DEPARTEMENT DE LA HAUTE-GARONNE

COMMUNE de TERREBASSE

Enquête publique ayant pour objet la demande, présentée par le syndicat des eaux Barousse Comminges Save, de Déclaration d’Utilité Publique du périmètre immédiat du château d’eau de la commune de TERREBASSE avec enquête parcellaire conjointe.

CONCLUSIONS DU COMMISSAIRE ENQUÊTEUR

Enquête du 16 février au 3 mars 2017

Christian MOIROT Commissaire enquêteur

OBJET DE LA DEMANDE

Le château d’eau de TERREBASSE est situé sur le territoire de la commune de TERREBASSE. Il permet d’alimenter en eau potable les habitants des communes de SANA et ainsi qu’un quartier de la commune de . La population desservie représente environ 540 habitants. Il a été construit en 1964 par le Syndicat des eaux Barousse, Comminges, Save sur un terrain appartenant à la famille GIRAUD. L’acquisition du terrain a bien été réalisée et payée mais cette vente n’a jamais été publiée auprès des services fiscaux. Suite à une donation-partage, la parcelle n° C540 sur laquelle est implanté l’ouvrage est devenue la propriété de M. Jean-Pierre GIRAUD. Ce dernier a demandé en 2006 l’enlèvement du château d’eau en assignant le Syndicat des eaux au Tribunal de Grande Instance de Saint Gaudens. Ce dernier, après avoir demandé l’intervention d’un expert s’est prononcé contre la démolition mais a retenu l’occupation irrégulière des lieux et décidé de compensations financières à verser à M. GIRAUD. Après un appel et un recours devant le Conseil d’Etat du fait de M. Jean-Pierre GIRAUD, le premier jugement a été confirmé et les compensations ont été payées à M. GIRAUD. En janvier 2016, M. GIRAUD a vendu la parcelle concernée à Mme RIVIERE laquelle, suite à une tentative d’acquisition amiable à l’initiative du Syndicat, a refusé la somme qui lui était proposée pour en demander une 1000 fois supérieure. Le syndicat ayant refusé, Mme RIVIERE a menacé d’interdire l’accès au château d’eau et installé des rubans de délimitation de chantier et un panneau « propriété privée ». Le syndicat doit effectuer des travaux d’entretien indispensables depuis plusieurs années car le bâtiment se dégrade, des briques se détachent du réservoir dont l’étanchéité est remise en cause ce qui ne manque pas de susciter des inquiétudes pour la qualité de l’eau potable distribuée surtout en période de vigilance renforcée (plan VIGIPIRATE). Ces fortes contraintes ont conduit le Syndicat des eaux Barousse Comminges Save à demander à la préfecture l’autorisation d’engager une procédure d’expropriation d’une partie de la parcelle n° C540 sise sur la commune de TERREBASSE (31). L’ensemble des faits exposés aboutit à l’ouverture d’une enquête publique conjointe relative à la déclaration d’Utilité Publique de l’acquisition du terrain concerné et à la délimitation des immeubles à acquérir, la recherche des propriétaires et des titulaires de droits réels et des autres intéressés pour réaliser cette opération (enquête dite « parcellaire »).

1- INFORMATION DU PUBLIC

La publicité faite à cette enquête a été effectuée de trois façons : affichage en mairie dans les lieux habituels d’affichage de la commune de TERREBASSE (en l’occurrence, le tableau d’affichage de la mairie), affichage sur le site et

2 parution dans « La Dépêche du Midi » les 02/02/2017 et 17/02/2017 et la «Gazette du Comminges» les 01/02/2017 et 21/02/2017. Les copies de ces quatre parutions sont annexées au dossier d’enquête. Le commissaire enquêteur a constaté l’affichage de l’avis d’enquête dans les lieux où il était prévu. Un constat d’huissier a été réalisé à la demande du Syndicat des eaux Brousse Comminges Save. L’affichage à l’entrée du site a été constaté par le commissaire enquêteur le 16 février puis le 3 mars 2017, date à laquelle il était encore présent. Le commissaire enquêteur estime que le public auquel était destiné l’avis d’enquête a pu être touché par les moyens d’information mis en place et que ceux-ci peuvent être considérées comme suffisants.

2- DEROULEMENT DE L’ENQUÊTE

Le commissaire enquêteur a reçu trois personnes et s’est entretenu avec M. le Maire de TERREBASSE. Aucun intervenant ne conteste l’utilité publique de l’acquisition du terrain où est implanté le château d’eau par le Syndicat des eaux Barousse Comminges Save. Madame ROQUABERT, maire de SANA, commune desservie en eau potable par le château d’eau insiste sur l’urgence des travaux à entreprendre pour garantir la qualité de l’eau distribuée et assurer la sécurité des personnels et des riverains, propos repris par M. GIROD, habitant la commune de SANA et voisin de l’ouvrage. L’intervention d’un Monsieur préférant conserver l’anonymat concerne la propriété du terrain concerné et sera donc reprise dans les conclusions relatives à l’enquête parcellaire.

