LA FORÊT- Poulgigou DIRECTION REGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES (Finistère)

BRETAGNE 1993

29. 057. 006 SERVICE RÉGIONAL, DE L'ARCHEOLOGIE

DIAGNOSTIC ET FOUILLE DE SAUVETAGE D'UN CIMETIERE ARMORICAIN DE L'AGE DU FER

Elven LE GOFF

avec la collaboration de Stéphane JEAN

i l » l « [ I 1 I I s » ps#(M lei f e j i I ! e i '>iktols|iqui i Ministère i o n a Ii i 905 LA FORÊT FOUESNANT Poulgigou (Finistère)

1993

29. 057. 006 Fig. 1 : Carte de localisation

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Fig. 2 : Localisation du site sur la carte I.G.N. ( 0519 Est, )

< INTRODUCTION

Révélé fortuitement, lors de travaux préalables à la construction d'un pavillon, le site de Poulgigou à La- Forêt-Fouesnant (Finistère) témoigne d'intérêts multiples.

Alors que le sujet du funéraire pour l'Age du Fer a été largement abordé dans certaines régions de , telles qu'en Champagne-Ardennes entre autres ou encore dans le Midi, la Bretagne, elle, accuse un retard certain dans ce domaine. Pourtant, une problématique de recherche menée depuis quelques années commence à porter ses fruits.

L'étude de la nécropole de Poulgigou vient agrémenter les données actuelles concernant les moeurs et pratiques funéraires des populations de la transition entre le Premier et le Second Age du Fer en Armorique, déjà esquissées par les fouilles récentes du site analogue de Kerviguérou à (Finistère).

En outre, la proximité des deux sites, distants seulement d'une dizaine de kilomètres, pourrait s'avérer intéressante dans le cadre d'une étude plus rapprochée sur un micro-terroir.

Circonstances de découvertes et déroulement de l'opération

La réalisation d'une tranchée de sondage géologique par M. Georges Villard sur son propre terrain, visant à la construction de sa future maison (Section F. 1. parcelle n° 48, coordonnées Lambert II : x = 127,700 / y = 2341,650), mis à jour les vestiges de plusieurs urnes cinéraires. L'importance d'une telle découverte - tant en raison du manque d'informations concernant les nécropoles de cette période pour nos régions, que du caractère fortuit expliquant pour une part la rareté de leur révélation - nécessita une intervention

Une équipe de deux personnes fût mandatée par l'Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales, sous couvert du Service Régional de l'Archéologie, pour mener à bien cette opération.

L'étude sur le terrain s'est déroulée du 2 au 31 Mai 1993, en deux étapes. La première quinzaine s'est limitée au simple diagnostic du site, avec pour but de cerner l'étendue des vestiges. Après évaluation du temps nécessaire à l'étude de l'enclos funéraire, il a été décidé d'engager directement la fouille de manière à libérer la parcelle dans les meilleurs délais. Pour ce faire, les incinérations de par la simplicité de leur agencement ont été prélevées pour être étudiées en laboratoire, suivant entre autres la méthode expérimentée sur le site de Melgven (Finistère) (Villard 1992). Un coffrage se bornant à une simple saignée contournant largement l'urne pour éviter tout risque d'effondrement, est rempli de mousse de polyuréthanne (fig. 3). Une fois sèche, celle-ci assure une parfaite cohésion au prélèvement, qu'il est facile de dégager. Cependant, le caractère prohibitif de ce procédé et la quantité d'urnes à extraire nous ont incité au recours aux bandes plâtrées. Bien que, de beaucoup, moins onéreuse cette méthode présente toutefois l'inconvénient d'un moule plus fragile. Aussi, peut-elle être usitée à condition que les vases et leur contenus soient étudiés dans des délais raisonnables.

La post-fouille a, quant à elle, eu lieu du 19 Juillet au 18 Septembre 1993, et consisté en la fouille des urnes et la synthèse des informations collectées.

L'équipe était constituée de : - Elven Le Goff, chargé d'étude - Stéphane Jean, archéologue fouilleur qualifié

5 Isabelle Villemeur, qui a étudié les incinérations du sile de Kerviguérou à Melgven (Finistère), a été recrutée par l'A. F. A. N pour une période d'un mois, et chargée de mener l'étude anthropologique des ossements calcinés.

Nous tenons à remercier vivement M. Georges Villard pour son accueil et sa compréhension ,ainsi que M. Jean-Baptiste Paoli qui nous a sympathiquement accompagné durant notre travail pour tous les travaux de terrassement; tous deux faisant preuve d'un intérêt sensible pour nos recherches.

Nous remercions également les membres de l'Association de Recherche Historique de La-Forêt-Fouesnant qui ont signalé l'existence du site aux autorités compétentes, par l'intermédiaire de Michel Le Gofific, Archéologue Départemental du Finistère.

Nous n'omettrons pas de témoigner notre reconnaissance à l'aide précieuse que nous ont apporté : - Michel Le Goffic, Archéologue Départemental du Finistère, et Bertrand Grall, son assistant. - Françoise Labaune, bénévole. - Eric Nicolas, bénévole.

Sans leur coopération, l'opération n'aurait pu être conduite dans les délais qui nous étaient impartis.

Mentionnons enfin le soutien d'Anne Villard, conservateur au S. R. A. , et de son équipe de fouille, entre autres Stéphan Hinguant et Isabelle Lesecq qui nous ont aidés pour la fouille des urnes.

Fig„ 3 : Urne n°3 en cours de prélèvement

6

T.2

Fig. 5 : Plan général des sondages et de la fouille

8 I - LA NECROPOLE

Problématique

Les vestiges étant localisés dans la moitié est de la parcelle, une première tranchée a été réalisée vers le milieu du champ de manière à cerner rapidement leur étendue vers l'ouest. Ce premier sondage nous permit de nous familiariser avec le substrat, un limon jaune de décomposition du schiste local présentant quelques affleurements rocheux, avant d'attaquer la zone sensible (fig. 5).

Une seconde tranchée perpendiculaire à celle-ci a ensuite été tracée d'est en ouest pour localiser plus précisément, en fonction des indications fournies par les travaux de la maison, le centre de la nécropole. Un décapage extensif à l'aide d'une pelle mécanique à godet lisse a été effectué autour de l'endroit où ont été repérées deux urnes cinéraires. Seule la terre végétale a été enlevée, laissant apparaître un espace d'environ 8 mètres de diamètre défini par la concentration de vases auxquels étaient mêlés des restes osseux carbonisés (fig. 6).

Un système de tranchées rayonnantes a été adopté pour identifier l'environnement immédiat des incinérations. Il a révélé la présence de nombreuses traces de fossés. Certaines zones où leur densité était manifeste, ont fait l'objet de nouveaux décapages, certifiant du même coup l'existence d'une véritable organisation des structures fossoyées autour de la zone sépulcrale.

Enclos et parcellaire

La plupart des fossés repérés dans les sondages sont de faibles dimensions, d'une largeur d'environ 0,40 m à 0,50 m, et pour ce qu'il reste de leur profondeur il n'excèdent pas les 0,50 m. L'élément frappant dans l'agencement de ces fossés est tout d'abord la prédominance réelle de deux axes d'orientation, l'un nord/sud, l'autre approximativement est.nord-est/ouest. sud-ouest.

Les relations et connexions entre certains nous permettent de retracer le dessin d'un enclos funéraire formé des structures n° 17, 18, 20 et probablement n° 2. n s'agit d'un enclos quadrangulaire de 30 mètres de côté nord/sud sur environ 27 mètres est/ouest, qui délimite un espace dont le point central correspond à l'emplacement des sépultures. Comme le précise l'angle nord-est (intersection des structures n° 18 et 20) il est vraisemblable qu'il ne s'agisse pas d'une structure unique, continue, mais plutôt d'un enclos formé de plusieurs fossés (fig. 7). De profil en "V", à parois abruptes et à fond plat, seule cette similitude avec les autres et parfois celle des stratigraphies nous ont permis d'interpréter le fossé n°2 comme étant la façade occidentale de l'enclos (fig. 8). Aucune connexion avec les trois autres structures n'est en effet prouvée. Des ennuis mécaniques ne nous ont malheureusement pas laissé la possibilité de décaper la zone de l'enclos dans sa totalité. Nous ne pouvons donc en fournir qu'un plan partiel, sans entrée reconnue, mais suffisamment identifiable pour le comprendre dans sa globalité.

La morphologie de l'enclos n'est pas sans rappeler celle des quelques sites analogues contemporains qui ont fait l'objet d'une étude exhaustive en Bretagne, tels que la nécropole de Melgven (Finistère) (Villard, fouille 1993), le petit enclos funéraire à inhumations du Boisanne à Plouer-sur-Rance (Côtes d'Armor) (Menez 1992a), ou encore un peu plus loin dans la Sarthe, le cimetière à incinérations du Chérré à Aubigné (Lambert 1986). Tous ces exemples semblent montrer que le plan quadrangulaire pourrait être une caractéristique des sites funéraires armoricains pour cette période alors que le plan circulaire prédomine en Gaule celtique. Bien évidemment ceci reste à confirmer par les données futures.

Restituer l'histoire de ces structures n'est pas chose facile, en raison de la nature du substrat et de l'homogénéité apparente de leur comblement. Comme pour l'ensemble des fossés périphériques, ceux de l'enclos paraissent avoir fonctionné de manière ouverte avec sans doute un petit talus associé. Les quelques sections qui ont perforé des affleurements rocheux peuvent en témoigner par la présence à la base de leur remplissage de débris de roche altérée, relatifs à l'effritement des parois (fig. 8, st.2 sondage nord, strati. nord / st. 18 sondage nord, strati. sud / st.20 strati. ouest).

9 Fig. 7 : Angle Nord/Est de l'enclos

io Terre brune

Terre brun foncé Terre brune, "et blocs de pierre granuleuse

Terre brune St. 18 stratigraphie sud St.17 stratigraphie ouest

Terre brun-gris Terre vegetale granuleuse

S t. 20 stratigraphie ouest

Terre brune

Arène de colluvionn entent

St. 6 stratigraphie nord

Terre brune St. 1 stratigraphie nord

St.) stratigraphie sud

Terre brune avec particules de roche jaune

Terre brune Roche d'effritement de paroi

S t. 2 stratigraphie nord St.2 stratigraphie nord

S t. 6 et i stratigraphie nord St.S stratigraphie nord

Terre brune Terre brune

St. 7 stratigraphie ouest St.22 et St.7 stratigraphies ouest St.21 stratigraphie ouest S t. i stratigraphie nord

0• • • 11 m

Fig. 8 : Stratigraphies des fossés

11

II faut noter le caractère régulier des profils des fossés de l'enclos qui ne semblent pas, a priori, avoir fail l'objet de curages successifs. Il est cependant hasardeux de l'affirmer lorsqu'il n'est pas fouillé sur une importante distance, où le phénomène est alors plus facilement remarquable. De plus, la rapidité à laquelle s'effectue le comblement naturel des structures fossoyées - accrue quand celles-ci ne sont pas profondes- suppose généralement leur entretient régulier pour ne pas voir leur disparition. Ces nettoyages semblent par contre être plus évidents si l'on en juge l'irrégularité des profds du fossé n°l et la stratigraphie nord du n° 6 (extrémité de T.9) (fig. 8)

Elément intéressant, les divers sondages effectués dans les fossés de l'enclos (st. 17, 18, 20) ont livré les vestiges de nombreux fragments de poteries et surtout ceux de deux vases archéologiquement complets trouvés dans le fossé n°20. Nous reviendrons ultérieurement sur ce sujet (cf. inventaire du mobilier)

Même si nous ne bénéficions que d'une connaissance partielle de ces structures fossoyées périphériques, plusieurs remarques peuvent être soulignées. Hormis les fossés de l'enclos présentés précédemment, tous possèdent un profil arrondi en "U", et ont un remplissage similaire aux premiers (fig. 11). Certains, de par leur agencement tendent à nous indiquer qu'ils ont fonctionné de manière contemporaine. Tel l'exemple des structures n°10, 11 et 12 dont les extrémités se rejoignent et s'arrêtent en un endroit, vraisemblablement commandées par la préexistence de l'une d'entre elles (fig. 12).

Le phénomène semble se répéter pour les fossés n°5, 6 et 7 où là encore leur terminaison paraît dépendre de la rencontre des trois (fig. 13). Nous sommes fortement tentés d'y voir ici une entrée marquée par les extrémités des fossés n° 5 et 6 (fig. 14). Le cas du fossé n°4 présente une analogie avec ces derniers. Orienté également nord/sud, il vient s'arrêter et recouper en partie la structure n°6. L'idée d'une deuxième entrée plus tardive, légèrement décalée par rapport à la première est très séduisante, mais ne peut rester qu'au stade hypothétique car l'existence d'un pendant symétrique au fossé n°4 (peut-être la continuité du fossé n°9 ?) n'a pu être authentifiée en raison de la limite du décapage réalisé. L'extrême pauvreté de ces structures en matériel archéologique -elles n'ont livré que quelques petits tessons protohistoriques très roulés- ne peut nous apporter quelques précisions chronologiques. Toutefois, la découverte dans le fossé n°4 d'un bloc de granité sculpté et décoré (stèle ou autre), brisé selon toute évidence et résultant certainement de la destruction de la nécropole, témoigne du caractère tardif de la structure.

La structure n°3, qui recoupe le fossé n°4, est donc par conséquent considérée être postérieure à l'époque d'arasement de la nécropole. Il s'agit d'un foyer qui a légèrement pénétré le rocher, et qui par les informations de chronologie relative se trouve parasiter les structures véritables du site. La structure n°15 quant à elle, une fosse ovale comblée de terre brune très foncée, n'a pu être fouillée faute de temps. Cependant, la nature et la couleur de son remplissage nous laisse supposer son origine moderne (fig. 15).

Faut-il voir dans cette concentration de structures périphériques les traces d'enclos qui se seraient succédés tout au long de la fréquentation de la nécropole, ou plutôt celles d'un parcellaire organisé lui étant directement associé ?

Il est possible que nous rencontrions ici les deux cas de figures. La juxtaposition de fossés exactement de même orientation pourrait prétendre à l'existence d'enclos successifs dont l'implantation varierait à chaque fois. Si l'on en juge de par l'aspect fuyant des fossés n°6 et 7. l'entrée formée par les structures n°5 et 6 pourrait, elle, se rattacher à des limites de parcellaire directement en relation avec l'enclos funéraire. Entrée de l'enclos ou entrée du champ dans lequel se situe la nécropole, il est difficile de le préciser. Quoiqu'il en soit, le lien entre enclos funéraire et parcellaire est indéniable. L'exemple des structures n°10 ou encore n°7 qui démarrent et viennent s'appuyer, comme pour le fossé n°16, sur l'enclos lui-même le prouve (fig. 16).

Nous pouvons retenir que l'architecture du paysage semble conditionnée par la nécropole, et qu'elle s'organise en fonction du site funéraire. A travers ce phénomène se manifeste l'importance accordée par les populations locales à ce type de lieu. Il n'y a pas intégration d'un espace sacré dans un parcellaire déjà existant, mais adaptation et construction de l'environnement par rapport à ce même espace sacré.

