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La Bernerie-en-Retz, version 4.0, novembre 2019.

GNE :

La Bernerie-en-Retz

Carte IGN au 1/25 000e : 1123 OT. Coordonnées : 47° 04’ 56’’ nord, 2° 02’ 10’’ ouest.

Arrondissement de Saint-Nazaire. Canton de . Intercommunauté : Pornic-Agglo-Pays-de-Retz, (ex Communauté de Communes de Pornic de 2002 à 2016), depuis le 1-1-2017, comprenant 14 communes (Pornic –siège-,La Bernerie-en-Retz, Chaumes-en-Retz, Chauvé, Cheix-en-Retz, Les Moutiers-en-Retz, La Plaine-sur-Mer, Port-Saint-Père, Préfailles, Rouans, Saint-Hilaire-de-Chaléons, Saint-Michel-Chef- Chef, Sainte-Pazanne, Vue).

2 944 Berneriennes et Berneriens (2016). Surface : 608 ha (La Chapelle-sur-Erdre 3342 ha). La commune est un quasi quadrilatère de moins de 4 km de long par 1,5 km de large environ. De ce fait la commune n’a que deux voisins : Pornic et Les Moutiers. Densité de population 484h/km² Altitude de 0 à 47m

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Avant Propos Il serait aberrant de vouloir parler de La Bernerie en l’isolant de son contexte. Il est donc indispensable de développer sur Les Moutiers avec qui elle a partagé l’histoire jusqu’au XIXe s., sur le Pays de Retz sa terre, sur le marais, sur la Baie de Bourgneuf, sur Noirmoutier qui ferme la baie, sans laquelle sa façade maritime serait ouverte sur une mer vide qui en ferait une station quelconque, sans attrait. Le titre de cet article résume le cheminement de La Bernerie depuis l’origine du bourg initial à nos jours.

Cette version 4.0 est une refonte totale des versions précédentes, elle s’adresse à tous les amoureux du lieu ainsi qu’aux membres du GNE (Cartouches). Elle ajoute des éléments manquants précédemment, elle corrige d’éventuelles erreurs et maladresses, elle précise, elle actualise l’ensemble du texte. De ce fait c’est une version plus longue, j’espère qu’elle intéressera le lecteur sans trop l’ennuyer.

M’Fanch

Sources : Emile BOUTIN († 2013), Marc GUITTENY († 2016), Monique ALBERT, bulletins municipaux de La Bernerie et des Moutiers, Ouest-France, Presse océan, le Courrier du Pays de Retz, documents en provenance des OTSI du Pays de Retz, plaques et inscriptions commémoratives, et dans une moindre mesure Internet. Cartes IGN et Michelin, cartes marines du SHOM, mes propres constatations depuis 1978.

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Sommaire :

Compte tenu de la densité du texte et du nombre de chapitres je crois nécessaire d’en rappeler l’ordre en tout début de cet exposé.

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Chapitre 1 – Pays-de-Retz et « Côte de Jade ». 3 Chapitre 2 – Géologie et géographie du Pays-de-Retz et du Marais Breton. 3 Chapitre 3 – Bourgneuf-en-Retz et le Marais Breton. 4 Chapitre 4 – De terribles vimers. 6 Erika, naufrage et conséquences. 9 Chapitre 5 – Surveillance militaire et douanière de la Baie-de-Bourgneuf. 10 Chapitre 6 – La Baie-de-Bourgneuf aujourd’hui. 11 Le Gois, continuité du territoire. 14 Jean MOUNES. 14 L’ostréiculture. 15 Chapitre 7 – Occupation humaine. 16 Chapitre 8 – Le Moyen-âge de 476 au XIe s. 16 Chapitre 9 – Les seigneurs de Retz. 17 Chapitre 10 – Prigny. 17 Chapitre 11 – Les Moutiers-en-Retz. 18 Chapitre 12 – De la Révolution et des Guerres de Vendée. 21 Chapitre 13 – Vers une rupture. 22 Rapprochement. 22 Chapitre 14 – La Bernerie-en-Retz. 23 Chapitre 15 – Desserte Ferroviaire. 25 Chapitre 16 – La Seconde guerre mondiale et la Poche de Saint-Nazaire. 27 Chapitre 17 – Organisation territoriale de la Bernerie-en-Retz. 27 Chapitre 18 – Patrimoine de la Bernerie-en-Retz. 28 Protection du patrimoine. 32 Chapitre 19 – Construction du plan d’eau. 32 Pavillon Bleu. 33 Chapitre 20 – Célébrités de la Bernerie-en-Retz. 32 Chapitre 21 – Les canons du « Juste ». 35 Chapitre 22 – L’affaire Laëtitia. 35 Chapitre 23 – Le parler local. 37 Chapitre 24 – La pêche de loisir à La Bernerie-en-Retz. 38 Conclusion. 40

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Blason du Pays de Retz D’or à croix de sable Ce blason date du XIIIe s., après la bataille de Bouvines, en 1215. A l’origine le blason était d’or à la croix de gueules. L’évêque de Nantes Geoffroy (1199-1208) aurait permis au 4e fils de Montmorency, comte de Laval et des Mauges, de porter la croix noire à la mort de sa mère, car il était mineur.

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La Bernerie, Petite-fille de Prigny.

§§§§§ 1 : Pays-de-Retz et « Côte de Jade ». Le Pays-de-Retz, Pagus Ratiatensis, tire son nom de Ratiatum, la cité qui a précédé Rezé, port important sur la Loire. Si important sans doute pour que cette terre de la rive gauche de la Loire soit désignée sous le terme de pays de Ratiatum. Ce territoire appartenait aux Pictons dont la capitale était Poitiers, avant de devenir breton par le traité d’Angers entre le roi de France Charles II « Le chauve » et le souverain breton Episroë, en 851.

Fouilles à Ratiatum autour de Saint-Lupien à Rezé (6-2015).

« Côte de Jade », est une appellation donnée afin de promouvoir les stations balnéaires de cette partie de côte sur le modèle des appellations d’autres côtes, telles « Côte d’Azur », « Côte d’Emeraude »… « Côte de Jade » fait référence à la couleur de la mer selon une idée de Louis GAUTIER (Maire de La Bernerie-en-Retz de 1926 à 1945). Cependant cette tentative d’unification des communes côtières de Saint-Brévin aux Moutiers, ne cache pas les disparités qui existent entre les stations balnéaires de part et d’autre de la Pointe Saint-Gildas.

2 : Géologie et géographie du Pays-de-Retz et de la Baie de Bourgneuf. D’une manière générale, le Pays-de-Retz appartient au Massif armoricain, avec un socle plutonique de granodiorites et granites hercyniens (359 à 271 Ma) pour sa partie nord et centrale, et des gneiss et granites caldonniens et manceliens (542 à 520 Ma) au sud de Saint-Père-en-Retz. Le sud, au dessus de Bourgneuf-en-Retz, s’étant formé au Paléozoïque, de l’Ordovicien au Dévonien (488 à 359 Ma). Quand au Marais, jusqu’à Beauvoir, il appartient à l’époque historique récente de comblement. Bien sûr il faut affiner, vers Chaumes en Retz (Arthon-en-Retz et Chéméré) par exemple, on trouve des diorites et tonalites hercyniennes (385 à 355 Ma)… et des ophiolites (190 à 120 Ma) autour du lac de Grandlieu. Page 4 sur 40

Pour en rester à la Baie de Bourgneuf et au Marais Breton, on trouve un filon de micaschistes depuis la pointe Saint-Gildas jusqu’à La Bernerie, en passant par Pornic, seulement coupé de sables et d’argiles à hauteur de Pornic dans lesquels coule le Canal de Haute-Perche. A la Bernerie ce filon fait place aux schistes, quartzites, ampéites, phanites, puis du sud de la Bernerie et dans tout le marais et à Noirmoutier des sables et limons. Un filon de grès, arkoses venant s’immiscer entre schistes et sables depuis les Moutiers-en-Retz, jusqu’au dessus de . Géographiquement, la pointe de Gourmalon, à Pornic, est un sous ensemble de la Pointe Saint-Gildas. Le coteau qu’elle constitue est la lèvre d’un plateau, orienté de nord-ouest à sud-est, il se prolonge jusqu’au-delà de Fresnay-en-Retz où il remonte vers le nord. Ce sillon qui a une hauteur moyenne d’une trentaine de mètres, culmine à près de 40 m aux environs du Moulin des Tréans (Commune des Moutiers). Prigny, établi sur ce sillon, domine la baie de son éperon rocheux surplombant un talweg où coule actuellement le ruisseau de la Charreau Blanche qui prend sa source au dessous d’Arthon. Les traces d’occupation humaine antérieures aux Romains sont toutes situées sur ce sillon et non plus bas, car la ligne de côte se trouve au niveau du pied du sillon. Quand César conquiert la Gaule, Prigny domine un port (Probablement un échouage) situé sur un étier, peut être que déjà la zone entre Prigny et la côte actuelle donnait des signes de comblement par accumulation des sédiments sur des hauts fonds, peut être aussi un abaissement du niveau de la mer ou la conjonction des deux ont abouti avec l’aide de la création d’un cordon dunaire jusqu’à l’embouchure du Falleron au Collet à créer un zone lagunaire pour cette partie de littoral. Ce cordon dunaire est absent sur le littoral du Marais Breton depuis le Collet vers le sud puisque les digues qui ont été construites depuis le Moyen-âge protègent un polder. Avant le comblement, le marais de Bourgneuf était beaucoup plus échancré, Machecoul se trouvait au fond avec l’estuaire du Falleron (Rivière actuellement limitrophe entre la Loire-Atlantique et la Vendée, qui prend sa source à Touvois), des hauteurs relativement modestes (une vingtaine de mètres) allant depuis l’arrière pays de Challans jusqu’à Beauvoir séparaient le Marais Breton du Marais de Challans… et ainsi de suite jusqu’au golfe des Pictons. Le trait de côte était alors très irrégulier. Les cartes Cassini en font encore état au XVIIIe s. Dans ces profondes échancrures émergent quelques îles calcaires Bouin dont l’Île Chauvet que l’on christianisera en y construisant une abbaye. Ce comblement s’est prolongé jusqu’au XIXe s. puisque Bouin qui était une encore une île entourée par un bras de mer, le « Dain », large de 1 800 m, ne s’est trouvée rattachée au continent qu’à cette époque.

Pour le moment des digues délimitent, de façon significative mais vulnérable, les zones de polders et de marais de la mer, comme nous le verrons par la suite. Cependant cette zone marécageuse recouvre la fin du Massif Armoricain ou des failles sont présentes jusque vers Oléron et il ne faut pas s’étonner que la terre tremble à Bouin (Epicentre entre 5 et 2 km de profondeur), le mercredi 22 juin 2005, avec un séisme de 4,2 sur l’échelle de Richter, fortement ressenti dans tout l’ouest de Noirmoutier à Saint-Nazaire en passant par Nantes. Séisme n’ayant produit aucun dégât.

3 : Bourgneuf-en-Retz et le Marais Breton Comme son nom l’indique, Bourneuf, est une installation postérieure (Au plus tard mérovingienne) à une autre communauté littorale qui s’était constituée à Saint-Cyr-en-Retz et liée au retrait de la mer. Ces communautés resteront indépendantes l’une de l’autre jusqu’au XXe s. pour fusionner en une seule commune portant le nom de Bourneuf-en-Retz, puisque ce bourg est le plus important. A partir du 1er janvier 2016 Fresnay-en-Retz les a rejoints et l’ensemble s’est donné pour vocable « Villeneuve-en-Retz », en toute logique pour les Villeretziennes et les Villeretziens. Le Marais qui s’étale au pied de cette localité est dénommé le « Marais Breton » du nom de son ancienne appartenance pour le distinguer de celui de Challans. Il borde la Baie de Bourneuf du bourg des Moutiers jusqu’à Beauvoir- sur-Mer. Avant d’être protégé par des digues, le 7 juin 567, un raz de marée envahit le Marais Breton et submerge Bouin (Altitude actuelle maxi 6m) dont tous les habitants périssent noyés, des pionniers n’y reviendront qu’en 577. Ils construisent une défense fortifiée qui sera ensuite occupée par l’église érigée au XIIe s. (Avant que Louis XI ne fasse brûler le bourg en 1472 pour la simple raison que c’est la première ville bretonne que son armée trouvait sur son passage). Page 5 sur 40

La première digue protégeant le marais, construite par les moines se trouve entre le Collet et le port des Brochets. La méthode de construction consistait à établir entre deux murets un radier bas en bois avec des pieux et des entretoises qu’on laisse se remplir plusieurs années de vase (à laquelle on ajoute des pierres). Quand on estime avoir atteint la hauteur nécessaire on élève les murets et on recommence ainsi jusqu’à séparer la terre de la mer… La durée de ces travaux nous paraît exorbitante, surtout quand on pense à la longueur de ces digues… Parallèlement il aura fallu creuser des chemins d’eau pour assécher la terre protégée, inventer une gestion de la distribution d’eau et enfin créer des aires et parfaire la technique d’évaporation pour obtenir le sel. En raison du fort ensoleillement de la région le sel devient la richesse du Marais Breton. Mais chaque médaille à son revers. En 1340, désargenté, le roi de France, Philippe VI de VALOIS institue un impôt provisoire, la gabelle, qui ne sera supprimé qu’à la révolution, en 1790. Il faut savoir que le sel acheté dans la baie valait 290 fois sa valeur de départ dans les zones de Grande gabelle. Une injustice fiscale, en raison des différences territoriales, qui aura duré plus de 400 ans… Et encore cet impôt fut rétabli en 1806, pour être supprimé en avril 1848, rétabli en décembre 1848 pour n’être définitivement abrogé que le 31 décembre 1945 (soit 605 ans), par le ministre des finances (Du 21-11-1945 au 26-1-1946) de Charles de Gaulle, René PLEVEN.

Machecoul (9-2013)

Au XVe s. la « Baye » commerce avec les ports de la Hanse vers lesquels elle expédie le sel. Les navires viennent avec des marchandises ou avec des pierres de lest. Ces dernières sont exploitées sur place, certaines maisons anciennes de Bourgneuf ont été construites avec ces pierres. Le port de Bourgneuf est très actif, il reçoit en 1552, deux cent navires en rade. L’apogée de ce commerce se trouve au XIIe s. Au XVIIIe s. on dénombrait environ 45 000 œillets produisant 30 000 tonnes de sel. Bourgneuf possède encore une salorge (entrepôt pour le sel) de cette époque. La révolution mettra un terme à cette manne. Néanmoins le marais n’est pas consacré qu’au seul sel, des aires et des bossis sont cultivés par les paludiers pour leur subsistance, ils y font paître des animaux sur des pâturages non clôturés, les étiers servant de clôture. Seuls les chemins d’accès aux pâtures sont équipés de barrières traditionnelles faite de deux poteaux troués dans lesquels on fait coulisser des morceaux de bois.

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Chatte de Bourgneuf et vieux gréements (7-2014)

Du XVe au XVIIIe s. dans la Baie de Bourneuf et dans le Marais Breton s’active la chatte, petit voilier d’environ 12 à 30 tonneaux, créé à La Bernerie et surtout construit au Collet, au Porteau (Pornic) à Paimboeuf. Caractérisé par un profil très particulier. Il possède 2 proues, de façon à être réversible, à cause le l’exiguïté des chenaux. Possédant 3 mâts, deux seuls sont gréés, le grand mât et le mât de misaine. On ne lofe pas pour atteindre le lit du vent, on gréé seulement à l’envers. Ainsi, si le grand mât reste le grand mât, le mat de misaine devient le mât d’artimon (non gréé) et le mât d’artimon devient mât de misaine (gréé), et l’on change le gouvernail de bout. Les chattes cabotaient du bois, des matériaux de construction, de la cendre de goémon, de la chaux, et surtout du sel… D’après le commandant LACROIX, il en restait 18 à pratiquer la pêche, vers 1860, équipées d’un chalut. A La Bernerie la « Rue de la Montée à la Chatte » a été baptisée ainsi parce que l’on montait les bateaux hors d’atteintes des flots lors d’intempérie. D’autres évoques le fait qu’un chantier naval s’y trouvait, et encore qu’ont montait ces bateau sur des rondins de bois pour les approcher des champs pour les décharger du goémon destiné à amender les champs… Mais les esprits grivois ne cessaient de voler les plaques de cette voie. Pour y remédier elles ont dû être réalisées en béton et scellées, jusqu’à présent malgré quelques tentatives, elles sont pérennes. Sur les terres du « Bois des Tréans » se dresse une colonne cylindrique servant d’amer aux navigateurs de la baie. En 1778, on la remplace par un calvaire à fût triangulaire dont deux faces sont soigneusement orientées pour y placer des panneaux colorés, utiles à la navigation (près de la route bleue, et déplacée pour l’ouverture de celle-ci). Cependant, le Marais Breton qui nous semble immuable et stable, peut connaître des tremblements de terre. En juin 2005, à Bouin, l’épicentre d’un séisme de 4, 2 sur l’échelle de Richter a secoué la région, touchant Les zones proches de Loire-Atlantique et de Vendée et ressenti jusqu’à Saint-Nazaire.

