W* Année 1948. — Na 89 C.R. Le Numéro : 3 francs. Mercredi 22 Septembre 1948. *4? JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

DÉBATS PARLEMENTAIRES

CONSEIL DE LA RÉPUBLIQUE

COMPTE RENDU IN EXTENSO DES SÉANCES

QUESTIONS ÉCRITES ET RÉPONSES DES MINISTRES A CES QUESTIONS

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SESSION DE 19i8 — COMPTE RENDU IN EXTENSO — 9V SÉANCE

Séance du Mardi 21 Septembre 1948.

Renvoi de la suite de la discussion à une SOMMAIRE prochaine .séance: MM. Charles Brune, 3 Faustin Merle, Henri Queuille, .président du tli — Procès-vcibal. conseil, ministre des finances et des affaires TRANSMISSION D'UN PROJET DE LOI SU — Congé. économiques. DECLARE D'URGENCE 4. — Transmission d'un projet de loi déclaré 9. —• Dépôt d'un rapport. d'urgence. 10. — Règlement de l'ordre du jour. M. le président. J'ai reçu de M. le pr£- 4, — Dépôt d'un rapport. sident de l'Assemblée nationale un projet de loi relatif au statut des personnels de PRÉSIDENCE DE M. ROBERT SEROT, f, — Dépôt d'un avis. police, que l'Assemblée nationale a adopté f, — Nomination d'un membre d'une com- vice-président. après déclaration d'urgence. . mission. Conformément à l'article 50 du règle­ La séance est ouverte à quinze heures 1. — Age d'admission des enfants au travail ment, la discussion d'urgence de ce pro­ dans les départements du Bas-Rhin, du trente. jet est de droit devant le Conseil de la Haut-Rhin et de la Moselle. — Adoption, — 1 — République. sans débat, d'un avis sur un projet de loi. Le projet de loi sera imprimé sous la PROCÈS-VERBAL g, — Création de ressources nouvelles et amé­ n° 980 et distribué. S'il n'y a pas d'oppo­ nagement d'impôts. — Discussion d'urgence sition; il est renvoyé à la ' commission do M. le président. Le compte rendu ana­ d'un avis sur un projet de loi. l'intérieur (administration générale, dé« lytique sommaire de la précédente Mol ion préjudicielle de M. Joanny Tîerlloz. partementale et communale, Algérie), séance a été afiiché. . •— MM. Joanny Berlioz, Henri Queuille, pré­ (Assentiment .) sident du conseil, ministre des finances et Il n'y. a pas d'observation ?... La discussion d'urgence aura lieu dans des affaires économiques; Alex Roubert, Le procès-verbal est adopté, sous les les conditions fixées à l'article 59 du re« président de la commission des finances; réserves d'usage. Reverbori. — Rejet au scrutin public. glcment. Discussion générale: M. Dorey, rapporteur — 2 — — 4 — général de la commission des finances. CONGE Suspension et reprise de la séance. DEPOT D'UN RAPPORT MM. Monnet, Vieljeux, Guy Montier, La f- M. le président. M. Bernard Lafay de­ îargue. mande un congé. M. te président. J'ai reçu de M. Julien» Présidence do Mme Gilberte Pierre-Bros- Conformément à l'article 40 du règle­ Brunhes un rapport fait au nom de luj solette. ment, le.bureau est d'avis d'accorder ce commission des moyens de communica­ M. Longchambon, au nom de la commis­ tions et des transports (postes, télégra-i sion des affaires économiques; Mme Brion, congé. MM. Janton. Beverborl, Jean-Marie Ber­ Il n'y a pas d'opposition ?.-.. plies et téléphones, chemins de fer, lignes thelot. " Le congé est accordé. aériennes), sur le projet de loi adopl^J * Il U 146 3208 CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1948 par l'Assemblée nationale, portant créa­ « Art. 5. — Dans les orphelinats et ins­ Un monument de tromperie s'élevait de­ tion d'un centre national du tourisme titutions de bienfaisance visés à l'arti­ vant nous le 27 décembre 1947. Mesdames, [(n* 894, année 1948). cle 1er du présent livre et dans lesquels messieurs, je ne commettrai pas l'indis­ Le rapport sera imprimé sous le n° 978 l'instruction primaire est donnée, rensei­ crétion de rappeler les déclarations opti­ jet distribué. gnement manuel ou professionnel pour les mistes d'alors, ce serait parfois cruel' et je enfants qui ne sont pas régulièrement li­ n'ai pas l'intention de l'être. Je ne le — 6 — bérés de l'obligation scolaire, ne peut dé­ ferai pas, surtout parce que je veux espé­ DEPOT D'UN AVIS passer trois heures par jour. » rer très sincèrement, sans arrière-pensée Je mets aux voix l'article 1er. subalterne, que beaucoup de nos collè­ (L'article 1er est adopté.) . ■ ' gues, qui péchèrent alors par insuffisance M. le président. J'ai reçu de M. Alex M. le président. « Art. 2. — Les disposi­ de clairvoyance ou par excès de confiance, Roubert un avis présenté au nom de la tions des articles 2, 4 et 5 du livre II du se sont ressaisis, se ressaisiront aujour- commission des finances sur le projet de code du travail tels qu'ils sont modifiés d'hui et, devant les conséquences néfastes loi, adopté par l'Assemblée nationale, por­ de l'erreur commise alors, essaieront de tant création d'un centre national du tou­ par la présente loi, sont applicables dans les départements du Haut-Rhin, du Bas- la réparer en adoptant aujourd'hui la mo­ risme (n° 894, année 1948). Rhin et de la Moselle. » — (Adopté.) tion préjudicielle que nous proposons. L'avis sera imprimé sous le n° 979 et « Art. 3. — Les dispositions de l'arti­ (Applaudissements à l'extrême gauche.) distribué. cle 135 du code industriel local, ainsi que Mais je voudrais cependant, pour mieux enregistrer le démenti de l'histoire aux — 6 — toutes les dispositions de la législation locale maintenue dans les départements paroles rassurantes qui nous furent pro­ NOMINATION D'UN MEMBRE du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Mo­ diguées à cette époque, reprendre quel­ D'UNE COMMISSION selle qui seraient contraires à celles de la ques paroles de M. René Mayer, alors mi­ présente loi, sont abrogées. » — (Adopté.) nistre des finances. Je mets aux voix l'ensemble de l'avis H. le président. L'ordre du jour appelle Certes, M. René Mayer ne fait plus- par­ a nomination d'un membre d'une com­ sur le projet de loi. tie de notre actuel gouvernement provi­ (Le Conseil de la République a adopté.) mission générale. soire. Il n'esquivera tout de même pas les Conformément à l'article 16 du règle­ lourdes responsabilités qu'il avait prises alors. Aussi bien, M. le président du con­ ment, le nom du candidat a été inséré - 8 — . à la suite du compte rendu in extenso seil a affirmé dans une autre assemblée de la séance du 17 septembre 1948. CRÉATION DE RESSOURCES NOUVELLES qu'il n'innovait rien avec ce projet, qu'il Le secrétariat général n'a reçu aucune ET AMÉNAGEMENT D'IMPÔTS reprenait simplement les projets de ses opposition. prédécesseurs dans un esprit de parfaite Discussion d'urgence et adoption d'un avis solidarité. Nous pouvons donc lui dire ce En conséquence, je déclare cette can­ sur un projet de loi. didature validée et je proclame M. Ferrier que nous dirions à son prédécesseur, M. membre de la commission des finances. René Mayer, d'autant plus que c'est juste­ M. le président. L'ordre du jour appelle ment cet esprit de continuité et de solida­ la discussion du projet de loi, adopté par rité qui nous inquiète et qui inquiète le - 1 — l'Assemblée nationale, après déclaration pays aujourd'hui. d'urgence, portant création de ressources Le 27 décembre 1947, je disais à M. le ACE D'ADMISSION DES ENFANTS AU TRA­ nouvelles au profit du Trésor et aménage­ ministre des finances que lui-même, éco­ VAIL DANS LES DÉPARTEMENTS DU BAS­ ments de certains impôts. nomiste averti, ne pouvait pas croire à RHIN, DU HAUT-RHIN ET DE LA MOSELLE Par voie . de motion préjudicielle, l'efficacité de ses propositions. Je lui disais Adoption, sans débat, d'un avis M. Joanny Berlioz et les membres du qu'il cherchait tout bonnement à ramasser sur un projet de loi. groupe communiste et apparentés oppo­ très vite quelques dizaines de milliards sent la question préalable. . ' pour permettre à sa trésorerie de fonction­ La parole est à M. Berlioz. M. le président. L'ordre du jour appelle ner — en les prenant d'ailleurs toujours M. Joanny Berlioz. Mesdames, mes­ aux mêmes, aux petits — et que cela ne 3e vote sans débat, conformément à l'ar­ sieurs, il y a à peu près neuf mois, exac­ ticle 34 du règlement, du projet de loi, changerait rien à la ourse au chaos écono­ tement le 27 décembre 1947,. j'avais l'hon­ mique et financier vers lequel nous étions adopté par l'Assemblée nationale, tendant neur de monter à cette tribune pour y dé­ à la modification et à l'introduction dans précipités. (Applaudissements à l'extrême fendre un projet de motion préjudicielle gauche.) les départements du Haut-Rhin, du Bas- opposée au projet de loi autorisant un M. René Mayer, au nom du Gouverne­ Rhin et de la Moselle des articles 2, 4 et 5 prélèvement exceptionnel de lutte contre du Livre II du code du travail, relatifs à ment unanime, répliquait que nous nous l'inflation, projet qui était, comme vous le trompions lourdement en affirmant de l'âge d'admission des enfants au travail. savez, la pièce maîtresse de la construc­ telles choses, que son projet, ou son plan Je donne lecture des articles. tion connue sous le nom de plan Mayer. dans son ensemble, ne marquerait pas seu­ « Art. 1er. — Les dispositions des arti­ Cette motion préjudicielle ne fut pas cles 2, 4 et 5 du livre II du code du tra­ lement un répit dans la course à l'abîme, acceptée par le Conseil de la Répub'ique, mais que c'était un « remède de guérison » vail sont abrogées et remplacées par les elle n'obtint que les 82 voix du groupe — ce sont ses propres termes — le prélude dispositions suivantes : communiste, 215 de nos collègues se pro­ « Art. 2. — Les enfants de l'un et l'autre noncèrent contre elle. à la remise en ordre générale de la nation, remise en ordre des finances publiques, sexe ne peuvent être employés, ni être Le texte de la motion préjudicielle que remise en ordre de l'économie, remise en admis dans les établissements visés à l'ar­ je présente aujourd'hui est semblable ticle 1er du présent livre, avant d'être à celui que je demandais au Conseil ordre des rapports prix et salaires. C'était régulièrement libérés de l'obligation sco­ d'adopter le 27 décembre 1947. en un mot l'expression fondamentale d'une laire. Les intentions du Gouvernement présent politique de stabilisation et de sauvetage. « Cette disposition est applicable aux en­ sont, en effet, assez semblables à celles Neuf mois sont passés depuis. Nous pour­ fants en apprentissage dans un de ces éta­ du Gouvernement d'alors, et les nôtres rions peut-être, après ce délai, poser quel­ blissements. aussi. Il s'agit pour nous de demander au ques questions, à savoir combien le prélè­ « Sont exceptés les établissements où Conseil d'écarter toute discussion d'un vement dit exceptionnel a apporté dans les ne sont employés que les membres de la caisses de l'État ? On en espérait, paraît-il, famille sous l'autorité soit du père, soit Erésteenduase d'unnprnouveaunoojut deurelsataurautioénplan succédantdafinntancià tanttèare, 122 milliards au moment où le projet fut de la mère, soit du tuteur. » d'autres plans. déposé. Combien ont été versés, sans en­ « Art. 4. — Les inspecteurs du travail Ce seul fait que nous soyons obligés de thousiasme d'ailleurs, souvent sous la peuvent toujours requérir un examen mé­ reprendre, en termes à peu près sembla­ contrainte, par le moyen subtil de l'em­ dical de tous les enfants au-dessous de bles, la discussion qui s'instaura il y a prunt forcé et de l'escroquerie aux billets 16 ans déjà admis dans les établissements neuf mois suffirait au moins à démontrer de 5.000 francs ? susvisés, à l'effet de constater si le travail que le fameux plan Mayer, premier d'une Nous pourrions demander ce qu'on'a fait dont ils sont chargés excède leurs forces. série, n'a pas atteint l'objectif qu'il pré­ des milliards versés au titre au prélève­ « Dans ce cas, les inspecteurs ont le tendait alors viser. Pourtant, que d'assu­ ment, si les engagements pris alors sur la droit d'exiger leur renvoi de l'établisse­ rances nous furent alors données, et par destination de ces milliards ont été respec­ ment sur l'avis conforme d'un médecin de nombre de nos collègues appartenant aux tés, mais ces interrogations sont secon­ l'inspection médicale générale du travail différents horizons politiques de cette as­ daires. Les faits ont répondu éloquemment et de la main-d'œuvre ou d'un médecin semblée et par le ministre des finances, à la mise ej}. garde que nous prononcions désigné par le médecin inspecteur division­ assurances selon lesquelles le vote de son alors et qfTe nous demandions au Conseil naire du travail et de la main-d'œuvre et, projet, l'adoption de son plan, marque­ de la République d'approuver. après examen contradictoire, si les parents raient une étape décisive sur la route de Mesdames et messieurs, une politique se ïe réclament. » la prospérité et du mieux-être. juge non pas aux paroles qui la défendent,. CONSEIL DE LA RÉPUBLIQUE — SÉANCE DU 21 SEPTEMBRE 1W8 3209 mais à ses résultats. C'est ceux-là qu il Le plan Mayer, le plan de lutte contre dans ce domaine, pas de remise en ordre; convient d'examiner rapidement, non seu­ l'inflation et tant d'autres maux a»t-il amé­ au contraire, aggravation du désordre. Stabilisation ? Une seule chose a été lement pour porter un jugement sur un lioré notre balance des comptes '/ La lutte Tassé récent, niais surtout ailu d'éviter au­ contre l'inflation devait, d'après les décla­ stabilisée: c'est le montant nominal des jourd'hui la répétition d'une supercherie rations de M. le ministre des finances, salaires entre l'adoption du plan Mayer qui a été terriblement préjudiciable aux donner un coup de fouet décisif aux expor­ et l'époque présente. L'indice du salaire, intérêts de la nation. ( Applaudissements à tations françaises. La dévaluation du qui était de 701 en décembre 1947, quand l'extrême gauche.) 26 janvier qui avait d'ailleurs pris la forme nous discutions du plan de lutte contre ■ L'inflation monétaire que l'on devait très bénigne d'un « Avis de l'office des l'inflation, était à 730 au mois de juillet pourfendre a-t-clle été jugulée Y Pas le changes », cette dévaluation qui n'osait dernier. Ce qui ne veut d'ailleurs pas dire moins du monde. Au dernier bilan de la pas dire son nom, puisqu'elle s'appelait que. le pouvoir d'achat réel des salaires Banque de France, avant le Mocage des une « prime de 80 p. 100 s'ajoutant au prix ait été, lui, stabilisé. Si l'on fait la com­ billets, figurait au poste des billets en cir­ des devises étrangères » devait faire se paraison de l'indice que je viens de citer culation le chiffre de 891 milliards. Nous précipiter les acheteurs étrangers chez nos avec l'indice contestable, sans doute, mais en sommes aujourd'hui, d'après le dernier producteurs. approximatif, des prix de détail à Paris, bilan, à 885, mais, si l'on veut se rendre Or, le déficit de la balance du commerce nous constatons quc le pourcentage de ce compte honnêtement des développements extérieur a considérablement augmenté de­ pouvoir d'achat est passé de 51,8, en dé­ de l'inflation, il faut ajouter aux éléments puis. Pour les huit premiers mois de 1948, cembre dernier, à 45 actuellement par rap­ traditionnels la masse monétaire disponi­ il a atteint 127 milliards alors qu'il n'était port à la base 100 en 1938. ble, billets en circulation, et, en plus, dé­ que de 82 milliards pour les huit premiers Sur ce point-là, par conséquent, pas pôts bancaires, comptes courants de chè­ mois de l'année précédente. d'équivoque possible. Le plan Mayer n'a ques postaux, ce nouveau poste un peu I.'aide américaine — il faut bien en par­ Eaaslantntattd'deintenvisagerlies objec, qu'qtiuf'sillqnousnu'iulsfaaasaexposésetxpsoesém- mystérieux qui s'appelle comptes courants ler, puisque notre politique est dominée créditeurs, véritable fourre-tout, mais qui comme étant les buts vers lesquels il vou­ par elle — a pesé particulièrement sur lait marcher. (Applaudissements à l'ex­ correspond au môme titre que les autres notre commerce extérieur, en boulever­ trême gauche.) postes que je viens de citer à des dettes sant tout programme rationnel d'importa­ immédiatement transformables en billets. tion que nous pourrions avoir et en limi­ Cependant, il y a une amélioration, une Alors, faisant ce total plus juste, nous ob­ tant la recherche de nos clients et de nos seule, et elle est considérable: au cours tenons pour décembre 1947 1.736 milliards fournisseurs. Elle n'a pas abouti, sans des sept ou huit mois qui viennent de et, en septembre 1948, tout près de 2.000 doute, dans ce domaine, au moindre re­ s'écouler: c'est celle des profits capita­ milliards. L'inflation a suivi son chemin, lèvement. Elle a, au contraire, aggravé listes. Elle est suffisamment illustrée par elle a même été précipitée, son rythme a notre assujettissement économique. C'est la lecture des bilans des grandes so­ été accé'éré au mois de février, à l'occasion une aide singulière. C'est peut-être une ciétés industrielles et commerciales. même du blocage des (billets de 5.000 variante de l'aide que la corde apporte au On a calculé qu'en .tenant compte des francs, qui a procuré une artificielle facilité pendu ? (Applaudissements à l'extrême surcharges imposées à la production fran­ à la trésorerie, mais qui a eu aussi cet gauche.) çaise par la hausse des salaires arrachée autre résultat, peut-être attendu, de ruiner Grâce à la création à Paris d'un marché par l'action ouvrière en novembre-décem- la confiance dans la monnaie afin de faire libre des devises et d'un marché libre de bre 1947 et par le prélèvement exception­ }iccoirir dans les caisses de l'État par d'au­ l'or, autres parties constituantes du plan nel, sur la base des chiffres du Bilan na­ tres canaux le numéraire qui était néces­ Mayer, grâce à l'amnistie, scandaleuse ac­ tional, l'incidence de la hausse des prix saire. cordée aux détenteurs à l'étranger de sur la valeur commerciale de la produc­ tion étant considérée de son côté; les L'équilibre du budget qui devait être as­ fonds non déclarés, on escomptait provo­ suré par le plan Mayer a-t-il été réalisé ? quer un afflux, soit d'or, soit de devises. grandes sociétés capitalistes avaient réa­ Là, bien malin qui pourrait le dire, quand Il est clair aujourd'hui que l'effet de ces lisé, au cours du premier semestre 19 î8, on se dispute encore à propos du montant mesures a été quasiment nul, au moins des superprolits qu'on peut évaluer à 425 exact des dépenses do l'exercice 1918. A pour le Trésor et la balance des comptes. milliards de francs. Il y a amélioration un moment donné, nous entendions en II est clair que notre pénurie en devises dans ce domaine, sans aucun doute. Il n'y a pas eu stabilisation seulement. même temps des chiffres très différents étrangères ne s'est point atténuée: au con­ avancés par des bouches autorisées. M. René' traire, elle s'est aggravée. Par conséquent, aggravation de la situa­ Mayer, ministre des finances, nous parlait tion des salariés et amélioration de la d'un total de 900 milliards; M. Poher, qui En tout cas, si l'on peut hésiter quant situation des trusts et des grandes sociétés était alors notre rapporteur généraltlu bud­ à l'estimation des résultats en ce qui con­ capitalistes. (Applaudissements à l'extrême get, nous parlait de 975 milliards; les éco­ cerne l'équilibre toujours fuyant du bud­ gauche.) nomistes distingués du Monde qui ont get, en ce qui concerne les ravages faits Il y a en définitive, de plus en plus, dans notre balance des comptes, il est un l'habitude d'être bien renseignés, parce amélioration dans la proportion entre les domaine à propos duquel il n'existe aucun qu'ils puisent aux meilleures sources, nous éléments du revenu national non pas en doute quant à la réalisation des promesses parlaient de 1.000 milliards. On peut choi­ faveur des travailleurs, mais en faveur des les plus solennelles qui nous furent faites sir! il n'y a pas de texte global et définitif capitalistes. en décembre. Je veux parler du domaine permettant de savoir ce qu'est le budget La part des salariés dans le revenu na­ de l'équilibre entre les prix et les salaires. de la maison France, il y a seulement une tional français, qui était de 48 p. 100 en Là nous avons des données précises. Si multiplicité de comptes qui ne sont jamais 1938 et de 41 p. 100 en 1917, n'est plus l'on peut ergoter quant à la balance du arrêtés — ceux afférents à l'exercice 1918 maintenant que de 39 p. 100, tandis que ne sont pas encore tous connus et déjà on budget national, aucune hésitation n'est possible quant au déséquilibre de plus en la part des privilégiés de la fortune qui parle de la préparation du budget de 1949 était de 21 p. 100 en 1938, est passée plus navrant du budget familial. Les prix — mais il n'est pas douteux, en tout cas, à 40 p. 100 en 1947 et à 43 p. 100 en 1948. industriels ont été « lâchés » par M. llené que c'est pour combler une partie du défi­ Les bilans de 1947 décelaient d'ailleurs cit budgétaire qu'on nous demande au­ Mayer au début de l'année, c'est-à-dire que la hausse, la « flambée », comme on dit, le début d'une telle amélioration, quand jourd'hui de nouveaux impôts ou de nou­ on voit que, pour cent sociétés indus­ velles taxes d'un montant de 80 milliards. de ces prix a été systématiquement orga­ nisée. Ils étaient à l'indice 1.001, au mois trielles et commerciales, les bénéfices M. Barangô, rapporteur de la commission avoués — et nous savons ce qu'ils repré­ des finances devant l'Assemblée nationale, de décembre 1947 ; ils atteignaient, en juil­ let dernier, l'indice 1.743, c'est-à-dire qu'ils sentent par rapport aux profits réels 1 — a indiqué que le déficit devait atteindre, ont atteint 4 milliards 200 millions au avaient augmenté, en l'espace d'un semes­ selon, lui, aux environs de 115 milliards, lieu de 2 milliards et demi l'année pré­ et ce chiffre a été repris, je crois, par M. le tre, de 74 p. 100 généreusement accordés par le gouvernement Schuman-Mayer, dé­ cédente. Cela c'est un résultat tangible président du conseil au cours de la dis­ passant d'ailleurs sensiblement "l'indice ou plutôt un résultat intangible, car vous cussion. des prix agricoles. n'avez jamais osé y toucher, comme au­ Donc, le déficit budgétaire n'a pas été jourd'hui encore vous ne prévoyez pas comblé, le plan Mayer n'a pas bouché le Les prix de détail, à Paris, passaient de qu'on puisse y toucher. trou qui existait alors, ce trou existe tou­ 856, en janvier, au moment de l'adoption Entendons-nous bien! Nous ne disons du plan de redressement, d'assainisse­ jours mais sans doute plus grand qu'il pas qu'il s'agit, en l'espèce, en examinant ment, etc., à 1.670 au mois d'août. n'était au mois de décembre 1947. Quant de tels résultats, d'un échec du plan do aux besoins en trésorerie, inutile de s'ap­ Si bien que, dans les jours derniers, le M. René Mayer, car nous estimons — et pesantir là-dessus; les évaluations de ces célèbre cartel de la baisse, après des mois nous le disions déjà à cette époque-là, besoins sont encore plus approximatives de bluff, renonçait â porter son nom et, ici, à cette tribune — que ce plan était et plus mauvaises, peut-être 270 milliards, n'osant plus afficher son enseigne défraî­ basé sur un échafaudage de mensognes Ti0O milliards d'après les chiffres qui ont chie, se transformait plus modestement en qui peuvent se résumer en cette simple été avancés depuis quelques jours. simple cartel confédéral. Là, aucun doute, phrase qui nous fut prodiguée à cetta 3210 CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 EPTEMBRE î&is