13 Fig. 11 : Fossé n° 4, sondage nord, stratigraphie nord

Fig. 12 : Décapage à l'extrémité de T.9

729 N

Fig, 13 : Vue générale des fossés à l'ouest de tertre

Fig. 14 : Fossé n°5 et 6, détail de l'entrée à l'ouest du tertre

15 I Fig. 15 : Structure n° 15, T.10

Fig. 16 : Décapage à l'extrémité de T. 11

17 Affleurement rocheux 23 2U Trous de poteaux

Amas pierreux (quartz) Petite fosse de terre M 25 charbonneuse (sous U.6)

S8 Four 26 27 Caves à pommier

Zone de terre rubéfiée avec charbon de * Mobilier métallique r bois, piégée dans l'affleurement rocheux

• Silex % Nodules d'argile cuite (0 3/M • Tesson 0 Sépulture avec vase

Fond de poterie Sépulture sans vase (U.14 sous U.9) f

\ Vase éclaté

Fig. 17 : Plan détaillé de la zone du tertre

18 Le tertre

Au centre de l'enclos ont été découverts les restes d'à peu près une trentaine de sépultures dont 21 ont été retrouvées en place (fig. 17). Outre la trace d'un léger bombement visible lors du décapage au niveau de l'emplacement des urnes, la présence d'un tertre est confirmée par les différences d'enfouissement des récipients. Certains sont en effet trop peu enterrés pour qu'ils n'aient été à l'origine englobés dans la masse d'un tumulus. L'épaisseur encore partiellement conservée aujourd'hui, avoisinait les 0,40 m au centre de la nécropole pour se limiter à environ 0,20 m en périphérie.

Un essai de topographie détaillée du tertre (fig. 19) a été réalisé pour tenter de percevoir ses limites et sa morphologie. De par sa situation en bordure d'une rupture de pente (à environ 20 mètres N. G. F.) -l'exposition du site naturel a sans doute contribué au choix de l'installation de la nécropole- et la faiblesse de l'épaisseur conservée, il n'apporte rien de probant. Les courbes de niveau indiquent la présence d'une légère dépression dont seule l'anomalie repérée sur le côté sud du relevé semble correspondre à une limite effective du tertre.

Une coupe longitudinale le long de la tranchée n°2 a mis en évidence l'absence de stratigraphie discernable dans le tumulus. Le tertre se présente comme un monticule uniforme de terre brun-jaune, limon mêlé de pastilles d'argile cuite et de micro-charbons de bois. Sa base a été cependant facilement décelable. Le lit de quartz épars de formation quaternairereposant directemen t sur le substrat limoneux de couleur jaune, et sur lequel s'est construit le tertre funéraire, nous a en effet servi de repère.

Fig. 18 : Urne n° 8 et urne n° 4 (fond)

19 Englobée dans la masse du tertre, la structure n°8 occupe très étrangement une position relativement centrale parmi les incinérations (fig. 21). En forme de "haricot", cette fosse très peu profonde (10 cm au maximum) qui mesure environ 2 m x 1,20 m (fig. 22) est comblée dans sa moitié est de cendres et de charbons de bois assez gros, et dans sa moitié ouest d'une terre brune charbonneuse,fine et très foncée. Même si la densité de pierres est plus abondante au dessus de la zone cendreuse, un lit de quartz calibrés, éclatés par l'action de la chaleur, recouvre la structure en totalité. "Four de type polynésien", cette structure témoigne d'une activité culinaire, la cuisson se faisant grâce à la chaleur dégagée par les pierres chauffées par les braises sous-jacentes. Des structures analogues ont été mises à jour au coeur de l'habitat fortifié de SL Symphorien à Paule (Côtes d'Armor) (Menez 1992b). Il est dit à leur sujet : "les dimensions de ces fours, 2 m de long, 0,75 m de large, supposent la cuisson d'un volume d'aliments relativement important, si l'on en juge par les parallèles ethnographiques. Ceci est compatible avec des repas collectifs épisodiques (type banquet), ou l'alimentation d'une maisonnée assez nombreuse".

Tout le problème, ici, est de savoir s'il est en relation avec la nécropole ou s'il correspond aux ultimes vestiges d'un habitat plus ancien. Seule une datation au C 14 sur les charbons prélevés dans le four nous permettrait d'éventuellement le préciser. En cas de réponse favorable se justifierait, alors, l'engagement d'analyses antracologiques et palynologiques pour avoir un aperçu du paléo-environnement de la première phase de la nécropole.

La coupe réalisée à son niveau révèle des éléments intéressants. Le four est aménagé dans une terre mêlée de charbons de bois et de pastilles d'argile cuite, similaire à celle du tertre. Celle-ci semble témoigner d'un niveau archéologique de très faible épaisseur, antérieur au four et à la construction du tertre, reposant directement sur le lit de quartz épars. Des lambeaux de ce sol ont été piégés dans l'affleurement rocheux situé dans les carrés A. 9/10. La présence de particules de charbon de bois certifie qu'il ne s'agit pas là d'un effet pervers d'oxydation du niveau géologique, fréquemment remarquable avec ce type de substrat. Hormis son appartenance à un habitat préexistant,

20 Fig„ 20 : Vue générale du tertre et des urnes dégagées

Fig„ 21 : Structure n° 8 et les urnes n°16,10 et 19

21 Figo 19 : Essai de topographie du tertre

il peut correspondre à une zone d'incendie préalable à l'aménagement du site funéraire. Cette idée pourrait être logique et conforme aux préoccupations symboliques et métaphysiques qu'implique l'incinération dans son rapport avec le feu.

Il paraît difficile d'expliquer la construction du monticule funéraire. L'idée d'amonceler la terre en raclant le socle géologique est concevable et pourrait expliquer alors, la présence des charbons de bois et de la terre rubéfiée. L'éloignement des fossés formant l'enclos quadrangulaire nous semble trop important pour que la récupération de la terre extraite pour former le tertre, justifie sa création. Il apparaîtrait qu'il soit davantage présent pour marquer les limites d'un espace privilégié. L'hypothèse d'importation de terre exogène au site lui-même est aussi possible, et a sûrement été pratiquée lors d'aménagements secondaires de la nécropole, d'où la présence parfois de mobilier hétéroclite.

Mentionnons pour terminer l'existence d'une petite structure trapézoïdale (st. n°25) qui est apparue à la fouille (fig. 17) sous la forme d'une tache de terre brune charbonneuse de faible épaisseur (10 cm) sans la moindre esquille osseuse. Bien que située juste au dessous de l'urne n°6, son niveau de découverte atteste qu'elle ne présente aucune relation avec elle.

Signalons enfin à titre purement indicatif la découverte de deux trous de poteaux ou plus exactement de piquets vu leurs faibles dimensions (environ 25 cm de diamètre pour 10 cm de profondeur). Seule la structure n° 24 a été fouillée. Ils bordent le tertre sur son côté nord/ouest, et s'organisent sur un axe nord nord-ouest/sud sud-est. Aucun élément ne nous permet d'en dire davantage à leur sujet.

22 Fig. 23 : Vue générale du tertre en cours de fouille

Fig. 24 : Urne n° 9

23 n - ASPECTS RITUELS ET PRATIQUES FUNERAIRES.

Sujet souvent délicat et difficile à percevoir, le problème des moeurs et pratiques entourant le phénomène sépulcral a toutefois pu être ici en partie mis en évidence. Deux types de tombes à incinération cohabitent sur le site. Hormis un exemple de sépulture sans vase, qui forment l'exception, les sépultures avec vase-ossuaire sont systématiques.

Même si les urnes étaient un peu écrêtées ou légèrement éclatées dans leur partie supérieure -les perturbations principales résultant d'infiltrations de racines ou même parfois de rongeurs ont concerné davantage les contenus que les contenants, et sont intervenues après "stabilisation" des sépultures- le relatif bon état de conservation des incinérations, et surtout l'importance de leur nombre nous ont permis de constater des convergences d'éléments qui nous donnent la possibilité de restituer certains aspects des rites funéraires depuis le bûcher jusqu'au mode de dépôt des restes du défunt.

Le remplissage osseux

Bien évidemment, c'est le remplissage osseux qui nous a fourni le premier nombre important d'informations sur le rituel funéraire et particulièrement sur les événements antérieurs au dépôt sépulcral.

Deux urnes cinéraires ont livré du mobilier associé aux ossements, n s'agit de deux éléments de parure, vraisemblablement un bracelet en bronze provenant de l'urne n° 1, et une perle en verre de couleur bleue mise à jour dans l'urne n°9. Tous deux ont subi une forte action thermique, suffisante pour occasionner une déformation et une fonte partielle des objets. Ces transformations physiques sont très probablement dues au fait de leur présence sur le bûcher de crémation. Les individus étaient visiblement vêtus et parés de leurs objets personnels, ou de leurs attributs. C'est une constante que l'on retrouve dans beaucoup de sociétés et même encore aujourd'hui, où la cérémonie mortuaire et les croyances sur la mort elle-même sont fondées sur une idée de départ.

La découverte dans l'urne n° 2 d'une gouttelette de bronze fondue sur un fragment d'os carbonisé, vient corroborer cette présomption.

Généralement, le remplissage ne présente aucune cohérence, n ne semble pas transparaître de volonté bien définie de rangements organisés. Les ossements ont l'air d'avoir été déversés "pêle-mêle" dans les récipients, comme le montre l'aspect plus ou moins conique des contenus osseux, toutefois fortement aplatis par les bouleversements subis par les urnes depuis leur dépôt. Pouvons-nous y voir simplement une quelconque disposition des os de taille plus importante, mais ce, dans un souci que l'on pourrait définir de pratique, en vue d'une économie de place.

Le remplissage ne dépasse jamais la limite de l'épaulement des urnes. Alors qu'à Melgven (Finistère) les vases sont le plus souvent remplis à ras bord, nous sommes en mesure de nous interroger ici, si dans le cas du site de Poulgigou tous les restes humains après l'incinération sont effectivement prélevés et déposés dans l'urne ou si le prélèvement n'est que partiel. Une autre question se pose alors quant à la réalité ou non d'un tri dans le choix des ossements ramassés. La logique voudrait que machinalement les vestiges osseux les mieux conservés et de taille importante soient récupérés en priorité. Seule l'étude anthropologique pourra y répondre et vérifier les observations précédentes. La fouille des urnes n'y semble a priori pas favorable. De plus, la présence dans la majorité des cas de quelques fragments de charbon de bois et parfois de quelques petits graviers de quartz éclatés par le feu présumerait de l'absence d'un quelconque traitement des ossements (leur lavage par exemple).

24 Les récipients funéraires

Les urnes sont variables, tant dans leur qualité d'exécution et de finition que dans leur morphologie. Elles ont pour dénominateur commun celui d'être à l'exception d'un cas particulier (tune n°l), des formes hautes habituellement considérées comme récipient de stockage. Ce sont des vases que l'on retrouve dans des contextes à la fois funéraires mais aussi d'habitat armoricain de cette période, comme le montre les tentatives de comparaisons régionales et extra régionales développées plus loin Cet élément tend à prouver, là encore en Armorique, que nous n'ayons pas affaire à une vaisselle spécifique pour le funéraire mais à des récipients empruntés aux contextes domestiques.

Le choix du récipient semble être porté par des préoccupations pratiques et parfois esthétiques, voire éventuellement dépendantes de conditions pécuniaires. Auquel cas, il pourrait peut être refléter la situation sociale du défunt. Rappelons toutefois que le simple dépôt d'individu dans un espace sacré ou funéraire est déjà habituellement dans le monde celtique un signe d'une reconnaissance sociale dans un village ou une communauté quelconque. Nombreux sont en effet les exemples de cadavres (esclaves peut-être) jetés directement dans les fossés périphériques d'un habitat où dans les silos hors d'usage utilisés pour les détritus (Brunaux 1986).

Tout comme les objets de parures découverts dans certaines sépultures, certains vases-ossuaires présentent des traces de dégradation sur leurs parois. Dépôts de suie et coups de feu. très différenciables des effets variables d'oxydation des pâtes lors de leur cuisson, ne peuvent s'expliquer que par leur séjour sur un feu, très probablement le bûcher funéraire. Il est peu vraisemblable que ces traces résultent d'une activité domestique antérieure. On imagine mal en effet les populations recueillir les restes de leurs défunts dans les récipients dans lesquels ils auraient mangé la veille, et qu'ils n'auraient même pas nettoyés! Ces poteries ont donc très certainement été déposées sur le bûcher avec le mort Les séquelles toutefois partielles de ce passage sur le feu semblent nous indiquer leur position périphérique sur la structure de crémation. Leurs dommages auraient été en effet plus importants s'ils avaient été en situation plus centrale. La distinction entre sépulture à vase de "dépôt primaire" et incinération à vase de "dépôt secondaire" (récipient choisi comme ossuaire, n'ayant pas séjourné sur le bûcher funéraire) est essentielle. Cette divergence des pratiques funéraires n'est certainement pas sans raisons et doit correspondre à des préoccupations particulières dont nous ne connaîtrons peut-être jamais la signification.

Les parallèles sont nombreux dans le monde celtique où l'on trouve ces deux modes associés. Cette association des deux types de dépôt se retrouve parfois dans la même sépulture, tel à Feurs (Loire) où l'ossuaire se distingue du "service" funéraire systématiquement brûlé sur le bûcher (Guichard et al. 1993).

La réutilisation des récipients d'offrande du bûcher comme ume cinéraire concerne 53,5% des tombes comptabilisées du site de Poulgigou, soit par rapport au nombre total de vases recensés 51,5% d'entre eux. Coexistence des deux pratiques ou variations dans les rites funéraires correspondant à des périodes chronologiques précises, il est difficile de le définir. Les deux modes semblent se manifester tant pour les phases anciennes que pour les phases récentes de l'utilisation de la nécropole.

Si "dans la plupart des cas, les restes squelettiques constituent les seuls témoins tangibles du cadavre, autour duquel ont été ordonnés les éléments du rituel" (Dudey 1991), les observations physiques sur la déformation des vases à incinération sont non moins importantes quant à la restitution du milieu dans lequel s'est effectué le dépôt.

Le caractère répétitif de certains phénomènes remarqués lors de la fouille des urnes, nous permet de tirer plusieurs conclusions.

La première observation s'applique à l'éclatement et au morcellement systématique des parties hautes des vases, jusqu'à leur épaulement. Dans la majorité des cas, ces épaulements se retrouvent écrasés vers l'intérieur du vase reposant directement sur le niveau supérieur du remplissage osseux. Les cols et lèvres sont eux le plus fréquemment affaissés vers l'extérieur du vase, couchés sur leur face externe. Quelques fragments peuvent également être basculés à l'intérieur des urnes, comme pour les épaulements.

Indépendamment des phénomènes de destructions liées aux labours (écrètement des vases) cette détérioration des récipients funéraires est, sans nul doute, en grande partie due aux effets de pressions qu'ils ont subits. Elément caractéristique, la fragilisation des vases correspond inévitablement à leur partie, supérieure à leur remplissage (fig. 26). L'explication de cette observation semble correspondre à l'existence d'une zone vide à l'intérieur de l'urne au dessus du niveau d'ossements. Le rapport de plein à l'extérieur (terre) et de vide à l'intérieur favorise en effet ce type d'éclatement- Aussi, la réalité d'un espace "non rempli" au moment de la fragilisation du vase présuppose celle d'un couvercle, vraisemblablement en matière organique puisque nous n'en avons trouvé aucune trace, même résiduelle.

