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24 images

Vue panoramique (critique de 14 films)

Cinéma québécois et question nationale Numéro 52, novembre–décembre 1990

URI : https://id.erudit.org/iderudit/22158ac

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Éditeur(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (imprimé) 1923-5097 (numérique)

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Citer ce compte rendu (1990). Compte rendu de [Vue panoramique (critique de 14 films)]. 24 images, (52), 86–92.

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AFTER DARK, MY SWEET Soit unboxeu rqu'u ndirec t unpe u crop «punché»a envoy é à refondre dans un style cequ i chez d'autres n'est que tics (cf. à l'asile d'où il s'évade pour tomber dans lesgriffe s d'une veuve State ofGrac e de Phil Joanou).Tou sle sélément sclassique sd u évidemment fatale (Rachel Ward est toujours aussi égarante) roman noir sont donc présents dans After Dark, My Sweet, qui prépareave cu nex-fli c pastrè s net un kidnapping minable. mais ils sont d'abord l'occasion d'un coupd e sonde, dépourvu L'univers désespérément noir de Jim Thompson ne pouvait de tout effet naturaliste, dans l'«autre Amérique», celle des trouver demeilleu rserviteu re nl apersonn ed eJame s Foley. Car routes sans issue, avant d'être infléchis de main de maître vets il y ache z l'auteur d'At CloseRang e une manière singulièred e des parages beaucoup plus troubles. Le scénario, sinueux et prendre son tempspou r installer un climat dans son épaisseur, pervers(aucu n personnage n'a lamaîtris ed eso ndestin , chacun on voudrait dire : sacompacité , endistillan t unefauss e torpeur gouverne ses actes au jugé, avec la vision partielle, tronquée, sous laquelle la tension couve en permanence. Lasoupless ed e qu'il a des choses), épouse en effet le point de vue du boxeur chat de sa caméra et un sens du scope assez rare donnent aux fêlé qui se révèle in extremis occuper la place du mort. Le corps et aux paysages un poids, unedensit é elles aussi uniques mouvement circulaire vers lapupill e de Collie qui clôt le film dans le cinéma américain contemporain. C'est que Foley y confirme que Foley filme depuis l'oeil du cyclone,cett ezon e de occupe uneplac e à part, àl afoi scentral ee tdécalée , travaillant calme trompeur d'où s'engendrent les pires désastres. (E.-U, à revivifier une tradition qui ailleurs sedissou t dans la norme 1990. Ré. : Jame s Foley. Int. :Jason Patrie, RachelWard , Bruce télévisuelle ou s'épuise dans le pire maniérisme. Marqué, Dern.) 114min . Disc: Astral Films. —TH. comme tous les cinéastes de sa génération, par le cinéma de Scorsese (et surtout par Raging Bull), il est l'un des rares Jason Pattic, After Dark, mySwee t

ATTACHE-MOI Suspendu à un filin, lecorp s d'une femme (Victoria Abril en actrice de porno «accro» peu convaincante) oscille au-dessus du vide d'un plateau de tournage : pla n récurrent deAttache-mo i et métaphore du cinéma de Pedro Almodovar sanscess esu rl a corde raide, mais toujours porté par laseul e loi du désir. Enavoi ro upas , pour aimer et pour créer, cequ i revient aumême : tout lecred oalmodovarie n seretrouv e condensédan s lesdeu x figures masculines d e Attache-mot' . Ricky (Antonio Bandetas), lejeun e délinquant aspirant àl a «normalité» et foud'amour , quiséquestr el afemm ed ese srêve sjusqu' à c e qu'ell esuccomb e à se s charmes. Maximo (Francisco Rabal), levieu x réalisateur de films deséri e B, qui refuse decapitule r devant lamor t etcontinu ed e s'investir totalement dansso n métier d'artisan du 7 eart . Bref, deux personnages qui ont la foi — Ricky enport e même lesstigmate s — e t que lecinéast e soumet à une ligne narrative dont lecorp s féminin et le film seraient les enjeux. Comme toujours chezAlmodovar , l'esprit du roman-photo n'est jamais loin. Quant àl'esthétiqu e de Attache-mot' , comédie 86 tendance SMsof t sutfond d e phantasmes masculins, elle sevautre , sans complexe aucun et pour notre grand plaisir, dans l'art du simulacre. Multiplication dessigne s et referents culturels, images pieuses, images publicitaires, auto-citations, clins d'œilà Hitchcock et à la série B, chanson à la Cria Cuervos pour une finale en conte de fées: leciném a n'en finit pasd es esouveni r Et pourtant, sporadiquement, la magie opère, l'artifice secharg e de vérité, leflux fictionne l véhicule l'émotion. Sans doute parce qu'Almodovar entretient avec leciném a un rapport essentiellement physique et instinctif qui relèved e la même alchimiequ el e lien erotique unissant Marina et Ricky. Malgréso névident e charged esincérité ,Attache-mo i reste un film relativement mineur. Comme dans leca s de l'itinéraire fléché d e la vie de Ricky, il constitue une nouvelle pierre singulière apportée à l'édifice d'une œuvre en pleine maturation. Gageons que le meilleur reste à venir. (Esp. 1989. Ré. : Pedro Almodovar. Int. : Victori a Abril, , Loles Leon, Francisco Rabal.) 101min . Dist. : Mal o Film. —G.G.