3- ETAT DU RESERVOIR ET URGENCE DES TRAVAUX A ENTREPRENDRE

L’état du réservoir fait l’objet d’un rapport du Syndicat des eaux Barousse Comminges Save (SEBCS) et est repris dans l’avis émis par l’ARS à propos de l’acquisition du terrain par le syndicat. Ces deux pièces sont présentées dans le dossier d’enquête publique. Les points principaux soulevés par ces deux éléments du dossier sont : - la chute constatée de matériaux provenant du revêtement du réservoir et le danger qui en découle pour les tiers et le personnel ont entraîné l’installation d’un filet et devraient provoquer une procédure de péril engagée par le maire de TERREBASSE, - l’impossibilité de réaliser les opérations de maintenance, vidange et nettoyage nécessaires en raison des obstacles juridiques et physiques établis par le propriétaire du terrain, - l’absence d’entretien du revêtement entraîne des écarts de température importants à l’intérieur du réservoir qui pourraient en période estivale nuire à la qualité de l’eau distribuée,

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- les entraves à l’accès au site revêtent un caractère encore plus préoccupant dans le contexte actuel de vigilance accrue consécutif à l’activation du Plan Vigipirate Renforcé.

Des travaux de réhabilitation du réservoir d’un montant de 80 000€ ont été prévus en 2006 dans le cadre d’un marché public. Ils n’ont jamais pu être réalisés en raison du contentieux opposant M. GIRAUD et le Syndicat. La situation ayant changé le 29/01/2016 avec l’achat de la parcelle concernée par Mme RIVIERE à M. GIRAUD. Le SEBCS est donc entré en relation avec Mme RIVIERE. Les faits qui ont conduit le SEBCS à s’engager dans une procédure d’expropriation d’une partie de la parcelle sur laquelle est installé le château d’eau sont : - le rejet par Madame RIVIERE de la proposition d’achat amiable faite par le SEBCS pour cause de désaccord sur le prix du terrain, - l’annonce par Mme RIVIERE d’interdiction d’accès au terrain et la pose de panneaux « Propriété privée. Défense d’entrer » et de rubans de chantier sur le site.

En ce qui concerne le prix d’achat, la proposition SEBCS s’appuie sur une estimation de Domaines s’élevant à 0,80 €/m2. La réponse de Mme RIVIERE, qui demande 800 €/m2, ne laisse aucun espoir de parvenir à un compromis. Au vu des pièces du dossier, l’urgence des travaux des travaux de maintenance nécessaires pour maintenir la qualité de l’eau distribuée et la sécurité des tiers et du personnel apparaît comme indiscutable. Les contentieux puis les menaces d’interdiction d’accès au site font que l’acquisition du terrain où le château est implanté semble constituer la seule solution qui s’ouvre pour le SEBCS s’il veut continuer à assurer ses missions, à condition qu’il n’existe pas d’alternative raisonnable.

4- HYPOTHESE D’UN CHANGEMENT DE SITE

En annexe 12 du dossier d’enquête est présenté un devis établi par la société EIFFAGE CONSTRUCTION pour une démolition-reconstruction du château d’eau de TERREBASSE. Le montant de ce devis s’élève à 624 615,43 € TTC. Ce simple montant suffit pour qualifier cette alternative de financièrement déraisonnable alors qu’il ne tient pas compte des éventuelles extensions de réseau qui s’avéreraient nécessaires (100 €/m2). Si l’on ajoute à cela, la difficulté technique de trouver un emplacement disponible qui permette à la fois le remplissage et la distribution d’eau potable de façon gravitaire, on comprendra qu’il n’existe pas d’alternative raisonnable à l’expropriation d’une partie (environ 200 m2) de la parcelle n° C540 située sur la commune de TERREBASSE.

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5- LE POINT DE VUE DE Mme RIVIERE

Mme RIVIERE a acquis le 29/01/2016, la parcelle n° C540 sur le territoire de la commune de TERREBASSE, moyennant le paiement de la somme 6 400 €. La superficie de cette parcelle étant de 1 690 m2, son prix de vente donne à penser, étant donnés les prix du marché, que ce terrain n’a pas été acheté en vue d’une exploitation agricole mais à des fins d’implantation d’une habitation mobile ou non. Monsieur le Maire de TERREBASSE avait pourtant indiqué sans ambigüité, en réponse à une demande de renseignement du notaire chargé d’acter l’acquisition, que cette parcelle était située en zone naturelle et qu’il n’était pas prévu qu’elle change de destination dans le cadre du PLUI en cours sur la commune. Peut-être, Madame RIVIERE n’a-t-elle pas été avisée de cet état de fait ? Il n’en reste pas moins qu’en demandant 800 €/m2 pour le terrain qui lui appartient soit plus de 1000 fois l’estimation de France domaines, Madame RIVIERE ferme la porte à toute tentative de règlement amiable et ne laisse pas d’autre choix que la procédure d’expropriation au Syndicat des Eaux Barousse Comminges Save.

6- CONCLUSIONS DU COMMISSAIRE ENQUÊTEUR

Le Syndicat des Eaux Barousse Comminges Save se trouve confronté à l’impérieuse nécessité de devoir effectuer des travaux indispensables pour des raisons de santé publique (qualité de l’eau potable distribuée) et de sécurité publique (dégradation du réservoir du château d’eau) dans un contexte de Plan Vigipirate Renforcé. Un changement de site pour l’ouvrage ne serait pas financièrement raisonnable et sa réalisation se heurterait à des problèmes techniques probablement difficiles à résoudre. Le propriétaire du terrain par ses exigences financières a rendu illusoire la recherche d’une solution amiable. La seule solution envisageable par le SEBCS est donc le recours à une procédure d’expropriation qui sera rendue possible par une Déclaration d’Utilité Publique. En conséquence, le commissaire enquêteur estime qu’il y a lieu d’émettre un avis favorable à la Déclaration d’Utilité Publique du périmètre immédiat du château d’eau de TERREBASSE (31).

Fait à CASTEX, le 15 mars 2017

Christian MOIROT Commissaire enquêteur

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