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ENQUÊTE SUR LES MARQUES DE PRÉÉMINENCE PLACÉES DANS LES ÉGLISES DE PLUNERET, DE PLUMERGAT ET DU CORNÉVEC (1658) La petite seigneurie du Quenhuen (aujourdhui Quenven, en la commune de Pluneret), qui sétendait dans les paroisses de Pluneret et de Plumergat, com- prenait au milieu du XVP siècle : le manoir du Quenhuen avec sa chapelle, sa fuie et son moulin, trois métairies situées près du château et quelques tenues. Elle faisait partie du domaine du Roi sous la juridic- tion dAuray et appartenait à la famille du Rohello ou Rochello qui tirait son nom de la terre du Rohello en Baden. Le premier membre connu de cette famille est un Jean du Rohello qui comparut à la montre de 1427(l). Quelques droits honorifiques dépendaient de la sei- gneurie du Quenhuen; les sieurs du Rohello possédaient: « en léglize parroisialle de Pluneret,en la première chap- pelle cloze dicelle du costé de lévangile, anciennement fondée de sainct Gildas, et à présent de sainct Roch et sainct Sébastien, privative audit du Rohello avecq en- (1) En ce qui concerne la généalogie de cette famille, voir D LESTOURBEILLON: La Noblesse de Bretagne, u, p. 85; et POTIER D5 CQPRCr: Armoriai de Bretagne, xi, 347. 4i) \ Document II il II J! I! Iii 1111111 111 III Iii! 0000005568321 2 ENQUÈTE SUR LES MARQUES DE PRÉÉMINENCE feux et armoiryes en icelle. Et dans le bourg de Pleumer- gat une chapelle privative à tous aultres, fondée de monsieur sainct Servaye, icelle estant bastye en la terre dudit sieur du Rohello et en laquelle il a tous les droictz (t) . Ces droits de prééminence pour lesquels Julien du Rohello fit aveu au Roi en 1653, nayant pas été considérés comme sufffsamment justifiés, furent supprimés par sentence du 14 décembre 1657, et une enquête fut ordonnée par la Chambre des Comptes de Bretagne, en 1:658. Les seigneurs, très jaloux de leurs prééminences, sarrogeaient en effet fort souvent des droits quen réalité ils ne possédaient pas. Les commis- saire chargés dinstruire ces causes se rendaient sur le terrain, décrivaient les lieux où ils passaient, les égli- ses, les chapelles, interrogeaient les personnes quils rencontraient et consignaient dans leurs procès-ver- baux une quantité dobservations souvent très curieu- ses. Lors de la Réformation de 1678, les sentences des commissaires chargés de la confection du Papier ter- rier déboutèrent nombre de fois les seigneurs de leurs prétentions mal fondées. Ces enquêtes et ces sentences offrent dautant plus dintérêt quelles contiennent la plupart du temps la description de monuments disparus aujourdhui, ou toujours mutilés; ces documents de- viennent donc des sources des plus intéressantes pour lhistoire locale et larchéologie. Les monuments décrits dans lenquête sur les préé- minences du seigneur du Quenhuen, sont au nombre de trois: la chapelle Saint-Servais à Plumergat, celle du Gornevec, en Plumergat, et léglise de Pluneret. Chapelle Saint-Servais. - Quelques mots seule- ment sur ces trois édifices dont nous emprunterons la description à Rosenzweig. Lauteur du Répertoire archéo- (1) Arch. Loire-Inf. B 940, 10. PLACÉES DANS LES ÉGLISES 3 logique du Morbihan la décrit ainsi : Grand et moyen appareil. Forme rectangulaire ; contre-forts simples, inachevés, crosses aux rampants du toit. Corniche-lar- mier. Au-dessus du portail occidental, clocheton carré surmonté dune flèche polygonale et flanquée de pilas- tres à pinacles, le haut en pierre. Portes simples à plein cintre... Fenêtres simples à cintre brisé; celle du fond du choeur très large, aujourdhui bouch&(l). » La clo- che de cette chapelle fut baptisée en 1633 et eut pour parrain Julien du Rohello, seigneur du Quenhuen (2). Chapelle du Gornévec. - Cette chapelle de la se- conde moitié du XVIO siècle, a la forme dune croix la- tine. Les portes, à anse de panier, sont surmontées darcs en accolade à chou et crosses; les fenêtres sont garnies de meneaux flamboyants. On distingue encore, à la fe- nêtre du transept du nord, deux blasons: un dargent â un arbre de sinople fruité dor (armes de Trépézec) 3); lau- tre écartelé aux I et 4 dargent à un arbre, etc. au 2, dazur à une fasce dargent accompagné de trois roitelets dor (armes de Laouenan); au 3, dargent à trois coeurs de gueules, 2, 1(4). Eglise de Pluneret. - Léglise Saint-Pierre de Plu- neret offre la forme dune croix latine. La nef du XI" siècle se compose de cinq travées et est séparée des bas côtés par des arcades romanes en plein cintre retom- bant sur des piliers carrés. Ce monument porte la trace de remaniements considérables de-çXIIP, XVa et XVP siècle (1)RosErzwG Rpert. arch. du Morbihan, p. 10. (2) Arch. du Morbihan, E suppl. 78. (3) La famille de Trépezec possédait en Plumergat la seigneurie de Saint-Ouen. (é) ROSENZWEIG, id. p. 11. 4. ENUETh SUR LES MARQUES DE IEEM1NENCE PROCÈS-VERBAL (1) FAIT PAR MONSIEUR DE KERIAVAL-LE GOUVELLO DES PRÉÉMINENCES PRTENDUES PAR LE SIEUR DU QUENHUEN AUX JGLISES DE PLUNERET ET DE PLUMERGAT, 30 SEPT. ET le OCT. 1658. Renault Le Gouvello, escuyer, sieur de Kerriaval, conseiller du Roy et maistre de ses comptes en Bretaigne, sçavoir faisons que ce jour 30e septembre 1658, estant en nostre maison de Conleau, paroisse de St-Pater proche la ville de Vennes, nous seroit venu trouver Jullien du Rohello (2), escuyer, sieur du Quenhuen, assisté de maistre Henri Le Verger, son procureur qui nous a remonstré que pour cause de saditte maison du Quenhuen, sittuée en la paroisse de Pluneret soubz la juridic- tion dAuray, il aurait présenté ladveu, mineu, desbornement des terres, rentes et hérittages, autres droicts que prééminen- ces despendans dicelle, à la Chambre des Comptes dépaïs, laquelle auroit renvoyé ledit adveu à la cour dAuray pour estre publié, et le tout ayant esté raporté à laditte Chambre, auroit été ordonné quicelluy sieur du Quenhuen iniformeroit des droicts de prééminences qui lui apartiennent à cause de saditte terre aux parroisses de Pluneret et de Plumergat par devant le premier de messieurs les conseillers et maistres de laditte Chambre trouvé sur les lieux; en exécution de quoy nous avons ce jour présenté la requeste et requis par icelle vouloir décendre aux esglizes desdittes parroisses de Pluneret et Plumergat pour faire procès-verbal. PLUMERGAT Après avoir appelé pour nostre adjoint maistre Jacques Geffroy, commis au greffe civil et criminel de la cour dAuray, aurions monté à cheval, et en compaignie dudit sieur du Quenhuen, Le Verger son procureur, et de nostre adjoaint, (1) Extrait des Archives de la Loire-Inférieure, B 940, 10. (2) Julien du Rohello, propriétaire de la terre du Quenhuen en 1658, était fils dAlain du R., écuyer, et de Marguerite Le Goff. Il épousa Jeannes de Vannes; il mourut en 1679. PLACÉES -DANS LES ÉGLISES 5 conduitz par ledit Le Verger, sommes transportés au bourg dudit Plumergat où y estauz mips piedz à terre, nous avoit ledit Le Verger faict entrer en une chapelle dédyée à monsieur sainct Gervais (1), sittuée audit bourg, laquelle chapelle il a dit avoir employé en son adveu comme privative à tous autres et battie en son fondz. Et entrés au coeur dicelle, nous a faict voir en la maîtresse vitre, derrière le grand autel, deux escus- sons de geules à une fleurs de lys dor portant sur deux fleurons à deux aigrettes dargent armées et béquées dor (2) que ledit sieur du Quenhuen a dit estre ses armes. Nous a aussi faict voir deux pierres de tuffaux au coeur de laditte esglize quil a dict aussi estre pour mettre ses armes et placer en lattente, que nous avons remarqué au desus de la porte et entrée principale dicclle. Et à lendroict, ledit sieur du Quenhuen, pour jus- tiffier des droicts quil a en laditte esglize comme fondateur dicelle, a faict comparoir devant nous comme tesmoins sçavoir: messire Jean Leduc, prebtre, messire Pierre Le Guilloux, aussi prebtre, Jullien Danielle, Louis Leroux et Charles Le Petitcorps, à laudition desquels avons vacqué. § 2. - LE GORNÊVEC (3). Et ce faiet, sommez de compaignie transportés en la cha- pelle du Gornévec, parroisse dudit Plumergat, ou ledit sieur du Quenhuen a dict y avoir quelques escussons de ses armes aux vitres de laditte esglize. Et y estants et entrés en laditte esglize, au coeur dicelle nous a faict voir en la maîtresse vitre de laditte chapelle, dans le bas, au troiziesme soufflet, un escusson portant les armes pleinnes dudit sieur du Quenhuen, et au quatriesme un escu mi parti : au premier canton, dargent (1) Cest de la chapelle Saint-Servais et non Saint-Gervais quil sagit. (2) Les armes des seigneurs du Quenhem étaient: de gueules & deux aigles affrontées dargent, armées et becquées dor soutenues dune grande fleur de lys, chaque aigle sur cha qua des bras de la fleur de lys (arrêt du 4 février 1669.) (3) Hameau de la commune de Plumergat. 6 ENQUÊTE SUR LES MARQUES DE PRÉÉMINENCE à une fasse de sable chargé de trois coquilles dargent (1.), et au second: dazur à une dramadoure dargent (2), au troisiesme : de gueules à trois fers de lances dargent avec leur garniture (3), au dernier canton : de sable à une bordure dargent chargé de trois coquilles dargent, deux en cheff et une en pointe (4), et au milieu dudit escusson les armes pleinnes dudit sieur du Quenhuen. Plus, avons vu en la vitre de la chapelle de sainct Anthoine, au premier paneau, les armes pleinnes du Quenhuen; dans le second, un écusson mi parti, au 1er canton celles dudit sieurdu Quenhuen, et au second, de sable à une demi bordure dargent chargé dune coquille et demi dargent. Au bas de laditte vitre avons vu un seigneur du Quenhuen, comme a dict ledict sieur, revestu de sa cotte darmes avecques son casque; et, dans le troisième soufflet, une femme agenouillée, aïant sur sa cotte un escu mi parti: le 1" de Quenhuen, cl lautre de sable bordé dargent chargé dune coquille et demi dargent.