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TOSHIKI OKADA Hot Pepper, Air Conditioner, and the Farewell Speech D – E OCTOBRE DBCB We Are the Undamaged Others F – CB OCTOBRE DBCB TOSHIKI OKADA Hot Pepper, Air Conditioner, We Are the Undamaged Others and the Farewell Speech g o i t a w t S

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Théâtre de Gennevilliers Théâtre de Gennevilliers 2 au 5 octobre, samedi, lundi 20h30, 7 au 10 octobre, jeudi 19h30, vendredi, samedi mardi 19h30, dimanche 15h 20h30, dimanche 15h Spectacle en japonais surtitré en français Spectacle en japonais surtitré en français Durée : 1h10 Durée : 1h40

Mise en scène, Toshiki Okada Mise en scène, Toshiki Okada Régisseur général, Masaya Natsume Régisseur général, Masaya Natsume Lumière, Tomomi Ohira Décors, Torafu Architects Inc. Son, Norimasa Ushikawa Lumière, Tomomi Ohira Régisseuse plateau, Aiko Harima Son, Norimasa Ushikawa, Yoshio Otani Régisseuse plateau, Aiko Harima Avec Taichi Yamagata, Mari Ando, Saho Ito, Kei Namba, Riki Takeda, Fumie Yokoo Avec Taichi Yamagata, Shoko Matsumura, Mari Ando, Directrice de production, Akane Nakamura Izumi Aoyagi, Riki Takeda, Yukiko Sasaki, Makoto Yazawa Assistantes de production, Yu Yokoyama, Miwa Monden Directrice de production, Akane Nakamura Coréalisation Théâtre de Gennevilliers ; Assistantes de production, Yu Yokoyama, Miwa Monden Festival d’Automne à Production chelfitsch Coproduction AICHI TRIENNALE 2010 ; Noorderzon/Grand Avec le soutien de l’ONDA Théâtre Groningen ; Théâtre de Gennevilliers ; Festival d’Automne à Paris

Production associée, Precog Avec le soutien de The Japan Foundation (Performing Arts Japan Program for Europe) et du Tokyo Metropolitan Government

Avec le soutien de l’Agency for Cultural Affairs Government of Japan in the fiscal 2010, de la Fondation pour l’étude de la langue et de la civilisation japonaises sous l’égide de la Fondation de France, de la Fondation Franco-Japonaise Sasakawa et de la Saison Foundation Remerciements au Steep Slope Studio

Photo couverture : Hot Pepper, Air Conditioner, and the Farewell Speech © Dieter Hartwig

Théâtre de Gennevilliers Festival d’Automne à Paris 41, avenue des Grésillons - 92230 Gennevilliers 156, rue de Rivoli - 75001 Paris Réservation : 01 41 32 26 26 / www.theatre2gennevilliers.com Réservation : 01 53 45 17 17 / www.festival-automne.com Partenaires média du Festival d’Automne à Paris

2 « Articuler la relation entre le langage et le corps » Entretien avec Toshiki Okada

