Canton De Chauffailles. Communes De Anglure-Sous-Dun, Chassigny-Sous-Dun, Châteauneuf
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HISTOIRE ET MONUMENTS DE SAÔNE-ET-LOIRE CANTON DE CHAUFFAILLES COMMUNES DE : . ANGLURE-SOUS-DUN e . CHASSIGNY-SOUS-DUN e e CHÂTEAUNEUF e INTRODUCTION a Revue "71 : Images de Saône-et-Loire" a publié récemment (Été 1990) une brève étude sur le canton de Chauffailles et son patrimoine monumental. LNon sans laisser implicitement entendre qu'il serait vain de chercher à travers ce vaste district - 10 128 hectares - des mo- numents comparables à Tournus, Cluny, Paray-le-Monial ou Berzé-la-Ville, ou seulement l'équivalent des richesses patrimo- niales des trois autres cantons qui composent avec lui le Brion- nais : La Clayette et son château si admirablement campé au bord de son étang, Semur avec l'ensemble de sa vieille ville féo- dale, Marcigny avec le prieuré d'Anzy-le-Duc, voire, outre le fleuve de Loire, le château de Maulévrier tout de briques vêtu, l'on s'efforçait d'y montrer, non seulement que le vieux bourg de Châteauneuf pouvait, en son genre, soutenir la comparaison avec les trésors reconnus du voisinage, mais qu'à ses côtés, les dix autres communes du canton recélaient un palmarès d'édifi- ces religieux échelonnés de l'époque romane (Saint-Maurice- lès-Châteauneuf) et gothique (Vieux Bourg de Chassigny-sous- Dun) jusqu'à ce XIXe siècle dont l'architecture, longtemps mé- connue, est maintenant en voie de réhabilitation. S'y ajoutent des croix routières nombreuses, qui témoignent de l'art et de la compétence des tailleurs de pierre régionaux du siècle dernier, des manoirs sertis dans des cadres pastoraux et d'un pittoresque hors de pair, des domaines nichés dans la verdure et qui, à la différence de ceux du Brionnais calcaire, résultent, non pas de l'enrichissement des éleveurs, mais de l'expansion de l'industrie du tissage, qui, à partir de Chauffailles, a gagné jusqu'au fond des vallons extrêmes et engendré de profondes modifications de l'habitat traditionnel et populaire. Les statistiques agricoles et industrielles du milieu du siècle dernier rendent un compte très expressif de la permanence d'une économie agraire qui s'efforçait de tirer le meilleur parti de terres souvent ingrates, et de cette activité nouvelle et spécifi- que, qui, issue des monts du Lyonnais (Tarare, Cours, Thizy), n 'avait encore gagné, outre le chef-lieu, que les communes méri- dionales et orientales du canton, et ne se développerait par la suite, dans les autres, à peu près que sous la forme originale de multiples ateliers de tissage domestiques ne nécessitant pas la construction d'usines proprement dites. Les superficies cultivables (essentiellement céréalières) attei- gnaient encore en 1856 5 584 hectares, soit plus de la moitié de la surface totale. Loin derrière venaient les prés et prairies, avec 2 013 hectares, puis les espaces boisés (1 163 hectares) ; la vigne était négligeable : 127 hectares, et la proportion des terres incultes très faible, avec 241 hectares, dont 221 sur la seule commune de Chauffailles. On comptait à Saint-Maurice-lès- Châteauneuf plusieurs carrières de pierres de taille et 5 fours à chaux ou tuileries, 4 carrières à Saint-Martin-de-Lixy. Des soieries étaient apparues à Châteauneuf, Coublanc et Tancon ; mais plus nombreuses étaient les filatures de coton, établies à Chauffailles, bien entendu, ainsi qu'à Coublanc et Tancon, et surtout à Saint-Igny-de-Roche, dont la filature Glattard, "l'une des plus belles de France", employait de 250 à 300 ouvriers, "y compris (hélas !) les enfants". Ni Chassigny, ni Mussy, ni Saint- Maurice, on devra le remarquer, ne figuraient encore dans les statistiques de l'industrie textile. État de l'agriculture en 1856 : Note. Les communes d'Anglure et de Saint-Edmond ne figurent pas dans le tableau ci-dessus, tiré de l'Annuaire départe- mental de 1856, leur création étant postérieure à cette date. L'article précité n'omettait cependant pas de signaler qu'à la fin du même XIXe siècle, l'établissement de la ligne de che- min de fer de Lyon à Paray-le-Monial et Moulins avait enrichi le patrimoine cantonal d'un élément inattendu, mais de tout premier ordre. En tête des ouvrages d'art qu'avait nécessités le franchissement difficile de la montagne, s'impose en effet le colossal viaduc dont peut à bon endroit s'enorgueillir la com- mune de Mussy-sous-Dun, le plus important du département de Saône-et-Loire, sinon de toute la région ; dans ce cadre que l'industrialisation n'a pas défloré, il offre la preuve opportune que la technique, si elle accepte de s'appuyer sur les acquis d'une tradition éprouvée, sait, non seulement embellir en fin de compte un paysage, mais lui conférer un surcroît de densité humaine et une valeur de témoignage particulièrement