UNE VISITE PRINCIÈRE EN AU XIXe SIÈCLE par Mme la Comtesse de SELANCY

Les moyens matériels, les habitudes, les mœurs, les systèmes politiques, les régimes, les options humaines se transforment, s'op­ posent, passent, mais le cœur humain demeure fidèle à lui-même, avec ses splendeurs et ses pauvretés, ses douleurs et ses joies, ses élans magnifiques et ses bassesses. Si, en 1962, nous sommes parfois tentés de pousser de gros soupirs en accusant nos contemporains — dont nous nous excluons, bien sûr — de lâcheté, de manque de discernement ou de franchise, de haine ou de compromission, nous oublions, tout simplement, qu'ils ne sont, et que nous ne sommes, que des hommes et des femmes, et, qu'avant nous, beaucoup d'autres ont eu à lutter contre le mal du péché dont Adam et Eve furent, là aussi, les géniteurs. Nous allons, ensemble, voir, naître, vivre, mourir, envier, haïr, et se compromettre aussi un peu, toute une petite cellule humaine en cette fin du xvnie et en ce xixe siècles à la fois si riches et si veules. Jean-Gabriel-René-François, marquis de Fouquet, seigneur de La Grange, , Brulange, vicomte d'Auvillars, par héritage direct de son parent, le maréchal-duc de Belle-Isle, naquit le 13 mars 1751. Il était le fils de messire René-François, comte de Fouquet, Maréchal des Camps et Armées du Roi, Lieutenant-Général au Pays Messin, et de Jeanne-Marie-Catherine Georges de Lesse- ville, de cette vieille famille messine dont les rameaux se sont étendus sur toute notre région et dont le sang coule dans les veines de beaucoup d'entre nous, en particulier dans ceux de notre ami et confrère M. Tribout de Morembert, et de cet autre éminent érudit local, M. le comte de Vaugelet. Le 9 janvier 1777, il épousait Marie-Louise-Eugénie de Blon- del d'Aubers, fille du Premier Président au Parlement de Flandres 126 UNE VISITE PRINCIÈRE EN MOSELLE et de Marie-Anne de Calonne, sœur elle-même du célèbre ministre de Louis XVI. Sous-lieutenant de cavalerie en 1767, à seize ans, il devient, en 1773, capitaine au régiment « Royal Piémont ». En 1776, probablement à l'occasion de son mariage, il fait faire son portrait, au pastel, par un peintre peu connu, mais non sans talent, qui signe « de Saint-Michel ». Dans son cadre doré, le beau jeune homme d'alors semble aujourd'hui encore présider, le sourire aux lèvres, tous les événe­ ments journaliers d'une maison qui fut sienne, qu'il aima, qu'il embellit, qu'il dut fuir et que, vieilli, il retrouva avant de mourir. Il nous apparaît comme doué d'une physionomie charmante, l'œil noisette, le teint clair, la perruque poudrée à catogan complé­ tant agréablement son uniforme blanc à parements bleus, arborant déjà, malgré son jeune âge, la croix de chevalier de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, rouge comme celui de la Légion d'Hon­ neur. Il n'obtint, en fait, cette distinction que quatre ans plus tard, en 1780, après la prise de Tabago, pendant la Guerre d'Amérique. Il est à penser que, tout fier de ses exploits, le frigant jeune officier a fait compléter rétrospectivement son portrait par l'adjonction, lorsqu'elle lui fut attribuée, de cette décoration, pour mieux tou­ cher les cœurs. Il y réussit pleinement, et je sais des jeunes filles du xxe siècle qui ont rêvé, et qui rêvent encore, devant le regard caressant du bel officier. En 1780, Mestre de Camp dans le régiment d'Armagnac, il se bat pour l'Indépendance de l'Amérique aux côtés du comte de Grasse. A cette époque, l'on savait encore mourir pour une idée et épouser gratuitement, en grand seigneur, une querelle étrangère, mais que l'on jugeait digne. En 1784, il devient Lieutenant-Général des Armées du Roi pour la province des Trois-Evêchés, à la mort de son père, précédent titulaire de la charge. Il s'installe, en famille, à La Grange, près de , où il se consacre à des collections de papillons, plumes, minéraux, fossiles, etc., collec­ tions qu'il devait commencer dès son séjour en Amérique et dont il reste aujourd'hui quelques beaux souvenirs. Sa véritable passion pour les papillons, ou lépidoptères de leur nom savant, était telle qu'il avait pris à son service, à perpétuité, un peintre de grande qualité, Duhen, qui passa près de trente ans de sa vie à peindre UNE VISITE PRINCIÈRE EN MOSELLE 127

à côté de quelques portraits et scènes de la vie de la famille des Fouquet, des centaines de reproductions de papillons, chrysalides et chenilles, dont l'ensemble, admirablement relié par Derôme et frappé au chiffre et aux armes, existe encore.