BETHUNE Parce que tous s'attendaient à un désastre après avoir , espéré un chef-d'œuvre, plusieurs applaudiront, soulagés, ce Bethune Bethune qui n'est manifestement pas un grand film. Lamis e en scène, laphotographie , lemontag ee t lamusiqu e n'aspirent d'ailleurs pas au cinéma, mais à la télévision pour laquelle Bethune a visiblement été calibré. En vérité, Bethune n'est qu'un vaste téléfilm radio-canadien de 1800 0 000 dollarsqu i n'a pas grand-chose à voir avec le cinéma. C'est, empressons- nous de l'ajouter, un bon téléfilm : avec de bons acteurs, de beaux décors, de bonnes répliques et de bonssentiments , mais cela demeure, de la première à la dernière image, un objet de communication télévisuelle, porté par le verbe et monté àu n rythme publicitaire. Ce téléfilm tronqué, puisque la version cinéma n'est qu'un «digest» de laversio n téléd equatr e heures trente, est lui-même amputé de quelque vingt-cinq minutes, que le cinéast ee t savedett e jugeaient essentiellesa udéveloppe ­ ment de l'histoire. Reste tout de même un personnage et un acteur: la force de Bethune (et son originalité bien relative) tient àl avirulenc e ave c laquell eso nsuje t estdépeint , sansfar d ni apologie. Donald Sutherland, qui n'en est pasà s apremièr e interprétation du rôle, incarne à la perfection les petitesses de cegran d homme.So n interprétation donnea u film uneénergi e que la misee n scènees t incapable de lui insuffler. Cen'es t pas suffisant pour en faire un grand film, mais presque assez pour en faire, envers et contre tous, du cinéma. (Canada/Chine/ France. 1990. Ré.:Phillip Borsos. Int.: Donald Suther­ land, , Helen Shaver, Colm Feore, James Pax.) 113 min. Disc: Ciné 360. -G.P.

DADDY NOSTALGIE DansDadd y Nostalgie, comme son nom l'indique, il y a un Daddy, et il y a de la nostalgie. Et c'est à peu près tout. Daddy va mourir, sa fille accourt à son chevet, ils coulent ensemble quelques jours merveilleux-de-tendresse-et-de- complicité. La seule bonne idée du film est de miset sur la connivence linguistique de Bogarde et Birkin: quand ils se parlent en anglais, quelque chose passe qui échappe aux standards d'émotion, mais cela se fait un peu aux dépens du personnage d'Odette Laure, étrange pièce rapportée qui pique lacuriosité , et de l'énigme du couple bien improbable qu'elle forme avec Bogarde. Quant au reste, Daddy Nostalgie est un film bardé d'alibis. Chantage au vécu: il s'est assez répétéqu e le scénario de Colo O'Hagan est autobiographique et que le père de Tavernier est mort pendant le tournage. Prise d'otage au monstre sacré: comme hier Dexter Gordon, on met Dick Bogardedevan t lacamér ae to n meublevaguemen t autourpou r faire un semblant de film. Forcing à l'émotion: chaque scène s'englue dansle sstéréotype sd el a«tendresse» ,d e l'«émotion», de la «nostalgie», tous ces mots tellement essorés par les médias qu'ils en deviennent insupportables. La rengaine Odette Laure, Jane Birkin et Dick Bogarde, Daddy Nostalgie exténuée de l'âge, de la solitude, du malentendu des généra­ tions, et la «petite musique des sentiments» remettent ça

