L'église De Landeleau Et L'étonnante Histoire De La Tombe Au Gisant D
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L e g i s a n t d e L a n d e l e a u L’église de Landeleau et l’étonnante histoire de la tombe au gisant d’Auffray du Chastel Jean GUICHOUX Le gisant de 1638, réalisé par Roland Le Doré 1, a été sculpté dans la kersantite, dite pierre de Kersanton. Auffray du Chastel, seigneur de Châteaugal à Landeleau, est représenté allongé, les mains jointes, en armure. La garde de son épée est recouverte d’un écu avec les armes de la maison des du Chastel. Ses pieds reposent sur un lion portant une banderole où figure la devise en breton des seigneurs de Châteaugal, « MAR:CAR:DOE » (s’il plaît à dieu ou si dieu le veut). ette sculpture, vieille de 378 ans, se trouvait dans Ancienne église de Landeleau 1 C l’église de Landeleau jusqu’à la Révolution. La période de sa construction n’est pas connue avec certitu- Cédée par la commune au musée archéologique de de. Quimper en 1874, elle rejoindra ensuite le nouveau musée En 1844, dans son Guide du voyageur dans le Finistère , le cheva- installé dans l’ancien palais des évêques de Cornouaille. lier de Fréminville note que sur le portail méridional se lit en Exposée au public jusqu’aux années 1980, elle était conser- caractères gothiques, sur un cartouche déroulé que tient une vée depuis dans ses réserves. figure d’ange, « l’an mil CCCCCXL En 2003, les démarches entamées auprès du musée par des (1540) fust fait ceste ». membres de la commission patrimoine de Landeleau per- Aucun document trouvé à ce mettront le retour du gisant dans la commune. jour ne confirme cette date. Après sa restauration par l’atelier Floch de La Chapelle-Caro Peut-être s’agit-il d’une dans le Morbihan, il a été placé sur un support en pierres de importante restauration, car le taille dans l’église communale. pignon a été construit et rectifié de neuf et par le moyen semblablement la grande vitre changée et faite de neuf en 1498. A la médiathèque de Quimper sont conservés les carnets de travail du Chanoine Jean-Marie Abgrall (voir annexes). Sur l’un d’entre eux figure le plan manuscrit de l’ancienne église dressé en 1885. On y remarque la vieille sacristie où a reposé le cercueil du seigneur de Châteaugal après son exhumation en 1638 et le pignon est, sans fenêtre. Ce plan et d’autres documents prouvent uniquement l’ancienneté de certaines Le gisant dans l’église de Landeleau. Photo 2015 parties de l’édifice. Les archives mentionnent de Quatre pierres sculptées provenant de l’ancien tombeau y nombreuses modifications effectuées aux sont insérées. Elles se trouvaient dans le mur sud de cette 18 et 19 e siècles. église depuis sa reconstruction en 1896. En 1713, Germain Le Breton est Des documents conservés aux diverses archives de Quim- adjudicataire de la démolition de la tour de per, Brest, Rennes et Nantes ont permis de retracer bois pour 6 livres. l’histoire de cette sculpture funéraire. En novembre 1716, l’évêque a donné l’ordre de déplacer le saint-sacrement dans la petite chapelle 1 Cette sculpture tumulaire, longue de 1m73, est l’œuvre de Roland Doré, de Saint-Modé, située dans le cimetière, vu le péril sculpteur à Landerneau. Elle ressemble aux huit autres, du même artiste, recensées en Basse-Bretagne par Emmanuelle Le Seach, dont celle de Yves Le évident et la ruine totale de l’église . Bervet, seigneur du Parc, mort en 1640, et exposée au musée Départemental Breton de Quimper. KAIER AR POHER N° 52 – Mars 2016 ■47 CI-DESSUS Entre 1716 et 1718, le grand pignon du maître-autel est Plan de l’église de Landeleau d’après le croquis de Jean-Marie ABGRALL démoli, ainsi qu’une partie de la charpente. La petite vitre donnant sur l’autel de Sainte-Marguerite est déplacée à côté de CI-DESSOUS Elévation de la vieille église en 1885 par LE BIGOT la costière joignant le grand pignon du midi à ce que le grand pignon de l’église soit plus fort et que la dite église reçoive plus de jour. La grande fenêtre donnant du midi sur le grand autel est refaite. De nouveaux vitraux y seront posés. Les travaux sont plusieurs fois suspendus car la fabrique n’a pas l’argent nécessaire pour payer les ouvriers. Les fabriciens craignent que le vent enlève le toit et que le retable du maître-autel, estimé à plus de 2 000 livres, soit abîmé par la pluie et le soleil. Pour achever les travaux, 300 livres sont empruntées sur les fonds de la chapelle de Lansignac. En 1730, on construit le clocher, pour mettre les cloches , égard au grand danger et autres incommodités de messieurs les recteurs et prêtres de la dite paroisse