Beihefte der Francia

Bd. 11

1983

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DE L A »VILL A CAROLINGIENNE « A L A GRANG E CISTER - CIENNE: L E CA S D E L A TERR E D E GLENO N ( , ) DU MILIE U D U Xe A L A FI N D U XIIe SIECL E

Située au pied du rebord occidental du Jura, à proximité de la ville d'Arbois, la terre de Glénon offre l'exempl e remarquable d'une cellule humaine très ancienne dont l'entit é est révélée à travers quatre statuts successifs: petite villa attestée dès la fin de la période carolingienne puis , deu x siècle s plu s tar d e t presqu e jusqu' à l a fi n d u Moyen-Age , grange monastiqu e d e l'abbay e cistercienn e d e Balern e à laquell e succéda , sou s l'Ancien Régime , l a seigneurie ecclésiastiqu e dite de Vauxy et , finalement, aprè s son rattachement administratif à la commune d'Arbois sous la Révolution, maintien de son originalité sou s l a forme d'un e sectio n cadastral e d e 1810 à nos jour s (cart e n ° 1). C'est l e premie r maillo n conn u d e cett e chaîn e aujourd'hu i millénair e qu i es t présenté ici. 1 Quelques ligne s dérobée s a u hasar d d'un e demi-douzain e d e charte s (preuves n t,s 1 à 6) permettent d'abor d d'entrevoi r l a réalité foncière e t les maîtres de cette villa depuis le milieu du Xe jusqu'à celui du XIIe siècle. Les documents deviennent alors moins rares (n os 7 à 24) et fournissent de s renseignements u n peu plus précis sur l'arrivée des Cisterciens à Glénon avec la création de la grange de Vauxy, puis, dans la seconde moiti é d u XIIe siècle , su r leu r patient e conquêt e de s fond s e t de s droit s relevant de cette terre, premier pas vers la reconstitution, sous une forme e t selon des données nouvelles , de l'ancienne villa.

Pour éclaire r l'histoir e d e Glénon avan t l e milieu d u XIIe siècle, les sources son t en vérité pe u nombreuse s e t pe u prolixes . Elle s suffisen t cependan t pou r connaîtr e l'essentiel: Gléno n es t alor s un e petit e villa habité e qui , aprè s avoi r fai t parti e d u domaine personnel de s premiers comtes de Bourgogne, passa à la suite d'une pieus e donation dan s l e temporel d u monastèr e clunisie n d e Vaux-sur-Poligny . Il ne fait aucun doute qu'à cette époque la terre de Glénon était une villa, non au sens strict accord é à ce terme à la période carolingienne entre Loire et Rhin, mais au sens plus généra l de finag e d'u n villag e ave c ses dépendances, se s habitants, se s exploita- tions, so n églis e e t se s dîme s pouvan t releve r d e propriétaire s différents . C e son t précisément l à presqu e tou s le s élément s qu e l'o n retrouv e dan s le s document s disponibles.

1 Cett e étud e es t tiré e d'un mémoir e d e maîtrise intitul é Histoir e d e l a terre d e Glénon, t . I, (. . .969- 1445): le hameau de Glénon et la grange de l'abbaye cistercienne de Balerne, 308 p., présenté en 1969 devant la Faculté des lettres de Dijon, en ses chapitres II, IV et V largement revus, corrigés et complétés en vue du Colloque d e l'Institu t historiqu e alleman d d e Paris , Xanten octobre 1980. La terre de Glénon (J ura) 165 W

20 À BESANÇON

3) ou b s

DOLE

Loue

SALINS SX GLENO N

QROZON •

BUVILLY •

§fa\ CHAMPAGNOL E BALERNE^ BAUME

LONS-LE-SAUNÎER 166 Benoît Chauvi n

C'est bie n l e mot villa qu i es t régulièremen t employ é pou r qualifie r l a terre d e Glénon mis e ains i su r u n pie d d'égalit é juridiqu e ave c le s actuelle s ville s d'Arbois , Poligny e t Salin s o u village s d e , Grozo n e t Molai n égalemen t cité s dan s le s chartes confirmative s énuméran t le s propriétés de s moines d e Vaux: 969: In villa Tormunt. . . et in [villa] Glenoni. . . (preuve n° 1A). 1029: Villam quoque Glenonem . . . (n° 3B). 1069: Villam etiam quae vocatur Glenonis . . . (n° 4A). 1115: Villam etiam quae vocatur Glenonis. . . (n° 5A). 1119: Villam Glenonem . . . (n° 6a). 1144: Villam Glenonem . . . (n° 8B). 1183: Villam etiam quae vocatur Glénon . . . (n° 17B). 1189: Villam etiam quae vocatur Glenonis . . . (n° 19B).

Deux brèves mais très utiles précisions apportent par ailleurs quelques lueurs sur ce territoire. Dan s l a confirmation qu e fi t e n 1029 le ro i d e Bourgogn e Rodolph e III (n° 3) de la donation consentie aux Bénédictins de Vaux par le comte Otte-Guillaume (n° 2), on lit : Villam quoque Glenonem . . . cum silvulis . . ., rivulis . . . cum cunctis ubicumque positis ad eamdem villulam pertinentiis, soi t l'utilisation à trois reprises du même diminutif appliqu é aux forêts, aux ruisseaux et au finage lui-même. Cet emploi répété n'es t certainemen t pa s involontaire ; i l perme t d e suppose r qu e l a terr e d e Glénon e t se s dépendance s étaien t alor s d'un e taill e plu s modest e qu e le s autre s localités mentionnées . Cette supposition s e trouve corroborée par le s termes de la confirmation accordé e aux religieux en 1115 par le comte Rainaud III (n° 5) repris ensuite dans deux diplômes postérieurs (n os 17 et 19): Villam etiam quae vocatur Glenonis . . . et omnibus ad ipsam villam pertinentib us, sicut terra extenditurab uno rivo usque adalium. Cett e précieuse indication livr e donc certaine s limite s d e Glénon a u milie u d u Moyen-Age . Plusieurs acte s des XIIe et XIIIe siècles (n° 9 notamment) prouvent qu e cette terre était déjà bordée à l'est par le ruisseau homonyme, l e Glanon, et, au sud-ouest par le finage d e . L'un e t l'autre constituèrent le s limites de la seigneurie ecclésiasti- que d e Vaux y alia s Gléno n jusqu'e n 1789. Le premier sépar e encor e présentemen t Vauxy du reste de la commune d'Arbois et la limite du second s'appuie sur l'actuel Bief de l'Etang o u Bie f Noir. I l est par conséquent trè s probable qu e c e sont l à les deux ruisseaux indiqué s e n 1115. Et l e dout e n'es t plu s permi s lorsqu'aprè s s'êtr e trè s souvent rendu sur les lieux, on examine une carte: hormis quelques rûs intermittents et de faible longueur, les seuls existants actuellement et surtout les seuls possibles d'après la topographie son t l e Glanon e t l e Bief d e l'Etang. Le s limites nord-est/est e t sud- ouest d e Glénon-Vaux y n'on t don c pa s chang é depui s l e débu t d u XIIe siècle ; au moins. Mais on ne peut pas préciser sur quelle longueur exacte ces deux ruisseaux jouaient alors c e rôle. On dispos e certes pour l e Glanon d e deux sérieu x points d'ancrage: l e confluent d e ses deux principales têtes de sources au sud, le croisement ave c l'antique chemin saunie r Grozon-Villette-lès-Arboi s a u nord , qu i l'u n e t l'autr e marquen t toujours le s extrémités d e Vauxy. Pour l e Bief d e l'Etang, sau f deux courts tronçons amont e t aval , l'existenc e dan s s a partie central e d e deu x bra s enserran t u n marai s empêche toute certitude, même si la limite cadastrale moderne s'appuie sur l'un d'eux ; La terre de Glénon (Jura ) 167 au-delà, l'absence de tout point remarquable et le caractère artificiel d u tracé contem- porain interdisen t tout e hypothèse . Les confin s actuel s d e Vaux y permettent-il s d'e n savoi r davantag e su r ceu x d e l'ancienne villa d e Glénon? L'archéologi e e t l a topographie peuvent éventuellemen t apporter quelque s complément s à cett e recherch e mai s i l convien t d e reste r trè s prudent. Côt é nord-ouest, u n vieux chemin saunie r constitue présentemen t l a fron - tière d e Vauxy su r u n demi-kilomètre , tou t comm e a u sud l e sommet d e l a côte de Sepois e t un e court e portio n d u chemi n d e Sarre, probable ancienn e voi e romaine . Peut-être ce s élément s stables avaient-il s un e fonctio n analogu e a u Moyen-Age ? Enfin, le s limites qui , à peu prè s d e l a cote 352, autre point d'ancrage , rejoignen t à l'ouest un coude à angle droit du Bie f de l'Etang et, à l'est, l e confluent précit é sont à remarquer. L'arbitrair e comple t n'apparaî t finalemen t vraimen t qu' à l'ouest , ver s la grange d e l'Etang . Il serai t assurémen t tou t à fai t hasardeu x d'attribue r péremptoiremen t mill e an s d'âge à tous les tracés contemporains. Des quelque huit kilomètres du périmètre de la terre de Vauxy, un peu plus de la moitié seulement était de façon certaine (3,5 km) ou probable (1 km) ceux de la villa de Glénon (carte n° 2). Mais leur répartition presque tout autour de ce périmètre progressivement confirm é avan t de servir de cadre à une seigneurie ecclésiastiqu e pendan t quatr e siècle s puis à une sectio n cadastral e depui s deux cent s autre s années , autorise à supposer qu e l e territoire d e l a villa d e Glénon devait avoir une assise assez voisine des deux cent trente hectares de l'actuelle terre de Vauxy. Même à être largement corrigée, cette superficie exiguë n'a donc rien de comparable avec celles des finages de Besain, Grozon et Molain qui dépassent le millier d'hectares, d'Arbois, Poligny e t Salins compris entre deux mille cinq cents et cinq mille hectares, tous héritier s approximatif s probable s de s villae homonymes . D e l à san s dout e l'emploi délibér é d u dimuniti f villula dè s l'a n 1029 pour qualifie r Glénon . De là aussi l'effacement d'u n habitat marginal, petit et vulnérable, trop isolé et trop à l'étroit pou r résiste r au x vicissitudes historique s e t bientôt remplac é par un e simple grange mieux adaptée à sa réalité territoriale. C'est dire qu'on ignore à peu près tout du hameau d e Glénon . L'existence d'une église sur cette terre est par contre attestée dès 969; cette année-là, un diacr e nommé Alton e n fi t do n ave c se s dépendances à une certaine Ermentrud e (n° 1). Avec se s dîmes propres, on e n trouve égalemen t trac e à partir d e 1029 (n° 3) dans les documents du monastère de Vaux-sur-Poligny des XIe et XIIe (nos 4,5,6,8,17) jusqu'en 1189 (n° 19). Ce qu i toutefoi s n e saurai t signifie r so n existenc e effectiv e jusqu'à cett e dat e ca r ce s chartes confirmatives , largemen t recopiée s le s unes sur les autres, étaient avant tout destinées à affirmer officiellemen t l a possession d'immeuble s et d e droits , mêm e devenu s hypothétiques , e t no n à décrir e un e réalit é toujour s dûment constatée ; encore qu e l'énoncé de s dépendances d e cette églis e puisse avoi r quelque signification . Enumérées dan s l e détail e n 969 et 1029 (nos 1 et 3), elles sont toutes englobées , à l'exception systématiqu e de s dîmes toujours explicitemen t indiquées , dans l'appella - tion général e pertinentiae san s autre précision dan s toutes le s chartes postérieures, à partir de 1069 (n° 4) par conséquent; champs, prés, bois, ruisseaux ne sont plus cités, servi e t ancillae ont dispar u de s textes . Faut-i l voi r l à une indicatio n a contrario e t 168 Benoît Chauvi n

