Journal De L'a.N.A.C.R Du Jura
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N°82 2016 Journal de l’A.N.A.C.R du Jura www.anacr-jura.com Journal de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance (A.N.A.C.R) EDITORIAL & POINT DE VUE AFFIRMER NOS VALEURS RESISTER FACE A LA TERREUR Tout est là dans ces quelques mots et pourrait suffire comme éditorial de ce journal 2016. Pour autant, il convient d’aller un peu plus avant et d’expliquer pourquoi, pour des raisons indépendantes de notre volonté, le numéro 82 de « Résistance jurassienne » qui devait faire compte rendu de nos actions 2014 n’a pu paraître en 2015. Ces raisons s’expliquent aisément : manque de disponibilité, surcharge de travail, en particulier pour Garance Herbillon qui doit assumer seule la mise en page du journal tout en continuant ses études. Nous manquons cruellement de gens en capacité de manipuler l’outil informatique. Il nous faut donc recruter de toute urgence si l’on ne veut pas voir disparaître rapidement notre publication. Par ailleurs, il semble nécessaire qu’au cours de cette année nous débattions de l’avenir de notre journal ou si nous le remplaçons dès maintenant par le site internet qui lui aussi demande beaucoup de travail. Il paraît très compliqué pour Garance de mener de front la mise en page du journal, la mise à jour du site internet, d’assumer le rôle de porte drapeaux, de participer aux diverses animations dans les écoles, avec le SPIP pour les stages citoyens, … Pour l’heure, nous avons trouvé une solution temporaire qui consiste à jumeler le numéro retraçant 2014 et celui retraçant 2015, afin de faire le compte rendu de ces deux années mémorielles importantes ; 2014 marquant le 70ème anniversaire de la libération du Jura et son lot de répressions, et 2015 marquant le 70ème anniversaire de la fin des combats ainsi que celui de la libération des camps et du retour des déportés. En second lieu il convient de rappeler qu’il y a 71 ans la « bête immonde » rendait l’âme, l’Allemagne nazie capitulait sans conditions, le programme du Conseil National de la Résistance se mettait en place. Le 26 juin 1945, 50 Etats signaient le préambule de la Charte des Nations Unies, la création de l’ONU allait suivre, elle sera chargée de mettre en œuvre les principes et les dispositions contenus dans la Charte. Aujourd’hui, 193 pays siègent à l’ONU. L’année 2015 a été marquée par les attentats terroristes de janvier et novembre qui ont fait plus de 130 morts et des centaines de blessés, mais également par la montée des extrême-droites nationalistes dans toute l’Europe et l’arrivée massive de réfugiés fuyant la guerre et le terrorisme. Tout cela ouvre la porte à l’islamophobie, au racisme, au repli sur soi. Tout est devenu subitement très compliqué pour les éveilleurs de conscience et les passeurs de mémoire que nous sommes, il nous faut à partir des valeurs de la République et de la Résistance, travailler à améliorer le vivre ensemble. C’est une nécessité pour éviter les déchirures, les rejets et l’incompréhension et pour que tout un chacun, quelles que soient sa religion ou ses origines, se retrouve dans ce qui fait la grandeur de notre République : Liberté, Egalité, Fraternité, Solidarité. Les Résistants rajoutaient l’optimisme. Nous aussi en avons besoin pour nous persuader que notre combat sera gagnant. Jean-Claude Herbillon Co-Président de l’ANACR LE MOT DE LA REDACTION Chers lecteurs, « Résistance Jurassienne » c’est d’abord le journal des Pour contacter adhérents de l’ANACR, le journal de nos anciens en particulier. Cela permet à ceux qui ne peuvent être présents avec nous le jour même, de voir nos actions. Je tiens à ce que ce journal l’ANACR : soit un lien entre l’association et ses adhérents. C’est pourquoi je m’efforcerai de faire perdurer ce journal. C’est une tâche d’ampleur, alors chaque adhérent doit se sentir concerné et ne doit pas hésiter à nous contacter afin de nous proposer un ANACR Jura et Lons : article. Ce journal c’est aussi un journal destiné à tous ceux, petits et Jean-Claude Herbillon grands, qui veulent découvrir un peu l’histoire de la Résistance [email protected] de notre département. C’est pourquoi nous essayons toujours d’étoffer les informations historiques tout au long du compte- 06-76-54-82-99 rendu de nos actions. C’est également un journal tourné vers ceux qui souhaitent connaître nos actions, nos possibilités d’organisation, afin ANACR Haut-Jura : d’envisager un travail ensemble, qu’il soit ponctuel ou bien pour un partenariat de plus longue durée. Nous sommes à René Lançon l’écoute de vos idées, de vos projets pour avancer dans un but commun. [email protected] Enfin, « Résistance Jurassienne » c’est le journal qui permet à 03-84-42-80-78 ceux qui ne connaissent pas l’ANACR et l’histoire de la Résistance de nous découvrir. J’espère qu’il suscitera chez vous des interrogations sur cette période, un intérêt. Alors n’hésitez pas, contactez nous, venez nous rejoindre ! ANACR Jura-Nord : Je tiens à remercier ceux sans qui ce journal n’existerait pas, Danièle Ponsot correcteurs et auteurs, Jean-Claude, Danièle, Evelyne, Jean, René et André. [email protected] Je vous souhaite une bonne lecture ! 