La Lettre D’Information 88
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LETTRE TRIMESTRIELLE La lettre D’infORMATION 88 de l’Institut Pasteur FÉV. 2015 ÉDITO RECHERCHE pasTEURIENNE 2014 ÊTRE À LA HAUTEUR DES DÉFIS DE NOTRE ÉPOQUE Le monde bouillonnant Sur tous les fronts dans lequel nous vivons évolue à une vitesse telle que le champ des de la santé humaine possibles ne cesse de s’élargir, particulière- ment dans le domaine scientifique. Les découvertes dépassent l’imagination et les ambitions trouvent peu de limites. Dans ce contexte mouvementé, votre Institut Pasteur, ancré en France, se doit de prendre toute sa dimension d’institut internatio- nal leader en science, médecine et santé publique. Une dimension de pionnier, conscient que les nouvelles connaissances ne naissent que d’une recherche fondamen- tale exigeante et rigoureuse. Une dimen- sion de responsable, soucieux de transférer ses découvertes au bénéfice de la santé humaine. Une dimension de formateur, tant il est indispensable d’encourager les cher- cheurs de demain, au sein d’un institut d’ex- cellence. Notre vocation, à la suite de Louis Pasteur, est d’ouvrir la voie à des recherches biomédi- cales de pointe. Pour être efficace, nous agis- sons en concertation avec les grands acteurs internationaux de la santé humaine : gou- vernements, laboratoires pharmaceutiques et institutions internationales. Présents sur u cœur d’une actualité sanitaire relâche à trouver des solutions aux multiples problèmes de santé mondiaux et sont égale- tous les fronts de la santé humaine, nous mondiale marquée par des inquié- tudes : émergences de nouvelles ment sur le front des crises sanitaires interna- progressons grâce à vous, fidèles donateurs, maladies, résurgences d’anciennes tionales. Au-delà des urgences, les chercheurs qui partagez avec nous la même volonté Apathologies, résistances inquiétantes aux de l’Institut Pasteur déploient leur curiosité d’aider les hommes dans leur lutte contre la traitements, l’Institut Pasteur a poursuivi pour faire avancer les connaissances, oser des maladie et la souffrance. en 2014 son rôle d’institut leader de recherche expériences novatrices pour le bien-être de ● Pr Christian Bréchot, scientifique dédié à la santé humaine. Ses tous. Retour sur 2014 à travers quelques cas Directeur général de l’Institut Pasteur quelque 1300 chercheurs travaillent sans qui ont marqué l’année. PAGES 2 À 7 04 EBOLA 08 HISTOIRE 10 DONATEURS Les Instituts Pasteur Pierre Lépine Les 4e Assises se mobilisent de la Philanthropie RECHERCHE pasTEURIENNE 2014 Sur tous les fronts de la santé humaine Anticiper les mutations à l’origine des épidémies Leur modèle est l’épidémie de Chikun- dence deux mutations probables du virus gunya de 2005-2006. Un beau succès à Chikungunya. Leurs travaux fournissent mettre à l’actif des équipes car ces travaux aujourd’hui un outil permettant d’identifier ouvrent des perspectives nouvelles, tant plus en amont les mutations au potentiel pour la surveillance des épidémies que épidémique important, pour les arbovirus pour les recherches vaccinales menées comme pour d’autres virus, et notamment sur de nombreux virus. L’Institut Pasteur ceux à transmission vectorielle. a réussi pour la première fois à dévelop- Grâce à cette découverte, il est possible per une méthode capable de pronostiquer, de cibler et d’améliorer la surveillance dans une population d’arbovirus, comme de ces populations virales, en routine ceux de la dengue, du chikungunya ou de la et au cours d’épisodes épidémiques. En Enquête de terrain au Cambodge. fièvre jaune, les mutations à fort potentiel incluant dans les compositions vaccinales épidémique les plus susceptibles d’émer- les souches virales potentielles détermi- es chercheurs de l’Institut Pasteur* ger. Cette méthode repose sur l’observa- nées, elle constitue également un atout ont élaboré une méthode capable tion, dans les conditions naturelles, sans précieux pour la mise au point de vaccins Dde prédire les mutations virales évolution expérimentale forcée, des événe- et la lutte contre ces virus. ● les plus susceptibles d’émerger à court ments mutationnels chez le virus, au cours * Étude menée par des chercheurs de l’unité terme, et présentant un fort potentiel de son cycle chez le moustique et l’hôte de Marco Vignuzzi (Institut Pasteur/CNRS) en épidémique. mammifère. Les chercheurs ont mis en évi- collaboration avec l’Institut Pasteur du Cambodge. Orienter le destin d’une cellule souche à des fins La cellule souche est placée sur un micro «rail» thérapeutiques (micropattern-en rouge), qui lui sert de guide pour sa la suite d’une blessure, les cellules division. Au centre, à l’issue d’une division asymétrique, souches de l’organisme peuvent une cellule fille a reçu l’ADN rentrer dans un processus de divi- original (bleu foncé) et l’autre À la copie de l’ADN (bleu sion et générer des cellules filles spé- clair). À droite, la division cialisées, dites « différenciées », afin de asymétrique a produit réparer le tissu abimé. une cellule fille souche (en vert) et une cellule