PRÉSIDENTS Les

de la Chambre des communes

Introduction ...... 2

À propos de cette publication ...... 8 Les présidents de la Chambre des communes

James Cockburn ...... 10 Timothy Warren Anglin ...... 12 Joseph-Godric Blanchet ...... 14 L’honorable sir ...... 16 L’honorable Joseph-Aldric Ouimet ...... 18 L’honorable Peter White ...... 20 L’honorable sir James David Edgar ...... 22 ...... 24 L’honorable Louis-Philippe Brodeur ...... 26 L’honorable Napoléon Antoine Belcourt ...... 28 L’honorable Robert Franklin Sutherland ...... 30 L’honorable ...... 32 L’honorable Thomas Simpson Sproule ...... 34 L’honorable Albert Sévigny ...... 36 L’honorable Edgar Nelson Rhodes ...... 38 L’honorable ...... 40 L’honorable George Black ...... 42 L’honorable James Langstaff Bowman ...... 44 L’honorable Pierre-François Casgrain ...... 46 L’honorable James Allison Glen ...... 48 L’honorable ...... 50 L’honorable ...... 52 L’honorable Louis-René Beaudoin ...... 54 Le très honorable Daniel ...... 56 L’honorable Marcel Joseph Aimé Lambert ...... 58 L’honorable Alan Aylesworth Macnaughton...... 60 L’honorable ...... 62 L’honorable James Alexander Jerome...... 64 La très honorable Jeanne Sauvé ...... 66 L’honorable Cyril Lloyd Francis ...... 68 L’honorable John William Bosley ...... 70 L’honorable John Allen Fraser ...... 72 L’honorable ...... 74 Peter Andrew Stewart Milliken ...... 76

L’honorable ...... 78

Autres ouvrages recommandés ...... 80

1 IntroductionIntroduction © Library of Parliament © Library

The House of Commons Speaker’s parade

2 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes © Bibliothèque du Parlement Le fauteuil du président de la Chambre des communes

La présidence de la Chambre des communes du Introduction a ses origines dans l’histoire parlementaire britannique des siècles passés, mais elle a évolué au cours des 140 dernières années pour devenir une institution spécifiquement canadienne. Le président joue un rôle crucial dans le bon fonctionnement de la Chambre des communes, qui est au cœur du système fédéral de gouvernement au Canada. Il exerce de nombreuses autres fonctions et occupe une place essentielle dans le régime parlementaire canadien.

Origines de la présidence Les origines de la présidence remontent au moins à l’Angleterre du XIVe siècle. En 1376, sir Peter de la Mare fut choisi comme porte-parole par la Chambre des communes britannique, et en 1377 son successeur, sir Thomas Hungerford, fut le premier député sur plus de 150 à porter le titre de « Speaker » (président). À cette époque, les présidents, chargés de représenter les Communes auprès du roi, se trouvaient dans une position délicate : entre 1399 et 1535, sept présidents furent décapités, un autre fut tué pendant la guerre des Deux-Roses et un dernier, assassiné. Le rôle du président prit véritablement forme en 1642 : Charles Ier fit son entrée à la Chambre et ordonna d’être informé Qu’il plaise à Votre Majesté, je n’ai de l’endroit où se trouvaient cinq parlementaires d’yeux pour voir et de langue pour parler pour qu’ils se livrent à lui. Le président, William que selon le bon plaisir de la Chambre, Lenthall, refusa de lui donner l’information, dont je suis ici le serviteur; et j’implore prononçant des paroles historiques qui ont été humblement le pardon de Votre Majesté reprises occasionnellement à la Chambre du si je ne puis Lui fournir d’autre réponse Canada pour définir la relation entre celle-ci et à ce qu’Elle juge bon de me demander. la Couronne :

3 ©

Collection de la Chambre des communes, L’urne pour l’élection du président de la Chambre des communes La présidence existait déjà dans les premières assemblées législatives coloniales du Canada. Le premier président a été Robert Sanderson, un marchand de Boston, choisi pour présider la première assemblée législative représentative de la Nouvelle-Écosse en 1758. Dans les années qui ont précédé la Confédération, les prési- dents des assemblées législatives de l’Amérique du Nord britannique consolidèrent l’indépendance, l’impartialité et la nature non partisane de leur fonction, en parallèle avec l’évolution de la présidence au Royaume-Uni.

L’Acte de l’Amérique du Nord britannique de Une présidence spécifiquement canadienne 1867 – connu aujourd’hui sous le nom Voici certains traits distinctifs de la présidence canadienne : de Loi constitutionnelle de 1867 – créait le • Jusqu’au milieu des années 1980, le premier ministre proposait un candidat à la présidence Dominion du Canada « avec une constitution (en général après avoir consulté le chef de l’Opposition), et la Chambre approuvait la nomi- reposant sur les mêmes principes que celle nation. En 1985, la Chambre a adopté le mode d’élection par scrutin secret, mesure qui du Royaume-Uni ». Cette loi prévoit que assure l’indépendance du poste. la Chambre élit son propre président, qui préside à toutes ses séances, et qu’elle doit en • Normalement, le candidat proposé est membre du parti politique au pouvoir; à de rares élire un nouveau si la charge devient vacante occasions, toutefois, il est arrivé que le président issu du parti précédemment au pouvoir à titre permanent ou temporaire (disposition soit proposé par le nouveau parti qui formait le gouvernement. Depuis la Confédération, qui a été modifiée en 1885 par la création de 20 libéraux et 14 conservateurs ont occupé la présidence. la charge de vice-président). Le président ne • Au fil du temps, les présidents canadiens se sont éloignés de plus en plus de l’activité partisane. vote qu’en cas d’égalité des voix. Une grande Bien que choisi parmi les députés en exercice – et donc susceptible d’appartenir à un parti partie de ses fonctions doit toutefois ses politique –, le président est censé être rigoureusement non partisan. Il ne participe pas aux origines non pas à des documents constitu- réunions de caucus ni aux débats de la Chambre, malgré qu’il ne lui soit pas interdit de le faire. tionnels ou législatifs, mais plutôt à l’histoire, • Le caractère bilingue du Canada a fait apparaître la convention (pas toujours respectée) de aux usages et aux conventions. l’alternance entre les présidents de langue anglaise et ceux de langue française. En dépit des services d’interprétation simultanée offerts à la Chambre dans les dernières années, le bilin- guisme demeure un atout, sinon une exigence, pour la présidence. • Au Canada, les présidents de la Chambre des communes occupent leur charge moins long- temps en moyenne que leurs homologues au Royaume-Uni. • En 1965, une modification apportée au Règlement a renforcé l’autorité du président en éliminant la possibilité de faire appel de ses décisions devant la Chambre. Toutefois, la source véritable de son autorité est la confiance des députés. Le président est, comme l’a dit William Lenthall, le serviteur de la Chambre. Il peut donner le ton aux débats en veillant au maintien de l’ordre et du décorum, mais ne peut imposer sa volonté à la Chambre.

4 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes 5 Fonctions du président La partie la plus visible du travail du président de la Chambre des communes du Canada est l’application des règles de procédure aux débats, qui se fait depuis le fauteuil présidentiel. C’est là que s’affirme l’importance de la charge, qui consiste à veiller au bon déroulement des affaires de l’État et à mettre en balance les droits et les intérêts de la majorité et de la minorité. Il incombe au président d’interpréter et de faire appliquer les règles et les usages et de protéger les droits et les privilèges des différents députés et de la Chambre tout entière.

Comme représentant de la Chambre des communes, le président exerce aussi des fonctions cérémoniales et diplomatiques traditionnelles. Il est en effet le porte-parole de la Chambre auprès du Sénat, de la Couronne et d’autres organes extérieurs au Parlement. Lorsqu’il arrive à la Chambre ou qu’il en sort, il est toujours précédé du sergent d’armes, qui porte la masse, symbole de l’autorité du président. L’ouverture de chaque séance de la Chambre se fait toujours après le défilé du président, au cours duquel le président parcourt en cortège le hall d’honneur pour se rendre à la Chambre. Les députés se lèvent pendant que le président se dirige vers le fauteuil, et le sergent d’armes dépose la masse sur le Bureau. Après s’être assuré de la présence d’au moins 20 députés, minimum requis par

6 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes la Constitution, le président lit la prière (qui fait partie des activités quotidiennes de la Chambre depuis 1877) et ouvre officiellement la séance. Il conduit le cortège chaque fois que la Chambre est convoquée à la salle du Sénat pour y rencontrer la Reine ou le gouverneur général, c’est-à-dire à l’ouverture d’une nouvelle session du Parlement et pour la sanction royale de projets de loi.

Le président a en outre d’importantes obliga- tions administratives et financières à remplir, car il est responsable de la direction et de la gestion générales de la Chambre des communes. Au service des Canadiennes et des Canadiens Les questions de politique administrative et Les courtes notices biographiques qui suivent lui était propre, par exemple une connaissance financière concernant la Chambre relèvent du donnent un aperçu de la carrière de toutes approfondie de la procédure parlementaire, Bureau de régie interne, qu’il préside. La gestion les personnes élues à la présidence de la un jugement sûr, une capacité de désamorcer du personnel de la Chambre est aussi du ressort Chambre des communes du Canada depuis les tensions ou une personnalité agréable qui du président, mais elle est assurée au quotidien 1867. Elles illustrent la diversité des horizons appelle à la coopération. par le greffier de la Chambre et ses hauts – profession, revenu, études, etc. – d’où sont fonctionnaires. Le président est responsable des issus les présidents. Beaucoup d’entre eux Seuls 34 députés sur 4 089 ont été élus à la locaux de l’enceinte parlementaire, y compris de sont entrés en fonction après avoir acquis une présidence de la Chambre des communes du la sécurité et du maintien de l’ordre. Par ailleurs, bonne expérience politique au niveau fédéral, Canada. Forts des qualités personnelles et de avec le président du Sénat, il veille à la direction provincial (dans les assemblées législatives et les l’expérience qu’ils possédaient, ils ont tous et au contrôle de la Bibliothèque du Parlement. conseils exécutifs, pour les premiers présidents) rempli cette charge à leur manière. Chacun ou municipal. Pour certains, la présidence a d’eux a exercé la présidence dans une période Dans son rôle diplomatique, le président été l’apogée de leur carrière politique; d’autres particulière et a dû faire face à une Chambre reçoit des visiteurs étrangers sur la Colline, ont poursuivi de brillantes carrières par après. nouvellement constituée et à des enjeux bien notamment des ambassadeurs, des chefs d’État Jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, la définis. Peu importe la raison de son élection à et des délégations parlementaires d’autres pays. présidence a souvent servi de tremplin vers la présidence, chacun d’eux, homme ou femme, Il dirige régulièrement des délégations en visite un poste au Cabinet. Plusieurs présidents a joué un rôle important dans l’adoption des dans des parlements à l’étranger. sont par la suite devenus d’éminents juges lois qui touchent l’ensemble de la population et, récemment, deux anciens présidents ont canadienne et dans le fonctionnement de la été nommés gouverneur général du Canada. Chambre des communes. Les courtes notices Quelques-uns ont toutefois fini leurs jours biographiques qui suivent rendent hommage dans la pauvreté ou l’oubli. Si certains ont aux distingués Canadiens qui ont assumé rempli de longs mandats, d’autres ont exercé l’importante fonction de président et ont fait leur charge pendant moins d’un an. Chacun œuvre utile pour le Parlement du Canada et d’eux a apporté un bagage de compétences qui leur pays.

7 À propos de cette publication

8 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes es présidents de la Chambre des communes © Bibliothèque du Parlement Lpuise son contenu à diverses sources, tant historiques que contemporaines. Les notices biographiques qui s’y trouvent ne visent pas l’exhaustivité; elles tentent plutôt d’éclairer le lecteur sur le mandat de chaque président de la Chambre des communes du Canada.

Pour plus de commodité, les affiliations politiques des présidents y sont désignées en termes généraux. Ainsi, « libéral » correspond à un membre du parti libéral, libéral de Laurier ou libéral-progressiste, tandis que « conser- vateur » s’applique à un membre du parti conservateur, libéral-conservateur, unioniste, libéral et conservateur national, conservateur national, du gouvernement national ou progressiste-conservateur.

Les secteurs d’activité professionnelle indiqués pour chaque président n’incluent que les principaux domaines de travail. Les titres qui suivent les noms des présidents témoignent de leurs réalisations tout au long de leur vie; par conséquent, une personne devenue membre du Conseil privé ou gouverneur général est qualifiée d’« honorable » ou de « très honorable » même si ce titre lui a été attribué après son mandat à la présidence.

Pour les besoins de la présente publication, le président est réputé être en fonction jusqu’à l’élection du suivant, y compris pendant les périodes où le Parlement est dissous. Il peut cependant y avoir certains intervalles de temps « La Chambre des communes », de la série Acte de l’Amérique du Nord britannique dans la sans président, en raison de circonstances Chambre des communes. Le président est le imprévues comme la maladie ou un décès. personnage assis au centre.

9 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Berwick-on-Tweed, Angleterre, 1819

DÉCÈS Ottawa (), 1883

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit, affaires

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1867 • Première élection à la présidence : 1867

PREMIERS MINISTRES PENDANT SA PRÉSIDENCE • John A. Macdonald • Alexander Mackenzie

ARTISTE | George Theodore Berthon, 1872

10 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes James Cockburn c.r. (1867-1874)

remier président de la Chambre des James Cockburn conserva son siège aux communes – fonction qu’il exerça au élections générales de 1872. Il fut réélu président P re re e cours de la 1 session de la 1 législature –, au début de la 2 législature en 1873, ce qui était James Cockburn avait une vaste expérience contraire à la coutume prévoyant l’alternance de la politique avant d’être élu député en 1867. d’un président anglophone et d’un président En 1861, il brigua le siège de Northumberland- francophone, coutume observée à l’Assemblée Ouest à l’Assemblée législative de la province du législative de la province du Canada depuis 1841. Canada et fit campagne contre le gouvernement Il perdit son siège aux élections de 1874, mais de John A. Macdonald et de George-Étienne le regagna en 1878. En raison de la maladie et Cartier. Il se présenta comme candidat indépen- de sa situation financière précaire au cours des dant et défit ainsi le ministre des Postes. Il fut dernières années de sa vie, il dépendit de postes réélu sans opposition en 1863 en tant que libéral- de faveur successifs jusqu’à sa mort en 1883. conservateur et remporta une élection partielle l’année suivante. En 1864, chose quelque peu étonnante, il se joignit au bref gouvernement de Macdonald et sir Étienne Taché à titre de solliciteur général du Canada-Ouest. Délégué à la Conférence de Québec en 1864, Cockburn est par conséquent l’un des Pères de la Confédération.