M. René Mayer m'avait répondu par une que notre franc a été amputé d'une partis ï'poqne: « Faites des sacrifices, c est pour de sa valeur. paner la monnaie, l'économie et votre pirouetta» Cependant, c'était clair, la suite l'a prouvé: le Gouvernement d'alors; Voyez-vous, la vérité profonde, aujour- niveau de vie ». ■ : d'hui comme au mois de -décembre 1947, Nous considérons, au contraire, que le n'était pas libre. Il n'était même pas libre ! pour M. Queuille, président du conseil. plan Mayer « réussi, étant donné les mo­ ie nos prix. En supposant — et je répète ; biles, dissimulés sans doute sous la dé­ que ce n'était pas dans ma pensée — comme pour M. René- Mayer, son prédéces­ magogie habituelle du relèvement natio­ qu'il ait voulu honnêtement réduire les , seur, c'est qu'il y a incompatibilié totale bénéfices capitalistes, dont j'ai indiqué entre la vassalisation de la France et nal" mais réels, qui inspiraient ses auteurs l'amélioration des conditions de vie de la et tout le Gouvernement. L'augmentation tout à l'heure quelques chiffres, il ne population française. ( Applaudissements à des profits capitalistes, c'est cela la réus­ pouvait pas le faire. Il était condamné, : par sa politique d'adaptation aux prix : l'extrême gauche.) site du plan Mayer, c'est cela qui covres- Je crois que si j'avais reproché alors à' pondait exactement aux intentions du Gou­ américains, à subir les conséquences de la ' vernement d'alors. (Applaudissements à hausse des prix mondiaux et plus particu­ M. René Mayer et à son gouvernement de lièrement des prix américains, hausse qui ; n'être pas libres, je puis dire aujourd'hui, l'extrême gauche.) monsieur le président du Conseil, mes­ Nous disions, et nous voulons le rappeler s'est accentuée dejpuis le début de cette ! année; car. là-bas aussi, on connaît l'in- j sieurs du Gouvernement, que vous êtes aujourd'hui, que ce n'était pas par bavard. encore moins libres qu'alors, >ear vous sus­ car le Gouvernement de M. René Mayer flalion et -là-bas aussi on prononce beau­ coup de phrases contre elle, mais on ne 1 pendez tout votre programme, toute votre avait admis la colonisation de la France soi-disant lutte pour "l'assainissement fi­ par les monopoles américains. Or, dans un fait rien non plus pour l'arrêter, parce : qu'elle est dans l'intérêt de certains : nancier, à la mise à votre disposition des pays colonial, il faut un standard de vie 120 ou i:-0 milliards de eontr-e-vale-ur en colonial et nos amis des territoires d'outre- groupes financiers. francs des fournitures de l'aide -améri­ mer savent pas expérience ce que c'est La hausse des prix américains qu'il a ; fallu subir ici est due à une politique des caine. qu'un standard de vie colonial. Le Gouvernement de M. Rene Mayer se ' trusts américains qui n'entendent pas M. Je président du conseil ^ admis 4 l'Assemblée nationale et dans des déclar­ soumettait aux volontés de la haute finance supporter la charge du programme ; des Etats-Unis qui, à ce moment-là — par Marshall et l'augmentation des dépenses - ations nombreuses — et, je

il y a quelques mois. (Applaudissements u déjà pour la dévaluation qui devait avoir partie d'un système de conservaiion de l'cxtïcme gauche.) lieu quelques semaines plus tard. (Vou - la surexploitation, d'un système d'abdi­ Vous accompagnez ce plan d'une série de veaux applaudissements sur les mêmes cation nationale. mesures qui provoqueront d'ailleurs une bancs.) Monsieur le président du conseil, le peu­ nouvelle hausse des prix. C'est non seule­ Vous, allez, avec vos projets, à l'en­ ple n'admet pas le dilemme dans lequel ment le pain qui vient d'augmenter, le lait contre des objeeli.Es que vous proclamez. vous pensez pouvoir l'enfermer, quand qui augmentera demain, les journaux au­ Je disais à M. René Mayer: « Vous n'y vous dites à l'Assemblée nationale: « Des jourd'hui, le charbon, mais qui pourrait croyez pas. » Vous n'y croyez pas non sacrifices ou l'aventure ». Des sacrifices, soutenir que votre double ou triple décime, plus, monsieur le président du conseil ils n'ont cessé d'en faire, en pure perle aussi bien que l'augmentation du prix dès- d'aujourd'hui. Vous proclamez ces objec­ jusqu'à présent. Malgré tout ce qu'on leur transports, te s'intégreront pas en défi­ tifs, vous ne pensez pas les atteindre. a dit, ils sont les éternels dindons de la nitive dans le prix de revient des marchan­ Seulement, la différence enire le présent farce. L'aventure, vous vous y précipitez dises et ne seront pas payés en dernière et cette époque de décembre 1917, c'est tète baissée; vous savez que vos projets analyse par les plus pauvres consomma­ que non seulement le ministre des finan­ vous mèneront à cela. teurs de ce pays t . ces n'y croit pas, mais que personne au­ Vous exigez des sacrifices et vous pous­ Vous dites: ces mesures permettront à jourd'hui n'y croit dans le pays, que per­ sez à l'aventure en môme temps, an nom la -pro 'uction de reprendre. Permettez-moi sonne ne se laisse plus bercer par la d'une minorité parasita iiè qui a lié son de répliquer que vous ne créez pas précisé­ vieille chanson des sacritiees nécessaires. sort, un sort égoïste, pas celui du peuple ment les.conditions pour améliorer la M. Henri Queuille, président du conseil, français, à une protection de maîtres marche de la production française: en ag­ minishe des finances et des affaires écono­ étrangers, qui consent à céder à ceux-ci gravant constamment les conditions d'exis­ miques. Je crois, monsieur .Berlioz, à un une petite partie de ses bénéfices pour tence des travailleurs et en faisant surgir danger que je veux éviter pour ce pays et garantir ses privilèges et sa domination. devant eux la perspective du chômage, on auquel je veux parer. {Applaudissements à l'extrême gauche.) ne crié pas des conditions pour une pro­ M. Berlioz. J'essaie de démontrer, depuis Mais, monsieur le président du conseil, duction élargie. Également, vus mesures le début de mon exposé, que vous ne décembre 1017 et septembre 1018 sont des gêneront incontestablement la trésorerie parerez pas à ce danger et qu'au contraire dates bien différentes quant à l'évolution des commerçants et Mlisans, des petites et vous l'aggraverez. Le pays le sait. Tout le de notre peuple. Les masses laborieuses moyennes, entrepris -s. Vous savez ibiert pays se dresse contre votre politique. C'est voient clair aujourd'hui dans votre jeu; ,qu'elle. est déjà gèm e cette trésorerie, et un magnifique mouvement auquel nous elles ne se laisseront pas faire une seconde cela se voit dans le volume du crédit de­ assistons au _sein des couches profondes fois le coup Mayer. mandé, dans le ganil 'ment du portefeuille de la population. Les salariés ne se vendront pas pour les 2.500 francs qu'on leur a accordés.. (An- des effets «am merci ais de la Banque de M. Alain Po'ser, secrétaire d'Elat au France: US milliard- en janvier; 150 mil­ budget. Vous avez l'air d'eu être satisfait, plaudissements sur les mêmes bancs.) Ils continueront à réclamer un niveau de vio liards en avril; 183 mil.iards dernièrement, monsieur Berlioz. plus décent, le minimum vitaL de 13.5u0 malgré- la relèvemen: de 1 p. 100 du taux M. Berlioz. C'est un magnifique mouve­ d'escompte. • ment d'action et d'unité, aussi avec ceux francs, l'acompte de 3.000 francs Tout ceci s\accomi igné enfin dans vos qui étaient hier avec vous, monsieur le Mes amis vous feront tout à l'heure .des projets, autour de vc t projets, d'un aflai- président cïu conseil, et avec vous aussi, propositions constructives, bien que nous Ibiisse-meût des moyen ? de relèvement véri­ monsieur le secrétaire d'État, pour exiger n'ayons pas confiance dans votre Gouver­ tables. de l'économie fiançaisei La recons­ que cela change, pour exiger qu'on cesse nement pour les appliquer, mais des pro­ truction est pratique »>nt arrêtée. Le vo­ de diriger les atfaires du pays en épou­ positions qui vous apporteront au moins lume des crédits doi t elle peut disposer sant cette opinion étalée sans cesse dans autant d'argent que celles que vous allez en iCiSj compte ten ■ des augmentations la presse américaine, que le train de vie adopter mais qui demandent qu'il soit piis de prix, équivaut environ à 27 p. 100 du des Français est trop élevé. ailleurs, parce que ce sont toujours les volume dv crédits ali *ients à l'année 1947. Les témoignages qui sont à la base mêmes, toujours les pus petits, qui sont Les investissements «.ont réduits dans d'une telle opinion sont d'ailleurs très pressurés par vous. l'équipement et la modernisation de nos sujets à caution et quanti c'est la conclu­ Mais, mesdames,. mess : eurs. en votant Industries. Il y a donc dans votre projet sion d'un journaliste, après une tournée la motion préjudicielle que j'ai déposée même et dans les décrets qui l'ont accom­ dans les restaurants des Champ^Elysées, au nom du groupe communiste,, c'est-à-dire pagné. parus le 17 septembre, une série de où il a remarqué que tout le monde man­ en écartant d'emblée la discussion d'ua dispositions qui limitent les engagements geait du jambon à la crème, on peut bien projet d'aggravation de la misère et de la possibles dans notie domaine national, en dire que c'est au moins une appréciation ruine nationale, vous vous joindrez sim­ particulier dans ces usines nationalisées peu sérieuse mais voulue, mais consciem­ plement à l'immense majorité de la popu­ pour lesquelles vous prévoyez une série de ment travestie de la situation véritable lation française qui vous conjure de l'écou­ dispositions qui sont de nature à rendre qui règne dans notre pays. 11 est cepen­ ter. leur vie impossible, parce que vous voulez dant chez nous des gens, des économistes Entendez son grondement de colère, 'qui rendre leur- vie impossible, sciemment et distingués qui, je lé. répète, s'inspirent se traduit sons mille formes: pétitions de foncièrement. (Applaudissements il l'ex- aux meilleures sources, qui pensent la ménagères sur les marchés, arrêts du tra­ prême gauche.) même chose. vail, manifestations, délégations auprès des C'est tout cela q«i faisait' dire à M. An­ M. Courtin terminait" dernièrement un pouvoirs publics. C'est un grondement dré Marie, qui avait son plan avant le article très documenté, documenté par vos large, c'est un grondement infiniment vôtre, le même: « Nous n'avons plus de services certainement, monsieur le prési­ puissant et vous savez bien que ce n'e-t devises, nous n'exportons dans la zone dent du conseil, par cette conclusion: pas sur l'ordre d'un chef d'orchestre invi­ dollar que le dixième de ce que nous « Dépouillée de tous les artifices compta­ sible que ces masses revendiquent et mani­ bles derrière lesquels nous nous sommes importons, et en conclusion, que sera-ce festent. Vous savez bien que ce n'est pas efforcés de la camoufler, la vraie question quand l'aide américaine prendra fin 1 » un chef d'orchestre invisible qui fait que Ce sera les conséquences mêmes de cette reste celle de la limitation de la consom­ leur union se réalise, toutes tendances syn­ mation qui, seule, est à même de déter­ aide, qui n'est pas faite pour relever notre dicales confondues, toutes opinions .politi­ miner le rétablissement des finances pu­ niveau de production, mais uniquement ques mises à part. {Applaudissements à pour retarder la crise économique aux bliques et de la balance des comptes ». l'extrême gauche.) Etats-Unis, uniquement dans les intérêts C'est à cela que notre peuple ne veut pas des trusts d'outre-Atlantique. se résoudre. La majorité de cette population français Les plus timorés dans les différentes en a tout simplement assez de travailler Et même, monsieur le président du couches de la population, s'ils ne résis­ sans que son effort soit récompensé, de Conseil, pouvez-vous nous affirmer, sans tent pas ouvertement, se disent au moins travailler pour d'autres. Elle en a assez