IMAGES 5 2 87 encoreu ncoup .Prièr e d e tire r vo s mouchoirs ,sino n vou s passe z Tavernier semble surtout soucieux de satisfaire son ego de pour un affreux. cinéaste auxdépen sd e son sujet: son film est cimentéd emot s Or, rien n'est plus difficile à manier que ladite petite d'auteurs opportunistes, d'un commentaire off, au ton très musique. On ne joue pas du triangle avec une batte de base­ «belles histoires de Papy Bertrand», qui égrène les banalités ball. Maisquan d Daddy laramèn eave cs anostalgie , lenon-di t ronflantes sur la vie, la mort, le temps qui passe et qui ne est siverbeux , lessilence ss iappuyés , les «petitsdétails » crient revient plus, et de clins d'œil à l'œuvre passée (Jane Birkin si fort qu'ils sont «comme dans la vie» et les regards pèsent croiseLoui sDucreu xdan sl emétro , pour ceu x qu i n'avaientpa s tellement leur tonne de douleur stoïque qu'ils déclinent un compris que l'Auteur ase s thèmes et que Daddy prolonge Un programme trop convenu et trop calculé pour vraiment émou­ dimanche à la campagne). voir. Les petits riens de l'existence, Tavernier savait encore les L'émotion au cinéma n'est pas un réflexe de Pavlov. Elle épinglere n passan ta utemp sd'Un esemain e d e vacances , parc e demande un peu plusd erisque squ e n'enpren d cefil m degro s qu'il laissait respirer un peu ses plans. Ici, la mise en scène, paresseux qui lagèr ecomm eu n fondsd e commerce . (Fr . 1990. capitonnée (passons sur les flash-backs désolants), et laphoto , Ré.: Bertrand Tavernier. Int. : Dick Bogarde, Jane Birkin, trop léchée, empêchent le moindre souffle d'air de circuler. Odette Laure.) 105 min. Dist. : Allianc e Vivafilm. — T.H .

DARKMAN La déception est proportionnelle à l'attente : o n espérait l'explosion de son laboratoire, Westlake-Darkman s'inscrit beaucoup de Darkman au vu d'une bande-annonce promet­ dans la sombre lignée de ces héros traqués et maudits, nésà teuse qui laissait présager le retour en bonne forme de Sam eux-mêmesd'u n trauma duquel ils puisen t asse z d efureu r pour Raimi après le ratage de Crimewave. L'aventure de Peyton assouvir leur vengeance. L'ex-savant met bien sûr son savoira u Westlakeavai t tout pour intéresser : biochimist e torturépa ru n service de son combat, en se fabriquant à volonté des visages gang de tueurs, atrocement défiguré et tenu pour mort après postiches avec lesquels il trompe ses ennemis et tente de retrouver l'amour de sacompagne , qui lecroi t motc «Jesui s Colin Friels et tout le monde et personne», dira-t-il avant de se fondre dans Frances McDormand, lafoul e anonyme . Or , Raimi tentel epar id'u n expressionnisme Darkman qui nes'épanoui t guère que dans ledéco r appropriéd'un e fête foraine, mais donne le plus souvent dans un grand-guignol dont on serait les premiers à se réjouir si on ne le sentait involontaire. Cettaitemen t pseudo-baroque s'abîme viteentr e la grandiloquence et le ridicule, là où la manière sèche et nerveusede sthriller s d'horreur de la Universal d'autrefois (vers lesquels lorgne Raimi)aurai t mieux convenu. Film incontesta­ blement raté, mais tordu et malade, à l'image de son héros, Darkman retient pourtant l'attention, ne serait-ce que parce quel epubli c nesai tvisiblemen t pastro pcommen t prendrece t anti-héros qui fait froid dans le dos plus qu'il ne suscite l'identification. «Plus j'aid'argen t et de moyens et moinscel a stimule mon imagination», avoue lucidement Raimi dans le Premiere américain d'octobre. On lui souhaite donc de tourner bientôt un film fauché qui retrouverait l'invention débridée d'EvilDead. (É.-U, 1990. Ré.: Sam Raimi. Int.: Liam Neeson, Frances McDormand, Larry Drake.) 97 min. Disc: Universal. —T.H.