Le futur premier ministre Alexander Mackenzie avait beau le considérer en privé comme un « homme inférieur », James Cockburn fut élu sans opposition à la nouvelle Chambre des communes et proposé comme premier président par Macdonald (devenu sir John). Cartier appuya la motion. Le député conser- vateur Joseph Dufresne objecta que le candidat DÉLÉGUÉ À LA CONFÉRENCE DE QUÉBEC ne parlait pas français, ce à quoi Cartier EN 1864, JAMES COCKBURN EST LE SEUL répondit qu’il pouvait au moins comprendre PRÉSIDENT RECONNU COMME L’UN DES cette langue, et Cockburn fut élu à l’unanimité. PÈRES DE LA CONFÉDÉRATION.

11 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Clonakilty, Irlande, 1822

DÉCÈS (Ontario), 1896

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Journalisme

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1867 • Première élection à la présidence : 1874

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE • Alexander Mackenzie

ARTISTE | John Colin Forbes, 1878

12 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes Timothy Warren Anglin (1874, 1878-1879)

imothy Anglin est le seul président à à la reprise des travaux parlementaires quatre Tavoir été réélu au cours de la même légis- mois plus tard, ce dernier le proposa comme lature après avoir perdu son siège à la Chambre président de la Chambre. des communes en raison de manœuvres fraudu- leuses. Avant son élection comme député dans À titre de président, Anglin avait l’habitude la 1re législature de la Confédération, il s’était déconcertante de s’immiscer dans les débats vigoureusement opposé au projet de confédéra- de la Chambre. Les députés de l’opposition tion. À la fin de sa carrière politique, il inspirait se préoccupaient aussi du fait qu’il demeurait le respect pour sa volonté de fer, son dévoue- propriétaire du journal Freeman, très partisan, ment et ses compétences comme journaliste et continuait d’y exprimer ses opinions. La et propagandiste. situation devint encore plus délicate le jour où un ministre de son propre parti signala que le Avant 1867, Anglin fit carrière au Nouveau- journal avait reçu des contrats d’impression du Brunswick, notamment comme député à la gouvernement sans appel d’offres, en violation Chambre d’assemblée de la colonie et, pendant de la Loi sur l’indépendance du Parlement. Le un an, comme membre du Conseil exécutif. Comité des privilèges et des élections finit par Le journal Freeman, qu’il avait fondé en 1849, présenter un rapport dans lequel il déclarait que demeura son moyen d’expression publique le président avait enfreint la loi. Anglin démis- pendant plus de trente ans dans la défense sionna de son siège de député en 1874 et le de sa cause première : l’amélioration du sort remporta de nouveau en 1877. Il fut aussi réélu des catholiques romains d’origine irlandaise, président en février 1878, mais avec l’appui des d’abord au Nouveau-Brunswick, puis dans le deux tiers des députés seulement (116 contre nouveau Dominion du Canada. 53). Pour la première fois dans l’histoire de la Chambre, le vote pour l’élection du président se En 1867, Anglin se fit élire comme député tint par appel nominal, mode de scrutin visant indépendant à la Chambre des communes. à montrer que les avis sur la motion ne sont Toutefois, avant les élections générales de pas unanimes. Après la victoire des conserva- 1872, il s’était affilié au chef de l’Opposition, teurs de Macdonald aux élections générales de LE JOURNAL FREEMAN DE TIMOTHY Alexander Mackenzie, et à son parti libéral. Au septembre, Anglin fut relégué encore une fois ANGLIN – IMPORTANT PORTE-PAROLE lendemain du renversement du gouvernement à l’arrière-ban. Battu aux élections de 1882, il DE LA COMMUNAUTÉ CATHOLIQUE conservateur de sir John A. Macdonald, en échoua dans sa tentative de retour en politique. ROMAINE – INFLUENÇA LA POLITIQUE novembre 1873, Anglin ne fut pas choisi par AU NOUVEAU-BRUNSWICK PENDANT Mackenzie pour faire partie du Cabinet, mais, PRÈS DE 30 ANS.

13 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Saint-Pierre, Bas-Canada, 1829

DÉCÈS Lévis (Québec), 1890

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Médecine, service militaire

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1867 • Première élection à la présidence : 1879

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE ARTISTE | John Colin Forbes, vers 1880 • John A. Macdonald

14 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes Joseph-Godric Blanchet (1879-1883)

orsque le premier ministre sir John guerre de Sécession du côté canadien. Il fut LA. Macdonald proposa la candidature partisan en 1862 du projet de loi sur la milice de Joseph-Godric Blanchet* à la présidence déposé à l’Assemblée législative de la province en 1879, le député conservateur du Québec du Canada (projet de loi rejeté), et en 1863, avait déjà occupé des fonctions similaires à il mit sur pied le 17e bataillon d’infanterie l’Assemblée législative du Québec pendant huit de Lévis. Lieutenant-colonel du bataillon ans. Il fut le premier, et demeure d’ailleurs le jusqu’en 1884, il commanda la surveillance des seul, parlementaire à avoir assumé la présidence frontières pendant les invasions des Fenians de tant à la Chambre des communes que dans 1866 et de 1870. une assemblée législative provinciale. Blanchet acquit une solide expérience parlementaire Selon certains, le mandat de quatre ans de comme député provincial du Québec de 1867 Blanchet comme président de la Chambre à 1875, et il fut simultanément député fédéral des communes fut probablement le mandat e à la Chambre des communes de 1867 à 1873 le moins mouvementé du XIX siècle : aucun (les doubles mandats furent abolis en 1873). grand scandale, aucune crise parlementaire Réélu député fédéral aux élections générales de ni aucun conflit entre anglophones et franco- 1875, de 1878 et de 1882, il était connu pour sa phones. Le dossier le plus controversé de sa franchise politique et son accessibilité. présidence fut peut-être le rejet, par le gouver- nement fédéral, de la Rivers and Streams Act, Nul ne fut donc surpris que le premier une loi provinciale ontarienne de 1881, à la ministre vantât les qualités de Blanchet. Sir suite d’un débat qui a entraîné au moins une Leonard Tilley, ministre des Finances, appuya séance-marathon en Chambre. Macdonald la candidature, et Alexander Mackenzie, chef ne proposa pas de nouveau la candidature de l’Opposition et ancien premier ministre, de Blanchet au poste de président après les exprima sa confiance en Blanchet. élections générales de 1882. Blanchet remit sa démission l’année suivante pour accepter un En plus de continuer à pratiquer la médecine, poste de fonctionnaire à Québec. Blanchet resta actif dans la milice canadienne

JOSEPH-GODRIC BLANCHET MILITA POUR pendant une vingtaine d’années. À l’instar de LA CRÉATION D’UN COMPTE RENDU bon nombre de ses compatriotes, notamment OFFICIEL DES DÉLIBÉRATIONS DE LA Macdonald, il craignait le débordement de la CHAMBRE DES COMMUNES PLUSIEURS ANNÉES AVANT L’ADOPTION DU

HANSARD À LA CHAMBRE EN 1875. * Les noms Godric, Godéric et Goderic sont utilisés indifféremment dans les sources.

15 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Kingston, Canada-Ouest, 1841

DÉCÈS Toronto (Ontario), 1899

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit, affaires, service militaire

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1870 • Première élection à la présidence : 1883

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE • John A. Macdonald

ARTISTE | Frances E. Richards Rowley, 1887

16 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Sir George Airey Kirkpatrick C.P. (1883-1887)

e 27 avril 1870, George Kirkpatrick réussit Angleterre et qui fonctionnait si bien : si le Là se faire élire dans sa circonscription de la président a exécuté un travail satisfaisant région de Kingston et à succéder ainsi à son père auparavant, il ne devrait pas être remplacé sans (député fédéral conservateur), décédé un mois bonne raison au début de chaque nouvelle auparavant. Âgé de 29 ans seulement, il entre- législature ». Macdonald faisait donc volte- prit une carrière de 22 années consécutives à la face. Pourquoi ne nommait-il pas de nouveau Chambre, aidé peut-être par le fait que sa circon- l’ancien président Joseph-Godric Blanchet? scription de Frontenac était située tout à côté de Blake conclut en disant qu’il espérait que celle du premier ministre sir John A. Macdonald Kirkpatrick « s’efforcerait de maintenir la et par la grande amitié qui avait uni son père dignité de la Chambre en prenant, à certaines à Macdonald. Malgré ces relations étroites, il occasions, quelques mesures plus rigoureuses n’obtint jamais de poste au sein du Cabinet. que celles prises par ses prédécesseurs, et réprimerait, dès que possible, les incidents qui, En 1883, Macdonald décida de proposer s’ils se prolongent, finissent inévitablement par Kirkpatrick à la présidence; faisant allusion au prendre une tournure encore plus désastreuse ». tricorne cérémonial du président, Macdonald écrivit à Kirkpatrick : « J’ai l’intention, si On rapporta que Kirkpatrick ne fut pas enchanté vous n’y voyez aucune objection, de vous d’être élu président, mais on dit aussi de lui qu’il affubler d’un chapeau à cornes à l’ouverture fut « probablement le meilleur, sinon le plus de la législature la semaine prochaine. » En impartial, de tous les présidents du XIXe siècle ». Chambre, Macdonald déclara que Kirkpatrick Il déplut sans doute à certains députés conserva- avait « acquis l’estime, voire l’affection, de teurs en prenant parfois des décisions défavo- ses confrères députés ». Sir Hector Langevin, rables au gouvernement; il suscita certainement ministre des Travaux publics, appuya la candi- le courroux du premier ministre, qui le jugeait dature, mais fit remarquer que Kirkpatrick avait trop faible en Chambre et trop près d’Edward une connaissance limitée du français. Blake. Macdonald ne le proposa pas à la prési- dence en 1887 et lui refusa un poste au sein du Le chef de l’Opposition, Edward Blake, souleva Cabinet l’année suivante. Kirkpatrick demeura cependant une interrogation plus générale. Il simple député jusqu’à ce que le premier ministre GEORGE AIREY KIRKPATRICK FUT FAIT commença par citer les paroles de Macdonald conservateur recommande, en CHEVALIER EN 1897, À L’OCCASION DES au sujet de la réélection du président James 1892, au gouverneur général de le nommer FESTIVITÉS ENTOURANT LE JUBILÉ DE Cockburn en 1873 : Macdonald avait alors lieutenant-gouverneur de l’Ontario. DIAMANT DE LA REINE VICTORIA. déclaré qu’il « essayait le système adopté en

17 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Sainte-Rose, Canada-Est, 1848

DÉCÈS Saint-Polycarpe (Québec), 1916

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit, service militaire

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1873 • Nominations au Cabinet : ministre des Travaux publics, 1892-1894; ministre des Travaux publics, 1894-1896; ministre suppléant de l’Agriculture, 1895; secrétaire d’État suppléant du Canada, 1895-1896; ministre suppléant des Chemins de fer et canaux, 1896 • Première élection à la présidence : 1887

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE • John A. Macdonald

ARTISTE | René Émile Quentin, 1889

18 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Joseph-Aldric Ouimet C.P. (1887-1891)

ans sa jeunesse, Joseph-Aldric Ouimet* promotion au fait qu’il s’était prononcé contre Davait deux grands champs d’intérêt l’exécution de Louis Riel et avait voté contre la qui allaient façonner sa carrière par la suite : le conduite du gouvernement envers les Métis. service militaire et le droit. Il n’avait que 17 ans au moment où on lui a décerné son diplôme de Le mandat de quatre ans de Ouimet se déroula l’école d’infanterie de Québec et il avait déjà sans incident majeur; un contemporain de obtenu un diplôme en droit en Ontario quand, Ouimet remarqua que « sa bonne humeur, à la fin de l’année 1870, à l’âge de 22 ans, il son désir manifeste de faire preuve d’équité fut nommé lieutenant en premier au sein des [...] lui acquirent les appuis des deux côtés de Chasseurs canadiens et combattit la seconde la Chambre ». Après les élections générales invasion des Fenians. Comme la chose qui de 1891, en raison du désir du gouvernement l’intéressait le plus ensuite était la politique d’alterner entre des présidents anglophones et conservatrice, il entreprit en 1873 une longue francophones, Ouimet redevint simple député carrière de député (23 années), fier partisan des et Macdonald nomma Peter White à la prési- politiques libérales-conservatrices du premier dence. L’année suivante, le premier ministre ministre sir John A. Macdonald, entre autres sir John Abbott nomma Ouimet au Cabinet à sur un tarif protecteur et sur le Chemin de fer titre de ministre des Travaux publics. Quatre Canadien Pacifique Limitée. ans plus tard, Ouimet quitta la politique pour accepter un poste de juge à la Cour du banc de En 1885, à titre de lieutenant-colonel, Ouimet la reine au Québec, poste qu’il occupa jusqu’à sa recruta un régiment de Montréal pour aller démission pour raisons de santé en 1906. combattre la Rébellion du Nord-Ouest. Or à son retour, il rompit avec Macdonald puisqu’il vota pour la motion dénonçant la décision du gouvernement de faire exécuter Louis Riel. Certains prétendirent que Macdonald tentait de faire la paix avec Ouimet au moment où il proposa la candidature de ce dernier à la présidence en 1887. Le chef de l’Opposition, APRÈS AVOIR MIS SUR PIED UN RÉGIMENT Edward Blake, déclara avant l’élection de POUR MATER LA RÉBELLION DU NORD-OUEST DE 1885, JOSEPH-ALDRIC Ouimet que le nouveau président devait sa OUIMET S’OPPOSA PLUS TARD À L’EXÉCUTION DE LOUIS RIEL. * Les noms Aldric et Aldéric sont utilisés indifféremment dans les sources.

19 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Pembroke, Haut-Canada, 1838

DÉCÈS Pembroke (Ontario), 1906

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Affaires

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1874 • Première élection à la présidence : 1891

PREMIERS MINISTRES PENDANT SA PRÉSIDENCE •John A. Macdonald

ARTISTE | Robert Harris, 1894 •John Abbott •John Thompson •

20 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Peter White C.P. (1891-1896)

eter White se distingue du fait qu’il fut Mackenzie Bowell (deuxième sénateur à être Ple seul à présider la Chambre des com- premier ministre), il fut expulsé par ses collègues munes pendant le mandat de quatre premiers en 1896. ministres : sir John A. Macdonald, sir John Abbott, sir John Thompson et sir Mackenzie Le débat fut particulièrement animé pendant Bowell. Entrepreneur forestier prospère de la controverse des écoles du Manitoba en 1896; l’Ontario, il remporta sept élections fédérales il sema d’ailleurs la division. Le gouvernement et en perdit cinq, de 1872 à 1904. libéral du Manitoba avait aboli le financement public des écoles catholiques romaines. Or le Après les élections générales de 1891 (et gouvernement fédéral conservateur avait le droit seulement cinq semaines avant sa mort en d’adopter des mesures législatives correctives, fonction), Macdonald proposa White à la prési- mais Laurier – avec l’appui des mouvements dence au lieu de le nommer au Cabinet. « Je ne anti-français et anticatholiques – l’en empêcha. connais pas un autre honorable député qui, dit-il, Cette controverse fut au cœur des élections de d’un côté ou de l’autre, soit plus qualifié que 1896. White ne partageait pas le point de vue mon ami par sa conduite, son tempérament et des conservateurs, mais il se garda bien de le ses compétences, abstraction faite des questions dire pendant qu’il était président. Défait lors des de politique. » Le chef de l’Opposition, Wilfrid élections générales de 1896, il démissionna de la Laurier, nota ironiquement qu’il n’était pas présidence pendant le gouvernement de 69 jours « en soi déçu du choix », mais il se demandait du premier ministre Charles Tupper. Laurier le pourquoi le vice-président, John Wood, n’avait nomma au Conseil privé en 1897. pas été choisi.

