HISTOIRE ET MONUMENTS DE SAÔNE-ET-LOIRE

CANTON DE CHAUFFAILLES COMMUNES DE : . ANGLURE-SOUS-DUN e . CHASSIGNY-SOUS-DUN e e CHÂTEAUNEUF e

INTRODUCTION

a Revue "71 : Images de Saône-et-Loire" a publié récemment (Été 1990) une brève étude sur le canton de Chauffailles et son patrimoine monumental. LNon sans laisser implicitement entendre qu'il serait vain de chercher à travers ce vaste district - 10 128 hectares - des mo- numents comparables à , , Paray-le-Monial ou Berzé-la-Ville, ou seulement l'équivalent des richesses patrimo- niales des trois autres cantons qui composent avec lui le Brion- nais : et son château si admirablement campé au bord de son étang, Semur avec l'ensemble de sa vieille ville féo- dale, avec le prieuré d'Anzy-le-Duc, voire, outre le fleuve de Loire, le château de Maulévrier tout de briques vêtu, l'on s'efforçait d'y montrer, non seulement que le vieux bourg de Châteauneuf pouvait, en son genre, soutenir la comparaison avec les trésors reconnus du voisinage, mais qu'à ses côtés, les dix autres communes du canton recélaient un palmarès d'édifi- ces religieux échelonnés de l'époque romane (Saint-Maurice- lès-Châteauneuf) et gothique (Vieux Bourg de Chassigny-sous- Dun) jusqu'à ce XIXe siècle dont l'architecture, longtemps mé- connue, est maintenant en voie de réhabilitation. S'y ajoutent des croix routières nombreuses, qui témoignent de l'art et de la compétence des tailleurs de pierre régionaux du siècle dernier, des manoirs sertis dans des cadres pastoraux et d'un pittoresque hors de pair, des domaines nichés dans la verdure et qui, à la différence de ceux du Brionnais calcaire, résultent, non pas de l'enrichissement des éleveurs, mais de l'expansion de l'industrie du tissage, qui, à partir de Chauffailles, a gagné jusqu'au fond des vallons extrêmes et engendré de profondes modifications de l'habitat traditionnel et populaire. Les statistiques agricoles et industrielles du milieu du siècle dernier rendent un compte très expressif de la permanence d'une économie agraire qui s'efforçait de tirer le meilleur parti de terres souvent ingrates, et de cette activité nouvelle et spécifi- que, qui, issue des monts du Lyonnais (Tarare, Cours, Thizy), n 'avait encore gagné, outre le chef-lieu, que les communes méri- dionales et orientales du canton, et ne se développerait par la suite, dans les autres, à peu près que sous la forme originale de multiples ateliers de tissage domestiques ne nécessitant pas la construction d'usines proprement dites. Les superficies cultivables (essentiellement céréalières) attei- gnaient encore en 1856 5 584 hectares, soit plus de la moitié de la surface totale. Loin derrière venaient les prés et prairies, avec 2 013 hectares, puis les espaces boisés (1 163 hectares) ; la vigne était négligeable : 127 hectares, et la proportion des terres incultes très faible, avec 241 hectares, dont 221 sur la seule commune de Chauffailles. On comptait à Saint-Maurice-lès- Châteauneuf plusieurs carrières de pierres de taille et 5 fours à chaux ou tuileries, 4 carrières à Saint-Martin-de-Lixy. Des soieries étaient apparues à Châteauneuf, Coublanc et ; mais plus nombreuses étaient les filatures de coton, établies à Chauffailles, bien entendu, ainsi qu'à Coublanc et Tancon, et surtout à Saint-Igny-de-Roche, dont la filature Glattard, "l'une des plus belles de ", employait de 250 à 300 ouvriers, "y compris (hélas !) les enfants". Ni Chassigny, ni Mussy, ni Saint- Maurice, on devra le remarquer, ne figuraient encore dans les statistiques de l'industrie textile. État de l'agriculture en 1856 :

