations (Education nationale en parti- biles lors des déplacements domicile- Favoriser le commerce de proximité, culier, pour réduire l’accompagnement automo- travail : 2100. taxer les grandes surfaces. bile des enfants aux établissements scolaires). Exonération de TICPE sur le kérosène - Légalisation du péage urbain sans contrainte (vols domestiques) : 550. Consommation de la route démographique pour faciliter une expérience Taux réduit de TVA sur les billets (la loi Grenelle 2 l’a légalisé seulement dans les d’avion : 500. Une campagne nationale pour l’éco- agglomérations de plus de 300 000 habitants). Remboursements de TICPE aux trans- conduite et la sécurité routière. - Baisse du taux de TVA sur les transports col- porteurs routiers : 320. Réduction de 10 km/h des vitesses lectifs comme dans divers pays européens voisins. Exonération de TICPE sur les raffine- maximales autorisées sur les routes, voies - Validation de la carte enfant-famille sur ries : 150. express et autoroutes : elle permettrait les trains Intercités. A ces niches fiscales s’ajoutent di- d’importantes économies de pétrole et verses aides publiques anti-écolo- d’émissions de gaz à effet de serre (GES) Transport de marchandises giques : les avantages financiers accor- et un gain sensible de sécurité (loi de - Mieux contrôler le transport routier pour dés aux compagnies aériennes à bas Nilsson). lutter contre la fraude (charges, vitesses, temps coûts ; le bonus automobile à l’achat Généralisation du 30 km/h en ville, de conduite, dissimulation de matières dange- des véhicules neufs ; les primes à la maintien du 50 sur les grands axes. reuses) pour réduire la sous-tarification routière. conversion des véhicules polluants ; les Aggravation du malus à l’achat des vé- - Favoriser l’implantation d’Opérateurs subventions aux biocarburants. hicules neufs, suppression du bonus. Ferroviaires de Proximité (OFP). Renforcement des normes environne- - Favoriser les embranchements fret des Fiscalité écologique mentales relatives aux motos et aux véhi- entreprises industrielles et l’implantation des cules utilitaires légers. entreprises près des voies ferrées par des inci- La fiscalité écologique ne représente Taxation des biocarburants fabriqués à tations réglementaires et fiscales. que 4,2% des prélèvements obligatoires partir de matières agricoles importées. - Encourager les rabattements de trafic en France, contre 6,2% en moyenne Un plan de sortie du diesel associant routier sur le ferroviaire et le fluvial (exonéra- dans l’Union Européenne, soit 1,8% du mesures réglementaires et fiscales. tion de l’écotaxe). PIB contre 2,4%. En cause : l’absence de mesure forte sur la consommation Un projet peu lisible, peu crédible et peu efficace d’énergie, et le maintien de nombreuses subventions à la pollution. Ces niches Alors que la Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie de 1995 (loi Lepage, fiscales sont un obstacle à la transition voir FNAUT-infos n°45) était novatrice dans le secteur des transports malgré une opi- énergétique en conférant un avantage nion alors très réticente, le projet de loi de Ségolène Royal est très décevant. Partant des compétitif aux activités polluantes, objectifs à atteindre, il fallait bâtir une vraie politique écologique des transports permet- alors qu’elles peuvent fournir des res- tant de concrétiser les discours entendus depuis 20 ans, donc favoriser les modes éco- sources pour le financement des alter- nomes en énergie et pénaliser les modes gaspilleurs. natives vertueuses. Aucun signal politique incitant au changement des comportements n’est donné. Au l Alain Grandjean, ancien président contraire, le projet, peu mobilisateur, accrédite l’idée que tout repose sur les progrès de la du Comité des experts du débat natio- technologie (moteurs, carburants), des progrès sans doute nécessaires mais en aucun cas nal sur la transition énergétique : « si suffisants pour atteindre le « facteur 4 » en 2050. Ségolène Royal veut accélérer la tran- Les contradictions entre l’objectif affiché et l’actuelle politique des transports sont sition énergétique, qui passe par une évidentes. Le projet de loi est rendu peu crédible par : forme de sobriété, il faudra bien en - la relance des projets autoroutiers et le maintien du projet NDDL ; passer par un prix plus élevé non seule- - l’autorisation générale de circulation des poids lourds de 44 tonnes ; ment des énergies fossiles et polluantes, - le recul du gouvernement sur l’écotaxe poids lourds, d’où blocage des projets de TCSP mais aussi de l’énergie tout court, sans, urbains et de sauvegarde de lignes ferroviaires voyageurs et fret menacées de fermeture bien sûr, pénaliser les ménages les plus (des lignes voyageurs interrégionales et 1500 km de lignes capillaires fret vont fermer par modestes ». manque de moyens financiers de RFF) ; l Olivier Razemon (Le Monde) : « le La fiscalité écologique est écartée (« il faut changer les comportements avant de « je ne veux pas que l’écologie soit puni- taxer »). Mais comment changer les comportements, qui n’évoluent pas spontanément, tive » de la ministre rappelle le fameux sans investir dans les modes alternatifs à la route et à l’avion (infrastructures et exploita- « l’environnement, ça commence à bien tion), et comment investir sans ressources nouvelles ? Le levier de la fiscalité écologique faire » lancé par Nicolas Sarkozy en est un instrument efficace et indispensable de la transition énergétique. En le rejettant 2010, peu de temps après le Grenelle de sous prétexte qu’il serait socialement punitif et en ignorant tout chiffrage financier de ses l’environnement ». objectifs, le gouvernement se condamne à l’immobilisme.

fnaut-infos n°227 - septembre 2014 x 3 Chronique de la grève Une réforme incomplète Le point positif évident de la loi Calcul aventureux gain social doit s’obtenir par la lutte. Dans réformant la gouvernance ferroviaire cette réforme, ni le statut des cheminots, ni est la création du Gestionaire d’infras- Thierry Lepaon, secrétaire général de l’emploi, ni les salaires ne sont concernés ; si tructure unifié (GIU), dorénavant ap- la CGT, a estimé que seulement 8 % des c’était le cas, la CFDT aurait elle aussi appe- pelé SNCF Réseau, qui rassemble tous candidats au bac utilisaient le train. Je ne lé à la grève. Sortons de cet archaïsme : il est les organismes gérant l’infrastruc- sais pas comment il a calculé ce pourcen- temps pour les syndicats de la SNCF et aussi ture : RFF le donneur d’ordres, SNCF tage ! Même un proviseur ne connait pas les pour la direction de changer de méthode ». Infra qui réalise les travaux d’entre- modes de déplacement de ses élèves. Alors, Laurent Berger, secrétaire général de la tien, de modernisation et d’extension pour la France, bien malin qui saurait ! Les CFDT : « cette réforme est bonne pour le du réseau, et la Direction des Circula- candidats passent les épreuves dans leur système ferroviaire, le service public ferro- tions Ferroviaires, service de la SNCF lycée donc, en général, près de chez eux. viaire et les cheminots ». qui gère l’utilisation des sillons. De la Certains prennent néanmoins le train tous création du GIU, on attend l’atténua- les jours et d’autres, internes, le lundi matin Gesticulation stérile tion des effets pervers de la réforme et le vendredi soir (Anne-Marie Ghémard, de 1997 et d’importantes économies ancienne proviseur, association Le Tr’Ain). L’association des voyageurs du Mans de gestion. (AVUC) a dénoncé une « réforme fer- Le Parlement, sous la pression syn- Lycéens pour roviaire néfaste pour les usagers » mais a dicale, a malheureusement réduit l’au- et contre la grève oublié d’expliquer pourquoi cette réforme tonomie, déjà très insuffisante dans le est néfaste et de présenter des contre-pro- projet de loi gouvernemental, du GIU Malgré le stress subi par les candidats au positions. par rapport à l’ancienne SNCF, bap- baccalauréat, l’Union Nationale Lycéenne Pour protester contre la prolongation de la tisée aujourd’hui SNCF Mobilité. Le a soutenu les cheminots grévistes : « nous grève, elle a préconisé une grève des billets, paravent de cette évolution, c’est la comprenons les cheminots qui se battent et mais a oublié que cette initiative ne pouvait soi-disant « synergie rail-roue ». demandons ce qu’ils soient entendus au plus en rien gêner les syndicats dont elle dénon- Cette notion a un sens, mais elle vite, nos examens n’ont pas à pâtir de l’inca- çait par ailleurs le « corporatisme borné ». vaut quelle que soit l’organisation de pacité du gouvernement à dialoguer avec le la gouvernance ferroviaire. Si une hol- camp social ; nous refusons que les lycéens Le coût de la grève ding était vraiment nécessaire pour la soient utilisés pour écraser la contestation prendre en compte, il faudrait la créer sociale ». Les lycéens ont-ils lu le projet de La SNCF a perdu 160 millions d’euros de au niveau européen. La disparition réforme ferroviaire ? recettes pendant la grève : autant d’investis- des frontières économiques au sein de Mais l’UNL a changé subitement de sements en moins... sans compter les pertes à l’Union Européenne et l’arrivée pro- « camp social » quand elle a réclamé un venir. Comme après chaque grève, des char- chaine de la concurrence, déjà effec- renforcement du « service minimum » geurs, pour lesquels la fiabilité des services tive dans le secteur du fret, exigeaient et conseillé au gouvernement de prendre ferroviaires est un impératif, se tourneront une stricte indépendance du GIU, ga- exemple sur l’Italie « où l’intégralité des vers la route, souvent de manière définitive. rante d’une égalité de traitement entre transports est assurée entre 6h et 9h et entre Des pertes durables de clientèle voyageurs opérateurs. 18h et 21h ». « Il faut interdire la grève sont également prévisibles : 700 000 voya- Enfin les intérêts du GIU et de l’opé- pendant certaines périodes, notamment les geurs privés de trains ont utilisé et apprécié rateur historique sont par nature périodes d’examens et de grands départs en le covoiturage pendant la grève (+ 40 %), contradictoires. Il était logique que le vacances ». selon le PDG de la société BlaBlaCar : « les pilotage du système ferroviaire soit grèves SNCF nous aident à décoller ». confié à RFF et non à la SNCF car, le Réquisitionner les grévistes ? réseau étant aujourd’hui globalement Bêtisier sous-utilisé (malgré la saturation de Selon l’ancienne ministre UMP Valérie certains noeuds), le GIU a intérêt à un Pécresse, suivie par le « représentant des l François Delapierre, secrétaire natio- développement maximum du trafic, usagers » Jean-Claude Delarue (qui colla- nal du Parti de Gauche, dénonce la privati- à l’opposé de la SNCF qui veut être bore généralement avec SUD-Rail...), le sation de la SNCF : « en Grande-Bretagne, aujourd’hui un groupe multimodal service minimum est un dispositif inefficace les transporteurs ferroviaires sont privés, et international et, dans une stratégie qui ne suffit plus, il faut doubler ses obli- les trains roulent moins vite qu’au 19ème de croissance externe, se désengage gations en imposant à la SNCF de mettre siècle ». Un séjour outre-Manche s’impose peu à peu de ses activités ferroviaires en place deux trains sur trois au lieu d’un dans son cas. nationales. Les opérateurs, historique aux heures de pointe ». Ils n’ont pas expliqué l Pierre Khalfa, président de la fondation ou non, se concentrent naturellement comment faire sans réquisitionner les gré- Copernic, et Aurélie Trouvé, présidente du sur leur noyau dur d’activités les plus vistes, donc sans instaurer un véritable « ser- conseil scientifique d’ATTAC : « si le vo- faciles à rentabiliser. Il n’y a pas d’au- vice minimum ». La SNCF est seulement lume du fret ferroviaire s’est effondré, c’est tonomie possible si RFF dépend de la obligée de publier un « service prévisible » parce qu’on a ouvert le secteur du fret ferro- SNCF qui assure 95 % de ses recettes. fonctionnant avec le personnel non gréviste. viaire à la concurrence» ( Le Monde du 17 ll est donc essentiel que l’Etat juin 2014). concrétise rapidement son rôle, affir- Syndicalistes courageux l Nathalie Bonnet, secrétaire de la fédé- mé dans la loi, de stratège - aména- ration SUD-Rail : « les cheminots exercent geur du territoire, pilote de la transi- Didier Aubert, secrétaire général de la un métier socialement utile et quand ils tion énergétique - et qu’à travers un CFDT Cheminots : « Cette grève est inu- font grève, inévitablement, c’est gênant. « schéma de services ferroviaires », il tile, elle ne sert qu’à dresser les cheminots C’est une différence notable avec ceux dont impose à la SNCF la mission de valori- les uns contre les autres ; c’est du théâtre ; l’activité principale est de se plaindre qu’il ser le réseau ferré mis à sa disposition. la CGT et Sud Rail mentent aux cheminots n’y ait pas de trains, avant de remonter C’est l’intérêt des voyageurs et char- et prennent les usagers en otages pour créer leur voiture de fonction avec chauffeur » geurs, des territoires, de la collectivité un rapport de force ; pour ces syndicats, tout (Le Monde du 17 juin 2014). et de la planète.

4 x fnaut-infos n°227 - septembre 2014 Bien dit L’écotaxette : une marche-arrière punitive

l Guillaume Sainteny, économiste spé- cialiste de l’écofiscalité : « en Suisse, le bilan Introduit dès 2005 par le député alsacien de la taxe poids lourds (RPLP) est très positif, UMP Yves Bur, le principe de l’écotaxe a le fret routier a cessé d’augmenter, et les pro- fait l’objet d’un large consensus lors du Gre- fessionnels ont amélioré le remplissage des nelle de l’environnement, mais des difficultés camions, améliorant ainsi leur productivité ». techniques puis les atermoiements des gou- l Philippe Bies, député PS du Bas-Rhin : vernements Fillon et Ayrault ont retardé sa « reculer devant ce qui s’est passé en Bre- mise en œuvre. On pouvait espérer que la tagne, ce serait donné une prime à l’émeute. nouvelle ministre de l’Ecologie, Ségolène Ségolène Royal a raison quand elle dit Royal, accueillie avec bienveillance mais peu qu’une offre alternative est nécessaire pour de clairvoyance par les environnementalistes pouvoir taxer le fret routier. Mais c’est le et écologistes, allait débloquer le dossier. serpent qui se mord la queue. Sans les fruits Mais, hostile à toute forme de fiscalité écolo- de l’écotaxe, on n’aura pas les moyens de gique et soutenant ouvertement les Bonnets développer ces modes alternatifs ». rouges bretons (FNAUT Infos 225), elle a au l Jean-Paul Chanteguet, député PS (Le contraire combattu l’écotaxe. Monde du 14 mai 2014) : « parler d’éco- Ecartant courageusement les suggestions Photo : Marc Debrincat logie punitive, c’est de la démagogie. Ce de la ministre, la commission présidée par n’est qu’un slogan visant à repousser la le député PS Jean-Paul Chanteguet a pro- Bien entendu, en 2014, le péage ne rappor- prise en compte des enjeux environne- posé, pour en faciliter l’acceptation sociale, un tera pas un sou, et l’Etat devra au contraire mentaux et à justifier l’inaction. Le trans- « aménagement » peu satisfaisant de l’écotaxe rémunérer Ecomouv et lui verser un dédom- port routier contribue au réchauffement basé sur des franchises kilométriques men- magement suite à la modification du contrat climatique et à la pollution. Il est au- suelles qui exonéraient les trajets courts des qui les lie. jourd’hui sous-taxé par rapport au rail ou camions mais réduisaient le montant de la Alors que de multiples avantages ont été à la voie d’eau. L’écotaxe doit permettre taxe sur les trajets longs. accordés récemment au transport routier, de corriger cette situation ». La FNAUT avait proposé que l’écotaxe l’écotaxe devait corriger sa sous-tarification, soit ciblée sur les trafics massifiés à longue donc inciter les chargeurs à optimiser le rem- La fiscalité écologique distance, donc sur les camions de plus de plissage des camions et à privilégier le rail et 12 tonnes (80 % du parc), comme en Alle- la voie d’eau, comme on l’a observé en Suisse La ministre Ségolène Royal refuse la magne, en exonérant les pré et post-achemi- et en Allemagne. Sa restriction à 4 000 km fiscalité écologique : il faut « changer les nements routiers du transport combiné rail de routes nationales et quelques départemen- comportements avant de taxer ». Mais ou voie d’eau-route, et en affectant le produit tales (supportant un trafic de plus de 2 500 elle se condamne à l’inaction : comment, de la taxe en priorité aux investissements né- camions par jour) au lieu de 15 000 diminue- plus encore dans le transport que dans cessaires au fret ferroviaire. ra fortement son impact sur le comportement le logement, changer les comportements La commission a écarté une exonération des chargeurs. Des axes majeurs de transit sans investir, et comment investir sans des camions de moins de 12 tonnes, estimant sont exonérés (A21, A23, A75, France-Italie, ressources nouvelles ? qu’elle provoquerait un report de trafic sur les France-Espagne) et les longs trajets intérieurs Comme le dit Gilles Laurent, représen- véhicules plus légers. On imagine pourtant à la France ne seront pas taxés. tant de la FNAUT en Nord - Pas-de-Ca- mal un chargeur payer deux conducteurs au Certes une taxation supplémentaire des lais : « pourquoi des taxes sur le tabac, lieu d’un pour échapper à la taxe. La commis- sociétés autoroutières, justifiée par le report des primes à la casse, un bonus-malus à sion a par contre rejeté judicieusement toute vraisemblable de certains trafics sur les auto- l’achat de véhicules neufs,...? C’est bien régionalisation de l’écotaxe, la taxe étant mo- routes payantes, est envisagée par le gouver- l’outil fiscal qui permet de changer les dulée par une région sur son territoire, voire nement mais elle se heurte à des obstacles comportements, et non l’inverse ». affectée à cette région : comment financer juridiques sérieux. La FNAUT craint que la Encore faut-il que le produit de la fis- alors les projets d’intérêt national ? négociation avec ces sociétés se termine par calité écologique soit affecté de manière La ministre de l’Ecologie a finalement ob- leur engagement dans des travaux d’extension compréhensible par le public. Affecter en tenu que l’écotaxe, qui ne s’appliquera qu’en du réseau autoroutier et une prolongation de partie le produit de l’écotaxe aux TCSP ur- 2015, soit réduite à une peau de chagrin : ce leurs concessions, la ministre refusant une bains n’est pas très logique et ces investis- retour en arrière populiste, présenté avec une hausse des péages afin de ne pas mécontenter sements peuvent être financés autrement certaine audace comme « une solution équili- les automobilistes. (recettes de stationnement, péage urbain, brée et de bon sens », est affligeant. Le recul du gouvernement devant les taxe gazole). Selon la députée PS Chantal Guitet (PS), lobbies a mécontenté aussi bien les ONG c’est « un beau compromis intelligent ». que les Bonnets rouges et les transporteurs Un projet de loi décrédibilisé Certes le principe de l’écotaxe est main- routiers (la ministre de l’Ecologie s’est tenu, son niveau moyen reste fixé à 13 cen- pourtant félicitée d’avoir « épargné com- Sans ligne directrice autre que « calmer times par km parcouru, le « péage de transit » plètement la Bretagne »). Il est triplement les Bonnets rouges sans trop fâcher les est plus lisible et tous les camions français et punitif. Il pénalise les usagers qui réclament Verts » et trouver de l’argent grâce à l‘éco- étrangers de plus de 3,5 tonnes sont taxés, les transports urbains en site propre et la taxe, le gouvernement a reculé de manière mais le résultat financier est tout simplement modernisation du réseau ferré qui devaient irresponsable. Ce recul manifestement catastrophique. Alors que le produit brut de être financés par l’écotaxe (des lignes régio- contraire à l’intérêt général a décrédibilisé l’écotaxe devait atteindre 1,2 milliard d’euros, nales et même interrégionales sont me- le projet de loi de programmation sur la celui du péage atteindra 500 millions mais, nacées de fermeture...) ; les riverains des transition énergétique, présenté trois jours détail oublié lors de l’annonce gouverne- grands axes routiers dont la taxation n’était auparavant par la ministre, car il se traduit mentale, il faudra bien que l’Etat rémunère pas envisagée ou est abandonnée, au Pays par une perte considérable d’argent public la société Ecomouv, d’où un produit net basque, dans les vallées alpines et dans bien disponible pour une politique écologique, d’environ 300 millions au lieu des 900 prévus d’autres régions ; enfin les automobilistes et le report modal du trafic de fret ne sera précédemment (la LKW Maut allemande a et les contribuables qui subventionnent le pas encouragé. rapporté 4,4 milliards d’euros en 2012). transport routier à leur insu.

fnaut-infos n°227 - septembre 2014 x 5 Le TGV du futur vu par Forum la SNCF... et la FNAUT ForumSolidarité Certains décideurs affirment même qu’un Constatant une baisse de la fré- TER vide pollue plus qu’un car plein... quentation du TGV, la SNCF envisage Le choix entre autorail et autocar est Comparons ce qui est comparable. Sur une de commander dorénavant le « TGV complexe, on ne peut pas à tout prix même ligne, si un TER est vide, le car le du futur » d’Alstom, moins coûteux défendre l’autorail. Il faut bien étudier la sera aussi. Plus capacitaire, plus sûr, moins (- 30 % à la place) que les TGV précé- situation locale, la demande potentielle. consommateur d’énergie carbonée, le train dents, afin de pouvoir baisser ses prix. Mais il est certain que, pour le voyageur, reste plus respectueux de l’environnement. L’innovation la plus visible - la sup- l’autorail est préférable à l’autocar. L’ave- Un lecteur de FNAUT Infos z pression du bar qui permettrait d’aug- nir des transports dans la France profonde menter la capacité des rames d’une est un problème grave. Le dépeuplement Schéma classique en voie unique : on trentaine de places - a suscité les de certaines zones rurales et le vieillisse- ferme des gares et des points de croise- critiques de la FNAUT : ce serait une ment de la population imposent une soli- ment, on mixe trains et cars, la fréquenta- régression pour le voyageur et une darité avec leurs habitants dans de nom- tion diminue, on supprime les trains puis erreur de marketing, venant après la breux domaines, dont les transports, on ne les cars à terme. Le train a disparu en 2008 suppression des voitures-restaurants, peut pas les abandonner. sur Montluçon-Ussel. La fréquentation des des voitures lits,... Henri Martin, FNAUT Lorraine z cars a encore diminué de 19 % entre 2012 et Le train offre de l’espace à bord, d’où 2013. La mise en place de dessertes par car, la possibilité de se déplacer à l’inté- Train + autocar hors rabattements, ne peut que conduire à rieur des voitures, d’aller boire un café, la réduction du maillage des dessertes après de se détendre, à la différence de l’au- Après trois ans de militantisme local, avoir fait fuir la clientèle. tomobile, de l’autocar ou de l’avion notre association vient d’élargir son action Jean-Louis Camus, FNAUT LImousin z où l’on reste coincé sur son siège. Cet à l’éco-mobilité, tout en restant mobilisée attrait du train est apprécié des voya- prioritairement sur le train. Nous nous Je crains fort que des cars directs ne geurs qui se détourneraient des TGV si sommes aperçus qu’il nous fallait agir sur contribuent à vider de la clientèle la plus on les parquait sur leur siège. les autres moyens de transport locaux, pour rémunératrice les liaisons ferroviaires qu’ils La FNAUT est favorable à des TGV les mettre en synergie avec les quelques seront amener à « compléter » : la SNCF low cost (FNAUT Infos 207) mais refuse trains que nous conservons dans l’Ain. Si- n’attend que cela ! La phase suivante sera le le « tout TGV low cost » : le train ne doit non, les trains ne sont pas assez fréquentés transfert total sur route sous forme de cars pas devenir le moyen de transport du et nous ne pouvons obtenir une fréquence express, la desserte locale étant abandonnée pauvre. Devra-t-on bientôt emporter plus élevée. C’est l’ensemble de la chaîne de puisqu’assurée par les départements. Même son sandwich et son thermos de café transport qu’il faut améliorer. si les cars peuvent être pertinents dans bien si on voyage en train ? Pourquoi ne De manière analogue, une responsable des situations, il ne faut pas engager un pas supprimer aussi les toilettes pour du développement des trains de ban- faux débat : le problème n’est pas celui du gagner 4 sièges par voiture ? Une lieue de Copenhague, lors d’un colloque coût de ferroviaire par rapport au car mais restauration sur chariot ? Pourquoi train + vélo, présentait ses nombreuses celui du surcoût de la SNCF. Tant que cette pas, mais il faut alors pouvoir avoir actions en faveur du vélo, parce que le dernière aura la main-mise sur le réseau du chaud comme en avion ! Les nou- vélo agrandit d’un facteur 4²=16 la zone ferré, elle poursuivra son œuvre de sabo- veaux TGV commandés ont des bars, de chalandise d’une gare. tage de façon à ce que lorsqu’une éventuelle seuls les TGV Ouigo n’en ont pas. Et ce Anne-Marie Ghémard, association Le Tr’Ain z concurrence pourra se présenter ( 2019?), il qu’il faut viser, c’est un bar type ICE ne reste quasiment rien à exploiter. (restauration chaude) occupant une Concurrence train-autocar Frédéric Laugier, FNAUT PACA z voiture entière. Les compagnies aériennes low cost Merci à la FNAUT, seule à évoquer les Complémentarité offrent un service minimum, mais aspects négatifs de la libéralisation du ou sabotage ? leurs prix sont vraiment très bas, ce qui transport par car à longue distance : plus n’est pas le cas du TGV, et le voyageur de cars sur les routes et dans les centres- On se pose la question à propos du TER garde le choix entre les compagnies villes, de pollution, d’accidents, et de Grenoble-Veynes-Gap et de l’autocar low cost et les compagnies tradition- consommation de pétrole, en contra- LER 31 (ligne express régionale gérée par nelles chez qui il peut trouver un meil- diction totale avec la transition énergé- la région PACA). Le LER 31 relie tous les leur confort en payant plus cher. tique. Le train n’émet que 1% des gaz à jours Grenoble à Marseille et Nice, une La chute de la clientèle TGV, surtout effet de serre dans les transports en Eu- correspondance immédiate entre cars est en 1ère classe, est due à la crise éco- rope (source UE), c’est lui qu’il faudrait organisée à Sisteron. nomique, aux prix trop élevés du TGV, encourager. Les cars assurent les mêmes dessertes à la rigidité de sa commercialisation Le car est très utile en complément du que les trains avec, dans le sens sud-nord, par la SNCF, à la concurrence de l’avion train, pour les derniers kilomètres, pas des horaires quasiment identiques : le TER low cost et du covoiturage. Ajouter en concurrence avec le rail sur longue quitte Marseille à 8h35 et le car à 9h, ils cir- quelques sièges dans les rames n’y distance. Or IDBUS se positionne tou- culent en parallèle sur un itinéraire de plus changerait rien : on ne les remplirait jours en concurrence frontale avec le train de 300 km ! Les régions PACA et Rhône- pas mieux. Quant à une baisse des prix (Paris-Milan ou Amsterdam, Lyon-Bar- Alpes ne peuvent-elles se coordonner ? La liée à une augmentation de l’emport celone...). Dans un pays sans train comme question, posée en comité de ligne, n’a pas des rames, elle serait marginale. L’opé- le Brésil ou le Chili, le car se justifie. Mais eu de réponse, la région Rhône-Alpes sem- ration pourrait même être financiè- nous disposons d’un assez bon réseau fer- blant méconnaître la situation. rement négative pour la SNCF. Pour roviaire. Sur l’axe Québec-Montréal, la La relation ferroviaire Grenoble-Gap est baisser les prix, la SNCF doit d’abord concurrence acharnée des cars a affaibli le fragile : elle n’a pas besoin d’être mise en améliorer sa productivité interne. rail. Et il faut combattre cette idée que le concurrence avec un service de car à longue Observons enfin qu’une fois de plus, train serait réservé aux riches, et le car aux distance. les voyageurs n’ont pas été consultés... plus pauvres, quelle régression sociale ! François Lemaire, ADTC-Grenoble z Jean-François Troin z