White occupa la présidence pendant une période difficile pour les premiers ministres conservateurs : le sénateur sir John Abbott (premier sénateur à accéder au poste de premier ministre) accepta à contrecœur de succéder à Macdonald, mais un cancer le força à démis- PETER WHITE ET SON FRÈRE ANDREW sionner en 1892; sir John Thompson prit la ÉTAIENT DES BARONS DU BOIS À relève, mais il mourut soudainement d’un PEMBROKE (ONTARIO), VILLE arrêt cardiaque en 1894; quant au sénateur sir FONDÉE PAR LEUR PÈRE EN 1828.

21 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Hatley, Canada-Est, 1841

DÉCÈS Toronto (Ontario), 1899

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit, journalisme, affaires

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1872 • Première élection à la présidence : 1896

ARTISTE | Alphonse Jongers, vers 1899 PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •

22 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Sir James David Edgar (1896-1899)

ul ne peut douter des ambitions poli- Pour honorer Edgar, Laurier le nomma au Ntiques de James Edgar, avocat et entre- Conseil privé, et Edgar fut fait chevalier en preneur du milieu ferroviaire. Élu à la Chambre 1898. Déjà, Edgar était gravement atteint de des communes en 1872, il fut défait aux six néphrite, une maladie rénale connue à l’époque élections subséquentes avant d’être réélu par sous le nom de mal de Bright. Après la mort suite d’une élection partielle en 1884. À cette subite d’Edgar – la première et unique fois où époque, il devint l’organisateur non officiel en un président est mort en fonction –, Laurier Ontario du premier ministre libéral Alexander fit l’éloge de son équité et « du fait qu’il était Mackenzie; il avait été auparavant whip en chef généralement accepté par les deux côtés de de son parti à la Chambre des communes et, la Chambre ». Prenant la parole au nom de après sa réélection, il agit encore une fois comme l’opposition, le conservateur George Foster whip et porte-parole en matière de transport déclara, sibyllin, que « ses décisions furent aussi ferroviaire pour le chef de l’Opposition, le libéral justes et aussi équitables qu’elles pouvaient Edward Blake. Mackenzie avait fait appel à Edgar l’être de la part d’un homme dans sa position ». pour négocier l’article relatif aux chemins de fer parmi les conditions d’entrée de la Colombie- Britannique dans la Confédération. Sous Blake, Edgar revitalisa le financement des libéraux.

Malgré ces activités, l’influence d’Edgar était en baisse au moment où le premier ministre sir Wilfrid Laurier forma son Cabinet en 1896. Désirant des personnes avant-gardistes dans son Cabinet, Laurier le proposa plutôt à la présidence. L’opposition se préoccupait moins de la partisanerie d’Edgar que du fait qu’« on ait jugé nécessaire d’abandonner la tradition d’alterner entre des présidents anglophones et francophones », comme l’avait exprimé le chef CONNU POUR SES RÉALISATIONS de l’Opposition et ancien premier ministre sir LITTÉRAIRES, JAMES DAVID EDGAR COMPOSA LE POÈME POPULAIRE THIS Charles Tupper (le président précédent avait été CANADA OF OURS POUR SOULIGNER lui aussi anglophone). LA CONFÉDÉRATION.

23 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Denny, Écosse, 1834

DÉCÈS Dundas (Ontario), 1915

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Agriculture

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1872 • Première élection à la présidence : 1899

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •Wilfrid Laurier

ARTISTE | John Colin Forbes, vers 1900

24 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes Thomas Bain (1899-1901)

a Chambre des communes apprit peu entraîner un certain désordre en Chambre. Lavant 19 h, le 31 juillet 1899, que sir L’une des séances les plus mouvementées de la James Edgar, président de la Chambre depuis Chambre fut celle où le député conservateur août 1896, était mort subitement. Le vice- Frederick Monk accusa le gouvernement président Louis-Philippe Brodeur assuma d’accepter pour les troupes au front des rations la présidence. Il s’agissait d’une situation d’urgence préparées frauduleusement. Bain ne inédite dans l’histoire du Canada postconfé- semble pas avoir mené les débats avec fermeté. dération, explique sir John Bourinot, auteur À une occasion, les députés de l’opposition de Parliamentary Procedure and Practice et ancien s’allièrent, dit-on, pour semer le doute dans greffier de la Chambre des communes, mais l’esprit du président de 65 ans avec des rappels un précédent établi au Royaume-Uni permit au Règlement. Ils parvinrent ainsi à bloquer le d’établir la marche à suivre dans les circonstances débat pendant une heure, jusqu’à ce que le pour l’élection d’un nouveau président. président se lève, ouvre les bras et déclare, tel un prêcheur méthodiste : « Je prie mes frères Le premier ministre sir Wilfrid Laurier de se calmer. » La Chambre éclata de rire. proposa Thomas Bain, fidèle député libéral depuis 27 ans, pour remplacer Edgar à la Comme sa vue baissait, Bain annonça sans présidence. Le chef de l’Opposition et ancien préavis qu’il ne serait pas candidat aux élections premier ministre sir Charles Tupper salua de 1900. Son mandat à la présidence prit fin « l’indépendance, l’impartialité et la capacité » comme prévu. Le gouvernement Laurier, réélu, de celui-ci. Bain est ainsi le premier agriculteur ne lui décerna aucun honneur. à avoir été élu président de la Chambre des communes. On convint qu’il s’agirait d’un mandat partiel, qui prendrait fin le jour précédant la première séance de la Chambre après les prochaines élections générales.

Bain était conscient de la difficulté d’être unilingue dans une Chambre bilingue, mais ses collègues semblent l’avoir traité avec EN 1901, THOMAS BAIN RÉDIGEA UN retenue. Sa réserve et son hésitation à prendre ARTICLE INTITULÉ « THE SPEAKER des décisions définitives allaient néanmoins AND THE HOUSE OF COMMONS ».

25 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Belœil, Canada-Est, 1862

DÉCÈS Québec (Québec), 1924

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit, journalisme

ARTISTE | Ozias Leduc, 1904 AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE •Première élection à la Chambre des communes : 1891 •Nominations au Cabinet : ministre du Revenu intérieur, 1904-1906; ministre de la Marine et des Pêcheries, 1906-1911; ministre du Service naval, 1910-1911 •Nomination : vice-président de la Chambre des communes et président des comités pléniers de la Chambre, 1896-1900 • Première élection à la présidence : 1901

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •Wilfrid Laurier

26 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Louis-Philippe Brodeur C.P., c.r. (1901-1904)

ier libéral depuis sa jeunesse – il a aussi été civile des forces armées du Canada. Le dossier Fprésident d’un parlement modèle au mi- le plus controversé fut cependant la politique lieu des années 1880 –, Louis-Philippe Brodeur de transport du gouvernement concernant un était un fervent partisan de sir Wilfrid Laurier, éventuel second chemin de fer transcontinental tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Chambre (sujet qui domina les élections générales de des communes. Élu pour la première fois en 1904). En règle générale, les députés se dirent 1891, il offrit d’abandonner son siège afin de satisfaits de l’impartialité de Brodeur. permettre à un candidat ministrable défait de se faire élire dans sa circonscription. Sa prestation En janvier 1904, le premier ministre décida à la Chambre convainquit le premier ministre qu’il avait besoin de Brodeur dans son Laurier de le nommer vice-président cinq ans Cabinet; Brodeur démissionna de la prési- plus tard. dence et fut assermenté à titre de ministre du Revenu intérieur. Il fut rapidement perçu Compte tenu du décès du président sir James comme le lieutenant de Laurier au Québec, Edgar et de la décision du successeur d’Edgar, jusqu’à ce qu’une maladie récidivante mette Thomas Bain, de ne pas être candidat aux fin à sa carrière politique en 1911. Laurier le élections de 1900, Brodeur était le choix nomma à la Cour suprême du Canada, où naturel pour la présidence en 1901. Sa mise en il siégea jusqu’à ce que la maladie le forçât candidature par Laurier fut accueillie par des à prendre sa retraite en 1923. Le premier hourras en Chambre et le chef de l’Opposition ministre Mackenzie King recommanda alors et ancien premier ministre, sir Charles Tupper, au gouverneur général de nommer Brodeur exprima la confiance de son parti en Brodeur. lieutenant-gouverneur du Québec. Il mourut deux mois après son entrée en fonction. Le nouveau président dirigea des débats mouve- mentés en Chambre au cours des trois années qui suivirent, entre autres sur les problèmes liés aux traités et aux relations commerciales avec les États-Unis, la délicate question de la frontière de l’Alaska avec le Canada et les déclarations À TITRE DE MINISTRE, LOUIS-PHILIPPE publiques du comte de Dundonald, officier BRODEUR FUT RESPONSABLE DE LA général commandant de la milice canadienne, CRÉATION, EN 1910, DES FORCES NAVALES qui mettait injustement en doute la supervision DU CANADA, RENOMMÉES MARINE ROYALE DU CANADA L’ANNÉE SUIVANTE.

27 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Toronto, Canada-Ouest, 1860

DÉCÈS Blue Sea Lake (Québec), 1932

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit, journalisme

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1896 • Première élection à la présidence : 1904 • Nomination au Sénat : 1907

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •Wilfrid Laurier

ARTISTE | Charles Ignace Adélard Gill, vers 1905

28 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Napoléon Antoine Belcourt C.P. (1904-1905)

vocat et journaliste bilingue, Napoléon Compte tenu de la tension constante entre ABelcourt fut président pendant seule- les présidents anglophones et francophones ment 10 mois en 1904-1905. Il ne s’agit pas qui hantait l’atmosphère politique, Laurier du mandat le plus court jamais exécuté (Marcel se rendit compte qu’il lui fallait nommer un Lambert et Lloyd Francis eurent des mandats président anglophone après le francophone plus brefs), mais du mandat le moins long depuis Brodeur du Québec et le Franco-Ontarien la Confédération. Louis-Philippe Brodeur, élu Belcourt. Depuis le début de la Confédération, président en février 1901, avait démissionné on avait habituellement – mais pas toujours pour accepter le poste de ministre du Revenu – respecté la tradition d’alterner entre des intérieur dans le Cabinet de sir Wilfrid Laurier. présidents anglophones et francophones. Aussi la Chambre avait-elle besoin d’un nouveau président pour terminer la 9e législature. Le premier ministre Mackenzie King résuma cet usage en 1922 en disant : « La Chambre La dignité et l’impartialité du président a pour tradition plus ou moins officielle précédent avaient été sans tache, déclara d’alterner entre un président d’origine française Laurier lorsqu’il proposa Belcourt, et le et un président d’origine anglaise. » Le même premier ministre prévoyait que le nouveau jour, le chef de l’Opposition, le conservateur président ferait preuve des mêmes qualités. , rappela une autre tradition Le chef de l’Opposition, le conservateur canadienne, soit celle « de promouvoir celui Robert Borden, fut d’accord. À la fin du qui a occupé le poste de vice-président, s’il a mandat de Belcourt, tous les membres du l’heureuse chance d’être réélu, à la présidence de personnel de la Chambre des communes la législature subséquente ». Ces deux traditions (« sans exception ») assistèrent à la réception avaient été et allaient être souvent mentionnées d’adieu et l’éloge du greffier à son égard en Chambre lors de l’élection du président. suscita des hourras. De même, l’hommage rendu par le maire d’Ottawa à l’occasion d’un banquet apolitique lui valut l’ovation des convives et un hommage musical.

EN 1925, NAPOLÉON ANTOINE BELCOURT Belcourt conserva son siège lors des élections PRÉSIDA UN COMITÉ SÉNATORIAL SPÉCIAL de 1904, mais le premier ministre Laurier ne QUI DÉNONÇA VERTEMENT LA proposa pas sa candidature à la présidence COMMERCIALISATION DES COQUELICOTS (il nomma Belcourt au Sénat en 1907). EN PAPIER PORTÉS LE JOUR DU SOUVENIR.

29 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Newmarket, Canada-Ouest, 1859

DÉCÈS Toronto (Ontario), 1922

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1900 • Première élection à la présidence : 1905

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •Wilfrid Laurier

ARTISTE | John Wycliffe Lowes Forster, vers 1906

30 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Robert Franklin Sutherland C.P. (1905-1909)

obert Sutherland était avocat dans une le respect de toute la Chambre. » En 1908, Rpetite ville ontarienne, membre de Sutherland refusa que Laurier proposât de l’Église presbytérienne et joueur de cricket in- nouveau sa candidature. L’année suivante, fatigable. Il apprit le français dans ses moments le premier ministre le nomma juge à la de loisir bien avant de révéler son intérêt pour chambre de la Haute-Cour de la Cour la politique fédérale. Par conséquent, au cours suprême de l’Ontario, après l’avoir fait de sa campagne comme candidat libéral aux membre du Conseil privé. élections générales de 1900, il parvint à séduire tant les citadins protestants que les ruraux catholiques francophones de sa circonscription.

Réélu en 1904, Sutherland fut proposé à la présidence par le premier ministre libéral sir Wilfrid Laurier en janvier 1905. Laurier insista sur la sagesse et l’équité de Sutherland; quant à George Foster, qui parlait au nom de l’Opposition officielle conservatrice (et qui avait déjà servi dans le Cabinet de cinq premiers ministres), il appuya la motion à la recommandation de ses collègues, même s’il ne connaissait pas Sutherland. Lors de son élection, Sutherland fut le premier président anglophone à prononcer une partie de son discours de remerciement en français.

Quelques années plus tard, sir de la Cour suprême de l’Ontario rendit hommage à Sutherland pour son travail de président : « Il a, dit-il, exercé ses difficiles

ROBERT FRANKLIN SUTHERLAND PRÉSIDA fonctions avec une telle impartialité et une L’INFLUENTE ET CONTROVERSÉE COMMISSION telle équité qu’il s’est acquis la confiance et ROYALE SUR LA RÉGLEMENTATION EN MATIÈRE D’HYDROÉLECTRICITÉ EN ONTARIO.