Deux éléments viennent conforter cette hypothèse. La terre à l'intérieur des urnes est rigoureusement identique à celle du tertre -ce qui semble logique si l'on considère qu'il y a eu infiltration- mais surtout, la présence relativement fréquente de fragments de lèvre ou de col retrouvés directement sur les niveaux d'ossements témoignent de la limite effective de leur remplissage. L'exemple de l'urne n°9, seule urne de la nécropole ayant pour couvercle un vase retourné, est autant plus probant que c'est le fond de ce même vase qui a été découvert tombé dans le rccipient de contenance, juste sur les ossements.

La définition d'un espace vide au dessus du niveau osseux n'exclut pas un éventuel dépôt organique à l'origine, bien que cela soit peu probable, et qui aurait disparu avant la destruction du couvercle et l'infiltration de la terre environnante. Cependant, il apparaît de manière générale qu'en Gaule celtique les offrandes périssables - nourriture qui accompagne le défunt lors de son dernier voyage- ne soient jamais directement en contact avec la dépouille ou les restes incinérés. Elles peuvent être placées dans un coin de l'espace sépulcral pour les inhumations, ou conservées dans de petits récipients placés avec l'urne cinéraire, soit à l'extérieur dans la fosse, soit directement à l'intérieur de l'urne.

De plus, cette idée semble aller à rencontre de la symbolique du mode sépulcral qu'est l'incinération, à savoir la purification par le feu. Certes, de nombreux exemples témoignent du dépôt primaire de quartier d'animaux voire d'animaux entiers sur le bûcher funéraire. Mais l'acte paraît ici tout à fait différent, les offrandes brûlant avec le défunt.

26 Fig. 26 : Urne n° 9 après Sa fouille, éclatement de l'épaulement du vase extérieure

Fig. 27 : Incinération n° 14 en "pleine terre"

27 Au regard de toutes ces informations recueillies il apparaîtrait qu'un choix manifeste d'isolement des restes humains, voire de protection par rapport à l'environnement extérieur, transparaisse dans les préoccupations rituelles et métaphysiques des populations locales, avec l'idée "d'espace clos". Qu'en est-il alors de la sépulture n° 14 qui, rappelons-le, a été identifiée au moment de la fouille comme sépulture sans vase, et pour qui les ossements se trouvaient directement dans la terre du tertre (fig. 27) ? La dénomination d'incinération "en pleine terre" semble ici, comme pour l'exemple mentionné à Melgven (Finistère), mal appropriée. Située approximativement sous l'urne n°9 et découverte lors de son dégagement, elle se présentait sous la forme d'une concentration d'ossements brûlés, d'un diamètre d'environ 10 cm et qui se poursuivait sur une profondeur d'une quinzaine de centimètres. L'aspect remarquablement cylindrique de la poche d'ossements laisse fortement à penser que les restes calcinés constituaient le remplissage "moulé" d'une sépulture dont le contenant (en cuir, bois, tissu ou encore en vannerie...) aurait disparu.

Les fosses

Cette notion "protectrice" liée à l'isolement des ossements brûlés paraît se confirmer doublement, si l'on peut dire, par une autre série de constatations, du même ordre que les précédentes, nous renseignant cette fois sur l'environnement direct des urnes cinéraires.

A la fouille des récipients funéraires, une curiosité attira notre attention. Toutes les urnes se présentaient légèrement inclinées sur un côté -la constatation ne pouvant se faire que sur les vases bien conservés en hauteur- par rapport au plan horizontal de leur prélèvement (fig. 28). Cette observation bien qu'anodine, qui aurait pu être interprétée comme résultant des effets de tassements du milieu dans lesquelles elles étaient déposées, semble au travers de la description faite de la tombe n° 27 de la nécropole d'Agde (Hérault) trouver une autre explication. André Nickels déclare à propos de cette sépulture à incinération dont la couverture pierreuse ne s'est pas profondément effondrée dans ce qu'il nomme le loculus : "à la différence de ce que nous rencontrons habituellement dans les autres tombes, les vases ne sont là ni basculés, ni écrasés sous les blocs. Tous sont restés en place, simplement fissurés. Seuls les cols sont parfois cassés, ou légèrement écrasés. Ces observations révèlent que l'armature de soutien de la couverture a ici assez bien résisté, en tous cas assez longtemps pour que le recomblement de la fosse par les terres d'infiltration puisse s'effectuer jusqu'à un niveau proche des vases" (Nickels et al. 1989). L'exemple tend à démontrer que le basculement des vases dans un espace vide est la conséquence d'une forte pression provoquée vraisemblablement par l'affaissement brutal d'un couvercle et de la terre du tertre qui le recouvre. Les vases de la tombe n° 27, ici entourés de terre infiltrée au moment de l'effondrement du couvercle de la fosse, ne sont quasiment pas endommagés et sont restés dans leur position verticale d'origine.

En ce qui nous concerne, l'inclination des vases n'aurait pu se faire dans un espace rempli. Aussi, nous semble-t-il possible d'effectuer une restitution de l'espace sépulcral relatif aux incinérations du site de Poulgigou. Il apparaît plus complexe que l'image simpliste que l'on pourrait avoir à première vue par un manque de vestiges tangibles parvenus jusqu'à nous, d'un simple trou que l'on reboucherait après y avoir déposé l'urne contenant les restes du défunt. Les vases cinéraires ont apparemment été déposés au fond de fosses creusées dans le tertre. Elles devaient posséder un couvercle probablement en bois lui-même recouvert de terre formant ainsi pour chaque vase- ossuaire de véritables chambres funéraires, englobées dans la masse générale du tumulus

Si cette idée reste hypothétique malgré de fortes présomptions pour l'ensemble des sépultures, elle se trouve certifiée pour les urnes n° 9 et 12. En effet, dans les deux cas, des fragments de poteries appartenant aux parties hautes des urnes ont été retrouvés à l'extérieur vers le fond des récipients. La dernière présente en outre des fragments de panses basculés en dehors du vase, la face interne des tessons étant orientée vers l'extérieur (fig. 29). Tous ces bouleversements ne peuvent se produire que si la fosse n'est pas comblée au moment de la fragilisation des urnes.

Faute de différences de couleurs, les limites des fosses n'étaient pas visibles lors du décapage de la nécropole. Cependant leurs dimensions moyennes peuvent être restituées. Si l'on considère en effet que le basculement des récipients se fait dans un espace vide, alors ces mêmes vases viennent s'appuyer sur une des parois de la fosse, et nous révèle du même coup des indications sur la largeur des excavations. Dans l'ensemble les inclinaisons des urnes n'excèdent pas les 70°, ce qui tendrait à signifier que leur diamètre est de peu supérieur à celui des récipients. Cette information est confirmée par les exemples de sépultures n° 5, n° 10 et n° 12 dont les

28 Fig. 28 : Urne n° 7, basculement du vase et éclatement de son col

Fig. 29 : Urne n° 12, fragments du vase extérieur basculés dans la fosse

29 Fig. 30 : Urne n° 12, vase extérieur B. Les quartz correspondent à la limite du creusement de la fosse dans le substrat

Fig. 31 : Urne n° 5, limite de la fosse visible par une différence de perméabilité entre la terre d'infiltration du tertre et le limon du substrat

31 fosses ont entamé le substrat et les limites ont été repérées lors de la fouille des prélèvements, en laboratoire (fig. 30 et fig. 31).

Ces fosses semblent donc s'apparenter à de simples trous suffisamment larges pour recevoir chacune leur urne. Leur profondeur quant à elle paraît être commandée, selon toute logique, par la hauteur des objets déposés.

Sépultures à urne simple et sépultures à vases multiples

Même si toutes semblent avoir bénéficié des mêmes soins quant à l'aménagement des tombes, certaines incinérations déparent dans le groupe. La plupart des sépultures sont constituées d'une seule urne contenant les ossements calcinés. Hormis le cas de l'urne n° 9 qui est la seule à posséder comme couvercle un autre récipient renversé, il faut noter que deux d'entres elles présentent un agencement particulier (fig. 32).

La première incinération (urne n° 1) a pour caractéristique de posséder un deuxième vase de petite taille cette fois, associé au récipient habituel. Il s'agit d'une jatte miniature qui est placée à l'intérieur de l'urne, mais à l'envers, retourné sur le fond du vase B (fig. 33). L'originalité du dispositif réside dans le fait que les ossements brûlés étaient spécifiquement contenus dans le petit récipient et que vraisemblablement rien n'occupait le reste de l'espace interne du vase extérieur.

Fig. 32 : Dispositif des tombes à urne simple (1) et des tombes à vases multiples : (2) urne n°l, (3) urne n°9, (4) urne n°12

32 L'exemple de l'urne n° 12 est tout aussi exceptionnel voire même très curieax. L'agencement est, sur le principe, similaire au précédent Le vase-ossuaire est également installé dans un autre récipient, mais ici dans sa position fonctionnelle originelle. La restitution des deux poteries nous amène à la constatation suivante. L'ossuaire A est de dimensions supérieures, tant à son diamètre maximal qu'au niveau de sa hauteur, par rapport au récipient extérieur. Aussi, nous nous trouvons dans un cas de figure où l'ossuaire, suspendu, dépasse de l'autre vase d'à peu près des 2/3 de sa hauteur. Les motivations d'une telle installation nous sont inconnues, mais concourent à l'idée d'isolement évoquée plus avant. Cette notion de protection semble toutefois être davantage symbolique qu'effective.

Faut-il voir en ces exemples (ajoutons aux urnes n° 1 et n° 12 celui de l'urne n° 9) les manifestations d'une distinction particulière, relevant d'un critère social ou autre ? Il paraît très difficile de pouvoir répondre à cette question surtout lorsque l'échantillonnage reste réduit. La multiplicité des récipients par sépulture pourrait éventuellement y prétendre. Notons simplement que les urnes n° 1 et n° 9 sont les seules à avoir livré du mobilier (dans le cas présent des objets de parures) associé aux ossements des défunts.

m - APPROCHE CHRONOLOGIQUE.

Inventaire du mobilier

Les incinérations sont numérotées sous le terme générique d'urne, de 1 à 25, dans l'ordre chronologique de leur découverte.

Urne n° 1

Découverte en position légèrement penchée vers le sud, l'urne n° 1 renfermait à l'intérieur un second vase (A) de petite dimension déposé à l'envers et reposant directement sur son fond. Le récipient formait en réalité l'ossuaire de la sépulture. Il était rempli à ras bord d'ossements calcinés mêlés à de la terre cendreuse. Les restes de ce qui ressemble à un bracelet en bronze, déformé et fondu, ont été trouvés dans le comblement osseux. En dehors de ce petit vase, aucun ossement n'apparaissait. Le remplissage au maximum de sa capacité de contenance lui a certainement valu d'éviter de trop forts dommages lors de l'infiltration de la terre dans le reste du vase B. Il semblerait que le dépôt initial des vestiges du défont se soit fait dans le vase A, puis, qu'il ait été retourné, appuyé contre le fond du vase B, avec ce même vase extérieur. L'hypothèse d'un couvercle recouvrant un petit monticule d'ossements est ici totalement exclu.

Fig. 33 : Urne n°l en cours de fouille

33 Le vase A

Récipient de "dépôt primaire", cette petite jatte de forme irrégulière présente sur ses surfaces extérieures d'importantes traces de coups de feu. Bien connus des contextes armoricains de la transition entre le 1er et le 2ème Age du Fer, ces vases se retrouvent dans les contextes anciens du site d'habitat de Pouilladou à Prat (Côtes d'Armor) (Le Goff, 1992), ou encore dans le souterrain de La Frèche à Plémy (Gouletquer, 1969, n° 3), où une datation au carbone 14 mentionnant 500 + 105 ans avant Jésus Christ a été proposée. La carène très vive située assez basse sur la panse et la hauteur du col, plus importante que sur les jattes régionales habituelles (elle correspond ici à la moitié de la hauteur totale du récipient), ne sont pas sans rappeler les écuelles champenoises du début du Vème siècle av. J. C. (Hatt et al. 1977).

Le vase B :

Ce vase de forme haute à épaulement légèrement bombé et base rétrécie ne semble pas être passé sur le bûcher. Aucun parallèle régional ne paraît exister. Son association avec le précédent nous permet de lui attribuer les mêmes indices chronologiques. La hauteur de son col, son caractère très évasé, ainsi que le méplat interne de la lèvre sont autant d'éléments significatifs de son ancienneté. Une similitude avec certains vases de la transition Hallstatt/La Tène (fin Vlème-début Vème siècle av. J.C.), du cimetière de Bagatelle à Saint-Martin-des-Champs, à (Finistère) (Clément 1981a, urne n° 1), ou une incinération de La Croix à Guissény (Finistère) (Giot 1973), peut être évoquée.

Mobilier métallique :

Deux fragments d'un objet en bronze, brûlé et fondu, ont été retrouvés parmi les ossements. Bracelet ou parure similaire formé d'une feuille de métal enroulée formant ainsi un tube creux, il est trop détérioré pour être plus précisément identifié. Ses critères technologiques semblent toutefois caractéristiques de certaines productions de la transition entre le Hallstatt Final et La Tène (Déchelette 1927).

Il est d'ordinaire de considérer que ce type de bijoux est généralement porté par des femmes. Déchelette signale à ce sujet que : "avec le torque, le bracelet est un des objets de parure féminine les plus répandus à l'époque de La Tène I". Il ajoute aussi que les anneaux de jambes, plus rares que ces derniers, se retrouvent également dans les sépultures de femmes et d'enfants.

Pouvons nous y voir ici une distinction sexuelle de l'individu incinéré ? Seule l'étude anthropologique pourra éventuellement le définir.

Urne n° 2

Vase supposé de "dépôt secondaire" dont le remplissage osseux se limitait à hauteur de l'épaulement, l'urne n° 2 a été retrouvée légèrement inclinée. D'aspect lustré ce vase haut à épaulement arrondi possède un col droit terminé par une lèvre à méplat oblique. Une gouttelette de bronze fondu sur un fragment osseux a été identifiée. Deux poteries de même type servaient d'ossuaire dans le cimetière de Penfoul à Landelau (Finistère) où ils sont datés du Premier Age du Fer (Briard et al. 1984, n° 3 et 4).

Urne n° 3

Comme pour les autres sépultures l'urne n° 3 était légèrement basculée. D'aspect assez soigné, son lustrage étant encore relativement bien conservé, elle ne présente aucune altération par le feu ou la chaleur. Récipient apparemment de "dépôt secondaire", sa forme n'est pas très régulière. Elle était remplie jusqu'à la carène. On retrouve là encore le même type de lèvre à méplat oblique caractéristique de la période du Hallstatt Final et du début de La Tène Ancienne pour I'Annorique. Possédant une carène vive assez haute placée sur la panse de la poterie, elle semble appartenir à une série de céramiques fréquemment rencontrées dans les nécropoles régionales contemporaine. A Bodiguet à Sérent (Morbihan) (Giot 1979, p.232 n° 11), au Resto à Moustoir-Ac (Morbihan) (Clément 1981b, PL. LV n°2), au Nignol à Camac (Morbihan) (Giot 1979, p.232 n°12) ou également dans le cimetière de Kerviltré à St. Jean-Trolimon (Finistère) (Giot et al. 1971a, n° 1, 4, 5). Elles peuvent se retrouver à plusieurs exemplaires. Ces récipients sont habituellement datés du Vlème siècle av. J.C. pour les plus anciens souvent décorés de cupules, ou du début du Vème siècle av. J.C. Non exclusive des contextes funéraires, cette forme est également présente sur le site d'habitat du Boisanne à Plouer-sur-Rance (Côtes d'Armor) (Menez 1992a).