qui s'6l6ve dans notre pays et que rien d'intervenir dans la discussion, et ce serait M. Tissier, directeur général des im­ n'arrêtera, ni les paroles hypocrites imi­ faire la part trop belle à un seul parti dans pôts; tées de celles de M. René Mayer que je cette Assemblée. C'est là une raison sup­ M. Blot, sous-directeur à la direction gé­ rappelais tout à l'heure, ni les vagues pro plémentaire pour que vous repoussiez la nérale des impôts. messes de compensations illusoires, car question préalable. M. Tixier, directeur du cabinet du pré­ elles sont déjà absorbées par les hausses Au surplus, je pense que M. Berlioz, qui sident du Conseil, ministre des finances récentes ou celles que vous êtes en train vient de nous annoncer, il y a un instant, et des affaires économiques; de décréter. Mesdames et messieurs, i' à cette tribune, que le groupe communiste Acte est donné de ces communications. s'agit bien d'une protestation générale. Si auquel il appartient apporterait au cours . Dans la discussion générale, la parole par malheur vous ratifiez les projets qui de la discussion un certain nombre est à M. le rapporteur général. vous sont présentés, soyez assurés que le d'améliefrations sensibles, ne se fait pas M. Dorey, rapporteur général de la com­ pays ne les ratifiera pas, et que vous vou# beaucoup d'illusion sur le sort qui attend mission des finances. Mesdames, mes­ séparerez alors ce qu'il y a de meilleur sa proposition. (Applaudissements u gau­ sieurs, je dois d'abord m'excuser des en lui, de ce qu'il y a de meilleur parnn che et au centre.) nombreuses occupations de tribune dont les Français. ( Applaudissements à l'ex­ RS. Reverbori. Je demande la parole. je me rends coupable tous ces jours-ci. Les trême gauche.) M. le président. La parole est à M. Re- questions financières sont très souvent à Nous assistons à un sursaut formidable, ve:-bori. l'ordre du jour, trop souvent d'ailleurs, non pas de « matérialisme sordide » M. Reverbori. Le groupe socialiste votera car les choses n'en iraient que mieux si comme disait l'autre, mais à un sursaut contre la motion préjudicielle, défendue nous les évoquions moins fréquemment. do la conscience nationale. Ne lui restez avec .■caucouip de talent, je le reconnais, Quoiqu'il en soit, ces répétitions, d'une pas étranger, cela ne vous serait pas par notre collègue M. Berlioz ; je dirai part, m'imposent un devoir et, d'autre pardonné II est temps encore de retrou­ même avec un talent qui, quelquefois, part, présentent au moins un avantage au ver la bonne voie. Soyez sûrs — ce moi­ remplaçait une conviction quelque peu milieu de leurs inconvénients. Le devoir, . veinent et cette volonté même d'union défaillante. c'est d'être bref pour ne pas vous imposeï; le prouvent — que la France n'est pas Nous voterons contre, non pas que cer­ tiop souvent i'auditîon des mêmes considé­ perdue, quelle que soit la profondeur du tains des arguments de notre collègue ne rations. L'avantage -c'est que je puis me. gouffre dans lequel nos gouvernements nous aient touchés, dans la mesure, d'ail­ référer, sans trop solliciter votre mémoire, l'ont menée, qu'elle recèle dans ses pro­ leurs, où ils n'étaient pas dictés par une à des exposés récents et, dans le cas pré-, fondeurs assez d'énergies créatrices, assez passion dont le moins qu'on puisse dire sent, je n'ai qu'à rappeler en deux mots de volontés de remonter vers la vraie est qu'elle était quelquefois extérieure aux ce que je dirais hier: pour équilibrer notre grandeur, qu'elle est capable de forger de- intérêts supérieurs de notre pays. - trésorerie d'ici la fin de l'année et per­ ses mains. (Applaudissements sur les Notre vote ne préjuge absolument en mettre d'opérer les investissements dont mêmes bancs.) Par la voix retentissante rien la position que prendra notre nous discutions alors, il nous faut environ îles ouvriers, des paysans exploitants, groupe socialiste à la fin de cette discus­ 80 milliards. des commerçants et artisans honnêtes, sion. Nous voudrions, justement, que cette Vous trouverez dans mon rapport un des petites gens de toutes catégories, le discussion soit la plus ample possible. tableau assez complet, «ncore. que suc­ peuple français vous invite à lui faire Nous voudrions connaître toutes les opi­ cinct, des mesures envisagées à cet etfet confiance, à ne faire confiance qu'en lui. nions, celles de nos amis et celles de nos par le Gouvernement : les unes réalisables Mes chers collègues, vous ne sauriez adversaires. Nous voulons juger en toute par le jeu de ses pouvoirs propres ont décevoir celte foi populaire en l'avenir, connaissance de cause; le moment est trop déjà fait l'objet- ou vont faire prochaine­ conservée malgfré toutes les déceptions grave pour étouffer une discussion abso­ ment l'objet 'des décrets nécessaires; les successives. Face aux espérances de ce lument nécessaire. autres, dont 'intervention ne peut être peuplé se dresse un programme gouver­ C'est pourquoi le groupe socialiste, s'op­ que le fait du Parlement, sont prévues dans nemental qui- est, comme celui de posant à la question préjudicielle, de­ le texte que j'ai l'honneur de vous pré­ M. René Mayer, un programme de trom­ manda au Conseil de la République de sui­ senter. Les premières doivent apporter une perie, un programme inefficace, sauf pour vre la position- prise par ta commission vingtaine de milliards. Le présent- projet ceux qui profitent de ce qu'ils voudraient des finances. (Applaudissements à gau­ est destiné à procurer la différence, soit Ctre la déchéance de la France. Ou avec che et au centre.) , environ 00 milliards. ce programme, ou avec un peuple qui M. le président. Je consulte le Conseil Certes, ce dernier chiffre n'est pas im­ bouge, qui frémit, qui veut autre chose! sur la motion préjudicielle présentée par muable. Le Gouvernement attendait de ces Faire échec aujourd'hui au plan Queuille, le groupe communiste, repoussée par la propositions 62 milliards. L'Assemblée na­ au plan Mayer deuxième mouture, c'est commission et par le Gouvernement. , tionale, par différentes modifications, a ra* servir la France qui veut vivre libre et Je suis saisi de deux demandes de mené ce total à 52 milliards. ■ Votre com­ indépendante. - - scrutin, présentées par le groupe com­ mission des finances a cherché, dans l'équi­ Nous avons la conviction que vous se­ muniste et par le groupe du rassemble­ libre de certaines mesures qu'elle espère rez ' nombreux, nés chers collègues, à ment des gauches républicaines. justifiées, à rétablir la situation. 11 rio vouloir servir cette France. (Vifs applau­ Le scrutin est ouvert in'a pas été possible, par manque de dissements à l'extrême gauche.) (Les votes sont recueillis. — MM. les temps, d'évaluer avec précision le montant M. le président. La parole est, à M. le secrétaires en font le dépouillement.) de ce rétablissement; tout porte à croire président du conseil. M. le président. Voici le résultat du cependant qu'il est a.s&z voisin du mon­ M. le président du conseil. Mesdames, dépouillement du scrutin : tant recherché par le Gouvernement. messieurs, le Gouvernement a le désir Vous trouverez dans mon rapport les d'exposer devant cette Assemblée dans Nombre do votants 301 modifications apportées par votre com­ quelles conditions il a été amené à vous Majorité absolue 151 mission des finances aux différents arti­ saisir de ce projet de loi. C'est une des cles. Certes, les mesures proposées n'ont raisons parmi tant d'autres qui font qu'il Pour l'adoption 81 rien - d'extrêmement original. Je dirai Contre 214 vous demande de repousser la question même, n'ayant pas peur des mots, qu'il préalable. (Applaudissements sur certains Le Conseil de la République n'a pas ne s'aHt là que d'expédients. Mais recou­ bancs à gauche et au centre.) adopté. rir à des expédients est permis et même M. Alex Roubert, président de la com­ Avant d'ouvrir la discussion générale, obligatoire, quand c'ee t le seul moyen de mission des finances. Je demande la pa­ je dois faire connaître au Conseil de la traverser une passe difficile. Cependant, il role imnorte de revenir au plus vite à une situa­ République que j'ai reçu de M. le prési­ M. le président. La parole est à M. le dent du conseil des décrets désignant en tion plus normale. C'est d'ailleurs la ferme intention du Gouvernement. président de la commission des finances. qualité de commissaires du Gouverne­ M. Alex Roubert, président de la com­ ment, Deux tâches immenses, parmi d'autres; mission des finances. Mesdames, mes­ Pour assister M. le ministre des finan­ l'attendent au coure des prochains mois? sieurs,^ la commission des finances, dans ces et des affaires économiques: l'établissement du budget de 1949 et la ré­ sa majorité, a repoussé la question préa­ M. Japiot, directeur du cabinet du se­ forme fiscale. On a meine à concevoir com­ lable présentée par le groupe communiste. crétaire d'État aux affaires économiques; ment il sera possible de les réaliser pen< Je crois que le Conseil suivra sa commis­ M. du Pont, conseiller, chargé de la dant un lams de temns aussi court. Mais sion. Il serait, en effet, extrêmement fâ­ direction technique du cabinet; c'est un devoir pour le Gouvernement, et cheux que, dans une question aussi grave, M. Zyromski,, conseille, technique; c'en sera un pour le .Parlement le moment il n'y ait qu'un seul orateur qui puisse M. Marbot, chef de cabinet; venu, de ne pas se laisser distraire ipar des faire valoir les arguments pour ou contre. M. Cusin, secrétaire général du comité tâches subalternes pour se - consacrer à' Il ne s'agit pas, pour l'instant, de pren­ économique interministériel. cette grande œuvre de restauration finan­ dre parti sur le fond du débat, mais si Pour assister M. le secrétaire d'État aux cière de notre pays. l'on suivait purement et simplement le finances et aux affaires économiques: Un mot pour terminer sur la nécessité règlement, un seul orateur aurait le droit , M. Bloeh-Lainô, directeur du Trésor; , de ces mesures qui nous a été démontrée CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1M8 3213 par M.. le président du conseil et par MM. thèse sur 14 milliards portant sur l'accé* Ce projet ne serait pas conforme à la les secrétaires d'État. D'aucuns se sont lération des recouvrements. Le calcul tradition s'il n'affirmait pas arec force la offusqués de ce que la France devait équi­ d'ailleurs pouvait être pris, si j'ose dire notion d'économie. Ici, je ferai trois brèves librer son budget, jugeant que c'était une par l'autre bout, c'est-à-dire par la Tréso­ remarques. atteinte à son indépendance. Curieuse rerie. En chiffrant — ce qui parait opti­ Premièrement, il y a certes d'abord conception de l'indépendance ! alors que miste — les besoins de la Trésorerie à une tendance à l'économie,- mais on n'ar­ des finances saines doivent être, au con­ 280 milliards pour la fin de l'année, on rive pas à ce que j'appellerai des traire, la marque de la maturité politique constate que l'application de . différents économies de structure. En particulier, un d'un pays. (Très bien! très bien! au cen­ moyens: économies, bons du Trésor, dé­ n'a pas abordé ce très grave problème da tre.} . blocage Marshall, laisse un déficit dont la parafiscalité et surtout dans son aspect Faisons donc ce que notre devoir le plus l'ordre de grandeur est aussi de 80 mil­ de la sécurité sociale. Pour moi, il ne strict nous commande: équilibrons notre liards, de sorte que l'on a pu nous dire s'agit pas seulement des abus d'un sys­ budget sans nous laisser impressionner que si nous ne trouvons pas 80 milliards, tème dont les mérites humains ne sont par des considérations secondaires. Ce sera il nous manquera à la fin de l'année pas ici à souligner, mais de ce grand fait le meilleur moyen de. prouver réellement 250 milliards. économique : à savoir qu'un prélèvement notre indépendance politique et Je nous CÂa «étant donné, se posent les deux compris entre 8 et 10 p. 100 du revenu permettre, dans le délai le plus bref pos­ questions que je me piopose d'aborder. national représente probablement la part sible, de- nous suffire financièrement, à Premièrement: comment vous procurez- du revenu national qu'il est possible d'af* nous-mêmes. ( Applaudissements au centre vous ces 80 milliards, ce qui revient à fecter à l'investissement. et à droite.) faire une petite étude critique du projet, Si vous ne financez pas votre budget de M. le président. J'ai été saisi d une de­ que je ferai très rapidement; deuxième­ la reconstruction, monsieur le président mande de suspension • de séance d'une ment", cet effort est-il nécessaire et suffi­ du conseil, ce n'est pas parce que vous heure émanant du groupe socialiste, du sant ? ne débloquez pas certains crédits, ce n'est groupe du rassemblement des gauches ré­ En ce qui concerne le premier point, pas parce que vous ne placez pas tel em­ publicaines, du groupe du parti républi­ tandis que M. Mayer avait mis l'accent prunt, c'est parce que vous infligez au cain de la liberté, du groupe des républi­ sur l'impôt direct dans son prélèvement revenu national un prélèvement qui est cains indépendants et du groupe du mou­ exceptionnel (et j'ai déjà à cette tribune redistribué et non réinvesti. vement républicain populaire. montré l'amère ironie de cette épitliète Ce prélèvement est de 500 milliards par Il n'y a pas d'opposition ?... d'exceptionnel), le projet actuel est -une an. Il y a là une question de toute gra­ La séance est suspendue. curieuse collection d'expédients fiscaux vité que je tenais à signaler. (La séance, suspendue à seize heures dont le poids principal porte surtout sur Deuxièmement. Quant aux économies cinquante-cinq minutes, est reprise à dix- les droits d'accise, étant entendu qu'une proprement dites, je ne sous-estime pas huit heures vingt minutes.) partie, des mesures prises l'est en vertu les 135.000 fonctionnaires guillotinés; eux M. le président. La séance est reprise. des pouvoirs réglementaires, déjà votés. non plus, je pense. Le Conseil reprend la discussion du pro- Certes, un article 1er donne déjà un tour Troisièmement. Je ne sous-estime pas de vis qui n'est pas négligeable aux trois non plus votre volonté d'agir dans le sec­ iet de loi portant création de ressources cotes des bénéfices industriels' et com­ nouvelles au profit du Trésor et aménage­ teur nationalisé. Mais nous pouvons dire merciaux, des bénéfices agricoles et des ments de certains impôts. . . , que, dans les deux domaines, les résultats Dans la suite de la discussion générale, bénéfices non commerciaux. De plus, dans sont faibles. la version telle qu'elle est sortie des déli­ Donc, en face de ce triple aspect de la la parole est à M. Monnet. bérations de notre commission des finan­ M. Monnet. Mesdames, messieurs, M. le réduction du train de vie de l'État, je ces, on a introduit une notion de progres­ vous sens désarmé; et alors je me de­ président du conseil nous disait liier, a sivité qui est déjà très agressive. la commission des finances, qu'il a connu mande, arrivant ainsi à ma deuxième et Je ne tiens pas à insister dans cette ana­ dernière partie, si cet effort nouveau un Sénat, dont il faisait partie, qui avait lyse sur le côté « expédients ». En pareil un- sens élevé, de la gestion des intérêts n'aura pas le sort de ceux que nous ont casj on fait ce qu'on peut. Néanmoins, les financiers du pays. • demandés MM. Schuman, Mayer et Paul improvisations elles-mêmes peuvent être Reynaud, c'est-à-dire si vous n'allez pas Je n'ai peut-être pas hérité les qualités faites autour d'une idée générale juste. Je et les défauts de nos prédécesseurs, mais infliger au pays un très lourd sacrifice crains qu'il n'en aille différemment avec il me sera peut-être permis, comme mem­ qui aura l'effet, toujours vérifié, d'une ce projet et que, s'il se dégage une idée bre de cette Chambre de réflexion, de générale, ce soit celle-ci : conduire automa­ nouvelle hausse des prix, conduisant elle- donner les miennes à propos du projet même à une nouvelle hausse des traite­ tiquement à la hausse des prix. portant création de. ressources nouvelles ments publics et privés, elle-même géné­ et aménagements d'impôts. A cet égard, il n'est pas de plus sûre re. ratrice de nouveaux déficits. Voter le projet du Gouvernement, est- cette que les impôts indirects. Le résultat Cette hausse des prix sera, en réalité, ce préserver 1 équilibre budgétaire ? Est- est quasi instantané: le timbre, le papier une nouvelle dégradation de la monnaie. ce retrouver l'équilibre tout court ? Est- A cigarettes, l'essence, la capitation des Or, quand vous dégradez une monnaie, ce sauver la monnaie ? automobiles. Vous les retrouverez instan­ vous laminez une nouvelle couche de Certes, ce propos est bien celui du Gou­ tanément dans les nouvelles revendica­ classes moyennes, petits bourgeois, arti­ vernement. C'est d'ailleurs celui de tous tions sur le minimum vital, un orateur sans, rentiers, retraités, pensionnés. les gouvernements qui croient toujours nous le laissait d'ailleurs entendre tout à (Très bien! au centre.) l'heure à cette tribune. trouver un palier. Je le disais déjà il y a un. an, à cette Le propos est assorti d'un exposé des Je profite, d'autre part., d'une remarque tribune à M. : Prenez motifs particulièrement émouvant. faite par M. le président de la commis­ garde que cette politique monétaire dé­ Il n'était pas besoin de la comparution sion des affaires économiques à la commis­ plorable n'envoie ces classes moyennes à de M. le président du Conseil devant la sion des finances à propos de la taxe à Jà aes officines, d'ailleurs concurrentes, où commission des finances, il n'était pas production pour signaler aux financiers on vend de l'espoir aix désespérés, ama­ besoin du remarquable exposé de M. Pets­ qui siègent sur nos bancs et très respec­ teurs de régimes d'autorité. che, secrétaire d'État aux finances, ni de tueusement à ceux qui siègent sur les Or, votre majorité actuelle, pour exi­ la technicité de M. Poher, secrétaire d'État bancs du Gouvernement ceci: le rempla­ guë tu'elle soit, ne veut pas cela, je le au budget, pour connaître le caractère cement de la taxe sur le chiffre d'affaires sais bien. Elle le veut si peu qu'on ne désespéré de la situation. par la taxe à la production partait d'une peut l'empêcher de proclamer la néces­ Nous connaissions le caractère panique bonne-intention, ne pas majorer chaque sité de la lutte sur les deux fronts. Mais des échéances. Nous connaissions aussi mutation. Mais arcc cette bonne intention ses réflexes sont toujours à faux. l'engagement souscrit de chercher des so­ on multiplie précisément les mutation*, Pour mieux défendre les règles de celte lutions d'équilibre budgétaire en fonction c'est-à-dire qu'on multiplie les intermé­ démocratie -centriste elle tend à se sous­ de ce que j'appellerai la chronologie de diaires. En d'autres termes, on facilite les traire au suffrage universel car elle a l'opération Marshall. échanges en supprimant la taxe sur le constamment peur de sa propre action au Le ministère des finances, qui ne peut chiffre d'affaires, on crée donc des inter­ Gouvernement quelque faible qu'elle soit. faire de la philosophie politique, avait fait médiaires plus nombreux, et chacun sait Monsieur le président, je vous le dis une étude statique de la situation. Il était que l'apparition de chaque intermédiaire avec la respectueuse affection que j'ai arrivé à cette estimation sur le papier coûte plus cher que la taxe .de 2 p. 100 pour le républicain que vous êtes: les d'un déficit budgétaire de 114 milliards sur le chiffre d'affaires. Il y a là une quatre expériences successives, dont la pour un budget dépassant désormais le grave erreur de politique financière, et dernière en date est la vôtre, prouvent trillion et il a chiffré sur ces 114 milliards j'aurais désiré que le projet en tînt compte. que la majorité 'actuelle ne peut faire ce en recettes, 20 milliards d'économies — Mais, tout exceptionnel que soit le projet, choix qui dépasse la politique pour en­ j'y reviendrai tout à l'heure. comme nous pensons que ce n'est pas le trer dans le bon sens. Il a, en quelque sorte, forfaite à 80 mil­ dernier, nous aurons l'occasion d'en re­ Ce choix consiste à affirmer : qu'il faut liards l'effort fiscal en laissant une hypo- , parler. créer une monnaie saine, niais en sa 3214 CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1948