fille Lors du processus de régénération mus- différenciée (rose). culaire, les cellules souches sont capables d’adopter deux modes de division cellu- laire : une division dite « symétrique », générant des cellules de même nature ou une division dite « asymétrique » au cours Pour répondre à cette question, les cher- extérieures, et notamment sur les ten- de laquelle sont produites à la fois une cheurs de l’Institut Pasteur ont souhaité sions perçues par les cellules en division. cellule souche et une cellule différenciée. étudier l’influence du milieu sur le des- Une étude qui a des implications Cet équilibre entre division symétrique tin de la cellule, en expérimentant des majeures pour l’utilisation des cellules et asymétrique permet de générer des formes de substrats différents. Ils ont ainsi souches dans un contexte thérapeutique : cellules spécialisées, nécessaires au pro- observé l’influence de la tension exercée elle laisse penser qu’il serait possible, en cessus de régénération, tout en gardant sur la cellule sur la nature de ses divisions. contrôlant la composition et les condi- un réservoir de cellules souches constant. Le destin des cellules souches ne repose- tions dans ces niches environnementales, Cependant, les mécanismes régissant la rait donc pas uniquement sur des signaux de choisir la nature des cellules à pro- ségrégation de l’ADN et le destin cellu- cellulaires internes, mais également, et duire, en vue d’une transplantation dans laire demeuraient jusqu’alors inconnus. dans une forte mesure, sur des conditions l’organisme pour réparer un tissu lésé. ● * Étude menée par des chercheurs de l’unité Cellules souches et développement (Institut Pasteur/CNRS), dirigée par Shahragim Tajbakhsh. 02 • LA LETTRE DE L’InstITUT PASTEUR • FÉVRIER 2015 • N°88 RECHERCHE pasTEURIENNE 2014 Sur tous les fronts de la santé humaine Le virus de la dengue dévoile son talon d’Achille a dengue, également connue sous le nom de « grippe tropicale », est L une infection virale pour laquelle il n’existe toujours pas de vaccin homolo- gué. Des chercheurs* viennent de trou- ver un défaut à la cuirasse du virus et d’ouvrir une nouvelle voie de dévelop- pement d’un candidat-vaccin. La dengue est une infection qui se mani- feste par de fortes fièvres et entraîne maux de tête, douleurs musculaires et articulaires, fatigue, nausées, vomisse- ments et éruptions cutanées. Elle est transmise à l’homme par les moustiques du genre Aedes lors d’un « repas sanguin » et est la maladie virale la plus largement répandue dans les régions tropicales de Les larves du moustique Aedes aegypti, vecteur de la dengue, deviennent adultes en 7 à 12 jours. la planète. L’incidence de la dengue pro- gresse actuellement de manière très tique vecteur est implanté dans 18 dépar- corps, qui est commune aux quatre séro- importante, et l’inscrit aux rangs des tements français. Le risque de propagation types de la dengue. Ce « talon d’Achille » maladies dites « ré-émergentes ». L’OMS sera réel si des personnes infectées représenterait donc une cible intéres- estime à 50 millions le nombre de cas arrivent en France métropolitaine. sante pour le développement d’un vac- annuels, dont 500 000 cas de dengue Sur le plan scientifique, les souches du cin efficace. Il permettrait d’y fixer un hémorragique qui sont mortels dans plus virus de la dengue se répartissent en antigène capable de déclencher une de 20 % des cas. 2,5 milliards de per- quatre sérotypes distincts : DEN-1, DEN-2, réponse immunitaire dirigée contre les sonnes vivent dans des zones à risque. La DEN-3 et DEN-4. Dans un article publié quatre sérotypes de la dengue qui cir- dengue a désormais touché l’Europe où dans Nature, les chercheurs montrent culent aujourd’hui dans le monde. ● les deux premiers cas autochtones ont l’existence d’une région de la protéine * Institut Pasteur et CNRS, en collaboration avec l’Imperial été recensés en 2010. En 2014, le mous- d’enveloppe du virus, exposée aux anti- College (Londres). Face aux attaques, le foie se défend ue sont les macrophages ? Des rapidement tués par la bactérie patho- cellules clés de l’immunité innée. gène Listeria monocytogenes. QPar la phagocytose – capture et Cette mort précoce déclenche le recrute- ingestion d’éléments à détruire – ils par- ment dans le foie de macrophages issus ticipent à la défense des tissus de l’hôte du sang. Ceux-ci vont dans un premier contre l’infection. temps contrôler l’infection bactérienne, Il existe deux types de macrophages : les puis, de façon inattendue, remplacer les macrophages résidant dans les tissus, et macrophages résidents du foie tués par ceux issus de la moelle osseuse circulant l’infection. Macrophage. dans le sang (ou monocytes), qui sont L’intérêt de ce mécanisme est de mieux recrutés dans les tissus en cas d’infection. comprendre comment le foie contrôle une nologique, cette étude révèle une inter- Des chercheurs* ont montré que les infection bactérienne et revient ensuite à connexion fonctionnelle inédite entre macrophages résidents du foie étaient son état d’équilibre.