Clotilde de Bayser et L'ENFANT DE L'HIVER Jean-Philippe Ecoffey, Ce deuxième long métrage d'Olivier Assayas prolonge Lenfant de l'hiver l'univers de Désordre qui se voulait un récit sur la fin de l'adolescence. On peut dire que les protagonistes de ce deuxième film entrent maintenant définitivement dans leur phaseadulte , mais il leur faut alors larévélatio n dec e passage : c'est la venue d'un enfant qui vient cristalliser ce saut qui ne s'entreprendra pas sans angoisse ni méprises. Natalie aime Stéphanequi , lui,aim e Sabine ; e tcelle-c iaim e Bruno . L'enfant de Natalie et deStéphan e semblera rendre lavi e un peu moins impitoyable. Chacun est à la recherche d'u n équilibre qu'il ne cessepourtan t debrise rdan sso néla n versl'autre . La déceptio n nepeu t qu'attendre ce sforcenés d el'amour . Prisonniersd eleur s sentiments, ils prennent leur histoire d'amour avec un sérieux tel que le film en souffre et qu'il donne une impression de claustrophobie, d'enfermement. Lenfant del'hive r estu n film dur et intransigeant pour lespectateu r qui setrouv ee n faced e personnages pour le moins antipathiques. Rien de plus frus­ trant. D'autant plus qu'on se sent étouffé par l'atmosphère

88 MAGES distillée pat cette œuvre noire dont on ne peut s'empêcher de emotions, rires—autan t a ses personnages quau spectateur. dire qu'elle s'avère intelligente et rigoureuse, d'une beauté (Fr. 1989. Ré.: Olivier Assayas. Int. : Clotilde de Bayser, grave mais inaccessible tant ellees t fermée sur elle-même. On Michel Feller, Marie Mathenon,Jean-Philipp e Ecoffey, Gérard souhaiterait bienqu'a u prochainfil mOlivie r Assaya s soi tmoin s Blain.) 114min . Distr. : Franc e Film. — A.R. lesté d'un surmoi formel et laisse quelques échappées —

THE EXORCIST III Passons vite sur l'épilogue imposé en catastrophe et en de TheHereti c miseentr eparenthèses ,c etroisièm eépisod ees t dépit du bon sens par les producteurs, affolés àl'idé e qu'il n'y construit entièrement en référence au premier dont il renoue, ait pas d'exorcisme dans un tel film! (Coût de ces quinze quinze ans plus tard, les fils, en menant le travail d'une minutes: la bagatelle de quatre millions de dollars). Cette archéologie du genre, curieusement nostalgique: tout ce joli greffe bizatre en queue de film d'un épisode parfaitement monde apri sde sride se t de labouteill e et GeorgeC . Scottes t déplacé— bien quesan sdout einévitabl e — ajout e unspécime n plus las qu amais. La panoplie théologique n'est plus là que à la galerie de films hybrides, boiteux, plus ou moins mons- pour mémoire, commeun econventio n ouu nornement , ce qu i ttueux, d'une industrie qui ne sait plus où donner de la tête. rend l«idéologie» del'entrepris e à pe uprè s tolerable. L'ensem­ Jusqu'alors, III s'était refusé aux complaisances ble, très littéraire, s'inscrit dans la tradition britannique du du «gore», leur préférant une sobriété appuyée, disons même fantastique documenté et bavard, qu'illustrèrent naguère les une lourdeur en l'occurrence appropriée à la création d'un films de la Hammer, auxquels on peut penser. William Peter climat qui joue habilement de lasuggestio n (tous lesmeurtre s Blatty, romancier assez imbu de lui-même et scénariste du ont lieu en coulisses) et des recettes classiques du suspense premier Exorcist, passé pour l'occasion derrière la caméra, se (lenteur calculée, travail poussésu r leso n off). Outrequelque s laissedon calle r à so npenchan t pour le s affrontement s oratoires éclairs de démence, l'intérêt du film tient surtout à des interminables, de sorte que le suspense psychologique vas e morceaux incongrus qui en font vaciller la représentation: un délayant. Néanmoins, cela se laisse voir comme une curiosa, long plan fixe, quasi aketmanien, sur un couloir d'hôpital, un dont la désuétude n'est pas le moindre charme. (E.-U 1990. rêveétonnant , unepetit evieill equ i marchea uplafon d comme Ré.: William PeterBlatty . Int. : George C . Scott , , une mouche. L'aventure malheureuse (en termes de box-office) Jason Miller, Brad Dourif.) 105 min. Dist. : Fox .—T.H .