Note. Les communes d'Anglure et de Saint-Edmond ne figurent pas dans le tableau ci-dessus, tiré de l'Annuaire départe- mental de 1856, leur création étant postérieure à cette date. L'article précité n'omettait cependant pas de signaler qu'à la fin du même XIXe siècle, l'établissement de la ligne de che- min de fer de Lyon à Paray-le-Monial et Moulins avait enrichi le patrimoine cantonal d'un élément inattendu, mais de tout premier ordre. En tête des ouvrages d'art qu'avait nécessités le franchissement difficile de la montagne, s'impose en effet le colossal viaduc dont peut à bon endroit s'enorgueillir la com- mune de Mussy-sous-Dun, le plus important du département de Saône-et-Loire, sinon de toute la région ; dans ce cadre que l'industrialisation n'a pas défloré, il offre la preuve opportune que la technique, si elle accepte de s'appuyer sur les acquis d'une tradition éprouvée, sait, non seulement embellir en fin de compte un paysage, mais lui conférer un surcroît de densité humaine et une valeur de témoignage particulièrement bien venu en ce pays privilégié des tailleurs de pierre. Cependant, l'impression finale restait celle d'une juxtaposition de pièces méritoires, certes, mais isolées, plutôt que d'une synthèse qui, dans ce cas particulier, est impossible à quelque échelle qu'on essaie de l'envisager ; il serait vain et mesquin de paraître le déplorer, car ce disparate exprime avec exactitude une histoire très chargée, et procède aussi d'une réalité géologique, géogra- phique et topographique qui, par sa diversité, fait de ce canton en grande partie montagnard l'un des plus contrastés de toute la Saône-et-Loire : changeant d'un parcours à l'autre, et d'un pittoresque toujours renouvelé en ses aspects tantôt clos et inti- mes, tantôt, au contraire, déployés jusqu'à l'infini, avec, en toile de fond, la longue écharpe des monts du Centre qui sont comme le baromètre du pays. En gros, la carte géologique révèle que la plus grande partie du canton, à l'Est de la fosse du Sornin, recouvre un socle cris- tallin qui n 'est que le prolongement du long système granitique des monts du Vivarais et du Lyonnais, auxquels succède sans transition l'alignement des dômes forestiers du Beaujolais. Il n 'en atteint cependant pas la crête, laissant au département du Rhône le point culminant du Mont Saint-Rigaud (1 012 mè- tres) et le col des Écharmeaux, et à celui de la Loire, la mouton- nante bordure méridionale. Cependant, la "montagne" a bizar- rement projeté au-devant d'elle et en équerre, soit selon un axe Est-Ouest, deux dômes d'altitude sensiblement équivalente, qui feraient un peu penser à la double bosse d'un dromadaire géant : le Dun, culminant à 721 mètres, et le Dunet, un peu plus élevé malgré son nom (736 mètres). Le canton n 'atteint cet étrange massif, où courent les légendes, que par une pointe effi- lée qui englobe le hameau de la Borcelle, aux maisons bâties de granites et de grès roses, à chaux et à sable, arc-boutées contre les tempêtes qui montent du Midi comme de grandes marées. Le souvenir de l'entité féodale constituée autour et à partir de l'armature montagnarde et de la ville forte de Dun, que le roi de France Philippe-Auguste fit raser en 1181, persiste dans les vocables fièrement revendiqués par quatre des cinq communes qui s'accrochent aux versants : au Nord, Varennes- sous-Dun ; au Sud, Anglure, Mussy et Chassigny-sous-Dun. Les trois dernières sont, à la suite, drainées par le ruisseau de Mussy, qui se jette dans le Sornin au lieu-dit Pompierre, au Nord de la commune de Châteauneuf Des moutonnements rocheux, qui s'élèvent peu à peu d'Ouest en Est, en dessinant un arc de cercle très souple autour du chef-lieu de Chauffailles, séparent ce vallon de celui du Botoret, dont la source est en pleine montagne, entre les cols des Aillets et des Écobans. Bu- tant contre cet obstacle, la rivière, qui coulait d'abord dans un axe Sud-Est-Nord-Ouest, bifurque brusquement vers le Sud- Sud-Ouest à hauteur du hameau de Mély, pour rejoindre le Sornin à Saint-Denis-de-Cabanne. Le tapis forestiers qui mate- lassait les crêtes le cède alors aux bocages qui signalent les ap- proches du Brionnais