4 : De terribles vimers. Le terme vimer, peu usité, provient du latin, il signifie « grande force » ou « force majeure » (Le dictionnaire Larousse de 1924 donne « vimaire » ou « vimère » en ne retenant pour définition que la conséquence : Dommage, effet funeste, outrage, injure), il est employé pour désigner des tempêtes exceptionnelles ayant causé d’énormes dégâts. La particularité de la baie est de former un entonnoir ouvert à l’ouest dont le goulet échappatoire au sud est 27 fois plus étroit (Ceci est important à savoir et à retenir). Lorsque le vent souffle en tempête de l’ouest ou du nord-ouest, il pousse l’eau dans le fond de la baie d’où elle ne peu correctement s’écouler (sans compter les courants contraires), créant ainsi une surcote. Si à cela s’ajoute un fort coefficient de marée le cordon dunaire ou les digues de part et d’autres de la baie ne parviennent pas à contenir la masse d’eau. Page 7 sur 40

Nouvelles défenses contre la mer, aux Moutiers-en-Retz, établies en 2017-2018 (4-2018).

L’énumération qui va suivre est loin d’être exhaustive, mais elle pointe les lieux sensibles aux immersions.  Depuis l’immersion de Bouin au VIe s., on a connaissance de la dévastation des Moutiers en 1332.  Le 4 mars 1407, vingt cinq bateaux sont drossés à la côte entre le Collet et Bouin.  Entre 1509 et 1589 on dénombre six vimers.  En 1598, la Bernerie souffre particulièrement (maisons écroulées et des noyés), le clocher de Bourgneuf emporté.  Le 16 janvier 1698, Bouin est de nouveau submergée.  Le 10 décembre 1705, à Saint-Cyr, la tempête cause la perte de 200 000 livres de sel, et de tout le blé.  En 1706, Bouin est encore sous les eaux.  En 1751, soixante vaisseaux coulent dans le port de Paimboeuf et le Marais Breton baigne sous un mètre d’eau.  En 1752, le toit de l’église des Moutiers est soufflé par le vent.  En 1799, de nombreuses tempêtes coupent routes et chemins du Pays de Retz.  En 1809, le préfet interdit le ramassage du goémon pour protéger les dunes.  En 1838, trois brèches de 200 m sont ouvertes dans les dunes des Moutiers.  En 1848, de gros dégâts ont lieu à la Bernerie.  Le 24 avril 1853 la route de Bourgneuf à Bouin est coupée par les eaux.  Le 8 mars 1854, les habitants des Moutiers ont de l’eau jusqu’à la ceinture.  Le jeudi 16 août 1860, la jetée de La Bernerie est fissurée. Le lendemain, 17 août, une brèche de plusieurs mètres s’y ouvre.  En 1875, « D’immenses désastres » sont constatés à Noirmoutier.  Le 1er janvier 1877, la digue du Collet cède.  Le 22 octobre 1882 les Monastériens sont encore victimes de la mer.  En 1888, nouvelle brèche dans la jetée de la Bernerie.  Novembre 1905 Pornic est très touché.  En 1923, on signale qu’à La Bernerie, le rivage à reculé de 70 m, par rapport au plan cadastral de 1837.  Le 9 janvier 1924, un raz de marée balaie la côte de la Pointe St-Mathieu jusqu’à l’Espagne, avec une surcote très importante, l’eau de mer passant au dessus des dunes.  A titre de rappel : Le 14 juin 1931, le Saint-Philibert est pris dans la tempête. 450 morts ou disparus, 8 rescapés.  En 1936, Les Moutiers sont encore inondés.  Le 14 mars 1937, Noirmoutier est coupée en deux lors d’une marée de 108.  Le 16 novembre 1940, le baromètre descend en quelques heures de 762 mm à 728 mm, la mer monte d’un mètre, jusqu’à la gare des Moutiers, il y a 2 m d’eau au Collet, et des centaines d’hectares sont sous les eaux. Au cours de cette tempête, le littoral a reculé de plusieurs centaines de mètres, plaçant l’Hermitage sur le littoral (les traces Page 8 sur 40

d’effondrement de la côte étaient encore visibles jusque dans les années 1990 mettant en apparence les strates géologiques, aujourd’hui elles sont couvertes de végétation et il faut un œil d’expert). Après la guerre, la côte a été protégée par une maçonnerie depuis Port-Royal, à la Bernerie, jusqu’au delà du bourg des Moutiers (Lancastria, et au-delà une digue moins imposante en direction de Lyarne, Le Collet – voir chapitre 6 -).  En février 1972, les dégâts sont considérables aux Moutiers, la statue de la Vierge, sur la place est mise à bas.  Dans la nuit du 1er au 2 janvier 1979, la digue du polder de Sébastopol, sur la côte est de Noirmoutier, commune de Barbâtre cède, 500 ha sont ennoyés  Comme si les tempêtes ne suffisaient pas, ce sont les pluies qui noient Les Moutiers en avril 1983. Mais il ne faut pas attendre longtemps pour qu’en novembre 1984 des vents soufflant à 133 km replongent le bourg sous les eaux.  La tempête des jeudi 15 et vendredi 16 octobre 1987, ne soufflait qu’à 144 km/h sur cette région, provoquant toutefois des dégâts, alors qu’elle soufflait 220 km/h sur la pointe de Penmarc’h  En février 1990, une violente tempête balaie la côte de Jade. A cette occasion on retrouve le 14 février le corps d’une femme sur la place de Lancastria, aux Moutiers, qui avait disparu de son domicile à Saint-Marc-sur-Mer. Cette tempête aboutit à ce qu’en août de la même année Les Moutiers soient placés en état de catastrophe naturelle.  Et nous voilà rendus à la violente tempête de la nuit du samedi 24 au dimanche 25 octobre 1999, les quais de Pornic sont submergés, Les Moutiers sont sous les eaux, un véliplanchiste en difficulté au large du Pré-Vincent n’est secouru qu’après des heures de dérive, etc. Une nouvelle tempête souffle dans la nuit du samedi 11 au dimanche 12 décembre 1999, recréant les situations d’immersion et de danger (Je m’en souviens très bien, nous avons passé le pont de Cheviré – qui serait fermé aujourd’hui dans de telles conditions - sous une pluie battante et le vent de biais, en revenant de Saint-Jean-de-Boiseau où nous étions à un départ en retraite), provoquant la mort d’un pompier en intervention à Nantes et surtout qui causa la perte de l’Erika. Avant que le mazout n’atteigne la Baie de Bourgneuf, le dimanche 26 décembre 1999, la clocher de l’église Saint-Pierre des Moutiers est foudroyé

Plaques de Mazout, plage de l’Hermitage (1-2000) lors d’une nouvelle tempête accompagnée d’orage. Le lundi 27 décembre 1999, une nouvelle dépression s’abat sur la région en soirée. Au cours de ces deux jours des vents de 130 à 150 km sont mesurés. S’ajoute à ces phénomènes météorologiques un coefficient de marée de 96. L’eau envahit une cinquantaine de maisons aux Moutiers, dont les HLM, le mini-golf pourtant protégés par la ligne de chemin de fer... Les dégâts sont très importants, le front de mer est dévasté, des maisons sont déchaussées, des tranchées sont creusées dans les rues, la dune est entamée, et le camping municipal du Collet voit ses installations complètement dévastées (Il ne rouvrira pas et restera en état jusqu’en 2015 ou toutes les maçonneries seront déblayées). Après avoir touché les Page 9 sur 40

îles, le mazout arrive dans la baie le lundi 27 décembre 1999, engluant la côte d’une manière prégnante… Mais ceci est une autre histoire sur laquelle j’aurai l’occasion de revenir en fin de ce chapitre.  Après deux jours de mauvais temps (La dépression a traversé l’Europe du 26 février au 1er mars) la tempête Xinthia se met à souffler sur notre région dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 février 2010. Le coefficient de marée de ce dimanche 28 février est de 106 pour la pleine mer de 4h 16 et si cette tempête n’est pas des plus violentes elle sera une des plus meurtrières en raison de la surcote déjà évoquée. Néanmoins la mer monte des enrochements de protection du plan d’eau sur sa digue et le front de mer est dévasté tant à la Bernerie qu’aux Moutiers qui se retrouve comme d’habitude sous les eaux. Le port du Collet déborde. Deux camping-caristes âgés stationnant sur la dune, prennent peur, sortent en pleine nuit puis de noient dans la dépression qui sépare la dune des quais. Une maison récente, en retrait, est déchaussée, entraînant dans le trou béant une voiture. Le polder de la Parisienne et les terres de la ferme de la Marcellière sont recouvertes par les eaux (Après pompage, de la chaux a été répandues pour rendre ces terres de nouveau fertiles rapidement). Et il s’en est fallu de peu pour que la digue du polder du Dain, près du Port du Bec, ne cède. Bilan de cette tempête 52 morts, dont 35 en Vendée (29 à la Faute-sur-Mer), 12 en Charente-Maritime, 2 en Loire- Atlantique, 2 en Pyrénées-Atlantiques, et 1 dans l’Yonne.  Mis en service en 2003, le parc éolien du polder du Dain à Bourgneuf est mis à mal par la tempête Carmen qui souffle le lundi 1er janvier 2018, avec des vents de 125 km/h relevés à l’île de Ré. Elle couche une des huit éoliennes C’est une situation inédite. Les experts mandatés font parler les « boîtes noires ». Vents enregistrés à 160 Km /h, et s’il n’y avait eu que le vent, l’éolienne aurait résisté, mais quelques dysfonctionnements sont à signaler : 1 pale tombe en panne le 30 décembre, puis la seconde et enfin la 3e le 31 décembre, mais cela ne suffisait pas encore, un facteur humain est pointé par une mauvaise appréciation des choses – à distance – par la maintenance. Une manipulation aurait été tentée le 31 décembre sur une des pales qui serait partie par la suite en survitesse avant de heurter le mât, provoquant sa chute. Depuis le terrain ou elle se trouvait a été nivelé, sans espoir de reconstruction.

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Erika, naufrage : Ce pétrolier de 184 m de long, construit au Japon en 1975 a changé huit fois de nom et de pavillon (de complaisance). Revêtu d’une simple coque, il a une capacité de 38 000 tonnes, avec un tirant d’eau de 11 m et propulsé par un moteur arrière à la vitesse de 15 nœuds. Le 7 décembre 1999, affrété par Total, il charge 30 884 tonnes de fioul lourd n°2 à Dunkerque. Le 8 décembre 1999, malgré le mauvais état de la mer, il appareille en direction de la Sicile. Pendant la traversée de la Manche il rencontre des vents de force 7/8 (Grand frais à Coup de vent). Après Ouessant, à la sortie du dispositif de séparation du trafic, il change de destination pour Livourne. Le 11 décembre, il continue de naviguer par très gros temps force 8/9 (Coup de vent à Fort coup de vent) état de la mer grosse avec des creux de 6 à 9 m. Le bateau tangue fortement et retombe lourdement. Vers 12h 40, au large de Saint- Nazaire le navire commence à gîter de 15° sur tribord. A 14h 08, L’Erika lance un appel de détresse, qu’il transformera en message de sécurité, alors qu’il est à plus de 300 km de Brest, de la Corogne et de Donges. A 14h 30, le rapport d’inspection du second capitaine révèle trois fissures et trois plis qui ne seront révélés que beaucoup plus tard. Donges déclarant qu’il ne recevrait pas le navire s’il fuit. A 18h 08 l’Erika fait savoir qu’il compte atteindre Donges le 12 décembre, vers 18h. Le 12 décembre la mer est très grosse (Creux de 9 à 14 m) et les fissures s’aggravent. A 3h 30 une fuite de fioul est constatée. A 5h 54 le commandant de l’Erika envoie un message de détresse et demande l’évacuation du navire, signalant la déchirure de la coque entraînant une voie d’eau. A 6h 12 le navire n’est plus gouvernable. A 8h 08, totalement corrodé en 24 ans, l’Erika se casse en deux, à 30 milles (55 Km) au sud de la pointe de Penmarc’h. A 8h 21 les deux parties se séparent libérant 7 000 à 10 000 t de fioul. A 10h 43 les 26 hommes d’équipage sont totalement évacués. A 16h 30 la partie arrière (104 m) est remorquée par l’abeille « Flandre » pour l’écarter de Belle-Île, la partie arrière (80m) et surveillée par un autre remorqueur (Les deux parties vont couler dans la nuit du 13 au 14 décembre à 70 Km de Penmarc’h, par 120 m de fond à une dizaine de km l’une de l’autre, laissant un filet de fuites). Le 12 décembre 1999, à 18h, le plan « Polmar Mer » est déclenché par la préfecture maritime de l’Atlantique. Page 10 sur 40

Erika, conséquences : On connaît la suite… La nappe de pétrole dérive, se fractionne, les tentatives de pompage sont inefficaces et la ministre de l’écologie Dominique VOINET affirme que le naufrage n’est pas la catastrophe du siècle… Le 23 décembre les premières nappes arrivent dans le Finistère sud (Finalement la côte est souillée depuis la Pointe du Raz jusqu’au sud de La Rochelle, soit sur plus de 400 km). Dans la nuit du dimanche 26 au lundi 27 décembre la nappe de mazout arrive sur la côte de La Bernerie et des Moutiers par un coefficient de marée de 85 et une accalmie. Avec la surcote les parcs à huîtres et les Grands Rochers sont épargnés (Ce qui n’empêchait pas les craintes d’incomestibilité des huîtres), le fioul s’est déposé en haut de plage, au pied et sur les falaises, sur le remblai. La tempête du lundi 27 décembre après-midi soulève le mazout déjà déposé pour le déposer encore plus haut. Ce matin du lundi 27 décembre, nous sommes partis au petit matin, pour nous rendre compte, à commencer par le Collet. Les pompiers et volontaires, en raison de l’état de la mer étaient incapables de mettre en œuvre le barrage flottant à l’entrée du port (La pose en sera abandonnée, et le mercredi 29, celui de Pornic était toujours en cours d’installation). Partout les mêmes galettes, si bien que lorsque je me suis porté volontaire, vers 9h, auprès de la mairie de La Bernerie, l’entrée du bâtiment était déjà souillée de mazout. Le mardi 4 janvier 2000, Les Moutiers voit une nouvelle arrivée de mazout. Le jeudi 6 janvier du mazout est repéré dans des poches d’huîtres à La Bernerie où une nouvelle arrivée de galettes a lieu. Pour le nettoyage, j’allais au plus près, à plage des Carrés. Il fallait découper les grandes nappes pâteuses à la pelle, faire des tas pour que ceux-ci soient évacués par tractopelle, afin d’être chargés dans des camions (Dans un premier temps des fosses avaient été creusées à proximité, avant que Donges ne prenne en charge le stockage), mais on n’en voyait pas le bout, la marée suivante en ramenait autant. Et les allers retours des engins et des volontaires étalaient le mazout partout dans les rues. Petit à petit, au bout de plusieurs jours d’efforts, les plaques devenaient plus rares, plus petites, ce fut au tour des enrochements des épis d’être nettoyés après que chaque pierre ait été déplacée. Pendant ce temps c’était à la truelle qu’il fallait gratter des escaliers et autres maçonneries des propriétés riveraines. Sur la plage, des petites plaques on était passé aux boulettes qui se récupéraient avec des piques, mais tout ce qui n’avait pu être enlevé à la truelle restait collé aux maçonneries. Comme nous étions en hiver, il arrivait que parfois le brouillard givrant nous isolait complètement, ce que tentait de combattre les « chefs d’équipes ». Chaque jour un briefing se tenait salle Bellevue, des outils, des tenues (cotes en plastique), des bottes étaient distribuées et ensuite chacun regagnait son chantier, les volontaires de la LPO à leurs oiseaux, les autres à leur chantier soutenus par le renfort de volontaires de la protection civile des départements bordant la Méditerranée. Mais en raison du dilettantisme de certains de ces renforts des incidents les ont opposés à des Berneriens. Des 1400 pompiers, membres de la sécurité civile, militaires, secouristes, communaux et bénévoles officiels engagés en Loire-Atlantique, la moitié sont affectés à la côte sud de la Loire. Je quitte le chantier le 13 janvier 2000, mais déjà s’engage une polémique opposant Total qui soutient avoir chargé du fioul lourd n°2 et des tenants de laboratoires indépendants qui prétendent que le produit souillant les plages est du déchet de raffinerie. Ce qui conduit les associations à faire demander des certificats de présence aux bénévoles en cas de problèmes de santé ultérieurs. Ainsi petit à petit les bénévoles sont remplacés par des professionnels équipés convenablement et possédant un matériel de lutte contre la pollution plus efficace, payés par Total. Les Chantiers se prolongent jusqu’en début d’été. Les craintes de pollution sur les huîtres deviennent rapidement sans objet, et une fois l’interdiction de ramasser des coquillages levée en juin, je peux affirmer que la moyenne de grosseur des palourdes était supérieure à la moyenne habituelle. Non pas qu’elles se soient nourries de pétrole, mais à cause de l’interdiction elle-même. Dix neuf ans après subsistent des traces de cette pollution, sans que les gens ne les remarquent.