VÏLLETTE VILLA D E GLENO N

GROZON

GROZON

500 1000 m

mmmm LiMiTE S ATTESTÉE S CHEMIN SAUNIE R

LIMITES POSSIBLE S -•»-*. VOIE ROMAiN E ?

LiMiTES iNCONNUE S (TRAC É ACTUEL ) .311 COTE D ALTITUD E

Ç\ POiN T REMARQUARBL E . COURBE D E N i VEAU (275/350 M)

RUJSSEAU , SOURCE La terre d e Glénon (Jura ) 169

déduire la disparition vers le milieu du XIe siècle des habitants du hameau, seule l'église à cause du droit d e collation e t ses dîmes considérées comme l a principale source de revenus méritant encore la mention? Ce serait probablement aller vite en besogne. On sait e n tou t ca s qu e le s cistercien s acquiren t dè s l e début d u XIIIe siècl e plusieur s chasals, c'est-à-dir e ruine s d e maisons , à proximité d e leu r grange . Une »traditio n incontrôlée« rapport e d'autre part que le s fortifications d'Arbois , édifiée s ver s 1260, auraient été construites »ave c les pierres tirées des ruines du hameau de Glénon« dont l'emplacement exac t rest e a u demeurant inconnu . La disparition d e Glénon paraissant certaine dès cette époque, il faut s e résoudre à ignorer s i elle remonte a u milieu du XIe siècle, rendant ainsi plus commode l'installa- tion de la grange monastique un siècle plus tard, ou s i c'est l'arrivée des cisterciens et leur expansion foncière rapide qui élimina progressivement l e hameau. En l'espèce, la première hypothèse paraît plus vraisemblable mais rien ne s'oppose, bien au contraire et on l e verra, à ce que l'église e t se s droits n'aient subsist é plus longtemps avan t d e disparaître à leur tour et/ou d'être progressivement intégré s au patrimoine cistercien. Les maîtres de cette villa sont mieux connus. Il n'y a pas de doute en effet qu'avan t d'être donné e au x moines d e Vaux vers l'an 1025, la terre de Glénon étai t propriét é personnelle de s premier s comte s d e Bourgogne . Cett e appartenanc e n' a rie n pou r surprendre car elle confirme c e que l'on sait sur le domaine comtal autour de la région de Poligny o ù le s comtes résidèren t à partir d e Rainaud Ier. La donatio n consenti e e n 969 par l e diacr e Alto n e n es t un e premièr e preuve . Certains ont voulu voir dans ce texte la cession de toute la villa elle-même; probable- ment ne faut-il y lire que l'abandon d e l'église et des seuls biens qu'y possédait Alton: . . . ego Altonus . . . dono tibi, Domine mea Ermentrudi et infantibus tuis, partem ex propria ereditate que sunt scite in pago Warascense: in villa Tormunt ecclesia . . . et in Glenoni ecclesia et quidquit ibi aspici vel aspicere videtur, hoc sunt servis et ancillis, campis, pratis, silvis, aquis aquarumque decursibus que situm et inquirendum (n ° 1). La qualit é d e diacr e d u donateu r d e mêm e qu e s a cessio n d e l'églis e d e paraissent aller en ce sens. Quoi qu'il en soit, le bénéficiaire de cette largesse n'est autre qu'Ermentrude d e Roucy, qualifiée ic i de domina, épous e en secondes noces d'Otte- Guillaume, comte de Bourgogne. Aussi est-ce sans doute à la suite d'une dévolutio n successorale que l'on sai t au demeurant for t complex e sinon mouvementée qu'Otte- Guillaume devint détenteur, selon l'interprétation suivie , soit en bloc de la villa toute entière, soi t plu s vraisemblablemen t d e l'églis e e t de s bien s d'Alto n ains i réuni s a u domaine comta l primitif . Une seconde preuve est à trouver dans le don de la terre de Glénon aux clunisiens de Vaux-sur-Poligny. Mai s cette cessio n pos e d e nombreux problème s ca r so n texte , à condition qu'i l ai t réellemen t existé , e t e n l'absenc e d e tou t origina l o u copi e postérieure, rest e inconn u (n ° 2). On ignor e ains i l'identit é d u donateu r e t l a dat e précise de cette libéralité. De fait, les seules sources disponibles en sont des confirma - tions ultérieure s e t pas toujour s auss i explicite s qu'on l e souhaiterait . En l'an 1029, à la demande du comte Rainaud Ier, le roi de Bourgogne Rodolphe III confirma à Odilon, abbé de Cluny, et au monastère de Vaux fondé par le comte Otte- Guillaume, les donations faites par ce même Otte-Guillaume ou par son fils Rainaud Ier: »la villa de Glénon ave c son église et ses dîmes, avec ses serfs hommes, ses vignes, bois, prés, ruisseaux, champs, pâturages, absolument toutes ses terres cultivées ou en 170 Benoît Chauvi n friche e t toutes les dépendances de cette villa où qu'elles soient« (n° 3) est du nombre. A cette date, le passage de Glénon du domaine comtal au temporel bénédictin est donc réalisé. Mais à qui d'Otte-Guillaume o u de Rainaud Ier attribuer cett e générosité? N i ce texte ni ses confirmations postérieures, associant toujours l e père et le fils (nos 4, 6 et 8) ou s e contentant d e terme s plu s vague s (n os 5, 1 7 et 19), n'apportent d e répons e satisfaisante à cette question . Divers arguments dont l e développement sortirai t du cadre de cette étude conver - gent pour qu e cette donation soi t l e fait d'Otte-Guillaume lui-même , peu avan t so n décès survenu e n 1026, en accord avec Rainaud - souvent présenté comme associé à la gestion de s affaire s d e so n père - à l'occasion d e l'installation de s clunisiens dan s la reculée de Vaux, à proximité immédiate de leur capitale, Poligny. Il est même logique de voir dans cette importante donation l a volonté du comte et de son fils de doter ces religieux d'un vast e domaine pourvu e n personnel, au x aptitudes agricole s variées et très proche du monastère; en tout ca s destiné à satisfaire un e partie de leurs besoin s alimentaires, Salins et Grozon assuran t leur ravitaillement e n sel, les propriétés cédées sur l e plateau fournissan t pa r ailleur s l e bois e t constituant le s indispensables zone s de pâturages . San s dout e l e décè s rapid e d'Otte-Guillaum e aprè s cett e fondatio n empêcha-t-il l a rédactio n d'u n act e authentique , c e qu e Rainau d Ier fi t pe u aprè s (n°3>- La présence de cette propriété dans le temporel de Vaux durant les XIe et XIIe siècles est e n tou t ca s attesté e pa r si x document s confirmati f s : chartes de s comte s d e Bourgogne, Guillaum e l e Grand e n 1069 (n° 4) et Rainaud III en 1115 (n° 5), bulles des souverain s pontife s Calixt e II en 1119 (n° 6) et Luc e II en 1144 (n° 8), puis d e nouveaux diplôme s de s souverains comtois , Béatrice e n 1183 (n° 17) et Othon Ier en 1189 (n° 19). On a déjà noté précédemment qu e tous ces textes se contentent d e citer »la villa de Glénon avec ses dépendances, son église et ses dîmes« sans autre précision que celle s concernan t certain s confin s d e c e territoire. E n réalité , i l est sû r qu e dè s avant l e milieu d u XIIe siècl e l a terre d e Glénon n'étai t plu s propriété exclusiv e des moines de Vaux, à preuve l'installation de s cisterciens de Balerne et la cession que leur consentirent bientô t le s bénédictins d e Baume égalemen t possessionné s e n c e lieu .