6 x fnaut-infos n°227 - septembre 2014 Paris-Tulle : avion, voiture ou train ? Brèves Critiqué pour s’être rendu de Paris à BrèvesTourisme à vélo Tulle (480 km) dans un avion Falcon de la flotte républicaine pour voter aux élec- Eurovélo 3 est une véloroute européenne tions municipales le 23 mars (coût 9 200 allant de Tronheim à Saint-Jacques-de- euros), François Hollande a choisi la voiture Compostelle. Un guide en français décrit pour aller voter le 25 mai aux élections cet itinéraire entre la Belgique et la Loire, européennes : dix heures de route aller- soit 800 km de parcours accessible à tous retour. Le Chef de l’Etat aurait pu voyager en 39 étapes. Il a été rédigé par l’asso- aussi rapidement et plus confortablement ciation CyclotransEurope, membre de Photo : Marc Debrincat par le train, et avec un bien meilleur bilan la FNAUT qui promeut le tourisme à carbone. Départ de Paris à 9h34, arrivée à vélo. Il offre une cartographie copieuse Rail unique Tulle à 14h56 après un changement à Brive et claire, des renseignements touristiques (Intercités + TER) et, pour le retour, départ sur les régions traversées et des informa- Selon Le Parisien du 4 juillet 2013, les TGV de Tulle à 17h08 ou 18h23, arrivée à Paris à tions pratiques pour réussir son voyage à diamétraux sont contraints d’emprunter « un 22h18 ou 23h18. vélo : bonnes adresses, services, train+vélo rail unique dans les deux sens » entre Massy et (http://transeuropeenne.free.fr/). Valenton, sur la Grande ceinture sud de Paris. Resquilleuse ? Bêtisier du vélo Train sur pneus Avant d’être ministre de l’Ecologie, « Ségolène Royal n’avait jamais de billet » l Alexis Joly, conseiller FN de Gre- Annonce entendue en gare de Grenoble : quand elle prenait le train entre sa région noble Métropole, s’insurge contre une « en raison d’un mouvement de grève, le Poitou-Charentes et Paris, selon Domi- subvention accordée à l’ADTC-Grenoble train de 14h10 pour Gap partira de la gare nique Bussereau, ancien ministre des pour son intervention lors du Défi des routière, travée 15 ». Transports qui voyage souvent avec elle : écoles à énergie positive : « il serait plus « j’ai assisté depuis vingt ans à quelques efficace de lutter contre la déforestation Escale imprévue épisodes amusants avec les contrôleurs en Indonésie ; ici, on risque de sombrer de la SNCF ». dans la dictature écolo-communiste, avec Un A380 d’Air France a dû atterrir à Ham- des enfants qui obéissent aux commissaires bourg plutôt qu’à Roissy, le 26 mars. Le lan- Ecotaxe publics, en imposant la dictature du vélo ». cement d’une fusée a entraîné la fermeture de l Camille Pascal, ancienne plume et l’espace aérien kazakh, le pilote du vol Shan- Selon Christian Troadec, maire de Ca- conseiller de Nicolas Sarkozy, a raconté en ghai-Paris a été contraint à se dérouter. L’avion rhaix : « 90 % de nos produits sont exportés détail, dans Valeurs Actuelles, comment il a dû voler 30 minutes de plus que prévu et s’est hors des frontières bretonnes ; le péage de a failli être renversé par un cycliste au cours retrouvé à court de carburant. transit va pénaliser le développement éco- d’une promenade sur les quais de Seine. nomique de la Bretagne ». Carhaix a encore Cette tentative de meurtre lui a inspiré une la chance d’être desservie par le train, mais diatribe cyclophobe d’un style inattendu. BIEN DIT la ligne mériterait une remise à niveau que « Le vélo n’est plus un moyen de loco- l’écotaxe aurait pu financer... motion ou un sport, il est désormais un 3 Txetx Etcheverry, militant de l’asso- Seul le président PS du Conseil régional signe identitaire, un choix politique, il ciation basque Bizi (Libération du 25 avril de Bretagne, Pierrick Massiot, semble satis- incarne une idéologie totalitaire et en cela 2014) : « les lobbys routiers et agro-indus- fait du péage de transit : « les annonces il est devenu très dangereux. Bourgeois, triels n’ont même plus besoin de se bouger vont dans le bon sens ; nous attendons à étudiants ou sportifs, les cyclistes appar- vu que la ministre de l’Ecologie attaque elle- présent des informations sur le finance- tiennent à la même internationale puis- même l’écotaxe ». ment que ce dispositif permettra de déga- sante et redoutable, celle des gens respon- 3 Yves Bur, ancien député UMP du Bas- ger au profit des grandes infrastructures sables qui sauvent la planète en pédalant Rhin et père de l’écotaxe française : « l’éco- et des modes alternatifs au tout-routier, et ont donc, à ce titre, droit de vie et de taxe allemande n’a pas été un frein à la com- condition de la nécessaire transition écolo- mort. Le piéton n’est que de la piétaille pétitivité ». gique ». Il peut attendre longtemps... aux yeux de ces chevaliers du bitume, pire 3 Gilles Dansart, Mobilettre : « le ministre peut-être, car le cycliste voit en chaque des Transports applaudit à un succès de la Zoé est punie piéton un automobiliste honteux qui rase SNCF sur un marché libéralisé (Keolis a ob- les murs pour aller récupérer sa voiture. tenu la franchise de Thameslink, la plus im- Le Jury de Déontologie Publicitaire a Le cycliste a désormais la préséance et il portante du Royaume-Uni), mais lui-même donné raison à la FNAUT qui avait déposé faut lui céder le pas sous peine d’être traité refuse d’ouvrir une petite porte à la concur- une plainte contre une publicité de la so- comme un ennemi déclaré de la couche rence sur le marché ferroviaire français ». ciété Renault, diffusée le 17 mars dernier d’ozone ». Conclusion de Camille Pascal : 3 Laurent Fabius, ministre des Affaires dans Le Parisien lors d’un pic de pollution « Hegel confessa un jour avoir vu en Napo- Etrangères, a lancé une mise en garde sur le de l’air, en faveur de son modèle de voi- léon l’Histoire à cheval ; moi, j’ai croisé la risque de dérèglement irréversible du climat ture électrique Zoé : « pour lutter contre dictature à vélo ». lors des rencontres économiques d’Aix-en- la pollution, roulez en voiture ». Le dossier Ces propos creux et prétentieux d’un Provence : « au-dela de 2 degrés de réchauf- de la FNAUT avait été préparé par Adrien ignorant (il confond l’appauvrissement de fement, ce sera le chaos climatique et per- Duhem, juriste stagiaire à la FNAUT. Le la couche d’ozone et le réchauffement cli- sonne - aucun particulier, aucune entreprise, JDP a estimé que cette publicité incitait le matique) sont du même niveau intellectuel aucune nation, aucune commune - ne sera consommateur à utiliser une voiture élec- que ceux, aussi ridicules, tenus dans Le épargné ». Il a appelé « le gouvernement trique plutôt qu’une voiture thermique Monde, en 2007, par le cinéaste Claude français à stopper les subventions aux éner- pour réduire la pollution, alors que le trans- Lanzmann, irrité par les mesures prises à gies fossiles » car « assez rapidement, le re- port collectif et le vélo sont moins nocifs Paris pour maîtriser le trafic automobile cours aux énergies fossiles détruira davantage pour l’environnement. (FNAUT Infos 155). de richesses qu’il n’en crée ».

fnaut-infos n°227 - septembre 2014 x 7 Activités Grenoble : histoire d’une rocade archaïque de la FNAUT

L’histoire affligeante de la Rocade auto- que, le 21 février 2000, la commission l Jean Sivardière et Jean Lenoir ont rencon- Régionsroutière Nord de Grenoble mérite d’être d'enquête sur le projet de PDU rend un tré Amaury Lombard, conseiller Infrastruc- mieux connue de tous les opposants à des avis favorable sous réserve que la Rocade tures et Transports de l’ARF (Association des projets analogues. Elle met en évidence Nord soit retirée ! Régions de France). l’aveuglement d’élus locaux qui, pendant Mais le Préfet passe outre et la Métro l Jean Lenoir et Marc Debrincat ont ren- vingt ans, ont cherché, au mépris de tout vote le PDU tel quel. Les études pour contré Albert Alday, directeur de l’opérateur bon sens et de la volonté majoritaire de la la rocade Nord s'affinent et, en 2005, ferroviaire Thello exploitant de trains de nuit population, à imposer un projet absurde dont l'Avant Projet Sommaire réévalue le France-Italie et bientôt d’un train de jour les effets pervers avaient pourtant été clai- coût à 780 millions d’euros. La Ville de Marseille-Milan. rement explicités (voir aussi FNAUT Infos Grenoble, la Métro, le Conseil général l François Jeannin, Jacques Ottaviani, Marc 158, 162, 170, 187). de l'Isère et la Région Rhône-Alpes dé- Debrincat et Jean Lenoir ont rencontré Jean Nous résumons ici les combats menés cident alors de renoncer au projet et an- Ghédira, directeur des trains SNCF-Intercités. par l'ADTC-Grenoble et les nombreux noncent le tram B sur le polygone scien- l Marc Debrincat a rencontré Frédéric Cyr, rebondissements qui ont précédé l’aban- tifique pour 2009, le tram E au Fontanil directeur de Rhône Express (tramway Lyon- don de ce projet ancien de tunnel sous la pour 2011, le tram A au Pont de Claix et aéroport de Saint-Exupéry). Bastille, dont des premières études da- à Sassenage pour 2013. l Jean Sivardière et Jean Lenoir ont rencon- taient des années... 1960. Mais sous la pression de la Chambre de tré Frédéric Cuvillier, ministre des Transports, Lors de l’élaboration du Plan de Dépla- Commerce et d'Industrie, le Conseil gé- et ses conseillers Radia Ouarti et Julien Ma- cements Urbains 2000-2006, deux projets néral, présidé par André Vallini, reprend le tabon. L’entretien a porté sur l’écotaxe, les sont présentés par deux bureaux d'études dossier en main fin 2005 et décide d'étu- CPER, les trains Intercités et la réforme ferro- différents. Alors que Sogelerg présente un dier un projet moins coûteux, avec péage. viaire. scénario sans rocade mal conçu, Transi- Une fois de plus, l'ADTC, avec d'autres l Jean Sivardière et Jean Lenoir ont rencon- tec présente habilement un scénario avec associations qui formeront le Collec- tré Stéphane Lecler, conseiller technique rocade sans péage, qui séduit immédia- tif pour des Alternatives Innovantes à la chargé des transports au cabinet du Premier tement les élus : le principe consiste à Rocade Nord (CAIRN), se penche sur les ministre. guider, par un plan de circulation contrai- dossiers (dont les résumés présentés au l Jean Lenoir et Jean-Paul Jacquot ont ren- gnant, les voitures vers les autoroutes et la public et aux élus sont très orientés), et contré Olivier Onidi, directeur Mobilité Inno- future rocade pour désengorger le centre- démonte l'argumentaire du Conseil géné- vante et Durable à la DG Move (Commission ville, ce qui permettra ensuite de dévelop- ral en examinant finement les estimations Européenne). per des transports collectifs efficaces. de trafic et en comparant les scénarios. l Anne-Marie Ghémard a participé à une Le CAIRN organise de nombreux évé- réunion de la Fédération Européenne des nements (manifestations à vélo, construc- Voyageurs à Cologne. tion d'un faux tunnel place Grenette) pour l Jean Lenoir a été auditionné par les dépu- rendre publique l'opposition au projet. En tés du groupe RRDP (radical, républicain, 2009, des recours, dont un déposé par démocrate, progressiste) sur le projet de l'ADTC, permettent d'obtenir l'annu- réforme ferroviaire. lation du PDU 2006-2012 en raison des l Xavier Braud a proposé aux sénateurs EELV retards pris par les projets de tramway, re- de soutenir des amendements à la loi sur la tards liés au projet de Rocade Nord. Mais réforme ferroviaire concernant les procé- la Métro et le Conseil général persistent à dures à suivre avant tout déclassement de pousser coûte que coûte la Rocade Nord, ligne : consultation des chambres consu- et en 2009, un projet évalué à 666 millions laires et des associations d’usagers, enquête d’euros est soumis à enquête publique. publique, avis conforme de la Région, évalua- Cette fois-ci, les arguments des oppo- tion du potentiel de trafic voyageurs et fret. sants sont entendus. La commission d'enquête constate les nombreuses inco- La tarification Projet de Viaduc hérences du dossier : le calcul de rentabi- des transports publics lité du projet surévalue les gains de temps L'ADTC met en garde les élus et le pu- d'un facteur 4, les modélisations de tra- Les articles publiés dans FNAUT Infos de- blic contre le risque de commencer par la fic censées montrer que la Rocade Nord puis 2007 sur la tarification des transports Rocade Nord et de ne plus avoir l'argent soulage les autres voiries sont faites avec publics (urbains, TER, TGV) ont été rassem- ou la volonté politique de développer les l'hypothèse d'un péage à 1 euro alors que blés en un recueil de 30 pages disponible au- transports collectifs. Fort heureusement, le montage financier prévoit un péage à près du siège de la FNAUT. Prix 5 euros port une enquête BVA menée auprès de 5000 2 ou 3 euros, l'élargissement de l'A480 compris, paiement en timbres si possible. habitants de Grenoble Alpes Métropole Nord sans lequel la Rocade Nord ne ser- (La Métro) montre que seuls 25 % des virait à rien n'est pas inclus dans le projet, fnaut infos- Bulletin mensuel d’information habitants demandent que l'on commence la Rocade Nord accroîtrait la congestion Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°227 par la Rocade Nord. de voiries déjà saturées (A41, A48)... ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. Finalement, le projet de PDU soumis à C'est ainsi que, fait rare, la commission Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers enquête publique en 1999 prévoit de dé- d'enquête rend un avis défavorable en Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d velopper les transports collectifs avant de mars 2010. Prix au numéro : 2 d réaliser la Rocade Nord, ouvrage passant La Rocade Nord disparaît donc du Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT sous l'Isère (deux fois) et sous le rocher de PDU et du Schéma de Cohérence Ter- de votre région, contacter notre permanence : la Bastille et évalué alors à 300 millions ritoriale. Que d'énergie dépensée, et 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris d’euros (soit le tiers du coût du PDU). Sa d’argent public gaspillé en études lourdes, tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] justification et sa faisabilité comportent pour arriver enfin à ce résultat ! Internet : http://www.fnaut.fr de nombreuses zones d'ombre, au point Christophe Leuridan, ADTC-Grenoble z CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°227 - septembre 2014 n°228 infos octobre 2014 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Trains Intercités : la FNAUT tire le signal d’alarme

Economies ou aménagement du territoire ? Pour enrayer le déficit d’exploitation des Intercités, la solution de facilité, que souhaite la SNCF depuis 2005 et qui séduit Bercy et la Cour des Comptes, est évidemment de confier aux Régions les services les plus défi- citaires avant le renouvellement, début 2015, de la convention Etat-SNCF. Seules 5 lignes seraient maintenues dans la convention : Paris - Le Havre, Paris-Cherbourg et les 3 lignes ex-Teoz (Paris-Toulouse, Paris-Clermont et Bordeaux-Marseille). Etat et SNCF garderaient les lignes ren- Intercités en gare de Savines (photo : Marc Debrincat) tables, les Régions seraient chargées de l’amé- nagement du territoire : le monde à l’envers ! Mais les Régions refusent ce transfert de Les services TER et TGV ne répondent ni à tous les besoins des voyageurs charges, elles n’ont d’ailleurs ni la vocation ni ni à toutes les exigences de l’aménagement du territoire : les services Inter- la compétence de gérer les Intercités. cités sont une composante indispensable de l’offre ferroviaire. Or, depuis Autre « solution » : une hausse des tarifs. Se- la signature de la convention Etat-SNCF, le 13 décembre 2010, par laquelle lon la Commission des Comptes Transport de l’Etat se déclarait autorité organisatrice de l’exploitation des trains d’équi- la Nation (CCTN), elle entraînerait une baisse libre du territoire (TET) et s’engageait à pérenniser la circulation de ces de trafic de 15 % : 8 % de report sur la voiture, trains sous la marque Intercités, l’offre s’est contractée d’environ 10 %, à 7 % de trafic “désinduit” et le bilan socio-éco- l’inverse de l’évolution espérée. Dans une lettre ouverte adressée au Pre- nomique serait nul. mier ministre Manuel Valls (voir page 2), la FNAUT a donc réclamé, le 21 mai Reste le transfert sur route, réclamé par les dernier, des mesures réalistes et concrètes de sauvegarde et de développe- autocaristes. Le taux de remplissage moyen ment des services Intercités. des Intercités n’est que de 37 %. Mais ils sont bondés en périodes de pointe et alors diffici- La FNAUT et les Intercités Toutes ces réflexions ont été alimen- lement remplaçables par des cars. tées par nos associations, en particulier la Dans un bilan des politiques publiques re- La FNAUT se préoccupe de longue FNAUT Franche-Comté (pour la ligne latives aux trains TET et aux liaisons aériennes date des relations ferroviaires hors TGV et Lyon-Strasbourg), l’association pour la d’aménagement du territoire (janvier 2014), TER. En novembre 1999, elle a organisé, modernisation de la ligne Paris-Bâle, pré- la CCTN estime qu’en cas de remplacement à Lyon, un colloque sur « l’avenir incertain sidée par Bernard Tournier, et l’association du train par le car, 36 % des voyageurs se re- des lignes interrégionales » afin d’attirer pour la promotion de la ligne Nantes-Bor- portent sur la voiture, 25 % sur le TER, 11 % sur l’attention sur la dégradation des relations deaux, présidée par Jacques Ottaviani. le TGV, 5 % sur l’avion, et 23 % ne se déplacent Intercités et leur rôle souhaitable dans En mai 2010, la baisse des recettes du plus : on est loin des objectifs officiels de l’aménagement du territoire (voir aussi TGV fragilisant le financement des In- sécurité routière, d’égalité des territoires, de FNAUT Infos 101, 105, 108, 123, 138, tercités de jour et de nuit par péréqua- valorisation du réseau ferré classique (qui ne 153, 161, 166). tion, la FNAUT a réclamé un contrat de peut se limiter aux transports de la vie quoti- Plus récemment, à partir d’une étude de service public Etat-SNCF permettant de dienne) et de « transition énergétique ». Benoît Lejay sur les relations Lyon-Metz et sauvegarder ces services. Elle a soumis à La FNAUT attend donc un réel enga- Lyon-Strasbourg, Jean Lenoir a pu définir l’Etat un ensemble de propositions visant gement de l’Etat garantissant un niveau une offre minimale Intercités (FNAUT In- un renforcement des Intercités : dessertes de service Intercités au moins égal à celui fos 169). Puis un groupe de travail piloté à prendre en compte, cahier des charges contractualisé en 2010. La recherche d’un par Dominique Romann a proposé un ré- à respecter par la SNCF, contrôle de la équilibre financier ne doit pas se traduire seau ferré national permettant d’assurer des qualité, concertation avec les voyageurs, par une nouvelle réduction de l’offre, mais relations directes entre grandes aggloméra- renouvellement du matériel roulant, fi- par une maîtrise des coûts, une amélioration tions, de relier entre elles la quasi-totalité nancement intermodal (FNAUT Infos de la qualité et une croissance du trafic : on des villes de plus de 100 000 habitants, de 184 et 224). Enfin, en 2013, la FNAUT a l’oublie trop souvent, le rail est un mode de desservir au passage la grande majorité des remis à la DGITM une étude approfondie transport à rendement croissant. villes moyennes et de faciliter les relations sur les Intercités, pilotée par Jean Lenoir Jean Sivardière z transversales (FNAUT Infos 180). (FNAUT Infos 224).

fnaut-infos n°228 - octobre 2014 x 1 La lettre de la FNAUT au Premier ministre : Dix ans de suppressions un bilan décevant de la convention TET Des suppressions massives de services Intercités sont apparues à partir de la fin DossierLa signature de la convention Etat- Simultanément la SNCF se fixe un nou- 2004. La FNAUT en a établi une liste non SNCF relative aux trains TET devait vel objectif de contraction, celui des des- exhaustive (les Intercités remplacés par constituer un progrès important selon sertes TGV sur les lignes classiques, ba- des TGV Rhin-Rhône ou supprimés tem- trois logiques d’aménagement du terri- fouant, pour limiter la dérive de ses coûts porairement pour travaux ne sont pas toire : desservir les moyennes et grandes d’exploitation, le modèle économique comptés). agglomérations qui ne le sont pas par le initial de dessertes et d’aménagement du TGV, garantir les liaisons province-pro- territoire du TGV. Service annuel 2005 vince, répondre aux besoins de la des- Enfin, les usagers sont particulièrement serte du grand bassin parisien. négligés par l’Etat et la SNCF dans la gou- Lille-Metz-Strasbourg : suppression de La convention a intégré les trains Teoz et vernance des TET alors qu’ils financent tous les trains Grandes Lignes Lille-Metz, Lunea dans son périmètre. Un mécanisme les trois-quarts des coûts d’exploitation Lille-Strasbourg et Lille-Bâle. Certains ont de péréquation entre le rail et la route a été des trains TET. été remplacés partiellement par des TER mis en place : une petite fraction de la taxe Les alertes successives de la FNAUT régionaux, mais sans correspondances et d’aménagement du territoire (TAT) payée (sur l’évolution du périmètre et du vo- avec des temps de parcours allongés. par les sociétés concessionnaires d’auto- lume de la convention, et sur la politique Le Flandres-Riviera (Lille-Nice), qui routes contribue au financement du défi- de commercialisation qui doit exclure la avait été fortement dérégularisé dès cit d’exploitation des TET. Enfin, dans un réservation obligatoire et généraliser la 2001, est limité au plein été (il sera sup- contexte de renforcement des politiques réservation facultative) n’ont fait l’objet ni primé ultérieurement). industrielles ferroviaires, la convention de résultats significatifs ou d’engagements Le Flandres-Roussillon (Lille/Calais- devait permettre de garantir le renouvelle- de la part de la SNCF, ni d’engagements Port Bou) est supprimé. ment d’un matériel roulant hors d’âge. de la part de l’Etat. Suppression de trains de neige. Suppression des derniers Corail Paris- Une régression évidente Remettre les TET sur les rails : Bretagne et Paris-Bordeaux. les propositions de la FNAUT Nantes-Bordeaux : suppression des 2 La FNAUT estime à environ 10 %, de- trains du matin (l’un donnait une bonne puis la fin 2010, la réduction de l’offre de La FNAUT estime tout d’abord que la correspondance à Bordeaux vers Mar- trains TET (voir encadré). Pour autant, le remise à niveau des trains Intercités est seille) et de l’AR Nantes-La Rochelle déficit d’exploitation a augmenté de 47 %, un objectif réaliste. La FNAUT a fait (remplacé dans un sens par un TER). à responsabilité égale de la SNCF et de en ce sens de nombreuses propositions, Nantes-Lyon : 4 AR de pointe (VSD) RFF, dont les coûts d’exploitation et de visant à améliorer le service sans inves- Nantes-Lyon sont supprimés. Certains péages ont dérapé. tissements importants (voir son Schéma desservaient Grenoble et Le Croisic. Malgré une hausse des besoins de finan- directeur Intercités, FNAUT Infos 153, Bordeaux-Lyon : suppression du ma- cement, l’Etat a réduit de moitié (-16 mil- 180, 184). La productivité des TET doit tériel RTG, maintien d’un seul AR Co- lions d’euros) en 2014 la contribution des passer d’une logique négative de régres- rail par Montluçon (au lieu de 2) avec sociétés autoroutières. Ainsi, avant même sion qui s’attaque aux conséquences par un temps de parcours dégradé d’une les débats sur l’écotaxe, l’Etat a discrète- la suppression des services déficitaires, heure. Le Ventadour est limité à Cler- ment mis en péril un mécanisme de péré- à une logique positive de réduction des mont et remplacé par un TER sur le par- quation intermodal. coûts d’exploitation par une productivité cours Clermont-Lyon. Enfin, les usagers s’inquiètent de l’inexis- de croissance. Celle-ci passe nécessaire- Bordeaux-Marseille-Nice : refonte tence d’une feuille de route visant au renou- ment par l’expérimentation au plus tôt de complète avec augmentation du vellement de la totalité du matériel roulant. l’ouverture à la concurrence sous la forme nombre des « Grand-Sud » et quelques Un point positif cependant : l’Etat a initié de délégations de service public. accélérations mais perte de nombreux le renouvellement du parc des TET par la La FNAUT estime par ailleurs que le arrêts dans des villes moyennes (Lunel, commande de 34 rames automotrices. rôle de l’Etat stratège doit être renforcé. Agde, Lézignan, Castelnaudary, Montau- La nouvelle convention TET doit fixer ban, Marmande). Le rôle de l’Etat, autorité la consistance des services attendus sur organisatrice et stratège le moyen et le long terme par la défini- Service annuel 2006 tion d’un schéma national des dessertes La situation actuelle est à l’opposé des ferroviaires. Les conditions de finance- Trains de nuit : suppression des voi- objectifs fixés par l’Etat lors de la signature ment du déficit d’exploitation doivent tures-lits sur le Côte Vermeille, dérégu- de la convention : contraction des dessertes également renforcer les mécanismes de larisation du «Rhône Océan» et passage qui ne génère que des économies « comp- péréquation intermodale pour lesquels la par la banlieue parisienne (!) avec aban- tables » puisqu’on constate une augmen- FNAUT a avancé de nombreuses propo- don de la tranche Bordeaux-Lyon. Sup- tation du déficit d’exploitation ; remise en sitions (taxe carbone,…). pression des trains de nuit Pau/Tarbes question du mécanisme de financement Enfin, les usagers ne peuvent plus - Nice par report de l’Hendaye-Nice sur intermodal ; absence de perspectives sur le être des chambres d’enregistrement des l’Autan via Bordeaux. renouvellement complet du matériel rou- dérives des coûts ferroviaires et assis- Suppression du Paris-Aurillac par Cler- lant. L’Etat n’a pas assumé son rôle d’auto- ter sans réagir à la destruction progres- mont. Le Paris-Le Mont-Dore est limité à rité organisatrice des TET. sive des services TET, particulièrement la période d’été. La situation actuelle va aussi à l’en- sur les lignes transversales et les trains Quimper-Nantes-Bordeaux : suppres- contre des objectifs voulus par l’Etat stra- de nuit. Il convient de définir les mis- sion d’un AR Nantes-Quimper et d’un AR tège, responsable de l’aménagement du sions respectives des TET en consul- Bordeaux-La Rochelle. territoire, visant à la valorisation du réseau tant les différentes parties prenantes qui Nantes-Lyon : nouvel allègement des classique, des transports du quotidien financent le système ferroviaire actuel, dessertes, restent 1 AR Lyon-Tours (sauf mais aussi des « axes structurants d’amé- alors que les usagers sont aujourd’hui DF) et 1 AR Lyon-Tours (prolongé ou ini- nagement du territoire ». exclus de toute consultation. tié à Nantes en fin de semaine).