mettant dans les • conditions d'un équili- lable de toute stabilité monétaire, c'est vous le pensez bien, ouvrir ici un débat ibre réel. Or, cet équilibre réel, votre ma­ l'équilibre politique, financier et écono­ sur la presse, ni sur l'intérêt qu'il peut jorité actuelle n'en permettra jamais la mique. y avoir ou non à la subventionner, ni réalisation. Elle vient d'en faire trois Pour gouverner, il faut une majorité. Or, non plus sur le point de savoir s'il est fois la preuve et la quatrième occasion nous n'en avons pas. La politique des par­ raisonnable et rationnel ou non que les n'est peut-être pas très loin. (Mouvements tis, dont nous souffrons depuis quatre Français qui ne lisent pas les journaux Hivers.) ans, nous a sans cesse condamnés à l'al­ payent ceux des Français qui les lisent, Des préoccupations de clientèle, des im- liance des contraires qu'une même déma­ Je veux simplement, par un exemple, ex­ pératiîs syndicaux, des ukases de comités gogie colore et qu'un même appétit du primer l'idée que, pour restaurer nos fi­ îdiiecteurs des partis, des congrès natio­ pouvoir rassemble dans l'impuissa-ico nances malades par suite d'une mauvaise naux interdisent d'une façon absolue d'agir, car gouverner, ce n'est pas se par­ politique suivie, il serait très souhaitable «l'aller aux causes profondes de ce défi­ tager le pouvoir de façon que chacun -n do voir clair, de savoir très exactement cit. Or, le refus d'aller aux causes pro­ prenne un morceau, le gère et le digère ce que l'on fait et où l'on va, et pour cela fondes constitue — j'en donne ici l'affir­ au mieux de ses intérêts, mais c'est virile­ de décider notamment qu'à l'avenir tou­ mation solennelle — une forme de poli­ ment conduire la nation dans les rudes tes les exploitations de l'État seront con­ tique du pire, car il conduit iminanqua- chemins du salut. çues et organisées de manière à être sinon blement à la dégradation de la monnaie Pour pouvoir gouverner, c'cet-à-diro in bonis, du moins en équilibre, et quo jet, par la dégradation de la monnaie, à la avoir une majorité, il est clair qua» des leurs prix de revient seront déterminés, dégradation politique et la désagrégation élections générales s'imposent et^que ce suivis et publiés. sociale. n'est pas cette faiblesse qui se baptise troi­ Il faut que l'on sache si l'État gère Pour mieux préserver les institutions sième force et qui n'est que le conglomérat ou non aussi bien et plus ou moins cher Hémocratiques, par un jeu dans lequel de parlementaires qui se cramponnent à que les entreprises privées, et, si c'est vous épuisez, je le sais, tant d'expé­ leurs mandats, certains de le perdre en non, que le contribuable en soit averti rience, do sincérité et de courage, vous cas d'élections nouvelles', qui permettra à afin qu'il fasse connaître sa volonté quand ten précipitez la ruine. la France de passer victorieusement le cap 1 occasion pour lui s'en offre. ■ Vous aidez à une sorte de politique de qu'il lui faut d'évidence doubler. (Très Les contribuables, dans leur candeur la terre brûlée devant ceux qui, il y a bien! très bien! à droite et sur quelques naïve, perdent trop souvent de vue quo quelques années, rentraient en France bancs à gauche.) l'État n'a pour ressources que celles qu'il pour la délivrer et, avec elle, la démo­ Il serait en d'autres temps risible de leur prend, que plus il leur en prend cratie, devant ceux qui face a la politi­ voir des partis qui prétendent parler au moins il leur laisse, et que l'insuffisance que à court terme conservent le sens de nom des masses cependant qu'ils ne sont de leur niveau de vie actuel est Je corol- 3a vigilance nationale, bien plus, consti­ même pas capables de recruter assez de 'aire des prélèvements excessifs de l'État, tuent, comme ils l'ont été dans l'histoire lecteurs pour faire vivre leurs journaux, consécutifs à la désastreuse politique sui­ «de ces dernières années, cette vigilance (Mouvements divers) manœuvrer avec un vie depuis quatre ans. jnème. soin jaloux pour se refuser à toute con­ Pour que nos budgets cessent d'être de Mais prenez garde que pendant que vous frontation électorale. fastidieux documents n'exprimant rien faites cette politique de la terre brûlée Mais mon dessein n'est pas de m'appe­ d intéressant et ne permettant aucun véri­ et si, par cela même, vous retardez encore santir sur ce sujet ni d'ajouter encore aux table contrôle, il faut donc notamment, le sauvetage du pays, ce sont les Fran­ difficultés du Gouvernement. Je voudrais je crois, et de toute nécessité, que l'État çais qui brûlent! (Appluudisscmenis sur simplement lui suggérer certains remèdes suive ses prix de revient et que le Pav Hivers bancs à gauche et à droite.) qui sont à portée de sa main et qu'il lement et le peuple en aient connaissance M. le président. La parole est à M. Viel­ ne tient pas à lui, je crois, de prendre. exacte. Mais il faut aussi que l'État cesse leux. Au lieu d'avoir la prétention injustifiée ue vendre à perte ' ses marchandises et M. Vieljeux. Mesdames messieurs, la de réformer les structures des autres, services. Pour ma part, je pense, qu'il est IV J République aura, à l'image de la IIIe , qu'il réforme donc d'abord les siennes, natuicLement absurde de vendre à perte. conservé une déplorable tradition: celle ses méthodes; qu'il réduise ses dépenses, Vpo exploitation normale doit, comme on «les cascades ministérielles. La nouvelle ses tentacules parasitaires; qu'il abaisse dit vulgairement, « boucler », ce qui veut Constitution dont nous sommes affligés de­ ses prix de revient; qu'il obtienne du ren­ dire : rémunérer les capitaux engagés, vait, disait-on, y parer. Nous savons tous dement; qu'il fasse rentrer ses factures. amortir valeur de remplacement, consti­ •qu'en réalité elle a doté la France d'une Enfin, et systématiquement, qu'il cesse tuer les provisions et réserves nécessaires •dissolution d'illusion, très soigneusement donc de vendre à perte ses marchandises pour parer aux aléas et imprévus qui sont agencée pour ne pas jouer. On démis­ et ses services comme il se complaît in­ la règle des affaires. sionne, trois petits tours et on revient, et vraisemblablement à le faire. Perte > c'est inciter au gaspil- vous voyez comme notre santé s'en porte A ce sujet, je me bornerai à citer un age, c'est faire payer par certains, qui ne fien. seul exemple afin de ne pas allonger ce les utilisent pas, les services que d'autres Mais soyons justes, la IV° République se débat, celui des P.T.T. utilisent. C est instituer pour une catégo­ sera incontestablement distinguée par l'ins- Dans une note qui me fut remise lors rie de citoyens des privilèges dont d'au­ «auration d'un nouveau rite, l'obligation de l'étude de ce budget, j'ai relevé que tres font injustement Ieg frais. d'offrir à tous les gouvernements nou­ les P.T.T., en 1948, seraient en déficit de Si d'aventure et pour des raisons nui lui veaux une tournée de salut public. . Et 24 milliards. Or il est clair qu'il n'est paraîtraient bonnes, l'État décide de ven­ i'eltc tournée, bien entendu, c'est le con­ pas possible d'avoir une monnaie saine dre ses marchandises et services au-des- tribuable qui la reçoit. (Sourires.) S'il est et stable avec, pour un seul petit service Prix de revient, il serait extrême- satisfait de la sorte, c'est qu'il n est vrai­ de cet ordre, do pareils abcès dans le f 11 le fasse, en tout cas, ment pas difficile, ni non plus bien intel- flanc. Parmi les raisons de ce déficit, il sans„ sser ses comptes d'exploitation et ïigent. y avait notamment les suivantes: sur la ?S 1 ^ système de subventions clair et vi- Pour mes amis et moi qui, depuis quatre base de 8 francs pour le port d'une lettre siue. Et il serait désirable crao, dans co ans, n'avons cessé de combattre et de dé­ et pour une communication téléphonique nfùl°UleS CCS subventions, Passées pS noncer la malfaisance de la politique sui­ urbaine, le déficit annuel était de l'ordre apparaissent dans un seul et même vie, qui devait inéluctablement mener où de 3 milliards. Or, je vous rappelle que compte « Subventions ». Un excellent inti­ nous en sommes, croyez bien qu'il est peu la taxe était de 6 francs et non de 8. Sur tule pour ce compte serait celui « d 'Etat- plaisant de se voir une fois de plus convier la base de 10 francs, nous aurions une providence ». ■ là voter d'accablantes taxes nouvelles pour marge excédentaire de 6 milliards et demi, i>F? l/el - com,P t? Permettrait aux França's polder les fautes des autres. et j'ai enregistré avec joie ce matin dans d acquérir un plus juste sentiment du ré^I Comme contribuable, croyez bien que la presse que le Gouvernement avait enfin DOS&WIhi. re , du possible et de l'ini- je trouve aussi fort déplaisant d'avoir à décidé de la cueillir. posaMe et de ce qu'n en coûte à chacun soutenir de mes deniers une politique que M. le président du conseil. D'autant qua M" 6 , chaque jour davan­ je combats parce qu'elle ne fait que des le déficit, l'an prochain, aurait été vrai­ tage, l État envahisse la nation. ravages et que l'on se refuse à la carré­ semblablement de 35 milliards. Ainsi peut-être, comme récrivait il y a ment renverser. M. Vieljeux. Je vous remercie de cette semaines l'un de nos plus grands Tant que l'on n'aura pas changé de politi- précision, monsieur >3 président du con­ quotidiens « cesserions-nous, de oom- •que, on n'aura rien fait, rien résolu, parce seil. Pr; ?iiis en demi-mesure, d'avancer vers la que l'on aura pas extirpé les causes du Le routage des journaux et des périodi­ ave, ntu[e > sur la grande avenue 'mal. ques est pareillement fait à perte. En du déficit, entre les ruines des nationali­ Mesdames, messieurs, si l'on vise à la 1947, il en est résulté une perte de 3 mil­ sations ». défense de la monnaie, car j'entends bien liards. En 1948, cette perte, disait la note, J ai noté avec intérêt que le Gouverne­ qu'une catastrophe monétaire serait un sera beaucoup plus élevée en raison des ment aurait l'intention de supprimer les «lésastre national, il faudrait ne pas ou rajustements intervenus ou à Intervenir, subventions. Puisse-t-il n'en omettra au­ i'iici" que la condition nécessaire et prea Je n'entends pas, mes chers collègues. cune et ne pas oublier qu'il y en a de CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1948 3215 deux sortes. Il y a celles qu'il baptise les électeurs de l'opposition qui n'ont pas Je me suis permis de le dire à cette Selles dans ses comptes et celles qu'il ca­ cessé de voir clair, les autres n'ont que tribune en expliquant mon vote et je le che et n'avoue pas : je veux parler de ces ce qu'ils méritent, puisqu'ils ont la po­ répète aujourd'hui: cela me donne une subventions occultes, et qui cubent, que litique de leurs élus. certaine facilité pour venir critiquer ce qui sont les dons de devises an-dessous du Si l'on veut vraiment défendre la mon­ a été fait. cours à telle ou telle entreprise nationali­ naie et restaurer le crédit de l'État, il M. Queuille nous demande 80 milliards. ' sée, et le déficit consécutif aux désastreu­ faut d'urgence porter atteinte à ces mé­ Ôi va-t-il les prendre ? . ■ ses exploitations de ce gérant dont la capa­ thodes et à ses structures. Voilà la vé­ Toutes les impositions qu'on nous pro­ cité n'apparaît pas,très grande et qui s'ap­ rité. Car un État qui met .un pays dans la pose aujourd'hui sont, à mon avis, une pelle l'État. situation ort se trouve le nôtre est for­ inflation déguisée. cément un triste Etat. Ainsi, on vient d'accorder 2.500 francs ■ L'un des vices congénitaux des gérances d'indemnité d'attente aux ouvriers. D'où d'État, c'est en effet l'intrusion de la po- Aussi attendrons-nous, pour prendre vient l'argent qui a servi à les payer t ïitique dans les affaires. Lorsque, dans notre décision dans ce débat, de voir dans Cela fait à peu près 20 milliards. Eh bien! une. oiganisation, la camaraderie politi­ quelle mesure le Gouvernement semblera c'est la Banque de France qui les a payés. que supplante le mérite dans la distribu­ ou non résolu â porter le fer dans les En effet, lorsqu'on regarde son bilan au tion des 'emplois, le ver est dans le fruit, plaies. (Applaudissements à droite et sur 9 septembre, on constate que le porte­ ï'afïairo est condamnée. quelques bancs à gauche.) . L'une des causes do nos difficultés fi­ M. le président. La parole est à M. Guy feuille commercial et des effets publics-" Montier. nancières, c'est notre refus de voir sim­ est passé- de 164 milliards à 183, et vous ple et juste, de regarder les choses en M. Guy Montier. Mes chers collègues, savez que lorsque la Banque de France face et telles qu'elles sont. Nous avons avcc un certain nombre de mes amis, j'ai avance de l'argent, ce n'est pas évidem­ ment le Trésor qui demande des avances perdu le goût du réel pour nous -com­ voté le pian Mayer. Cela me donne au­ plaire dans l'utopie et, de chimères en jourd'hui une certaine facilité pour parler à la Banque de France, ce sont les com­ rêves, nous marchons à la catastrophe. à' cette tribune. merçants et les industriels. Mais pour „ Par tempérament, nous aimons les idées Je veux bien être trompé une fois, mais trouver les billets il faut bien que la généreuses. Mais pour qu'une idée soit pas deux. « Errare humanum est, perseve- « planche » fonctionne; vraiment généreuse, encore faut-il qu'elle rare diabolicum. » (Sourires.) C'est donc bien une inflation déguisée ne soit pa; fausse, mais viable. Annoncer • lin mars 1948, M. Mayer nous a dit: et je voudrais, puisque je suis sur le su­ ides valorisations de soldes, de retraites. « jCe qui importe à la plupart des porteurs jet de cette indemnité de 2.500 francs et , de soi-disant sécurités de tous ordres, so­ ' htfnnêtes de billets de. 5.QOO francs, c'est des salaires des employés et des ouvriers, ciales et autres, cependant que les caisses de retrouver leur dépôt intact et converti souligner la situation invraisemblable sont vides, cela signifie hausse des prix, en une monnaie dont le pouvoir d'achat dans laquelle cette i'hdemnité,. décidée ra­ tcléfifit budgétaire accru, planche à billets, aurait cessé de s'amenuiser. C'est à quoi pidement, a mis les cadres et les hauts laminage de l'épargne, chute des rentes tendent les mesures prises par le Gouver­ employés des administrations et de i'in-" et de la monnaie» destruction du crédit de nement ». . dustrie. . - l'État. Cela ne s'appelle pas -dû tout amé­ Comment ne pas voter ensuite le plan Si l'on avait appliqué ces théories-là de­ liorer le sort des travailleurs, niais leur Mayer? puis ,1935, on en arriverait à ce ' résultat, ■ donner à (boire dans un verre vide. En même temps, M. Mayer nous disait: puisqu'on no respecte pas la hiérarchie, Depuis quatre ans, c'est ce que l'on n'a « Lô cours du franc sur" le marché des qu'aujourd'hui le- salaire minimum d'un fcessé de faire. Lorsqu'on injecte 300 mil­ changes montre que nous allons vérita­ manœuvre serait supérieur , au traitement liards de sécurité sociale dans le circuit blement vers la stabilisation de la mon­ d'un directeur général. > . ' - des prix, c'est se .moquer du monde que naie en son pouvoir d'achat ». Dans votre article .premier, vous vouliez de dire que l'on entend défendre la mon­ Quelle a été l'efficacité de cette politi­ imposer' les salaires supérieurs à 400.000 naie. puisque toute hausse des prix si­ que ? 1 francs. Cela à été supprimé heureusement gnifie baisse de la monnaie. Lorsqu'un ■ Lorsqu'on regarde la courbe de l'indice par notre commission des finances ; c'était l'.Lat se révèle en tout. domaine incapable ..des prix, on est pour le moins- effrayé un moyen de fermer encore plus l'éventail" de mettre en ordre sa "maison, c'est folie lorsqu'on constate que le napoléon atteint des salaires et de sacrifier les cadres. . pure que de vouloir encore étbndre ses 5.640 francs, lé dollar 410 francs et la livre Vous demandiez, dites-vous, 11 milliards entreprises. 1.170 francs. On peit vraiment se deman­ à l'automobile. Or; d'après le calcul que nous avons tous reçu de l'Union routière En vérité, depuis quatre, ans, les gou­ der si la promesse de M. Mayer a été te­ de France, ce serait 63 milliards. Ce chiffre vernements qui se sont succédé n'ont in­ nue. * contestablement réussi brillamment que A la même époque, M. Mayer nous pro­ est peut-être exagéré. Mais enfin, entre lt , deux nationalisations : celles du déficit et mettait l'équilibre budgétaire. Aujourd'hui milliards que vous demandez- et 63 mil­ liards que vous allez obtenir, la marge de la misère, mais ils auront, incontesta­ le rapport de M. Barangé à l'Assemblée na­ est vraiment substantielle. - . blement aussi, porté à un niveau encore tionale nous indique que le budget est en jamais atteint une production: celle des déficit de 115 milliards, que la trésorerie Échanger la carte grise contre une économiquement faibles à qui il ne res-* est en déficit de 108 milliards et ce, en carte rose, qu'est-ce que c'est? C'est im­ fera bientôt plus qu'à mourir dans la dé- supposant le déblocage des fonds du plan poser un instrument de travail. Vous im­ rcence et la dignité qui furent la règle de Marshall accordé. posez le propriétaire du taxi; vous impo­ tpur vie. , - M. Mayer nous avait demandé des me­ sez le médecin; vous imposez les voya­ geurs et représentants de commerce " Ce que M. le président du conseil a sures fiscales. On les lui a données. Il nous pour lesquels la voiture automobile est un Jippclé la dégradation de notre situation avait promis des économies. Je voudrais bien qu'on nous en fasse l'inventaire. instrument de travail. Alors, si vous n'avez financière est tout simplement le corol­ pas suffisamment d'imagination pour trou­ laire inévitable et prévisible, et que nous Oh ! Je sais bien, M. Mayer n'est plus ver des impositions supplémentaires, on n'avons cessé de dénoncer, mes amis et ministre des finances. Enfin 1 vous ne fe­ pourrait peut-être ajouter la chaudière 4 ioi, depuis quatre ans, d'une mauvaise rez croire à personne que le ministère ac­ politique tissée d'erreurs et d'idées faus­ tuel n'est pas lo successeur, et le suc­ vapeur des usines, les compteurs clectri- .ques de courant force, car c est très exac­ ses. Depuis quatre ans, démagogie et so­ cesseur responsable, des ministères qui tement la même chose qu'une voiturei cialisme parlementaire - , n'ont cessé do l'ont précédé. On y trouve les mêmes per­ automobile pour un chaulfeur de taxi, ■teouïer à pleins fbords. La faillite, qui est à sonnages, on en trouve, même un peu pour un représentant de commerce. C'est notre porte, en est le prix, tant il est vrai, plus. certainement un bon moyen d'accroître la 'comme le rappelait tout à l'heure notre Quelles économies avez-vous faites' ? production ! ! ! collègue communiste, M. Berlioz, qu'on Lorsqu'on est revenu avec le plan Mayer récolte ce que l'on sème et qu'il ; faut dans cette Assemblée pour discuter de En vérité, vous êtes parti de celte vieille juger l'arbre à son fruit. l'aménagement du prélèvement, je me idée que la voiture automobile est un objet Aujourd'hui, les plus aveugles peuvent suis permis d'intervenir pour dire que je de luxe et c'est avec ces pauvres moyens (vérifier combien juste demeure la défini­ "ne pouvais plus suivre le Gouvernement. que vous voulez sauver aujourd'hui le tion du grand syndicaliste Georges Sorel: Car do tous côtés, les contribuables nous pays ? ' 'a Le socialisme parlementaire est le répondent la même chose. Jô ne suis pas Pour terminer, monsieur le ministre, je moyen le plus vertueux de vider le Tré­ seul à l'avoir entendu et je pense qu'ils voudrais voiis livrer une petite image qui , sor public en laissant à ceux qui ne sa­ sont do bonne foi lorsqu'ils disent : m'a été fournie par un des mes amis. J'ai vent point le grec le soin de le remplir » « Nous sommes prêts à payer tous les l'impression que la France est une grande [(Sourirai.) impôts qu'on nous demandera si nous maison sinistrée, que dans cette maison il '- Mesdames, messieurs, dans le . terrible sommes certains que cela servira à quel­ y a un gérant qui va voir les locataires. drame qui se prépare, si la France n'était que chose. Nous voulons bien payer beau­ On est en hiver, ils ont froid et ils de­ pas l'enjeu et la victime, mais simple­ coup plus, mais nous voudrions être cer­ mandent tous les jours un peu plus de ment les Français, il n'y aurait que demi- tains que c'est la dernière fois que nous charbon pour rue lire dans le poêle qui CL.L Car, après tout, et réserve faite pour payons ce suDDlémeat d'iùieûls. a les cliaufle. Seulement, le gérant â publia 11216 CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1918 de remettre les carreaux qui sont cassés! leure et parce que nous en rêvons depuis s'ils volaient, ils seraient tellement en {(Applaudissements sur quelques bancs au longtemps : c'est la route de l'économie. retard sur la technique mondiale que nous centre et à droite.) Pour ma part, je voudrais vous féliciter avons la sensation de gaspiller un poten­ M. le président. La parole est à M. Laf­ d'avoir commencé à l'inaugurer, mais je tiel de matériel et de techniciens qui, uti­ ne voudrais pas que ce soit dans les mots, lisé.ailleurs, par exemple pour la fabrica­ fargue. je voudrais que cela soit dans les faits. tion de tracteurs agricoles, eût donné à! M. Laffargue. Mesdames, messieurs, ter­ Je vous avoue — et je l'ai dit à votre sym­ l'agriculture française une autre face que minant votre discours à l'Assemblée natio­ pathique secrétaire d'État au budget qui celle qu'elle a aujourd'hui. nale, vous disiez, monsieur le président du a siégé longtemps parmi nous — que je Il faudra ensuite s'attaquer à la partie conseil, et je vous en félicite, que vous n'aime pas beaucoup les chiffres et la la plus importante, à celle que la nation avez cessé d'être l'homme d'un parti et façon dont on les présente. a adoptée et dont elle ne peut plus se dei que vous étiez devenu l'homme d'un gou­ Dire que la commission de la hache a barrasser. C'est le secteur qui commandé vernement. Ceci autorise vos amis à quit­ supprimé tant de fonctionnaires, dire que toute l'énergie, qui ordonne tous les prix ter cette amitié déférente qui vous a tou­ la commission de la guillotine en a liquidé de revient, le secteur des houillères, le jours entouré pour user du droit de cri­ tant, cela ne me suffit pas; je voudrais secteur du gaz et le secteur de l'électri­ tique qui reste encore un des rares et des certitudes, car je sais que la hache cité. Jô voudrais bien, je vous en prie, exceptionnels apanages de quelques démo­ était émoussée, la guillotine un peu sèche qu'on nous fasse grâce ici de tous les craties à travers le monde. et que tous les morts qu'on a laissés sur slogans qui ont couru le pays et des Depuis la Libération, nous sommes à la le terrain ne sont pas morts définitive­ chants de triomphe qu'on a accumulés. recherche d'un palier, ou plutôt nous ment. Il faut dire à la classe ouvrière, à cha­ avons essayé plusieurs paliers, et nous Je voudrais mieux, je préférerais qu'on cun, la vérité. Cela ie choquera personne. avons constaté que chaque fois que nous me dise quels sont les services que en quittions un, la chute au second niveau Ce sont des vérités d'évidence. Une grande* vous avez supprimés, quelle politique nation a le droit de les connaître. se faisait non pas ea. progression arithmé­ vous avez inaugurée qui, sur le plan Je vais citer des chiffres. Pour augmen­ tique,- mais en progression géométrique. national, sur le pian départemental, sur le ter de 13 p. 100 par rapport à 1938, pen­ Le dernier palier quitté, vous vous êtes plan communal, va mettre un terme à dant la période la plus favorable de 1918, trouvé, par une fatalité des choses, à un cette série insensée de tâches que l'État la moyenne de la production, qu'a-t-il nouveau palier où les problèmes avaient a assumées sans pouvoir en mener au­ fallu faire ? Il a fallu accroître d'un cin­ revêtu un singulier caractère d'acuité. cune jusqu'au bout. C'est, je vous en sup­ Je dois vous donner acte que vous quième la durée du travail hebdomadaire, plie, l'ensemble d'une politique de gigan­ qui est de six jours an lieu de cinq, avec étiez placé entre deux murs, un mur sur tisme qu'il faut reviser. Là est le remède. la même durée pour les postes de travail lequel était écrit: impossibilité d'emprun­ 11 faut également repenser de toute ur­ au fond, qui est de 7 heures 45 «dans tous ter et un deuxième sur lequel étaient affi­ gence toute la vieille machine de l'État. les bassins. chés les engagements solennels pris par­ Je me rappelle que M. Vieljeux et moi- Deuxièmement, il a fallu augmenter da la France de ne pas faire d'inflation, ni même avons demandé à la commission sous la forme des avances, ni sous la 36 p. 100 l'effectif occupé au fond, et de des finances qu'on fasse appel pour cette 4 p. 100 l'effectif utilisé à la surface. forme de la presse à billets. besogne aux gens qui sont les spécialistes Troisièmement, il a fallu sacrifier la Désormais, il vous restait deux routes à suivre: la route de la fiscalité ou celle des de l'organisation. Considérez le grand quantité à la qualité : 22 p. 100 de teneur économies. phénomène américain. Ce phénomène de de cendres au lieu de 10 p. 100. Et la der­ la guerre comme ce phénomène de la paix Vous avez fait votre premier chemin sur nière commission d'enquete constate que n'est pas tellement le résultat d'une race, la route de la fiscalité parce que c'était le rendement moyen journalier du person­ du machinisme, il est par-dessus tout le une nécessité urgente de l'heure, parce nel au fond est encore à moins de que j'attends que, dans cette Assemblée, résultat d'une immense et remarquable 80 ip. 100 de celui de 1938, et à 05 p. 100 on me dise comment, immédiatement, organisation. L'Amérique a passé l'ère du du chiffre du premier trimestre de 19-14, machinisme et est entrée dans l'ère de fwur éviter que joue le mécanisme de i'in- où nous étions sous la loi de l'occupant. l'organisation. C'est la nouvelle méthode llation, on peut faire autrement. -Seule­ qu'il faut introduire dans le mécanisme Je laisse parler ce contrôleur d'État qiit, ment, je vous dis que cette route est mau­ dans son rapport, indique ceci qui corro­ du fonctionnement de l'État. ( Très bien!) vaise pour deux raisons. bore étrangement le témoignage d'obser­ Et puis, il faudra dans cette tâche des D'abord elle est étroite, parce que les vateurs étrangers: économies, je m'excuse d'enfoncer lente­ grandes avenues appartiennent désormais « Le mauvais climat politique et social ment mais sûrement ce clou, penser au à l'État, (parce que c'est le secteur nationa­ et la carence de l'autorité ont compromis lisé qui représente 25 p. 100 des activités secteur nationalisé. Je reprendrai, parce et pratiquement annihilé les résultats des mêmes de la nation, que le contribuable se que c'est nécessaire, l'argumentation que efforts d'outillage et, de reconstruction meut sur une route difficile et que l'on y je développais, il y a quelques jours, à auxquels 26 milliards de francs ont été rencontre toujours les mêmes qui, comme cette tribune en toute objectivité. consacrés l'an dernier. à Verdun, vont faire la relève porta sur Ce secteur se compose de trois parties. . « Les houiF.ères nationalisées, particu­ leurs épaules le poids terrible de la fisca­ Il y a une partie que j'appelcrai le secteur lièrement celles du Nord et du Pas-de-Ca­ lité. [Applaudissements . sur divers bancs privé, que vous avez nationalisé. Vous lais, sont devenues le champ clos de lut­ & fiauclio et à droite.) l'avez fait pour des faisons morales. Je ne tes politiques. Une amélioration de cli­ Elle est compliquée également parce que reviens pas sur les choses antérieure­ mat pourrait entraîner une hausse immé­ je voudrais dire, ici, à la décharge de ment faites. Mais il faut rendre à ce sec- ■ diate de 100 kilogrammes pour le rende­ notre Gouvernement, que la fiscalité man­ teur sa place dans un régime de libre con­ ment. » que toujours de génie. Elle manque de currence. Il ne faut pas que l'État ait pour Je m'excuse si je m'attaque à ce sec­ lui des sollicitudes contre les intérêts des génie dans les pays capitalistes, elle en teur; ce n'est point par une sorte de sa­ manque aussi dans les pays socialistes et autres contribuables. Il faut dire aux so­ disme ni par doctrine préconçue, c'est cela va singulièrement me consoler. ciétés privées nationalisées: aucune inter­ parce que vous êtes rendus à l'époque J'ai sous les yeux le budget de l'Union vention de l'État, d'aucune sorte-.; si vous des échéances. Elles sont terribles. faites des bénéfices, nous vous saluerons des Républiques socialistes soviétiques et Le secteur nationalisé, par le fait même? je voudrais vous dire, sans aucune espèce avec allégresse, vous serez l'aube d'un de sa gestion, est dans l'incapacité d'em­ nouveau régime; si par hasard vous êtes de critique d'ailleurs, que j'ai constaté prunter et, dans le même temps, il de­ ..qu'elle a demandé à l'impôt indirect l'es­ en .déficit, nous vous rendrons au droit mande à la nation de faire un effort de commun avec la sanction simple et banale sentiel de sa fiscalité et qu'elle l'a accru rééquipement formidable qui, pour le à une allure un tantinet vertigineuse. de la faillite. (Applaudissements sur quel­ deuxième semestre de cette .année, se Pour le budget de 1910, qui était de ques bancs à gauche.) chiffrera par 120 milliards. 307 milliards de roubles, elle demandait Il faut, je vous en supplie, pour l'inté­ Il y a des choses qu'il faut dire dans 123 milliards à l'impôt indirect. Mais, pour rêt immédiat de ce pays, s'attaquer à un' une assemblée. Quand vous dépense^ le budget de 1918, qui est de 388 milliards secteur qui s'appelle le secteur nationa­ dans une année 60 milliards pour les bar­ de roubles, elle demande 280 milliards de lisé des usines d'armement qui, depuis rages, pour faire 2 milliards de kilowatts roubles à l'impôt indirect, et cet 1 impôt la Libération, n'a cessé de nous donner supplémentaires, comme il faut que vous frappe, sans exception, la totalité des des scandales et des mécomptes, qui abou­ en fassiez vingt, c'est dix ans d'un effort biens de consommation, y compris le pain tit à cet étrange paradoxe qu'il produit semblabf que vous avez à assumer. et y compris la viande. des avions dont une autre société natio­ Vous choisirez: ou bien vous demande­ Cela vous montre combien les gouverne­ nalisée, qui s'appelle Air France, ne veut rez à l'intérieur de ces entreprises des éco­ ments se déchirent sur la route difficile plus sur ses aérodromes, et des nroteura nomies, ou bien vous ferez peser sur le de la fiscalité. dont elle ne veut plus sur ses avions, qui contribuable ou l'épargne forcée de ce Alors, délibérément, il faut prendre la aboutit à ce fait que les prototypes que pays une charge qui rapidement s'avérer® gcconde, parce que la seconde est meil­ l'on sort percutent au sol et que, méme . mtoléablo. CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1948 3217

