Université Du Québec Thèse Présentée À L'université Du
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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC THÈSE PRÉSENTÉE À L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI COMME EXIGENCE PARTIELLE DU DOCTORAT EN LETTRES OFFERT CONJOINTEMENT PAR L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À RIMOUSKI ET L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES PAR RÉGIS LARRIVÉE M.A. LA POÉTIQUE DU DESCRIPTIF DANS LES PREMIERS RÉCITS BREFS DE MARCEL SCHWOB JUIN 2013 RÉSUMÉ Cette thèse étudie la question de la description dans les récits brefs de Marcel Schwob de sa première production : ceux recueillis dans Cœur double et Le roi au masque d’or. Elle formule l’hypothèse selon laquelle le descriptif des portraits et des tableaux joue un rôle déterminant dans ses récits. Plus encore, elle propose l’idée que le descriptif de lieu, notamment par le biais d’un lexique et d’une topologie très caractéristiques, est la clef essentielle qui permet de saisir le fonctionnement de sa poétique. L’objectif est donc de voir comment s’insère le descriptif dans le système du récit en envisageant, comme le préconise Hamon, la narrativité « d’abord […] en termes de territorialité ». C’est pourquoi l’ensemble de la thèse relève minutieusement les liens qui unissent les tableaux et les portraits, ainsi que le descriptif et les actions. L’introduction propose une brève réflexion sur les influences qui guident les premiers écrits de Schwob. Elle fait ensuite le bilan des essais critiques qui adressent la question du descriptif dans la production de Schwob pour en arriver à constater qu’il y en a peu. Elle note le fait que, compte tenu de la brièveté de ses récits, l’emplacement, la quantité, la longueur et la complexité des passages descriptifs mériteraient pourtant qu’on s’y attarde davantage. Le premier chapitre présente la théorie et la fiction stevensoniennes comme une entrée en matière éclairante pour aborder la poétique schwobienne. Après avoir rappelé les éléments théoriques majeurs qui guident l’analyse, il expose ensuite les traits caractéristiques du descriptif. Il remarque que les lieux sont mis en avant-plan par la place qu’ils occupent en ouverture du récit, souvent en tant que pantonymes et tableaux liminaires. Par ailleurs, les tableaux sont fréquemment complexes, minutieux et chargés sur le plan sémantique, lexical, stylistique et thématique. Pourtant, de récit en récit, ils décrivent tous une topographie qui a ses constantes et qui impose systématiquement des contraintes analogues aux personnages. Les trous, les fossés et les routes encaissées sont présentés régulièrement comme les métaphores d’un destin littéralement « tracé » du personnage-sujet qui s’y engouffre. Les personnages schwobiens, eux, sont souvent décrits d’emblée dans leurs portraits comme des « figures », mais cela n’est que l’élément le plus visible de cette poétique descriptive qui les « fige » dans la topographie. En effet, la réification du personnage passe par une suite élaborée de réseaux sémantiques, lexicaux, figuratifs et thématiques. Enfin, les éléments qu’instaurent les tableaux et les portraits sont repris dans l’action, dont le sommeil et la perte sont les plus emblématiques du personnage schwobien. ii Le deuxième chapitre étudie la spécificité de cette poétique descriptive en s’attardant à cinq récits satellitaires, représentatifs de la production nouvellistique schwobienne entre 1889 et 1892. L’étude des « Portes de l’opium » relève l’importance symbolique de l’incipit dans le récit schwobien en ce qu’il met en place (à partir d’un mot-maquette, par exemple) les réseaux symboliques signifiants qui reviennent dans les tableaux de lieux personnifiés et les portraits de personnages réifiés. La deuxième étude sur « Pour Milo » permet de s’attarder à la phrase-maquette, à l’importance des trous dans les tableaux et à l’insertion du personnage dans les lieux tels que la description le présente, cadré dès sa première apparition. La troisième étude de « La Grande-Brière » analyse le rapport étroit entre les inscriptions dans le tableau (les sillons) et le portrait du personnage (les rides). Elle révèle la place centrale qu’occupe le motif du « fil ». La quatrième étude de « La Cité dormante » analyse la réticulation du mot-maquette « or », le paradigme du sommeil et sur le décor hypotyposé qui caractérise le tableau schwobien. Enfin, l’étude de « 52 et 53 Orfila » s’attarde aux effets poétiques créés par l’emploi du mot « figure », au motif du lit et au descriptif des liquides dans les tableaux extérieurs et intérieurs. La conclusion est l’occasion de faire un rappel des grandes lignes de la poétique descriptive schwobienne. À partir de cette thèse, une voie prometteuse s’offre à l’exploration de liens entre cette poétique et le descriptif stevensonien. Ce serait une étude qui regarderait