34 PLANCHE 1

35

Il est enfin intéressant de noter la similitude évidente de ces récipients avec des productions du sud-ouest de la France. Citons pour exemple les urnes bitronconiques à carène haute découvertes dans de nombreuses tombes de la nécropole du Peyrou à Agde (Hérault) (Nickels et al. 1989, forme F. 2a), datée du Vllème et Vlème siècle av. J.C.

Urne n° 4

Il ne reste de cette sépulture, dont les ossements ont totalement disparus, que les vestiges d'une urne matérialisée par un fond légèrement bombé. Située à proximité immédiate de l'urne n° 8, elle paraît avoir été déposée postérieurement à cette dernière, sa base arrivant approximativement au niveau du col de l'autre sépulture. La présence de suie à l'extérieur du récipient nous indique qu'il s'agit d'un vase de "dépôt primaire".

Urne n° 5

En grande détruite partie par les labours, l'urne n° 5 dont nous ne connaissons que la base, conservait sur une très faible épaisseur les vestiges du remplissage osseux qu'elle renfermait jadis. La faible profondeur de son enfouissement peut s'expliquer par un ressaut du substrat limoneux et des affleurements rocheux sur tout le côté sud-est du tertre. Son aspect pulvérulent résultant d'une recuisson intense tendrait à la considérer comme vase de "dépôt primaire".

Urne n° 6

Ce n'est là encore qu'un fond légèrement bombé et dépourvu d'ossements brûlés qui nous parvient de cette tombe. Il ne présente pas de stigmates d'un passage sur le feu. Pouvons-nous le considérer alors, avec toutes réserves, comme un récipient de "dépôt secondaire". tîrne n° 7

Vase à panse très abrupte marquée par ime carène très haute et un col rectiligne légèrement concave, il possède sur le sommet de sa lèvre des incisions obliques. Sa finition reste succincte. Découvert légèrement basculé et rempli d'ossements à mi-hauteur, il avait une pierre plate en schiste local déposée sur le niveau osseux. Il est possible d'envisager, vu sa position, qu'elle ait pu être utilisée pour lester et maintenir le couvercle organique de l'urne cinéraire, et qu'elle soit tombée au moment de son affaissement. Des traces de suie sur ses parois extérieures, au niveau de la carène et du fond, révèlent qu'elle a séjourné sur le bûcher.

Peu fréquemment rencontrée sur les sites régionaux, la forme de l'urne n° 9 trouve toutefois une correspondance avec un récipient du souterrain de Lamphily à (Finistère) (Giot et al. 1971b) où une datation de 630 + 110 av. J.C. par carbone 14 est proposée. Un nombre relativement important de vases similaires appartiennent à la phase ancienne de l'habitat du Boisanne à Plouer-sur-Rance (Côtes d'Armor) estimée chronologiquement au VI ou début du Vème siècle av. J.C.(Menez 1992a). Ce type de décor d'incision perdure quant à lui, tout au moins durant l'ensemble du Vème siècle av. J.C.

Urne n° 8

Légèrement penchée sur un côté, l'urne n° 8 ne renfermait pas énormément d'ossements calcinés. Son remplissage se limitait, à peu de choses près, à la moitié de sa hauteur. Le vase présente sur certaines faces plusieurs traces de coups de feu relativement importants. Ceux-ci semblent plus relever d'un passage sur le feu et d'une recuisson que d'un effet résultant de sa fabrication. C'est pourquoi nous l'interprétons plutôt comme récipient de "dépôt primaire", malgré l'absence de suie. Ce vase à fond bombé est caractérisé par ime carène marquée presque à mi-hauteur, et un grand col droit légèrement concave. Aucun parallèle n'a pu être effectué si ce n'est une ressemblance lointaine avec un récipient du tumulus de Bodiguet à Sérent (Morbihan) datée par M. Clément de la fin du Vlème siècle ou du début du Vème siècle av. J.C. (Clément 1981b, Pl. XLVIII n° 2). Le caractère "archaïque" de ses traits morphologiques tendrait en effet à considérer son origine relativement ancienne.

37 Urne n°20

Cette tombe à incinération était constituée de deux vases découverts en position inclinée, l'un utilisé comme ossuaire, l'autre retourné comme couvercle. Le remplissage osseux arrivait quelque peu sous l'épaulement. Aucune trace de dégradation par le feu n'est visible sur les deux récipients. Il semble s'agir de poteries de "dépôt secondaire".

Vase A :

L'ossuaire est un récipient de forme haute à épaulement arrondi assez bombé, qui lui assure une certaine souplesse. Il possède un col droit et une lèvre à méplat oblique à l'intérieur de laquelle a été réalisé un décor d'impressions, à l'aide d'une baguette fine et pointue. Aucun parallèle, à proprement parler, n'a été repéré pour ce vase A, excepté peut être un récipient du souterrain de Palhouarn à Monterblanc (Morbihan) (Giot et al. 1978). La forme de la lèvre, la nature du décor, mais surtout la silhouette de l'urne la rapprocherait toutefois, de manière générale, des autres formes du début de La Tène. Aussi son rangement dans le Vème siècle av. J.C. ne nous dérangerait pas.

Vase B :

Les mêmes remarques peuvent être faites pour cette écuelle à haut col et de profil en esse. Une poterie présentant les mêmes caractéristiques, mais à col beaucoup plus réduit, a été mise à jour dans le souterrain de Lespurit-Ellen à (Finistère) (Le Goffic 1985, n° 12) datée de La Tène ancienne.

Mobilier associé :

Une perle en pâte de verre bleu relativement peu foncé a été découverte dans l'ossuaire parmi les ossements. Passée sur le bûcher avec le mort, elle est en grande partie fondue et il nous est impossible de restituer sa forme originelle.

Selon J. Décheletle "les perles de verre importées du sud-est apparaissent dans l'Europe Centrale dès l'Age du Bronze et ne font pas défaut à l'époque de Hallstatt". Il indique cependant qu'elles sont beaucoup plus communes à'partir de La Tène I. Il ajoute également que "beaucoup de perles de cette époque (Tène I) sont en verre bleu uni et en forme de petits anneaux polyédrique (Déchelette 1927, TIV, p.823).

Urne n° 10

Récipient a priori de dépôt secondaire, l'urne n° 10 a été retrouvée en position basculée, installée sur la structure n° 8, sa fosse ayant pénétré sur quelques centimètres le Ut de pierre du four. Elle contenait des ossements incinérés jusqu'au niveau approximatif de son épaulement. Le remplissage a été bousculé sur un côté suite au mouvement de la céramique lors de l'aflaissement de la couverture de la fosse. Cette observation révèle que le couvercle de l'urne s'est détérioré moins rapidement que celui de la tombe.

Vase à fond plat, il possède un profil relativement courbe avec un renflement de son épaulement arrondi, et un haut col droit terminé par une lèvre éversée. Sa morphologie générale tendrait à l'identifier à des formes du début de La Tène. Un récipient très semblable présentant toutefois un épaulement plus caréné, servait d'ossuaire dans la nécropole de Penfoul à (Finistère) (Briard et al. 1984, n° 13). Il est daté de la transition Hallstatt/La Tène.

Urne n°ll

Elle se présentait faiblement basculée sur un côté. Elle ne comportait pas énormément d'ossements. Des traces de coups de feu ou de recuisson sont visibles à certains endroits à l'extérieur comme à l'intérieur. Il semblerait s'agir ici d'un récipient de "dépôt primaire". Similaire à l'urne n°2 avec toutefois une base légèrement plus rétrécie, elle peut bénéficier des mêmes éléments de comparaison et de chronologie.

Urne n° 12

Cette tombe est certainement l'une des plus exceptionnelle du site, d'une part de par l'agencement des deux

38 JTLAINCtifc 3

39 40 récipients supposés de "dépôt secondaire", d'autre part en raison de la qualité esthétique de l'ossuaire. L'inclinaison des vases, vers le nord-est dans ce cas précis, a été remarqué comme pour l'ensemble des autres récipients funéraires. Les ossements étaient conservés dans un très haut vase lui-même déposé dans une autre céramique, cependant plus petite, d'où la curiosité de l'installation. La disproportion des deux vases fait que l'ossuaire (A) dépasse, après restitution des poteries, d'à peu près 2/3 de sa hauteur du récipient extérieur (B). L'effondrement de la couverture de la sépulture a enfoncé l'ossuaire à l'intérieur de l'autre vase, provoquant du même coup l'éclatement de toute la partie haute du vase B, et le décollement des parois de l'ossuaire au niveau de son piédestal (fïg. 35). Ces incidents ont bouleversé quelque peu le remplissage osseux.

Vase A.

C'est un vase élancé de belle facture, à haut piédestal, et à haut col concave, qui a été choisi pour servir d'ossuaire. Sa panse très arrondie, gonflée au niveau de l'épaulement et rétrécie à la base, ainsi que la symétrie du fond à piédestal et du col du récipient, tous deux soulignés à l'intérieur par un large méplat oblique, contribuent à la souplesse et à l'harmonie de la céramique.

Paré exclusivement dans sa partie supérieure de multiples cannelures tantôt fines tantôt larges, lui donnant un aspect mouluré, il est également orné de deux frises linéaires de motifs estampés, losanges pointillés et ocelles doubles, qui se développent sur son pourtour. Le vase A appartient à une série de céramiques bien connue des contextes armoricains de l'Age du Fer. Apparaissant semble-t-il au Hallstatt Final il perdure tout au moins durant la première moitié de La Tène ancienne. Sa forme élancée est caractéristique des récipients de La Tène ancienne telle l'urne à incinération de Roz-an-Tremcn à Plomeur (Finistère) (Wheeler et al. 1957, fig.26 n° 3) ou encore celle de Bagatelle à Saint-Martin-des-Champs, à Morlaix (Finistère) (Clément 1981a, n° 3). Sur le plan ornemental elle s'inscrit dans un ensemble stylistique qui semble propre à la fin du Vème siècle av. J.C.. de type "sévère évolué" (Le Goff 1992).

Vase B

D'aspect soigné, cette céramique à mi-chemin entre la forme de l'urne n°2 et de l'urne n°3, est caractérisée par un col droit se terminant par une lèvre à méplat oblique interne et un fond bombé. Un exemplaire presque similaire a été découvert dans le tumulus du Nignol à Carnac (Morbihan) utilisé vraisemblablement de la fin du Vlème siècle jusqu'au Vème siècle av. J.C. (Clément 1981b, Pl. XXXVII n°l). La hauteur du col et le galbe du fond sont habituellement considérés comme des critères morphologiques anciens, des productions de la transition entre le Hallstatt et le début de La Tène. Même s'il faut relativiser ces considérations, l'association des deux vases pose un dilemme. L'estimation chronologique par le biais du style ornemental semble à priori davantage fiable. Il n'est toutefois pas exclu que nous soyons en présence d'un vase extérieur un peu plus ancien, et réutilisé plus tardivement, ce qui expliquerait ce décalage équivalent à une génération (30 ans).

Urne n° 13

Petit vase globulaire à fond bombé, il ne conservait aucun vestige des ossements humains qu'il devait contenir à l'origine. Découvert très fractionné en raison de sa profondeur d'enfouissement, il semblerait correspondre à un récipient de "dépôt secondaire". L'urne n°13 est elle aussi pourvue de motifs estampés organisés en frises, encadrées de cannelures simples, qui se développent dans le registre supérieur de la panse, juste sous le col. Bien qu'elle ne nous soit parvenue qu'à l'état fragmentaire, il nous est possible de constater l'absence de décors sur le reste de la poterie.

Même si aucun parallèle régional n'apparaît quant à l'urne n°13, elle peut être rapprochée de certains vases de silhouette identique, cependant de forme incomplète, trouvés en quantité relative à Pouilladou à Prat (Côtes d'Armor), appartenant au contexte ancien de l'habitat daté de l'ensemble du Vème siècle av. J.C. (Le Goff 1992). Elle se rapporte sur le plan stylistique à une version un peu plus "archaïque" que l'ornementation de l'ossuaire n° 12, mais toutefois libérée du "style sévère primitif' de transition entre le Premier et le Second Age du Fer. Aussi pouvons-nous estimer sa datation à la deuxième moitié du Vème siècle av. J.C.

Urne n°14

Sépulture sans vase. Figo 34 : Urne n°12, éclatement du vase et remplissage osseux

Fig. 35 : Urne n°12, éclatement du fond du vase A lié à son effondrement à l'intérieur du vase B Urne n°15

Urne inexistante. Au cours de la fouille, un ensemble de tessons appartenant à la même poterie avait été noté comme urne. Il s'est avéré qu'ils ne correspondaient à rien de concret.

Urne n°16

Il ne reste que des vestiges partiels de l'urne n° 16. L'extrême pauvreté en ossements carbonisés et surtout l'absence de partie basse du récipient nous amène à nous interroger quant à son emplacement d'origine. Le vase, bien conservé pourtant sur la moitié de sa hauteur et sur plus d'un quart de sa circonférence, n'aurait pu être déplacé par les labours successifs du terrain sans subir de dommages plus importants entraînant son éclatement total. Son dépôt tel quel dans une fosse avec quelques ossements paraît en revanche peu probable, surtout que les restes du défunts se trouvaient bien à l'intérieur de la céramique.

Quoiqu'il en soit, l'absence de traces consécutives à un passage sur le feu nous laisse penser que ce vase assez soigné est de type "dépôt secondaire". Bien évidemment l'aspect incomplet du récipient, ne nous permettant pas de savoir s'il s'agit d'une forme haute ou basse, nous ôte toutes possibilités de comparaisons. Certains traits morphologiques sont pourtant déterminants.

L'urne n°16 est caractérisée par un col droit assez haut, terminé par une lèvre à méplat oblique typique des céramiques de la fin du Hallstatt et de la première moitié de La Tène Ancienne. Un groupe de deux cupules réalisées à l'aide du pouce, est répété quatre fois sur le pourtour du vase. Ce type de décor spécifique du Hallstatt Final se retrouve abondamment sur les céramiques armoricaines. Mentionnons certains vases de la nécropole de Penfoul à Landeleau (Finistère) (Briard 1984, n°4 et 12), une urne datée du Vllème ou du Vlème siècle av. J.C. du tumulus de Coët-a-Tous à Carnac (Morbihan) (Clément 1981b, Pl.XXXIX n°l), d'autres du cimetière de Bagatelle à Saint-Martin-des-Champs, à Morlaix (Finistère) de la fin du Vlème siècle et du début du Vème siècle av. J.C. (Clément 1981a, urne n°2), ou encore un récipient du tumulus du Nignol à Carnac (Morbihan) (Giot 1979, p.232 n°12).

Urne n°17

Simple base d'un ancien vase cinéraire à fond très peu bombé, elle ne contenait plus aucun vestige osseux. De surfaces soigneusement lissées, elle présente de nombreuses traces de coups de feu à l'extérieur. Cet indice nous permet de la supposer de "dépôt primaire".

Urne n°18

Il ne s'agit là que d'un fond très bombé d'un récipient lustré à pâte brun-rouge. L'absence de toutes marques relatives à un séjour sur le feu suppose que l'urne n°18 est plutôt un vase de "dépôt secondaire". Aucune autre remarque ne peut être apportée si ce n'est le caractère habituellement ancien de sa morphologie, et ses similitudes avec les fonds des urnes n°3, 8 et 12 B.

