Les Monographies Communales De 1887: Une Source Ethnographique?
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LES MONOGRAPHIES COMMUNALES DE 1887: UNE SOURCE ETHNOGRAPHIQUE? Présentation de la version numérisée. J'ai réussi à conserver pendant plus de 24 ans une version numérisée du mémoire de maîtrise que j'avais soutenu en 1988. Saluons déjà une telle durée de résistance aux aléas informatiques d'un fichier bien plus petit qu'une simple photo numérique. Autre miracle : non sans quelques contorsionnements bureautiques, le fichier conservé était utilisable. Certes, la mise en forme s'était transformée en 400 pages de caractères inutilisables ; toutes les lettres accentuées étaient transformés en un caractère sibyllin (mais résistant fort bien à la fonction "remplacer"). Le document ci-après est une version quasiment à l'identique du mémoire en papier détenu par les Archives départementales. Quelques différences existent : - quelques caractères parasites ont sans doute survécu aux traitements informatiques - les annexes n'ont pas été sauvées. Ce n'est pas d'une importance majeure car elles étaient essentiellement d'ordre méthodologique. Deux notes infrapaginales (datées 2012) signalent leur disparition. - une partie des notes infrapaginales devenaient inutilisables (essentiellement les renvois à d'autres parties du texte). - plus important, le caractère italique utilisé pour les citations des monographies ayant disparu, je me suis efforcé de le rétablir. Il y a un risque d'erreur certain. Il est donc préférable de retourner à la source même (qui est maintenant "en ligne") que d'utiliser ce document. Par contre, le nettoyage a constitué une occasion de réaliser une table des matières plus détaillée et un index des noms de communes loin d'être parfait mais tout à fait convenable. Voici pour la forme. Sur le fond, 24 ans après, je fais le même constat. L'idée de base de cette maîtrise (une étude ethnographique des Hautes-Pyrénées) était une bien mauvaise idée. L'intérêt de ce document est donc dans sa conclusion qui peut permettre à un autre chercheur d'éviter le piège. La première partie qui analyse les conditions de rédaction de ces monographies conserve une utilité. Dans les 2 autres parties, le principal apport est l'étude du regard que porte l'instituteur sur le sujet traité. Sinon, le seul mérite de ce document est de constituer une anthologie de ces monographies. Jean-Pierre Bove Mars 2012. 1 Université de Pau et des Pays de l'Adour LES MONOGRAPHIES COMMUNALES DE 1887: UNE SOURCE ETHNOGRAPHIQUE? T E R présenté par Jean-Pierre BOVE Sous la direction de M. Michel PAPY 1988 2 AVANT PROPOS Tout a commencé, voilà une dizaine d'années, lors de ma première visite aux Archives départementales des Hautes-Pyrénées. Etant donné l'imprécision de ma demande, la personne chargée de l'accueil a jugé bon de me faire consulter une monographie communale. Le "coup de foudre" existe; même pour un document où vous ne trouvez pas ce que vous cherchez. Les hasards de diverses recherches m'ont souvent ramené à ces monographies. Au lieu d'exorciser mon intérêt pour ces documents, leur consultation ne faisait qu'augmenter mon désir de mieux les connaître. Bref, ces monographies me devenaient de plus en plus sympathiques (le mot paraît mal choisi; pourtant, à la longue, je le trouve même étymologiquement exact). Un des moyens d'apaiser une passion étant de la satisfaire, j'ai cherché des raisons pour me consacrer à cette documentation. 3 INTRODUCTION Cette recherche est née d'un double constat: d'une part, la difficulté de faire une synthèse sur la vie quotidienne dans les Hautes-Pyrénées au XIXe siècle et, d'autre part, l'existence d'une documentation peu utilisée. L'unique synthèse sur l'ethnographie des Hautes-Pyrénées se limite à un excellent catalogue d'exposition: La vie quotidienne dans les Hautes-Pyrénées au temps de Bernadette, édité par le Musée pyrénéen de Lourdes. Pourtant, depuis une dizaine d'années, d'importants travaux sur cette question ont été menés. Un pays, les Baronnies, a fait l'objet d'un travail collectif mené par l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales; une thèse de troisième cycle a étudié le costume; de nombreux étudiants ont mené des recherches sur la famille, la transmission du patrimoine, le village. Les revues locales recèlent -même si ce n'est pas leur point fort- des articles sur la vie quotidienne. Tout récemment, une thèse de doctorat d'Etat en Histoire a abordé l'étude de la première moitié du XIXe siècle dans les Pyrénées dans une perspective largement ethnologique. Sans mettre en cause la qualité de ces travaux, on constate cependant qu'ils présentent deux lacunes. Tout d'abord, ils privilégient l'étude des faits sociaux et culturels et négligent les aspects de la civilisation matérielle. Il existe très peu de travaux purement ethnographiques. Deuxième lacune: une répartition géographique très irrégulière. Certains pays comme les Baronnies ou la vallée de Barèges ont fait l'objet d'études très poussées. En revanche, d'autres régions (tout le nord du