31 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Sainte-Scholastique, Canada-Est, 1860

DÉCÈS Westboro (Ontario), 1937

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Journalisme

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1900 • Nomination : vice-président de la Chambre des communes et président des comités pléniers de la Chambre, 1905-1908 • Première élection à la présidence : 1909

PPREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •Wilfrid Laurier

ARTISTE | Ulric Lamarche, 1912

32 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Charles Marcil C.P. (1909-1911)

ournaliste pendant 20 ans avant de obtenues depuis l’élection précédente pour Jremporter sa première victoire électorale 32 projets de sa circonscription, sommes aux élections fédérales de 1900, Charles Marcil totalisant plus de 13 millions de dollars en siégea en Chambre pendant 36 années consécu- argent d’aujourd’hui. tives. Député estimé sans toutefois être une étoile montante, il fut nommé vice-président par Marcil présida pendant les derniers jours du le premier ministre libéral sir Wilfrid Laurier gouvernement Laurier, jusqu’à la défaite des en 1905. Parfaitement bilingue, il affichait dans libéraux aux élections générales de 1911. Il ses gestes et ses paroles une dignité qui plaisait à démissionna de ses fonctions et Laurier le bien des gens. nomma au Conseil privé. Mackenzie King déclara plus tard que les dernières paroles de Sa candidature à la présidence en 1909 fut bien Marcil « visaient à remercier un ministre de la accueillie par les députés du gouvernement, Couronne d’un geste que ce dernier avait posé mais le chef de l’Opposition, le conservateur pour aider les électeurs de sa circonscription ». Robert Borden, n’était pas aussi impressionné. Un mois avant sa mort, Marcil, qui souffrait de Sans entrer dans les détails, Borden fit allusion troubles cardiaques, avoua au premier ministre aux reportages des journaux portant sur les que l’idée de quitter sa circonscription le préoc- « méthodes de campagne » de Marcil dans le cupait. King lui répondit de ne pas s’inquiéter : contexte d’un système répréhensible « dans « Nous nous occuperons de Bonaventure, dit-il. » lequel on offre des pots-de-vin aux circonscrip- tions » au Canada. Borden conclut en disant que quiconque occupait le poste de président ne pouvait « mendier pour sa circonscription ».

Allusions voilées ou pas, Marcil fut l’un des députés dont les demandes ont eu le plus de succès; il était d’ailleurs réputé pour son indéfectible attention à l’égard de ses électeurs de la circonscription de Bonaventure, dans l’est CHARLES MARCIL EST LE PREMIER PRÉSIDENT du Québec. Au cours de la campagne électorale À AVOIR ÉTÉ FAIT CHEVALIER DE LA LÉGION de 1904, par exemple, il énumérait dans un D’HONNEUR FRANÇAISE, EN 1911, POUR discours une longue liste de sommes qu’il avait SA DÉFENSE CONSTANTE DES DROITS DES CANADIENS FRANÇAIS.

33 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE King Township, Canada-Ouest, 1843

DÉCÈS Markdale (Ontario), 1917

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Médecine, affaires, agriculture

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1878 •Première élection à la présidence : 1911 •Nomination au Sénat : 1915

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •Robert Borden

ARTISTE | John Colin Forbes, vers 1913

34 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Simpson Sproule (1911-1915)

homas Sproule avait 68 ans quand L’impartialité de Sproule en Chambre fut T le premier ministre Robert Borden durement mise à l’épreuve en 1913 par le proposa sa candidature à la présidence en 1911. tumultueux débat concernant le projet de loi Médecin de formation comptant 33 années sur la marine (pour décider si le Canada devait d’expérience en Chambre, il était bien connu conserver sa propre marine ou contribuer pour son dévouement fervent envers l’Ordre à la Marine royale). Pendant une tentative d’Orange protestant (un avantage pour le parti d’obstruction de l’opposition, le président conservateur, pensait Borden à l’époque). des comités pléniers (le vice-président), Pierre-Édouard Blondin, fut dépassé par les Au moment d’appuyer à contrecœur cette événements à deux occasions; Sproule reprit nomination, le chef de l’Opposition, sir Wilfrid la présidence à chaque fois. Il fut également Laurier, déclara que le seul défaut de Sproule débordé et dut se résoudre à désigner par son était d’être « un conservateur, un conservateur nom le député libéral Michael Clark (Red Deer) des plus conservateurs, l’emblème ultime du – l’étape avant l’expulsion hors de la Chambre conservatisme ». Borden décria immédiatement et la première fois depuis la Confédération la « mauvaise humeur » de Laurier. Borden savait qu’un président dut nommer ainsi un député. que Sproule ne parlait pas français; plus tard, il Laurier rejeta l’offre de Borden de procéder raconta que Sproule « était très consciencieux » à un débat complet et ce dernier présenta un et que « dès son élection à la présidence, il se nouvel article au Règlement permettant une sentit contraint d’étudier cette langue, dont manœuvre de clôture – procédure visant à il ignorait tout, afin d’être capable, à tout le mettre fin au débat et à forcer un vote. moins, de réciter les prières en français ». Lors de la première tentative de Sproule, William Sproule abandonna ses fonctions de président White, ministre des Finances, mentionna à son en décembre 1915, en raison de problèmes de voisin en Chambre, Frederick Monk, ministre santé, et fut nommé sénateur. Il mourut deux des Travaux publics, que Sproule s’en était très ans plus tard. bien tiré. Monk lui répondit : « Je suis certain que Notre Seigneur l’a compris ». Cependant, Sproule avait tendance à prononcer « seau » EN 1902, THOMAS SIMPSON SPROULE DEVINT plutôt que « ciel ». GRAND MAÎTRE DE LA GRAND ORANGE LODGE; EN MOINS DE 20 ANS, LE CANADA ET TERRE-NEUVE REPRÉSENTÈRENT 60 % DES ORANGISTES À L’ÉCHELLE MONDIALE.

35 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Tingwick (Québec), 1881

DÉCÈS Québec (Québec), 1961

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1911 •Nominations au Cabinet : ministre du Revenu intérieur, 1917; secrétaire d’État suppléant du Canada, 1917; ministre suppléant des Mines, 1917; ministre du Revenu intérieur, 1917-1918 • Nomination : vice-président de la Chambre des communes et président des comités pléniers de la Chambre, 1915-1916

ARTISTE | Charles Huot, vers 1918 •Première élection à la présidence : 1916

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •Robert Borden

36 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Albert Sévigny C.P. (1916-1917)

lbert Sévigny remporta un siège lors Même si Sévigny avait été un partisan A des élections fédérales de 1911; il était convaincu de la participation du Canada l’un des 26 députés du Québec qui appuyaient à la Première Guerre mondiale, il était Robert Borden, le nouveau premier ministre généralement perçu comme un président conservateur. Moins de trois ans et demi plus impartial. À la fin de 1916, cependant, le tard, en février 1915, son dévouement au premier ministre – alors sir Robert – eut premier ministre et aux politiques de celui-ci lui besoin de lui dans son Cabinet pour servir de permit d’obtenir la vice-présidence, poste que porte-parole au Québec pendant la crise de la son fils Pierre assumerait 43 ans plus tard. conscription. Le lendemain de la démission de Sévigny de la présidence, le 7 janvier En décembre 1915, Thomas Sproule quitta la 1917, Borden le nomma ministre du Revenu présidence en raison de problèmes de santé. intérieur, le premier des trois postes ministé- Sir George Foster, premier ministre suppléant, riels qu’il occuperait en 1917 avant de perdre proposa la candidature de Sévigny en faisant aux élections générales de décembre 1917. valoir sa personnalité agréable, sa culture, son « affabilité et sa capacité ». Le chef de Le successeur de Borden comme premier l’Opposition, sir Wilfrid Laurier, appuya la ministre conservateur, Arthur Meighen, motion de bon cœur, observant que Sévigny nomma Sévigny à la Cour supérieure du avait fait ses débuts dans la Chambre des Québec en 1921. Sévigny exerça les fonctions communes en tant qu’« ardent nationaliste », de juge avec distinction pendant les 40 années qu’il avait dénoncé les politiques de Laurier qui suivirent. et qu’il était plus tard devenu « un pécheur repenti ». Lorsque la Chambre tint ses séances dans l’Édifice commémoratif Victoria après le tragique incendie qui détruisit l’édifice du Centre en février 1916, Sévigny présida les débats sans porter ses vêtements d’apparat traditionnels : ils avaient brûlé dans l’incendie. Les députés comprirent que l’incident l’avait DANS L’UNE DE SES DÉCISIONS, ALBERT touché personnellement de près, car deux des SÉVIGNY AUTORISA LA TENUE D’UN DÉBAT invités de sa femme dans ses appartements SUR LE DROIT DES ÉLÈVES FRANCOPHONES DE L’ONTARIO DE RECEVOIR UN ENSEIGNEMENT parlementaires avaient perdu la vie. DANS LEUR LANGUE MATERNELLE.

37 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Amherst (Nouvelle-Écosse), 1877

DÉCÈS Ottawa (Ontario), 1942

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1908 •Nominations au Cabinet : ministre des Pêcheries, 1930-1932; ministre des Finances et receveur général, 1932-1935 • Nomination : vice-président de la Chambre des communes et président des comités pléniers de la Chambre, 1916-1917 •Première élection à la présidence : 1917 •Nomination au Sénat : 1935

PREMIERS MINISTRES PENDANT SA PRÉSIDENCE

ARTISTE | Sir Edmund Wyly Grier, 1921 •Robert Borden •Arthur Meighen

38 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Edgar Nelson Rhodes C.P. (1917-1922)

n 1916, Edgar Rhodes faisait campagne Au cours de ses 11 mois comme vice-président Epour recruter des soldats canadiens avant les élections générales de 1917, Rhodes pour la Première Guerre mondiale lorsque le impressionna les députés par son impartialité premier ministre sir Robert Borden le nomma et son tempérament cordial, et en réduisant vice-président de la Chambre des communes. substantiellement les dépenses de la Chambre. L’avocat de 39 ans de la Nouvelle-Écosse se Il allait donc de soi qu’on le choisît comme préparait à aller en Europe pour prendre part président, selon la motion proposée par le à la guerre, mais l’invitation de Borden était premier ministre et appuyée par le chef de irrésistible. Rhodes avait déjà accumulé huit l’Opposition, sir Wilfrid Laurier. Mordu de années d’expérience comme député, et sa la pêche, Rhodes aurait déclaré qu’il aurait nomination fut chaleureusement accueillie préféré être le meilleur pêcheur du Canada par les députés fédéraux. que l’Orateur de la Chambre des communes (titre que portait le président à l’époque). Le 3 février 1916, jour de la première séance sous la présidence de Rhodes, un incendie Rhodes décida de ne pas se présenter aux se déclencha dans l’édifice du Centre. Au élections générales de 1921. Il fut nommé moment où Rhodes guidait les députés hors au Conseil privé. Il accepta la présidence de la salle, un mur de la Chambre s’enflamma. de la British American Nickel Corporation, Sept personnes périrent dans l’incendie, dont dont le président précédent avait été le chef le député Bowman Law, qui travaillait dans d’industrie sir James Dunn. Il retourna ensuite son bureau. La Bibliothèque du Parlement fut en Nouvelle-Écosse, où il insuffla une nouvelle sauvée par le réflexe rapide d’un employé de la vie au parti conservateur et fut premier ministre Bibliothèque, Michael MacCormac, qui ferma provincial. En 1930, il accepta un poste au à temps les portes en fer de la Bibliothèque. sein du Cabinet fédéral du premier ministre Le reste de l’édifice du Centre fut entièrement conservateur R.B. Bennett, d’abord comme détruit et le Parlement emménagea dans l’Édifice ministre des Pêcheries puis comme ministre commémoratif Victoria, tout près. La Chambre des Finances. En 1935, Bennett le nomma des communes se réunit pendant quatre ans au Sénat. EDGAR NELSON RHODES AVAIT DES INTÉRÊTS dans son auditorium. VARIÉS DANS LE MONDE DU COMMERCE, NOTAMMENT LE MATÉRIEL ROULANT (WAGONS DE PASSAGERS ET DE FRET), LES MINES, L’EXPLOITATION FORESTIÈRE ET LES ENTREPRISES DE CHAUSSURES ET DE PIANOS.

39 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Montréal (Québec), 1866

DÉCÈS Montréal (Québec), 1937

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1896 •Nominations au Cabinet : solliciteur général du Canada, 1904-1906; ministre du Travail, 1906-1909; ministre des Postes, 1906-1911; ministre de la Marine et des Pêcheries, 1911; ministre du Service naval, 1911 •Première élection à la présidence : 1922 •Nomination au Sénat : 1930

PREMIERS MINISTRES PENDANT SA PRÉSIDENCE •William Lyon Mackenzie King •Arthur Meighen ARTISTE | Jacqueline Comerre Paton, vers 1924

40 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Rodolphe Lemieux C.P. (1922-1930)

u moment de son élection à la pré- Lemieux était un excellent candidat comptant A sidence, à l’âge de 55 ans, Rodolphe 25 années de service continu en Chambre. Lemieux s’était déjà distingué dans diverses Toutefois, deux mois auparavant, à l’annonce fonctions très variées. À la fin de 1922, il avait faite par King que Lemieux serait choisi comme déjà été avocat, professeur de droit et ministre président, Meighen s’était opposé vigou- fédéral à la tête de cinq ministères différents. reusement, puisque c’était comme si le premier Au total, il fut élu dix fois comme député ministre procédait à une nomination plutôt libéral (12 fois en fait, car à deux occasions, il qu’à une proposition de candidature. Il rappela se présenta dans deux circonscriptions simul- aussi la tradition voulant que l’on propose la tanément – ce qui était permis à l’époque – et candidature du vice-président pour succéder au les remporta). Quand il fréquentait l’Université président sortant (tradition qui n’avait pourtant d’Ottawa, il allait souvent écouter les débats en pas toujours été suivie). Chambre au lieu d’étudier. Il mit rapidement ses talents d’orateur au profit du parti libéral. Lemieux fut réélu président et pour la 15e législature et pour la 16e. Mais, en décembre Fort de la confiance du premier ministre sir 1926, lors de l’élection du président, le chef Wilfrid Laurier, Lemieux fit son entrée en suppléant de l’Opposition, le conservateur Chambre en 1896, au moment de l’arrivée , s’opposa officiellement à la au pouvoir de celui-ci. Il fut son lieutenant candidature de Lemieux, car elle contrevenait fidèle jusqu’à la défaite de Laurier aux mains à l’usage : depuis le début de la Confédération, du conservateur Robert Borden en 1911. Les on alternait en effet entre des présidents anglo- relations de Lemieux avec le premier ministre phones et francophones. Après un long débat, Mackenzie King étaient loin d’être aussi Lemieux fut néanmoins réélu; il est ainsi le cordiales, cependant (en 1921, King avait battu premier président à avoir dirigé trois législa- Arthur Meighen, le successeur de Borden au tures consécutives. poste de premier ministre). Peut-être jaloux de la position d’ en tant que Libéral convaincu depuis plusieurs décennies, lieutenant de King au Québec, Lemieux refusa Lemieux s’efforça tout de même, dans son un poste ministériel, mais il accepta que King rôle de président, de se tenir à l’écart de la propose sa candidature à la présidence. politique partisane. Cette décision se révéla très APRÈS UNE CARRIÈRE DE JOURNALISTE judicieuse pendant l’affaire King-Byng de 1926, AUX PUBLICATIONS LA PATRIE, LA PRESSE La première élection de Lemieux à la présidence, crise constitutionnelle au cours de laquelle il ET TIMES, RODOLPHE LEMIEUX en 1922, ne se déroula pas sans incident. Le chef assuma la présidence. Lorsque Lemieux quitta ÉCRIVIT DEUX TEXTES DE NATURE JURIDIQUE de l’Opposition, Arthur Meighen, reconnut que ses fonctions en 1930, King le nomma au Sénat. ET DE NOMBREUX ESSAIS POLITIQUES.