5 : Surveillance militaire et douanière de la côte de la Baie de Bourgneuf. Même si l’on n’à plus, à ma connaissance, trace de chemin douanier entre Beauvoir-sur-Mer et La Bernerie, on ne peut ignorer que la côte était très surveillée. D’abord assuré par les seigneurs locaux, le « Gué de la mer » devient un service organisé militairement au XVIIIe s. par Colbert pour lutter contre le trafic du sel, celui du tabac, des indiennes et de la dentelle, et contre les tentatives d’intrusions étrangères sur le territoire français. Sont assujettis à ce service les habitants de la côte qui deviennent gardes- côtes et canonniers, embarqués sur des navires de la Royale pour le service du canon (Ils payeront d’ailleurs un lourd tribut de cet assujettissement lors de la bataille des Cardinaux, en 1759). Si bien que ces marins involontaires manifestent leur désaccord dans les cahiers de doléances ouverts en début 1789, ils expriment l’horreur qu’inspire ces milices : « L’abolition des milices, matelots et canonniers, dont l’enrôlement ne produit que la désolation des villes et des Page 11 sur 40 campagnes, ne donnent que des soldats qui désespèrent, des marins qui entrés dans un vaisseau, n’ont d’autre idée que celle de la mort ». La menace qui pèse sur cette partie de côte est bien réelle. En 1596, la prieure de l’église « Madame », dont le clocher sert d’amer (Cité dans « Le Grand Routier » de Pierre GARCIE-FERRANDE, vers 1480), décide d’y faire des travaux de réfection en faisant venir de Nantes, ardoises, tuiles, chaux, clous qui n’arriveront jamais au port du Collet, car le navire qui les transportait a été arraisonné par des pirates de l’Ile du Pilier. Cet acte n’étant pas isolé, le duc de Retz, créé en 1630, un capitaine garde-côte qui a autorité du Pellerin au Port de l’Epoids. En 1696, La Bernerie subit une des rares tentatives de débarquement des Hollandais. En 1700, on dénombre 80 inscrits maritimes aux Moutiers et ses villages. En 1746, on projette un port militaire en eau profonde depuis Le Collet, jusqu’au bourg de Bourgneuf. Un bassin polygonal en maçonnerie pouvant accueillir des frégates de 1er rang, communiquant avec la mer par un chenal artificiel enserré entre deux digues dont les extrémités s’appuieraient sur des hauts fonds du large. Crée par COLBERT, le sentier des douaniers n’aura servi à ceux-ci que pendant une courte période de 1793 à 1860, reliant Bois-de-Céné à Paimboeuf en passant par la Pointe de Retz (Pointe-St-Gildas). Les divers bouleversements ont plus ou moins effacé les traces des défenses, celles du XVIIe s. ont remplacé celles du XVIIIe s., elles aussi victimes du mur de l’Atlantique dont les maçonneries sont encore visibles (Hélas) à la Pointe des Poloux, aux alentours de Pornic, à la Pointe St-Gildas, et plus haut (A ce titre l’île de Noirmoutier compte une multitude de ces ouvrages qui vont du tobrouk au dispositif complexe des bunkers de la Pointe de l’Herbaudière). Une batterie de canons, installée en 1757 près de la cabane des douaniers, à la pointe des Cojebeaux à la Sennetière a aussi disparu, ainsi qu’une autre installée au « Parc aux Cendres » (Près du Parc Ste-Anne). Nous n’avons plus trace de la caserne des douaniers qui se trouvait à l’angle des rues du Ml Foch et Paul Turpaux (La poste). Et du sentier des douaniers, il ne reste sur le territoire de la Bernerie qu’un bout de ce sentier qui va de Crève-Cœur à la Boutinardière, se prolongeant ensuite vers Pornic et au-delà… Le particularisme de ce littoral a été habilement utilisé en termes de propagande, avec l’aide de la réputation de sauvagerie que prête l’Anglais aux habitants du marais et de l’île de Bouin.

6 : La Baie de Bourgneuf aujourd’hui. La baie de Bourgneuf est un vaste arc maritime qui s’étend de la Pointe Saint-Gildas à Fromentine (La Barre-de- Monts).Le trait de côte entre ces deux points fait environ 48 km. Elle est fermée par l’Île de Noirmoutier ou le trait de côte fait environ 22 km. Elle est ouverte au nord-ouest entre la Pointe Saint-Gildas et la pointe de la Gardette (Près de l’Herbaudière) sur près de 13,5 km (Soit 7,3 milles) et par le goulet de Fromentine de moins de 0,5 km (soit 0,27 mille) cette différence créant dans ce goulet un courant de 5 nœuds (9,26 km/h) pour le flot et 8 nœuds (14,8 km/h) au jusant (A comparer avec celui du Raz Blanchard, entre la pointe de la Hague et Aurigny, le plus puissant d’Europe, qui atteint 8 à 10 nœuds, soit 5 m par seconde, par marée de vive eau). A vol d’oiseau elle mesure 26,7 km (14.4 milles) de la Pointe Saint-Gildas au Pont-Neuf à Fromentine, 15,5 km (8,4 milles) de La Bernerie à la Pointe des Dames, 18 km (9,7 milles) du Collet à la Pointe des Dames. Elle a une surface approximative de 204 km², soit 20 470 ha, la zone découvrante mesure environ le tiers de cette surface (Altitude moyenne 3,3 m), avec un marnage (Relevé à Saint Nazaire, la correction pour Pornic étant infinitésimale) de 2,4 m par ME et de 5 m en période de VE, soit une moyenne de 3,3 m. La profondeur moyenne est faible, mise à part une fosse (Qui coupe la Ligne Pointe Saint-Gildas > Pointe de la Gardette), profonde le près de 26 m. Le chenal de la Pierre (Le plus vaste, face à Pornic) ne fait que 12 m, alors que celui du Centre (Face à la Bernerie) en fait 16, et le Fain (le plus petit, face au port des Brochets) ne descend qu’à 13 m Mis à part le port de plaisance en eau profonde de la Noëveillard à Pornic et le port de Fromentine, aucun des ports suivants n’est exploitable à marée basse : La Pointe Saint-Gildas à Préfailles, le Vieux port à Pornic, le port du Collet aux Moutiers, le port des Brochets, le port des Champs, le port du Bec à Bouin, le Vieux Port de Noirmoutier et l’Herbaudière. L’activité principale de ces ports étant la pêche côtière et l’ostréiculture.

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La Baie, vue depuis la digue de la Coupelasse à Bouin (8-2018)

Port des Champs à Bouin (9-2014).

La Baie est abritée par l’Île de Noirmoutier, ce qui permet des conditions climatiques clémentes. L’ensoleillement y est assez élevé, plus de 2 000 h par an, y compris l’hiver. Le climat y est considéré comme subméditérranéen selon l’indice de GAUSSEN (Botaniste et biogéographe,°1891 †1981) car possédant un mois sec. En outre j’ajouterai mes observations personnelles : J’ai pris d’abord pour du chauvinisme, les propos des Berneriens qui prétendaient qu’à La Bernerie, il y a un microclimat plus favorable qu’ailleurs sur la Cote de Jade. Je dois dire que de nombreuses fois La Bernerie est sous le soleil alors qu’à l’arrière pays il pleut à mois de 5 km de la côte, c’est un fait comme un peu partout en bord de mer, mais où là je doit reconnaître l’existence de cet avantage, c’est qu’il pleut plus souvent et qu’il y a plus d’orages vers le sud, Bourgneuf, Saint-Cyr-en-Retz, Fresnay-en-Retz, Machecoul, Bois-de-Céné, soit le marais… CQFD. L’envasement de la baie ne date pas d’aujourd’hui, mais le phénomène s’est beaucoup aggravé en un ou deux ans au cours des années 1980. Alors qu’on pouvait pêcher la crevette à pied aux Moutiers après avoir traversé par des coulées une zone de vase d’environ 200 m de large en pied de plage, toute la surface de l’estran de sable vaseux du fond de la baie s’est retrouvée recouverte de plusieurs dizaines de centimètres de vase, rendant impossible tout déplacement pédestre. Cet état de fait à gagné la partie sud de La Bernerie et pour ce qui reste de la marge nord, l’envasement varie en raison de l’état de la mer. Certains y ont vu pour cause la construction du pont de Saint-Nazaire, mis en service en 1975, mais cela ne colle pas, une dizaine d’année entre les deux. Le creusement et l’entretien du chenal est plus probablement à pointer du doigt : la drague qui suce la vase s’en décharge à peine plus loin que la Pointe du Croisic, ce qui fait que les courants ramènent tout dans la baie surtout par mauvais temps et vent de nord-ouest. Cependant la municipalité des Page 13 sur 40

Moutiers comptait tirer parti de cette vase en souhaitant ouvrir en 1992 un centre de fangothérapie (soins par la boue) pouvant traiter 250 patients atteints de sciatique, de rhumatismes, de varices, et dans l’euphorie avait même créé une compétition de course pédestre dans la vase du Collet. Ce ne fut qu’un projet.

Sortie du port des Brochets à Bouin (7-2014)

Les courants marins, produisant des vagues obliques par rapport à la côte, ont tendance à déposer également le sable au plus loin dans la baie et le mélanger à la vase, des épis ont été implantés sur toute la côte, depuis le plan d’eau de la Bernerie, afin de briser les vagues. Il doit y en avoir un peu moins de 40 à la Bernerie et pas moins de 80 sur le territoire des Moutiers. Après les travaux de démazoutage consécutifs au naufrage de l’Erika, le sable avait beaucoup diminué sur toute la « Côte de Jade ». A l’heure actuelle les niveaux de sable précédents sont dépassés, à tel point que la digne partant du chemin du Lancastria aux Moutiers, vers le Collet, est recouverte de 80 cm à 1m de dune et elle ne reste visible que sur une dizaine de mètres. De fait la progression vers le Collet par la côte en est assez pénible. Ce phénomène d’engraissement est observable aussi à Saint-Brévin, alors qu’on ajoute du sable à La Baule et que la plage de Damgan a considérablement maigri. En conclusion, l’envasement de la baie pourrait conduire à terme à une nouvelle avancée des terres sur l’estan (qui je le rappelle, représente 1/3 de la surface de la baie)… A moins que la montée des eaux ne vienne contrer le processus.

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Le Gois, côté Beauvoir (7-2019). Page 14 sur 40

Le Gois existe depuis l’effondrement qui a donné naissance à la Baie de Bourgneuf au début du quaternaire. La rencontre de deux courants marins opposés contournant l’île de Noirmoutier, l’un par le nord, l’autre par le sud donnent naissance à un haut fond sableux qui s’ancre sur des écueils rocheux. Les fonds sableux se sont continuellement déplacés avant de devenir franchissables à pied au XVIIIe s. et de se stabiliser au siècle suivant à l’emplacement actuel. Mais depuis bien plus longtemps, au moins depuis 1577, on connaissait ce haut fond que l’on nomme Gois (Déformation de gué). Il figure sur les cartes géographiques depuis 1701, et la tradition orale veut qu’il ait été franchi une première fois à cheval en 1766 par un cordonnier-aubergiste de Barbâtre. A cette époque les digues se trouvaient beaucoup plus en retrait ce qui fait qu’il était beaucoup plus long que les 4,125 km actuels. La grande mobilité des hauts-fonds rend l’exercice périlleux sans guide, ce pourquoi les royalistes se réfugient sur l’île, pendant les Guerres de Vendée en octobre 1793, car ils se considèrent protégés. Cependant le 3 janvier 1794 les Républicains sous les ordres du général HAXO passent le Gois pour recevoir la capitulation de ces dissidents. Suivront des massacres. Les premières 18 balises sont posées en 1766, mais au cours de l’hiver très rigoureux de 1788-1789, la mer gèle et les glaces les emportent. En 1840 une ligne régulière est assurée par une voiture à cheval. Face au nombre croissant d’incidents, le passage est plusieurs fois rehaussé, et empierré pour résister à l’assaut des vagues. Il est balisé, avec un jalon tous les 100 m, et goudronné en 1924. En 1930 l’ingénieur Louis BRIEN fait élever trois balises à hunes et six balises mâts de perroquet, soit un refuge tous les 500 m. Le chaussée étant à refaire, Louis BRIEN en profite pour paver celle-ci et l’élargir afin que deux véhicules puissent se croiser, le tout enserré dans des palplanches et des piquets. Des travaux qui durent de 1935 à 1939. Le Gois découvre 4 heures en mortes-eaux et 5 heures en vives-eaux. Malgré une signalisation importante il y a toujours des incidents d’automobilistes qui se font surprendre par la marée montante et vice versa des navigateurs qui eux manquent de hauteur d’eau. Incidents rarement mortels grâce aux balises et à la SNSM. Pour palier à l’augmentation du trafic entre le continent et Noirmoutier, le Conseil départemental de la Vendée décide de construite un pont reliant La Barre-de-Mont à Barbâtre. La première pierre est posée le 12 mai 1969 et il est ouvert au trafic le 7 juillet 1971. Construit en béton précontraint par la société Dumez, il mesure 583 m de long, avec une hauteur sous tablier de 33.5 m. A péage dès sa mise en service, une augmentation prévue en 1977 provoque des manifestations d’îliens avec blocage du pont et charges de CRS. Le péage est supprimé un 1994.

Pont de Noirrmoutier, vu depuis le Gois à marée basse (8-2012).

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Jean MOUNES (° Bourgneuf 1925, † 1975) Nommé instituteur à Saint-Nazaire, il passe 10 ans à enseigner au Maroc, avant de revenir à La Bernerie, puis à Nantes ou il devient professeur de français d’histoire et géographie. Il passe une thèse d’étude de géomorphologie et sédimentologie : « Le Marais Breton et ses marges », qui lui permet d’accéder à l’enseignement supérieur. Jean MOUNES n’est pas seulement un intellectuel, il passe sa vie à naviguer dans la baie qu’il connait parfaitement et à parcourir la côte, collectant les minéraux et collectionnant les poissons, il dresse des cartes utiles aux usagers et participe lui-même au balisage à l’aide de perches des zones côtières ou alternent vase, rochers, bouchots. Page 15 sur 40

Il fait réaliser les feux d’alignement et le phare du Collet en 1966, année de création du « Groupement de sauvegarde du port du Collet » comprenant 76 membres, dont il prend la présidence de 1966 à 1975. On lui doit aussi : 1968, la réfection des perrés jusqu’à la nouvelle cale aval et le mise en service de l’éclairage du port ; 1969, installation du treuil de halage ; 1970, électrification de l’écluse ; 1971, construction du portique de la cale ; 1972, construction de la cabane de matériel de la cale. Il est par ailleurs à l’origine du « Musée du Pays de Retz » à Bourgneuf par le biais de l’association des « Amis du pays de Retz ». §§§§§

L’Ostréiculture a pris une place importante dans l’économie de la baie… Le véritable essor de l’activité date des années 1950, mais ce n’était pas le commencement. La trace d’un premier « parc à huîtres » apparaît en 1080 aux Moutiers lorsque le seigneur Barbotin de Prigny concède ce droit au prieuré Saint-Nicolas (Ancienne ferme de la Bouie). L’hiver 1788-1789 est si rigoureux qu’il entraîne la disparition des huîtres dans la baie. Le département (créé en 1790) permet aux habitants des Moutiers de compter sur une aide alimentaire. Au cours du XIXe s. la production augmente, trois cent embarcations draguent la Baie de Bourgneuf et d’après Louis LACROIX 26 200 barriques de 2500 huîtres, sont expédiées vers les consommateurs entre 1854 et 1860. L’huître indigène et originelle des côtes est l’« huître plate » (Ostréa édulis), qui est aujourd’hui absente de la baie. Elle est remplacée quand, le 14 mai 1868, un navire rejette dans l’estuaire de la Gironde des « huîtres portugaises » (Crassostrea angulata), ou elle prolifère jusqu’à conquérir toute la côte. En 1931-1932 une épizootie fait diminuer considérablement la production, mais une nouvelle épizootie en 1970-1971 la fait totalement disparaître. Introduite dès 1969 pour expérimentation l’« huître japonaise » (Crassostrea gigas) la remplace. La mortalité dont les juvéniles sont atteintes depuis 2008 semble avoir diminué en 2019. D’après l’Ifremer la cause de cette surmortalité est multifactorielle, dont le facteur important est un virus.