2 x fnaut-infos n°228 - octobre 2014 Le 10 décembre 2006, le train de nfrastructures la fin des lignes jour Paris-Rodez est limité à Brive, un I : AR Strasbourg-Lyon est supprimé du interrégionales ? lundi au jeudi et les voitures-lits dis- paraissent de tous les trains de nuit. Le réseau ferré français comprend envi- C’est aussi le cas de lignes TER bi- Le 9 décembre 2007, les trains ron 20 000 km de lignes ouvertes au trafic régionales telles que Clermont-Saint Cévenol et Aubrac sont limités à Cler- voyageurs : dans dix ans, si la politique de Etienne-(Lyon) par Thiers (25 km de mont-Ferrand, le Paris-Limoges passe l’Etat et des Régions n’est pas réorientée, moins qu’en passant par Roanne, et un de 14 à 12 AR, le Paris-Brive de 9 à 8, 5 000 km auront disparu pour deux rai- même temps possible de parcours pour le Paris-Montauban de 3 à 2. Les trains sons intimement liées. un train direct avec peu d’arrêts) : la d’été Paris-Limoges-Cerbère de jour, 1. Les horaires des rares trains TER ou rénovation de la section Thiers–Noi- Paris-Royan/Hendaye de nuit et les Intercités qui parcourent les lignes mena- rétable (22 km sur 145) est devenue trains d’hiver Reims, Metz, Strasbourg cées, les correspondances mal assurées, nécessaire, mais la Région Auvergne et Toulouse - Saint Jean de Maurienne les suppressions et les retards de trains s’en désintéresse bien qu’elle relie deux sont supprimés. découragent la clientèle. agglomérations de plus de 200 000 Le 14 décembre 2008, les trains de 2. Faute d’entretien, l’infrastructure se habitants (FNAUT Infos 224). La fer- neige Brest/Quimper-Briançon/Saint dégrade, les trains sont ralentis afin de meture de la ligne Clermont-Béziers, Gervais, Quimper-Nantes-La Tour de maintenir la sécurité et la durée allongée très dégradée et peu fréquentée (un seul Carol/Tarbes, Lille-Bourg Saint Mau- des trajets accentue la fuite de la clientèle. aller-retour par jour subsiste…), ren- rice et Lille-Briançon sont supprimés. A partir d’un certain seuil de dégradation, forcerait elle aussi l’enclavement ferro- Le 13 décembre 2009, le Nantes- des travaux de régénération de l’infras- viaire du Massif Central. Nice est supprimé l’été en semaine, tructure sont nécessaires. Mais la SNCF, La situation est comparable en Rhône- les liaisons Bordeaux-Lyon par Li- RFF, l’Etat et les Régions les estiment Alpes, où 5 lignes interrégionales sont moges et Montluçon sont réduites trop coûteux compte tenu du déclin de la aujourd’hui menacées : (Bourg)-Nu- pour cause de travaux, le Paris-Amiens clientèle. Les services sont alors transférés rieux-Oyonnax-Saint-Claude, Lyon perd 6 AR en heures creuses, le Paris- sur route de manière définitive. - Paray-le-Monial - Moulins, (Lyon Royan d’été est limité aux week-ends. - Saint-Etienne) - Montbrison-Noiré- Le 12 décembre 2010, les trains de Aujourd’hui, les lignes menacées ne table-Thiers - Clermont-Ferrand, Va- nuit Nantes-Lyon, Nantes-Bordeaux- sont plus seulement, comme dans le pas- lence-Veynes et Grenoble-Veynes-(Gap). Nice et Paris-Modane/Evian sont sup- sé, des lignes régionales desservant des primés, et le train de nuit Paris-Vinti- zones faiblement peuplées (FNAUT In- Les voyageurs ont besoin de rela- mille est limité à Nice. fos 224) : ce sont des lignes interrégio- tions ferroviaires interrégionales, et nales qui vont disparaître, comme déjà, pas seulement de TER et de TGV. Il A la signature de la convention TET le fin 2013, la ligne Verdun – Châlons-en- est temps que l’Etat et les Régions ne lendemain 13 décembre 2010, on comp- Champagne (la liaison était assurée par se contentent pas de renforcer le mail- tait encore 310 trains de jour, 30 trains un TER interrégional). lage routier et autoroutier sans souci de de nuit, et 100 000 voyageurs par jour. La limitation à Ussel des liaisons Li- rentabilité sociale et économique (voir moges-Clermont et Bordeaux-Brive- le cas de l’autoroute A65 Pau-Langon), Le 11 décembre 2011 (introduc- Clermont est intervenue en juillet 2014 tout en parlant de transition énergé- tion du cadencement), le Paris-Mau- car la section centrale Laqueuille-Eygu- tique, et maintiennent ou remettent en beuge passe de 7 à 5 AR et le Paris- rande (22 km seulement) n’a pas été ré- état un réseau ferré maillé répondant à Limoges-Toulouse de 12 à 11 AR, générée, bien que les travaux nécessaires l’attente des voyageurs. 4 Paris-Mulhouse sont limités à Bel- soient peu coûteux et que d’autres sections La France a appliqué avec ardeur des fort suite à la mise en service du TGV de la voie aient été rénovées récemment. schémas de développement autoroutier. Rhin-Rhône, le Paris-Irun/Tarbes de Les lignes interrégionales sont parti- Pour un coût beaucoup plus faible, elle nuit est supprimé en semaine hors culièrement mal exploitées. Il manque doit d’urgence lancer un schéma ferro- vacances scolaires, l’AR hebdoma- des relations entre villes de régions voi- viaire intervilles. Cela contribuerait à daire Hendaye-Genève est supprimé, sines, qui seraient a priori rentables ; le préserver l’avenir, à maintenir l’attracti- le Bordeaux-Nice de nuit est limité serveur SNCF privilégie les grands iti- vité des territoires et à favoriser le trans- aux week-ends, et la navette Orléans- néraires et l’usage du TGV ; l’affichage fert modal, la sobriété énergétique et une Les Aubrais est supprimée. d’un plan de l’ensemble du réseau ferré a mobilité de qualité. Le 9 décembre 2012, un AR Paris- disparu des gares,... Une bonne part du réseau ferré clas- Limoges est supprimé pour cause de A l’évidence, la SNCF cherche à se sique (FNAUT Infos 180) est de la travaux, et le Bordeaux-Lyon est limi- débarrasser des trains Intercités. Elle fait responsabilité prioritaire de l’Etat et té à Limoges pour cause de travaux avaliser certaines suppressions par l’Etat, ne peut être laissée au bon vouloir des entre Montluçon et Gannat. comme si l’autocar pouvait remplacer le Régions. Il est donc impératif que l’Etat Le 8 décembre 2013, un des deux AR train sur les distances concernées, et elle définisse un réseau ferré minimum in- Bordeaux-Nice est limité à Marseille. veut faire prendre en charge les liaisons terrégional s’appuyant essentiellement L’Intercités de nuit Bordeaux-Nice est qui subsistent par les Régions, comme sur le réseau existant et comprenant les supprimé, ainsi que le Paris-Dieppe elle avait essayé de le faire, sans succès, liaisons frontalières, et qu’il fasse le né- direct de week-end et le Paris-Royan en 2005. cessaire, en partenariat avec les Régions, de plein été. Le Bordeaux-Lyon n’est Qui plus est, plusieurs grandes lignes pour que RFF maintienne ou remette en pas rétabli, mais limité à Limoges mal- interrégionales structurantes sont me- état les infrastructures. C’est la condi- gré la fin des travaux. Le Paris-Troyes nacées de fermeture en raison de la tion indispensable pour qu’une exploi- passe de 14 à 13 AR et le Paris-Belfort dégradation de l’infrastructure. C’est le tation correcte des trains Intercités et de 5 à 4. cas de la ligne Intercités Nantes-Bor- TER interrégionaux puisse se dévelop- deaux, aujourd’hui en très mauvais état per ou se mettre en place. A noter aussi la suppression des sur 100 km entre La Roche-sur-Yon et Dominique Romann, FNAUT Pays de la Loire trains de nuit France-Espagne (non La Rochelle : sa rénovation est à l’étude et Jacques Ottaviani, association pour conventionnés) par la SNCF fin 2013. mais pas encore financée… la promotion de la ligne Nantes-Bordeaux z

fnaut-infos n°228 - octobre 2014 x 3 L’avenir très incertain Veut-on faire disparaître les Intercités ? de la ligne Grenoble-Gap

1 - La contraction du réseau ferré. 4 - Une gouvernance irrationelle. Les choix de la SNCF et de RFF décou- Les performances des itinéraires dispo- La FNAUT souligne depuis longtemps le ragent les voyageurs : nibles et leur nombre se réduisent. caractère hétéroclite des dessertes à moyenne - l’information sur les possibilités of- La subvention annuelle de l’Etat à et longue distance, TER interrégionaux et In- fertes pour relier Grenoble et le val de l’Agence de Financement des Infrastruc- tercités. Une rationalisation des compétences Durance est déficiente ; tures de Transport de France (AFITF) a aujourd’hui réparties de manière confuse entre - en cas d’incident ou de travaux, les été ramenée de 700 à 350 millions d’euros. SNCF, Régions et Etat est indispensable. transferts sur route sont prolongés et L’abandon de l’écotaxe prive l’Etat d’envi- Certains TER à longue distance (Lyon-Tours, l’information sur les services de substitu- ron 500 millions d’euros par an et ralentit Nantes-Orléans, Dijon-Tours,…) doivent tion est donnée au compte-goutte ; les investissements ferroviaires alors qu’il devenir des Intercités afin de constituer un - les correspondances à Grenoble pour faudrait accélérer la rénovation du réseau réseau Intercités étoffé, maillé et lisible, com- Paris et à Veynes pour le Val de Durance classique pour éviter son vieillissement qui plémentaire du réseau TGV : l’offre Intercités sont mal organisées ; pénlise les Intercités et les trains de fret. doit couvrir tout le territoire. - faute de trains directs interrégionaux reliant Grenoble à Sisteron ou Aix-en- 2 - Le vieillissement et le manque de fia- Provence, les voyageurs doivent passer bilité du matériel roulant. par Valence et prendre un TGV ; Un renouvellement de la totalité du - la signalisation ancienne limite le matériel roulant, qui exigerait 3 milliards nombre des trains en circulation ; d’euros, n’est pas programmé. Or il per- - la fermeture de la gare de Lus-la- mettrait d’économiser 30 millions par an Croix-Haute est envisagée. La ligne étant sur la maintenance et de redresser la fia- voie unique, on créerait alors un canton bilité, qui se dégrade (89,4 % en 2011 ; de 47 km (section de voie n’acceptant 87,9 % en 2012). qu’un train à la fois) entre les gares de Le nouveau matériel doit être un maté- Clelles et Aspres-sur-Buëch, compliquant riel spécifique, adapté aux longs parcours, énormément l’exploitation de la ligne, le donc rapide (220 km/h), réversible, très Photo : Marc Debrincat moindre retard d’un train se répercutant confortable, comportant une voiture-bar, sur les autres. un large espace vélos pour cyclotouristes, 5 - Un financement défaillant. RFF a par ailleurs annoncé lors du et non un matériel TER « amélioré ». Les Le déficit d’exploitation est passé de 210 comité de ligne TER du 28 novembre locomotives thermiques sont à bout de millions en 2011 à 312 en 2013, soit environ 2013 qu’il ne financerait plus l’entretien souffle, souvent en panne, mais les voitures 200 pour les 23 relations de jour et 100 pour du tronçon central Clelles - Aspres-sur- Corail, très confortables, peuvent être ré- les 10 relations de nuit. La petite part de la taxe Buëch de la ligne Grenoble-Veynes-Gap novées, les abandonner serait un gaspillage. d’aménagement du territoire (TAT) payée par et que, sans travaux d’entretien (20 mil- les sociétés d’autoroutes et affectée au finance- lions d’euros sont nécessaires), ce tron- 3 - Une exploitation par la SNCF inadap- ment du déficit, a été réduite de 35 à 16 mil- çon serait fermé en 2023 au plus tard, ce tée aux besoins des voyageurs. lions d’euros par l’Etat en 2014. Le finance- qui couperait les relations ferroviaires Les horaires et les correspondances ment mis en place en 2010, laissé en pratique entre Grenoble et les Alpes du Sud. Déjà doivent être revus. La fréquence minimale à la charge de la SNCF, est fragilisé, il n’est de nombreux ralentissements des trains souhaitable dépend de la longueur du par- pas assuré en 2015 car la baisse des recettes du à 50 km/h y sont imposés. cours : 6 AR entre 300 et 600/700 km, 2 TGV rend difficile le financement des Interci- La section Grenoble-Clelles ne semble AR diurnes et un nocturne au-delà. On en tés par péréquation. pas menacée, RFF ayant effectué les tra- est loin : 3 AR quotidiens seulement sur vaux nécessaires pour y supprimer les Nantes-Bordeaux, et les arrivées sont trop 6 - L’assèchement de la clientèle. ralentissements et garantissant sa pé- tardives le matin. La SNCF privilégie l’usage du TGV sur de rennité. Mais la région Rhône-Alpes hé- Certains services de nuit conservent un nombreux itinéraires. L’Etat et les collectivités site à cofinancer, dans le cas du prochain intérêt malgré l’extension des LGV. territoriales fragilisent l’offre Intercités en ren- Contrat de Plan Etat-Région, la rénova- L’amélioration et la garantie des corres- forçant le réseau routier et autoroutier (la ligne tion du tronçon central : si elle refuse, la pondances, le rétablissement de relations des Causses est concurencée par l’A75 gratuite, ligne sera fermée. interrégionales directes (par exemple en la ligne Nantes-Bordeaux le serait par l’A831), Faut-il donc sacrifier au « tout voi- mettant bout à bout des TER rapides), et en subventionnant l’avion low-cost. L’amé- ture » un pan entier de notre région l’amélioration des fréquences par aug- nagement du réseau routier, sorti du périmètre alors que la ligne Grenoble-Veynes- mentation de la productivité sont des des contrats de plan 2007-2012, a été réintro- Gap peut offrir un service public né- mesures qui ne coûtent rien avec du per- duit dans les contrats 2014-2020. cessaire à l’aménagement du territoire sonnel polyvalent mais apportent beau- et être un moteur du développement coup aux clients. 7 - Le développement d’une offre autocar touristique, comme savent le faire si La tarification doit être modérée pour interrégionale concurrente. bien nos voisins Suisses ? attirer le voyageur modeste tenté par le co- L’Etat a autorisé des liaisons à longue dis- François Lemaire, ADTC-Grenoble z voiturage, l’autocar ou l’avion low-cost. La tance par car (Eurolines, iDBus), en cabo- carte Enfant-famille, valable sur les trains tage sur des relations internationales, malgré Le ministre des Transports, Frédéric à réservation obligatoire, aurait dû être va- l’opposition de certaines Régions. La Basse- Cuvillier, a annoncé l’abandon du projet lable sur tous les Intercités. Les formules à Normandie s’est ainsi opposée à l’ouverture de d’autoroute A51 Grenoble-Sisteron au pro- bas prix doivent être développées. la liaison Rennes-Rouen-Paris, mais l’Etat a fit d’une modernisation de la RN 85 (une Un voyage doit pouvoir s’improviser passé outre, et envisage une libéralisation totale décision déjà prise par son lointain prédé- pour que l’Intercités puisse attirer l’auto- du transport par car. cesseur Jean-Claude Gayssot sous le gou- mobiliste. La FNAUT s’oppose à la réser- La Région PACA elle-même met en vernement Jospin). C’est donc qu’il y a du vation obligatoire : la réservation faculta- concurrence le train TER et le car (ligne trafic sur l’axe Grenoble-Gap et de l’argent tive doit être généralisée. LER 31) sur l’axe Grenoble-Marseille. disponible... pour la route.

4 x fnaut-infos n°228 - octobre 2014 Pour la SNCF, les cyclistes sont chronophages La chronique du vélo

La SNCF a démantelé la concertation Les prix de la FUB Concours suisse avec les cyclistes telle qu’elle avait été Vélo mise en place par un de ses présidents, Lors de son assemblée générale le 24 Chaque année, au mois de juin, le concours Jacques Fournier, lui-même cyclotou- mai à Toulouse, la Fédération française des « Bike to work » (« au boulot à vélo ») mobi- riste, il y a une vingtaine d’années. Elle Usagers de la Bicyclette (FUB) a décerné lise 50 000 employés de plus de 11 000 entre- reposait sur environ trois réunions son Guidon d’or à la Communauté urbaine prises et organisations dans toute la Suisse. Ce annuelles et quelques rares visites de Bordeaux (CUB) pour son action sur concours est décliné localement toute l’année chez les constructeurs ferroviaires. les « Cédez le passage cycliste au feu ». En au CERN de Genève : le vainqueur 2013 de Après un simulacre d’enquête maison parallèle avec la ville de Strasbourg, la CUB « Bike to CERN» a effectué 7182 km. pour recueillir les avis des fédérations a été la première à expérimenter en 2009, défendant les cyclistes (FUB, FNAUT, et pour deux ans, ce dispositif. Elle a ainsi Réforme ferroviaire et vélo AF3V, FFCT) alors que la décision avait permis de montrer la non dangerosité du été prise, leurs représentants se sont dispositif, intégré depuis dans la réglemen- Les députés ont adopté un amendement, entendus dire que cette concertation tation nationale. défendu par le Club des parlementaires pour était chronophage. On fait plus délicat La FUB a décerné son Clou rouillé le vélo et soutenu par le gouvernement, qui re- vis-à-vis de militants qui donnent leur 2014 à la SNCF (Gare et Connexions) : prend une proposition du groupe « intermoda- temps bénévolement et dont certains sa politique d’investissement a conduit lité » présidé par Denis Baupin, député EELV venaient de loin à leurs frais. au refus d’une consigne à vélos sécurisée de Paris. L’amendement prévoit l’élaboration Comme il n’est pas possible de com- dans la gare de Valence Ville malgré les par SNCF Mobilités d’un plan de déploie- plètement supprimer cette concer- demandes récurrentes des cyclistes depuis ment et de financement d’équipements de tation, elle a été remplacée par une 1996 et alors que des espaces libres restent stationnement sécurisé des vélos à l’intérieur concertation thématique, avec des inoccupés dans la gare. et aux abords des gares prioritaires, en concer- sujets choisis par la seule SNCF. Celui tation avec les collectivités locales concernées. de cette année est intéressant, il s’agit Sécurité des cyclistes de l’embarquement des vélos dans les Vélo et santé trains. Un sujet rabattu où il est bien Chaque année, au cours de l’automne, difficile d’innover. Les points à étudier la Fédération des Usagers de la Bicyclette Un habitant de Boston sur quatre est obèse. sont connus : information des voya- (FUB) mène une campagne dénommée Les médecins peuvent prescrire aux habitants geurs sur l’offre, accès dans les gares et « Cyclistes, brillez » pour sensibiliser les n’ayant que de faibles revenus un médicament les trains, repérage des véhicules spé- cyclistes à l’importance d’équiper leur vélo original : un abonnement annuel aux vélos en cifiques sur le quai, nombre de vélos en dispositifs lumineux et réfléchissants. libre service de la ville au prix de 5 dollars. autorisés, gestion des groupes, typolo- Selon l’Organisation Mondiale de la San- gie des cyclistes et des trains, offre gra- Tramway et vélo : té, si tous les habitants d’Europe, de Russie tuite ou tarifée, position des vélos hori- une coexistence difficile et d’Asie centrale effectuaient 26 % de leurs zontale ou verticale (crochets), à quoi déplacements en ville à vélo comme le font s’ajoutent les sujets fantasmatiques Le premier tronçon de la 5ème ligne du les habitants de Copenhague, 74 600 emplois comme le vol des vélos ou les risques tramway grenoblois a été mis en service cet pourraient être créés autour des activités liées pour les autres voyageurs. été. A terme, en juin 2015, la ligne fera 11,5 au vélo et 9 200 vies seraient sauvées chaque La disparition des réunions « ordi- km (et le réseau environ 50 km) et devrait année (source : MDB). naires » fait perdre la prise sur l’actua- accueillir 45.000 voyageurs chaque jour. lité des demandes et des changements Elle coûtera au total 300 millions d’euros. Bien dit qui interviennent. De nombreux sujets L’Association pour le Développement récurrents ou jamais résolus ne seront des Transports en Commun (ADTC) a Thierry Delvaux, président de l‘associa- plus discutés. Ne plus « perdre du cependant regretté « une occasion man- tion Mieux se Déplacer à Bicyclette : « nous temps » avec les cyclistes ne fera pas quée » : « malgré un réaménagement de refusons majoritairement de payer le prix du disparaître les problèmes qui se posent façade à façade, le SMTC et la ville de stationnement hors voirie ; les voitures restent au quotidien dans les gares et les trains, Grenoble n’ont pas accepté d’implanter pour la plupart garées dans la rue, obérant les tant pour les voyageurs que pour les de vraies voies cyclables continues sur les possibilités de faire de l’espace public un lieu agents de l’entreprise. chaussées des cours Jean Jaurès et de la Li- de vie ; il faut faire au vélo de la place dans nos Qui dit perte de temps dans une en- bération empruntés par le tramway ». têtes et dans nos rues ». treprise dit coût. La concertation avec les cyclistes coûtait donc trop cher à la SNCF. Et que fait-elle, dans la meilleure La concurrence entre voiture en libre service et taxi tradition des collectivités publiques qui entassent études et rapports dans Nous avons déjà précisé les différences fondamentales entre la voiture en libre service les tiroirs ? Elle commande une étude (Autolib en Ile-de-France) et l’autopartage traditionnel (Mobizen à Paris, Citiz dans les à un cabinet spécialisé. On saura peut villes de province) : seul ce dernier permet de réduire l’usage de l’automobile et amène les être un jour ce qu’aura coûté cette citadins à se démotoriser (FNAUT Infos 219 et 226). étude mais on peut être certain que Une enquête récente du cabinet 6T a montré qu’Autolib incite à une forte diminution ce sera davantage que cette concerta- des usages hebdomadaires et mensuels du taxi. « Avant l’abonnement à Autolib, l’usage tion chronophage. Quelles que soient hebdomadaire du taxi est généralement très important, il est divisé par 3 après l’adhésion : leur qualités, certains cabinets d’étude 19% des abonnés l’utilisent toutes les semaines avant leur inscription à Autolib contre 6% offrent un avantage décisif : ils savent après. Quant au nombre d’usagers qui n’utilisent jamais le taxi, il double après inscription répondre aux attentes du comman- à Autolib : il passe de 11 % avant à 20 % après. Cette forte baisse de l’usage du taxi induite ditaire dans le sens voulu par lui. Pas par un abonnement à un service d’autopartage est spécifique à Autolib. Les Autolibeurs comme ces cyclistes chronophages. sont 60 % à déclarer moins utiliser le taxi contre seulement 22 % des abonnés à Mobizen Erick Marchandise, CycloTransEurope z et 9 % des abonnés à un service d’autopartage en boucle hors Ile-de-France ».