pastoral. Comme pour parfaire la ressem- blance, on remarque qu'entre les deux cours d'eau, la consis- tance du terrain a changé. Débordant le Sornin, dont l'étroite gouttière séparait jusqu'alors les zones cristallines de l'Est et les terrasses de roches sédimentaires auxquelles le Brionnais doit sa physionomie très particulière, une bande du même calcaire ocre dont était à peu près uniformément composé le territoire de la commune de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf s'insère en- tre la rivière principale et le cours inférieur de son affluent, et porte les deux communes de Saint-Martin-de-Lixy et de Tan- con. Sur la rive opposée du Sornin, le calcaire jurassique du Brion- nais-Charollais offre la fermeté de son assise à l'une des routes anciennes qui reliaient La Clayette et à Charlieu, et l'exploitation de sa roche a été longtemps la spécialité et la ressource principale de la commune de Saint-Maurice-lès-Châ- teauneuf, la seule que le canton de Chauffailles se soit d'abord réservée de l'autre côté de la rivière, avant que la création ré- cente de celle de Saint-Edmond ne soit venue l'amputer de tout son district méridional. Quantité de nuances physiques accen- tuent encore ces disparités, et n'ont pas été sans retentir sur les formes et les particularités du patrimoine monumental. La ri- chesse, longtemps mal soupçonnée, des onze communes en cause est apparue telle qu'il a fallu envisager d'en diviser la recension, aussi large qu'il était possible, en trois tome* dis- tincts (on rappelle pour mémoire que le canton de Cluny, avec ses 24 communes qui, toutes, fourmillent de trésors, a donné lieu à six fascicules !). Il s'est trouvé que l'ordre alphabétique était le seul qui pût se modeler au mieux et avec une rigueur suffisante sur ces divisions géographiques, économiques et so- ciales, en évitant toute impression de décousu préjudiciable à la fois au tourisme et à la portée pédagogique attendue de publi- cations d'un tel genre. Des trois communes auxquelles est consacré le présent tome - initial, la première, Anglure, recouvre le versant méridional du système Dunet-Dun, sans presque déborder sur la rive gauche du ruisseau de Mussy, à la différence de celles qui lui font suite vers l'Ouest, Mussy et Chassigny : celles-ci s'avancent, au Sud, jusqu'aux crêtes modérées qui séparent de ce côté le vallon du ruisseau et le bassin de Chauffailles. La troisième, Château- neuf, est d'une telle richesse patrimoniale, monumentale et rou- tière qu'elle méritait la place d'honneur qui lui a été ainsi confé- rée dans le volume de tête du canton. Un souci d'homogénéité et d'équilibre entre les trois tomes a conduit à réserver la com- * mune de Mussy au deuxième, qui, de ce fait, comprendra le chef-lieu, dont le territoire est considérable, et dont l'urbanisa- tion du XIXe siècle, et la création de la place de l'église en parti- culier, ont constitué des réussites dignes d'être mises en valeur, plus les deux communes limitrophes de Coublanc et de Mussy. La première est remarquable notamment par le nombre de ses croix routières, et la seconde se distingue de toutes ses voisines, ainsi qu'il a été dit, par son viaduc dont l'imposant ouvrage, enjambant le vallon, exprime fort bien la fonction de "liga- ment" cantonal qui la personnalise, entre les resserres pastora- les et forestières de la montagne et le bassin fortement industria- lisé. Le troisième et dernier volume regroupera les cinq commu- nes de Saint-Edmond, Sain t-Igny-de-Roch e, Saint-Martin-de- Lixy, Saint-Maurice-lès-Châteauneuf et Tancon ; il ne sera pas le moins expressif de ce canton à la figure variée selon sa dou- ble ossature. Si la première occupe en effet le versant occidental de la montagne granitique, doucement abaissé sur le vallon verdoyant du Botoret, la majeure partie du territoire des quatre autres repose sur le substrat sédimentaire qui s'étend jusqu'à la banlieue de Charlieu, et dont la belle pierre dorée, extraite de multiples carrières, leur offre sa joyeuse coloration spécifique et, déjà, sous les toits bas de tuiles creuses, des accents de Midi. Immeubles, mobilier et œuvres d'art recensés dans cet ouvrage