Hélas ! l'homme est toujours un loup pour l'homme, au XVIIIE comme au XXE siècles, la Grande Tourmente Révolutionnaire souf­ fla, aussi, dans la ci-devant paisible bourgade champêtre de La Grange. Le gentilhomme, dont le plus grave péché était de collec­ tionner papillons et petits cailloux, objet, peut-être, de l'envie des uns, de la haine des autres, menacé de toutes parts, dut fuir son pays natal. Profitant de l'affairement général pendant la célébra­ tion de l'anniversaire de la fête de la Fédération, à Thionville, le 14 juillet 1792, il partit en voiture, escorté de sa femme, de sa fille Marie-Renée-Louise, née le 17 mars 1778, de sa fille Bonne- Françoise-Pauline, née le 20 décembre 1779, de son fils Bernard- Innocent-Félix, né le 4 avril 1783, de ses fidèles domestiques, dont Claude Desloges, inscrit sur la liste des émigrés, et de son secrétaire-peintre, Duhen, muni aussi de ses tableaux, de son ar­ genterie et de ses chers papillons.

Je l'ai dit tout à l'heure, les mobiles des hommes n'ont pas changé à travers les siècles ; les biens ou l'honneur des proscrits et des émigrés étaient aussi bons à prendre alors qu'aujourd'hui. Le marquis de Fouquet fut inscrit sur la liste des émigrés par déli­ bération du district de Thionville le 16 août 1792, sur dénonciation des communes de La Grange et de Garche, puis par délibération du district de , sur dénonciation des communes d'Arrain- court, Brulange, Haute et Basse-Suisse.

Pauvres, reniés par tous, malades, nos émigrés arrivèrent en 1794 à Hombourg, en Hesse. Le pauvre ci-devant marquis devait connaître là de nouveaux malheurs. Sa fille Bonne-Pauline mou­ rut en août 1794 ; son fils Bernard-Innocent-Félix, dernier rejeton mâle de la famille Fouquet, en mars 1795, et sa fille Ludovine- Marie-Gabrielle en 1796. Le brillant capitaine, en uniforme blanc du « Royal Piémont », n'était plus qu'un pauvre homme, sans toit ni patrie, pleurant près de trois cercueils. Le fidèle Duhen qui, dit- on, avait aimé en silence et sans espoir la jeune aristocrate défunte, fit deux charmants portraits qui existent encore, de Bonne-Françoise- 128 UNE VISITE PRINCIÈRE EN MOSELLE

Pauline et de Bernard-Innocent-Félix, et enferma sous un globe de verre, qui les enchâsse encore, des cheveux fins d'adolescents. Emu de tant de malheurs, le Landgraf de Hesse, Frédéric- Louis, nomma le marquis de Fouquet Chambellan à sa cour en 1794. Le Landgraf, comme tous les souverains et princes des contes et des légendes, avait une fille belle et bonne, Augusta-Fre- derica, née en 1776. Elle devint l'amie de la jeune aristocrate Fran­ çoise-Marie-Renée-Louise de Fouquet, de deux ans sa cadette, et dont les parents servaient les siens. Cette amitié devait durer plus de quarante ans ! Cependant, au cours de l'hiver 1796-1797, les Fouquet et leur suite s'installèrent à Weimar, en Saxe. Déjà liés d'amitié avec les princes de Hesse-Hombourg, ils nouent les mêmes relations avec la maison régnante de Saxe et acquièrent le droit de cité à Weimar en 1798. Le grand Gœthe, ministre du duc de Weimar, devient leur commensal. Décidément, les filles du marquis de Fouquet étaient destinées à faire battre plus vite les cœurs des artistes et des poètes de leur époque ! Après l'amour malheureux de Duhen pour Fran­ çoise-Bonne-Pauline, Gœthe écrivait de Marie-Renée-Louise : « C'est un vrai