Urne n°19

Vase très trapu, l'urne n° 19 est quasiment dépourvue d'épaulement à tel point que son haut et très rigide col s'inscrit presque dans le prolongement de la panse du récipient. Là encore basculé, il était rempli au 2/3 de débris osseux. Céramique apparemment de "dépôt secondaire" elle semble avoir fait l'objet d'une finition attentive, entièrement lustrée à l'extérieur. Il semble trouvé un équivalent livré dans le souterrain de La Tène I de Kerveo à (Finistère) (Giot et al. 1968, n°25) ou rappeler encore le vase hallstattien de Menez Kerveyen à Plogastel- St-Germain (Finistère) (Giot 1980). Les traits morphologiques de l'urne, son col très droit, son fond bombé et surtout le décor de cupules simples (4 au total) sur l'épaulement, sont d'ailleurs plus caractéristiques de la fin du Premier Age du Fer. Les considérations chronologiques émises pour l'urne n°16 peuvent être retenues pour celles- ci.

43

Urne n°20

Récupérée dans la tranchée de sondage de la maison au moment des travaux, l'urne n°20 se trouve donc non située sur le plan de la nécropole. Il s'agit en réalité d'un fond plat assez fruste d'un récipient de forme haute. La présence de séquelles relatives à un passage sur le bûcher funéraire (traces de recuissons partielles et suie) nous laisse penser que nous ayons affaire à un vase de "dépôt primaire".

Urne n°21

L'urne n°21 a également été détruite par les travaux. Même s'il n'en reste qu'un fond, ce vase de dépôt a priori "primaire" comme en témoigne la recuisson intense qu'il a subit peut toutefois trouver de nombreuses correspondances. Il s'agit en effet d'un fond à piédestal court présentant dans sa face interne un méplat oblique, d'un vase élancé à épaulement arrondi haut, parfois marqué d'une carène, et à base rétrécie. Ce type de fond également présent à Melgven (Finistère) (Villard 1992) semble apparaître dans la transition du Hallstatt Final et du début de La Tène Ancienne avec certaines urnes situliformes du cimetière de Lannvreon (ou Kerscao) à Peumerit (Finistère) (Giot et al. 1955) où toutefois des fibules en fer de type Tène I ont été livrées associées, ou encore à St-Uriac à Corseul (Côtes d'Armor) (Bardel 1977, n°2). Ils perdurent jusqu'à la fin de La Tène Ancienne mais sous une forme légèrement évoluée.

Urne n°22

Il ne reste de cette ancienne incinération qu'un fond de vase accompagné de deux esquilles osseuses découverts dans la tranchée de sondage de la maison. Sa dénomination de récipient de "dépôt primaire" se fonde sur le présence de suie sur les parois externes de la céramique.

Urne n°23

Ce récipient ne nous est parvenu qu'à l'état très fragmentaire. Complètement éclaté par les labours et dépourvu de tous vestiges osseux, son interprétation comme vase funéraire semble le plus plausible. Aucune trace de dépôt d'offrande à l'intérieur du tertre, n'a en effet été prouvée. Cet espace semble être spécifiquement réservé aux sépultures.

L'allure générale de la céramique a pu être cependant restituée. II devait s'agir d'un vase relativement élancé à épaulement selon toute vraisemblance arrondi et à base rétrécie. Poterie apparemment de "dépôt secondaire", lustrée à l'extérieur, elle possède un fond à bourrelet d'assise, et un col droit terminé par une lèvre à méplat oblique interne. La faible hauteur de son col et la nature de son fond nous inciteraient à la dater du début de La Tène Ancienne.

Urne n°24

Comme la céramique précédente ce récipient a été éclaté (carré F.3) par les accoups successifs dus aux travaux agricoles. Pour les mêmes raisons que celles décrites plus avant, nous la considérons là encore comme ancien vase cinéraire, même si elle ne renfermait plus aucun ossement calciné.

L'abondance des traces de suie sur les parois extérieures de la poterie nous incite à croire qu'il s'agit d'un vase de "dépôt primaire". L'urne n°24 est caractérisée par un fond plat, un épaulement caréné, et une base rétrécie. Il devait également posséder un col droit. Une restitution du récipient a pu être possible en mesurant les diamètres du fond et de l'épaulement. La hauteur bien qu'hypothétique ne nous semble pas si erronée. Il est difficile de pouvoir dater précisément cette poterie en raison de son aspect incomplet. Même si les carènes sont habituellement des critères d'ancienneté elles peuvent se retrouver jusqu'à la fin du Vème siècle av. J.C. dans les contextes domestiques du site de Pouilladou à Prat (Le Goff 1992).

Urne n° 12

Le même scénario se répète ici pour l'urne n°25, grand pot couvert de suie, découvert éclaté à proximité de

45 PLANCHE 6

Urne n°20

^ I Urne n°24

Urne n°21

Urne n°22

Urne n°25

Urne n°23

46 PLANCHE 7

E.4 F. 2/3

=3

F.4 Décap.tertre

V b-zd Décap.tertre C.7 Décap.tertre

I

\ » C.7 E.2

V B.5 ! G.3 F.4

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G.7 E.8 E.7

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Décap.tertre Tr. 2 (1) Tr. 9 (4)

9 i 5

47 l'urne n°24 (F.2/3) sans présence d'ossements. Vase considéré de "dépôt primaire" il a pour particularité un large épaulement situé assez bas sur la panse. Il s'agit d'un récipient de facture grossière, brut d'aspect.

La fouille du tertre a révélé d'autre part de nombreux fragments de poteries dont un bon nombre doivent correspondre à d'autres sépultures entièrement détruites par les travaux agricoles et l'arasement du monticule funéraire. Une partie d'entres eux peut aussi provenir d'apports successifs de terres extérieures au site pour les réaménagements du tertre.

A ce sujet, deux haches polies en dolérite du type de Plussulien (Finistère) ont été découvertes parmi les urnes (fig. 36). Il s'agit plus précisément d'un fragment brisé et d'un bloc de roche verte ébauché. L'intérêt technologique de ce dernier est qu'il présente les différentes phases de façonnage de l'objet : le débitage en premier lieu du bloc brut pour lui donner sa silhouette générale, la bouchardage ensuite pour le régulariser, et enfin le polissage de finition. Quelques éclats de silex ont également été découverts dans la masse de terre. Ces divers éléments sont les témoins résiduels d'une occupation néolithique à proximité du site protohistorique.

Un cristal d'améthyste très clair a été trouvé aux alentours de l'urne n°10. Vraisemblablement ramassé pour ses qualités esthétiques, il nous est impossible de savoir s'il est en relation avec une des sépultures de la nécropole, ou s'il correspond uniquement à un objet perdu ou rapporté.

Fig. 36 : iMobilier lithique Néolithique (dessins J.Y. Tinevez)

48 Le mobilier de l'enclos

Les fossés de l'enclos ont également livrés du mobilier archéologique, notamment deux vases au profil complet dans la section effectuée dans la structure n°20, et les restes d'un troisième récipient repéré dans le sondage du fossé n°18 dans la tranchée n°2 (fig. 37). Les deux premières céramiques étaient écrasées sur le fond et la paroi extérieure du fossé, distantes l'une de l'autre d'une cinquantaine de centimètres. Récipients de fort gabarit il s'agit de céramiques de type vase de stockage et qui ont pour particularité celle d'être partiellement couverts de suie à l'extérieur.

Structure n°20 vase A :

Ce vase de forme très trapue possède une panse rectiligne avec un épaulement arrondi. Il se termine dans sa partie supérieure par un col droit un peu effilé. Sa morphologie anodine ne nous facilite pas les comparaisons.

Structure n°20 vase B :

Très trapu lui aussi le vase B est imposant par ses dimensions. Il s'agit d'un récipient à large panse bombée légèrement et qui se caractérise par un col droit à lèvre à méplat oblique interne. Outre les diverses analogies rencontrées, il présente des caractéristiques similaires aux urnes n°l B, n°2 ou encore n°l 1. On peut citer à titre d'exemple un vase similaire dans ses traits essentiels, du souterrain de Palhouarn à Monterblanc (Morbihan) (Giot et al. 1976, n° 1) datant très probablement du Hallstatt Final ou du début de La Tène Ancienne.

Ces deux récipients ont été utilisés lors d'une activité culinaire comme pots de cuisson. Vases d'offrandes très vraisemblablement plutôt que rejets de contextes domestiques proches, ils posent un problème d'interprétation. Il est en effet difficile de pouvoir définir si ce type de dépôt de céramiques à l'extérieur de la nécropole est lié à un culte post-mortem (culte des anciens), ou s'il correspond, parallèlement, à celui d'urnes cinéraires dans une fosse sépulcrale. Auquel cas, nous aurions un espace spécifique réservé aux morts et un autre réservé aux offrandes d'accompagnement. Quoiqu'il en soit, dans les deux cas de figure cette distinction semble transparaître. L'existence d'offrande directe dans les tombes ou même dans l'espace marqué par le tertre n'est, il est vrai, aucunement prouvée ni même supposée en raison des données recueillies.

Le bloc sculpté

Découvert à mi-hauteur du comblement du fossé n°4 ce bloc de granité jaune appartient à une forme hémisphérique d'un diamètre d'environ 60 cm, d'une hauteur comprise probablement entre 30 et 40 cm (fig. 38). Il a pour caractéristiques d'avoir une base plane entièrement bouchardée. Les zones d'éclatement visibles sur le fragment témoignent d'une destruction volontaire par débitage de l'objet d'origine. Il est décoré sur sa face d'une bande linéaire brisée marquée par deux saignées parallèles dans le granit, encadrée de part et d'autre par une cannelure simple. La frise semble se développer sur tout le pourtour de la pierre. La partie supérieure a révélé, quant à elle, l'existence de diagonales croisées formant losanges et croix. Les décors sont très érodés et difficiles à percevoir en raison de la grosseur des grains de la roche. Seule une lecture en lumière rasante a permis de les identifier.

Peut-on employer le qualificatif de stèle, à proprement parler, pour définir cet objet ? Sa morphologie générale s'apparente de très près aux stèles hémisphériques basses très répandues sur le territoire Vénète (Giot 1979). Cependant à la différence de ces dernières il ne possède pas d'embase brute, non travaillée, correspondant à la partie enterrée de ces pierres taillées. De même qu'aucune d'entre elles ne présente un dessus plat, tronqué, dans l'hypothèse où l'on disposerait le bloc de granit dans le sens inverse. Son allure ovoïde ne semble d'ailleurs pas appropriée à une telle orientation. Le caractère plan de sa base tendrait à signifier que le bloc devait être simplement posé et non en partie enfoui. Son scellement dans le sol ne paraît en outre nécessaire si l'on tient compte du poids que devait avoir le bloc dans son entier. On peut envisager qu'il ait servi dans une phase d'occupation de la nécropole de marquage au sol de l'espace sacré ou qu'il soit plus particulièrement rattaché à une seule ou un groupe de sépultures.

Stèle ou autre objet dont la connotation dépasse le simple critère esthétique, elle vient ici conforter un rapport de plus en plus évident entre la sculpture sur pierre (honnis le cas de la statuaire) et le contexte funéraire.

49

0 20 cm

Fig. 38 : Bloc de granite sculpté (fossé n° 4)

Les stèles de Kerviguérou à Melgven (Finistère) et de Roz-an-Tremen à Plomeur (Finistère) y prétendent. Ses pierres décorées de motifs géométriques s'inscrivent dans un style ornemental armoricain pluridisciplinaire de La Tène Ancienne, plus précisément du Vème siècle av. J.C., auquel peut se rapporter le fragment de Poulgigou.

Quant à l'origine du matériau, le granite a très certainement été importé. Le sous-sol local étant constitué d'un schiste. Une étude plus détaillée de la roche, permettrait peut-être d'en connaître la provenance.

51 Poulgigou : une nécropole de transition Hallstatt/La Tène.

Nous ne répétons pas ici une seconde fois les données précédemment énumérées, mais tenterons d'apporter les éléments issus de la confrontation et de la synthèse des informations collectées, permettant la compréhension de l'évolution de la nécropole.

Les apports des tentatives de comparaisons, et d'analogie de mobilier archéologique funéraire nous permettent d'établir une fourchette chronologique de la période d'utilisation du cimetière.

C'est vraisemblablement au cours de la seconde moitié du VTème siècle que s'est installé le site, ou du moins la ou les premières sépultures. Sa fréquentation dura jusqu'à la fin du Vème av. J.C. comme l'atteste les urnes les plus tardives. Sa pérennité coïncide de manière générale avec celles estimées pour l'ensemble des sites analogues connus dans la région. L'abandon des nécropoles vers la fin Vème ou début du IVème siècle av. J.C. paraît illustrer un phénomène de rupture dans les croyances et les pratiques funéraires des populations locales. De là à y déceler l'idée très séduisante d'une mutation dans la société armoricaine elle-même, il faut rester très prudent, même si le funéraire est souvent révélateur des bouleversements socioculturels. La connaissance en la matière pour les périodes plus tardives est ,de plus, quasiment inexistante.

L'absence constatée de stratigraphie dans le monticule de terre, il est impossible de prétendre à une restitution des différentes étapes de réaménagement du tertre. Encore faut-il qu'il y en ait eu. A ce sujet, seule la localisation des vases à incinération et leur répartition permettent certaines hypothèses.

Il est intéressant de noter que les récipients présentant les critères morphologiques les plus anciens (urne n°16 et n°9) ont une position centrale dans l'ensemble funéraire. Ils sont tous deux situés à proximité de la structure n°8, comme s'ils encadraient le four antérieur à la formation du tumulus. Supposer leur correspondance aux premières tombes de la nécropole est envisageable.

Les urnes estimées de la transition entre les deux Ages du Fer se trouvent pour une part, telles les sépultures n°l, 2, 3, 8 ou encore n°l 1, en périphérie de la zone sépulcrale. Elles marquent le contour de l'espace des dépôts funéraires et semblent ainsi signifier la relative ancienneté des limites du tertre. Il est tout à fait possible qu'elles aient été installées dans le tertre primitif, plutôt qu'elles relèvent d'un élargissement du premier monticule de terre.

Certaines incinérations parmi les plus tardives ont été enfouies, tel le cas de l'urne n°12, dans la partie centrale du tumulus. Nous avons ainsi la preuve de l'occupation continuelle du centre de la nécropole jusqu'à son abandon.

Tous ces éléments nous amènent à considérer que les limites du tertre ont été très rapidement établies, et qu'elles ont certainement peu évolué au cours de son utilisation. Si l'extension du tertre au sol ne paraît être évidente, il n'en est pas de même quant à son évolution verticale. La réutilisation de la zone centîale et les différences de niveaux d'enfouissement, si l'on considère que les fosses sépulcrales sont adaptées aux récipients qu'elles reçoivent témoignent de niveaux de surface différents au cours de la fréquentation de la nécropole, et donc de rehaussements du tumulus par de la terre rapportée. La restitution des céramiques et de leur environnement immédiat nous permet d'envisager une hauteur minimale du tertre, pour la phase tardive, équivalente à environ 1,10 m.