Parcs à Huîtres et pécheurs de boucauds à la Sennetière. Eoliennes de Bouin (8-2012).

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Dans les années 1960, des ostréiculteurs de Charente-Maritime ainsi que des pêcheurs des environs ouvrent des parcs ostréicoles dans la baie. Les habitants de La Bernerie, redoutant que la pêche de loisir à pied leur soit limitée sont très hostiles, mais 37 hectares sont alloués sur la côte de la commune, attirant les Vendéens qui occupèrent 80 % des parcs. En 2019, neuf ostréiculteurs sont présents sur la zone aquacole de La Sennetière dont les aménagements sont plus tardifs que ne l’ont été ceux de la Zone de Lyarne, aux Moutiers, en 1984, après celle du Collet (Qui ferait l’objet d’un autre texte). Dans la Baie de Bourgneuf, la culture des huîtres est pratiquée dans des poches placée sur une structure qu’on appelle table (Cadre ou tréteau). Elles mettent trois à quatre ans pour devenir adultes, elles sont hermaphrodites et deviennent « grasses » à partir de mai ou juin, dès que la température de l’eau dépasse 10°. Elles « délaitent » lorsque les conditions de salinité et de température sont bonnes, autour de 22° et peuvent se reproduire de une à plusieurs fois par été. Les huîtres élevées en Baie de Bourgneuf libèrent 20 à 100 millions d’œufs non fécondés. Les larves formées font entre 1/10e et 2/10e de millimètre. Seulement 10 % d’entre elles survivent sur le site et se fixent sur les « collecteurs » où elles grandissent une dizaine de mois, les autres sont emportées par le courant et se fixent ailleurs. Au cours de leur vie les huîtres nées dans la baie, ou ailleurs, peuvent aller grossir en Bretagne ou en Charente et même plus loin, changer plusieurs fois de lieu, et venir faire leur affinage dans la baie. Les concessions de parcs à huîtres commencent à La Bernerie, au large de la plage des Carrés, et font le tour de la baie jusqu’à Noirmoutier-en-L’Île sans discontinuer, sauf dans les chenaux des ports. Les coquilles d’huîtres envahissent les plages, hélas pour les baigneurs. Cependant une majeur partie était autrefois broyée et valorisée comme source de calcium à destination des élevages de volailles, en amendement des sols. Elles sont aussi, par leur structure feuilletées imprégnées d’aluminium, puis carbonisées, et testées comme catalyseur solide industriel pour la transestérification de l’huile de soja.

7 : Occupation humaine. Le Néolithique a parsemé le Pays de Retz de mégalithes, des cairns (Exemple : Les Mousseaux à Pornic) des dolmens (Le Chiron, le Prédaire à Pornic)… Un menhir et un dolmen à Crève-Cœur (La Bernerie, ainsi qu’une hache en pierre taillée), aujourd’hui disparus ayant servi de carrière pour les constructions voisines… De cette civilisation, il ne reste sur la Bernerie que deux menhirs christianisés : Un auprès du moulin Burlot, l’autre à la Sénetière. On a également trouvé un site paléolithique fort modeste vers le Bois Millet aux Moutiers. De l’âge du bronze à la fin des gaulois se développe une importante industrie de bouilleurs de sel, on ne dénombre pas moins de 5 sites de fours à augets (Dont 4 le long de la ligne de rivage et 1 sur la colline, sur l’emprise du doublement - nivelé, mais jamais réalisé - de la « Route bleue » à hauteur de la Noë des Tréans, ce dernier mesurant 2,4 m x 1,1 m). Les romains s’installent sur la ligne de rivage, aux Courtes près de Prigny, ils y laissent des fragments de tuiles, de poterie sigillée (vernis rouge), de verrerie. A l’intérieur des terres une villae importante d’Arthon (Près de l’église) possédait des thermes mis à jour en 1975, alimentés par un aqueduc de 3 km (En partie détruit pour la construction du contournement d’Arthon). Avec la Pax romana, les voies romaines désenclavent le Pays de Retz : Prigny est relié au Migron, une autre part de Ratiatum vers Prigny, via Saint-Lumine de Coutais, et une troisième relie Prigny à la Birochère. De camp gaulois, Prigny devient oppidum gallo-romain sur lequel sera construit un château fort en bois, puis, plus tard en pierre, qui protégera la ria de Millac (A l’est, entre Prigny et Bourgneuf) et son trafic de bateaux à fond plat. Parallèlement la cité se blottit au pied du château, entourée d’une enceinte et d’un fossé pour se protéger des barbares qui procèdent à des incursions, des pillages à partir du IIIe s. Vers 406, ce sont des pillards irlandais qui écument la région. C’est probablement à cette occasion qu’ils s’emparent du vase sacré de Prigny, en argent (Il sera retrouvé dans un musée de Glasgow au XXe s. et authentifié grâce au texte gravé dessus « Primiacos ecclésia Pictavensis », Prigny de l’église de Poitiers). Au IVe s. Saint-Hilaire († ~367), évêque de Poitiers serait vraisemblablement passé par Prigny en se rendant à Ratiatum baptiser Saint-Lupien (après 345).

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8 : Le Moyen-âge, de 476 au XIe s. La région est ensuite évangélisée au VIe s. par Saint-Martin de Vertou (~527-~601) qui fonde probablement la nouvelle paroisse Saint-Pierre des Moutiers. Puis aux VIIe et VIIIe s. par les moines de Saint-Philibert de Noirmoutier qui construisent une chapelle de la Vierge dans le faubourg des Moutiers qui sera remplacée, plus tard, par l’église Madame. Autour de cette première chapelle se développe une nécropole mérovingienne. En 813, les vikings débarquent à Noirmoutier, Bouin et Prigny ou ils s’installent durablement avant qu’Alain BARBETORTE ne les chasse en 937, après les avoir battus à Nantes (Du coté de l’actuelle place Bretagne). Au cours de leur séjour, ils activent la forge de Prigny où ils laissent trois ancres trouvées enterrées près de la chapelle en 1871, aujourd’hui présentées à la chapelle de Prigny, au « Musée du Pays de Retz », et l’autre au musée Dobrée. La bourgade installée dans le faubourg des Moutiers ainsi que de la chapelle de la Vierge sont détruites par les envahisseurs. Cette longue occupation a valu à Prigny d’être nommée la « Danebutte » (La butte aux Danois). Après le Traité d’Angers en 851, avec l’établissement de la féodalité aux Xe et XIIe s. le Pays de Retz devient un pays de marches, il se dote donc de forteresses dont les plus importantes jusqu’à la Vendée sont Machecoul, La Bénate, Clisson, toutes bretonnes en avant-postes du château de Nantes, face à elles les forteresses adverses de La Garnache, Palluau, Montaigu, Tiffauges, en avant-postes du château d’Angers.

9 : Les seigneurs de Retz. Les premiers seigneurs de Sainte-Croix (Qui ne s’appelle pas encore de Machecoul) étendent leur influence sur la région avec Gestin 1er (~985- ???), puis avec Harcoëst (Orthographe incertaine ~1010-~1070) qui se marie avec Ulgarde, dont il a un fils Gestin II de Retz (~1040-~1083). On dit que ces seigneurs de Rais seraient originaires de Bretagne. Cette dynastie directe se succède jusqu’en 1406 avec Jean de Parthenay, dont le cousin germain, Guy II de Montmorency-Laval prend la succession jusqu’en1415, avant que son fils Gilles de Retz (1405-1440) ne devienne le seigneur du lieu, qui après avoir été compagnon de Jeanne d’Arc pour donner au roi de France, Charles VII, la possibilité d’être sacré roi de France à Reims et de bouter les Anglais hors de France, devient un individu suspect en raison des nombreux crimes qui l’entourent. Le jour de la Pentecôte 1440, Gilles de Rais se présente à cheval et en armes à l’église de Saint-Etienne de Mer- Morte pour s’empare du frère de Geoffroy Le FERRON auquel il avait vendu le château de Mer-Morte. Cet acte de brigandage (un prétexte) conduit à son arrestation, puis à son procès ecclésiastique et civil à Nantes. Il est exécuté en prairie de Biesse ou de la Madeleine, le 26 octobre 1440. Le lieu de son supplice deviendra ensuite un lieu de pèlerinage où sera construite la chapelle « Notre-Dame de Créé-Lait » aujourd’hui disparue. Puis le Pays de Retz passe dans toutes les mains des puissants de l’époque, les Montfort avant de retourner aux Montmorency, puis aux Chauvigny, aux Sauvage, aux Tournemine, aux d’Annebault, tous ceux-ci étant des baronnes ou des barons (5e rang de la hiérarchie de la noblesse après le roi), aux Clermont, ceux-là et leurs suivants étant des duchesses ou des ducs (2e rang de la hiérarchie de la noblesse après le roi), aux Gondi. Toutes ces familles possèdent le pays de Retz par alliances ou par successions, pendant 793 ans, 40 seigneurs de Retz apparentés se sont succédés… Pour se terminer par rachat, en 1778, devenant propriété de Clément Alexandre de BRIE-SERRANT (1748-1814), non apparenté aux précédents, prenant le titre de duc jusqu’à la Révolution, soit une seigneurie qui a duré 805 ans.

10 : Prigny. Le château en pierre de Prigny est réputé à quatre tours et muni d’un donjon, son accès commandé par deux ponts levis. Des douves profondes, alimentées en eau de mer entourent la forteresse aussi que Prigny. Celle-ci possède un mur d’enceinte long de plus d’un kilomètre. L’entrée de la ville fortifiée se faisant au sud, ai lieu dit « Le pas de la porte ». Construite au XIe s. l’église Saint-Jean-Baptiste sert de chapelle seigneuriale au seigneur du lieu, Judicaël, officier de justice des seigneurs de Rais, et sa dame Adénor. Au nord de Prigny, hors des murs, les bénédictins de Saint-Jouin de Marne avaient construit le prieuré Saint Nicolas dont la chapelle servait d’église paroissiale, quand ils partirent ce rôle revint à l’église Saint-Jean Baptiste qui fut l’habitation du curé pendant une trentaine d’année (Il y a une cheminée dans le clocher), avant qu’on lui construise une cure. Page 18 sur 40

La Statue de Saint-Guénolé qui se trouve la niche droite du retable de la Saint-Jean-Baptiste devenue chapelle de Prigny, fait l’objet d’un rituel particulier (Ainsi qu’à Perros-Guirec) qui consiste à piquer avec une épingle le pied gauche du saint par les jeunes femmes pour qu’elles trouvent l’âme sœur dans l’année. Le plâtre de la statue est si dégradé que la mairie est intervenue en 2018 pour faire interdire cette pratique. Le cimetière entourant Saint-Jean Baptiste était (Et est encore) dotée d’une « pierre à cochons », c'est-à-dire que l’entrée était barré par une pierre de schiste qu’il fallait enjamber qui était destinée à empêcher les porcs et les sangliers de venir déterrer les morts pour s’en repaître.

Chapelle Saint-Jean-Baptiste de Prigny (8-2012)

L’envasement des étiers incite les populations à se déplacer pour s’installer dans le faubourg des Moutiers, Prigny perdant de sa prééminence petit à petit… Au XVIIe s., bien que le château soit considéré « gast et ruiné » et que la cour de justice soit transférée à Bourgneuf, Prigny est encore considéré comme une ville. Au moment de la révolution le château était en ruine. Il est acheté en 1832 par François BRUERE, de Bourgneuf, qui acheva de le détruire en vendant ses pierres pour construire des maisons, notamment « Aux Sables ».

11 : Les Moutiers-en-Retz. (1756 Monastériennes et monastériens (2016) ; 957 ha, densité 165 h/km² ; altitude 0 à 39 m).

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De gueules au château d’or, coulissé, ajouré et maçonné de sable, accompagné de trois têtes de crosses aussi d’or, deux en chef et une en pointe, à la bordure cousue d’azur. Le château représente est celui de Prigny qui fut détruit par les Normands. Les crosses figurent les trois moutiers implantés sur le territoire communal. Un à Prigny et deux au bourg. Blason conçu par M. GAUTIER en 1930 et enregistré en 1972.

Retable de l’église St-Pierre des Moutiers-en-Retz (8-2012).

Adénor qui n’avait pu se rendre en terre sainte pour raison de santé, fait construire, en 1060, l’église « Madame » (Aujourd’hui disparue) à l’emplacement de la Chapelle de la Vierge, y ajoute un prieuré. Le tout sera donné en dot à sa fille, prénommée aussi Adénor, pour qu’elle puisse entrer au monastère des bénédictine du Ronceray d’Angers. A la suite de nombreuses donations de domaines, ce prieuré devient une véritable seigneurie, disposant du droit de justice, d’un four banal, d’un moulin banal, d’une cohue (Foire). L’église contient de nombreuses reliques dont une chape de Saint Hervé. A la révolution presque toutes les 75 maisons du bourg appartiennent à la prieure. Ce nombre de maisons étant resté stable car l’objectif des religieuses qui s’y sont succédées n’était pas de construire mais de rentabiliser pour l’abbaye mère du Ronceray. Ainsi le lieu à trois monastères, Saint-Pierre, l’église Madame, et Saint-Nicolas de Prigny, ce qui lui vaudra de porter le titre honorifique de « Bourg », assez rare, puisqu’on ne trouve en Bretagne que très peut de paroisses ayant cette distinction : Bourg-Blanc (29), Bourg-des-Comptes (35) Bourg-de-Pléhérel (22) Bourg-de-Batz (44) et Bourg-des-Moutiers. On compte aussi deux paroisses Saint-Jean-Baptiste et Saint-Pierre. Page 20 sur 40

L’appellation d’origine est « Les Moutiers », Monasteriis en 1119, Burgus Monastériorum en 1287, Bourg-des- Moutiers en 1790, Les Moutiers-en-Retz depuis le 5 juin 1986. Comme nous l’avons vu, la fondation du prieuré Saint-Pierre, VIe s., la chapelle de la Vierge sont les bases du bourg des Moutiers. Et au XIe s. on construit beaucoup à la gloire de Dieu. On construit d’abord l’église Saint Pierre actuelle, comportant 12 contreforts pour un bâtiment mesurant intérieurement 33 m de long sur 13 m de large. Elle est vaste pour l’époque (Lorsque le prieuré devient paroisse, elle s’étend du Collet jusqu’à Gourmalon). L’église Saint-Pierre ne possède qu’une seule baie côté mer, on en connaît le raison… (Voir chapitre 4). Le premier curé que l’on connaisse, au XIe s. est le curé Even qui vendra la chapelle de la Vierge à la dame de Prigny, Adénor. Quelques années après, il rentre avec ses fils chez les bénédictins de Saint-Sauveur de Redon, pour faire don de l’église Saint-Pierre à cette communauté (Une réforme de l’église interdisant aux curés de posséder une église) afin de continuer son ministère dans sa paroisse. Son fils lui succédera. En 1631, le procureur fiscal du prieuré du Ronceray, nommée Jean LE JAU paya de ses deniers le retable de l’église (Classé) sculpté par Jean BOEFFRAND, en compensation, il se fit peindre sur le retable en Saint-Pierre recevant les clefs du Christ. L’abbé MAILLARD fit construire le clocher actuel en 1853. L’orgue polyphone construit en 1895 par la firme nantaise Louis DEBIERRE, comporte une innovation importante qui permet d’utiliser un seul tuyau pour plusieurs notes. IL est souvent ignoré parce qu’il ressemble à un gros harmonium. D’octobre 2009 à 2014, l’église Saint- Pierre devenue vétuste subit des travaux de restauration en profondeur.

Clocher de l’église Saint-Pierre vu depuis la dune de Lyarne (9-2012).

Au XIIIe s. on érige dans le cimetière se trouvant entre les deux églises (Voir chapitre 8) une « Lanterne des morts » (7 m de haut, 1,50 m de diamètre, construire en pierres de Saint-Savinien -17-) unique dans la région. Restaurée en 1610 et au XIXe s. Ce genre de construction se rencontre surtout en Limousin, en Périgord, dans le Poitou, dans le Berry. Ces monuments religieux symbolisent la lumière du Christ. Celle d’Oléron et des Moutiers sont les plus occidentales. Page 21 sur 40

La coutume funéraire consiste à allumer la lanterne lors d’un décès, jusqu’à ce que le défunt soit enterré, ainsi que le 2 novembre, jour des morts. Elle est, de nos jours, la seule à être encore utilisée. Pendant tout le moyen âge, Les Moutiers est desservi par deux ports : La Bernerie et l’important port du Collet, centre du commerce du sel de la région, et aussi plaque tournante des denrées provenant des pays nordiques (Harengs de la Baltique, fourrures de Riga…) et du sud (Laine, agrumes).

