Mycologie et Botanique Bulletin N°35 - Année 2020 (ISSN 2490-9599)

Société mycologique et botanique de Catalogne Nord SOMMAIRE Mycologie et Botanique

Éditorial Louis Thouvenot ...... page 3 La genèse du logo de la SMBCN Martine Langlais...... page 3 Hôtes discrets des plantes halophiles des etangś côtiers du Roussillon (II) Marasmius epi- phyllus var. plantaginis (R. Heim) P.-A. Moreau & Macau Pierre-Marie Bernadet Association Charles Flahault ...... page 4 Trois Russules de la microsylve subalpine pyrénéenne Jean-Louis Jalla, Marie-Josèphe Gomez et Catherine Riaux-Gobin ...... page 6 Vers une liste rouge des bryophytes des Pyrénées-Orientales Louis Thouvenot ...... page 10 Tossa d’Alp (Espagne) Herborisations comparées 1986/2020 Martine Langlais...... page 19 Note sur deux Carex recolté ́s sur la réserve naturelle de Nohèdes (Pyrénées-Orientales) Maria Martin, Sylvain Abdulhak et Jean-Marc Lewin...... page 24 Sur la présence de Rumex spinosus L. (Emex spinosa (L.) Campd.) dans les Pyrénées-Orientales Fabienne Niebler et Philippe Schwab ...... page 27 Deux espèces de Minuartia oubliées et méconnues de notre flore Marc Espeut ...... page 33 Nouvelles contributions à la flore des Pyrénées-Orientales. Observations 2019-2020 Jean-Marc Lewin, Philippe Schwab, Romain Bouteloup et Sylvain Nicolas ...... page 47 Activités de l’association - SMBCN 2020 Collectif ...... page 53 Tot va a l’oli...... page 57 Bryophytes des PO : nouvelles notes (2020) (Louis Thouvenot) Seguint la nissaga… (Josette Ollé Zurita) Sur une orobanche à l’est des Pyrénées : Orobanche haenseleri Reut. (Jean-Marc Lewin)

-atenliréuatecdmur.teonsteéaemduuairses’asfnfasievdaeunelatcpstnmruri.eoaeuadltendiadltb hndCegasirpseépsilnrlaOeuateolpriteoatecqpiptenccnlirassasiendyendiadlteoatenliréuatb Photo de couverture LeCosentina velea et Mannia androgyna (© L. Thouvenot).

:xaéeunecnlirércnirpseCrsnsérlaeodeApstarueo.cnliagasinueoateSèl.s.at,Plrasinuatb Éditorial Vous avez devant les yeux le numéro 35 de notre bulletin, Jean-Marc Lewin, Sylvain Nicolas et Philippe Schwab. Mycologie et Botanique, édition 2020. Il est un peu plus C’est le rôle de revues telles que la nôtre. mince que les précédents, mais les auteurs ont assuré une Notre rubrique mycologie s’étoffe au fil des numéros et qualité des contenus au moins égale à l’usage et l’équipe c’est une grande chance. Un inventaire de la fonge du dé- de rédaction n’a pas mesuré ses efforts pour les mettre en partement reste à publier à partir des observations des my- forme. Un grand merci à tous. cologues de terrain, mais aussi par la compilation des En effet, les circonstances survenues à l’orée du printemps données éparses dans la littérature et les herbiers. Les my- pouvaient faire redouter un assèchement des inspirations, cologues de la SMBCN y contribuent de leur côté, tout un évanouissement des bonnes volontés. Mais notre dé- comme les articles que nous publions ici grâce à Pierre- partement est si riche et les motivations des naturalistes Marie Bernadet, Catherine Gobin, Mijo Gomez et Jean- si bien ancrées que nous pouvons aujourd’hui étaler un Louis Jalla. Il faut que les prochaines éditions confirment nombre impressionnant de nouvelles données : près d’une cette tendance car il y a là un immense champ de possi- centaine d’espèces sont rapportées dans les articles, hors bles. annexes. Certaines sont nouvelles pour le département, En revanche, les comptes rendus d’activité de la SMBCN voire pour la France (cf. l’article de Pierre-Marie Bernadet sont peu nombreux cette année. Il faut saluer l’engage- p. 4), d’autres ont été redécouvertes après des décennies ment des animateurs des quatre sorties botaniques et my- d’oubli, de nouvelles localités élargissent leur aire de ré- cologiques qui ont pu avoir lieu, dans le respect des partition… consignes sanitaires : Mijo Gomez, Jean-Louis Jalla, Mar- Une démarche importante de la floristique consiste à re- tine Langlais et Serge Peyre. Ils ont pu démontrer que chercher si les mentions anciennes sont toujours perti- notre association est toujours vivante et qu’elle pourra re- nentes. On en voit ici quelques résultats dans le travail bondir dès que les conditions le permettront : disponibilité mené principalement par Jean-Marc Lewin (cf. p. 41) qui du local, sécurité pour les activités de groupe et les sorties revisite le travail des Anciens. Ces derniers sont aussi évo- dans la nature. qués par Josette Ollé, mais dans un tout autre registre… Rendez-vous est pris pour un numéro 36 aussi riche l’an (cf. p. 51). Par ailleurs il est essentiel que le travail des prochain. Bonne lecture. botanistes de terrain actuels soit révélé par la publication, comme ici celui de Romain Bouteloup, Marc Espeut, Louis Thouvenot

La genèse du logo de la SMBCN

Il a fallu plusieurs mois de gestation avant que la SMBCN mais joli, a répondu à l’appel ! Côté environnement ce fut soit fière de présenter enfin son logo. davantage sujet à discussions, chacun n’ayant pas la Tout a commencé lors d’un CA où devaient être ras- même perception stylisée de la mer et de la montagne. semblées toutes les options pour que ce logo soit C’est Annie Bougain qui a su, par quelques coups représentatif de notre activité et de son envi- de crayons de couleur, matérialiser nos élucu- ronnement. brations. Un infographiste professionnel a Ainsi, pêle-mêle, nous avions à faire co- alors pris le relais. Après quelques re- habiter : une fleur, un champignon, le Ca- touches, le consensus s’est établi sur le nigou, la Méditerranée, les couleurs de la projet définitif. Catalogne (sang et or), le tout dans une La première sortie officielle du logo appa- forme ronde. raît sur ce bulletin de l’année 2020 et il Aussitôt le lys des Pyrénées s’est invité pour devra désormais être utilisé sur l’ensemble figurer en bonne place. Avec sa belle fleur jaune des documents et médias de l’association. Nous emblématique des Pyrénées, facile à styliser, il partait pensons aussi créer des autocollants qui pourraient incontestablement favori. Trouver une forme de champi- servir à nous faire connaître. gnon rouge a été assez aisé, le bolet à pied rouge, commun Martine Langlais

— 3— Mycologie et Botanique. 35. 2020 .tes discrets des plantes halophiles des étangs c.tiers du Roussillon (II) Marasmius epiphyllus var: plantaginis Pierre-Marie Bernadet* - Association Charles Flahault

Marasmius epiphyllus var. plantaginis (R. Heim) P.-A. des touffes de plantain (fig. 1), difficiles à distinguer des Moreau et Macau. minuscules gastéropodes qui y abondent, de plus à une sai- Les prairies maritimes représentent un milieu particulier de son où la végétation n’attire ni les botanistes ni les myco- la côte méditerranéenne basse, notamment en Roussillon en logues : fin décembre et janvier. arrière des étangs. À l’ouest de la frange de leur littoral oc- cupée par des Phragmitae ou Phragmitae -Tamarisceae, ces prairies présentent une mosaïque de terres plus ou moins sa- lées où voisinent plantes halophiles et plantes n’acceptant pas le sel, sous l’influence de l’homme (fauchage ou éven- tuellement troupeaux), évoluant malheureusement par aban- don vers des Phragmitae ou, plus gravement, envahies par des végétaux invasifs faute d’entretien ou d’usage : Bac- charis halimifolia L., Cortaderia selloana (Schult. & Schult.f.) Asch. & Graebn. ..., avec disparition d’écosys- tèmes uniques. Dans les prairies encore utilisées épisodiquement, on repère au milieu des graminées des plaques basses vert foncé, rases, constituées de Plantago crassifolia Forssk., parfois totalement homogènes, parfois aussi piquées de joncs ou même d’orchidées Anacamptis palustris (Jacq.) R.M.Bate- man, Pridgeon & M.W.Chase et même Anacamptis pyrami- dalis (L.) Rich. : la moindre surélévation de terrain peut révéler le recul de la salinité. Fig. 2 : Marasmius sur feuille pourrissante du Plantago.

Stipe filiforme, 1,5 à 2,5 cm, fixé sur une feuille pourris- sante de Plantago (fig. 2) encore attachée à sa rosette, brun- roux dans les 2/3 inférieurs, blanchâtre finement glanduleux sous la loupe au sommet ; 10 à 13 lames (fig. 3) jaunâtres, espacées et parfois incomplètes, furquées à la marge, ar- quées mais arrondies au pied, plus ou moins soudées en faux collarium, finement interveinées, espace interlamellaire concave ; chapeau (fig. 4), 2-5 mm, blanc un peu jaunissant, légèrement déprimé au centre subombiliqué, ou bombé plissé. Les exemplaires immatures n’ont pas fourni de spores, bien que les basides à 2 ou 4 stérigmates puissent être distinguées. Le réactif de Melzer colore à peine la pré- Fig. 1 : Marasmius epiphyllus plantagineis paration, boucles présentes. sur Plantago crassifolia. Dans ces prairies, y compris au milieu des Plantago, on peut trouver quelques champignons spécifiques des terres légè- rement salées du genre Agaricus : A. bernardii Quél. (si- gnalé par R.C. Azema [1982] et A. Marchand [1971] dans les prés salés), et A. fissuratus F.H. Møller (signalé par A. Marchand [1971]) ramené à A. arvensis Schaeff. dans Index fungorum. On peut rechercher A. spissicaulis F.H. Møller, A. gennadii (Chatin & Boud.) P.D.Orton et A. pequinii (Boud.) Konrad & Maubl. (synonymisées pour partie dans Index fungorum), A. bernardiiformis Bohus... dont la dis- tinction délicate reste discutée (microscopie indispensa- ble !). Mais si ces espèces sont bien visibles, ce n’est pas le cas d’un petit marasme passé jusqu’à présent inaperçu. Ses Fig. 3 : Lames du Marasmius. minuscules taches blanches de 2-5 mm émergent à peine

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 4— type de Marasmius epiphyllus. Ce dernier est normalement commun sur débris d’espèces arborées feuillues. Or il ap- paraît ici dans un milieu totalement différent et très spéci- fique : les prairies halophiles méditerranéennes, et d’autre part lié aux feuilles d’une plante qui en est caractéristique. Ces conditions écologiques justifient l’utilisation du niveau de variété par les auteurs lors des publications princeps ou récentes (2000 puis 2008). Les récoltes ici en Catalogne nord dans des milieux analogues à ceux d’origine en Cata- logne sud étendent sa répartition géographique. Elles peu- vent inviter d’ailleurs à rechercher ce taxon au-delà dans Fig. 4 : Chapeau du Marasmius. des écosystèmes comparables. Discussion Remerciements à Monsieur Serge Poumarat pour la confir- L’identification est difficile en l’absence d’analyse micro- mation de Marasmius epiphyllus plantagenis. scopique fine et de spores. L’aspect omphaliforme a fait re- Références chercher d’abord du côté des “omphales”. Ce qui n’aboutit AZEMA R.C., 1982 – Les champignons catalans. Terra pas en éliminant les taxons non bouclés, et en tenant compte de l’aspect et du milieu maritime bien particulier. Le carac- nostra 46-47 : 412 p. tère plissé du chapeau pourrait évoquer -à défaut de micro- BON M., 1997 – Clitocybes Omphales et ressemblants, scopie- Marasmiellus candidus Pers.fr., mais qui pousse sur Flore mycologique d’. Documents mycologiques. brindilles ligneuses. Dans ce genre, Marasmiellus trabutii Mémoire hors-série 4 (Maire) Singer est récolté “sur débris foliacés de plantes ha- BON M., 1999 – Collybio-Marasmioïdes et ressemblants. lophiles” dans la clef de Marcel Bon (1999), mais son Flore mycologique d’Europe. Documents mycologiques. a une base bulbeuse et est noir et non brun-roux. Il pousse préférentiellement sur débris de Juncus maritimus Lam. ou Mémoire hors-série 5 Scirpoides holoschoenus (L.) Soják, espèces présentes dans LLIMONA I PAGÈS X., BLANCO M. N., DUEÑAS M., la dition, mais n’a pas été trouvé. Ici tous les exemplaires GORRIS M., GRÀCIA I MONT E., HOYO P., LLIS- ont été récoltés sans hésitation sur feuilles pourrissantes de TOSELLA J., MARTÍ J., MARTÍN ESTEBAN M.P., Plantago crassifolia. MUNTAÑOLA-CVETKOVIC M., QUADRADA R.V., Marasmius epiphyllus plantaginis est signalé à 200 km au ROCABRUNA A., SALCEDO I., SIERRA LÓPEZ D., sud aux environs de Barcelone dans les “dunes de Mar- quèse” (Llimona i Pages et al. 2000), et plus récemment et TABARÉS M., VILA J., 2000 – Els fongs de Catalunya plus près par P.A. Moreau et N. Macau (2008) au Parc Na- segons les prospeccions recents. II.. Acta Botanica Bar- tural dels Aiguamolls de l’Empurdà avec une description cinonensia 46 : 5-29 qui correspond très exactement. Il ne figure pas dans la clef MARCHAND A., 1971 – Champignons du Nord et du Midi, de Marcel Bon (1999) et ne semble pas avoir été signalé en tome I : Les meilleurs comestibles et les principaux vé- France (du moins en 2016). néneux, Société mycologique des Pyrénées méditerra- L’espèce a été récoltée sur trois communes des Pyrénées- Orientales : St-Hippolyte (31/12/2015 et 22/01/2016), néennes. Perpignan. 270 p. Salses (littoral de l’étang de Leucate-Barcarès, 30/01/2016) MOREAU P.A. ET MACAU N., 2008 – Un taxón poco et St Nazaire (littoral de l’étang de Canet, 18/02/2016). Elle conocido del litoral mediterráneo: Marasmius epiphyllus est probablement plus inaperçue que rare, bien que non sys- var. plantaginis. Revista Catalana de Micologia vol. 30; tématiquement présente. 65-70 Le taxon a été confirmé sur photos par Serge Poumarat (com. pers.). *Contact : 12 rue des Gambusies 66240 St Estève Dans Index fungorum, la variété plantaginis est ramenée au [email protected]

— 5— Mycologie et Botanique. 35. 2020 HROIS RUSSULES E LB ICROSLME SUDBLPINE PRNENNE Jean-Louis Jalla *, Marie-Josèphe Gomez ** & Catherine Riaux-Gobin***

Résumé : Les auteurs décrivent trois russules récoltées dans le Massif du Madres (Pyrénées-Orientales), vers 2200 mè- tres, sous le “Salt del burro”, le long de la Castellane. Il s’agit de Russula nana, R. dryadicola et R. pseudocampes- tris. Ces trois russules sont illustrées par des photos macro- scopiques et de microscopies optique et électronique à balayage (SEM - Scanning Electron Microscopy). Title: Three russulas of the Pyrenean subalpine microsilva Summary: The authors describe three russulas collected in the Madres Massif (Pyrénées-Orientales, France), at around 2200 metres, under “Salt del Bourro”, along the Castellane Fig. 1 : Situation géographique des récoltes (IGN). river. They are Russula nana, R. dryadicola and R. pseudo- campestris. These three russulas are illustrated by macro- scopic photos and scanning optical and electronic microscopies (SEM). Fig. 2a : Salix retusa - photo Mijo Gomez.

Fig. 2b : Dryas octopetala photo Mijo Gomez.

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 6— Introduction étalonné avec un réseau de silicium TGX01 (C2M, Perpi- Dans les Pyrénées-Orientales, les stations de Dryas octope- gnan, France). tala L. sont difficiles d’accès, que ce soit celles du massif Toutes les mesures ont été faites avec le logiciel Piximètre du Madres, du massif du Canigó, du Haut Conflent ou de d’Henriot & Cheype (2013). Les photos ont été traitées avec Cerdagne. Les surfaces sont très réduites par rapport aux le logiciel Photoshop (recadrage, contraste - lumière, et stations des Alpes, et comme le département est le plus à « nettoyage » pour les photos en microscopie optique). Dans l’est de la chaîne des Pyrénées, nous sommes en plus sous les descriptions des spores, nous avons utilisé les termes influence méditerranéenne. plage supra-appendiculaire et appendice hilifère au sens de Nous avons exploré essentiellement les stations du Madres Romagnési (1967: 39). (alt. 2200 m, fig. 1) : la végétation de cette zone pentue est Descriptions essentiellement constituée par Dryas octopetala, (chênette), Russula pseudocampestris Kühner (Kühner 1975: 388). Salix repens L., Salix retusa L. (fig. 2 a et b). Les stations Cette “petite integra”, récoltée dans le massif du Madres, visitées sont caractéristiques des milieux naturels, réperto- le 26 Août 2018, en compagnie de Russula nana Killerm. riées par le référentiel CORINE biotopes sous les numéros : et Russula dryadicola R. Fellner & Landa, nous a semblé 31.6214 (broussailles de Saules pyrénéens), 31.491 (tapis relativement typique, bien que peu citée dans les diverses de Dryas de haute-montagne) et 36.43 (pelouses en gradins listes de récoltes en notre possession. C’est aussi pour nous et guirlandes) (Bissardon et Guibal 1997). l’espèce la plus rare puisque nous n’avons vu ce jour-là À l’heure actuelle, il n’existe pas de menace connue pour qu’un seul exemplaire et pour la première fois. ces zones difficiles d’accès. Seuls les randonneurs et Le chapeau d’un diamètre de 6 cm, cuivré, centre décoloré, quelques chasseurs et pêcheurs les parcourent. Cependant, crème, marge cannelée, possède un stipe blanc pur, légère- si la flore est assez bien recensée par les sociétés botaniques ment évasé vers le bas. Les lames épaisses, ocre-jaune, es- locales, il n’existe pas d’inventaire mycologique, ni même pacées (fig. 3). Une sporée très foncée 4 E selon le code de de récoltes citées dans les diverses publications auxquelles Romagnési. La chair blanche est douce, et l’odeur imper- nous avons eu accès. Il faut dire que ces stations nécessitent ceptible. La réaction de la chair au gaïac est rapide, bleu in- quand même une bonne journée de marche (aller-retour). tense, et au sulfate de fer légèrement orangée. Quand nous arrivons sur place, la présence de champignons Les basides sont majoritairement bisporiques (fig. 4A), mais n’est pas assurée. La meilleure saison est fin août - début on en trouve également des tri-sporiques, et quelques rares septembre. Nos explorations ont eu lieu fin août 2018, les tétrasporiques. russules récoltées sont présentées ici. Lors de nouvelles vi- Les spores légèrement allongées (Q vers 1.3) sont ornées sites des sites en 2019, aucune russule n’a été observée. de verrues isolées et mesurent: (9.3) 10.4-12.0 (12.8) x (7.5) Par ailleurs, l’utilisation du SEM pour les spores des rus- 8.5-9.3 (9.6) µm (fig. 4B-D). Les ornementations sont ar- sules n’est pas courante, et nous ne trouvons que peu d’ar- rondies à l’extrémité, et mesurent 1 µm en moyenne. ticles publiés avec de bonnes photos (voir biblio). Outre L’examen de la cuticule montre des hyphes incrustées plutôt l’aspect « spectaculaire » de telles photos, l’intérêt principal engainantes, type integra, peu nettes. Les dermatocystides est surtout de permettre de mesurer la hauteur des ornemen- sont peu visibles dans la SVA (sulfo-vanilline), plus nettes tations, la taille de l’appendice hilifère, ainsi que l’état de dans le SBA (sulfo-benzaldéhyde). surface de la plage supra-appendiculaire qui, si elle est bien souvent fortement amyloïde, et bien moins « lisse » que ce Russula nana Killerm. (Killermann 1936: 38) qui est souvent rapporté dans les descriptions. Cette autre russule de la zone prospectée, semble moins liée strictement au Dryas. Par contre les divers saules subalpins Matériels et méthodes sont bien présents. Les photos sur le terrain ont été prises avec un APN Canon Cette Russula nana porte bien son nom car avec un diamètre G7X, et un Olympus Tough-TG4. Les préparations micro- de 5 cm maximum, elle est vraiment petite. Sa cuticule bril- scopiques (microscopie optique) ont été observées avec un lante est rouge, parfois décolorée au centre, sa marge est lé- microscope trinoculaire Leitz Orthoplan, et les photos réa- gèrement cannelée dans la vétusté, son stipe long, plein, évasé lisées avec un reflex Nikon D 7500 équipé d’un adaptateur à la base, blanc mais qui a tendance à grisonner avec le temps. microscope. Les lames sont blanches, espacées, cassantes (fig. 5). Les réactifs utilisés sont le rouge Congo, et le réactif de La réaction de la chair au sulfate de fer est orange pâle, avec Melzer. le gaïac positive mais lente à réagir sur nos récoltes. Comme Pour l’examen au microscope électronique à balayage, des pour toutes les russules émétiques, sa chair est très piquante. gouttes de matière nettoyée ou brute ont été filtrées avec un Les spores sont ovoïdes (Q moyen 1,3, dimensions 7.5-8.5 filtre à seringue, à travers des filtres Nuclepore® de 1 µm x 5.5-6.5), les verrues sont basses, à sommet arrondi, avec et rincées deux fois avec de l’eau désionisée (milli Q) pour une hauteur de verrues de 1 µm en moyenne. La plage éliminer les sels. Les filtres ont été séchés à l’air et montés supra-appendiculaire est nette et bosselée. L’appendice hi- sur des pièces d’aluminium avant d’être revêtus d’un alliage lifère mesure 1.45 µm en moyenne. Les dermatocystides or-palladium (enduit pulvérisateur Emscop SC 500) et exa- sont fortement colorables au SBA et SVA. La sporée est minés avec un SEM Hitachi S-4500 fonctionnant à 5 kV, blanche (fig. 6).

— 7— Mycologie et Botanique. 35. 2020 A B

C D Fig. 3 : Russula pseudocampestris (montage) photos J.-L. Jalla. Fig. 4 : Microscopie de Russula pseudocampestris. A) baside bisporique (microscopie optique), B) spore (SEM), C) spores en masse (SEM), D) spores (microscopie optique). Photos Jean-Louis Jalla (A, D) ; Catherine Gobin (B, C).

A B

C D Fig. 5 : Russula nana photo J.-L. Jalla. Fig. 6 : Microscopie de Russula nana. A) spore, mesure de l’ornementation (SEM), B) spore mesure de l’appendice hilifère (SEM), C) spore avec plage supra-appendiculaire nette et bosselée (SEM), D) spores (microscopie optique). Photos Catherine Gobin (A, B, C), photo Jean-Louis Jalla (D).

A B

Fig. 7 : Russula dryadicola (photo Mijo Gomez). C

Fig. 8 : Microscopie de Russula dryadicola. A) spore : mesure de la dimension de l’ornementation sporale (SEM), B) spores en masse (SEM), C) spores (microscopie optique). Photos Catherine Gobin (A, B), photo Jean-Louis Jalla (C).