Les origines de l'abbaye de Balerne sont obscures. Son existence attestée dès l'an 1110, paraît remonte r à la première décenni e d u XIIe siècl e e t avoi r ét é l e fai t d e moine s bénédictins sorti s d e Molesme pour alle r s'installer à Aulps, e n Chablais . Quelque s années plu s tard , e n 1136, et à l'instigation d e sain t Bernar d qu i y envoy a so n am i Burchard, Balern e s'affili a à l'ordre cistercien . L'afflu x probablemen t importan t d e nouvelles recrue s rendi t nécessair e l'installatio n d'un e maison-fill e à Buillo n e t indispensable l'extensio n d'u n tempore l rest é jusque-là tou t à fai t modeste . C'es t à cette première phase d'expansion que se rattachent l'arrivée des cisterciens à Glénon et les débuts d e leur grang e d e Vauxy . La date , le s raison s e t le s condition s d e cett e implantatio n n e son t pa s toujour s connues ave c toutes le s précisions souhaitable s e n dépit d e quelques donnée s sûres. Le premie r documen t prouvan t d e faço n indiscutabl e l a présenc e cistercienn e à Glénon date de l'an 1146: il relate avec quelques détails les circonstances d'un accor d conclu avec le monastère de Baume grâce à l'intervention de saint Bernard (n° 9). Dans La terre d e Glénon (Jura ) 171 sa narratio n d e ce t arrangement , l'abb é Burchar d révèl e qu e plusieur s démarche s avaient précéd é l a transactio n ave c le s bénédictin s e t pren d soi n d e souligne r pa r l'emploi répété de l'adverbe diu qu'elles avaient été entreprises bien avant la passation de l'accord. Il reste toutefois impossible de déduire la durée exacte de ces préliminaires et d e recule r d'autan t l'arrivé e de s cistercien s à Glénon. Mais par une bulle d'avril 1143 (n° 7), le pape Innocent II confirma au x religieux la possession d e bien s qu e manifestemen t Balern e avai t acqui s depui s so n adhésio n à Cîteaux. On y trouve Vaux y (Valsi, Valli) qui sembl e bie n avoi r désign é à l'origine uniquement l e vallo n occup é pa r l e ruissea u di t aujourd'hu i d e l'Etang ; peut-êtr e même ne faut-il y voir que le seul lieu-dit où s e trouvaient le s bâtiments de la grange cistercienne. L'extension progressiv e de l'exploitation monastiqu e aura ensuite limité l'usage d e c e simpl e toponym e a u profi t d e celu i d e Glénon , mieu x adapt é pou r désigner l e domain e de s religieu x dan s so n ensemble . Mai s c'es t finalemen t Vaux y dont l'usage reste prouvé aux XIIIe et XIVe siècles qui l'emportera définitivemen t su r Glénon lorsque les moines, devenus seigneurs de cette terre, auront fai t de leur ferm e le centre fiscal et judiciaire de la seigneurie. Dès lors Vauxy ne cessera plus d'être utilisé pour nommer à la fois le domaine cistercien et la totalité de l'ancien finage de Glénon. Quant a u qualificati f grang e attribu é à l'exploitation d e Vauxy/Gléno n dè s l'a n 1143, il témoign e d'abor d d e l'existenc e d'un e propriét é déj à e n place , e n tou t ca s habitée pa r de s frère s convers . Auss i est-c e trè s probablement , comm e l e laissen t supposer par ailleurs les longues démarches ayant précédé l'accord d e 1146, bien peu de temps aprè s l'affiliation d e Balerne à Cîteaux, soit vers les années 1136/1140 qu'il faut faire remonter l'arrivée des cisterciens à Glénon. Il laisse aussi deviner les raisons qui le s déterminèrent à s'installer su r cett e terre . L'énumération dan s la bulle d'Innocent II des biens possédés par Balerne est à cet égard particulièremen t significative ; ell e illustr e le s choi x immobilier s e t pa r l à le s orientations économiques des nouveaux cisterciens. Leur report sur une carte montre en effet qu e le temporel naissant du monastère est composé de propriétés situées dans deux région s bie n différentes : su r le s plateaux jurassiens , au x abord s immédiat s d e l'abbaye où Balerne a déjà créé la grange de Rubea Aqua et s'est implantée sur le finage de Loulle; sur le rebord occidental du Jura où les moines possèdent des vignes près de Lons-le-Saunier e t de Salin s et surtout l a grange d e Vauxy/Glénon . L'équilibre d e cett e répartitio n apparaî t clairemen t dan s ce t inventair e pourtan t sommaire. Peu avant le milieu du XIIe siècle, la conquête du plateau de Loulle ne fait que commencer, tout comme l'implantation prè s de Lons et de Salins. Ces trois pôles ne tarderont guère à concentrer les principaux efforts d e l'expansion cistercienne; mais pour l'heur e c e ne sont encore que des zones pionnières, soit réservées aux parcours des troupeaux , soi t limitée s à l a cultur e d e l a vign e nécessair e à l a consommatio n intérieure d u couvent . Le s seuls véritables domaine s déj à e n place, dotés chacu n d e pâturages et de prés comme le précise la bulle pontificale, sont les deux granges, l'une de montagne pour mettre en valeur les fonds proches du monastère, l'autre e n plaine pour accroîtr e le s productions e t surtout fourni r l'indispensabl e appoint . Le souci de s religieux d e s'établir su r des terroirs au x aptitudes agricole s complé - mentaires es t net. Le s hautes terres , d e médiocre qualit é cultural e e t exposée s à de réelles rigueur s climatiques , n e permettaien t guèr e qu e l'élevag e e t un e pauvr e agriculture. Aussi la nécessité de se procurer à la fois plus et mieux a-t-elle poussé dès 172 Benoît Chauvi n cette époque les cisterciens à acquérir des fonds susceptibles de satisfaire cette double exigence; par se s qualités naturelles de »bo n pays«, par s a proximité de Balerne, une trentaine d e kilomètres environ , l e rebord occidenta l d u Jura n e pouvait pa s ne pas attirer, pui s fixer , ce s moines cultivateurs . Il faut certes se résoudre à ignorer le s raisons précises qui amenèrent le s religieux à s'implanter dan s l a régio n d'Arbois/Polign y e t plu s particulièremen t à Glénon . Diverses circonstances, occasions ou relations, avant ou après la décision de principe des cistercien s d e crée r un e grange , on t à l'évidence d û joue r u n rôl e aujourd'hu i inconnu faut e d e sources . Aussi , san s e n mésestime r l e caractèr e probablemen t déterminant, n e peut-o n qu e s e borne r à d e simple s constatation s dictée s pa r l a géographie de s lieux . Cinq débouchés naturels sur l a plaine s'offraient au x religieux: vallées de Salins au nord e t d e Lons-le-Saunie r a u sud , reculée s d'Arbois, Polign y e t Baum e a u centre . Mais leu r exiguït é e t leur occupatio n pa r de s villes ou de s monastères conduisiren t logiquement le s moines à leur préfére r u n avant-pay s plu s généreu x et , paradoxale- ment, plus isolé. Les environs d'Arbois présentaient deux avantages supplémentaires: leur moindre éloignemen t d e Balerne ave c une vingtaine d e kilomètres seulemen t e t l'existence d e plusieur s voie s transjurassiennes ; ce s deu x considération s pratique s entrèrent san s doute e n lign e de compte (cart e n ° 1). Quant a u site de Vauxy, la juxtaposition d'éléments géographiques favorables y est tout à fait remarquable . A u milie u d e ce t avant-pays qu i descen d régulièremen t de s plateaux du Jura vers la plaine, il se présente comme un vallon d e forme triangulair e curieusement resserré à l'aval du ruisseau de l'Etang qui en constitue l'axe et s'élargit à l'amont e n raiso n d e l a multiplicatio n de s tête s d e sources . Le s hauteur s d e Saint - Martin e t l a parti e méridional e d e c e val , marécageus e e t aujourd'hu i boisée , l e séparent de Grozon. Au nord, l e mamelon d e Grillard et, à l'est, l a colline de Sepois constituent un véritable petit amphithéâtre au pied duquel se niche la ferme de Vauxy. Invisible de loin, l'endroit es t discret e t retiré. Outre une abondante disponibilit é en eau, i l offr e un e variét é topographiqu e e t pédologiqu e lu i permettan t d'associe r à proximité troi s terroir s nettemen t différenciés : u n fon d alluvia l pla t trè s humid e propice au x herbages, plusieurs terrasse s d e terre grass e e t profonde favorable s au x cultures et des versants e n pente bien orientés, aptes à la plantation d e vignes. Enfin , tout e n respectan t l'isolemen t d e Vauxy, plusieur s voie s ancienne s permettaien t d e rejoindre facilemen t Polign y et , au-delà , Balerne . Autant d'argument s certainemen t constatés e t largemen t soupesés , fait s pou r plair e au x nouveau x cistercien s à l a recherche d'u n lie u adapt é à la création d'un e grange . Restent à envisager les conditions dans lesquelles les moines de Balerne s'installèrent sur la terre de Glénon. Presque toutes, à vrai dire, sont inconnues. Seul l'emplacement de la grange déjà induit par la disposition des lieux paraît attesté par quelques vestiges architecturaux à découvrir dans le gros oeuvre de l'actuelle ferme d e Vauxy, vestiges heureusement épargné s pa r l'incendie qu i ravage a l e bâtiment e n 1978. Au-delà de l'évidente continuité toponymique Valsi-Vauxy, i l est aisé de constater que les abords immédiats de cette ferme semblent comme à dessein avoir réussi à réunir certains des avantages naturels les plus recherchés par l'homme d'autrefois: une source régulière et suffisamment abondant e assure l'indispensable approvisionnement en eau; dans le prolongement des terrasses cultivables, un léger ressaut de terrain propice à de La terre d e Glénon (Jura ) 173 vastes construction s évit e l'humidit é de s bas-fond s e t l e ruissellemen t de s pentes ; l'amphithéâtre topographique enserran t l e tout, largement ouvert a u sud, permet une excellente expositio n tou t e n abritan t de s bise s hivernales ; situé e enfi n l e lon g d e l'ancien chemi n saunie r relian t Grozo n à Arbois, l a ferm e d e Vaux y s e trouv e a u contact de s trois terroirs précédemment reconnus , dispensant ains i ses occupants de trop fréquents e t inutiles déplacements. Aucun autre site du vallon ne semble présenter les mêmes atouts . Mais il faut s e résoudre à ignorer ce que les convers de Balerne trouvèrent à Vauxy lorsqu'ils s' y installèren t ver s le s année s 1136-1140. L'endroit avait-i l ét é habit é précédemment, peu avant leur arrivée ou beaucoup plus anciennement? En l'absenc e de fouilles, i l est impossible de répondre à cette question. I l semble cependant à peu près exclu que la grange ait été édifiée sur l'emplacement exac t du hameau de Glénon disparu, on l'a vu, dès le milieu du XIe siècle probablement, et que la tradition localise, sans preuve , à u n demi-kilomètr e d e là . Autr e élémen t d'importance , égalemen t inconnu à cause de l'indigence de s archives: quelles furent le s bases immobilières qui constituèrent l'embryo n d e l a propriété ? Ainsi, hormis sa date, son emplacement et, dans une moindre mesure, ses raisons, la naissance d e l a grang e d e Vaux y reste-t-ell e obscur e su r d e nombreu x points . L a documentation disponible permet en revanche de mieux connaître l'histoire et l'évolu- tion d e cette exploitatio n duran t l a seconde moiti é d u XIIe siècle.