Dans le domaine des économies, je vous il n'y. en a que deux dans le monde en Voyez-vous, mesdames et messieurs, demanderai de penser à un des éléments ce moment — : ou bien le système commu­ tous les problèmes se tiennent. Diminu­ oui ne participent pas le plus directement niste intégral, total, avec ses répartitions, tion des charges de la nation, augmenta­ au budget, mais qui y participe singulière­ ses disciplines, ses polices, ses contraintes, tion de la production, c'est-à-dire aug-, ment de façon indirecte, j'ai nommé la ou un autre système qui s'appelle non mentation du revenu national, l'espace, sécurité sociale. point le libéralisme, mais le jeu de la entre ces deux termes marquant la place Je voudrais m'en • expliquer loyalement libre concurrence. C'est au jeu ae la libre disponible pour l'épargne de ce pays. Vous et clairement. Personne dans cette assem­ concurrence qu'il faudra revenir; or la ne referez ce pays que lorsque vous aurez blée ne pense que la sécurité sociale n'est libre concurrence ne jouera pleinement refait une épargne, non point une épargne pas une chose indispensable; elle mar­ que dans .la mesure où vous aurez sur le anonyme et honteuse, épargne de spécu­ que dans le progrès iumaLn une étape marché des denrées en abondance. lation des gens qui achètent de l'or, qui- achètent des stocks de marchandises ou qu'à aucun prix nous ne voulons suppri­ M. Chatagner. La viande par exemple 1 mer. Mais chacun a également le sentiment qui les camouflent, mais l'épargne d'un qu'elle vivra de ce que j'appellerai son M. Laffargue. Oui, quand vous aurez sur pays qui a retrouvé la route de la gran­ équilibre et qu'elle mourra de ce que j'ap- le marché, mon cher collègue, des den­ deur et de la lumière. pello son déséquilibre. rées en exceptionnelle abondance ; et c'est Pour faire cela — vous pouvez le faire, Je voudrais demander de considérer que justement du problème de la viande que nous pouvons tous le faire — il faudrait dans tous les prix de revient du charbon, je voudrais maintenant vous entretenir. peut-être abandonner certains des climats du gaz, de l'électricité, des différents ser­ Il y a un aspect du problème que vous cui ont été les nôtres. Il y a des thèmes vices les charges de la sécurité sociale Ignorez peut-être et qu'il ne faut pas ou­ économiques qui sont des thèmes d'écono­ sont incluses. Dans la mesure où ces char­ blier. Les guerres ont provoqué chez nous mie pure, que les uns et les autres nous ges sont utiles, où elles représentent par d'étranges brassages, brassages heureux avons changés en thèses politiques, et exemple les allocations familiales, je suis de civilisations qui ont acclimaté les gens parce que c'était des thèses politiques, d'accord. Dans la mesure où elles repré­ de la campagne au train de vie des gens même. lorsque l'échec était à la porte, sentent la maladie à long terme, qui est villes. Instinctivement les campagnards nous n'avons pas abandonné les thèmes la véritable sécurité, je suis encore d'ac­ ont voulu le suivre et la production de pour ne pas abandonner les thèses. cord. la viande, . si elle est revenue au niveau Il faut raisonner en homme sain et Mais dans la mesure — et vous le savez de 1938, n'a pas suivi le rythme de la con­ s'imaginer que c'est le sort de la France bien — où elle finance les grippes et les sommation de, 10-48 qui est infiniment su­ qui est en jeu. Les tâches qui nous atten­ rhumes de cerveau qui apparaissent ré­ périeure. C'est justement parce que la dent sont immenses. Ce n'est pas, comme gulièrement au début des vacances et à production "n'est pas suffisante que le ré­ certains le pensent banalement, de refaire la fin des vacances (Applaudissements sur gime de la libre concurrence est faussé. un budget ou une trésorerie qu'il s'agit, quelques bancs à gauche, au centre et à (Mouvements divers à l'extrême gauche et c'est de refaire un pays avec des maisons, droite), quand elle est l'élément essentiel a gauche.) de le rééquiper avec de l'outillage. Le de l'absentéisme à l'intérieur de ce pays, Quand vous voulez porter remède à cet standing de vie de 1938, le standing de je dis que c'est la doctrine qui consiste état de choses, quand vous voulez par production de 1988, c'est une infinie déri­ à faire payer par l'effort des bons travail­ l'abondance favoriser le régime de la libre sion. Depuis 1938, pendant que nous pié­ leurs la déchéance des mauvais. (Applau­ concurrence, il faut se souvenir que, si la tinions dans nos luttes stériles de partis, dissements sur les mêmes bancs.) monnaie est une vertu, le travail est une le monde a bougé, il est parti sur la Je pense également qu'il faudrait ren­ panacée. Il faut penser à toutes les mé­ grande route. (Applaudissements sur quel­ forcer le contrôle. Si je suis heureux de thodes quelles qu'elles soient, méthodes ques bancs à gauche.) voir s'installer à travers le territoire des de rendement, méthodes d'augmentation Je vous ai déjà dit: prenez-y garde, il pouponnières, des sanatoria, il m'ennuie­ de l'horaire du travail partout où cela est ne s'agit pas de prononcer les mots de grandeur, il faut les vouloir. Il est des rait que l'on dise de cet organisme que possible pour accroître le rythme de pro­ duction' dans le pays. absences qui finissent par devenir des dé* cette belle dame est devenue, comme elle missions. est en train de le faire, la première châ­ Nous avons tous le souci, à quelque telaine de France. parti que nous appartenions, d'augmenter Monsieur le président du conseil, c'est Mettre fln au déficit budgétaire et aux le standing de vie de la classe ouvrière. parce que j'ai le sentiment que vous le' hémorragies des trésoreries, c'est la condi­ Pour nous, le standing de vie élevé de savez, c'est parce que j'ai l'impression que tion nécessaire pour aborder le problème la classe ouvrière est la marque d'une ci­ vous êtes beaucoup plus près des réalités que des exégèses et que vous voulez sui­ des salaires et des prix parce que, mon­ vilisation. Toute notre ambition, c'est de sieur le président du conseil, vous n'abor­ voir les ouvriers français, si cela est pos­ vre la route du courage, que mes amis et moi sommes décidés à vous barrer défi­ derez le problème des salaires et des prix sible, avoir demain cette allure de super- que dans la mesure très exacte où vous capitalistes des ouvriers de Ford dont les nitivement la route de la facilité. (Applau* voitures, à la porte dès usines, font dissements sur quelques bancs à gauche, aurez une monnaie. Le drame de ce pays au centre et à droite.) ne s'étend pas seulement sur cette période, l'émerveillement des visiteurs des Etats- Unis. Plusieurs voix. Suspension I A vingt- il est beaucoup plus vieux que cela. deux heures ! A part un bref intervalle qu'a honoré Pour élever le standing de vie de la M. le président. J'entends demander M. Poincaré, depuis 1914 nous avons cessé classe ouvrière, il faut la nourrir, non une suspension de séance. d'avoir une monnaie qui, comme le mètre, point de slogans mais de réalités. La vé­ ait une valeur constante, comme le L'Assemblée acceptera sans doute d'in­ rité c'est que, chaque fois que vous aug­ terrompre ses travaux pour les reprendre gramme un poids constant, qui donne, menterez nominalement le salaire des ou­ comme l'a fort bien dit Jean-Baptiste Say, à vingt-deux heures. (Assentiment.) vriers sans avoir augmenté la production, La séance est suspendue. au vendeur qui la reçoit la conviction vous vous serez livrés à l'opération la que la valeur qui est en elle égale la va­ plus mortelle et la plus terrible de l'infla­ (La_ séance, suspendue à dix-neuf heu' leur de la marchandise qu'il a vendue. tion. (Applaudissements sur quelques res vingt-cinq minutes, est reprise à vingt- C'est une gageure que de vouloir ordon­ bancs à gauche et à droite.) deux heures dix minutes, sous la prési­ ner les prix quand on n'a pas de monnaie C'est tellement vrai que vous l'avez dence de Mme Gilberte Pierre-ïrossolette.) pour les apprécier. C'est l'absence de mon­ tenté sans succès dans le passé. L'une des naie qui pèse le plus lourdement sur le expériences les plus terribles et les plus PRÉSIDENCE problème des prix et en particulier sur le douloureuses de notre pays c'est, non DE Mme GILBERTE PIERRE-BROSSOLETTE problème des prix agricoles. Il est d'évi­ cette comédie, mais cette tragi-comédie du vice-président. dence que tous les agriculteurs qui vivent palais-Royal où l'on est venu dire au des produits saisonniers comme le bétail, monde ouvrier que la production avait tel­ le blé, hésitent à remettre leurs produits Mme le président. La séance est reprise. lement augmenté qu'on pouvait augmen­ sur le marché pour conserver pendant une Nous reprenons la discussion du projet ter les salaires de 25 p. 100 sans élever de loi portant création de ressources nou­ année une monnaie dont ils savent qu'elle les prix. Le résultat, vous le connaissez, ­ velles au profit du Trésor et aménage­ va de déchéance en déchéance. (Applau ce fut la première descente de palier véri dissements sur quelques bancs à gauche, ments de certains impôts. table que nous avons connue depuis la au centre et à dmite.) Dans la suite de la discussion générale, libération. (Très bien! très bien! à droite.) la parole est à M. -Longchambon, au nom Je ne crois pas que ni le dirigisme, ni 11 faut augmenter, et ce sera peut-être de la commission des affaires écono­ la liberté soient valables dans un régime nécessaire dans une certaine mesure, les miques, des douanes et des conventions où l'abandonce n'est pas revenue. (Nou­ salaires de la classe ouvrière, mais je dis commerciales. veaux applaudissements sur les mêmes au Gouvernement: si vous faites cette M. Longchambon, au nom de la commis­ bancs.) politique sans l'assortir d'une politique sion des affaires économiques, des doua- bancs.) Je crois qu'il faut délibérément, de la production, vous aurez encore en­ nés et des conventions commerciales. Mes­ et je m'adresse à mes amis socialistes, tretenu dans le pays une singulière illu­ dames, messieurs, votre commission des /aire jin choix entre deux sYîtèmes — et illu- affaires économiques, des douanes et dea 3218 CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE IDiS

conventions commerciales a pris, vous le ' action sur la réalité économique, action sa volonté. Nous 1 admettons avant même pavez, l'habitude de se saisie pour avis monétaire et action sur le rendement des qu'il ne noua l'ai dit. Nous voulons espé­ des projets même d'allure purement finan­ activités, que l'économie du pays peut à la rer qu'il exercera demain cette action d'en- ' cière. . longue être remise en état rentable. semble qui doit porter à la fois sur tous Elle a eu ainsi . maintes fois l'occasion La commission des affaires économiques les termes du problème. . d'exposer son point do vue sur des dispo­ l'a dit ici très souvent: pour sauver le Cn a beaucoup parlé, depuis quelque sitions financières venant soit du Gouver­ franc, il faut, selon elle, accroître la pro­ temps, des cercles vicieux: cercle mone-' nement, soit d'initiative parlementaire. ductivité du pays, accroître le iendement taire, des salaires et des prix, cercle vi­ lille le fait une fois de plus et m'a donné du travail, abaisser les prix de revient par cieux des réalités économiques, prix de mis sion d'exposer son opinion, au nom de l'accroissement de la productivité. I.a dé­ revient trop -élevé, impossibilité d'épar­ sa majorité, sur ce projet de loi portant valuation du franc est due à la baisse de gner pour investir, d'où baisse de la pro­ création de ressources ( nouvelles destinées, productivité du travail. (Applaudissements duction et hausse des prix. Il v a tout sinon 't rétablir la situation économique sur quelques bancs à gauche , au centre et de même une technique de principe pour du pays, du moins, dit-on, à sauver le à droite.) briser un cercle vicieux: c'est de porter franc. La hausse des prix est due i.la baisse de tous ses efforts simultanément sur tous Je dois dire que j'éprouve quelque hési­ la productivité du travail. La ruine de ce les ternies du cercle.. Si l'on agit sue un tation à redire ici — car ce ne sera que pays sera due à la' baisse de productivité seul terme, par définition on renforce tous redire — les principes que cette commis­ uu.travail si on la laisse se prolonger. les autres. Si l'on agit simultanément sur sion, suivie très souvent par l'ensem­ Je prends un exemple. 11 n'est pas pris tous, on arrive à briser l'enchaînement, ble du Conseil, a plaidé depuis près de pour des raisons politiques, je le mon­ dont en était prisonnier et victime.. deux ans au sein de cette Assemblée, cha­ trerai tout à l'heure. * L'ensemble des termes du problème, que fois que s'est posé ce problème du On l'a déjà évoqué: c'est celui des cela veut dire une politique d'ensemble. rétablissement de l'économie du pays. Charbonnages de France qui fournissent à : cohérente et ferme, ayant pour but, je Elle a examiné ce projet, sachant qu'il l'activité économique du pays 50 millions ., le répète, d'améliorer la productivité du est conditionné par un impératif rigou­ de tonnes de charbon par an, c'est-à-dire travail. reux dont elle tient compte. Certes,- nous une production égale, à celle de 1938. Nous . Des économies dans les administrations ? savons que ce Gouvernement, qui prend nous sommes félicités d'avoir retrouvé Oui, mais pas par la voie de la guillo­ possession du pouvoir, est dans l'obliga­ assez vite ce niveau de production. tine. ; - - tion absolue de trouver 80 milliards de - Je n'insiste pas sur le fait, de savoir s'il Peu importe, en face du déficit -devant francs de ressources nouvelles. . # • y a- un peu plus de cendres qu'avant lequel nous nous trouvons, que l'on éco­ , C'est là comme une note à payer pour guerre. C'est peu de chose vis-à-vis dé la nomise 1 ou 2 milliards en supprimant «ne politique qui remonte à des dates constatation que l'on doit faire et qui est- 50.000 ou 100.000 fonctionnaires! , déjà anciennes.. Certes, elle n'a pas été la suivante: en 1957 — année pour la­ : Si demain, par exemple, le rendement très surprise que les dispositions de ce quelle nous avons les statistiques com­ des mines de charbon était relevé de 60 à projet soient d'ordre purement financier, plètes — cette même production, qu'en 100 p. 100, peu importerait que cela soit d'ordre purement.fiscal plus exactement, 1938 a été obtenue moyennant 107 heures obtenu par une augmentation- de 5.000 et se contente.de majorer par les voies de travail contre 100 en C'est une hommes dans les effectifs. (Applaudisse- les plus simples, les plus banales — et baisse de productivité, dont je ne veux ments sur quelques bancs à 'tauche.) Le c'est peut-êtro dans uno certaine mesure pas en cet instant chercher les causes, de résultat resterait magnitiqueniwit bénéfi­ leur mérite — des impûts existants en 40 p. 100 par rapport à 1938. Si une même ciaire pour la nation. ' ■ vue de fournir à la trésorerie, flans les baisse de productivité intervenait dans Si les administrations, de ce pays, au trois mois qui viennent, les ressources qui tous les secteurs économiques, quelle en lieu d'être, comme elles le sont malheu-" }ui manquent., '.y. serait la conséquence inexorable V reusement trop souvent pour le prodiic-' Cependant, la commission des affaires : Elle serait l'abaissement du standard de teur, des entraves, des freins par manque économiques ne pouvait pas ne pas s'in- vie du pays de -i0, puis le lendemain de d'autorité et de discipline, par manqua piiéter des répercussions d'une telle fisca­ 50 et le surlendemain de 60 p. 100, et cela de gouvernement - (Applaudissements sut lité à l'égard . de la vie économique, du quel que soit le régime "politique auquel les mômes bancs), devenaient une aide pays. On nous dit que ce projet est- des­ lious serions soumis, car c'est une loi tiné h sauver le franc menacé. efficace, un soutien pour ceux qui veulent, physique, indépendante de toutes - les travailler, peu importerait que l'on soit • Oui le franc est menacé, mais nous ne conceptions politiques- que l'on peut avoir. amené à augmenter légèrement le nomibra pouvons penser que des mesures d'ordre , Augmentation de la productivité, aug­ des fonctionnaires! . / purement fiscal, accroissant les charges de mentation du rendement, c'est à cela qu'il Ce n'est pas par le renvoi d'un ceitain ta production et les accroissant d'une fput. tendre. nombre d'agents des services publics que façon uni forme, sans aucune nuance, sans Un homme, entré récemment dans l'His­ le problème essentiel se résoudra. C'est aucune discrimination,' (puissent véritable­ toire, le général Leclerc, disait à son état- par la remise en ordre du travail, par la ment sauver le franc.. major,' au moment' de débarquer sur le restitution du sentiment des valeurs véri­ • Elles sont do nature à apporter au Tré- < : oi français: « Pour réussir quelque chose tables. par le salaire, l'autorité, la con-, so- des ressources qui lui manquent. dan* la vie, il faut être obsédé' par le but S'nération proportionnés aux services, ren-, Mais on doit examiner si une telle opé­ que l'on veut atteindre! » .. eus, par une méthode opposée à celle ration ne compliquera pas, demain, la ta­ IL faut que le Gouvernement soit obsédé que nous voyons actuellement trop sou­ che du Trésor, si le trou ainsi comblé par par 1? ibut à atteindre, à savoir le relè­ vent régner et qui nivelle le sort de l'in­ ce3 procédés ne se retrouvera pas demain vement de la productivité du travail dans dividu travailleur et consciencieux sur encore plus profond, encore plus difficile ce pays. celui du paresseux ou de l'incapable. à remplir. J'ai dit qu'en choisissant pour exemple Et cela, est vrai aussi bien pour les ser­ Nous pensons, en effet, qu'une telle po­ le cas des Charbonnages de France .jo vices privés que pour les services publics. litique fiscale, surtout assortie, monsieur n'avais pas fait un choix à fins politiques. Augmenter la productivité c'est aussi le président du Conseil, de la politique de Je le prouverai immédiatement en disant un problème d'investissement judicieux à crédit appliquéo depuis peu de temps, po­ iiie la productivité d'un autre service pu­ - effectuer. Il a été évoqué hier encore, litique du crédit qui, depuis la libération, blic, la S. N. C. 1'., pendant cette même, dans cette assemblée. Le président de n'a jamais été aussi serrée, ,aussi brutale, année 1917 ayant été de 120 p. 100 par votre commission a exposé le sentiment aura . inexorablement . des conséquences rapport à 1S38, elle a été supérieure d'un de cette dernière à ce sujet, sur lequel il graves. quart a celle de 193S. est par suite inutile que je revienne. ■ Ces deux mesures conjointes risquent Cela prouve qu'il ne s'agit pas er. celte Mais la politique fiscale est également 'd'asphyxier l'économie' de ' ce pays. C'est matière d'un principe absolu de naJiona» un des moyens d'intervenir sur la produc­ le dilemme devant lequel chaque gouver­ lisation ou de non-nationalisation, mais tivité d'un pays et c'est aujourd'hui une nement se trouve: soit d'agir par des me­ tout simplement de questions techniques nouvelle occasion d'en parler. Ce n'est sures purement monétaires, purement fis­ d'organisation, de questions d'autorité pas le seul, mais c'en est un. C'est un des cales, ■ et risquer d'écraser l'économie du dans le commandement, d'ordre dans le plus vieux moyens de gouverner, c'est pays, soit de faire en faveur de cette éco­ travail ( Applaudissements sur quelques . un des plus vieux moyens d'orienter l'é­ nomie une politique de soutien, une poli­ bancs à gauche et sur divers bancs au cen­ conomie d'un pays tique d'investissements," une politique de tre et u droite), de questions d'adminis­ Une politique fiscale qui tendrait à sou­ crédit large et risquer de mettre en péril tration sage des activités de ce pays. tenir, à aider ceux qui l'ont des efforts la monnaie. C'est une action de cette nature que nous pour accroître véritablement la producti­ Nous pensons — et c'est une thèse que voudrions voir exercer par le Gouverne­ vité de leurs activités économiques, qui la commission des affaires économiques a ment qui est présent devant nous. tendrait à les distinguer, à les différencier constamment plaidée ici — que c'est par Nous savons que ce projet no cons­ de ceux qui ne font aucun effort, de ceux ' une juste mesure, par un juste équilibre titue pas tout son plan, no résume pas qui ne prennent aucune peine, de ceux entre ces deux actions, action fiscale et toutes ses Densées. n'exprime pas toute qui sont une charge pour l'économie, una 3219 CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1043