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 8— Russula dryadicola R. Fellner & Landa (Fellner & Landa *** Dr Riaux-Gobin Catherine, LABEX “CORAIL”, USR 1993 : 34) 3278 CNRS-EPHE CRIOBE-Université de Perpignan, F- Cette russule poussait à proximité des deux précédentes, 66860 Perpignan (France), [email protected] mais strictement dans les Dryas. Le chapeau (5 à 8 cm de Bibliographie diamètre) est «bigarré», jaune, ocre jaune, des teintes BISSARDON M. & GUIBAL L., 1997 – CORINE biotopes, brunes. Souvent décolorée, la cuticule est glabre, la marge version originale, type d’habitats français. École natio- est lisse, au moins au début. La chair est ferme, douce à lé- nale du génie rural, des eaux et des forêts, Nancy, 175 p. gèrement âcre, blanche. Les lames sont jaunes-ocre, norma- BON, M., 1988 – Clé monographique des russules d’Eu- lement espacées. (fig. 7). Le stipe est blanc, mais se teinte rope. Documents mycologiques, 18(70-71): 1-120 de brun à la base. La réaction sur la chair au sulfate de fer BON, M., 2000 – Essai de clé de détermination des russules est légèrement rosée, le gaïac réagit vite. alpines. Bulletin de la fédération mycologique et Les basides sont majoritairement tétrasporiques, avec ce- botanique Dauphiné-Savoie, 158: 9-17 pendant quelques-unes bisporiques. FELLNER R. & LANDA J., 1993 – Some species of Les spores sont légèrement ovoïdes 9,5 x 8,2 µm en Cortinariaceae and Russulaceae in the alpine belt of the moyenne, (Q moyen 1,2), à verrues isolées, à sommets ar- Belaer Tatras - II.Czech 47: 45-55 rondis, d’une hauteur de 1,2 µm en moyenne. La plage GALLI, R., 1996 – Le Russule. Milano, Edinatura, 482 p. supra-appendiculaire est bien marquée. La sporée est 4 A/B HENRIOT A. & CHEYPE J. L., 2013 – Piximètre, version selon le code de Romagnési (fig. 8). 5.6 R 1629 in Piximètre : la mesure de dimensions sur images Conclusion (accessible sur internet : http://ach.log.free.fr/Piximetre/, Ces trois russules nous ont semblé bien représentatives de consulté le 10/02/2020) la fonge subalpine pyrénéenne. Nous avons aussi récolté en KILLERMANN S., 1936 – Russula nana Killermann 1936. leur compagnie Lactarius dryadophilus Kühner, Rhizoma- Denks Bay. Ges. Reg., 20: 38, pl. 23, fig. 61 rasmius epidryas (Kühner ex A. Ronikier) A. Ronikier & KÜHNER R., 1975 – de la zone Alpine. Genre Ronikier, et même Cortinarius caesiocortinatus Jul. Schäff, Russula Pers, ex S. F. Gray. Bulletin de la société myco- qui s’aventure quelques fois en zone alpine. logique de France, 91(3): 313-390 Nous obtenons, grâce aux photos au SEM, la vision en relief RIAUX-GOBIN C., COMPÈRE P., STRAUB F., ECTOR des ornementations que nous devions imaginer au micro- L. & TAXBÖCK L., 2018 – Cocconeis voigtii F.Meister scope optique. Il est également possible de mesurer avec (Bacillariophyta) and other species from Meister’s and beaucoup de précision les ornementations, ainsi que l’ap- Voigt’s Nagasaki (Japan) material. Nova Hedwigia Bei- pendice hilifère. On voit aussi plus nettement la surface de heft, 146: 43-62 la plage supra-appendiculaire, qui, bien que dépourvue d’or- ROMAGNESI H., 1967 – Les Russules d’Europe et nementation, n’est pas aussi « lisse » que bien souvent qua- d’Afrique du Nord : essai sur la valeur taxinomique et lifiée…Enfin, cela aide, outre l’intérêt esthétique, à spécifique des caractères morphologiques et microchi- expliquer ce que l’on voit en microscopie « optique ». miques des spores et des revêtements. Paris, Bordas, 998 p. * 12 Rue Pau Casals, F-66740 Laroque des Albères SARNARI, M., 1998-2005 – Monografia illustrata del Ge- (France), [email protected] nere Russula in Europa. Trento, Associazione micolo- ** 41 rue Georges Rives. F-66000 Perpignan (France), gica Bresadola, 2 vol. [email protected]

— 9— Mycologie et Botanique. 35. 2020 n IelL éeS IilM ’ ehICiBpCS e’ eECIdLd euTIé LSP e Louis Thouvenot*

Abstract parties de l’Europe, peuvent être ici en situation beaucoup Pyrénées-Orientales (France) is a department bordered by plus critique, par exemple du fait d’un statut relictuel, d’une Catalonia (Spain) and Midi-Pyrénées region (France) which situation géographique en limite d’aire ou d’activités hu- both were recently given a red list of the bryophytes. The maines localement plus impactantes (fig. 1). results of these studies are not relevant for the Pyrénées- Les régions limitrophes, Catalogne (Espagne) et l’ancienne Orientales as they stand but could be used as a starting région française Midi-Pyrénées (actuellement réunie au point. The knowledge of the bryophyte flora in this depart- Languedoc-Roussillon pour former la région Occitanie), ment is far more important than in the rest of the region. We possèdent toutes deux des listes rouges des bryophytes (In- propose to prepare the ground for a departmental red list of fante Sanchez et al. 2015, Sáez et al. 2019). Mais celles-ci bryophytes using the results of the two neighbouring re- ne sont pas, non plus, directement extrapolables aux Pyré- gions compared with the checklist of the bryophytes in the nées-Orientales. En particulier, la densité des données sur Pyrénées-Orientales. This may result in a set of critical spe- la flore bryologique est souvent plus importante dans les cies which will be subsequently evaluated following the Pyrénées-Orientales en raison de la publication récente d’un IUCN methodo- logy and, meanwhile, could provide a list atlas basé sur la collecte de nombreuses données modernes of likely threatened species to raise awareness about their et homogènes (inventaire par mailles) à l’échelle du dépar- conservation. tement (Hugonnot et al. 2018). Un tel inventaire systéma- tique reste à faire en Catalogne (Espagne) et Midi-Pyrénées. Introduction Les listes rouges des espèces menacées ont pour but d’éva- luer et de porter à connaissance le degré de fragilité des es- pèces naturelles présentes sur un territoire donné. La liste mondiale établie par l’Union internationale pour la conser- vation de la nature (UICN) a permis de mettre au point une méthodologie que s’efforcent de suivre les rédacteurs des listes nationales ou régionales. Dans le domaine de la bryologie, quelques listes ont été éla- borées en France mais le territoire des Pyrénées-Orientales ne relève d’aucune liste existante dans la mesure où il n’en existe ni pour l’ensemble du territoire national, ni pour l’ex- région Languedoc-Roussillon. Par conséquent, seule la ré- cente liste rouge européenne (Hodgetts et al. 2019, 2020), peut être utilisée dans ce petit département. Toutefois, une liste rouge européenne est d’une compétence territoriale for- cément trop vaste, et manque de pertinence pour son appli- Fig. 2 : Oedipodiella australis (Argelès) en limite cation à l’échelle d’un département français. De nombreuses nord de son aire. espèces rares, fragiles localement, n’y sont pas prises en Cela ne signifie nullement que la connaissance des bryo- compte et d’autres, peut-être peu menacées dans d’autres phytes des Pyrénées-Orientales soit exhaustive, mais la den- sité des données est sans commune mesure avec celle des deux régions voisines. D’un autre côté, les similitudes biogéographiques des PO avec ces régions sont très importantes, plus marquées avec la Catalogne (fig. 2) pour ses composantes méditerra- néennes et ibériques, ou avec Midi-Pyrénées (fig. 3) pour les nord-pyrénéennes et sub-atlantiques (à ses marges). De ce fait, il est tentant de chercher à utiliser au moins en partie les résultats de ces importantes publications. L’établissement d’une liste rouge passe nécessairement par une évaluation aussi objective que possible des menaces pe- sant sur chacun des taxons du groupe considéré. La méthode d’élaboration des LR est maintenant précise, standardisée par l’UICN, et a été appliquée lors de l’élaboration des deux Fig. 1 : Sphagnum centrale aux Angles, classée en danger (EN). liste rouges existantes. Nous renvoyons à ces publications

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 10 — - Une liste des taxons présents en Cat. ou M-P absents des PO. Elle sera mise de côté afin d’évaluer quels taxons mé- ritent d’être recherchés dans les PO. - Une liste des taxons présents seulement dans les PO, qui, avec une liste de ceux pour lesquels les données sont défi- cientes (DD) dans les deux LRs (tableau 1), constituent un ensemble à explorer uniquement avec les méthodes de l’UICN. Le travail préliminaire sur ces listes pourrait être d’en extraire les espèces pour lesquelles on disposerait de données suffisantes dans les PO. - Une liste des espèces menacées dans l’une ou l’autre des régions (catégories CR, EN, VU; les espèces considérées comme disparues dans ces LRs ne concernent pas les PO). Fig. 3 : Dichelyma falcatum, étang du Racou, espèce relicte. Cette liste (tableau 2) peut être utilisée pour mettre en place pour des informations sur la méthodologie. Il convient de pré- un dispositif d’alerte pour assurer leur conservation. Pour ciser cependant que, parmi les critères utilisés dans la mé- les plus menacées (CR et EN), un examen exhaustif de leur thode de l’IUCN, le critère dynamique (réduction de la taille situation dans les PO est proposé. Pour les vulnérables, un des populations) est exceptionnellement utilisé en raison de certain nombre de cas significatifs de la diversité des situa- l’absence de données comparables sur une assez longue pé- tions (biogéographiques, rareté, etc…) pourra être étudié riode. Dans le département des PO, ce critère ne pourra pas dans les mêmes conditions. être utilisé pour les mêmes raisons. - Une liste des taxons non menacés (NT) et une de ceux qui Pour que les PO puissent bénéficier des résultats d’une liste sont peu concernés (LC) dans les régions voisines sont rouge régionale, il faudrait que, dans le cadre de la nouvelle mises de côté mais un examen à dire d’expert permettra de région administrative Occitanie, le travail effectué en Midi- vérifier qu’elles ne contiennent pas des espèces qui seraient Pyrénées soit étendu aux départements de l’ancien Langue- menacées dans le contexte des PO. Il est bien entendu que doc-Roussillon. Mais la connaissance de la bryoflore est très la catégorie NT garde toute sa valeur d’avertissement, mais inégale suivant ces unités géographiques. Il est donc proposé le nombre de taxons concernés ne permet pas un traitement ici de tirer parti de l’état de l’art avantageux à l’échelle des à ce stade. Pyrénées-Orientales pour demander qu’une liste rouge de ce Résultats département soit mise en route le plus rapidement possible, - Nombre de taxons dans les PO : 830 espérant qu’elle puisse également servir de moteur pour dé- - Catégorie NA (exclues du traitement, espèces introduites velopper le travail dans les autres départements du Langue- ou éphémères) : 4 dans les LR (+ Scopelophila catarac- doc. Des listes rouges départementales existent ailleurs, tae et Enthostodon mouretii) (tableau 3) même si toutes n’ont pas été labélisées UICN : par exemple - Espèces non menacées ou mal connues : 427 en Isère (https://www.nature-isere.fr/temoignages-et- Non menacées (LC+LC : 233 ; LC en Cat seule : 34 ; LC actus/actualites/les-listes-rouges) ou en Loire-Atlantique (La- en M-P seule : 13) : 280 croix et al. 2009). Pour cela une méthode de travail utilisant Non menacées dans une région, mais mal connue (DD) les acquis des listes des régions voisines est testée, dans le dans l’autre : (LC en Cat : 144 ; LC en M-P : 3) : 147 but de préparer une évaluation objective de l’état de conser- - Statut inconnu : 111 (tableau 1) vation des espèces et la rédaction d’une LR départementale DD sur les LR [DD+DD : 17 ; DD en Cat (absent de M- ou régionale en utilisant les méthodes de base de l’UICN. P) : 9 ; DD en M-P (absent de Cat) :40] : 66 Méthode Présente seulement dans les PO : 45 Le référentiel de départ est TAXREF V12. La nomenclature - Espèces quasi menacées : 111 suit Hodgetts et al. (2020). La liste des espèces présentes dans Quasi menacées dans une seule région (LC ou absente les PO (checklist) est issue de Hugonnot et al. (2018), aug- dans l’autre) (NT en Cat : 32 ; NT en M-P : 27) : 59 mentée de Funariella curviseta (Thouvenot et al. 2018), Hed- NT+NT ou NT+DD : 52 wigia striata et Pseudocampylium radicale (Vincent - Espèces menacées (CR, EN ou VU) : 177 (tableau 2) Hugonnot, inédit). En outre, Aneura maxima n’avait pas été Menacées dans une région et quasi menacées dans l’autre reconnu dans Hugonnot et al. (2018), alors qu’il s’agit d’un (menacées en Cat : 12 ; menacées en M-P : 29) : 41 taxon reconnu dans les régions voisines. Les statuts de Menacées (menacées dans les 2 régions : 31 ; menacées conservation des espèces sont ceux des listes rouges de la ré- en Cat, absentes de M-P : 52 ; menacées en M-P, absentes gion Midi-Pyrénées (Infante Sanchez et al. 2015) et de la Ca- de Cat : 53) : 136 talogne (Sáez et al. 2019). Discussion Utilisant un tableur EXCEL, les statuts de conservation des Dans la perspective d’un travail pour l’élaboration d’une 2 listes rouges existantes sont confrontés à la checklist des liste rouge qui soit susceptible d’être opposée aux décideurs PO. Il en ressort : lors des évaluations d’incidences des projets, il faut que son — 11 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 élaboration ait suivi une méthode rigoureuse et soit validée cidences des projets d’aménagement. Cet article n’a d’autre par la communauté scientifique, en l’espèce la méthodolo- ambition que de dessiner les contours d’un travail qui reste gie de l’UICN et l’agrément de cette institution. Les listes à réaliser et de permettre d’en évaluer l’ampleur. ci-dessus ne peuvent donc être qu’un point de départ pour Remerciements à Vincent Hugonnot pour sa relecture et un tel travail. Cependant, rien n’empêche d’utiliser certains ses compléments. de leurs résultats pour attirer l’attention des aménageurs sur la présence d’espèces dont on sait, par comparaison avec Références les régions voisines, qu’elles ont de fortes chances d’être HODGETTS, N.G., CÁLIX M., ENGLEFIELD E. et al. menacées aussi dans les Pyrénées-Orientales (tableau 4). Il 2019 – A miniature world in decline: European Red List serait toujours utile de faire appel au volontariat des porteurs of Mosses, Liverworts and Hornworts. IUCN. Brussels, de projets ou des gestionnaires d’espaces naturels pour Belgium. 87 p. (téléchargeable à: https://www.research- qu’ils tiennent compte de la fragilité de ces espèces dans gate.net/publication/336114944_A_miniature_world_in leurs actions. _decline_European_Red_List_of_Mosses_Liverworts_a De la liste des espèces menacées (tableau 2), il sera possible nd_Hornworts ) de sélectionner les espèces classées EN ou CR dans au HODGETTS N.G., SÖDERSTRÖM L., BLOCKEEL T.L. moins une des deux régions voisines, de rechercher les don- et al., 2020 – An annotated checklist of bryophytes of nées sur leur présence dans les PO pour les localiser et iden- Europe, Macaronesia and Cyprus. Journal of Bryology tifier les types de menaces en fonction de l’étendue de leur 42: 1-116 population et de leurs habitats (fig. 1 : Sphagnum centrale HUGONNOT V., CHAVOUTIER L., PÉPIN F. & C.E.O.Jensen). Il serait indispensable d’y ajouter les espèces VERGNE T., 2017 – Les bryophytes des Pyrénées- absentes de ces régions ou qui y sont insuffisamment Orientales. Naturalia Editions, Association Loisirs Bo- connues ou classées vulnérables mais qui, à dire d’expert, taniques, 464 p. sont menacées dans le département. Par exemple, Mesop- INFANTE SANCHEZ M., CORRIOL G. & HAMDI E., tychia badensis (Gottsche ex Rabenh.) L.Söderstr. & Váňa, 2015 – Liste rouge d’espèces menacées de bryophytes liée aux tufs, vulnérable en Midi-Pyrénées, Oedipodiella en Midi-Pyrénées selon la méthode UICN. Version fi- australis (Wagner & Dixon) Dixon (fig. 2), rare et en limite nale. Conservatoire botanique national des Pyrénées et d’aire, vulnérable en Catalogne, et parmi les absentes des Midi-Pyrénées. 69 p. deux régions voisines, deux espèces très rares de montagne LACROIX P., LE BAIL J. & BRINDEJONC O., 2009 – Tayloria splachnoides (Schleich. ex Schwägr.) Hook., liée Liste “rouge” départementale des plantes vasculaires aux débris végétaux humides d’altitude et Dichelyma fal- rares et/ou en régression en Loire-Atlantique. Conserva- catum (Hedw.) Myr. (fig. 3), une relicte glacière des ruis- toire botanique national de Brest, antenne régionale des seaux à haute altitude. Évidemment, cette liste (tableau 4) pays de la Loire. 122 p. n’est pas limitative, tant s’en faut. SÁEZ LL, RUIZ E. & BRUGUÉS M., 2019 – Bryophyte Conclusion flora of Catalonia (Northeastern Iberian Peninsula): Le titre du travail de Hodgetts et al. (2019) évoque juste- checklist and redlist. Boletín de la Sociedad Española ment “un monde miniature en déclin”. Les bryophytes en de Briología 51: 3-126 sont une composante essentielle et méritent qu’on mette les THOUVENOT L., SULMONT É., CHAVOUTIER L. & moyens pour évaluer leur état de conservation à l’échelle la HUGONNOT V., 2018 – Funariella curviseta une plus fine. Celle d’un département, malgré les imperfections mousse nouvelle pour le département des Pyrénées- de ce genre de découpage purement administratif, s’y prête Orientales (Occitanie, France). Mycologie et Botanique dans la mesure où elle est à la fois proche de la réalité de 33: 7-8 terrain, commode pour rassembler des données d’inventaire, pertinente pour répondre aux demandes d’évaluation des in- * [email protected]

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 12 — Tableau 1 : Liste des espèces présentes seulement dans les Pyrénées-Orientales ou qui manquent de données en Catalogne et Midi-Pyrénées.

GROUPE NOM VALIDE Cat statut Midi Pyr statut PO présence Hépatique Aneura mirabilis (Malmb.) Wickett & Goffinett, 2008 P Mousse Antitrichia californica Sull. P Mousse Brachydontium trichodes (F.Weber) Milde, 1869 DD P Mousse Brachythecium geheebii Milde, 1869 DD P Mousse Bryum funckii Schwägr. DD P Mousse Bryum gemmiferum R.Wilczek & Demaret, 1976 DD P Mousse Bryum kunzei Hornsch., 1819 DD DD P Mousse Bryum ruderale Crundw. & Nyholm, 1963 DD DD P Mousse Bryum subapiculatum Hampe, 1872 P Mousse Bryum tenuisetum Limpr., 1897 P Mousse Bryum valparaisense Thér. P Mousse Calliergon richardsonii (Mitt.) Kindb., 1897 P Mousse Campylopus oerstedianus (Müll.Hal.) Mitt., 1869 P Mousse Campylopus pyriformis (Schultz) Brid., 1826 DD P Hépatique Cephaloziella rubella (Nees) Warnst., 1902 DD P Mousse Cinclidium stygium Sw., 1803 P Mousse Crossidium aberrans Holz. & E.B.Bartram, 1924 DD P Mousse Dialytrichia saxicola (Lamy) M.J.Cano, 2007 P Mousse Dichodontium flavescens (Dicks. ex With.) Lindb., 1878 DD P Mousse Dicranoweisia cirrata (Hedw.) Lindb., 1869 DD P Mousse Dicranum fulvum Hook., 1819 DD P Mousse Dicranum montanum Hedw., 1801 DD P Mousse Didymodon cordatus Jur., 1866 DD DD P Mousse Didymodon sinuosus (Mitt.) Delogne, 1873 DD P Didymodon tophaceus subsp. sicculus (M.J.Cano, Ros, García-Zam. & J.Guerra) Mousse P Jan Kučera, 2018 Mousse Ditrichum heteromallum (Hedw.) E.Britton, 1913 DD P Mousse Ditrichum subulatum Hampe, 1867 DD P Mousse Ditrichum zonatum (Brid.) Kindb., 1882 P Hépatique Douinia ovata (Dicks.) H.Buch, 1928 P Mousse Entosthodon muhlenbergii (Turner) Fife, 1985 DD DD P Mousse Ephemerum recurvifolium (Dicks.) Boulay, 1872 DD P Mousse Fissidens crispus Mont., 1838 DD P Mousse Fissidens gracilifolius Brugg.-Nann. & Nyholm, 1986 DD P Mousse Fissidens gymnandrus Buse, 1869 P Mousse Fissidens pusillus (Wilson) Milde, 1869 DD DD P Hépatique Fossombronia foveolata Lindb., 1874 P Hépatique Fossombronia maritima (Paton) Paton, 1994 P Mousse Funariella curviseta (Schwägr.) Sérgio, 1988 P Hépatique Geocalyx graveolens (Schrad.) Nees, 1836 P Mousse Grimmia capillata De Not., 1836 P Mousse Grimmia dissimulata E.Maier, 2002 P Mousse Grimmia donniana Sm., 1804 DD P Mousse Grimmia meridionalis (Müll.Hal.) E.Maier, 2002 DD P Hépatique Gymnomitrion adustum Nees, 1833 DD P Hépatique Gymnomitrion corallioides Nees, 1833 DD P Mousse Gyroweisia tenuis (Hedw.) Schimp., 1876 DD DD P Mousse Helodium blandowii (F.Weber & D.Mohr) Warnst., 1905 P Mousse Heterocladium flaccidum (Schimp.) A.J.E.Sm., 2006 P Mousse Hydrogonium croceum (Brid.) Jan Kučera, 2013 DD P Mousse Hygroamblystegium fluviatile (Hedw.) Loeske, 1903 DD P Mousse Hygroamblystegium tenax (Hedw.) Jenn., 1913 DD P Mousse Hygrohypnum styriacum (Limpr.) Broth., 1908 P Mousse Hymenostylium recurvirostrum (Hedw.) Dixon, 1933 DD P

— 13 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 GROUPE NOM VALIDE Cat statut Midi Pyr statut PO présence Mousse Hypnum revolutum var. dolomiticum (Milde) Mönk., 1927 P Mousse Hypnum sauteri Schimp., 1850 P Mousse Lescuraea saviana (De Not.) E.Lawton, 1957 P Mousse Leskea polycarpa Hedw., 1801 DD P Hépatique Liochlaena lanceolata Nees, 1845 DD P Hépatique Liochlaena subulata (A. Evans) Schljakov, 1981 P Hépatique Marchantia polymorpha subsp. montivagans Bischl. & Boisselier DD DD P Hépatique Marchantia polymorpha subsp. polymorpha L., 1753 DD DD P Hépatique Marchantia polymorpha subsp. ruderalis Bischl. & Boisselier DD DD P Hépatique Marsupella aquatica (Lindenb.) Schiffn., 1896 P Hépatique Marsupella sparsifolia (Lindb.) Dumort., 1874 DD P Hépatique Neoorthocaulis attenuatus (Mart.) L.Söderstr., De Roo & Hedd., 2010 DD P Hépatique Odontoschisma francisci (Hook.) L.Söderstr. & Váňa, 2013 P Mousse Orthotrichum cupulatum var. riparium Huebener, 1833 DD P Mousse Orthotrichum patens Bruch ex Brid., 1827 P Mousse Orthotrichum philibertii Venturi, 1878 DD P Mousse Orthotrichum urnigerum Myrin, 1833 DD P Mousse Paraleucobryum enerve (Thed.) Loeske, 1908 DD DD P Mousse Plagiothecium platyphyllum Mönk., 1927 DD P Mousse Pohlia andrewsii A.J.Shaw, 1981 P Mousse Pohlia bulbifera (Warnst.) Warnst., 1904 P Mousse Pohlia filum (Schimp.) Martensson, 1956 DD P Mousse Pohlia lescuriana (Sull.) Ochi, 1968 P Mousse Pohlia lutescens (Limpr.) H.Lindb., 1899 P Mousse Pohlia obtusifolia (Vill. ex Brid.) L.F.Koch, 1950 DD P Mousse Pohlia sphagnicola (Bruch & Schimp.) Broth., 1903 P Hépatique Porella baueri (Schiffn.) C.E.O.Jensen, 1915 DD P Mousse Ptychomitrium incurvum (Schwägr.) Spruce, 1849 DD P Mousse Ptychostomum archangelicum (Bruch & Schimp.) J.R.Spence, 2005 DD DD P Mousse Racomitrium heterostichum (Hedw.) Brid., 1819 DD P Hépatique Radula lindenbergiana Gottsche ex C.Hartm., 1864 DD DD P Mousse Rhabdoweisia crispata (Dicks.) Lindb. DD P Hépatique Riccia crozalsii Levier, 1902 P Hépatique Scapania curta (Mart.) Dumort., 1835 DD DD P Hépatique Scapania lingulata H.Buch, 1916 P Hépatique Scapania paludosa (Müll.Frib.) Müll.Frib., 1902 DD P Hépatique Scapania subalpina (Nees ex Lindenb.) Dumort., 1835 P Mousse Schistidium atrichum (Müll.Hal. & Kindb.) W.A.Weber P Mousse Schistidium brunnescens subsp. griseum (Nees & Hornsch.) H.H.Blom, 1996 P Mousse Schistidium elegantulum subsp. elegantulum H.H.Blom, 1996 DD P Mousse Schistidium marginale H.H.Blom, Bedn.-Ochyra & Ochyra, 2016 P Mousse Sciuro-hypnum flotowianum (Sendtn.) Ignatov & Huttunen, 2002 DD P Mousse Sciuro-hypnum starkei (Brid.) Ignatov & Huttunen, 2002 DD DD P Mousse Seligeria calcarea (Hedw.) Bruch & Schimp., 1849 DD P Mousse Seligeria patula (Lindb.) I.Hagen P Mousse Seligeria trifaria (Brid.) Lindb., 1863 DD P Mousse Sematophyllum demissum (Wilson) Mitt., 1864 DD P Hépatique Solenostoma sphaerocarpum (Hook.) Steph., 1901 DD P Hépatique Syzygiella autumnalis (DC.) K.Feldberg, Váňa, Hentschel & Heinrichs, 2010 DD P Mousse Tayloria splachnoides (Schleich. ex Schwägr.) Hook., 1816 P Mousse Tortella alpicola Dixon, 1930 P Mousse Tortula viridifolia (Mitt.) Blockeel & A.J.E.Sm., 1998 DD DD P Mousse Trematodon ambiguus (Hedw.) Hornsch., 1819 P Mousse Trichodon cylindricus (Hedw.) Schimp., 1856 DD DD P Mousse Ulota hutchinsiae (Sm.) Hammar, 1852 DD P Mousse Weissia levieri (Limpr.) Kindb., 1897 DD P Mousse Weissia rutilans (Hedw.) Lindb., 1863 DD DD P

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 14 — Tableau 2 : Liste des espèces menacées en Catalogne et Midi-Pyrénées et présentes dans les Pyrénées-Orientales

GROUPE NOM VALIDE Cat statut Midi Pyr statut Mousse Amblyodon dealbatus (Hedw.) P.Beauv., 1804 VU VU Mousse Anacamptodon splachnoides (Froel. ex Brid.) Brid., 1819 CR* Mousse Arctoa fulvella (Dicks.) Bruch & Schimp., 1846 CR DD Mousse Bartramia rosamrosiae Damayanti, J.Muñoz, J.-P.Frahm & D.Quandt, 2012 LC VU Hépatique Bazzania trilobata (L.) Gray, 1821 EN Hépatique Biantheridion undulifolium (Nees) Konstant. & Vilnet, 2010 EN Mousse Brachytheciastrum collinum (Schleich. ex Müll.Hal.) Ignatov & Huttunen VU DD Mousse Brachythecium cirrosum (Schwägr.) Schimp., 1860 CR DD Mousse Brachythecium laetum (Brid.) Schimp., 1853 EN VU Mousse Brachythecium tommasinii (Sendtn. ex Boulay) Ignatov & Huttunen, 2002 VU DD Mousse Braunia imberbis (Sm.) N.Dalton & D.G.Long, 2012 VU LC Mousse Bryoerythrophyllum ferruginascens (Stirt.) Giacom., 1947 VU VU Mousse Bryoerythrophyllum inaequalifolium (Taylor) R.H.Zander EN Mousse Bryum klinggraeffii Schimp., 1858 DD VU Mousse Bryum weigelii Spreng., 1807 LC VU Mousse Buxbaumia aphylla Hedw., 1801 EN Mousse Calliergon cordifolium (Hedw.) Kindb., 1894 EN Hépatique Calypogeia integristipula Steph., 1908 EN CR Hépatique Calypogeia neesiana (C.Massal. & Carestia) Müll.Frib., 1905 VU VU Hépatique Calypogeia suecica (Arnell & J.Perss.) Müll.Frib., 1904 VU EN Mousse Campylopus subulatus Schimp. ex Milde, 1862 CR DD Hépatique Cephalozia ambigua C.Massal., 1907 VU EN Hépatique Cephaloziella baumgartneri Schiffn., 1905 LC VU Hépatique Cephaloziella calyculata (Durieu & Mont.) Müll.Frib., 1916 EN Hépatique Cephaloziella grimsulana (J.B.Jack ex Gottsche & Rabenh.) Lacout., 1905 EN Hépatique Cephaloziella massalongi (Spruce) Müll.Frib. VU Hépatique Cephaloziella turneri (Hook.) Müll.Frib., 1913 LC VU Mousse Cinclidotus riparius (Host ex Brid.) Arn., 1827 VU VU Mousse Codonoblepharon forsteri (Dicks.) Goffinet V U (syn?) CR Mousse Conostomum tetragonum (Hedw.) Lindb., 1863 VU DD Mousse Cynodontium polycarpon (Hedw.) Schimp. VU DD Mousse Cynodontium strumiferum (Hedw.) Lindb., 1864 VU EN Mousse Dichelyma falcatum (Hedw.) Myrin, 1833 CR Mousse Dicranella grevilleana (Brid.) Schimp., 1856 VU DD Mousse Dicranella rufescens (Dicks.) Schimp. VU DD Mousse Dicranella schreberiana (Hedw.) Hilf. ex H.A.Crum & L.E.Anderson, 1981 VU DD Mousse Dicranum brevifolium (Lindb.) Lindb., 1879 VU Mousse Dicranum flagellare Hedw., 1801 CR Mousse Dicranum polysetum Sw. ex anon. LC VU Mousse Dicranum undulatum Schrad. ex Brid., 1801 DD EN Mousse Distichium inclinatum (Hedw.) Bruch & Schimp., 1846 DD VU Hépatique Dumortiera hirsuta (Sw.) Nees, 1833 EN Mousse Encalypta microstoma Bals.-Criv. & De Not., 1838 VU VU Mousse Entosthodon pulchellus (H.Philib.) Brugués LC VU Hépatique Exormotheca pustulosa Mitt., 1870 EN Mousse Fissidens crassipes subsp. crassipes Wilson ex Bruch & Schimp., 1849 LC VU Mousse Fissidens osmundoides Hedw., 1801 LC VU Mousse Fissidens rufulus Bruch & Schimp., 1851 EN Mousse Fontinalis squamosa var. squamosa Hedw., 1801 LC VU Hépatique Frullania cesatiana De Not., 1865 VU Hépatique Fuscocephaloziopsis connivens (Dicks.) Váňa & L.Söderstr., 2013 VU