d’être obligés à tout moment de souffrir dans leur sacristie et les sonneurs de cloches et plusieurs autres personnes pour monter et descendre à sonner les dites cloches dans l’endroit où elles sont, outre que souvent les bruits qu’elles font les empêchent de plu- sieurs particularités. Ces travaux sont effectués par Louis Sa- laun, architecte et entrepreneur, demeurant à Pleyben . Du- rant sa construction, des modifications sont apportées sui- vant les voeux de la fabrique. Le clocher était prévu à 45 pieds dont tout le monde connaît à vue d’œil qu’il faut encore le lever de 5 pieds de plus avant de poser la plate-forme ou bien le clocher n’aurait aucune grâce et paraîtrait très difforme. En 1805, on refait complètement la toiture sud de l’église avec le remplacement de la charpente en mauvais état pour 1 095 francs. Le bois sera fourni par la fabrique et le charroi des ardoises assuré par les paroissiens. Des travaux d’entretien seront effectués régulièrement jus- qu’à sa déconstruction en 1896. 48 ■ KAIER AR POHER N° 42 – Mars 2016 L e g i s a n t d e L a n d e l e a u Nouvelle église de Landeleau Elle a été bâtie sur l’emplacement de la précédente. En 1885, Jules Boyer et Gustave Bigot, architectes, sont appelés par la fabrique de Landeleau pour dresser le procès-verbal de l’état de l’église et de son clocher. Ils constatent que la charpente de la nef est complètement disloquée. Les arcades sont déjetées vers le sud, les murs ne sont plus à l’aplomb. Le creusement des tombes contre ces murs à l’extérieur et à l’intérieur en est la principale raison. Des enterrements ont eu lieu dans la vieille église jusqu’en 1745 et peut-être plus tard. Après cette date, les registres des décès de la paroisse ne men- tionnent plus le lieu d’inhumation. Ils notent aussi une grande inclinaison du clocher vers l’est. La principale raison évo- quée est sa construction en pierres de taille à l’extérieur et en moellons à l’intérieur. Le balancement des cloches et les infiltrations d’eau ont aussi contribué à son inclinaison. Il risque de s’écrouler à tout moment et il est urgent de le démonter. En attendant les travaux, on interdira l’entrée ouest et une clôture provisoire devra être placée à l’intérieur à environ 13 mètres du pied du clocher. Devant l’urgence des travaux et le manque de moyens financiers, seul le clocher est reconstruit en 1887 par Jean-Louis Le Naour, entrepreneur à Quimper. Démonté pierre par pierre, il est remonté de manière semblable suivant le projet du chanoine Abgrall. Le clocher actuel Les matériaux récupérables de l’ancienne église ont servi à sa construction, les autres ont été vendus aux enchères. Elle sera consacrée le 16 novembre 1897 par l’évêque de Quimper. Les seigneurs de Châteaugal D’après les archives, dont certaines remontent au début du 15 e siècle, les principales seigneuries de Landeleau ont tou- jours été celles de Châteaugal et du Grannec dont les do- maines s’étendaient sur les paroisses voisines. L’église actuelle date de 1896 selon les plans dressés par Le De nombreuses procédures opposant leurs propriétaires Guerranic, architecte à Saint-Brieuc, en remplacement de pour des droits honorifiques dans les églises de Landeleau et ceux du chanoine Abgrall, contraint de renoncer à son tra- Collorec se retrouvent principalement dans les fonds des tribunaux de l’Ancien Régime. vail pour des raisons personnelles. De nombreuses années seront nécessaires pour départager N’étant pas les fondateurs de celle de Landeleau, mais hauts les partisans de sa rénovation et ceux d’une construction justiciers, premiers prééminenciers ou bienfaiteurs, ils vont nouvelle. se disputer principalement l’emplacement de leurs armoiries sur les vitraux et leurs droits de bancs et de sépultures. Le 30 novembre 1895, Alain Herry, entrepreneur à Lam- paul-Guimiliau, obtient le marché pour 21 762 francs. Soucieux de marquer leur pouvoir, certains n’hésiteront pas La vente d’arbres de haute futaie, se trouvant dans le cime- à user de violences pour conserver ou renforcer leur pré- dominance. tière et dans les enclos des chapelles de Saint-Roch et Saint- Laurent, a été nécessaire pour compléter le budget. KAIER AR POHER N° 52 – Mars 2016 ■49 Reconstitution de la partie supérieure de la maîtresse vitre de l’église de côté d’icelle vitre à occasion du quel débat les dites parties, l’une devers Landeleau en 1654, d’après sa description (AD29) et un dessin des vitraux de l’autre et par force et insolence, par voie de fait avaient fait bris, de l’église de Collorec (AD35) rompu et abattu les dites armes et armoiries, l’une après l’autre.