Last Action Hero (Le Dernier Des Héros) André Caron
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Document généré le 23 sept. 2021 14:36 Séquences La revue de cinéma Last Action Hero (Le Dernier des Héros) André Caron Numéro 165, juillet–août 1993 URI : https://id.erudit.org/iderudit/59521ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La revue Séquences Inc. ISSN 0037-2412 (imprimé) 1923-5100 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu Caron, A. (1993). Compte rendu de [Last Action Hero (Le Dernier des Héros)]. Séquences, (165), 44–46. Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 1993 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ excellence, Le Voleur de bicyclette de à un phare de motocyclette qui Last Action Hero Vittorio de Sica. La caméra s'occupe à avance seule dans la nuit chinoise. prendre le pouls de la foule d'un En fait, malgré des moyens limités, Pour devenir l'homme le mieux village, au moment où finit par en le cinéaste continue de débusquer payé d'Hollywood et atteindre le émerger Qiu Ju. Aidée par sa jeune l'originalité au gré d'images visant au statut de superstar à travers le monde, belle-soeur, elle transporte en maximum d'impact dramatique. Avec Arnold Schwarzenegger n'a sûrement charrette son mari chez le docteur. Ce une caméra fixe, il utilise pas fait preuve d'humilité. Il a façonné dernier a été battu par le chef du constamment la profondeur de champ son image avec autant d'acharnement village à la suite d'un échange de et les arrière-plans, afin de rendre et de persévérance qu'il en a mis à propos impolis entre les deux compte de la complexité des développer son imposante hommes. situations et accroître leur musculature. La vedette doit posséder A partir de cette introduction, où il vraisemblance. Zhang Yimou nous un ego à la mesure de son succès. est surtout question de couiIles délivre ainsi de l'hégémonie du gros Car, autrement, comment expliquer la enflées, Zhang Yimou dresse un plan américain, en insufflant dans le popularité, aux États-Unis comme tableau de la Chine d'aujourd'hui et cadre mille et un détails évocateurs. ailleurs, de ce géant autrichien à de la condition des femmes chinoises, Le seul plan rapproché survient lors de l'accent incontournable et sans aucun sous la loi de Mao. L'histoire de Qiu la toute dernière image du film qui talent de comédien? Son ascension Ju est celle du combat d'une femme nous montre une Qiu Ju affolée de phénoménale constitue à la fois un qui sait avoir raison. Dans le but juste constater où l'a menée sa quête de excellent exemple de réussite à d'obtenir des excuses du chef du justice. l'américaine et de commercialisation village, son obstination admirable la narcissique. mènera à fouiller tous les recoins de la Son dernier film, Last Action Hero, justice chinoise. Telle un Sisyphe au traite justement de ces deux aspects féminin, Qiu Ju roule son ventre rond étroitement liés, car, pour de femme enceinte toujours plus haut Schwarzenegger, la contemplation de avant de devoir toujours recommencer soi mène irrémédiablement au succès à zéro. L'absurde made in China. et à la gloire. Rarement oeuvre Une histoire simple et universelle à cinématographique aura été aussi laquelle adhéreront tous ceux et celles égotiste. Même Sylvester Stallone n'a qui, un jour ou l'autre, se sont sentis jamais été aussi loin. D'abord, à impuissants devant une machine l'instar de Sherlock Jr. de Buster Gong Li dans le Keaton ou de Purple Rose of Cairo de bureaucratique ou humiliés par la rôle de Qiu |u hiérarchie aléatoire des puissants. Après des regards attentionnés vers Woody Allen, il s'agit d'un Toutefois, Zhang Yimou ne filme pas le passé, Zhang Yimou aborde donc personnage de film qui traverse le sans humour. Sans tomber dans avec finesse la Chine d'aujourd'hui. monde réel. À la différence qu'ici le l'ethnocentrisme et le Son oeuvre déjà imposante, sa héros fictif, Jack Slater, est interprété sensationnalisme — style Grands capacité de renouvellement et sa belle dans la réalité de Last Action Hero Explorateurs — il dresse un portrait maîtrise de l'image annoncent de par... Arnold Schwarzenegger! Dans tout en contrastes et en paradoxes de futurs beaux et grands films. Espérons les deux cas, la vedette des films de son pays. Avec des ellipses fort seulement que le drame de Qiu Ju ne Slater et celle de Last Action Hero appropriées, le cinéaste nous évite en devienne jamais le sien... sont donc la même. Mais