Les Archives Du Parti Communiste De Grèce. Itinéraires, Blocages : Les
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Alexandros Dagkas - Giorgos Leontiadis Les archives du Parti communiste de Grèce. Itinéraires, blocages : les « Archives du Parti communiste de Grèce (intérieur) » et le différend du Parti communiste de Grèce avec les historiens professionnels ALEXANDROS DAGKAS – GIORGOS LEONTIADIS [666] Les archives du Parti communiste de Grèce. Itinéraires, blocages 1. Archives des partis communistes 1.1. Conceptions modernes de la tenue des archives Sous un angle technocratique (celui même qui, en termes politiques classés, sera appelé « bourgeois »), revêtu de rationalisme, on considère que les archives d’une activité ont pour leurs fondateurs, ainsi que pour d’autres personnes et organismes, une valeur et une utilité particulière, parce qu’elles répondent à des buts sociaux et d’organisation modernes. Elles fournissent la possibilité d’organiser les travaux et de prendre des déci- sions, assurent la continuité, la cohérence et l’efficacité des actions des hommes. Elles constituent les moyens d’une communication et d’une interaction. Les exigences et les attentes de la société ont conduit, au-delà, à créer des systèmes de gestion, des codes de déontologie. Et, pour ceux-ci, ont été instituées des lois. Les buts scientifiques de la communauté des archivistes ont entrepris la diffusion et la protection, le traitement et la mise en valeur de toute nature du matériau d’archives, en obéissant aux règles déonto- logiques. Le code de déontologie est un vœu ; il dépend de la bonne volonté des archi- vistes et des instituts d’archives, en déterminant que les archivistes doivent agir conformément aux principes et aux pratiques généralement admis de l’archivisation, assurer la possibilité ininterrompue d’accès, respecter et protéger le secret d’entreprise et le secret privé, ainsi que la sûreté nationale. Dans sa dimension historique, le secret privé renvoie aux droits individuels qui sont mis en avant, dans le présent cas, comme des droits fondamentaux uniques. Le secret d’entreprise rappelle l’obligation de se conformer aux règles de la situation économique en cours, en fétichisant le marché. Le secret par rapport à la sécurité nationale juge la réalité sociale en ayant pour principe la raison d’Etat, l’intérêt public qui est implicitement placé au-dessus de l’éthique. Les organismes juridiques dans les pays du système capitaliste (fondations publi- ques et autres personnes morales), par des gestes de déférence face au marché, ont fait preuve de respect à l’égard de l’intérêt individuel. Même des règlements académiques ont protégé le secret de l’information puisque la notification aurait entrainé un in- convénient du côté commercial. Penser à protéger l’intérêt individuel comprenait l’argument logique que des informations commerciales sensibles, si elles étaient révé- lées, pourraient être supposées provoquer chez les personnes lésées des dommages es- sentiels en raison de la concurrence. C’est une ironie que les raisonnements sur la liber- té ou non de l’information aient exclu le conflit politique de la logique des intérêts et de la concurrence. Le point de vue « bourgeois » dispose d’éléments d’une conception plus générale sur le matériau d’archives, qui, selon la spécialisation, coïncident à d’autres points de vue également. Le point de vue marxiste, qui nous intéressa par la suite, se focalise sur les facteurs sociaux qui accompagnent la « lutte des classes » – la considération des éléments généraux s’adapte et obéit à la finalité révolutionnaire –. La conception sur la [667] ALEXANDROS DAGKAS – GIORGOS LEONTIADIS « lutte des classes », par extension du rôle des archives comme instrument de classe, se heurte à l’approche des représentants des courants néomarxistes, qui préfèrent promou- voir le sens de démocratie – les archives doivent constituer un outil à la disposition du citoyen –. 1.2. Les archives des partis politiques Une condition pour aborder la question des archives des partis politiques est l’explication du mode de fonctionnement du système politique bourgeois, tel qu’il s’est formé d’abord au cours du XIXe siècle et s’est achevé au XXe siècle. Les partis politi- ques sont projetés dans l’évolution sociale comme représentants d’intérêts particuliers. Leurs relations réciproques forment le système politique. Les archives des partis et des personnalités politiques sont parfois entourées d’un voile de mystère. Des historiens prétendent que, puisque l’histoire sera écrite de toute façon, c’est une bonne chose que les archives soient rendues accessibles, afin que soit révélée la logique par laquelle les hommes ont édifié et manipulé des situations, ont choisi des rôles, et que l’historien parvienne à évaluer le raisonnement par lequel les décisions sont prises. Des séminaires sont réalisés sur l’héritage des archives des partis politiques, dans lesquels il est soutenu que la possibilité d’assurer l’accès des cher- cheurs à l’information et à la documentation est une partie du processus pour découvrir le passé et comprendre l’histoire contemporaine. La réponse est