Une foi s le s fondements d e la grange ainsi mis en place, les cisterciens vont s e lancer dans un e patient e conquêt e de s fond s e t de s droit s rélevan t d e l a terre d e Glénon , conquête qu i aboutir a ver s l a fi n d u XIVe siècl e à l a constitutio n définitive d'un e seigneurie ecclésiastique moulée dans le cadre de l'ancienne villa. La seconde moitié du XIIe siècle correspond à une première phase d'extension immobilière , apparemmen t encore modeste , e t à u n débu t d e consolidatio n juridiqu e comm e e n témoignen t plusieurs documents . La recherche de terres fut l a première préoccupation de s nouveaux arrivants même si, à la suite de la destruction des archives de Vauxy à la Révolution, il faut se résoudre à en ignorer largemen t l a réalité concrète. On n e sait même pas si se produisit alor s à Glénon l'habituel éla n souvent rencontré ailleurs de donations spontanées ou provo- quées de la part des populations avoisinantes. Les seules données disponibles font état de la générosité des comtes de Bourgogne et d'un conflit complexe avec les bénédictins de Baume. Les cisterciens bénéficièrent incontestablemen t du soutien actif des maîtres du pays qui n'hésitèrent pas , en cette région où l e domaine comtal était étendu, à aliéner une partie de leurs biens propres a u profit de s religieux. A une date inconnue, sans doute après 1143 et certainement avan t so n décè s surven u e n janvier 1148, Rainaud III fit donation à Balerne d'un pré (n° 13) comme l'indique une bulle confirmative d'Alexan - dre III en 1181 (n° 15). Malgré l'absence de précision, il faut probablement voir dans cette donation cell e du »Pr é Comte«, toponyme significatif , qu' à l a demande de son épouse Béatrice, fille de ce même Rainaud III, l'empereur Frédéric Barberousse élargit et/ou confirm a officiellemen t e n 1157 (n° 14). La querelle qui opposa Balern e à Baume quelques année s auparavant sembl e bien 174 Benoît Chauvi n relever égalemen t d e cett e volont é cistercienn e d'expansio n foncièr e autou r d e l a grange. On ignore totalement quand e t comment le s bénédictins entrèrent e n posses- sion d e fonds e t de droits sur l a terre de Glénon; l'intermédiaire d u prieuré de Vaux paraît moin s vraisemblabl e qu e celu i de s église s toute s proche s d e Buvill y e t d e Grozon dont ils étaient les patrons. Toujours est-il que quatre textes des années 1146— 1147 d'inégale valeu r documentair e illustren t cett e affaire . Le plus important et premier en date, fin 1146 (n° 9), est une charte notice résumant les modalité s d'u n accor d entr e le s deux monastères . Burchard , abb é d e Balerne , y conte comment , depui s trè s longtemps , i l avai t essay é directemen t o u pa r d e nom - breux intermédiaires d'obtenir de s bénédictins cette terre située en bordure du finag e de Grozon; e n vain jusqu'à c e qu'une interventio n d e Bernard d e Clairvaux par une lettre n e décide enfi n le s moines noir s à acquiescer à sa demande. Burchard racont e alors qu'il se rendit à Baume où la communauté, assemblée sous le porche, consentit à cette donation ; qu e troi s envoyé s d e Baume , Gérard , Hugue s e t Gales , prieurs d e , d'Etrabonne et de La Chapelle, allèrent ensuite à Cîteaux au chapitre général où ils remirent l a terre en question entre les mains de Bernard en obtenant de lui un cens annuel de sept sous estevenans payable à la fête d e saint Pierre-aux-liens; enfin, qu' à leur invitation, Rainard de Bar, abbé de Cîteaux, se rendit le 28 septembre à Baume où, en l a sall e capitulair e e t ave c l'accor d d e tous , l a terr e d e Gléno n fu t donné e officiellement à Balerne dans son intégralité, avec toutes se s dépendances e n prés, en forêts e t e n eau x e n échang e d u cen s fixé . Texte pauvre e t riche à la fois, qui pose en tout ca s autant de problèmes qu'il n'en résout. En des pages déjà anciennes et qui devraient être assez largement revues, nous avions tent é d e fair e l e poin t (cf . n ° 9). Reprenons ic i d e faço n plu s succinct e le s données sûres , le s probabilités e t le s points obscurs . Certitude d'abor d qu e l a durée, déj à signalée , d e cette querelle , l'accor d d e 1146 n'étant que l'aboutissement d'u n lon g différend auque l ni les démarches personnelles de Burchar d n i celle s d e se s intermédiaires n'avaien t apport é d e solution: l'abb é d e Balerne voulait que les bénédictins cèdent à sa maison cette terre proche de la grange de Vauxy mais les moines noirs refusaient obstinément. Certitude encore que le caractère décisif d e l'intervention d e son maître et ami, le futur sain t Bernard, qui écrivit en ce sens - à Baume? - une lettre aujourd'hui apparemment perdue. Certitude toujours que la solennité de cette cession en trois épisodes auxquels furent mêlé s la communauté de Baume à deux reprises avec trois prieurs et, chez les cisterciens, outre Burchard et saint Bernard, l e chapitre général de l'ordre, près de deux cent cinquante abbés à l'époque, et l'abb é d e Cîteau x lui-même . Certitud e enfi n qu e l'acceptatio n pa r Bernar d d e Clairvaux qu'un cens de sept sous soit versé annuellement par Balerne à Baume à titre de dédommagement . Mais qu'avaient cédé au juste les bénédictins? Le texte dit: »la terre de Glénon dans son intégralité avec toutes ses dépendances en prés, en forêts et en eaux«. Qu'ils aient ainsi abandonn é e n censiv e perpétuell e l a totalité d e leur s biens e t d e leur s droits à Glénon, c'es t bie n probable. Mais i l ne faut certainement pa s voir dans cet accord la cession d e toute l a terre d e Glénon; à preuve le s multiples acquisition s qu' y feron t encore le s cisterciens auprè s d e nombreux particulier s a u XIIIe siècle. Quant aux raisons profondes e t aux péripéties de la querelle, elles restent inconnues malgré le s hypothèses qu'elle s ont suscitée s occasionnellement che z deu x historien s La terre de Glénon (Jura ) 175 franc-comtois.2 I l convien t e n tou t ca s de verse r a u dossie r un e bull e d u pap e Eugène III datée d u 16 avril 1147 et confirman t au x cisterciens leu r fundum de Glenum cum appendiciis suis (n° 10) à l'exclusion de toutes leurs autres propriétés tout en rappelant expressémen t l'exemptio n don t ils jouissaient vis-à-vis du paiement des dîmes. L'origine d u différend Baume-Balern e s e trouve don c probablement dan s la mise en valeur par les cisterciens de terres proches de leur nouvelle grange de Vauxy et sur lesquelle s les bénédictins étaien t décimateurs , peut-être par le biais d'une église , ou Grozon par exemple. Mais l'affaire n'e n resta pas là à cause des événements troubles qui agitèrent l'abbaye de Baum e aussitô t après . Deu x mention s d e document s aujourd'hu i totalemen t disparus laissent en effet devine r un épilogue jusqu'alors ignoré. La première est celle d'une charte souscrite par Eue, ancien évêque d'Orléans et Pierre, abbé de Cluny, en faveur de Balerne; non datée, ses termes sont constitués par la démission de l'évêque Eue fi n 1145/début 1146 3 et le décès de Pierre le Vénérable, à Noël 1156 (n° 11). La seconde relevé e dan s deu x inventaire s de s titres d e Balerne retrouvé s récemmen t indique l'existence d'une bull e d'Eugène III concernant le paiement de sept écus (sic) que l'abbé de Cluny devait faire à Balerne, bulle datée d'un 25 octobre à Châlons, donc nécessairement 1147 (n° 12). On sai t qu'après la mauvaise réception de son légat, Eugène III réduisit l e 29 mai 1147 l'abbaye d e Baum e a u ran g d e simpl e prieur é qu'i l soumi t ave c toute s ses dépendances à l'autorité de Cluny le 14 juin suivant.4 Aussi est-ce probablement après cette date , soi t dan s l e courant d e l'été 1147, que Pierre l e Vénérable souscrivi t en compagnie de l'évêque Elie cette charte en faveur de Balerne. La bulle d'Eugène III du 25 octobre peut dès lors apparaître comme la ratification pontifical e de la décision de l'abbé de Cluny de punir Baume en s'engageant au reversement à Balerne des sept sous