telle politique serait fort utile. Une poli­ l'ont fait pour envoyer des colis à leur avec ses maigres ressources, peut acheter 111s, à leur mari, à leur père qui était pri­ pour son enfant ? (Nouveaux applaudisse- tique fiscale qui tendrait à éliminer du ments sur les mêmes bancs.) Aussi protes­ circuit économique l'immense foule des sonnier. Elles continuent à se priver pour tent-elles sur les marchés ; elles se grou­ parasites qui l'encombrent et l'alourdis­ donner du pain à leurs enfants. sent d'une façon énouvantable, cette poli­ Elles ont su participer à la renaissance pent, elles rassemblent les signatures des autres femmes et, croyant les faire taire, tique fiscale pourrait être utile dirigée ou de la France, mais, en travaillant, elles non dirigée. Je crois l'avoir dit déjà, une veulent voir se réaliser ce qu'elles atten­ votre gouvernement, au ieu d'examiner les fois ici, à cette tribune: gouverner, c'est dent depuis longtemps : le bien-être de moyens de répondre à leurs soucis, trouve tenir un gouvernail, et tenir un gouvernail, leur famille. plus simple de les arrêter comme de vul­ c'est diriger le navire dans une certaine Les familles françaises sont devant une gaires malfaiteurs. direction. Faisons-le par cette méthode syn­ grande misère et, de cette situation, c'est Dimanche, sur un marché du 19" arron­ thétique et d'ensemble que constituaient la femme, la mère de famille qui est la dissement, cinq femmes qui, tout simple­ autrefois et la politique fiscale et les droits plus touchée, car c'est elle qui, par son ment, engageaient les mères de famille à de douane, qui favorisaient telle produc­ rôle, est en contact direct, en lutte cons­ protester contre vos projets, ont été emme­ tante avec les difficultés de la vie. Depuis nées et gardées plusieurs heures au com­ tion, tel équipement, telles exportations des mois, ses soucis augmentent avec missariat de police. ou importations. C'est l'absence de toute ébauche d'une l'augmentation incessante du coût de la Pensez-vous, par de telles mesures, les faire taire ? Vos policiers n'hésitent moiié telle politique dans ce projet si sommaire vie. Depuis des mois, ses soucis sont nue nous avons regrettée et c'est pour cela grands. pas à bousculer-les élues. Dans nos permanences, dans notre cour­ Vos projets financiers, quoi que vous en que, fût-ce à titre symbolique de l'action rier, nous percevons l'écho douloureux de disiez, auront des répercussions sur le cof'i qu'elle a menée pendant un an et demi au cette détresse. Le bon sens des femmes se de la vie. Nous avons l'expérience des dé­ sein de cette assemblée, votre commission crets de novembre dernier. Nous nous sou­ des affaires économiques a décidé de dé­ révolte devant les injustices criantes. Combien de mamans n'ont pu envoyer venons que l'augmentation des transports poser deux amendements à ce projet de leurs petits seulement quelques semaines loi: l'un rappelant qu'elle a toujours sou­ a permis l'augmentation du coût de la vie, à l'air pur? Mesurez-vous leurs soucis ac­ haité que l'action de l'État soit différen­ qui n'a jamais cessé de monter. tuellement, à la veille de la rentrée des L'augmentation du tabac, ce n'est pc.s ciée à l'égard des éléments économiques classes et au seuil de l'hiver? 11 faudrait une mesure populaire. Vous allez priver les du pays selon l'effort qu'ils font eux- donner aux marna® la possibilité d'ache­ travailleurs, et plus particulièrement ceux mêmes pour améliorer leur production, ter les tabliers, les galoches, de faire en­ qui sont économiquement faibles, d'un pour augmenter leur productivité, pour trer le charbon. abaisser leurs prix.de revient; l'autre plaisir. Mesdames, messieurs, vous ne pouvez L'augmentation des tarifs postaux, qui pour rappeler que celte commission a tou­ ignorer la grande misère des foyers ou­ touche-t-elle ? Toujours les mêmes. Vous jours plaidé qu'un des très grands sec­ vriers et, de quelque parti que vous soyez, teurs de l'activité économique de ce pays, allez priver les familles du plaisir d'être en vous ne pouvez ignorer le mécontente­ liaison avec les êtres chers. *Vous touchez le sec 1 eur commercial, le secteur intermé­ ment qui règne chez les femmes. Les encore les vieux parents, et plus particu­ diaire, devait être allégé d'un certain 2.500 francs que vous avez octroyés, et lièrement les mamans, car vous n'avez • nombre d'éléments inutiles, que nous encore pas à tout le monde, cela ne va pas accordé la franchise militaire pour les étions lourdement suréquipés dans ce do­ pas bien loin, cela ne compense pas les soldats. ' maine. C'est pour rappeler le désir et la hausses multiples qui ont eu lieu. L'augmentation du prix des colis va éga­ volonté que ce Conseil a maintes fois ma­ la détresse des vieux est encore plus nifestés de voir ramené à de plus justes lement priver les mamans de la joie d'ap­ poignante. Une femme m'écrivait: « J'ai porter quelques adoucissements à l'ordi­ proportions ce secteur qui devient, par élevé cinq enfants, je suis sans ressour­ naire de leurs soldats. ° • son ampleur, véritablement parasitaire, ces, puisque j'ai la retraite des vieux. Ce qui exaspère les femmes, c'est que la commission des affaires économi­ Malgré cela, on me menace parce que je ques a déposé ce second amendement. . qu'elles savent qu'il est possible de faire n'ai pas payé les cotisations pour les allo­ une autre politique et que c'est toujours Sous réserve de ces deux amendements, cations familiales agricoles. J'en avais la commission des affaires économiques sur les mêmes, sur les petites gens, que pourtant demandé l'exonération, mais je vous vous acharnez. invite le conseil de la République à voter n'y ai pas droit parce que, avec mon le projet de loi qui nous est soumis, à mari, nous ne totalisons pas encore cent Qui peut se payer du luxe 1 Ce sont voter une fois de plus une mesure de trente ans. » ceux qui ont fait d'immenses bénéfices, salut public dont, elle le dit franchement, Des exemples, nous pourrions en citer ce sont ceux qui sont dans ces grasses elle n'attend pas la solution des difficultés à l'infini. Chacun de nous, chacun de vous sociétés qui, en un semestre, ont fait qui assaillent le pays, mais dont elle re­ en a. J'ai toujours le cœur serré quand 420 milliards de bénéfices, ceux qui con­ connaît la triste nécessité due à des cau­ j'entends ces pauvres gens qui, bien sou­ tinuent à en faire et qui font monter ses antérieures. Elle nous demande de le vent, ont travaillé toute une vio et veu­ les prix, comme les trafiquants, les che­ voter comme une mesure de salut public lent encore travailler. villards (Applaudissements à l'extrême dans l'espoir que le gouvernement qui Une vieille femme, qui se trouvait à gauche.) qui font monter le prix de la nous l'a présenté sera un gouvernement l'aise il y a une vingtaine d'années, me viande, et que vous tolérez très bien, de salut public et qu'au sein de la majo­ disait: « J'ai économisé sou par sou, en d'ailleurs; qui empêchent les travaill eura rité composite qui le constitue se rejoin­ me privant de distractions, pour avoir d'avoir sur leur table de la viande parce dront les éléments qui veulent véritable­ mes vieux jours assurés. Maintenant, je qu'elle est à un prix inabordable. ment sauver l'économie de ce pays, tout cherche du travail. Mais je suis trop en conservant la notion de démocratie et A l'Assemblée nationale, notre amis vieille. Alors faut-il mourir? » Et à ces Rose Guérin citait les bénéfices scanda­ ' de liberté humaine à laquelle nous som­ vieux, maintenant, on refuse la dernière mes attachés. leux que font chaque jour les mandaiaires consolation d'une cigarette, avec l'aug­ des Halles et a indiqué que chaque charge C'est dans cet espoir déjà bien souvent mentation du prix du tabac. déçu, mais hors duquel il n'est pas de de mandataire rapportait un demi-million Vous ne pouvez fermer les yeux devant de bénéfices nets. salut, que votre commission des affaires tant de détresse; et il est horrible de penser économiques vous demande do voter ce que des gens, pour vivre attendent les dé­ Les femmes en ont assez; elles ne peu» projet. ( Applaudissements sur quelques chets des halles ou vont chercher des ro­ vent plus vivre de promesses, elles ré­ bancs à gauche et sur divers bancs au gnures chez le boucher. Il est pénible aussi clament autre chose que des discours V centre et à droite.) de voir des enfants chétifs regarder avec la radio; elles veulent tout de suite Mme le président. La parole est à Mme envie les devantures des magasins bien 350 grammes de pain et de bonne qualité* Mariette Brion. garnis. (Applaudissements à l'extrême gauche.) Mme Mariette Brion. Mesdames, mes­ Comment les femmes seraient-elles satis­ Il a été ici même démontré qu'il était sieurs, nous pensons ici comme à l'Assem­ faites do votre Gouvernement qui n'a rien possible de donner cette satisfaction aux blée nationale qu'il est nécessaire de faire inventé de nouveau, qui continue la poli­ femmes. Elles veulent aussi avoir da­ entendre la voix des femmes de notre tique qui a été menée par les gouverne­ vantage de beurre, davantage de sucre; pays. Elles qui ont leur maison, leur ments successifs Mayer, Blum, Marie, Schu­ elles ne veulent pas qu'on nourrisse les foyer, qui se débattent dans d'énormes man ? Comment les femmes ne seraient- Allemands, elles ne veulent pas non plus difficultés pour arriver à équilibrer leur elles pas outrées de voir qu'à côté de leur qu'on fasse des stocks pour préparer une budget, pourraient vous donner de sages misère s'étale le luxe d'une poignée de pri­ nouvelle guerre. (Nouveaux applaudisse- conseils si vous vouliez les écouter, mon­ vilégiés (Applaudissements à l'extrême ments sur les mêmes bancs.) Elles veu­ sieur le président du conseil. gauche) qui, en un soir, dans les boîtes de lent le relèvement du minimum vita'i et Les femmes de France ont su faire tous niiit, dépensent ce que gagne un ouvrier en l'échelle mobile des salaires. Elles veu­ les sacrifices pour que notre pays soit un mois ? Comment les femmes ne seraient- lent l'aménagement de la retraite des libéré de l'envahisseur, même celui de elles pas outrées de voir que certains dé­ vieux. En un mot elles veulent pouvoir leur vie; elles savent se priver et elles pensent pour leur chien ce qu'une maman, nourrir leurs familles. 3220 CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1»J3

Oh! je sais. Vous allez me dire que 15 décembre précédent, force nous est de veaux, car il serait bien pire de compro­ ce n'est pas possible. Les femmes de reconnaître, et avec nous tous les gens mettre par un manque de courage tous les France répondent que c'est possible ; elles de bonne foi, que la situation au 15 juil­ sacrifices déjà faits que d'accomplir A. en ont assez de constater que ce sont let était beaucoup plus rassurante, beau­ nouveau le geste aujourd'hui nécessaire toujours les mêmes qui payent. Imposez coup plus solide, beaucoup plus • sereine pour que tous les efforts de ces dernières donc les contribuables sur leur fortune, que celle que la France a vécue dans les années ne soient pas totalement vains. faites payer les trafiquants, faites des éco­ jours sombres du mois de décembre 1947. (Applaudissements au centre.) nomies sur les crédits militaires, où vous (Applaudissements au centre.) 11 faut donc poursuivre notre tâche. trouveriez peut-être les 80 milliards qui Cela, nous n'avons pas le droit de l'ou­ Mais pour la poursuivre, nous avons aussi vous manquent, au lieu de les prendre blier. En décembre 1 (947, c'était non seu­ le devoir, nous qui contrôlons l'action du sur la santé publique et la reconstruction. lement nos exportations qui étaient tota­ Gouvernement, d'examiner les moyens (Applaudissements à l'extrême gauche.) lement arrêtées, mais une inflation gran­ que l'on nous propose. Pour cela, il faut faire une autre poli­ dissante extrêmement grave et inquiétante Oh ! certes, ces moyens ne nous parais» tique. qui aurait pu nous amener en quelques sent pas simplement satisfaisants. On Mesdames, messieurs, nous vous de­ jours à la faillite ou à la banqueroute; nous propose de trouver 80 milliards de mandons d'écouter la voix des femmes c'était aussi la guerre civile qui mena­ ressources nouvelles par une sorte de nou­ de France. Quant à nous, communistes, çait à l'intérieur de notre pays. Or, par veau tour de vis fiscal qui consiste soit à c'est dans l'intérêt des familles françaises des mesures courageuses auxquelles la augmenter dans une proportion variable et de la France entière que nous voterons majorité de cette Assemblée, comme de les impôts existants, soit aussi à créer contre les projets financiers. (Nouveaux l'Assemblée nationale, s'est associée, tout certaines nouvelles sources de recette^. applaudissements sur les mêmes bancs.) cela, nous avons réussi à l'éviter et nous Les unes commes les autres de ces mesu­ avons bien le droit de dire que, par son res présentent à la fois des avantages et Mme le président. La parole est à M. Jan­ courage, le Parlement a contribué gran­ des inconvénients. ton. dement à sauver la France d'une catas­ Voyons tout d'abord quels sont les in­ M. Janton. Mesdames, messieurs, c'est trophe que beaucoup jugeaient inévitable. convénients. Il y a l'inconvénient d'ajou­ une lourde tâche que de faire ici, à propos (Applaudissements ai^centre.) ter aux injustices d'un système fiscal que du projet qui nous est proposé, la revue Mais nous-mêmes, qui avons accepté ces tout le monde s'accorde à condamner, la delasituation économique et financière mesures si pénibles, si dures pour l'éco­ nouvelle injustice d'une augmentation de notre pays et d'examiner les raisons nomie de notre pays, nous . ne pouvions d'impôts proportionnelle à ce que chacun pour lesquelles le Gouvernement a dû le pas manquer, dès le moment même, de déjà est obligé de payer, c'est-à-dire, que soumettre à notre approbation. signaler toutes les lacunes, toutes les in­ ceux qui payent beaucoup payeront en­ Le problème se résume en quelques suffisances et même d'autres défauts plus core un peu plus, que ceux qui payent mots. Il s'agit pour l'État de trouver graves des mesures qui nous avaient été moins payeront eux aussi un peu plus mais 80 milliards de recettes nouvelles pour proposées. moins que les précédents, et que ceux qui, équilibrer son budget et de faire face aux Nous avions déjà signalé à ce moment par suite de la fraude, arrivent â passer dépenses inévitables au dernier trimestre que les projets économiques et financiers à travers les mailles de notre fiscalité dé­ de l'année 1948. étaient peut-être trop financiers et pas as­ faillante trouveront une fois de plus le Ce projet, nous ne voulons pas, dès sez économiques, que, s'ils s'efforçaient de moyen de laisser les autres supporter cett» maintenant, le discuter en détail. Les dif­ donner au Gouvernement et à l'État les charge nouvelle. - férents articles qui le composent compor­ moyens de faire face à des difficultés bud­ Cette iniquité de notre système fiscal qui tent trop de recettes disparates pour qu'il gétaires inquiétantes, non seulement pour avait déjà servi de base au prélèvement puisse en être fait une revue d'ensemble, équilibrer un budget ordinaire, mais aussi exceptionnel, nous l'avions signalée dès et c'est sur chacun des articles que nous pour financer des dépenses de reconstruc­ le mois de décembre 1947. aurons à dire ce que nous en pensons. tion très importantes, il y avait aussi d'au­ Aujourd'hui on nous demande un nou­ Il n'a pas manqué à cette tribune, de­ tres tâches qui ont peut-être été un peu vel effort reposant sur les mêmes bases.- puis ce soir, de critiques zélés qui sont trop négligées. Il s'agissait de provoquer Nous ne pouvons manquer de dire que ce venus nous dire que les difficultés pré­ un essor nouveau dans la politique écono­ système est inique et qu'il est temps d'en sentes sont la conséquence de la politique mique de notre pays. Certains orateurs, changer. désastreuse suivie par les différents gou­ à cette tribune, dès ce moment-là, soit au On nous a promis une réforme fiscale. vernements qui se sont succédé durant nom de la commission des affaires écono­ On en parle depuis des années, mais ces dernières années et particulièrement miques, soit au nom de différents groupes chaque jour qui passe et qui repousse plus au cours des premiers mois de l'an­ de cette Assemblée, avaient fait remarquer loin le vote de cette réforme laisse se per­ née 1948. que le but essentiel n'était pas tellement pétuer des injustices qu'il est de l'intérêt On nous a dit que le résultat devant de sauver la monnaie et d'assainir les fi­ national, qu'il est aussi de l'intérêt de la lequel naus nous trouvons était inévitable, nances que de donner à notre économie justice tout court de faire disparaître le qu'il était la conclusion fatale de la po­ l'impulsion qui lui était nécessaire pour plus rapidement possible. litique suivie pendant les six premiers augmenter non seulement sa production Les autres mesures proposées, créant de mois de cette année par le gouvernement indispensable à nos besoins, mais aussi sa nouvelles ressources, font l'effet d'expé­ de M. Robert Schuman et de son ministre productivité, afin qu'une baisse sensible dients auxquels le Gouvernement a recou­ des finances, M. René Mayer. des prix de revient permit à chacun de se ru parce que c'était peut-être les mesures Il ne m'appartient pas, n'étant pas fié nourrir, de se vêtir dans des conditions les plus faciles, les plus commodes à pren­ par la solidarité ministérielle, même celle en rapport avec son pouvoir d'achat. {Ap­ dre tout de suite, celles qui avaient li qui unit le Gouvernement présent avec les plaudissements au centre.) chance de rapporter sans retard des som­ gouvernements passés, de faire ici l'apo­ J'ose dire qu'en partie nous avons mes que l'on pouvait calculer d'une façon logie de la politique financière et écono­ réussi et que si nous n'avions pas pris assez précise. mique du gouvernement de M. Robert ces mesures courageuses, nous ne serions Schuman. De cela, nous ne pouvons pas nous der pas ici à discuter des compléments indis­ clarer satisfaits. Mais il faut être juste, et il est indis­ pensables à ces mesures. Il est vraisem­ pensable de. relever ce que j'oserai appe­ Lorsque nous avons accepté de voter le blable que, depuis longtemps, le. régime prélèvement, sous l'empire de nécessités ler certaines exagérations et certaines in­ dans lequel nous vivons aurait disparu terprétations qui pourraient, en ne mon­ impérieuses, nous avons commis sans dans une tourmente infernale, et nous ne doute un acte d'injustice à l'égard de cer­ trant qu'une face de la réalité, devenir savons pas ce qu'il en serait maintenant des contrevérités. taines catégories de citoyens et de contri­ des destinées du pays. buables. Ah! certes, on peut signaler à plaisir toutes les difficultés dans lesquelles nous A l'extrême gauche. C'est ce qui se pré­ Mais, l'ayant fait, nous avons eu le souci nous nous trouvons encore, malgré une pare! . d'améliorer ces mesures de notre mieux-, politique courageuse qu'une majorité non M. Janton. Nous avons sauvé les desti­ de façon à leur redonner le plus possible moins courageuse avait soutenue dès le nées du ■ pays, c'est considérable, mais le caractère de justice auquel nous som­ début de celte année. Nous n'avons peut- l'œuvre n'est pas achevée, et' si nous mes attachés. être pas réussi à les faire disparaître tota­ avons le droit de regretter que certaines C'est ce qui a expliqué qu'une fois le lement. Sans doute sont-elles le résultat crises politiques inopportunes aient trou­ prélèvement exceptionnel voté, nous nous inévitable des lacunes et les défauts d'une blé l'atmosphère de travail de la France sommes efforcés, à plusieurs reprises, de politique qui n'a pas toujours été ce au cours de ces deux derniers mois, nous trouver les aménagements nécessaires qui; qu'elle aurait dû être. Mais il ne faut pas avons aussi le devoir, maintenant, parce sans amenuiser la valeur et l'efficacité des nier l'évidence. Si l'on compare la situa­ que l'intérêt du pays passe avant tout, de mesures prises, permettaient tout de même tion économique et sociale dans laquelle reprendre la tâche commencée, de retrou­ de mieux répartir les charges et de les se trouvait la France au 15 juillet dernier" ver des forces nouvelles, de consentir rendre plus légères aux épaules de ceux à et celle dans laquelle elle se trouvait au aussi, il fau! l£ dire, des sacrifices nou­ qui tes sacrifices étaient imposés. CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1&48 3221

• Aujourd'hui, il nous est indispensable, Etats-Unis d'Amérique n'ont pas du tout champs. Le travail est un élément indis­ Vu 'urgence, d'examiner.rapidement ces ce caractère. Ce sont des mesures qui, tout pensable, mais le travail en lui-même projets et il est vraisemblable que nous ne en étant salutaires pour nous, n'aliènent n'est rien s'il n'aboutit à une {production pourrons pas leur apporter toutes les modi­ en rien notre indépendance. capable de satisfaire des besoins et capa­ fications qu'exigerait le souci de justice so­ Ce ne sont pas les affirmations répétées ble, aussi, d'être mise à la portée de ces ciale et fie justice fiscale qui est le nôtre. sans preuve aux tribunes du Parlement besoins. Mais si nous ne pouvons pas le faire, ou sur les tréteaux électoraux qui change­ Nous avons tous été plus bu moins sol­ nous nous efforcerons, par le vote rapide ront quelque chose à la, vérité. Une erreur dats et nous connaissons le travail de ces d'une réforme fiscale que nous avons ou un mensonge afllrfnés mille fois ne jeunes recrues à qui l'on fait creuser des maintes fois réclamée et qu'