fnaut-infos n°228 - octobre 2014 x 5 Forum Relance du fret ferroviaire L’abandon des dessertes terminales, ForumQualité de service SNCF Voyages internationaux sur des distances assez courtes, entraîne la disparition de trafics sur de longues Rentrant à Paris en TER après des va- Si vous allez à l’étranger en train... passez voire très longues distances, et donc cances dans le Jura, j’ai constaté au bureau la frontière à pied ! En effet, curieusement, la par la perte d’un très grand nombre de d’information de la gare de Dijon que les SNCF n’applique aucune réduction sociale tonnes.kilomètres. Les OFP sont donc à trois-quarts des fiches horaires étaient ou commerciale sur la partie française d’un même de (ré)générer beaucoup de tra- absentes et que le responsable trouvait cela trajet vers l’étranger. Les conditions d’utili- fic. On peut comparer les lignes capil- normal. On ne m’a pas informé des travaux sation des cartes commerciales SNCF pré- laires aux radicelles d’un arbre : en les en cours entre Laroche-Migennes et Mon- cisent bien qu’elles ne sont valables que pour coupant, on obtient un bonzaï ; la SNCF tereau : le contrôleur du train lui-même les parcours nationaux. n’est plus qu’un bonzaï ferroviaire... n’était pas au courant. Sur Marseille-Bruxelles, par exemple, Pour relancer le fret ferroviaire, pour- Gérard Dorlé, 77 Avon z aucune carte de réduction (même payante) quoi ne pas reparler aussi de l’attelage n’est valable sur les trains directs, alors que le automatique ? Il permet des économies Le train Intercités Clermont-Paris parcours français représente 1000 km ! Les de personnel et de temps, une meil- 5h28-8h57 ne circule pas le samedi : im- trains proposés avec changement à Lyon ou leure sécurité et une capacité de trac- possible donc de passer un samedi complet à Paris sont donc moins chers. Pour obtenir tion très supérieure à celle de l’attelage à Paris. Il y a quelques années, la SNCF le meilleur prix, il faut fragmenter le trajet manuel, surtout dans le cas de l’attelage proposait un aller-retour le samedi à un en Marseille-Lille + Lille-Bruxelles, mais Willisson, en usage en particulier aux tarif très intéressant. le site voyages.sncf ne le propose pas... Pour USA, en Russie... Invitée à un spectacle à 20h à Clermont, les moins de 26 ans et les seniors, beaucoup Enfin, parmi les petits investissements je n’ai pu m’y rendre en train : le dernier d’opérateurs internationaux font des réduc- nécessaires, il faut citer l’utilisation des train Clermont-Vichy part à 20h29. J’ai dû tions même sans carte, c’est le cas de Lyria. techniques de géolocalisation (GPS) prendre ma voiture. Gilles Laurent, UVN, Lille z très largement démocratisées (et utili- Si je suis invitée à déjeuner à Clermont sées dans le transport routier) pour as- un dimanche, je dois prendre le train à Vi- TER passe-frontière surer le suivi et la sécurité des trains de chy à 8h47 et arriver à 9h18. fret sur un réseau de « petites » lignes Arrêtons de dire que les Français re- Le train régional Lille-Bruxelles est deux sans signalisation. fusent de prendre les transports collectifs. fois moins coûteux que le TGV, mais aucun Patrick Marconi, CRELOC z Quant au covoiturage dont on ne cesse de distributeur automatique, SNCF ou SNCB, nous parler, ce n’est pas la solution idéale si ne permet d’acheter un billet unique : il faut Lyon-Turin : désinformation on n’a pas internet... en acheter deux et faire étape à Tournai, Evelyne Seguin, 03 Vichy z comme si on franchissait le Mur de Berlin ! Le rapport Brinkhorst, publié en Gilles Laurent, UVN, Lille z octobre 2013, préconise d’exploiter Le TGV que j’utilise habituellement la ligne historique de Maurienne et le pour me rendre dans le Jura ne circulant Du train à la voiture tunnel existant du Mont-Cenis (dont le pas le samedi, j’ai utilisé récemment un gabarit vient d’être augmenté) pour dé- TER Paris-Lyon jusqu’à Dijon. Malgré Il m’est arrivé de mettre 3 h pour aller velopper le trafic de fret franco-italien. ses 40 ans, la rame Corail dans laquelle en car de Montluçon à Vierzon car les Ceci pendant la dizaine d’années qui j’ai voyagé offre un confort bien supé- cars desservent les 3 gares du parcours. va s’écouler avant qu’on ne dispose du rieur aux rames régionales récentes et J’ai finalement renoncé au car : doréna- tunnel de base. même aux rames TGV ! Mais le manque vant, et jusqu’à la fin des travaux sur la En tirant une phrase de son contexte d’entretien, voire l’abandon, des gares et voie ferrée, je vais en voiture prendre le et en omettant de dire que le rap- de leurs abords entre Paris et Montbard train à Vierzon (165 km)... port juge nécessaire une nouvelle est affligeant. Jean-Louis Camus, 23 Saint-Julien-la-Genête z ligne performante, des opposants au Claude Sauvage, 28 Le Coudray z Lyon-Turin ont osé affirmer récem- Gare enfumée ment (http://www.reporterre.net/spip. La SNCF est régulièrement alertée par php?article5858) que le projet avait été les associations d’usagers au sujet de la pro- L’association Droits des Non-Fumeurs, complètement réorienté, le futur tunnel preté des rames Intercités Cherbourg-Pa- dont je suis le président régional, est mis- de base ne devant être utilisé que par le ris. Malgré des propos rassurants tenus lors sionnée par la Direction générale de la Santé trafic voyageurs et le fret continuant à de réunions SNCF-consommateurs, tout pour veiller au respect des dispositions rela- emprunter la ligne historique (sic) : c’est est loin d’être parfait. Ainsi le train 3347 tives à la lutte contre le tabagisme. En 2011, de la désinformation pure et simple. du dimanche 11 mai 2014 circulait sans je m’étais réjoui de la présence sur les quais La ligne existante, qui doit se his- eau dans les toilettes. En outre, il devait de la gare de Lyon-Part-Dieu de panneaux ser à 1300 m d’altitude, ne sera jamais sans doute faire ensuite un trajet Caen- lumineux informant les usagers qu’il était performante pour des raisons de profil Paris, toujours sans eau...Des américains interdit de fumer dans l’ensemble de la gare. évidentes : déclivités de 3 % incompa- étaient présents dans ce train. Or la publi- Malheureusement, ces panneaux ne sont tibles avec le passage de trains lourds, cité actuelle indique « 2014, la Normandie pas restés en place durablement et notre les seuls compétitifs économiquement. accueille le Monde ». Quelle image désas- association reçoit de plus en plus de plaintes Viendrait-il à l’esprit l’idée de transfé- treuse de notre pays ! de personnes incommodées par la fumée de rer sur la RN 6 et le col du Mont Cenis Un point positif toutefois : une équipe cigarette, notamment sur les quais. J’ai donc les poids lourds qui utilisent l’A 43 ? En de contrôleurs a assuré un contrôle efficace, demandé au chef de gare de reconduire la utilisant des camions de 12 tonnes au avec de nombreuses régularisations... ce qui mesure d’interdiction de fumer prise en lieu des 40 tonnes désormais usuels ? La prouve que si les contrôleurs ne passent pas 2011 et de veiller à son respect, tant de la ligne ferroviaire existante est au tunnel (ce qui est malheureusement très fréquent), part des usagers que du personnel. de base ce qu’est la RN 6 à l’ensemble la perte de recettes est importante ! Jean-Claude Fink, association A 43 + tunnel du Fréjus. Xavier Jacquet et Jean-Yves Colas, ADPCR z Les Droits des Non-fumeurs, 69 Lyon z Gérard Mathieu, géographe z

6 x fnaut-infos n°228 - octobre 2014 Dinosaure alpin Brèves André Vallini, ancien président du Conseil général de l’Isère devenu ministre, a confié BrèvesTransition énergétique ? son principal regret : ne pas avoir réussi à faire adopter le projet de rocade nord de Le projet de loi de la ministre de l’Eco- Grenoble (FNAUT Infos 227). Pourtant la logie sur « la transition énergétique » est démonstration a été faite que l’ouvrage, devenu un projet « pour un nouveau mo- bien loin de réduire les embouteillages dèle énergétique français » et finalement aux entrées de l’agglomération, les aurait un projet de « programmation de la transi- aggravés. N’ayant rien appris, il continue tion énergétique pour la croissance verte ». à se battre pour les investissements rou- Pour François Brottes, président (PS) de la tiers lourds : élargissement de l’A480 et commission des affaires économiques de bouclage de l’A51, « ce maillon manquant l’Assemblée nationale, c’est « un projet à entre Grenoble et Sisteron ». la fois ambitieux, cohérent, crédible, alliant souffle et pragmatisme ». Ministre ayant des idées Mais pour Jean-Paul Chanteguet, pré- Bêtisier sident (PS) de la commission du dévelop- Arnaud Montebourg, ministre du Redres- pement durable, « ce n’est pas ce texte qui 7 Un militant de Sud Rail : « la réforme ferro- sement productif : « l’investissement dans va faire de la France le pays de l’excellence viaire, c’est un retour de 100 ans en arrière ; elle les infrastructures génère les emplois d’au- environnementale ». va enterrer le fret ferroviaire, provoquer des ferme- jourd’hui et les biens communs de demain ; La Fabrique écologique, présidée par tures de lignes non rentables et raréfier la desserte la France connaît un déficit d’investisse- Géraud Guibert (PS), estime que l’essen- des villes moyennes ». Cette évolution a commen- ment mais dispose d’une épargne record tiel des réponses données par le projet cé bien avant la création de RFF en 1997, alors de 3 600 milliards d’euros ». Il a cité les bar- concerne le véhicule électrique, les trans- que la SNCF était en situation de monopole... rages et, bizarrement, les hôtels internatio- ports collectifs et le fret ne sont pas assez 7 Rémy Prud’homme, professeur des Univer- naux, mais aussi « la desserte ferroviaire des abordés : « on élude des aspects entiers des sités (Les Echos, 12-07-2014) : « la ségotaxe va ports de Marseille et du Havre ». évolutions nécessaires pour progresser vers jeter de pauvres prolos sur la paille, et son pro- une mobilité durable ». « En période de di- duit sera affecté à la construction de tramways Vocabulaire de colloque sette budgétaire, enclencher une véritable pour l’agrément de quelques riches bobos ». transition énergétique nécessite de mettre Quelque soit le thème du colloque, utili- en place une taxation du carbone». sez les éléments de langage suivants. Et selon Chantal Jouanno, sénatrice BIEN DIT Les réseaux sociaux communicationnels UDI de Paris : « on dépense six mil- deviendront référentiels des modes de liards d’euros par an de subventions fis- 3 Dominique Bussereau, ancien ministre définition des proximités acceptables et cales aux énergies fossiles ; tant qu’on ne UMP des Transports : « le péage de transit de légitimes, car la déséconomie d’échelle des s’attaque pas à ça, ce n’est pas la peine Ségolène Royal, c’est une écotaxe riquiqui ». grands systèmes techniques et des infras- de dire qu’on aura une grande loi sur la 3 Jean-Pierre Marchau, élu écologiste de tructures urbaines s’accentue. transition énergétique ». Saint-Denis de La Réunion : « il y a 25 ans, Il faut préciser l’interdépendance entre la part modale du transport collectif dans l’île les enjeux territoriaux et les défis de la Droite, gauche : même combat... était supérieure à 25 %, elle est tombée à 5 % ; gouvernance, et identifier les territoires pour les autoroutes la Région veut nous faire croire que la Nouvelle fonctionnels de la vie quotidienne, qui ne Route du Littoral est moderne, mais elle l’est cessent de s’élargir, les niveaux institution- La ministre de l’Ecologie s’oppose au autant que la ligne Maginot l’était en 1940 ». nels différents et les logiques sectorielles projet d’autoroute A831 qui saccagerait contradictoires. le marais poitevin (on attend maintenant Mais attention : il faut éviter l’effet rebond qu’elle s’oppose à l’A45 qui saccagerait les Vélo électro-solaire des technologies end of pipe, donc mettre monts du Lyonnais). l’enjeu de la consommation dématérialisée Mais le Premier ministre a décidé qu’il Deux agents du CERN ont entrepris un à l’agenda des politiques publiques, réflé- fallait le poursuivre pour « inscrire davan- périple de 7 500 km entre Genève et Astana chir à la bancabilité des projets, procéder en tage le projet dans une démarche de déve- (Kazakhstan) pour promouvoir le vélo électro-so- priorité au retrofitting de l’existant et sauve- loppement durable ». laire : une remorque transporte un panneau solaire. garder la biodiversité des acteurs. Les « grands » élus sont satisfaits. La Actualisez votre vocabulaire. Si Auto- décision de Manuel Valls est « une excel- A Mexico, tout va bien lib-Paris est une voiture servicielle décar- lente nouvelle dont nous nous réjouis- bonée, la voiture électrique à conduite sons », affirment dans un communiqué Tanya Muller, maire-adjointe de Mexico automatique est un véhicule décarboné commun le député UMP et président du chargée de l’environnement, a cédé aux pres- communicant. conseil général de la Charente-Maritime, sions des automobilistes : « les véhicules de Dominique Bussereau, le président PS de plus de quinze ans, qui polluent peu (sic), sont Actes du colloque FNAUT la région Pays-de-la-Loire, Jacques Au- désormais autorisés à circuler deux samedis par xiette, et celui du Conseil général de la semaine » (Le Monde du 31-07-2014). Les actes du colloque organisé par la Vendée, le sénateur UMP Bruno Retail- FNAUT le 10 janvier 2014 à Paris, salle leau : « la consultation des entreprises est Train zen Lamartine, sur « la tarification des dif- une étape décisive, qui va nous permettre férents modes de transport et le choix enfin de connaître le coût réel de cette Il est dorénavant possible de prendre un bain de modal du consommateur » (FNAUT autoroute, si essentielle pour le dévelop- pieds chaud dans le TGV japonais, le Shinkansen, Infos n°222) sont parus. Le recueil de 54 pement économique de nos territoires et entre Fukushima et Yamagata. Cette nouvelle offre pages, comprenant de nombreuses illus- la sécurité de nos automobilistes ». Tous « toreiyu » (4 euros) s’ajoute à celle des salons de trations, est à commander au siège de la ces élus sont donc favorables à l’A831 maquillage. Les utilisateurs du TGV français se FNAUT, 10 euros port compris. sans connaître son coût ? contenteraient d’une climatisation mieux réglée...

fnaut-infos n°228 - octobre 2014 x 7 La Nouvelle Route du Littoral de La Réunion : un projet ahurissant Régions Cette démarche a été dénoncée par l’ATR- FNAUT et la SREPEN (FNE-Réunion), les règles de protection de l’environnement (loi sur l’eau, concessions d’occupation et convention de gestion du domaine public maritime) n’ayant pas été respectées. L’ATR demande à l’Etat de ne pas auto- riser l’occupation du domaine public ma- ritime par la NRL sans garanties de pro- tection de l’environnement, de limiter la concession à 30 ans et de la conditionner à une provision budgétaire pour la remise en état des lieux par déconstruction des ouvrages en fin d’usage. Préjuger de l’ac- cord du public pour le renouvellement des L. de Gebhardt / Lestudio 360.fr concessions est un déni de démocratie vis- à-vis des générations futures. Le projet de NRL (FNAUT Infos 207 et de longue date dénoncé la sous-estimation L’arrêté « Loi sur l’eau » ignore les alertes 220) est une grave erreur technique, environ- du devis et annoncé un dépassement de 600 des autorités environnementales consul- nementale et financière, qui pèsera lourd sur millions hors aléas de chantier. tatives sur le bouleversement définitif de l’avenir de La Réunion. Alors que la Déclaration d’utilité publique l’écosystème littoral. L’étude d’impact fait Le projet initial de tram-train (40 km) de mars 2012 avait généré des modifications l’impasse sur les effets indirects de la NRL visait à ralentir la croissance du parc automo- pour un premier surcoût de 69 millions, la (matériaux insuffisants en qualité et quantité bile, il a été abandonné en 2010 (Bouygues Région prétendait démarrer le chantier fin au Schéma Départemental des Carrières ; réclame 170 millions d’euros pour son annu- 2013. « Les dépassements de budget sont sites d’extractions incertains et sous-évalua- lation) au bénéfice de la seule NRL qui pré- courants sur ces grands chantiers, il y en a eu tion des rotations de camions). tend sécuriser la route actuelle en la reportant pour la route des Tamarins, tout comme pour Aujourd’hui l’isolement de en pleine mer. Mais, sans le rail, les importa- les précédentes routes du littoral », explique- dans son propre camp le pousse à deman- tions de voitures vont continuer au rythme t-on à la Région. Des dépassements de par- der l’aide de l’Etat pour imposer l’ouver- de 20 000 par an, stimulées par la perspective fois plus de 50% de l’enveloppe initiale. La ture des carrières aux maires récalcitrants et de l’ouverture de la NRL prévue en 2020. Le Région a d’ailleurs annoncé le 11 juin dernier, aux riverains, par leur classement en Projet parc automobile de l’île étant déjà de plus de un surcoût de 250 millions, ce qui augmente d’Intérêt Général. 500 000 voitures, l’embouteillage permanent déjà sa contribution de 48% pour atteindre Onze recours auront été déposés au TA est garanti. La NRL aggravera en particulier 988 millions alors que seuls des travaux pro- contre la NRL, dont ceux d’ATR-FNAUT l’embouteillage à l’entrée de Saint-Denis visoires (non liés directement à l’ouvrage) ont contre les deux arrêtés dérogatoires sur les es- faute de financement pour son réaménage- été engagés ! pèces protégées. La NRL n’est pas un projet ment comme pour la traversée du chef-lieu Du coup, un projet de péage, écarté en juin d’intérêt public majeur. L’autorité publique par les véhicules en transit. 2010 par la Région dans sa promesse d’une considérant dans ses arrêtés « qu’il n’existe Longue de 12 km, construite pour moi- route « moderne gratuite et sécurisée » mais pas d’alternative plus satisfaisante » reconnait tié sur digue et pour moitié sur pilotis entre plus facile à faire accepter qu’une augmen- donc l’existence de variantes. Les Réunion- Saint-Denis et la Possession, la NRL pro- tation des impôts, refait aujourd’hui surface. nais les ont d’ailleurs utilisées depuis 350 ans mise à 2 x 3 voies (mais déjà réduite à 5 voies Mais aucun itinéraire gratuit de substitution sans passer par la mer. Il suffit de passer sur sur les 6 km de viaduc par mesure d’écono- n’existe, excepté la route de la Montagne terre ou sous terre et de rétablir enfin le trans- mie) remplacera la route actuelle, implantée (RD 41) qu’il faudrait alors réaménager afin port ferroviaire condamné à tort en 1963. au pied de la falaise et utilisée par 60 000 vé- d’accueillir un traficplus important : encore L’Etat peut encore éviter de se faire le hicules/jour ; elle devra résister à des vagues une dépense supplémentaire en perspective... complice d’une décision qui compromet le de 10 m et à des vents cycloniques soufflant De fait, la NRL n’est pas encore lan- développement durable de la Réunion : il à 250 km/h. Selon un économiste local, « la cée. Les premiers chantiers répondent aux peut refuser de se porter au secours d’une NRL fera enfin entrer La Réunion dans le besoins de Saint-Denis et de La Possession Région acculée qui réclame une procédure 21ème siècle ». Fort heureusement, la Réu- et n’imposent pas de poursuivre la NRL : de PIG pour faire sa pharaonique NRL, nion n’a pas attendu pour cela la livraison de l’échangeur de la Possession était attendu de alors qu’elle refusait le même caractère la NRL annoncée pour 2020… longue date ; la plateforme d’entrée ouest de « d’intérêt général » au tram-train. Ce serait Saint-Denis fera un excellent parking d’en- un comble ! Dérive financière trée de ville ; le pont lancé face à la Grande Chaloupe pourra toujours accueillir une fnaut infos- Bulletin mensuel d’information Le projet a été estimé à 1,6 milliard d’euros plate-forme de tourisme et de loisirs nau- Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°228 lors du second accord de Matignon en 2010 tiques et balnéaires. ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. (532 millions accordés par l’Etat en plus des Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers 248 du Fonds de compensation de la TVA, L’environnement oublié Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d 151 par l’Europe, 669 par la Région qui paie- Prix au numéro : 2 d ra seule les révisions de prix), soit 133 mil- ATR-FNAUT a lancé une pétition pour Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT lions le km, le record de France ! Promu par demander l’annulation des arrêtés préfec- de votre région, contacter notre permanence : Didier Robert, président UMP de la Région, toraux autorisant la Région à entamer les 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris il est combattu en particulier par l’associa- travaux de la NRL. En effet, le gouverne- tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] tion ATR-FNAUT (Alternatives Transports ment Ayrault est passé en force pour que Internet : http://www.fnaut.fr Réunion), présidée par Bruny Payet, qui a les travaux commencent avant la fin 2013. CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°228 - octobre 2014 n°229 infos novembre 2014 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Covoiturage et transports collectifs sur les déplacements longue distance : complémentarité ou concurrence Carte Enfant Famille : ? un abandon très discret La Carte Enfant Famille, dont la création avait été annoncée fin 2008 par Nicolas Sar- kozy qui avait consulté la FNAUT à cette occa- sion, a été mise en place en mars 2009 pour une durée de 5 ans. Le dispositif est venu à expiration le 29 août 2014 : la FNAUT s’étonne que l’actuel gouvernement n’ait pas prévu sa reconduction et que le secrétariat d’Etat à la Famille, qui le finançait, ait abandonné, sans la moindre annonce officielle, cette initiative sociale très pertinente. Complémentaire de la Carte Familles Nombreuses, la Carte Enfant Famille était destinée aux familles de 1 à 2 enfants de Photo : Marc Debrincat moins de 18 ans, en particulier des familles monoparentales, ne disposant que de reve- nus très modestes. Elle permettait d’obtenir, Facilité par les nouvelles techniques de communication, le covoiturage pour les enfants et les parents accompagna- est devenu depuis peu une pratique massive lors des déplacements à teurs, des réductions de 25 %, et jusqu’à 50 % longue distance. Il permet au covoitureur passager de voyager pour un prix suivant les places disponibles, sur les TGV et très modique et au covoitureur conducteur d’abaisser sensiblement le coût les trains Intercités à réservation obligatoire de son déplacement en voiture. Une étude remarquable de ce phénomène (Teoz et Lunea). (page 2) a été menée par Bruno Cordier, directeur du cabinet ADETEC, à Bien que destinée à trois millions de fa- l’initiative de la FNAUT et grâce à un financement du GART et de l’UTP. Elle milles, la Carte Enfant Famille n’a été deman- apporte des informations nouvelles et précises sur le comportement des dée que par 70 000 familles. Faut-il s’en éton- covoitureurs, et révèle une forte corrélation entre succès du covoiturage ner et en tirer argument aujourd’hui pour et médiocrité de l’offre ferroviaire. la faire disparaître discrètement ? Elle n’a bénéficié d’aucune campagne de publicité. Le covoiturage de proximité est une sont courtes, et ce rôle de rabattement Les démarches pour l’obtenir ou la renou- pratique ancienne (FNAUT Infos est marginal). Globalement, son bilan veler étaient compliquées. Enfin, malgré les 185) : plusieurs personnes, deux le plus semble donc positif car il permet de ré- demandes répétées de la FNAUT auprès de souvent, habitant et/ou ayant une acti- duire « l’autosolisme » et même d’éviter l’Etat et de la SNCF, elle n’était pas utilisable vité dans des zones non ou mal des- à certains ménages périurbains l’achat sur l’ensemble des Intercités. servies par transport collectif, se re- d’une deuxième voiture. Cette tarification sociale du train pouvait groupent pour effectuer, dans la même Le covoiturage sur longue distance est être utile à de très nombreuses familles et les voiture appartenant à l’une d’elle, des une pratique très différente car il s’agit inciter à utiliser le train plutôt que la voiture. déplacements répétitifs, domicile-tra- de déplacements plus occasionnels. Elle aurait dû être reconduite dans des condi- vail ou étude, afin de faire des écono- Son succès est plus récent : cette forme tions satisfaisantes : son existence devait être mies. Ce type de covoiturage quotidien modernisée de l’auto-stop n’a décollé portée à la connaissance du grand public, son est aujourd’hui encouragé par les entre- que grâce aux possibilités offertes par obtention simplifiée et sa validité étendue à prises, qui souhaitent réduire les em- Internet. Il est lié à ses avantages éco- tous les trains Intercités. prises consacrées au stationnement des nomiques pour le conducteur comme Le gouvernement a manqué une occasion voitures de leurs employés, et par les pour ses passagers (FNAUT Infos 211) peu coûteuse de faciliter les déplacements collectivités territoriales, qui cherchent et aux déficiences du transport collec- des familles très modestes. La carte Enfant à éviter la mise en place de transports tif, essentiellement le train puisque le + de la SNCF ne constitue pas une alterna- collectifs jugés trop coûteux. transport interrégional par car est en- tive à la Carte Enfant Famille : elle offre certes La part modale de ce type de covoi- core peu développé. les mêmes réductions, sans conditions de turage reste généralement faible, il Contrairement au covoiturage de ressources, mais elle ne concerne que les concurrence donc peu le transport col- proximité, le covoiturage longue dis- enfants de moins de 12 ans et leurs accom- lectif et peut même permettre un rabat- tance est devenu un redoutable concur- pagnateurs, elle coûte 75 euros et elle n’est tement sur les arrêts de transport collec- rent, et non un complément, du trans- valable qu’un an. tif (mais, en pratique, l’intérêt financier port collectif au point d’en déstabiliser Jean Sivardière z est faible car les distances concernées l’équilibre économique.

fnaut-infos n°229 - novembre 2014 x 1 Le covoiturage longue distance La mobilité des Français à longue distance

