LA BATAILLE DU MONT MOUCHET René CROZET
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LA BATAILLE DU MONT MOUCHET René CROZET DEUXIEME EDITION © Editions LA PLUME DU TEMPS® Août 1999 DEPOT LEGAL: Troisième trimestre 1999 ISBN: 2-913788-05-X TOUS DROITS DE REPRODUCTION, DE TRADUCTION, d'ADAPTATION AUDIOVISUELLE OU RADIOPHONIQUE, etc. MEME PARTIELLE, RESERVES POUR TOUS PAYS. LA BATAILLE DU MONT MOUCHET LA PLUME DU TEMPS® MON EDITION PASSION... A LIRE, A RELIRE, A VIVRE DES COLLECTIONS POUR DECOUVRIR D'EXTRAORDINAIRES OUVRAGES ET LA VIE A CHAQUE PAGE NEUF COLLECTIONS POUR VOTRE PLAISIR - - . CATALOGUE GRATUIT SUR SIMPLE DEMANDE AUPRES DE l'EDITION Direction: Jean-Marc TRUCHET - Auteur et éditeur Couverture: Monument commémoratif du MONT MOUCHET. Photographie: René CROZET LA BATAILLE DU MONT MOUCHET "Il s'est passé ici un épisode trop méconnu mais héroïque de la Résistance Française" Général de Gaulle (5 Juin 1959) "A tous nos camarades Tombés pour un rêve de gloire Et pour la Liberté Que le récit de notre histoire Soit un ultime hommage " René CROZET NOTE DE L'EDITEUR La quasi totalité des photographies provient du film de René CROZET, intitulé: COMPAGNONS DE LA LIBERTE tourné sur les lieux mêmes des événements. Très peu de clichés ont été à l'époque des faits, réalisés durant les événements en question... et pour cause... Le lecteur voudra bien nous pardonner pour la qualité souvent moyenne des photographies reproduites mais celles-ci, par leur réalisme et leur force, nous ont paru indispensables. Elles reproduisent parfaitement l'ambiance de cette glorieuse épopée de la Résistance des Maquis d'Auvergne. Nombre d'acteurs de ce film étaient les compagnons de René CROZET... mais lors du tournage en 1960, ils avaient pris de l'âge... Des hommes venaient de partout, des hommes de tous âges, des hommes qui marchaient, tous volontaires. Ils marchaient en chantant. Tous ces hommes marchaient vers une idée, une espérance. Ils marchaient pour libérer la France de l'envahisseur allemand. Depuis quatre années ils avaient attendu ce moment. Ils pleuraient de joie, ils pleuraient du grand bonheur de la Liberté retrouvée, retrouvée bientôt! Et ils marchaient, oui et c'est pour cela que leurs pieds faisaient mal et qu'ils n'en pouvaient plus de marcher, avec au dos, un sac ou à la main une valise. Si jamais, dans l'histoire des guerres une mobilisation fut faîte dans un si grand enthousiasme et une aussi grande exultation, ce fut bien cette mobilisation du 20 mai 1944, affichée, placardée partout, sous les yeux même de l'occupant, partout, sur les murs, sur les portes, sur les volets, dans les rues, au Puy, à Clermont ou ailleurs, dans les villages. Des milliers d'hommes, dans l'heure, se levèrent, des milliers d'hommes s'avancèrent vers la Liberté... Qu'importaient les pieds en sang dans les sabots, qu'importait la faim ou la soif tout au long du chemin! Notre seule soif alors était la liberté. On allait recréer un monde bientôt, quand nous aurions bouté les boches hors de France... Oui, on referait un monde plein de fleurs et de chansons. La Patrie renaîtrait, la France enfin libre... On en rêvait tout fort d'égalité, de fraternité et de paix, de tous ces mots qui chantaient! Oui, la France du général de Gaulle, notre France aujourd'hui n'avait pas perdu la guerre. On y croyait, on marchait et l'on avait raison. Il y avait quatre longues années déjà, qu'au fond de notre coeur s'était enraciné cet espoir. Ami, entends-tu ? Dans la nuit, la Liberté nous écoute. (Chant des Partisans) 1. LES ALLEMANDS ETAIENT PARTOUT J'avais quatorze ans et j'avais honte. Je restais planté d'inquiétude et de curiosité tout ensemble sur un bord de trottoir, là où l'ancienne avenue de Châteaurouge joignait l'avenue de Lyon, au pont des Trois-Coquins. Au-delà de ce pont du chemin de fer, jeté à coup de traverses noires au-dessus de l'avenue s'étirait une longue théorie de camions peints vert de gris. Il y eut des commandements et des cris dans une langue que je ne comprenais pas. De ces camions jaillirent aussitôt mille soldats casqués, sanglés, l'arme à la main, qui s'alignèrent comme à la parade. J'étais là par hasard. Les écoles étaient fermées. Derrière moi, sur le mur, une affiche fraîchement apposée, invitait la population à garder une attitude calme et digne. "Clermontois, " pouvait-on lire, "notre ville a été déclarée ville ouverte. Aucune défense ne sera par conséquent assurée sur notre territoire. Quoi qu'il advienne, nous vous recommandons de vaquer à vos occupations habituelles dans le plus grand calme afin que tout se passe dans l'ordre. C'est la seule façon d'imposer le respect. " Cette affiche était intégralement reproduite en page 2 par LE MONITEUR, ce jour 21 juin 1940. Il faisait beau et pourtant les Allemands entraient