Château d’eau désaffecté des Moutiers, près de la route bleue, à Prigny (9-2012).

En 1923, le maire à des projets d’embellissement de la place de l’église Madame, le jardin de la cure est rogné, les murs abattus à l’ouest, ce n’est que plus tard que les murets rappelant ceux du cimetière sont rebâtis. Deux ecclésiastiques marquèrent la commune de leur empreinte au XIXe s, au point qu’ils sont honorés par un nom de rue. L’abbé MAILLARD (1809-1878) officia dans la paroisse Saint-Pierre de 1848 à 1878, années de tensions entre les Moutiers et La Bernerie. En 1863, il préserve sa paroisse d’un rattachement à une autre. L’abbé BACONNAIS (1821-1897) est né aux Moutiers d’une ancienne famille monastèrienne, car son grand père fut le dernier procureur fiscal de la prieure et du seigneur du Bois-des-Tréans. Bien qu’il ne fut jamais curé des Moutiers, il s’y retira en 1884. Conscient des dangers qui emportaient les digues, il alerta, sans succès les autorités. Il consulta les archives ecclésiastiques pour écrire l’histoire des Moutiers en 1889, en dresser le plan. Sur ses deniers, il fit restaurer la chapelle de Prigny, la lanterne des morts, la statue de la vierge, le calvaire du village de La Croix et fit un legs pour assurer un lit perpétuel à l’hospice de Bourgneuf pour un malade ou un infirme des Moutiers. Je dois aussi signaler le Château des Brefs, qui bien que sur le territoire du Clion-sur-Mer (Pornic), se trouve si près de Prigny, à l’écart de la route d’Arthon, qu’il semble monastérien. Au XVe s., le lieu où il a été érigé était occupé par la perception des passages d’eau du port du Collet. Construit en 1826, par le sieur Alexandre BOCQUANDE, percepteur de Pornic (ironie du sort), il appartient au XXe s. à la famille GALLIMARD qui y reçoit beaucoup d’artistes et d’écrivains. C’est ainsi qu’Antoine de SAINT-EXUPERY y séjourna dans les années 30 et qu’Albert CAMUS y acheva « La Peste » au cours de l’été 1947.

12 : De la Révolution. A la révolution, les deux paroisses sont réunies pour former une seule et même commune : « Les champs libres » très favorables aux idées nouvelles. En 1793, le bourg des Moutiers subit deux fois l’attaque des Vendéens, et il est pillé, dévasté par CHARETTE. En 1794, l’adjudant-général LEFAIRE ordonne de noyer 41 prisonniers républicains (Au départ du Collet) et le premier maire républicain de Bourgneuf, Pierre MOURAIN, est massacré par les Vendéens. Page 22 sur 40

La révolution à une conséquence incommensurable sur la région. Avec la conscription et les Guerres de Vendée qui s’ensuivirent, les marais salants deviennent à l’abandon par manque de bras. L’eau salée raréfie l’eau potable, la situation sanitaire se détériore, le choléra et le typhus font des centaines de morts, annuellement, parmi les survivants de ces troubles. Tant et si bien qu’on mourait encore du paludisme aux Moutiers, au début du XXe s. Après la Révolution, les mouvements de population vont conduire la suppression de la suprématie de Prigny par un décret impérial de 1811 et le rattachement de celle-ci à sa fille Les Moutiers…

13 : Vers la rupture. Alors que le trafic du port du Collet diminue à cause de l’envasement, celui de la Bernerie est en plein essor. Les chattes font un trafic incessant entre La Bernerie et Noirmoutier, transportant de la première du bois de chauffage aux insulaires rapportant des cendres de goémon qui sont déchargées aux « Plantes débarquées », près de la Sennetière (Actuellement la rue est la limite entre Les Moutiers et La Bernerie). La prospérité de la Bernerie ne tarde pas à porter ombrage aux Monastériens du bourg. Alors qu’ils considéraient les Berneriens comme de simples villageois, ils se trouvent obligés de tenir compte de leur poids financier, social et politique. Compte tenu de sa démographie, La Bernerie compte plus d’élus au conseil municipal que le bourg des Moutiers, si bien que le maire des Moutiers est un Bernerien. L’église des Moutiers est toujours église paroissiale, mais compte tenu de la distance de la Rogère à l’église Saint- Pierre, les Berneriens demandent la création d’une nouvelle paroisse. Les Monastériens du bourg protestent et en novembre 1839, une délibération du conseil municipal veut maintenir l’unité « … Cette demande est immorale. Elle rompt les liens religieux qui rattachent tous les habitants de la paroisse à une église qui leur rappelle les plus touchants souvenirs… ». Malgré la volonté des Monastériens, le 31 mai 1840, monseigneur Jean-François HERCE, évêque de Nantes de 1838 à 1848, érige La Bernerie en paroisse indépendante, rattachant même l’important village de la Sennetière à La Bernerie. Ayant perdu, les Monastériens du bourg n’en continuent pas moins la guerre des clochers. En représailles les conseillers municipaux monastériens démissionnent. De nouvelles élections, le 7 novembre 1841, se concluent par une très forte majorité bernerienne. A la demande de cette municipalité, les archives communales seront conservées à La Bernerie. Les esprits sont échauffés, et en 1848 les Monastériens exigent le retour des archives dans leur paroisse. En réponse les Berneriens demandent que La Bernerie devienne le chef-lieu communal, les affaires traînent en longueur et un nouveau maire monastérien est élu. L’abbé MAILLARD qui envisage de faire construire le clocher de l’église se voit refuser l’aide du conseil municipal à majorité bernerienne. Le préfet exige de nouvelles élections qui replacent un Bernerien à la mairie. Les Moutiers étant plus riche en foncier bâti et non bâti et le conseil municipal tenant les recettes fiscales surtout pour développer La Bernerie, l’abbé MAILLARD pousse ses paroissiens à demander eux aussi la séparation des Moutiers en deux communes distinctes et sut amener le préfet à intervenir en ce sens auprès du gouvernement et, le 23 mars 1863, La Bernerie est érigée en commune. Ainsi de 1699 habitants en 1861, Les Moutiers passent à 768 en 1866.

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Autour des années 2015, des contacts ont lieu entre les deux municipalités en vue d’un éventuel rapprochement pour être dans l’air du temps. Dans le bulletin municipal de La Bernerie, du 3e trimestre 2016, voici ce qu’en dit Thierry DUPOUE, maire de La Bernerie : « Dans le bulletin municipal d’avril je vous faisais part des rencontres qui ont eu lieu entre les élus des communes des Moutiers et de La Bernerie afin d’évaluer l’opportunité de créer une commune nouvelle dans le cadre du dispositif d’incitation financière proposée par l’Etat. A l’issue de ces échanges une réunion publique regroupant près de 200 personnes à été organisée à La Bernerie ainsi qu’aux Moutiers afin de présenter les enjeux d’une fusion entre nos communes et la création d’une commune nouvelle. A l’heure de la décision, les deux conseils se sont réunis et ont délibéré sur l’opportunité de poursuivre la réflexion en vue d’une fusion. A l’issue du vote, les deux Conseils municipaux se sont prononcés pour la fusion de nos communes, Page 23 sur 40 mais au-delà du 1er janvier 2017, à une date non encore fixée. A court et moyen terme, la voie du développement des mutualisations en vue de réduire les coûts à été privilégiée… A une autre échelle, le projet de fusion des Communautés de Communes de Pornic et de Cœur de Pays de Retz a été soumis aux votes des Conseils communautaires et municipaux. A l’heure où j’écris ces lignes les Conseils communautaires ont voté favorablement à l’unanimité Ce sont les Conseils municipaux de 14 communes… »

14 : La Bernerie-en-Retz.

D’or à croix de sable chargée en abîme d’une tour d’argent maçonnée aussi de sable, surchargée d’une moucheture d’hermine du même ; au chef d’azur chargé d’une chatte (Ici simple nef) soutenue d’une devise ondée, le tout d’argent. La Chatte est une petite embarcation de la baie. La partie inférieure évoque le Pays de Retz. La moucheture d’hermine évoque la Bretagne. Blason conçu par B. ROY en 1921. Enregistré le 17 mars 1971. Devise : Pictonum virtus Britonum fides (Le courage du poitevin, la loyauté du breton)

Mairie de La Bernerie (1911) un soir de fête (8-2018). En 1313, le lieu est déjà signalé sous le nom « berne ». Les bernes sont des toiles à voile ou des draps, d’où Bernerie l’endroit ou on les fabrique. Une légende attribue l’origine du nom à Perrot BERNIER, aimable troubadour éconduit, qui au XIIIe s. se serait fait tisserand pour rester près de sa belle, Yolande, fille du seigneur de Prigny. Mais cette légende ne semble avoir pris corps qu’au XIXe s., au temps où La Bernerie était en quête de notoriété afin de mûrir son émancipation. A l’origine c’est un village de pêcheurs, parmi les autres écarts de la paroisse mère. Malgré une flatteuse réputation, La Bernerie ne fut jamais un port, mais un abri d’échouage protégé par des rochers plats très étendus, bien placé dans la baie auquel on adjoint une jetée (date ?) réclamée après l’envasement pour débarquer le poisson et abriter les bateaux. Elle partait du bas de la rue de la mer et se prolongeait sur une cinquantaine de mètre sur l’estran. Page 24 sur 40

L’allongement de la jetée en 1960, provoqua un engraissement de la « grande plage ». Le déclin du port, lié à l’envasement et la construction de bateaux dont le tonnage augmente, font de Pornic, avec ses quais aménagés, le port privilégié de la côte. Ne restent à La Bernerie que les irréductibles qui disparaissent à leur tour à la fin du XXe s.

Mouillage de la Bernerie depuis la plage des Carrés, église de Sainte-Marie, Préfailles (8-2019).

Le bourg initial se situait sur le littoral, entre la mairie actuelle et la jetée est du plan d’eau. Les marins avaient leurs cabanes près de l’actuel square Ste-Anne, un lieu qu’on appelait le « Village noir » en raison du coaltar qui suintait des cabanes et des bateaux. A ce lieu de rendez-vous on trouvait aussi des retraités de la marine ou des douanes. D’autres villages de La Bernerie sont devenus des quartiers : La Rinais, La Rogère, la Patorie, la Villardière, le Moulin ; des maisons éparpillées se trouvaient à Port-Chesneau, les Carrés, la Beltière, la Hervetière. Et enfin un village disparu, sans doute abandonné parce qu’insalubre, a fort mauvaise réputation puisqu’on menaçait d’y conduire les enfants turbulents, près de la Jaginière, « la Ville » (peut-être une villae à l’origine), parce que paraît-il les sorciers s’y réunissaient la nuit. Vers 1405, on édifie une chapelle sur un terrain aujourd’hui repris par la mer, Notre Dame de Pitié, (Square Sainte- Anne), elle disparaît lors d’une tempête en 1650. Vers cette époque la Chapelle de la Vierge est construite sur l’emplacement des halles, on y célèbre certains mariages et à partir de 1756, on y célèbre la messe tous les dimanches. Quelques années plus tard, le service n’étant plus assuré régulièrement, les paroissiens se plaignent… c’est le début d’un siècle de rebondissements. La chapelle de la Vierge est démolie en 1840 pour laisser place à la première église bénite en 1841. Jugée trop petite et fragile, le conseil de fabrique projette dès 1856 la construction d’un nouveau bâtiment, l’église actuelle, livré en 1863, sous le patronage de Notre-Dame de Bon Secours. Le curé est aidé d’un vicaire de 1858 à 1861, puis après une coupure de 14 ans le poste devient pérenne jusqu’en 1963.

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Démographie : 1866 1886 1896 1906 1926 1936 1946 1975 1990 2011 1020 1122 1243 1285 1489 1607 1764 1735 1828 2586

Aujourd’hui, selon le recensement de 2016, la Bernerie compte 2 944 habitants à l’année. En regardant ces chiffres, on remarque que la population sédentaire de la commune a progressé de 188, 63 % en 150 ans, soit une progression moyenne de 1, 25 % par an. Si l’on prend la période 1866 à 1990, la progression est de 1, 44% par an, si l’on prend la période de 1990 à 2016 la progression est de 6, 19 % par an. Fréquentant assidument la côte de Jade depuis le 1er avril 1978, j’ai vu cette évolution ce produire, et je pense que depuis le dernier recensement de 2016, le processus s’est encore accéléré. Ouvert à la circulation le 18-10-1975, le pont de Saint-Nazaire est resté payant jusqu’au 30 septembre 1994. Avant la construction de ce pont la continuité du territoire entre le nord et le sud de la Loire par le bac était quasiment dissuasive. Le pont, bien qu’il soit payant améliora quelque peu les choses, mais le prix de la traversée était élevé et peu attractif. C’est à partir de la gratuité que les gens travaillant particulièrement à Saint-Nazaire n’hésitèrent plus à élire domicile outre Loire, le prix de l’immobilier y étant beaucoup moins cher que sur la rive droite. A cela, j’admets que de nombreux acquéreurs des Pays de Loire et Franciliens firent augmenter les prix sur la Côte de Jade, sans atteindre les prix de la Côte d’Amour. D’une année à l’autre les terrains se comblent… En 2011, le projet municipal ZAC de la Rogère est mis en chantier, avec livraison prévisionnelle des terrains en juillet 2012. Cette zone est prévue pour 28 logement, dit « Intermédiaires Locatif Social), 18 maisons individuelles groupées Location et Accession Sociale), 34 petits terrains libres de constructeurs de 360 m² environ. 80 terrains libres de constructeur de 500 m² environ. Un équipement communal est également prévu dans ce projet. Actuellement tout n’est pas terminé. Cet aménagement de la Rogère à préservé, jusqu’à présent, la zone de terrains englobés entre la rue de la Jaginière et la ligne de Chemin de fer qui avait été vendue à la société Milcendeau pour y construire au début des années 2000, qui a été figée pour je ne sais quelle raison et que Milcendeau à rétrocédé à la communes. Alors… si les bulldozers n’ont pas encore œuvré, ils risquent maintenant d’arriver prochainement. 2944 habitants à l’année à La Bernerie. Elle compte aussi 5 014 résidence secondaire pour laquelle on compte officiellement 1 habitant, soit 7 958 habitants l’été et 14 000 habitants lors des WE de pointe soit un rapport de 4, 76. Le calcul est certainement à revoir à la hausse, car les personnes seules qui viennent passer l’été dans leur résidence secondaires sont rares, ce sont souvent des couples avec les petits enfants. Pour faire une estimation me semblant mieux proportionnée on pourrait compter au moins 2 personnes, soit 10 028 personnes déjà un rapport de 3, 41, ce qui ferait passer les 14 000 personnes à 19 014, avec un rapport de 6, 46 fois la population de base. Par ailleurs La Bernerie est très prisée par les camping-cars, pour lesquels le parking Wilson (Réaménagé en 2012) est réservé aux abords immédiats du centre-ville et du plan d’eau, en bout de la chaussée de Retz. Il contient une trentaine de places, sans compter les surnuméraires les jours de grandes marées.

15 – Desserte ferroviaire. Au cours du XIXe s. la société argentée entend profiter des loisirs en vogue dont l’exotisme des villes d’eau où les soins de santé sont accompagnés d’une ambiance de fête et de luxe. Centre de cure avec casinos, théâtres, concerts où les ambitieux cherchent à faire la cour aux célébrités du jour (ou de la nuit). C’est dans ce contexte que les stations de la côte cherchent à venter les vertus thérapeutiques des sources de la côte. L’arrivée des premiers curistes, qu’on appelait alors baigneurs, pourrait remonter à 1815, à La Bernerie, où l’on connait l’existence de deux sources depuis le milieu du XIX s., une source ferrugineuse à La Belletière (Dite source « En terre », avenue des Joncs) et une autre à La Patorie (Elle fonctionnait encore en 1910). Une autre raison fera le succès de cette côte de Bourgneuf à Pornic, surtout après l’arrivée du chemin de fer, c’est qu’elle est proche de Nantes et par conséquent économique. Ce pourquoi ces stations deviendront populaires et familiales. Les premiers touristes logent au quartier des « Carrés » au sud-est du bourg de La Bernerie, dans des maisons très modestes, ils fréquentent la plage des Carrés, dite Petite Plage. Et c’est vers 1865 que la Grande Plage prend son essor. Page 26 sur 40

Répondant aux vœux des habitants du Pays de Retz, le Conseil général de Loire-Inférieure demande en août 1865, l’étude d’un projet de ligne de chemin de fer reliant Machecoul, Paimboeuf, Pornic à Nantes. Le voyer chef du département, Eugène ORIEUX (1823-1901) dresse un avant projet le 23 août 1866, l’administration s’étant engagée à concéder le chemin de fer avant le 1er janvier 1870. Les choses vont se précipiter les derniers mois de 1869. C’est le troisième tracé présenté par M. ORIEUX, que le Conseil général retient pour exécution et vote 1 500 000 f de contribution. Le premier soumissionnaire à se présenter, le 3 décembre 1869, est François BRIAU (1812-1890. Entrepreneur TP à Ancenis, puis de CF en France et en Italie). Sélectionné parmi quelques autres, le Conseil général lui accorde la concession le 23 décembre 1869, précédant la signature d’une convention le 5 janvier 1870. Le 16 mai 1870, sous l’appellation « Compagnie des Chemins de Fer Nantais » est constituée une société anonyme formée par les propriétaires de 6000 actions de 500 f. Le baron Gaston de SAINT-PAUL la préside, François BRIAU en est le directeur et principal actionnaire, avec 1150 actions (voir sortie Varades du 26-2-2015).