Immeubles : Églises 4 Chapelle 1 Presbytères 4 Croix de cimetière 3 Croix routières 28 Monument aux morts 1 Mairies-Écoles 3 Écoles 2 Maison de retraite ou d'assistance 1 Châteaux 3 Maisons de maître 4 Maisons bourgeoises 1 2 Fermes ou domaines 22 Ensembles d'habitat rural 2 Tour d'enceinte 1 Colombier 1 Moulins à eau 2 Ponts 3 Mobilier : Retable 1 Christs en croix 2 Groupe sculpté 1 Statues 6 Fonts baptismaux 1 Bénitier 1 Dalle funéraire 1 SOURCES & BIBLIOGRAPHIE PRATIQUES

Ont été le plus fréquemment consultés pour la rédaction de cet ouvrage : ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE SAÔNE-ET-LOIRE Séries anciennes : B, C, E, 2E, 3E, F et 1F, G, H (notamment H 142 à 177 : Abbaye de Saint-Rigaud) ; C et H suppléments : Cluny. Séries modernes : M, 0, T, U, V, plans cadastraux et registres d'état civil. Série 3 et 5 Fi : Documents figurés. MANUSCRITS DE Mgr RAMEAU, conservés aux Archives de Saône-et-Loire : 1) Les paroisses de l'ancien diocèse de Mâcon ; 2) Les anciens fiefs du Mâconnais ; 3) Nobiliaire mâconnais. Annuaires de Saône-et-Loire, 1856, 1869, 1900. Visites pastorales de l'archiprêtré de Charlieu par Mgr de Lort de Sérignan de Valras, 1746 (publiées dans : Annales de l'Acadé- mie de Mâcon, 3e série, t. III). De La CHENAYE-DESBOIS et BADIER, Dictionnaire de la no- blesse. Paris, Schlesinger, 1863-1876, 20 vol. Abbé L. PAGANI, Essai historique sur Châteauneuf-en-Brionnais. Lyon, Imp. Alexandre Rey, 1896. Abbé H. MOUTERDE (en collaboration avec l'abbé Paul MUGUET et Jean VIREY), Dun, autrefois, aujourd'hui. Mâcon, Protat, 1900. L. LEX, Les fiefs du Mâconnais. Mâcon, Protat, 1897. Jean VIREY, Les églises romanes de l'ancien diocèse de Mâcon. Mâ- con, Protat, 1934. Denis GRIVOT, La légende dorée d', Chalon, Mâcon, Charol- les et . Lyon, Lescuyer, 1974, in-8°, il 1. Jean PERCHE, Chauffailles, La Clayette et leur région... de la préhis- toire à nos jours. Les Imprimeries Réunies, Moulins, 1976. F. VIGNIER, Dictionnaire des châteaux de France : Bourgogne- Nivernais. Paris-Nancy, Berger-Levrault, 1980. Général H. de CHIZELLE, Le Brionnais, Histoire des institutions, des origines aux temps modernes. Éditions du Groupe 71, 1992. ANGLURE- SOUS-DUN

Superficie de la commune : 697 ha (en 1869) Nombre d'habitants : en 1982 : 154 ; en 1990 : 138 (575 en 1869) Numéro de code INSEE : 008 Dossier d'inventaire : 5 Fi 008

'est par arrêté préfectoral en date du 1er septembre 1869 que fut autorisée la création de la commune d'Anglure-sous-Dun, dis- c ' traite du territoire de celle de Mussy-sous-Dun ; les attendus en étaient très explicites : "Considérant que la partie orientale de la commune de Mussy-sous- Dun est séparée du surplus du territoire par la montagne de Pierre-Chè- vre dont les rampes sont extrêmement difficiles, que la distance moyenne des habitations du chef-lieu dépasse 3 000 mètres et que cette situation exceptionnelle rend désirable la création d'un nouveau centre administra- tif ; que déjà une école fonctionne à Anglure et qu'un prêtre y célèbre les offices religieux ; que les habitants ont acheté un cimetière et construit une maison d'école, une église et un presbytère ; considérant que la nou- velle commune aura une superficie de 697 ha 17 a 85 ca et une popula- tion de 575 habitants ; que ses revenus seront suffisants ; que la commune de Mussy conservera une superficie de 869 ha 97 a 10 ca et 925 habi- tants ; ... considérant qu'il y a accord complet entre les parties et que le Conseil général du département a donné son adhésion"... Arrêtons : "les hameaux de la Seppe, les Épinées, etc. sont distraits du territoire de Mussy-sous-Dun et érigés en commune nouvelle sous le nom de Anglure-sous-Dun ; les limites des deux communes seront arrêtées conformément au liseré vert du plan remembré du 12 juillet 1868" (Archi- ves de Saône-et-Loire. Série 0 33 : Anglure-sous-Dun). L'enquête de commodo et incommodo avait été conduite le 25 octobre 1868, après arrêté du sous-préfet en date du 8 octobre, suivant une péti- tion datée du 12 mai et présentée par les habitants des divers hameaux de la section remembrée : au nombre de ceux-ci, "la Seppe, les Épinées, la Guerrye, Marnèche, les Combes, les Granges, le Chat, le Berger, Bai- zet, le Poizat, Croix-Chemier, Verseaux, sur Charmes, la Malfondière, le Bageon, Anglure, la Velle, Cruzeille, le Sollier, la Mouilles, les Magniens, les Fous, les Bruyères, Cherderat, le Corchat, etc." : soit 25 hameaux ou écarts nommément cités. L'Institut National de la Statistique et des Étu- des économiques, quant à lui, n'en dénombre pas moins de 32 dans sa Nomenclature éditée par la Direction régionale de Dijon en 1951 (2e éd.), mais la population est aujourd'hui tombée à 138 habitants. La première matrice cadastrale de la commune d'Anglure-sous-Dun, extraite de celle de Mussy-sous-Dun (la section C de Mussy devenant section B d'Anglure), fut certifiée le 30 décembre 1869, puis refondue à la date du 25 octobre 1881. A ces deux dates sont décomptées 119 mai- sons, plus deux moulins et un lavoir.