L’étude ADETEC a porté sur les plafond à ne pas dépasser. Dans le cas d’une Les parts de marché des déplacements Dossierdéplacements à moyenne et longue dis- 6 CV, ce barème 2013 est de 0,41 euro/km à longue distance (entre 100 et 800 km à tance (plus de 100 km à vol d’oiseau) de pour un kilométrage annuel de 13 000 km. vol d’oiseau, soit une distance réelle de manière à éliminer l’essentiel des trajets En pratique, Blablacar recommande 130 à 1 000 km) sont les suivantes : voiture quotidiens. Elle a été centrée sur les sites le prix suivant par passager : (carburant 78 % (avec, en moyenne, 2,3 personnes Internet à l’origine du développement de + péages)/3 quel que soit le nombre de par voiture), train 14 %, autocar 2 %, avion ce type de covoiturage : www.covoiturage. passagers (en moyenne égal à 2 sur les 1,5 %, autres modes (camionnette, moto, com (Blablacar), site dominant puisqu’il trajets longue distance) soit 30 euros bateau,...) 4 %. capte 95 % du marché, www.carpooling.fr pour Paris-Lyon. Cette recommandation Ces pourcentages sont différents de (2 %), www.covoiturage-libre.fr (1,5 %) et est bien suivie : le vendredi 15-11-2013, ceux qui figurent dans FNAUT Infos 211, divers sites locaux. 90 % des conducteurs proposaient un car ils concernent les nombres de voyages prix compris entre 27 et 31 euros, le prix et non de voyageurs x km. Fonctionnement moyen proposé est de 29 euros (+ « frais La pratique du covoiturage est mani- de service » de quelques euros). festement en forte hausse (elle inquiète Les annonces sont passées très majoritai- Entre le 15 et le 24 novembre 2013, les la SNCF car elle atteint tous ses services rement par les conducteurs. Les passagers tarifs minimaux le plus souvent proposés voyageurs : TGV, Intercités et TER) mais consultent ces annonces et, selon les sites, par la SNCF au voyageur sans carte de cette hausse est impossible à quantifier réservent par Internet ou téléphone, et réduction étaient nettement plus élevés : en l’absence d’enquête indépendante paient le conducteur lors de la réservation 38 euros pour un billet TGV Prem’s (dé- des transporteurs. Les différents chiffres ou lors du trajet. part à 21h, trajet en 2h) et 71 euros pour cités par Blablacar manquent de cohé- Le site Blablacar recommande des tarifs, un billet TGV Loisirs entre 7h et 20h rence : + 20, 70 ou 100 % entre avril 2013 par exemple 30 euros par passager pour un (le trajet en TER, d’une durée de 5h06, et avril 2014. La grève SNCF de juin der- trajet Paris-Lyon ou 20 euros pour un trajet était à 62 euros). nier a permis à de nombreux voyageurs Lyon-Marseille. Pour le titulaire d’une carte Jeune, les de découvrir le covoiturage. La loi dégage le tiers organisateur du tarifs minimaux étaient de 27 à 36 euros covoiturage (le site Internet) de toute res- pour les TGV Prem’s (départ à 21h), 31 Les enquêtes précédentes ponsabilité à l’égard des incidents pouvant euros en TER et au moins 42 euros en se produire au cours du trajet. TGV entre 7h et 20h. L’enquête effectuée par l’ADEME en En cas d’accident, le conducteur est res- Les tarifs des autocars Eurolines 2012 ignore la distance parcourue. Elle a ponsable de plein droit, selon la loi Badinter étaient compris entre 19 et 42 euros, révélé que 8 % des Français covoiturent de 1985 ; les passagers sont considérés comme ceux d’iDBUS entre 29 et 39 euros. au moins une fois par mois (comme des passagers ordinaires. Les autres incidents conducteur ou passager) et que les co- (retard, comportement déplacé,...) relèvent Trajet et horaire voitureurs utilisent plus les transports du droit délictuel. L’assurance responsabilité collectifs que la moyenne des Français : civile du conducteur couvre les tiers, selon la ADETEC a analysé 587 annonces 19 % contre 6 % pour les trains TGV et in- loi Badinter, mais le contrat peut contenir de Blablacar concernant 21 trajets dif- tercités, 25 % contre 13 % pour les TER et des clauses restrictives : le conducteur a donc férents. Sur Paris-Lyon par exemple, le trains franciliens, 43 % contre 30 % pour le intérêt à déclarer sa pratique du covoiturage conducteur peut proposer un point de transport urbain. à son assureur. départ et d’arrivée proche d’une grande L’enquête MAIF de 2009 a porté sur les gare (Part-Dieu - gare de Lyon) ou d’une utilisateurs de Blablacar. Elle a montré que Masse critique station de métro ( Jean Macé - porte les covoitureurs sont jeunes (60 % ont d’Orléans), ou un départ d’une proche moins de 30 ans, 27 % sont étudiants) et Un nombre minimal d’annonces est né- banlieue de Lyon et une arrivée au métro très majoritairement motivés par les éco- cessaire au covoitureur passager pour pou- Belleville à Paris. Dans chaque cas, il nomies, et que la longueur moyenne d’un voir trouver un conducteur répondant à peu donne l’heure de son départ et précise s’il trajet est de 330 km. près à son besoin : itinéraire, horaire, prix. accepte ou non de faire un détour pour L’enquête Vinci Autoroute de 2013 a ADETEC a testé 66 trajets proposés au recueillir le passager. été réalisée sur des parkings dédiés au départ de Lyon ou Clermont-Ferrand sur En gros, la moitié des offres de covoi- covoiturage à des entrées d’autoroute. le site de Blablacar. Parmi eux, 9 seulement turage sont en réelle concurrence avec le 98 % des passagers sont des proches du font l’objet de plus de 10 annonces tous les train : cette concurrence peut être forte conducteur (collègues, parents, amis), jours : de Lyon à Paris, Marseille, Clermont, (25 % des cas), assez forte (31 %), modé- Internet joue un rôle marginal. Le trajet Montpellier, Dijon, Besançon et Nîmes ; de rée (20 %), faible ou nulle (24 %). moyen est de 123 km. Clermont à Paris et Saint-Etienne. Sauf le Selon l’enquête d’iDBUS de 2013, ses dernier, ces itinéraires sont bien desservis Organisation du voyage clients tentés par le covoiturage appré- par le train, qui lui aussi a besoin d’une cient particulièrement les prix faibles masse critique de voyageurs pour avoir une Un conducteur sur deux passe son an- et stables que propose cet autocariste ; pertinence économique. Pour 19 trajets, le nonce dans les 3 derniers jours avant le le covoiturage n’est pas vraiment un seuil de 10 annonces un jour donné n’est voyage. Le risque pour le candidat passa- concurrent du car mais plutôt une étape jamais atteint, même le vendredi, jour de ger de ne pas trouver de place est faible intermédiaire avant de basculer vers un plus fort usage du covoiturage. sur les trajets les plus fréquentés, mais il mode collectif tel que le car. est élevé sur les trajets peu fréquentés. Le Enfin une enquête ATEMA Conseil- Le prix pour le passager tarif ne dépend pas de la date de réser- ADEME de 2010 centrée sur les services vation. Si le passager annule (20 % des de covoiturage des entreprises et col- Le partage des frais entre passagers et cas), il se fait rembourser son trajet, avec lectivités locales a montré que, pour les conducteur a été reconnu licite par un arrêt une retenue de 10 à 50 % suivant le délai trajets de courte et moyenne distance, de la Cour de cassation du 12 mars 2013, le d’annulation. Si le conducteur annule, il 75 % des covoitureurs viennent de la barème fiscal kilométrique constituant un ne subit aucune pénalité financière. voiture et 25 % du transport collectif.

2 x fnaut-infos n°229 - novembre 2014 Conclusions et propositions d’ADETEC La concurrence entre train et covoiturage

Le rôle du covoiturage est encore mo- Des entretiens ont été menés avec le nombre des passagers choisissant le deste mais se développe. Le covoiturage 26 conducteurs ayant passé une annonce covoiturage double si la qualité ferro- nécessite une masse critique de déplace- sur le site www.covoiturage-libre.fr pour viaire passe de « très bonne » à « faible », ments, comme le train et le car. un trajet moyennement ou très fréquenté ce qui se traduit par un meilleur taux de Pour les conducteurs, le covoiturage et 18 passagers, dont 13 étudiants, ayant remplissage des voitures. Le pourcentage concurrence très peu les transports collec- covoituré sur un tel trajet. Ces entretiens des voitures complètes la veille du voyage tifs : ils choisissent d’emblée la voiture, puis ont permis à ADETEC de comprendre est ainsi de 11 % si l’offre ferroviaire est essaient éventuellement de la remplir en comment s’exerce la concurrence entre le très bonne (par exemple Paris-Nantes covoiturant. train et le covoiturage. ou Lyon-Marseille, Lyon-Paris exclu) Pour les passagers, le covoiturage concur- ou 21 % (en incluant Lyon-Paris), 28 % rence moyennement les transports col- Les conducteurs - Les 26 conducteurs si elle est bonne (Paris-Clermont, Lyon- lectifs : les deux modes sont substituables interrogés trouvent des passagers pour le Strasbourg), 30 % si elle est médiocre et choisis au cas par cas. Le covoiturage trajet proposé dans 80 % des cas (ce taux (Lyon-Nancy, Nantes-Bordeaux), 40 % si concurrence les transports collectifs surtout est de 70 % avec Blablacar). S’ils n’ont pas elle est faible (Clermont-Montpellier). quand ils sont peu performants et, dans une trouvé de passagers, 21 effectuent quand Pour tester l’influence de la qualité fer- moindre mesure, quand ils sont chers. même le trajet prévu en voiture soit envi- roviaire (de très bonne à faible) sur l’am- ron 85% des cas ; les autres prennent le pleur du covoiturage par Internet, 25 tra- Une offre utile train ou reportent leur déplacement à une jets ont été étudiés par ADETEC, les Le covoiturage est une alternative à l’au- date ultérieure. jours retenus étant des jeudis et vendredis to-solisme qui présente de nombreux avan- Sans le covoiturage organisé grâce à In- en période scolaire. tages environnementaux et économiques ternet, 16 conducteurs voyageraient dans Le nombre de déplacements en covoitu- pour l’usager et la collectivité. Il permet no- leur voiture ou celle d’un proche, 6 hési- rage passager varie de moins de 20 sur les tamment aux publics peu aisés (étudiants) teraient entre voiture et train, 1 ferait le trajets les moins fréquentés à plus de 100 de se déplacer à moindre coût. Il n’est pas trajet en train, 2 en autostop et 1 en avion. sur les trajets les plus fréquentés (Paris- souhaitable de restreindre son usage mais En gros, le covoiturage incite 1 conduc- Rennes, Nantes, Lille, Lyon) le jeudi, et son développement doit concurrencer le teur à ne pas prendre l’avion et 4 à ne pas de moins de 50 à plus de 400 le vendredi. moins possible le transport collectif. prendre le train. Chez les conducteurs interrogés, on La part modale du covoiturage Les idées à écarter observe depuis deux ans une pratique plus Taxer le covoiturage : les sommes perçues fréquente du covoiturage, mais aussi une Le covoiturage par Internet a assuré en- par le conducteur sont une participation tendance au report de la voiture solo sur viron 1 % de l’ensemble des déplacements aux frais, non un revenu. les transports collectifs. Cependant le par- à longue distance et 5 % des déplacements Augmenter le coût de l’assurance pour le tage des frais entre covoitureurs diminue en « modes collectifs terrestres » (train, covoiturage : inapplicable. le coût de la voiture et pourrait conforter car et covoiturage). son usage sur le long terme. Suivant les trajets, la part modale du Les idées à mettre en œuvre covoiturage (passagers + conducteur) - Faire respecter la réglementation Les passagers - Les 18 passagers inter- varie de 1 % à 17 % le jeudi et de 2 % à Identifier et sanctionner les pratiques illi- rogés choisissent le train ou le covoiturage 46 % le vendredi (certaines données étant cites de transport de personnes. au cas par cas, en fonction de la durée du imprécises, ADETEC signale qu’il s’agit Sanctionner les fraudes à caractère finan- trajet, du prix et du délai de réservation. d’ordres de grandeur). La part du covoi- cier (dépassement du barème fiscal, non Dans le cas du covoiturage, ils trouvent turage passager parmi les modes collectifs déclaration des recettes de covoiturage lors une place disponible sur le trajet prévu terrestres varie de 2 % à 70 % le jeudi et des trajets professionnels). dans 90 % des cas. S’ils n’en trouvent pas, de 4 % à 91 % le vendredi (voir page 4). - Améliorer l’offre ferroviaire 16 d’entre eux font le trajet en train, 2 dans La qualité ferroviaire influence aussi Obtenir des temps de parcours inférieurs leur propre voiture, 2 en autocar, 1 annule la pratique du covoiturage conducteur, à ceux de la voiture. son déplacement et 2 le reportent à une de nombreux voyageurs se repliant sur le Augmenter les fréquences. date ultérieure (des réponses multiples covoiturage lorsque le train répond mal à Créer des relations sans rupture de étaient possibles). leurs besoins. La part des déplacements charge, améliorer les correspondances. En moyenne, sur l’itinéraire considéré, des automobilistes en covoiturage varie Repositionner le train sur des liaisons les 18 passagers interrogés effectuent ainsi de 5 % à 19 % le jeudi et de 4 % à présentant un potentiel élevé, notamment 46 % de leurs déplacements en covoitu- 49 % le vendredi. Nantes - Bordeaux. rage passager, 8 % en covoiturage conduc- A noter la part modale particulière- - Baisser les tarifs du train teur, 38 % en train, 7 % en voiture solo et ment élevée du covoiturage passager Le TGV et les trains Intercités à réservation 1 % en avion. (13 % le jeudi et 28 % le vendredi) sur obligatoire sont coûteux. Chez les passagers interrogés, majori- le trajet Nantes-Bordeaux (contre, par La tarification est un levier important vis- tairement étudiants, l’essor du covoitu- exemple, respectivement 2 % et 3 % sur à-vis des jeunes (moyens financiers réduits, rage se fait pour partie au détriment des Paris-Nantes), car la faiblesse de l’offre déplacements programmés tardivement, transports collectifs. Mais le covoiturage ferroviaire y est à la fois quantitative « valeur du temps » faible, moindre attache- peut aussi conforter les transports col- (3 AR Intercités par jour, en laissant ment au confort). lectifs sur le long terme, en renforçant la de côté les trajets par Paris, Massy ou - Informer le public panoplie des alternatives à la voiture solo. Saint-Pierre-des-Corps, plus longs et Les avantages du train sont mal appré- plus coûteux) et qualitative (retards fré- ciés : rapidité, confort, sécurité, temps de Covoiturage et offre ferroviaire quents). Sur ce trajet, la part du covoitu- trajet valorisable, ponctualité,… Le coût rage parmi les modes collectifs terrestres réel de la voiture est très élevé : le train est L’enquête d’ADETEC montre que les est de 34 % le jeudi et monte à 62 % le souvent plus intéressant, même quand on conducteurs sont assez peu sensibles à la vendredi (contre respectivement 3 % et voyage à deux. qualité de l’offre ferroviaire. Au contraire, 7 % sur Paris-Nantes).

fnaut-infos n°229 - novembre 2014 x 3 Le train est-il cher Covoiturage longue distance : en France ? point de vue de la FNAUT Comme chaque année, l’association Dès 2010, la FNAUT a perçu la montée Certains tarifs proposés par la SNCF Consommation - Logement - Cadre de du covoiturage longue distance, ses atouts sont cependant peu supérieurs au prix du Vie (CLCV) a publié fin août un com- pour la mobilité des voyageurs à faibles covoiturage, si bien que le train reste alors muniqué stigmatisant les tarifs trop revenus et pour l’environnement (qui ex- attractif et que le voyageur arbitre au cas élevés des transports publics. Mais pliquent le soutien qu’apportent des mu- par cas entre train et covoiturage. La quali- cette enquête manquait de sérieux : les tuelles telles que la MAIF et la MACIF té de l’offre ferroviaire (libre accès au train, 802 personnes interrogées l’ont été au à cet « usage citoyen de la voiture ») mais fréquence, durée du voyage, restauration,...) hasard ; aucune distinction n’a été faite aussi ses risques potentiels pour le trans- prime donc sur son niveau tarifaire. entre voyageurs quotidiens (26 %), port collectif. L’étude ADETEC qu’elle a Il n’en reste pas moins que l’expérience fréquents (33 %), occasionnels (30 %) suscitée et réussi à faire financer en 2013 conduite par la RENFE en Espagne - une et très occasionnels (11 %), ou entre confirme que le covoiturage concurrence baisse significative de la tarification des utilisateurs du TGV (54,1 %), des trains le train. trains à grande vitesse - est à suivre car elle Intercités (6,5 %), du TER (18 %), ou du Selon ADETEC, s’il faut faire respec- se traduit par des gains importants de clien- métro, du RER et du tram (21,4 %). ter la réglementation relative au transport tèle sans détérioration de l’équilibre éco- Selon la CLCV, les voyageurs estiment des personnes, il est sans doute illusoire de nomique semble-t-il. A suivre également à 80 % que les tarifs sont assez ou très chercher à endiguer la croissance du co- l’impact sur la fréquentation du train et sur élevés et 55 % d’entre eux réclament voiturage par des mesures réglementaires la pratique du covoiturage de la tarification en priorité une baisse des tarifs. Mais ou fiscales. forfaitaire du TER à 1 euro introduite par s’agit-il des tickets à l’unité, des abon- La qualité de l’offre de covoiturage par la Région Languedoc-Roussillon. nements, des Prem’s, des billets TGV Internet est souvent remarquable. Ainsi Le train est aujourd’hui fragilisé par la pris en dernière minute ? Viennent en- Blablacar (soutenu par Total) précise le concurrence de l’avion à bas coût, du covoi- suite parmi les souhaits des voyageurs type de véhicule proposé, le nombre de turage et de l‘autocar. La FNAUT a pré- selon la CLCV, la ponctualité (21 %), la places libres est automatiquement mis à senté à l’Etat et à la SNCF de nombreuses fréquence (10 %), la transparence des jour sur l’annonce du conducteur, le pas- propositions permettant de le sauvegarder tarifs (9 %), le confort (5 %). sager peut poser des questions au conduc- et de développer son rôle : il est temps de L’opinion de la CLCV est contredite teur (flexibilité horaire, possibilité de porte les mettre en œuvre. par une étude du comparateur GoEuro à porte), les réservations multiples sont (http://www.goeuro.fr/indice-prix-transport). impossibles, ce qui sécurise le conducteur Concurrence covoiturage-car Cette étude dégage des tendances mais annonceur. Face à cette qualité du covoi- au Québec il faut la prendre avec prudence car la turage par Internet, l’essentiel consiste à méthodologie n’est pas précisée et elle améliorer l’offre ferroviaire. Keolis Canada exploite un ensemble de ne tient pas compte des réductions L’étude ADETEC souligne la propen- lignes régulières interurbaines d’autocars au telles que l’abonnement général détenu sion des covoitureurs passagers à impro- Québec et observe, depuis 2009, une baisse par un Suisse sur deux. viser leurs déplacements et leur intérêt de fréquentation de sa ligne principale Qué- Le prix du train en France est assez pour une formule assurant des prix imbat- bec-Montréal : le trafic a chuté de 750 000 faible (7,79 euros pour 100 km). Seules tables (de l’ordre de 6 centimes par km) voyageurs par an à 500 000. Suite au lance- font mieux, en Europe, l’Espagne (5,16) et stables, alors que les tarifs de la SNCF ment d’une société de covoiturage sur Inter- et la Grande-Bretagne (6,97) : un résul- sont considérés comme trop élevés (bien net en 2007, le covoiturage s’est développé tat inattendu que GoEuro attribue à que le train soit plus cher en Suisse ou en sur cet axe et assure aujourd’hui 190 000 l’absence de TGV outre-Manche. Les Allemagne) et peuvent varier fortement déplacements par an. L’aller-retour en car prix sont nettement plus élevés en avec la date de réservation. coûte 67 dollars contre 20 en covoiturage. A Allemagne (9,09), en Norvège (12,9), Le train lui aussi doit permettre d’im- l’évidence, le covoiturage remplit les voitures en Belgique (15), aux Pays-Bas (16), en proviser un voyage. C’est la raison pour et vide les cars. Finlande (16,77), en Autriche (24), en laquelle la FNAUT bataille contre la Du coup, le modèle économique de Suisse (28,57) et au Danemark (29,73). volonté de la SNCF d’imposer la réserva- Keolis Canada est fragilisé et la survie Le prix moyen du car est de 3,80 eu- tion obligatoire dans les trains Intercités, d’autres lignes, financées par péréquation ros en Allemagne, 7,14 en France, 10,6 demande sa disparition dans les trains ex- grâce aux bénéfices de la ligne principale, en Grande-Bretagne, 11,67 en Belgique, Teoz et souhaite un écrétage des fluctua- est menacée (source : Ville, Rail et Trans- 13,93 en Suisse, 16,13 en Norvège, 17,5 tions tarifaires du TGV. ports, juillet 2014). en Autriche et 21,33 aux Pays-Bas. Le prix moyen de l’avion en France Part du covoiturage via Internet parmi les modes collectifs terrestres, est de 15,15 euros pour les vols inté- les vendredis scolaires (2013) rieurs. La Finlande est le pays où l’avion est le plus cher (103,66) et l’Espagne celui où il est le moins cher (9,86). Le prix indiqué correspond au vol le moins cher entre les deux villes les plus importantes du pays. Pour le train et le car, les chiffres de GoEuro pour la France sont un peu dif- férents de ceux de Jean-Marie Beauvais (FNAUT Infos 211) ; les classements ne tiennent compte ni de la qualité des services offerts (généralement bonne si le prix est élevé) ni des différences de niveau de vie entre pays différents (voir aussi FNAUT Infos 165).

4 x fnaut-infos n°229 - novembre 2014 Les commerçants sauvés par la voiture ? Nouveaux élus urbains régressifs

Un argument, souvent utilisé par les Les élus urbains « pro-bagnole » sont reve- vélos électriques : « à Toulouse, on n’est maires « révisionnistes » pour justifier nus en force à la suite des dernières élections plus dans la sacralisation du vélo, mais le retour de la voiture en ville qu’ils or- municipales (FNAUT Infos 226). Une ten- pour un équilibre entre les différents ganisent, est qu’il apporterait un sang dance affligeante qui se confirme. modes de transport ». neuf à de nombreux commerçants en A La Roche-sur-Yon, le nouveau difficulté. Comme si piétons et cyclistes Comme le dit Rémy Josseaume, maire UMP Luc Bouard a rendu gra- étaient des acheteurs marginaux – alors l’avocat des automobilistes, « il faut en tuit le stationnement sur voirie et dans qu’en ville ce sont les automobilistes finir avec le piéton-roi » (le Figaro). les parkings couverts le samedi et une qui le sont –, comme si les difficultés Les nouveaux élus s’y emploient active- heure en semaine au lieu de 15 minutes, réelles que connaît le commerce de dé- ment et sans discernement... afin de « redynamiser le centre » : « les tail était dû aux politiques de réduction commerçants veulent favoriser le sta- de la place de la voiture. Ces difficultés Après celui de Béthune, c’est celui tionnement de leurs clients ». L’ancien sont dues, en fait, à deux causes prin- d’Auray, Jean Dumoulin (UDI), qui a système rapportait un million d’euros cipales, d’ailleurs liées : le développe- rouvert à la circulation une place pié- par an à la ville, amendes comprises. ment de la grande distribution ; et des tonne fermée en 2007. Son objectif : Michel Dantin, nouveau maire UMP choix urbanistiques qui ont fortement renforcer le flux de voitures en centre- de Chambéry, a rendu gratuits trois par- incité à utiliser... la voiture pour aller ville pour y « redonner vie au commerce, kings du centre-ville le samedi après- faire ses achats... ailleurs. car il y a un risque de désertification ». midi : une mesure contre-productive, Avec 60 000 commerces, Paris pos- La Grand Place de Roubaix a, elle selon l’ADTC-Savoie, car elle attire les sède le taux de commerces de proxi- aussi, été rouverte au stationnement (35 voitures ventouses et prive de places de mité le plus élevé de France, pour le places). Selon le premier adjoint Max- parking les automobilistes clients des taux de motorisation des ménages le André Pick, UMP : « ceux qui pré- commerces centraux. Le maire s’oppose plus faible, inférieur à 50 % : seuls 7% fèrent le beau à des commerces vivants, à tout abandon du contournement au- des achats sont faits par des automo- c’est leur choix, ça n’est pas le nôtre ; toroutier de Chambéry et renie le PDU bilistes, moins de 5% dans les petits le commerce de proximité a besoin de adopté par tous les élus en 2004. commerces. parking de proximité ». La gratuité du A Angers, Christophe Béchu, nou- Les Parisiens font d’ailleurs majoritai- stationnement dans les parkings cen- veau maire UMP, a rendu gratuite la rement leurs courses dans l’environne- traux a été porté de trente minutes à première heure de stationnement dans ment immédiat de leur domicile (67%). une heure. 9 parkings totalisant 3 200 places, pour Contrairement à certaines idées reçues, Selon Jacques Richir, adjoint MO- soutenir le commerce de centre-ville. commerces et quartiers piétons font bon DEM à Lille : « il y a eu un vent de Ces élus obscurantistes devraient lire ménage : une étude récente réalisée par piétonnisation, puis on a observé des une étude de la Fédération des Usagers l’Atelier parisien d’urbanisme montre effets pervers, difficultés de ramassage de la Bicyclette (FUB) selon laquelle un que, loin de porter atteinte au commerce, des ordures, fuite des habitants, envolée cycliste dépense plus qu’un automobiliste les aménagements piétons réalisés de- des baux commerciaux et standardisa- dans les commerces de centre-ville (il en puis 2001 par la municipalité parisienne tion des centres ». Il refuse de piétonni- est de même des usagers des transports : il se sont accompagnés d’un dynamisme ser la rue Faidherbe et la Grand Place, y a quelques années, les commerçants du commercial plus important, en particu- et défend le « dispositif équilibré actuel, centre-ville de Grenoble, voyant fondre lier dans l’activité de proximité. satisfaisant pour tout le monde ». leur chiffre d’affaires, avaient protesté Il reste, à Paris comme ailleurs, beau- Le président de la Communauté fermement contre une grève prolongée des coup à faire pour optimiser la chaîne d’agglomération de Rouen, Frédéric conducteurs de bus et de tramway). commerciale approvisionnement - Sanchez (PS), a annoncé la fermeture achats. Il existe pour cela une panoplie des vélostations et du système de loca- Alors que la municipalité Duron avait d’outils depuis longtemps répertoriés : tion de vélos Velo’r. Alors que le projet prévu de le remplacer par un vrai tram- espaces logistiques urbains, méthodes de PDU annonçait une maitrise des way, le tramway sur pneus de Caen de- de transfert / groupage / dégroupage, flux automobiles et la promotion des vrait être conservé « plusieurs années » tricycles électriques, dépôts dans les parkings relais, il a décidé d’introduire selon Rodolphe Thomas, président quartiers,... Cette optimisation im- un quart d’heure de stationnement MODEM du syndicat mixte des trans- plique des moyens financiers et hu- gratuit pour satisfaire les commerçants ports pour l’agglomération Caennaise. mains conséquents, mais autrement du centre de Rouen. « Il fonctionne et parvient à gagner en plus productifs que la construction de A Dole, le nouveau maire UMP Jean- fiabilité dès lors que les impératifs de nouveaux parkings centraux. Marie Sermier a arrêté brutalement la maintenance sont clairement définis Jean Macheras z réalisation d’aménagements pour pié- et réalisés ; la fréquentation augmente tons et cyclistes. A Pau, le nouveau tandis que la fréquence des pannes se Commerces de centre-ville maire UDI François Bayrou révise réduit notablement ». La seconde ligne le plan de circulation et supprime des de tramway fer est remise en cause. Le nombre des commerces implantés bandes cyclables pour favoriser la péné- Selon Jean-Michel Lalère, nouveau dans les centres-villes français a diminué tration des voitures dans le centre. maire de Fontenay-le-Comte (divers de 2,2 % en moyenne entre 2001 et 2013, A Toulouse, le maire UMP Jean-Luc droite), la réouverture de la ligne Fon- notamment dans les villes de moins de Moudenc veut réintroduire les voitures tenay-Niort (FNAUT Infos 223) est 50 000 habitants (- 4,8 %) et dans celles sur les 5 km de la Liaison multimodale « impensable », « mais on peut réaména- de 250 000 à 500 000 habitants (- 5,7 %). est-ouest reliant les quartiers sud-est au ger la voie ferrée pour en faire une route La vacance commerciale a progressé : métro et dédiée aux vélos et aux bus. directe de gare à gare pour des cars ». elle est passée de 6,3 % à 7,8 % du parc Jean-Michel Lattes, premier adjoint Il souhaire l’appui du nouveau maire commercial (source : La Croix). Mais les chargé des déplacements, baisse le prix UMP de Niort, Jérôme Baloge,... qui grandes surfaces prolifèrent dans les du stationnement dans les parkings vient d’éliminer le projet de BHNS de zones périphériques. Vinci et supprime l’aide à l’achat de son prédécesseur (FNAUT Infos 226).