Tout cela m'amène à une dernière con­ polémique, non pour faire porter par d'au­ causes de l'inflation que l'on voulait com« sidération, celle de la situation politique tres des responsabilités que nous avons à battre: « la trop grande masse nominale da notre pays. Oh! certes, demander à des certaines époques acceptées et que nous des salaires, sans pouvoir d'achat réel, par représentants du peuple, qui sont chaque ■ acceptons encore, mais parce qu'on verra suite du déséquilibre permanent des prix jour assaillis de lettres et de télégrammes, clairement — et J'espère aussi qu'on le et des salaires que notre ami Léon Blum di faire l'acte de courage qui consiste, en comprendra sans y chercher une explici-_ dénonçait déjà le 31 décembre 10JG. » Et sacrifiant des intérêts particuliers tout à tion partisane — que le parti socialiste, et j'ajoutais: « Nous avons gardé, et toutes fait légitimes, à réclamer de chacun un son groupe unanime au Conseil de la Ré­ les parties saines du pays avec nous, la eflort supplémentaire, cela n'est pas très publique, sont restés fidèles aux concep­ nostalgie de la politique inaugurée par la facile, mais nous considérons que cet ef­ tions qui ont toujours été les leurs. . baisse de 5 p. 101». » fort est encore possible et que -nous de­ Nous avons pu parfois, à la faveur de Dans cette même séance, m'adressant i vons le faire, à condition d'être assurés de quelques fautes, donner l'impression de l'aspect plus (particulièrement fiscal du son efficacité. sacrifier à l'opportunisme politique du projet, je disais encore ceci: « Nous au­ Or, nous l'avons constaté à maintes re­ moment, nous avons accepté à différentes rions voulu qu'ou nous Apportât des me­ prises au cours de ces derniers mois, les occasions des solutions qui nous donnaient sures financières et économiques, alors mesures les meilleures deviennent ineffi­ des satisfactions mêlées de regrets, parce .que nous nous trouvons surtout en face caces lorsque le Gouvernement, qui a pris que nous faisions passer notre propre inté­ d'un projet fiscal. La plus grande faiblesse des engagements et des responsabilités, rêt de parti après ce qui nous paraissait de votre projet,- c'est qu'il va frapper à se trouve balayé comme fétu de paille Être l'intérêt primordial "du pays, mais nouveau ceux qui ne peuvent se soustraire et laisse la place à un nouveau gouver­ nous n'avons jamais cessé de proclamer à l'impôt. A des injustices existantes, il va nement, lequel nous apporte un nouveau notre foi dans les idées très simples, en ajouter d'autres injustices. Vous avez 'mo­ plan, mais n'a pas suffisamment le sens des idées très populaires, très humbles. mentanément réglé, par un arbitrage labo­ de la solidarité pour reprendre à son En effet, dans les périodes de crise rieux, la question des salaires. Celle compte les promesses faites par ses prédé­ comme celle que nous traversons depuis de prix va se traduire par la signature de cesseurs et pour en mener les plans à bon longs mois, ce qui convient, ce ne sont pas quelque cinquante décrets de hausse, ce terme. les solutions tle distingués économistes, qui, au moment de rechercher un équili­ Alors, i quoi bon votes- aujourd'hui des ce ne sont pas des solutions de labora­ bre difficile, va créer un nouvel écart dont ressources nouvelles, des impôts nouveaux toires, c'est tout au contraire V expression souffrira d'abord la classe ouvrière. » si, demain, un nouveau gouvernement, re­ de conceptions très simples nées dans l'es­ Enfin, il y a un mois i peine, répondant niant plus ou moins les engagements pris prit du peuple de nos villes et de nos cam­ au nom de mon groupe à M. Paul Rey­ j>ar le présent Gouvernement, voulait nous pagnes,. réalisables par ce même peuple et naud, dont l'argumentation ne nous avait demander de nouveaux sacrifices qui se­ pour ce même peuple. pas convaincus — c'est le moins que nous raient aussi inefficaces que ceux que nous Je pense très sincèrement que nous puissions dire — et prévoyant dès ce jour aurions.déjà votés? devons, dans * ces jours graves, nous ce qui inexorablement devait se passer par Cela, nous ne pouvons pas l'admettre et dégager de toute préoccupation d'école, la suite, je tenais le langage suivant: « Vo­ nous pouvons nous vanter, au mouvement de tout ce qui n'est pas la vie de tre Gouvernement a l'impérieux devoir de républicain populaire, de n'avoir jamais tous les jours des Français moyens, se livrer, ainsi que sa majorité, à tine sé­ provoqué aucune crise ministérielle. Nous de tout ce qui peut paraître une position vère autocritique; il doit reconnaître que voudrions que chaque parti fasSe l'effort de parti pris, une position d'hommes poli­ les projets Mayer n'étaient que le frag­ suffisant sur lui-même pour dominer des tiques imbus d'idées acquises pour nous ment d'un tout, il doit admettre que le pro­ divergences parfaitement légitimes, je dis replonger dans notre milieu social, pour blème n'est pas uniquement financier, que parfaitement légitimes, et qui sont la con­ comprendre mieux ce qu'on appelle les des mesures fiscales, quelle, que" soit leur séquence inévitable et bienfaisante du ré­ réactions de l'homme de la rue. ampleur, ne peuvent donner qu'un Bien- gime démocratique. Nous voudrions que Quelles sont donc ces idées si simples être passager, il doit comprendra l'impor­ tous agissent toujours dans le même es­ qu'elles ont été les mêmes dans toutes les tance capitale de l'augmentation réelle dit prit, pour rester unis au service du bien grandes périodes de révolution économique pouvoir d'achat et. lapécessité d'arriver à commun et pour assurer, dans le fonction­ et sociale? Vous me permettrez de rappeler un juste équilibre entre les prix et les salaires. » nement normal de nos institutions, la sta­ trois dates de la courte existence de notre bilité indispensable sans laquelle tous les" Conseil de la République. Dans la séance Ainsi, à trois reprises différentes, devant sacrifices "des Français seraient vains. du 24 juin 1947, nous discutions du projet des ministres, différents, j'ai eu l'occasion ( Applaudissements au centre et sur quel­ de loi portant réalisation d'économies et d'indiquer les réserves formelles faites paj? ques bancs à gauche.) aménagement de ressources. Dans celle du le groupe socialiste. Mes amis et moi avons M. le président La parole est à M. Re­ 27 décembre 194-7, le président Schuman demandé le retour à une politique écono­ verbori. nous demandait de voter un projet auto­ mique mettant au premier plan de ses re­ M. Beverbori. Mesdames, messieurs, le -risant un prélèvement exceptionnel de vendications le maintien du pouvoir d'achat réel des classes laborieuses. groupe socialiste m'a demandé une nou­ lutte contre l'inflation. Enfin, plus près de velle fois d'apporter à cette tribune les nous, trop près de nous, MM. André Marie Nous avons condamné la politique des observations qu'il estime devoir faire à et Paul Reynaud nous présentaient un hausses nominales de salaires. Nous avions l'occasion de la discussion devant l'Assem­ texte tendant au redressement économique condamné la politique de liberté excessive blée du projet de loi modestement inti­ et financier. laissant la bride sur le cou aux prix dé­ tulé « Projet de loi postant création de res* Ces trois textes ont été votés par le chaînés. Nous avons condamné toutes les sources nouvelles au profit du Trésor et groupe socialiste au Conseil de la Répu­ politiques strictement fiscales. Et cepen­ aménagements de certains impôts », inti­ blique et, à l'occasion de chacun d'eux, dant, nous avons voté les trois projets qui tulé qii nous rappelle fâcheusement — j'ai eu l'honneur, parfois dangereux — je nous étaient soumis, après les avoir amen­ j'aurai l'occasion d'en dire deux mots dans m'en aperçois aujourd'hui — de faire con­ dés pour qu'il soit tenu compte de nos jus­ quelques instants — un autre projet, aussi naître l'opinion de mes amis. Cette opinion tes et légitimes critiques. anodin dans son libellé, mais qui a laissé a-t-elle tellement varié 1 ? Nous l'avons fait non sans ré licence, non dans le pays d'assez mauvais souvenirs. Le 24 juin 1947, m'adressant à M. Schu­ aussi sans débat intérieur, non sans in­ Ayant été depuis près de deux ans ie man, alors ministre des finances du cabi­ quiétude. Nous l'avons fait parce que nous porte-parole de mon groupe lors des prin­ net Ramadier, je disais: « En vérité ce que pensions ainsi avoir choisi la voie peut- cipales discussions d'ordre financier et éco­ nous reprochons le plus au projet gouver­ être la plus difficile et la plus sûre. Nous nomique, je voudrais me livrer à une es­ nemental. c'est qu'il paraît sonner le. glas l'avons fait, tout en sachant l'impopularité pèce de recherche rétrospective, non pas d'une expérience, l'expérience de baisse passagère de tels projets. Nous l'avons pour prouver que nous avons toujours eu dans laquelle nous avions mis, les uns et fait, nous refusant à une démagogie facile, raison quand nous prenions sur ce sujet les autres, toute notre confiance, je dirai qui peut payer un jour mais qui laissa des positions de principe, mais pour presque toute notre foi. » sûrement des lendemains amers. Nous essayer de démontrer que le groupe so- Et j'ajoutais: « Ce que nous reprochons l'avons fait,sacrifiant à ce que nous esti­ caliste a toujours poursuivi la même poli­ aussi au projet, c'est d'apparaître comme mions l'austère devoir, tout ce qui aurait tique... une mesure fragmentaire qui songe sur­ pu faciliter une quelconque propagande de A droite. On en voit les résultats! tout à colmater une brèche, alors que nous parti. H. Reverbori. ...et pour faire comprendre la voudrions voir s'intégrer dans un plan Qu'il me soit permis de dire que nous à nos collègues fêtât d'esprit plein d'in­ d'ensemble, comportant une sérieuse et ne le regrettons aucunement. Nous le fe­ quiétude qui est aujourd'hui le nôtre. nécessaire réforme fiscale et l'exposé d'une rions encore s'il le fallait. Le parti socia­ Je sais d'ailleurs la vanité d'une pareille politique économique cohérente. » liste, sans ostentation, a toujours su agir recherche ; je sais qu'il ne suffit pas d'avoir ,Le 27 décembre 1947, c'était M. René pour faire passer les intérêts supérieurs- du! eu raison hier et qu'il ne sert surtout à Mayer qui était au banc du Gouvernement pays, dont il ne sépare pas, dont il ne rien de le proclamer. Je crois nécessaire aux côtés de M. lîohert Schuman, et je lui séparera jamais les intérêts des classes kk- cependant de le faire, non dans un but de. disais alors, en indiquant ainsi l'une des IXM-kjusses, avant eas propres intérêts* CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1918 3223

Aujourd'hui, nous nous retrouvons Bru ­ voulez-vous que nous n'établissions pas M. Reverbori. Merci, monsieur Lanargue. a-lemert devant une .situation identique, une comparaison avec le p-ilèvement « Libre concurrence », dites-vous ? Nous sinon plus grave que celle que nous avons exceptionnel demandé par M. René Mayer ? en sommes d'accord, quand la concurrence voulu écarter par trois fois en deux ans. Comment voulez-vous que nous ne soyons joue au service du peuple qui travaille Nous en venons à nous poser d'angoissan- pas amenés à dire que la seule différence — ce que nous souhaitons tous — mais 4 es questions. Avons-nous choisi la bonne entre le prélèvement exceptionnel et les nous nous y opposons — et je suis sfr voie ? Nous n'avons plus cette cop.Tance impôts c'est que les impôts se payent une que vous serez d'accord avec moi — s'il to-tile en nous-mêmes et en nos alliés po­ fois par an et le prélèvement deux fois, s'agit d'une concurrence spéculative dont litiques, qui doivent d'ailleurs connaître parce qu'il est exceptionnel ? >( Sotirires.) souffriront surtout, et presque exclusive­ des troubles de conscience identiques aux Je ne me livrerai pas au petit jeu trop fa­ ment, les économiquement faibles. nôtres, pour continuer sans réticence dans cile de disséquer le projet que nous allons Cependant nous devons avoir aussi la la voie qu'on nous montre; discuter article par article. Un seul fait de­ franchise de îeconnaitre aujourd'hui que Que nous propose donc l'actuel projet ? meure pour mes amis-et moi: l'effort de­ la revalorisation par la baisse des prix Encore une lois, le diagnostic a été bien mandé aux contribuables sera encore une est insuffisante, ou plutôt que ses effets tait. Nos docteurs «s-tinances et ès-sciences fois mal réparti. N'est-il pas symptomatique risquent de se faire attendre trop long­ économiques se sont penchés sur ce ma­ de constater que l'impôt sur les bénéfices temps et que ceux qui ont déjà tant at­ lade, le franc, sur cette grande malade, la agricoles, par exemple, rapportera 2.200 tendu ne peuvent plus croire à la vertu de millions sur les 80 milliards attendus du France. Us ont là té son pouls et mesuré. sa la patience. fièvre; il? pourront nous dire le nombre projet ? Il faut alors prévoir un nouveau palier de pulsations et le degré de température ; N aurons-nous pas les mêmes protesta­ pour les salaires, ou tout au moins un anais' là, me senmLk-t-1l, s'arrête leur tions des artisans déjà si durement frap­ nouveau palier pour le salaire minimum eeience. pés? Si je ne m'apitoie pas sur la caté­ national, car nous en sommes venus à Les mesures qu'ils nous proposent ont gorie des commerçants marrons qui réali­ penser que l'heure des conventions col­ déjà été appliquées depuis deux ans. Je sent d'importants profits, me sera-t-il per­ lectives nationales ou régionales est arri­ n'aurai ni l'Injustice, ni la cruauté de dire mis de penser à ceux qui vivent honnête­ vée. (Applaudissements à gauche.) Il n'y |U elles ont fiit faillite. Je crois, au con- ment et difficilement de leur profession? a plus de blocage des salaires quand il itrake que la mldicalion employée était En réalité, ce projet, parce qu'il précède n'est pas possible de maintenir le blocage de bon usage... la réforme fiscale, ne tient aucun compte des prix. M. de Mendiste. Alors ? de la nouvelle répartition des Tevenus Monsieur le président du conseil, il n'y M. Reverbori. ...mais l'accoutumance dans la France de l'après-guerre. Prenez-y a au groupe socialiste aucune hostilité E>sl faite. Le remède, toujours le même, garde ! Les français ne se dressent pas préconçue contre vos projets financiers. sera-t-il toujours -aussi efficace ? contre les sacrifices qu'on leur demande; Nous vous avons dit très franchement # Après M. le rapporteur général, qui l'a ils savent qu'ils doivent les consentir qu'ils ne nous plaisaient pas; mais, je dit ave; beaueoup de précision et de net­ pour le salut de leur pays, mais ils se vous le demande : à qui plaisent-ils ? Cer­ dressent contre les injustices qu'on leur teté. je ne redirai pas le mal dont nous tainement pas au pays, sans doute, et impose. souffrons. Je citerai quelques chiffres sim­ même pas à vous, qui nous les proposez plement. Déficit budgétaire; Il5 milliards: J'ai critiqué, peut-être avec une cer­ parce que vous en sentez la nécessité. taine véhémence et une certaine âpreté d r;ii cit de trésorerie : 270 milliards. D'où Cette nécessité, nous la sentons tout com­ iiéoessiJé absolue -de trouver d'ici la fin de dont je m'excuse — car ce n'est pas dans me vous, mais nous ne pourrons répon­ ■8 'année 80 milliards de ressources nou­ mes habitudes, «— les projets que nous dre à votre appel que si vous répondez velles. soumet ia gouvernement dans lequel aux questions qu'en terminant je vais S'il m'est permis de reprendre ma compa­ nous comptons cependant de nombreux amis. avoir l'honneur de vous poser. raison médicale, je dirai qu'après diverses Quelles mesures comptez-vous prendre «ignées au malade — saignées qui, dans Je voudrais, maintenant, exposer briè­ aine certaine mesure., ont calmé sa fièvre vement la politique que nous croyons la pour obtenir la stabilisation des prix, plus et lui ont fait du bien, quoi qu'en "puissent seule susceptible *de redresser la situation, particulièrement des prix agricoles et, sur­ penser certains de nos adversaires — nous la seule aussi capable d'éviter une agita­ tout, pour obtenir une diminution effec­ illons continuer cette fois dangereusement tion sociale dont l' exploitation politique, tive et efficace du prix de la viande ? Quelle satisfaction allez-vous pouvoir Sn même médication. qui en est faite ou qui en sera faite, n'em­ accorder aux légitimes revendications du C'est encore à des solutions fiscales que pêchera jamais qu'elle ait pour base une s'adresse le Gouvernement: majorations misère réelle. monde du travail ? Comment réaliserez-vous le nouveau d'impôts directs. majorations d'impôt indi­ C'est le déséquilibre des salaires et des rects, augmentation des produits de mono­ prix qui conduit à la généralisation de la palier des salaires ? pole. Nous retombons dans le circuit infer- misère et qui prolétarise dangereusement Enfin, — et je m'excuse auprès d'eux ]>al et inutile de la fiscalité, parce que nous les classes moyennes. Personne n'a rien d'en parler en dernier lieu — que comptez- n avons pas su nous dégager de l'autre à gagner à un désarroi économique qui, vous faire en faveur des vieux travailleurs, cycle infernal, celui des prix et des salaires. s'aggravant, conduirait fatalement à des de ceux qu'on appelle pudiquement les Je rends bien volontiers à nos ministres explosions sociales dont seuls peuvent bé­ économiquement 'faibles et qui sont les l'hommage qu'ils méritent, car, en contre­ néficier les fauteurs de troubles. (Très malheureuses victimes de la h suisse in­ partie, ils, nous proposent un plan bien bien! Très bien! à gauche. ) cessante du coût de la vie ? étudié d'économies sérieuses. Je leur rends Il faut donc revaloriser les salaires en Monsieur le président du conseil, je n'ai d'autant plus volontiers cet hommage que sachant que la seule revalorisation effi­ pas voulu, comme certains de mes col­ notre collègue M. — et ceci cace est celle qui se fait par la baisse lègues, vous parler de ces antres pro­ n'a étonné aucun de ses amis — a pour­ des prix. Est-ce encore possible? La blèmes qui ont nom: équilibre des entre­ suivi au sein cl il Gouvernement l'excellent hausse délibérée de certains prix agricoles prises nationalisées, économie dans la sé­ travail qu'il avait amorcé comme rappor­ de base, la hausse injustifiée et spécula­ curité sociale. Mes collègues savent qu'en teur général de la commission des finances tive de la viande permet-elle encore d'agir ces domaines je suis aussi intransigeant s"i Conseil de la République. ( Applaudisse- dans ce sens? que quiconque; mais je pense que c'est ments à gauche, au centra et à droite.) C'est au Gouvernement qu'il appartient ramener notre discussion dans des limites Il est certain que dans tous les domaines, de tenter l'expérience avec la volonté de -singulièrement étroites, que c'est mettre et plus particulièrement dans celui des réussir par tous les moyens, même s'ils volontairement des œillères, que c'est mé­ dépenses militaires que nous avons si sou­ peuvent parfois apparaître comme bru­ connaître totalement la vie journalière des vent critiquées sans succès, des compres­ taux. Certains libéraux impénitents ont classes laborieuses cie notre pays que sions sérieuses vont être faites; non pas au déjà trouvé le chemin de Canossa. Que d'avoir ces seules préoccupations. hasard, pour les besoins d'une propagande les autres n'attendent pas qu'il soit trop Nous sommes d'accord — je l'ai déjà aussi spectaculaire qu'inefficace, mais après tard ! dit et je le répète —, pour que des éco­ avoir fait un effort de discipline et d'orga­ nomies sérieuses, des économies draco­ nisation dans les tâches assumées actuel­ J'ai entendu tout à l'heure avec plaisir niennes même soient réalisées dans les notre collègue, M. Laffargue, déclarer qu'il lement par les services publics. '■ secteurs publics et semi-pubiies. Nous ne comprenait pas, ou plutôt qu'il ne On nous promet aussi la réforme de notre sommes d'accord pour que les entreprises comprenait plus, cette terminologie dé­ fiscalité. Nous ne pouvons qu'y applaudir; nationalisées équilibrent leur budget, pour il y a assez longtemps que nous l'avons suète entre libéraux et dirigistes. Il y a qu'elles ne soient plus des officines aux réclamée. Mais fout ceci est du domaine du longtemps — qu'il me soit permis de le lui dire — que notre opinion a devancé- quelles on peut reprocher, parfois à juste futur, du domaine des promesses, alors que raison, quelquefois à tort, de défendre une la sienne. Rien n'est plus ridicule que des la contrepartie, c'est-à-dire l'effort fiscal politique partisane et des intérêts parti­ demandé au pays doit paver immédiate­ formules, quand elles sont dépassées par les faits. culiers., Nous sommes d'accord pour que ment. la sécurité sociale, à laquelle on fait beau­ Comment voulez-vous que nous ne refas­ M. Laffargue. Ma laïcité intelligente me coup de compliments pour mieux l'abais­ sions pas les mêmes critiques ? Comment permet de faire oraison. ser ensuite, se borne à son seul rôle de 3224 CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1M8