L'observation de la répartition des dépôts des récipients par type "primaire" ou "secondaire" semble elle aussi apporter quelques indices, maigres soient-ils (fig. 39). Indépendamment du fait du recours aux deux pratiques funéraires tout au long de l'usage de la nécropole, il est intéressant de remarquer la concentration des vases qui ont été associés aux bûchers de crémation, dans l'extrémité occidentale du tertre (carrés E.F./2.3.). Cette densité très ponctuelle par rapport à l'ensemble du cimetière pourrait illustrer un phénomène de mode dans la préférence à un moment donné en un procédé plutôt qu'en un autre. Elle correspondrait alors, en suivant ce même raisonnement, à une phase précise de dépôt dans le tertre "d'exploitation" d'un secteur inoccupé.

52 » , T , Z I A , » | c , o I t I F , C , H , , , , , « ,

Fig. 39 : Plan de répartition des vases de "dépôt primaire" ( • ) et de "dépôt secondaire" (• )

Tout le problème avec ce type de site est de savoir s'il s'agit véritablement d'une nécropole, au stricte sens du terme, avec des sépultures multiples, telle qu'elle apparaît au moment de sa découverte à savoir sous sa phase terminale. L'idée d'un espace funéraire individuel au départ sur lequel se seraient greffées postérieurement d'autres tombes peut être également envisageable sans pouvoir pour autant être vérifiée.

Avec son chiffre minimum de 30 tombes, la nécropole de Poulgigou comme celle de Melgven (Finistère) diffère des grands sites funéraires contemporains d'Agde (Hérault) ou d'Enserune (Hérault) où les sépultures se comptabilisent par centaines. Si l'on tient compte du nombre d'incinérations recensées et de la fourchette chronologique émise pour les céramiques, à savoir une durée maximale de 150 années, nous déduisons un nombre de morts équivalent à un décès tous les 5 ans. Cette moyenne reste étonnement faible, même s'il s'agit d'une communauté peu importante si l'on considère la longévité de l'existence à l'époque, ne serait-ce que par référence et comparaison avec la période médiévale et moderne. On estime en effet une durée moyenne de vie pour la population équivalente à 20 ou 30 ans au XVIIème siècle, et un taux de mortalité de 30 à 38/1000 sous l'Ancien Régime, sans évoquer celui de la mortalité infantile beaucoup plus élevé (Garnot 1988).

La nécropole est vraisemblablement associée à une communauté villageoise implantée sans doute à proximité. Les études récentes en Bretagne ont en effet mis en évidence la faible distance séparant l'habitat du contexte funéraire (Tanguy et al. 1990). Rappelons également que le privilège du repos dans l'espace sacré funéraire pouvait ne s'adresser qu'à une partie seulement de la population (ce qui expliquerait pour une part le nombre peu important d'incinérations). Peut être celle du pouvoir communautaire, politique ou foncier; les deux pouvant bien évidemment être liés. La pauvreté des sépultures en mobilier associé propre aux tombes actuellement recensées en Armorique, par opposition aux tombes riches d'une certaine noblesse connues dans le reste de la France pour cette époque, tendrait à relativiser toutefois le statut social des individus enterrés.

53 CONCLUSION

Le site de Poulgigou à La-Forêt-Fouesnant s'inscrit sans problème dans le cadre des nécropoles contemporaines mises àujour en Bretagne, dont un bon nombre concerne le Finistère. Il a livré une quantité d'information non négligeable, autant sur la zone funéraire que sur son environnement immédiat, démontrée entre autre grâce aux décapages extensifs sur le tertre lui-même mais aussi à ses alentours.

Rappelons la nécessité évidente de s'attarder sur les récipients funéraires au moment de leur fouille et non pas seulement sur leur contenu, car ils sont les uniques témoins de l'espace sépulcral des tombes. Au même titre que pour les inhumations, ils peuvent révéler au travers des bouleversements dont ils ont fait l'objet, les conditions de leur mode de dépôt.

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Les vestiges osseux provenant de 14 urnes à incinération ont été étudiés.

Méthode

La fouille des urnes a été réalisée en laboratoire. L'état de

conservation des os n'étant pas très bon, la technique de fouille utilisée est une adaptation de la méthode de fouille classique.

Tout d'abord, le niveau de surface est mesuré, puis la fouille carmence avec outils de dentiste et pinceaux. Une première couche osseuse est dégagée, des photos sont éventuellement prises, et les os sont prélevés

les uns après les autres et conditionnés dans trois types de sachets selon

leur identification : fragments de crâne, fragments de diaphyse et fragments indéterminés ou ne correspondant à aucun des deux groupes pré- cités. Ces sachets portent le numéro du prélèvement.

La fouille se poursuit de cette manière sur quelques centimètres de profondeur (variables suivant la densité osseuse). Puis, le niveau est à nouveau mesuré et de nouveaux sachets avec un nouveau numéro, sont utilisés pour le conditionnement des os. Et ainsi de suite... jusqu'au fond de l'urne, dont le dernier niveau est mesuré.

Cette technique permet lors de l'analyse de suivre l'ordre de remplissage de 1'urne.

En second lieu, l'ensemble des os sont étudiés et déterminés plus finement si possible. Ainsi les fragments sont regroupés suivant leur appartenance à une région du squelette tout en gardant l'ordre de leur répartition suivant la profondeur dans l'urne.

Ensuite les différents fragments osseux sont pesés. Cette pesée permet d'apprécier la représentation des diverses parties du squelette et sa répartition au sein de l'urne.

Analyse

• Urne U1

L'urne est complète.

Les ossements sont contenus dans une jatte retournée dans l'urne.

L'épaisseur de la couche osseuse est de 7,7 cm. Le prélèvement des -2- fragments s'est étalé sur trois niveaux : de 0 cm à 2,7 cm, de 2,7 cm à

5,2 cm et de 5,2 cm à 7,7 cm.

Un fragment d'objet en bronze, probablement un bracelet, a été trouvé dans l'urne, ce fragment est fondu, il a donc été en contact avec le bûcher.

Les os sont blancs sauf un fragment de côte qui est bleu.

Le poids total des os est de 64,7 g. L'indice pondéral crânien est le

rapport du poids des fragments de crâne au poids total des ossements contenus dans l'urne, il est pour cette urne égal à 42 (Cf. diagrarrme 1).

Or, l'indice pondéral crânien que l'on obtient lors de la pesée d'un squelette d'adulte incinéré est de 17 à 24 (Lawrence and Latimer in

Krogman, 1978).

Cette donnée pourrait suggérer que lors du ramassage des os sur le bûcher, un choix a été réalisé, privilégiant les fragments de crâne. De plus, le poids total des fragments recueillis est faible (même pais 100 g), on peut donc supposer que le but n'était pas de récupérer l'ensemble de vestiges de la crémation.

Les germes dentaires et les fragments osseux ont permis d'identifier un individu âgé de 18 mois +/" 6 mois (Ubelaker, 1978).

Les données que nous utilisons contme référentiel pour les pourcentages des différentes parties du squelette proviennent d'individus adultes, or la proportion du crâne par rapport au reste du squelette est plus importante chez l'enfant en bas-âge que chez l'adulte, il est donc logique de trouver une valeur élevée de l'indice pondéral crânien pour cette sépulture.

Cependant 42 reste une valeur élevée, et c'est la valeur d'indice pondéral crânien la plus élevée pour cette nécropole (Cf. graphique 13).

dUxjugnjowmz. 1 -3-

Le taux d'identification des fragments est de 60,6%, ce sont

essentiellement des fragments du crâne et du tronc (Cf. diagramnrte 1 et

tableau 1).

L'analyse de la répartition des fragments dans l'urne selon la

profondeur (Cf. graphique 1) montre que les fragments d'os coxal et de côte

ont été placés dans la moitié inférieure du récipient (celui-ci étant

renversé les profondeurs sont à inverser : la profondeur la plus grande

correspond au haut de la jatte et la plus petite au bas de la jatte)., les

fragments de crâne sont répartis sur toute la profondeur, avec une plus grande concentration dans le fond. Les fragments de diaphyses sont

concentrés vers le haut.

Tous les fragments ont le même stade de maturité et aucun doublet n'a

été décelé, il semble donc qu'un seul individu soit représenté à

l'intérieur de cette urne.

• Orne U2

L'urne est canplète. La hauteur du remplissage est de 11 cm. La

couche osseuse apparaît 2,5 cm plus bas, elle a 8,5 cm d'épaisseur, et a

été prélevée en trois fois : de 2,5 cm à 5,5 cm, de 5.5 cm à 9 cm et de 9 cm

à 11 cm (Cf. photo 1).

Des fragments ont été retrouvés en dessous de l'urne, ils ont une masse de 27,1 g. Ces fragments ont le même stade de maturité et la même robustesse que ceux contenus dans l'urne. Il s'agit de fragments crâniens, de fragments indéterminés de diaphyses, de fragments indéterminés du groupe

« métacarpien, métatarsien, phalange », et d'esquilles. Les données provenant de cet ensemble ont été regroupées avec celles issues directement de 1'urne.

Dans l'urne, les fragments ont tout d'abord une organisation conique : ils sont regroupés au milieu de l'urne, ceux qui sont au centre sont à plat, ceux qui sont en périphérie sont inclinés et forment un cône, ensuite, avec la profondeur, cette disposition conique disparaît : les fragments sont à plat et quelques uns sont sur chant.

Les os sont blancs.

Le poids total des os est de 247,9 g et l'indice pondéral crânien est de 16,3, ce qui est une valeur proche de celle obtenue pour un ramassage complet du squelette. Il n'y aurait donc pas eu pour cette sépulture un ramassage préférentiel des fragments crâniens.

Le taux d'identification des fragments est de 39,1%, ce sont essentiellement des fragments de crâne et de diaphyses des os des membres inférieurs (Cf. diagramme 2 et tableau 1). Les diaphyses indéterminées -4- occupent une part inportante (51,2%). Le ramassage des os sur le bûcher tel que nous le percevons par l'analyse des fragments consiste essentiellement à la collecte de fragments crâniens et diaphysaires.

dÀjcuaAjoumm^ 2

L'analyse de la répartition des fragments dans l'urne selon la profondeur (Cf. graphique 2) montre que les fragments diaphysaires sont présents dans toute l'urne avec une concentration plus importante dans la partie supérieure, au contraire les fragments crâniens sont concentrés dans 1e bas de 1' urne.

Tous les fragments ont le même stade de maturité et la même robustesse, de plus, aucun doublet n'a été identifié, il semble donc qu'il n'y ait les restes que d'un seul individu adulte.

• Urne U3

L'urne a été abîmée : le niveau supérieur a été récupéré dans le

godet du tractopelle.

La couche osseuse restante a 11 cm d'épaisseur. Le prélèvement des

fragments a été réparti sur trois étages : de 0 cm à 4 cm, de 4 cm à 8 cm,

de 8 cm à 11 cm. Aucune organisation particulière dans le dépôt des

fragments n'a été notée.

Les os sont blancs sauf deux fragments crâniens et un diaphysaire qui

sont bleus.

Le poids total des os est de 386,7 g et l'indice pondéral crânien est de 28,4 ce qui dépasse l'intervalle donné par le référentiel. Cette valeur -5- pourrait indiquer une prédilection pour les fragments crâniens lors du

ramassage sur le bûcher.

Le taux d'identification des fragments est de 57,6%, ce sont des

fragments de crâne, de côte, de diaphyses des os des membres supérieurs et

inférieurs (Cf. diagrairme 3 et tableau 1) Les diaphyses indéterminées et

les fragments crâniens ont les pourcentages les plus importants de

l'ensemble des fragments, respectivement 35,3% et 28,4%.

esquilles (7, 1%)

Crâne (28, 4%)

diaph. indét. (35,

Total Trono (0, 8%)

M.Bup. (8, 3%)

M. inf. (20. 1%)

diaugnaimK, 3

L'analyse de la répartition des fragments dans l'urne selon la profondeur (Cf. graphique 3) montre que les fragments diaphysaires sont répartis sur toute la hauteur de l'urne tout cortme les fragments crâniens, mais les premiers sont concentrés dans la partie supérieure et les seconds dans la partie inférieure.

Tous les fragments ont le même stade de maturité et la mène robustesse, de plus, aucun doublet n'a été identifié, il semble donc qu'il n'y ait les restes que d'un seul individu adulte.

Des fragments d'une masse totale de 78,4 g ont été recueillis autour et en dessous de l'urne. Il s'agit de fragments crâniens, de fragments de côte, de fémur et de tibia, de fragments indéterminés du groupe

« métacarpien, métatarsien, phalange », de fragments indéterminés de diaphyses et d'esquilles (le diagramme 3 et le tableau 1 tiennent compte de ces données). Ces fragments ne peuvent pas provenir de l'urne, puisque l'urne a conservé sont fond et les côtés sont intactes. Ils auraient donc

été disposés intentionnellement au meuvent du dépôt de l'urne. Néanmoins, -6- ils ont le mesne stade de maturité et la même robustesse que les fragments issus de l'urne, ils pourraient donc appartenir à un seul et même individu.

• Urne U5

Cette urne a été détruite. Les fragments recueillis étaient contenus dans une couche de 3 cm d'épaisseur, ils sont tous blancs, mal conservés et ont une masse réduite : 65,3 g. Il s'agit de fragments crâniens, diaphysaires et d'esquilles (Cf. diagrarrme 4 et tableau 1).

dlagnamne, 4

Des fragments crâniens, diaphysaires et des esquilles provenant de l'urne ont été retrouvés à l'extérieur de celle-ci (le diagrarrme 4 et le tableau 1 tiennent compte de ces données). Tous ces fragments ont le manne stade de maturité et la mène robustesse, et aucun doublet n'a été identifié, il n'y aurait donc les restes que d'un seul individu adulte dans et autour de l'urne.

• Urne U7

L'urne est complète. Les ossements sont peu nombreux au niveau de la surface du remplissage mais leur densité augmente avec la profondeur. La hauteur du remplissage est de 14 cm. La couche osseuse a été prélevée en quatre fois : -7- d1 abord de 0 cm à 6 cm, puis de 6 cm à 9 cm, et de 9 cm à 11,5 cm, enfin de 11,5 cm à 14 cm.

Les os sont tous blancs.

Le poids total des fragments est de 159,6 g. L'indice pondéral

crânien est de 9,5 c'est une valeur basse. En effet les fragments sont pour

78,7% des fragments diaphysaires (Cf. diagrairme 5). Ce pourcentage

important de diaphyses pourrait s'interpréter corme un choix dans le

ramassage des fragments sur le bûcher.

dicupiamm. 5

L'analyse de la répartition des fragments dans l'urne selon la profondeur ne montre aucun ordre particulier pour le dépôt des ossements, de plus au cours du prélèvement du troisième niveau, deux graviers de quartz qui semblent avoir été fragmentés par le feu, ont été recueillis. Ceci indiquerait qu'après la crération, la collecte n'est pas exclusive et que des éléments autres que des os peuvent aussi être introduits dans l'urne.

Tous les fragments ont le même stade de maturité et la même robustesse, de plus, aucun doublet n'a été identifié, il semble donc qu'il n'y ait les restes que d'un seul individu adulte. -8- • Unie U8

L'urne est complète.

Les os affleurent et la couche osseuse a une hauteur de 15,5 cm. Elle a été prélevée en quatre épisodes : de 0 cm à 5,5 cm, de 5,5 cm à 8 cm, de 8 cm à 12 cm et de 12 cm à 15,5 cm.

Les os sont blancs.

Le poids total des os est de 212,1 g et l'indice pondéral crânien est

de 26,1. Cette valeur est élevée par rapport à l'intervalle donné par le

référentiel, il pourrait donc y avoir eu un choix plus particulier pour le

crâne dans la collecte des vestiges osseux sur le bûcher.