2 CHEVALIER , F.-F., Mémoires historique s su r la ville et seigneurie de Poligny . . ., Lons-le-Saunier, 2 vol., 1767-1769, t. I, p. 240-241, écrit qu e le monastèr e d e Buvilly , dépendan t d e Baume , »avai t été suffisamment doté . Glénon , autremen t Vauxy (sic) et son territoire, contigu à celui de Buvilly, faisoien t autrefois partie de ses possessions; ils en furent détachés, tant pour favoriser l'ordre naissant de Cîteaux, que punir l'abbé et les religieux de Baume de ce qu'ils avoient osé maltraiter un commissaire du pape nommé Pierre Osberg, chanoine d'Autun. Cette ferme ou terre fut le prix de leur réconciliation avec Eugène III«. - L'hypothèse d e Chevalier a été reprise pa r ROUSSET, A. , Dictionnaire de s communes d u Jura, Lons-le - Saunier, 1853-58, t. IV p. 387; elle est cependant basé e sur des éléments étranger s à l'affaire, n e serait-ce qu'en raison de la chronologie, l'accord Baume - Balerne de l'automne 1146 ne pouvant en aucun cas être la conséquence d e la mauvaise réception du légat pontifical à Baume a u printemps 1147. LOCATELLI, R. , et autres, L'abbay e d e Baume-les-Messieurs, Lons-le-Saunier , 1978, p. 49-57. GASPARD, B. , Histoire de Gigny, Lons-le-Saunier , 1843, p. 41, établit u n parallèle ave c l a retentissante querell e qu i opposa les cisterciens du Miroir et les religieux de Gigny à propos de la grange de et du paiement de dîmes que les bénédictins avaient coutume d'y percevoir. E t cet auteur d'ajouter e n note: »Saint Bernard enleva ainsi aux moines de Baume leurs droits su r le territoire de Vosci (sic ) près d'Arbois pou r enrichir l'abbaye de Balerne, fill e d e Clairvaux«. De fait, les analogies entr e les deux conflit s son t troublantes : mêmes dates, mêmes intervention s d e saint Bernar d et du souverain Pontife , même s rebondissement s postérieurs . 3 Galli a christiana, t. VIII, col. 1448-50. Cf. CONSTABLE, G. , The Letters of Peter the Vénérable, t. II, Cambridge Mass. , 1967, p. 303-310. 4 MIGNE , P L t. 180 col. 1227-28 (JAFFÉ e t LOEWENFELD , Regest a t. II nos 9061-9063). 176 Benoît Chauvi n prévus par l'accord d e l'année précédente. A Glénon, la victoire cistercienne est donc totale; ell e va assurer prè s d e cinquante an s de tranquillité a u domaine . Malgré le défaut d'archives , nul doute que l'expansion foncièr e e t la mise en valeur de ses terres s'y poursuivirent activement . En 1181, le pape Alexandre III confirma à Balerne la propriété de »la grange de Glénon avec ses terres, ses bois« et, fait nouveau, annonciateur d'un e évolutio n encor e timide, »se s vignes« (n ° 15). Luce III, deux ans plus tar d (n ° 16) et Roger d e Monnet, e n 1189 (n° 18) se bornent à citer, san s autre précision, se s dépendances e n terres e t e n prés. Mais l a dernièr e décenni e d u XIIe siècl e marqu e bie n u n tournan t décisi f dan s l'histoire d e l a grang e d e Gléno n ave c s a transformation e n cellie r e t l e cortège d e difficultés qu i accompagnèren t cett e profonde mutation . Sans aborder l e début du XIIIe siècle au cours duquel les preuves de cette transfor- mation abondent , i l ne fait aucu n doute que dès les années 1180-1190 les cisterciens entreprirent de planter massivement en vignes les terres les plus favorables. En 1199, le comte Othon Ier qualifie la grange de cellier (n° 22), terme que reprend Innocent III en 1208/09 (n° 23). L'irréversible évolutio n d e l'ordr e cistercie n désormai s largemen t tourné vers des préoccupations mercantiles, mais disposant encore d'une grande force de travai l grâce à u n recrutemen t toujour s vigoureu x d e frère s convers , expliqu e certainement, ic i comme partout ailleurs, cette mutation lourde de conséquences. De là l e retou r de s querelle s ave c le s autorité s civile s locale s et , d e nouveau , ave c le s religieux d e Baume . Le diplôme du comte Othon Ier est à cet égard très explicite. Chassant dans la forêt de Taravan proche de Balerne, il fut invit é par les moines à visiter leur abbaye. Après un offic e solennel , i l confirm a devan t l a communaut é rassemblé e dan s l a sall e capitulaire toutes le s donations consentie s a u monastère par ses ancêtres, en prenant bien soin d'interdire à tous les hommes relevant de son pouvoir de troubler en quoi que ce soi t le s cistercien s avan t d'aborde r spécialemen t le s incident s qu i avaien t lie u à Glénon. Le s moine s s'étaien t plaint s e n effe t d'êtr e trè s souven t inquiété s e t mêm e attaqués en leur cellier proche d'Arbois. Afin que cela ne se reproduise plus, le comte prit aussitôt trois décisions: il concéda d'abord à Balerne le droit de ban hors du temps légal des vendanges; mais aussi et surtout la liberté complète de construire et de planter à leur guise, en sorte que ni ses prévôts ni ses hommes d'Arbois, Poligny, Grozon e t n'osent plus à l'avenir ni dévaster ni détruire ce que les religieux avaient mis en place à Glénon; i l leur interdit enfi n d'exige r de s moines n i dommages n i intérêts e t toute extorsio n d'argen t comm e cel a s e pratiquai t chaqu e anné e (n ° 22). Texte significatif à l a vérité e t qu i tranch e su r l a sécheress e habituell e d u juridism e d e l a plupart de s chartes. Trois autres documents, plus sibyllins cette fois, prouvent les difficultés rencontrée s par les cisterciens dans leur mainmise progressive sur la terre de Glénon. Le différen d avec Baume ressurgit e n deux temps. Dès 1191, on apprend qu'il fallut l'arbitrag e d e Rainaud, prévôt de Dole, agissant au nom du comte Othon, pour trancher le litige »en cours depuis très longtemps au sujet du territoire de Glénon«. Après avoir entendu les arguments, malheureusement non rapportés, des parties, Rainaud rétablit la paix entre les deux monastères. Balerne dut acheter l'abandon par Baume de tous ses droits réels ou prétendus contre la somme de soixante livres estevenans et un cens annuel de cinq sous payable à la saint Pierre-aux-liens. Une revanche en quelque sorte de l'affront d e La terre d e Glénon (Jura ) 177

1147. Et deux chartes, largement semblables, l'une scellée par l'abbé de Baume (n° 20), l'autre pa r l e prieu r e t l a communaut é (n°21 ) d e promettr e à Balern e l a stabilit é irrévocable d e l'accor d interven u entr e le s deu x maisons . Accor d bientô t contest é puisqu'en 1209 une troisièm e transactio n fu t rendu e nécessaire . Le s bénédictin s renoncèrent une nouvelle fois » à tous les droits qu'ils avaient ou revendiquaient sur les terres, le s vignes, les prés e t les bois de Glénon . . ., à l'exception toutefoi s de s cens dus et des rentes supportées par ces fonds« contre le prix de cent livres estevenans et un cens annue l d e sep t sou s toujour s a u mêm e terme .