PN38 et la gare avant et après rénovation (8-2015).

La compagnie s’est engagée à ouvrir l’ensemble des lignes, au plus tard, le 5 août 1875. Les travaux commencent par le franchissement de l’Acheneau (près du confluent du Tenu, à auteur de St-Léger-les-vignes) au cours du second semestre 1872. Malgré un relief peu tourmenté, les travaux prennent du retard et seulement vingt jours avant l’échéance, les voies de la ligne de Pornic sont en cours de pose, aucun bâtiment des stations n’est construit et l’installation télégraphique vient seulement de commencer. Le raccord de la ligne de la station de la Prairie au Duc à celle du réseau du P-O imposé, n’étant prévu qu’après la fin des travaux des dessertes terminales. La section de ligne de Pont-Rousseau à Pornic mesure 54, 379 km (110 passages à niveau, toutes formes confondues, dont 34 gardés), un train d’essai s’y lance le 7 septembre 1875. Ce train met 5h 50 pour arriver à Pornic, il mettra 2h 35 pour en revenir. Aucune des onze stations n’est terminée et ce n’est qu’à partir du 11 septembre 1875 qu’un train mixte et un train de voyageurs circule dans chaque sens à la vitesse moyenne de 26, 100 km. Les douze premiers jours d’exploitation l’ensemble du trafic rapporte à la compagnie 10, 34 f par km exploité. Cette moyenne tombera à 7, 15 f au cours du 1er trimestre 1876. Après une embellie, le trafic va régresser au cours du 1er semestre 1878, celui-ci marquant la fin de l’exploitation par la Compagnie des Chemins de Fer Nantais. En effet, la loi adoptée le 10 mai 1875, créait le Réseau de l’Etat constitué de dix compagnies avec neuf compagnies déficitaires rachetées (dont celle qui nous intéresse). En 1880, la population des communes desservies était la suivante : Bourgneuf 2850 h ; Les Moutiers 690 h ; La Bernerie 1060 h ; Le Clion 2180 h ; Pornic 1666 h ; en 1908, La Bernerie compte 1239 habitants, alors que Les Moutiers Page 27 sur 40 n’en comptent que 796. – La population actuelle est en 2016 : Villeneuve en Retz 1851 ; Les Moutiers 1576 ; La Bernerie 2944 ; Pornic + Sainte Marie + le Clion 14 703. Le trafic des voyageurs en gare de la Bernerie, de 28 000 en 1894, passe à 75 000 en 1911, pour atteindre 195 000 en 1930, mais le service ne donnait pas toujours satisfaction aux petites stations de la Bernerie et des Moutiers. Le maire de la Bernerie, Benjamin LACROIX demandait de meilleures désertes et un arrêt supplémentaire à la Sennetière pour les besoins des baigneurs. En 1899, il demande un agrandissement de la gare et la création d’une marquise et d’une véranda. En 1901, estimant que la dignité et l’autorité du chef de gare sont incompatibles avec les travaux de balayage et de lampisterie, le Conseil municipal exige un second agent. Et le trafic s’intensifiant la demande est reformulée en 1906, celle-ci finira par être satisfaite dans les mois qui suivent. Dans les années 50, le train était le moyen de transport privilégié des habituées de la Côte de Jade. Les services de la SNCF, assuraient au travers du correspondant local, le transport à domicile des bagages des voyageurs. Des renforts en personnel arrivaient pour le trafic saisonnier, dit « Service d’été ». Chaque dimanche, jusqu’aux années 80, un train spécial à tarif réduit amenait les voyageurs d’un jour dans les stations. Il retournait à Nantes le soir, sous l’appellation triviale de « Train des cocus ». Ce train était composé d’une dizaine de voitures à deux essieux, d’une facture ancienne, genre type B6Q Etat 1920 (Bien que j’ai eu affaire à lui professionnellement et privativement, ma mémoire fait défaut et je n’ai rien retrouvé à son sujet). Il était tracté en dernier par des locomotives diesel type 65 000 ou 66 000. Ce train du soir était une attraction pour les badauds et promeneurs sur soir de La Bernerie et surtout des Moutiers, où la gare se situe en centre ville.

16 – La seconde guerre mondiale et la poche de Saint-Nazaire. Pendant la débâche de 1940, le 17 juin, un paquebot anglais, le Lancastria, rembarque des troupes au large de Saint-Nazaire, il est bombardé par des avions allemands. On évalue à plusieurs milliers le nombre de victimes. Les corps mazoutés de ces soldats, seront vomis par la mer pendant plusieurs mois, les cimetières des côtes d’Amour et de Jade ont leur carré d’inconnus de ce naufrage. Le 27 juin 1940, les Allemands installent la kommandantur dans la mairie de la Bernerie, ils réquisitionnent hôtels et villas pour y loger les officiers. En 1941-42, l’occupant organise le « mur de l’Atlantique ». Le 12 août 1944, Les américains entrent dans Nantes, mais la Bernerie n’en a pas fini avec la guerre, puisque la ligne de démarcation de la poche de Saint-Nazaire, fixée par les Allemands part de la Boutinardière, passe par la Rogère, jusqu’au canal de Haute Perche. La poche est contenue de l’extérieur par les FFI et le 6 octobre 1944, après que les Allemands se soient repliés en retrait, on fête prématurément la libération. Le soir même, ils sont de retour et le lendemain ils lancent des obus au hasard sur la Bernerie, une femme est tuée et des maisons sont touchées. Le 29 novembre 1944, un événement rarissime se produit à la Rogère : L’échange de prisonniers, cet évènement est commémoré par une plaque, inaugurée le 29 novembre 2014, dont voici un extrait : « Le groupe des prisonniers alliés comportait 19 Américains, 3 Britanniques et 32 Français. Selon les règles de l’armée américaine, les 13 soldats qui avaient passé plus de soixante jours en captivité ont pu être directement rapatriés aux USA, les autres sont allés se battre dans les Ardennes ou ont repris le combat à bord d’avions. Les soldats français, anciens FFI ou FTP ont été envoyés au repos pendant un mois et gardés à l’écart du front. Parmi les trois Britanniques se trouvait, gravement blessé après une tentative d’évasion, le capitaine des Forces Spéciales Michaël FOOT. Le capitaine HODGES était allé le voir à l’hôtel Hermitage de la Baule où il était soigné. Lors des discutions avec l’état major allemand pour le futur des modalités d’échange des prisonniers, les Allemands acceptèrent d’échanger Michaël FOOT, qui s’était évadé à trois reprises, seulement contre un capitaine allemand décoré de la Croix de Chevalier. L’officier de marine Karl MÜLLER surnommé « Le Tigre de la Manche » sera récupéré dans un camps de prisonniers en Angleterre et ramené en avion jusqu’ici pour que l’échange se fasse ! » Si les escarmouches furent rares à la Bernerie, c’est à la Sicaudais que les combats furent les plus durs du Pays de Retz. La reddition de la poche de Saint-Nazaire eut lieu le 8 mai 1945.

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17 – Organisation territoriale de La Bernerie-en-Retz. Jusqu’au début du XXe s. l’agriculture occupait toutes les terres jusqu’au pied de l’église : Vignes, champs, blé, sur les terres des petites fermes familiales dispersées au gré des chemins, pratiquant la polyculture vivrière, et mis à part les métairies de La Gréssière et de La Jarrie, et quelques autres, le morcellement allait en s’amplifiant d’une génération à l’autre. Le bourg s’est développé autour du carrefour de la D66 (route de la Bernerie à Arthon) et de la D97 (route du Clion aux Moutiers), avec une densité de constructions plus importante du côté Pornic que du côté Les Moutiers et bien évidemment plus dense en zone côtière. Ce qui fait que le bourg initial s’étendait de la Villardière à l’actuelle rue Jeanne d’Arc, en s’étirant le long de la D97. Aujourd’hui ces limites ont explosé et les constructions sont continues le long des axes conduisant aux villages satellites, de Pornic aux Moutiers, avec des excroissances. L’accumulation des agrandissements des constructions, à l’origine modestes, des ajouts, des partages, du morcellement des parcelles, des séparations a conduit à un enchevêtrement tel que l’utilisation des bis, des ter, est monnaie courante. Et il n’est pas rare que certaines maisons, en retrait, ne soient accessibles que par un étroit passage. Nombre de rues (plus exactement d’impasses) sont perpendiculaires à la mer et débouchent sur la D97, qui porte le nom de rue de Pornic, rue Georges Clémenceau, rue du maréchal Foch, rue Alsace-Lorraine, rue des Moutiers, selon les portions. A défaut d’élément rassembleur préexistant (église, château…), sans plan d’urbanisme établi, le bourg s’est édifié d’une manière hasardeuse et désordonnée, faisant côtoyer de modestes bâtisses avec des maisons plus cossues le long de rues étroites et tortueuses, comme dans un certain nombre de stations balnéaires. L’électrification, dont l’usine est implantée à la Beltière, arrive en 1920, apportant un peu de confort domestique. On pourrait dire que cette usine est l’amorce d’une zone industrielle, puisqu’une distillerie vient s’implanter à côté, mais l’affaire tourne cour et il ne reste de cette dernière que les bâtiments transformés en logements. Le bourg à été corseté une première fois, lors de la construction de la ligne de chemin de fer qui dessine un « S » se rapprochant de la mer entre la gare et la Villardière, ce qui a pour effet d’avoir créé de nombreuses impasses aboutissant aux installations ferroviaires. La commune ne possède pas moins de six passages à niveau. La D97, sur laquelle le bourg s’est développé est la desserte locale et urbaine de la côte. Elle est épaulée par la D13, route de Pornic à Bourgneuf, en retrait de la côte et des agglomérations pour le trafic routier de courte et moyenne distance. Chaque bourg, mais aussi chaque village y a accès directement, certaines routes la traversent pour rejoindre des villages ou des fermes de l’autre côté de cette départementale. Mais au cours des années 80, il est décidé de prolonger la « Route Bleue », desservant la côte de Jade (de St-Brévin à Pornic), à quatre voies jusqu’à Bourgneuf. Pour cela des terrains sont réservés, une déviation est créée (D213) pour doubler la D13 de Pornic à la Bernerie, de nombreux accès à la D13 sont bouchés, des ponts avec l’enjambement adéquat sont construits. Un manque d’argent est certainement la cause que le chantier n’a jamais été terminé jusqu’à Bourneuf, les aménagements réalisés à l’époque sont toujours en état et les terrains figés. De ce fait on ne peut atteindre La Bernerie depuis cette « Route Bleue » que par trois carrefours sans voie d’accélération (La seule commune dans ce cas) : Aux Grandes Landes (D213 côté Pornic), au Poteau (D13 au Centre), aux Herses (D13 côté Les Moutiers). Le calvaire de la route de La Sennetière à été déplacé lors de la création du carrefour). Parallèlement, une liaison est ouverte entre La Bernerie (Croix Marzille) et Les Moutiers (Villeneuve), en reliant la rue de la Jaginière à d’anciens chemins de desserte des terres agricoles, allégeant ainsi le trafic de la D13. Compte tenu de l’exiguïté de la commune, le nombre d’exploitations agricoles se limitait à une vingtaine de feux. Dans les années 1950, il n’en restaient que quelques unes dans les villages, le morcellement et la création de la « Route Bleue » isolant de la commune les champs situés au nord participent à la disparition du monde rural puisqu’il ne reste aucune ferme en activité aujourd’hui sur la commune. Une zone industrielle s’est développée au-delà de la D13, au Moulin Neuf. 18 –Patrimoine de La Bernerie-en Retz.

Eglise Notre-Dame de Bon Secours

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Avant de parler du patrimoine bâti, je tiens à évoquer les vides. Je m’entends, la Bernerie a conservé des espaces entourés de maisons basses, souvent appelés « Pâtis » témoins du passé parce que c’est là que les pêcheurs faisaient sécher leurs filets : Parc de la Sennetière, Pâtis des Rochers vers Port-Royal, Place de la Villardière, Pâtis de la Rinais. Mis à part le patrimoine balnéaire largement représenté (Impossible à énumérer ici, il suffit de se promener par les rues, voir les maisons de pêcheurs, les chalets, les villas, pour s’en persuader, bien qui soit plus modeste que celui qu’on trouve à Gourmalon ou à La Noëveillard, par exemple ; afin de le mettre davantage en valeur, la commune a commencé en 2006-2007 à enterrer les réseaux de fils dans certaines rues du bourg), le patrimoine historique est relativement rare à la Bernerie, tel le patrimoine rural correspondant à l’activité principale de la commune par le passé. Il ne reste que très peu de maisons rurales des XVIIIe et XIXe s., dont l’une d’entre-elles se trouve à La Rogère et une autre à La Jaginière et il ne reste que le moulin Dousset, rue de Nantes, pour représenter ses semblables, bien qu’il ait perdu ses ailes et qu’il ait été touché par la foudre et endommagé, le 27 juillet 2001.

La seule seigneurie de la commune se trouvait à la Gressière. Le premier château, fortifié, a été remplacé en 1879 par le bâtiment, style XVIIIe s. que nous connaissons. Le seigneur de la Gressière est vassal de Prigny. Ensuite se sont succédés les seigneurs de Saffré jusqu’en 1724, CHARETTE de BOISFOUCAULT jusqu’en 1751, GUIGNARD de SAINT- TOURS… En 1832, la police de Louis-Philippe, à la recherche de la duchesse de BERRY, le perquisitionne, sans succès. Les héritiers du comte LEVESQUE de BOUARD, armateur nantais, cèdent à la commune en 1985 le château, amputé de ses terres et bâtiments annexes, ayant toutefois conservé sa croix de schiste érigée au bout de l’allée du château. Des travaux de rénovation ont été effectués en 2011. Loué à une société, il est exploité en hôtel ***.

La Gressière (8-2012) La maison Magres, face à l’église est l’une des plus anciennes demeures de la Bernerie, construite en 1780 par Armand Guillaume MAGRES, notaire royal et procureur fiscal des juridictions du bois Joly en Chauvay. Les cahiers de doléances des Moutiers mentionne qu’Armand Guillaume MAGRES, procureur fiscal de la seigneurie du Bois des Tréans préside l’assemblée du 29 mars, réunie le 4 avril 1789, en l’absence du sénéchal. Il est probable qu’il ait largement participé à leur rédaction. A l’époque la propriété englobait les terrains entre la rue Jean du Plessis et l’avenue Guitteny, soit le square Thibaud et alentours. Son fils Armand Michel MAGRES lui succède comme notaire et meurt en 1883. La propriété reste dans la famille, mais elle devient d’un entretien trop lourd pour la propriétaire qui la vend à la commune en 1965. Elle est destinée à recevoir régulièrement des expositions. La villa Beauséjour (Angle de la promenade Wilson et la rue de la Corderie) à été construite à la fin du XIXe s (après 1883), mais elle n’a rien de commun avec les autres villas du bord de mer et les alignements des rues du bourg. C’est une maison carrée qui s’impose au regard, un plan centré, sans débordements (avant ses transformations), sans ajout, où les proportions des quatre faces du bâtiment s’inspirent de la logique vitruvienne « L’ordonnance d’un édifice consiste dans la proportion… qui dépend du rapport de ce que les grecs appellent analogie… toutes les parties sont les une par rapport aux autres, comme le sont celles du corps d’un homme bien formé » (Se reporter à l’homme de Vitruve, Page 30 sur 40 dessiné par Léonard de Vinci). L’immeuble était composé d’un sous sol ; d’un rez-de-chaussée, comprenant vestibule, salle à manger, salon, bureau, cuisine et arrière cuisine ; au premier étage quatre chambres à coucher, trois cabinets de toilette ; au deuxième étage deux chambres pour les domestiques, grenier ; les lieux d’aisance, cour et jardin autour du bâtiment. Ses bâtisseurs conserveront la propriété trente six ans, avant de la vendre en décembre 1919. La rue de la mer s’enorgueillit d’un cinéma dont le charme réside dans sa salle à l’ancienne et son rideau d’écran chargé de publicités avant de s’enrouler et laisser place aux films des plus récents…

Rue de la mer et le cinéma –Paradiso- (7-2017) La première mairie de La Bernerie fut aussi sa première école publique, remplacée en 1911 par la nouvelle mairie, rue Georges Clémenceau. Même si l’église livrée en 1863 n’a pas un intérêt architectural particulier, le petit patrimoine religieux se compose de 18 croix et calvaires, dont le plus imposant est le Calvaire de la croix Marzille (1851), presque face au moulin Dousset, à l’entrée la ville quand on vient de Nantes par Arthon-en-Retz (Chaumes-en-Retz).