Jason Miller et George C. Scott, The Exorcist III

GHOST Demi Moore et Après avoir épuisé les voyagesdan s letemps , l'Amérique Patrick Swayze, Ghost setourn e versu n nouvel espacepou r faire revivrele svaleur sd e son passé: l'au-delà. Always, Ghost Dad, Flatliners et maintenant Ghost, n'ont manifestement d'autre objectif quel a reconduction desvaleur s familiales dansl eseu lendroi t oùelle s peuvent encoreexister : lepurgatoire . Lefilm d e Jerry Zucker reprend la formule du Spielberg (lui-même un remake, rappelons-le): un homme aime une femme, meurt avant de lelu i dire, veilleun efoi s mort surell e et surveille l'homme qui compte leremplacer Mai sle sauteur s de Ghost ont su, eux, épicer les ingrédients de larecette, e n faisant du disparu la victime d'un meurtre et de son éventuel remplaçant un de ses assassins; et en ajoutant le personnage d'une médium à travers laquelle le défunt peut influencet

MAGES 89 l'histoire, sans être condamné, comme dans le Spielberg, au suivant de près ceux de Driving Miss Daisy et de Pretty rôled e simple spectateur. Woman (deux autresfilms mettan t en vedettede sfemmes , des Cette stratégie permet au film de fonctionner sur trois scénarios et des émotions), montre à quel point les goûts du niveaux simultanément: l'histoire d'amour, belle parce qu'im­ public sont en train dechanger . Et cen eson t pas les critiques, possible; le suspense, avec un héros voyeur et impuissant, abrutis par lesbrontosaure s et lesséquelle s dece t été, qui s'en comme dans Rear Window; et la comédie, car le héros n'est plaindront. (É.-U 1990. Ré.: Jerry Zucker. Int.: Patrick visible que pour nouse t pour lamédiu m qui, aprèsde sannée s Swayze, Demi Moore, Whoopi Goldberg, Tony Goldwyn, de charlatanisme, n'arrive pasà sedébarrasse r d'un vrai fantô­ Vincent Schiavelli.) 127 min. Dist. : Paramount. —G.P. me. La formule a la simplicité du succès. Celui de Ghost,