Comment abordez-vous l’écriture d’un Il m’a fallu trouver des mouvements Vous disiez que l’utilisation de l’ar - nouveau texte, et à quel moment le qui puissent parfaitement convenir got a marqué pour vous un tournant : travail de plateau – avec notamment à cette sorte de langage. Dans ce pro - dans quel sens – et comment cher - les acteurs et danseurs de chelfitsch cessus, beaucoup d’idées me sont chez-vous à rendre cette dimension – entre-t-il en jeu ? venues concernant le corps. Par de votre écriture accessible à un public Lorsque j’écris un texte, je ne pense exemple, je m’ennuie si les corps des non japonais ? pas au travail de plateau. C’est seule - acteurs se bornent à accompagner les Mes pièces de théâtre sont effective - ment lorsque j’entre dans la salle de mots qu’ils disent. Un corps auxiliaire ment écrites dans cet argot japonais répétition que je commence à prendre – qui se contente de « tracer » la tra - que nous parlons aujourd’hui dans la cela en considération. Je n’ai aucune jectoire des mots – me semblait région de Tokyo. Certaines personnes idée préconçue concernant la manière « appauvrir » l’expression. J’ai donc – appartenant, en général, aux géné - dont les acteurs doivent utiliser leur demandé aux acteurs de séparer leur rations antérieures – reprochent à ce corps avant qu’ils ne commencent à corps de leur discours. De générer langage des jeunes Japonais sa « pau - bouger durant les répétitions : à leurs mouvements en partant de ce vreté ». En rébellion contre cela, mon mesure que celles-ci avancent, les que j’appelle des « images » ou des intention a donc été de créer une pièce idées me viennent concernant le « sensations », quelque chose qui, en de théâtre « riche » à partir de ce déplacement des acteurs. En général, général, précède les mots lorsque nous qu’ils stigmatisent comme un langage le processus d’écriture est donc dis - parlons. Et ce que vous voyez, c’est « pauvre », de leur montrer la com - tinct de la mise en scène. Mais en une solution. Une solution qui n’est plexité et la sincérité qui y sont en réa - même temps, lorsque j’écris un texte, que temporaire : je ne cesse de tra - lité à l’œuvre. j’essaie de le faire d’une façon qui vailler avec les acteurs et de déve - C’est un défi que d’arriver à transmettre puisse influer, d’une manière ou d’une lopper plus avant leurs mouvements. tout ce qui se passe à un public non autre, sur le corps des acteurs. Dans mes pièces, je considère les mou - japonais. Mais je suis confiant, d’au - vements des acteurs comme une sorte tant plus que l’expérience d’avoir joué Vos textes et votre théâtre semblent de « naturalisme », non pas au sens devant différents publics ne compre - beaucoup travailler l’idée de « temps traditionnel du terme mais comme nant pas le japonais m’a montré qu’il suspendu » et de « temps présent »… une extension de celui-ci. Si je fais pouvait tout de même s’établir une C’est exactement cela. Je crois que l’un « danser » les acteurs, ce n’est pas déli - relation entre eux et mon travail, et des rôles essentiels du théâtre est bérément. Ce n’est pas mon intention. que le seul mouvement des acteurs de permettre au public de faire l’ex - Tout ce que j’ai conscience de faire, suffisait à leur faire éprouver le lan - périence d’un temps différent de celui c’est d’essayer de prolonger le corps gage qui est parlé sur scène. Même qu’il ressent dans sa vie quotidienne. des acteurs. ceux qui ne comprennent pas le japo - Mon intérêt pour cette question du L’une des choses importantes que je nais peuvent voir que la force des spec - temps est très lié à cette extension du demande aux acteurs, c’est de bou - tacles ne tient pas seulement au temps qui est à l’œuvre sur scène. En ger consciemment sur scène comme langage, mais également dans la rela - faire le sujet d’un texte n’est pas suf - s’ils étaient en train d’improviser, tion qui y est établie entre le langage fisant, j’ai besoin de la réaliser sur le même s’ils ont en réalité travaillé et et le corps. À chaque fois que nous plateau. mémorisé les mouvements un millier avons été en mesure de présenter le de fois. Voilà tout ce que je peux dire spectacle correctement – c’est-à-dire Quel était votre but lorsque vous avez concernant l’importance que j’accorde d’articuler la relation (la distance autant fondé chelfitsch ? Vos spectacles se aux corps. Quant aux mots, il est cer - que la proximité) entre le langage et situent souvent à la frontière du tain que je fais attention à leur signi - le corps à travers le spectacle –, le public théâtre et de la danse : quelle impor - fication, mais plus encore, je voudrais s’est montré captivé par ce que nous tance et quelle fonction accordez- souligner ici le fait que le discours agit faisions. Il est fascinant de constater vous aux corps, et aux mots ? sur le corps du locuteur. Encore une combien la réaction du public a tou - Tout d’abord, lorsque j’ai commencé fois, j’ai toujours cette puissance à jours été étroitement corrélée à la réus - à employer l’argot japonais dans mes l’esprit lorsque j’écris le texte d’une site de ce que nous faisions sur scène. textes, c’était simplement une idée pièce. Le discours peut déclencher des Pour autant que je puisse en juger, c’est comme ça. Plus tard, j’ai compris que mouvements inattendus. comme si la barrière de la langue n’exis - c’était un tournant. tait pas réellement.