41 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Woodstock (Nouveau-Brunswick), 1873

DÉCÈS Vancouver (Colombie-Britannique), 1965

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit, service militaire

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1921 •Première élection à la présidence : 1930

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE ARTISTE | Kenneth Keith Forbes, 1934 •R.B. Bennett

42 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable George Black C.P., c.r. (1930-1935)

e premier ministre R.B. Bennett fut im- Il fut grièvement blessé après l’élection de 1921 Lpressionné par le travail de George Black par une voiture qui roula sur lui; ses chiens le en tant que commissaire du Yukon (1912-1915) tirèrent alors sur son traîneau jusqu’au chemin et par ses états de service au cours de la Première de la poste, puis jusqu’à la voie ferrée, où il fut Guerre mondiale. Black recruta une compa- à l’abri. Excellent chasseur, grizzlis, ours noirs, gnie d’infanterie du Yukon pour la 2e Brigade bouquetins, chèvres de montagne, orignaux et de mitrailleuses motorisées d’outre-mer et fut caribous étaient ses principales proies. Au cours blessé au cours de la bataille d’Amiens en août- de sa présidence, on raconta qu’il conservait un septembre 1918. Après sa convalescence dans un pistolet de calibre .22 dans ses appartements et hôpital londonien, il retourna cependant dans qu’il l’aurait utilisé pour abattre, du haut de sa son unité. Lorsque Bennett proposa sa candi- fenêtre, des lapins qui grignotaient les arbustes dature à la présidence en 1930, le conservateur sur la Colline du Parlement. Black avait déjà remporté sa circonscription du Yukon à quatre élections consécutives. Le En 1935, Black souffrit d’une grave dépression chef de l’Opposition, l’ancien premier minis- nerveuse, peut-être due aux blessures subies tre Mackenzie King, appuya la candidature de à la bataille d’Amiens. Il quitta ses fonctions Black, faisant valoir le bon jugement de celui-ci, de président pour se rendre en Angleterre et y sa discrétion, ses décisions rapides et son sens suivre un traitement psychiatrique. Entre-temps, de l’humour, même s’il avait été un adversaire son épouse, Martha Black, se fit élire à sa place coriace comme député. Robert Gardiner du lors des élections générales de la même année. parti des Cultivateurs unis de l’ appuya Elle fut la deuxième femme élue députée, après également la candidature. Agnes Macphail en 1921. Black se remit bien et il revint au Canada pour remporter la circon- Descendant de loyalistes de l’Empire-Uni, scription du Yukon de nouveau en 1940 et en Black était un vrai Sourdough du Yukon de 1898 1945. Le premier ministre Louis St-Laurent le (ainsi nommé en raison du levain-chef que les nomma au Conseil privé en 1951. Après la mort prospecteurs apportaient avec eux pendant la de sa femme, en 1955, Black se remaria; il avait ruée vers l’or du Klondike, près de Dawson alors 84 ans. City, au Yukon). Homme fort et entêté, il faisait GEORGE BLACK ABANDONNA LA PRATIQUE campagne dans sa circonscription en canoë, DU DROIT POUR DEVENIR CHERCHEUR D’OR en raquettes ou en traîneau tiré par des chiens. AU YUKON. IL PERDIT CEPENDANT TOUTE SA FORTUNE DANS UNE INONDATION.

43 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Thornhill (Ontario), 1879

DÉCÈS 1951

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1930 •Première élection à la présidence : 1935

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE ARTISTE | Kenneth Keith Forbes, vers 1935 •R.B. Bennett

44 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable James Langsta Bowman C.P., c.r. (1935-1936)

uelques heures seulement avant la Si les élections générales de 1935 mirent Qréunion de la Chambre le 17 janvier brusquement un terme à son mandat de 1935, le premier ministre conservateur président après moins de 13 mois, Bowman R.B. Bennett informa James Bowman qu’il présida tout de même plusieurs débats mouve- était sur le point de proposer sa candidature à mentés. Des mesures sociales furent débattues la présidence. Deux jours plus tôt, le président âprement en Chambre à mesure que la précédent, George Black, avait remis sa démis- grande dépression s’aggravait. Pour soulager sion pour raisons de santé. Avocat sans vanité le chômage endémique et la misère, le gouver- doté d’une voix de stentor, Bowman ignorait nement Bennett avait déjà établi des camps de totalement qu’il serait choisi pendant son pre- secours et adopté des lois économiques. C’est mier mandat de député. Il avait auparavant tenté à cette époque que la Banque du Canada et la sa chance contre William Ward (agriculteur et Commission canadienne du blé furent mises agent d’assurances du Manitoba) dans la cir- sur pied. Toutefois, selon l’Acte de l’Amérique conscription de Dauphin lors de deux élections du Nord britannique, 1867, les dossiers sociaux générales, mais en vain. Ayant finalement rem- relevaient de la compétence des provinces, et porté le siège aux dernières élections, Bowman non du gouvernement fédéral. Cette situation fut le premier Manitobain élu à la présidence. provoqua des débats acrimonieux sur des enjeux comme le salaire minimum, les heures de travail, L’annonce en Chambre de la candidature l’assurance-chômage et les normes de travail. de Bowman par le premier ministre Bennett – candidature appuyée par l’ancien premier Aux élections générales de 1935 et de 1940, ministre Mackenzie King – suscita les applau- Bowman fut de nouveau défait par William dissements nourris des députés de tous les partis. Ward; il retourna alors à la pratique du droit À l’époque, la tradition voulait que l’élection au Manitoba. Son travail de président ne fut du président soit unanime. Le manque souligné qu’en 1950, année où il fut nommé d’expérience de Bowman était parfois évident, au Conseil privé. comme la fois où il ne se présenta pas au moment où un projet de loi de secours pendant la Crise devait faire l’objet d’un rapport (les MALGRÉ CINQ TENTATIVES, JAMES LANGSTAFF pages finirent par le trouver). Malgré tout, les BOWMAN FUT ÉLU À LA CHAMBRE DES députés semblaient apprécier sa façon de faire COMMUNES UNE SEULE FOIS ET C’EST PAR SUITE D’UNE VACANCE SUBITE À LA et l’impartialité de ses décisions. PRÉSIDENCE QU’IL ACCÉDA À CE POSTE.

45 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Montréal (Québec), 1886

DÉCÈS Westmount (Québec), 1950

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1917 • Nomination au Cabinet : secrétaire d’État du Canada, 1940-1941 •Première élection à la présidence : 1936

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE ARTISTE | Kenneth Keith Forbes, vers 1940 •William Lyon Mackenzie King

46 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Pierre-François Casgrain C.P. (1936-1940)

a candidature de Pierre-François Casgrain Modéré, tranquille et terne, Casgrain était un Là la présidence en février 1936 fut avocat prospère qui avait été élu cinq fois à la entachée avant même qu’il ne soit élu par la Chambre. Il fut whip du parti libéral pendant Chambre des communes. Six semaines plus tôt, 11 ans et whip en chef du gouvernement le premier ministre Mackenzie King avait en pendant les trois années qui précédèrent son effet annoncé publiquement qu’il proposerait élection à la présidence. Ses contemporains Casgrain, et avant que la Chambre ne puisse se savaient qu’il était heureux en ménage : il avait réunir, Casgrain prit l’initiative de congédier pour épouse Thérèse Casgrain, pionnière des arbitrairement 127 employés du Parlement. De droits des femmes, première femme à diriger un toute évidence, il jugeait que son élection en parti politique canadien (la section québécoise Chambre ne constituait qu’une simple formalité. de la CCF, le Parti social démocratique du Québec), et plus tard sénatrice indépendante. Au cours d’un débat fort inhabituel qui se déroula sans président, le chef de l’Opposition, Casgrain quitta la présidence en 1940 en raison l’ancien premier ministre R.B. Bennett, souligna de sa nomination comme secrétaire d’État dans que le comportement de Casgrain contrevenait le gouvernement de guerre de King. aux lois et empiétait sur le privilège des députés. Ce sont les motifs qu’il invoqua en Chambre pour s’opposer à l’élection de Casgrain. Bennett était appuyé par James Woodsworth, chef de la nouvelle Fédération du commonwealth coopératif (CCF). Fait rare lors de l’élection d’un président, la candidature de Casgrain fit l’objet d’un vote avec dissidence, un vote par oui ou non destiné à montrer qu’une motion n’a pas été adoptée à l’unanimité; le nom des personnes qui votent pour ou contre la motion n’est cependant pas consigné. King défendit PIERRE-FRANÇOIS CASGRAIN QUITTA LA mollement Casgrain et annula plus tard les PRÉSIDENCE POUR EXERCER LES FONCTIONS DE congédiements. SECRÉTAIRE D’ÉTAT DANS LE GOUVERNEMENT LIBÉRAL EN TEMPS DE GUERRE, UN POSTE DOTÉ D’ÉNORMES POUVOIRS D’URGENCE EN VERTU DE LA LOI SUR LES MESURES DE GUERRE.

47 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Renton, Écosse, 1877

DÉCÈS Ottawa (Ontario), 1950

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1926 • Nomination au Cabinet : ministre des Mines et des Ressources, 1945-1948 •Première élection à la présidence : 1940 ARTISTE | Kenneth Keith Forbes, 1945 PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •William Lyon Mackenzie King

48 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable James Allison Glen C.P. (1940-1945)

ames Glen était âgé de 62 ans lorsque le La guerre n’entraîna pas seulement la Jpremier ministre Mackenzie King pro- restriction des libertés individuelles posa sa candidature à la présidence après les (notamment l’internement des Canadiens élections générales qui se déroulèrent pendant japonais), mais aussi le recours à des procé- la guerre, en mars 1940. Selon King, il était dures rares. Ainsi, le hansard fut censuré pour un homme qui s’intéressait à la procédure que l’ennemi n’y trouve pas de renseignements parlementaire, qui savait faire preuve d’équité utiles, les visiteurs dans les immeubles du pendant les débats et qui possédait une forma- Parlement furent surveillés de plus près, et la tion en droit et une expérience du travail des Chambre des communes se réunit en séances comités. La candidature de Glen, un député secrètes au besoin. On dévoilait sans trop de libéral-progressiste du Manitoba, fut appuyée détails le sujet de ces séances secrètes; par par Richard Hanson dans sa première déclara- exemple, après-coup, le président annonçait tion en Chambre en tant que chef suppléant qu’une séance avait été consacrée à la défense de l’Opposition conservatrice. côtière du Canada.

Pour les Canadiens, la Deuxième Guerre Glen était, semble-t-il, un excellent golfeur. Ses mondiale faisait rage depuis déjà huit mois partenaires de golf parlementaires ont, un jour, lors de l’accession de Glen à la présidence. préparé une brochure de huit pages relatant l’as Le parti conservateur avait fait campagne en qu’il avait accompli au club de golf Rivermead proposant d’établir un gouvernement d’unité à Aylmer (Québec). nationale multipartite (comme le gouver- nement de coalition du Royaume-Uni que Glen quitta la présidence juste avant les Winston Churchill allait former en mai), mais élections générales de 1945 – au cours King rejeta la proposition. En règle générale, la desquelles il fut réélu comme député libéral gravité des dossiers examinés par la Chambre – afin que le premier ministre King puisse le facilita la tâche de Glen. Il semblerait que pour nommer au Cabinet. bon nombre de députés, le pouvoir réel résidait dans les mains du petit Comité de guerre du Cabinet, habilité par la Loi sur les mesures de LA BIBLIOTHÈQUE DU PARLEMENT POSSÈDE guerre, la Loi de 1939 concernant les secrets officiels QUELQUES-UNS DES DERNIERS EXEMPLAIRES et les Règlements concernant la défense du Canada. DE LA BROCHURE QUE LES COLLÈGUES PARLEMENTAIRES DE JAMES ALLISON GLEN PUBLIÈRENT POUR SOULIGNER SON AS AU GOLF.

49 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Saint-Hyacinthe (Québec), 1898

DÉCÈS Montréal (Québec), 1963

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Médecine dentaire, industrie, service militaire

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1942 •Première élection à la présidence : 1945

PREMIERS MINISTRES PENDANT SA PRÉSIDENCE ARTISTE | Kenneth Keith Forbes, 1946 •William Lyon Mackenzie King •Louis St-Laurent

50 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Gaspard Fauteux C.P. (1945-1949)

ors de la présentation de la candidature il coupa court aux questions touchant ses Lde Gaspard Fauteux à la présidence en décisions; et il décida, apparemment de façon 1945, le premier ministre Mackenzie King rap- arbitraire, s’il allait ou non reconnaître un pela l’expérience parlementaire, la patience et député – plusieurs fois il quitta son fauteuil au l’impartialité du candidat. Fauteux était en outre moment où des députés tentaient d’obtenir le le petit-fils d’Honoré Mercier, ancien premier droit de parole. ministre du Québec, et le neveu de sir , ancien premier ministre du Québec et Parallèlement, il était ouvert à la simplification ancien ministre fédéral de la Justice et solliciteur et à la modernisation des usages et procédures général. Fauteux était bien connu pour avoir de la Chambre. Acceptant les multiples critiques défait le maire de Montréal des députés, en 1947, il déposa son propre aux élections provinciales québécoises de 1931. rapport sur la procédure renfermant des proposi- Houde fut interné pour sédition pendant la tions sur bon nombre de sujets controversés. Deuxième Guerre mondiale et Fauteux le battit Après les révélations portant sur l’espionnage encore aux élections générales fédérales de 1945. d’après-guerre par les Soviétiques faites par Igor Fauteux hésita à accepter la présidence, répon- Gouzenko, chiffreur à l’ambassade soviétique à dant à King : « Je suis dentiste, pas avocat. » Ottawa, c’est Fauteux qui assumait la présidence lorsque la Chambre reçut les rapports provi- Le premier ministre, cependant, avait décidé soires de la commission royale mise sur pied en de ne pas consulter le chef de l’Opposition, 1946 pour enquêter sur l’espionnage. Comme le progressiste-conservateur John Bracken, et suite au jugement de la cour établissant que un débat acrimonieux précéda la présentation – député communiste à son deuxième de Fauteux et son élection unanime. Cela ne mandat – était coupable de conspiration et avait présageait rien de bon. Pendant son mandat contrevenu à la Loi de 1939 sur les secrets officiels, de quatre ans, plusieurs de ses décisions la Chambre expulsa Rose le 30 janvier 1947. courroucèrent l’opposition. Il réprimanda Bracken pour avoir lu son discours inaugural; Réélu en 1949, Fauteux quitta néanmoins ses il refusa ostensiblement des questions non fonctions de président; l’année suivante, il fut SEUL DENTISTE JAMAIS ÉLU À LA urgentes avant de passer à l’ordre du jour (une nommé lieutenant-gouverneur du Québec. PRÉSIDENCE, GASPARD FAUTEUX SE PORTA question qui hanterait les futurs présidents); VOLONTAIRE, PENDANT LA PREMIÈRE les députés de l’opposition protestèrent contre GUERRE MONDIALE, POUR LA PREMIÈRE sa décision d’interdire certaines questions; UNITÉ DENTAIRE MILITAIRE DE L’EMPIRE : LE CORPS DENTAIRE DE L’ARMÉE CANADIENNE.