POSTCARDS FROM THEEDG E La princesse Leia de Star Wars est l'actrice Carrie Fisher, toute quiétude. Mike Nichols, quant à lui, est un cinéaste de lafille d e Debbie Reynolds, célèbre partenaire des Astaire et prix dans le cinéma américain, qui ne s'est jamais désavoué Kelly de l'époque dorée de la comédie musicale américaine. depuis Who'sAfrai d of Virginia Woolfe t qui bouclerégulière ­ Dotée paraît-il d'une intelligence supérieure, Carrie Fisher a ment debon s films, souven t desadaptation s comme ici,quan d écrit un livresu r la relation qui l'unit às a mère, beau modèle il détient un matériau de base solide. C'est le cas avec Post­ d'abusive qui gavait sonenfan t de somnifères pour trinquere n cards. .., où le duo formé de et de Shirley MacLaine est tout à la fois émouvant, éprouvant, hilarant et Meryl Streep, tragique. Ça déménage drôlement, et ça chante comme une Shirley MacLaine et réminiscence d'un cinéma qu'on ne pourra plus jamais faire. Dennis Quaid, Postcards L'écriture du film est exceptionnelle, et les deux actrices from the Edge. mordent dans l'un des meilleurs textes qui soit. L'histoire raconte au cours du tournage d'un film le rapport entre une actricenarcoman ee nréhabilitatio n ets amère ,sta r ultra-kitsch sur leretou r qui doit veiller surs a fille au xfins d'un e claused u contrat d'assurance de la production, ceci pour éviter que l'actrice nesuccomb ee tfass echoi r l'entreprise. Hainee tamou r s'en mêlent et, prévisiblement, l'amour triomphe, ce qui renforce paradoxalement la dimension tragique et souterraine du film car, à l'évidence, il est des choses qu'on ne peut pardonner. La renaissance du personnage de Meryl Streep en chanteuse, rôle qu'elle endosse à la fin pour les besoins d'un nouveaufilm, reste u n beau leurre pour unefemm e quienten d poursuivre savi eà l'écar t des amère , alorsqu ecelle-c i luiavai t précisément enjoint de se recycler dans le chant. Néanmoins, peut-être n'y a-t-il pas eu pardon, le cinéma n'étant pas lavi e et certains stigmates ne se cicatrisant jamais, ce que semble avoircompri s Nichols. (É.-U. 1990. Ré. : Mike Nichols. Int. : Meryl Streep, Shirley MacLaine, Dennis Quaid.) 101 min. Dist. : Columbia.—M.B .

PRESUMED INNOCENT Tiréd'u n best-seller, PresumedInnocen t pâtit unpe ud e ses origines à cause d'une fin inattendue qui devait sut papier résulter d'uneprogressio n dramatique plussoutenue . Sinon, le réalisateur de Sophie's Choice a conçu un suspense classique, l'un de cestria l movies dont nous sommes tous friands, adapté parsurcroî tà l amoral ed u tempsqu' aimposé el aséri etélévisé e L.A. Law. Apreuve , l'unede savocate sd ucabine t oùtravaillai t la splendide créature assassinée (Greta Scacchi) se déplace en fauteuil roulant. Un peu de sociologie... pourquoi pas? Excellent mari et avocat émérite, le héros — un Harrison Ford solide et vraiment touchant — n'en avait pas moins pour maîtresse la victime, à l'endroit de laquelle il cultivait une véritable obsession. Disparue dès le début du film, celle-ci revient hanter l'avocat en flash-back , d'autant que tout le désignecomm el'assassin . L'histoirees t cell e d'u n hommed'un e intégrité absolue entraîné dans les rouages d'un complot sotdide, qui serévéler aêtr ed u domainepriv émai sn'e ndison s pas plus, ce qui laisse bien peu de doute sur son innocence, , Bonnie Bedelia et Harrison Ford, Presumed Innocent. quoique... (É.-U. 1990. Ré. : Ala nJ . Pakula. Int. : Harrison Ford, Greta Scacchi, Bonnie Bedelia, Raul Julia.) 124 min. Disc: Warner Bros.-M.B.

90 IMAGES PUMP UP TH E VOLUM E Allan Moylees t cecinéast e canadien qui avait produit il de son collège, une institution de prestige pour le moins y a bien vingt ans Montreal Main, un beaufilm qu i raconte étouffante. Lapaisibl ecommunaut é de l'Arizona enes t bientôt la relation ambiguë entre un homme dans la trentaine et un tourneboulée, les fans de l'animateur clandestin prenant à la jeune adolescent. Unfilm étrange , pour l'époque surtout, un lettre sesconseil s iconoclastes. Le suicided e l'un desétudiant s exemple de cinéma québécois anglophone très peu réédité, de déclenche les hostilités entre les autorités et les partisans du facture vaguement underground. Aprèscett e longue éclipse , l e mystérieux fauteur detroubles . S'engage une chass eà l'homm e cinéaste rapplique aux États-Unis avec Pump Upth e Volume, invisible, oùcelui-c i estaccompagn éd el abell equ i aperc é son un film ni ambigu ni underground, mais un beaufilm quan d secret et conquis son amour, durant laquelle les hypocrites même. Il est heureux qu'il se taille déjà un certain succèsca r seront démasqués. Le film n'invente rien de vraiment neuf et s'il souscrit àde svaleur s somme toute récupérables, il évitel e son message,essentiellemen t celui desannée s6 0 remis a ugoû t racolage outrancier du tout venant des films pour ados. Osé du jour — lesloga n mobilisateur du hérosétan t quelquechos e plutôt que vulgaire, rebelle plutôt que débile, Pump Upth e comme «Let it be» — ,es t d'une bellenaïveté ,mai s l'ensemble Volume s'adresse avec audace et simplicité au désespoir des n'en dégage pas moins un parfum de sincérité communicatif enfants d'une génération déjà installée, naguère frondeuse. Le (É.-U. 1990. Ré.: Allan Moyle. Int.: Christian Slater, Scott héros est un timide qui trouve à se défouler le soir venu au Paulin, Samantha Mathis, Ellen Greene.) 98 min. Dist.: microd'un e radioà onde scourte squ ecapten t tous le s étudiant s Alliance/Vivafilm. —M.B.