03-84-81-82-06 Garance Herbillon HOMMAGES Le temps fait son œuvre, et l’ANACR n’est malheureusement pas épargnée… C’est ainsi que chaque année quelques camarades Résistants nous quittent. Nous ne pouvons tous les citer, mais nous les associons à cet hommage rendu à trois figures de l’ANACR, disparues en 2015. Léon Soyard : Léon nous a quittés début janvier 2015 et, autour de sa grande famille, une foule très nombreuse lui a témoigné son profond respect et son amitié. Léon était né dans une famille modeste le 3 septembre 1923 à Dole. En janvier 1940, il n’a pas encore 17 ans lorsqu’il entre comme ouvrier à l'usine Solvay de Tavaux. Il y restera jusqu’en octobre 1943. A cette date, refusant le Service du Travail Obligatoire, il doit quitter la région doloise. Il gagne alors, dans le Haut Jura, le maquis de Prémanon-Lamoura que dirige Lucien Margaine, aviateur qu’il a connu lorsque ce dernier était au camp d’aviation de Tavaux. Il découvre le maquis, ses contraintes, sa discipline, mais aussi la faiblesse de son armement. L’expérience qu’il en retirera sera appréciée : de retour dans la région doloise, il est vite désigné chef du détachement "Jeunesse libre" du bataillon FTP Maurice Pagnon, qu’il dirigera de décembre 1943 à la Libération du département. Avec ses jeunes et des moyens de fortune, il organise des sabotages d'écluses, de pylônes électriques, de voies ferrées... En septembre 1944 il s’engagera pour la durée de la guerre au 1er Régiment de Franche-Comté avec lequel il combattra pour la libération des Vosges et de l’Alsace, avant de pénétrer en Allemagne puis en Autriche. C’est là qu’il est démobilisé en décembre 1945. Ce « fils du peuple », qui a connu la misère et la faim du quotidien de la classe ouvrière de la région doloise occupée pendant la guerre, a toujours porté un regard lucide, dénué de complaisance et de tout sectarisme, sur les réalités de la Résistance à laquelle il a tant apporté. Il a témoigné sur l’énorme disparité entre la volonté de ces hommes de lutter contre l’ennemi et la modicité des moyens humains et matériels pour le réaliser : des jeunes apprenants sur le tas l’utilisation des explosifs, avec un matériel distribué au compte-gouttes. Et un manque récurrent d’armes qui, à ses dires, ne seraient guère, pour l’essentiel, sorties de leurs caches avant la Libération. Lucidité, modestie, mais aussi humour, lorsqu’il nous parlait de son engagement dans l’armée régulière en septembre 1944 : manque total de formation militaire de la plupart des recrues, son incapacité à marcher au pas, manque d’armement (un fusil-mitrailleur pour trente hommes), rapports avec l’armée régulière (le 6e Régiment de Tirailleurs Marocains) qui lui faisaient dire : « On était tous des ignorants, comme des gosses à l’école en face de l’instituteur. » Homme simple, d’une rare modestie, d’un humour corrosif, il ne parlait jamais de ses décorations, amplement méritées : Croix de guerre, Citation à l'ordre de la Région militaire, Médaille de la Résistance. Et pourtant on évoquera encore très longtemps son nom. Notre ami Léon fut l’un des pionniers de la mise en place de l’A.N.A.C.R dans la région doloise et bisontine. Adieu Léon ! André Robert Roger Pernot : Roger Pernot 1924-2015 : une vie d’engagement ! Octobre 1940, c’est la rentrée au lycée Rouget de Lisle de Lons-le-Saunier dans le Jura pour Roger reçu quelques semaines auparavant au concours pour d’Instituteur, à 17 ans. Cette promotion est la première à ne pas suivre sa formation dans les Ecoles Normales, accusées d’être des foyers de « mauvais esprits », elles viennent d’être supprimées par Pétain. D’une certaine façon, il n’avait pas tort… Car rapidement, un noyau actif de résistance se crée dans le lycée. Un jour de 1942, alors que toute l’administration de la ville préfecture, dont le Préfet, l’Inspecteur d’Académie, et des hauts fonctionnaires sont réunis dans la cour d’honneur pour assister au salut des couleurs, c’est un drapeau tricolore orné d’une Croix de Lorraine et du V de la victoire qui est hissé devant l’assistance ébahie.