AU PAYS DE SAINT-SAVIN et

Marinette ARISTOW-JOURNOUD Conseiller technique et pédagogique national d'Arts et Traditions Populaires

Au Pays de Lavedan Saint-Savin et Sazos

MARRIMPOUEY JEUNE - PAU 1977

PREFACE

Je connais M Aristow-Journoud, conseiller technique et pédago- gique national d'Arts et Traditions Populaires du Secrétariat d'Etat de la Jeunesse et des Sports, depuis 1966, alors qu'elle fut reçue au Musée Pyrénéen, venant de Luchon où elle effectuait un stage avec des élèves français, auxquels s'étaient joint des Suisses et des Autrichiens... Mais M Aristow-Journoud venait dans les Pyrénées au moins depuis 1939 où elle fit, cette année-là, la découverte de Sazos, puis en 1943, celle de Saint-Savin-en-Lavedan. Après la guerre, et à partir de 1946 jusqu'à ce jour, en tant que conseiller technique à la Jeunesse et aux Sports, elle organisa des stages d'enquêtes folkloriques dans di- verses vallées pyrénéennes, notamment en Soule au Pays-Basque, en vallée d'Ossau (Pyrénées-Atlantiques), dans les vallées du Lavedan et de (Hautes-Pyrénées), en Couserans dans l'Ariège, en Conflent et en Vallespir dans les Pyrénées-Orientales. Ces stages qui groupaient de jeunes élèves, instituteurs ou professeurs, pouvaient se distribuer en deux temps : enquêtes sur le terrain avec le contact direct auprès de la population et visites des Musées d'ethnographie. Les enquêtes sur le terrain étaient surtout consacrées à l'étude des danses et des instruments de musique, étude accompagnée de croquis, de diaposi- tives, de films en 16 mm, d'enregistrements. Dans les Musées d'ethno- graphie, M Aristow et ses stagiaires compulsaient la bibliothèque, la documentation, photographiaient ou dessinaient les objets de collec- tions, objets présentés ou objets en réserve. A côté de ces stages consacrés à l'enquête, M Aristow dirigeait également des stages purement techniques, véritables écoles de danses des différentes régions pyrénéennes avec l'étude de l'accompagnement de ces danses. Quatre opérations intéressantes ont pu ainsi être me- nées pour les danses basques, les danses de la vallée d'Ossau, les danses de Baigts de Béarn et celles de Catalogne. Parallèlement à ces travaux, et pour obtenir des points de compa- raison, M Aristow déclencha et participa à des rencontres interna- tionales (Hollande en 1946, Tchécoslovaquie en 1947, Suède et Dane- mark en 1949, Marly-le-Roi en 1950), à des échanges et des contacts, avec des groupes autrichiens, suédois, suisses et belges de 1954 à 1975. Outre ces travaux professionnels, M Aristow effectua à titre personnel de nombreux voyages en Espagne, en Danemark, en Pays Scandinaves et principalement en Suède, afin de réunir documenta- tion et comparaisons avec le folklore pyrénéen. En fonction de cette expérience, M Aristow a voulu établir un certain bilan de trente années de recherches et, à cet égard, a choisi de rassembler ses notes sur la vie quotidienne de deux villages qu'elle connaissait bien, à Saint-Savin et Sazos en pays de Lavedan. L'ouvrage comporte un Avant-Propos qui évoque des souvenirs d'enquêtes et 8 chapitres : — Aperçu géographique et historique du Lavedan. 2. — La Ballade et les Baladins de Saint-Savin. 3. — Les Jeux Traditionnels. 4. — Les Instruments de musiques populaires traditionnels. 5. — Danses et Costumes de Sazos. 6. — Architecture traditionnelle à Saint-Savin et à Sazos. 7. — Equipement domestique et tissage. 8. — Conclusion : 30 ans de stages d'éducation populaire. Deux chapitres ont surtout attirés notre attention, ce sont ceux qui sont consacrés aux danses de Saint-Savin et de Sazos. Ils font état de ce qui se dansait encore au XX siècle dans ces deux villages, avec les descriptions des pas et des attitudes, des costumes, des accessoires, les noms des danseurs, des informateurs, les notations musicales, les dates précises d'exécution. Le texte est accompagné de photos prises en 1946, pour la Ballade de Saint-Savin et en 1949-1950 pour la danse du Pantalon à Sazos, ce qui est important pour l'iconographie de la survivance de ces danses, toutes abandonnées aujourd'hui. L'enquête sur la danse du Pantalon est d'autant plus précieuse qu'à notre connaissance témoignage n'est parvenu jusqu'à nous si ce n'est un paragraphe écrit en 1821 sur cette même danse mais dansée à Saint-Pé-de- ( Ces deux enquêtes ethnographiques, précieuses pour l'histoire de la danse populaire dans les vallées pyrénéennes, sont en somme, enca- drées dans le contexte historique et géographique de Saint-Savin et de Sazos avec une bonne illustration : une centaine de photographies en couleurs et une quarantaine en noir et blanc. Au total, un ouvrage qui ne manque pas d'intérêt et qui repose sur des témoignages de la première moitié du XXe siècle. Jean ROBERT.