3 4 Pourquoi avoir choisi de revenir à Avec cette trilogie, vous revenez à la Quel a été le point de départ de We votre pièce Air Conditioner/Cooler , et thématique du travail et des tra - Are the Undamaged Others ? De quelle d’en faire la partie centrale d’un trip - vailleurs que vous aviez déjà explo - manière avez-vous travaillé au texte tyque ? Avez-vous pour cela dû la modi - rée avec Free Time . Dans quelle mesure de cette pièce ? fier ? Les deux autres volets – Hot votre point de vue sur cette ques - Un événement majeur s’est produit Pepper et The Farewell Speech – peu - tion a-t-il pu évoluer, à la fois du fait au Japon en août 2009, lorsque le parti vent-ils être eux aussi présentés sépa - des circonstances « extérieures » (la politique au pouvoir a été remplacé, rément ? fameuse « crise » et ses répercutions pour la première fois depuis longtemps Le théâtre Hebbel am Ufer, à , au Japon) et de l’évolution de votre [Toshiki Okada fait ici référence au avait invité chelfitsch, notre compa - travail (votre manière de traiter cette Parti libéral-démocrate (PLD), plutôt gnie, dans le cadre d’une saison japo - question sur scène) ? conservateur, qui a longtemps été le naise. On nous avait suggéré de jouer Je ne peux vous donner mon avis sur plus grand parti politique japonais, Air Conditioner , mais la pièce était la question du travail, dans la mesure et pratiquement toujours gouverné le un peu trop courte, je l’ai donc révi - où je n’avais pas cette question en tête pays jusqu’à sa défaite aux élections sée et développée. Il y a quelques en écrivant cette pièce, et ne m’y suis législatives d’août 2009, Ndlr.] . Ce chan - petites différences entre les première pas intéressé plus que cela. Je crois gement constitue un événement et seconde moutures. Les comédiennes que lorsque j’écris, je n’accorde pas ne sont plus les mêmes, et tous les per - beaucoup d’attention à des questions sonnages sont des employés « perma - globales de ce genre. Vous allez me nents ». Les deux autres volets demander pourquoi, alors, je continue concernent des employés à temps par - d’écrire sur de tels sujets. La seule expli - tiels, c’est pourquoi j’ai voulu marquer cation qui me vient à l’esprit est que la différence. Il n’y a pour l’instant j’ai moi-même été un travailleur inté - aucun projet de présenter Hot Pepper rimaire, multipliant les boulots. Cette et The Farewell Speech séparément. question est abordée dans la pièce, Néanmoins, au fil de nos répétitions mais de façon très imperceptible, sans quotidiennes, je commence à me dire qu’il s’agisse d’en donner une repré - que Hot Pepper , pour peu que l’on sentation sérieuse. opère quelques ajustements dans la pièce, pourrait être donnée indépen - damment. C’est une opportunité qui pourrait m’intéresser. g i w t r a H