garantir la sécurité du monde du travail maîtres du marché de la viande et ils veuses, ont tout de même quelques billets .et. no se transforme pas — ce qui n'est détiennent dans leurs mains l'approvision­ dans, leur escarcelle. Ils n'ont ipas un pres­ pas encore le cas d'ailleurs — en un orga­ nement total de la capitale. ( Applaudisse­ sant besoin d'argent. Ils ont de l'herbe nisme bureaucratique envahissant. ments à gauche et au centre.) dans leurs (pâturages, et leurs animaux , Je dis et je répète avec force qu'en En organisant ler; campagnes de presse atteindront sans jeûner le 15 novembre, ce moment le problème -qui nous occupe contre les soi-disant « maniaques du di­ date de L'entrée à îSétable.. . est beaucoup plus grave, beaucoup plus rigisme », ils ont obtenu la liberté totale Les fourrages, abondants cette année, général. C'est pourquoi le groupe socia­ du marché de la viande et ils ont immé­ entassés dans le fenil, pourraient nourrir liste ne relèvera pas toutes les inexacti­ diatement installé, sur le cadavre de cette l'animal pendant deux hivers. Ils permet­ tudes qui ont pu être dites, en toute bonne liberté, leur nouveau dirigisme, bien plus tront de ne pas vendre à la fin de celui-ci. foi sans doute à ccite tribune, à ce sujet. nocif que l'ancien dirigisme de M. Philip, Non seulement UB éleveurs précités no Monsier le président du conseil, vous qui a quitté le bifteck à 150', francs le sont pas vendeurs — et je rejoins là mon saurez vous élever au-dessus de toutes les kilogramme" alors qu'il vaut actuellement ami Poirault, des Deux-Sèvres — pour dire questions de détail que nous évoquerons 500 et 600 francs. (Applaudissements à que ces éleveurs seraient plutôt des ache­ lors de la discussion des articles,.pour gauche et au centre.) teurs. Ils n'offriront pas leurs animaux, qui répondre aux questions très précises que Aucun franc-tireur n'existant dans cette augmentent de prix. Au contraire, ces ani­ je viens de vous poser il y a un instant. corporation, ils ont à leur disposition une maux leur sont demandés. Le groupe socialiste du Conseil de la Ré­ armée nationale de plus de vingt mille L'élevage porcin, lui aussi, est en très publique attend avec impatience les ré­ rabatteurs provinciaux. Téléphoniquement, forte augmentation un peu partout, mais, ponses que vous lui ferez; et ce sont ces ils règlent l'approvisionnement total de malgré cette abondance, les prix augmen­ réponses qui lui dicteront la nosition qu'il la capitale. Ils le raréfient ou l'amplifient tent chaque jour. (Marques d'approbation prendra en toute indépendance à la fin selon leurs intérêts. Ils jouent avec les à gauche et au centre.) de ce débat. nerfs de la population parisienne, qui to­ Le 17 août dernier, je signalais à cette Comme hier, il saura prendre toutes ses talise une population dépassant celle de tribune que la viande de porc atteignait, responsabilités mais, je vous le redis avec quinze de nos départements moyens. Ils- poids, vif, 270 francs le kilo. insistance, c'est à vous, monsieur le pré­ sont les maîtres du marché de la viande; . Quelques jours après, je me rendais dans sident du conseil, de nous apporter non ils constituent, je le répète, un véritable une foire cantonale du rentre et -la viande seulement votre plan financier, mais les état dans l'État". de porc y atteignait 30o francs le kilo, autres mesures: celles que nous attendons La deuxième guerre mondiale a consi­ poids vif. • celles que le pays attend, celles que veu­ dérablement appauvri l'Europe. J'ai en­ Tout il l'heure, à la bibliothèque, je lent passionnément tous ceux qui n'ont tendu avec une réelle émotion divejs ora­ jetais un coup d'œil sur le journal agri­ pas perdu leur foi dans les destinées de teurs s'appesantir sur notre situation peu cole du parti communiste La Terre, de notre France. (Applaudissements à gauche.) brillante. En effet, j'ai interrogé nos ca­ Waldeck Roche t, et sur le journal* agri­ M. h président. La parole est à M. Ber­ marades qui sont allés en Angleterre, où cole socialiste La Moisson, de Gérard Vée. thelot. le modeste repas avoisine 900 francs. J'ai Je lisais dans ces deux hebdomadaires M. Jean-Marie Berthelot. Monsieur le pré­ lu le Journal officiel et j'ai appris, par qu'à Louhans, en Saône-et-Loire, en date sident du conseil, messieurs les ministres, l'intervention de M. Moussu, président de du 6 septembre 1948, les porcs gras avaient mesdames, messieurs, permettez-moi, une la commission de l'agriculture, que le kilo­ atteint 320 francs le kilo, poids vif, soit fois de plus, en ma qualité de représentant gramme de viande atteint de 800 à 1.000 une augmentation de 50 francs au kilo de populations rurales, d'appeler toute vo­ francs en Suisse et en Italie, sommes su­ dans l'espace d'un mois. (Exclamations à tre attention sur le deuxième problème sur .périeures au prix du kilogramme de viande qauchc et au centre.) lequel doit se pencher le Gouvernement. vendu, en France, au prix prohibitif de Rappelons-nous qu'en 1914, le porc gras Ce problème est indissolublement lié aux 500 et 000 francs. se vendait un franc le kilo poids vif. problèmes financiers qu'il vient d'échafau­ Et le Gouvernement doit surveiller avec Le coefficient 320 de 1914 est trop élevé. der, à savoir la mise en ordre des prix et un soin jaloux les fissures qui pourraient Si le salaire de l'ouvrier de culture de des salaires. se produire dans la fragile digne de notre l'Oise ou de la Somme qui était men­ C'est le rapporteur général à l'Assemblée douane française, fissures qu'il faut col­ suellement de 85 francs en 1914, suivait le nationale qui, en terminant son exposé, mater si nous recherchons un abaissement cours de la viande de porc il atteindrait déclarait — je cite la sténographie: du prix de l'escalope. (Applaudissements 25.000 francs par mois. 11 en est loin. « 11 serait vain do demander au pays à gauche et au centre.) Les prix de la viande sont trop élevés. un nouvel effort fiscal si le Gouverne­ Quand, rrotre sympathique M. Coudé du Notre classe ouvrière, nos économique­ ment ne s'attachait pas à établir, je dirai Fore^to (Nouveaux applaudissements sur ment faibles ne pourront bientôt plus presque à rétablir, l'équilibre entre les les mêmes baics.), le deuxième ministre nu n ge r. salaires et les prix. » qu'ait fourni notre Conseil de la Républi­ Pour l'établissement de la paix sociale, . Plus loin, M. le rapporteur continuait: que dans les assemblées gouvernements jes, monsieur le président du Conseil, il faut « Je n'aurais pas pris la responsabilité aura colmaté nos frontières, il n'en aura résoudre au plus tôt le problème de la de présenter à cette tribune le rapport ipas pour cela gagné la bataille de la viande. de la commission des finances si je n'étais viande. (Nouveaux applaudissements.) Très respectueusement, mais avec une pas convaincu de trouver dans le Gouver­ Notre ministre est un ministre désarmé curiosité bien légilime, nous serions fort nement l'énergie et la volonté nécessaires et tuut combat lui sera difficile. honorés, monsieur le président du Conseil, pour parachever une œuvre dont nous Il a ,perdu ses commissions cantonales si vous vouliez bien nous dire quelques remplissons une étape, étape dure à fran­ dVeiiat. mots de vos solutions pour résoudre cet chir, indispensable certes, mais qui serait 11 lui a été rigr.uuT.semer.t int de angoissant problème — vous prendrez inutile si elle n'était accompagnée de faire des achats prioritaires à la production. M. Laffargue avec vous, il vous donnera toutes les mesures qui conditionnent la Il vient de perdre la possibilité de fa; *ï certainement son appui —■ des prix et sa­ vie économique et la vie sociale de ce des achats prioritaires chez le commerçant. laires qui est le corollaire de vos projets pays et si elle ne s'intégrait pas dans Comment voulez-vous que je puisse cul­ financiers. (Applaudissements.) un" ensemble cohérent et définitif. » tiver mon jardin si l'on m'enlève ma bècho Mme le président. La parole est à Or, dans le programme des économies, et mon râteau? M. Charles Brune. le problème de la viande se place au tout Comment voulez-vous que le ministre du M. Charles Brune. Je propose au Conseil premier rang des problèmes qu'aura à ravitaillement puisse faire baisser les prix de la République, en accord avec la déci­ [résoudre le Gouvernement. de la viande s'il ne peut prendre aucune sion do la conférence des présidents,- de Les cours prohibitifs du bifteck, recon­ mesure coercitive ? bien vouloir lever sa séance et de se nus par tout le monde, par les agricul­ J'oubliai»-, et j'étais profondément in­ réunir demain à quinze heures trente. teurs eux-mêmes, qui en rejettent, à juste juste, il lui reste l'arme de la persuation. M. Faustin Merle. Je demande la parole. titre, la faute sur les intermédiaires, par Celte aime, permettez-moi de le dire, Mme le président. La parole est à M. la C. G. À. elle-même, sont à la base d'un est f«-t émoussée et, malgré certaines pro­ Faustin Merle. yéritalble désordre économique. messes de la C. G. A., je persiste L croire M. Faustin Merle. Au nom du groupe A tout instant, depuis Richelieu, les qu'elle sera inefficace communiste, je m'oppose à ce retard 'gouvernements, quels qu'ils soient, ne La grande loi de l'offre et rie la demande, apporté à la discussion du projet. tolèrent pas qu'il y ait un État dans l'État. qui régit à la fois le dirigisme et le libé­ Je crains de trop bien comprendre ce Or, ceux qui détiennent le marché de la ralisme, qui régit actuellement le pro­ qui se passe mais d'après une décision qui viande sont un peu plus nombreux que blème de la viande, es t. favorable aux pro­ a été prise il y a une semaine, on devait les légendaires deux cents familles. Ils ducteurs, à l'emboucheur et défavorable siéger de façon à hâter la fin des travaux sont un peu moins nombreux que les au consommateur. parlementaires, le matin de neuf heures membres de l'Assemblée nationale, en­ Les éleveurs nivernais et bourbonnais, et demie à midi, l'après-midi de quinze viron six cents, mais ils forment un vé­ que je connais bien les emboucheurs de heures à dix-neuf heures ou dix-neuf heu­ ritable état dans l'État, car ils sont les Saône-et-Loire, s'ils n'ont plus de lessi­ res trente et le soir jusqu'à minuit. CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1948 3225

Cet après-midi on nous a demandé une d'urgence, modifiant les taux des amendes suspension d'une heure, de façon à per­ pénales (n? 969, année 1948. — M. Bardon- QUESTIONS ÉCRITES mettre l'étude du projet qui nous est sou­ Damarzid, rapporteur). REMISES A LA PRÉSIDENCE mis. Discussion du projet de loi, adopté par DU CONSEIL DE LA RÉPUBLIQUE Ce soir on demande de suspendre à mi­ l'Assemblée nationale, fixant l'évaluation nuit, c'est normal, mais on. nous demande des voies et moyens du budget général LE 21 SREPTEMBRE 1948 de ne reprendre les travaux que demain pour l'exercice 1918 et relatif à diverses après-midi seulement. dispositions d'ordre financier (n 0 ' 882 et Application des articles 82 et S3 du règle­ Il y a, d'une part. le personnel, qui a 917, année 1948. — M. Dorey, rapporteur ment ainsi conçus: une envie très légitime de prendre des général; n° 918, année 1918, avis de la « Art. 82. — Tout conseiller qui désire vacances; il y a, d'autre part, beaucoup commission de la production industrielle. poser une question écrite au Gouvernement de. parlementaires qui souhaitent égale­ — M. Armengaud, rapporteur ; avis de la en remet le texte au Président du Conseil de ment partir en vacances, et on vient nous commission des affaires économiques, des la République qui le communique au Gouver­ proposer maintenant de retarder les dé­ douanes et des conventions commerciales. nement. bats d'une matinée. — M. Rochereau, rapporteur; avis de la « Les questions écrites doivent être sommai- commission de l'éducation nationale des rement rédigées et ne contenir aucune impu­ M. de Menditte. Il y a un conseil des mi* tation d'ordre personnel à l'égard de tiers nistres demain matin. beaux-arts, des sports, de la jeunesse et nommément désignés; elle ne peuvent être des loisirs. — M. La Gravière, rapporteur; posées que par un seul conseiller et à un M. le président du conseil. C'est juste­ et avis de la commission de l'intérieur seul ministre. » ment la réponse que je voulais faire à (administration générale, départementale « Art. 83. — Les questions éentes sont pu­ M. Faustin Merle. Demain matin se tiendra et communale, Algérie). — M. Valentin- bliées à la suite du compte rendu in extenso; un conseil des ministres qui se poursuivra Pierre Vignard, rapporteur). dans le mois qui suit cette vublication, les jusqu'à midi ou une heure. Dans ces réponses des ministres doivent également y Discussion.du projet de loi, adopté par être publiées. conditions, il sera difficile au président l'Assemblée nationale, portant ouverture du conseil d'être là pour défendre les « Les ministres ont toutefois la faculté de de crédits- et autorisation d'engagement déclarer par écrit que l'intérêt public leur, projets financiers. de dépenses sur l'exercice 1948 (nos 889 et interdit de répondre on, à titre exceptionnel, Je pense que vous conviendrez qu'il y 911, année 1918. -- M. Dorey, rapporteur qu'ils réclament un délai supplémentaire pour a ainsi une raison suffisante pour remettre général). rassembler les éléments de leurs réponse; ce la séance à demain après-midi. Discussion du projet de loi, adopté par délai supplémentaire ne peut excéder un mois M. Faustin Merle. Il y a d'autres projets l'Assemblée nationale, relatif au contin­ « Toute question écrite à laquelle il n'a vas que nous pouvons examiner sans que gentement des rhums des départements été répondu dans les délais prévus est conver­ M. le président du conseil soit présent. et territoires d'outre-mer (n os 812, année tie en question orale si son auteur le de* Mme le président. Je vais consulter le 1948) . mande. Elle prend rang au rôle des questions Discussion du projet de loi, adopté par orales à la date de cette demande de conver­ Conseil sur la date et l'heure de la pro­ sion. » chaine séance. l'Assemblée nationale, reconduisant l'allo­ Je mets aux voix la date et l'heure la cation temporaire aux vieux pour le troi­ plus éloignée, c'est-à-dire demain à quinze sième trimestre de l'année 1918, majo­ Liste de rappel des questions écrites aux­ heures trente. rant le taux de l'allocation temporaire et quelles il n'a pas été répondu dans le mois (Cette proposition est adoptée et le de l'allocation à domicile, unifiant le taux qui suit leur publication. .'Conseil décide de renvoyer la suite de minimum de la majoration pour conjoint à charge et modifiant l'ordonnance n°45- (Application du règlement la discussion le lendemain, mercredi du Conseil de la République.) 22 septembre, à quinze heures trente mi - 2250 du 4 octobre 1945 (nos 888 et 959, an­ tiutesA née 1948. — M. Menu, rapporteur; et avis de la commission des finances). Présidence du conseil.

Discussion du projet de loi, adopté par SECRÉTARIAT D'ÉTAT A L'INFORMATION - 9 - l'Assemblée nationale, portant ouverture de crédits au titre du budget du ministère N» 1091 Antoine Avinin, DEPOT D'UN RAPPORT de la production industrielle pour l'exer­ cice 1947 (n° 884, année 1948; et avis de SECRÉTARIAT D'ÉTAT A LA FONCTION PUBUQUB Mme le président. J'ai reçu de Mme De­ la commission des affaires économiques, ET A LA RÉFORME ADMINISTRATIVE vaud un rapport fait au nom de la commis­ des douanes et des conventions commer­ No 1000 Marc Rucart. sion de l'intérieur (administration géné­ ciales. — M. Rochereau, rapporteur). rale, département et communale, Algérie) , Discussion du projet de loi, adopté par Agriculture. . pur la proposition de résolution de l'Assemblée nationale, portant ouverture MM. Ahmed Boumendjel, Ahmed Tahar et de crédits au titre du budget ordinaire de N»» 1144 Henri Buffet. — 1150 Guy Montier, Ahmed-Yahia, tendant à inviter le Gouver­ l'exercice 1948 (services civils) (n° 887, nement à réparer les torts matériels subis année 1948; et avis de la commission des Défense nationale.

par les familles françaises et musulmanes affaires économiques, des douanes et des N°S77 Général Paul Tubert. lors des événements du 8 mai 1945 et les conventions commerciales. — M. Roche­ reau, rapporteur). jours suivants, en Algérie (n° 542, année Éducation nationale. 1948). Il n'y a pas d'opposition ?... Le rapport sera imprimé sous le n° 981 N°" 1160 Jean-Marie Thomas. et distribué. L'ordre du jour est ainsi réglé. Personne ne demande la parole ?... Finances et affaires économiques. — 10 — La séance est levée. N°" 217 Germain Pontille.' — 231 Jacques Destree. — 390 André Pairault. — 520 Bernard REGLEMENT DE L'ORDRE DU JOUR (La séance est levée à vingt-trois heures Lafay. — 632 Alfred Wehrung. — 63S Charles cinquante-cinq minutes.) Brune. — 643 Edouard Richard. — 016 Alfred Mme le président. Voici quel pourrait Le Directeur du service de la sténographie Wehrung. — 6Ï0 Joseph Rocher. — 737 Etienne être l'ordre du jour de la séance de de­ du Conseil de la République, Le Sassier-Boisaunr. — 766. Abel-Durand. —« main, mercredi 22 septembre, à quinze CH. DE LA MORANDIERE. 767 Charles-Cros. — 814 Georges. Maire. —« 839 Marcelle Devaud. — 810 André Dulin. —» heures trente: 862 André Pairault. — 875 Victor Janton. —■ Suite de la discussion du projet de loi, 876 Valentin-Pierre Vignard — 890 Clovis Re­ adopté par l'Assemblée nationale, après Erratum naison. — 92a Jacques Gadoin. — 925 Mau­ déclaration d'urgence, portant création de rice Walker. — 926 Maurice Walker. — ressources nouvelles au profit du Trésor et au compte rendu in extenso de la séance 935 Jean-Marie Berthelot. — 936 Pierre de Fé­ aménagements de certains impôts (n°8 970 du 17 septembre 1948. lice. — 938 Georges Lacaze. — 910 Georges et 974, année 1948. — M. Dorey, rapporteur Salvago. — 956 Henri Monnet. — 971 Antoine Avinin. — 975 Jean Grassard. — 996 Jean Gras­ général). sard. — 1011 Paul Baratgin. — 1013 Marcelle Discussion du projet de loi, adopté par SURSIS A L'EXPULSION DES CLIENTS Devaud. — 1027 Claudius Buard. — 1050 Ernest l'Assemblée nationale, après déclaration DE CERTAINS HÔTELS Pezet. — 1063 Georges Lacaze. — 1065 Marcel d'urgence, tendant à sanctionner les fau­ Champeix. — 1033 Henri Dorey. — 10S1 Paul tes 3 gestion commises à l'égard de l'État Page 3137, 3° colonne, article unique, Gargominy. — 1085 Adolphe Legeay. — et de diverses collectivités et portant créa­ lro ligne: 1086 Antoine Vourc'h. — 1100 Georges Maire. tion d'une cour de discipline budgétaire — 1108 Amédée Guy. — 1114 Alcide Benoit. —i (n° 968, année 1948). Au lieu de: « 1er avril », 1126 Yves Jaouen. — 1133 Georges Salvago. — Lire: « 1er avril 1949 ». 1134 René Simard. — 1141 Jacqueline Pate­ Discussion du projet de loi, adopté par nôtre. — 1149 Luc Durand-Reville. — 1158 l'Assemblée nationale, après déclaration René Depreux. — 1175 Charles Naveau. 3226 CONSEIL DE LA REPUBLIQUE — SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1918

Tahar (*hmeï). Vilhet. . lontier (Guy). Mme Rollin, France d'outre-mer. Tubert (Général), Vittori. Morel (Charles), Romain. Vergnole. Willard (Marcel), - Lozère. Rotinat. N«" 1143 Caïlacha Subbiah. — 1153 Cas tan Victoor. Zyromski, Lot-et- Moutet (Marius). Ligarrosse, Roubert (Alex). Mme Vigier. Garonne, Naveau. Rucart (Marc). N'joya (Arouna). Saint-Cyr, Travail et sécurité sociale. Novat. Salvago. Ont voté contre: Okala (Charles). Sarrien. fi»« 10Û5 Paul Pauly. — 1160 Amédi-e Guy. Ott. Satonnet.

Mar. Mme Oyon. Mme Saunier. Travaux publics, transports et tourisme. Doucouré (Amadou), Abel-Durand. Doumenc. Paget (Alfred). Sempé. Pairault. Serrure. Duchet. 820 Luo Durand-Reville. Aguesse. Pajot (Hubert). S:abas. A lric. Duclercq (Paul). Mme Patenôtre (Jac­ Siaut Amint (Charles). Dulin. queline Thome-). sid Cara. Armengaud. Dumas (François). Paul-Boncour. Ascencio (Jean). Durand-Reville. Simard (René)'. Pauly. Aussel. Simon (Paul). Mme Eboué. Paumelle. Avinin. Ehm. Soce (Ousmane)c Soldani. ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL Baratgin. Georges Pernot. Félice (deJjj Peschaud. Southon. Bardon-Damarzid. Ferracci. DE LA Ernest Pezet; Streiff. Barré (Henri), Seine. Ferrier. sêarvoe du mardi 21 septembre 1948. Pfleger. Teyssandier. Bendjelloul (Mohamed Flory. Pialoux. Salah). Fournier. Thomas (Jean-Marie), Pinton. Gadoin. Tognard. Bène (Jean). Plait. Berthelot (Jean-Marie). Gargominy. Touré (Fodé (Mama­ SCRUTIN (N 0 388) Poher (Alain). Bocher. Gasser. dou). Sur la motion préjudicielle opposée par Poirault (Emile)'. Trémintin. Boisrond. Gatuing. M. Berlioz au projet de loi portant création Poisson. Bolvin-Champeaux. Gautier (Julien). Mlle Trinquier. de ressources nouvelles. Pontille (Germain)'. Valle. Bonnefous (Raymond). Gérard. Pujol. Vanrullen. Bordeneuve. Gerber (Marc), Seine Nombre des votants.. ,. 299 Quesnot (Joseph). Verdeille. Beorgeaud. Gerber (Philippe), Majorité absolue 150 Pas-de-Calais. Quessot (Eugène), Mme Vialle. Bossanne (André), - Racault. Pour l'adoption 87 Drôme. Giacomoni. Vieljeux. Rausch (André), Contre 212 Bosson (Charles), Giauque. Vignard (Valentin- Rehault. Pierre). Haute-Savoie. Gilson. Renaison. Le Conseil de la République n'a pas adop té. Boudet. Grassard. Viple. Reverbori. Vourc'h. Boyer (Jules) , Loire. Gravier (Robert), Richard. Voyant. Meurthe-et-Moselle. Boyer (Max), Sarthe. Rochereau.' Ont voté pour : Brettes. . Walker (Maurice).- Grenier (Jean-Marie), Rochette. Brier. Vosges. Wehrung. MM. Jauneau. Rogier. Brizard. Grimai. Westphal. Ahmed-Yallia. Kessous (Aziz). Mme Brossolette (Gil­ Grimaldi. 'Anghiley. Lacaze (Georges). berte Pierre-). Salomon Grumbach. N'ont pas pris part au vote: Baret (Adrien)', Landaboure. Brune (Charles), Guénin. Larribère. la Réunion. Eure-et-Loir. Guirriec. MM. Ou Rabali (Afibelmai- 'Baron. Laurenti. Brunet (Louis). Amédée Guy. Guissou. jid>. Lazare. iBellon. , Brunhes (Julien), Hamon (Léoj. Gustave. ^Benoit (Alcide) . Le Coent. Seine. Hauriou. Berlioz. Le Contel (Corentin). Brunot. , Helleu. Le Dluz, Ne peuvent prendre part au vote : Bouloux. Buffet (Henri). Henry. Lefranc. Boumendjel (Ahmed). Carcassonne. Hocquard. MM. | Raherivelo, Mme Brion. Legeay. Cardin (René), Eure. Hyvrard. Bézara. I Ranaivo. Lemoine. Mme Brisset. Mme Cardot (Marie­ Ignacio-Pinto '(Louis). Léro. . Buard. • Hélène). Jacques-Destree. Excuses ou absents par congé: /jalonne (Nestor)'. Malga (Mohamadou Caries. Janton. Cardonne (Gaston), Djibrilla). Caspary. Jaouen (Yves), Finis­ MM. Pyrénées-Orientales. Mammonat. Landry. Cayrou (Frédéric)'. tère. Bechir Sow. Sablé. Cherrier (René). Marrane. Chambriard. Jarrié. Bollaert (Emile). Salah. Mme Claeys, Martel (Henri). Champeix. Jayr. Mauvais. Lafay (Bernard), •lolarde-m. Charles-Cros. Jouve (Paul).. Coste (Charles). Mercier (Francois). Charlet. Jullien. David (Léon). Merle ;Faustin), A.-N. Chatagner. Laffargue. ■ N'a pas pris part au vote : Decaux (Jules)> Merle (Toussaint), Var. Chaume!. Lafleur (Henri). Defrance. Mermet-Guyennet. Chauvin. Lagarrosse. le conseiller de la République dont l'éïcc* Djaument. Molinié. Chochoy. La Gravière. tion est soumise à l'enquête; Dubois - (Célestin)'. Muller. Claireaux. Le Goff. M. Subbiah ;Caïlacha). Mlle Dubois (Juliette). Naime. Clairefond. Léonetti. Duhourquet. Nicod. Colonna. Le Sassier-Boisc.unf. Dujardin. Mme Pacaut. Coudé du Foresto. Le Terrier. N'ont pas pris part au vote : Mlle Dumont (Mireille). Paquirissamypoullé, Courrière. Leuret. Mme Dumont Petit (Général), , Cozzano. Liénard. M. Gaston Monnerville, président du Conseil (Yvonne). Mme Pican. Dadu. Longchambon. de la République, et M. Robert Séfot, qui Dupic. Poincelot. Dassaud. Maire , (Georges), présidait la séance. SEtiîler. Poirot (René), Debray. Masson (Hippolyte) /Fourré. Prévost. Delfortrie. • M'Bodje (Mamadou). Walsseix. Primet. Delmas (Général)'. Menditte (de). Les nombres annoncés en séance avaient 'Franceschi. Mme Roche (Marie). Denvers. Menu. été de. ïnae Girault, Rosset. Minvielle. Depreux (René)! Nombre des votants... 301 Grangeon. Roudel (Baptiste). Mme Devaud. Mo!le (Marcel). . Majorité absolue 151 Guyot (Marcel). Rouel. Diop ;Alioune). Monnet. Jaouen (Albert), Finis­ Sauer. Djamah (Ali), Montalembert (de). Pour l'adoption...... 87 tère, Sauvertin. Dorey. Montgascon (de). Contre ...... 214

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