1. Nicolau, Notice sur Saint-Pé dans les Hautes-Pyrénées et Ladoucette (baron de), observations concernant l'air du Pantalon de Saint-Pé dans Mémoires de la Société royale des Antiquaires de t, III, 1821, pp. 296-297 et t. VIII,1829, pp. 222-224. 1 — Saint-Savin en Lavedan (Vallée d'Argelès) 2 — Sazos (Vallée de Luz) 3 — Saint-Savin - l'église et les montagnes en hiver 4 — Sazos - le village sous la neige 5 — L'arrivée à Saint-Savin

6 — La Ferme Badenco, face à la châtaigneraie 7 — La Famille Bourdères (1946) dans la grande cheminée

8 — Marguerite Labit : 87 ans et sa voisine : Louise Barrio filent sur le pas de la porte (1946) A la Mémoire de : Albert Hour-Sempé 1896-1962 le porte-drapeau et le grand danseur de la Ballade de Saint-Savin et de : Jean-Baptiste Bourdères 1907-1969 notre grand ami ; Maire de Sazos (4 mandats) pendant vingt ans : 1945-1966, où il dut laisser le travail à son adjoint parce qu'il était trop malade

« Les lancinants problèmes du Siècle ne sont pas de nature économique, ils sont de nature éducative » (Samivel : « Cimes et Merveilles »)

INTRODUCTION

Ce livre est un simple témoignage de la vie de nos villages pyré- néens, après la guerre de 1939-45. Cette vie était encore simple et vraie. Nous lui avons vu perdre sa vitalité à mesure que les années ont passé. Il nous faudra, un jour ou l'autre, revenir aux valeurs « réelles ». Notre civilisation est en péril parce que nous avons voulu tout uni- formiser. Ou bien nous périrons parmi la masse des ignares qui crient et s'agitent, ou bien ...notre témoignage restera et servira à d'autres. Cela seul l'avenir en jugera. Nous avons vécu des heures inoubliables, grâce à ces traditions que le monde moderne veut anéantir et que la génération des « grands ensembles » essaye de saper lentement. La vie, les arts populaires, toutes ces traditions d'un peuple intel- ligent et subtil, ont une importance primordiale dans notre société. Elles sont les racines indispensables de notre civilisation occidentale. Le rythme de la vie a changé, c'est un fait acquis et certain ; à cause de cela, justement, il faut sauvegarder notre « vrai » rythme. Où trouve- rons-nous, dans quelque dix ou vingt ans, les rythmes normaux et équi- librés, si nous détruisons à tout jamais la vie de ces merveilleux villa- ges ? Des architectes construisent déjà, dans des sîtes cependant « classés », des maisons et autres bâtiments qui n'ont rien à voir avec le « style » de la Bigorre. Il n'est pas question de laisser ces villages complètement inchan- gés, mais il est question de préserver leur évolution, et de la respecter, et de sauvegarder un patrimoine de nature et de vérité, qui sera si utile aux générations futures. Nous voulons aider les jeunes à retrouver : les « vraies » valeurs les rythmes normaux et équilibrés le « style » C'est pourquoi je raconterai très simplement ce que j'ai vu, ce qui a été fait avec des groupes de jeunes, en 1946, en 1948 et depuis sans cesse, dans deux villages pyrénéens : Saint-Savin et Sazos.

AVANT-PROPOS SOUVENIRS SAINT-SAVIN

Pâques 1943, zone interdite... une folie, avec une fausse carte d'identité fabriquée par le frère d'une amie de là-bas... qui, a bien failli me coûter cher... mais, je suis là et il ne m'est finalement rien arrivé ! Me voici donc à Argelès-, avec le soleil magnifique de Pâques et ce grand champ de marguerites, en montant par la petite route d'Argelès à Saint-Savin ; et mon émerveillement à la décou- verte de ce village... et de quelques autres, en particulier d'Arras en Vallée d'Azun. Et la promesse intérieure de revenir dès la fin de la guerre... Août 1946. En face de l'immense « vide » actuel, nous voudrions faire re-découvrir aux jeunes, l'âme de ces villages que nous avons eu la joie de connaître et d'aimer, encore chauds de vie ; car tout était encore vivant, il y a maintenant vingt-huit ans en 1974, malgré les dé- faillances, malgré le vent fou qui commençait à souffler et à tout emporter... Malheureusement les hommes n'avaient déjà plus, à part quelques exceptions, le cœur pur ; ils étaient prêts à délaisser toute cette vie, et ils l'ont effectivement presque tous abandonnée. Personne n'a pu et su leur insuffler le respect et l'amour de leur village. Nous étions pourtant pleins d'idéal et pleins de foi quand nous sommes venus à eux, avec notre fougue et nos gestes vivants ; mais il aurait fallu pouvoir s'installer et œuvrer dans chacun de ces villa- ges où le problème était déjà celui dont on parle tant actuellement : un problème d'animateur, doublé pour la danse d'un problème de musicien. Combien de fois avons-nous assisté dans différents villages à l'arrivée du musicien populaire drainant tout le pays au son de son chalumeau, tel le joueur de flûte de la légende... et ces gens se met- taient à danser et entraînaient avec leurs gestes vivants retrouvés, toute la jeunesse du village. Notre œuvre d'éducation populaire, pour laquelle nous avons donné toutes nos forces vives, à laquelle nous croyons toujours, et peut-être de plus en plus, n'a pas fleuri là ou elle aurait pu s'appuyer sur des bases, encore solides il y a vingt-cinq ans... Mais revenons à Saint-Savin. Nous y montons par une belle journée d'Août. Je retrouve chaque fois la même émotion en gravissant cette Achevé d'imprimer le 31 janvier 1977 sur les presses de MARRIMPOUEY JEUNE 2, pl. de la Libération —— 64000 PAU

© Marinette ARISTOW-JOURNOUD D.L. n° 30 44 - 1 trimestre 1977

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