Histoire Des Carolingiens
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HISTOIRE DES CAROLINGIENS Leopold August WARNKŒNIG et Pierre Florent GERARD. BRUXELLES - PARIS — 1862. PRÉFACE. INTRODUCTION HISTORIQUE. SECTION PREMIÈRE. Origine de la monarchie mérovingienne. § 1. La Belgique ancienne. — § 2. La confédération des Francs. — § 3. Invasion des Francs dans la Gaule celtique. — § 4. Établissement de la monarchie mérovingienne. SECTION II. Organisation politique du royaume des Francs. § 1. De la royauté. — § 2. Des leudes. — § 3. Du gouvernement. — § 4. De la mairie du palais. — § 5. De l’Église. HISTOIRE DES CAROLINGIENS. CHAPITRE PREMIER. — Origine belge des Carolingiens. § 1. Pépin de Landen et sa famille. — § 2. Saint Arnulphe. — § 3. Les descendants de Pépin et d’Arnulphe. — § 4. Le lieu de naissance de Charlemagne. CHAPITRE II. — Les maires du palais. § 1. Pépin de Landen, Grimoald et Pépin d’Herstal. — § 2. Charles Martel. — § 3. Carloman et Pépin le Bref. — § 4. Saint Boniface et le concile de Leptines. CHAPITRE III. — Pépin le Bref. § 1. Avènement de la dynastie carolingienne. — § 2. Intervention de la papauté. — § 3. Politique de Pépin le Bref. CHAPITRE IV. — Charlemagne. § 1. Ses qualités personnelles. — § 2. Guerres et conquêtes. — § 3. Rétablissement de l’empire d’Occident. — § 4. Institutions politiques. — § 5. Civilisation ; progrès. CHAPITRE V. Louis le Débonnaire et ses fils. § 1. Avènement de Louis le Débonnaire. — § 2. Relations extérieures. — § 3. Gouvernement et législation. — § 4. Des partages de la monarchie. — § 5. Traité de Verdun. CHAPITRE VI. La Belgique sous les Carolingiens. § 1. Description des pagi. — § 2. Les villas royales. — § 3. Les établissements ecclésiastiques. CHAPITRE VII. Dissolution de l’empire. § 1. Des causes de la dissolution de l’empire. — § 2. Invasions des Normands. — § 3. Guerres intestines. — § 4. Gouvernement et législation. CHAPITRE VIII. — Le royaume de Lotharingie. § 1. Les deux Lothaires. — § 2. Partage de la Lotharingie. — § 3. Règnes de Zwentibold et de Louis. CHAPITRE IX. — Les derniers Carolingiens. § 1. Charles le Simple. — § 2. Louis d’Outremer. — § 3. Lothaire et Louis V. — § 4. Charles et Othon. CHAPITRE X. Considérations finales. PRÉFACE. Dans la séance publique de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts, tenue Bruxelles le 15 mai 1862, M. le baron Kervyn de Lettenhove, résumant son rapport sur le concours relatif à l’histoire des Carolingiens, s’exprimait ainsi : La Belgique qui invoque, comme la base de sa nationalité, cette ère florissante du moyen âge où elle fut le centre du développement des lettres, des arts et de la civilisation, ne peut oublier que dans des temps bien plus reculés encore elle vit sortir de son sein ces puissants dominateurs, ces illustres conquérants qui tour à tour constituèrent l’Europe chrétienne et arrêtèrent les envahissements de l’Asie musulmane. Si Godefroid a sa statue dans la capitale du Brabant, celle de Charlemagne ornera bientôt les bords de la Meuse, et aujourd’hui même nous rendons ici un nouvel hommage au grand homme, à peu près sans rival dans l’histoire, qui, fécondant par la religion un nouvel ordre politique encore inculte et stérile, fonda la société moderne sur l’union des libertés du monde barbare et des lumières du monde romain. La Belgique n’a cessé de revendiquer son berceau ; elle sait, et ceci est placé hors de contestation, qu’il préférait sa langue et ses usages ; qu’il aimait, aux grandes fêtes de l’année, à résider dans ses cités et, quand venait l’automne, à chasser dans ses forets ; enfin qu’il rapportait lui-même, comme nous l’apprend le poète Nigellus, à la terre d’où s’était élevée la fortune des Francs, la gloire qu’il avait acquise en recueillant le sceptre des Césars et l’héritage de Romulus. C’était sur notre sol qu’avait grandi sa race ; c’était parmi nos pères qu’elle avait trouvé un constant appui au jour des périls de Charles Martel comme sous t’influence victorieuse des Pépins. Amblève, Landen, Herstal, Jupille, vous rappelez à toutes les générations qui se sont succédé depuis mille ans, les fastes des premiers temps de nos annales, et vos ruines, cachées sous l’herbe, sont autant de monuments sur lesquels planeront longtemps encore les plus glorieux souvenirs du passé. Il appartient aux lettres, que Charlemagne protégea et qu’il cultiva lui-même, de rappeler les liens qui l’unissent à la Belgique. Il est bon de raconter l’histoire des Carolingiens sans cesse associée à l’histoire même le notre pays ; il est utile de rechercher les traces de nos institutions et de nos mœurs dans ces capitulaires que Charlemagne rédigea et que, selon l’observation de Montesquieu, il fit exécuter et accepter par toutes les nations soumises à son autorité. Quelle que soit l’opinion que l’on adopte sur le lieu de sa naissance, il faut montrer à quelle source il puisa, comme législateur, les