51 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Toronto (Ontario), 1891

DÉCÈS (Ontario), 1976

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit, service militaire

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1935 • Nominations au Cabinet : ministre sans portefeuille, 1953-1954; solliciteur général du Canada, 1954-1957; ministre sans portefeuille, 1963-1964 • Nomination : vice-président de la Chambre des communes et président des comités pléniers de la Chambre, 1945-1949 •Première élection à la présidence : 1949 •Nomination au Sénat : 1953

ARTISTE | Lilias Torrance Newton, 1951 PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •Louis St-Laurent

52 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable William Ross Macdonald C.P., c.r., LL.D. (1949-1953)

e premier ministre libéral Mackenzie King À une réunion des présidents des Chambres Lproposa William Ross Macdonald comme des communes du Commonwealth à Londres vice-président de la Chambre en septembre 1945, en 1950, les agents du protocole informèrent la première d’une série de charges publiques Macdonald qu’il ne pouvait pas porter son que Macdonald allait occuper sur une période tricorne en présence du roi George VI. Citant un de 30 ans. Il avait 82 ans lors de sa démission précédent, il prouva que les agents du protocole du poste de lieutenant-gouverneur de l’Ontario avaient tort et porta donc son chapeau. en 1974, à la conclusion d’une carrière publique qui avait failli prendre fin prématurément en Le président choisit de ne pas se présenter 1916 à la suite des blessures graves qu’il avait aux élections générales de 1953, et Louis subies à la bataille de la Somme, où il combat- St-Laurent le nomma au Sénat. Dans son éloge tait en tant qu’officier d’infanterie canadien. à Macdonald, le premier ministre déclara Il fut député, vice-président et président de la qu’aucun président ne le surpassa et que peu Chambre, trois fois ministre, sénateur, deux avaient été ses égaux. fois leader du gouvernement au Sénat, chef de l’Opposition au Sénat et, finalement, lieutenant-gouverneur.

Rappelant à la Chambre que Macdonald avait déjà fait un excellent travail comme vice-président pendant quatre ans, le premier ministre Louis St-Laurent proposa sa candi- dature à la présidence en 1949. Le chef de l’Opposition, le progressiste-conservateur George Drew, appuya la candidature, ajoutant que Macdonald avait gagné le respect de la Chambre par sa courtoisie et sa modestie caractéristiques. Après son élection unanime, le nouveau président entreprit d’apprendre le WILLIAM ROSS MACDONALD QUITTA LA français : on rapporte que ses difficultés avec PRÉSIDENCE AFIN D’ÊTRE NOMMÉ AU SÉNAT, la langue de Molière étaient l’objet de bien OÙ IL FUT LEADER DU GOUVERNEMENT des plaisanteries en Chambre. PENDANT PRÈS DE CINQ ANS.

53 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Montréal (Québec), 1912

DÉCÈS Montréal (Québec), 1970

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1945 • Nomination : vice-président de la Chambre des communes et président des comités pléniers de la Chambre, 1952-1953 •Première élection à la présidence : 1953

ARTISTE | Kenneth Keith Forbes, 1960 PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •Louis St-Laurent

54 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Louis-René Beaudoin C.P. (1953-1957)

ouis-René Beaudoin fut élu président Cette situation provoqua le chaos dans la Len 1953, porteur de grands espoirs. Élu Chambre. Les partis d’opposition, ulcérés, comme député libéral aux élections générales affirmèrent que le président avait cédé aux de 1945, de 1949 et de 1953 et fort d’une pressions du gouvernement et certains députés expérience d’un an comme vice-président, prirent d’assaut le fauteuil. Les députés du il fut proposé par le premier ministre Louis gouvernement se mirent à chanter pour St-Laurent et sa candidature reçut l’appui du enterrer les injures. Le chef habituellement chef progressiste-conservateur George Drew. calme de la Fédération du commonwealth Beaudoin se fit rapidement connaître pour son coopératif (CCF), M.J. Coldwell, grimpa sur équité, sa connaissance de la procédure (il com- le dais surplombant le fauteuil du président mença, sans toutefois la terminer, la rédaction en menaçant du poing. Dans les jours qui d’un livre sur la procédure parlementaire), son suivirent, le chef de l’Opposition déposa une intelligence et sa courtoisie : il fut peut-être motion de blâme à l’endroit du président – l’un des meilleurs présidents de la Chambre de une première dans l’histoire parlementaire l’histoire canadienne. canadienne – et le débat violent se poursuivit tard en soirée pendant encore un mois. Toutefois, sa carrière de président fut ruinée en moins de 24 heures, les 5 et 6 juin 1956. Une Beaudoin démissionna à la fin de la session. entreprise appartenant à des intérêts améri- Bien que réélu aux élections générales de 1957, cains avait besoin de fonds supplémentaires il ne se porta pas candidat à la présidence. pour achever un gazoduc devant relier Burstall Par la suite, il tenta un retour en politique, (Saskatchewan) à Montréal. Pendant ce qu’on mais sans succès. Toutefois, il passa presque le appela par la suite le débat du gazoduc, le reste de sa vie à vagabonder aux États-Unis et gouvernement décida de mettre fin au débat au Canada. À une époque, il était barman à sur un projet de loi visant l’octroi du prêt. la taverne Freddie’s à Tempe, en Arizona. Ce Le 5 juin, le président permit à l’opposition parlementaire autrefois distingué et membre du de poursuivre un débat procédural au-delà Conseil privé pour le Canada mourut dans la de l’heure limite, mais le lendemain, il revint pauvreté à Montréal. sur sa décision, annulant du coup le débat de PENDANT LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE, l’après-midi précédent. Le gouvernement put LOUIS-RENÉ BEAUDOIN TRADUISIT ET DIFFUSA ainsi faire adopter son projet de loi. LES DISCOURS DES CHEFS DE GUERRE; IL EUT MÊME SA PROPRE ÉMISSION RADIOPHONIQUE.

55 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Lacombe (Alberta), 1900

DÉCÈS Toronto (Ontario), 1991

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1953 •Première élection à la présidence : 1957 •Mandat comme gouverneur général : 1967-1974

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •

ARTISTE | Cleeve Horne, 1962

56 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes Le très honorable Daniel Roland Michener C.P., C.C., C.M.M., C.D., c.r., O.Ont., LL.D. (1957-1962)

n an après l’élection de Roland Michener fut battu aux élections générales U Michener à l’Assemblée législative de de 1962; c’était la première fois depuis la l’Ontario en 1945, le premier ministre de la Confédération en 1867 qu’un président province, George Drew, le nomma au Cabinet, perdait son siège lors d’une élection remportée décision qui allait avoir des répercussions inat- par son parti. On ne lui proposa ni siège au tendues et durables sur la carrière politique de Sénat ni nomination politique, récompenses Michener. En 1948, Drew remporta la direction souvent offertes pour remercier un président du parti progressiste-conservateur fédéral, bat- du travail qu’il a accompli pour la Chambre et tant John Diefenbaker au premier tour. Au mo- le pays. Dans son éloge, Diefenbaker indiqua ment de son accession aux postes de chef puis que si Michener n’avait pas été battu, il aurait de premier ministre en 1957, ce dernier n’avait été nommé président permanent. Dans ses toujours pas digéré le fait que Michener – alors mémoires, cependant, Diefenbaker affirme que député progressiste-conservateur – n’avait pas Michener avait manqué de courage politique appuyé sa candidature une dizaine d’années en quittant la scène politique au lieu de se auparavant. Diefenbaker ne nomma donc pas porter candidat de nouveau. Michener au Cabinet, et ce fut seulement après que Stanley Knowles, député de la Fédération Les élections générales de 1963 ayant entraîné du commonwealth coopératif (CCF), eut refusé la formation d’un gouvernement libéral minori- d’être candidat à la présidence que le premier taire, Lester Pearson offrit de proposer son ami ministre proposa Michener à ce poste. de longue date à la présidence permanente de la Chambre. (Michener et lui se connaissaient Pendant son mandat de plus de quatre ans depuis qu’ils avaient joué au hockey ensemble à comme président (23e et 24e législatures), Oxford dans les années 1920.) Michener refusa, Michener acquit une réputation d’impartialité et mais l’année suivante, il accepta que Pearson de souplesse dans l’interprétation du Règlement le nommât haut-commissaire en Inde, puis en de la Chambre des communes. On peut jauger son Inde et au Népal simultanément. succès par les plaintes occasionnelles des députés du gouvernement – et du premier ministre En 1967, le jour du centenaire de la lui-même – qui estimaient qu’il était trop Confédération, Pearson proposa la nomination DANIEL ROLAND MICHENER FUT LE DEUXIÈME équitable envers les partis d’opposition. Une de de Michener à titre de représentant de la CANADIEN DE L’HISTOIRE À RECEVOIR LA ROYAL ses principales réalisations fut l’implantation reine au Canada; ce dernier fut ainsi le VICTORIAN CHAIN, UN SYMBOLE DE L’ESTIME réussie de l’interprétation simultanée en premier ancien député à accéder au poste PERSONNELLE DE LA REINE ELIZABETH II. Chambre le 15 janvier 1959. de gouverneur général.

57 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE (Alberta), 1919

DÉCÈS Barrhead (Alberta), 2000

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit, service militaire

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1957 •Nomination au Cabinet : ministre des Affaires des Anciens Combattants, 1963 •Première élection à la présidence : 1962

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE ARTISTE | Kenneth Keith Forbes, 1963 •John Diefenbaker

58 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Marcel Joseph Aimé Lambert C.P., c.r., B.Comm., B.A., B.C.L., M.A. (1962-1963)

« ’espère que nous aurons des journées bien Au début de 1963, les dissensions dans le Jremplies et je suggère à tous les honorables Cabinet du premier ministre Diefenbaker que députés de s’efforcer de respecter le Règlement », provoquait la possibilité d’armer les missiles dit dans sa première allocution antiaériens canadiens d’ogives nucléaires en Chambre après son élection à la présidence soulevèrent un enjeu politique en Chambre. en septembre 1962. Compte tenu des possibi- Lambert rejeta la tenue d’un débat d’urgence lités de perturbations que présentait l’élection sur la question des missiles Bomarc, mais sa d’un gouvernement minoritaire, il n’avait pas décision fut infirmée par la Chambre. l’intention de se laisser dépasser par les événe- ments en Chambre. Peu de temps après, le premier ministre nomma Lambert ministre des Affaires des Les députés de l’opposition – et même les Anciens Combattants, ce qui mit fin au plus députés du gouvernement progressiste- court mandat de président de la Chambre des conservateur – ne tardèrent pas à constater communes canadienne (27 septembre 1962- la lourdeur de l’obligation que leur imposait 11 février 1963, soit moins de cinq mois). le président de se conformer au Règlement. Ils Lambert fut élu député dix fois et en 1984, le s’opposaient particulièrement à l’obligation de premier ministre Mulroney le nomma à l’Office ne poser que des questions pertinentes et des des transports du Canada. À l’annonce de la questions supplémentaires permises pendant mort de Lambert en 2000, l’ancien premier la période des questions, comme le prévoyait ministre lui rendit hommage en disant le Règlement. Certains députés préconisaient, qu’il « avait acquis la réputation d’être un semble-t-il, la contestation des décisions de la arbitre sévère dans une Chambre chahuteuse présidence au moyen de votes officiels. à une époque passionnante ».

Imperturbable – Lambert avait servi dans des chars d’assaut pendant la Deuxième Guerre mondiale et il avait passé près de trois ans dans un camp de prisonniers de guerre allemand –, le président faisait preuve de fermeté dans ses

MARCEL LAMBERT FUT LE DERNIER décisions sur les questions litigieuses et futiles. PRÉSIDENT NOMMÉ AU CABINET APRÈS SA DÉMISSION. DE TELLES NOMINATIONS ÉTAIENT COURANTES AUTREFOIS.

59 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Napanee (Ontario), 1903

DÉCÈS Montréal (Québec), 1999

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit, affaires

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1949 •Première élection à la présidence : 1963 •Nomination au Sénat : 1966

ARTISTE | Lilias Torrance Newton, vers 1964 PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •Lester B. Pearson

60 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Alan Aylesworth Macnaughton C.P., O.C., c.r., B.A., B.C.L., LL.D. (1963-1966)

ommé président du Comité perma- particulièrement houleux. Macnaughton N nent des comptes publics en 1958, décida finalement de scinder la motion fut le premier député de principale en deux : une proposant de l’opposition à diriger ce comité influent. Son remplacer le drapeau national par un nouvel esprit d’équité impressionna tellement Lester emblème; une autre faisant du drapeau de Pearson que ce dernier le proposa comme pré- l’Union royale (l’Union Jack) le symbole de sident de la Chambre des communes en 1963, l’allégeance du Canada envers la Couronne au moment de son premier mandat comme et de son appartenance au Commonwealth. premier ministre d’un gouvernement libéral Tentant de calmer un débat acrimonieux, le minoritaire. président utilisa pour la première fois son autorité pour scinder une motion. Sans prétention, courtois et plein de tact, Macnaughton faisait généralement preuve Il fut également un grand partisan de d’une fermeté impartiale dans la présidence l’efficacité parlementaire et soumit à cette fin d’une Chambre fortement divisée. Certains des recommandations au Comité permanent de libéraux se plaignirent de la latitude qu’il la procédure et de l’organisation – par exemple, accordait à l’ancien premier ministre et chef l’allocation de périodes de temps pour les de l’Opposition John Diefenbaker lorsque débats, la réduction de la période des questions ce dernier interrogeait le gouvernement. et la création d’un budget de recherche pour les Macnaughton répliqua que le premier ministre députés. En 1965, on abolit les appels chrono- et le chef de l’Opposition étaient deux hauts phages des décisions du président. Diefenbaker fonctionnaires de la Chambre des communes proposa à Pearson de faire de Macnaughton le et qu’à ce titre, ils avaient droit à leur propre premier président permanent de la Chambre, opinion lorsqu’ils posaient des questions et mais le gouvernement de Pearson jugea la y répondaient. proposition trop problématique.