trésor, gaie, douce, innocente, bien élevée et jolie. Tel est son signalement. Je voudrais qu'elle fût et luthérienne. » Vous le voyez, une fois de plus, le cœur de l'homme, amoureux, mais froid calculateur, n'est guère différent en 1798 de ce qu'il pourrait être en 1962 ! Il est vrai que Marie-Renée-Louise, l'amie de la jeune princesse de Hesse-Hombourg, était très belle, comme l'at­ teste un exquis portrait, existant aujourd'hui encore, de Mme Vigée- Lebrun. Jeune et rieuse malgré ses malheurs, la jeune fille charme non seulement les vieux princes et les poètes mûrissants, elle devient l'amie de la princesse Caroline-Louise, fille du grand-duc régnant de Saxe-Weimar, de huit ans sa cadette. Les années passent, bonnes ou mauvaises, mais rapides, comme toutes les années. Dès 1800, la famille Fouquet rentre en . La Terreur et ses victimes sont du passé, presqu'oubliées. La France commence à s'épanouir sous le Consulat. Les amnisties et les apaisements politiques ne sont pas choses nouvelles ! Le 8 fruc­ tidor an VII, c'est-à-dire le 24 août 1800, un arrêté est pris par la Préfecture de la Seine en faveur de nos émigrés. Et le 3 plu- UNE VISITE PRINCIÈRE EN MOSELLE Í29 viôse an X, soit le 25 janvier 1802, la famille Fouquet est rayée de la liste des émigrés. Leurs biens, non vendus, leur sont restitués. En 1803, l'amie des jeunes princesses de Hesse-Hombourg et de Saxe-Weimar, le modèle de Mme Vigée-Lebrun et l'égérie de Gœthe, épouse Anne-Pierre, vicomte de Bertier, et s'installe avec lui au château de La Grange. D'autres jeunes filles, elles princesses et allemandes, songent aussi au prince charmant. Caroline-Louise de Saxe-Weimar épouse, à vingt-quatre ans, en 1810, le grand-duc de Mecklembourg. Elle devait mourir six ans plus tard, en 1816, après avoir mis au monde, en 1814, une fille, Hélène-Louise-Elisabeth. Son veuf, par un jeu extraordinaire de circonstances, épouse, en 1818, l'autre amie prin- cière de Marie-Renée-Louise de Fouquet, vicomtesse de Bertier, Augusta-Frederica de Hesse-Hombourg, qui devait élever avec amour sa petite belle-fille, l'orpheline de Caroline-Louise, Hélène- Louise-Elisabeth. Cette dernière petite princesse était promise aux plus brillantes flestinées terrestres avant de connaître, jeune épouse et mère, les affres d'un veuvage brutal, et, à son tour, les angoisses de l'exil. Mais ceci est une autre histoire, celle des éternels recom­ mencements ! Nous sommes en 1838. Le fringant capitaine en uniforme blanc, le combattant de la Guerre d'Amérique, l'émigré de 1792, le père éploré de Weimar, en un mot le marquis de Fouquet, devenu un vilain et gros monsieur triste, comme l'atteste un ultime portrait, toujours de Duhen, est mort depuis 1827. Il est enterré dans le cime­ tière de Manom-La Grange, près de sa femme, elle-même morte depuis 1815. Son cher château de La Grange appartient maintenant à sa fille Marie-Renée-Louise de Bertier, qui y reçoit sa jeune sœur, Aymardine, née en 1801 au retour d'émigration et qui a épousé le vicomte de Gourges. Son gendre, le vicomte de Bertier, Anne-Pierre, à son tour s'en est allé guerroyer pour sa patrie et pour son roi. Il est, en grande partie, l'artisan de la « dernière conquête du Roi », du seul Roi que reconnaissent les légitimistes dont les Bertier sont parmi les plus fervents. Cette dernière conquête, c'est l'Algérie, en 1830 ! De 1833 à 1835, Marie-Renée-Louise de Fouquet et Anne-Pierre de Bertier ont envoyé leur fils Louis-René visiter cette Allemagne romantique et accueillante qui vit grandir sa mère et où vit encore

