Le Musée Des Merveilles (Wonderstruck)
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METROPOLITAN FILMEXPORT présente Une production Amazon Studios Un film de Todd Haynes LE MUSÉE DES MERVEILLES (WONDERSTRUCK) Oakes Fegley Julianne Moore Michelle Williams Millicent Simmonds Jaden Michael Tom Noonan Scénario : Brian Selznick, d’après son roman Un film produit par Christine Vachon, Pam Koffler et John Sloss Durée : 1h57 Sortie nationale : le 15 novembre 2017 Vous pouvez télécharger le matériel du film sur : metrofilms.com Distribution : Relations presse : METROPOLITAN FILMEXPORT MOONFLEET 29, rue Galilée - 75116 Paris Jeŕ ô me Jouneaux Tél : 01 56 59 23 25 Elodie Avenel Fax : 01 53 57 84 02 Tél : +33(0)1 53 20 01 20 [email protected] [email protected] [email protected] 1 L’HISTOIRE Adapte ́ du roman de Brian Selznick, l’auteur de HUGO CABRET, LE MUSÉE DES MERVEILLES suit sur deux époques distinctes les parcours de Ben et Rose. Ces deux enfants souhaitent secrètement que leur vie soit différente ; Ben rê ve du père qu’il n’a jamais connu, tandis que Rose, isoleé par sa surdite,́ se passionne pour la carrière d’une mystérieuse actrice (Julianne Moore). Lorsque Ben decouvré dans les affaires de sa mère (Michelle Williams) l’indice qui pourrait le conduire à son père et que Rose apprend que son idole sera bientô t sur scène, les deux enfants se lancent dans une quête à la symétrie fascinante qui va les mener à New York. 2 RENCONTRE AVEC TODD HAYNES Racontez-nous comment vous avez découvert le livre Wonderstruck de Brian Selznick… Sur HUGO CABRET, l’adaptation par Martin Scorsese d’un autre de ses livres, Brian avait travaillé avec mon amie Sandy Powell, chef costumière sur tous mes films. Au cours d’une discussion informelle sur les réalisateurs susceptibles de s’atteler au film, Sandy avait cité mon nom et Brian, qui connaissait bien mes films, avait aimé l’idée. Je l’ai ensuite rencontré à l’expo David Bowie, à Chicago, au cours d’une conférence à laquelle je participais en tant que réalisateur de VELVET GOLDMINE. J’étais alors focalisé sur CAROL, mais cette première rencontre m’a donné le temps de lire le scénario, puis le livre. Dans cet ordre, puisque Brian avait déjà écrit l’adaptation ! Le livre est vraiment une œuvre magnifique. Selznick joue sur les perceptions en racontant d’un côté en prose l’histoire de Ben, le garçon des années 70, et de l’autre celle de Rose, la jeune fille de 1927, en grandes pages dessinées. Les deux modes de représentation et de narration s’intercalent, et cette alternance force le lecteur à combler les vides, à sentir les silences, à s’identifier de manière très subtile à l’expérience de ces personnages frappés de surdité. C’est une expérience complexe et exigeante pour le lecteur, qui doit négocier entre deux façons d’appréhender l’œuvre qu’il tient entre ses mains, créer lui-même des liens, les évaluer, interpréter constamment les intersections entre les deux formes. Vous transposez cela en optant pour une alternance entre cinéma couleur et sonore (la partie qui se passe dans les années 70) et cinéma muet noir et blanc (la partie années 20). Cette intuition était déjà présente dans le script de Brian. Il avait trouvé là un équivalent purement cinématographique au procédé du livre, qui joue sur le montage. Cette adaptation était clairement l’œuvre d’un homme qui connaît intimement le cinéma et qui intègre le médium à sa façon d’écrire. Au fond, le côté « cinéma muet » est déjà inscrit dans le livre lui-même, où les passages dessinés sont en noir et blanc et sans bulles, donc racontés par les images laissées à elles- mêmes. De plus, Rose est passionnée de cinéma et l’intrigue se déroule au moment du passage au parlant. C’est l’un des éléments les plus réussis du concept : devant un film muet, la jeune fille sourde est à égalité avec le reste du monde. Mais devant un film parlant, elle se retrouve seule, coupée de cette sensation qu’elle pouvait partager avec les autres. Quelle belle idée ! On découvre une première fois Rose au cinéma, bouleversée devant un film muet, au même titre que les autres spectateurs. Mais à la sortie de la salle, elle se retrouve face aux camions qui livrent les équipements du parlant. Elle est stupéfaite et horrifiée. 