Rien n'arrêtera plu s dès lors le s cisterciens dans leur appropriation d e cette terre. L'histoire d e Glénon entr e l e milieu d u Xe et l a fin d u XIIe siècl e présente don c un double intérêt. Elle permet certes de connaître avec quelque précision l'assise territo- riale et les maîtres d'une petit e villa à la fin d e la période carolingienne. Ell e montre surtout comment , aprè s l a passivité bénédictine, e n des temps i l est vrai difficiles, l e dynamisme cistercien va, une fois l'essor des campagnes revenu, profiter d e ce moule tout préparé pour s e lancer dans une expansion au x allures de conquête e t perpétuer ainsi cett e vieill e cellul e humain e sou s form e d'un e grang e monastique . Mais peu après le milieu du XIIIe et plus encore au début du XIVe siècle, l'évolution interne de l'ordre et celle des temps vont obliger les religieux à accenser ces terres à des particuliers tou t e n asseyan t su r elle s de s lien s d e dominatio n d'u n typ e nouveau . Quelques procè s viendront à bout de s ultimes résistances et , vers le s années 1380, la seigneurie cistercienne sera née. Fait révélateur, le vieux toponyme Glénon disparaîtra alors définitivement pou r être remplacé par celui de Vauxy, ferme désormais entre les mains de tenanciers civils et centre de perception des redevances paysannes au profit de Balerne. Cette situatio n s e prolongera jusqu' à l a Révolution .

Preuves

Abréviations utilisées: A.D.C.O. = Archives départementale s d e l a Côte-d'Or, Dijo n A.D.D. = Archives départementale s d u Doubs, Besanço n A.D.J. = Archives départementale s d u Jura, Lons-le-Saunie r A.M.A. = Archives municipale s d'Arboi s B.M.B. = Bibliothèque municipal e d e Besanço n B.N. = Bibliothèque nationale , Pari s Baverel = B.M.B., collectio n Baverel , ms . 38 (fin XVIIIe - début XIXe s. ) Chifflet = Bibliothèque d u château d e Montmirey-la-Ville, ms . 7201 (milieu XVIIe s. ) MGH = Monumenta Germania e Historic a

1 969 ? 27 ? mai. - Le diacr e Altonus donn e à Ermentrud e (d e Roucy , épous e d u comt e d e Bourgogne), et à ses enfants une partie de ses biens propres parmi lesquels une vigne in Corcellas et, » à Glénon, l'église et tout ce qui dépend ou paraît dépendre de lui sur cette terre, c'est-à-dire serfs, homme s e t femmes , champs , prés , forêts , eau x courante s e t stagnante s existante s o u à découvir«. A. Original , A.D.J. , 13 H 2. a. CHEVALIER , F.-F., Mémoires historiques sur . . . Poligny, t . I, Lons-le-Saunier, 1767, p. 313-314 n° 5. 178 Benoît Chauvi n

2 Vers 1015 ? - Otte-Guillaume, comte de Bourgogne, donne avec l'accord de son fils Rainaud la villa e t l'églis e d e Gléno n à l'abbaye d e Cluny , probablemen t pou r l a dotation d u prieur é d e Vaux-sur-Poligny qu'i l venai t d e fonder . Donation connu e pa r les acte s n os 3, 4, 6 et 8, mais dont on ignor e s i elle a fait l'obje t d'un e rédaction .

3 1029 ( 6 avril/fin ma i ?), Logis. - A l a demande d u comt e Rainau d (Ier), le ro i d e Bourgogn e Rodolphe (III) confirme à Odilon, abb é de Cluny, le s donations faite s a u monastère d e Vaux(- sur-Poligny) pa r Otte-Guillaume , pèr e d u comt e (act e n ° 2), ou Rainau d (Ier) lui-même, d e divers biens parmi lesquels »la villa de Glénon avec son église et ses dîmes, avec ses serfs homme s et femmes , se s vignes , bois , prés , ruisseaux , champs , pâturages , absolumen t toute s se s terre s cultivées o u e n friche s e t toute s le s dépendance s d e cett e vill a o ù qu'elle s soient« . Tradition manuscrite, dernière édition et relevé des publications antérieures dans MGH, Die Urkunden der burgundischen Rudolfinger , éd . SCHIEFFER , Th . - MAYER, H . E. , Munich, 1977, p. 292 n° 121. Voir aussi BERNARD e t BRUEL, Recuei l des chartes de l'abbaye de Cluny, t. IV p. 21 n° 2817, ou Migne, PL 151, 1051 n°3.

4 1069, Poligny, cou r comtale . - Guillaume (l e Grand) , comt e d e Bourgogne , confirm e le s donations faite s a u monastèr e d e Vaux(-sur-Poligny ) pa r Otte-Guillaume , so n grand-pèr e (n° 3), parmi lesquelles »l a villa que l'on appelle Glénon avec toutes ses dépendances et son église avec le s dîme s qu i e n relèvent« . A. Original , A.D.J. , 13 H 2. B. Copie , XVIIIe s. , A.D.J. , 13 H 3. a. partiellemen t dan s CHEVALIER , op . cit., t . I, p. 316-317 n° 9, d'après A .

5

1115, Poligny, maiso n d e Lauren t l e Grammairien . - Rainaud (III), comte d e Bourgogne , confirme le s donations faites au monastère de Vaux(-sur-Poligny) pa r ses ascendants (n os 2, 3,4), parmi lesquelle s »l a vill a qu e l'o n appell e Gléno n ave c so n églis e e t se s dîme s e t toute s le s dépendances d e cett e terr e ains i qu'ell e s'éten d d'u n ruissea u à l'autre«. A. Original , A.D.J. , 13 H 2. B. Copie , 1286, A.D.J., 13 H 2. a. CHEVALIER , op . cit. , t . I, p. 318-320 n° 11 (d'après A ?).

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1119,24 mai, Mauzac. - Le pape Calixte II place sous l a protection apostolique l e monastère e t les biens de Vaux(-sur-Poligny); il confirme e n outre les donations faite s par ses ancêtres, Otte- Guillaume (n ° 2) et Rainau d (Ier) (n° 3), parmi lesquelle s »l a vill a d e Gléno n e t toute s se s dépendances, ave c so n églis e e t se s dîmes« . A. Origina l perdu ? a. CHEVALIER , op . cit., t . I, p. 320-321 n° 13 (d'après A?). - b. ROBERT , U. , Bullair e d e Calixte II, t. I, Paris, 1891, p. 18-19 n° 15. Indiqué: JAFFÉ et LÖWENFELD, Regesta n ° 6696. La verr e de Gléno n (Jura ) 179

7 1143,11 avril, Latran. - Le pape Innocent II place sous la protection apostolique le monastère d e Balerne e t lu i confirm e tou s se s bien s parm i lesquel s »l a grang e d e Valsi ave c se s pré s e t se s pâturages«. A. Origina l perdu ? B. Copie , cartulair e de Balern e perdu ? C. Copi e d e B , Chifflet fol . 43r ° n° 59 et fol . 57v ° n° 11. D. Copi e de B, Baverel fol . 40 n° 59 et fol . 58r ° n° 11. a. WIEDERHOLD, W., Papsturkunden i n Frankreich , t. I, Franche-Comté, Göttingen, 1906 , p. 48 n° 21, d'après D .

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1144,19 décembre, Latran. - Le pape Luce II place sous l a protection apostoliqu e l e monastère de Vaux-sur-Poligny e t lu i confirme le s donations faite s pa r Otte-Guillaume (n ° 2) et son fils , Rainaud (Ier) (n° 3) parmi lesquelles »l a villa de Glénon et toutes ses dépendances, avec son église et se s dîmes« . A. Origina l perdu ? B. Copie , 1520, A.D.J., 13 H 4. C. Copie , XVIIP s. , B.N., coll . Moreau 876, fol. 609. a. CHASSIGNET , A. , Abrégé de l'histoire de Vaux-sur Poligny , dans: Mémoires de l a Société d'émulatio n du Jura 1866, p. 333 preuve n ° 8 (d'après A?).