C'est à partir de 1881 que la commune va connaître sa plus forte expan- sion, due à sa proximité de Chauffailles et grâce à l'industrie de la soie. 28 constructions nouvelles, recensées entre 1883 et 1911, dont 13 pour la seule année 1890 (l'une d'elles, pour cause d'incendie à La Seppe), contribuent à l'amélioration du patrimoine foncier. Dans presque chaque famille est établi un métier à tisser : 80 en 1900 ! En 1894, la commune d'Anglure comptait 2 aubergistes, 1 charron, 2 couturières et 1 modiste, 2 épiciers-merciers, 5 maçons, 2 maréchaux-ferrants, 2 menuisiers-char- pentiers, 1 scierie, 2 sabotiers, 1 tailleur. Presque tous ces commerces ont disparu, mais on recense encore à Anglure une entreprise de maçonnerie, ainsi qu'une fabrique de parquets et un atelier de mécanique générale.

Ainsi constituée, la commune d'Anglure-sous-Dun occupe le fond du bassin creusé dans le glacis des terrains primaires par le ruisseau dit de Mussy et les ruisselets affluents. Sa limite orientale coïncide donc de ce côté avec celle des départements de la Saône-et-Loire et du Rhône, tan- dis qu'elle confine, au Nord, avec la commune de Saint-Racho ; à l'Ouest, avec celle de Mussy, qui l'isole des retombées méridionales de la monta- gne de Dun ; au Sud, avec celle de Chauffailles. Autrement dit, la com- mune nouvelle s'appuyait, à l'Est, sur la ligne des crêtes qui, tirée du Nord au Sud et culminant à 584 mètres au Bois de la Garde, sépare de la vallée supérieure du Sornin le bassin drainé par le ruisseau de Mussy, puis s'abaisse légèrement sur le col de la Cépée (545 mètres), emprunté par les RD 66 et 16, qui relient Aigueperse à Chauffailles. Du col, la li- mite descend, en forte pente, rejoindre au lieu-dit "Le Moulin de la Plan- che-Simon" le ruisseau de Mussy, issu des hauteurs des Écharmeaux ; elle se confond désormais avec ce cours d'eau, sans empiéter sur la rive droite autrement que par la pointe qu'elle pousse au Sud pour englober le hameau des Magniens ; à l'Ouest, elle remonte la pente par une suite de zigzags qui la ramènent en pleine montagne à l'écart du Cherderat. Au Nord, la limite, presque rectiligne, suit le léger replat jalonné par les hameaux du Corchat, du Verseau (de l'autre côté, le Pâquis-Bouleau ap- partient à la commune de Saint-Racho) et de la Croix-Chemier, où elle rejoint la limite départementale. L'apophyse des Magniens exceptée, la figure communale est celle d'un cercle assez régulier, que traverse de bout en bout, et en diagonale du Sud-Ouest au Nord-Est, un vallon aujourd'hui presque asséché, mais dont le toponyme : "En Pontet", signalé par une chapelle-oratoire de la fin du XIXe siècle et une croix de 1865, érigée à l'orée d'une brève combe secondaire, indique bien qu'il était autrefois drainé par un ruisselet af- fluent du ruisseau de Mussy. Le versant méridional est occupé par un dôme épais et forestier, essarté de quelques clairières autour des écarts des Granges, des Combes, des Épinées, et du hameau de La Guerrye. Le versant septentrional, lui, qui correspond à "l'adroit" des pays de monta- gne, est plus peuplé ; outre le menu chef-lieu, il a accueilli la plupart des domaines d'exploitation qui constituent l'une des originalités patrimonia- les de la commune, et, serties dans leurs cadres de bocages d'où pointent les "écornats" typiques, contribuent à son pittoresque dûment préservé. Du moulin sur le ruisseau de Mussy jusqu'à la Croix-Chemier s'égrènent ainsi les écarts, puissamment construits de granites et de grès, d'En Pon- tet, du Chat, de la trilogie du Poizat, du Janvier et du Berger (avec, bar- rant la pente, un bel immeuble du XVIIIe