Le Moulin Dousset et la Croix Marzille (7-2012, angle de la route de la Jaginière). Page 31 sur 40

Je pourrais encore parler de la Voruzerie (La Tour Voruz n’est visible que de la côte, il sera question chapitre 18) ; de la gare achetée par la commune en 2010 (Protégée comme site remarquable en 2009), rénovée ainsi que ses abords en 2015, la commune l’a proposée à l’association des «Historiens du Pays de Retz » pour en faire un centre de ressources historiques ; des halles rénovées et de sa place enjolivée et agrandie en 2018, pour recevoir le marché hebdomadaire du vendredi (Plus celui du mardi l’été)… Mais je terminerai ce tour du patrimoine par la réhabilitation du bouton (écluse à poissons) d’une des pêcheries de pierres de la Boutinardière.

La Voruzerie, vue de la mer (8-2017).

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La commune de La Bernerie mène une politique de protection du patrimoine architectural et urbain à cause de sa fragilité. Le périmètre de protection du patrimoine (Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine) élargi à certains secteurs de la commune a pour principes : Deux niveaux de protection du bâti (Intérêt urbain et architectural) avec une légende spécifique pour les constructions exceptionnelles ; protection du petit patrimoine (Puits, croix, calvaires, moulins, écluses à Poissons…) ; protection du patrimoine végétal (Arbres, jardins remarquables, boisements, plage) et des murs côtiers ; Une protection des échappées visuelles vers la mer et des recommandations sur les espaces publics. Page 32 sur 40

Ecluses à Poisson à la Boutinardière (7-2015).

19 – Construction du plan d’eau. Dans les années 1985 les touristes qui voulaient des renseignements avaient de quoi être étonnés en hésitant quelle porte prendre, séparées seulement d’un mètre, parce que sous le même toit s’abritaient deux organisme de tourisme concurrents : Le Syndicat d’Initiative d’une part et la Commission Municipale d’Accueil et d’Information d’autre part. Chacun donnant les mêmes informations, comment la commune était elle arrivée à cette situation ubuesque ? La raison en est simple : Le Syndicat d’Initiative dont le fonctionnement reposait en grande partie sur les subventions municipales prit ouvertement parti contre la construction du plan d’eau cher à la municipalité. Ce conflit amena la mairie à couper les subventions du Syndicat d’initiative et d’ouvrir son propre organisme. Chacun connaissant parfaitement le désagrément des retraits prolongés des reflux de la mer, réduisant les heures de baignade, surtout pendant les périodes de morte eau, la loi littorale subventionnant des projets balnéaires présentant un intérêt économique pour le pays, seuls St-Nazaire, Pornic, l’Herbaudière, Préfailles étaient éligibles à ces financements. Les édiles de la Bernerie prirent pour exemple le bassin de l’Aiguillon sur mer, situé au bord d’un étier éloigné de la mer et proposèrent, en 1985, à l’ingénieur des Ponts et Chaussée maritimes de supprimer le port de la Bernerie pour y créer un plan d’eau de baignade de 3 ha. Le maire de l’époque M. GIROS (1983-1989) prit l’affaire en main pour effectuer les démarches nécessaires qui aboutirent à une autorisation préfectorale le 26 décembre 1988. Les élections étant proches M. SAUDRAY (1989-1995) se présente au nom des anti-plan-d’eau. Ces derniers évoquent des possibilités d’infiltration des eaux d’écoulement du cimetière, les ostréiculteurs prédisent la mort des huîtres, la fin de la pêche, la modification des courants, l’impossibilité du mouillage. Les réunions d’informations se terminent en pugilat. Les pétitions et les excès infligent une cuisante défaite à l’équipe sortante. Le 3 juillet 1989, l’Association Bernerie Environnement tente de faire suspendre les travaux par le tribunal administratif. Le nouveau maire fait réduire la surface du plan d’eau et réduire deux tranches de travaux, mais six ans plus tard il est remercié à son tour. Après toutes ces vicissitudes, le plan d’eau est malgré tout terminé à la fin du mandat de M. SAUDRAY. Des aménagements sont réalisés autour, telle la promenade au grand bonheur des baigneurs et des flâneurs petits et grands. Le succès de cet aménagement est indéniable et a un avantage énorme pour la station, maintenir les vacanciers sur place, les locaux ont leurs habitudes tout le long de la côte.

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Fréquentation du plan d’eau, villa Beauséjour à gauche (5-2018)

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Pour la 19e année consécutive, La Bernerie-en-Retz obtient en 2019 le « Pavillon Bleu ». Il valorise chaque année les communes et les ports de plaisance qui mènent de façon permanente une politique de développement durable. Garant d’une bonne qualité environnementale, le Pavillon Bleu favorise une prise de conscience générale envers un comportement plus respectueux de la nature et de ses richesses. La commune est ainsi récompensée pour la qualité de ses eaux de baignade, l’accessibilité à la plage du plan d’eau aux personnes à mobilité réduite, les activités d’éducation à l’environnement, le tri sélectif sur la plage ou à proximité. La valorisation du littoral s’est déroulée sur une dizaine d’années avec pour objectif de poursuivre la continuité pietonne sur le littoral, retrouver l’activité de la grande plage, et ouvrir le bourg sur la mer : 2007 –Réouverture du sentier entre la Boutinardière et le Paradou, suite à un éboulement de falaise important ; aménagement du sentier et des accès aux plages de Crève-Cœur et Roche-Marie ; aménagement des extrémités des rues Amiral Gervais (Bellevue) et du Récif (Parallèle à la précédente). 2010 – Réaménagement de Port-Royal, après l’aménagement global de cette zone sur une longueur d’un km de la rue des Quatre Jumelles à la rue des Plantes Débarquées, en 2005. 2011 – Traitement des accès et abords du plan d’eau. Ce qui lui vaut la labellisation « Tourisme et Handicap » en 2013. 2012-2013 – Grande plage, accès avenue de Noirmoutier et Bellevue, afin d’ouvrir un belvédère sur la mer et offrir un une descente confortable accessible à tous. En partie basse, sur la plage, un patelage reliant la rue de la Mer à la rue du Récif

20 – Célébrités de La Bernerie-en-Retz . Au cours du XIXe s, les « buveurs d’eau » viennent de plus en plus nombreux dans la station balnéaire, où on y prend les eaux jusque vers 1910. Tous ces Berneriens venant d’ailleurs ont pour loisir les régates qui rassemblent voiliers, péniches et chaloupes venant même de ports éloignés, comme l’Epoids. En 1853, 31 gros bateaux et 15 canots y participent, notamment des chattes, des chaloupes et des bisquines. Des café-dancing, appelés « Casinos » en vogue jusqu’après la dernière guerre ont disparu. Ne reste en témoignage du casino POMMIER construit en 1885, que le café « La Plage » sur la Grande Plage, entre la place Bellevue (Réalisée sur l’emplacement de l’ancien « Hôtel Bellevue » démoli dans les années 1960) et la rue de Noirmoutier, établissement qui tombait en ruines dans les années 1990. Le plus ancien étant le casino BARATHON, construit en 1875, réquisitionné par les Allemands en 1940, il a été détruit en 1945. Le casino HERVE, lui, à été construit vers 1890, sur le Page 34 sur 40 môle, à l’emplacement de l’actuel poste de surveillance du plan d’eau. Le casino Cyrano, lieu de rendez-vous galants, construit dans le virage de Crève-Cœur, fonctionnant dans les années 1920, bénéficiait de la proximité de la source de La Rinais.

Parmi les habitués de La Bernerie voici quelques célébrités :

 René Guy CADOU : poète (° Ste-Reine de B. 15-2-1920 † Louisfert 20-3-1951) Orpheline de mère à 12 ans, il perd son père en 1940. Il obtient son premier poste d’instituteur à Mauves-sur-Loire. Pendant six années, il erre à Bourgneuf-en-Retz, Saint-Aubin-des-Châteaux, Herbignac, Saint-Herblon… En 1941, il fonde l’école de Rochefort (Rochefort-sur-Loire). Il rencontre Hélène LAURENT (° 1922 † 2014), originaire de Mesquer, alors qu’il est à Clisson. De 1943 à 1944, il est très inspiré. Nommé à Louisfert en octobre 1945, René et Hélène se marient peu après. D’une santé fragile depuis l’enfance, il meurt à 31 ans. Il a vécu quelques mois dans la rue qui porte son nom.  Maurice DENIS : peintre nabis (° Granville 1870 † St-Germain en Laye 1943) Ami de SERUSIER, il fit quelques séjours chez des amis vers la Rinais.  Marc ELDER : Marcel TANDRON, écrivain (° Nantes 31-10-1884 † St Fiacre /Maine 16-8-1933) Auteur du « Peuple de la mer », prix Goncourt 1913, devant « Le grand Maulne » d’Alain FOURNIER. Conservateur du château de Nantes en 1929. Ayant des problèmes de santé, il passe sa jeunesse entre La Bernerie et Saint-Fiacre / Maine. Ami de Claude MONET et de Charles MILCENDEAU, il révèle l’impressionnisme à Nantes. Il est principalement connu comme écrivain régionaliste. Il centre ses romans sur la côte de Jade, sur Noirmoutier et le marais. Il pratique un réalisme résolument pessimiste.  Louis LACROIX : capitaine au long cours (° La Bernerie 7-2-1877 † La Bernerie 27-10-1958). Il court la mer d’abord sur les petits cotres des pilotes de Saint-Nazaire, puis sur les trois mâts nantais, Frédéric, Suzanne, Esbrouffe. A moins de 20 ans, avant même d’avoir obtenu à l’école d’Hydrographie de Nantes le diplôme d’officier, il avait déjà visité des régions et îles lointaines. Il n’est donc pas surprenant de le retrouver, à 26 ans, capitaine au long cours, ce qui lui permet d’obtenir le commandement de voiliers, qui sont pour l’époque, des légendes : Maréchal-de-Gontaud, Babin-Chevaye, Jean. Trois voiliers qui font de lui un cap-hornier, mieux encore, un « Albatros », une appellation réservée à ceux qui ont commandé un voilier lors du redoutable passage. L’aventure dure 10 ans. Ensuite on le retrouve capitaine d’armement à la société des armateurs français, comme pilote du canal de Suez, puis expert maritime près du tribunal et du port de Nantes. Auteur, à 58 ans, des « Derniers grands voiliers » (1935), livre qui obtient le 1er prix de l’Académie de marine. De nombreux autres suivront : Les derniers voiliers morutiers, Les derniers cap-horniers français, Les écraseurs de crabes sur les derniers voiliers caboteurs, les derniers pilotins de la voile, L’âge d’or de la voile.  Edgard MAXENCE : peintre symboliste (° Nantes 1-9-1871 † La Bernerie 31-7-1954). Elève des peintres Jules Elie DELAUNAY et Gustave MOREAU. Médaille d’or à l’exposition universelle de Paris en 1900. Membre de l’Institut en 1924. Officier le la Légion d’Honneur en 1927. Symboliste avant de s’engager dans un art plus académique et mondain et participe aux salons Rose-Croix. Le musée des Beaux-arts de Nantes possède plusieurs de ses œuvres dont « L’Âme de la forêt », envoi de l’Etat en 1902, peint en 1898, sur bois (85x80).  Paul MILLIEZ : médecin (° Mons-en-Baroeul 15-6-1912 † La Bernerie 15-6-1994) Catholique fervent, instruit dans un collège jésuite, Il devient interne des hôpitaux en 1936 et médecin en 1946, après avoir été résistant. En 1956, il se prononce contre l’Agérie-française. En 1967, pendant la « Guerre des six jours » il organise un comité des victimes arabes. Il s’engage également contre la dictature des colonels en Grèce et contre l’internement des dissidents soviétiques dans des hôpitaux psychiatriques… Et autres combats en 1972, 1974, 1981, 1990… Auteur de plusieurs livres et doyen de la Faculté de médecine de Paris.  Etienne PAYEN de la GARANDERIE : navigateur contre l’avis de son père pour qui le marin « Est un homme fruste et borné se nourrissant exclusivement d’alcool et de tabac » (° Saint-Aignan-sur-Roë -53- °10-12-1887 † La Bernerie 2-12-1992) x 1924 avec Marie du PLESSIS de GRENEDAN (°1895 † 1966) Dernier pacha du paquebot Normandie (Détruit par un incendie à N-Y en 1942, après l’application du droit d’angarie exercé par les USA) , en 1939, après avoir commandé le Colombie, La Fayette, Ile de France, Paris. Il commande le bateau pendant sa dernière traversée (Août 1939) vers New-York où il reprend le « Ruban bleu » au Queen-Mary, tous feux de pont éteints, rideaux tirés, radio coupée, poursuivi par le navire allemand Bremen qui risque d’alerter les U-boots. Il dira plus tard qu’il a songé à saborder le paquebot en cas de prise par les Allemands. Page 35 sur 40

Etienne PAYEN de la GARANDERIE était propriétaire de la « Hervetière », où il a habité jusqu’à son décès à 104 ans. La Hervetière, est une maison noble, dont la partie basse, une ancienne dépendance du prieuré de Prigny, remonterait à la fin du XVIe s, avec ses murs de 80 cm d’épaisseur. L’origine du nom viendrait de l’appellation du lieu-dit ou du domaine englobant ce qui est aujourd’hui la place éponyme, située en face. La propriété achetée peu avant la révolution, au prieuré de Prigny, par les ancêtres de Marie du PLESSIS de GRENEDAN, son épouse, et lui est parvenue par héritage.  Jean Joseph Anne Marie Julien du PLESSIS de GRENEDAN : navigateur (° Rennes 1892 † Large de la Sicile 23-12-1923) Marin, il sillonne les mers à bord de différents navires. Baptisé à La Bernerie, breveté de pilotage de ballon dirigeable de l’école de St-Cyr, en 1917, il remplit de nombreuses missions à bord du Bruix pendant la guerre. Il vient en permission à la Bernerie en 1919. En 1919, il part négocier le Zeppelin L72 (226m de long, 28 de haut dont 24 de diamètre, 68500 m 3 d’hydrogène), conçu pour le raid de guerre et non pour la croisière au large, rebaptisé en 1922 Dixmude*, cédé à la France en dommage de guerre. Après plusieurs voyages en Afrique où il parfait sa maîtrise de l’engin. Le « Dixmude » est foudroyé lors d’une tempête, entraînant la mort des aérostiers (une cinquantaine, dont 43 passagers). Le corps de Julien du PLESSIS est repêché, le 26 décembre 1923 par des pêcheurs de Sciacca. Pianiste, poète, footballeur, il laisse une très abondante correspondance. – A savoir que mon père (°1910) – et probablement ma mère (°1913) – se souvenait d’avoir vu passer, dans le ciel de Touraine, ce « Dixmude » dont le nom me paraissait étrange lorsqu’ils l’évoquaient)* *Hélas pour l’évènement, aujourd’hui, je sais ce que le mot « Dixmude » veut dire… Ville belge de 4000 h qui devient un enjeu stratégique sur l’Yser à partir du 16 octobre 1914, rendue à l’état de ruine en moins d’un mois. La ville toujours sous contrôle de l’armée allemande, malgré la victoire de la bataille (Grace à l’Amiral RONAC’H qui a détruit les digues des polders pour les ennoyer et empêcher les Allemands d’atteindre la mer) ne sera libérée, par les Belges, que le 29 septembre 1918.  Victor Lucien TAPIE-DELHOMMEAU : historien, professeur à la Sorbonne, membre de l’Institut, spécialiste de l’art baroque et des civilisations d’Europe centrale.  Jean-Simon VORUZ : fondeur nantais dont la famille était originaire de Suisse, ses établissements emploieront jusqu’à 1600 ouvriers. (° 1810 † 1896). Il achète une propriété sur le littoral des ‘’Roches grises’’ sur laquelle il fait construire une villa « La Voruzerie » et une tour (emblématique de La Bernerie), propriété qui restera dans la famille de 1850 à 1914. A l’aplomb de la propriété, il fait aménager un mouillage pour amarrer son bateau à vapeur, à roues à aubes « La Fauvette », avec lequel il vient de Nantes à La Bernerie via l’embouchure de la Loire.  Yvonne WILSON : (Mlle) (° vers 1872) fille d’un sucrier anglais, elle est infirmière volontaire dans l’armée d’Orient, résidente à la Bernerie à partir de 1920. Elle devient maire en 1945, à 73 ans, jusqu’en 1953.