Le taux d'identification est de 52,3%, ce sont des fragments de

crâne, de côte, de diaphyses des os des membres supérieurs et inférieurs

(Cf. diagramme 6 et tableau 1). Les diaphyses indéterminées constituent

37,8% des fragments.

Crâne (26, 1%)

Total indél (47, Trône (0, 7%) M. Bup. (5, 8%)

Total M. inf. (19, 7%)

dÀjaxyiwnrne.. 6

L'analyse de la répartition des fragments dans l'urne selon la profondeur (Cf. graphique 4) indique que les fragments diaphysaires et crâniens sont présents dans toute l'urne mais que les diaphyses sont concentrées dans la partie supérieure et le crâne dans la partie inférieure.

Tous les fragments ont le même stade de maturité et la même robustesse, de plus, aucun doublet n'a été identifié, il semble donc qu'il n'y ait les restes que d'un seul individu adulte. -9- • Urne U9

L'urne est complète, elle est fermée par un vase retourné.

Les os affleurent et la couche osseuse a une hauteur de 14 cm. Le prélèvement s'est effectué sur cinq niveaux : de 0 cm à 1 cm, de 1 cm à

5,5 cm, de 5,5 cm à 7,5 cm, de 7,5 cm à 8,5 cm, de 8,5 cm à 14 cm.

Des fragments ont été retrouvés en dessous de l'urne, ils ont une masse de 20,4 g. Il s'agit de fragments de crâne, de fémur, de diaphyses et d'esquilles. Ils font partie du même ensemble que les ossements de l'urne, en effet, le fond de l'urne est mal conservé. Les données provenant de cet ensemble ont été regroupées avec celles émanant directement de l'urne.

Les os sont blancs.

Le poids total des os est de 286,1 g. L'indice pondéral crânien est de 16,8, ce qui est une valeur quasi normale par rapport à l'intervalle donné par le référentiel.

Le taux d'identification des fragments est de 36,5%. Les éléments qui ont été déterminés sont des fragments de crâne et de diaphyses des os des membres inférieurs (Cf. diagranme 7 et tableau 2). Les éléments indéterminés sont des fragments du groupe « métacarpien, métatarsien, phalange », des fragments d'os spongieux, des fragments de diaphyses et des esquilles.

8] Total Crâne (16. 8%)

diaph. indét (39. 0%)

Total M. inf. (19. 7%)

Me, Mt, Ph (0. 9%)

esquilles (22, 0%)

dÀjouywumrm, 7

L'analyse de la répartition des fragments dans l'urne selon la profondeur (Cf. graphique 5) montre que les fragments crâniens et diaphysaires sont présents dans toute l'urne, on note une concentration des -10- fragments crâniens dans la moitié supérieure du remplissage et une concentration des fragments diaphvsaires dans la moitié inférieure.

Une perle en verre bleue a été prélevée dans l'avant-dernier niveau, elle a été au contact du bûcher : elle est éclatée et fondue.

Tous les fragments ont le même stade de maturité et la même robustesse, de plus, aucun doublet n'a été identifié, il semble donc qu'il n'y ait les restes que d'un seul individu adulte.

» Urne U10

L'urne est complète.

Les os affleurent et la couche osseuse a line hauteur de 12 cm. Elle a

été prélevée en quatre fois : de 0 cm à 5 cm, de 5 cm à 9 cm, de 9 cm à

10 cm et de 10 cm à 12 cm.

Les os sont blancs.

Le poids total des os est de 475,3 g et l'indice pondéral crânien est de 18,3, ce qui est une valeur cohérente pour une collecte de l'ensemble des os du squelette.

Le taux d'identification est de 54,2%, ce sont des fragments de crâne, de vertèbres, de côte, de diaphyses des os des membres supérieurs et inférieurs, ainsi que des fragments d'os coxal (Cf. diagrairme 8 et tableau 2). Les diaphyses indéterminées constituent 32,9% des fragments.

Total Crâne (18, 3%)

Total Tronc (3, 9%)

Total indét. (45, 8%) -Total M. sup. (2, 8%)

Total M. inf. (29, 2%)

dUaMnanwe., 8 -11- L'analvse de la répartition des fragments dans l'urne selon la

profondeur (Cf. graphique 6) indique une distribution homogène des

fragments crâniens et diaphysaires dans toute l'urne.

Tous les fragments ont le même stade de maturité et la même

robustesse, de plus, aucun doublet n'a été identifié, il semble donc qu'il

n'y ait les restes que d'un seul individu adulte.

• Urne Ull

L'urne est complète.

Les os affleurent et la couche osseuse a une hauteur de 6,5 cm, elle

a été prélevée en une seule fois (Cf. photo 2).

Les os sont blancs.

Le poids total des os est de 219,9 g et l'indice pondéral crânien est de 2,9, donc très peu de fragments crâniens ont été prélevés sur le bûcher.

Le taux d'identification est de 3,7%, ce sont des fragments de crâne, de côte et de vertèbre (Cf. diagramme 9 et tableau 2). Parmi les ossements indéterminés, on trouve des fragments faisant partie du groupe

« métacarpien, métatarsien, phalange », des fragments de diaphyse en grande proportion : 92% du poids total, et des esquilles.

esqu"" — - . . - ~ (2, 9%)

Me, Ml, 1 c (0, 8%)

diaph. indét. (92, 0%)

diagnwmrt&. 9 -12- Ici, il est clair que lors de la collecte des vestiges osseux sur le

bûcher, les fragments diaphvsaires ont été préférés aux autres fragments.

Tous les fragments ont le même stade de maturité et la même

robustesse, de plus, aucun doublet n'a été identifié, il semble donc qu'il

n'y ait les restes que d'un seul individu adulte.

• Urne U12

La partie supérieure de l'urne a été endanmnagée par une tranchée,

celle-ci n'a pas atteint le niveau osseux. En effet les premiers ossements

apparaissent 3,5 cm plus bas que la surface. D'autre part l'urne est posée

dans un autre vase.

La couche osseuse a 14 cm de hauteur, elle a été prélevée en quatre

étapes : de 3,5 cm à 6,5 cm, de 6,5 cm à 8,5 cm, de 8,5 cm à 11,5 cm et de

11,5 cm à 17,5 cm.

Des fragments ont été retrouvés à l'extérieur de l'urne, ils ont une

npsse de 101,2 g. Il s'agit de fragments crâniens, diaphysaires et

d'esquilles. Ils proviennent de l'urne et pourraient appartenir au mène

individu que celui représenté dans l'urne. Les données provenant de cet

ensemble ont été regroupées avec celles issues directement de l'urne.

Les os sont blancs.

Le poids total des os est de 622,5 g, c'est le poids maximum mesuré pour cette nécropole. L'indice pondéral crânien est de 7,8, c'est une valeur très basse qui conduit à penser que les fragments du crâne ont été négligés au profit d'autres, en l'occurrence les fragments diaphysaires.

Le taux d'identification est de 11,7%, ce sont des fragments

crâniens, des fragments de côte et de tibia (Cf. diagramme 10 et tableau 2). Dans les fragments indéterminés, on trouve des fragments du groupe « métacarpien, métatarsien, phalange », des fragments d'os spongieux, des fragments de diaphyses (70,2% du poids total) et des esquilles. -13-

Total Cr8ne (7, 8%) y^rTotal Tronc (0, 3%) esquilles (il Total M. inf. (3, 6%)

diaph. indét (70, 2%)

dÀjuyiamm. 10

L'analyse de la répartition des fragments dans l'urne selon la profondeur (Cf. graphique 7) indique une distribution homogène des

fragments diaphysaires dans toute la couche osseuse, les fragments crâniens occupent les niveaux supérieurs et sont absents du dernier.

Tous les fragments ont le même stade de maturité et la même

robustesse, de plus, aucun doublet n'a été identifié, il semble donc qu'il n'y ait les restes que d'un seul individu adulte.

• Urne U14

Cette incinération sans vase a été trouvée sous l'urne U9. Le

prélèvement osseux a été réalisé en une seule fois.

Les os sont blancs.

Le poids total des os est de 171,5 g. L'indice pondéral crânien est

14,2, c'est une valeur inférieure à l'intervalle du référentiel.

Le taux d'identification des fragments est de 14,2%. Les éléments qui ont été déterminés sont uniquement des fragments de crâne (Cf. diagranme 11 et tableau 2). Les éléments indéterminés sont des fragments de diaphvses et d'esquilles. Les fragments diaphysaires constituent une part irrportante de

la masse totale des fragments : 53,4%. On peut considérer que lors du -14- ramassage des fragments sur le bûcher, les fragments de diaphyses ont été

plus particulièrement choisis que d'autres fragments.

Total Crâne (14, 2%)

esquilles (32, 4%)

diaph. indét. (53, 4%)

diamamm. ? 7

Tous les fragments ont le même stade de maturité et la même

robustesse, de plus, aucun doublet n'a été identifié, il semble donc qu'il n'y ait les restes que d'un seul individu adulte

Aucun lien n'a pu être réellement établi entre l'urne U9 et l'urne

U14.

• Urne U16

L'urne a été perturbée, il ne reste que quelques tessons et le fond a disparu. La couche osseuse mesure 7 cm de hauteur, elle a été prélevée en

trois fois : de 0 cm à 2 cm, de 2 cm à 3 cm, de 3 cm à 7 cm. Les os sont blancs.

Le poids total des os est de 81,4 g, l'indice pondéral crânien est de

4,7, c'est une valeur basse.

Le taux d'identification est de 4,7%, ce sont des fragments crâniens (Cf. diagrarrme 12 et tableau 2), les éléments indéterminés sont des fragments diaphysaires et des esquilles. La proportion de diaphyses est importante : 67,2% du poids total, donc lors de la collecte des vestiges osseux sur le bûcher on a préféré recueillir des fragments provenant des os des membres à d'autres et notairment au crâne. -15-

dÀjauçywumvi. 12

L'analyse de la répartition des fragments dans l'urne selon la profondeur (Cf. graphique 8) indique une distribution homogène des fragments diaphysaires dans toute la couche osseuse, alors que les fragments crâniens sont absents du deuxième niveau de prélèvement.

Tous les fragments ont le même stade de maturité et la même robustesse, de plus, aucun doublet n'a été identifié, il semble donc qu'il n'y ait les restes que d'un seul individu adulte.

• Urne U18

L'urne est abîmée, il ne reste que 12,4 g d'esquilles. L'état des fragments ne permet pas de déterminer l'âge et le nombre d'individu.

• Urne U19

L'urne n'est pas en bon état, il manque le fond et un côté.

La couche osseuse a 17 cm d'épaisseur, elle a été prélevée en quatre fois : de 0 cm à 5 cm, de 5 cm à 8 cm, de 8 cm à 11 cm et de 11 cm à 17 cm.

Quelques fragments de charbons ont été trouvés en surface. -16- Des fragments osseux ont été retrouvés à l'extérieur de l'urne, ils ont une masse de 14,3 g. Il s'agit de fragments crâniens et diaphysaires. Ils proviennent de l'urne et pourraient appartenir au même individu que celui représenté dans l'urne. Les données provenant de cet ensemble ont été regroupées avec celles venant directement de l'urne.

Les os sont blancs.

Le poids total des os est de 294,5 g et l'indice pondéral crânien est de 13,6. C'est une valeur plus basse que l'intervalle donné par le référentiel.

Le taux d'identification des fragments est de 25,4%, ce sont des

fragments crâniens et des fragments de fémur (Cf. diagramme 13 et

tableau 3). Les fragments indéterminés sont des diaphyses et des esquilles.

La part de diaphyses est 69,5% du poids total des fragments. Les fragments

des os des membres ont donc été recueillis en plus grande quantité que

d'autres fragments.

diwgswurrniz. 13

L'analyse de la répartition des fragments dans l'urne selon la profondeur (Cf. graphique 9) indique une distribution homogène des fragments diaphysaires dans toute la couche osseuse, les fragments crâniens sont présents dans toute la couche osseuse, sauf dans le premier prélèvement (0 cm à 5 cm). -17- Tous les fragments ont le même stade de maturité et la même

robustesse, de plus, aucun doublet n'a été identifié, il semble donc qu'il n'y ait les restes que d'un seul individu adulte.

Conc1us i ons

Les urnes ne contiennent jamais d'ossements de faune, et rarement du mobilier : deux fragments d'objet en bronze et une perle en verre bleu. Ces objets ont subi la crémation, ils sont fondus, déformés. Ils ont sûrement

été prélevés au moment de la collecte des ossements sur le bûcher. Dans

l'urne, ils n'occupent pas une place particulière et ne sont pas liés aux ossements.

La moitié des urnes de la nécropole sont endommagées : soit la partie supérieure a disparu, soit le fond et les côtés sont mal conservés. Mais ces perturbations n'ont pas désordonné, semble-t-il, la couche osseuse.

La hauteur du remplissage est variable : de 13 cm pour U3 à 17,5 cm pour U12. Il en est de même pour le poids total des os : 18,4 g pour U18 à

622,5 g pour U12. La densité qui est la masse d'os par centimètre a été calculée (Cf. graphique 10). L'urne U1 détient la densité la plus basse :

8,4 g/cm, la densité la plus forte est dans l'urne U10 : 39,6 g/cm. Ce sont ; - -'i des valeurs qui restent assez basses et qui pourraient indiquer que les os ne sont pas tassés dans l'urne. Il faut cependant tenir compte que le ruissellement a pu dissoudre une partie des ossements, donnant alors, cette impression « aéré » du remplissage. D'autre part, nous manquons d'éléments de comparaison pour mieux comprendre ces données.

Le poids moyen d'un squelette incinéré est 2 882 g +./- 365 (Lawrence and Latimer, in Krogman, 1978). Or, pour cette nécropole, les poids totaux des ossements recueillis sont faibles (Cf. graphique 11) : 11 urnes n'ont pas plus de 200 g de fragments osseux (Cf. graphique 12). Il semble donc que le but ne soit pais de récupérer la totalité du squelette mais seulement une partie. Il faut toutefois tenir ccrnpte du sédiment contenant les urnes qui a pu par son acidité, dissoudre les os et donc alléger l'ensemble.

Le graphique donnant la distribution de l'indice pondéral crânien

(Cf. graphique 13) montre une sur-représentation du crâne pour une seule tombe : Ul, c'est une sépulture d'infans I (0 à 6 ans). Mais, les données de référence dont nous disposons concernent des individus adultes. La valeur de l'IPC est plus élevée pour un enfant, cependant, elle n'atteint -18- certainement pas 42%. Par conséquent, on peut supposer que pour cette

sépulture, les fragments crâniens ont été choisis lors du ramassage des

ossements sur le bûcher.

D'autre part, pour sept sépultures, l'indice est en-dessous de la

valeur du référentiel. Trois sépultures sont à écarter du lot, car dans la

mesure où elles sont abîmées, on n'est pas certain d'avoir la totalité du

dépôt. Les quatre autres sépultures sont des urnes complètesAinsi, lors

de la collecte des vestiges de ces quatre sépultures, les fragments de

crâne ont été négligés.

L'indice pondéral crânien met donc en évidence que le crâne n'est pas

privilégié par rapport aux autres régions squelettiques.