Macnaughton démontra sa compétence Macnaughton ne se présenta pas aux élections en 1964 quand le gouvernement décida de générales de 1965. Il fut nommé au Sénat sept remplacer le drapeau officiel du Canada (le mois après le début de la nouvelle législature. PIONNIER DU MOUVEMENT ENVIRONNEMENTAL, ALAN AYLESWORTH MACNAUGHTON FONDA LA Red Ensign canadien) par un nouveau drapeau. SECTION CANADIENNE DU FONDS MONDIAL Cette décision suscita le débat sur le drapeau POUR LA NATURE ET FUT VICE-PRÉSIDENT canadien, qui dura plusieurs mois et fut DE LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR L’ENVIRONNEMENT EN 1973.

61 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Ottawa (Ontario), 1920

DÉCÈS Bruxelles, Belgique, 1998

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit

AFFILIATION POLITIQUE Libéral, indépendant

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1962 • Nomination : vice-président de la Chambre des communes et président des comités pléniers de la Chambre, 1963-1965 • Première élection à la présidence : 1966

PREMIERS MINISTRES PENDANT SA PRÉSIDENCE ARTISTE | Suraj Sadan, 1977 •Lester B. Pearson •Pierre Elliott Trudeau

62 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Lucien Lamoureux C.P., O.C., c.r., B.A., B.Ph., L.Ph., M.A., D.U., LL.B., LL.D. (1966-1974)

endant hommage au travail de Lucien libéral et conservateur acceptèrent de ne RLamoureux comme vice-président du- pas proposer de candidats dans sa circon- rant le premier gouvernement minoritaire du scription. Diefenbaker puis Robert Stanfield, premier ministre Lester Pearson (1963-1965), le son successeur à titre de chef de l’Opposition chef de l’Opposition John Diefenbaker décrivit conservatrice, réclamaient depuis longtemps son tact, sa sagesse, son sens de l’humour et un président permanent, mais cette idée son impartialité. C’étaient là des qualités dont déplut au successeur de Pearson au poste Lamoureux allait avoir grandement besoin dans de premier ministre, Pierre Elliott Trudeau. l’exercice de ses nouvelles fonctions – celles Lamoureux se présenta de nouveau comme de président – sous le gouvernement libéral candidat indépendant aux élections générales minoritaire suivant, de 1966 à 1968, et dont de 1972, mais il eut des opposants cette fois-là. il allait constamment faire montre pendant La possibilité d’avoir un président permanent les 3 177 jours de sa présidence. Il conserva le refit surface de temps à autre par la suite, mais record du mandat à la présidence le plus long le gouvernement ne passa jamais aux actes. (27e, 28e et 29e législatures) jusqu’en 2009, année où battit ce record. Le président était bien connu pour ses longues heures de travail; souvent, il passait la semaine Lamoureux se retira du caucus libéral dès sa entière dans son bureau de l’édifice du Centre, première nomination comme vice-président; les se faisant livrer ses repas et dormant sur le députés de la Chambre ont ainsi été témoins canapé. Après que Lamoureux eut décidé de de ses convictions en matière d’impartialité. ne pas se présenter aux élections générales Il était si scrupuleux, dit-on, que lorsque sa de 1974, le premier ministre affirma qu’il femme et lui recevaient des députés et leurs avait été « un président exceptionnel, le plus conjoints à dîner, ils invitaient exactement le grand, selon bon nombre, depuis le début même nombre de députés du gouvernement de la Confédération ». Après les élections, que de députés de l’opposition. Parfaitement Lamoureux fut nommé ambassadeur en bilingue, il dirigea la Chambre d’une main Belgique et au Luxembourg (1974-1980), puis ferme dans un gant de velours. ambassadeur au Portugal (1980-1985). APRÈS L’ADOPTION DE LA FEUILLE D’ÉRABLE COMME EMBLÈME DU CANADA EN 1965, LAMOUREUX REÇUT Comme suite à la décision de Lamoureux de POUR BONNE GARDE LE PREMIER DRAPEAU À AVOIR se présenter comme candidat indépendant FLOTTÉ SUR LA TOUR DE LA PAIX. QUARANTE ANS aux élections générales de 1968, les partis PLUS TARD, SA VEUVE REDONNA LE DRAPEAU À LA CHAMBRE DES COMMUNES.

63 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Kingston (Ontario), 1933

DÉCÈS Ottawa (Ontario), 2005

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1968 • Première élection à la présidence : 1974

PREMIERS MINISTRES PENDANT SA PRÉSIDENCE •Pierre Elliott Trudeau

ARTISTE | Robert Stewart Hyndman, 1979 •Joe Clark

64 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable James Alexander Jerome C.P., B.A., LL.D. (1974-1980)

endant son deuxième mandat comme Jerome estimait que la radio-télédiffusion en Pdéputé libéral, James Jerome avait gran- direct des travaux de la Chambre – sujet fort dement impressionné ses pairs à la Chambre débattu – constituait un aspect important des communes par sa présidence équilibrée d’une démocratie ouverte. Après l’adoption du Comité permanent de la justice et des d’une résolution par la Chambre en janvier questions juridiques (1973-1974). Le premier 1977, il présida un Comité spécial de la radio- ministre Pierre Elliott Trudeau proposa sa télédiffusion des délibérations de la Chambre candidature à la présidence en 1974, mais, et de ses comités; neuf mois plus tard, le contrairement aux usages, il omit de consulter 17 octobre 1977, la télédiffusion intégrale le chef de l’Opposition (Robert Stanfield) ou des délibérations commença – une première des représentants des autres partis. Offensé, mondiale pour une assemblée législative. Stanfield expliqua à la Chambre les raisons qui le poussaient à refuser d’appuyer la motion Peu après la défaite du gouvernement libéral portant élection de Jerome; il promit néanmoins aux élections générales de 1979, le nouveau l’entière collaboration du parti progressiste- premier ministre progressiste-conservateur, conservateur. Il laissait ainsi sous-entendre Joe Clark, proposa la candidature de Jerome que le premier ministre traitait la présidence à la présidence. Ayant porté les couleurs comme une autre nomination politique. des libéraux aux élections, Jerome fut ainsi le premier député de l’opposition à être élu Malgré l’absence d’une approbation bipar- président de la Chambre des communes. tisane, Jerome acquit rapidement le respect général de la Chambre, surtout des députés Après la défaite du gouvernement minoritaire de l’opposition. Dans sa première décision de Clark en 1980, Jerome annonça qu’il ne d’importance, il mit fin à la pratique du gouver- briguerait pas un siège aux prochaines élections. nement de laisser les secrétaires parlementaires Clark le nomma alors juge en chef adjoint de la poser des questions pendant la période des Cour fédérale du Canada. questions. Les tentatives du gouvernement de convaincre le président de revenir sur sa décision furent perçues par les députés de LES MÉMOIRES DE JAMES ALEXANDER JEROME, l’opposition comme un manque de respect MR. SPEAKER, FURENT LES PREMIERS JAMAIS envers la présidence. ÉCRITS PAR UN PRÉSIDENT CANADIEN AU SUJET DE SON EXPÉRIENCE À CE TITRE.

65 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Howell (Saskatchewan), 1922

DÉCÈS Montréal (Québec), 1993

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Journalisme

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1972 • Nominations au Cabinet : ministre d’État chargée des Sciences et de la Technologie, 1972-1974; ministre de l’Environnement, 1974-1975; ministre des Communications, 1975-1979 • Première élection à la présidence : 1980 • Mandat comme gouverneur général : 1984-1990

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •Pierre Elliott Trudeau ARTISTE | Brenda Bury, 1984

66 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes La très honorable Jeanne Sauvé C.P., C.C., C.M.M., CD (1980-1984)

eanne Sauvé accéda à la présidence de la les 32 députés du Nouveau Parti démocratique JChambre des communes en 1980. Première sortirent de la Chambre pour protester contre femme à occuper ce poste, elle avait alors la répu- le fait que la présidente permettait aux libéraux tation d’être farouchement partisane après plus de poser plus de questions que les députés des de six ans comme ministre au sein du Cabinet autres partis; il y eut de nombreux recours au libéral. Le premier ministre Trudeau, qui pro- Règlement et une semaine d’obstruction systé- posa sa candidature, la qualifia de « battante », et matique contre le projet de loi constitutionnel l’ancien premier ministre Clark tint à appuyer sa du gouvernement. La Chambre se trouva candidature en signalant la qualité essentielle en- complètement paralysée en mars 1982 par tre toutes chez un président : « une impartialité suite du refus des progressistes-conservateurs rigoureuse et scrupuleuse ». « Le président est le de se présenter pour voter sur le projet de loi serviteur de la Chambre tout entière, et non pas gouvernemental sur l’énergie, ce qui aboutit à uniquement du parti au pouvoir, et il se doit de l’incident tristement célèbre de la sonnerie des renoncer à toute trace d’allégeance partisane. » cloches qui dura 15 jours.

La rumeur courut que le premier ministre S’attaquant à une révision majeure des avait proposé la candidature de Jeanne Sauvé finances et de l’administration de la Chambre, pour la consoler d’avoir été exclue du Cabinet Jeanne Sauvé élimina les pratiques inefficaces, de 1980. En fait, elle avait déjà refusé la réduisit l’effectif de 305 postes, rationalisa les présidence. Ses débuts dans cette fonction ressources humaines et allégea les lourdeurs furent quelque peu ternis par le fait qu’elle administratives. ne connaissait pas les visages, les noms et les circonscriptions de chacun des députés, Le premier ministre proposa Jeanne Sauvé pour ne donnait pas la parole à certains députés remplacer le gouverneur général Ed Schreyer, pendant la période des questions et rendit qui terminait son mandat de cinq ans. quelques décisions contestables. Nommée par la reine le 28 janvier 1984, elle est la première femme à avoir été gouverneure Au moment de la présidence de Jeanne Sauvé, générale du Canada. Après s’être remise d’une les caméras de télévision étaient entrées depuis maladie, elle fut assermentée le 14 mai 1984. JEANNE SAUVÉ CRÉA LA PREMIÈRE peu à la Chambre, ce qui amena sans doute un GARDERIE DESTINÉE AUX ENFANTS changement de comportement chez certains DU PERSONNEL PARLEMENTAIRE, DES députés. Par exemple, au cours d’une séance, DÉPUTÉS ET DES SÉNATEURS.

67 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Ottawa (Ontario), 1920

DÉCÈS Ottawa (Ontario), 2007

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Économie, service militaire

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1963 • Nomination : vice-président de la Chambre des communes et président des comités pléniers de la Chambre, 1980-1984 • Première élection à la présidence : 1984

PREMIERS MINISTRES PENDANT SA PRÉSIDENCE •Pierre Elliott Trudeau •

ARTISTE | Anita Elizabeth Kertzer, 1987

68 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Cyril Lloyd Francis C.P., B.A., M.A., Ph.D. (1984)

endant ses études à l’Université de près de lui, un député progressiste-conservateur PToronto au début des années 1940, Lloyd en venait presque aux poings pour protéger Francis avait été président du Parlement étudiant l’ancien premier ministre Clark contre un constitué chaque année à l’Université Queen’s. député furieux du parti au pouvoir. Il considérait cette expérience comme son initia- tion au processus législatif, puisqu’il sera par la Vers la fin de 1983, Francis exerçait la présidence suite conseiller municipal d’Ottawa, député fé- dans la pratique, parce que Jeanne Sauvé avait déral et président de la Chambre des communes. des problèmes de santé. Nommée gouverneure générale, celle-ci démissionna de la présidence Fait inusité, sa réputation de parlementaire en janvier 1984. Impressionné par le travail tient davantage aux quatre années, ou presque, de Francis comme vice-président, le premier qu’il a passées à titre de vice-président de la ministre Trudeau le nomma à la présidence. Chambre qu’à ses dix mois à la présidence. Nommé vice-président par le premier ministre Antérieurement, en tant que simple député Trudeau en 1980, il se trouvait alors dans le libéral, Francis était vu en quelque sorte dernier cycle de son alternance électorale entre comme la mouche du coche, car il s’était victoires (1963, 1968, 1974 et 1980) et défaites opposé à certaines politiques de son propre (1965, 1972, 1979 et 1984). parti qui n’étaient pas dans l’intérêt des citoyens de sa circonscription, composée de Un incident notable se produisit le 24 octobre nombreux fonctionnaires fédéraux. Une fois 1980, à une heure du matin, pendant qu’il président, il chercha davantage à améliorer présidait la séance en remplacement de la prési- l’administration de la Chambre et de son dente, Jeanne Sauvé. À l’instigation du gouver- personnel, poursuivant ainsi le travail qu’il nement, Francis devait appliquer la clôture – avait entrepris avec Mme Sauvé. Homme de motion pour mettre fin aux délibérations – au principes, il présida la Chambre d’une main cours du débat sur la Constitution canadienne. plus ferme que certains autres présidents. Tandis qu’il s’apprêtait à mettre la motion aux Ses décisions les plus connues ont porté sur voix, cinq députés de l’opposition s’avancèrent l’autorité du président, les motions dilatoires et

DÉPUTÉ DE LA RÉGION D’OTTAWA PENDANT vers le fauteuil du président et réclamèrent le décorum de la Chambre. Après sa défaite aux DE NOMBREUSES ANNÉES, CYRIL LLOYD haut et fort le droit d’être entendus. Francis élections générales de 1984, le premier ministre FRANCIS SERVIT DANS L’AVIATION ROYALE garda son aplomb pendant qu’à sa gauche, tout Mulroney le nomma ambassadeur au Portugal. DU CANADA COMME MÉCANICIEN DE RADIOREPÉRAGE ET NAVIGATEUR AÉRIEN AU COURS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE.