fnaut-infos n°229 - novembre 2014 x 5 Sécurité routière : le bon exemple britannique Passages à niveau En France, chaque jour, 16 millions En 2013, 1 784 personnes ont perdu 550 000 km². Par ailleurs, le réseau rou- de véhicules traversent les 15 000 pas- la vie sur les routes du Royaume-Uni et tier britannique est moins étendu que le sages à niveau (PN) ouverts au trafic 23 000 personnes ont été blessées grave- réseau français. Ces deux facteurs combi- routier. En 2012, 130 collisions ont eu ment. Avec 29 morts par an par million nés font qu’il y a nettement plus de pro- lieu à un PN, un chiffre en baisse de d’habitants, les Britanniques arrivent babilité pour un automobiliste de croiser 40 % depuis dix ans suite aux mesures seconds dans le classement 2013 des un dispositif de contrôle de vitesse au prises pour supprimer ou sécuriser les meilleurs élèves de l’Europe en matière Royaume-Uni qu’en France. PN après le drame d’Allinges (Haute- de sécurité routière : les Suédois sont les En février 2014, la Highway Agency, Savoie) qui avait coûté la vie à 7 collé- premiers du tableau ; la France arrive au qui gère les autoroutes, a annoncé la mise giens en 2008 : le nombre de morts a dixième rang sur 28, avec 50 morts par en place de radars sur le réseau autorou- été divisé par deux sur la même période million d’habitants. tier principal, afin de réguler les vitesses avec 33 tués, soit 0,7% des décès liés à et de limiter la congestion. un accident de la route, et 10 blessés Radars graves. 174 PN restent considérés par Vitesses RFF comme à traiter ou à aménager en La France s’est inspirée du modèle bri- priorité contre 364 en 2005, compte tannique, très efficace, ce qui l’a amenée Au Royaume-Uni, on roule en moyenne tenu de l’importance des flux et de à adopter le principe des radars auto- moins vite qu’en France sur les routes l’existence d’un précédent d’accident. matiques. Le Royaume-Uni a installé secondaires et les autoroutes. La vitesse En 2012, 25 millions d’euros ont été de tels radars dès 1992, donc bien avant maximale autorisée est de 97 km/h (60 investis pour la sécurité des PN par RFF, la France : on en dénombre aujourd’hui miles/h) sur les routes nationales et de l’Etat ou les collectivités territoriales et 7 000, contre 4 100 seulement en France. 112 km/h (70 miles/h) sur les autoroutes. près du double l’a été en 2013. Au Royaume-Uni, les radars ont mon- Dans la réalité, la vitesse moyenne pra- Or 99% des accidents sont dus à des tré leur efficacité puisque, depuis leur tiquée sur les routes à deux voies sans sé- comportements à risque des usagers première installation, la mortalité rou- parateur central est de 77 km/h. D’autre de la route : vitesse d’approche exces- tière a chuté de 53%. Les Britanniques part, chaque comté a la possibilité de sive des véhicules, passage de véhicule sont ainsi passés de 4 229 personnes prendre seul des mesures de réduction en chicane entre les barrières fermées, tuées à 1 960 en 2011. de vitesse sur son territoire. Le départe- non-respect d’un stop à un passage Même si en 2011, pour des raisons éco- ment britannique des Transports a publié « en croix de Saint-André » (sans bar- nomiques, le Royaume-Uni a revu leur en janvier 2013 un guide à l’intention rières de sécurité). Les accidents aux chiffre à la baisse, le nombre de radars des collectivités locales pour les aider à PN sont la deuxième cause de morta- reste toujours très élevé. prendre de telles mesures de réduction de lité sur le réseau ferré national, après La superficie du Royaume-Uni est la vitesse. les suicides. de 240 000 km², celle de la France de (Source : Infolettre de la DSCR) Lorsqu’ils ne sont pas supprimés, les PN voient leur signalisation amélio- Sécurité en ville rée : installation de feux à diodes, de feux sur potence, d’îlots séparateurs de Claude Chabot, président de la Ligue contre la violence routière en Loire-Atlantique, constate sens, de ralentisseurs et, plus récem- un relâchement du comportement des automobilistes en ville : « le risque vital est moins percep- ment, pose aux abords de 45 PN de tible qu’en rase campagne, le conducteur pense qu’il y a moins de radars et que le pire qui puisse radars de vitesse et de radars de fran- lui arriver est de froisser une aile de son véhicule ; il téléphone au volant, ne met pas ses cligno- chissement capables de repérer les tants et franchit les feux rouges, mais c’est oublier les usagers vulnérables que sont piétons et franchissements en chicane. cyclistes ; les radars feux rouges ont flashé 2 255 fois à Nantes durant le premier semestre 2014 ». Selon Christian Cochet (RFF), « les On peut penser aussi que tous les candidats (en particulier ceux du Front National) qui, lors des actions de sensibilisation ou de pré- dernières élections municipales, ont fait des promesses démagogiques aux automobilistes en leur vention sont capitales mais il n’est pas laissant croire que la ville leur appartenait, ont leur part de responsabilité dans ce relâchement. facile de transmettre certains ordres de grandeur à nos concitoyens : une voi- Conducteurs de camions ture roulant à 100 km/h met 80 m pour s’arrêter, un train roulant à la même Les conclusions d’une enquête réalisée par l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches pour la vitesse met un kilomètre ». fondation Vinci-Autoroutes sont inquiétantes. En septembre 2013, le ministre Fré- Plus d’un conducteur de camion sur quatre (28 %) dort moins de 6 heures avant un long trajet. déric Cuvillier a annoncé de nouvelles Près d’un sur trois (30 %) s’estime susceptible d’avoir un accident à cause de la somnolence. Trois mesures de sécurité : sur quatre (74 %) déclarent avoir roulé récemment sur des lignes blanches sonores le long de la - installation de 30 radars supplé- bande d’arrêt d’urgence, le plus souvent pour cause de somnolence ou d’inattention. mentaires pour éviter les franchisse- Les conducteurs ayant dormi moins de 6 heures avant le départ ont été 4 fois plus nombreux ments en force des PN ; que les autres à avoir connu, lors du trajet en cours, un presque accident pour cause de somno- - itinéraires sans PN pour les trans- lence. Trop de contre-mesures inefficaces, voire dangereuses, sont mises en place pour lutter ports exceptionnels et information des contre le risque d’endormissement au volant : 35 % des conducteurs écoutent la radio et 15 % chauffeurs routiers ; grignotent. 12% d’entre eux ont même recours au téléphone pour ne pas s’endormir au volant. - campagne de sensibilisation des 5 % avouent se servir délibérément des bandes blanches sonores pour les guider. usagers, insertion de la liste des PN Le 25 juillet dernier, dans la Meuse, un conducteur de camion sous l’emprise de la cocaïne dans les GPS, suppression des pan- a provoqué un grave accident (5 morts). Ce drame met en lumière l’usage croissant de la neaux publicitaires aux abords des PN ; drogue chez les camionneurs, pour arriver à supporter des conditions de travail difficiles ou - accélération de la sécurisation ou par habitude, surtout chez les jeunes. Une réalité confirmée par une enquête du Parisien de la suppression des PN prioritaires. réalisée sur l’aire de stationnement de Limours, en Essonne. Selon Frédéric Rodzyneck, Le nombre de PN dans le monde est fondateur du laboratoire Narcochek qui fabrique des détecteurs salivaires de stupéfiants, les estimé à 1 million, et le nombre des tués patrons routiers s’en inquiètent. lors des collisions à 6 100 par an.

6 x fnaut-infos n°229 - novembre 2014 Les Français et les PN Brèves Un sondage Babel-Ipsos réalisé pour RFF à l’occasion de la Journée Mondiale de Brèves Sécurité Routière aux Passages à Niveau BIEN DIT MAL DIT montre qu’une majorité de Français les trouve dangereux et sont respectueux des 3 Enrique Peñalos, ancien maire de Bogotá, 7 Noël Mamère, député écologiste : « de règles, qu’ils sont 91% à connaître. Tou- capitale de la Colombie : « un pays vraiment Nantes à Turin et Rio, c’est la même logique ; tefois, 9% des Français disent avoir déjà développé n’est pas un pays où les pauvres l’aéroport de NDDL, la LGV Lyon-Turin, enfreint ces règles et 40 % disent ne pas possèdent une voiture, mais un pays où les les grands stades du Brésil, autant de grands ralentir quand ils franchissent un PN. Après riches empruntent les transports publics ». projets inutiles socialement et écologique- « Un train peut en cacher un autre », un ment, et imposés d’en haut ». Que vient faire nouveau slogan est lancé : « Sur les rails, le ici le projet Lyon-Turin (qui n’est d’ailleurs pas danger est plus rapide que vous ». Bêtisier une ligne à grande vitesse) ? 7 François Patriat, président PS du Conseil Un leurre 7 Alexandre de Juniac, PDG d’Air France- régional de Bourgogne et de la commission KLM, lors du colloque Avenir Transport du des Finances du Sénat : « toutes les expertises RFF va expérimenter, à partir de 2016, sur 15 mai, en réponse à une question de l’euro- montrent que le réseau ferré actuel est trop trois sites de Normandie et trois sites de députée écologiste Marie-Anne Isler-Beguin : grand et pourrait être réduit pour rationali- Rhône-Alpes, des radars détectant la pré- « mais enfin, pourquoi voulez-vous donc taxer ser l’utilisation des moyens et le maintenir sence de véhicules routiers bloqués sur les le kérosène ? moi je ne vois pas ». M. de Juniac dans un état de performance acceptable. La voies ferrées aux passages à niveau dange- doit lire d’urgence le dernier rapport du GIEC commission Mobilité 21 a souligné que nous reux, dans l’espoir de réduire de 80 à 90 % (FNAUT Infos 226). devions faire des choix pour la construction le risque de collision avec les trains. 7 Jean-Michel Lattes, premier adjoint radi- de nouvelles infrastructures. Des choix, nous Les accidents aux PN résultent, dans la cal au maire de Toulouse chargé des déplace- devons en faire aussi en ce qui concerne le quasi totalité des cas, du non respect du ments : « le tout piéton ou le tout vélo pose des réseau existant. En effet, si de nouvelles in- code de la route. Autant le développe- problèmes aussi forts que le tout voiture d’au- frastructures sont nécessaires, des anciennes ment de radars sur la route, constatant et trefois, dont nous ne voulons plus » (... mais ne le sont peut-être plus ». verbalisant l’infraction de franchissement que nous favorisons quand même, voir page 5). du feu clignotant des PN, est une bonne mesure, autant la mise en place de radars Ministres dangereux détectant la présence de véhicules sur la voie pour le signaler au mécanicien Selon le magazine Auto Plus, le Premier du train me parait en être une mauvaise. ministre Manuel Valls et le ministre de l’In- C’est en effet faire croire aux conducteurs térieur (responsable de la sécurité routière) routiers que le train sera en mesure de Bernard Cazeneuve prennent des libertés s’arrêter, ce qui est un leurre et peut les avec le code de la route : excès de vitesse, cir- inciter à prendre encore plus de risques. culation en contresens, non respect des feux Les partisans de cette mesure sont d’ail- rouges. L’ex-ministre de l’Economie Arnaud leurs ultra minoritaires. Montebourg, un personnage très important, Jean-Louis Camus, FNAUT Limousin z estimait avoir tous les droits, par exemple Journaliste automobiliste celui de griller 12 feux rouges en 3 minutes Le saviez-vous ? sur 3,5 km : il méritait 4 retraits de permis Entendu sur France Info vers 21h, le lundi de conduire et 1 620 euros d’amendes. Par l Six Français sur dix partent en vacances 17 mars, après une journée de circulation contre, Ségolène Royal, ministre de l’Eco- en voiture. alternée à Paris suite à un pic de pollution : logie, conduit correctement au volant de sa l En 2013, 17 % des victimes d’acci- « merci et félicitations aux automobilistes pour voiture, électrique bien sûr. dents de la route ne portaient pas leur leur civisme, les voitures paires sont à nouveau ceinture de sécurité ; 11 % des enfants bienvenues ». Bienvenues pour qui ? Charabia de colloque ne sont pas attachés. l Envoyer ou recevoir un message multi- Patrons ivres Evoquez le caractère impératif d’une ré- plie par 3 le risque de provoquer un acci- duction de l’empreinte écologique de l’acti- dent. Mais 31 % des conducteurs lisent Le TGV Bordeaux-Lille a été stoppé pen- vité anthropique, compte-tenu des tensions des SMS au volant (et même 61 % des dant plus d’une heure, le 19 juin dernier. Une sur les ressources fossiles et biotiques, et l’ur- moins de 35 ans). centaine de patrons ivres, en séminaire, semait gence d’une sensibilisation des porteurs de l Selon l’Association nationale pour le trouble dans les voitures. Vingt policiers, cas- projets, d’une ingénierie didactique et de la l’amélioration de la vue, 22 % des conduc- qués et en tenue d’intervention, ont dû monter construction d’une typologie dialogique des teurs qui portent ordinairement des à bord pour calmer les esprits. comportements consuméristes des acteurs. lunettes ou de lentilles de contact ne les Afin de diminuer l’empreinte carbone, il portent jamais au volant. Train et avion faut promouvoir la marche comme cellule- l La Mission interministérielle contre les souche de la mobilité et la voiture servi- drogues et les conduites addictives va Trois fuselages de Boeing 737 se sont retrouvés cielle décarbonée, et créer de grandes allées expérimenter un nouveau test salivaire dans la « Gorge d’Alberton » de la rivière Clark métropolitaines pour une fluidité rapide. de détection des drogues. Aujourd’hui, Fork, Montana, après le déraillement d’un train Mais avant toute décision, il faut un repor- plus de 23 % des conducteurs impliqués de fret en juillet dernier, laissant les adeptes de ting de conformité produrable. dans un accident mortel présentent des rafting qui passaient par là complètement inter- Il faut aussi approfondir les fictions résultats positifs aux stupéfiants, c‘est loqués. Le train venait d’une usine de Boeing instituantes des LGV, et analyser les le cas d’un cyclomotoriste sur trois. En spécialisée dans le fuselage et se dirigeait vers approches rhétorique et iconique du dis- 2013, sur 144 000 dépistages, 48 000 Everett, l’usine d’assemblage située dans l’Etat de cours technopolitique sur les LGV et de étaient positifs. Washington, il transportait 13 carlingues de 737. ses métamorphoses.

fnaut-infos n°229 - novembre 2014 x 7 Activités Bourg-Bellegarde : de la FNAUT quand le TGV chasse le TER l Dominique Romann a participé à une RégionsLorsque la ligne La Cluse-Bellegarde, Les habitants du Haut-Bugey sont de table-ronde sur les transports organisée dite du Haut-Bugey ou des Carpates, plus en plus nombreux à travailler à Genève, à Nantes lors du dernier rassemblement a été fermée en 2005 pour permettre y compris des citoyens suisses qui trouvent des opposants à l’aéroport de NDDL. sa reconstruction et son emprunt par en France des logements à des prix plus l Claude Pierre dit Barrois fait partie du le TGV Paris-Genève, le trafic voya- abordables que dans leur pays et découvrent comité de pilotage de la LGV Est. geurs qui subsistait a été transféré sur avec consternation l'absence de desserte fer- l Anne-Sophie Trcera a participé à un col- la route. Quelques années plus tard, on roviaire. Il n'est donc pas étonnant que plus loque de l’UTP sur la médiation pour le peut faire un double constat décevant, de 1 000 travailleurs frontaliers français, sans traitement des litiges entre voyageurs et mais garder espoir. parler des Suisses, domiciliés dans l’Ouest exploitants. D’une part les TGV Paris-Genève genevois utilisent leur voiture pour se rendre l Jean Lenoir est intervenu au colloque n’ont pas les performances suffisantes à leur travail malgré les embouteillages qu'ils ARF-région Midi Pyrénées-UTP à Toulouse pour concurrencer efficacement l’avion ; subissent et les nuisances qu'ils engendrent. sur l’articulation des services régionaux la ligne a été modernisée à l’économie. La ville de Bellegarde est submergée par un et nationaux de transport public. Il a été Les temps de parcours annoncés lors du flux quotidien de voitures. auditionné par l’association TDIE sur le lancement des travaux ne sont pas respec- Néanmoins, la ligne du Haut-Bugey a financement du rail. tés. Des incidents répétés - inondations, été sauvée par sa reconstruction alors que l Christian Broucaret a animé un débat enneigement - occasionnent des détour- tant de lignes de montagne sont menacées. sur « les compétences régionales en nements par Culoz, sources de retards Le manque de fiabilité de la ligne peut être transport et leur financement » lors des importants. corrigé, une étude est en cours. La mise Journées d’été d’EELV à Bordeaux. D'autre part, les TER ont été partiel- sous tension de 25 kv de la ligne Belle- l François Giordani est intervenu lors lement rétablis, mais en nombre très garde-Genève permettrait de faire circuler d’une formation sur « l’organisation des insuffisant (3 allers-retours par jour), des navettes TER sans rupture de charge transports en France et le cadre institu- sur la ligne Bourg-en-Bresse - Nurieux entre Bourg et Genève. Un partenariat tionnel des transports collectifs » organi- - Oyonnax - Saint-Claude. Sur le tron- SNCF/CFF pourrait être envisagé. Des sée par l’Ecole des Ponts. çon Nurieux-Bellegarde, seuls circulent sites disponibles pour implanter des ateliers l Jean Sivardière a donné une conférence les TGV Paris-Genève. Pourtant, cette existent le long de la ligne, il ne manque sur le transport ferroviaire au groupe ligne permettrait de relier le Haut Bugey que la volonté politique des autorités orga- Energie des anciens centraliens. (60 000 habitants) avec Genève, et aussi nisatrices pour faire avancer ce projet utile l Jean Sivardière a présenté les idées de les villes du sillon Alpin : Chambéry, aux usagers et à la collectivité. la FNAUT sur le tramway et le BHNS lors Annecy, Grenoble. Anne-Marie Ghémard, association Le Tr’Ain z d’une réunion publique organisée à Avi- gnon par l’association Atout Tram, au- jourd’hui membre de la FNAUT. Liaisons transfrontalières l Une intervention de la FNAUT, menée par Xavier Braud en collaboration avec Alsace-Allemagne le CRELOC, en soutien de RFF auprès du tribunal administratif de Toulouse a été L’Association des usagers des Transports Fin février a été lancée l’extension de utile : l’association des riverains opposés à Urbains de l’agglomération Strasbour- la ligne D du tram qui doit relier Stras- la réouverture de la ligne Oloron-Bedous, geoise (ASTUS) travaille à l’amélioration bourg à Kehl à l’horizon 2016, un pro- a été déboutée. des réseaux de transports du bassin de vie jet que l’ASTUS a toujours soutenu car l Alain Morino-Ros représente la FNAUT strasbourgeois, en concertation avec les la nouvelle liaison facilitera les échanges aux réunions de l’observatoire de la satura- autorités organisatrices. entre les deux rives du Rhin. Un habitant tion du réseau ferré entre Paris et Lyon. Eric Elle défend la création d’un ticket unique de Kehl pourra aller voir aisément un Boisseau représente de même la FNAUT permettant de voyager en TER et sur le spectacle à Strasbourg et un Strasbour- aux réunions de l’observatoire de la satu- Réseau 67 avec le titre CTS sur l’ensemble geois adepte de la randonnée se déplacer ration de la ligne Nîmes-Perpignan. Ces de l’agglomération strasbourgeoise, Kehl y en Forêt-Noire. observatoires ont mis en place à la suite du compris. Un tel titre existe déjà à Nantes et Mais trop de blocages réglementaires rapport de la commission Mobilités 21. à Grenoble. Des tickets uniques 24h par- et administratifs subsistent encore au sein l Jean Sivardière, Jean Lenoir et Marc cours illimité existent déjà : Europass et de la future Eurométropole. Pourquoi le Debrincat ont rencontré Alain Le Vern, Alsa + zone CUS. Pourquoi pas un ticket Baden Würtemberg Ticket, qui permet directeur général Régions et Intercités simple utilisable dans l’heure ? de voyager à travers le Land pendant à la SNCF, et Jean Ghedira, directeur des Autre suggestion : les hôteliers pour- toute une journée, ne peut-il être utilisé Intercités, à propos de l’exploitation des raient fournir à leurs clients un « pass » jusqu’à Strasbourg, contrairement aux trains Intercités. transport permettant de découvrir gra- titres Europass, ni même y être acheté, tuitement Strasbourg, comme à Bâle, comme cela est possible à Wissembourg fnaut infos- Bulletin mensuel d’information Barcelone et Genève. Ce pass pourrait ou à Lauterbourg ? Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°229 être transfrontalier. Il existe des trous, parfois de plus de 2 ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. L’ASTUS milite aussi avec les associa- heures, dans la grille horaire de la liaison Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers tions allemandes pour l’amélioration des Strasbourg-Kehl-Offenbourg. De plus, un Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d liaisons transfrontalières du nord au sud aller-retour Strasbourg-Kehl coûte 7,80 Prix au numéro : 2 d de l’Alsace, par exemple de Haguenau à euros. Rien ne justifie un tel coût alors Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT Baden-Baden et Rastatt via Roeschwoog, qu’on peut circuler depuis Kehl dans tout de votre région, contacter notre permanence : d’Erstein à Lahr, de Colmar à Fribourg via le Bade-Wurtemberg toute la journée sur 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris Neuf-Brisach et Breisach. L’ensemble de l’ensemble des transports disponibles à par- tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] ces demandes s’inscrit dans le cadre de la tir de 7,60 euros par personne. Internet : http://www.fnaut.fr future Eurométropole Strasbourg. André Roth et David Wendling, ASTUS z CCP : 10 752 87 W Paris

8 x fnaut-infos n°229 - novembre 2014 n°230 infos décembre 2014 édition nationale

Bulletin de la Fédération­ Nationale des Associations d’Usagers des Transports

Le rapport Baupin-Keller : une automobilité écologique ?