Christian Slater et Samantha Mathis, Pump Up the Volume.

SUIVEZ CET AVIO N Petitesurpris eestivale . Cepremie rfilm a d'emblée lesqualité squ i manquent d'ordinaire àc e genr enavran tentr etou squ'es t la comédie «à la ftançaise»: tempo trépidant, sens de la répartie prompte et de la pantomime, rythme de mitraillette des dialogues. Il baigne dans un climat de loufoquerie très pur, grâce à i'intemporalit é étudiéede sdécor se tde scostume squ iachèv e d'imposer un univers artificiel (au meilleur sens du terme, c'est-à-dire dégagé de toute contingence), propice à la misee n place de gags visuels qui tendent à l'abstraction. Certes on se serait passé d'un boulevard MacCarey et d'une avenue Mamoulian inutilement référentiels, carl e film es témaill épa railleur sd'allusion s plus fines (l eballe t des ascenseur sd ugénériqu equ i rappelle, entre autres, TheApartment , les lits jumeaux dans lachambr e du PDG), et, àse smeilleur s moments, il retrouve avec naturel l'esprit del a screwball comedy américainee t son moteur classique(«il s s e disputen t tout letemp sparc equ'a u fond ilss'aiment») . Bien français, en revanche, le sentencieu xcommissair equ iparl ed elu ià l atroisièm epersonne , joué pa r u n Piépl uéga l à lui-même, flanqué d'un adjoint taré qui se révèle un asd e la déduction. Passé l'excellente première demi-heure, Patrice Ambard aplu sd e mal à maintenir un rythmeéga l : l'intrigu e policière, mal greffée sur lacomédi e decouple , s'effiloche trop vite et nes esoutien t pasassez , même en s'affichant comme pur prétexte (avec un coupd echapea u àFeuillade) . C'est égal, ongoût e àc epeti t film un plaisir presque constant, grâce en premier lieu à l'extravagante et pétulante Isabelle Gélinas et à Lambert Wilson, tout à fait convaincant dans un premier rôle comique de cadre coincé aux prises avec une mère abusive. (Fr. 1989. Ré. : Patrice Ambard. Int. : Lamber t Wilson, Isabelle Gélinas, Claude Piéplu.) 87 min. Dist. : Prima Film.—T.H .

THETW O JAKES Dans The Two Jakes , il ya bien sûr deux Jake, mais il y sesconstructions , laissant lepremie r indemne mais traumatisé a aussi, devant et derrière la caméra, deux Jack: Nicholson par la mort d'un ennemi qui lui ressemble comme un frère. acteur et Nicholson réalisateur. Entre lesdeu x s'es t noué, au fil Sicett e lecture est fantaisiste (et il n'est passû rqu'ell el e des ans, un pacte faustien dont le scénario de soit), elle a tout de même deux avantages bien réels: d'abord, offre la métaphore et la conclusion. D'un côté, Jake Gittes, celui de rendre intéressant un film qui ne l'est malheureuse­ l'enquêteur-acteur; de l'autre, Jake Berman, l'entrepreneur- ment pas toujours; ensuite, celui de relier l'échec du film à réalisateur. Àl afin d u film, lesecon d sesuicider a dans uned e la légende de l'acteur et à celle qui entoure la genèse, déjà