— 15 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 GROUPE NOM VALIDE Cat statut Midi Pyr statut Mousse Grimmia arenaria Hampe, 1836 VU DD Mousse Grimmia incurva Schwägr., 1811 VU DD Mousse Grimmia mollis Bruch & Schimp., 1849 VU EN Mousse Grimmia tergestina Tomm. ex Bruch & Schimp., 1845 DD VU Hépatique Gymnomitrion alpinum (Gottsche ex Husn.) Schiffn., 1903 VU LC Mousse Hamatocaulis vernicosus (Mitt.) Hedenäs, 1989 EN Hépatique Harpalejeunea molleri (Steph.) Grolle, 1989 VU DD Mousse Homalothecium aureum (Spruce) H.Rob., 1962 LC VU Mousse Hydrogonium bolleanum (Müll.Hal.) A.Jaeger LC CR Mousse Hygrohypnum molle (Hedw.) Loeske, 1903 VU VU Mousse Hypnum recurvatum (Lindb. & Arnell) Kindb., 1893 EN DD Mousse Kiaeria blyttii (Bruch & Schimp.) Broth., 1923 CR DD Hépatique Kurzia pauciflora (Dicks.) Grolle, 1963 VU Hépatique Leiomylia anomala (Hook.) J.J.Engel & Braggins, 2005 VU EN Hépatique Lejeunea lamacerina (Steph.) Schiffn., 1902 VU Mousse Lescuraea mutabilis (Brid.) Lindb. ex I.Hagen VU DD Mousse Lewinskya acuminata (H.Philib.) F.Lara, Garilleti & Goffinet, 2016 LC VU Hépatique Lophozia ascendens (Warnst.) R.M.Schust., 1952 VU EN Hépatique Lophoziopsis excisa (Dicks.) Konstant. & Vilnet, 2010 LC VU Hépatique Lophoziopsis longidens (Lindb.) Konstant. & Vilnet, 2009 VU VU Hépatique Mannia androgyna (L.) A.Evans, 1938 LC VU Hépatique Mannia gracilis (F.Weber) Schill & D.G.Long DD VU Hépatique Mannia triandra (Scop.) Grolle, 1975 VU Hépatique Marsupella sprucei (Limpr.) Bernet, 1888 CR DD Mousse Meesia uliginosa Hedw., 1801 VU DD Hépatique Mesoptychia badensis (Gottsche ex Rabenh.) L.Söderstr. & Váňa, 2012 VU Hépatique Mesoptychia heterocolpos (Thed. ex Hartm.) L.Söderstr. & Váňa, 2012 VU VU Hépatique Myriocoleopsis minutissima subsp. minutissima (Sm.) R.L.Zhu, Y.Yu & Pócs, 2014 VU LC Hépatique Nardia compressa (Hook.) Gray, 1821 LC VU Hépatique Nardia insecta Lindb., 1879 CR VU Hépatique Obtusifolium obtusum (Lindb.) S.W.Arnell, 1956 VU DD Hépatique Odontoschisma elongatum (Lindb.) A.Evans, 1912 LC VU Mousse Oedipodiella australis (Wager & Dixon) Dixon, 1922 VU Mousse Oncophorus wahlenbergii Brid., 1826 CR Mousse Orthotrichum alpestre Bruch & Schimp. VU VU Mousse Orthotrichum hispanicum F.Lara, Garilleti & Mazimpaka, 2000 VU VU Mousse Paraleucobryum sauteri (Bruch & Schimp.) Loeske, 1908 VU DD Anthocérote Phaeoceros laevis (L.) Prosk., 1951 LC VU Mousse Philonotis capillaris Lindb., 1867 LC VU Mousse Plagiothecium piliferum (Sw.) Schimp., 1851 VU DD Mousse Pohlia annotina (Hedw.) Lindb., 1879 EN DD Mousse Pohlia camptotrachela (Renauld & Cardot) Broth., 1903 VU VU Mousse Pohlia longicolla (Hedw.) Lindb., 1879 VU DD Mousse Pohlia ludwigii (Spreng. ex Schwägr.) Broth., 1892 VU DD Mousse Polytrichum longisetum Sw. ex Brid., 1801 EN Mousse Pseudoleskeella rupestris (Berggr.) Hedenäs & L.Söderstr., 1992 VU Mousse Ptilium crista-castrensis (Hedw.) De Not., 1867 VU LC Mousse Racomitrium macounii subsp. alpinum (E.Lawton) Frisvoll, 1988 LC VU Mousse Rhodobryum ontariense (Kindb.) Kindb., 1898 LC VU Mousse Rhodobryum roseum (Hedw.) Limpr., 1892 LC VU Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 16 — GROUPE NOM VALIDE Cat statut Midi Pyr statut Hépatique Riccardia incurvata Lindb., 1878 EN EN Hépatique Riccardia latifrons (Lindb.) Lindb., 1875 VU CR Hépatique Riccia glauca L., 1753 VU VU Hépatique Riccia michelii Raddi, 1818 VU Hépatique Riccia nigrella DC., 1815 LC VU Hépatique Saccobasis polita (Nees) H.Buch, 1933 VU Mousse Sarmentypnum sarmentosum (Wahlenb.) Tuom. & T.J.Kop., 1979 CR EN Hépatique Scapania cuspiduligera (Nees) Müll.Frib., 1915 VU DD Hépatique Scapania paludicola Loeske & Müll.Frib., 1915 EN Hépatique Scapania praetervisa Meyl., 1926 DD VU Hépatique Scapania scandica (Arnell & H.Buch) Macvicar, 1926 DD VU Hépatique Scapania umbrosa (Schrad.) Dumort., 1835 VU EN Hépatique Schistochilopsis opacifolia (Culm. ex Meyl.) Konstant., 1994 VU Hépatique Schljakovia kunzeana (Huebener) Konstant. & Vilnet, 2010 VU Mousse Scorpidium revolvens (Sw. ex anon.) Rubers CR VU Mousse Seligeria acutifolia Lindb., 1864 VU Mousse Serpoleskea confervoides (Brid.) Loeske, 1904 LC VU Hépatique Solenostoma confertissimum (Nees) Schljakov, 1981 VU VU Hépatique Sphaerocarpos michelii Bellardi, 1792 DD VU Mousse Sphagnum angustifolium (C.E.O.Jensen ex Russow) C.E.O.Jensen EN VU Mousse Sphagnum centrale C.E.O.Jensen, 1896 EN EN Mousse Sphagnum fuscum (Schimp.) H.Klinggr., 1872 EN VU Mousse Sphagnum quinquefarium (Braithw.) Warnst. VU LC Mousse Syntrichia calcicola J.J.Amann, 1918 LC VU Mousse Syntrichia fragilis (Taylor) Ochyra, 1992 VU Hépatique Targionia hypophylla L., 1753 LC VU Mousse Tayloria froelichiana (Hedw.) Mitt. ex Broth., 1903 CR DD Mousse Tayloria lingulata (Dicks.) Lindb., 1879 VU Mousse Tayloria tenuis (Dicks.) Schimp. VU EN Mousse Timmia bavarica Hessl., 1822 LC VU Mousse Tortella humilis (Hedw.) Jenn., 1913 LC VU Mousse Warnstorfia fluitans (Hedw.) Loeske, 1907 CR DD Mousse Weissia squarrosa (Nees & Hornsch.) Müll.Hal., 1849 VU

Tableau 3 : Liste des espèces exclues de l'évaluation, exotiques ou de présence éphémère.

GROUPE NOM VALIDE Cat statut Midi Pyr statut Colonne1 Mousse Campylopus introflexus (Hedw.) Brid., 1819 NA 0 Mousse Didymodon australasiae (Hook. & Grev.) R.H.Zander, 1978 NA 0 Mousse Didymodon umbrosus (Müll.Hal.) R.H.Zander NA 0 Mousse Leptophascum leptophyllum (Müll.Hal.) J.Guerra & M.J.Cano NA 0 Mousse Entosthodon mouretii (Corb.) Jelenc, 1952 CR 0 éphémère dans les PO Mousse Scopelophila cataractae (Mitt.) Broth., 1902 0 0 introduction postérieure au début XXème siècle

— 17 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Tableau 4 : Liste provisoire des espèces menacées dans les Pyrénées-Orientales.

GROUPE NOM VALIDE Cat statut Midi Pyr statut Hépatique Marsupella sprucei (Limpr.) Bernet, 1888 CR DD Mousse Brachythecium cirrosum (Schwägr.) Schimp., 1860 CR DD Mousse Warnstorfia fluitans (Hedw.) Loeske, 1907 CR DD Mousse Campylopus subulatus Schimp. ex Milde, 1862 CR DD Mousse Arctoa fulvella (Dicks.) Bruch & Schimp., 1846 CR DD Mousse Kiaeria blyttii (Bruch & Schimp.) Broth., 1923 CR DD Mousse Tayloria froelichiana (Hedw.) Mitt. ex Broth., 1903 CR DD Hépatique Nardia insecta Lindb., 1879 CR VU Mousse Scorpidium revolvens (Sw. ex anon.) Rubers CR VU Mousse Dichelyma falcatum (Hedw.) Myrin, 1833 CR abs Mousse Oncophorus wahlenbergii Brid., 1826 CR abs Mousse Hypnum recurvatum (Lindb. & Arnell) Kindb., 1893 EN DD Mousse Pohlia annotina (Hedw.) Lindb., 1879 EN DD Mousse Brachythecium laetum (Brid.) Schimp., 1853 EN VU Mousse Sphagnum angustifolium (C.E.O.Jensen ex Russow) C.E.O.Jensen EN VU Mousse Sphagnum fuscum (Schimp.) H.Klinggr., 1872 EN VU Hépatique Cephaloziella calyculata (Durieu & Mont.) Müll.Frib., 1916 EN abs Hépatique Cephaloziella grimsulana (J.B.Jack ex Gottsche & Rabenh.) Lacout., 1905 EN abs Hépatique Exormotheca pustulosa Mitt., 1870 EN abs Mousse Buxbaumia aphylla Hedw., 1801 EN abs Mousse Polytrichum longisetum Sw. ex Brid., 1801 EN abs Mousse Bryoerythrophyllum inaequalifolium (Taylor) R.H.Zander EN abs Mousse Sarmentypnum sarmentosum (Wahlenb.) Tuom. & T.J.Kop., 1979 CR EN Hépatique Riccardia incurvata Lindb., 1878 EN EN Mousse Sphagnum centrale C.E.O.Jensen, 1896 EN EN Hépatique Calypogeia integristipula Steph., 1908 EN CR Mousse Hydrogonium bolleanum (Müll.Hal.) A.Jaeger LC CR Mousse Codonoblepharon forsteri (Dicks.) Goffinet V U CR Hépatique Riccardia latifrons (Lindb.) Lindb., 1875 VU CR Mousse Dicranum flagellare Hedw., 1801 abs CR Mousse Anacamptodon splachnoides (Froel. ex Brid.) Brid., 1819 abs CR* Hépatique Biantheridion undulifolium (Nees) Konstant. & Vilnet, 2010 abs EN Hépatique Dumortiera hirsuta (Sw.) Nees, 1833 abs EN Hépatique Bazzania trilobata (L.) Gray, 1821 abs EN Hépatique Scapania paludicola Loeske & Müll.Frib., 1915 abs EN Mousse Calliergon cordifolium (Hedw.) Kindb., 1894 abs EN Mousse Hamatocaulis vernicosus (Mitt.) Hedenäs, 1989 abs EN Mousse Fissidens rufulus Bruch & Schimp., 1851 abs EN Mousse Dicranum undulatum Schrad. ex Brid., 1801 DD EN Hépatique Calypogeia suecica (Arnell & J.Perss.) Müll.Frib., 1904 VU EN Hépatique Cephalozia ambigua C.Massal., 1907 VU EN Hépatique Lophozia ascendens (Warnst.) R.M.Schust., 1952 VU EN Hépatique Leiomylia anomala (Hook.) J.J.Engel & Braggins, 2005 VU EN Hépatique Scapania umbrosa (Schrad.) Dumort., 1835 VU EN Mousse Grimmia mollis Bruch & Schimp., 1849 VU EN Mousse Cynodontium strumiferum (Hedw.) Lindb., 1864 VU EN Mousse Tayloria tenuis (Dicks.) Schimp. VU EN Mousse Tayloria splachnoides (Schleich. ex Schwägr.) Hook. abs abs Mousse Dichelyma falcatum (Hedw.) Myr. abs abs Mousse Oedipodiella australis (Wagner & Dixon) Dixon VU abs Hépatique Mesoptychia badensis (Gottsche ex Rabenh.) L.Söderstr. & Váňa abs VU

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 18 — TOSSA d’ALP (Espagne) HERBORISATIONS COMPARÉES 1986/2020 Martine Langlais

Le 26 juillet 2020, cinq membres de la SMBCN se retrou- louses sommitales où abonde une flore différente mais tout vent pour une sortie botanique en Espagne, à la Tossa d’Alp aussi intéressante. dont le sommet s’élève à 2536 m. L’ascension débute tôt le matin à la Coma Oriola (1950 m) où se situe le parking des remontées mécaniques faisant partie de l’ensemble du do- maine skiable de la célèbre station de La Molina. Tout au long de la journée nous allons constater les dégâts qu’une telle renommée entraîne pour la préservation de la nature. Mais, si la pratique du ski a considérablement modelé cette superbe combe orientée nord-sud, les abruptes parois cal- caires qui la bordent ne peuvent, heureusement, être visitées que par des randonneurs pédestres. Tout au long de notre périple, sans temps mort, nous obser- vons une abondante et riche flore, avec des espèces peu communes. Le cheminement est rendu difficile par la tra- Fig. 2 : Minuartia villarii versée de plusieurs pierriers d’où, étonnamment, surgissent La saison tardive nous prive des fleurs de bon nombre d’es- des petits coussins de fleurs, comme ceux de Hornungia al- pèces printanières telles qu’Androsace vitaliana (L.) La- pina (L.) O.Appel, d’un blanc pur (fig. 1). Accrochées aux peyr. et Saxifraga oppositifolia L., mais en revanche nous parois, nous avons la chance de voir six rosettes en fleur du permet de trouver quelques pieds fleuris de la gracile Co- généreux Saxifraga longifolia Lapeyr. qui prend son temps mastoma tenellum (Rottb.) Toyok. (fig. 4), peu fréquente. Arrivés à moins de 100 m du sommet, nous décidons de ne pas y grimper. L’étude du bas de ses pentes très caillou- teuses nous confirme la présence de jolies espèces mais dont la floraison est passée. Une seule et unique fleur d’Iberis spathulata J.P.Bergeret ex DC. nous rappelle que plus tôt en saison elle est très abondante ici en compagnie de Ra- nunculus parnassifolius L. Quelques pieds d’Artemisia um- belliformis Lam. fort odorants nous évoquent le génépi des Alpes. Nous quittons l’étage alpin avec le regret de ne pas avoir vu un seul pied en fleur de Petrocallis pyrenaica (L.) R.Br. (fig. 5), sa floraison spectaculaire m’avait enchantée l’an passé mais c’était un mois plus tôt en saison.

Fig. 1 : Hornungia alpina pour s’épanouir mais quelle superbe fleur ! Si un seul et unique pied fleuri de Ramonda myconi (L.) Rchb. nous ravit, la présence accentuée de la délicate Minuartia villarii (Balb.) Wilczek & Chenevard (fig. 2) nous permet de bien la distinguer d’une espèce très voisine : Minuartia verna (L.) Hiern. La belle espèce de raiponce, Phyteuma charmelii Vill., est facilement identifiable, blottie dans les failles des roches avec ses deux sortes de feuilles bien différenciées. Près d’une grotte, nous nous attardons sur une espèce de myosotis très rare, Myosotis minutiflora Boiss. & Reut., dont c’est ici la seule station connue pour les Pyrénées mais Fig. 3 : Astragalus sempervirens subsp catalaunicus qui est présente dans les Alpes et plus au sud dans la Pénin- sule ibérique (Le Driant et al. 2015). Un taxon bien fleuri Au cours de la descente quelque peu monotone, au travers d’Astragalus sempervirens subsp catalaunicus (Braun- d’une prairie constellée de beaux spécimens d’Eryngium Blanq.) Laínz inspire la photographe (fig. 3). bourgatii Gouan dont un « coiffé » d’une petite tortue L’après-midi, changement de décor, nous parcourons les pe- (fig. 6), nous croisons une bande d’isards peu farouches.

— 19 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 sous le référentiel BDTFX V2 01. Les noms des plantes de 1986 ont ainsi été réactualisés. Notons qu’il y a deux taxons qui n’ont pu être observés sur le site car absents des Pyrénées : Artemisia glacialis (confu- sion probable avec Artemisia umbelliformis) et Saxifraga muscoides (confusion possible avec Saxifraga bryoides L.). Par ailleurs Sideritis endressii Willk., présent de manière endémique dans les P.-O. dans le secteur des Albères, doit, me semble t-il, être rapporté à Sideritis hyssopifolia subsp eynensis (Sennen) Malag. qui est une espèce bien représen- tée à la Tossa.

Fig. 4 : Comastotema tenellum C’est en cheminant qu’est évoquée la visite effectuée sur ce site par nos prédécesseurs de la SOCBEV (société catalane de botanique et d’écologie végétale). Celle-ci a eu lieu le 27 juillet 1986, en présence de René Echard. C’est ainsi qu’est née l’idée de comparer nos listes respectives. En fait, il y a 3 listes distinctes : celle de la SOCBEV, celle de R. Echard et la nôtre. Il apparait que R. Echard n’a pas suivi le même cheminement que le groupe et a ainsi rédigé un compte-rendu d’herborisation indépendamment de la liste Fig. 6 : Eryngium bourgatii visité par une petite tortue SOCBEV. Loin de moi l’idée de jeter la pierre à ces valeureux prédé- cesseurs ! Le matériel mis à leur disposition était loin d’être aussi performant que les flores que nous utilisons au- jourd’hui. N’oublions pas que les grands botanistes, tels que Gaston Bonnier ou Henri Coste, ont fait éditer leur flore avant 1940 et, en ce qui concerne les Pyrénées, il a fallu at- tendre 1991 pour découvrir les recherches de Marcel Saule. En revanche, louons les mérites de tous les auteurs qui ont depuis considérablement enrichi les flores pour permettre une meilleure identification. Notre groupe était composé de Monique Bourguignon, Jean-Marc Lewin, Serge Peyre, Brice Peyrot et moi-même. Fig. 5 : Petrocallis pyrenaica La présence de Jean-Marc a indéniablement permis de « dé- gotter » des taxons que sans lui nous aurions pu négliger. La liste SOCBEV est parue dans le bulletin GINEBRE N°4 Sa connaissance approfondie du terrain et des espèces s’y de septembre 1988, l’article d’Echard n’est paru qu’en jan- rattachant a été une aide précieuse dans l’élaboration de vier 1993 dans le bulletin GINEBRE N°8, en hommage à cette liste de 150 espèces. la suite de sa disparition en 1992. En conclusion, je me demande qui viendra commenter nos René Echard a été professeur de lettres à Prades jusqu’en travaux dans 35 ans ! 1968 puis s’est consacré à sa passion pour les plantes. Il a Bibliographie créé un jardin méditerranéen à Prades et un autre pour les ANONYME, 1988 – Tossa d’Alp. Ginebre 4: 34-35 espèces alpines à Bolquère, sur ces deux jardins 2600 es- ANONYME, 1993 – Éditorial. Ginebre 8: 1-5 pèces ont été recensées. Il s’était particulièrement intéressé ECHARD R., 1993 – La Tossa d’Alp. Ginebre 8: 7-10 aux cistes dont il possédait 68 espèces (dont des hybrides). LE DRIANT F., R. TOURAUD, J.-F. MARTOS et J.-M. Il était également passionné par les sedums et les joubarbes, LEWIN, 2015 – Myosotis minutiflora Boiss. & Reut., mais curieusement il n’en a mentionné aucune espèce dans une nouvelle especè pour les Pyrené es.́ Mycologie et Bo- son article. tanique. 30: 63–64 La liste complète des espèces répertoriées (tableau 1), via les 3 sources, a été éditée d’après l’application « carnet2notes » * [email protected]

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 20 — Tableau 1 : Liste des espèces signalées selon les différentes sources. SOCBEV ECHARD SMBCN Achillea millefolium subsp. ceretanica (Sennen) Sennen Asteraceae X Achillea ptarmica subsp. pyrenaica (Sibth. ex Godr.) Heimerl Asteraceae X Actaea spicata L. Ranunculaceae X Allium lusitanicum Lam. Amaryllidaceae X Androsace villosa L. Primulaceae X X X Androsace vitaliana (L.) Lapeyr. Primulaceae X Anemone alpina L. Ranunculaceae X Anemone vernalis L. Ranunculaceae X Antennaria dioica (L.) Gaertn. Asteraceae X X Anthyllis montana L. Fabaceae XX Anthyllis vulneraria subsp. alpestris (Kit.) Asch. & Graebn. Fabaceae X X Anthyllis vulneraria subsp. vulnerarioides (All.) Arcang. Fabaceae X Aquilegia hirsutissima Timb.-Lagr. Ranunculaceae X X X Arabis alpina L. Brassicaceae X Arctium minus (Hill) Bernh. Asteraceae X Arenaria grandiflora L. Caryophyllaceae X X Arrhenatherum elatius (L.) P.Beauv. ex J.Presl & C.Presl Poaceae X Artemisia glacialis L. Asteraceae X Artemisia umbelliformis Lam. Asteraceae X Asplenium adiantum-nigrum L. Aspleniaceae X Asplenium fontanum (L.) Bernh. Aspleniaceae X X Asplenium ruta-muraria L. Aspleniaceae X Asplenium septentrionale (L.) Hoffm. Aspleniaceae X Asplenium trichomanes L. Aspleniaceae X Asplenium viride Huds. Aspleniaceae X X Aster alpinus L. Asteraceae XXX Astragalus australis (L.) Lam. Fabaceae X X Astragalus depressus L. Fabaceae X Astragalus sempervirens subsp. catalaunicus (Braun-Blanq.) Lanz Fabaceae X X Bistorta vivipara (L.) Delarbre Polygonaceae X Botrychium lunaria (L.) Sw. Ophioglossaceae X Bupleurum ranunculoides L. var. ranunculoides Apiaceae X Campanula glomerata L. Campanulaceae X X X Campanula scheuchzeri Vill. Campanulaceae X X Cardamine resedifolia L. Brassicaceae X Carduus carlinoides Gouan Asteraceae XXX Carduus defloratus subsp. argemone (Pourr. ex Lam.) Ces. Asteraceae X Carlina acaulis subsp. caulescens (Lam.) Schbler & G.Martens Asteraceae X Cerastium alpinum L. Caryophyllaceae X Chaenorrhinum villosum (L.) Lange Plantaginaceae X X Cirsium acaulon (L.) Scop. Asteraceae X Cirsium richterianum Gillot Asteraceae X Clinopodium alpinum (L.) Kuntze Lamiaceae X Comastoma tenellum (Rottb.) Toyok. Gentianaceae X Crepis pygmaea L. Asteraceae X Cruciata glabra (L.) Ehrend. Rubiaceae X Cynoglossum officinale L. Boraginaceae X Cystopteris alpina (Lam.) Desv. Woodsiaceae X Cystopteris fragilis (L.) Bernh. Woodsiaceae X Daphne cneorum L. Thymelaeaceae X X Daphne mezereum L. Thymelaeaceae X Dianthus hyssopifolius L. Caryophyllaceae X Digitalis lutea L. Plantaginaceae X X X Draba aizoides L. Brassicaceae XXX Dryas octopetala L. Rosaceae X X X Echium vulgare L. Boraginaceae X Endressia pyrenaica (J.Gay ex DC.) J.Gay Apiaceae X X X — 21 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 SOCBEV ECHARD SMBCN Erigeron alpinus L. Asteraceae X X Eryngium bourgatii Gouan Apiaceae X Erysimum duriaei subsp. pyrenaicum (Nyman) P.W.Ball Brassicaceae X Euphorbia cyparissias L. Euphorbiaceae X Euphrasia salisburgensis Funck Orobanchaceae X Festuca gautieri (Hack.) K.Richt. Poaceae X X X Festuca glacialis Migev. Poaceae X Galeopsis angustifolia Ehrh. ex Hoffm. Lamiaceae X Galeopsis pyrenaica Bartl. Lamiaceae X Galium estebanii Sennen Rubiaceae X Galium pyrenaicum Gouan Rubiaceae XXX Galium verum L. Rubiaceae X Gasparrinia peucedanoides (M.Bieb.) Thell. Apiaceae X Gentiana acaulis L. Gentianaceae X Gentiana brachyphylla Vill. Gentianaceae X Gentiana nivalis L. Gentianaceae X Gentiana pyrenaica L. Gentianaceae X X Gentiana verna L. Gentianaceae X Gentianella campestris (L.) Börner Gentianaceae X Globularia repens Lam. Plantaginaceae X X X Gypsophila repens L. Caryophyllaceae X X X Helianthemum italicum (L.) Pers. Cistaceae X Helianthemum nummularium (L.) Mill. Cistaceae X Helictotrichon sedenense (Clarion ex DC.) Holub Poaceae X Helleborus viridis L. Ranunculaceae X Hieracium amplexicaule L. Asteraceae X Hieracium glaucinum Jord. Asteraceae X Hieracium schmidtii Tausch Asteraceae X Hippocrepis comosa L. Fabaceae X Hornungia alpina (L.) O.Appel Brassicaceae X X X Iberis sempervirens L. Brassicaceae X X X Iberis spathulata J.P.Bergeret ex DC. Brassicaceae X X X Jasione crispa (Pourr.) Samp. Campanulaceae X X Juniperus communis subsp. nana (Hook.) Syme Cupressaceae X Kernera saxatilis (L.) Sweet Brassicaceae X X Laserpitium gallicum L. Apiaceae X X X Lathyrus pratensis L. Fabaceae X Lavandula angustifolia subsp. pyrenaica (DC.) Guinea Lamiaceae X Linaria alpina (L.) Mill. Plantaginaceae X X Linaria supina subsp. pyrenaica (DC.) Nyman Plantaginaceae X X Lithospermum officinale L. Boraginaceae X Lonicera pyrenaica L. Caprifoliaceae X X X Lotus corniculatus subsp. alpinus (DC.) Rothm. Fabaceae X X Luzula spicata (L.) DC. Juncaceae X Medicago lupulina L. Fabaceae X Medicago suffruticosa Ramond ex DC. Fabaceae X Minuartia verna (L.) Hiern Caryophyllaceae X Minuartia villarii (Balb.) Wilczek & Chenevard Caryophyllaceae X X Molopospermum peloponnesiacum (L.) W.D.J.Koch Apiaceae X Myosotis alpestris F.W.Schmidt Boraginaceae X Myosotis minutiflora Boiss. & Reut. Boraginaceae X Ononis cristata Mill. Fabaceae X X X Ononis pusilla L. Fabaceae X Onosma tricerosperma subsp. fastigiata (Braun-Blanq.) G.López Boraginaceae X X X Orobanche haenseleri Reut. Orobanchaceae X Oxytropis campestris subsp. nuriae (Sennen) B.Bock Fabaceae X Paronychia kapela (Hacq.) A.Kern. Caryophyllaceae X X Paronychia kapela subsp. serpyllifolia (Chaix) Graebn. Caryophyllaceae X Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 22 — SOCBEV ECHARD SMBCN Pedicularis comosa L. Orobanchaceae X Pedicularis pyrenaica J.Gay Orobanchaceae X X Petrocallis pyrenaica (L.) R.Br. Brassicaceae XX Phleum pratense L. Poaceae X Phyteuma charmelii Vill. Campanulaceae X X X Phyteuma hemisphaericum L. Campanulaceae X X Pilosella lactucella (Wallr.) P.D.Sell & C.West Asteraceae X Pinus mugo subsp. uncinata (Ramond ex DC.) Domin Pinaceae X Plantago monosperma Pourr. Plantaginaceae X Polygala alpestris Rchb. Polygalaceae X Populus tremula L. Salicaceae X Potentilla alchemilloides Lapeyr. Rosaceae X X Potentilla crantzii (Crantz) Beck ex Fritsch Rosaceae X Potentilla nivalis Lapeyr. Rosaceae X X X Primula elatior subsp. intricata (Gren. & Godr.) Widmer Primulaceae X Primula veris L. Primulaceae X Prunella hastifolia Brot. Lamiaceae X Ramonda myconi (L.) Rchb. Gesneriaceae X X Ranunculus bulbosus L. Ranunculaceae X Ranunculus parnassifolius L. Ranunculaceae X X Rhamnus pumila Turra Rhamnaceae XXX Rumex scutatus L. Polygonaceae X Salix pyrenaica Gouan Salicaceae X Satureja montana L. Lamiaceae X Saxifraga longifolia Lapeyr. Saxifragaceae X X X Saxifraga media Gouan Saxifragaceae X X X Saxifraga moschata Wulfen Saxifragaceae XX Saxifraga muscoides All. Saxifragaceae X Saxifraga oppositifolia L. Saxifragaceae X X X Saxifraga paniculata Mill. Saxifragaceae X X X Saxifraga pubescens Pourr. Saxifragaceae X X X Scutellaria alpina L. Lamiaceae X X X Sedum atratum L. Crassulaceae X Sedum dasyphyllum L. Crassulaceae X Sedum montanum Perrier & Songeon Crassulaceae X Sempervivum arachnoideum L. Crassulaceae X Senecio pyrenaicus L. Asteraceae XXX Sesleria caerulea (L.) Ard. Poaceae X Sideritis endressii Willk. Lamiaceae XX Sideritis hyssopifolia subsp. eynensis (Sennen) Malag. Lamiaceae X Silene acaulis (L.) Jacq. Caryophyllaceae X Silene borderei Jord. Caryophyllaceae X X Silene saxifraga L. Caryophyllaceae X Sorbus chamaemespilus (L.) Crantz Rosaceae X Taraxacum pyrenaicum Reut. Asteraceae X Teucrium pyrenaicum L. Lamiaceae X Thymus praecox Opiz Lamiaceae X Trifolium pratense var. villosum DC. Fabaceae X Trifolium repens L. Fabaceae X Trifolium thalii Vill. Fabaceae X X X Valeriana apula Pourr. Caprifoliaceae XX Valeriana montana L. Caprifoliaceae X X Verbascum lychnitis L. Scrophulariaceae X Veronica aphylla L. Plantaginaceae X X X Vicia pyrenaica Pourr. Fabaceae XXX Viola biflora L. Violaceae X Viola rupestris F.W.Schmidt Violaceae X Viola tricolor L. Violaceae X — 23 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Note sur deux Carex récoltés sur la réserve naturelle de Nohèdes (Pyrénées-Orientales) Maria Martin*, Sylvain Abdulhak** et J-M Lewin***