pauvre. En général, les partis politiques (sauf les partis communistes) ont montré une indifférence à l’égard des archives. L’acte politique, qui vise avec clarté à la conquête du pouvoir, en fournit une ex- plication. Il est naturel que les partis politiques bourgeois se soient tournés vers l’avenir plutôt que vers le passé, vers l’action quotidienne plutôt que vers la réflexion à long terme, en produisant et en publiant des textes ayant pour but de persuader le corps élec- toral de leurs thèses politiques. En tant que mécanismes surtout électoraux, les partis bourgeois rendent publique une production écrite (proclamations, programmes, statuts, actes de congrès, matériau connexe) à caractère de propagande. Ayant pour but la communication académique et la collaboration, le maintien des preuves en tant qu’héritage historique, l’assurance de l’accès à leur utilisation, des ini- tiatives utiles de la communauté des intellectuels ont été prises. La conception sur l’accès a été internationalement déterminée par les principes adoptés du secret et de la confidentialité, du droit à la connaissance, du droit à l’égalité dans l’utilisation. En Grèce, un règlement général sur la gestion des archives publiques et privées a fourni le droit au citoyen d’avoir un libre accès, mais a laissé à l’autorité gestionnaire le pouvoir discrétionnaire de refuser la prestation d’information, si elle le jugeait utile. Le point vulnérable a été repéré, en ce qui concernait l’usage des archives privées, dans les dis- positions des familles des personnalités politiques, qui, comme gestionnaires d’archives, procédaient à des utilisations marquées par l’asservissement de leurs inté- [668] Les archives du Parti communiste de Grèce. Itinéraires, blocages rêts – dissimulations, promotion sélective de ce qui était bon dans la vie de la personne politique –. 1.3. Tenue des archives du parti 1.3.1. Gestion des archives ouvrières La conservation du matériau d’archives contient l’élément de la réciprocité à long terme. Quant aux archives ouvrières (dans celles-ci, on peut classer les archives des or- ganisations ouvrières – des partis et des syndicats ouvriers, des coopératives ouvrières, d’autres organisations affiliées –), l’accentuation – très fondamentale – est due au fait que, au cours de la tenue et de la conservation des documents par les organisations ou- vrières, jamais un document n’a été détruit de manière inconsidérée. S’il n’y avait pas de situation exceptionnelle (en période de poursuites, les écrits étaient détruits pour ne pas être saisis par le mécanisme de la répression ouvrière), les matériaux étaient gardés – même fermés –, en attendant d’être utilisés. Un élément renforçant la mentalité de préservation du matériau d’archives était ce- lui de la différence structurelle – caractéristique présentée historiquement par les partis ouvriers en comparaison des partis bourgeois – du développement de la riche vie in- terne au parti. Un matériau abondant était produit au sein du parti ouvrier (corres- pondance, rapports, communications, enregistrement des procédures en organes fer- més, autres documents), qui n’était pas publié. Il est soutenu par des historiens, par rapport à la structuration ci-dessus des archi- ves ouvrières, que la compréhension du monde actuel dépend de la connaissance du passé. Un processus ne peut historiquement être rendu compréhensif si le passé n’est pas en même temps compris. Toutefois la connaissance ne conduit pas obligatoirement à la compréhension, puisque chacun décodifie le fait historique dans le cadre de sa pro- pre approche idéologique et interprétation du passé qui néanmoins a une base sociale, non individuelle – la liberté individuelle de l’historien s’exprime toujours dans certains cadres historiques –. Les historiens représentent le passé en puisant des éléments des sources historiques qui permettent son approche. Le passé a un sens (à savoir le passé n’est pas privé de contenu), que l’historien recherche, puisqu’il possède les instruments scientifiques qui lui permettent de garder une distance par rapport à ses propres signifi- cations subjectives. Une prise de conscience de l’histoire est exigée, qui soutiendra la lutte pour l’émancipation sociale de la classe ouvrière. Les survivances de lutte du pas- sé tracent le présent, en créant des possibilités et des probabilités d’évolution. Dans la sphère de ces réflexions, il existe des prérequis philosophiques qui ne permettent pas d’adopter la conception de l’évolution « spontanée et accidentelle » de l’histoire de la classe ouvrière – les tentatives dans cette voie seraient contradictoires ou idéologiques –. La conception sociale est inévitable – il est utile que l’examen des événements histo- riques dans leur cadre social devienne une condition nécessaire de compréhension des [669] ALEXANDROS DAGKAS – GIORGOS LEONTIADIS phénomènes –. La cohérence attribuée par les historiens au matériau des archives ou- vrières résultera de l’application du choix selon lequel est prise en considération la conception sociale sur la classe ouvrière (division de la société en classes ayant des in- térêts contradictoires, lutte des classes).