69 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Toronto (Ontario), 1947

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Affaires

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1979 • Première élection à la présidence : 1984

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •

ARTISTE | Shirley Van Dusen, 1993

70 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable John William Bosley C.P., B.A. (1984-1986)

lu à la présidence de la Chambre en 1984 des questions, ce qui eut pour effet d’avantager Ésur proposition du premier ministre les députés, plus nombreux à pouvoir prendre Brian Mulroney, John Bosley se classa, à 37 ans, la parole. Le jour de l’entrée en vigueur des au second rang des présidents les plus jeunes nouvelles règles de procédure, le président de l’histoire canadienne. Son bilinguisme et adressa aux députés une déclaration dans l’expérience pertinente acquise au cours de laquelle il expliquait les dispositions appli- ses cinq années précédentes comme député cables et parla de l’effet de la télévision sur les progressiste-conservateur motivèrent ce choix délibérations de la Chambre. Le même jour, selon certains observateurs. il dut expulser un député néo-démocrate qui refusait de retirer une accusation de mensonge John Bosley rendit d’importantes décisions à proférée contre un ministre. titre de président, dont plusieurs avaient trait à la modification du Règlement de la Chambre, Contre toute attente, Bosley démissionna de qui datait de 1982, et aux nouvelles règles de la présidence en septembre 1986 après moins procédure adoptées en 1986, d’après les recom- de deux ans à ce poste. Des médias émirent mandations du Comité spécial sur la réforme de l’hypothèse qu’on lui avait forcé la main. Dans la Chambre des communes (comité McGrath). sa lettre de démission adressée aux chefs des trois partis, il précisa toutefois qu’il partait Au début de son mandat, Bosley essuya des parce que la Chambre traversait une crise dont commentaires personnels et exagérément critiques tant de l’opposition que du parti elle était elle-même responsable, caractérisée au pouvoir. Malgré sa patience, les députés par l’indiscipline et, par conséquent, l’érosion oublièrent peu à peu le décorum à la du respect de la population pour le Parlement. Chambre, de sorte que Bosley eut beaucoup Avant que sa démission prenne effet, il présida de mal à refréner les observations déplacées la première élection d’un nouveau président au et les propos répétitifs. En 1985, Bosley dut expulser un député libéral de la Chambre, qui scrutin secret. Neuf mois après sa démission, le criait à son endroit et refusait de reconnaître premier ministre Mulroney le nomma membre son autorité. du Conseil privé du Canada. Il demeura à la Chambre comme député du parti au pouvoir – JOHN WILLIAM BOSLEY EST LE DERNIER Le nouveau Règlement de la Chambre établi en essayant en vain de se faire réélire président en PRÉSIDENT DONT LE PREMIER MINISTRE PROPOSA LA CANDIDATURE; TOUS 1986 habilita le président à exiger des questions 1988 – jusqu’à ce qu’il soit battu aux élections SES SUCCESSEURS FURENT ÉLUS AU plus brèves et plus pertinentes durant la période générales de 1993. SCRUTIN SECRET.

71 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Yokohama, Japon, 1931

SECTEURS D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit, service militaire

AFFILIATION POLITIQUE Conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1972 • Nominations au Cabinet : ministre des Postes, 1979-1980; ministre de l’Environnement, 1979-1980; ministre des Pêches et des Océans, 1984-1985 • Première élection à la présidence : 1986

PREMIERS MINISTRES PENDANT SA PRÉSIDENCE • Brian Mulroney •

ARTISTE | Gregory Furmanczyk, 1994

72 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable John Allen Fraser C.P., O.C., O.B.C., CD, c.r., LL.B. (1986-1994)

ohn Fraser fut le premier président élu Par ailleurs, il confirma la validité du serment Jdirectement par la Chambre des com- d’allégeance à la reine prononcé en 1990 par munes. Ancien officier d’infanterie et avocat, il le député indépendant Gilles Duceppe (plus fut élu six fois député progressiste-conservateur tard bloquiste). lors d’élections générales et occupa trois postes de ministre sous deux premiers ministres. En Son sens de l’histoire, son intérêt pour 1985, il dut démissionner comme ministre des l’environnement – il avait été ministre de Pêches et des Océans dans la foulée du scan- l’Environnement – et sa connaissance du dale du thon avarié, n’ayant pas tenu compte rôle clé du Parlement et des institutions d’un avis selon lequel un million de boîtes de canadiennes l’amenèrent à vouloir renforcer thon étaient impropres à la consommation. la mission éducative du Parlement. Il créa le Service d’information publique de la Chambre L’élection du président au scrutin secret des communes, instaura le programme tenue en 1986 faisait suite à une modification environnemental La Colline verte, constitua apportée au Règlement de la Chambre en juin un groupe de travail sur l’accès et les perspec- 1985. John Fraser fut élu parmi 39 candidats, tives d’emploi des personnes handicapées après 11 tours de scrutin qui durèrent environ au Parlement, établit un programme de 11 heures. À la deuxième élection, en 1988, il coopération parlementaire avec les démocraties fut réélu au premier tour de scrutin sur une liste émergentes de l’Europe de l’Est et de l’Europe de 12 candidats, ce qui témoignait de la cote de centrale et publia en 1993 La Chambre des popularité acquise durant son premier mandat. communes en action.

Il rendit de nombreuses décisions dignes de Après avoir décidé de quitter la présidence et mention, notamment celle où il fustigeait le de ne pas se présenter aux élections générales gouvernement progressiste-conservateur pour de 1993, Fraser demeura actif dans les milieux avoir publié prématurément des annonces environnemental et militaire. Il fut nommé concernant la taxe sur les produits et services ambassadeur du Canada à l’environnement (TPS) en 1989, avant que le Parlement n’adopte par le premier ministre libéral Jean Chrétien la loi applicable. Il rejeta la tentative du gouver- (1994-1998) et il présida le Comité de surveil- nement pour clore le débat sur l’Accord de lance des changements au sein du ministère de EN 1990, JOHN FRASER S’EST FAIT LE libre-échange entre le Canada et les États-Unis la Défense nationale (1997-2003) et le Conseil PROMOTEUR DE LA COLLINE VERTE, UN signé en 1988 (et autorisa la Chambre à pour la conservation des ressources halieutiques PLAN D’ACTION DESTINÉ À RENDRE LA prolonger largement ses heures de séance). du Pacifique (1998-2005). CHAMBRE DES COMMUNES PLUS RESPECTUEUSE DE L’ENVIRONNEMENT.

73 © Collection de la Chambre des communes, Ottawa

NAISSANCE Mattawa (Ontario), 1935

DÉCÈS Toronto (Ontario), 2009

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Éducation

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1974 • Première élection à la présidence : 1994

PREMIER MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE • Jean Chrétien ARTISTE | David Goatley, 2001

74 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Gilbert Parent C.P., B.Sc., M.A., M.Ed. (1994-2001)

lu député libéral dans cinq élections et des votes par appel nominal utilisés comme Égénérales avant de présenter sa candida- tactique dilatoire. En mars 1998, le président ture à la présidence, Gilbert Parent succéda à dut rendre une décision sur l’acceptabilité des John Fraser en 1994; il est ainsi le deuxième petits drapeaux placés par certains députés du président à avoir été élu directement par les parti au pouvoir et de l’opposition sur leur députés. Il fallut pour cela six tours de scrutin pupitre en chambre pour protester contre – avec égalité des voix au cinquième – sur une une remarque d’un député du Bloc québécois période de sept heures. concernant le référendum national d’octobre 1992 sur l’Accord de Charlottetown. La Chambre formée par suite des élections de 1993 promettait d’être animée et de prêter à Ancien enseignant, Gilbert Parent fit de controverse. Parent avait devant lui 199 députés l’information du public une de ses priorités nouvellement élus et cinq partis politiques, dont pendant ses deux mandats. Avec Gildas Molgat, deux – le Parti réformiste et le Bloc québécois – président du Sénat du Canada, il fut l’élément venaient d’être reconnus à la Chambre. Au cours moteur de la mise sur pied du Forum des ensei- de cette période, les sentiments nationalistes gnantes et des enseignants sur la démocratie étaient exacerbés : on se demandait si le Québec parlementaire canadienne, stage annuel intensif pouvait se séparer, s’il pouvait accéder à de perfectionnement professionnel qui réunit l’indépendance politique tout en maintenant 85 enseignants exceptionnels venus de toutes une association économique avec le Canada. les régions du Canada pour se familiariser avec Initialement, le Bloc québécois, un parti les rouages du Parlement. Sous sa présidence, souverainiste, formait l’Opposition officielle en 2000, la Chambre des communes publia puisqu’il se classait au deuxième rang pour la première édition de ce qui allait devenir le nombre de sièges. Parent eut par la suite à l’ouvrage par excellence sur les précédents décider qui, du Parti réformiste ou du Bloc et les règles de procédure, La procédure et les québécois, formerait l’Opposition officielle, le usages de la Chambre des communes, rédigé sous jour où il y eut égalité des sièges entre eux par la direction du greffier et du sous-greffier. suite d’une démission et d’une mort subite. Il eut également à trancher une foule d’autres ANCIEN ENSEIGNANT AU NIVEAU SECONDAIRE, questions, entre autres celle de la recevabilité GILBERT PARENT JOUA UN RÔLE DÉTERMINANT des amendements (des centaines dans un cas) DANS L’EXPANSION DES ACTIVITÉS DE SENSIBILISATION DU PUBLIC AU PARLEMENT.

75 © Bibliothèque du Parlement

NAISSANCE Kingston (Ontario), 1946

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE Droit

AFFILIATION POLITIQUE Libéral

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 1988 • Nominations : vice-président des comités pléniers, 1996-1997; vice-président de la Chambre et président des comités pléniers, 1997-2000 • Première élection à la présidence : 2001

PREMIERS MINISTRES PENDANT SA PRÉSIDENCE •Jean Chrétien •

PHOTOGRAPHE | Couvrette/Ottawa, 2003

76 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes Peter Andrew Stewart Milliken B.A., M.A., LL.B. (2001-2011)

eter Milliken fut le président de la affaires parlementaires et son sens de l’humour PChambre des communes du Canada à lui furent très utiles pour traiter avec trois avoir exercé cette fonction le plus longtemps; premiers ministres et leurs partis de même il fut en poste pendant 3 776 jours, ce qui qu’avec une Chambre qui se montra indis- représente 10 ans et 4 mois. Élu pour la pre- ciplinée pendant trois législatures, au cours mière fois à la présidence en 2001, il fut réélu desquelles le gouvernement était minoritaire. sans opposition en 2004, puis élu de nouveau en 2006 et en 2008 (première année où les Son expertise parlementaire l’aida à prendre candidats prononçaient un discours). Député certaines décisions difficiles. Le 19 mai 2005, libéral, Milliken fut aussi l’un des deux seuls par exemple, il dut voter sur une motion de présidents membres d’un parti de l’opposition, confiance afin de briser l’égalité des voix, ce qui l’autre étant James Jerome (1974-1980). était un précédent pour la présidence. De 1867 jusqu’à la fin du mandat de Milliken, les prési- Milliken s’intéressait depuis longtemps à la dents n’avaient voté que dix fois en raison d’une politique et à la procédure parlementaire. égalité des voix; or Milliken le fit dans cinq de Il n’avait que 15 ans lorsqu’il assista à une ces cas. Le 27 avril 2010, il rendit une décision assemblée d’investiture libérale : celle d’Edgar cruciale, dans laquelle il confirmait le droit Benson; il fit d’ailleurs campagne en faveur absolu de la Chambre d’ordonner la production de celui-ci aux élections fédérales de 1962, où de documents et concluait que la non-exécution Benson remporta la victoire. C’est aussi à peu de l’ordre par le gouvernement constituait un près à cette époque que Milliken s’abonna cas évident d’atteinte au privilège. Les parties au hansard, lecture peu commune pour un arrivèrent à trouver une solution. adolescent. Peter Milliken se démarqua du fait qu’il fut Élu pour la première fois à la Chambre des le premier à présider quatre législatures, communes en 1988, il fut réélu à toutes les dont trois où le pouvoir était aux mains de élections générales, jusqu’en 2011, moment gouvernements minoritaires – un libéral et où il décida de se retirer de la vie politique. deux conservateurs. Étant l’un des meilleurs Il siégea à divers comités sur la procédure et spécialistes de la procédure élus à la présidence, exerça la vice-présidence de la Chambre de il était bien placé pour affronter les défis que SA THÈSE DE PREMIER CYCLE À L’UNIVERSITÉ 1997 à 2000. Son intérêt certain pour les présente pareil contexte. QUEEN’S AVAIT POUR THÈME LA PÉRIODE DES QUESTIONS DE 1960 À 1967.

77 © Chambre des communes

NAISSANCE Ottawa (Ontario), 1979

SECTEUR D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE assurances

AFFILIATION POLITIQUE conservateur

CARRIÈRE POLITIQUE • Première élection à la Chambre des communes : 2004 • Nominations : Vice-président adjoint des comités pléniers, 2006–2008; Vice-président et président des comités pléniers de la Chambre des communes, 2008–2011 • Première élection à la présidence : 2011

PREMIERS MINISTRE PENDANT SA PRÉSIDENCE •Stephen Harper

PHOTOGRAPHE | Bernard Thibodeau, 2011

78 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes L’honorable Andrew Scheer B.A. (2011- )

eux semaines après son 32e anniver- après plus de six ans, de nombreux observateurs Dsaire de naissance, Andrew Scheer espèrent que l’on relèvera le niveau du débat et a été élu à la présidence de la Chambre des qu’il y aura plus de discipline et de courtoisie communes. Il est le plus jeune de l’histoire du à la Chambre. Considérant l’affabilité et Canada à occuper ce poste. Malgré son jeune l’expérience comme importantes, Scheer a âge, Scheer possède une vaste expérience, ayant promis de faire preuve à la fois de diplomatie et occupé l’un des trois postes de vice-présidents de fermeté pour établir le ton à la Chambre. depuis 2006 et celui de président des comités pléniers depuis 2008. Andrew Scheer et son épouse, Jill, ont quatre enfants : Thomas, Grace, Madeline et Henry. Alors qu’il était encore à l’université, Scheer a travaillé sur la Colline du Parlement, au bureau du chef de l’Opposition. Il a ensuite déménagé en Saskatchewan, où il a terminé ses études à l’Université de Regina. Il a été élu pour la première fois à la Chambre des communes en 2004, à l’âge de 25 ans, puis réélu en 2006, 2008 et 2011.

Scheer était l’un des huit candidats à la présidence, le 2 juin 2011, et l’a remporté au sixième tour de scrutin. Dans son discours devant les parlementaires avant l’élection, il a souligné la nécessité de rehausser le décorum à la Chambre, faisant référence à l’atmosphère « toxique » qui régnait depuis quelques années. Avec l’arrivée d’un gouvernement majoritaire

ANDREW SCHEER EST LE PREMIER DÉPUTÉ DE LA SASKATCHEWAN À ÊTRE ÉLU À LA PRÉSIDENCE DE LA CHAMBRE DES COMMUNES.

79 Autres ouvrages recommandés

80 Les PRÉSIDENTS de la Chambre des communes Bach, Stanley. « The Office of Speaker in Hamilton, David. « La liberté de parole et la Reimer, Neil. « Parliamentary Culture and Comparative Perspective », Journal of Legislative fonction de président », Revue parlementaire Reform: Electing the Speaker by Secret Studies, vol. 5, no 3-4, automne-hiver 1999, canadienne, vol. 21, n o 1, printemps 1998, Ballot », The Parliamentarian, vol. 76, p. 209 à 254. p. 7 à 10. octobre 1995, p. 329 à 334.

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