Introduction Depuis, Jean-Marc Lewin (botaniste) et Maria Martin (RNN Le genre Carex est un genre bien représenté dans les Pyré- Nohèdes) sont retournés sur la station supposée de C. ces- nées-Orientales, de la frange littorale jusqu’aux sommets de pitosa le 30/07/2013 et ont prélevé des échantillons. J.-M. la chaîne. Dans ce genre, le groupe des plantes hétérostachyées Lewin récolte deux parts, une qu’il attribue à Carex elata, (à épis mâles et femelles distincts), à utricule portant deux stig- l’autre à Carex ×turfosa (planches conservées dans son her- mates et à tige triquètre, n’était représenté que par Carex nigra bier personnel). J.-M. Lewin, en relation avec S. Abdulhak (L.) Reichard et Carex cespitosa L., ce dernier très localisé et (CBNA), lui envoie les échantillons pour recueillir un se- bénéficiant d’une protection régionale. Quant aux autres, pré- cond avis. Les épidermes supérieurs et inférieurs des deux sents dans la région, Carex acuta L. et Carex elata All., leur échantillons sont étudiés au microscope au CBNA et vien- présence n’avait jamais été signalée de façon certaine dans le nent confirmer les déterminations de J.-M. Lewin. département. Pour ce dernier, lacune comblée ! Bilan Observations Carex elata : couche de grandes cellules (allongées) sur Sur la réserve naturelle nationale (RNN) de Nohèdes (Py- l’épiderme foliaire, ne portant ni stomates ni expansions exo- rénées-Orientales), la Jasse de la Gentiane / Jaça Enterrada dermiques (papilles). Ce qui le distingue de Carex nigra et (fig. 1) abrite des magnocariçaies dont un Carex formant de Carex ×turfosa. Les gaines sont fauves/brunes, certains des panicules. En 2006, nous (S. Abdulhak-RNN Nohèdes, é́pis femelles dépassent 30 mm de long, les utricules sont Bonnemaison M., Barataud J.) avions examiné les plantes veinés. Ces critères excluent Carex cespitosa (fig. 2 et 3). et nous pensions à Carex cespitosa sans toutefois parvenir Carex ×turfosa : la présence de papilles et de stomates sur à une détermination certaine. Au final aucun nom n’avait l’épiderme foliaire supérieur exclut Carex elata. La pré- été donné à l’époque. sence de papilles sur l’épiderme inférieur exclut Carex nigra dont l’épiderme inférieur ne contient pas de papilles, uniquement des stomates. Si la plupart des utricules sont vides, certains contiennent des akènes pleins ; ce qui interroge sur le caractère stérile de l’hybride ou simplement sur la viabilité des akènes pleins. Des tests de germination devraient être réalisés dans ce sens (fig. 4, 5 et 6).

Fig. 6 : Vue binoculaire (x12) utricule de Carex ×turfosa (flèche bleue = utricule ; flèche rouge = enveloppe de l’akène ; flèche verte = chair de l’akène). Fig. 1 : Jaça Enterrada ou Jasse de la Gentiane le 20/07/2006. Les touffes de Carex ×turfosa sont visibles. Photo : S. Abdulhak

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 24 — Fig. 2 : Touffe et inflorescence de Carex elata le 30/07/2013. Photos : J-M Lewin

Fig. 3a : Coupe de feuille de Carex elata et vue bino- Fig. 3b : Vue microscopique (x 400) épiderme foliaire culaire : épiderme foliaire face supérieure. face supérieure de Carex elata.

Fig. 4 : Touffes et inflorescences de Carex ×turfosa le 20/07/2006. Photo : S. Abdulhak

— 25 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Fig. 5a : Vue microscopique (x 400) épiderme foliaire face supé- rieure (flèches rouges = expansions exodermiques ; flèches jaunes = stomates) de Carex ×turfosa.

Fig. 5c : Vue microscopique (x400) é́piderme foliaire face infé- rieure (déplacement micrométrique de la même vue, de façon à faire apparaître les papilles) de Carex ×turfosa.

Fig. 5b : Vue microscopique (x 400) épiderme foliaire face supé- Conclusion rieure de Carex ×turfosa. La présence de ces deux taxons est donc avérée pour le ter- ritoire concerné. Si la présence de C. ×turfosa est liée, a Synthèse : proposition de clé (d’après Tison & de Foucault priori, à la présence de C. elata, la possibilité que cet hy- 2014 et Ferrez & Hennequin 2009) bride soit rencontré en l’absence de ce dernier parent n’est pas à exclure. Les C. nigra formant des touffes, observés de 1. Cellules de l’épiderme foliaire supérieur allongées et dé- manière sporadique dans les montagnes du département se- pourvues de stomates et de papilles ...... 2 raient donc à étudier dans ce sens. 2. Critères suivants souvent réunis : gaines basales Références bibliographiques fauves à brunes, utricules mûrs >2.5 mm distinctement FERREZ Y. et HENNEQUIN C., 2009 – Note sur l’utilisa- veinés, souvent certains épis fem. > 30 mm ...... tion de critères microscopiques des épidermes foliaires pour ...... Carex elata All. subsp. elata différencier trois espèces de Carex de la section Phacocys- 2’. Critères suivants souvent réunis : gaines basales tis : C. nigra (L.) Reichard, C. elata All. et C. cespitosa L. rouge-pourpre à noirâtre, utricules mûrs <2.5 mm non et l’hybride C. ×turfosa Fr. (C. elata × nigra). Le Monde veinés, épis fem. normalement < 30 mm...... des Plantes, 498: 21-23 ...... Carex cespitosa L. TISON J.-M. et DE FOUCAULT B. (coords), 2014 – Flora 1’. Cellules de l’épiderme foliaire supérieur allongées ou Gallica. Flore de France. Biotope, Mèze, xx +1196 p. non mais pourvues de stomates ou de papilles...... 3 Sites web consultés 3. Cellules de l’épiderme inférieur peu allongées pour- SILENE FLORE vues de stomates mais dépourvues de papilles...... http://si.cbnmed.fr/src/module_flore/consult/index.php?idm ...... Carex nigra (L.) Reichard a=113# 3’. Cellules de l’épiderme inférieur plus ou moins allon- * [email protected] gées pourvues de stomates et de papilles (cellules à̀ ** [email protected] ; CBNA Domaine de Charance, aspect proré)...... Carex ×turfosa Fr. 05000 Gap ***[email protected]

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 26 — Sur la présence de Rumex spinosus L: (Emex spinosa (L:) Campd:) dans les Pyrénées-Orientales Fabienne Niebler*, Philippe Schwab**

Résumé : Découverte de Rumex spinosus L. (Emex spinosa Découverte (L.) Campd.), en deux stations du département des Pyrénées- La première station a été découverte sur l’aire du fort de Orientales. Cette espèce amphicarpe est indigène en Corse Salses Est de l’autoroute A9 à Salses-le-Château dans les mais très peu citée en France continentale où elle est Pyrénées-Orientales le 13 février 2020 à la faveur d’une manifestement introduite. Les stations observées sont en effet halte de l’un d’entre nous (FN). Un groupe de plusieurs toutes deux anthropiques et la plante semble bien installée. centaines d’individus en fleurs et en fruits colonisait les Mots clés : Emex spinosa, Rumex spinosus, plantes abords des cheminements en bordure du parking (fig. 1). exogènes, Pyrénées-Orientales, Languedoc-Roussillon, Son identification fut aisée. La plante a été observée lors Occitanie d’un récent voyage botanique au Maroc, où elle est Abstract: New records of Rumex spinosus L. (Emex spin- commune sur tous les sols sablonneux de la côte atlantique. osa (L.) Campd.), in two places of the Pyrénées-Orientales D’autres néophytes bien répandues dans le département department. This amphicarpous species is present in Cor- l’accompagnaient, à savoir Lamarckia aurea (L.) Moench sica but is few mentioned in metropolitan France where it et Hyparrhenia sinaica (Delile) Llauradó ex G.López. Plus was obviously introduced. Indeed both found localities are évocateur, d’autres taxons rares en France mais fréquents anthropogenic; the plant seems to be well established. en Espagne comme Galium verrucosum Huds. (comm. Key words: Emex spinosa, Rumex spinosus, alien plant, pers. Jean-Marc Lewin), Micromeria graeca (L.) Benth. ex Pyrénées-Orientales, Languedoc-Roussillon, Occitanie Rchb. et Ajuga iva var. pseudoiva (DC.) Steud. ont été Introduction observés sur cette aire de repos dans le sens Espagne- Emex spinosa (L.) Campd., de la famille des Polygonaceae, France. Sa situation géographique semble représenter une a été observé en deux stations du département des porte d’entrée originale de néophytes en France. Il est aisé Pyrénées-Orientales. Cette espèce amphicarpe est connue d’imaginer que cette étape dans les flux routiers, depuis le début du XXème siècle en Corse mais est très peu notamment les touristes revenant d’Espagne, ont transporté citée en France continentale où elle est manifestement et dispersé des graines à l’occasion de leur halte. C’est introduite et en voie de naturalisation. Les stations également un point de départ touristique, une des voies nouvelles observées sont en effet toutes deux anthropiques d’entrée pour la visite du fort de Salses, un chemin et la plante semble bien installée. aménagé menant jusqu’au pied de l’édifice.

Fig. 1 : Habitus in situ de Rumex spinosus sur l’aire de Salses-le-Château. © P. Schwab

— 27 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Fig 2 : Rumex spinosus au sein d’espaces rudéraux en périphérie du parking de la clinique Saint-Pierre à Perpignan. © P. Schwab Quelques jours après cette première découverte, c’est au tour du deuxième d’entre nous (PhS) d’observer l’espèce sur un des parkings de la clinique Saint-Pierre à Perpignan. L’espèce se développe ici et elle démontre ses velléités de naturalisation par son abondance en bordure de trottoirs et sur les parterres couverts de bois raméal fragmenté (fig. 2). Sur cette station, une trentaine de pieds ont été dénombrés. Taxonomie La première description de cette Polygonaceae est à rapporter au botaniste Caspar Bauhin (1620), botaniste suisse qui fut parmi les premiers à proposer une classification du vivant, et la nomma “Beta Cretica semine aculeato”, polynôme faisant référence à ses fruits épineux et à son lieu de découverte. Suite à un court séjour en Sicile, le botaniste italien Paolo Silvio Boccone (1674) la listera du même nom dans sa “vingtunième lettre” touchant les plantes rares de Sicile et destinée à Ange Matthiolo Buonfanti De Casserinis. Joseph Pitton de Tournefort (1719) est un autre botaniste pré- linnéen à la mentionner, mais classa la plante parmi les Spinacia, “S. Cretica, supina, capsulâ seminis aculeatâ”, tout en faisant référence aux descriptions évoquées ci-dessus. Carl von Linné ne retiendra aucun des choix du passé et classera la plante parmi les Rumex (R. spinosus L.). Si elle fera ensuite un long séjour parmi le genre Emex (Campderà 1819), son affiliation au genre Rumex sera récemment retenue (Schuster et al. 2015) et Emex retrogradé comme sous-genre de Rumex. Fig. 3 : Inflorescences gynécandres de Rumex spinosus, fe- Le genre Emex se distingue morphologiquement de Rumex melles sur les premiers nœuds puis mâles vers l’apex du ra- par l’aspect coriace des sépales après la floraison, soudés meau. © P. Schwab

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 28 — en tube autour de l’akène, les externes terminés en épine axillaires et terminaux. Plus la situation est favorable, plus recourbée (Tison & de Foucault 2014). Mais selon Sanchez la plante émet des tiges fertiles (Weiss 1980), avec un et Kron (2008), Emex devait être réinclus dans le genre maximum à plus de 200 nœuds pour plus de 1100 fruits Rumex, ce que confirmera de récentes études (Putievsky et al. 1980). phylogénétiques : au sein du clade comprenant l’ensemble R. spinosus est une plante annuelle, de taille médiocre, du genre Rumex et Emex, le sous-genre Emex se place entre jusqu’à 80 cm (Weiss & Julien 1975) qui présente la les sous-genres Rumex et Acetosa (Schuster et al. 2015). particularité d’être amphicarpe. Phénomène peu représenté Cette proximité moléculaire et ce positionnement dans la flore française et ici typique : outre le dimorphisme taxonomique seraient appuyés par des caractères de taille, certains fruits émergent directement du pivot macroscopiques communs, comme l’accrescence et la racinaire (fig. 4 et 5) en position hypogée. En France, ce forme des tépales (Schuster et al. 2015), le même nombre trait biologique n’est connu que chez deux Fabaceae, de chromosomes (10) entre Emex et certains sous-genres Lathyrus amphicarpos L. et Vicia amphicarpa L. de Rumex (Jaretzky 1925, Navajas-Pérez et al. 2005) ou Les espèces amphicarpes colonisent généralement les par des similarités de la paroi pollinique entre E. australis habitats perturbés (Rheede van Oudtshoorn et Rooyen Steinh. et Rumex acetosa (Nowicke & Skvarla 1977). 1999) et développent une stratégie de reproduction dite Enfin, et pour acter ce changement taxonomique, la pessimiste (Zeide 1978) en réduisant le délai de création du genre Emex par Campderà tenait reproduction à son strict minimum. Les akènes hypogés de principalement au fait que la plante est polygame, or R. spinosus en sont l’illustration (fig. 6). Ces plantes ne certaines espèces du sous-genre Acetosa présentent ce délaissent pas le développement classique de fruits aériens caractère (Schuster et al. 2015). sur un modèle dit optimiste (Rheede van Oudtshoorn et

Fig. 4 : Akènes de Rumex spinosus émergeant directement du Fig. 5 : Pivot racinaire © P. Schwab pivot racinaire © P. Schwab Morphologie Rooyen 1999). Les fruits souterrains ont généralement Les clés d’identification pour distinguer les deux espèces l’avantage de s’installer en lieu et place du pied mère qui du genre Emex s’appuient opportunément sur les fruits bénéficie a priori d’un emplacement favorable et sont indurés, ornés de tépales accrescents (Freeman 2006, mieux préservés de tout phénomène climatique, de Verloove 2018). R. hypogaeus T.M.Schust. & Reveal prédation ou de destruction mais sont issus d’autogamie. (=Emex australis Steinh.) est une espèce relativement Les fruits aériens étant plus petits, plus légers, jouissent proche et signalée comme occasionnelle en Belgique et au d’une meilleure dissémination (Cheplick & Quin 1982) et Royaume-Uni (Verloove & Vandenberghe 1993). Les présentent une plus grande diversité génétique étant épines du périanthe sont cependant bien plus longues chez allogames. Chez Rumex spinosus, les fruits aériens ce dernier, jusqu’à 4 mm (contre 2 mm), ce qui permet de présentent une accrescence plus marquée des tépales par rapporter l’espèce ici présentée à R. spinosus. L’hybride rapport à ceux des fruits hypogés, maximisant leur capacité interspécifique est connu en Australie où il apparaît zoochore. abondant aux points de contacts et pourrait à terme Répartition géographique supplanter ses parents malgré sa faible fertilité (Putievsky Rumex spinosus est originaire de la région méditerranéenne et al. 1980). tandis que Rumex hypogaeus est originaire d’Afrique du La plante est monoïque, les inflorescences sont Sud (Steinheil 1838, Verloove 2018). Cependant les 2 gynécandres (fig. 3), groupées en épis racémiformes espèces se sont largement naturalisées dans le monde. R.

— 29 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Fig. 6 : Akènes aériens (g, jaunes-verts) et hypogés (d, rouge orangés) d’un même individu de Rumex spinosus, échelle : 1 cm. © P. Schwab spinosus s’est naturalisé en Australie, au Kenya, à Maurice, (Rivas-Martínez) Brullo in Brullo & Marcenò. aux États-Unis (Californie et Hawaï), Équateur, Pakistan Les fruits des parties aériennes, zoochores, se propagent et en Inde, mais n’est pas devenu une espèce principalement par les animaux en zones pâturées ou particulièrement envahissante dans les régions côtières du perturbées, et directement via les pneus des véhicules le bassin méditerranéen où elle est indigène (Pheloung et al. long des routes. Ces modes de dissémination sont de nature 1996). à étendre rapidement la chorologie de l’espèce à l’ensemble Ces plantes se développent surtout dans des terrains vagues de son potentiel de distribution. Si ces espèces sont riches en nitrates. En France continentale, R. spinosus était naturalisées dans de nombreux pays, elles n’ont été connue comme une occasionnelle ancienne sur le pourtour longtemps envahissantes qu’en Afrique du Sud et en méditerranéen, avec pour seules mentions récentes deux Australie (Holm et al. 1979). données de la Côte d’Azur : en 2008 puis en 2010 à En termes de chorologie prédictive, des modèles Beaulieu-sur-Mer (comm. pers. Ludovic Thiébaut). climatiques ont identifié le potentiel de distribution de ces L’unique station des Pyrénées-Orientales date de 2003 à deux espèces et l’ensemble du bassin méditerranéen serait Canet-en-Roussillon dans les Pyrénées-Orientales. Son concerné par R. spinosus et son espèce sœur (Pheloung et statut en Corse est discuté mais elle semble naturalisée al. 1996). Cependant, une dizaine d’années plus tard, les (Jeanmonod & Gamisans 2007, Tison & De Foucault 2014) modèles ont vraisemblablement surévalué le potentiel de et ce depuis le début du XXème siècle. L’espèce semble dissémination de l’espèce en Australie, puisque R. spinosus s’étendre sur ses stations connues (comm. pers. Jean Marc s’est relativement peu étendue, certainement en raison du Tison). changement des pratiques agricoles et de sa trop grande La présence abondante de l’espèce, plusieurs centaines de affinité aux sols nitrophiles pour être compétitive, même pieds au droit de l’aire de Salses, dans un secteur qui lui en culture (Scott & Yeoh 2004). est favorable (substrat rudéral et nitrophile) montre qu’elle Les deux espèces tolèrent les sols légèrement halophiles peut être dynamique en France continentale. En position (Javaid & Tanveer 2014) et pourraient à loisir coloniser les moins favorable, mais pourtant toujours rudérale (parterres espaces littoraux. Son statut occasionnel en France à bois raméal fragmenté, fissures de trottoirs), comme au continentale et son absence d’agressivité en Corse n’en font sein du parking de la clinique Saint-Pierre à Perpignan, les pas une préoccupation majeure pour le moment, mais le individus restent peu vigoureux et la population éparse. changement climatique peut être de nature à favoriser Il sera intéressant de surveiller le comportement de l’espèce l’espèce dans les années à venir. La température hivernale dans ces nouvelles stations catalanes. minimale pour permettre le développement de R. spinosus Écologie, potentiel envahissant est d’au moins 3,3 °C, ce qui n’est pas un facteur limitant Rumex spinosus est une espèce envahissante à fructification en Australie (Scott & Yeoh 2004), mais en est un en France. hivernale (Javaid & Tanveer 2014). Son écologie Son espèce sœur, R. hypogaeus, apparaîtrait plus amphicarpe la rend compétitive dans les cultures et les deux menaçante en cas d’installation, celle-ci étant plus rustique espèces du sous-genre Emex sont connues comme des (Scott & Yeoh 2004) et présentant une écologie similaire. adventices pouvant occasionner d’importants dégâts aux Dans son aire de répartition native comme introduite, un cultures, par exemple contaminer les céréales (Gilbey & potentiel régulateur de la plante est de plus en plus signalé, Weiss 1980, Abbas et al. 2010). En dehors des champs, R. dernièrement en Turquie, il s’agit de Cercospora spinosus appartient aux groupements typiquement tripolitana Sacc. & Trotter, un ascomycète spécifique aux nitrophiles et méditerranéens du Malvion parviflorae Emex. Le pathogène s’attaque aux feuilles, causant des

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 30 — taches foliaires induisant leur mort (Kammoun & Souissi, of Biotechnology 12(34): 5308-5313 2009). BAUHIN C., 1620 – Prodromos theatri botanici Caspari Usages Bauhini Basileens: in quo plantae supra sexcentae ab Feuilles et racines sont largement consommées au Maghreb ipso primùm descriptae cum plurimis figuris proponun- (Le Floc’h 1983). La racine est ainsi consommée crue en tur. Ioannis Treudelii, Frankfort-an-der-Main. 160 p. Tunisie (Gobert 1940), ainsi que les feuilles encore tendres BOCCONE P.S., 1674. – Recherches et observations (Choumovitz & Serres 1954). En Lybie, la plante appelée touchant le corail, la pierre étoilée, les pierres de figure “El hanzab” entre dans la composition d’une sauce, l’idam de coquilles, etc. Jean Jansson, Amsterdam, 328 p. (Lethielleux 1948). Enfin, en Égypte, la plante est cuisinée BRULLO S. et MARCENÒ C., 1985 – Contributo alla comme les épinards (Watt & Breyer-Brandwijk 1962). conoscenza della vegetazione nitrofila della Sicilia. Hors de l’Afrique, la plante fut consommée jusqu’au XXème Collections Phytosociologiques 12: 23-148 siècle en Grèce (Couplan 2020). CAMPDÉRÁ F., 1819 – Monographie des Rumex, précé- La plante est aussi consommée pour ses prétendues vertus dée de quelques vues générales sur la famille des poly- médicinales. Au Maroc, les feuilles sont utilisées en gonées. Treuttel & Würtz, Paris,169 p. cataplasme et en décoction contre les tumeurs de la peau, CHEPLICK G.P. et QUINN J.A., 1982 – Amphicarpum les tachycardies et les calculs rénaux (El Hassani et al. purshii and the “pessimistic strategy” in amphicarpic 2013). En Arabie saoudite, outre sa consommation, elle fait annuals with subterranean fruit. Oecologia 52: 327–332 aussi partie des plantes médicinales les plus utilisées pour CHOUMOVITZ V. et SERRES J., 1954 – Contribution à soigner les troubles dyspeptiques, gastro-intestinaux ou l’étude botanique de la région d’Aïn Moularès. Plantes pour stimuler l’appétit (Mandaville 1990). médi cinales populaires. Bulletin de la Société Naturelle La recherche de molécules thérapeutiques s’appuie de Tunisie 7: 73-80. typiquement sur l’usage des plantes utilisées en médecine COUPLAN F., 2020 – Le Régal Végétal. Sang De La Terre- traditionnelle. Les espèces végétales exposées à des Medial. 528 p. contraintes environnementales fortes, notamment en climat EL HASSANI M., DOUIRI E. M., BAMMI J., ZIDANE méditerranéen aride, sont plus particulièrement étudiées. L, BADOC A. et DOUIRA A., 2013 – Plantes Pour se défendre, des plantes comme R. spinosus médicinales de la moyenne Moulouya (Nord-Est du développent ainsi des métabolites secondaires comme des Maroc). Ethnopharmacologie du Maroc 50: 39-53 polyphénols aux propriétés antioxydantes, ou des composés FREEMAN C., 2006 – Emex. In: Flora of North America fortement antifongiques, notamment contre Candida Editorial Committee (eds.), Flora of North America, albicans Berkhout (Aldamegh et al. 2013). Dans vol. 5. Oxford University Press, New York-Oxford: 205- l’engouement rencontré aujourd’hui pour consommer les 218 GILBEY D.J. et WEISS P.W., 1980 – The biology of Aus- plantes sauvages, qui sait si R. spinosa ne sera pas bientôt tralian weeds; Emex australis Steinh. Journal of the vanté comme le secret du véritable régime crétois ? Australian Institute of Agricultural Science 46: 221-228 Conclusion GOBERT, E.G. (1940) - Usages et rites alimentaires des Rumex spinosus est une espèce en voie de naturalisation en Tunisiens. Archives de l’Institut Pasteur Tunis 29(4): France continentale. L’ensemble des espaces nitrophiles du 475-588 bassin méditerranéen français lui sont favorables, incluant HAGON M.W. et SIMMONS D.M., 1978 – Seed les espaces légèrement halophiles. Elle a donc une forte dormancy of Emex australis and E. spinosa. Australian affinité pour les lieux rudéraux. Les hivers froids Journal of Agriculture Research 29: 565-575 apparaissent comme un frein à son développement et HOLM R.J., PANCHO J.V., HERBERGER J.P. et pourraient limiter son expansion. Son espèce sœur, R. PLUCKNETT D.L., 1979 – A geographical atlas of hypogaeus, encore peu signalée en Europe de l’Ouest, world weeds. John Wiley and Sons, New York. XLIX + serait moins impactée car plus rustique et apparaîtrait bien 391 p. plus agressive. L’espèce est à la fois une adventice des JARETZKY R., 1925 – Beiträge zur Systematik der Polyg- cultures et une plante consommée dans certains pays. Le onaceae unter Berücksichtigung des Oxymethylan- changement climatique est de nature à amplifier ses thrachinonvorkommens. Repertorium Specierum capacités de colonisation en France méditerranéenne. Novarum Regni Vegetabilis 22: 49-83 Bibliographie JAVAID M.M. et TANVEER A., 2014 – Germination ecol- ABBAS R.N., TANVEER A., ALI A. et ZAHEER Z.A., ogy of Emex spinosa and Emex australis, invasive 2010 – Simulating the effect of Emex australis densities weeds of winter crops. Weed Research 54: 565-575 and sowing dates on agronomic traits of wheat. Pakistan JEANMONOD D. et GAMISANS J., 2007 – Flora Journal of Agricultural Science 47: 104-110 Corsica. Edisud, Aix-en-Provence. ALDAMEGH A., ABDALLAH M., et BEN HSOUNA A., KAMMOUN L. G. et SOUISSI T., 2009 – First report of 2013 – Evaluation of antimicrobial and antioxidant Cercospora tripolitana causing leaf spot of Emex spin- properties of leaves of Emex spinosa and fruits of Cit- osa in Tunisia. Plant Disease 93(7): 763 rillus colocynthis from Saudi Arabia. African Journal LE FLOC’H E., 1983 – Contribution à une étude