département) restent à l'écart des recherches universitaires. En outre, l'utilisation de publications relatives à l'ensemble de la chaîne pyrénéenne ajoute au risque de réaliser des généralisations toujours dangereuses. Par ailleurs, il existe aux Archives départementales des Hautes-Pyrénées, les monographies communales rédigées par les instituteurs en 1887. Cette volumineuse documentation présentait, a priori, bien des avantages. Outre sa datation, elle concerne les quatre cinquièmes des communes du département: cela permettait d'éviter les généralisations. En outre, dans les sujets abordés, certaines questions sont du domaine ethnographique. Ajoutons à cela le plaisir d'utiliser une source encore peu exploitée. Certes, les monographies sont bien connues des chercheurs; toutefois, peu d'études sérielles, à l'exception de celles faites à l'occasion de la journée d'études consacrée à ce document, avaient été entreprises. Il paraissait possible de proposer une ethnographie du département grâce à cette documentation. Un recensement systématique des informations à caractère ethnographique a donc été engagé. Bien entendu, il était indispensable de faire au préalable une critique de la source. Au fur et à mesure du dépouillement, il est apparu que cette tâche ressemblait fort à un glanage et que les instituteurs étaient bien peu ethnographes. Pour chaque sujet, il a fallu préciser ce regard des maîtres. 4 En conséquence, de l'intention première d'étudier l'ethnographie du département, nous sommes insensiblement passés à un but beaucoup plus modeste: dans quelle mesure les monographies peuvent elles constituer une source pour étudier cette question? Remerciements: Je tiens tout particulièrement à dire ma reconnaissance à Dominique Bruneau, Sylvaine Guinle- Lorinet, Michel Papy et Jean-François Soulet qui m'ont aidé et encouragé dans ce travail. Je remercie également pour leur aide Eliane Boutaud, Catherine Fourreau, Pascal Coënon, Olivier Ixart, Jean-François Le Nail, Pierre Sicard-Péguilhan, Frédéric Vidaillet et Robert Vié. J'adresse également mes remerciements à la Société d'études des Sept vallées qui a mis à ma disposition les copies de cette documentation établies à l'occasion de la Journée d'étude sur les monographies. 5 SOMMAIRE Ière PARTIE: LES MONOGRAPHIES COMMUNALES DE 1887 CH I Le document CH II Les instituteurs CH III Ces instituteurs devenus auteurs CH IV Comment étudier la vie quotidienne avec les monographies? II eme PARTIE LA CIVILISATION MATERIELLE CH V La maison élément de base du système CH VI Techniques de production CH VII Se nourrir CH VIII Se vêtir CH IX La vie domestique III eme PARTIE LA VIE SOCIALE CH X Les cadres géographiques CH XI La vie au village CH XII Les échanges commerciaux CH XIII Les mondes extérieurs 6 1ére PARTIE LES MONOGRAPHIES COMMUNALES DE 1887 7 Chapitre 1 le document I. UNE INITIATIVE ADMINISTRATIVE REGIONALE...EN 1887 Un Recteur imaginatif En 1886, la ville de Toulouse décide d'organiser, du 15 mai au 15 octobre 1887, une "Exposition internationale sous le patronage de l'Etat". Cette manifestation ne fait preuve d'aucune originalité particulière. On ne manque pas d'adresser au Ministère du Commerce la traditionnelle demande de médailles. Il est cependant manifeste que la Mairie de Toulouse a tenu à mettre en place une Exposition de grande envergure. Le catalogue recense 10 sections, 12 groupes et 88 classes ainsi qu'une exposition pyrénéenne. Ceci semble agacer quelque peu les bureaux du Ministère du Commerce: ils ont annoté la demande de la Mairie d'une remarque sur le risque de concurrence de cette manifestation...avec l'Exposition universelle de Paris de 1889 1. Dans le cadre de l'organisation de cette manifestation, le Maire de Toulouse a demandé au Recteur de l'Académie, Cl. Perroud, de consacrer une salle à l'enseignement. Celui-ci ne souhaite pas cantonner la participation de son administration à une présentation technique, "une exposition scolaire proprement dite". Il propose de présenter tous les documents permettant de constater l'état actuel de l'enseignement public dans l'Académie de Toulouse et de le comparer à ce qu'il était dix ans auparavant . Il précise que les visiteurs pourront ainsi mesurer les progrès réalisés depuis 1877 sous l'énergique impulsion du gouvernement de la République . Le programme présenté par le Recteur recouvre les enseignements supérieurs, secondaires et primaires; il comporte des plans, des statistiques et des "travaux des professeurs". Pour l'enseignement primaire, le programme présenté par le Recteur indique: 1° Plans des groupes scolaires et maisons d'école les plus importants; 2° Statistique comparée de l'enseignement primaire en 1877 et 1887 dans les huit départements de l'Académie; 3° Travaux des maîtres; 4° Travaux des élèves a) travaux manuels (garçons), b) travaux manuels (filles). 1 Archives nationales F12 5000 8 Un Inspecteur d'Académie zélé Le 11 janvier 1887, l'inspecteur d'Académie de Tarbes adresse aux instituteurs des Hautes-Pyrénées le Bulletin officiel de l'instruction primaire, supplément au N° de janvier 1887.