avantageusement du côté du rôle des « images » dans les nouvelles des deux auteurs et de l’esthétique nouvellistique privilégiée qui pose l’exigence d’une description dynamisée tout le long du récit. REMERCIEMENTS D’abord, un remerciement à ma directrice, professeure Cynthia Harvey, qui, par ses encouragements constants et ses conseils, a contribué grandement à m’aider à mener ce projet à terme dans des conditions parfois difficiles. Elle a cru au projet dès le départ et réussissait toujours à voir le mérite des différentes modifications apportées. Son optimisme était contagieux quand j’en avais justement moins. Ce projet de thèse est passé par des étapes qui, à partir de sa conception originale, l’ont sensiblement modifié. Or, si le projet n’avait pas été d’intérêt au point de départ, nul doute qu’il n’aurait jamais vu le jour. Je tiens donc à remercier le FQRSC pour la bourse doctorale accordée pour le compléter dès la rédaction première. Cette bourse m’a très certainement donné l’élan nécessaire pour la partie la plus importante du travail. Je tiens à remercier aussi le département des arts et lettres de l’UQAC de l’aide apportée pendant toutes mes années d’études. Je garde un très bon souvenir de mes séminaires et de mes professeurs qui se sont toujours montrés enthousiastes face à mes projets. Et Christiane, merci pour ton aide et ton amitié. À la mémoire de ma mère, Ursule Turcotte-Larrivée (1936-2010), son appui et son amour. TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION ..................................................................................................... 1 1. L’état présent de la question ............................................................................ 3 2. La problématique et les objectifs de recherche ................................................ 12 3. L’approche théorique et la méthodologie ........................................................ 16 4. L’établissement du corpus et le plan de travail ............................................... 24 PREMIER CHAPITRE : LE DESCRIPTIF SCHWOBIEN ..................................... 27 1. L’influence de Stevenson sur Schwob : le bref et le rôle de la description......................................................................................................... 28 2. La dénomination et expansion dans les tableaux dynamiques ......................... 35 3. Une topographie de trous et de fossés .............................................................. 42 4. Les trajets tracés vers l’abîme........................................................................... 52 5. Les portraits de personnages encadrés, cadrés et quadrillés ............................. 65 6. Les figures du descriptif schwobien : personnages en voie de disparition ......................................................................................................... 74 7. Les figures aux surfaces trouées, sillonnées et troubles ................................... 87 8. Les portraits d’individus innommés et de collectivités désindividuées............ 92 9. Le sommeil : inaction idéale pour le descriptif ................................................ 99 DEUXIÈME CHAPITRE : L’ANALYSE DE CINQ RÉCITS BREFS DE CŒUR DOUBLE ET DU ROI AU MASQUE D’OR DE MARCEL SCHWOB ................................................. 104 1. « Les Portes de l’Opium » : poursuites pour pâtir ............................................ 105 1.1 Une partie pour le tout : l’amorce descriptive en tant qu’image- maquette .................................................................................................. 106 1.2 De la phrase-maquette à l’ensemble diégétique ..................................... 112 1.3 Le portrait parcellaire ............................................................................. 113 vi 1.4 La poursuite et la porte : vers le tableau quintessencié ........................... 117 1.5 La porte désirée ...................................................................................... 120 1.6 L’homme curieux qui mène à la curieuse porte ..................................... 122 1.7 De la porte à la fille désirée ..................................................................... 123 1.8 Les reprises diégétiques à partir du matériau descriptif ......................... 127 1.9 Les personnages qui gagnent en perte ..................................................... 129 2. « La Grande-Brière » : de sillons tourmentés en déride ................................... 132 2.1 Les portraits et les tableaux sillonnés ...................................................... 132 2.2 L’allongement du décor et du personnage .............................................. 136 2.3 Le fil de l’histoire : les demoiselles filent en couple ............................... 139 2.4 Du fil de navette à la fille à lacets ..........................................................