9 1146, après l e 28 septembre. - Burchard, abb é d e Balerne , avai t demand é e n vai n e t depui s longtemps au x religieu x d e Baume(-les-Moines) , pa r lui-mêm e e t pa r d e nombreu x intermé - diaires, la terre qu'on appelle Glénon, en bordure du finage de Grozon. Finalement, à la prière et après un e lettr e d e Bernard , abb é d e Clairvaux , ell e fu t accordé e à Balern e d e la manièr e suivante: Burchar d e n reçu t un e premièr e foi s donatio n pa r l a communaut é bénédictin e assemblée sou s l e porche d e Baume ; puis , trois envoyé s d e cett e abbaye , Gérard , Hugue s e t Gales, prieurs de Jouhe, d'Etrabonne e t de La Chapelle, vinrent a u chapitre général de l'ordre à Cîteaux et cédèrent alors à Balerne une seconde fois cette terre entre les mains de l'abbé Bernard en obtenant d e lu i un cen s annuel d e sept sous payable à la fête d e saint Pierre-aux-liens; aprè s quoi, ils prièrent l'abbé de Cîteaux, Rainard (d e Bar) de leur rendre visite à Baume, ce qu'il fi t le 28 septembre; et là, en la salle capitulaire et avec l'accord d e tous, la terre de Glénon fu t donnée à Balerne dans son intégralité avec toutes se s dépendances e n prés, en forêts e t en eaux en échange du cen s fixé . A. Origina l perdu ? B. Copie , cartulaire d e Balern e perdu ? C. Copi e d e B, Chifflet fol . 31v ° n° 45. D. Copi e d e A, 1688, A.M.A., K K 4. E. Copi e d e B, Baverel fol . 28r ° n° 45. a. CHAUVIN , B., Saint Bernard et l'abbaye de Balerne, dans Travaux ... de la Société d'émulation d u Jura, 1965-1969, p. 261-264, d'après C e t E. - b. GRILL , L. , Eine unbekannte Urkunde zu r Illustration St . Bernards und des Ordens von Cîteaux, dans Cîteaux, Commentarii cistercienses , t. 20 (1969) p. 105-107, d'après E . Indiqué: 1) A.M.A., KK 6, fol. 2. 2) A.D.J., 16 H 2, fol. 154v° , mention n° 523/1. 3) CHEVALIER, op. cit., t. II, p. 240-241. 4 ) GASPARD, B. , Histoire d e Gigny . . ., note p. 41. 5) ROUSSET, A. , Dictionnaire . . . des communes . . . du Jura, t. IV, p. 387. 6) Gallia christiana, t. XV, col. 248. 7) Ibidem, t. IV, col. 296. 8) CHAUVIN, op . cit., p. 248-258. 9) GRILL, op . cit., p. 97-105. 10 ) LOCATELLI, R . et alii, L'abbaye d e Baume-les-Messieurs, p . 49-50. 180 Benoît Chauvi n

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1147, 1 6 avril, Latran ? (régio n parisienne) . - Le pap e Eugèn e III place sou s l a protectio n apostolique l e monastère d e Balerne , lu i confirm e la possessio n d u »domain e d e Glénon « e t rappelle expressémen t l'exemptio n don t jouissen t le s cistercien s vis-à-vi s d u paiemen t de s dîmes. A. Origina l perdu ? B. Copie , cartulair e de Balern e perdu ? C. Copi e de B , Chifflet fol . 43v ° n° 60. D. Copi e d e B, Baverel fol . 40v ° n° 60. a. WIEDERHOLD, op. cit. supr a n ° 7, p. 69-70 n° 32, d'après D .

11 ( ? 1147, été). - Petri Cluniacensis abbatis chartae pro Balernensibus testis subscribitur dominus Helias quondam episcopus Aurelianensis. A. Origina l perdu ? Indiqué: B.N. , coll . Baluz e 142 fol. 28r°, et Galli a Christiana, t. VIII, col. 1450.

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(1147), 25 octobre, Châlons . - » . . . bulle d'Eugèn e troisièm e datté e à Catalonis d u huictièm e des kalendes de novembre concernant un payement de sept escus que l'abbé de Cluny doit faire à l'abbaye d e Balerne , coth é V«. A. Origina l perdu . Indiqué: 1) Inv. Balerne 1657, A.D.D., II B 1325, fol. 18r° . 2) Inv. Balerne 1687, A.D.D., 5 4 H 9, fol. 17r ° et B.N., coll . Moreau 874, fol. 444v° .

13 Avant 1148, 19/2 2 janvier. - Rainaud III, comte d e Bourgogne , donn e u n pr é à l'abbaye d e Balerne. Donation connu e pa r l'act e n ° 15, mais dont o n ignor e s i elle a fait l'obje t d'un e rédaction .

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1157, 14/2 3 novembre, Arbois. - L'empereur Frédéri c (Ier Barberousse, comte d e Bourgogne) , place sou s s a protection l'abbay e e t l e temporel d e Balern e puis , à l a demande d e so n épous e Béatrice, cèd e au x moine s u n pr é lieu-di t »Pr é Comte « situ é sou s Pupillin . A. Original , B.N., nouv . acq . lat., n ° 2484. Mise au point d'ensemble, apparatus complet et édition critique dans notre étude »L e diplôme de Frédéric Barberousse e n faveur de l'abbaye d e Balerne«, dans: Cîteaux, Commentarii cistercienses , t. 29 (1978) p. 314-323. Voir aussi M.G.H., Diplomata regum et imperatorum Germaniae, t. X, 1, éd. APPELT, H. , Hanovre, 1975, p. 325 n° 194.

15 1181, 2 2 février, Tusculum . - Le pap e Alexandr e III place sou s l a protection apostoliqu e l e monastère de Balerne et lui confirme tous ses biens parmi lesquels »l a grange de Glénon ave c ses terres, se s prés, ses vignes e t ses bois ains i que l e pré donné pa r l e comte Rainaud (III) (n° 13). A. Origina l perdu ? B. Copie , cartulaire d e Balerne perdu ? C. Copi e de B, Chifflet fol . 93v ° n° 152. La terre de Gléno n (Jura ) 181

D. Copi e d e B, Baverel fol . 93v ° n° 152. a. partiellemen t dans WIEDERHOLD, op. cit. supra n° 7, p. 110-111 n° 61, d'après D dont la lecture difficil e a fait transcrire , pa r erreur, grangiam de Claruuo, a u lieu d e grangiam de Glanone.

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1183, 1 6 mai, Velletri. - Le pape Luc e III place sous l a protection apostoliqu e l e monastère d e Balerne e t lu i confirm e tou s se s bien s parm i lesquel s »l a grang e d e Gléno n ave c se s dépen - dances«. A. Origina l perdu ? B. Copie , cartulair e de Balern e perdu ? C. Copi e d e B, Chifflet fol . 51r ° n° 74. D. Copi e de B, Baverel fol . 51r ° n°74. a. partiellemen t dan s WIEDERHOLD, op. cit., p. 117-118 n° 66, d'après D .

17 1183,2 octobre, Saint-Rambert. - L'impératrice Béatric e confirme a u monastère de Vaux-sur - Poligny) le s donations d e se s ancêtres (n os 2, 3, 4, 5), parmi lesquelle s »l a villa que l'o n appell e Glénon ave c son églis e et ses dîmes e t toutes le s dépendances de cette terre ainsi qu'elle s'éten d d'un ruissea u à l'autre« . A. Origina l perdu ? B. Copie , XVIe s., A.D.D., 5 1 H 2. C. Copie , XVIIe s. , B.N. , nouv . acq . franc. , ms . 8735, fol. 213. D. Copie , 1699, A.D.J., 13 H 3. a. CHEVALIER , op . cit. , t . I, p. 326-328 n° 19.

18 1189 (avant avril-mai). - A l'instigation d e Thierry (d e Montfaucon), archevêqu e de Besançon , Roger d e Monnet e t ses fil s reconnaissen t e t confirmen t le s propriétés d e l'abbaye d e Balern e parmi lesquelle s »de s pré s e t de s terre s à Glénon« . A. Origina l perdu ? B. Copie , cartulaire d e Balern e perdu ? C. Copi e d e B , Chifflet fol . 23 n° 34. a. GUILLAUME , J.-B. , Histoire de l a ville d e Salins , t. II, preuves p. 28-29, d'après B .

19 (Peu aprè s 1189 ?) . - Othon (Ier), comte d e Bourgogne, confirm e a u monastère d e Vaux-sur - Poligny) les donations de ses ancêtres (n os 2,3,4, 5,17) parmi lesquelles »l a villa que l'on appell e Glénon ave c son églis e et ses dîmes e t toutes le s dépendances d e cette terre ainsi qu'elle s'éten d d'un ruissea u à l'autre« . A. Origina l perdu ? B. Copie , 1654, A.D.J., 13 H 3. a. CHASSIGNET , op . cit. supr a n ° 8, p. 335-339 n° 10.