— 31 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 ethnobotanique de la flore tunisienne. Publications TISON J.-M. et DE FOUCAULT B. (Coords), 2014 – scientifiques tunisiennes. 402 p. Flora gallica. Flore de France. Biotope, Mèze, xx + LETHIELLEUX J., 1948 – Le Fezzan, ses jardins, ses 1196 p. palmiers. Publications de l’Institut des belles lettres TOURNEFORT J.P., 1719. – Institutiones rei herbaria. arabes. Tunis. n° 12, 250 p. Editio tertia, appendicibus aucta ab Antonio de Jussieu. MANDAVILLE J.P., 1990 – Flora of Eastern Saudi Ara- Tome III. Typographia Regia, Paris, 695 p. bia. Kegan Paul International, London. 482 p. VERLOOVE F. et VANDENBERGHE C., 1993 – Nieuwe NAVAJAS-PEREZ R., DE LA HERRAN R., LOPEZ en interessante graanadventieven voor de Noord- GONZALEZ G., JAMILENA M., LOZANO R., RUIZ vlaamse en Noordfranse flora, hoofdzakelijk in 1992. REJON C., RUIZ REJON M. et GARRIDO-RAMOS Dumortiera 53-54: 35-57 M.A., 2005 – The evolution of reproductive systems WATT J.M. et BREYER-BRANDWIJK M.G., 1962 – The and sex-determining mechanisms within Rumex (Polyg- Medicinal and Poisonous Plants of Southern and East- onaceae) inferred from nuclear and chloroplastidial se- ern Africa. E. & S. Livingstone Ltd. Edinburgh UK. 2nd quence data. Molecular Biology and Evolution. 22: ed. xii + 1457 1929-1939 WEISS P.W. et JULIEN M.H., 1975 – A comparison of two NOWICKE J.W. et SKVARLA, J.J., 1977 – Pollen mor- species of spiny emex (Emex australis and E. spinosa) phology and the relationship of the Plumbaginaceae, in northwestern Victoria. Journal of the Australian In- Polygonaceae, and Primulaceae to the order Centros- stitute of Agricultural Science, 41(3): 211-213 permae. Smithsonian Contributions to Botany 37: 1-64 WEISS P.W., 1980 – Germination reproduction and inter- PHELOUNG P.C, SCOTT J.K, RANDALL R.P., 1996 – ference in the amphicarpic annual Emex spinosa (L.) Predicting the distribution of Emex in . Plant Campd. Oecologia, 45(2): 244-251 Protection Quarterly 11: 138-140 ZEIDE B., 1978 – Reproductive behaviour of plants in PUTIEVSKY E., WEISS P.W. et MARSHALL., 1980 – In- time. The American Naturalist 112: 636-639 terspecific hybridization between Emex australis and E. spinosa. Australian Journal of Botany 28(3): 323-328 EURO+MED, 2006 – Euro+Med Plantbase – The informa- RHEEDE VAN OUDTSHOORN K. et ROOYEN M.W., tion resource for euro-mediterranean plant diversity. 1999 – Dispersal Biology of Desert Plants. Springer, http://ww2.bgbm.org/europlusmed/ Berlin, Heidelberg. 242 p. MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE SANCHEZ A., et KRON K.A., 2008 – Phylogenetics of [Ed]. 2003-2019 – Inventaire National du Patrimoine Polygonaceae with an emphasis on the evolution of Eri- Naturel, Site web : https://inpn.mnhn.fr consulté le 14 ogonoideae. Systematic Botany 33: 87-96 novembre 2019 SCHUSTER T.M., REVEAL J.L., BAYLY M.J. et KRON PHOTOFLORA – site web : http://www.photoflora.fr/ - K.A., 2015 – An updated molecular phylogeny of Poly- BOCK Benoît gonoideae (Polygonaceae): Relationships of Oxygonum, SIFLORE, 2013 – Fédération des Conservatoires Pteroxygonum, and Rumex, and a new circumscription botaniques nationaux. 2013, site Web : of Koenigia. Taxon 64(6): 1188-1208 http://www.fcbn.fr/si-flore/, consulté le 11/01/2021 SCOTT J.K. et YEOH P.B., 2004 – Emex spinosa (L.) TELA-BOTANICA – Données d’observations publiques Campd.: a predicted weed threat that has not lived up produites par le réseau Tela Botanica, dans le cadre du to expectations? In: SINDEL B., JONHSON S., eds. programme Flora Data , consultées le 2004. Charles Sturt University, Wagga Wagga. Weeds 10/11/2019 Society of NSW inc., 501-504 VERLOOVE F. 2018 – Emex spinosa. On: Manual of the STEINHEIL A.D. (1838) – Matériaux pour servir à la Flore Alien Plants of Belgium. Botanic Garden Meise, Bel- de Barbarie. Annales des Sciences Naturelles. gium. At: alienplantsbelgium.be, consulté le 06/03/2020 Botanique 9, 193-234. TISON J.-M., JAUZEIN P. et MICHAUD H., 2014 – Flore *FN : Fabienne Niebler, [email protected] de la France méditerranéenne continentale. Naturalia. **PhS : Philippe Schwab, [email protected] Turriers, 2078 p.

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 32 — eux espèces de Minuartia oubliées et méconnues de notre àlore Marc Espeut*

Le genre Minuartia Loefl. ex L. a un passé taxonomique pondent à une forme de M. mediterranea Hayek. Cette très mouvementé. Il a été créé par Linné en l’honneur de confusion est à exclure pour la plante de Bell-lloc car ses Joan Minuart i Parets, botaniste barcelonnais (1693-1768) sépales sont bordés de larges marges blanches scarieuses qui a été le premier, avec José Quer i Martínez, à diriger le alors que ceux de M. mediterranea comme ceux de M. hy- jardin botanique royal de Madrid fondé en 1755. brida (Vill.) Schischk. sont herbacés à marges scarieuses Les espèces qui actuellement composent ce genre, ont pour très fines. En revanche, il est fort possible que la plante ap- nombre d’entre-elles été décrites sous d’autres genres — pelée par Gautier (1897) « Alsine jacquini Koch » corres- Arenaria L., Stellaria L., Alsine L., Sabulina Rchb., Cher- ponde au M. funkii car parmi les lieux cités, il donne « leria L. …— avant d’être finalement reconnues comme des garrigues au-dessus de Belloc ». L’aire de répartition de Minuartia. cette espèce s’étend de l’Atlas marocain aux cordillères bé- C’est notamment le cas des deux espèces que Rouy rajouta tiques et aux monts ibériques (Montserrat 1986). Les nou- à la flore française en 1896 : Alsine funkii Jordan et Alsine velles observations présentées ci-dessous, permettent de cymifera Rouy & Foucaud et qui portent maintenant les valider sa présence dans l’est des Pyrénées françaises. noms de : Minuartia funkii (Jord.) Graebn. et M. cymifera De son côté, Minuartia cymifera a été découvert sur les mu- (Rouy & Foucaud) Graebn. Au cours des différentes révi- railles de la citadelle de Mont-Louis (66). Cette place forte, sions taxonomiques du genre, ces deux espèces ont fini par conçue par Vauban à la suite du traité des Pyrénées (1659), être retirées de la flore française. Le but de cette communi- a été achevée en 1681. Le premier témoignage de la pré- cation est de les réhabiliter et de faire savoir qu’elles sont sence d’un Minuartia à Mont-Louis remonte à une mention effectivement présentes dans notre département des Pyré- de Lapeyrouse (1813) : « Arenaria fasciculata Gouan […] nées-Orientales. sur les remparts à Mont-Louis ». Sur ce même site, en 1852 J’ai découvert M. funkii le 30 mai 2018, dans le village ruiné Loret4 (1859) signale aussi cette plante qu’il identifie sous de Bell-lloc1 (Villefranche-de-Conflent, 66). Sur les critères « Alsine Jacquini Koch ». Il note cependant qu’elle diffère donnés par Flora gallica (Tison & de Foucault 2014), je l’ai de ce taxon alpin par une racine plus pérenne et une inflo- d’abord identifié sous le nom de M. rubra (Scop.) McNeill. rescence plus fasciculée. Rouy et Foucaud (1896), à partir En juin 2019, Luc Garraud2, de passage dans le massif du de la récolte de Loret (fig. 2a) et de spécimens espagnols Coronat, trouve également cette plante sur un autre site, à créèrent M. cymifera. Je l’ai recherché sans succès cet été St Etienne de Campilles (1050 m, commune de Ville- sur les murailles extérieures sud et est de la citadelle. Elle franche-de-Conflent) à environ 1 km au sud-ouest de Bell- ne semble plus s’y trouver ; ces murs ayant subi de nom- lloch. Connaissant M. rubra des Alpes, il met en doute breuses réfections et la plante des récoltes excessives. En l’appartenance de ce Minuartia à cette espèce. Interrogé par 1903, Rouy donnait plus de précisions sur ce taxon en édi- son diagnostic, le 14 juin 2020, je suis retourné sur la station tant une photographie (planche CCCCXXVIII) et deux nou- de Bell-lloc où j’ai pu étudier des plantes en pleine maturité velles localités françaises : « Pyrénées-Orientales […] Llo, qui me permirent une identification plus assurée. Les flores Val de la Sègre (fr. Sennen) ; Var : montagne de l’Achen françaises de Fournier (1977) et du CNRS (Favarger 1973), (Legre) ». À l’été 2020, je me suis rendu sur les affleure- ainsi que les flores espagnoles (Bolòs & Vigo 1990, Favar- ments calcaires au sud du village de Llo et j’y ai trouvé de ger & Montserrat 1990), me conduisirent sans ambiguïté à petites populations de ce Minuartia (fig. 2c-f). À ma grande M. funkii qui possède un nombre d’étamines plus réduit : 5 surprise, ces plantes étaient comparables à celles du massif versus 10 pour M. rubra et des graines finement tubercu- calcaire du Coronat qui étaient jusqu’à présent attribuées à leuses, à protubérances réduites (fig. 1c) versus échinulées M. rostrata (Pers.) Rchb. (= M. mutabilis (Lapeyr.) Schinz à protubérances très marquées pour M. rubra. Rouy & Fou- & Thell. ex Bech. = Alsine mucronata L. sensu Gautier caud (1896) signalent sa présence en France uniquement 1897 en partie). M. cymifera est un taxon morphologique- dans le Gard, sur les rochers dolomitiques du « bois d’Au- ment intermédiaire entre M. rostrata et M. rubra. Il se dis- riès »3 ; cependant Tison & de Foucaud (2014) rapportent tingue de M. rostrata par une souche moins vivace (fig. que les échantillons conservés dans l’herbier Rouy corres- 2a,c), subsistant seulement quelques années et portant peu de rejets stériles (fig. 2c) ; par des corolles moins étalées à 1 J’adopte ici l’orthographe catalane proposée par Joan Becat la floraison (fig. 2e-f), moins visibles ; par un nombre chro- in Atles toponímic de Catalunya Nord, Atlas toponymique de Ca- mosomique 2n= 30 versus 2n= 28 (Favarger & Montserrat talogne Nord, t. I, Aiguatèbia - Montner, Prades, Terra nos- 1987). Il se différencie de M. rubra, qui est une espèce mo- tra, 2015. D’autres orthographes existent : Belloch, Belloc. nocarpique persistant un à deux ans, par ses graines plus 2 Botaniste au Conservatoire Botanique Alpin de Gap-Charance et auteur de la Flore de la Drôme (2003). 4 Botaniste français (1811-1888), auteur de la Flore de Montpel- 3 Toponyme non clairement identifié, peut-être « Aurières » sur lier (1876, 1888 ed. 2) qui passa plusieurs étés dans la chaîne des la commune d’Alzon, département du Gard. Pyrénées. — 33 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 grandes : 0,8-1,2 mm vs 0,6-0,8 (0,9) mm de long (Mont- sentation qu’en donne Scopoli (1771) dans le protologue serrat 1986, Favarger & Montserrat 1990) ; par son port as- (fig. 4a) renforce cette hypothèse. cendant versus dressé ; par ses pétales plus grands, égalant Les quatre espèces de Minuartia étudiées ici — M. funkii, ou dépassant la moitié de la longueur des sépales versus in- M. cymifera, M. rostrata et M. rubra — présentent toutes férieurs de moitié à la longueur des sépales. Son inflores- des sépales bordés de larges marges blanches scarieuses et cence est également intermédiaire : chez M. rostrata, elle une partie centrale verte assez étroite marquée d’une ner- se présente le plus souvent sous la forme d’une cyme dicha- vure médiane blanche, le tout donnant aux sépales un aspect siale5 terminale assez étalée (fig. 3b) avec peu ou pas de nettement bicolore (fig. 1d, 2e-f). Elles appartiennent à la cyme axillaire ; chez M. rubra, les cymes sont plus denses subsect. Xeralsine (Fourr.) McNeill. et les axillaires plus nombreuses (fig. 4) ; dans le cas de M. Consulter la clé d’identification à la fin de l’article. cymifera, les cymes sont également denses et les axillaires en nombre variable mais rarement absentes ou supérieures à 5. Les variations individuelles et stationnelles étant im- Bibliographie portantes au sein de ce groupe, ce critère ne peut suffire à BOLÒS O. & VIGO J., 1990 – Flora dels Països Catalans, lui seul pour différencier ces différents taxons. À la diffé- vol. 3. Editorial Barcino, Barcelona, 1230 p. rence de M. funkii, les trois espèces sus-citées ont des ESPEUT M., 2016 – Inventaire floristique de la Trancada graines fortement échinulées (fig. 2d) et des fleurs à 10 éta- d’Embullà. Mycologie et Botanique 31: 21-38 mines (fig. 2f, 3e). FAVARGER C., 1973 – Minuartia pp. 267-272, in M. Gui- L’aire de répartition de M. cymifera en Espagne s’étend du nochet & R. de Vilmorin, Flore de France, vol. 1. Edi- nord des cordillères bétiques jusqu’à la chaine pyrénéo-can- tion du CNRS - Paris. tabrique (Montserrat 1986). D’après mes observations, son FAVARGER C. & F. CONTI, 2000 – Minuartia glomerata aire s’étend donc aussi en France : Cerdagne (Llo) et dans (M. Bieb.) Degen s.l. dans l’Europe sud-occidentale. le massif du Coronat (Conat, Serdinya, Nohèdes). Son an- Candollea 55: 205-210 cienne présence sur les remparts de Mont-Louis, devient FAVARGER C. & P. MONTSERRAT, 1987 – Commen- ainsi moins énigmatique et correspondrait à une colonisa- taires sur la caryologie des espèces de Minuartia L. de tion secondaire à partir des peuplements naturels comme la péninsule ibérique. Anales Jardin Botánico de Madrid c’est par exemple le cas pour Sarcocapnos enneaphylla (L.) 44: 558-564 DC. qui pousse sur les falaises calcaires de la Trancada FAVARGER C. & P. MONTSERRAT, 1990 – Minuartia pp. d’Embullà (Espeut 2016) mais aussi sur les remparts de Vil- 233-252, in Catroviejo, S. et al. (eds.), Flora Iberica, lefranche-de-Conflent et sur son église. vol. 2. Madrid. M. rostrata est présent sur le département ; j’ai étudié une FOURNIER P., 1977 – Les quatre flores de France, ed. 2, petite population qui pousse sur la crête calcaire au-dessus Paris, 1105 p. du village de Lesquerde. C’est une plante proche de M. cy- GAUTIER G.,1897 – Catalogue raisonné de la flore des mifera mais avec une souche vivace, portant de nombreuses Pyrénées-Orientales. Perpignan. 550 p. [publication de tiges assez étalées (fig. 3a), munies elles-mêmes de rameaux la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyré- végétatifs nombreux et bien visibles (fig. 3d) et des fleurs nées-Orientales] aux corolles bien étalées à l’anthèse (fig. 3e). Sa répartition LAPEYROUSE P. PICOT de, 1813 – Histoire Abrégée des dans les Pyrénées-Orientales est à réétudier car ce taxon Plantes des Pyrénées. Toulouse. LXXIII + 700 p. était jusque-là confondu avec M. cymifera. Elle est présente MONTSERRAT P., 1986 – La corología y especialización dans les Pyrénées, les Alpes et certains massifs méditerra- en algunas Minuartia. Lazaroa 9: 189-200 néens calcaires français comme les Alpilles (13) où elle est ROUY G., 1903 – Icones plantarum Galliae rariorum, fas- présente à moins de 500 m d’altitude. cicule XVIII. Paris, planches CCCCXXVI- CCCCl. La présence actuelle de M. rubra dans le département n’est ROUY G. & J. FOUCAUD, 1896 – Flore de France …, pas confirmée mais elle est cependant possible car j’ai vol. 3. Asnières, Rochefort, III + 392 trouvé trace de cette espèce dans des territoires voisins : An- SENNEN F., 1936 – Diagnoses des nouveautés parues dans dorre, spécimens du Muséum national d’Histoire naturelle les exsiccata Plantes d’Espagne et du Maroc de 1928 à de Paris [P05452588, P05142953, P05167073] (fig. 4b) ; 1935. Vic, 308 p. Ariège (Foix), spécimens [P05104917, P05078493]. Les TISON J.-M. & B. DE FOUCAULT, 2014 – Flora Gallica. spécimens de l’université de Montpellier [MPU756568, Flore de France. Biotope, Mèze, xx + 1196 p. MPU759300, MPU759301] provenant de Valmanya (66) pourraient aussi correspondre à cette espèce (fig. 4c). Ces *[email protected] dernières collectes datent du milieu du 19e siècle (herbier Massot) et malgré mes récentes prospections sur les terrains calcaires de cette localité (septembre 2020), je ne l’y ai pas retrouvée. La ressemblance de ces spécimens avec la repré-

5 dit encore cyme bipare.

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 34 — a b

1 cm

1 cm c 0,1 mm

d

e

Fig. 1. Minuartia funkii. a) Sierra de Javalambre (Teruel, Espagne), herbiers Université Lyon (LY0000272) : habitus ; b-e) Villefranche-de-Conflent (Pyrénées-Orientales, France) 14 juin 2020, herbier et photos M. Es- peut : b) habitus, c) graine mûre, d) cyme terminale, e) fleur à l’anthèse.

— 35 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 a c

1 cm

b 1 cm d

1 cm

0,1 mm

f e

Fig. 2. Minuartia cymifera. a,b) Mont-Louis (Pyrénées-Orientales, France), herbiers Université Lyon (LY0017472 isotype) : a) habitus , b) cyme terminale ; c-f) Llo (Pyrénées-Orientales, France), 24 juin 2020, herbier et photos M. Espeut : c) habitus , d) graine mûre, e) détail de l’inflorescence, f) fleur à l’anthèse.

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 36 —

1 cm b

a c 1 cm

1 cm

e

5 mm d

Fig. 3. Minuartia rostrata. a,b) Col de Tende (Alpes-Maritimes, France), herbier Muséum national d’histoire naturelle Paris (P05049124) : a) habitus, partie inférieure, b) cyme terminale ; c–e) Lesquerde (Pyrénées- Orientales, France), 7 octobre 2020, herbier et photos M. Espeut : c) habitus jeune individu en floraison au- tomnale, d) rameaux végétatifs, e) fleur à l’anthèse.

— 37 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 1 1

a b c

Fig. 4. Minuartia rubra. a) Stellaria rubra Scop., Fl. Carniol., ed. 2. (1771) 1: 316, tab. 17, fig. 538, loc. cl. : Vipaccum [= Vipava, Slovénie] ; b) Andorre (Canillo), herbier Muséum national ! d’histoire naturelle Paris (P05142953)! ; c) France (Valmanya, 66), herbier Université Montpellier (MPU756580).

Clé d’identification des espèces de Minuartia de la subsect. rescences avec très généralement moins de 5 rameaux fleu- Xeralsine pouvant être trouvées dans les Pyrénées-Orien- ris axillaires...... 3 tales. Les caractéristiques proposées sont issues de mes pro- 3- Plante à souche vivace, étalée (fig. 3a,c), avec de nom- pres observations et de celles proposées par Montserrat breuses tiges entremêlées chez les individus âgés (fig. 3a) ; (1986), Favarger & Montserrat (1987, 1990), Favarger & portant à la floraison de nombreux rameaux végétatifs dans Conti (2000). la partie inférieure des tiges (fig. 3d) ; inflorescence termi- 1- Fleurs à 5 étamines (fig. 1e) ; graines faiblement tuber- née par une cyme assez lâche (pédicelle de la première fleur culeuses (fig. 1c) ; plante strictement annuelle....M. funkii ≥ 4 mm) accompagnée de 0 à 2 rameaux floraux axillaires 1’- Fleurs à 10 étamines (fig. 2f, 3e) ; graines fortement (fig. 3b) ; corolles à pétales bien étalés (fig. 3e) ; 2n= 28... échinulées (fig. 2d) ; plantes monocarpiques, pluriannuelles ...... M. rostrata ou vivaces...... 2 3’- Plante à souche persistant quelques années, à tiges as- 2- Pétales < 2 mm de long, ≤ à 1/2 longueur des sépales ; cendantes jamais très nombreuses (fig. 2a,c), portant à la plante monocarpique subsistant 1 à 2 ans ; tiges dressées floraison des rameaux végétatifs moins nombreux et moins (fig. 4) ; inflorescences les plus grandes pouvant porter plus développés ; inflorescences à cyme terminale assez dense de 5 rameaux fleuris axillaires s’échelonnant le long des (pédicelle de la première fleur ≤ 4mm) accompagnée de 0- tiges (fig. 4)...... M. rubra 5 rameaux floraux axillaires (fig. 2b,e) ; corolles à pétales 2’- Pétales ≥ 2 mm de long, > à 1/2 longueur des sépales ; dressés, peu rayonnants (fig. 2e,f) ; 2n= 30...... M. cymifera plante pluriannuelle ; tiges étalées ou ascendantes ; inflo-

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 38 — Nouvelles contributions ô la àlore des Pyrénées-Orientales - Observations 20Y-2020 Jean-Marc Lewin (JML)* Philippe Schwab (PhS)** Romain Bouteloup (RB)*** Sylvain Nicolas (SN)****