…Et votre serviteur…frère de la côte depuis, maintenant plus de 40 ans… 21 - Les canons du Juste. Après avoir séjourné 210 ans dans la mer, une trentaine de canons du Juste sont remontés et entreposé un temps sur le quai d’Indret, avant d’être répartis dans la région : Nantes, Saint-Nazaire, Paimboeuf, Préfailles, Pornic, Mindin, La pointe Saint-Gildas et La Bernerie. Deux d’entre eux sont visibles à Port-Royal, ce qui est juste retour des choses, puisque je le rappelle se trouvait une batterie de canons près de la Sennetière (Chapitre 5). Le Juste était un vaisseau de guerre de 2e rang à deux ponts, de 75 m de long ht, construit à Rochefort entre 1714 et 1726, armé de 74 canons de calibre 36, 18, 8 et 4 ; 11 officiers et 634 matelots. Le 14 novembre 1759, il est engagé dans la «Bataille de Cardinaux » (Les Cardinaux sont quatre rochers à l’ouest d’Hoëdic). L’avant-garde de l’amiral anglais HAWKE attaque l’arrière-garde de la flotte française. Le Juste est assailli par 4 unités, il est sauvé par le Soleil Royal. Mais la bataille est confuse dans la tempête. A la tombée de la nuit l’amiral français décide de se retirer, la flotte est dispersée et se réfugie dans les ports. Le Juste s’est retiré, coque crevée et le gouvernail endommagé. Il passe la nuit près de Penchâteau. Dans la matinée du 21, il se dirige vers Saint-Nazaire, mais la marée et la tempête le font échouer, on vide les boulets des cales, on abat les mâts, le Juste coule en 3 h. Il y aura 150 rescapés. En novembre 1968, une drague repère une épave à 2,8 miles au sud de la pointe de Chemoulin. Des scaphandriers localisent exactement l’épave et remontent 4 canons. En 1969, un ponton grue remonte 22 canons, des boulets, des fusils, divers instruments. Il s’agit du Juste. Page 36 sur 40

Des autres épaves de cette bataille, en 2009, on identifie le « Thésée » (Ayant pris du service seulement un an auparavant), identification confirmée en 2014. Il se trouve par 23 m de fond, sur le plateau d’Artimon, à mi chemin d’Hoëdic et de l’embouchure de la Vilaine. Dans les mêmes parages se trouve le « Superbe ». Au nord-ouest du Croisic, se trouvent le navire amiral, le « Soleil Royal » et le « Héros ». Huit autres navires, rescapés de la bataille ont réussi à fuir vers Rochefort. 22 – L’affaire Laëtitia. Je ne peux passer sous silence une affaire gigogne qui a bouleversé tous les habitants de la commune, qu’ils soient permanents ou temporaires. Pendant plus de six ans, cette affaire a défrayé les chroniques judiciaires d’une manière prégnante. Voici en résumé les nombreuses péripéties de cette affaire monstrueuse qui a traumatisé les Berneriennes et les Berneriens. Des jumelles sont placées dans une famille d’accueil, habitant à la Rogère, en limite de la commune, sur le territoire de Pornic. L’une d’elle, Laëtitia, est en apprentissage dans un hôtel restaurant du centre de la Bernerie. Elle fait une mauvaise rencontre le mardi 18 janvier 2011. Son scooter, moteur tournant est retrouvé, près de son domicile, par le père de la famille d’accueil, le matin du 19 janvier, alors qu’il faisait encore nuit, mais pas de Laëtitia. Le suspect n°1, 31 ans, ferrailleur, déjà condamné pour des délits et des crimes, est arrêté à Arthon-en-Retz (Chaumes-en-Retz), habitant chez des cousins (absents au moment des faits et qui ne pourront revenir chez eux qu’à la fin de l’instruction, les scellés ne seront retires qu’en fin d’année 2011), mis en garde à vue dès le 20 janvier et mis en examen pour « enlèvement, séquestration, suivis de mort en état de récidive légale ». Refusant l’assistance d’un avocat, d’abord il nie, puis reconnaît avoir eu un accrochage mineur avec le scooter. L’affaire prend une dimension d’ampleur nationale, après une marche blanche, organisée par les parents d’accueil et certains responsables politiques locaux et surtout par une déclaration du Président de la République malencontreuse au sujet du suivi des criminels récidivistes, qui provoque une fronde de la magistrature, alors que le corps n’est toujours pas retrouvé et que le suspect nargue les enquêteurs qui recherchent dans les points d’eau du Pays-de- et Retz, les dirige sur de fausses pistes. Les moyens mis en œuvre pour retrouver le corps de Laëtitia sont considérables et onéreux. Le 1er février 2011, le procureur annonce qu’on a retrouvé la tête, les membres supérieurs et inférieurs, recouverts d’un grillage dans un trou d’eau à Lavau-sur-Loire, près de Savenay, de l’autre côté de la Loire, sur la rive droite. Alors les enquêteurs font pomper le trou d’eau, ça dure des jours et des jours, sans résultat. Ce n’est que le samedi 9 avril 2011, qu’une promeneuse découvre, dans un plan d’eau de Port-Saint-Père, sur la rive gauche de la Loire, un tronc lesté, flottant à la surface, soit 71 jours après le meurtre. Le suspect avait choisi Me DUPONT-MORETTI pour le défendre, mais ce dernier décline, et c’est un avocat (connu seulement de certains justiciables) du barreau de Saint-Nazaire qui relève ce défi, alors que l’individu est mis à l’isolement en raison de son comportement provocateur et agressif (Pendant sa détention, il boira des produits d’entretien, plus tard il mettra le feu à son matelas...) Le 6 juin 2011, ce dernier sort de son silence, en ne s’expliquant pas les faits qui lui sont reprochés, à cause de l’alcool, du shit, de la cocaïne… Il est extrait plusieurs fois de sa cellule pour s’expliquer sans qu’il ne reconnaisse sa responsabilité. Le procès, à la cour d’assise de Nantes est prévu du 21 mai au 5 juin 2013. Le dimanche 17 mars 2013, vers 9h, l’avocat du père et de l’oncle de la victime, Me METZNER, est retrouvé sans vie, mort par noyade, sur une plage de l’île de Boédic (Golfe du Morbihan). Cependant le procès est maintenu. Vient se greffer sur cette affaire, dès août 2011, une accusation de viol, de la part du père accueil envers la sœur jumelle de Laëtitia, et appuyée par d’autres victimes du même homme. Des plaintes sont déposées, les parties civiles sont constituées et l’affaire est instruite à part. Dès le premier jour du procès, l’accusé provoque un coup de théâtre en invoquant l’intervention d’un tiers (appelé monsieur X) dans le découpage du corps de Laëtitia. Au quatrième jour, c’est au tour de l’avocat de la défense de créer l’évènement, en demandant un complément d’instruction, néanmoins le procès suit son cours. L’accusé est condamné à la rétention criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté, et une rétention de sûreté qui peut prolonger la détention de sûreté au-delà des 22 ans. Page 37 sur 40

Le 12 juin, l’avocat du condamné, annonce que ce dernier fait appel du jugement. Et pour faire bonne mesure, l’accusé porte plainte contre la presse, ainsi, il fera parler de lui plusieurs fois… Le procès à la cour d’appel de Rennes, doit se dérouler du 18 novembre au 2 décembre 2014, mais les avocats de Nantes et de Rennes se mettent en grève, pour protester contre le manque de moyens (du jamais vu), au cours du mois de novembre, et les bâtonniers des deux cours demandent le renvoi du procès. Il est renvoyé du 13 octobre au 28 octobre 2015, devant la même cour. Le monsieur X, évoqué par l’accusé qui doit faire des révélations, n’existe pas, il avait seulement voulu entraîner une connaissance qui à décliné le marché à faire disparaître le corps… Le verdict condamne l’accusé à la rétention criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté, sans rétention de sûreté. Le sinistre criminel renonce à la cassation, mais il demande réparation à l’état à hauteur de 7500 €, pour avoir été mis à l’isolement en 2015 et 2016. Il en est débouté le 4 juillet 2017, toutefois ne manquant pas d’audace et d’aplomb, il fait appel et le 20 septembre 2019, il est de nouveau débouté. Entre-temps, à partir du mardi 18 mars 2014, se tient le procès d’assise du père d’accueil. Il est condamné à 8 ans de réclusion criminelle et 10 ans de privation de droits civique. Il est acquitté pour l’un des viols dénoncés et pour une agression sexuelle. Pour terminer ce §, je ne peux que recommander le livre « Laëtitia », du journaliste Yvan JABLONKA, aux éditions du Seuil, prix littéraire du Monde 2016. Livre écrit de telle façon que le lecteur ne se sent pas oppressé par la gravité des faits, les chapitres sont suffisamment aérés pour cela.

Laëtitia repose dans le cimetière de La Bernerie. Elle trouvera la paix le jour où l’on ne reparlera plus de son agresseur (Dont j’ai toujours du mal à écrire le nom), mais je regrette pour elle que ce ne sera pas demain la veille. 23 – Le parler local. Après cette sordide histoire je pense qu’il est souhaitable de passer à un sujet plus léger. Le texte suivant a été écrit par une Bernerienne de naissance pour réunir des mots du patois bernerien. « Une journée des paysans d’autrefois » « Après avoir coupé l’herbe avec le dard et dégaté la chinte et la charreau, les hommes ont fait la mariennée, puis ont meulonné, queuné et gohié pour installer un babouin pour faire pour à qués grolles, torselets et cossardes. Ensuite ils ont attaché les vaches, les bodets et les taures à un tombereau pour les changer de champ et leur ont donné à boire dans des seilles et des tingos. Avant les vendanges, ils mettent les basses à ecobuer, puis le mou coule du pressoir dans le jarlot et le laron sert à déguster le vin. Il ne faut surtout pas les dérailler de leur travail. Les femmes ont cuit la beurrée de la mère cochon et de sa gueurouée puis ont préparé le marandage avec crachous, marguins, petonnes, moules qui étaient en trochelées, émorché et épiauté les pinpeneaux, les poissons remplis de boises ont été sortis du court-bouillon avec le friquet, et à la fin du repas tout le monde était gaugé, au point de gâter le café servi avec beaucoup de chicorée. Ensuite elles ont balayé la place et les ordures ont été jetées à la jaille à l’aide du ramasse-bourrier ».

Encore faut-il traduire : « Après avoir coupé l’herbe avec leur grande faux et élagué les haies au bout du champ et le petit chemin entre les champs, les hommes ont fait la sieste, les hommes ont grommelé en peinant et se sont mouillé les pieds pour installer un épouvantail pour chasser les corbeaux, les éperviers et les buses. Ensuite ils ont attaché les vaches, les ânes et les génisses à un tombereau pour les changer de champ et leur ont donné à boire dans les récipients en bois et les seaux. Avant les vendanges ils mettent de l’eau dans les cuves (en bois) pour les faire gonfler pour éviter les fuites. Puis le moût coule du pressoir dans une cuve enterrée, dont le siphon sert à déguster le vin. Il ne faut surtout pas les déranger de leur travail. Les femmes ont cuit le repas, pour tous dont leur progéniture, et ont préparé la marée, bulots, anguilles de mer, pétoncles, moules encore attachées ensemble, gratté la glue des poissons, dépouillé les anguilles de Loire. Les poissons remplis d’arêtes ont été sortis du court-bouillon avec le reste de mangeaille, et à la fin du repas tout le monde était repu Page 38 sur 40

(NDLR : Faut-il aller plus loin ?) au point de renverser le café servi avec beaucoup de chicorée. Ensuite elles ont balayé la place et les ordures ont été jetées à poubelle à l’aide de la pelle à ordures »

24 – La pêche de loisir à La Bernerie-en-Retz. Pour terminer ce long exposé, je vais parler de ce qui attire beaucoup d’amateurs de produits de la mer, comme moi, la pêche à pied, qui est dans bien des cas plus du ramassage que de la pêche proprement dite. Le comité départemental de la Plaisance et des Pêches en mer 44, membre de la FNPP, dont le président est bernerien (En toute logique, puisque d’après la presse, « La Bernerie, c’est la Mecque de la pêche à pied »), compte 15 associations. Sa compétence s’étend également à la pêche à pied « La pêche à pied, c’est avant tout l’école de la nature et du respect de l’environnement. Nous entendons faire valoir nos droits de pêche trop souvent bafoués et le libre accès à la mer… éviter d’utiliser des outils trop destructeurs… Ne prélevez que ce dont vous avez besoin pour votre consommation familiale…», tel est son message. Dans le but de le pérenniser la FNPP publie chaque année « Le guide des bonnes pratiques » rappelant toutes les règles et conditions à observer avant de mettre les pieds dans un bateau ou sur les rochers. N’étant qu’un modeste estivant (Qui a toutefois n’a pas se plaindre de rentrer bredouille), je ne peux comparer mes récoltes à certains célèbres pêcheurs locaux qui ont passé leur vie sur l’estran des Moutiers à Tharon-plage

La Bernerie, vue depuis les rochers devant le plan d’eau (8-2015).

La palourde était rare (Et il fallait aller la chercher au rocher du Nor, à plus de 2 km de la côte) jusqu’au début des années 1990, on trouvait alors de couteaux, des moules en abondance, puis sur toute les rives de la baie la palourde japonaise est devenue commune jusqu’à la plage, supplantant la palourde autochtone. La taille minimale de 4 cm de cette dernière a été diminuée à 3, 5 cm pendant quelques années, mais les grosses de 5, 5 cm sont devenues exceptionnelles. Page 39 sur 40

La palourde ne fait pas défaut, loin de là car un rapide calcul peut donner la quantité prélevée : Mettons 20 pêcheurs tous les jours de l’année à 3 kg chacun = 219 tonnes. Si l’on ajoute 180 pêcheurs les jours où le coefficient est supérieur à 100 (31 en 2019) à 3kg chacun = 167, 4 tonnes, soit un total de 386, 4 tonnes. Bien sûr certains jours sont impêchables en raison de la météo, tout le monde ne pêche pas trois kg et sur la quantité de pêcheurs il y a des ramasseurs d’huîtres, mais il y a des jours où il y a plus de 200 pêcheurs sur les rochers et ceux qui en pêchent plus de trois kg… je cherche seulement à donner un ordre de grandeur, même si l’on abat 10 % on est toujours largement au dessus des 300 tonnes. Parallèlement les couteaux et les moules disparaissaient (Paraît-il que ces dernières ne font pas bon ménage avec les huîtres qui se sont accaparées les rochers). On revoit des trous de couteaux, une moulière dont les habitantes sont hélas pleines de crabes. On ne voit plus pêcher le « Quatre-Moines », sans doute à cause de l’effort que ça demande avec la bèche. Les bigorneaux sont trop petits pour faire une cuisine. On retrouve des pétoncles en petite quantité. Quant aux boucauds et crevettes roses elles sont toujours présentes… et les tourteaux et les congres se trouvent au-delà des Grands Rochers.

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Les Roches dorées (3-2013)

Mouillage un jour de gros temps (7-2012)

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Villa la Farandole, rue de Pornic (7-2019)

Cependant la sécurité doit toujours être présente, certains se sont perdus dans le brouillard et noyés. Il y a quelques années 1 pêcheur a été foudroyé lors d’un orage (27-7-2001), et personnellement, je n’ai jamais envisagé d’aller pousser mon haveneau du côté des Magores, ou la crevette abonde, à cause de ma taille… On est bien avec sa taille lorsque les pieds touchent par terre, on est encore mieux quand on a la tête hors de l’eau.

GNE : A l’issue de la randonnée le pot final habituel sera pris comme d’habitude à :

L’OCEANIC, 4, rue Jean Duplessis. 02 40 82 70 52

Perle de Palourde pêchée le 7 septembre 2012.

Le début d’un collier en quelque sorte… Ca c’est la perle du jour !

Il me reste à vous remercier d’avoir lu cet article de bout en bout, malgré sa longueur : Quel courage ! Et ne croyez pas que j’ai snifé de la coc qui arrive sur nos plages en ce moment pour écrire tout ça.

mardi 28 janvier 2020 Ce document est la propriété exclusive du GNE. La reproduction en vue de la publication de tout ou partie des informations qu’il contient est interdite sauf accord exprès des responsables de l’association.