Elus irresponsables

Le projet de tramway du Grand Avignon, lancé par Marie-José Roig, alors maire (UMP), est aujourd’hui remis en question suite à l’alliance pour le moins surprenante de Cécile Helle, nouvelle maire PS d’Avignon, et de Joris Hébrard, nouveau maire FN du Pontet. Jean-Marc Roubaud, président UMP du Grand Avignon (qui avait voté pour le projet en 2010) a décidé de réduire de moitié les crédits (260 millions) alloués au tramway et de lancer une nouvelle étude sur un panachage entre une ligne de tramway raccourcie et un BHNS... Seule l’association Atouts Tram, membre Boulevard périphérique de Paris (photo : Marc Debrincat) de la FNAUT, dénonce l’absurdité de la dé- cision. Selon son président Robert Fidenti, « avec un taux de chômage de 22 % et une Le récent rapport Baupin-Keller présente un panorama très complet des ville centre en perte de vitesse, comment nouvelles pratiques de mobilité, des évolutions de l’image du véhicule au- peut-on se permettre de refuser un inves- tomobile et de ses évolutions technologiques. Il cherche à définir un bon tissement d’avenir aux retombées écono- usage de la voiture face aux contraintes que constituent les nuisances rou- miques immédiates ? On fait une politique tières, la dépendance pétrolière et le réchauffement climatique. Mais le de sous-préfecture sans ambition ». rapport ne propose qu’une adaptation très limitée du système automobile A Aubagne, le réseau de 13 km de tramway à ces contraintes. Il ignore les effets pervers de cette adaptation et les lancé par les anciens élus PC est abandonné, vertus des autres modes de déplacement. L’objectif recherché - une mobi- suite à l’élection du nouveau maire UMP Gé- lité « sereine et durable » grâce à l’émergence d’une « voiture écologique » rard Gazay : seule une ligne de... 2,5 km sera - est largement illusoire et ne doit pas détourner l’attention des solutions exploitée, avec un parc surdimensionné de 8 de fond que défend la FNAUT. rames. Une étude - encore une - est décidée : la voie ferrée de la Valdonne, pourrait être « Les nouvelles mobilités sereines et du- La FNAUT n’a pas été auditionnée mais rouverte... un jour. rables : concevoir des véhicules écologiques Denis Baupin a présenté le rapport devant A Amiens, le tramway est abandonné, », tel est le titre du rapport de 416 pages son Conseil national le 14 juin 2014, pré- comme la nouvelle maire UDI Brigitte Fouré élaboré par Denis Baupin, député EELV sentation suivie d’un débat qui s’est pro- s’y était engagée. Alain Gest, président UMP de Paris, et Fabienne Keller, sénatrice longé au sein du Bureau national. d’Amiens Métropole, le trouvait trop cher lui UMP du Bas-Rhin, à partir de cinq audi- Tout en s’opposant au tout-voiture, la aussi, mais le canal Seine-Nord qu’il défend avec tions publiques organisées en 2013 pour FNAUT a toujours été attentive aux évo- acharnement ne coûte que quelques milliards. l’OPECST, Office parlementaire d’éva- lutions technologiques de l’automobile, Comme l’a rappelé la FNAUT Picardie, le luation des choix scientifiques et techno- aux évolutions parfois inattendues de son tramway n’est pas la solution miracle, mais il logiques. usage et de son image (intermodalité, peut constituer l’ossature très efficace d’un L’OPECST est une délégation inter- covoiturage, autopartage, comportement réseau urbain et provoquer des changements parlementaire (18 députés, 18 sénateurs) des jeunes,...) et aux réflexions sur sa place massifs de comportements : le refuser, c’est chargée d’éclairer l’action du Parlement en dans l’organisation des déplacements refuser de prévoir l’avenir, c’est voir petit. matière scientifique et technologique. À (FNAUT Infos 131, 140, 146, 172, 178, L’attitude obscurantiste des élus anti-tram- cette fin, il recueille des informations, met 185, 198, 218, 219, 223, 229). way est affligeante : ceux de droite oublient en œuvre des programmes d’études et pro- Elle ne pouvait donc rester indifférente les conclusions du Grenelle de l’environne- cède à des évaluations. aux préconisations du rapport Baupin- ment, ceux de gauche l’urgence d’une transi- Les deux rapporteurs ont étudié les véhi- Keller, très révélatrices des nouvelles atti- tion énergétique. Et tous oublient de propo- cules dits écologiques à usage individuel en tudes concernant l’avenir de l’automobile ser une vision d’avenir de la ville conforme à cherchant à éviter une approche scientiste chez les constructeurs automobiles, les « l’intérêt des habitants. Pourtant, dans toutes souvent reprochée à l’OPECST : « les experts » et les décideurs politiques. les villes qui l’ont adopté, le tramway est cri- évolutions technologiques ont été repla- Le présent dossier a été élaboré par An- tiqué, voire vilipendé, avant son lancement, et cées dans un cadre élargi, incluant leurs nick de Montgolfier, membre du bureau de plébiscité dès sa mise en service. impacts économiques, environnementaux, la FNAUT et vice-présidente de la Fédé- Jean Sivardière z sociaux et sociétaux ». ration des Usagers de la Bicyclette (FUB).

fnaut-infos n°230 - décembre 2014 x 1 L’automobile : nouvelle image, nouveaux usages

Selon le rapport Baupin-Keller, « la pos- route : « pouvoir se déplacer de la manière Par ailleurs, le covoiturage connaît un Dossiersession d’une voiture était porteuse de va- la plus agréable et la plus rationnelle pos- succès fulgurant pour les déplacements à leurs, de symboles, de marqueurs sociaux ; sible ». Le rapport définit alors le véhicule longue distance (voir l’étude ADETEC considérée comme condition d’obtention dit écologique : « un véhicule propre, éco- dans FNAUT Infos 229). BlaBlaCar est d’un emploi ; elle était même un symbole nome, silencieux, sobre, de faible encom- devenu un concurrent redoutable pour de liberté ». brement, sûr pour ses utilisateurs comme la SNCF : 3 millions d’inscrits en avril Mais « un nouvel imaginaire du véhi- pour les autres usagers de la voirie, et dont 2013, 7 en avril 2014. Leurs motivations cule automobile se construit, qui l’associe la disponibilité, la puissance, les perfor- sont principalement économiques - le d’abord au service qu’il rend ». mances théoriques, le poids et l’usage sont prix du train leur semblant rédhibitoire - Si Internet permet d’être en lien à tout compatibles avec les contraintes environne- mais pas écologiques. Ils recherchent la moment avec l’autre bout de la planète, la mentales et sociétales ». convivialité, et apprécient la sécurité du mobilité réelle évolue en sens contraire. Se système : chauffeur et passagers identi- déplacer devient souvent difficile, avec les Les nouvelles mobilités fiés, paiement sécurisé. encombrements, les risques d’accidents, la hausse du prix des carburants. Et le véhi- Les comportements évoluent. Les achats Le facteur 4 cule individuel devient peu à peu un moyen de véhicules neufs baissent depuis plusieurs de déplacement comme un autre. années dans les pays développés. En France, Selon Denis Baupin, nous sommes à la Les jeunes sont moins intéressés par la l’âge moyen d’achat d’une première voiture veille d’une révolution analogue à celle voiture, seule la moitié des 18-25 ans a le neuve est de 54 ans, l’emploi automobile a qui a conduit de la machine à écrire à permis de conduire (48 % des hommes, reculé de 30 % en dix ans et 2,2 millions de l’ordinateur. Les nouvelles technologies 45 % des femmes). Pour les moins de véhicules ont été produits en 2011, contre aujourd’hui disponibles (voir ci-dessous) 35 ans, « le Smartphone remplace la voi- 3,5 millions en 2005. vont permettre un usage rationnel de la ture dans l’échelle des préférences ». On Alors qu’une voiture particulière reste voiture et de lutter contre la pollution et pense plus à l’environnement, on calcule immobilisée 95 % du temps, d’autres pra- le réchauffement climatique. l’empreinte carbone de ses déplacements, tiques permettent d’utiliser un même véhi- La France s’est engagée à diminuer par 4 le prestige ne réside plus nécessairement cule bien plus souvent. l’émission de gaz à effet de serre d’ici à dans la possession d’une voiture puissante. L’autopartage se développe non seulement 2050, par rapport à 1990. Pour l’ADEME, Et l’usage de la voiture devient plus im- dans les grandes villes, mais aussi dans les la mobilité peut être un facteur important portant que sa possession. zones rurales et les villes moyennes. Son cœur de réalisation du facteur 4 en utilisant le de cible : les 25-35 ans. Selon une étude du gaz à la place du pétrole, et en développant Le véhicule « écologique » cabinet 6T, une voiture partagée remplace 9 l’autopartage. On pourrait aussi encourager voitures particulières, un autopartageur roule les constructeurs à réaliser moins de ventes, On en arrive ainsi au concept de « mobi- 2 fois moins qu’avec sa voiture personnelle, mais à offrir des services comme le recy- lité sereine et durable », proposé par Ber- et même 3 fois moins lorsqu’il a abandonné clage des batteries, les réparations de voi- nard Darniche, ex-champion automobile, celle-ci. Le système Autolib’ parisien reven- tures avec électronique embarquée, l’éco- porte-parole de l’association Citoyens de la dique 62 000 abonnés. entretien.

Nouvelles technologies : les véhicules de demain

La motorisation thermique classique Les agro-carburants font encore l’objet (« pour PSA, le problème des particules est (essence, diesel) conservera une place de controverses : ceux de première géné- considéré comme réglé ») et construit aussi importante à moyen terme, avec l’objec- ration, fabriqués à partir de ressources une petite voiture électrique. tif affiché d’une forte réduction de la végétales alimentaires, sont vivement criti- consommation (2 l/100 km). La moto- qués ; ceux de deuxième génération, pro- Réduire la consommation risation hybride se développera. duits à partir de cellulose et de végétaux Le GPL a connu en France un certain non alimentaires, restent chers ; ceux de Les véhicules devront s’adapter pour ré- essor, mais deux accidents, dus à l’ab- troisième génération, produits à partir de duire la consommation : allègement en utili- sence de soupape de sécurité, et la dimi- micro-algues qui peuvent être méthanisées, sant de nouveaux matériaux et en prévoyant nution des avantages fiscaux accordés au accumuler des acides gras ou contenir des un peu moins d’équipements et d’options ; GPL ont conduit à un excédent impor- sucres, ne sont pas encore rentables. réduction de la vitesse et de la puissance, tant des capacités de distribution, ren- pour respecter les réglementations, notam- tables à partir d’un million de véhicules Sélectivité des aides ? ment en ville ; moindre encombrement. alors que le seuil des 200 000 véhicules Si l’électronique embarquée, omnipré- n’a pas été atteint en 15 ans. L’Etat doit-il encourager toutes les filières sente, permet, selon les constructeurs, Les véhicules électriques pourraient, ou être sélectif ? « Faut-il privilégier la filière d’améliorer la sécurité (airbags, ABS, selon l’ADEME, représenter un tiers du électrique ou répartir l’effort entre plusieurs stabilisateurs de trajectoire ESP) et de parc en 2050. Mais la durée de vie ac- techniques : électrique, air comprimé, hy- mieux gérer les batteries, elle consomme tuelle des batteries est de 8 ans, la moitié drogène ; ou GPL, GNV, agro-carburants beaucoup d’énergie. de celle du véhicule, et leur prix repré- de deuxième et de troisième générations ? » Des progrès sont prévus, comme la sente la moitié de celui du véhicule ; le La France soutient différentes filières, connexion du Smartphone du conduc- temps de recharge est long, le nombre d’autant plus que les constructeurs fran- teur au tableau de bord. D’autres systèmes de bornes notoirement insuffisant, les çais ont fait des choix différents : priorité agiles permettraient de contrôler en temps bornes à recharge rapide non encore à l’électrique pour Renault, adaptation au réel l’énergie consommée et la pollution normalisées. Et la plupart des voitures marché et exigence de rentabilité pour induite, de mieux s’informer sur le trafic ou électriques ont une autonomie comprise PSA, qui considère que les diesels filtrés la localisation de bornes, et de mieux gérer entre 60 et 80 km. sont efficaces pour toutes les particules ses déplacements.

2 x fnaut-infos n°230 - décembre 2014 La voiture propre, un mythe Les recommandations Nathalie Kosciusko-Morizet, le Parisien du rapport Baupin-Keller du 6-04-2011 : « l’avenir en ville est aux pe- tites voitures et à la traction électrique ». 1 - Organiser une mobilité sobre, inte- Mobiliser le grand emprunt et les in- Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie : ractive, intermodale, sereine. vestissements d’avenir en faveur de l’uti- « il faut réfléchir à une définition juridique Privilégier l’optimisation des infras- lisation des énergies alternatives dans la du véhicule écologique, selon des critères tructures existantes à la construction mobilité. de gabarit, de motorisation, de niveau de d’infrastructures nouvelles. Faire un bilan de l’intensité carbone et consommation ». Développer les plateformes d’écomo- des implications environnementales des Gilles Aymoz, chef du service Evaluation bilité et d’intermodalité. agro-carburants de première et de deu- de la qualité de l’air à l’ADEME, est plus lu- Réduire la mobilité contrainte et la xième génération, et de leur utilisation. cide : « de nouvelles réductions d’émissions congestion des heures de pointe par Développer les agro-carburants de troi- à l’échappement seront de plus en plus une nouvelle organisation du travail : sième génération. difficiles à atteindre, et les particules orga- centres partagés de travail à distance, Retirer les panneaux « Interdit au niques secondaires encore mal quantifiées travail mobile et en temps partagé. GPL» à l’entrée des parkings. incitent à la plus grande prudence ; il faut aller au-delà des nouvelles technologies de 2 - Faire évoluer le modèle automobile : 6 - Favoriser l’usage partagé des véhi- motorisation et de dépollution et favoriser sobriété, plaisir, modernité, convivia- cules automobiles. les mobilités collectives, actives et multimo- lité, modularité. Fixer nationalement l’objectif « 2 per- dales » (Ville, Rail et Tranports, août 2014). Contribuer à un nouvel imaginaire sonnes par voiture » au même niveau du véhicule en favorisant, dans la com- d’ambition, de visibilité et de moyens Une mesure refusée munication publique, les critères de so- que celui des « 2 litres aux 100 km » ; en par la FNAUT briété énergétique, de moindre encom- souligner l’intérêt en termes de pouvoir brement et de moindre pollution, et les d’achat, de consommation d’énergie, de Si on autorise la circulation des voitures concepts de sérénité des déplacements pollution et de réduction des émissions électriques et des voitures dites automa- et d’agrément, aux dépens des critères de gaz à effet de serre. tiques, communicantes ou à délégation de puissance et de vitesse ; souligner les Faire évoluer le code des assurances de conduite dans les couloirs réservés aux surcoûts et surpollutions liés à la puis- pour favoriser le partage des véhicules. bus, comment éviter le ralentissement de sance inutile des véhicules. Donner un statut juridique au co-voi- ces derniers, le retour à la voiture d’un cer- turage afin de sécuriser son usage. tain nombre d’usagers et des gaspillages 3 - Contractualiser avec les construc- d’argent public ? teurs pour renouveler le modèle auto- 7 - Une gouvernance partenariale, un Si la vitesse commerciale des bus desser- mobile et pérenniser les emplois. Etat stratège. vant une ligne urbaine de 12 km augmente Organiser la durabilité et la réparabi- Créer une instance publique de pilo- de 3 km/h, l’exploitant, et donc l’autorité or- lité des véhicules, anticiper les normes tage des actions (Union européenne, ganisatrice locale, économisent 149 000 eu- de recyclabilité des pièces et matériaux, Etat, régions, départements, inter- ros par an (source : UTP). organiser la déconstruction. communalités, centres de recherche Accompagner la profession dans un universitaires, CNRS, constructeurs, Les usagers oubliés business model de plus en plus tourné équipementiers, banquiers, assureurs, vers le service (location, autopartage). gestionnaires de parkings, syndics d’im- Les rapporteurs ont auditionné les Former les professionnels aux nou- meubles, hypermarchés, stations-ser- concepteurs, les industriels,... mais pas les velles technologies de motorisation. vice, représentants d’usagers, centres de usagers. Ceux-ci sont cités une seule fois recherche privés) sous coordination des dans le rapport, à propos de la recomman- 4 - Orienter les automobilistes vers les ministères de l’écologie et de l’industrie, dation N° 7 sur la gouvernance partenariale, véhicules écologiques et donner des chargée de l’élaboration de préconisa- au milieu de cet inventaire à la Prévert que avantages aux pionniers. tions, du suivi de la mise en œuvre et de constitue la composition de l’usine à gaz Créer une étiquette énergie des véhi- l’évaluation. dénommée comité de pilotage. cules à la vente, prenant en compte la Créer une instance nationale fédérant consommation, les émissions de GES et les acteurs du transport. Gadgets de polluants « du puits à la roue ». Faciliter le stationnement des véhi- 8 - Organiser la veille technologique et Denis Baupin propose de mettre sur le cules écologiques sur la voirie et dans les sociale de la mobilité. marché un continuum de véhicules à 2, parkings souterrains, en leur réservant Favoriser les expérimentations de vé- 3 et 4 roues. Mais c’est oublier que la voi- des places dédiées et/ou en réduisant hicules sans conducteur. ture ne s’adapte jamais aux autres modes, leur coût de stationnement. Soutenir des Etudier les implications en termes de qu’elle n’est en aucun cas un mode doux, solutions innovantes (disque vert) per- sécurité informatique du développement et ne peut donc s’intégrer dans un tel mettant d’offrir 1h 30 de stationnement des systèmes d’électronique embarquée continuum. Et a-t-on besoin de tous ces gratuit. dans les véhicules et leur vulnérabilité au engins à 2, 3 ou 4 roues certes décarbonés Proposer aux foyers modestes des risque de piratage. mais encombrants ? prêts à taux zéro, afin de leur permettre Le rapport Baupin-Keller cite le socio- d’acquérir un véhicule écologique. 9 - Promouvoir une politique euro- logue Bruno Marzloff, selon lequel « la péenne de mobilité sobre. voiture sans conducteur permet d’éviter 5 - Privilégier les carburants renou- Faire respecter la future norme euro- le conflit entre le conducteur et la tech- velables, avec des objectifs plus ciblés péenne prévoyant que, d’ici 2015, 95% nologie ». Le rapport veut favoriser « une et en gardant ouvertes les différentes de l’ensemble du véhicule soit valori- route intelligente », « des convois automa- options techniques. sable ou réutilisable. tisés de véhicules ». Est-ce cela qui peut Ne fermer aucune option technolo- Elaborer une stratégie européenne nous faire rêver ? gique de motorisation pour promouvoir pour une « route plus intelligente » et Annick de Montgolfier la mixité énergétique. des convois automatisés de véhicules.

fnaut-infos n°230 - décembre 2014 x 3 Une vision plus féconde : Commentaires de la FNAUT : la ville frugale une vision automobiliste de la mobilité Jean Haëntjens, économiste et urba- La FNAUT est évidemment en accord On retrouve ici la notion pernicieuse niste, dirige le cabinet Urbatopie. Il vient avec un certain nombre d’orientations de « voiture citoyenne » promue par la de publier « la ville frugale ». Alors que préconisées par le rapport : mieux exploi- Ligue contre la violence routière, ou en- la notion de ville durable tend à devenir ter les infrastructures routières plutôt core la philosophie à la base de la loi sur un slogan marketing sans grande signi- qu’en créer toujours de nouvelles, favo- la transition énergétique présentée par fication, celle de ville frugale cherche à riser les transports collectifs et le vélo, la ministre de l’Ecologie : l’écologie est concilier très concrètement des objectifs encourager l’intermodalité, diminuer la une affaire de chercheurs, d’ingénieurs apparemment contradictoires : attentes vitesse automobile pour réduire l’acci- et d’industriels, qui se voient chargés de mobilité et sobriété énergétique, dé- dentologie, la pollution, le bruit et la de résoudre des problèmes sociétaux et sirs d’espace et recherche de compacité, consommation. de favoriser une croissance verte, et non rayonnement économique et convivialité, La FNAUT apprécie aussi diverses une affaire de changements de compor- qualité urbaine et maîtrise des coûts. L’au- suggestions présentes dans le rapport : tements des personnes et des entreprises. teur propose en particulier : - organiser la durabilité des véhicules, Une vision « radieuse » du véhicule dit - une polarisation des activités profes- leur déconstruction, le recyclage des écologique et de son usage se dégage du sionnelles à proximité des gares (l’élar- matériaux, dans un esprit d’économie rapport : la notion de plaisir doit sous- gissement des bassins d’emplois est circulaire ; tendre la conduite automobile, le «nou- inéluctable et induit un accès essentiel- - passer de la production à la location et vel imaginaire» automobile est associé à lement automobile, d’où la nécessité de au partage des véhicules ; la convivialité. De même convient-il de densifier autour des gares, pour inverser - aménager les horaires de travail et promouvoir les nouveaux véhicules « en la tendance) ; créer des centres de télétravail pour ré- les rendant attractifs », en favorisant - une organisation urbaine rappro- duire la mobilité contrainte et réduire la « les concepts de sérénité et d’agrément chant les écoles, les commerces, les ser- congestion des heures de pointe. des déplacements ». vices et les habitations (petits immeubles et maisons de ville). Automobilité Effets pervers La preuve est faite que la consomma- tion d’énergie diminue quand la den- Ceci étant, centré sur la mobilité auto- Les questions de fond semblent assez sité urbaine augmente. Néanmoins les mobile, le rapport Baupin-Keller déçoit : fortement ignorées, par exemple les li- très grandes villes génèrent des coûts comment, en effet, appréhender correc- mites de la voiture électrique soulignées externes importants : encombrements, tement les questions posées par l’auto- par l’ADEME : les ressources en lithium pollutions, temps perdu, hausse des mobile (technique, usage) si on assimile et en terres rares sont-elles garanties de prix de l’immobilier, manque d’espace mobilité et voiture sans une vision d’en- manière pérenne ? Le recyclage des bat- vital ; à l’inverse, les villes trop petites semble de la mobilité ? teries est-il si facile ? Suffirait-il d’élec- ne répondent pas aux attentes élémen- Le rapport propose de passer de l’objet trifier la route pour rendre le camion taires des habitants ; ce sont les villes automobile à l’automobilité, il ne s’inter- vertueux ? moyennes et métropoles régionales qui, roge pas sur la place souhaitable de la Quant aux effets pervers des recom- si elles sont bien reliées par le rail, per- voiture en ville ou sur route, et le souci mandations du rapport, ils sont igno- mettent de concilier au mieux sobriété d’un report modal et de la reconquête de rés. Aucun tri n’est effectué parmi les énergétique, prospérité économique et l’espace urbain par les modes alternatifs innovations. Or la voiture en libre ser- qualité de vie (www.lavillefrugale.com). n’apparaît pratiquement pas. vice incite les citadins non motorisés à Au fond, le rapport exprime un point de utiliser la voiture ; le covoiturage longue L’illusion de la ville vue d’automobiliste intelligent, conscient distance fragilise le train. à la campagne de la nécessité de certaines évolutions, Les voitures de petite taille, certes plus inéluctables mais limitées, pour répondre légères, sont-elles toujours à encoura- A l’opposé de la ville frugale, on trouve aux difficultés que rencontre le système ger ? Même plus courtes, électriques ou les lotissements qui se sont multipliés automobile. Mais toute remise en cause thermiques, elles encombrent l’espace dans les zones périurbaines. de la mobilité individuelle mécanisée est public, et sont plus nombreuses à se ga- « Nos territoires se trouvent dans un éludée. Or on ne peut imaginer des solu- rer en ville ! état indigne », déplore Michel Desvigne, tions pertinentes à partir de la voiture. Et si l’on favorise leur achat, ne paysagiste dont les projets se vendent L’objectif visé est seulement de ratio- risque-t-on pas de voir les ménages ci- partout en France et dans le monde. Il naliser la technique et l’usage de la voi- tadins avoir deux voitures, la seconde, est consterné par l’étalement urbain et ture pour répondre à des contraintes qui plus grosse, étant prévue pour les loisirs dénonce « le lotissement, ou l’illusion s’aggravent : congestion des voiries, nui- familiaux ? d’habiter à la campagne ». sances qui menacent la santé publique, Le rapport propose beaucoup de fi- « Entre 30 et 50 % de nos concitoyens dépendance pétrolière, réchauffement nancements publics : primes à la casse, vivent dans des lotissements sans rela- climatique. Il s’agit aussi de sauver l’in- subvention permettant aux foyers mo- tion avec la ville ou la campagne, à plus dustrie automobile en lui redonnant des destes d’acquérir un véhicule écologique, de 800 m de tout équipement de type perspectives de développement alors affectation du grand emprunt au finan- urbain, commerces, écoles,... La ville en qu’elle n’a pas su anticiper les mutations cement des énergies alternatives dans la France, c’est surtout cette ville diffuse, nécessaires. mobilité. Mais est-ce à l’Etat de financer sans espace public, qui ignore tout du Les solutions proposées reposent sur l’industrie automobile ? monde qui se trouve de l’autre côté de l’hypothèse qu’une voiture peut être En définitive, la mobilité sereine et la clôture d’enceinte du lotissement. » écologique et permettre une « mobilité durable, c’est d’abord le vélo et le trans- La voiture devient vitale, pour se rendre sereine et durable ». Cependant, même port collectif, dès lors que ces modes au centre commercial ou au centre his- modernisé, le système automobile reste sont pris au sérieux par les décideurs torique s’il y subsiste une activité com- anti-écologique : encombrement de la politiques et placés dans des conditions merçante, sociale, associative (voir le ville, étalement urbain. favorables à leur pratique. magazine Valeurs Vertes n°117).