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la princesse Augusta-Frederica. La belle-fille de cette dernière, qu'elle a élevée comme une mère tendre et dévouée, vient d'épouser le duc d'Orléans, fils de Louis-Philippe, alors, oh horreur pour les légitimistes, Roi des Français et usurpateur ! En 1838, elle donne le jour à un fils qui prendra plus tard le nom de Comte de Paris, titre porté aujourd'hui encore par son descendant, devenu, par suite de décès et de renonciation, le prétendant au trône de France pour les royalistes légitimistes et pour les autres ! La bonne Augusta-Frederica s'inquiète pour celle qu'elle considère comme sa fille. La cour de France, même sous le roi bourgeois Louis-Philippe, est si différente des petites cours alle­ mandes ! Si l'étiquette y est moins surannée, les sentiments am­ biants sont aussi moins chaleureux et moins dévoués. Et puis, les médecins de Paris, fussent-ils ceux de la cour, savent-ils aussi bien soigner une jeune femme en couches qu'une mère allemande toute imbue des qualités familiales de sa race ? Augusta-Frederica se met en route dans sa grosse berline lourde, tirée par de bons chevaux poméraniens ou hessois. Elle a mis dans ses bagages une de ses robes larges et confortables, un peu laides et dont se gausseront les Françaises. Mais elle est reçue à Paris, aux Tuileries et à Neuilly, comme la grand-mère du petit enfant dont l'on espère qu'il sera un jour le Roi des Français. On l'emmène de fête en fête, elle va à l'Opéra, se promène en élé­ gante voiture à la nouvelle mode anglaise sous les frondaisons des Champs-Elysées, voit les illuminations faites en l'honneur de son petit-fils, écoute les grandes clameurs de la foule parisienne et s'ennuie ferme dans ce solennel château des Tuileries, entre le Roi-Citoyen des Français aux favoris poivres et sel et la reine prude et sévère. Elle pense aux fous-rires de sa jeunesse et à son amie la petite aristocrate française qui portait en elle, quarante ans plus tôt, toute la verve et la douceur de vivre des habitants de la cour de Versailles. Elle s'ennuie tant dans cette cour des d'Orléans qu'elle se décide à regagner son propre palais, mais en faisant un détour par les routes embourbées de Lorraine, et elle écrit à Marie- Renée-Louise, elle aussi quinquagénaire, mais au cœur resté fidèle aux causes et aux amitiés de sa jeunesse : « Ma Bonne Amie, je quitte Paris, je m'arrêterai à La Grange et nous parlerons ensemble du Roi Légitime. » UNE VISITE PRINCIÊRE EN MOSELLE 131

Le roi légitime, c'était, pour Marie-Renée-Louise et Anne- Pierre de Bertier, Henri V, Comte de Chambord et Duc de Bor­ deaux, beau jeune homme à la barbe d'or, alors âgé de dix-huit ans et écarté du trône de ses pères, à la Révolution de 1830, par Louis- Philippe, Roi des Français, grand-père du petit-fils de Frederica- Louisa de Hesse-Hombourg, et dont celle-ci venait d'être l'invitée. Au pas de ses lourds chevaux allemands qu'elle a retrouvés, probablement avec un secret plaisir, Frederica-Augusta, Grande- Duchesse de Mecklembourg-Schwerin, quitte la grand-route de à Luxembourg, à la sortie nord de Thionville, passe entre deux lourdes grilles et contourne un