est-ce outre le détail des péripéties de Qiu Mario Cloutier vraiment la même? Hum. Joli Ju, pour se concentrer sur l'émotion paradoxe. suscitée par des relations humaines. Suivons la logique du film. Lors du Gong Li s'avère tout à fait crédible THE STORY OF QIU |U (Qiu |u Da Cuansi) - dénouement, qui se déroule au cours Réal.: Zhang Yimou — Scén.: Liu Heng, d'après dans la peau de l'héroïne paysanne. le roman The Wan family's lawsuit de Chen de la première newyorkaise de Jack Courageuse obstinée, elle se montre Yuan Bin — Phot.: Chi Xiao Ning — Mont.: Du Slater IV, le héros fictif Jack Slater vulnérable dans cette belle séquence à Yuan — Mus.: Zhao Ji Ping — Dec: Cao Jiu sauve la vie de son alter ego, la Ping — Int.: Gong Li (Qiu Ju), Lei Lao Sheng la ville où Qiu Ju a perdu de vue sa (Wang Tang, le chef du village), Ge Zhi Jun (Li, vedette Arnold Schwarzenegger, une belle-soeur et frôle la panique. Pour l'agent de police), Liu Pei Qi (Wang Qinglai, le scène dont l'exécution rappelle la nous faire ressentir l'angoisse du mari), Yang Liu Chun (Meizi, la belle-soeur) — finale de The Man Who Knew Too Prod.: Sil Métropole Organisation/Beijing Film personnage principal, Yimou utilise un Academy/The Youth Film Studio Much. Les deux hommes font alors crescendo de bruits urbains. Un peu Production/China Film — Chine — 1991 — 100 connaissance. Mais, dans le contexte plus loin, le cinéaste y va d'une autre minutes — Dist.: Alliance/Vivafilm. du film, cet Arnold est aussi fictif que belle métaphore en identifiant Qiu Ju Slater, puisqu'Arnold joue à la fois le 44 Séquences rôle du héros et celui de la superstar. cartoonesque), ou celle, vraiment Ce n'est pas le vrai Arnold que l'on étonnante pour un film américain, de voit, mais la façade publique, la faire traverser dans le monde réel la vedette mondaine, l'image médiatique Mort du film de Bergman, Le Septième créée et écrite pour Last Action Hero, Sceau. Mais il y a aussi beaucoup de la même image artificielle qui se choses qui ne fonctionnent pas, retrouve au Tonight Show, à comme ce toon détective qui détruit la Entertainment Tonight ou à Planet logique interne du film ou cette Hollywood (sa propre chaîne de présence déplacée et superflue d'un restaurants qu'Arnold ne manque pas Humphrey Bogart en noir et blanc. A de mentionner dans le film). Aussi, vouloir trop mettre de sucreries, on quand Jack rabroue Arnold en lui finit par causer une indigestion. disant : «Je ne t'aime pas vraiment, tu Somme toute, il y a du bon et du ne m'as apporté que souffrance et mauvais dans ce film fourre-tout, mais misère», ne serait-ce pas alors le les bons moments compensent véritable Arnold qui s'adresse à la amplement, selon moi, pour les vedette Schwarzenegger par Jack maladresses et les problèmes inhérents Slater interposé? Hum. Fascinant à ce type de superproduction. paradoxe. Le plus grave problème demeure En fait, nous n'en sommes pas à toutefois l'absence de talent de une contradiction près, car derrière le comédien de Schwarzenegger. Je ne supposé pastiche des films d'action et peux qu'imaginer ce qu'un Harrison l'illusoire réflexion sur la violence, se Ford aurait pu faire avec un tel cache une gigantesque opération personnage et une telle ambiguïté. d'auto-glorification. Arnold justifie son Pour compenser ses lacunes, Arnold rôle de superstar en le rendant Arnold s'entoure de comédiens de valeur qui indispensable. Le peuple a besoin de Schwarzenegger relèvent la qualité de l'interprétation héros. Chacun choisit ses héros en terminer dans un cul-de-sac entre et Danny d'ensemble et apportent un certain Madigan fonction de ses idéaux. Le jeune deux maisons. Il se dégage de ces prestige à l'entreprise. En fait, même le Danny Madigan a choisi Jack Slater. envolées une sensation de flottement jeune novice Austin O'Brien fait Jack Slater devient nécessaire. Donc, rêveuse qui n'est pas désagréable. montre de plus de talent qu'Arnold. Il Arnold est nécessaire. Cette logique Décidément, McTiernan faut voir ce dernier tenter de donner très narcissique entraîne le film dans affectionne vraiment ces plongées un peu de profondeur à son une complaisance caricaturale très dans le vide, comme on en retrouve personnage. Quand Jack Slater cartoonesque qui exclut toute dans Nomads, dans Predator ou à la traverse de l'autre côté de l'écran, il se réflexion, toute approche critique, fin de Die Hard, quand le bandit lance dans une réflexion existentielle toute forme de dérision.