3 Les thèmes de la transmission et de l’aliénation vus à travers l’évocation de l’histoire du cinéma, c’est du pur Todd Haynes ! Oui, à la lecture du scénario, c’en était presque troublant. Mais en même temps, Brian œuvre dans le roman graphique pour la jeunesse et ça, c’était très nouveau pour moi, l’occasion de travailler sur des idées qui me passionnent, tout en faisant honneur à l’imagination des enfants, comme sujets et public potentiel. Cette histoire de deux enfants frappés de surdité qui font le geste fou de s’enfuir pour aller seuls à New York, on est en plein dans un film d’aventures et de mystères, rempli de rebondissements et de coïncidences. Formellement, le film est presque expérimental, mais il se fonde sur le principe que les jeunes spectateurs pourront y accéder, s’adapter aux différents modes de narration – ce qu’ils font d’ailleurs de manière plus intuitive que des spectateurs adultes. J’ai pour habitude d’organiser des projections de mes films à différents stades du montage. Dans le cas du MUSÉE DES MERVEILLES, j’ai fait en sorte que des enfants soient présents à chacune de ces projections. Leurs retours m’ont beaucoup appris. On projette des tas d’idées fausses sur eux. On décide qu’ils sont « doux » ou « sentimentaux, » mais c’est faux. Cela aurait même tendance à les faire rigoler qu’on puisse penser cela à leur sujet. Ils sont attirés par les histoires d’orphelins ou d’enfants confrontés à des circonstances difficiles, parce que cela fait écho à leur propre rapport au monde et à leurs propres tourments. Les meilleures œuvres pour enfants sont sombres et dangereuses, il n’y a nul besoin d’édulcorer quoi que ce soit. Ce sont des êtres complexes qui peuvent gérer des émotions complexes. Vous considérez donc LE MUSÉE DES MERVEILLES comme un film pour enfants ? J’ai décrit le film comme un « acid trip for kids » : il y a deux histoires qui s’entremêlent, s’emmêlent, quelque chose de mystérieux et d’étrange se produit, aux intersections des deux univers, à la limite d’une altération de nos perceptions spatio- temporelles. Le fait que les deux héros soient sourds et perçoivent donc le monde de manière parcellaire a un impact direct sur la façon de regarder le film, de ressentir les silences, les musiques, en particulier le contraste entre la surdité de Ben et le brouhaha de la partie 70’s. Au cours de mes projections, les enfants étaient attentifs, ils captaient tout. Pourtant, on est dans un film sans haute technologie ni aucun des gadgets rutilants du monde contemporain qui les fascinent tant. Au contraire ! On montre dans le film des personnages qui utilisent leurs mains pour fabriquer des objets, des personnages qui parviennent à trouver les réponses aux questions existentielles, intimes ou métaphysiques qui les agitent grâce à leur intuition créative. Vous êtes un spécialiste des reconstitutions, tous vos films y ont recours. Cette fois, il y en a deux ! Vous avez tourné en deux fois ? Non, il n’y a eu qu’un seul tournage. Tout était très compliqué parce qu’il fallait tenir compte des limitations de temps liées au fait de tourner avec des enfants. La seule façon de gérer cette équation était de tourner un peu des deux histoires chaque jour. Il fallait donc gérer la reconstitution des années 70 et recréer un monde années 20 au coin de la même rue, ce qui était un formidable défi logistique. Quand 4 on pense à tout ce qu’il faut gérer en termes de décors, voitures, backgrounds, costumes, coiffures, tous les petits détails nécessaires pour faire exister une époque à l’écran, c’est déjà une folie. Mais deux ? Au même endroit ? Sans oublier les difficultés liées au fait de tourner au Muséum d’histoire naturelle de New York : on avait l’autorisation, mais seulement pour les week-ends et à condition de ne rien laisser sur place. Il fallait tout déballer et tout remballer chaque jour. La reconstitution, l’attention fétichiste aux détails, le thème de la transmission, le passé recomposé à partir de formes artistiques anciennes… tout cela renvoie aux aspects les plus théoriques de votre travail. Mais malgré les artifices, LE MUSÉE DES MERVEILLES est aussi votre film le plus ouvertement émotionnel. Dans ma carrière, j’ai souvent travaillé sur l’artifice pour commenter des façons artificielles d’assumer une identité. C’est un thème qui me passionne. Parfois, on croit que tout doit être « réaliste » pour toucher à de vraies émotions, mais je crois au pouvoir des artifices, à la façon dont ils permettent d’ouvrir un dialogue entre le public et l’écran, en créant des dissonances, des ruptures qui nourrissent le propos et les émotions. Utiliser la palette ou la manière des mélodrames de Sirk ou Fassbinder ou encore le look des photos de Ruth Orkin pour CAROL, me permettait de créer ce type de dialogue. Ici encore, j’ai revu pas mal de vieux films muets ou des années 70, il est difficile d’imaginer deux idées esthétiques plus tranchées ! Mais j’ai aussi revu pas mal de films pour enfants et des films bâtis sur un montage sophistiqué.