MAGES N • 5 2 9/ mythique, de son dernier film. Ici, l'une et l'autre sont remplacez l'eau par le pétrole), tout en les rendant incompré­ inextricablement liées, comme lesdestin s desdeu x Jake. hensibles, faute d'un filmage net et précis. Lào ù Polanski se The Two Jake s était conçu, avant même la sortie de faisait discret, laissant la place à l'histoire, Nicholson se met Chinatown, comme le second volet d'une trilogie califor­ de l'avant, plus encorederrièr equ edevan t lacaméra . Sesidée s nienne. Lescénarist e Robert Towne(qu i était ungran d amid e de plans sont souvent jouissives et généreuses, mais presque l'acteur) devait réaliser lefilm mai sabandonn a aupremie r jour toujours déplacées, et se transforment rarement en idées de de tournage, lorsqu'il devint clair à tous que le second Jake misee nscène .Quan t àl'intrigue , elledépen d pour salisibilit é (Robert Evans, producteur des deux films et ami des deux d'une ample narration qui était entièrement absente du pre­ hommes) était incapable d'interpréter son rôle (il avait en fait mier film.Nicholso n est uncinéast ed etalen te tu npoète ,c'es t commencé sacarrièr e en incarnant Irving Thalberg, dans Man évident, mais son incapacité à articuler ce genre de matériel of a Thousand Faces en 1957). Lorsque Nicholson entreprit l'est tout autant. En réalisant cefilm (e t il était le seul choix son film, cinq ans plus tard, son producteur était appelé à sur lequel lespartie s impliquées parvenaient às'entendre) , ila témoigner dans uneaffair e de meurtre, et son scénariste l'avait voulu servir à la fois l'acteur et le réalisateur. The TwoJake s abandonné, le laissant colmater au jour le jour les failles d'un trahit malheureusement l'un et l'autre. (E.-U 1990. Ré. : Jac k scénario incomplet. Sanssuccès . Nicholson. Int.: , Harvey Keitel, Madeleine D'où le malaise que dégage The Two Jakes : il reprend Stowe,Me g Tilly , EliWallach , Ruben Blades,Frederi cForrest. ) scène par scène lesdéveloppement s dufilm origina l (cette fois, 138 min. Dist. : Paramount. —G.P.

Jack Nicholson et Harvey Keitel, The Two Jakes .

TEXTES SUR D'AUTRES FILMS À L'AFFICHE 24 IMAGES N° SO-5 11 UNE HISTOIRE INVENTEE LELA C DES CYGNES LA ZONE RÊVES DAKIRA KUROSAWA STANNO TUTTI BENE TAXI BLUES WILD AT HEART

THEWITCHE S Nicholas Roeg est cecinéast e anglaisqu i s'est fait connaî­ tre en signant des films aux récits emberlificotés comme Don't Look Now (1973) et Bad Timing: A Sensual Obsession (1980). Donnant libre cours à son goût pour les atmosphères étranges, Roeg s'attaque aujourd'hui à un livre du toujours surprenant Roald Dahl et réalise The Witches, sorte de conte cruel où une congrégation de sorcières projette de transformer les enfants en souris. Bien appuyé par la magnifique (en présidente des sorcières) et par l'expertise es marionnettes des ProductionsJi m Henson, Roegcré edon cu n univers au carrefour du Mttppet Show, de la parodie et du film d'horreur. Ça pourrait donner un cocktail explosif, mais ça tourne plutôt en mayonnaise mal prise. C'est que le scénario d'Allan Scott et la mise en scène de Roeg semblent écartelés entre les possibilités offertes par leur matériau de base, et que jamaiso nn esen td evéritabl eparti-pri s dans leurtravail . Reste donc unfilm qu i ase sbon s moments, maisqu i ne tient pasl a route. (G.-B. /É.-U . 1990. Ré. : Nicholas Roeg. Int. : Anjelic a Anjelica Huston et Charlie Potter, Witches. Huston, Mai Zetterling, Jasen Fisher et RowanAtkinson. ) 90 min. Dist. : Warne r Bros. — M.J.

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