20 1191 (Arbois?). - A l'arbitrage de Rainaud, prévôt de Dole et représentant d'Othon (Ier), comte de Bourgogne , l'abb é d e Baume , Ponce , renonc e a u no m d e so n monastèr e à l a trè s longu e querelle ave c Balern e a u suje t d u territoir e d e Gléno n e n abandonnan t tou t c e que Baum e y possédait contre le versement d'une somme de soixante livres estevenans et d'un cen s annuel d e cinq sou s payabl e à l a fêt e d e sain t Pierre-aux-liens . 182 Benoît Chauvi n

A. Origina l perdu ? B. Copie , cartulair e d e Balern e perdu ? C. Copi e d e B , Chiffle t fol . 32v ° n ° 46. D. Copi e d e B, Bavere l fol . 29 n° 46. Indiqué: 1) A.D.J., 16 H 2, fol. 154. 2) ROUSSET, op . cit., p. 389. 3) CHAUVIN, op . cit. supra n° 9, p. 256. Texte inédit , d'aprè s C . Le s terme s identique s de s charte s n os 20 et 21 ont ét é transcrit s e n italiques.

Carta d e Baume . In nomine Sanctae Trinitatis. Compositione s quas inter religiosa fieri contingit monasteria tanta necesse es t diligentia roborari u t semper indissolubilem habean t firmitate m ne c aliquando su b cujusvis occasionis intuit u alicu i partium liceat ab ipsarum compositionu m tenor e legitim o minus fidelite r resilire . Inde est quod ego, Pontius, Balmensis abbas , cum omni conventu Balmensis monasterii , notum facio praesentibus et futuris quod pacem et concordiam super quaerela inter nos et Balernenses diutus agitata pro territorio de Glengnius inivimus, domum utramque mutua dilectione et obsequio sociantes. Ut autem haec devota societas nullis secuturae posteritatis temporibus solveretur sed immobilis atque rata mediantibus cartis fortioribus haberetur, inter nos firmavimus, ut ad arbitrium Rainaudi Dolensis praepositi, vices domini Othonis comitis Burgundiae tune agentis, nos sine aliqua retractatione pacem a haberemus. Qui, auditis mutuis partium allegationibus et ratione pensata, voluit jam dictam controversiam non quidem per Judicium sed potius per amicabilem compositionem consopire. Dixit proinde ut quidquid monasterium Balmense in territorio de Glengneus temporibus habuit retroactis perpetuo jure monasterio cederet Balernensi nec aliquo modo super hoc successores Balmensium calumpniam aliquam adversus domum de Baierna praesumerent suscitare, quin potius contra omnes qui supra jam dicto territorio de Glennius facerent quaestionem Balmenses Balernensibus garantiam portarent legitimam et fidelem. Dixit etiam ut Balernenses abbat i e t fratribu s d e Balmis darent sexaginta libras stephaniensis monetae et ad vincula sancti Petri quinque solidos ejusdem monetae persolverent annuatim. E t si c d e ceter o praefatam terram in perpetuum pacifiée possiderent. Hoc laudavit Walcherius de Sancto Lanteno tune temporis villicus eorum. Ne autem contra jam dictarum seriem pactionum venire aliquatenus a posteris temptaretur sollempnes cartes conscribi fecimus sigillo nostro easdem fortius munire satagentes. Testes sunt Hugo, abbas de Miratorio, Willermus, abbas de Bullione, Hugo, prior de Sancto Justo de Arbois, Walcherus, capellanus de Montaigne, Ulricus, capellanus d e Sancto Michaele de Groisom, Richardus de Salinis, Willermus de Argillois, Wido de Pascuis, Hugo d e Arbois, milites, Rainaudu s Huer s d e Groison, Humbertu s Belius . Anno ab Incarnatione Domini millesimo centesimo nonagesimo primo. a. aliqu a CD. 21 1191 (Baume?). - Richard, prieur de Baume, et tous les religieux d e ce monastère, ratifien t l a transaction précédent e (n ° 20). A. Origina l perdu ? B. Copie , cartulair e d e Balern e perdu ? C. Copi e d e B, Chiffle t fol . 33v ° n ° 47. D. Copi e d e B, Bavere l fol . 30 n° 47. Indiqué: 1) B.N., coll . Baluze , ms . n ° 142, fol. 28r° . 2) A.D.J., 16 H 2, fol. 154v° .

Carta d e Baume . In nomine Sanctae Trinitatis Amen . Quonia m mult a dees t oblivio , necess e es t u t mult a diligentia scripto commendentur qua e indissolubilem habere volunt firmitatem. Inde est quod ego, Richardus , Balmensi s prior, cum omni conventu Balmensiu m monachorum , notum facio praesentibus et futuris etc . jusqu'à satagentes. La terre de Glénon Qura) 183

Verum tarne n quia longu m esset omnium monachoru m qu i interfuerun t nomin a script o commendare, quorumda m tantu m dignu m duximu s subscribere , videlice t Tibertum , tun e subpriorem, Hugonem, priorem d e Juseamoustier. Hugo de Mimis, Girardus, prior de Dola, Humbertus Blanchez , Humbertus d e Montmoret, Aimo de Prisus, Hugo d e Frontenai, Hugo de Charrins, Humbertus d e Charrins, Andreas sacrista, Stephanus decanus . Qui omne s cum reliquo monachoru m Balmensiu m conventu , sicu t praedictu m est , ho c laudaverunt . Testes: Hugo, abbas de Miratorio, Constantinus , monachus de Miratorio, Hugo de Munez, miles, Hugo, filiu s maiori s d e Carol i Castro . Anno ab Incarnatione Domini millesimo centesimo nonagesimo primo.

22 1199, juillet, Balerne. - Othon (Ier), comte de Bourgogne, place sous s a protection l'abbay e de Balerne, confirme l e diplôme de son père, l'empereur Frédéric , y compris l a donation d u »Pré Comte« (n ° 14) et interdit à tous se s hommes d e troubler le s religieux dan s l a jouissance de s largesses d e se s ancêtres , notammen t »a u cellie r d e Gléno n o ù le s moine s son t trè s souven t inquiétés«. Pour mettre fin à cette situation, le comte décide trois mesures: il concède à Balerne »le droit de ban hors du temps des vendanges, de même que la liberté de planter et de construire librement afin que ses prévôts et ses hommes d'Arbois, Poligny, Grozon et Pupillin n'osent plus à l'avenir ni dévaster ni détruire ce que les religieux avaient mis en place à Glénon; il leur interdit également d e demande r au x moine s n i dommage s n i intérêt s pa s plu s qu e d e leu r extorque r indûment d e l'argent comm e il s l e faisaient chaqu e année« . A. Original , A.D.J., 16 H 4. B. Vidimus , 1259, A.D.J., 16 H 4. C. Copie , cartulaire de Balerne perdu? D. Copi e d e A, 1367, A.D.J., 16 H 29. E. Copi e d e A, 1398, A.D.J., 16 H 29. F. Copi e de C, Chiffle t fol . 4v ° n° 6. G. Copie d e C, XVIIe s., B.M.B., coll. Chifflet 1, fol. 69. H. Copie partielle d e C, XVIIe s., B.N., nouv. acq. franc. 8735, fol. 211. I. Copie d e A, 1748, A.M.A., K K 3. J. Copi e de C, Baverel fol. 4v ° n° 6. K. Copie , XIXe s., A.D.J., 1 F 6. a. partiellemen t dans CHEVALIER , op . cit., t. I, p. 333 n° 23, d'après A. - b. MARIOTTE, J.-Y., L e Comté de Bourgogne sou s les Hohenstaufen, p . 212-213, d'après A , J e t a.

23 1208/09, 9 mars, Latran . - Le pap e Innocen t III place sou s l a protectio n apostoliqu e l e monastère de Balerne et lui confirme tous ses biens parmi lesquels »l e cellier de Glénon avec ses dépendances e n terres , e n prés e t vignes«. A. Origina l perdu? B. Copie , cartulaire d e Balerne perdu? C. Copi e de B, Chifflet fol . 53r ° n° 75. D. Copi e de B, Baverel fol. 53r ° n° 75.

24 1209, Montaigu. - Thiébaud, abb é d e Baume(-les-Moines) , e t s a communaut é règlen t ave c l'abbaye d e Balerne plusieurs affaires , mettan t notammen t fi n à diverses querelles . Contre l a somme de cent livres estevenans et un cens annuel de sept sous, payable à la fête de saint Pierre- aux-liens, ils renoncent entre autres choses »à tous les droits qu'ils avaient ou revendiquaient sur 184 Benoît Chauvi n les terres, les vignes les prés et les bois de Glénon . . ., à l'exception toutefois de s cens dus et des rentes supportée s pa r ce s fonds« . A. Original , collectio n particulière . B. Copie , cartulair e d e Balern e perdu ? C. Copi e d e B , Chiffle t fol . 34 n° 48. D. Copi e d e B, Bavere l fol . 31 n° 48. a. partiellemen t dan s CHEVALIER , op . cit. , t . II, p. 665 n° 109, (d'après A?) . - ID . in: Mémoire s e t documents inédit s pou r servi r à l'histoire d e Franche-Comté , t . III, p. 496-497, d'après A .