jardin qui fut, autrefois, fait « à la française », mais qui est au goût du jour « à l'anglaise », avec de vastes pelouses et de grands arbres. Sa voiture s'arrête devant un perron qu'encadrent deux lions de pierre. Une femme s'élance du haut de l'escalier. Une femme sort de la berline. L'une s'apprête à s'abîmer dans une profonde révérence devant l'autre, mais, brus­ quement, quarante années s'effacent, les rides ont disparu et l'on oublie le protocole. Deux amies de jeunesse, deux amies des années lourdes, mais pleines de rires, se retrouvent et s'étreignent. Et l'on parle, en français, en allemand, l'on pleure et l'on rit, l'on s'ex­ clame et l'on s'émerveille. Marie-Renée-Louise conduit la Grande- Duchesse Frederica-Augusta vers ce que les inventaires de l'époque appellent le « Salon du Milieu » et décrivent comme ayant aux trois fenêtres des « rideaux de coton blanc avec des pompons », et des « doubles-rideaux en toile de Jouy comme celle du meuble, lui- même laqué blanc ». Les tentures ont changé, mais fenêtres et murs demeurent. Et l'on peut évoquer, sans peine, deux dames mûres, aux anglaises grisonnantes, coiffées de bonnets tuyautés, assises de part et d'autre de la grande cheminée, conspirant, en riant un peu et en pleurant peut-être, contre le petit-fils de l'une d'elles, au profit du « Roi légitime » de l'autre. Elles étaient toutes deux si enflammées par leur idéal commun et leurs confidences échangées qu'il ne fut pas question d'interrompre un tel tête-à-tête, lorsque le valet de service annonça la venue du Sous-Préfet de Thionville. Ce digne fonctionnaire du roi Louis-Philippe était arrivé à bride abat­ tue saluer, dès qu'il apprit sa présence, la grand-mère de l'héritier au trône du Roi des Français. Mais la princesse, légitimiste, refusa de le recevoir. Et le pauvre homme s'en alla tout déconfit. Il est à penser que sa police surveilla plus étroitement encore que par le 132 UNE VISITE PRINCIÈRE EN MOSELLE passé les habitants légitimistes du château de La Grange ! Cela n'empêcha pas Anne-Pierre de Bertier de se rendre, après les jour­ nées de février 1848, à Thionville, pour y élire le représentant local à la tête des habitants de Manom-La Grange, portant le drapeau blanc des royalistes légitimistes ! Il eut ensuite quelques ennuis mineurs avec les « autorités », républicaines, cette fois. Sa mort, survenant tôt après, y mit fin. Plus de cent ans ont passé. D'autres habitants ont vécu à La Grange et d'autres souverains et chefs d'Etat y sont venus de gré ou de force : le prince Eitel de Prusse, S.A.R. Mme la Grande- Duchesse de Luxembourg et le Prince Félix, la sœur du Tsar Nico­ las II, la Princesse Nicolas de Grèce, le Colonel De Gaulle, Edouard VIII d'Angleterre, devenu Duc de Windsor, et son épouse morganatique, le Roi Umberto II d'Italie et le Grand-Duc héritier Jean de Luxembourg. Les vieux murs de pierres grises ont résonné de beaucoup de voix et ont renvoyé les échos de bien des confidences, mises au goût du jour par les nécessités de l'heure. Mais ces voix ont appar­ tenu à des hommes, à des femmes, aux cœurs fragiles qu'un rien peut blesser mortellement ou qu'un espoir peut faire renaître. Et ces cœurs sont tous semblables, ni meilleurs ni pires que ceux qui les ont précédés, portant en eux un peu d'amour, un peu de haine, quelques larmes vite enfouies et beaucoup d'espoir.