Taxa nouveaux* ou non revus (L.) Nevski. Reconnaissable à ses anthères légèrement plus Asphodelus ayardii Jahand. & Maire* (fig. 1) : Rive- petites et à pollen en amas. Deux groupes d’hybrides sont saltes, el Cargol, PhS, 25/03/20. Au sein d’une pelouse observés, possiblement réciproques (comm. pers. Jean- sèche (ancienne vigne arrachée) entre l’éolienne et la station Marc Tison), à anthères respectives de 5 et 8 mm. d’épuration. Population importante, plus de 100 individus Galatella linosyris (L.) Rchb.f.* (fig. 8) : Saint-Estève, Cli- en mélange avec A. fistulosus L. La distinction entre les nique du trèfle à 4 feuilles, RB, 07/10/20. Bien présent dans deux asphodèles est évidente pour ces espèces ici synto- l’Hérault, l’Aude et au nord de Figueres, curieusement il piques (fig. 2). A. ayardii possède des fleurs plus grandes, n’avait pas encore été observé dans les Pyrénées-Orientales. est de phénologie plus tardive et présente des feuilles à ner- C’est chose faite, sa répartition reste probablement encore vures lisses. La question de l’indigénat sur le site se pose : à compléter. la plante a été observée en bordure d’une zone d’activité et Hieracium sennenianum Arv.-Touv. & Gaut. (fig. 9) : No- ne semble pas présente autour. Historiquement, elle n’a fait hèdes, Font de Coms, 1750 m, PhS, 05/07/20. Découverte l’objet que d’une seule mention dans les Pyrénées-Orien- par Sennen en 1897 (Arvet-Touvet et Gautier 1904), l’es- tales par Anatole Guillon sur Perpignan en 1870 (Díaz-Li- pèce a été observée sur son locus typicus sur le versant nord fante et Valdès 1996). de la Tartera. Un seul pied en fleur a pu être récolté en com- Beta vulgaris L. subsp. vulgaris × Beta vulgaris subsp. pagnie de Marc Espeut et de Jean-Marc Tison malgré des maritima (L.) Arcang.* (fig. 3) : Rivesaltes, els Ferratjals, centaines dont se sont manifestement repus les caprins. Pas PhS, 13/05/2020. Taxon très robuste, à la tige ascendante, de nouvelle mention depuis lors, excepté à Molitg en 1898, de 70 cm de haut en phase de croissance, ramifiée, proche toujours par Sennen (MPU). Agamo-espèce de la série de de B. vulgaris subsp. maritima, mais doté d’une racine char- H. cordatum Scheele. nue (6 cm diamètre, 40 cm de long, à chair blanche, ramifiée Hieracium spicatum All. (fig. 10) : Font-Romeu-Odeillo- à la base en d’autres tubercules). Issue de l’hybridation pu- Via, l’Ermitatge, 1860 m, PhS, 30/07/20. Cette épervière de tative de l’espèce sauvage avec la betterave cultivée. la série de H. lanceolatum Vill., connue dans les Pyrénées Bidens triplinervia Humb., Bonpl. & Kunth* (fig. 4) : occidentales et centrales voit ici sa chorologie complétée Céret, rive gauche du Tech au niveau du gué en aval du pont dans notre département. du diable, RB, 29/10/20. Plante échappée des jardins, peu Kalanchoe daigremontiana Raym.-Hamet & H.Perrier d’observations semblent indiquées dans les milieux natu- (fig. 11) : Perpignan, Sant Assiscle, PhS, 18/08/2020, Rive- rels. Elle n’est pas encore listée parmi les espèces exotiques saltes, Mas del Reart, PhS, 04/11/2020. Plante souvent cul- envahissantes de PACA et Occitanie (invmed), à surveiller. tivée en jardinière qui s’échappe facilement par Carex brachystachys Schrank (fig. 5) : Nohèdes, la Tar- multiplication végétative directement depuis des bourgeons tera, 1750 m, PhS, 05/07/20. Trois individus repérés par axillant les feuilles. Deux stations identifiées dans le dépar- Marc Espeut en compagnie de Jean-Marc Tison. Espèce tement pour cette espèce qui n’était connue que de la Côte connue en trois stations anciennes des Pyrénées-Orientales. d’Azur en France (comm. pers. Jean-Marc Tison). Si la sta- La donnée de 1994 de James Molina est ici retrouvée et tion à Perpignan se limite à un individu, la vigueur de la po- confortée, puisque JML identifiera par la suite une popula- pulation sur les digues de l’Agly est saisissante : une tion importante une centaine de mètres au nord-est, près de cinquantaine de pieds est décomptée, pami eux de nom- la Font de Coms (JML, 1650 m, 11/07/2020) et une petite breux plants en devenir. Les plus grands spécimens fleuris- population plus à l’ouest sur les parois de la Roca Roja sent. Néophyte nouvelle pour les Pyrénées-Orientales. (JML, 1550 m, 5/08/2020). Des prospections sur les parois Lantana ×strigocamara R.W.Sanders (fig. 12) : Rive- de la Baga de Bordellat à Lamanère où Barthélémy Xatart saltes, Quai des mouettes, 20 m, PhS, 12/01/2020. Cette es- l’avait récoltée « Bordallat de Lamanère, CC » (Senesse pèce est abondamment plantée en zones urbaines, elle a ici 1965) n’ont pas permis de retrouver cette espèce. été observée échappée, poussant en bordure du quai de Daucus carota L. subsp. maximus (Desf.) Ball var. mau- l’Agly en pied de trottoir. Aucun parent à proximité. Il se ritanicus (L.) Spreng (fig. 6): Saint-André, Taxo, PhS, reconnaît aisément à ses inflorescences jaunes virant au 03/06/20. Grande carotte (17 dm) à ombelles en plateau de rose. Pour le séparer des autres taxons et hybrides, il s’agit plus de 14 cm, à grands rayons périphériques (6,5 cm), à de se référer aux travaux récents de Sanders† (2006, 2012). feuilles mates et souples. Détermination confirmée par Jean- C’est cependant le seul taxon qu’on puisse observer auto- Pierre Reduron. nome en France, les autres ne semblant que très ponctuel- Elytrigia ×laxa (Fr.) Kerguélen* (fig. 7) : Le Barcarès, les lement s’échapper des jardinières (Sanders 2012). L’espèce Marines, PhS, 14/06/20. Hybride supplantant totalement les ne correspond pas à Lantana camara L. qui ne partage pas taxons parents, notamment Elytrigia juncea subsp. juncea la même pilosité sur les feuilles. Les mentions de ce dernier — 39 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Fig. 1 : Asphodelus ayardii Jahand. & Maire Fig. 2 : Asphodelus fistulosus L. (à gauche) et A. ayardii © P. Schwab Jahand. & Maire (à droite) © P. Schwab

Fig. 3 : Beta vulgaris subsp. vulgaris × B. v. subsp. maritima Fig. 4 : Bidens triplinervia Humb., Bonpl. & Kunth © P. Schwab © R. Bouteloup

Fig. 5 : Carex brachystachys Schrank © J-M Lewin Fig. 7 : Elytrigia ×laxa (Fr.) Kerguélen © P. Schwab

Fig. 6 : Daucus carota L. subsp. maximus (Desf.) Ball var. mauritani- Fig. 8 : Galatella linosyris (L.) Rchb.f. Fig. 9 : Hieracium sennenianum Arv.- cus (L.) Spreng © P. Schwab © R. Bouteloup Touv. & Gaut © P. Schwab Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 40 — lantane en France étant certainement toutes à rapporter à L. notre donnée. Cette espèce spectaculaire et bien visible oc- ×strigocamara si on s’appuie sur les travaux précédemment cupe un talus au bord d’un ancien jardin où l’on peut ob- évoqués (comm pers. James Molina & Jean-Marc Tison). server quelques pieds qui devaient y être cultivés. La récolte de Guillaume Fried dans le ravin du Douy à Col- Stellaria ruderalis M. Lepší, P. Lepší, Z. Kaplan & P. lioure en 2010, notée L. camara (Herbier G. Fried, N°768, Koutecký* (fig. 18) : Rivesaltes, Mas del Reart, PhS, 12/08/2010), correspond également à cette espèce après vé- 30/03/20. JML : Bages (DH91), l’Espina, 40 m, 14/05/20 rification (comm. pers. Guillaume Fried). Néophyte très en- et Colomina del Prat, 30 m, 20/05/20 ; Perpignan, Sant vahissant en zone tropicale et subtropicale, a priori Genis de Tanyeres (DH93), 15 m, 25/05/20 ; Bourg-Ma- relativement peu agressif dans la zone sténoméditerra- dame, Pla de Dalt (DG19), 1200 m, 17/06/20 ; Angoustrine- néenne. Villeneuve-des-Escaldes, à Villeneuve, Camí des Cortelles Mentha spicata L. : Matemale, Torre de Creu (DH21) 1450 (DH10), 1240 m, 15/07/20. m, JML, 12/08/2020. Quelques pieds en boutons parmi les Espèce récemment distinguée de Stellaria media L. (Lepsi ruines de l’ancien village. Conill (1932) signalait cette et al. 2019). D’écologie rudérale, elle serait particulièrement menthe cultivée « Conflent à Vernet-les-Bains, abords des courante dans le grand sud. Elle se différencie principale- ruines du Couvent, sous le chemin de Fuilla (600 m) ». ment de S. media par ses graines à tubercules aussi longs Oenothera lindheimeri (Engelm. & A.Gray) W.L.Wagner que larges et coniques (fig. 19). & Hoch (fig. 13) : Estagel, Vinyes de Marbigó, PhS, Stenotaphrum secundatum (Walter) Kuntze* (fig. 20) : 03/11/2020. Plante omniprésente sur les plate-bandes ur- Perpignan, Mas Vermell (DH92), 50 m, JML, 01/07/20. baines. De jeunes plants avaient déjà été observés au pied Cette graminée originale présente un tapis presque continu des plantations en plusieurs points du département. Cette sur plusieurs m2 dans l’enceinte du mas à l’abandon. Situa- station péri-urbaine de plusieurs individus se développe au tion qui ne devrait pas durer, un projet d’urbanisation devant sein d'un fossé routier et en bordure d'une friche. Néophyte détruire le site. L’espèce, néophyte, semble en extension. nouvelle pour les Pyrénées-Orientales. Taraxacum glandiforme Sonck* (fig. 21) : Le Soler, el Ononis ornithopodioides L.* (fig. 14) : Cases-de-Pène Gran Riberal, PhS, 14/03/2020. Agamo-espèce proche de (DH83), 19/05/20, Collada d’en Gibert, 160 m, Collada dels Taraxacum aginnense Hofstra, mais à bractées plus larges Gascons, 150 m, JML. En France continentale, cette élégante et étalées à la fructification, également reconnaissable à ses bugrane était connue en Provence, dans l’Aude, et plus ré- feuilles à nombreux segments et dont l’apical est arrondi, cemment dans l’Hérault (Coulot et Rabaute 2015). Les deux en casque. populations découvertes cette année sont bien fournies, plu- Taraxacum herae Sonck* (fig. 22) : Rivesaltes, els Ferrat- sieurs dizaines de pieds, et occupent des surfaces impor- jals, PhS, 10/04/2020, Rivesaltes, Mas del Reart, PhS, tantes. La présence d’autres populations est envisageable 16/04/2020, Tresserre, Mas Escudier, PhS, 15/04/2020. dans les environs. Présente également en Espagne, l’origine Agamo-espèce de la section Erythrosperma nouvelle pour des plantes peut s’expliquer par ornithochorie. la flore continentale française, n’étant connue que de Corse. Pilosella cf. aurantiaca subsp. carpathicola (Nägeli & Observée en plusieurs endroits du département, et certaine- Peter) Sojàk (fig. 15) : Bolquère, Els Roqueters, 1680 m, ment sous-estimée. L’espèce est proche de Taraxacum mul- PhS, 30/06/20. Piloselle remarquable par ses ligules orange, tidentatum Soest, mais s’en distingue par des akènes grenat nouvelle pour les Pyrénées-Orientales, seconde station pour à cônes plus longs (1 mm) (fig. 23), des bractées involu- les Pyrénées. Elle semble avoir été semée dans le jardin crales plus étalées, et moins de dents sur les marges distales. d’un chalet, et gagne désormais les trottoirs et milieux ad- Taraxacum ciliatum Soest* (fig. 24) : Rivesaltes, Mas del jacents. Il s’agit du taxon fortement envahissant à la nomen- Reart, PhS, 16/04/20. Agamo-espèce de la section Obovata clature indéfinie et non pas de la relique glaciaire en (Tison & de Foucault 2014), ou Erythrosperma (Soest raréfaction dans le nord-est de la France, Pilosella auran- 1954). L’espèce est bien reconnaissable à ses segments tiaca (L.) F.W.Schultz & Sch.Bip. larges, son absence totale de pollen et ses akènes cannelle Polypodium ×shivasiae Rothm. (fig. 16) : Serralongue, 860 clair (fig.25). Une trentaine d’individus se développe en m, Font Cremat, PhS, 30/01/2020. Nothoespèce nouvelle bordure de piste, certains sont au moins dans leur deuxième pour le Haut-Vallespir, et dont les dernières mentions pour année au regard de la découpure des feuilles plus aigüe et le département remontent à 1993 (Boudrie 1996). de leur racine pivot. Cette donnée complète la répartition Salvia sclarea L. (fig. 17) : Clara, Mas d’en Guillò (DH51), connue de l’espèce après l’Aude et l’Hérault. 460 m, JML, 18/06/20. Gautier (1898) indique « Lieux in- Taraxacum tanyolobum Dahlst* (fig. 26) : Saint-André, cultes, de la zone de l’olivier jusque dans celle du sapin : Sant Bernat, PhS, 01/04/20. Petite population dans une cul- Albères, rivière de Llavail, Collioure bords du Douy, et val- ture de kiwis. Agamo-espèce de la section Erythrosperma. lée du Tech, Notre-Dame du Coral près Prats-de-Molló à Espèce assez caractéristique avec ses ligules à apex cochléé, 1300 m. » d’où la plante n’a pas été revue. Junquet (1857) les bractées toutes réfractées, le pollen absent, les akènes à l’indique lui « Bords des champs à Vernet, Corneilla, cône long. L’observation de cette espèce dans les Pyrénées- échappé des jardins. » zone qui correspond peu ou prou à Orientales est assez atypique puisqu’elle est connue du nord

— 41 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Fig. 10 : Hieracium spicatum All. Fig. 11 : Kalanchoe daigremontiana Fig. 12 : Lantana ×strigocamara © P. Schwab Raym.-Hamet & H.Perrier © P. Schwab R.W.Sanderst © P. Schwab

Fig. 13 : Oenothera lindheimeri (En- Fig. 14 : Ononis ornithopodioides L. © J-M Lewin gelm. & A.Gray) W.L.Wagner & Hoch © P. Schwab

Fig. 15 : Pilosella cf. aurantiaca Fig. 16 : Polypodium ×shivasiae Fig. 17 : Salvia sclarea L. subsp. carpathicola (Nägeli & Peter) Rothm. © P. Schwab © J-M Lewin Sojàk © P. Schwab Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 42 — de la France, de l’Aquitaine (une station) et du centre-ouest bord du Tech à Villelongue-dels-Monts et Brouilla. Elle de l’Europe. Elle a cependant été observée récemment en n’avait pas encore été observée à cet endroit. Corse sur une aire de stationnement de camping-car (comm. Asperula arvensis L. (fig. 30) : Le Perthus, friche en contre- pers. Jean-Marc Tison). bas du col de Panissars, 317 m, RB, 07/04/19. Récemment Vicia pannonica Crantz var. pannonica* (fig. 27) : La- signalée à Opoul-Périllos (Lewin 2017), cette observation tour-de-France, Col del Lloup (DH73), 210 m, JML & RB, confirme bien sa présence dans les Albères où elle était 28/05/20. Messicole observée sur un talus à proximité d’une mentionnée (Gautier 1898). bordure de vigne, qui n’était pas connue dans le départe- Atriplex laciniata L. (incl. A. torbanei Tineo) : Canet-en- ment. L’autre variété, var. purpurascens (DC.) Ser., est fré- Roussillon, extrémité de l’Agulla de la Mar, RB, 03/10/19. quente en Cerdagne et Capcir, occasionnelle dans la plaine. Actuellement regroupé dans Flora Gallica sous le nom d’A. Veronica angustifolia (Vahl) Bernh* (fig. 28) : Serdinya, laciniata, les plantes méditerranéennes peuvent être confon- la Tartera, 1780 m, PhS, 05/07/20, sur indication de Jean- dues avec A. rosea L. et A. tatarica L. La plante observée Marc Tison et en compagnie de Marc Espeut, une véronique semble avoir les critères d’A. laciniata : plantes couchée, du complexe teucrium récemment relevée au rang d’espèce valves trilobées, feuilles allongées... A. laciniata ne semble (Padilla-Garcia et al. 2018). Une partie des Veronica orsi- pas avoir encore été observée plus au sud du Barcarès. niana Ten. est à ramener à ce taxon, la confusion avec cette Bothriochloa barbinodis (Lag.) Herter : Bourg-Madame, dernière dans le sud-est de la France étant connue depuis el Pont de Llivia (DG19), 1150 m, JML, 24/09/20. Très fré- quelques années (Rojas-Andres & Montserrat Martinez-Or- quente dans la plaine, cette invasive apparaît ainsi en Cer- tega 2016). Elle s’en distingue peu morphologiquement, dagne, provenant certainement de l’Espagne proche. Côté mais est octoploïde quand V. orsiniana est diploïde (ibid.), français elle remonte, pour l’instant, à Canaveilles, dans le ce qui devrait se matérialiser sur la taille des stomates. Conflent. V. angustifolia présente souvent une mauvaise organoge- Carex capillaris L. : Estoher, Serrat del Roc de l’Escala, nèse de son pollen, les grains qui ne sont pas avortés sont secteur calcaire en contrebas d’el Mener de l’Or, 2164 m, ± ovales, plus grands, tandis que les feuilles médianes sont RB, 09/08/19. Bien présent mais localisé dans les pelouses généralement plus allongées (comm. pers. Jean-Marc calcaires de Cerdagne et Capcir, il ne semble pas avoir été Tison). mentionné au cœur du Canigó. Cette observation n’est pas Espèces rares ou à nouvelles répartitions étonnante dans l’un des seuls secteurs calcaires du massif. Achnatherum calamagrostis (L.) P.Beauv. : Fontrabiouse, L’observation la plus proche se trouve actuellement à Prats- Vall de Galba, Roc de Querubí (DH22), 1880 m, 01/08/20, de-Molló. JML, quelques touffes sur les parois. Si cette belle graminée Carex hartmanii Cajander : Porté-Puymorens, l'Estanyol, est fréquente dans la chaîne des Pyrénées au sud de la fron- 2050 m, 07/09/13 ; Eyne, Forêt Domaniale du Camí Rama- tière et vers l’ouest, elle reste rare ici, connue essentielle- der, 1610 m, 21/06/14 ; Formiguères, la Coma, 1430 m, ment dans les gorges de Llo et sur les rochers calcaires 29/07/14 ; Les Angles, Roc de Peborni, 1990 m, 30/07/14, au-dessus de ce village, ainsi qu’une donnée non revue sur Serrat del Rigal, 1640 m, 20/07/15 ; Bolquère, les Escaroles, les contreforts du Mont Helena à Caixas (Jansen in Bou- 1610 m, 23/05/15 ; Latour-de-Carol, Sant Pere de Sedret, chard 1991). 1330 m, 11/05/18 (JML) ; la Cabanasse, importantes popu- Aloe maculata All. : Reynès, el Vilar, PhS, 240 m, lations de part et d’autre du Col de la Perche, 1520 m, SN, 30/01/20. Aloès reconnaissable à ses inflorescences oran- 25/06/2019 ; Matemale, Les Angles, régulier dans les prés gées et ses feuilles maculées. Plusieurs pieds s’échappent bordant le lac, SN, 05/07/2019 ; Matemale, Coma d'en Sanç, depuis le jardin jusqu’au talus routier voire le fossé. En Es- 1490 m, 16/07/20 (JML). Bolquère, els Roqueters, 1650 m, pagne, il est considéré naturalisé (Ortiz et al. 2008). L’es- PhS, 30/06/2020. Connu depuis 2013 au Pla de les Artigues pèce est nouvelle pour le Vallespir. (Bolquère), ces observations viennent compléter la réparti- Arenaria modesta Dufour (fig. 29) : Latour-de-France tion de l’espèce. (DH73), JML, 17/05/20, Coumo d’en Caucalou, 320 m ; la Carex viridula Michx. (fig. 31) : Bolquère, els Roqueters, Tourèze sud, 380 m ; Roc Negre, 350 m, JML & RB, PhS, 1650 m, 30/06/20. Cette espèce ne s’élève pas au-des- 28/05/20. Première mention de cette espèce en dehors du sus de 1250 m selon Flora Gallica. Elle ne semble pas dé- petit massif du pic Redon (Lewin 2015). passer 1250 m dans les Alpes non plus (comm. pers. Franck Arnoseris minima (L.) Schweigg. & Körte : Banyuls-sur- Le Driant & Yorick Ferrez). Les données anciennes sont su- Mer, Puig d’en Jordà (EG09), 740 m, JML, 19/02/20. La jettes à caution pour le groupe de Carex flava aggr. La sta- présence de cette espèce sur la crête frontière de l’Albera tion, hors gamme altitudinale, est ici validée par Jacob se confirme (Lewin 2018). Koopman (comm. pers.), spécialiste du genre Carex. Artemisia annua L. : Argelès-sur-Mer, rive droite du Tech, Cerastium fontanum subsp. lucorum (Schur) Soó dans la RNN du Mas Larrieu, RB avec Fabrice Covato, (fig.32) : Font-Romeu-Odeillo-Via, l’Ermitatge, 1860 m, 07/08/20 ; Perpignan, centre-ville, RB, 14/09/20. Connue PhS, 22/06/20. Plusieurs plantes critiques à grandes graines aux alentours de Perpignan, en aval de la Têt, ainsi qu’au et capsules ont été observées sur cette station, mais dont les

— 43 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Fig. 18 : Stellaria ruderalis M. Lepší, P. Lepší, Z. Ka- Fig. 19 : Stellaria ruderalis, plan & P. Koutecký © P. Schwab graines © P. Schwab

Fig. 20 : Stenotaphrum secundatum (Walter) Kuntzes © J-M Lewin

Fig. 21 : Taraxacum glandiforme Sonck © P. Schwab Fig. 23 : Taraxacum herae Soncke Fig. 22 : Taraxacum herae Soncke © P. Schwab © P. Schwab

Fig. 25 : Taraxacum ciliatum Soest © P. Schwab

Fig. 24 : Taraxacum ciliatum Soest © P. Schwab Fig. 26 : Taraxacum tanyolobum Dahlst © P. Schwab Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 44 — caractères entreraient dans la variabilité de Cerastium fon- 04/10/20 ; Elne et Palau-del-Vidre, rive gauche, au niveau tanum subsp. vulgare (Hartm.) Greuter & Burdet, avec des du Pla de la Barca, RB, 17/10/20 ; Céret, rive gauche au ni- graines de 0,85 à 0,94 mm, des capsules jusqu’à 13 mm, veau du gué en aval du pont du diable, RB, 29/10/20 ; Le mais sans poils glanduleux dans l’inflorescence et des brac- Boulou, en plusieurs endroits en rive gauche, entre les ponts tées sépaloïdes (Wyse Jackson 1992). Des plantes intermé- de la D618, de la déviation et de l’A9, RB, 29/10 & diaires de ce type qui pouvaient également être rapprochées 10/11/20). Il est classé en danger critique d’extinction en de C. fontanum subsp. lucorum à tort ont déjà été observées France (UICN 2018), il a été récemment observé sur le Tech en Corse par Jean-Marc Tison (Jeanmonod & Schlüssel à Villelongue-dels-Monts (Bouteloup et al. 2018) et plus 2006). anciennement à Arles-sur-Tech (Vincent-Carrefour 2001) et Au sein de cette même station, au moins un individu pré- Amélie-les-Bains (Conill 1906). En revanche il ne semble sentait des poils glanduleux, des bractées non sépaloïdes de pas avoir été revu plus au nord sur la Têt à Canet-en-Rous- plus de 10 mm et toujours des graines et capsules de grande sillon (Conill 1906), Perpignan (Husnot 1906) ni aux abords taille. Ces caractères, surtout celui concernant les bractées, de l’étang de Salses (Baudière 1970), même s’il le fut seraient caractéristiques de la subsp. lucorum (Wyse Jack- quelques années plus tard au bord de ce dernier (Baudière son 1992). Ces populations se développent en syntopie, sans 1981). Il est présent également en Catalogne du Sud. Il sem- trace d’hybrides, ce qui peut s’expliquer par une incompa- ble donc bien se porter sur le Tech comme le confirme ces tibilité génétique entre les deux taxons ; si tel est bien le cas, observations issues de quelques prospections ciblées en fin leur rang taxonomique mériterait d’être élevé à l’espèce d’année 2020 sur les parties avales du Tech. Les visites ont (comm. pers. Jean-Marc Tison). Ces choix taxonomiques été réalisées sur des zones d’atterrissements importants sont déjà retenus par certains auteurs (Pignatti 1982 ; Bar- (bancs de graviers et sables) repérées au préalable sur les tolucci 2018). photos aériennes. Ce travail est également à faire sur la Têt. Cette observation complète celles de James Molina à Olette Cyrtomium falcatum (L.f.) C.Presl (fig. 36) : Rivesaltes, et de Jean-Marc Tison à Err. Mas del Reart, PhS, 04/11/20. Située à 3 m du sol à flanc Chara globularis J.L.Thuiller (fig. 33) : Villelongue-dels- d’un mur de brique, l’espèce survit ici dans des conditions Monts, els Baixos, site propriété du CEN Occitanie, RB & relativement ensoleillées, même si exposée au nord. De SN, 27/02/19. Saint-Féliu-d’Avall, en bord de Têt, dans les multiples couches de frondes séchées témoignent de son petites anfractusosités creusées par le fleuve, SN, installation pérenne. Il s’agit de la seconde station du dé- 17/10/2020. Cette espèce considérée comme une des plus partement après celle de Banyuls-sur-Mer. communes de France (Mouronval et al. 2015) ne semblait Cytisus multiflorus (L’Hér.) Sweet : Lansac, Prat del pas observée en plaine, seulement à Castelnou et Millas. Barou, RB, 10/04/19 ; Serdinya, talus en bordure de la D27, Cistus crispus L. : Canet-en-Roussillon, Costa de la Crema RB, 02/05/19. Cette dernière observation complète sa ré- Sud (DH92), 20 m, JML, 21/05/20. Cette espèce connue en partition (et extension ?) au Conflent (Bouteloup 2016). deux noyaux, l’un à l’est de l’Albera, l’autre sur Tautavel Datura ×cabanesi P.Fourn. : Villeneuve-de-la-Raho, Pont et Maury, est indiquée « Entre Canet et Cabestany : bois de la Sal (DH92), 25 m, JML, 06/12/19, individus nom- Durand. » par Conill (1941) avec une récolte dans son her- breux dans une vigne en présence des deux parents : Datura bier (TL) accompagnée de l’étiquette situant la récole ferox L. et Datura stramonium L. Seconde station du dé- « Canet : bois Durand, vers Cabestany, le 7 septembre partement après celle de Rivesaltes (Lewin & Schwab 1933 ». La petite population découverte n’est pas très éloi- 2019). gnée de ce lieu-dit. Datura ferox L. : Argelès-sur-Mer, Negabous, PhS, Colchicum longifolium Castagne : (DH63), JML, 07/06/18, plusieurs individus en bordure d’un poulailler, 12/05/20, Maury, Senbeat Est, 390 m ; Coll de Laben, complète la chorologie de cette néophyte dans les Albères, 400 m ; Lesquerde, Coll de Laben, 400 m. Nouvelles loca- après celles de la plaine du Roussillon (Lewin & Schwab lités de cette espèce connue surtout dans les Corbières et la 2019). vallée de la Desix, plus rare en Fenouillèdes (Lewin 2014). Epilobium brachycarpum C.Presl : Canet-en-Roussillon, Convolvulus lineatus L. : Calce, Coma dels Bocs (DH73), Mas Conte (DH921), 2 m, JML, 01/10/20 ; Saint-Estève, 280 m, JML, 05/06/20 ; les Comes, RB, 09/02/20. Présence Torremila (DH83), 50 m, 22/10/20. Comme dans la pre- de cette espèce inconnue jusqu’alors dans ce secteur, popu- mière station (Lewin & Schwab 2019) la plante occupe des lations faisant le lien entre celles des Corbières littorales et bordures de vignes, le long de fossés temporairement hu- celles des Aspres (Lewin 2017, 2018). mides. Cyperus difformis L. (fig. 34) : Argelès-sur-Mer, RNN Mas Equisetum ×moorei Newman : Nohèdes, la Farga (DH41), Larrieu, rive droite du Tech, en arrière-dune, RB, 18/10/20. 980 m, JML, 23/07/20, population importante en ripisylve. Complément à la première observation de l’espèce dans le Complète les précédentes observations (Lewin 2014 ; Bou- département à Palau-del-Vidre (Bouteloup et al. 2018). teloup 2016 ; Bouteloup et al. 2018). Cyperus flavidus Retz (fig. 35) : Plusieurs observations sur Erigeron blakei Cabrera (fig. 37) : Saint-Cyprien, els Pedre- le Tech à Ortaffa, rive droite, els Baixos de Cabanes, RB, guets, lotissement, RB, 07/04/20. Il n’était jusque-là observé

— 45 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Fig. 27 : Vicia pannonica Crantz var. Fig. 28 : Veronica angustifolia (Vahl) Fig. 29 : Arenaria modesta Dufour pannonica © J-M Lewin Bernh © P. Schwab © J-M Lewin

Fig. 30 : Asperula arvensis L. Fig. 31 : Carex viridula Michx. © R. Bouteloup © P. Schwab

Fig. 33 : Chara globularis J.L.Thuiller Fig. 32 : Cerastium fontanum subsp. lucorum (Schur) Soó © R. Bouteloup © P. Schwab