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5 Toshiki Okada important de notre histoire, puisque Vous avez également déclaré vou - Né en 1973 à , où il vit et depuis longtemps, un seul parti poli - loir aller plus avant dans l’abstrac - travaille, Toshiki Okada fonde, en 1997, tique avait gouverné le pays. Je n’avais tion : là encore, dans quelle sens ? la compagnie chelfitsch (« surtout sans aucune idée de l’impact que cela pour - En écrivant le texte, je m’interrogeais majuscule », insiste-t-il), une déforma - rait avoir, mais je l’ai ressenti comme sur les manières de représenter tion du selfish (égoïste) anglo-saxon, un gigantesque changement. Voilà quelque chose de manière « réaliste ». manifeste d’une certaine infantilisa - mon point de départ, ce sur quoi Prenez par exemple quelqu’un qui est tion des jeunes adultes japonais en je voulais écrire : le fait de ne pas assis sur une chaise sur la scène, sans souffrance avec le système, dont il savoir ce que cela signifiait pour nous jouer. Si je dis au public que cette per - transpose la langue quotidienne et les maintenant. sonne est très triste, alors, elle va sem - corps en scène. En même temps, j’avais une autre rai - bler triste. À partir de ce pouvoir du Toshiki Okada dérange en « dégen - son d’écrire cette pièce. La croyance discours, j’ai commencé à m’interro - rant » le théâtre et la danse, comme selon laquelle « les 120 millions de ger sur ce que l’on appelle « repré - le masculin et le féminin. Classé à la Japonais appartiennent tous à la sentation réaliste », et sur ses rubrique théâtre, Five Days in March classe moyenne » a imprégné nos significations possibles au theâtre. (2004) remporte le 49 e « Kishida Drama esprits, de manière plus ou moins Que pourrait faire l’acteur, ou plus pré - Award » en 2005, bien que ne différant puissante, pendant de nombreuses cisément son corps, sur la chaise ? Voilà pas fondamentalement d’ Air Condi - années. La société japonaise était cen - le genre de questionnements que tioner (2004), qui concourt en caté - sée être exempte de différences de j’avais à l’esprit en écrivant la pièce gorie danse à la finale du « Toyota classe. En vérité, ces différences exis - et en la répétant avec les acteurs. Choreography Award 2005: Discover taient bel et bien, simplement elles Même si les objets et les acteurs pré - the Choreographer for Next Genera - étaient plus ou moins invisibles, indé - sents sur la scène ne font aucun effort tion ». En septembre 2005, Toshiki tectables. Les temps ont changé, et de représentation « réaliste », sous Okada remporte le Yokohama Award aujourd’hui, cette discrimination certaines conditions, ils ne peuvent for Art and Cultural Encouragement. devient beaucoup plus évidente, s’empêcher pour autant de repré - Un an plus tard, il représente son pays comme en Europe. Ce constat, et la senter ce que les mots disent, de res - lors du Stücke’06/International Lite - confusion que j’en éprouve, est l’autre sembler à la façon dont le discours rature project et devient directeur de chose que je tenais à exprimer à tra - les décrit. Cette pièce parle de cela : l’édition 2006–2007 du festival d’art vers cette pièce/chorégraphie. de la puissance de représentation dramatique Summit au Komaba Agora quasi irrésistible de ce médium qu’est Theater, que dirige . En Vous avez déclaré avoir voulu, avec le langage. Et à force de réfléchir sur 2007, son recueil de nouvelles The End cette pièce, travailler l’idée de « varia - les processus signifiants du corps et of the Special Time We Were Allowed tion », en vous inspirant de l’artiste du langage, mon texte a fini par deve - reçoit le prix Kenzaburo Oe. Son spec - Robert Rauschenberg : en quel sens ? nir abstrait. Non que le contenu soit tacle Enjoy (2006) travaille la question Bien que certains considèrent mon en lui-même abstrait : simplement, des freeters (personnes sans profes - travail comme « cubiste », ce que j’ai même si cela peut sembler un peu sion stable), tandis que Free Time (2008) essayé de faire dans cette pièce se rap - paradoxal, la méthode de représen - est une réflexion sur le travail et la procherait bien davantage du travail tation « réaliste » l’a porté à un haut liberté, abordés par le biais de jeunes de Robert Rauschenberg, qui utilise degré d’abstraction. gens qui ne travaillent pas. une multiplicité de matériaux. Je n’ai En 2009, Air Conditioner est recréé, pas été directement influencé par Rau - Propos recueillis par David Sanson complété des deux autres volets Hot schenberg, et cette parenté ne m’est Pepper et The Farewell Speech : cette apparue, en fait, qu’après avoir créé nouvelle version décrit les relations la pièce. Quoi qu’il en soit, le résultat humaines dans le monde de l’entre - de mes expérimentations autour de prise contemporaine. l’idée de « variation » pourrait – ou Les spectacles de Toshiki Okada ont non – être décrit comme un « collage » été présentés à Vienne, Berlin, Salz - transposé au domaine théâtral. Bien Toshiki Okada bourg, Bruxelles, Milan, Singapour... sûr, je suis encore loin du niveau de au Festival d’Automne à Paris : et dans la plupart des grands festivals sophistication atteint par Rauschen - 2008 : Freetime (le CENTQUATRE) européens. berg. Telle est en tout cas ma concep - et Five days in March tion de la « variation ». (Théâtre de Gennevilliers)

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7 cent pour cent bande dessinée 100 auteurs revisitent 100 chefs-d’œuvre de la BD 24 • 09 • 2010 → 8 • 01 • 2011 Du mardi au samedi de 13h à 19h Fermeture les 11 novembre, 25 décembre 2010 et 1er janvier 2011 Bibliothèque Forney 1, rue du Figuier Paris 4e

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