Le 12 janvier 2021

Honorable Honorable Marc Miller Ministre de la Santé Ministre des Services aux Autochtones Chambre des communes Chambre des communes Ottawa (Ontario) K1A 0A6 Ottawa (Ontario) K1A 0A6

Madame la Ministre Monsieur le Ministre,

Nous vous écrivons au nom de la Société canadienne de pédiatrie (SCP) et de ses membres spécialistes de la santé pédiatrique du pays afin de vous exhorter à accélérer l’administration des vaccins contre la COVID-19 au .

Conjointement avec nos collègues en médecine de famille, en gériatrie et en soins infirmiers et avec d’innombrables autres professionnels de la santé, nous étions ravis lorsque Santé Canada a annoncé l’homologation de vaccins sécuritaires et efficaces au Canada. Toutefois, la mise en œuvre de la plus grande campagne de vaccination de l’histoire est lancée beaucoup trop lentement. Les communautés autochtones où la COVID-19 peut avoir des conséquences catastrophiques ont besoin d’être vaccinées dès maintenant. Les travailleurs de la santé de première ligne, qui risquent leur vie pour soigner les Canadiens depuis le début de la pandémie, et les personnes les plus vulnérables du Canada, particulièrement les anciens et les personnes qui habitent dans des établissements de soins de longue durée, ne peuvent pas se permettre d’attendre plus longtemps.

La vie d’un autre groupe de Canadiens, c’est-à-dire les enfants et les adolescents, dépend d’une couverture vaccinale généralisée. Depuis le début de la pandémie, les enfants et les adolescents ont été démesurément touchés par les mesures de santé publique visant à assurer la sécurité des Canadiens contre la COVID-19. Nous nous inquiétons tout particulièrement des effets de ces restrictions sur leur santé mentale.

Il faudra peut-être des années avant de comprendre pleinement l’étendue et l’ampleur de ces effets, mais nous savons déjà certaines choses :

 Les pédiatres, les psychiatres pour enfants et adolescents et les autres professionnels de la santé voient plus de jeunes qui éprouvent des troubles de santé mentale, y compris l’anxiété, la dépression, les troubles alimentaires et la consommation problématique de substances psychoactives.  Les jeunes signalent avoir des troubles de l’humeur et de la concentration et disent avoir l’impression que l’avenir est sans issue.  Les parents décrivent des changements de comportement chez leurs enfants, tels que des crises de colère, de l’irritabilité et de la tristesse.

 Le recours au service de soutien Jeunesse, J’écoute a explosé, et 40 % des appels sont liés à la santé mentale ou affective.

Les écoles font partie des rares mesures quasi universelles à notre disposition pour contribuer à endiguer le flux dévastateur des troubles de santé mentale qui augmentent depuis près d’un an chez les enfants et les adolescents. Pourtant, malgré des données démontrant que les écoles ne sont pas des vecteurs de transmission virale importants, ces établissements continuent d’être ciblés lorsque d’autres mesures échouent.

En raison de la fermeture des écoles d’une grande partie du pays entre mars et juin, il a fallu couper court à de nombreux aspects de l’année scolaire 2019-2020. Les résultats scolaires se sont dégradés (notamment ceux des groupes racialisés ou à faible revenu) et d’importants services sociaux, développementaux, physiques et mentaux ont été perturbés ou interrompus. L’année scolaire 2020- 2021 a déjà été profondément transformée, et on ne sait pas ce que les prochains mois nous réservent. Sans une accélération substantielle de la vaccination, nous mettons désormais en péril l’année 2021- 2022.

Nous ne pouvons pas sacrifier la santé mentale et le développement des enfants pour pallier l’incapacité des adultes à respecter les directives de la santé publique et à endiguer le virus. Compte tenu de notre expérience collective jusqu’à présent, la vaccination généralisée est la seule voie vers le retour de toute la population à une vie normale, et particulièrement les enfants et les adolescents.

Au 11 janvier, le Canada avait administré le vaccin à seulement 0,94 % de sa population, par rapport à 21,42 % de la population en Israël. Si ce taux n’augmente pas considérablement et immédiatement, il faudra des années avant de parvenir à protéger les Canadiens convenablement.

C’est tout simplement inacceptable. Les enfants et les adolescents ne peuvent pas attendre plus longtemps.

Nous exhortons le gouvernement fédéral à travailler en collaboration avec les provinces et les territoires et avec les chefs autochtones pour :

 faire preuve de rapidité et de transparence dans son approche de la vaccination, renforcer ses cibles et limiter les retards de vaccination au minimum.  s’assurer que les enseignants, le personnel scolaire et les autres intervenants du système de la santé soient intégrés aux travailleurs essentiels et soient ainsi priorisés pour l’administration du vaccin.  collaborer avec les nombreux experts en matière de santé, d’administration des vaccins et de logistique qui ont publiquement offert leur aide dans ce processus.

Lors de la déclaration de la pandémie en mars 2020, les gouvernements de tout le Canada ont agi avec célérité et détermination pour adopter des mesures universelles qui ont protégé la santé de la population et atténué les préjudices économiques. Nous avons besoin de cette même concentration et de cette même fermeté pour l’administration du vaccin contre la COVID-19.

Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre et Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération distinguée.

Sam Wong, MD Président de la SCP

Ruth Grimes, MD Présidente désignée

Mark Feldman, MD Vice-président

Ellen Wood, MD Présidente sortante

Stacey Bélanger, MD Membre du conseil (Québec)

Jean-François Turcotte, MD Membre du conseil (Québec)

Heidi Budden, MD Membre du conseil (Nouvelle-Écosse)

Kelly Cox, MD Membre du conseil (Colombie-Britannique et Territoire du Yukon)

Jeff Critch, MD Membre du conseil (Terre-Neuve-et-Labrador)

Kim Dow, MD Membre du conseil (Ontario)

Eddy Lau, MD Membre du conseil (Ontario)

Karen Leis, MD Membre du conseil (Saskatchewan)

Marianne McKenna, MD Membre du conseil (Nouveau-Brunswick et Île-du-Prince-Édouard)

Raphael Sharon, MD Membre du conseil (Alberta et Territoires du Nord-Ouest)

Louise Ing, MD Présidente de la section des résidents

Katie Girgulis, MD Vice-présidente de la section des résidents c.c. L’honorable , ministre du cabinet fantôme responsable de la santé , porte-parole du NPD en matière de santé Luc Thériault, porte-parole du BQ en matière de santé , ministre du cabinet fantôme responsable des services aux Autochtones , porte-parole du NPD en matière de services aux autochtones Sylvie Bérubé, porte-parole du BQ en matière d’Affaires autochtones