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 46 — qu’à Argelès-sur-Mer, Baho, Banyuls-sur-Mer, Brouilla, Marsilea strigosa Willd. : Perpignan, Còrrec del Siure, RB, Canet-en-Roussillon, Pia, Saint-Estève et Saint-Nazaire. 01/07/20 ; entre la chapelle de Sant Josep de Torremilà et Gagea bohemica (Zauschn.) Schult. & Schult.f. : Ba- le Mas Sant Josep, dans une friche inondable mentionnée nyuls-sur-Mer, Puig d’en Jordà (EG09), 740 m, JML, par P. Schwab lors d’une étude préalable à un projet de 19/02/20. Une dizaine de pieds fleuris aux environs du som- ZAC, RB, 19/09/20. Ces deux nouvelles stations sont met. proches mais hors du site Natura 2000 de Torremilà désigné Cette gagée, présente essentiellement dans le Fenouillèdes pour la conservation de l’espèce. On peut noter que la nou- et une partie du Riberal, voit son aire largement étendue velle station observée au Còrrec del Siure se trouve sur le jusqu’à l’Albera. Précoce et discrète, cette plante échappe premier périmètre du site Natura 2000 proposé qui avait été facilement aux prospections et doit donc, on l’imagine, être ensuite considérablement réduit, argumenté par l’absence plus présente que ce qu’on en connaît actuellement. Sa dé- de la marsilée à cet endroit malgré la présence de mares couverte est récente dans les P.-O. (Lewin 2014) et depuis temporaires favorables. sa présence s’étend régulièrement. Medicago polyceratia (L.) Trautv. : Bourg-Madame, Pla Galium minutulum Jord. (fig. 38) : Port-Vendres, site de de Dalt (DG19), 1210 m, 17/06/2020, station découverte Paulilles, façade nord du Cap d’Ullastrell, RB & N. Pana- par Franck Le Driant, population fournie en bordure de cul- bière, 04/05/20. Connu depuis longtemps et régulièrement ture. Latour-de-Carol, Planol (DH00), 1300 m, 26/06/2020, observé au Cap Béar, il avait été observé au Cap d’Ullastrell JML, petite population au pied d’un mur en exposition sud. par Balayer en 1994, sans localisation précise et n’y avait Deux nouvelles stations de cette espèce ibérique qui avait pas été revu depuis. Il y est donc toujours bien présent et disparu des radars ces dernières années (Lewin 2018) bien localisé cette fois-ci, c’est la seconde station actuelle- Medicago scutellata (L.) Mill. : Perpignan (DH92), JML, ment connue d el’Albera. 05/04/20, Mas Rous, 50 m ; Mas Eychenne Gran, 50 m ; Mas Galium verrucosum Huds. : Baixas, els Forns (D83), 80 Sant Joan, 40 m ; 06/04/2020, Mas de la Misericòrdia, 45 m, JML, 11/03/20. Indiquée historiquement sur cette com- m ; Mas Albar, 35 m ; 09/04/2020, Mas Delfau ; 10/04/2020, mune (Saint-Lager 1883), cette espèce était connue locale- Mas Olivier ; 30/04/2020, Mas Palegri ; Porte d’Espagne ment à Espira-de-l’Agly (Lewin 2015) et plus récemment à (Lewin 2015, 2017). L’un des rares bienfaits de ce premier Salses. Elle semble donc bien présente dans cette partie de confinement fut qu’il obligeât à explorer intensivement des la plaine du Roussillon. On la rencontre plus fréquemment secteurs peu parcourus habituellement. Cette espèce rare sur le littoral de l’Albera. dans le département est donc relativement abondante à la pé- Hippocrepis biflora Spreng. : Salses-le-Château, els Esta- riphérie sud de la commune de Perpignan (fig. 41). nyols, SN, 28/04/2020. Très fréquent dans l’Aude, devient beaucoup plus rare dans les Pyrénées-Orientales, essentiel- lement basses Corbières (Opoul-Périllos et Salses) ainsi qu’une station à Bages, dans la plaine du Roussillon (Cas- tellas del Reart , 10/04/13, JML). Isoetes duriei Bory : Laroque-des-Albères, Mas Massot d’en bas, prairie pâturée en avec notamment Trifolium li- gusticum Balb., Kickxia commutata (Bernh. ex Rchb.) Fritsch, RB, 11/06/20. Cette donnée complète sa répartition à l’ouest du massif de l’Albera. Limonium echioides (L.) Mill. : Cases-de-Pène (DH83), el Camp d’en Gras, 130 m & Coma d’en Roc, 120 m, 17/05/20 ; Collada d’en Gibert, 160 m, JML, 19/05/20. Es- pèce indiquée (Delpech 1991) dans le vallon de l’ermitage de Cases de Pena, où nous l’avions vainement cherchée Fig. 41 : Répartition de Medicago scutellata (L.) Mill. au SE de Perpignan. jusqu’alors, bien que trouvée à proximité. Elle se trouve donc également dans d’autres secteurs de la commune, po- Muscari matritense Ruíz Rejón, L.Pascual, C.Ruíz pulations abondantes cette année. Rejón, Valdés & J.L.Oliv. : (DH63), JML, 12/05/20, Malva nicaeensis All. : Perpignan, Mas Pelegri (DH92), Maury, Senbeat Est, 390 m ; Coll de Laben, 400 m ; Les- 35 m, JML, 07/04/20. Espèce rare et localisée dans la querde, Coll de Laben, 400 m. 17/05/20, Cases-de-Pène, el plaine du Roussillon. Camp d’en Gras (DH83) 130 m ; Latour-de-France (DH73), Malva parviflora L. : Saint-Cyprien, port, en arrière plage, Coumo de Calveille haut, 280 m, Coumo d’en Caucalou, RB, 12/05/19 ; Le Boulou, village, RB, 20/05/18. Indiquée 320 m (DH83), 19/05/20, Cases-de-Pène, Collada d’en Gi- à Saint-Nazaire, Salses, Théza, ces observations complètent bert, 160 m ; Collada dels Gascons, 150 m. Millas, Força sa répartition dans la plaine où elle doit être fréquente Real (DH73), 460 m, 24/05/20. Cases-de-Pène, Coma de comme en Catalogne sud. l’Ermita Est (DH83), 130 m, 26/05/20. (DH73), 28/05/20,

— 47 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Fig. 34 : Cyperus difformis L. Fig. 35 : Cyperus flavidus Retz © D. Sorel © D. Sorel

Fig. 37 : Erigeron blakei Cabrera © R. Bouteloup

Fig. 36 : Cyrtomium falcatum Fig. 38 : Galium minutulum (L.f.) C.Presl © P. Schwab Jord. © R. Bouteloup

Fig. 39 : Myosotis sicula Guss. Fig. 40 : Nymphaea alba L. © P. Schwab © R. Bouteloup

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 48 — Latour-de-France, Roc Negre, 350 m ; la Tourèze nord, 380 cente (Lewin 2017), nous indiquions avec doute cette es- m ; Planèzes, lous Estagnols, 380 m. Saint-Paul-de-Fenouil- pèce. Les doutes sont donc levés, l’espèce est bien présente let, Serre de l’Artigue del Baurien (DH63) 450 m, 29/05/20. dans la plaine du Roussillon. Saillagouse, la Serreta (DG29) 1470 m, 25/06/20. Thuès- Oxybasis glauca (L.) S.Fuentes, Uotila & Borsch (fig.45) : Entre-Valls, Salt del Lindo, 09/06/2019 (SN). Saint-Cyprien, Parc de la Prada, dépression salée servant de Ce muscari, signalé récemment, devient fréquent dans le bassin de rétention, accompagnée notamment de Crypsis département, à diverses altitudes. aculeata (L.) Aiton et Oxybasis rubra, RB, 19/09/20. Les Myosotis sicula Guss. (fig. 39) : Lansac, la Borde de observations récentes le localisent en deux secteurs dans les l’Étang, prairie humide avec captage d’eau, RB, 10/04/20. Pyrénées-Orientales, en Cerdagne (Latour-de-Carol) et sur Ce myosotis rare ne semblait pas encore observé dans le le littoral (Saint-Nazaire, Villeneuve-de-la-Raho). secteur (mares temporaires aux alentours de Perpignan et Oxybasis rubra (L.) S.Fuentes, Uotila & Borsch : Saint- Fenouillèdes à Rodès, Montalba-le-Château et Saint-Mar- Cyprien, ibid., RB, 19/09/20. Les observations récentes tin-de-Fenouillet). dans les Pyrénées-Orientales le mentionnent en Cerdagne Nymphaea alba L. (fig. 40) : Serralongue, Falgós, 1060 m, (Sauto, Latour-de-Carol) et sur le littoral à Argelès-sur-Mer, PhS, 18/04/2019. Ce nénuphar, introduit sur la station, co- Villeneuve-de-la-Raho, Canet-en-Roussillon et ancienne- lonise les bassins d’ornement du domaine. Par ses corolles ment à Salses-le-Château. Il n’est donc pas étonnant de le variant du blanc au rose vif, il appartient vraisemblablement trouver également à Saint-Cyprien. aux cultivars du groupe ‘Marliacea’ (Tison et De Foucault Parthenocissus quinquefolia (L.) Planch. : Rivesaltes, 2014). Il s’agit de la seconde donnée du département, après Mas del Reart, 20 m, PhS, 08/05/2020. Espèce qui semble celle de JML en 2010 sur Palau-del-Vidre (non publié). bénéficier d’endozoochorie aviaire : de nombreux plants de Odontites cebennensis subsp. olotensis (Pau ex Cadevall) développent dans les fissures du vieux centre de Rivesaltes. B.Bock : Lamanère, Mas de l’Aulina (DG68) 990 m, Ceux qui parviennent à se développer montrent une mor- 20/06/20 ; Latour-de-Carol, l’Avetorera, 1420 m, l’Oratori, phologie typique de l’espèce, notamment avec des disques 1320 m et Coll de Bena, 1520 m (DH00), 03/07/20 ; No- adhésifs (ce qui la distingue de P. inserta A. Kern. Fritsch) hèdes, Roca Roja (DH31), 1680 m, 23/07/20 et els Tallats et des feuilles à face abaxiale mates (versus vernissé). D’au- (DH41), 1200 m, 05/08/20, JML. tres stations dans le département ont été notées par JML, la Cette espèce est donc bien présente dans la vallée du Carol, donnée est ici nouvelle pour la plaine du Roussillon. où les nouvelles populations sont abondantes et les plantes Ranunculus ophioglossifolius Vill. : Lansac, la Borde de présentent des pieds très grands et très rameux (fig. 42). l’Étang (DH63), 305 m, JML, 29/05/20, quelques pieds au C’est la situation qu’on retrouve à Llo et dans le Vallespir. sein d’une mare creusée dans une prairie humide. Par contre, celles des flancs nord du Coronat, plus en alti- Ranunculus thora L. : Fontrabiouse, Vall de Galba, Serrats tude et moins bien exposées sont plus réduites et moins ra- Verds (DH12), 1880 m, 06/07/20, JML, une petite popula- meuses. Néanmoins elles conservent les mêmes caractères tion accrochée à une paroi calcaire d’un commandement floraux (Lewin & Schwab 2019) qui les différencient de la d’une trentaine de mètres. C’est, a priori, la première men- sous-espèce type (cf. infra), avec le port, très ramifié, et la tion dans cette vallée. Un point sur SILENE est attribué par floraison estivale. Le 3 juillet, les plantes de Latour-de- erreur (de saisie) à cette espèce. Dans la référence citée (Ter- Carol commençaient leur floraison. risse et al. 1984), la plante est mentionnée uniquement dans Guidé par Christian Bernard, que nous remercions ici, nous l’Ariège et les coordonnées correspondent à la plante sui- (JML) avons pu observer des populations d’Odontites ce- vante dans la note… bennensis H.J.Coste & Soulié subsp. cebennensis, sous-es- pèce type, dont la station princeps. Les plantes vues Salvia microphylla Kunths : Reynès, el Vilar, 240 m, PhS, présentaient toutes les mêmes caractères floraux ainsi qu’un 30/01/20. Sauge en voie de naturalisation qui s’échappe port très peu rameux et des tailles réduites (fig. 43). Chris- d’un jardin et se développe sur un talus routier. N’était tian nous confirma que c’était le cas pour l’ensemble de connue que d’une station sur la Vallàuria à Banyuls-sur-Mer l’aire caussenarde. La séparation en deux sous-espèces, (Verloove & Vandenberghe 2002). pour le moins, nous semble justifiée. La population céven- Salvia pratensis L. : Latour-de-Carol, l’Avetorera (DH00), nole constituant un isolat. Celles des Pyrénées-Orientales, 1420 m, 03/07/20, JML, nombreux pieds regroupés ou dis- semblables à celles du nord-est de l’Espagne, représentent séminés dans des prairies en terrasse. Cette espèce est assez un taxon bien individualisé. Au regard de certains décou- rare dans le département, avec des densités notables dans pages cela ne nous paraît pas excessif ! les prairies mésophiles supraméditerranéennes sur calcaire Orobanche picridis F.W.Schultz (fig. 44) : Théza, Mas Ni- (essentiellement Vallespir et Fenouillèdes). En Cerdagne colau (DH92), 12 m, JML, 11/05/20 ; Saint-Cyprien, Camp elle est connue, en situation naturelle, aux environs de Llo. del Carter (DH91) 4 m, 13/05/20 ; Cabestany (DH92), Mas Ici, un affleurement calcaire localisé permet sa présence en assez Garidó, 35 m, 18/05/20, Mas du Texas, 35 m, 21/05/20 ; grande abondance en compagnie de Stipa eriocaulis Borbás. Canet-en-Roussillon (DH92), Vilarnau, 10 m, 21/05/20, Serapias parviflora Parl. : Canet-en-Roussillon, els Regals, Mas d’en Sisquella, 25 m, 22/05/20. Dans une synthèse ré- SN, 28/04/20 ; Latour-Bas-Elne, l’Aspre, RB, 29/04/20 ;

— 49 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Fig. 42 : Odontites cebennensis subsp. olotensis (Pau ex Cadevall) B.Bock : à gauche grande taille, plante très ramifiée, Latour-de-Carol (66), 14/09/2020 ; à droite étamines exsertes, bractées non ou peu glanduleuses, Latour-de-Carol (66), 03/07/2020 © J-M Lewin

Fig. 43 : Odontites cebennensis H.J.Coste & Soulié subsp. cebennensis : à gauche et au milieu petite taille, plantes très peu ramifiées, Novis (12), 11/09/2020 ; à droite étamines insérées dans la corolle, bractées glan- duleuses, Verrières (12), 11/09/2020 © J-M Lewin

Fig. 44 : Orobanche picridis F.W.Schultz Fig. 45 : Oxybasis glauca (L.) S.Fuentes, Fig. 46 : Symphytum ×uplandicum © J-M Lewin Uotila & Borsch © R. Bouteloup Nyman © P. Schwab Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 50 — Peyrestortes, el Pilo Roig, RB, 07/05/20 ; Pia, Mas de les dans une friche ancienne, loin des stations connues (Lewin Pistatxes (DH93), 20 m, JML, 25/05/20 ; Cases-de-Pène, el 2014, 2017). Camp d’en Colom (DH83), 70 m, JML, 26/05/20. Cette der- Veronica peregrina L. : Perpignan, Mas Olivier (DH92), nière station confirme sa présence loin du littoral, s’ajoutant 45 m, JML, 10/04/20. Nouvelle et importante station dans à celle de Corneilla-la-Rivière (Lewin 2017). un vaste bassin de rétention, dont le sol était recouvert par Silene viridiflora L. : Vira, Source des Verriers (DH53), 805 la plante. Seconde occurrence pour cette espèce néophyte m, JML, 30/05/20 ; Sournia, Borde de Madame (DH53), (Bouteloup et al. 2018). 800 m, JML, 22/06/20, avec Roselyne Buscail. Toujours Urtica ×tremolsii Sennen : Canet-en-Roussillon, Mas du bien présente sur la commune de Vira, cette grande silène Sagittaire (DH92), 4 m, JML, 21/02/20. Cet hybride rare est se trouve donc ailleurs sur le massif de Boucheville. en compagnie de ses deux parents, Urtica membranacea Symphytum ×uplandicum Nyman (fig. 46) : Rivesaltes, els Poir. et Urtica urens L. Ferratjals, PhS, 08/05/2020. Espèce anthropogène connue Zannichellia pedunculata Rchb. (syn. Zannichellia palus- dans les hauts-cantons du département, mais qui n’était pas tris subsp. pedicellata (Wahlenb. & Rosén) Arcang.) : Vil- encore notée en plaine. lelongue-dels-Monts, els Baixos, site propriété du CEN Taraxacum aquitanum Hofstra : Argelès-sur-Mer, Sant Occitanie, RB & SN, 27/02/19. Rivesaltes, els Ferratjals, Bernat, PhS, 01/04/2020. Population d’une vingtaine d’in- PhS, 04/05/19, dans une mare artificielle alimentée par un dividus sous un alignement de chênes pubescents sur subs- fossé d’irrigation. Complément de la répartition au sud des trat acidiphile humide. Il s’agit ici d’une population viable stations actuellement connues (Canet-en-Roussillon, Le dans les Albères après l’unique individu observé à Perpi- Barcarès, Saint-Laurent-de-la-Salanque, Salses-le-Château). gnan (Lewin & Schwab 2019). Remerciements Taraxacum mediterraneum Soest : Saint-André, Sant Ber- Les auteurs remercient Jean-Marc Tison pour l’identifica- nat, PhS, 31/03/2020. En bordure d’une culture sur substrat tion ou la confirmation des taxons apomictiques (Taraxa- acidiphile et humide. L’espèce est ici comprise stricto sensu, cum, Hieracium). ses contours n’ayant pas été encore formalisés à la date de parution de Flora Gallica (comm. pers. Jean-Marc Tison). Bibliographie T. mediterraneum s.s possède des cônes relativement longs ARVET-TOUVET et GASTON B., 1904 – Hieracium nou- (environ 0,7 mm), une découpure foliaire assez peu varia- veaux. Bulletin de la Société Botanique de France 51: ble, un pétiole vert/rouge non strié, ce qui l’écarterait de la XLVI Session extraordinaire section Hamata Øllgaard et le rapprocherait de la section BARTOLUCCI L. (coord.), 2018 – An updated checklist of Celtica A.J.. Richards (comm pers. Jean-Marc Tison). Les the vascular flora native to Italy, Plant Biosystems données françaises mériteraient d’être vérifiées pour exclure 152(2): 179-303 les espèces proches qui pouvaient être incluses dans l’an- BAUDIERE A., SERVE L. & SOUTADE G., 1970. Font- cienne définition de T. mediterraneum s.l., telles que T. pu- Romeu II. 4 - 13 juillet 1970 – Notices et itinéraires bo- niceum, T. bracteatum, T. aginnense, ou T. cf. ciliare, etc. taniques. 98ème session extraordinaire de la Société Taraxacum navarrense Sonck : Céret, 140 m, Mas d’en Botanique de France (document ronéotypé). Bulletin de Gorça, PhS, 25/04/2020. Agamo-espèce initialement la Société Botanique de France. 64 p. connue de la vallée de la Têt (Lewin & Schwab 2019). Nou- BAUDIERE A., 1981 – Catalogue de la flore rare des Py- velle localité dans la vallée du Tech, en Vallespir. rénées-Orientales. Manuscrit. Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles. Hyères, sans pa- Trifolium alexandrinum L. : Canet-en-Roussillon, Mas gination. d’en Sisquella (DH921), 15 m, JML, 21/05/20. Troisième BOUCHARD J., 1991 – Plantes des Pyrénées-Orientales prairie de fauche du département où ce trèfle est semé (Lewin 2017). non citées dans le catalogue de Gautier. Le Monde des Plantes, 441: 29-32 Trifolium diffusum Ehrh. : Laroque-des-Albères (DH90), BOUDRIE M. 1996 – Observations ptéridologiques dans Mas Pagès et la Gavarra Alta, 60 m, JML, 09/06/20. De très le département des Pyrénées-Orientales. Le Monde des nombreux individus se portant bien répartis dans des friches Plantes 456: 1-3 ou en lisière de bosquets. Cette espèce se trouve souvent au BOUTELOUP R., 2016 – Contributions à l’inventaire de la pied de l’Albera (Lewin 2015, 2016, 2017). flore des Pyrénées-Orientales. Mycologie et Botanique Trifolium resupinatum var. majus Boiss. : Bages, Colo- 31: 39-43 mina del Prat (DH91), 30 m, 20/05/20 ; Espira-de-l'Agly, Mas BOUTELOUP R., SCHWAB P., ANDRIEU F. et NICO- Mirs (DH83), 60 m, 26/05/20 ; Calce, la Jaça (DH83), 140 m, LAS S., 2018 – Contribution a ̀la connaissance de la flore 05/06/20 ; Angoustrine-Villeneuve-des-Escaldes, Cami des vasculaire des Pyrénées-Orientales. Mycologie et Bota- Cortelles (DH10), 1280 m, 15/07/20, JML. Trèfle planté en nique 33: 38-45 prairies fourragères, mais également entre les vignes. CONILL L., 1906 – Session de l’Académie internationale Tyrimnus leucographus (L.) Cass. : Pia, Mas de les Pistatxes de Géographie botanique (Dans les Pyrénées-Orientales (DH93), 20 m, JML, 25/05/20. De rares pieds sporadiques et à Barcelone du 1er au 11 Août 1905). Bulletin de l'Aca-

— 51 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 démie internationale de Géographie botanique: 65-94 2015 – Guide des Characées de France méditerra- CONILL L., 1932 - Observations sur la flore des Pyrénées- néenne. Office National de la Chasse et de la Faune Sau- Orientales. Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de vage, Paris. 214 p. Toulouse, 64: 5-23 PADILLA-GARCIA N., ROJAS-ANDRES B.M., LOPEZ CONILL L., s. d. (vers 1941) – Catalogue raisonné de la GONZALEZ N., CASTRO M., CASTRO S., LOU- flore des Pyrénées-Orientales. Annoté par Conill. Non REIRO J., ALBACH C.D., MACHON N. et MONT- publié, dactylographié par A. BAUDIERE, Catalogue SERRAT MARTINEZ-ORTEGA M., 2018 – The déposé dans la bibliothèque du Laboratoire de Bo- challenge of species delimitation in the diploid-polyploid tanique et Biogéographique de l’Université P. Saba- complex Veronica subsection Pentasepalae. Molecular tier, Toulouse. 133 p. Phylogenetics and Evolution 119: 196-209 COULOT P. et RABAUTE P., 2015 - Deuxièmes complé- PIGNATTI S., 1982 - Flora d’Italia. Volum 1. Edagricole. ments à la Monographie des Leguminosae de France. Le Bologna Monde des Plantes 516: 11-35 ROJAS-ANDRES B.M. et MONTSERRAT MARTINEZ- DELPECH R., 1991 – 17ème session extraordinaire de la ORTEGA M., 2016 – Taxonomic revision of Veronica SBCO : Littoral roussillonnais et audois - Quatrième subsection Pentasepalae (Veronica, Plantaginaceae sensu journée, vendredi 13 avril 1990 : Cases-de-Pène et les APG III). Phytotaxa, 285(1): 1-100 Gorges de Galamus. Bulletin de la Société Botanique du SANDERS W.R., 2006 – of Lantana sect. Lan- Centre-Ouest, 22: 357-364 tana (Verbenaceae): I. Correct application of Lantana ca- DIAZ-LIFANTE Z. et VALDES B., 1996 – Revisiòn del mara and associated names. SIDA 22(1): 381-421 género Asphodelus L. (Asphodelaceae) en el mediterra- SANDERS W.R., 2012 – Taxonomy of Lantana sect. Lan- neo occidental. Boissiera, 52: 0-189 tana (Verbenaceae): II. Taxonomic revision. Journal of GAUTIER G., 1898 – Catalogue raisonné de la flore des the Botanical Research Institute of Texas 6(2): 403-441 Pyrénées-Orientales. Société agricole, scientifique et lit- SENESSE, G., 1965 – Barthélémy Xatart. Notice biogra- téraire des Pyrénées-Orientales. 551 p. phique. Inventaire et révision critique de son herbier des GUILLOT-ORTIZ D., LAGUNA E. et ROSSELLÓ A.J., Pyrénées-Orientales. Mémoire D.E.S. de Botanique, 2008 – La familia Aloaceae en la flora alóctona valen- Montpellier. I, 123 p. ; II (Catalogue de l’herbier Xatart), 169 p. ciana. Monografías de la revista Bouteloua 6. 58 p. SOEST J.L. 1954 – Taraxacum braun-blanquettii et HUSNOT T., 1906 – Cypéracées. Descriptions et figures quelques autres Taraxaca de France. Vegetatio 5-6: 524- des Cypéracées de France, Suisse et Belgique. Athis. 533 Cahan. XXIV + 83 p. 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My- pece/93930 cologie et Botanique 32: 19-36 Banc de dades de biodiversitat de Catalunya : http://biodi- LEWIN J.-M., 2018 – Compléments à la connaissance ver.bio.ub.es/biocat/#pas0 de la flore des Pyrénées-Orientales (suite 2). Myco- Atlas de la flore des Pyrénées : http://atlasflorapyrenaea.eu logie et Botanique 33: 46-52 Espèces végétales exotiques envahissantes (EVEE) Alpes- LEWIN J.-M. et SCHWAB P., 2019 – Apports complémen- Méditerranée : http://www.invmed.fr taires à la connaissance de la flore des Pyrénées-Orien- tales. Mycologie et Botanique 34: 19-36 * [email protected] MOURONVAL J.B., BAUDOIN S., BOREL N., SOULIE- ** [email protected] MÄRSCHE I., KLESCZEWSKI M. et GRILLAS P. *** [email protected] **** [email protected] Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 52 — rtsOnOs-AÉy0rAATtOrsOTV*AD–tVN2N2 Collectif

Cette année 2020 a été marquée par la Covid et les mesures le curieux Ruta angustifolia, le discret Lamarckia aurea, le mises en place pour en limiter sa progression ont redoutable Genista scorpius, l’élégant Allium roseum, profondément impacté notre société et son fonctionnement. l’odorant Foeniculum vulgare, le classique Calendula Les activités de la SMBCN n’ont pas échappé à ce tsunami arvensis, le surprenant Ferula communis et le trop rare et la plupart ont été suspendues. Néanmoins, il convient de Paeonia officinalis. noter les initiatives visant à organiser ou maintenir quelques L’arboretum de Sant Guillem, Le Tech (Vallespir) - activités pour offrir des moments de partage et un lien entre 27 septembre 2020. les membres. Cette sortie faisait partie du programme annuel initial de la Une sortie-test : SMBCN. Par un dimanche couvert mais sec, une vingtaine Après 2 mois de confinement et de privation de sorties, nous de personnes se regroupe ce dimanche sur le parking de ne pouvions rester insensibles à l’appel des espaces naturels. l’Allau. En introduction, Serge et Monique, les guides de la De plus la météo généreuse de ce début d’année avait sortie, présentent les modalités réglementaires exigées par profité pleinement à la végétation de nos territoires ce qui le contexte sanitaire, à savoir le port du masque ou le respect ne pouvait qu’attiser notre curiosité. Monique, Martine et d’une distance de 2 m entre personnes, lors des arrêts. Serge ont justement profité de ce déconfinement de mi-mai et de l’assouplissement des règles édictées, pour tester la compatibilité d’une sortie botanique avec les nouvelles modalités d’organisation imposées. Une première sortie avec Jean-Marc a permis d’apprécier cette compatibilité et de confirmer cette possibilité. Dans la foulée ils ont proposé d’organiser une sortie test à Força Real, sur un site facile et riche permettant ainsi aux présents de se retrouver et de partager des moments de botanique. Mais la réglementation en vigueur limitant les groupes à dix personnes et afin d’éviter des sentiments de frustration pour des membres éventuellement refoulés pour cause de surnombre, ils ont décidé de répartir la sortie sur deux dates. Les environnements directs du sentier botanique de Força Real (Riberal) - 7 et 14 juin 2020. Le premier dimanche, seules deux personnes bravent le L’itinéraire du jour emprunte le sentier qui relie le hameau froid et un temps menaçant pour suivre l’itinéraire. Le de l’Allau à la chapelle de Sant Guillem. D’une longueur dimanche suivant, sous un soleil généreux, un groupe d’une de 10 km (aller et retour), avec 400 m de dénivelé, il dizaine de personnes se retrouve au Coll del Bou et s’élance traverse des milieux boisés divers comme des le long du sentier botanique pour découvrir ou redécouvrir châtaigneraies, des chênaies, des hêtraies pour finir au sein plusieurs espèces du cortège floristique méditerranéen. de l’arboretum de Sant Guillem qui abrite une cinquantaine D’une longueur de 3 km et d’un dénivelé de 200 m, d’espèces résineuses du monde entier. L’arboretum, centre l’itinéraire permet de voir ou de revoir plus de 130 espèces d’intérêt de cette sortie, a été créé à partir de 1958 afin de de la flore méditerranéenne comme l’imposant Pinus pinea, guider les forestiers sur le choix des espèces à utiliser pour reboiser certains versants stratégiques du Vallespir. En effet, suite à l’aiguat d’octobre 1940 et afin de lutter contre l’érosion des sols, de grands travaux de reboisement ont été entrepris sur des milliers d’hectares par l’administration forestière. Si parmi les nombreuses essences ou régions de provenance testées dans cet arboretum peu ont vraiment servi au reboisement en haut Vallespir, il n’en reste pas moins une collection botanique exceptionnelle. Durant la journée, outre la cinquantaine d’espèces de l’arboretum, la plupart exotiques, nous pouvons aussi observer plus de 150 espèces végétales, une dizaine de bryophytes et une trentaine de champignons. Liste consultable sur le site de l’association : http://smbcn.free.fr/releves/Releves20/Rel_20_09_ 27_La_Llau.html

— 53 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 La Torre de Creu à Matemale (Capcir) - 12 août Sortie mycologique à St Laurent-de-Cerdans 2020 (Vallespir) - 18 octobre 2020 D’autres initiatives ont été prises, à titre privé, par des La Covid aurait-elle quelque avantage ? membres de la SMBCN, en dehors du programme officiel La pluviométrie aidant, cette année nous n’irons pas au bois qui, lui, avait été jugé incompatible avec les mesures de de Querigut chercher des forêts humides, nous avons choisi prudences liées à la persistance de l’épidémie, même en d’herboriser vers Saint-Laurent-de-Cerdans. période de déconfinement. Nous ne savons pas encore que le deuxième confinement serait pour bientôt, pourtant les modalités de la sortie sont adaptées à l’insécurité sanitaire : pas de covoiturage, des masques, pas de grands groupes dans les bois et pas de détermination en réunion le lundi soir à la salle de Perpignan. À 9h15, les petits groupes sont prêts à démarrer de la Font, à la Farga del Mig, avec boites et paniers. Jusqu’à midi c’est chacun pour soi. Vers l’heure du pique-nique nous mettons en commun les récoltes qui squattent à elles seules une grande table en bois.