inspirations de son génie. Lorsque en 1854 un anonyme déféra à l’Académie le jugement solennel qu’elle ne devait prononcer qu’après six années d’épreuves renouvelées, la question se trouvait limitée à l’indication précise du lieu de la naissance de Charlemagne. Huit mémoires déposés, en 1856 et en 1858, furent déclarés insuffisants, bien que l’un d’eux, celui de M. le docteur Hahn, de Berlin, fût reconnu digne des honneurs de l’impression. En 1858, la classe, d’accord avec le fondateur du prix, modifia la question proposée, et en appelant de ses vœux une solution moins difficile, mais non moins intéressante, elle inscrivit comme objet du concours extraordinaire, l’Histoire des Carolingiens dans ses rapports arec l’histoire nationale. Une première épreuve fut de nouveau stérile, mais quelque regret que nous en ayons éprouvé il s’est évanoui devant l’examen d’un mémoire déposé cette année, qui approfondit toutes les parties de cette vaste question et qui résume, avec la vigueur et la lucidité d’une profonde érudition, les textes nombreux des anciens historiens et surtout les précieux travaux de la science moderne. En fermant ce concours, également exceptionnel par l’importance de la question proposée et par celle du prix offert, la classe regrette de ne pouvoir signaler à la gratitude publique le généreux donateur de la médaille qu’elle va décerner : elle s’en afflige d’autant plus, qu’elle ne saurait assez proclamer le nom de ceux qui donnent d’aussi excellents exemples, car elle est persuadée que c’est en les honorant comme ils le méritent qu’elle peut espérer de leur trouver des imitateurs. L’Académie a voulu toutefois, par la mission même qu’elle a acceptée et par la prudente maturité qu’elle a mise à la remplir, témoigner hautement combien elle apprécie l’institution et les résultats du concours extraordinaire ouvert sous ses auspices. Ces paroles de M. le rapporteur de la classe des lettres nous dispensent de faire l’historique du mémoire que nous publions aujourd’hui et auquel l’Académie a décerné la palme. A l’égard de l’homme honorable qui eut la généreuse pensée d’ouvrir ce concours, nous ne pouvons que nous associer aux sentiments si bien exprimés par M. le baron Kervyn de Lettenhove. En dernier lieu, la question avait été formulée de cette manière : Exposer l’origine belge des Carolingiens ; discuter les faits de leur histoire qui se rattachent à la Belgique. On a écrit depuis longtemps l’histoire des Carolingiens tant au point de vue de l’Allemagne qu’au point de vue de la France ; mais il n’existe pas, jusqu’à ce jour, d’ouvrage spécial sur l’histoire de cette famille dans ses rapports avec l’histoire de son pays d’origine. Nous avons pensé que, pour produire un travail satisfaisant sur ce sujet, il fallait joindre à la connaissance des sources non seulement celle de la littérature historique de Belgique et de France, mais encore celle de tout ce qui a été écrit en Allemagne sur les Carolingiens. De là est née cette association de deux écrivains, l’un Belge, l’autre Allemand, dont les aspirations ne sont peut- être pas strictement les mêmes, mais que l’amour de la science a unis depuis longtemps. Si chacun de nous avait eu à faire prévaloir ses idées philosophiques, cette association eût pu être assez difficile ; mais il ne s’agissait pas de nous dans cette entreprise. il s’agissait de gloires nationales. Nous étions tellement éclipsés par la grandeur du sujet, que nous pouvions, sans affecter de fausse modestie, réserver nos opinions pour une occasion moins inopportune, et nous borner à faire de l’histoire impartiale, éclectique, dégagée de tout système préconçu et conforme aux idées le plus généralement admises. Exposer l’origine belge des Carolingiens n’était pas une tâche bien difficile ; on pourrait aussi démontrer sans peine que cette origine fut celle des Mérovingiens. Disons môme, en remontant plus haut et sans trop de vanité nationale, que la plus ancienne histoire des Francs n’est que l’histoire de la Belgique. Le célèbre historien français Augustin Thierry n’a pas hésité à le reconnaître : La nation à laquelle il convient réellement de fonder son histoire sur l’histoire des tribus frankes de la Gaule, dit-il, c’est plutôt celle qui habite la Belgique et la Hollande, que les habitants de la France. Cette nation vit tout entière sur le territoire que se partageaient les Franks, sur le principal théâtre de leurs révolutions politiques1. 1 Lettres sur l’histoire de France, 2e lettre. Qu’étaient en effet les Francs, si ce n’est une confédération d’habitants du Nord de la Belgique, des provinces limitrophes des Pays-Bas et des bords du Rhin ? Les nombreuses tribus germaniques citées par Tacite comme habitant ces contrées se sont fondues dans cette confédération, dont le nom devint celui du peuple le plus éminent et le plus valeureux, parmi ceux qui concoururent à l’anéantissement de la puissance romaine.