siècle), et du Baizet enfin, dont la croix marque le départ du chemin grimpant à la Croix-Chemier. Au débouché inférieur du vallon, le château d'Anglure, qui a donné son nom à la commune, gardait cette porte d'accès le plus direct à la monta- gne, au moulin de Vers, à la vallée du Sornin et à l'hôpital d'Aigueperse. Il en subsiste un bâtiment en équerre, comportant, à l'Ouest, un logis d'un seul étage sur rez-de-chaussée, couvert d'une toiture à la Mansart, et, au Nord, une aile de dépendances. Les centres de peuplement princi- paux de la commune, le Bourg, la Velle, la Malfondière, les Préales, sont implantés au point le mieux exposé du versant, où la pente tourne au Nord pour envelopper la combe étroite et profonde qui abrite, de l'autre côté, le hameau du Solier, puis l'écart des Cruseilles. Là sont regroupés les éléments les plus importants du patrimoine : Mairie-École, bâtie en 1880 sur les plans de l'architecte de Della Jogna (auteur égale- ment de ceux de la Mairie de Chassigny-sous-Dun), ancienne école édi- fiée dès 1867, belle maison bourgeoise de plan quadrangulaire et cou- verte, comme le "château", d'un toit à la Mansart, ancien presbytère, et, naturellement, église paroissiale, construite peu avant l'érection de la commune sur les plans d'un architecte qui n'est pas connu, grâce à des souscriptions des habitants. De conception néo-romane, elle se compose d'une nef unique, d'une travée de chœur, l'une et l'autre voûtées d'arê- tes, et d'une abside semi-circulaire que couvre un cul-de-four. Le clocher flanque à droite la travée de chœur. Le patrimoine religieux de la mo- deste, mais attachante commune, doit être complété, ainsi qu'il a été dit, par l'oratoire néo-gothique du "Pré Pontet", édifié selon toute vraisem- blance par la famille Durix, sans oublier la série des croix de pierre répar- ties à travers tout le territoire communal (et jusqu'au col de la Cépée), et érigées, pour la plupart, durant la seconde moitiée du XIXe siècle. La plus ancienne, au carrefour inférieur du bourg, date cependant de 1842, tandis que celle du hameau du Chat rappelle le Jubilé de 1901. Une seule, qui accompagne au cimetière communal les tombes de la famille Carry, est sculptée d'un vigoureux Christ en croix ; on en ignore malheureuse- ment la date exacte. ÉGLISE PAROISSIALE SAINT-HUGUES, ABBÉ DE CLUNY

Situation : au chef-lieu Époque de construction : milieu du XIXe siècle Affectation actuelle : culte catholique État : très bon

HISTORIQUE La construction de l'église d'Anglure, seule de tout le diocèse d'Autun à être placée sous le patronage du grand abbé de Cluny, Brionnais d'ori- gine, était achevée trois ou quatre ans avant la création de la nouvelle commune (1869), soit vers 1865 ; ce fut un ouvrage collectif, réalisé par tous les habitants de la section, qui ne ménagèrent ni leur peine ni leur argent, puisque le montant chiffré de l'opération se serait élevé à 15 000 francs. Le dossier de construction n'est pas conservé aux Archives de Saône-et-Loire, du fait que l'entreprise avait été de caractère et de fi- nancement privés ; le dossier communal 0 35 : Anglure-sous-Dun, pos- sède cependant une pièce intéressante concernant, non seulement l'église, mais le presbytère : soit un rapport d'expertise de Claude-Marie Chassin,

CANTON DE CHAUFFAILLES COMMUNES DE ANGLURE-SOUS-DUN, CHASSIGNY-SOUS-DUN, CHÂTEAUNEUF

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal. Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en vertu d’une licence confiée par la Sofia ‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒ dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.