Ainsi, durant l’été, afin de satisfaire un besoin d’espace et d’échange, un petit groupe décide d’improviser une randonnée botanique calquée sur une ancienne sortie de la SMBCN, faite le 5 août 2012 dans le secteur de la tour de Creu. Unique vestige de l’ancien château, cette tour est située au sein des ruines du village de Creu, en bordure du chemin de Formiguères au col de Creu. Les premières mentions écrites sur l’existence de ce village datent de 965 (https://www.les-pyrenees-orientales.com/Villages/ Creu.php). À la différence de celle de 2012, Jean-Marc propose de concentrer l’herborisation au sein des zones humides qui s’étalent en bordure de l’Aude, entre la tour et Villeneuve. Cette journée improvisée se révèle très instructive, formatrice et enrichissante pour le groupe qui, outre le plaisir de se retrouver et d’échanger, peut bénéficier de l’expertise de Jean-Marc pour les graminées, les carex et bien d’autres espèces et de celle de Louis pour les bryophytes. Cette errance au sein de ces prairies marécageuses permet d’observer plus de 250 espèces végétales.

Après le casse-croûte, nous regroupons les espèces et caractérisons dans leurs grandes lignes les genres représentés. Nous touchons du doigt les confusions faciles à faire pour des champignons pourtant très dissemblables (œuf de Phallus impudicus et Scleroderma sp., tous les deux présentés sur la table) et nous examinons avec soin une Amanita phalloides (de couleur variable, cette espèce est mortelle dès ingestion de 20 g).

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 54 — 1 2

3 4 5

6 7

1 Aestreus hygrometricus 2 Schizophyllum commune 3 Daedaleopsis tricolor 4 Cuphophyllus niveus 5 Pleurotus ostreatus 6 Amanita phalloides 7 sp.

— 55 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Amanita citrina (Jac.Schäffer) Pers. Imleria Badia (Fr.:Fr.) Vizzini

Amanita muscaria (L.:Fr.) Lamarck Lactarius deliciosus (L.:Fr.) Gray

Amanita phalloides (Fr.:Fr.) Link Lactarius necator (Bulliard:Fr.) Pers.

Armillaria mellea (Vahl:Fr.) Kummer Lactarius torminosus (Jac.Schäffer:Fr.) Pers.

Astraeus hygrometricus (Pers.:Pers.) Morgan Lepiota castanea Quélet

Cantharellus cibarius Fr.:Fr. Lepiota felina (Pers.) Karsten

Chlorociboria aeruginascens (Nylander) Kanouse ex Ramamurthi, Lepista nuda (Bulliard:Fr.) Cooke Korf et Batra Clathrus archeri (Berkeley) Dring Leucocortinarius bulbiger (Albertini et Schweinitz:Fr.) Singer

Clavulina cinerea (Bulliard:Fr.) Schröter Limacella guttata (Pers.:Fr.) Konrad et Maublanc

Clitocybe nebularis (Batsch:Fr.) Kummer Lycoperdon perlatum Pers.:Pers.

Clitocybe phaeophtalma (Pers.) Kuyper Macrolepiota mastoidea (Fr.:Fr.) Singer

Cortinarius alboviolaceus (Pers.:Fr.) Fr. Mycena epipterygia (Scopoli:Fr.) Gray

Cortinarius trivialis Lange ex Lange Mycena polygramma (Bulliard:Fr.) Gray

Craterellus tubaeformis (Fr.:Fr.) Quélet Mycena pura (Pers.:Fr.) Kummer

Cuphophyllus niveus (Scopoli) Bon Mycena rosea (Bulliard) Gramberg

Cystoderma amianthinum (Scopoli) Fayod Pleurotus ostreatus (Jacquin:Fr.) Kummer

Daedaleopsis tricolor (Bulliard:Fr.) Bondartsev et Singer Plicaturopsis crispa (Pers.:Fr.) Reid

Fistulina hepatica (Jac.Schäffer:Fr.) Withering Russula cyanoxantha (Jac.Schäffer) Fr.

Fomitopsis betulina (Bull.) B.K. Cui, M.L. Han & Y.C. Dai Russula delica Fr.

Galerina graminea (Velenovský) Kühner Russula foetens Pers.:Fr.

Gymnopilus picreus (Pers.:Fr.) Karsten Russula nigricans (Bulliard) Fr. illegit.

Gymnopus dryophilus (Bulliard:Fr.) Murrill Russula vesca Fr.

Gyroporus castaneus (Bulliard:Fr.) Quélet Sarcodon scabrosus (Fr.) Karsten

Hydnum repandum L.:Fr. Schizophyllum commune Fr.:Fr.

Hydnum rufescens Pers.:Fr. Scleroderma citrinum Pers.:Pers.

Hygrocybe chlorophana (Fr.:Fr.) Wünsche Trichia decipiens (Pers.) Macbride

Hygrocybe coccinea (Jac.Schäffer:Fr.) Kummer Tricholoma bufonium (Pers.:Fr.) Gillet

Hygrophoropsis aurantiaca (Wulfen:Fr.) Maire Tricholoma equestre (L.:Fr.) Kummer

Hygrophorus latitabundus Britzelmayr Tricholoma ustale (Fr.:Fr.) Kummer

Liste non exhaustive des espèces déterminées sur place lors de la sortie.

Jean Noël, mycologue normand de passage, participe à cette champignons en 900 photos et fiches de Christian Hurtado journée et aide à déterminer les nombreuses espèces. et Didier Borgarino (ed. Edisud). Bien sûr, à l’air libre, les déterminations se font sans Morale de cette sortie en temps de Covid : les sorties microscope et avec une bibliographie limitée. C’est mycologiques seront désormais suivies de premières mises l’occasion d’ailleurs de montrer ces ouvrages de base et les en commun, de déterminations et explications détaillées sur avantages de chacun : Le guide des champignons : France le terrain. Ce qui ne nous privera pas de revenir sur les et Europe de Guillaume Eyssartier et Pierre Roux (ed. récoltes le lundi suivant la sortie… dès que le Coronavirus Belin), Champignons de France et d’Europe de Régis nous en laissera le loisir. Courtecuisse (ed. Delachaux et Niestlé), Le guide des

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 56 — sTsnrry0TyOo Cette rubrique est consacrée à de courtes communications sur des sujets touchant à la botanique ou la mycologie : espèces remarquables, ethnobotanique, linguistique et nomenclature, poésie, littérature, humeurs… * = tout est bon !

Dryophytes des PO A nouvelles notes (2020)

Louis Thouvenot Campylopus introflexus en Cerdagne (fig. 1) En 2018, je faisais le point des connaissances sur la répar- tition géographique de la mousse invasive Campylopus in- troflexus (Hedw.) Brid. dans le département (Thouvenot 2019). Cette année, j’ai pu observer son extension en Cer- dagne alors qu’elle n’avait pas encore été signalée dans les hauts cantons (Hugonnot et al. 2018) : une petite population (fig. 1), à 2025 m d’altitude, sur un talus de piste tranchant les pelouses tourbeuses du plateau de la Calma, commune de Font-Romeu (coordonnées 42,52793°N, 2,01043°E). Était-elle passée inaperçue jusque-là ou bien représente-t- Fig. 2: Population de Fissidens rufulus. elle une extension récente de l’aire de cette espèce à la dy- Ici, elle se trouvait mélangée à des sédiments accumulés au namique agressive ? La dissémination de propagules par les pied d’un escarpement calcaire dans le dernier cincle du chaussures des promeneurs dans ce réseau de pistes de ran- Verdouble, avant son confluent avec l’Agly, sur la commune donnée et de ski de fond est très probable. Les sabots du bé- d’Estagel. Un habitat typique pour cette espèce des rochers tail représentent un autre vecteur potentiel, bien que la calcaires, humides ou submergés. distance aux plus proches stations connues le rende peu pro- bable, par comparaison avec les usages des territoires pas- toraux.

Fig. 3: Fissidens rufulus, un tige feuillée.

Ici elle montre un comportement imitant les espèces tufi- coles, accumulant une remarquable épaisseur de sédiment, tout en continuant sa croissance à leur surface, sans toute- fois édifier un tuf solide. Elle était localement associée à Fontinalis hypnoides var. duriaei (Schimp.) Kindb.

Fig. 1 : Campylopus introflexus à la Calma (Font-Romeu).

Fissidens rufulus Bruch et Schimp. (fig. 2-4) Fenouillèdes, Estagel, Cincle du Verdouble, 70 m, coordon- nées UTM 31T: 047577 E, 473642 N, Thouvenot 4804. Cette mousse est nouvelle pour le Fenouillèdes. Dans le dé- partement, elle était connue d’une seule localité en Conflent (Hugonnot et al. 2018). Fig. 4: Fissidens rufulus, une feuille.

— 57 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Fontinalis hypnoides var. duriaei (Schimp.) Kindb. (fig. 5) Seguint amb la nissagaf Fenouillèdes, Estagel, Cincle du Verdouble, (coordonnées 42,78019°N, 2,70362°E), Thouvenot 4805. Bien moins fré- Josette Ollé Zurita* quente que Fontinalis antipyretica Hedw. que l’on observe Seguint amb la meva nissaga molt relacionada amb les très souvent dans nos ruisseaux, cette espèce n’était connue plantes i la naturalesa (sigui pels cognoms, l’ofici o la seva que de quelques localités, sur la côte rocheuse des Albères vida), aquest any els parlaré dels meus avis, tots dos connec- ou le long de l’Agly. Elle reste toujours à basse altitude, ici tats amb els arbres. vers 70 m, dans le lit du Verdouble subissant des périodes El meu avi patern Joan-Baptista Ollé i Solé era ebenista a d’à sec prolongé. Elle se distingue rapidement de F. antipy- Reus i Barcelona i doncs directament en contacte amb els retica par un aspect beaucoup plus frêle, des feuilles plates, arbres i la seva fusta. étalées, vert clair, au lieu de pliées en deux et souvent brun- Els parlaré més detalladament del meu avi matern, Domè- noirâtres. Quand les courants où elle flotte se tarissent, elle nec Zurita i Virgili, taper en diversos pobles de l’Empordà se pose sur le fond, comme ici sur les sédiments accumulés al voltant dels anys 1910-1935. par Fissidens rufulus. Un taper, dixit l’Enciclopèdia Catalana, és una persona que fa taps a mà o a màquina. Abans de desenvolupar el tema, els presento l’alzina surera (Quercus suber L.) que tothom coneix (fig.1).

Fig. 5: Feuille de Fontinalis hypnoides var. duriaei.

Références HUGONNOT V., CHAVOUTIER L., PÉPIN F. & VERGNE T., 2018 – Les bryophytes des Pyrénées-Orien- tales. Naturalia Publications. Turriers. 459 p. THOUVENOT L., 2019 – Bryophytes des P.O., nouvelles notes (2018). Mycologie et Botanique 33: 69

Fig. 1 : Quercus suber arbre

Mycologie et Botanique. 32. 2017 — 58 — Família : Fagàcies Gènere : Quercus Nom català :Alzina surera, Carrasca surera, Surera, Suro Nom castellà : Alcornoque Nom francès : Chêne-liège Nom anglès : Cork Nom occità : Sieure, Siure, Siurièr La seva característica més identificada és l’escorça gri- senca, gruixuda i rugosa de la qual s’extreu el suro. Forma boscos clars anomenats suredes. El suro és la « part exterior de l’escorça d’alguns arbres constituïda per un teixit molt lleuger (d’una densitat 0,240), porós i impermeable, que protegeix els troncs, les branques i les arrels grosses, i les cèl·lules del qual són impregnades de suberina, la qual li confereix la impermeabilitat. » (En- ciclopèdia Catalana) (fig.2).

Fig. 3 : Taps, sac i panna de suro Traduction Poursuivons avec la lignée… Pour continuer avec ma lignée très en lien avec les plantes et la nature (que ce soit par le nom de famille, le métier ou leur vie), cette année je vous parlerai de mes grands-pères, tous deux liés aux arbres. Mon grand-père paternel Joan-Baptista Ollé i Solé était ébéniste à Reus et Barcelone et donc directement en contact avec les arbres et leur bois. Je vous parlerai plus en détail de mon grand-père maternel, Domènec Zurita i Virgili, bouchonnier dans divers villages de l’Empordan autour des années 1910-1935. Un bouchonnier, dixit l’Encyclopédie Catalane, est une Fig. 2 : Quercus suber tronc personne qui fait des bouchons à la main ou à la machine. Des de tres mil anys abans de Crist el suro és utilitzat pels Avant de développer le thème, je vous présente le chêne- homes i tenim rastre de taps de suro des de l’Antiguitat. liège (Quercus suber L.) que tout le monde connaît (fig.1). A l’inici del segle XX, després de la intervenció dels pela- Famille : Fagacées dors, es recuperaven les pannes, es feien bullir i es prem- Genre : Quercus saven per aplanar-les. Les deixaven reposar uns nou mesos Nom catalan : Alzina surera, Carrasca surera, Surera, Suro a l’aire lliure. Més tard, es llescaven les llenques amb una Nom castillan : Alcornoque llescadora i amb una barrina es feien els taps de forma ar- Nom français : Chêne-liège tesana i manual o en petites fàbriques. Posteriorment venia Nom anglais : Cork oak la feina de triar i classificar els taps segons la seva qualitat Nom occitan : Sieure, Siure, Siurièr i els defectes que poguessin presentar. Aquesta tasca molt La caractéristique la plus remarquée est son écorce grisâtre, delicada era pràcticament reservada a les dones, Sa filla, la épaisse et rugueuse dont on extrait le liège. Le chêne-liège Carme, ma mare, ho va fer i de molt gran encara sabia fer forme des bois clairsemés nommés suberaies. girar els taps entre els dits, un a cada ma. Le liège est « la partie extérieure de l’écorce de quelques Encara tinc a casa una petita panna de suro del temps del arbres constituée par un tissu très léger (d’une densité de meu avi i un saquet de taps que havia produit (fig. 3 & 4). 0,240), poreux et imperméable qui protège les troncs, les Si aquest tema els interessa, poden anar a veure el Museu branches et les grosses racines, et dont les cellules sont im- del Suro a Palafrugell, el de Maureillas i presenciar la fira prégnées de la subérine qui lui confère l’imperméabilité » del Tap de Cassà de la Selva. (Encyclopédie Catalane) (fig. 2).

— 59 — Mycologie et Botanique. 35. 2020 Depuis trois mille ans avant Jésus Christ, le liège est utilisé par les hommes et nous avons des traces de bouchons en liège depuis l’Antiquité. Au début du XXème siècle, après l’intervention des leveurs, on récupérait les bandes d’écorce, on les faisait bouillir et on les pressait pour les aplanir. On les laissait reposer en- viron neuf mois à l’air libre. Plus tard on tranchait les planches avec une trancheuse et, avec un emporte-pièce, on faisait les bouchons de manière artisanale et manuelle ou dans de petites fabriques. Par la suite venait le temps de trier et classer les bouchons suivant leur qualité et les dé- fauts qu’ils pouvaient présenter. Cette tâche très délicate était pratiquement réservée aux femmes. Sa fille, Carmen, ma mère, le fit et, bien avancée en âge, elle savait encore faire tourner entre ses doigts les bouchons, un à chaque main. J’ai encore à la maison une petite planche de liège du temps de mon grand-père et un petit sac de bouchons qu’il avait produits (fig. 3 et 4). Si ce thème vous intéresse, vous pouvez aller voir le Musée du Liège de Palafrugell, celui de Maureillas et assister à la foire du Bouchon de Cassà de la Selva. * [email protected] Source des noms botaniques et vernaculaires : http://flo- racatalana.net/

Sur une orobanche ô lest des PyrénéesÉA Orobanche haenseleri Reut: Jean-Marc Lewin Cette orobanche est présente en Espagne au sud et au nord, dans les Pyrénées centrales et occidentales. Elle parasite es- sentiellement Helleborus foetidus, rarement Helleborus vi- Fig. 1 : Orobanche haenseleri, plante entière. ridis L., et des Lamiaceae, surtout Sideritis hyssopifolia L. Lors d’une randonnée le 26 juillet 2020 dans le vallon de la Coma Oriola, sur les flancs de la Tossa d’Alp (voir note dans le même bulletin), plusieurs pieds de cette belle espèce ont été observés en fin de floraison sur des glacis au pied de barres rocheuses calcaires, constituant un pierrier fin plus ou moins fixé par une pelouse écorchée. L’absence de plantes possiblement hôtes à proximité des individus ren- contrés a rendu la détermination compliquée. L’avis de spé- cialistes comme Henri Michaud du CBN de Porquerolles et Óscar Sánchez Pedraja du site index orobanchaceae, que je remercie ici, s’est avéré nécessaire. Apparemment, dans le secteur elle parasite Sideritis hyssopifolia subsp. eynensis (Sennen) Malag. Elle peut être reconnue grâce à sa couleur rouge marqué, orangée, parfois tirant sur la jaune (fig.1). Sa corolle est grande ouverte, faisant penser à une grande O. alba plus colorée (fig. 2). Les filets de ses étamines sont pu- bescents. Sa présence si près de la frontière de notre département per- met d’y envisager une possible rencontre. Il est alors cer- tain que les yeux, de ce côté-ci, vont s’ouvrir et guetter les milieux favorables. Fig. 2 : Orobanche haenseleri, détail de l’inflorescence.

Mycologie et Botanique. 35. 2020 — 60 — Une nouvelle fore des bryophytes de France : volume 1 Hépatiques et Anthocérotes Vincent Hugonnot et Leica Chavoutier Éditions Biotope Communi ué 636 pages - 2500 photos Les bryologues francophones ne disposent que d’ouvrages soit très anciens et obsolètes (Husnot, Boulay, Augier etc.) soit de fores étrangères plus ou moins adaptées au cadre national. Les bryologues du sud-est avaient coutume d’utiliser la fore d’Italie (Cortini-Pedrotii), tandis que les bryologues du Roussillon utilisent plutôt les fores espagnoles ou catalanes, et ceux de l’est les ouvrages allemands etc. Aucun ouvrage moderne en Français ne permet de dresser une synthèse des connaissances bryologiques concernant le territoire comprenant la France métropolitaine et la Corse. Il s’agit pourtant d’un des pays les plus riches d’Europe, avec l’Italie notamment. Le premier volume d’une série qui en comprendra probablement 3 concerne les hépatiques et les anthocérotes, ce qui représente plus de 300 espèces. Ce premier volume de plus de 600 pages sera suivi d’un prochain traitant les mousses pleurocarpes actuellement en préparation. Cette nouvelle fore met l’accent sur l’illustration photographique des critères discriminants. Sauf exception, la plupart des photos présentées ont été réalisées sur du matériel français. C’est un ouvrage ambitieux qui comprend une introduction détaillée présentant l’ensemble des critères morphologiques essentiels pour la détermination correcte des spécimens. Cette introduction à vocation pédagogique est largement illustrée par de nombreuses photo- graphies qui contribuent à simplifer la compréhension des termes techniques. L’écologie des bryophytes est également passée en revue dans le volume 1 (et ne sera pas répétée dans les volumes suivants). Des clés de détermination pra- tiques permettant d’accéder à tous les niveaux taxonomiques sont ensuite présentées. Toutes ces clés sont illustrées par des photographies des critères considérés comme les plus importants et les plus complexes. Chaque espèce de la fore de France est en- suite traitée sous forme de monographie : description morphologique succincte mais complète, éléments d’écologie, de bryosociologie, de chorologie, etc. Les monographies sont illustrées par des photos d’habitus, d’habitats, de détails microscopiques etc. Pour chaque espèce, des notes taxonomiques et nomenclaturales sont fournies. Pour être en phase avec les travaux les plus récents, cet ouvrage tient compte des pro- grès de la phylogénie moléculaire. Cette approche entraîne l’apparition de nombreux noms encore peu familiers pour le bryologue. La synonymie abondante permet de se retrouver dans le dédale nomenclatural et d’établir des ponts entre les ouvrages anciens et la littérature moderne. Cet ouvrage est loin de résoudre tous les problèmes. Il signale les questions en suspens, les incertitudes et les erreurs dans des notes détaillées, et met en avant le besoin de nouvelles études dans de nombreux genres et pour de nombreuses espèces. Nous espérons qu’il permettra à de nombreux jeunes, ou moins jeunes, botanistes passionnés de pénétrer dans le monde des bryophytes et ainsi de contribuer à la conservation de notre patrimoine naturel. Nous avons bénéfcié pour la rédaction de cet ouvrage de l’aide de nombreux collègues qui nous ont fourni du matériel, testé nos clés, relu nos monographies etc. La publi- cation de ce travail n’aurait probablement pas été possible sans la collaboration de la communauté bryologique française que nous tenons à remercier ici une fois de plus.

Voir le site internet de Biotope éditions

Mycologie et botanique, Bulletin annuel de la Société mycologique et botanique de Catalogne Nord Siège social : chez Pierre et Marie Ange Llugany, 15 chemin des Mossellos sud, 66200 Elne Lieu de réunion : 7, rue des Grappes, 66000 Perpignan Président : Louis Thouvenot Comité de rédaction : Marie Ange Llugany, Catherine Gobin, Myriam Corsan, Aline Clara Moreau, Clélia Cefalu Gil, Jean-Marc Lewin, Louis Thouvenot Dépôt légal : février 2021 Date de parution : février 2021 Prix : 15 € Site internet : http://smbcn.free.fr/ - courriel : [email protected]

Imprimé par : Imprimerie Page Verte, 66500 Prades Société mycologique et botanique de Catalogne Nord Programme 2021 des sorties sur le terrain. Renseignements : Myriam Corsan - 05 56 80 61 53 - 06 06 46 09 56 NB1 : Le rendez-vous de Perpignan, devant le local, 7 rue des Grappes. est destiné à faciliter le covoiturage, à l'initiative des présents, l'animateur de la sortie ne participant pas toujours à ce rendez-vous. NB2 : Toutes les sorties sont suivies d'un atelier de détermination le lendemain 20h au local. Cette quatrième de couverture est d’habitude consacrée à l’annonce du programme de sorties de l’année. Malheureusement, à ce jour, nous ne connaissons pas les conditions sanitaires qui s’imposeront à nous ni leur calendrier. Dès que nous saurons s’il est possible d’organiser des randonnées botaniques de groupe en toute sécurité, nous le ferons savoir soit par courriel aux adhérents, soit par notre site internet pour tous. Nous proposerons alors, sans doute, les itinéraires qui n’ont pu être réalisés en 2020 :

Plateaux gra- Garrigues et Flore calcicole nitiques et rochers cal- méditerra- mouillères à caires à néenne à Vin- Séquières, Salses, Vallon grau, les Trévillach des Abismes Traucs (Cor- (Fenouillèdes) (Corbières) bières)

Lichens, cham- pignons, bryo- Flore calcicole supra-médi- Pic Sailfort, phytes et terranéenne à Albères autres plantes en forêt d’en Coustouges Malo, Salve- (Vallespir) zines (Aude)

Garrigues Série des som- supra-médi- Série des som- mets des PO : terranéennes mets des PO : Escoutou et au Pech d’Au- Cambre d’Ase Pelade roux, St Paul- (Haut- (Garrotxes, de-Fenouillet Conflent) Conflent) (Fenouillèdes)

Lichens terri- coles et corti- Sorties coles au Col de mycologiques Jau (Conflent) …

* Rappel : pour toutes les sorties, il est indispensable de prévoir une gourde d'eau, un pique-nique, des chaussures pour la marche "tous terrains", et adaptées à la marche en "haute montagne" pour les sorties signalées *, et des vêtements adaptés aux conditions météo, qui peuvent changer rapidement en montagne.