à Clermont-Ferrand. Des explications de notre défaite, extraites d'une allocution du maréchal Pétain, étaient données dans L'AVENIR DU PLATEAU CENTRAL: "Depuis la victoire, l'esprit de jouissance l'a emporté sur l'esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu'on a servi. On a voulu épargner l'effort, on rencontre aujourd'hui le malheur". Ce même jour, sous la plume de son fondateur, Alexandre Varennes, le Journal LA MONTAGNE publiait un vibrant appel à l'espoir. "La guerre à Clermont. L'incroyable, l'impensable est arrivé. Clermont est dans la bataille. Hier soir, le canon a tonné tout près. La D.C.A. a tiré à nouveau. Un long et sinistre panache de fumée s'est élevé vers l'Ouest, les dépôts d'essence flambaient. Pourtant la vie a continué. Dans le calme, les Clermontois attendent l'inévitable: L'invasion. Que nous reste-t-il à dire, à écrire après ce mot? Les phrases n'ont plus leur sens. Une exhortation, toujours la même: Courage. Courage à chaque minute, quoi qu'il arrive. Maintenant, que notre dernier mot soit un mot de confiance. Tout ceci, toutes ces épreuves doivent finir. Nous avons vécu pour un autre espoir, pour un autre idéal. Nous reverrons une aurore nouvelle. La liberté revivra". Il faisait beau et le ciel était bleu, pourtant, les Allemands étaient là. Peu de badauds. Comme par enchantement, les rues s'étaient vidées du flot de leurs réfugiés qui, la veille encore, y traînaient hardes et désespoir. Sur la partie de l'avenue laissée à la circulation, des side-cars, "vert de gris" toujours passaient, virevoltaient, telles des mouches de coches, pétaradaient d'orgueil et d'accents gutturaux. Le bistrot en face était clos. Etait clos aussi tout à coté, le quartier Desaix où les soldats français et leurs officiers consignés attendaient sans gloire, leur sort de prisonniers, le Commandement de notre XIII Région en ayant ainsi décidé!.. Il faisait bien trop beau ce jour-là et le ciel était bien trop bleu. Les envahisseurs s'étaient rangés colonne par trois, en rien de temps et en ordre impeccable. Ils partirent du talon gauche à la suite d'un hurlement rauque. Presque aussitôt l'un d'eux entonna un air et ce fut, haut et fier, un étonnant chant de guerre scandant le bruit des bottes, un bruit impressionnant. Devant ces officiers hautains, ces soldats glorieux, je demeurai là, pétrifié, des larmes plein les yeux. Beaucoup plus tard, comme un écho, en contrepoint, au guttural martèlement de nos pavés, me reviendra le souvenir d'un autre chant montant, lui, de la nuit. Une mélopée de la douleur et de l'espoir, un air que nous les partisans, commencions par siffler doucement, entre les dents: "Ami, entends-tu le cri sourd du pays qu'on enchaîne..." Pour la capitale auvergnate la drôle de guerre s'achevait. Une autre allait commencer bientôt: La guerre des ombres. Je rentrai chez moi le coeur gros. La maison était rue d'Estaing, l'un des pavillons militaires édifiés sept ans plus tôt entre les granges immenses du parc à fourrage et le stand de tir du 92 R.I. Après que tant de jeunes résistants y aient été fusillés. Jamais ce stand de tir n'aurait dû resservir si nous avions en France un minimum de respect pour nos martyrs. Il fut notre Mont Valérien, à nous les Auvergnats! Mais comme disait quelqu'un que je n'ai plus à citer: "Les Français ont la mémoire courte... " En revenant chez moi ce jour-là, je revivais des joies d'enfants qui appartenaient au passé: Les défilés, le drapeau, les feux d'artifice que nous offrions à nos parents, chaque année dans ce quartier et cette impasse du parc à fourrage. Pourquoi "à fourrage"? Parce que simplement notre armée, face aux divisions blindées allemandes, n'avait, elle, que du cheval-crottin, rien que de l'artillerie hippomobile avec ses canons de 75 et ses caissons, rien qu'une guerre de retard... Il ne manquait en revanche, aucun bouton de guêtre! Alors, il fallait quand même bien les nourrir ces chevaux du 16 Régiment d'Artillerie... D'où ces immenses granges pleines de paille et de foin, ce fameux parc à fourrage desservi par une voie ferrée qui barrait l'entrée de l'impasse. L'atavisme aidant, tous les enfants du quartier se réunissaient donc aux grandes occasions de l'histoire. Le patriotisme n'avait pas d'âge. Le plus petit avait quatre an, le petit Frank, le plus vieux en comptait douze: c'était moi! Nous étions vingt ou trente et colonne par deux ou par trois, que ce soit du pied gauche ou du pied droit, devant nos parents, nous défilions fièrement. Sabre de bois, drapeau en tête porté par un costaud: Pierrot Souriant et en fin de cortège, nos infirmières portant brassard: Monette Jarrier et Yvette Dubourg qui n'atteignaient pas treize ans à elles deux! Les jeunes Perrichon, les Vincent, les Grollet, d'autres encore dont les noms me sont perdus..