bien venu en ce pays privilégié des tailleurs de pierre. Cependant, l'impression finale restait celle d'une juxtaposition de pièces méritoires, certes, mais isolées, plutôt que d'une synthèse qui, dans ce cas particulier, est impossible à quelque échelle qu'on essaie de l'envisager ; il serait vain et mesquin de paraître le déplorer, car ce disparate exprime avec exactitude une histoire très chargée, et procède aussi d'une réalité géologique, géogra- phique et topographique qui, par sa diversité, fait de ce canton en grande partie montagnard l'un des plus contrastés de toute la Saône-et-Loire : changeant d'un parcours à l'autre, et d'un pittoresque toujours renouvelé en ses aspects tantôt clos et inti- mes, tantôt, au contraire, déployés jusqu'à l'infini, avec, en toile de fond, la longue écharpe des monts du Centre qui sont comme le baromètre du pays. En gros, la carte géologique révèle que la plus grande partie du canton, à l'Est de la fosse du Sornin, recouvre un socle cris- tallin qui n 'est que le prolongement du long système granitique des monts du Vivarais et du Lyonnais, auxquels succède sans transition l'alignement des dômes forestiers du Beaujolais. Il n 'en atteint cependant pas la crête, laissant au département du Rhône le point culminant du Mont Saint-Rigaud (1 012 mè- tres) et le col des Écharmeaux, et à celui de la Loire, la mouton- nante bordure méridionale. Cependant, la "montagne" a bizar- rement projeté au-devant d'elle et en équerre, soit selon un axe Est-Ouest, deux dômes d'altitude sensiblement équivalente, qui feraient un peu penser à la double bosse d'un dromadaire géant : le Dun, culminant à 721 mètres, et le Dunet, un peu plus élevé malgré son nom (736 mètres). Le canton n 'atteint cet étrange massif, où courent les légendes, que par une pointe effi- lée qui englobe le hameau de la Borcelle, aux maisons bâties de granites et de grès roses, à chaux et à sable, arc-boutées contre les tempêtes qui montent du Midi comme de grandes marées. Le souvenir de l'entité féodale constituée autour et à partir de l'armature montagnarde et de la ville forte de Dun, que le roi de France Philippe-Auguste fit raser en 1181, persiste dans les vocables fièrement revendiqués par quatre des cinq communes qui s'accrochent aux versants : au Nord, Varennes- sous-Dun ; au Sud, Anglure, Mussy et Chassigny-sous-Dun. Les trois dernières sont, à la suite, drainées par le ruisseau de Mussy, qui se jette dans le Sornin au lieu-dit Pompierre, au Nord de la commune de Châteauneuf Des moutonnements rocheux, qui s'élèvent peu à peu d'Ouest en Est, en dessinant un arc de cercle très souple autour du chef-lieu de Chauffailles, séparent ce vallon de celui du Botoret, dont la source est en pleine montagne, entre les cols des Aillets et des Écobans. Bu- tant contre cet obstacle, la rivière, qui coulait d'abord dans un axe Sud-Est-Nord-Ouest, bifurque brusquement vers le Sud- Sud-Ouest à hauteur du hameau de Mély, pour rejoindre le Sornin à Saint-Denis-de-Cabanne. Le tapis forestiers qui mate- lassait les crêtes le cède alors aux bocages qui signalent les ap- proches du Brionnais pastoral. Comme pour parfaire la ressem- blance, on remarque qu'entre les deux cours d'eau, la consis- tance du terrain a changé. Débordant le Sornin, dont l'étroite gouttière séparait jusqu'alors les zones cristallines de l'Est et les terrasses de roches sédimentaires auxquelles le Brionnais doit sa physionomie très particulière, une bande du même calcaire ocre dont était à peu près uniformément composé le territoire de la commune de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf s'insère en- tre la rivière principale et le cours inférieur de son affluent, et porte les deux communes de Saint-Martin-de-Lixy et de Tan- con. Sur la rive opposée du Sornin, le calcaire jurassique du Brion- nais-Charollais offre la fermeté de son assise à l'une des routes anciennes qui reliaient La Clayette et Baudemont à Charlieu, et l'exploitation de sa roche a été longtemps la spécialité et la ressource principale de la commune de Saint-Maurice-lès-Châ- teauneuf, la seule que le canton de Chauffailles se soit d'abord réservée de l'autre côté de la rivière, avant que la création ré- cente de celle de Saint-Edmond ne soit venue l'amputer de tout son district méridional. Quantité de nuances physiques accen- tuent encore ces disparités, et n'ont pas été sans retentir sur les formes et les particularités du patrimoine monumental. La ri- chesse, longtemps mal soupçonnée, des onze communes en cause est apparue telle qu'il a fallu envisager d'en diviser la recension, aussi large qu'il était possible, en trois tome* dis- tincts (on rappelle pour mémoire que le canton de Cluny, avec ses 24 communes qui, toutes, fourmillent de trésors, a donné lieu à six fascicules !).