4 x fnaut-infos n°230 - décembre 2014 Les objectifs sont-ils atteints ? La gratuité des transports urbains en Europe

La mobilité des citadins défavorisés est La gratuité des transports est au- de grandes villes (Bologne, Castellon de facilitée par la gratuité ; à Tallinn, la gratui- jourd’hui en vigueur dans 26 villes ou la Plana, Sheffield, Hasselt) que dans de té a eu un impact surtout dans les quar- agglomérations françaises. Hors Aubagne, petites villes d’Allemagne, de République tiers pauvres de la ville. Castres, Châteauroux, Compiègne, Gap et Tchèque et de Suède. La gratuité a pour l’usager des avan- Vitré (dont les populations sont comprises En Belgique, quatre démarches ont tages indéniables : gain financier, sup- entre 40 000 et 104 000 habitants), soit été suivies : gratuité entre 1997 et 2013 pression des contrôles, meilleure acces- environ 500 000 habitants, la gratuité ne (Hasselt), gratuité maintenue depuis 1999 sibilité, temps d’arrêts réduits. Peu de cas concerne que des agglomérations de moins (Mons), tarification très basse (Genk), de vandalisme ou d’occupation abusive de 25 000 habitants, soit environ 250 000 tarification traditionnelle (Liège). des bus sont signalés. habitants. La population bénéficiant de la La croissance de la fréquentation du gratuité représente donc environ 2 % de Des motivations variées transport public est souvent spectacu- la population française desservie par les laire. Mais elle ne doit pas faire illusion, car transports publics urbains. Les motivation des élus ayant introduit la fréquentation initiale est généralement La gratuité étant l’objet d’appréciations la gratuité sont de 4 types. faible, voire marginale. divergentes, la FNAUT a réalisé, à la de- 1 - La gratuité va permettre à tous les La gratuité attire surtout les captifs mande du GART, une étude sur la gratui- citadins de se déplacer aisément quels du transport collectif. Les ménages plus té dans les villes européennes. Cette étude que soient leurs revenus, de redonner du aisés et déjà usagers sont sensibles au confirme le point de vue déjà exprimé par pouvoir d’achat aux habitants les plus rapport qualité/prix plus qu’au seul prix ; la FNAUT (FNAUT Infos 151, 170, 193, modestes et de renforcer les liens entre leur mobilité étant déjà élevée, la gratui- 201, 215). les habitants. Cette vocation sociale de té les intéresse peu. la gratuité a été clairement affirmée à La gratuité ne dévalorise pas le trans- Une analyse délicate Bologne et à Tallinn, elle est souvent pré- port public : à Bologne et Hasselt, l’image sente dans les petites villes. du transport gratuit était très bonne. Depuis l’expérience de Bologne, très 2 - La gratuité va provoquer, par un « Elle induit même une croissance de la innovante à l’époque (1973), les villes eu- choc pédagogique », une plus forte utili- demande de transport public. Mais on ropéennes ayant introduit la gratuité sont sation des transports urbains, souvent très observe une saturation des véhicules, peu nombreuses et l’analyse de ces initia- peu fréquentés, surtout dans les petites un inconfort dont les usagers anciens et tives est délicate : villes et les zones rurales, donc mieux les nouveaux font les frais. La gratuité attire - les effets de la gratuité sont très sen- rentabiliser puisqu’il faut les maintenir des piétons et des cyclistes effectuant des sibles à la situation de départ (taille et en activité pour les captifs. La gratuité va trajets courts. situation économique de la ville, état et ensuite justifier ou provoquer le dévelop- L’adoption de la gratuité est souvent fréquentation du réseau, taux de subven- pement de l’offre de transport public. l’occasion d’un renforcement de l’offre, tionnement des usagers) et aux modalités 3 - La gratuité va aussi attirer des auto- mais l’offre reste bas de gamme, surtout de mise en place de la gratuité (sur l’agglo- mobilistes, donc diminuer les accidents, dans les petites villes. Dans les grandes mération, la ville ou seulement le centre- les nuisances du trafic routier et les gas- villes, le renforcement de l’offre est en- ville ; pour tous les usagers ou seulement pillages de temps et de carburant dans les core plus difficile parce qu’il exige des les résidents) ; embouteillages. Cet objectif de rééqui- investissements lourds. - il arrive que d’autres mesures aient été librage modal a été affiché en particulier Faute d’un transport collectif rendu suf- prises au moment où la gratuité a été mise à Hasselt, ville de 67 000 habitants qui a fisamment attractif, le trafic automobile en place (amélioration de l’offre de trans- voulu éviter de nouveaux investissements diminue très peu. A Hasselt, 21 % des nou- port public, régulation du trafic automo- routiers très coûteux (pénétrantes, par- veaux usagers des bus étaient d’anciens bile), il est alors difficile d’isoler l’impact kings centraux). piétons (9 %) ou cyclistes (12 %) et 16 % de la gratuité ; 4 - La gratuité va redynamiser le centre, d’anciens automobilistes. - les informations fournies par les auto- y améliorer la qualité de vie en y réduisant rités surestiment généralement les effets le trafic automobile, et relancer sa fonc- Une démarche inutile positifs de la gratuité, comme le montrent tion commerciale affaiblie par les activités et contre-productive à terme les études plus objectives publiées par la commerciales et les services périphériques suite (Tallinn). (Hasselt, Mons). Que ce soit dans un objectif social ou un L’expérience de Hasselt a été la mieux objectif environnemental de report modal, Des différences notables conçue car la gratuité a été accompagnée la gratuité n’est ni suffisante, ni nécessaire. d’une rénovation des transports publics et Une tarification sociale, indexée sur la ca- En Europe, à la différence de la France, de mesures de dissuasion de la circulation pacité contributive des ménages, suffit à la gratuité est peu répandue. automobile. garantir le droit au transport. Quant à l’au- Elle a été introduite dans des villes pe- Le coût prévisible de la gratuité est tomobiliste, il est d’abord sensible à la qua- tites ou moyennes mais aussi dans quelques généralement mal calculé au départ. Les lité de service (vitesse, fréquence)... et aux très grandes villes, jusqu’à 400 000 habi- économies (billetterie, contrôle) et la perte mesures de restriction du trafic individuel. tants (Bologne, Tallinn). Les exemples des de recettes commerciales (faibles dans les En définitive, la gratuité n’optimise pas grandes villes britanniques (Cardiff, Shef- petites villes car le taux de couverture des la dépense publique, elle est contre-pro- field, Rotherham, Bradford, Manchester) coûts par les recettes est faible, d’où un ductive car elle monopolise des ressources sont moins significatifs, la gratuité ne passage à la gratuité plus facile que dans qui pourraient être consacrées plus uti- concernant que des navettes internes à des les grandes) sont évaluées, mais le coût lement aux investissements et à l’amélio- centres-villes. Il en est de même de celui des investissements nécessaires pour faire ration de l’offre de transport collectif. Son de Mons (Belgique, 95 000 habitants). face à la croissance de la fréquentation est coût excessif finit souvent par mener à sa Autre différence notable : alors que la sous-estimé. Aucun remplacement des disparition : le réseau modèle de Bologne gratuité n’a été abandonnée, en France, recettes des usagers n’est prévu, par un im- n’aurait jamais vu le jour si l’effort financier qu’à Provins, en 2000, elle l’a été, pour pôt local affecté aux transports collectifs nécessaire à la gratuité avait perduré. des raisons budgétaires, aussi bien dans ou un péage urbain.

fnaut-infos n°230 - décembre 2014 x 5 Seine-Nord : un canal miraculeux ! Forum Pollution de l’air Fin septembre 2014, le Premier mi- cet immense chantier, dans une logique nistre Manuel Valls a annoncé le lan- de développement durable ». L’accent mis sur les pics de pollution de cement dès 2017 de la construction du Selon le rapport Pauvros, l’existence du l’air est médiatique, mais ne correspond canal Seine-Nord (106 km entre Com- canal induira 50 000 emplois en 2050 : pas à la réalité : d’après le corps médical, piègne et Cambrai), pour une mise en un chiffre étonnant, car le député UMP ce qui est vraiment important c’est l’ex- service en 2023 : « le gouvernement Alain Gest, autre défenseur acharné du position moyenne et prolongée des cita- s’engage totalement sur ce grand projet projet, parlait, lui, de 25 000 (le Havre dins à la pollution. structurant, essentiel et fédérateur ». n’emploie que 16 000 agents...). Lucide, Il ne faut pas stigmatiser les véhicules Le coût de l’ouvrage a été ramené de la Voix du Nord indique cependant diesel, tous les véhicules thermiques sont 7 à 4,8 milliards d’euros suite aux sug- qu’ « il y a un risque que ce ne soit pas si criticables. Avec les nouvelles normes de gestions du député PS Rémi Pauvros - merveilleux et salvateur pour le Nord ». l’Union européenne, les diesels émettent suppression d’une écluse et réutilisation Manuel Valls et les élus savent-ils que très peu de particules fines. Mais ils de l’actuel canal du Nord sur 10 km - et le gabarit du canal (4 400 tonnes) est émettent des NOx, source d’ozone, ils l’Union européenne a porté son finance- incompatible avec celui (3 300 tonnes) rejoignent là les véhicules à essence. Le ment de 6 à 40 %. L’Etat apportera un des canaux belges ? Ont-ils lu le rapport biodiesel et l’éthanol n’apportent rien. milliard, les collectivités territoriales un Massoni-Lidsky (FNAUT Infos 217) La focalisation sur les transports est mal autre milliard, et 700 millions seront em- selon lequel le canal ne réduira le trafic justifiée, alors qu’ils ne contribuent que pruntés à la CDC et à la BEI. routier que de 3 %, affaiblira les ports minoritairement aux pollutions atmos- Selon Daniel Percheron, président de normands où des emplois seront détruits, phériques en moyenne sur le territoire. La la Région Nord - Pas-de-Calais : « grâce au bénéfice des ports belges et néerlan- combustion du bois pèse très lourd dans à un jeune Premier ministre dynamique dais, et sera alimenté à 40 % par du trafic les émissions. Mais le poids des transports et conquérant, on va enfin avoir le mail- capté au rail ? routiers est élevé en milieu urbain, et lon manquant entre la Région et les L’argent public consacré au canal ne d’autant plus que l’on est proche d’un axe grands ports d’Europe du Nord. C’est le serait-il pas plus raisonnablement à de grande circulation. une décision capitale et vitale comme l’élargissement de l’hinterland ferroviaire Pour diminuer les effets sanitaires de la l’a été celle du tunnel sous la Manche. de nos ports atlantiques (projet VFCEA) pollution, il serait bénéfique de remplacer C’est une très belle histoire du 21ème et dans le projet Lyon-Turin, dont le le gazole et l’essence par le GNV, qui est siècle ». Martine Aubry est tout aussi financement par Bruxelles sera concur- nettement moins émetteur. Mais on ne dithyrambique : « ce grand projet sera rencé par celui du canal ? gagne pratiquement rien en termes de facteur d’un développement extraordi- Le manque de réflexion de nos respon- gaz à effet de serre. naire pour la région et l’Eurométropole. sables politiques sur ce projet de canal est Paul Mathis, AUT Ile-de-France Je pense à l’enjeu économique et aux affligeant (voir aussi FNAUT Infos 69, créations d’emplois qui découleront de 159, 188, 196, 206). Transition énergétique ?

Alors que le transport est le premier NDDL : le feuilleton continue ! consommateur d’énergie fossile donc le Selon la Direction Générale de l’Aviation L’ancien ministre UMP Dominique premier émetteur de CO2, le projet de loi Civile (DGAC), la construction d’un nou- Bussereau défend lui aussi le projet : il fus- sur la « transition énergétique à la fran- vel aéroport à Notre-Dame-des-Landes tige « la bande d’iroquois qui tient le vil- çaise » ne propose rien pour réduire les (NDDL) est indispensable pour faire face lage indien » et s’inquiète du survol de la transports inutiles résultant de leur coût à la croissance naturelle du trafic aérien (se- réserve ornithologique très riche du lac de souvent négligeable en raison du « dum- lon elle, 9 millions de voyageurs en 2050). Grandlieu et des « survols très dangereux ping » routier. En Haute Savoie le beurre Se basant sur les manuels techniques de de Nantes », il évoque un quasi-accident normand et le beurre savoyard sont au l’aviation civile, un groupe de cinq archi- récent. Jacques Bankir, ancien président de même prix... tectes nantais vient de démontrer que l’op- Regional Airlines, lui répond : il s’est agi Edmond Luca, 69 Lyon timisation de l’aéroport existant de Nantes- d’une erreur aberrante de pilotage qui au- Atlantique coûterait nettement moins cher rait pu se produire ailleurs ; quant au lac, il Stupidité statistique (les économies seraient respectivement de a été protégé de l’urbanisation et les oiseaux 400, 250 et 167 millions d’euros pour 5, ne sont pas gênés par son survol. « Aucun Selon un journal bruxellois volon- 7 et 9 millions de passagers) et serait plus professionnel sérieux et de bonne foi ne tiers repris en France, « l’usage du vélo efficace (www.acipa-ndl.fr). défend plus NDDL ». a un impact significatif sur l’économie ; Tous les besoins de réaménagement Comme le note Dominique Romann, le nombre d’emplois créés par million ont été surestimés par la DGAC : sur- FNAUT Pays de la Loire : « imaginer d’euros de chiffre d’affaires est 3 fois plus face et équipement de la zone de sécurité, aujourd’hui un aéroport de haut standing élevé pour le secteur vélo que pour le sec- aires de stationnement des avions,... et à Nantes-Atlantique, comme l’a fait la teur automobile en Belgique ». Oui, mais même reconstruction du chenil de l’aéro- DGAC, est un véritable contresens, alors quels sont les chiffres d’affaires respectifs port (600 000 euros d’après la DGAC). que les nouvelles aérogares en France sont des secteurs vélo et automobile ? Les architectes ont prévu une desserte de conçues pour diminuer les coûts factu- En ne donnant pas ces données indis- l’aéroport à partir d’une ligne de tramway rés aux compagnies low cost, qui sont les pensables pour apprécier l’information voisine. Comme la DGAC, ils ont inclu la seules qui se développent. Quant au tra- précédente, on sous-entend que si le vélo réfection totale de la piste unique de l’aéro- fic passagers, il augmente mais le nombre génère un chiffre d’affaire de 1 et crée 3 port, mais doutent de son utilité. des mouvements d’avions évolue peu, c’est emplois, il est plus profitable à l’écono- Pendant ce temps, Alain Mustière, l’emport moyen des avions, plus faible mie que le secteur automobile qui a un président de l’association Les Ailes de qu’ailleurs, qui augmente. Dans dix ans, chiffre d’affaire de 100 et ne crée que 100 l’Ouest, dénonce « les exactions terro- des réserves de capacité subsisteront et on emplois. Oui au développement du vélo, ristes » menées par les occupants du site ne pourra plus fermer les yeux sur le déré- non aux stupidités statistiques. prévu pour NDDL. glement climatique ». Bernard Gobitz, AUT-Ile-France

6 x fnaut-infos n°230 - décembre 2014 Un revirement sidérant Brèves Roland Ries, sénateur-maire PS de Strasbourg, a longtemps surpris par son BrèvesIls préfèrent le train ment sur internet. Le tarif passera ainsi de 32,60 audace face à la voiture en ville, préconi- à 1 euro pour un trajet Perpignan-Nîmes. La sant une « discrimination positive en fa- D’après la République des Pyrénées, les usa- hausse attendue de la subvention d’exploitation veur du transport collectif ». Il est devenu, gers du TER Pau-Oloron ont retrouvé le train du Conseil régional est de 3,5 millions d’euros après l’avoir combattu puis accepté, un avec grand plaisir après trois mois de travaux pour une charge annuelle de 106 millions. défenseur énergique du projet de Grand sur la ligne, suite à un glissement de terrain. contournement ouest (GCO, 24 km) de « Ils sont heureux, soulagés, ravis ». Strasbourg, allant même jusqu’à cosigner, « Le train est beaucoup plus pratique, confor- avec Robert Herrmann, président PS de la table et rapide que le car » souligne Eléonore, communauté urbaine, une lettre au mi- une étudiante de Pau qui rentre souvent chez nistre des Transports pour lui demander ses parents à Oloron. Durant les travaux, elle a d’accélérer la réalisation de l’ouvrage... fait du covoiturage pour éviter le car. Pauline, elle, vit à Oloron mais travaille à Bon à savoir Pau, elle a voyagé en car : « je suis vraiment contente du retour du train, je gagne beau- l Selon le « Rapport de situation sur la coup de temps, et le voyage est moins pénible, sécurité routière dans le monde » 2013, moins fatiguant ». Le confort, c’est aussi les accidents font chaque année environ l’argument d’Olivier, 44 ans : « le train offre Jean ArrivetzIllustratioon : 1,24 million de morts et entre 20 et 50 tellement plus d’espace ; les sièges sont larges, Cygne millions de blessés. Les jeunes adultes confortables, et espacés les uns des autres ; en âgés de 15 à 44 ans comptent pour 59% train, j’ai l’impression de faire un vrai voyage, Un train Thalys Rotterdam-Anvers a dû de l’ensemble de ces décès sur la route. je peux profiter du paysage qui est magni- faire un détour par Roosendaal (Pays-Bas) C’est la première cause de décès chez les fique ; on ne voit pas aussi bien les montagnes car un cygne se trouvait sur la voie. Cet oiseau jeunes de 15 à 29 ans. en car ». « Le car, c’est la misère », dit Aze- est une espèce protégée en Hollande, la ligne l 5 millions de ménages français (18 %) dine, 52 ans, « on faisait de grands détours a donc été fermée par ProRail (le RFF néer- n’ont pas de voiture. 5 millions de voitures pour s’arrêter à toutes les gares ». landais) le temps que des cheminots fassent (16 %) roulent moins de 5 000 km par an partir l’animal. Les voyageurs sont arrivés à (la moyenne est de 12 800 km). Une voi- Anvers avec un retard de 34 minutes. ture coûte en moyenne 4350 euros par an, BIEN DIT soit 0,34 euro par km parcouru (source : Lionceau cabinet ADETEC). 3 Christophe Porquier, conseiller régional l Les villes accumulent aujourd’hui 80% des EELV de Picardie, favorable à la desserte du Une femme russe a introduit un lionceau émissions de CO2 et consomment 75% de centre d’Amiens par le tramway : « la force dans un train couchettes Moscou-Ekaterin- l’énergie mondiale. du tramway est sa proximité, chaque cen- bourg en l’enregistrant comme un chat puis taine de mètres perdue entre une station et en le laissant sortir de sa cage. Le félin, âgé de Charabia de colloque un lieu stratégique est pénalisante ». neuf mois, pesait environ 50 kilos. « Quand l’animal, qui voyageait sans muselière, a Intéressez-vous d’urgence à l’urbain commencé à se comporter de façon agres- métropolisé dans la mondialisation car, ONG fantaisiste sive, sa propriétaire n’a pas pu le contrôler », bientôt, les espaces métropolisés ten- a expliqué la police. « Elle l’a enfermé dans dront à être à la fois multipolaires, mobi- Le WWF a récemment interrogé les mu- son compartiment et a demandé au person- litaires et fragmentés. nicipalités des villes de plus de 100 000 habi- nel du train de l’aider ». Dans 30 ans, les espaces métropolisés tants sur leurs actions en matière d’environne- seront organisés autour de et par la gestion ment. (le Figaro magazine du 14-03-2014). Castors multi-échelle des vulnérabilités. Or il importe Certaines notes attribuées aux transports (de de stimuler cette immunité, cette résistance 1 à 5) font sourire. Sans surprise, Paris, Stras- De fortes pluies dans la région de Vancou- à l’endommagement et la résilience des sys- bourg et Bordeaux obtiennent 4/5, mais Gre- ver ont provoqué la destruction d’un barrage tèmes urbains, donc de favoriser l’organisa- noble obtient 1/5, comme Rouen et Reims, et de castors, inondant les rails et entraînant le tion métropolitaine. Mais attention : l’infra- Toulon (la seule agglomération française de déraillement d’un train du Canadian Natio- local existe et a du sens, chaque scénario plus de 300 000 habitants non équipée d’un nal. Sept wagons ont quitté les rails, dont compose sa propre carte des légitimités, les métro ou tramway)... 4/5 ! Espérons que les trois qui ont versé sur le côté. Du charbon a espaces de la vie urbaine métropolisés rem- enquêtes du WWF sur la biodiversité sont été renversé dans le lac Burnaby. placeront le département et nous assiste- menées un peu plus sérieusement que ses rons au crépuscule stato-national. enquêtes sur les transports... Un parlement des métropoles permettrait Bêtisier de construire des forums inter-métropoli- Le TER à 1 euro tains autour de grandes questions transver- 7 Brigitte Fouré, maire UDI d’Amiens. sales et d’assurer un lien entre les territoires Depuis juillet 2011, 5 lignes TER de la Elle a déclaré au conseil de développement métropolisés dans le cadre de l’urbanisation région Languedoc-Roussillon bénéficient du de l’agglomération : « les transports urbains mondialisatrice. tarif forfaitaire de 1 euro par voyage. La fré- ne sont faits que pour les personnes âgées L’hyperpolisation et la postpolisation quentation a augmenté de 30 à 170 %, le trafic ou handicapées ». constituent les intrigues les plus tendan- total est passé de 200 000 à plus de 600 000 7 Des commerçants du centre-ville cielles. La régiopolisation et la dépolisa- voyageurs par an. La moitié des billets a été d’Amiens. Relayant l’opposition au tram- tion constituent plus des bifurcations. vendue sur la ligne Nîmes - Le-Grau-du-Roi. way des candidats UMP et UDI lors de Quant à la postpolisation, elle signerait la A compter du 5 janvier 2015, cette tarifica- la campagne municipale de mars dernier, victoire de la périphérisation sur la cen- tion sera étendue à toutes les lignes TER de la ils ont affiché sur leur devanture le slogan tration. Vous avez suivi ? région, les billets à 1 euro étant vendus exclusive- « Tramway = Verdun ».

fnaut-infos n°230 - décembre 2014 x 7 Activités Médiation : les propositions de la FNAUT de la FNAUT

On sait que la médiation est une pro- - l’ensemble des entreprises de trans- l Jean-François Hogu et Dominique Rolland Régionscédure qui permet de déjudiciariser les ports urbains de province ; ont participé à la commission Transport et litiges apparus entre un consommateur - les transports maritimes (ferries, Mobilité durables préparatoire à la confé- et un professionnel : un tiers indépen- navettes fluviales et lacustres, bacs) ; rence environnementale. dant, le médiateur, intervient pour pro- - les systèmes d’autopartage et de vé- l Jean Sivardière et Marc Debrincat ont ren- poser une solution respectant les droits hicules en libre service (hors Vélib qui contré , secrétaire d’Etat à la du consommateur. dispose de son propre service de média- Consommation, pour lui présenter la FNAUT Le médiateur statue en droit et en tion), les taxis et véhicules de tourisme et ses activités. équité, ce qui présente un intérêt évident avec chauffeur ; l Christiane Dupart, présidente de la FNAUT car la jurisprudence récente de la Cour - enfin les agences et compagnies aé- Picardie, est intervenue lors d’un colloque sur de Cassation concernant les droits des riennes qui ne sont pas signataires de la « mobilité courante » organisé à l’université voyageurs (notamment les dédommage- la Charte de médiation du Médiateur de Compiègne par le GART, l’ADF, le CEREMA ments en cas de retards de trains) n’est Tourisme et Voyage. et le Syndicat mixte des transports de l’Oise. pas favorable au consommateur. l Jean Sivardière a rencontré François La procédure est gratuite pour le Plusieurs dispositifs peuvent être Brottes, député PS de l’Isère et président de la consommateur, qui conserve ses droits envisagés, qui ne s’excluent pas, pour commission spéciale parlementaire chargée d’agir en justice si la solution proposée satisfaire la Directive européenne : d’examiner le projet de loi relatif à « la transi- par le médiateur ne le satisfait pas. - imposer à chaque entreprise de tion énergétique pour la croissance verte ». Il La Directive européenne 2013/11/ mettre en œuvre un système de média- lui a soumis plusieurs propositions d’amen- UE impose judicieusement la mise en tion interne à l’entreprise ; dements émanant de la FNAUT. place de systèmes de médiation dans - mettre en place un médiateur unique l Jean Macheras est intervenu lors d’une tous les domaines de la consommation des transports, à l’instar de la formule conférence de presse commune GART-UTP- d’ici le 9 juillet 2015. mise en place en Allemagne ; FNAUT-FNTP sur le 3ème appel à projets de Le secteur des transports collectifs - étendre le champ de compétence TCSP urbains et la TVA dans les transports est donc concerné, car les systèmes des médiateurs existants. collectifs. existants de médiation ne couvrent pas Un recours exclusif aux médiateurs l Gilles Laurent et Jean Macheras ont partici- l’ensemble des entreprises exploitantes. d’entreprise serait difficile. Selon la pé à une première rencontre entre Transdev Le médiateur de la SNCF est compé- Directive, les médiateurs, pour être et la FNAUT. tent pour les litiges entre les voyageurs reconnus comme tels, doivent remplir l Jean Lenoir et François Jeannin ont rencon- et la SNCF (trains et cars). divers critères que de petites entre- tré RFF au sujet de l’horaire ferroviaire annuel Le médiateur de la RATP est com- prises auraient du mal à respecter : 2017 en cours d’élaboration. pétent pour les litiges apparus entre les désignation du médiateur avec les l Jean Lenoir a été auditionné par le conseil voyageurs et la RATP, mais aussi les fi- associations de consommateurs, bud- de l’Autorité de Régulation des Activités Fer- liales du groupe RATP Dev implantées get spécifique, indépendance. Une roviaires (ARAF). en Ile-de-France. multiplicité de médiateurs ne permet- l L’association AUTAUT et Jean Lenoir ont Le médiateur Tourisme et Voyage trait pas une information claire des rencontré la SNCF au sujet de l’exploitation est compétent pour les litiges entre les consommateurs. Des recommanda- du service auto-train. voyageurs et les agences de voyage ou tions divergentes pourraient être faites l Philippe Valériano, représentant de la compagnies aériennes signataires de lors de litiges semblables. Enfin, en cas FNAUT en Auvergne, et Jean Sivardière ont la Charte de Médiation ou membres de trajet multimodal, plusieurs média- écrit à tous les conseillers régionaux d’Au- d’un réseau signataire de cette charte. teurs pourraient être compétents pour vergne pour attirer leur attention sur les La Fédération Nationale de l’Avia- un même litige, ce qui compliquerait risques de fermeture de lignes reliant leur ré- tion Marchande, le Syndicat National les réclamations. gion aux régions adjacentes et réclamer que des Agences de Voyages et le Cercle La FNAUT estime d’autre part qu’il la sauvegarde de ces lignes soit inscrite dans d’Etudes des Tour-Opérateurs sont ne faut pas modifier l’existant, les mé- le prochain Contrat de plan Etat-Région. les trois organismes fondateurs de la diateurs actuels étant connus et inter- Charte. L’Union Nationale des Organi- venant efficacement. D’où ses proposi- Actes du colloque FNAUT sations de Séjours Éducatifs et Linguis- tions très pragmatiques : du 10 janvier 2014 tiques, Aéroports de Paris, EasyJet et le - conserver les médiations existantes; Syndicat des Compagnies Aériennes - étendre la médiation SNCF à Eu- Les actes du colloque sur le coût Autonomes sont également signataires. rostar et Thalys, filiales de la SNCF ; d’usage des différents modes de transport Mais les secteurs suivants ne dis- étendre la médiation Tourisme et (FNAUT Infos 222) peuvent être obtenus posent encore d’aucun médiateur : voyages à l’ensemble du secteur ; auprès du siège de la FNAUT (chèque de - les exploitants franciliens indépen- - créer une médiation pour les sec- 6 euros, port compris, à l’ordre de la FNAUT). dants de la RATP et de la SNCF ; teurs non couverts à ce jour (les litiges - les entreprises ferroviaires autres correspondants sont peu nombreux). fnaut infos- Bulletin mensuel d’information que la SNCF (Eurostar, Thalys, Thel- Chaque entreprise, à l’exception de Directeur de publication : Jean Sivardière CPPAP n° 0915 G 88319 - Dépôt légal n°230 lo), les chemins de fer régionaux hors celles pour lesquelles un médiateur ISSN 0983-172 X - Tirage : 1200 ex. SNCF (chemins de fer de la Corse et d’entreprise serait mis en place de leur Imprimerie : Sipap-Oudin, 86000 Poitiers chemins de fer de Provence, Rhône propre initiative, désignerait un corres- Abonnement 10 numéros : Individuels : 18 d Administrations, sociétés, organismes, Étranger : 35 d Express) ; pondant du nouveau médiateur. Prix au numéro : 2 d - les exploitants d’autocars (cars Tous les voyageurs pourraient alors Pour adhérer à la FNAUT ou à une association FNAUT régionaux non SNCF tels que les cars disposer d’une procédure amiable pour de votre région, contacter notre permanence : LER de la Région PACA, cars dépar- résoudre leurs litiges, quel que soit le 32 rue Raymond Losserand 75014 Paris tementaux, services réguliers ou occa- transport collectif utilisé. tél. : 01 43 35 02 83 fax : 01 43 35 14 06­ e-mail : [email protected] sionnels à longue distance comme Eu- Marc Debrincat et Anne-Sophie Trcera Internet : http://www.fnaut.fr rolines, dessertes d’aéroports) ; service juridique de la FNAUT z CCP : 10 752 87 W Paris

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