Les fragments crâniens et diaphysaires sont les fragments les plus

fréquemment trouvés dans les urnes. En général, ils sont répartis dans

toute l'urne, avec cependant dans au moins quatre urnes (Ul, U2, U3, U8),

une concentration des fragments diaphysaires dans la partie supérieure de

l'urne et une concentration de fragments crâniens dans la partie inférieure

de l'urne. Donc, lors du remplissage de l'urne, des fragments du crâne sont

placés en premier, au fond de l'urne, mélangés à quelques fragments de

diaphyses, puis au fur et à mesure du remplissage, la tendance s'inverse et

les diaphyses sont en proportion plus importante.

L'urne contient parfois des éléments venant du bûcher tels que des

fragments de charbons ou des graviers de quartz chauffés ; ce qui laisse

supposer que la collecte ne s'effectue pas os après os, mais plus ou moins

en vrac, sans réellement un tri.

La blancheur de la quasi totalité des fragments indique que la crémation du corps est homogène et qu'elle est poussée à son maximum ; soit la crémation est rapide à très haute température (au moins 660°C), soit elle dure plus longtemps et à moindre température.

La détermination de l'âge des individus au décès a été réalisée essentiellement par l'appréciation de l'épaisseur des fragments crâniens et diaphysaires.

La nécropole ne renferme qu'un seul individu immature, c'est un enfant de 18 mois +/- 6 mois. Les autres individus ont été identifiés corme adultes, sauf ceux contenus dans les urnes U16 et U18, pour lesquels la détermination est incertaine, du fait du peu de fragments et de leur mauvaise conservation.

La détermination du nombre d'individu représenté dans chaque urne, repose sur la présence ou non de doublet, ou de fragments de maturité ou de robustesse différentes. -19-

Pour cette nécropole, il semble que les urnes soient des sépultures simples. Cependant, cette méthode de détermination ne permet pas de déceler la présence de deux ou plusieurs individus possédant un squelette de même robustesse et maturité...

Ainsi, malgré une conservation moyenne des fragments osseux, l'étude

anthropologique de cette nécropole a permis d'apporter de nouveaux éléments

pour la compréhension du rite des sépultures à incinération.

Bibliographie

DUDAY, H. 1987

La quantification des restes humains. Application à l'étude des sépultures

à incinération ou des différentiels autres que la conservation.

Actes de la Table ronde de la RCP 742 du CNRS. Saint Germain-en-Laye.

DUDAY, H. 1989

La nécropole du Peyrou à Agde (Hérault). Etude anthropologique. In : Agde. La Nécropole du Premier Age du Fer. Revue Archéologique de Narbormaise, supplément 19.

KROGMAN, W.M. 1978

The Human Skeleton in Forensic Medicine. Troisième édition, Charles C. Thomas, Springfield, Illinois, USA.

UBELAKER, D.H. 1978 Human Skeletal Remains. Excavation, Analysis, Interprétation. Chicago, Illinois, USA. -20-

Pkoto 2. Uwie, U.11. I

I -21- TcLbSjmiL 1. InvizntoÙAjs, ai Ana&Me. vondojuxUxL..

I Tombe : U1 Tombe : U2 Tombe : U3 Tombe : U5 Tombe : U7 Tombe : U8 Nb Indiv : 1 Nb Indiv : 17 Nb Indiv : 17 Nb Indiv :1? Nb Indiv :1? Nb Indiv :1? Age : Infans I Age: A Age: A Age : A Age: A Age: A

Total Crâne 27,2 Total Crâne 40,4 Total Crâne 109,8 Total Crâne 13,7 Total Crâne 15,1 Total Crâne 55,4

Atlas Atlas Atlas Atlas Atlas Atlas Axis Axis Axis Axis Axis Axis V.C3-C7 V.C3-C7 V.C3-C7 V.C3-C7 V.C3-C7 V.C3-C7 V.T. V.T. V.T. V.T. V.T. V.T. 1 V.L V.L V.L V.L V.L V.L V.indét 3,7 V.indét V.indét V.indét V.indét Vindét [ Sacrom Sacrum Sacrum Sacrum Sacrum Sacrum 1 Côtes 6 Côtes 1,3 Côtes 3 Côtes Côtes Côtes 1,5 Sternum 0,3 Sternum Sternum Sternum Sternum Sternum [TotalTronc 10 Total Tronc 1,3 Total Tronc 3 TotalTronc 0 TotalTronc 0 Total Tronc 1,5 1 Clavicule Clavicule Clavicule Clavicule Clavicule Clavicule i Scapula Scapula Scapula Scapula Scapula Scapula 1 Humérus Humérus Humérus 15,2 Humérus Humérus Humérus 3,7 Radius Radius Radius 8,2 Radius Radius Radius 0,8 .Ulna Ulna Ulna 8,8 Ulna Ulna Ulna 7,8 ICarpe Carpe Carpe Carpe Carpe Carpe 'Métacarpe 0,3 Métacarpe Métacarpe Métacarpe Métacarpe Métacarpe Ph. main Ph.main Ph.main Phmain Ph. main Ph.main |Total Msup. 0,3 Total Msup. Ô Total Msup. 32,1 Total Msup. 0 Total M.sup. 0 TotaTMsup. 12,3 1 - 1 Coxal 1,7 Coxal Coxal Coxal Coxal Coxal I Fémur Fémur 26,4 Fémur 43 Fémur Fémur Fémur 34,7 iPatella PateDa PateDa PateDa PateDa PateDa Tibia Ubia 28,8 Tibia 31,6 Tibia Tibia Tibia 7,1 1 [Fibula Fibula Fibula 33 Fibula Fibula Fibula •Tarse Tarse Tarse Tarse Tarse Tarse [Métatarse Métatarse Métatarse Métatarse Métatarse Métatarse ¿Ph. pied Ph.pied Kl pied Phpied Phpied Ph. pied Of ~ ISésamoTdes Séss030ldc3 sesamoiocs Sésamoïdc* Sésamoïdcs Sésamoidcs "Total Minf. 1,7 Total Minf. 55, l Total Minf. 77,9 Total Minf. ô Total Minf. 0 Total Minf. 41,S

•Total dét 39,2 Total dét 96,9 Total dét 222,9 Total dét 13,7 Total dét 15,1 Total dét 111 ir Mc,Mt,Ph 0,5 Mc,Mt,Ph 3,4 Mc,Mt,Pb 0,7 Mc,Mt,Ph, Mc,Mt,Ph, Mc,Mt,Pb. 7,2 Spongieux 2.1 spongieux spongieux spongieux spongieux spongieux piaphindét 11,4 diaphindét 127 diaphindét 136,4 diaphindét 37,9 diaphindét 125,6 diaphindét 65,3 ¡esquilles 11,5 esquilles 20,6 esquilles 26,7 esquilles 13,7 esquilles 18,9 esquilles 28,6 Total indét 151 Total indét i<3,è Total indét lié Total indét 101,1

|TOTAL 64,7 TOTAL 247,9 TOTAL 386,7 TOTAL 65,3 TOTAL 159,6 TOTAL 212,1 I I I I -22- TaJbSbzaLL 2. InvarvtaÂJvz.

Tombe :U9 Tombe :U10 Tombe : Ull Tombe : U12 Tombe : U14 Tombe : U16 Nb Indiv : 1? Nb Indiv: 1? Nb Indiv: 1? Nb Indiv: 1? Nb Indiv: 1? Nb Indiv :1? Age: A Age: A Age: A Age: A Age : A Age: A?

Total Crâne 4« Total Crâne 87 Total Crâne fi.4 Total Crâne 48,4 Total Crâne 24,3 Total Crâne 3,8

Atlas Atlas Atlas Atlas Atlas Atlas Axis Axis 1,2 Axis Axis Axis Axis V.C3-C7 V.C3-C7 V.C3-C7 V.C3-C7 V.C3-C7 V.C3-C7 V.T. V.T. V.T. V.T. V.T. V.T. V.L V.L V.L V.L V.L V.L V.indéL Vindét 10,9 V.indét 0,4 V.indét Vindét Vindét Sacrum Sacrum Sacrum Sacrum Sacrum Sacrum Côtes Côtes 6,4 Côtes M Côtes 2 Côtes Côtes Sternum Sternum Sternum Sternum Sternum Sternum Total Tronc 0 Total Tronc 18,5 Total Tronc 1,8 Total Tronc 2 Total Tronc 0 Total Tronc 0

Qavicule Clavicule Qavicule Clavicule Clavicule Qavicule Scapula Scapula Scapula Scapula Scapula Scapula Humérus Humérus Humérus Humérus Humérus Humérus Radius Radius 13,2 Radius Radius Radius Radius Ulna Ulna Ulna Ulna Ulna Ulna Carpe Carpe Carpe Carpe Carpe Carpe Métacarpe Métacarpe Métacarpe Métacarpe Métacarpe Métacarpe Ph. main - Ph. main Ph.main Ph. main Ph. maki Ph. main Total Msup. 0 Total Msup. 13,2 Total Msup. 0 Total M^up. 0 Total Msup. 0 Total Msup. Ô

Cozal Coxal 10,9 Coxal Coxal Coxal Coxal Fémur 33,7 Fémur 80$ Fémur Fémur Fémur Fémur PateOa Patclla Patella Patella Patella Patella Tibia 22,8 Tibia 39,1 Tibia Tibia 22,5 Tibia Tibia Fibula Fibula 8 Fibula Fibula Fibula Fibula Tarse Tarse Tarse Tarse Taise Tarse Métatarse Métatarse Métatarse Métatarse Métatarse Métatarse Ph. pied Ph. pied Ph. pied Ph. pied Ph. pied Ph. pied Sésamoides Sésamoides Sésamoides Sésamoides Sésamoides Sésamoides Total Minf. Total MJnf. l58.ii Total MJnf. 6 Total Minf. Total Minf. T

Total dét 104,5 Total dét 257,6 Total dét Total dét 72,9 Total dét 24,3 Total dét 3,8

Mc,Mt,Ph V Mc,MtPh 13,1 Mc^Pb V Mc,Mt,Ph 33 Mc.MU'h M<^Mtf>b spongieux 4,4 spongieux spongieux spongieux 2,9 spongieux spongieux diaphJndét 111,7 chaph. indét. 156,5 diaphJndét mx diaphindét 437^ diaphJndét 91,6 chaph. indét 54,7 esquilles 62,8 esquilles 48,1 esquilles 8 esquilles 106,2 esquilles 55,6 esquilles 22,9 Total indét 161,6 Total indét ¿17,7 Total Indét 211,7 Total indét 54$,6 Total indét 147,1 Total indét 77,6

TOTAL 286,1 TOTAL 4753 TOTAL 219.9 TOTAL 622,5 TOTAL 171,5 TOTAL 81,4 -23- Tœb^ejxu. 3. InveJvtaÀsije. e-t AnaJLy^o, pondèjwUlji,.

Tombe : U18 Tombe :U19 Nblndiv: 1? Nblndiv:l? Age:7 Age:A

Total Crâne Total Crâne 40

Atlas Atlas Axis Axis V.C3-C7 V.C3-C7 V.T. V.T. VI. V.L V.indéL VlndéL Sacrum Sacrum Côtes Côtes Sternum Sternum Total Trooc 0 Total Trooc 0

Clavicule Clavicule Scapula Scapula Humérus Humérus Radius Radius Ulna Ulna Carpe Carpe Métacarpe Métacarpe Ph.mam Ph. main Total Msup. 6 Total Msup. 0

Cozal Cotai Fémur Fémur 34,9 PateHa Patefla Tibia Tibia Fibula Fibula Tarse Tarse Métatarse Métatarse Ph. pied Ph. pied SésamoTdes Sésamades Total Minf. Ô Total MM. 34,$

Total déL 0 Total dét 74,9

Mc,Mt,Ph Mc^igPh spongieux spongieux diaph-indét diaph.indét 204,7 esquilles 12,4 esquiïïes 14,9 Total toik. i u Total b^t 11 ^

TOTAL 12,4 TOTAL 294J -24- GnwphÁjauuz. 7.

Répartition pondérale des os dans l'urne U1 en fonction de la profondeur

IIUIIIIIieiKfllllllIlilll fllllllltfllltttflllrfilll lllllllllllllillllilllllll

ŒD spongieux

SS os coxal

m vertèbre

DE côte

^ diaphyse

D crâne 0-2.7 2.7-5.2 5.2-7.7 Classes de profondeur (cm) -25- GnwphÀJïuuz, 2.

Répartition pondérale des os dans l'urne U2 en fonction de la profondeur

E3 tibia

01 fémur

SI diaphyse

D crâne

H 2.5-5.5 5.5-9 Classes de profondeur (cm) -26- G^aplviaue, 3.

Répartition pondérale des os de l'urne U3 en fonction de la profondeur

tltllllltllllllisilt

El radius

fâ ulna

S3 tibia

E3 fémur

diaphyse

• crane 0-4 4-8 8-11 Classes de profondeur (cm) -27-

GnjOLphÁjjuuí 4.

Répartition pondérale des os dans l'urne U8 en fonction de la profondeur

Kl Mt.Mc.Ph

® tibia

S fémur

® diaphyse

D crâne

8-12 12-15.5 Classes de profondeur (cm) -28- G^icuphÀMUje, 5.

Répartition pondérale des os dans l'urne U9 en fonction de la profondeur

iiiiiiiiiiiiiii II Oïl tibia IP |ÉÉ |ËÈ éÊ ED fémur m m ¡2a diaphyse

CI crâne iÉP m

0-1 1-5.5 5.5-7.5 7.5-8.5 8.5-14 Classes de profondeur (cm) -29-

GnwphÀjquji, 6.

Répartition des os dans l'urne U10 en fonction de la profondeur

^ côte

^ Mt.Mc.Ph

[Q tibia

E3 fémur

^ diaphyse

D crâne i— — —i—— —i— —i— —, 0-5 5-9 9-10 10-12 Classes de profondeur (cm) -30-

GnjüuphÁxojuí, 7.

Répartition pondérale des os dans í'urne U12 en fonction de la profondeur

SI diaphyse

• crâne

0-3.5 3.5-6.5 6.5-8.5 8.5-11.5 11.5-175 Classes de profondeur (cm) -31- GnwphÀjzuuL &.

Répartition pondérale des os dans l'urne U16 en fonction de la profondeur

^ diaphyse

D crâne

0-2 2-3 3-7 Classes de profondeur (cm) -32- GnajpliÀxiuuL 9.

Répartition pondérale des os dans l'urne U19 en fonction de la profondeur

fémur

diaphyse

D crâne

0-5 5-8 8-11 11-17 Classes de profondeur (cm) -33-

Densité de la couche osseuse des urnes Gmphx^aa 10. 101 n—

35 -

30 - —

25 -

H (H i: i; :; i: M H > ^^ : • '

q_| 1-,| | h.-i 11.11 I.-.I | ,t 11- | lu , | ,'',' , U1 U7 U16 U8 U19 U9 U5 U2 U3 Ull U12 U10

Poids des ossements

GnjuphiquJi. 11 600

500

400 300 A 200 m

100 I

r 11 1 r 1 1 1 i 1 1 1 U18 U1 U5 U16 U7 UM U8 Ull U2 U9 U19 U3 U10U12 -34- Distribution du poids total des os Giax)hÀ.Q_uj^ 11.

1 n I | \ I1 !l /à| M M h, A, ^ T i 0 12 3 4 6 Classes de poids de 100 g

Distribution de l'indice pondéral G'iaphÀxiuui 13. crânien

s E TJ E VT M 5 S: 6 \v \v ' sV. \/ /\ < vV. T77\ \3 \/ /\ ' \'< >V /A \/ \/ 1 :<: