Jean Royer 1974 : Objectif Élysée !
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Il a été tiré de ce livre 1.530 exemplaires, dont 30 exemplaires numérotés, constituant l'édition originale : - de 1 à 15, réservés à l'Auteur. - de 16 à 30, réservés à l'Éditeur. JEAN ROYER 1974 : OBJECTIF ÉLYSÉE ! Christian GARBAR préface de Pierre AVRIL le Clairmirouère du Temps i Ce livre est édité par l'Association Le Clairmirouère du Temps (B.P. 85 - 41004 Blois Cedex), Association régie par la loi de 1901 et dont l'objet est " l'étude et la diffusion de l'histoire et des cultures régionales Bureau de l'Association : Hugues de FROBER VILLE, Pierre LARMANDE. A VER TISSEMENT DE L'ÉDITEUR La publication par LE CLAIRMIROUÈRE DU TEMPS de ce livre sur la campagne de Jean RO YER ne manquera pas de susciter étonnement et questions. Il est certain que les premiers ouvrages édités par notre Association ont un caractère très historique, qui ne disposait guère à prévoir un sujet aussi actuel que celui-ci. Pourtant, ceux qui voudraient voir dans ce livre un geste de nature politique se trompent lourdement : le travail de Christian GARBAR est d'abord, comme se plaît à le souligner Pierre A VRIL, un travail scientifique. C'est une étude sociologique et psycholo- gique d'un événement politique récent : à ce titre, ce livre est une œuvre d'historien, même s'il s'agit ici d'histoire " à bout portant ". Il eût été sans doute plus confortable d'attendre que, le temps ayant fait son œuvre, cette étude perde de son caractère actuel. Mais c'eût été prendre le risque que disparaisse un document sur ce qui aura tout de même été un temps capital de la vie de notre ville. C'est pourquoi, fidèles à la vocation du CLAIRMIROUÈRE DU TEMPS, nous avons pris l'initiative d'éditer ce livre. Et nous savons que les Tourangeaux sauront y trouver l'essentiel : des clefs pour comprendre des événements qu'ils ont vécus. Le livre de Christian GARBAR est donc, pour nous, une première pierre. Nous pensons qu'il sera suivi de beaucoup d'autres qui soient autant de témoignages sur la richesse de la vie en Touraine. Pierre LARMANDE Le Clairmirouère du Temps. A Titou. Ce livre n'aurait pu être écrit sans les entrevues accordées et les informations et documents fournis par de nombreuses personnes, acteurs ou simples observateurs de ces événements. Qu'elles en soient très sincèrement remerciées. PRÉFACE L'étude que Christian GARBAR consacre à la tentative de Monsieur Jean ROYER en 1974 présente un intérêt permanent, mais elle revêt une particulière actualité au moment où s'ouvre la nouvelle campagne présidentielle. Tout d'abord, le rappel de l'inquiétude que provoqua, chez les autres candidats et chez leurs partisans, l'initiative du maire de Tours, n'est pas sans évoquer des réactions que l'on peut observer aujourd'hui ; il attire surtout notre attention sur la part d'inconnu qui est inhérente à une entreprise de ce type. Les sondages sont incapables d'en dissiper l'incertitude parce qu'une campagne - faut-il énoncer cette évidence ? sert à quelque chose : la conception et la réalisation d'une straté- gie constituent des facteurs au moins aussi importants que le capital de notoriété et le volume de suffrages potentiels dont un candidat dispose au départ. Il se trouve, l'auteur le souligne, que Monsieur Jean ROYER occupait à cet égard une position originale. Il se distinguait du ministre technicien, courant sous la Ve République, par sa dimension politique propre. N'avait-il pas été appelé au gouvernement pour remplir une mission de caractère politique, qui était de servir d" 'amortisseur" aux tensions provo- quées par l'aventure industrielle dans laquelle Georges POMPIDOU engageait la France ? L'expression d"'amortisseur" est de Pierre GREMION qui l'applique à cet autre élément du dispositif alors mis en place : la politique menée par Monsieur MARCELLIN en matière de collectivités locales (1). Pour apaiser les alarmes que la modernisation rapide de l'appareil de distribution faisait naître dans un secteur névralgique de la clientèle majo- ritaire, et éviter que les grandes surfaces ne provoquent la répétition de l'explosion pouja- diste de 1956, il fallait jeter du lest en faveur des artisans et des commerçants. Le ministre s'acquitta de cette mission (trop bien, pensent certains), au point que, s'ajoutant à la répu- tation qu'il tenait déjà de sa croisade vertueuse, il y trouva l'espoir d'une " dimension nationale ". Peut-être ne voyait-il pas qu'il ne représentait qu'une seule des deux faces d'une poli- tique globale, la face traditionaliste, et que cette limitation classait du même coup sa can- didature dans une catégorie que l'on connaît bien désormais : celle des candidatures de témoignage. Il partait de ce fait avec un handicap que la campagne ne fit que creuser. Il ne faut pas oublier en effet que si le medium est évidemment nécessaire, il ne remplace pas le message. (1) Dans l'ouvrage collectif dirigé par H. MENDRAS, La Sagesse et le Désordre, Gallimard 1980. Reste la politique comme spectacle. Sous ce rapport, le maire de Tours ne fut pas heu- reux. Il ne faut pas s'hynoptiser sur les vices de marketing politique, qui ne fait après tout que systématiser et rationaliser des pratiques aussi vieilles que les élections elles-mêmes, mais il y avait ici une différence d'échelle qui lui fut fatale : il ne suffit pas de transposer, en plus grand, ce qui a réussi dans une circonscription ordinaire, car la circonscription qui se joue et où tout se joue, c'est ici la France entière. Comme l'observe l'auteur, Monsieur Jean ROYER a abordé cette compétition avec son expérience de notable bien implanté, alors qu'il ne se trouvait plus à l'échelle humaine de la ville de Tours ni à celle des réunions corporatives où il faisait merveille. Cette fois la communication personnelle ne passait plus car les techniques artisanales du député-maire n'étaient plus à la dimension de l'entreprise. Actuelle, cette étude l'est donc incontestablement, mais elle le doit sans doute à la démarche qui fut initialement la sienne : celle d'un travail universitaire qui, parce qu'il dépasse les préoccupations de l'instant, s'assure le bénéfice de la durée et peut prendre rendez-vous avec l'avenir. Pierre AVRIL Professeur à l'Université de Paris X - Nanterre " Vous croyez que le bien, c'est la lumière et que l'ombre, c'est le mal. Mais où est l'ombre, où est la lumière Henri-Georges CLOUZOT Le Corbeau. AVANT-PROPOS Ce livre n'est ni une apologie ni un pamphlet. Une apologie supposerait une adhésion aux idées de Jean ROYER. Or la vision du monde de celui-ci, du moins telle qu'elle apparaît dans le programme de l'ancien candidat de 1974, est totalement étrangère à la mienne. On le constatera en lisant cet ouvrage, consacré à un homme qui croit à la collaboration har- monieuse des classes sociales et au juste milieu, notions que je considère comme totale- ment illusoires. Mes références sont davantage à rechercher du côté de ceux qui dénoncent justement de tels mythes. Le pamphlet excluerait toute sympathie pour l'homme. Or il est difficile, pour qui connaît Jean ROYER, même s'il se situe aux antipodes de sa pensée, de ne pas éprouver un tel sentiment en sa présence. La passion qu'il met en toute chose, sa sincérité, qui tend vers une naïveté souvent fatale dans la vie publique où même les petits politiciens de pro- vince s'essaient à singer Machiavel, sont deux qualités qui le rendent attachant. Elles font passer à l'arrière plan ses tendances plus connues à l'intransigeance et à l'autoritarisme. On comprend pourqùoi je ne distille ni le fiel ni le miel. Mais si louanges et invectives sont exclues de ce livre, c'est aussi et surtout parce qu'il a été écrit d'après un travail de recherche universitaire. Il reprend les conclusions d'un mémoire de Diplôme d'Études Approfondis (D.E.A.) de Science Politique, soutenu en 1978 à l'Université de Paris X, sous la direction de Pierre AVRIL. Or la loi du genre est connue : elle ignore les outrances, dans l'éloge comme dans la critique. Elle exige que l'auteur rapporte des faits et en donne une interprétation. En l'espèce il s'agissait de reconstituer le plus fidèlement possible la campagne présidentielle de Jean ROYER, à par- tir de documents - rares - et de témoignages - nombreux, mais plus fragiles. Il fallait ensuite vérifier une hypothèse : on ne s'improvise pas candidat à l'élection présidentielle, surtout lorsqu'on n'est pas soutenu par un parti politique d'envergure nationale. Cette idée paraît banale, mais sa banalité ne ressort qu'après l'élection : au début de la campa- gne Jean ROYER ne faisait-il pas figure d'outsider ? Il était donc tentant de choisir le maire de Tours, candidat isolé s'il en est, pour démontrer ce théorème politique. Il faut se garder toutefois d'attribuer à mes conclusions une trop grande portée. En matière de sciences humaines , une loi n'a jamais la précision d'une loi scientifique et 1'"épopée" malheureuse de Jean ROYER n'est pas un modèle indéfiniment valable. Ainsi la télévision - cette drogue des temps modernes - ne transformera-t-elle pas dans l'avenir les conditions de réussite, en réduisant le rôle des partis et en redonnant une chance aux candidats "indépendants" ? Encore faudrait-il maîtriser parfaitement ce mode d'expression, ce que Jean ROYER n'a pas su faire en 1 9 7 4 Pour l'heure, à moins de 6 mois de l'échéance de 1981, on peut effectivement affir- mer, avec les nuances nécessaires, que les règles actuelles d'organisation de l'élection prési- dentielle, plus sévères encore qu'en 1974, ainsi que les conditions générales de notre vie politique, ôtent toute chance de réussite aux candidats marginaux..